Papers by Sarah Maugin Foucault
L'histoire des juifs médiévaux a d'abord été une histoire intellectuelle, s'intéressant à ses gra... more L'histoire des juifs médiévaux a d'abord été une histoire intellectuelle, s'intéressant à ses grands auteurs et aux oeuvres qui en ont été conservées. Une telle tradition a rendu la figure du « savant » juif centrale, qu'il soit philosophe, poète, traducteur, talmudiste ou médecin, en tant que porteur d'une culture salutaire pour la Diaspora séfarade. Cependant, une étude de nature sociale et économique semble manquer. S'inscrivant dans les travaux de Richard Emery et de Claude Denjean sur la Catalogne, ou encore de Juliette Sibon sur la Provence, ce mémoire s'intéresse au groupe particulier des « maîtres », tels que désignés dans les actes notariés latins et catalans conservés aux Archives Départementales des Pyrénées-Orientales. Ces sources de la pratique interrogent la place occupée par ces acteurs, recevant un titre quelque peu ambivalent mais qui les rassemblent, au sein d'une organisation communautaire et d'une société urbaine plus globale. Une étude de cas sur quelques maîtres de Perpignan entend éclairer la situation des élites lettrées juives catalanes à l'aube du XVe siècle.
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The history of the Jews in the Middle Ages was first an intellectual history, focusing on major writers and works that have been preserved. Such a tradition has made the figure of the Jewish « scholar » central, whether he is a philosopher, a poet, a translator, a Talmudic specialist or a physician, as a bearer of salutary erudition for the Sephardic Diaspora. However, a social and economic study seems to miss. In accordance with Richard W. Emery’s and Claude Denjean’s research works on Catalonia, or Juliette Sibon’s on Provence, this research deals with the particular group of « masters » as designated in the Latin and Catalan notarial acts, in the Departemental Archives of the Pyrénées Orientales. These records question the role played by these actors, getting a somewhat ambivalent title which unites them at the same time, in a community organisation and a more comprehensive urban society. A case study about some masters of Perpignan intend to clarify the situation of the Catalan Jewish literate elites at the dawn of the 15th century.
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La historia de los judíos medievales fue primero una historia intelectual, centrada en los grandes escritores y las obras que fueron conservadas. Esta tradición convertió la imagen central del judío “sabio”, que sea un filósofo, un poeta, un traductor, un talmudista o un médico, en un mensajero de la cultura saludable para la diáspora judía sefardita. En aquel momento, hacia falta un estudio social y económico. Esto estudio fue escrito gracias a las investigaciones de Richard Emery y Claude Denjean sobre Cataluña, y también las de Juliette Sibon sobre Provenza. Aquí, nos centramos en un grupo particular de “maestros” como los que fueron nombrados en los actos notariales latinos y catalanes conservados en los Archivos Departamentales de los Pirineos Orientales. A través de estas fuentes se trata de averiguar cual fue el papel exacto de estos actores, que recibieron un titulo un poco ambivalente pero que les junto dentro de una organización comunitaria y dentro de una sociedad urbana más global. Un caso de estudio sobre unos maestros de la ciudad de Perpiñan tiende a aclarar la situación de las élites letradas judías catalanes en el final de la Edad Media.
Ce mémoire porte sur le Livre de voyages de Benjamin de Tudèle. Daté du XIIe siècle, ce récit réd... more Ce mémoire porte sur le Livre de voyages de Benjamin de Tudèle. Daté du XIIe siècle, ce récit rédigé en hébreu et maintes fois traduit retrace le parcours que ce juif effectua en une dizaine d'années, de sa Navarre natale jusqu'aux terres du califat abbasside, côtoyant ainsi les diverses communautés de la Diaspora. En s'intéressant aux écoles (yeshivot) et sages du Talmud, que notre auteur s'applique à mentionner lors de sa traversée de la côte méditerranéenne nord-occidentale (Espagne, Midi de la France, Italie), l'étude tente de dépasser une analyse purement factuelle d'une source dont la richesse informative est déjà bien connue des historiens, ce afin d'y appliquer un questionnement d'ordre représentatif. Ne peut-on pas voir dans cette focalisation sur ce qui compose l'institution éducative communautaire ainsi que l'emblème d'un dynamisme culturel, la construction d'un « espace identitaire », au sein duquel résiderait la pérennité et l'unité du judaïsme traditionnel ?
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This essay deals with Benjamin of Tudela's Travels book (Sefer Massao't). Dated from 12th century, this account written in Hebrew and many times translated, traces his travel which lasted about ten years. Leaving his native Navarre and travelling up to Abbassid caliphate's lands, he approached Diaspora's various communities. Benjamin of Tudela was especially interested in academies (yeshivot) when he crossed north-western Mediterranean coast (Spain, Southern France, Italy). Well-known by historians, this research attempts to get beyond a factual analysis of this source. Therefore, we apply a representative questioning. Could we not see of this focus on the communitarian educational institution and on the symbol of Jewish's cultural energy during the Middle Ages, the construction of a « space of identity », in which one lived the continuity and unity of traditional Judaism ?
Ateliers by Sarah Maugin Foucault
Présentation
L’histoire religieuse a longtemps constitué un chapitre à part dans l’historiograph... more Présentation
L’histoire religieuse a longtemps constitué un chapitre à part dans l’historiographie des sociétés modernes et contemporaines, souvent réservé aux spécialistes du fait religieux, des croyances ou des pratiques, et des institutions. La question des appartenances religieuses demeure pourtant un élément déterminant en histoire sociale et politique, qu’il convient de reconsidérer à la lumière des déplacements historiographiques les plus récents. Il s’agit de réfléchir à la façon dont les sciences sociales permettent de penser les appartenances religieuses, de la fin du Moyen Âge à nos jours, en comparant des espaces géographiques parfois très éloignés.
Il convient pour cela d’interroger l’association trop souvent immédiate entre religion et identité qui fait du lien confessionnel le ferment du lien social. Ainsi, les identités religieuses sont souvent analysées comme l’expression de liens primordiaux, constitutifs des collectifs parce que profondément ancrés dans la culture, les mentalités et les croyances. Elles auraient été particulièrement prégnantes dans les sociétés traditionnelles et dans les sociétés anciennes marquées par le localisme, la ruralité et les structures patriarcales. Les sociétés occidentales et modernes, en revanche, se seraient caractérisées par la compétition entre les États royaux et le pouvoir pontifical sur le contrôle et l’encadrement de la pratique religieuse. En distinguant le spirituel du temporel, en forgeant l’unité politique par l’uniformisation religieuse, les pouvoirs monarchiques auraient jeté les bases d’un long processus de sécularisation qui aurait permis à l’Europe de « sortir » du religieux alors que d’autres régions du monde y seraient restées enfermées.
Cette École thématique entend interroger ce récit de la modernité occidentale qui a participé de la réification du fait religieux comme une dimension spécifique du monde social. En privilégiant des approches localisées et des contextualisations denses, il s’agit au contraire de réinscrire les activités religieuses au sein des configurations sociales et économiques dans lesquels elles trouvent leur origine. Ainsi il convient d’interroger des notions aussi centrales que le rituel ou le sacré dans le rapport aux collectifs, non pas comme des moyens de perpétuation d’une identité immuable, mais comme des manières d’actualiser constamment les frontières fragiles des groupes sociaux. Cela invite dès lors à revisiter les situations de contacts ou de circulations interreligieux, non pas comme des moments exceptionnels de passage, d’affrontement ou de médiation entre des entités culturelles monolithiques, mais comme des modalités ordinaires de cohabitation ou bien de réaffiliation des acteurs sociaux dans des configurations sociales localisées.
En somme, en choisissant d’adopter une approche pragmatique du fait religieux, cette École thématique invite à s’interroger sur ce que les acteurs font quand ils parlent de leur appartenance religieuse, et en quoi ces actions façonnent les appartenances sociales. Tels sont les enjeux d’une histoire sociale qui se saisit des appartenances religieuses, en les ancrant dans les pratiques situées des acteurs sociaux, et en tenant à distance critique le double prisme des sources étatiques et ecclésiastiques.
Objectif et organisation
L’École thématique réunira des spécialistes du monde méditerranéen, américain et asiatique, et mettra en perspective les défis méthodologiques de sciences sociales écrites à l’échelle du monde. Privilégiant une réflexion méthodologique et épistémologique, il s’adresse à un public de doctorants et post-doctorants dont les travaux portent sur les enjeux de l’appartenance sociale et/ou religieuse.
L’objectif est de faire travailler des doctorants et des chercheurs de disciplines différentes qui partagent une perspective historique et une démarche empirique. Pour les étudiants issus des sciences sociales, il s’agira d’enrichir leur questionnaire en leur permettant d’historiciser leurs problèmes, tandis que pour les étudiants en histoire, l’enjeu consistera à acquérir de nouvelles méthodes et de nouveaux concepts pour densifier leur analyse des sources historiques. C’est de la diversité des terrains empiriques que naîtra le dialogue entre des disciplines, des périodes et des objets différents. Il s’agira précisément de tisser les fils et de trouver les correspondances entre la manière dont l’histoire aborde ces questions et la façon dont le font les autres sciences sociales.
L’objectif est également de dresser un état des lieux critique des propositions les plus récentes sur la manière de penser l’appartenance. Nous offrirons ainsi aux participants des repères historiographiques et méthodologiques, tout en leur permettant de présenter leurs propres terrains d’enquête, leurs sources, et leur démarche. Les séances s’organiseront autour de conférences, de séminaires de travail et de séances de présentation des travaux des étudiants. Il s’agira de faire dialoguer des historiographies parfois éloignées afin de faire émerger une réflexion commune sur les enjeux de l’appartenance religieuse dans une perspective globale.
Conférenciers invités
- Angela Barreto Xavier (Instituto de Ciências Sociais da Universidade de Lisboa)
- Ismail Warscheid (CNRS – IRHT, Institut de recherche et d'histoire des textes)
- Jérémie Foa (Aix-Marseille Université)
- Federico Palomo (Universidad Complutense de Madrid)
- Natalia Muchnik (École des hautes études en sciences sociales, Paris)
- Oscar Mazin (Colegio de México)
WORKSHOPS by Sarah Maugin Foucault
by Aude Loriaud, Igor Pérez Tostado, natalia muchnik, Ismail Warscheid Hargal, Camille Cordier-Montvenoux, Sara Teinturier, Victoria Bosch Moreno, Chloé Bonnet, Ana Díaz Serrano, Arnaud Saura-Ziegelmeyer, Sarah Maugin Foucault, Maïté Recasens, and Blanche Lacoste Aude LORIAUD, « La conversion des jeunes filles protestantes ou juives : un risque de rupture fam... more Aude LORIAUD, « La conversion des jeunes filles protestantes ou juives : un risque de rupture familiale et sociale ? (France, 1685-1787). Une approche sociale de la conversion. »
Cette étude historique des conversions religieuses consiste, d'une part, en une analyse des conséquences des conversions (contraintes ou choisies) sur l'intégration sociale des nouvelles converties en France à l'époque moderne, et propose d'autre part une réflexion sur les causes et les motivations des conversions volontaires en s'appuyant sur des concepts issus de la sociologie et de la psychologie sociale.
Conference Presentations by Sarah Maugin Foucault
À l'instar du reste de la Couronne d'Aragon, l'histoire de Perpignan au bas Moyen Âge peut se fai... more À l'instar du reste de la Couronne d'Aragon, l'histoire de Perpignan au bas Moyen Âge peut se faire à partir d'archives d'une grande richesse tant d'un point de vue quantitatif que qualitatif. Ces fonds ont entre autres révélé le rôle important, connu jusqu'à aujourd'hui de façon plus ou moins superficielle, qu'y a joué la communauté juive installée pendant près de quatre-cent ans jusqu'à l'expulsion définitive de 1492-1493. Les sources notariées qui représentent une part considérable de la documentation conservée permettent de montrer que la participation des juifs au développement de cette ville ne s'est pas faite aux côtés des chrétiens mais bien avec ces derniers. Le paradigme ségrégatif qui restreignait les contacts établis par et avec une minorité religieuse et juridique laisse ainsi la place à une approche plus large qui s'intéresse aux liens sociaux entre les individus. Cette présentation s'intéresse de plus près à quelques cas emblématiques de maîtres juifs, désignés tels
quels dans les registres. Les différents actes trouvés à leur sujet témoignent de leur rattachement à une strate supérieure de la société. Ainsi, en tant qu'hommes d'affaires, notables ou encore chefs de grandes familles, les maîtres juifs interagissent régulièrement avec les chrétiens de même rang et partagent les mêmes objectifs, expériences et pratiques caractéristiques d'une élite urbaine en pleine mutation au cours des XIVe et XVe siècles.
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Papers by Sarah Maugin Foucault
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The history of the Jews in the Middle Ages was first an intellectual history, focusing on major writers and works that have been preserved. Such a tradition has made the figure of the Jewish « scholar » central, whether he is a philosopher, a poet, a translator, a Talmudic specialist or a physician, as a bearer of salutary erudition for the Sephardic Diaspora. However, a social and economic study seems to miss. In accordance with Richard W. Emery’s and Claude Denjean’s research works on Catalonia, or Juliette Sibon’s on Provence, this research deals with the particular group of « masters » as designated in the Latin and Catalan notarial acts, in the Departemental Archives of the Pyrénées Orientales. These records question the role played by these actors, getting a somewhat ambivalent title which unites them at the same time, in a community organisation and a more comprehensive urban society. A case study about some masters of Perpignan intend to clarify the situation of the Catalan Jewish literate elites at the dawn of the 15th century.
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La historia de los judíos medievales fue primero una historia intelectual, centrada en los grandes escritores y las obras que fueron conservadas. Esta tradición convertió la imagen central del judío “sabio”, que sea un filósofo, un poeta, un traductor, un talmudista o un médico, en un mensajero de la cultura saludable para la diáspora judía sefardita. En aquel momento, hacia falta un estudio social y económico. Esto estudio fue escrito gracias a las investigaciones de Richard Emery y Claude Denjean sobre Cataluña, y también las de Juliette Sibon sobre Provenza. Aquí, nos centramos en un grupo particular de “maestros” como los que fueron nombrados en los actos notariales latinos y catalanes conservados en los Archivos Departamentales de los Pirineos Orientales. A través de estas fuentes se trata de averiguar cual fue el papel exacto de estos actores, que recibieron un titulo un poco ambivalente pero que les junto dentro de una organización comunitaria y dentro de una sociedad urbana más global. Un caso de estudio sobre unos maestros de la ciudad de Perpiñan tiende a aclarar la situación de las élites letradas judías catalanes en el final de la Edad Media.
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This essay deals with Benjamin of Tudela's Travels book (Sefer Massao't). Dated from 12th century, this account written in Hebrew and many times translated, traces his travel which lasted about ten years. Leaving his native Navarre and travelling up to Abbassid caliphate's lands, he approached Diaspora's various communities. Benjamin of Tudela was especially interested in academies (yeshivot) when he crossed north-western Mediterranean coast (Spain, Southern France, Italy). Well-known by historians, this research attempts to get beyond a factual analysis of this source. Therefore, we apply a representative questioning. Could we not see of this focus on the communitarian educational institution and on the symbol of Jewish's cultural energy during the Middle Ages, the construction of a « space of identity », in which one lived the continuity and unity of traditional Judaism ?
Ateliers by Sarah Maugin Foucault
L’histoire religieuse a longtemps constitué un chapitre à part dans l’historiographie des sociétés modernes et contemporaines, souvent réservé aux spécialistes du fait religieux, des croyances ou des pratiques, et des institutions. La question des appartenances religieuses demeure pourtant un élément déterminant en histoire sociale et politique, qu’il convient de reconsidérer à la lumière des déplacements historiographiques les plus récents. Il s’agit de réfléchir à la façon dont les sciences sociales permettent de penser les appartenances religieuses, de la fin du Moyen Âge à nos jours, en comparant des espaces géographiques parfois très éloignés.
Il convient pour cela d’interroger l’association trop souvent immédiate entre religion et identité qui fait du lien confessionnel le ferment du lien social. Ainsi, les identités religieuses sont souvent analysées comme l’expression de liens primordiaux, constitutifs des collectifs parce que profondément ancrés dans la culture, les mentalités et les croyances. Elles auraient été particulièrement prégnantes dans les sociétés traditionnelles et dans les sociétés anciennes marquées par le localisme, la ruralité et les structures patriarcales. Les sociétés occidentales et modernes, en revanche, se seraient caractérisées par la compétition entre les États royaux et le pouvoir pontifical sur le contrôle et l’encadrement de la pratique religieuse. En distinguant le spirituel du temporel, en forgeant l’unité politique par l’uniformisation religieuse, les pouvoirs monarchiques auraient jeté les bases d’un long processus de sécularisation qui aurait permis à l’Europe de « sortir » du religieux alors que d’autres régions du monde y seraient restées enfermées.
Cette École thématique entend interroger ce récit de la modernité occidentale qui a participé de la réification du fait religieux comme une dimension spécifique du monde social. En privilégiant des approches localisées et des contextualisations denses, il s’agit au contraire de réinscrire les activités religieuses au sein des configurations sociales et économiques dans lesquels elles trouvent leur origine. Ainsi il convient d’interroger des notions aussi centrales que le rituel ou le sacré dans le rapport aux collectifs, non pas comme des moyens de perpétuation d’une identité immuable, mais comme des manières d’actualiser constamment les frontières fragiles des groupes sociaux. Cela invite dès lors à revisiter les situations de contacts ou de circulations interreligieux, non pas comme des moments exceptionnels de passage, d’affrontement ou de médiation entre des entités culturelles monolithiques, mais comme des modalités ordinaires de cohabitation ou bien de réaffiliation des acteurs sociaux dans des configurations sociales localisées.
En somme, en choisissant d’adopter une approche pragmatique du fait religieux, cette École thématique invite à s’interroger sur ce que les acteurs font quand ils parlent de leur appartenance religieuse, et en quoi ces actions façonnent les appartenances sociales. Tels sont les enjeux d’une histoire sociale qui se saisit des appartenances religieuses, en les ancrant dans les pratiques situées des acteurs sociaux, et en tenant à distance critique le double prisme des sources étatiques et ecclésiastiques.
Objectif et organisation
L’École thématique réunira des spécialistes du monde méditerranéen, américain et asiatique, et mettra en perspective les défis méthodologiques de sciences sociales écrites à l’échelle du monde. Privilégiant une réflexion méthodologique et épistémologique, il s’adresse à un public de doctorants et post-doctorants dont les travaux portent sur les enjeux de l’appartenance sociale et/ou religieuse.
L’objectif est de faire travailler des doctorants et des chercheurs de disciplines différentes qui partagent une perspective historique et une démarche empirique. Pour les étudiants issus des sciences sociales, il s’agira d’enrichir leur questionnaire en leur permettant d’historiciser leurs problèmes, tandis que pour les étudiants en histoire, l’enjeu consistera à acquérir de nouvelles méthodes et de nouveaux concepts pour densifier leur analyse des sources historiques. C’est de la diversité des terrains empiriques que naîtra le dialogue entre des disciplines, des périodes et des objets différents. Il s’agira précisément de tisser les fils et de trouver les correspondances entre la manière dont l’histoire aborde ces questions et la façon dont le font les autres sciences sociales.
L’objectif est également de dresser un état des lieux critique des propositions les plus récentes sur la manière de penser l’appartenance. Nous offrirons ainsi aux participants des repères historiographiques et méthodologiques, tout en leur permettant de présenter leurs propres terrains d’enquête, leurs sources, et leur démarche. Les séances s’organiseront autour de conférences, de séminaires de travail et de séances de présentation des travaux des étudiants. Il s’agira de faire dialoguer des historiographies parfois éloignées afin de faire émerger une réflexion commune sur les enjeux de l’appartenance religieuse dans une perspective globale.
Conférenciers invités
- Angela Barreto Xavier (Instituto de Ciências Sociais da Universidade de Lisboa)
- Ismail Warscheid (CNRS – IRHT, Institut de recherche et d'histoire des textes)
- Jérémie Foa (Aix-Marseille Université)
- Federico Palomo (Universidad Complutense de Madrid)
- Natalia Muchnik (École des hautes études en sciences sociales, Paris)
- Oscar Mazin (Colegio de México)
WORKSHOPS by Sarah Maugin Foucault
Cette étude historique des conversions religieuses consiste, d'une part, en une analyse des conséquences des conversions (contraintes ou choisies) sur l'intégration sociale des nouvelles converties en France à l'époque moderne, et propose d'autre part une réflexion sur les causes et les motivations des conversions volontaires en s'appuyant sur des concepts issus de la sociologie et de la psychologie sociale.
Conference Presentations by Sarah Maugin Foucault
quels dans les registres. Les différents actes trouvés à leur sujet témoignent de leur rattachement à une strate supérieure de la société. Ainsi, en tant qu'hommes d'affaires, notables ou encore chefs de grandes familles, les maîtres juifs interagissent régulièrement avec les chrétiens de même rang et partagent les mêmes objectifs, expériences et pratiques caractéristiques d'une élite urbaine en pleine mutation au cours des XIVe et XVe siècles.
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The history of the Jews in the Middle Ages was first an intellectual history, focusing on major writers and works that have been preserved. Such a tradition has made the figure of the Jewish « scholar » central, whether he is a philosopher, a poet, a translator, a Talmudic specialist or a physician, as a bearer of salutary erudition for the Sephardic Diaspora. However, a social and economic study seems to miss. In accordance with Richard W. Emery’s and Claude Denjean’s research works on Catalonia, or Juliette Sibon’s on Provence, this research deals with the particular group of « masters » as designated in the Latin and Catalan notarial acts, in the Departemental Archives of the Pyrénées Orientales. These records question the role played by these actors, getting a somewhat ambivalent title which unites them at the same time, in a community organisation and a more comprehensive urban society. A case study about some masters of Perpignan intend to clarify the situation of the Catalan Jewish literate elites at the dawn of the 15th century.
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La historia de los judíos medievales fue primero una historia intelectual, centrada en los grandes escritores y las obras que fueron conservadas. Esta tradición convertió la imagen central del judío “sabio”, que sea un filósofo, un poeta, un traductor, un talmudista o un médico, en un mensajero de la cultura saludable para la diáspora judía sefardita. En aquel momento, hacia falta un estudio social y económico. Esto estudio fue escrito gracias a las investigaciones de Richard Emery y Claude Denjean sobre Cataluña, y también las de Juliette Sibon sobre Provenza. Aquí, nos centramos en un grupo particular de “maestros” como los que fueron nombrados en los actos notariales latinos y catalanes conservados en los Archivos Departamentales de los Pirineos Orientales. A través de estas fuentes se trata de averiguar cual fue el papel exacto de estos actores, que recibieron un titulo un poco ambivalente pero que les junto dentro de una organización comunitaria y dentro de una sociedad urbana más global. Un caso de estudio sobre unos maestros de la ciudad de Perpiñan tiende a aclarar la situación de las élites letradas judías catalanes en el final de la Edad Media.
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This essay deals with Benjamin of Tudela's Travels book (Sefer Massao't). Dated from 12th century, this account written in Hebrew and many times translated, traces his travel which lasted about ten years. Leaving his native Navarre and travelling up to Abbassid caliphate's lands, he approached Diaspora's various communities. Benjamin of Tudela was especially interested in academies (yeshivot) when he crossed north-western Mediterranean coast (Spain, Southern France, Italy). Well-known by historians, this research attempts to get beyond a factual analysis of this source. Therefore, we apply a representative questioning. Could we not see of this focus on the communitarian educational institution and on the symbol of Jewish's cultural energy during the Middle Ages, the construction of a « space of identity », in which one lived the continuity and unity of traditional Judaism ?
L’histoire religieuse a longtemps constitué un chapitre à part dans l’historiographie des sociétés modernes et contemporaines, souvent réservé aux spécialistes du fait religieux, des croyances ou des pratiques, et des institutions. La question des appartenances religieuses demeure pourtant un élément déterminant en histoire sociale et politique, qu’il convient de reconsidérer à la lumière des déplacements historiographiques les plus récents. Il s’agit de réfléchir à la façon dont les sciences sociales permettent de penser les appartenances religieuses, de la fin du Moyen Âge à nos jours, en comparant des espaces géographiques parfois très éloignés.
Il convient pour cela d’interroger l’association trop souvent immédiate entre religion et identité qui fait du lien confessionnel le ferment du lien social. Ainsi, les identités religieuses sont souvent analysées comme l’expression de liens primordiaux, constitutifs des collectifs parce que profondément ancrés dans la culture, les mentalités et les croyances. Elles auraient été particulièrement prégnantes dans les sociétés traditionnelles et dans les sociétés anciennes marquées par le localisme, la ruralité et les structures patriarcales. Les sociétés occidentales et modernes, en revanche, se seraient caractérisées par la compétition entre les États royaux et le pouvoir pontifical sur le contrôle et l’encadrement de la pratique religieuse. En distinguant le spirituel du temporel, en forgeant l’unité politique par l’uniformisation religieuse, les pouvoirs monarchiques auraient jeté les bases d’un long processus de sécularisation qui aurait permis à l’Europe de « sortir » du religieux alors que d’autres régions du monde y seraient restées enfermées.
Cette École thématique entend interroger ce récit de la modernité occidentale qui a participé de la réification du fait religieux comme une dimension spécifique du monde social. En privilégiant des approches localisées et des contextualisations denses, il s’agit au contraire de réinscrire les activités religieuses au sein des configurations sociales et économiques dans lesquels elles trouvent leur origine. Ainsi il convient d’interroger des notions aussi centrales que le rituel ou le sacré dans le rapport aux collectifs, non pas comme des moyens de perpétuation d’une identité immuable, mais comme des manières d’actualiser constamment les frontières fragiles des groupes sociaux. Cela invite dès lors à revisiter les situations de contacts ou de circulations interreligieux, non pas comme des moments exceptionnels de passage, d’affrontement ou de médiation entre des entités culturelles monolithiques, mais comme des modalités ordinaires de cohabitation ou bien de réaffiliation des acteurs sociaux dans des configurations sociales localisées.
En somme, en choisissant d’adopter une approche pragmatique du fait religieux, cette École thématique invite à s’interroger sur ce que les acteurs font quand ils parlent de leur appartenance religieuse, et en quoi ces actions façonnent les appartenances sociales. Tels sont les enjeux d’une histoire sociale qui se saisit des appartenances religieuses, en les ancrant dans les pratiques situées des acteurs sociaux, et en tenant à distance critique le double prisme des sources étatiques et ecclésiastiques.
Objectif et organisation
L’École thématique réunira des spécialistes du monde méditerranéen, américain et asiatique, et mettra en perspective les défis méthodologiques de sciences sociales écrites à l’échelle du monde. Privilégiant une réflexion méthodologique et épistémologique, il s’adresse à un public de doctorants et post-doctorants dont les travaux portent sur les enjeux de l’appartenance sociale et/ou religieuse.
L’objectif est de faire travailler des doctorants et des chercheurs de disciplines différentes qui partagent une perspective historique et une démarche empirique. Pour les étudiants issus des sciences sociales, il s’agira d’enrichir leur questionnaire en leur permettant d’historiciser leurs problèmes, tandis que pour les étudiants en histoire, l’enjeu consistera à acquérir de nouvelles méthodes et de nouveaux concepts pour densifier leur analyse des sources historiques. C’est de la diversité des terrains empiriques que naîtra le dialogue entre des disciplines, des périodes et des objets différents. Il s’agira précisément de tisser les fils et de trouver les correspondances entre la manière dont l’histoire aborde ces questions et la façon dont le font les autres sciences sociales.
L’objectif est également de dresser un état des lieux critique des propositions les plus récentes sur la manière de penser l’appartenance. Nous offrirons ainsi aux participants des repères historiographiques et méthodologiques, tout en leur permettant de présenter leurs propres terrains d’enquête, leurs sources, et leur démarche. Les séances s’organiseront autour de conférences, de séminaires de travail et de séances de présentation des travaux des étudiants. Il s’agira de faire dialoguer des historiographies parfois éloignées afin de faire émerger une réflexion commune sur les enjeux de l’appartenance religieuse dans une perspective globale.
Conférenciers invités
- Angela Barreto Xavier (Instituto de Ciências Sociais da Universidade de Lisboa)
- Ismail Warscheid (CNRS – IRHT, Institut de recherche et d'histoire des textes)
- Jérémie Foa (Aix-Marseille Université)
- Federico Palomo (Universidad Complutense de Madrid)
- Natalia Muchnik (École des hautes études en sciences sociales, Paris)
- Oscar Mazin (Colegio de México)
Cette étude historique des conversions religieuses consiste, d'une part, en une analyse des conséquences des conversions (contraintes ou choisies) sur l'intégration sociale des nouvelles converties en France à l'époque moderne, et propose d'autre part une réflexion sur les causes et les motivations des conversions volontaires en s'appuyant sur des concepts issus de la sociologie et de la psychologie sociale.
quels dans les registres. Les différents actes trouvés à leur sujet témoignent de leur rattachement à une strate supérieure de la société. Ainsi, en tant qu'hommes d'affaires, notables ou encore chefs de grandes familles, les maîtres juifs interagissent régulièrement avec les chrétiens de même rang et partagent les mêmes objectifs, expériences et pratiques caractéristiques d'une élite urbaine en pleine mutation au cours des XIVe et XVe siècles.