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Mame-Fatou  Niang

    Mame-Fatou Niang

    • I am an associate professor of French Studies at Carnegie Mellon University (Pittsburgh, PA). My research focuses on race, immigration and national identity in contemporary France.  In 2015, I co-directed the documentary film, Mariannes Noires. The film explores the experiences of seven Afro-Fre... moreedit
    In 1967, the French architect Emile Aillaud unveiled plans for the Grande Borne, a housing estate comprising some 4000 homes for the semi-rural town of Grigny, 25 kilometres south of Paris 1. A resolute Utopian, Aillaud imagined an... more
    In 1967, the French architect Emile Aillaud unveiled plans for the Grande Borne, a housing estate comprising some 4000 homes for the semi-rural town of Grigny, 25 kilometres south of Paris 1. A resolute Utopian, Aillaud imagined an unusual style of architecture which would break the mould of the bleak, drab high-rises of the banlieues 2 of the time. The Grande Borne, dubbed 'The Children's Estate', was an elaborate collection of colourful, low-rise blocks of flats, which meandered their way between fantasy-shaped passageways and courtyards. Aillaud created a succession of clusters of flats and cul-de-sacs bearing evocative names, such as Dédale (Labyrinth), Minotaur, and Astrolabe. The many alleys and hidden spaces were designed as areas which encouraged playing, strolling and exploring melancholy. For the architect, the twists and turns of the estate created niches ideal for contemplation and for developing relationships with neighbours “on a level of human kinship”3.

    Fifty years on, and Emile Aillaud's dream seems to have crumbled, and the Grande Borne estate has become entangled in French urban mythology. There it joins other estates such as the Mas du Taureau in Vaulx-en-Velin (on the outskirts of Lyon), and La Cité des 4000 in La Courneuve (northern Parisian suburb), areas that even the simple mention of their names conjures up a network of images ranging from endemic violence to religious invasion. The estate is now bound to a geographical centre of fear, fuelled by its portrayal in the media and by the repeated failure of urban policies. In January 2015, this portrayal was to reach its climax, when a shocked France discovered the face of Amedy Coulibaly, one of the 'children of Aillaud', who was born on the estate, and who was responsible for the slaughter in Paris and Montrouge on the 8th and 9th January.

    This article intends to examine the identity and the reality of today's Grande Borne estate, by analysing action taken by two groups who emerged following the Paris attacks of January 2015: the associations ‘Elan Citoyen’ (people's momentum) and ‘Reporter Citoyen’ (people's reporter). Far from Aillaud's dream, from the media portrayal and from external representations, it will analyse, through the actions of these resident groups, the label that the people of Grigny want to affix to the definition of their neighbourhood. In the collective imagination, the Grande Borne has been successively the 'estate like no other', 'the children's estate', a hotspot for gangs wanting to settle scores, the temple for drug-trafficking in the Ile-de-France region, and now the birthplace of the Hyper Cacher killer. How can residents redefine the image of a space plagued by such a multitude of definitions and representations? What effect can these citizen-led initiatives have on the way the estate is perceived? How will these initiatives allow the people of Grigny to reclaim the discourse on their own territory and finally become the producers of meaning, creators of their own identity?
    En Novembre 2014, j’entamais une série de rencontres avec une dizaine de collégiens, lycéens et jeunes adultes français d’horizons ethniques divers, tous originaires de la cité de la Grande Borne, en banlieue parisienne. Nos dialogues... more
    En Novembre 2014, j’entamais une série de rencontres avec une dizaine de collégiens, lycéens et jeunes adultes français d’horizons ethniques divers, tous originaires de la cité de la Grande Borne, en banlieue parisienne. Nos dialogues s’articulaient, en priorité, autour de leurs perspectives sur le rôle des initiatives citoyennes dans le développement d’une nouvelle perception publique des banlieues. Les évènements des Janvier 2015 allaient dramatiquement modifier le contenu de nos échanges. En Février, je suis retournée dans la cité afin de recueillir la parole de ce groupe.
    Les rencontres se sont étalées sur une semaine au cours de laquelle j’ai écouté ces jeunes échanger librement sur une variété de thèmes tels que leur lecture des évènements de Janvier 2015, le mouvement « Charlie,» leur connaissance de l’histoire et de la ligne de Charlie Hebdo, leur avis sur la satire, la religion, le Républicanisme, l’impact des réseaux sociaux dans leur communication et leur perception des évènements etc…
    Il s’agira dans cet article, d’utiliser cette parole libre de jeunes Grignois et de la tisser dans le contexte des relations complexes que la France cultive avec ses banlieues depuis le début des années 1980. L’analyse sera centrée autour de leurs définitions de l’expression « Charlie » : Qu’est-ce qu’être « Charlie? » Pourquoi se positionner d’un côté ou de l’autre de ce mouvement? Quelle identité (républicaine, religieuse, ethnique, spatiale) mettent-ils en avant dans ce positionnement ? Comment réagissent-ils face à la vague médiatique qui s’est abattue sur leur cité?
    En 1967, l’architecte Emile Aillaud dévoile les plans de la Grande Borne, un grand ensemble de près de 4000 logements à Grigny, commune semi-rurale à 25km de Paris. Résolument utopiste, Aillaud imagine une architecture insolite qui rompt... more
    En 1967, l’architecte Emile Aillaud dévoile les plans de la Grande Borne, un grand ensemble de près de 4000 logements à Grigny, commune semi-rurale à 25km de Paris. Résolument utopiste, Aillaud imagine une architecture insolite qui rompt avec la verticalité et la grisaille des banlieues d’alors. Surnommée « La Cité des Enfants, » la Grande Borne est un assortiment élaboré de bâtiments bas et colorés qui serpentent entre des cours et coursives aux formes fantasques. Aillaud crée une suite d’îlots et d’impasses aux noms évocateurs : Dédale, Minotaure, Astrolabe etc. Les nombreux passages et replis de l’espace sont conçus comme des lieux qui encouragent le jeu, la déambulation et l’exploration de la mélancolie. Pour l’architecte, les circonvolutions de la cité créent des niches propices à la culture de l’individualisation et au développement de relations de voisinages « à l’échelle d’affinités humaines. »
    Cinquante ans plus tard, le rêve d’Emile Aillaud semble s’être effrité, et la cité de la Grande Borne s’est embourbée dans la mythologie urbaine francaise. Elle y rejoint des territoires tels que le Mas du Taureau ou la Cité des 4000, territoires dont la seule évocation mobilise un réseau d’images allant de la violence endémique à l’invasion religieuse. La cité est rivée au centre d’une géographie de la peur nourrie par les représentations médiatiques et l’échec à répétition des politiques de la ville. Ces représentations atteignent leur apogée en Janvier 2015, lorsqu’une France sous le choc découvre le visage de l’un de ces « enfants d’Aillaud,» Amedy Coulibaly, né à la Grande Borne et auteur des tueries des 8 et 9 Janvier à Montrouge et Paris.
    Cet article se propose de sonder l’identité et les réalités de la Grande Borne aujourd’hui, en analysant l’action du mouvement « Elan Citoyen, » un collectif né au lendemain des attaques de Janvier 2015. Loin des rêves d’Aillaud, du prisme médiatique et des représentations extérieures, il s’agira d’analyser, au travers des actions de ce collectif d’habitants de la cité, l’empreinte que des Grignois veulent apposer sur la définition de leur environnement. Dans l’imaginaire collectif, la Grande Borne aura été tour à tour la « Cité pas comme les autres, » « la Cité des Enfants, » un haut-lieu de règlements de compte entre gangs, le temple du trafic de stupéfiants en Île-de-France, et aujourd’hui, le berceau du « tueur de l’Hyper Casher. » Comment est-ce que les habitants peuvent ils redéfinir l’image d’un espace tenaillé entre cette multitude de définitions et de représentations ? Quels sont les échos de telles initiatives citoyennes dans les perceptions de la Grande Borne ? En quoi est-ce que ces initiatives permettent-elles à des Grignois de se réapproprier le discours sur leur espace, et de devenir enfin producteurs de sens, artisans de leurs identités?
    This article summarizes four weeks of fierce debates, in April 2019, over the fate of the di Rosa fresco.The work belongs to "The Painted History of the National Assembly", a series of frescoes commissioned by the government in 1991 from... more
    This article summarizes four weeks of fierce debates, in April 2019, over the fate of the di Rosa fresco.The work belongs to "The Painted History of the National Assembly", a series of frescoes commissioned by the government in 1991 from French painter Hervé di Rosa. The fresco features two huge black heads with protruding bright red lips, bulging white round eyes, and carnivorous teeth. Only this time, this imagery is not in Tintin in the Congo, on a pack of Papou cookies or a can of Banania cocoa powder. These characters stood for Black emancipation on the walls of one of the French Republic’s highest institutions: its National Assembly, the house of the People. This paper is an analysis of multiple interrogations revealed by the controversy, from questions of citizenship and inclusion, to the place of memory in the French national narrative.
    En France hexagonale, la nécessité d'indigéniser les approches à l'ethnicité, à la race et à la question noire se fait pressante. Le terme « indigéniser » doit être saisi dans son sens premier, c'est-à-dire celui d'un ancrage dans le sol... more
    En France hexagonale, la nécessité d'indigéniser les approches à l'ethnicité, à la race et à la question noire se fait pressante. Le terme « indigéniser » doit être saisi dans son sens premier, c'est-à-dire celui d'un ancrage dans le sol français, le lieu de vie des populations noires dont il est question. Dans 20 Questions et Réponses sur l'Europe Noire 1 , Stephen Small souligne que les besoins et intérêts des populations noires n'ont jamais été un sujet de préoccupation majeure en France. Objet d'attention dans le passé, lorsqu'ils étaient considérés comme des atouts (corps remplissant les cales des bateaux négriers ou chair à canon dans les grandes guerres), les Noirs de/en France ne comptent plus guère aujourd'hui. Nos voix sont marginalisées, ignorées, étouffées et, comme le relève Pap Ndiaye dans La Condition Noire, bien que « les hommes et les femmes noirs soient visibles en tant qu'individus, ils sont invisibles en tant que groupe social, objet de recherche savante ou d'intérêt politique ». Après l'ancrage territorial, naît logiquement le besoin urgent d'ancrer la vie et l'expérience des Noirs en France dans la langue française, dans le quotidien et l'histoire de la France, dans la constitution de son identité nationale et dans sa relation avec le monde extérieur. Pour Small « tant que nous ne nous mobiliserons pas socialement, politiquement et intellectuellement pour insister sur nos priorités, produire et diffuser des connaissances critiques sur nos vies, nos corps et nos expériences, nos besoins seront ignorés, rejetés ». Nous y ajouterons que tant que nous, Français noirs et Noirs en France, ne travaillerons pas activement à l'ancrage de nos trajectoires dans la langue et dans l'histoire de notre pays, nos besoins et notre présence continueront à être négligés. Nous considérons la langue comme étant la première arène de ce combat.