Texte du Hanuman Calisa avec introduction, translittération, traduction en français et lexique-gl... more Texte du Hanuman Calisa avec introduction, translittération, traduction en français et lexique-glossaire.
Gurū Gobind Bacitra nāṭaka Le drame merveilleux, 2022
Translittération et traduction du Bacitra Nataka de Guru Gobind, avec introduction, notes, append... more Translittération et traduction du Bacitra Nataka de Guru Gobind, avec introduction, notes, appendices et glossaire
Nathalie Kouamé, Éric P. Meyer & Anne Viguier (dirs.), Encyclopédie des historiographies : Afriques, Amériques, Asies Volume 1 : sources et genres historiques (Tome 2), Paris, inalco Presses, 2020
Cette notice est consacrée aux principales sources textuelles sikhes de l’histoire du sikhisme de... more Cette notice est consacrée aux principales sources textuelles sikhes de l’histoire du sikhisme de 1699 à 1849. Elle présente dans un premier temps l’histoire des sikhs et l’évolution du sikhisme de la fondation de l’ordre du Khālsā par Guru Gobind en 1699 à la conquête du royaume sikh du Panjab par la Compagnie britannique des Indes orientales en 1849. La première source étudiée est le Dasam Granth, second livre sacré des sikhs attribué par les sikhs à Guru Gobind, mais en fait ouvrage composite, comportant des textes du Guru, mais aussi tout un matériau mythologique et narratif hindou, et rédigé en diverses langues (principalement en hindi littéraire occidental ou braj, langue cosmopolite de la poésie kr̥ ṣṇaïte, avec un long poème narratif en panjabi et une lettre de Gobind à l’empereur moghol Aurangzeb en vers persans). La deuxième source retenue est un ensemble de manuels de code (Rahit-nāmā) en panjabi attribués par la tradition à Gobind, mais rédigés en fait dans le courant du xviiie siècle. La troisième source consiste en poèmes narratifs en braj mâtiné de panjabi, les Gur-bilās, qui chantent les hauts faits guerriers et la gloire des sixième et dixième Gurus.
Nathalie Kouamé, Éric P. Meyer & Anne Viguier (dirs.), Encyclopédie des historiographies : Afriques, Amériques, Asies Volume 1 : sources et genres historiques (Tome 2), 2020
Cette notice est consacrée aux principales sources textuelles sikhes de l’histoire du sikhisme. E... more Cette notice est consacrée aux principales sources textuelles sikhes de l’histoire du sikhisme. Elle présente dans un premier temps les conditions dans lesquelles apparut cette forme religieuse au sein de la bhakti, courant de dévotion théiste de ’hindouisme, et comment elle évolua au Panjab sous la direction de dix Gurus qui se succédèrent jusqu’à la fin du xviie siècle et en firent une religion à part entière. La première source étudiée est le premier et le livre le plus sacré pour les sikhs, l’Ādi Granth, vaste ensemble unifié et savamment architecturé, en vieux hindi de la région de Delhi, compilé par leur cinquième Guru, Arjan, en 1604. La deuxième est un corpus poétique dans la langue de l’Ādi Granth et en hindi occidental ou braj (langue cosmopolite de la poésie kr̥ ṣṇaïte) dû à Bhāī Gurdṣās, compagnon de plusieurs Guru et secrétaire du cinquième, qui fait l’éloge des Gurus et reprend les grands thèmes religieux de l’Ādi Granth. La troisième consiste en un ensemble d’hagiographies de Nānak, premier Guru des sikhs, rédigées en panjabi. La quatrième consiste dans les poèmes en persan, lyriques et didactiques, de Nand Lāl Goyā, disciple du dixième Guru.
L’article est consacré à une étude comparative des travaux indologiques et des écrits mystiques d... more L’article est consacré à une étude comparative des travaux indologiques et des écrits mystiques de Lilian Silburn (1908-1993). Après avoir retracé le parcours de cette chercheuse de sa formation comme indianiste à son rôle de maître spirituel en passant par sa spécialisation dans le shivaïsme du Cachermire et son initiation par le gourou hindou soufi, l’étude montre d’une part comment Lilian Silburn a fait fonctionner ensemble en sa personne des milieux français et indiens très différents, et d’autre part que ses recherches sur le shivaïsme du Cachemire lui ont fourni les principaux concepts à travers lesquels elle a formulé sa quête spirituelle, tandis que cette dernière nourrissait sa manière très personnelle de comprendre et d’interpréter les textes du shivaïsme du Cachemire, – l’écriture fonctionnant à bien des égards pour elle comme un exercice spirituel.
R. Azria et al. (dirs.), Dictionnaire des faits religieux, Paris, PUF, 2019
Ma contribution est consacrée à des faits indiens, et plus précisément hindous : elle concerne le... more Ma contribution est consacrée à des faits indiens, et plus précisément hindous : elle concerne le statut du corpus védique (strate la plus ancienne de la littérature sanskrite, composée oralement entre le 18e et le 5e siècle avant Jésus-Christ), entre religion et littérature. La révélation védique, dont bien des textes apparaissent comme littérairement sublimes au regard extérieur de l’indianiste, a longtemps été vécue et perçue par les brahmanes lettrés exclusivement comme un corpus auto-révélé à l’autorité absolue, légitimant la leur par l’accès exclusif qu’ils y avaient et servant, selon les acteurs et les époques, au rite et à la quête du salut. C’est seulement après le développement de la théorie de l’émotion esthétique ou rasa pour l’étude du théâtre et de la poésie, à partir du 3e siècle, que des textes du Veda ont pu faire l’objet d’une approche de type littéraire de la part desdits brahmanes, après que ceux-ci se furent préalablement entraînés sur des Écritures kr̥ṣṇaïtes non seulement beaucoup plus tardives que le Veda, mais aussi récusant son autorité.
Cette note critique est consacrée aux ouvages suivants : André Couture, Kr̥ṣṇa in the Harivaṁśa V... more Cette note critique est consacrée aux ouvages suivants : André Couture, Kr̥ṣṇa in the Harivaṁśa Vol. 1 : The Wonderful Play of a Cosmic God, New Delhi, DK Printworld, 2015, viii + 362 p., bibliographie, index général, index des passages cités, André Couture, Kr̥ṣṇa in the Harivaṁśa Vol. 2 : The Greatest of All Sovereigns and Masters, New Delhi, DK Printworld, 2017, viii + 514 p., bibliographie, index général, index des passages cités, Harivamsha, translated by Bibek Debroy, Gurgaon, Penguin Random House India, 2016, xvii + 443 p, et John Stratton Hawley, Into Sūr’s Ocean : Poetry, Context and Commentary, Cambridge MA, Department of South Asian Studies, Harvard University, 2016, xvii + 1029 p., table de concordance, bibliographie, index des titres des poèmes en hindi, index des titres des poèmes en anglais, index de l’introduction, index des poèmes et des analyses. L’intérêt prêté à la langue et l’effort d’interprétation sont au cœur du travail des deux grands savants nord-américains dont l’article met en perspective ces ouvrages récents : André Couture, professeur associé à la Faculté de Théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (Québec), et John Stratton Hawley, professeur de sciences religieuses au Barnard College de l’Université Columbia (New York), qui ont récemment publié deux sommes d’environ mille pages chacune consacrées à l’étude serrée et au commentaire de deux corpus importants de littérature kr̥ṣṇaïte. Il s’agit, pour André Couture, du Harivaṁśa, et, pour John Stratton Hawley, du Sūrsāgar ou « Océan de Sūr », corpus de quatre cent trente-trois poèmes composés au 16e siècle en braj (hindi littéraire occidental) par un ou plutôt des poètes signant du nom Sūrdās et consacrés pour près de trois cent soixante-dix d’entre eux à Kr̥ṣṇa ou à sa légende. L’article prend aussi en considération une traduction anglaise récemment parue du Harivaṁśa. Il présente d’abord les corpus de sources commentés par les deux chercheurs avant d’analyser leur travail: enquêtes sur les mots, étude d’épisodes et de personnages pour André Coutrure, et commentaire serré des poèmes pour John Stratton Hayley. Il dégage ensuite les grandes lignes de force de l’approche des deux auteurs, s’intéressant à la vision de Kr̥ṣṇa pour le premier, et à la caractérisation de Sūr et du Sūrsāgar pour le second.
L’article est une note critique concernant Wendy Doniger, The Mare’s Trap : Nature and Culture in... more L’article est une note critique concernant Wendy Doniger, The Mare’s Trap : Nature and Culture in the Kamasutra, New Delhi, Speaking Tiger, 2015, 182 pages et Vatsyayana, Kamasutra : A new translation, by Wendy Doniger and Sudhir Kakar, New York, Oxford University Press, 2002 (repr. Oxford World’s Classics Paperback, 2003 et 2009). Il montre, après l’avoir contextualisé dans la culture de l’Inde ancienne, comment le traité de savoir-vivre qu’est le Kāmasūtra de Vātsyāyana (IIIe siècle) offre une manière d’anthropologie du citadin aisé de l’Inde classique. La vie de ce dernier est abordée essentiellement sous l’angle de sa vie érotique, avec une large place accordée à ses partenaires sexuel-le-s dont le Kāmasūtra fait entendre la voix. Est notamment dégagé le caractère souvent transgressif du texte par rapport aux normes dharmiques : à cet égard, le Kāmasūtra tout entier fonctionne comme ce qu’ailleurs Wendy Doniger a appelé une « clause de dérogation » (escape clause), les textes normatifs indiens prévoyant souvent des circonstances où les règles par eux énoncées peuvent ne pas être suivies.
Note critique à propos de Edwin F. Bryant (ed.), Krishna : A Sourcebook, New York, Oxford Univers... more Note critique à propos de Edwin F. Bryant (ed.), Krishna : A Sourcebook, New York, Oxford University Press, 2007, 575 p., bibliographies, et d’André Couture et Christine Chojnacki, Krishna et ses métamorphoses dans les traditions indiennes. Récits d’enfance autour du Harivamsha, Paris, Presses de l’Université Paris Sorbonne, 2014, 453 p., bibliographie, index. – La note montre comment ces deux anthologies très riches, érudites, mettent à la disposition des chercheurs un impressionnant corpus de sources provenant de l’océan de la littérature kr̥ṣṇaïte, certaines traduites pour la première fois dans une langue européenne. Ensemble, elles racontent l’histoire de la formation de ce corpus, l’articulation entre les textes fondateurs que furent le Mahābhārata et son khila (« complément ») le Harivaṃśa d’une part, et le Bhāgavata Purāṇa d’autre part, et elles suivent la diffusion de ces textes matriciels, jusqu’au début du premier millénaire pour le premier et jusqu’à nos jours pour le second. Elles donnent aussi une image de la « fluidité » qui existe entre l’hindouisme et les religions nées en son sein et offrent diverses pistes permettant d’explorer le foisonnant univers du fait sectaire hindou.
L’article montre comment le rapport des sikhs à la guerre a évolué au fil du temps, et comment la... more L’article montre comment le rapport des sikhs à la guerre a évolué au fil du temps, et comment la guerre a joué un rôle considérable dans l’évolution du sikhisme. Si les disciples des cinq premiers Gurūs des sikhs, au 16e siècle, forment une paisible communauté de dévots, les évolutions sociologiques, avec l’arrivée massive de Jāts aux traditions martiales et les affrontements qui en résultent avec les Moghols changent la donne au 17e siècle et aboutissent en 1699 à la création du Khālsā, une fraternité militante, par le dixième et dernier Gurū, Gobind, qui se présente comme envoyé par Dieu pour rétablir le dharma. La guerre devient pour les sikhs une pratique religieuse. Cette configuration prend fin dans le royaume du sikh du Panjab (1799-1849), né de la victoire des armées du Khālsā contre Afghans et Moghols. La colonisation ouvre une nouvelle phase dans l’histoire militaire des sikhs. Ces derniers, une fois le Panjab pacifié après la conquête coloniale, sont enrôlés massivement dans l’armée britannique des Indes, dont ils deviennent les meilleurs combattants : ils le resteront dans l’Inde indépendante, de l’armée de laquelle ils sont le fer de lance.
Dans cet article, j’indique qu’il n’est pas évident de décrire des faits indiens avec les catégories que nous employons pour analyser les sociétés et les cultures occidentales : les concepts de littérature et de religion ne peuvent ainsi pas être transposés sans précaution. J’évoque ensuite brièvement le cas du Veda, parce que son premier corpus se trouve être à la source tout à la fois de la religion et de la littérature en Inde hindoue (je me demande si, par exemple, on peut voir les choses de la même manière en ce qui concerne la bible hébraïque), et le Coran, qui est le référent fondamental de l’islam en Inde comme ailleurs dans le monde musulman. Puis, je cherche à mettre en regard, en miroir comme on dit souvent, deux cas panjabis à la fois contemporains (16e siècle) et inverses d’expression littéraire du religieux. Concernant les gourous sikhs, leur poésie religieuse, écrite dans une langue littéraire autre que le panjabi et excluant toute référence à la culture panjabie, participe d’une tentative d’universalisation d’une religion locale en train de prendre forme en se détachant de l’hindouisme : le Veda et ce qu’il représente sont rejetés, mais le Veda fournit à Arjan un modèle d’architecture pour un nouveau livre sacré, l’Ādi Granth. Concernant les poètes soufis, héritiers d’une religion qui a beaucoup voyagé pour parvenir au Panjab et qui s’y trouve depuis déjà longtemps, et confrontés qu’ils sont à l’impossibilité de recourir au Coran pour leur prédication, ils lancent leurs filets missionnaires en jouant la carte de l’ « inculturation ». Pour enraciner localement leur religion universelle, ils composent leurs textes en panjabi et utilisent la tradition orale comme un répertoire de symboles. La figure ici est celle, dans les termes d’Olivier Roy, de la religion avec la culture. Il n’est pas étonnant, notons-le au passage, que le régime islamiste du général Ziaul Haq, entre 1979 et 1988, ait précisément cherché, après d’autres et avec d’autres, à « désinculturer » l’islam au Pakistan, profitant de la manne saoudienne, à l’époque de la lutte contre les soviétiques en Afghanistan, pour ouvrir d’innombrables madrasas au sein desquelles se sont formées plusieurs générations de talibans. Enfin, pour questionner plus avant le rapport du littéraire et du religieux, je regarde de plus près l’Ādi Granth, tant pour ce qui est de la nature des poèmes qui le composent que concernant son architecture d’ensemble, et les compositions des poètes soufis, m’intéressant tant à leur forme qu’à leur usage.
Cette notre critique est consacrée aux trois ouvrages suivants : ABU’L-FAZL, The History of Akbar... more Cette notre critique est consacrée aux trois ouvrages suivants : ABU’L-FAZL, The History of Akbar, vol. 1, éd. et trad. Wheeler M. Thackston, Cambridge (Ma.), Murty Classical Library of India et Harvard University Press, 2015, xxii + 614 p. (cartes, notes, glossaire, bibliographie, index) ; BULLHE SHAH, Sufi Lyrics, éd. et trad. Christopher Shackle, Cambridge (Ma.), Murty Classical Library of India et Harvard University Press, 2015, xxxvi + 443 p. (notes, glossaire, bibliographie, index) ; SURDAS, Sur’s Ocean : Poems from the Early Tradition, éd. Kenneth E. Bryant, trad. John Stratton Hawley, Cambridge (Ma.), Murty Classical Library of India et Harvard University Press, 2015, xlviii + 1010 p. (notes, glossaire, bibliographie, index). Ces trois livres appartiennent à une nouvelle « bibliothèque » indianiste lancée, sur la base d’une fondation richement dotée, par l’Université de Harvard : il s’agit d’un programme d’édition scientifique de classiques indiens du Veda à 1800, dans les différentes langues de l’Inde, avec leur traduction en anglais Celui d’Abu’l-Fazl (1651-1602), chronique en persan consacrée à l’empereur Akbar (1542-1605, r. 1556-1605), présente la vision du pouvoir politique à l’époque moghole (le persan s’était imposé depuis le sultanat de Delhi (1206-1555) comme la lingua franca et la langue du gouvernement, de l’administration et de l’islam officiel en Inde du Nord). Quant aux poèmes de dévotion à Krishna du saint poète hindou Surdas (seconde moitié du xvie siècle), composés en braj (vieux hindi littéraire occidental), et à ceux du mystique musulman Bullhe Shah (c. 1680-1750), écrits dans le panjabi dialectalement mixte typique des poètes soufis du Panjab, ils témoignent de formes de relation au divin inconnues en occident. L’article contextualise ces trois ouvrages et en présente le contenu, avant de mettre en lumière ce en quoi ces trois ensembles de textes peuvent intéresser les sciences sociales des religions. À cette fin, il revient de manière synthétique sur des questions de statut des langues, de jeux d’échelles ainsi que de dynamiques et de pratiques des groupes religieux, en liaison avec des formes de pouvoir et d’autorité.
« L’histoire des sikhs et du sikhisme revisitée : à propos de quatre ouvrages récents », Archives... more « L’histoire des sikhs et du sikhisme revisitée : à propos de quatre ouvrages récents », Archives de sciences sociales des religions, 164 | 2013, 95-101.
FENECH (Louis E.)
The Darbar of the Sikh Gurus. The Court of God in the World of Men, New Delhi, Oxford University Press, 2008, xiii + 325 p. (bibliographie, index).
RINEHART (Robin)
Debating the Dasam Granth, New York, Oxford University Pres, 2011, xiv + 210 p. (bibliographie, index).
DHAVAN (Purnima)
When Sparrows Became Hawks. The Making of the Sikh Warrior Tradition, 1699-1799, New York, Oxford University Press, 2011, 253 p. (bibliographie, index)
FENECH (Louis E.)
The Sikh Ẓafar-nāmah. A Discursive Blade in the Heart of the Mughal Empire, New Delhi, Oxford University Press, 2008, xxi + 304 p. (bibliographie, index, illustr.).
« Le sikhisme en sa diversité : à propos de trois ouvrages récents », Archives de Sciences Social... more « Le sikhisme en sa diversité : à propos de trois ouvrages récents », Archives de Sciences Sociales des Religions 168 (octobre-décembre 2014, paru en février 2015), p. 29-41.
L’article est une note critique à propose de À propos des ouvrages suivants : SINGH Pashaura and FENECH Louis E. (dirs.), The Oxford Handbook of Sikh Studies, Oxford, Oxford University Press, 2014, 704 pages (bibliographies, index) ; TAKHAR Opinderjit Kaur, Sikh Identity : An Exploration of Groups among Sikhs, Hants (RU) et Burlington (ÉUA), 2005, xv + 215 pages (glossaire, illustrations, bibliographie, index) ; SINGH Joginder, The Namdhari Sikhs : Their Changing Social and Cultural Landscape, New Delhi, Manohar, 2013, 216 p. (bibliographie, index). Il s’attache, tout en donnant un aperçu de ces ouvrages et du lien qu’ils entretiennent enter eux, à dégager les questionnements nouveaux qui en orientent la dynamique.
« A Sant-Sipāhī as in Himself :The Spiritual and Military Autobiography of Gurū Gobind », Jadavpu... more « A Sant-Sipāhī as in Himself :The Spiritual and Military Autobiography of Gurū Gobind », Jadavpur University Journal of History 29 (2013), p. 3-26.
L’article est consacré à un cas particulier de poésie royale indienne au 17e siècle : un poème apparemment autobiographique attribué au dernier Gurū des sikhs, Gobind, né en 1666 et Gurū de la mort de son père Teġ Bahādur en 1675 à son assassinat en 1708. Ce texte, écrit dans les collines préhimalayennes du nord du Panjab, les Shivaliks, se trouve dans le second livre livre sacré des sikhs, le Dasam Granth (« Livre du dixième » Gurū) et s’intitule Bacitra Nāṭaka (« Le Drame merveilleux »). La composition du poème est tout d’abord analysée, après quoi l’article étudie la manière dont le texte dresse le portrait d’un sīpāhī, d’un roi combattant pour le dharma, et la façon dont il propose un mythe d’origine de la lignée des Gurū sikhs, dans la vieille tradition rājpūt des Vaṃśavalī (« Généalogies » royales). Enfin, l’article montre comment dans ce poème, Gobind se présente aussi comme un sant (un spirituel sikh), proposant de nouvelles conceptions de Dieu, de la vertu et du péché, dans la ligne des Écritures héritées de ses prédécesseurs, mais en se montrant particulièrement sensible au contexte qui était le sien : celui de l’hindouisme des Rājpūts des Shivaliks.
« Le devenir d’un événement : lectures sikhes de la conquête de l’Hindoustan par Bābur ». In Moha... more « Le devenir d’un événement : lectures sikhes de la conquête de l’Hindoustan par Bābur ». In Mohammad-Ali Amir-Moezzi (ed.), Islam: identité et altérité : Hommage à Guy Monnot, O.P., Paris, École Pratique des Hautes Études, coll. « Bibliothèque de l'École des Hautes Études », 2013, p. 343-365.
L’article est consacré à trois interprétations sikhes des incursions de du conquérant moghol Bābur (r. 1526-1530) en Hindoustan et de sa conquête du pays. La première se rencontre dans des hymnes du saint homme à qui les sikhs font remonter l’origine de leur religion et en qui ils voient leur premier Gurū, Nānak (1469-1539), contemporain de Bābur, la deuxième dans les Janam-sākhī (récits de naissance), hagiographies de Nānak compilées pour la plupart aux 17e et 18e siècles, et la troisième dans la première histoire des sikhs écrite par un auteur sikh, le Panth-prakāsh (Lumière de la Voie), achevé par Ratan Siṅgh Bhaṅgū (m. 1843) en 1841. L’interprétation de la conquête de Bābur est à chaque fois différente. Pour Nānak, cet événement illustre le caractère incompréhensible du décret divin tout en fonctionnant comme un rappel de l’inéluctabilité de la mort et de la nécessité pour l’homme soucieux de son salut de régénérer son esprit avant de quitter le monde de manière à atteindre la libération du cycle des renaissances. Dans les Janam-sākhī, la venue de Bābur en Hindoustan est consécutive à une malédiction lancée par Nānak contre les habitants d’une ville qui avaient négligé de les nourrir, ses compagnons et lui. Enfin, dans le Panth-prakāsh, la victoire de Bābur à Pānīpat est présentée comme un châtiment divin attiré par Nānak sur le sultan de Delhi Ibrāhīm Lodī (r. 1517-1526) après que ce dernier a humilié de saints hommes, les accusant d’être des charlatans, exploiteurs de la crédulité populaire et incapables d’aucun miracle. Tel est, dans le contexte de l’histoire sikhe, l’étonnant devenir de l’événement de la conquête de l’Hindoustan par Bābur. Avec son appropriation initiale par Nānak, cet événement acquiert une singularité exemplaire et dynamique pour les sikhs et il est subséquemment mis en mots de deux manières radicalement différentes, d’abord par les compilateurs des Janam-sākhī puis par le premier historien sikh des sikhs, les premiers comme le second comme avant eux Nānak chargeant cet événement d’une signification liée à leur propre situation historique.
« Tariq Rahman, From Hindi to Urdu. A Social and Political History », note critique, Archives de ... more « Tariq Rahman, From Hindi to Urdu. A Social and Political History », note critique, Archives de sciences sociales des religions 160 (2012), 265-270.
Cette note critique situe l’ouvrage mentionné, qu’elle analyse en détail, dans le contexte des études majeures consacrées aux relations entre ourdou et hindi depuis 1970.
« Commémorer l’histoire, célébrer le territoire et les saisons : les fêtes sikhes au Panjab ». In... more « Commémorer l’histoire, célébrer le territoire et les saisons : les fêtes sikhes au Panjab ». In Rites : Fêtes et célébrations de l'humanité, dir. Thierry-Marie Courau et Thierry-Marie Courau, Paris, Bayard, 2012, p. 610-641.
L’article procède à une archéologie des fêtes des sikhs en lien avec l’histoire de cette communauté telle qu’elle est élaborée par les historiens et avec leur propre tradition historique. Les fêtes propres aux sikhs, des célébrations de leurs Gurūs appelées gurpurabs, sont examinées en premier, et cette étude est suivie d’une analyse historique du calendrier sikh. La partie suivante est consacrée aux fêtes sikhes historiquement d’origine hindoue, mais rapportées par les sikhs à des événements de leur tradition historique. Une dernière partie est consacrée, selon la même méthodologie, aux fêtes des travaux et des jours, elles aussi réinterprétées par les sikhs en fonction d’un passé recomposé par leur tradition historiographique depuis le 19e siècle.
Texte du Hanuman Calisa avec introduction, translittération, traduction en français et lexique-gl... more Texte du Hanuman Calisa avec introduction, translittération, traduction en français et lexique-glossaire.
Gurū Gobind Bacitra nāṭaka Le drame merveilleux, 2022
Translittération et traduction du Bacitra Nataka de Guru Gobind, avec introduction, notes, append... more Translittération et traduction du Bacitra Nataka de Guru Gobind, avec introduction, notes, appendices et glossaire
Nathalie Kouamé, Éric P. Meyer & Anne Viguier (dirs.), Encyclopédie des historiographies : Afriques, Amériques, Asies Volume 1 : sources et genres historiques (Tome 2), Paris, inalco Presses, 2020
Cette notice est consacrée aux principales sources textuelles sikhes de l’histoire du sikhisme de... more Cette notice est consacrée aux principales sources textuelles sikhes de l’histoire du sikhisme de 1699 à 1849. Elle présente dans un premier temps l’histoire des sikhs et l’évolution du sikhisme de la fondation de l’ordre du Khālsā par Guru Gobind en 1699 à la conquête du royaume sikh du Panjab par la Compagnie britannique des Indes orientales en 1849. La première source étudiée est le Dasam Granth, second livre sacré des sikhs attribué par les sikhs à Guru Gobind, mais en fait ouvrage composite, comportant des textes du Guru, mais aussi tout un matériau mythologique et narratif hindou, et rédigé en diverses langues (principalement en hindi littéraire occidental ou braj, langue cosmopolite de la poésie kr̥ ṣṇaïte, avec un long poème narratif en panjabi et une lettre de Gobind à l’empereur moghol Aurangzeb en vers persans). La deuxième source retenue est un ensemble de manuels de code (Rahit-nāmā) en panjabi attribués par la tradition à Gobind, mais rédigés en fait dans le courant du xviiie siècle. La troisième source consiste en poèmes narratifs en braj mâtiné de panjabi, les Gur-bilās, qui chantent les hauts faits guerriers et la gloire des sixième et dixième Gurus.
Nathalie Kouamé, Éric P. Meyer & Anne Viguier (dirs.), Encyclopédie des historiographies : Afriques, Amériques, Asies Volume 1 : sources et genres historiques (Tome 2), 2020
Cette notice est consacrée aux principales sources textuelles sikhes de l’histoire du sikhisme. E... more Cette notice est consacrée aux principales sources textuelles sikhes de l’histoire du sikhisme. Elle présente dans un premier temps les conditions dans lesquelles apparut cette forme religieuse au sein de la bhakti, courant de dévotion théiste de ’hindouisme, et comment elle évolua au Panjab sous la direction de dix Gurus qui se succédèrent jusqu’à la fin du xviie siècle et en firent une religion à part entière. La première source étudiée est le premier et le livre le plus sacré pour les sikhs, l’Ādi Granth, vaste ensemble unifié et savamment architecturé, en vieux hindi de la région de Delhi, compilé par leur cinquième Guru, Arjan, en 1604. La deuxième est un corpus poétique dans la langue de l’Ādi Granth et en hindi occidental ou braj (langue cosmopolite de la poésie kr̥ ṣṇaïte) dû à Bhāī Gurdṣās, compagnon de plusieurs Guru et secrétaire du cinquième, qui fait l’éloge des Gurus et reprend les grands thèmes religieux de l’Ādi Granth. La troisième consiste en un ensemble d’hagiographies de Nānak, premier Guru des sikhs, rédigées en panjabi. La quatrième consiste dans les poèmes en persan, lyriques et didactiques, de Nand Lāl Goyā, disciple du dixième Guru.
L’article est consacré à une étude comparative des travaux indologiques et des écrits mystiques d... more L’article est consacré à une étude comparative des travaux indologiques et des écrits mystiques de Lilian Silburn (1908-1993). Après avoir retracé le parcours de cette chercheuse de sa formation comme indianiste à son rôle de maître spirituel en passant par sa spécialisation dans le shivaïsme du Cachermire et son initiation par le gourou hindou soufi, l’étude montre d’une part comment Lilian Silburn a fait fonctionner ensemble en sa personne des milieux français et indiens très différents, et d’autre part que ses recherches sur le shivaïsme du Cachemire lui ont fourni les principaux concepts à travers lesquels elle a formulé sa quête spirituelle, tandis que cette dernière nourrissait sa manière très personnelle de comprendre et d’interpréter les textes du shivaïsme du Cachemire, – l’écriture fonctionnant à bien des égards pour elle comme un exercice spirituel.
R. Azria et al. (dirs.), Dictionnaire des faits religieux, Paris, PUF, 2019
Ma contribution est consacrée à des faits indiens, et plus précisément hindous : elle concerne le... more Ma contribution est consacrée à des faits indiens, et plus précisément hindous : elle concerne le statut du corpus védique (strate la plus ancienne de la littérature sanskrite, composée oralement entre le 18e et le 5e siècle avant Jésus-Christ), entre religion et littérature. La révélation védique, dont bien des textes apparaissent comme littérairement sublimes au regard extérieur de l’indianiste, a longtemps été vécue et perçue par les brahmanes lettrés exclusivement comme un corpus auto-révélé à l’autorité absolue, légitimant la leur par l’accès exclusif qu’ils y avaient et servant, selon les acteurs et les époques, au rite et à la quête du salut. C’est seulement après le développement de la théorie de l’émotion esthétique ou rasa pour l’étude du théâtre et de la poésie, à partir du 3e siècle, que des textes du Veda ont pu faire l’objet d’une approche de type littéraire de la part desdits brahmanes, après que ceux-ci se furent préalablement entraînés sur des Écritures kr̥ṣṇaïtes non seulement beaucoup plus tardives que le Veda, mais aussi récusant son autorité.
Cette note critique est consacrée aux ouvages suivants : André Couture, Kr̥ṣṇa in the Harivaṁśa V... more Cette note critique est consacrée aux ouvages suivants : André Couture, Kr̥ṣṇa in the Harivaṁśa Vol. 1 : The Wonderful Play of a Cosmic God, New Delhi, DK Printworld, 2015, viii + 362 p., bibliographie, index général, index des passages cités, André Couture, Kr̥ṣṇa in the Harivaṁśa Vol. 2 : The Greatest of All Sovereigns and Masters, New Delhi, DK Printworld, 2017, viii + 514 p., bibliographie, index général, index des passages cités, Harivamsha, translated by Bibek Debroy, Gurgaon, Penguin Random House India, 2016, xvii + 443 p, et John Stratton Hawley, Into Sūr’s Ocean : Poetry, Context and Commentary, Cambridge MA, Department of South Asian Studies, Harvard University, 2016, xvii + 1029 p., table de concordance, bibliographie, index des titres des poèmes en hindi, index des titres des poèmes en anglais, index de l’introduction, index des poèmes et des analyses. L’intérêt prêté à la langue et l’effort d’interprétation sont au cœur du travail des deux grands savants nord-américains dont l’article met en perspective ces ouvrages récents : André Couture, professeur associé à la Faculté de Théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (Québec), et John Stratton Hawley, professeur de sciences religieuses au Barnard College de l’Université Columbia (New York), qui ont récemment publié deux sommes d’environ mille pages chacune consacrées à l’étude serrée et au commentaire de deux corpus importants de littérature kr̥ṣṇaïte. Il s’agit, pour André Couture, du Harivaṁśa, et, pour John Stratton Hawley, du Sūrsāgar ou « Océan de Sūr », corpus de quatre cent trente-trois poèmes composés au 16e siècle en braj (hindi littéraire occidental) par un ou plutôt des poètes signant du nom Sūrdās et consacrés pour près de trois cent soixante-dix d’entre eux à Kr̥ṣṇa ou à sa légende. L’article prend aussi en considération une traduction anglaise récemment parue du Harivaṁśa. Il présente d’abord les corpus de sources commentés par les deux chercheurs avant d’analyser leur travail: enquêtes sur les mots, étude d’épisodes et de personnages pour André Coutrure, et commentaire serré des poèmes pour John Stratton Hayley. Il dégage ensuite les grandes lignes de force de l’approche des deux auteurs, s’intéressant à la vision de Kr̥ṣṇa pour le premier, et à la caractérisation de Sūr et du Sūrsāgar pour le second.
L’article est une note critique concernant Wendy Doniger, The Mare’s Trap : Nature and Culture in... more L’article est une note critique concernant Wendy Doniger, The Mare’s Trap : Nature and Culture in the Kamasutra, New Delhi, Speaking Tiger, 2015, 182 pages et Vatsyayana, Kamasutra : A new translation, by Wendy Doniger and Sudhir Kakar, New York, Oxford University Press, 2002 (repr. Oxford World’s Classics Paperback, 2003 et 2009). Il montre, après l’avoir contextualisé dans la culture de l’Inde ancienne, comment le traité de savoir-vivre qu’est le Kāmasūtra de Vātsyāyana (IIIe siècle) offre une manière d’anthropologie du citadin aisé de l’Inde classique. La vie de ce dernier est abordée essentiellement sous l’angle de sa vie érotique, avec une large place accordée à ses partenaires sexuel-le-s dont le Kāmasūtra fait entendre la voix. Est notamment dégagé le caractère souvent transgressif du texte par rapport aux normes dharmiques : à cet égard, le Kāmasūtra tout entier fonctionne comme ce qu’ailleurs Wendy Doniger a appelé une « clause de dérogation » (escape clause), les textes normatifs indiens prévoyant souvent des circonstances où les règles par eux énoncées peuvent ne pas être suivies.
Note critique à propos de Edwin F. Bryant (ed.), Krishna : A Sourcebook, New York, Oxford Univers... more Note critique à propos de Edwin F. Bryant (ed.), Krishna : A Sourcebook, New York, Oxford University Press, 2007, 575 p., bibliographies, et d’André Couture et Christine Chojnacki, Krishna et ses métamorphoses dans les traditions indiennes. Récits d’enfance autour du Harivamsha, Paris, Presses de l’Université Paris Sorbonne, 2014, 453 p., bibliographie, index. – La note montre comment ces deux anthologies très riches, érudites, mettent à la disposition des chercheurs un impressionnant corpus de sources provenant de l’océan de la littérature kr̥ṣṇaïte, certaines traduites pour la première fois dans une langue européenne. Ensemble, elles racontent l’histoire de la formation de ce corpus, l’articulation entre les textes fondateurs que furent le Mahābhārata et son khila (« complément ») le Harivaṃśa d’une part, et le Bhāgavata Purāṇa d’autre part, et elles suivent la diffusion de ces textes matriciels, jusqu’au début du premier millénaire pour le premier et jusqu’à nos jours pour le second. Elles donnent aussi une image de la « fluidité » qui existe entre l’hindouisme et les religions nées en son sein et offrent diverses pistes permettant d’explorer le foisonnant univers du fait sectaire hindou.
L’article montre comment le rapport des sikhs à la guerre a évolué au fil du temps, et comment la... more L’article montre comment le rapport des sikhs à la guerre a évolué au fil du temps, et comment la guerre a joué un rôle considérable dans l’évolution du sikhisme. Si les disciples des cinq premiers Gurūs des sikhs, au 16e siècle, forment une paisible communauté de dévots, les évolutions sociologiques, avec l’arrivée massive de Jāts aux traditions martiales et les affrontements qui en résultent avec les Moghols changent la donne au 17e siècle et aboutissent en 1699 à la création du Khālsā, une fraternité militante, par le dixième et dernier Gurū, Gobind, qui se présente comme envoyé par Dieu pour rétablir le dharma. La guerre devient pour les sikhs une pratique religieuse. Cette configuration prend fin dans le royaume du sikh du Panjab (1799-1849), né de la victoire des armées du Khālsā contre Afghans et Moghols. La colonisation ouvre une nouvelle phase dans l’histoire militaire des sikhs. Ces derniers, une fois le Panjab pacifié après la conquête coloniale, sont enrôlés massivement dans l’armée britannique des Indes, dont ils deviennent les meilleurs combattants : ils le resteront dans l’Inde indépendante, de l’armée de laquelle ils sont le fer de lance.
Dans cet article, j’indique qu’il n’est pas évident de décrire des faits indiens avec les catégories que nous employons pour analyser les sociétés et les cultures occidentales : les concepts de littérature et de religion ne peuvent ainsi pas être transposés sans précaution. J’évoque ensuite brièvement le cas du Veda, parce que son premier corpus se trouve être à la source tout à la fois de la religion et de la littérature en Inde hindoue (je me demande si, par exemple, on peut voir les choses de la même manière en ce qui concerne la bible hébraïque), et le Coran, qui est le référent fondamental de l’islam en Inde comme ailleurs dans le monde musulman. Puis, je cherche à mettre en regard, en miroir comme on dit souvent, deux cas panjabis à la fois contemporains (16e siècle) et inverses d’expression littéraire du religieux. Concernant les gourous sikhs, leur poésie religieuse, écrite dans une langue littéraire autre que le panjabi et excluant toute référence à la culture panjabie, participe d’une tentative d’universalisation d’une religion locale en train de prendre forme en se détachant de l’hindouisme : le Veda et ce qu’il représente sont rejetés, mais le Veda fournit à Arjan un modèle d’architecture pour un nouveau livre sacré, l’Ādi Granth. Concernant les poètes soufis, héritiers d’une religion qui a beaucoup voyagé pour parvenir au Panjab et qui s’y trouve depuis déjà longtemps, et confrontés qu’ils sont à l’impossibilité de recourir au Coran pour leur prédication, ils lancent leurs filets missionnaires en jouant la carte de l’ « inculturation ». Pour enraciner localement leur religion universelle, ils composent leurs textes en panjabi et utilisent la tradition orale comme un répertoire de symboles. La figure ici est celle, dans les termes d’Olivier Roy, de la religion avec la culture. Il n’est pas étonnant, notons-le au passage, que le régime islamiste du général Ziaul Haq, entre 1979 et 1988, ait précisément cherché, après d’autres et avec d’autres, à « désinculturer » l’islam au Pakistan, profitant de la manne saoudienne, à l’époque de la lutte contre les soviétiques en Afghanistan, pour ouvrir d’innombrables madrasas au sein desquelles se sont formées plusieurs générations de talibans. Enfin, pour questionner plus avant le rapport du littéraire et du religieux, je regarde de plus près l’Ādi Granth, tant pour ce qui est de la nature des poèmes qui le composent que concernant son architecture d’ensemble, et les compositions des poètes soufis, m’intéressant tant à leur forme qu’à leur usage.
Cette notre critique est consacrée aux trois ouvrages suivants : ABU’L-FAZL, The History of Akbar... more Cette notre critique est consacrée aux trois ouvrages suivants : ABU’L-FAZL, The History of Akbar, vol. 1, éd. et trad. Wheeler M. Thackston, Cambridge (Ma.), Murty Classical Library of India et Harvard University Press, 2015, xxii + 614 p. (cartes, notes, glossaire, bibliographie, index) ; BULLHE SHAH, Sufi Lyrics, éd. et trad. Christopher Shackle, Cambridge (Ma.), Murty Classical Library of India et Harvard University Press, 2015, xxxvi + 443 p. (notes, glossaire, bibliographie, index) ; SURDAS, Sur’s Ocean : Poems from the Early Tradition, éd. Kenneth E. Bryant, trad. John Stratton Hawley, Cambridge (Ma.), Murty Classical Library of India et Harvard University Press, 2015, xlviii + 1010 p. (notes, glossaire, bibliographie, index). Ces trois livres appartiennent à une nouvelle « bibliothèque » indianiste lancée, sur la base d’une fondation richement dotée, par l’Université de Harvard : il s’agit d’un programme d’édition scientifique de classiques indiens du Veda à 1800, dans les différentes langues de l’Inde, avec leur traduction en anglais Celui d’Abu’l-Fazl (1651-1602), chronique en persan consacrée à l’empereur Akbar (1542-1605, r. 1556-1605), présente la vision du pouvoir politique à l’époque moghole (le persan s’était imposé depuis le sultanat de Delhi (1206-1555) comme la lingua franca et la langue du gouvernement, de l’administration et de l’islam officiel en Inde du Nord). Quant aux poèmes de dévotion à Krishna du saint poète hindou Surdas (seconde moitié du xvie siècle), composés en braj (vieux hindi littéraire occidental), et à ceux du mystique musulman Bullhe Shah (c. 1680-1750), écrits dans le panjabi dialectalement mixte typique des poètes soufis du Panjab, ils témoignent de formes de relation au divin inconnues en occident. L’article contextualise ces trois ouvrages et en présente le contenu, avant de mettre en lumière ce en quoi ces trois ensembles de textes peuvent intéresser les sciences sociales des religions. À cette fin, il revient de manière synthétique sur des questions de statut des langues, de jeux d’échelles ainsi que de dynamiques et de pratiques des groupes religieux, en liaison avec des formes de pouvoir et d’autorité.
« L’histoire des sikhs et du sikhisme revisitée : à propos de quatre ouvrages récents », Archives... more « L’histoire des sikhs et du sikhisme revisitée : à propos de quatre ouvrages récents », Archives de sciences sociales des religions, 164 | 2013, 95-101.
FENECH (Louis E.)
The Darbar of the Sikh Gurus. The Court of God in the World of Men, New Delhi, Oxford University Press, 2008, xiii + 325 p. (bibliographie, index).
RINEHART (Robin)
Debating the Dasam Granth, New York, Oxford University Pres, 2011, xiv + 210 p. (bibliographie, index).
DHAVAN (Purnima)
When Sparrows Became Hawks. The Making of the Sikh Warrior Tradition, 1699-1799, New York, Oxford University Press, 2011, 253 p. (bibliographie, index)
FENECH (Louis E.)
The Sikh Ẓafar-nāmah. A Discursive Blade in the Heart of the Mughal Empire, New Delhi, Oxford University Press, 2008, xxi + 304 p. (bibliographie, index, illustr.).
« Le sikhisme en sa diversité : à propos de trois ouvrages récents », Archives de Sciences Social... more « Le sikhisme en sa diversité : à propos de trois ouvrages récents », Archives de Sciences Sociales des Religions 168 (octobre-décembre 2014, paru en février 2015), p. 29-41.
L’article est une note critique à propose de À propos des ouvrages suivants : SINGH Pashaura and FENECH Louis E. (dirs.), The Oxford Handbook of Sikh Studies, Oxford, Oxford University Press, 2014, 704 pages (bibliographies, index) ; TAKHAR Opinderjit Kaur, Sikh Identity : An Exploration of Groups among Sikhs, Hants (RU) et Burlington (ÉUA), 2005, xv + 215 pages (glossaire, illustrations, bibliographie, index) ; SINGH Joginder, The Namdhari Sikhs : Their Changing Social and Cultural Landscape, New Delhi, Manohar, 2013, 216 p. (bibliographie, index). Il s’attache, tout en donnant un aperçu de ces ouvrages et du lien qu’ils entretiennent enter eux, à dégager les questionnements nouveaux qui en orientent la dynamique.
« A Sant-Sipāhī as in Himself :The Spiritual and Military Autobiography of Gurū Gobind », Jadavpu... more « A Sant-Sipāhī as in Himself :The Spiritual and Military Autobiography of Gurū Gobind », Jadavpur University Journal of History 29 (2013), p. 3-26.
L’article est consacré à un cas particulier de poésie royale indienne au 17e siècle : un poème apparemment autobiographique attribué au dernier Gurū des sikhs, Gobind, né en 1666 et Gurū de la mort de son père Teġ Bahādur en 1675 à son assassinat en 1708. Ce texte, écrit dans les collines préhimalayennes du nord du Panjab, les Shivaliks, se trouve dans le second livre livre sacré des sikhs, le Dasam Granth (« Livre du dixième » Gurū) et s’intitule Bacitra Nāṭaka (« Le Drame merveilleux »). La composition du poème est tout d’abord analysée, après quoi l’article étudie la manière dont le texte dresse le portrait d’un sīpāhī, d’un roi combattant pour le dharma, et la façon dont il propose un mythe d’origine de la lignée des Gurū sikhs, dans la vieille tradition rājpūt des Vaṃśavalī (« Généalogies » royales). Enfin, l’article montre comment dans ce poème, Gobind se présente aussi comme un sant (un spirituel sikh), proposant de nouvelles conceptions de Dieu, de la vertu et du péché, dans la ligne des Écritures héritées de ses prédécesseurs, mais en se montrant particulièrement sensible au contexte qui était le sien : celui de l’hindouisme des Rājpūts des Shivaliks.
« Le devenir d’un événement : lectures sikhes de la conquête de l’Hindoustan par Bābur ». In Moha... more « Le devenir d’un événement : lectures sikhes de la conquête de l’Hindoustan par Bābur ». In Mohammad-Ali Amir-Moezzi (ed.), Islam: identité et altérité : Hommage à Guy Monnot, O.P., Paris, École Pratique des Hautes Études, coll. « Bibliothèque de l'École des Hautes Études », 2013, p. 343-365.
L’article est consacré à trois interprétations sikhes des incursions de du conquérant moghol Bābur (r. 1526-1530) en Hindoustan et de sa conquête du pays. La première se rencontre dans des hymnes du saint homme à qui les sikhs font remonter l’origine de leur religion et en qui ils voient leur premier Gurū, Nānak (1469-1539), contemporain de Bābur, la deuxième dans les Janam-sākhī (récits de naissance), hagiographies de Nānak compilées pour la plupart aux 17e et 18e siècles, et la troisième dans la première histoire des sikhs écrite par un auteur sikh, le Panth-prakāsh (Lumière de la Voie), achevé par Ratan Siṅgh Bhaṅgū (m. 1843) en 1841. L’interprétation de la conquête de Bābur est à chaque fois différente. Pour Nānak, cet événement illustre le caractère incompréhensible du décret divin tout en fonctionnant comme un rappel de l’inéluctabilité de la mort et de la nécessité pour l’homme soucieux de son salut de régénérer son esprit avant de quitter le monde de manière à atteindre la libération du cycle des renaissances. Dans les Janam-sākhī, la venue de Bābur en Hindoustan est consécutive à une malédiction lancée par Nānak contre les habitants d’une ville qui avaient négligé de les nourrir, ses compagnons et lui. Enfin, dans le Panth-prakāsh, la victoire de Bābur à Pānīpat est présentée comme un châtiment divin attiré par Nānak sur le sultan de Delhi Ibrāhīm Lodī (r. 1517-1526) après que ce dernier a humilié de saints hommes, les accusant d’être des charlatans, exploiteurs de la crédulité populaire et incapables d’aucun miracle. Tel est, dans le contexte de l’histoire sikhe, l’étonnant devenir de l’événement de la conquête de l’Hindoustan par Bābur. Avec son appropriation initiale par Nānak, cet événement acquiert une singularité exemplaire et dynamique pour les sikhs et il est subséquemment mis en mots de deux manières radicalement différentes, d’abord par les compilateurs des Janam-sākhī puis par le premier historien sikh des sikhs, les premiers comme le second comme avant eux Nānak chargeant cet événement d’une signification liée à leur propre situation historique.
« Tariq Rahman, From Hindi to Urdu. A Social and Political History », note critique, Archives de ... more « Tariq Rahman, From Hindi to Urdu. A Social and Political History », note critique, Archives de sciences sociales des religions 160 (2012), 265-270.
Cette note critique situe l’ouvrage mentionné, qu’elle analyse en détail, dans le contexte des études majeures consacrées aux relations entre ourdou et hindi depuis 1970.
« Commémorer l’histoire, célébrer le territoire et les saisons : les fêtes sikhes au Panjab ». In... more « Commémorer l’histoire, célébrer le territoire et les saisons : les fêtes sikhes au Panjab ». In Rites : Fêtes et célébrations de l'humanité, dir. Thierry-Marie Courau et Thierry-Marie Courau, Paris, Bayard, 2012, p. 610-641.
L’article procède à une archéologie des fêtes des sikhs en lien avec l’histoire de cette communauté telle qu’elle est élaborée par les historiens et avec leur propre tradition historique. Les fêtes propres aux sikhs, des célébrations de leurs Gurūs appelées gurpurabs, sont examinées en premier, et cette étude est suivie d’une analyse historique du calendrier sikh. La partie suivante est consacrée aux fêtes sikhes historiquement d’origine hindoue, mais rapportées par les sikhs à des événements de leur tradition historique. Une dernière partie est consacrée, selon la même méthodologie, aux fêtes des travaux et des jours, elles aussi réinterprétées par les sikhs en fonction d’un passé recomposé par leur tradition historiographique depuis le 19e siècle.
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Drafts and papers by Denis Matringe
Dans cet article, j’indique qu’il n’est pas évident de décrire des faits indiens avec les catégories que nous employons pour analyser les sociétés et les cultures occidentales : les concepts de littérature et de religion ne peuvent ainsi pas être transposés sans précaution. J’évoque ensuite brièvement le cas du Veda, parce que son premier corpus se trouve être à la source tout à la fois de la religion et de la littérature en Inde hindoue (je me demande si, par exemple, on peut voir les choses de la même manière en ce qui concerne la bible hébraïque), et le Coran, qui est le référent fondamental de l’islam en Inde comme ailleurs dans le monde musulman. Puis, je cherche à mettre en regard, en miroir comme on dit souvent, deux cas panjabis à la fois contemporains (16e siècle) et inverses d’expression littéraire du religieux. Concernant les gourous sikhs, leur poésie religieuse, écrite dans une langue littéraire autre que le panjabi et excluant toute référence à la culture panjabie, participe d’une tentative d’universalisation d’une religion locale en train de prendre forme en se détachant de l’hindouisme : le Veda et ce qu’il représente sont rejetés, mais le Veda fournit à Arjan un modèle d’architecture pour un nouveau livre sacré, l’Ādi Granth. Concernant les poètes soufis, héritiers d’une religion qui a beaucoup voyagé pour parvenir au Panjab et qui s’y trouve depuis déjà longtemps, et confrontés qu’ils sont à l’impossibilité de recourir au Coran pour leur prédication, ils lancent leurs filets missionnaires en jouant la carte de l’ « inculturation ». Pour enraciner localement leur religion universelle, ils composent leurs textes en panjabi et utilisent la tradition orale comme un répertoire de symboles. La figure ici est celle, dans les termes d’Olivier Roy, de la religion avec la culture. Il n’est pas étonnant, notons-le au passage, que le régime islamiste du général Ziaul Haq, entre 1979 et 1988, ait précisément cherché, après d’autres et avec d’autres, à « désinculturer » l’islam au Pakistan, profitant de la manne saoudienne, à l’époque de la lutte contre les soviétiques en Afghanistan, pour ouvrir d’innombrables madrasas au sein desquelles se sont formées plusieurs générations de talibans. Enfin, pour questionner plus avant le rapport du littéraire et du religieux, je regarde de plus près l’Ādi Granth, tant pour ce qui est de la nature des poèmes qui le composent que concernant son architecture d’ensemble, et les compositions des poètes soufis, m’intéressant tant à leur forme qu’à leur usage.
FENECH (Louis E.)
The Darbar of the Sikh Gurus. The Court of God in the World of Men, New Delhi, Oxford University Press, 2008, xiii + 325 p. (bibliographie, index).
RINEHART (Robin)
Debating the Dasam Granth, New York, Oxford University Pres, 2011, xiv + 210 p. (bibliographie, index).
DHAVAN (Purnima)
When Sparrows Became Hawks. The Making of the Sikh Warrior Tradition, 1699-1799, New York, Oxford University Press, 2011, 253 p. (bibliographie, index)
FENECH (Louis E.)
The Sikh Ẓafar-nāmah. A Discursive Blade in the Heart of the Mughal Empire, New Delhi, Oxford University Press, 2008, xxi + 304 p. (bibliographie, index, illustr.).
L’article est une note critique à propose de À propos des ouvrages suivants : SINGH Pashaura and FENECH Louis E. (dirs.), The Oxford Handbook of Sikh Studies, Oxford, Oxford University Press, 2014, 704 pages (bibliographies, index) ; TAKHAR Opinderjit Kaur, Sikh Identity : An Exploration of Groups among Sikhs, Hants (RU) et Burlington (ÉUA), 2005, xv + 215 pages (glossaire, illustrations, bibliographie, index) ; SINGH Joginder, The Namdhari Sikhs : Their Changing Social and Cultural Landscape, New Delhi, Manohar, 2013, 216 p. (bibliographie, index). Il s’attache, tout en donnant un aperçu de ces ouvrages et du lien qu’ils entretiennent enter eux, à dégager les questionnements nouveaux qui en orientent la dynamique.
L’article est consacré à un cas particulier de poésie royale indienne au 17e siècle : un poème apparemment autobiographique attribué au dernier Gurū des sikhs, Gobind, né en 1666 et Gurū de la mort de son père Teġ Bahādur en 1675 à son assassinat en 1708. Ce texte, écrit dans les collines préhimalayennes du nord du Panjab, les Shivaliks, se trouve dans le second livre livre sacré des sikhs, le Dasam Granth (« Livre du dixième » Gurū) et s’intitule Bacitra Nāṭaka (« Le Drame merveilleux »). La composition du poème est tout d’abord analysée, après quoi l’article étudie la manière dont le texte dresse le portrait d’un sīpāhī, d’un roi combattant pour le dharma, et la façon dont il propose un mythe d’origine de la lignée des Gurū sikhs, dans la vieille tradition rājpūt des Vaṃśavalī (« Généalogies » royales). Enfin, l’article montre comment dans ce poème, Gobind se présente aussi comme un sant (un spirituel sikh), proposant de nouvelles conceptions de Dieu, de la vertu et du péché, dans la ligne des Écritures héritées de ses prédécesseurs, mais en se montrant particulièrement sensible au contexte qui était le sien : celui de l’hindouisme des Rājpūts des Shivaliks.
L’article est consacré à trois interprétations sikhes des incursions de du conquérant moghol Bābur (r. 1526-1530) en Hindoustan et de sa conquête du pays. La première se rencontre dans des hymnes du saint homme à qui les sikhs font remonter l’origine de leur religion et en qui ils voient leur premier Gurū, Nānak (1469-1539), contemporain de Bābur, la deuxième dans les Janam-sākhī (récits de naissance), hagiographies de Nānak compilées pour la plupart aux 17e et 18e siècles, et la troisième dans la première histoire des sikhs écrite par un auteur sikh, le Panth-prakāsh (Lumière de la Voie), achevé par Ratan Siṅgh Bhaṅgū (m. 1843) en 1841. L’interprétation de la conquête de Bābur est à chaque fois différente. Pour Nānak, cet événement illustre le caractère incompréhensible du décret divin tout en fonctionnant comme un rappel de l’inéluctabilité de la mort et de la nécessité pour l’homme soucieux de son salut de régénérer son esprit avant de quitter le monde de manière à atteindre la libération du cycle des renaissances. Dans les Janam-sākhī, la venue de Bābur en Hindoustan est consécutive à une malédiction lancée par Nānak contre les habitants d’une ville qui avaient négligé de les nourrir, ses compagnons et lui. Enfin, dans le Panth-prakāsh, la victoire de Bābur à Pānīpat est présentée comme un châtiment divin attiré par Nānak sur le sultan de Delhi Ibrāhīm Lodī (r. 1517-1526) après que ce dernier a humilié de saints hommes, les accusant d’être des charlatans, exploiteurs de la crédulité populaire et incapables d’aucun miracle. Tel est, dans le contexte de l’histoire sikhe, l’étonnant devenir de l’événement de la conquête de l’Hindoustan par Bābur. Avec son appropriation initiale par Nānak, cet événement acquiert une singularité exemplaire et dynamique pour les sikhs et il est subséquemment mis en mots de deux manières radicalement différentes, d’abord par les compilateurs des Janam-sākhī puis par le premier historien sikh des sikhs, les premiers comme le second comme avant eux Nānak chargeant cet événement d’une signification liée à leur propre situation historique.
Cette note critique situe l’ouvrage mentionné, qu’elle analyse en détail, dans le contexte des études majeures consacrées aux relations entre ourdou et hindi depuis 1970.
L’article procède à une archéologie des fêtes des sikhs en lien avec l’histoire de cette communauté telle qu’elle est élaborée par les historiens et avec leur propre tradition historique. Les fêtes propres aux sikhs, des célébrations de leurs Gurūs appelées gurpurabs, sont examinées en premier, et cette étude est suivie d’une analyse historique du calendrier sikh. La partie suivante est consacrée aux fêtes sikhes historiquement d’origine hindoue, mais rapportées par les sikhs à des événements de leur tradition historique. Une dernière partie est consacrée, selon la même méthodologie, aux fêtes des travaux et des jours, elles aussi réinterprétées par les sikhs en fonction d’un passé recomposé par leur tradition historiographique depuis le 19e siècle.
Dans cet article, j’indique qu’il n’est pas évident de décrire des faits indiens avec les catégories que nous employons pour analyser les sociétés et les cultures occidentales : les concepts de littérature et de religion ne peuvent ainsi pas être transposés sans précaution. J’évoque ensuite brièvement le cas du Veda, parce que son premier corpus se trouve être à la source tout à la fois de la religion et de la littérature en Inde hindoue (je me demande si, par exemple, on peut voir les choses de la même manière en ce qui concerne la bible hébraïque), et le Coran, qui est le référent fondamental de l’islam en Inde comme ailleurs dans le monde musulman. Puis, je cherche à mettre en regard, en miroir comme on dit souvent, deux cas panjabis à la fois contemporains (16e siècle) et inverses d’expression littéraire du religieux. Concernant les gourous sikhs, leur poésie religieuse, écrite dans une langue littéraire autre que le panjabi et excluant toute référence à la culture panjabie, participe d’une tentative d’universalisation d’une religion locale en train de prendre forme en se détachant de l’hindouisme : le Veda et ce qu’il représente sont rejetés, mais le Veda fournit à Arjan un modèle d’architecture pour un nouveau livre sacré, l’Ādi Granth. Concernant les poètes soufis, héritiers d’une religion qui a beaucoup voyagé pour parvenir au Panjab et qui s’y trouve depuis déjà longtemps, et confrontés qu’ils sont à l’impossibilité de recourir au Coran pour leur prédication, ils lancent leurs filets missionnaires en jouant la carte de l’ « inculturation ». Pour enraciner localement leur religion universelle, ils composent leurs textes en panjabi et utilisent la tradition orale comme un répertoire de symboles. La figure ici est celle, dans les termes d’Olivier Roy, de la religion avec la culture. Il n’est pas étonnant, notons-le au passage, que le régime islamiste du général Ziaul Haq, entre 1979 et 1988, ait précisément cherché, après d’autres et avec d’autres, à « désinculturer » l’islam au Pakistan, profitant de la manne saoudienne, à l’époque de la lutte contre les soviétiques en Afghanistan, pour ouvrir d’innombrables madrasas au sein desquelles se sont formées plusieurs générations de talibans. Enfin, pour questionner plus avant le rapport du littéraire et du religieux, je regarde de plus près l’Ādi Granth, tant pour ce qui est de la nature des poèmes qui le composent que concernant son architecture d’ensemble, et les compositions des poètes soufis, m’intéressant tant à leur forme qu’à leur usage.
FENECH (Louis E.)
The Darbar of the Sikh Gurus. The Court of God in the World of Men, New Delhi, Oxford University Press, 2008, xiii + 325 p. (bibliographie, index).
RINEHART (Robin)
Debating the Dasam Granth, New York, Oxford University Pres, 2011, xiv + 210 p. (bibliographie, index).
DHAVAN (Purnima)
When Sparrows Became Hawks. The Making of the Sikh Warrior Tradition, 1699-1799, New York, Oxford University Press, 2011, 253 p. (bibliographie, index)
FENECH (Louis E.)
The Sikh Ẓafar-nāmah. A Discursive Blade in the Heart of the Mughal Empire, New Delhi, Oxford University Press, 2008, xxi + 304 p. (bibliographie, index, illustr.).
L’article est une note critique à propose de À propos des ouvrages suivants : SINGH Pashaura and FENECH Louis E. (dirs.), The Oxford Handbook of Sikh Studies, Oxford, Oxford University Press, 2014, 704 pages (bibliographies, index) ; TAKHAR Opinderjit Kaur, Sikh Identity : An Exploration of Groups among Sikhs, Hants (RU) et Burlington (ÉUA), 2005, xv + 215 pages (glossaire, illustrations, bibliographie, index) ; SINGH Joginder, The Namdhari Sikhs : Their Changing Social and Cultural Landscape, New Delhi, Manohar, 2013, 216 p. (bibliographie, index). Il s’attache, tout en donnant un aperçu de ces ouvrages et du lien qu’ils entretiennent enter eux, à dégager les questionnements nouveaux qui en orientent la dynamique.
L’article est consacré à un cas particulier de poésie royale indienne au 17e siècle : un poème apparemment autobiographique attribué au dernier Gurū des sikhs, Gobind, né en 1666 et Gurū de la mort de son père Teġ Bahādur en 1675 à son assassinat en 1708. Ce texte, écrit dans les collines préhimalayennes du nord du Panjab, les Shivaliks, se trouve dans le second livre livre sacré des sikhs, le Dasam Granth (« Livre du dixième » Gurū) et s’intitule Bacitra Nāṭaka (« Le Drame merveilleux »). La composition du poème est tout d’abord analysée, après quoi l’article étudie la manière dont le texte dresse le portrait d’un sīpāhī, d’un roi combattant pour le dharma, et la façon dont il propose un mythe d’origine de la lignée des Gurū sikhs, dans la vieille tradition rājpūt des Vaṃśavalī (« Généalogies » royales). Enfin, l’article montre comment dans ce poème, Gobind se présente aussi comme un sant (un spirituel sikh), proposant de nouvelles conceptions de Dieu, de la vertu et du péché, dans la ligne des Écritures héritées de ses prédécesseurs, mais en se montrant particulièrement sensible au contexte qui était le sien : celui de l’hindouisme des Rājpūts des Shivaliks.
L’article est consacré à trois interprétations sikhes des incursions de du conquérant moghol Bābur (r. 1526-1530) en Hindoustan et de sa conquête du pays. La première se rencontre dans des hymnes du saint homme à qui les sikhs font remonter l’origine de leur religion et en qui ils voient leur premier Gurū, Nānak (1469-1539), contemporain de Bābur, la deuxième dans les Janam-sākhī (récits de naissance), hagiographies de Nānak compilées pour la plupart aux 17e et 18e siècles, et la troisième dans la première histoire des sikhs écrite par un auteur sikh, le Panth-prakāsh (Lumière de la Voie), achevé par Ratan Siṅgh Bhaṅgū (m. 1843) en 1841. L’interprétation de la conquête de Bābur est à chaque fois différente. Pour Nānak, cet événement illustre le caractère incompréhensible du décret divin tout en fonctionnant comme un rappel de l’inéluctabilité de la mort et de la nécessité pour l’homme soucieux de son salut de régénérer son esprit avant de quitter le monde de manière à atteindre la libération du cycle des renaissances. Dans les Janam-sākhī, la venue de Bābur en Hindoustan est consécutive à une malédiction lancée par Nānak contre les habitants d’une ville qui avaient négligé de les nourrir, ses compagnons et lui. Enfin, dans le Panth-prakāsh, la victoire de Bābur à Pānīpat est présentée comme un châtiment divin attiré par Nānak sur le sultan de Delhi Ibrāhīm Lodī (r. 1517-1526) après que ce dernier a humilié de saints hommes, les accusant d’être des charlatans, exploiteurs de la crédulité populaire et incapables d’aucun miracle. Tel est, dans le contexte de l’histoire sikhe, l’étonnant devenir de l’événement de la conquête de l’Hindoustan par Bābur. Avec son appropriation initiale par Nānak, cet événement acquiert une singularité exemplaire et dynamique pour les sikhs et il est subséquemment mis en mots de deux manières radicalement différentes, d’abord par les compilateurs des Janam-sākhī puis par le premier historien sikh des sikhs, les premiers comme le second comme avant eux Nānak chargeant cet événement d’une signification liée à leur propre situation historique.
Cette note critique situe l’ouvrage mentionné, qu’elle analyse en détail, dans le contexte des études majeures consacrées aux relations entre ourdou et hindi depuis 1970.
L’article procède à une archéologie des fêtes des sikhs en lien avec l’histoire de cette communauté telle qu’elle est élaborée par les historiens et avec leur propre tradition historique. Les fêtes propres aux sikhs, des célébrations de leurs Gurūs appelées gurpurabs, sont examinées en premier, et cette étude est suivie d’une analyse historique du calendrier sikh. La partie suivante est consacrée aux fêtes sikhes historiquement d’origine hindoue, mais rapportées par les sikhs à des événements de leur tradition historique. Une dernière partie est consacrée, selon la même méthodologie, aux fêtes des travaux et des jours, elles aussi réinterprétées par les sikhs en fonction d’un passé recomposé par leur tradition historiographique depuis le 19e siècle.