Abstract. The Stoic system is alternatively described as “dualist” because its physics relies on ... more Abstract. The Stoic system is alternatively described as “dualist” because its physics relies on two principles, God and matter, or as “monist”, because these two principles are intimately linked, and belong to the same body. It is difficult to describe the Stoic system as monist, since every substance is a body, and the two principles, while united in the same body, coexist from all eternity since matter is not created by God. But it is inappropriate as well to describe it as “dualist”, because the inferior principle is completely passive and is not a cause, but endures the effect of the active cause. Moreover, matter is not responsible for evil, even if some interpreters, ancient and modern, claimed it: the only metaphysical principle which accounts for the existence of evil is the “affinity of the contraries”, according to which good cannot exist without evil and agent without patient, but this is not a dualist explanation.
S. Delcomminette, R. Van Daële (éds.), La méthode de division de Platon à Érigène, Paris, Vrin, 2021, p. 59-83, 2021
Dans l’Antiquité, la méthode de division est généralement associée à Platon et au platonisme . Po... more Dans l’Antiquité, la méthode de division est généralement associée à Platon et au platonisme . Pourtant la procédure de division a joué un rôle très important dans le stoïcisme, dont le système repose en grande partie sur des divisions, ne serait-ce que la division ou partition de la philosophie en trois parties (logique, physique, éthique) , mais aussi et surtout la division des êtres en biens, maux et indifférents. Les stoïciens font eux aussi un usage intensif de la méthode de division, même si elle a souvent été négligée par les commentateurs, sans doute en raison de la relative pauvreté des témoignages sur ce sujet. Selon les sources, la division est tantôt assignée à l’éthique – ce qui peut s’expliquer par les applications très importantes qui en sont faites dans ce domaine –, tantôt à la dialectique, tantôt à une partie de la logique distincte de la dialectique et consacrée aux définitions. C’est sans doute cette dernière position qu’il faut attribuer à Chrysippe et à ses disciples, étant donné le lien constant que font nos sources entre la division et la définition, la seconde – ou un certain type de la seconde – étant le produit de la première. En ce sens, les stoïciens se situent dans la continuité de la tradition platonicienne. Ils s’éloignent toutefois radicalement de celle-ci en refusant les implications ontologiques que les platoniciens prétendaient y trouver : selon les stoïciens, les genres et les espèces ne sont pas des Formes intelligibles, mais des concepts, qui sont de simples fantasmes de l’âme ; pour éviter la tendance à hypostasier les objets intentionnels de ceux-ci, il faut modifier la syntaxe des énoncés de division et de définition. Par ailleurs, les stoïciens codifient les procédures de division en y introduisant des distinctions sophistiquées et inédites entre division, anti-division, subdivision et partition. Dans ce cadre, ils intègrent notamment certaines critiques aristotéliciennes contre la dichotomie platonicienne en élaborant un mode de division selon des termes qui ont des contraires. Ainsi réformée, la division joue un rôle fondamental dans l’articulation générale de leur système, et bon nombre des innovations stoïciennes se transmettront aux penseurs ultérieurs, même lorsque ceux-ci se revendiqueront d’autres courants.
Aristotle’s chap. 7 of the Categories include two successive definitions of relatives – according... more Aristotle’s chap. 7 of the Categories include two successive definitions of relatives – according to the first, all that is said of something else is a relative, and, according to the second, a relative is something whose entire being consists in “a certain relation to something else”. The Stoics made use of these two definitions not only in the commentaries of Aristotle’s Categories by Athenodorus and Cornutus (Ist century BC / Ist century AD), but also in debates inside the school on the unity of virtues and on causality. The Stoics drastically limited their relatives to the ones whose all being consists in a relation, which they call πρός τί πως ἔχοντα (“relatively disposed towards something”), and rejected the possibility that such relatives may be qualities or substances, while Aristotle left these two possibilities opened. The Stoics also seem to admit that some differentiated qualities may be relative to external objects, for instance sweet and bitter, but such relatives do no not belong to the same category. Taking into account Aristotle’s apories and choosing between alternatives left undecided by Arisotle, the Stoics proposed a powerful alternative to the aristotelian doctrine of relatives.
Résumé: Aristote a formulé deux définitions du relatif – une définition selon laquelle est appelé relatif tout ce qui est dit de quelque chose d’autre, et une définition selon laquelle est relatif ce dont tout l’être consiste « dans une certaine relation à quelque chose ». Cette double définition a été exploitée par les stoïciens, notamment dans les commentaires aux Catégories d’Athénodore et Cornutus (Ier s. avant notre ère/ Ier s. de notre ère), mais aussi dans des disputes intérieures à l’école sur l’unité des vertus et dans la conception de la causalité. Les stoïciens ont drastiquement limité les relatifs à ceux dont tout l’être consiste dans la relation, qu’ils appellent des πρός τί πως ἔχοντα (« dans une certaine disposition relativement à quelque chose »), repoussant la possibilité qu’un tel relatif puisse aussi être une qualité ou une substance, deux possibilités laissées ouvertes par Aristote. Ils semblent aussi avoir admis que certaines qualités différenciées puissent être relatives à un objet extérieur, par exemple le doux et l’amer, mais de tels relatifs rentrent plutôt pour eux sous une autre catégorie. Les stoïciens ont ainsi proposé une des alternatives les plus puissantes à la doctrine aristotélicienne de la relation en tirant profit des apories de celle-ci.
dans M. Bonelli (éd.), Aristotele e Alessandro di Afrodisia (Questione etiche e Mantissa). Metodo e oggetto dell’ etica peripatetica, Naples, Bibliopolis, p. 115-141, 2015
E. Végléris (éd.), Cosmos et psychè. Mélanges offerts à Jean Frère, Hildesheim-Zürich-New York, p. 271-291, 2005
Despite their oppositions on many crucial issues, notably in physics and ethics, Stoics and Epicu... more Despite their oppositions on many crucial issues, notably in physics and ethics, Stoics and Epicureans shared some crucial views. In epistemology, it is well known that the Stoics borrowed the famous Epicurean prolepsis. But within this context, they also borrowed and expanded a classification of the origin of thoughts or notions, the ennoiai or epinoiai. This paper is an assessment of the Epicurean classification and what the Stoics borrowed and how they modified the original Epicurean classification.
Epictetus’ Discourse 3.12, entitled “On Asceticism”, is part of a tradition of Stoic treatises of... more Epictetus’ Discourse 3.12, entitled “On Asceticism”, is part of a tradition of Stoic treatises of the same title, including Lesson 6 by his master, Musonius Rufus. This tradition identifies philosophy with a training or exercise, distinct from the wisdom that these exercises strive to attain through putting dogmas into practice and the exercise of virtue. Epictetus introduces in this context his famous three topoi (desire, impulse, assent) seeking to limit the role of the exercise of assent reduced by contemporary philosophers to technical training in logic. He also seeks to limit the role of the ostentatious asceticism of the body, against certain tendencies of cynical asceticism, which was integrated by Musonius with his own imprint but without criticism. Even if the three topoi are proper to Epictetus, it is possible to find partial anticipations of them in the Latin Stoic tradition, reported by Cicero or endorsed by Seneca. Epictetus has an original conception of asceticism but he follows the path of this tradition and of the teaching of Musonius.
M. Broze, B. Decharneux, S. Delcomminette (éds.), « Mais raconte-moi en détail… » Mélanges de philosophie et de philologie offerts à Lambros Couloubaritsis, Paris-Bruxelles, 2008
La notion de prohairesis est l'une des notions centrales du stoïcisme d'Épictète. Alors que cette... more La notion de prohairesis est l'une des notions centrales du stoïcisme d'Épictète. Alors que cette notion avait dans l'ancien stoïcisme une place mineure, celle d'une forme d'impulsion consistant en un « choix avant un choix », et n'avait que rarement (notamment chez Diogène de Séleucie) un sens plus large, c'est bien à l'aristotélisme qu'Épictète paraît avoir emprunté une notion de la prohairesis comme choix préférentiel étroitement liée à celle d'eph' hemin (« ce qui dépend de nous »). Mais Épictète a introduit de nombreuses transformations au sein de cette notion, l'étendant à toutes les facultés actives de l'âme, y compris l'assentiment, et faisant de la prohairesis la seule chose qui dépende de nous, et non pas un choix portant sur ce qui dépend de nous comme chez Aristote. Une analyse des différents sens de la prohairesis montre que cette notion apparaît à la fois comme une décision ponctuelle, comme la faculté de prendre des décisions, et, dans un sens plus particulier, comme le choix préliminaire d'un mode de vie ou d'un personnage. De ce fait, la prohairesis n'est pas à proprement parler une « personne morale », comme on le soutient souvent, mais contribue à la constituer parce que c'est elle qui constitue l'essence du bien et du mal. En annexe de l'article figurent un tableau synthétique des occurrences du terme dans les Entretiens et le Manuel et un appendice sur l'expression eph' hemin dans le stoïcisme avant Épictète.
Selon un critère purement statistique, Socrate pourrait apparaître comme la figure dominante de l... more Selon un critère purement statistique, Socrate pourrait apparaître comme la figure dominante de la philosophie d’Épictète, bien qu’il n’y ait pas d’Entretien consacré à la figure de Socrate. Cet article cherche donc à comprendre pourquoi et comment Épictète a décrit la figure de Socrate. Il examine successivement les sources utilisées par Épictète, la façon dont il les utilise, puis le portrait construit selon ces procédés. Épictète choisit des traits compatibles avec son stoïcisme : valorisation de la dialectique, souci de « ce qui est en notre pouvoir », piété, mort stoïque. Mais surtout , la stratégie d’Épictète lui permet d’apparaître comme un nouveau Socrate. La vie de Socrate constitue un modèle, que son absence complète de dogmatisme rend propre à toutes les récupérations philosophiques possibles.
Stoic epistemology is usually assimilated to the Stoic theory of the criterion, namely ‘cognition... more Stoic epistemology is usually assimilated to the Stoic theory of the criterion, namely ‘cognition’ (κατάληψις) and preconception (πρόληψις). Such assimilation is legitimate but needs to be further qualified. The Stoics considered science (ἐπιστήμη) to be accessible only to the Wise, defined virtue as a form of science and distinguished science from art (τέχνη), which has an identical structure: it consists in a coordinated system of ‘cognitions’ whose coherence and certainty is inferior to science, but accessible to non-wise persons. ‘Cognitive impression’ is the criterion coined by Zeno and it provoked polemics with the Academy: it is an impression in conformity with its object, whose existence was denied by the Academics. ‘Preconception’ was introduced by Chrysippus, who adapted Epicurean preconception, to which he gave a status beyond mere experience, though he denied ‘prenatal’ innatism.
The word “perception” first appears in its philosophical sense in Cicero’s Academica, as a transl... more The word “perception” first appears in its philosophical sense in Cicero’s Academica, as a translation of a technical term of Stoic philosophy, κατάληψις, also translated by comprehensio. “Perception” in its original sense is not a “sense perception” in the modern sense of the word, since it is not an impression produced in us by external things, but the assent given to the so-called “perceptive” or “impressive” phantasia, i.e. to an impression conform to its object, clear and distinct. It is one of the criteria of truth of the Stoics. To challenge its key role in Stoic epistemology, the Academics adopted a two-steps strategy: they argued that the assent pertains to propositions, not to impressions, and they challenged the existence of perceptive impressions and their discernibility. The Stoics answered to these two points and rebuilt the notion initially designed by Zeno in the frame of this polemic, putting foundations for the classical notion of perception. The continuity of perception and their cinematographic conception of sense perception was one of the keys of their defence.
Le terme « perception » apparaît pour la première fois dans son sens philosophique dans les Académiques de Cicéron, où il traduit le terme technique stoïcien κατάληψις, traduit également par compréhension. La perception n’est pas une « perception sensible » au sens moderne du terme, car elle ne se définit pas comme une impression produite en nous par les choses extérieures, mais comme l’assentiment donné à la phantasia dite compréhensive ou perceptive, c’est-à-dire celle qui est conforme à son objet, claire et distincte. Il s’agit pour les stoïciens de l’un des critères de la vérité. Pour contester l’existence de la perception et son rôle-clé dans l’épistémologie stoïcienne, les académiciens ont adopté une stratégie en deux temps : affirmer que l’assentiment porte sur des propositions et non sur des représentations, et contester l’existence d’une représentation perceptive, discernable des représentations fausses. Les stoïciens ont répondu sur ces deux points et ont reconstruit la notion de perception inventée initialement par Zénon dans le cadre de cette polémique, qui a forgé la notion classique de la perception. Le continuisme perceptif des stoïciens et leur conception cinématographique de la perception sensible sont les clés de leur conception de la perception.
« Suivre la nature » est souvent la formule attribuée aux stoïciens comme désignant la fin de la ... more « Suivre la nature » est souvent la formule attribuée aux stoïciens comme désignant la fin de la vie éthique. Cette formule pose au moins deux problèmes : d’une part, assigner la nature comme fin de l’éthique semble supprimer la distinction entre éthique et physique, ou nature et moralité, distinction en principe centrale chez les stoïciens ; d’autre part, les stoïciens ont donné plus d’une demi-douzaine de versions différentes de cette formule fantôme qui ne se trouve jamais littéralement dans les témoignages anciens. Cet article se propose, pour éclairer ces difficultés, d’analyser ces différentes versions et les interprétations diverses de la « nature » qui y sont données. On verra ainsi que suivre la nature consiste en fait à mettre nos natures individuelles en accord avec la raison de l’univers.
Le καθῆκον stoïcien est tout à la fois une « action convenable » et un « devoir » sans être tout ... more Le καθῆκον stoïcien est tout à la fois une « action convenable » et un « devoir » sans être tout à fait ni l’un ni l’autre. Sa définition comprend deux volets, la « conséquence dans la vie » et la « justification raisonnable » (eulogos apologismos). Le premier aspect de la définition correspond au fait que le kathekon se comprend comme ce qui convient aux êtres humains mais aussi aux animaux et aux plantes : c’est ce qui est conforme à leur nature ou ce qu’il leur convient de faire en conformité avec leur nature. La seconde partie de la définition est commune à la définition stoïcienne du kathekon et à la définition par l’académicien Arcésilas de ce qu’est une action correcte (katorthoma). Chez Arcésilas, le « raisonnable » désigne le critère d’action dont celui qui pratique la suspension du jugement a besoin pour agir, une fois qu’il se passe de la « compréhension » stoïcienne comme critère de la vérité. Chez les stoïciens, la « justification raisonnable » sert à caractériser la détermination objective du devoir, qui peut recevoir une telle justification après coup, même si l’action n’a pas été motivée par une disposition vertueuse, contrairement à l’action parfaite (le katorthoma des stoïciens). Mais en reconnaissant que certaines des actions qui conviennent à un individu donné ne conviennent pas à tous les individus, les stoïciens ont accepté au sein de leur conception de la « justification raisonnable », sans toutefois la généraliser à tous les devoirs, la dimension d’incertitude de l’action humaine inhérente à la conception académicienne.
SUMMARY. The καθῆκον of the Stoics is both a ‘proper action’ and a ‘duty’ without being fully one or the other. Their definition includes two aspects, ‘consequentiality in life’ and ‘reasonable justification’ (eulogos apologismos). The first aspect of the definition corresponds to the fact that the kathekon is understood as what befits to human beings but also to animals and plants: this is what is in conformity with their nature or what it is befitting for them to do in conformity with their nature. The second part of the definition is common to the Stoic definition of the kathekon and to the definition by Arcesilaus the Academic of what is a right action (katorthoma). In Arcesilaus’ definition, the ‘reasonable’ is the criterion of action of which anyone adopting the suspension of judgment is in need in order to act, once he has got rid of the Stoic cognition (katalepsis) as a criterion of truth. On the other hand, the Stoics use the notion of a ‘reasonable justification’ to describe the objective determination of duty, of which one can give an account in hindsight, even if the action was not motivated by a virtuous disposition, contrary to the perfect action (the Stoic katorthoma). However, in acknowledging that some of the actions that befit to an individual do not befit to all human beings, the Stoics were integrating into their notion of a ‘reasonable justification’ (without extending it to all duties) the dimension of uncertainty of human actions, which belongs to the Academic conception of action.
Plusieurs auteurs anciens attribuent aux stoïciens une distinction entre le logos endiathetos et ... more Plusieurs auteurs anciens attribuent aux stoïciens une distinction entre le logos endiathetos et le logos proféré (prophorikos), qui est souvent assimilée à l’opposition enre le langage proféré et la raison intérieure, et tend à assimiler la position stoïcienne avec l’identification platonicienne de la pensée avec un dialogue intérieur. Mais, tandis que le logos endiathetos est clairement assimilé à la capacité humaine de raisonner, il n’est pas présenté comme un dialogue intérieur. Il réside d’abord dans une certaine disposition de l’homme à enchaîner des énoncés de manière logique, tandis que le langage proféré des hommes repose sur la capacité d’attacher un sens au mot, à émettre le langage depuis la pensée. Par ailleurs, Chrysippe semble bien avoir reconnu un langage intérieur, mais celui-ci n’est pas assimilable au logos endiathetos ni à la pensée, dont il est nettement distingué, et il est encore moins un dialogue.
C. Natali, S. Maso (eds.), La catena delle cause. Determinismo e antideterminismo nel pensiero antico e in quello contemporaneo, Amsterdam, Hakkert, 2005
In his Peri alypias, recently rediscovered and edited by V. Boudon-Millot, Galen speaks of “Panae... more In his Peri alypias, recently rediscovered and edited by V. Boudon-Millot, Galen speaks of “Panaetius’ Plato”. Given the context, it is almost certain that this expression refers to an edition of Plato’s dialogues by the Stoic philosopher Panaetius. Until now, the existence of this Panaetian edition was unknown.
Dans le Peri alypias de Galien, qui vient d’être redécouvert et édité par V. Boudon-Millot, Galien mentionne « le Platon de Panétius ». Étant donné le contexte, il est presque certain qu’il s’agit d’une édition de Platon par le philosophe stoïcien Panétius, édition dont on ignorait jusqu’ici l’existence.
Abstract. The Stoic system is alternatively described as “dualist” because its physics relies on ... more Abstract. The Stoic system is alternatively described as “dualist” because its physics relies on two principles, God and matter, or as “monist”, because these two principles are intimately linked, and belong to the same body. It is difficult to describe the Stoic system as monist, since every substance is a body, and the two principles, while united in the same body, coexist from all eternity since matter is not created by God. But it is inappropriate as well to describe it as “dualist”, because the inferior principle is completely passive and is not a cause, but endures the effect of the active cause. Moreover, matter is not responsible for evil, even if some interpreters, ancient and modern, claimed it: the only metaphysical principle which accounts for the existence of evil is the “affinity of the contraries”, according to which good cannot exist without evil and agent without patient, but this is not a dualist explanation.
S. Delcomminette, R. Van Daële (éds.), La méthode de division de Platon à Érigène, Paris, Vrin, 2021, p. 59-83, 2021
Dans l’Antiquité, la méthode de division est généralement associée à Platon et au platonisme . Po... more Dans l’Antiquité, la méthode de division est généralement associée à Platon et au platonisme . Pourtant la procédure de division a joué un rôle très important dans le stoïcisme, dont le système repose en grande partie sur des divisions, ne serait-ce que la division ou partition de la philosophie en trois parties (logique, physique, éthique) , mais aussi et surtout la division des êtres en biens, maux et indifférents. Les stoïciens font eux aussi un usage intensif de la méthode de division, même si elle a souvent été négligée par les commentateurs, sans doute en raison de la relative pauvreté des témoignages sur ce sujet. Selon les sources, la division est tantôt assignée à l’éthique – ce qui peut s’expliquer par les applications très importantes qui en sont faites dans ce domaine –, tantôt à la dialectique, tantôt à une partie de la logique distincte de la dialectique et consacrée aux définitions. C’est sans doute cette dernière position qu’il faut attribuer à Chrysippe et à ses disciples, étant donné le lien constant que font nos sources entre la division et la définition, la seconde – ou un certain type de la seconde – étant le produit de la première. En ce sens, les stoïciens se situent dans la continuité de la tradition platonicienne. Ils s’éloignent toutefois radicalement de celle-ci en refusant les implications ontologiques que les platoniciens prétendaient y trouver : selon les stoïciens, les genres et les espèces ne sont pas des Formes intelligibles, mais des concepts, qui sont de simples fantasmes de l’âme ; pour éviter la tendance à hypostasier les objets intentionnels de ceux-ci, il faut modifier la syntaxe des énoncés de division et de définition. Par ailleurs, les stoïciens codifient les procédures de division en y introduisant des distinctions sophistiquées et inédites entre division, anti-division, subdivision et partition. Dans ce cadre, ils intègrent notamment certaines critiques aristotéliciennes contre la dichotomie platonicienne en élaborant un mode de division selon des termes qui ont des contraires. Ainsi réformée, la division joue un rôle fondamental dans l’articulation générale de leur système, et bon nombre des innovations stoïciennes se transmettront aux penseurs ultérieurs, même lorsque ceux-ci se revendiqueront d’autres courants.
Aristotle’s chap. 7 of the Categories include two successive definitions of relatives – according... more Aristotle’s chap. 7 of the Categories include two successive definitions of relatives – according to the first, all that is said of something else is a relative, and, according to the second, a relative is something whose entire being consists in “a certain relation to something else”. The Stoics made use of these two definitions not only in the commentaries of Aristotle’s Categories by Athenodorus and Cornutus (Ist century BC / Ist century AD), but also in debates inside the school on the unity of virtues and on causality. The Stoics drastically limited their relatives to the ones whose all being consists in a relation, which they call πρός τί πως ἔχοντα (“relatively disposed towards something”), and rejected the possibility that such relatives may be qualities or substances, while Aristotle left these two possibilities opened. The Stoics also seem to admit that some differentiated qualities may be relative to external objects, for instance sweet and bitter, but such relatives do no not belong to the same category. Taking into account Aristotle’s apories and choosing between alternatives left undecided by Arisotle, the Stoics proposed a powerful alternative to the aristotelian doctrine of relatives.
Résumé: Aristote a formulé deux définitions du relatif – une définition selon laquelle est appelé relatif tout ce qui est dit de quelque chose d’autre, et une définition selon laquelle est relatif ce dont tout l’être consiste « dans une certaine relation à quelque chose ». Cette double définition a été exploitée par les stoïciens, notamment dans les commentaires aux Catégories d’Athénodore et Cornutus (Ier s. avant notre ère/ Ier s. de notre ère), mais aussi dans des disputes intérieures à l’école sur l’unité des vertus et dans la conception de la causalité. Les stoïciens ont drastiquement limité les relatifs à ceux dont tout l’être consiste dans la relation, qu’ils appellent des πρός τί πως ἔχοντα (« dans une certaine disposition relativement à quelque chose »), repoussant la possibilité qu’un tel relatif puisse aussi être une qualité ou une substance, deux possibilités laissées ouvertes par Aristote. Ils semblent aussi avoir admis que certaines qualités différenciées puissent être relatives à un objet extérieur, par exemple le doux et l’amer, mais de tels relatifs rentrent plutôt pour eux sous une autre catégorie. Les stoïciens ont ainsi proposé une des alternatives les plus puissantes à la doctrine aristotélicienne de la relation en tirant profit des apories de celle-ci.
dans M. Bonelli (éd.), Aristotele e Alessandro di Afrodisia (Questione etiche e Mantissa). Metodo e oggetto dell’ etica peripatetica, Naples, Bibliopolis, p. 115-141, 2015
E. Végléris (éd.), Cosmos et psychè. Mélanges offerts à Jean Frère, Hildesheim-Zürich-New York, p. 271-291, 2005
Despite their oppositions on many crucial issues, notably in physics and ethics, Stoics and Epicu... more Despite their oppositions on many crucial issues, notably in physics and ethics, Stoics and Epicureans shared some crucial views. In epistemology, it is well known that the Stoics borrowed the famous Epicurean prolepsis. But within this context, they also borrowed and expanded a classification of the origin of thoughts or notions, the ennoiai or epinoiai. This paper is an assessment of the Epicurean classification and what the Stoics borrowed and how they modified the original Epicurean classification.
Epictetus’ Discourse 3.12, entitled “On Asceticism”, is part of a tradition of Stoic treatises of... more Epictetus’ Discourse 3.12, entitled “On Asceticism”, is part of a tradition of Stoic treatises of the same title, including Lesson 6 by his master, Musonius Rufus. This tradition identifies philosophy with a training or exercise, distinct from the wisdom that these exercises strive to attain through putting dogmas into practice and the exercise of virtue. Epictetus introduces in this context his famous three topoi (desire, impulse, assent) seeking to limit the role of the exercise of assent reduced by contemporary philosophers to technical training in logic. He also seeks to limit the role of the ostentatious asceticism of the body, against certain tendencies of cynical asceticism, which was integrated by Musonius with his own imprint but without criticism. Even if the three topoi are proper to Epictetus, it is possible to find partial anticipations of them in the Latin Stoic tradition, reported by Cicero or endorsed by Seneca. Epictetus has an original conception of asceticism but he follows the path of this tradition and of the teaching of Musonius.
M. Broze, B. Decharneux, S. Delcomminette (éds.), « Mais raconte-moi en détail… » Mélanges de philosophie et de philologie offerts à Lambros Couloubaritsis, Paris-Bruxelles, 2008
La notion de prohairesis est l'une des notions centrales du stoïcisme d'Épictète. Alors que cette... more La notion de prohairesis est l'une des notions centrales du stoïcisme d'Épictète. Alors que cette notion avait dans l'ancien stoïcisme une place mineure, celle d'une forme d'impulsion consistant en un « choix avant un choix », et n'avait que rarement (notamment chez Diogène de Séleucie) un sens plus large, c'est bien à l'aristotélisme qu'Épictète paraît avoir emprunté une notion de la prohairesis comme choix préférentiel étroitement liée à celle d'eph' hemin (« ce qui dépend de nous »). Mais Épictète a introduit de nombreuses transformations au sein de cette notion, l'étendant à toutes les facultés actives de l'âme, y compris l'assentiment, et faisant de la prohairesis la seule chose qui dépende de nous, et non pas un choix portant sur ce qui dépend de nous comme chez Aristote. Une analyse des différents sens de la prohairesis montre que cette notion apparaît à la fois comme une décision ponctuelle, comme la faculté de prendre des décisions, et, dans un sens plus particulier, comme le choix préliminaire d'un mode de vie ou d'un personnage. De ce fait, la prohairesis n'est pas à proprement parler une « personne morale », comme on le soutient souvent, mais contribue à la constituer parce que c'est elle qui constitue l'essence du bien et du mal. En annexe de l'article figurent un tableau synthétique des occurrences du terme dans les Entretiens et le Manuel et un appendice sur l'expression eph' hemin dans le stoïcisme avant Épictète.
Selon un critère purement statistique, Socrate pourrait apparaître comme la figure dominante de l... more Selon un critère purement statistique, Socrate pourrait apparaître comme la figure dominante de la philosophie d’Épictète, bien qu’il n’y ait pas d’Entretien consacré à la figure de Socrate. Cet article cherche donc à comprendre pourquoi et comment Épictète a décrit la figure de Socrate. Il examine successivement les sources utilisées par Épictète, la façon dont il les utilise, puis le portrait construit selon ces procédés. Épictète choisit des traits compatibles avec son stoïcisme : valorisation de la dialectique, souci de « ce qui est en notre pouvoir », piété, mort stoïque. Mais surtout , la stratégie d’Épictète lui permet d’apparaître comme un nouveau Socrate. La vie de Socrate constitue un modèle, que son absence complète de dogmatisme rend propre à toutes les récupérations philosophiques possibles.
Stoic epistemology is usually assimilated to the Stoic theory of the criterion, namely ‘cognition... more Stoic epistemology is usually assimilated to the Stoic theory of the criterion, namely ‘cognition’ (κατάληψις) and preconception (πρόληψις). Such assimilation is legitimate but needs to be further qualified. The Stoics considered science (ἐπιστήμη) to be accessible only to the Wise, defined virtue as a form of science and distinguished science from art (τέχνη), which has an identical structure: it consists in a coordinated system of ‘cognitions’ whose coherence and certainty is inferior to science, but accessible to non-wise persons. ‘Cognitive impression’ is the criterion coined by Zeno and it provoked polemics with the Academy: it is an impression in conformity with its object, whose existence was denied by the Academics. ‘Preconception’ was introduced by Chrysippus, who adapted Epicurean preconception, to which he gave a status beyond mere experience, though he denied ‘prenatal’ innatism.
The word “perception” first appears in its philosophical sense in Cicero’s Academica, as a transl... more The word “perception” first appears in its philosophical sense in Cicero’s Academica, as a translation of a technical term of Stoic philosophy, κατάληψις, also translated by comprehensio. “Perception” in its original sense is not a “sense perception” in the modern sense of the word, since it is not an impression produced in us by external things, but the assent given to the so-called “perceptive” or “impressive” phantasia, i.e. to an impression conform to its object, clear and distinct. It is one of the criteria of truth of the Stoics. To challenge its key role in Stoic epistemology, the Academics adopted a two-steps strategy: they argued that the assent pertains to propositions, not to impressions, and they challenged the existence of perceptive impressions and their discernibility. The Stoics answered to these two points and rebuilt the notion initially designed by Zeno in the frame of this polemic, putting foundations for the classical notion of perception. The continuity of perception and their cinematographic conception of sense perception was one of the keys of their defence.
Le terme « perception » apparaît pour la première fois dans son sens philosophique dans les Académiques de Cicéron, où il traduit le terme technique stoïcien κατάληψις, traduit également par compréhension. La perception n’est pas une « perception sensible » au sens moderne du terme, car elle ne se définit pas comme une impression produite en nous par les choses extérieures, mais comme l’assentiment donné à la phantasia dite compréhensive ou perceptive, c’est-à-dire celle qui est conforme à son objet, claire et distincte. Il s’agit pour les stoïciens de l’un des critères de la vérité. Pour contester l’existence de la perception et son rôle-clé dans l’épistémologie stoïcienne, les académiciens ont adopté une stratégie en deux temps : affirmer que l’assentiment porte sur des propositions et non sur des représentations, et contester l’existence d’une représentation perceptive, discernable des représentations fausses. Les stoïciens ont répondu sur ces deux points et ont reconstruit la notion de perception inventée initialement par Zénon dans le cadre de cette polémique, qui a forgé la notion classique de la perception. Le continuisme perceptif des stoïciens et leur conception cinématographique de la perception sensible sont les clés de leur conception de la perception.
« Suivre la nature » est souvent la formule attribuée aux stoïciens comme désignant la fin de la ... more « Suivre la nature » est souvent la formule attribuée aux stoïciens comme désignant la fin de la vie éthique. Cette formule pose au moins deux problèmes : d’une part, assigner la nature comme fin de l’éthique semble supprimer la distinction entre éthique et physique, ou nature et moralité, distinction en principe centrale chez les stoïciens ; d’autre part, les stoïciens ont donné plus d’une demi-douzaine de versions différentes de cette formule fantôme qui ne se trouve jamais littéralement dans les témoignages anciens. Cet article se propose, pour éclairer ces difficultés, d’analyser ces différentes versions et les interprétations diverses de la « nature » qui y sont données. On verra ainsi que suivre la nature consiste en fait à mettre nos natures individuelles en accord avec la raison de l’univers.
Le καθῆκον stoïcien est tout à la fois une « action convenable » et un « devoir » sans être tout ... more Le καθῆκον stoïcien est tout à la fois une « action convenable » et un « devoir » sans être tout à fait ni l’un ni l’autre. Sa définition comprend deux volets, la « conséquence dans la vie » et la « justification raisonnable » (eulogos apologismos). Le premier aspect de la définition correspond au fait que le kathekon se comprend comme ce qui convient aux êtres humains mais aussi aux animaux et aux plantes : c’est ce qui est conforme à leur nature ou ce qu’il leur convient de faire en conformité avec leur nature. La seconde partie de la définition est commune à la définition stoïcienne du kathekon et à la définition par l’académicien Arcésilas de ce qu’est une action correcte (katorthoma). Chez Arcésilas, le « raisonnable » désigne le critère d’action dont celui qui pratique la suspension du jugement a besoin pour agir, une fois qu’il se passe de la « compréhension » stoïcienne comme critère de la vérité. Chez les stoïciens, la « justification raisonnable » sert à caractériser la détermination objective du devoir, qui peut recevoir une telle justification après coup, même si l’action n’a pas été motivée par une disposition vertueuse, contrairement à l’action parfaite (le katorthoma des stoïciens). Mais en reconnaissant que certaines des actions qui conviennent à un individu donné ne conviennent pas à tous les individus, les stoïciens ont accepté au sein de leur conception de la « justification raisonnable », sans toutefois la généraliser à tous les devoirs, la dimension d’incertitude de l’action humaine inhérente à la conception académicienne.
SUMMARY. The καθῆκον of the Stoics is both a ‘proper action’ and a ‘duty’ without being fully one or the other. Their definition includes two aspects, ‘consequentiality in life’ and ‘reasonable justification’ (eulogos apologismos). The first aspect of the definition corresponds to the fact that the kathekon is understood as what befits to human beings but also to animals and plants: this is what is in conformity with their nature or what it is befitting for them to do in conformity with their nature. The second part of the definition is common to the Stoic definition of the kathekon and to the definition by Arcesilaus the Academic of what is a right action (katorthoma). In Arcesilaus’ definition, the ‘reasonable’ is the criterion of action of which anyone adopting the suspension of judgment is in need in order to act, once he has got rid of the Stoic cognition (katalepsis) as a criterion of truth. On the other hand, the Stoics use the notion of a ‘reasonable justification’ to describe the objective determination of duty, of which one can give an account in hindsight, even if the action was not motivated by a virtuous disposition, contrary to the perfect action (the Stoic katorthoma). However, in acknowledging that some of the actions that befit to an individual do not befit to all human beings, the Stoics were integrating into their notion of a ‘reasonable justification’ (without extending it to all duties) the dimension of uncertainty of human actions, which belongs to the Academic conception of action.
Plusieurs auteurs anciens attribuent aux stoïciens une distinction entre le logos endiathetos et ... more Plusieurs auteurs anciens attribuent aux stoïciens une distinction entre le logos endiathetos et le logos proféré (prophorikos), qui est souvent assimilée à l’opposition enre le langage proféré et la raison intérieure, et tend à assimiler la position stoïcienne avec l’identification platonicienne de la pensée avec un dialogue intérieur. Mais, tandis que le logos endiathetos est clairement assimilé à la capacité humaine de raisonner, il n’est pas présenté comme un dialogue intérieur. Il réside d’abord dans une certaine disposition de l’homme à enchaîner des énoncés de manière logique, tandis que le langage proféré des hommes repose sur la capacité d’attacher un sens au mot, à émettre le langage depuis la pensée. Par ailleurs, Chrysippe semble bien avoir reconnu un langage intérieur, mais celui-ci n’est pas assimilable au logos endiathetos ni à la pensée, dont il est nettement distingué, et il est encore moins un dialogue.
C. Natali, S. Maso (eds.), La catena delle cause. Determinismo e antideterminismo nel pensiero antico e in quello contemporaneo, Amsterdam, Hakkert, 2005
In his Peri alypias, recently rediscovered and edited by V. Boudon-Millot, Galen speaks of “Panae... more In his Peri alypias, recently rediscovered and edited by V. Boudon-Millot, Galen speaks of “Panaetius’ Plato”. Given the context, it is almost certain that this expression refers to an edition of Plato’s dialogues by the Stoic philosopher Panaetius. Until now, the existence of this Panaetian edition was unknown.
Dans le Peri alypias de Galien, qui vient d’être redécouvert et édité par V. Boudon-Millot, Galien mentionne « le Platon de Panétius ». Étant donné le contexte, il est presque certain qu’il s’agit d’une édition de Platon par le philosophe stoïcien Panétius, édition dont on ignorait jusqu’ici l’existence.
L’image du philosophe « stoïque », serein et ferme, indifférent à son sort, à la souffrance comme... more L’image du philosophe « stoïque », serein et ferme, indifférent à son sort, à la souffrance comme aux plaisirs, représente assez bien le stoïcisme mais ne rend pas compte de la complexité d’une philosophie exempte de fatalisme, qui est à la fois un exercice de méditation et le premier système philosophique conçu comme tel. De la fondation de cette école par Zénon de Citium au IIIe siècle av. J.-C. jusqu’aux nombreuses résurgences du stoïcisme au fil des siècles, cet ouvrage présente une reconstitution de la doctrine des fondateurs, en particulier Chrysippe, et explique les transformations qu’elle a subies à Rome (Sénèque, Épictète, Marc Aurèle) et aux Temps modernes, pour en dégager l’essence.
Hiéroclès est un philosophe stoïcien méconnu de l’époque impériale. Combinant éthique appliquée e... more Hiéroclès est un philosophe stoïcien méconnu de l’époque impériale. Combinant éthique appliquée et réflexion sur les fondements naturels de la morale, les longs fragments que l’on conserve de lui offrent une image originale du stoïcisme en prise avec bien des débats contemporains. Ils sont tous analysés en profondeur dans cet ouvrage.
Négligé par rapport à Sénèque, Épictète ou Marc Aurèle, Hiéroclès aborde pourtant des thèmes cruciaux du stoïcisme : les rapports de l’âme et du corps, la genèse et la spécificité des facultés animales, nos différents devoirs à l’égard des autres (les dieux, nos concitoyens, nos parents, etc.) et leur articulation.
Comment les animaux connaissent-ils leurs forces et leurs faiblesses et se conservent-ils ? Devons-nous traiter tous les hommes comme s’ils faisaient partie de notre famille ? Quelle est la spécificité de la relation entre mari et femme ?
Socrate est certainement le nom le plus connu de l’histoire de la philosophie, mais peut-être aus... more Socrate est certainement le nom le plus connu de l’histoire de la philosophie, mais peut-être aussi son personnage le plus énigmatique. Cela tient à ce qu’il n’a rien écrit, mais aussi à ce que ses disciples en ont laissé des portraits variés et ont développé des philosophies très diverses : il n’y a pas une école socratique, mais des Socratiques et des écoles socratiques. Il est donc impossible de répondre de façon définitive à la « question socratique » : qui est le vrai Socrate? Mais on peut comparer ses différents portraits et les philosophies issues de son héritage. Cet ouvrage traite à la fois du procès de Socrate et de ses principaux portraits, depuis ceux de Xénophon, Platon, Eschine et Aristote jusqu’à Popper, de rhétorique et de dialectique, de politique, etc. Les principaux Socratiques sont également étudiés.
Gourinat Jean-Baptiste. The Development of Dialectic from Plato to Aristotle. Edited [and introdu... more Gourinat Jean-Baptiste. The Development of Dialectic from Plato to Aristotle. Edited [and introduced] by Jakob L. Fink. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, tome 112, n°1, 2014. pp. 136-138
Gourinat Jean-Baptiste. Anna Maria Ioppolo, Dibattiti Filosofici Ellenistici. Dottrina delle caus... more Gourinat Jean-Baptiste. Anna Maria Ioppolo, Dibattiti Filosofici Ellenistici. Dottrina delle cause, stoicismo, Accademia scettica. A cura di Bruno Centrone, Riccardo Chiaradonna, Diana Quarantotto, Emidio Spinelli. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, tome 113, n°1, 2015. pp. 191-192
The aim of Crivelli’s book is to present a systematic account of Aristotle’s (A.) theory of truth... more The aim of Crivelli’s book is to present a systematic account of Aristotle’s (A.) theory of truth, assessed ‘from the point of view of analytic philosophy’. The book is not only useful but also brilliant. Certainly not everybody will agree with all of C.’s assessments, but everybody interested in the topic will take them into account, since he analyses all the key Aristotelian texts on truth, and does so with meticulous care and philosophical ability. His interpretations are advanced step by step (at some times repetitively), with arguments and counter-arguments and extensive discussions of alternative interpretations. Misprints are rare, though there is obviously something wrong on p. 192, both in the main text and in n. 32. After an introduction presenting results and methods, the book is divided into three parts: (1) bearers of truth and falsehood (including a splendid discussion of the Liar); (2) truth as correspondence and ‘empty terms’; (3) truth and time. Five appendices o¶er discussions of textual problems, and formal presentations of two points: this arrangement has the advantage of not discouraging readers inexperienced in Greek or logic. The volume includes an extensive bibliography and full indexes. (1) According to C., there are three main kinds of bearers of truth and falsity: states of a¶airs, thoughts and sentences. By ‘states of a¶airs’, C. means objects of a propositional nature existing outside language and thought (p. 4 n. 4). Truth-bearing sentences are utterances, i.e. sentence-tokens, not sentence-types (C.’s argument pp. 72–6 may be controversial when compared with his quotation from A. p. 186, where reference to ‘the same sentence’ may refer more easily to sentence-type: even if C. is right for other passages, it is not implausible that A. speaks of sentence-tokens in some contexts and of sentence-types in others). Truth-values apply to two di¶erent kinds of sentences: predicative assertions and existential assertions. Asserting is the counterpart of joining in belief, denying of separating. Existential assertions concerning ‘simple items’ (according to C., essences and incorporeal substances like divine intellects) are always true, while those concerning material substances are not (however, one may disagree that all existential assertions of this kind are true; and, despite C.’s arguments p. 111, one may disagree that only existential assertions are concerned: does A. believe in ‘false deμnitions’ of simple mathematical entities, for instance?). 65
Affiche de la journée d'agrégation du 2/2/2018 (ENS, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris-Sorbonne et... more Affiche de la journée d'agrégation du 2/2/2018 (ENS, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris-Sorbonne et Paris-Nanterre)
The present volume brings together thirteen articles as so many chapters of a book, devoted to th... more The present volume brings together thirteen articles as so many chapters of a book, devoted to the history, methods, and practices of the commentaries that have been written on Aristotle’s Rhetoric. Examining both the linguistic and factual background, these contributions attempt to insert each of the commentaries into its particular historical, political, social, philosophical, and pedagogical context. The historical periods and geographical areas that arise – from Greco-Roman antiquity to Heidegger’s philosophy, from the Syriac and Arabic traditions to the Western world – make it possible, in sum, not only to indicate how the Rhetoric has been read and interpreted, but also to offer general perspectives on the practice of explicating ancient texts.
Le présent volume rassemble treize articles envisagés comme autant de chapitres d’un livre et dédiés à l’histoire, à la méthode et à la pratique des commentaires à la Rhétorique d’Aristote. Mêlant l’approche matérielle et linguistique, ces contributions se proposent de réinscrire chacun des commentaires dans son contexte historique, politique, social, culturel, philosophique, et pédagogique particulier. Les périodes et les aires géographiques considérées ici—de l’Antiquité gréco-romaine jusqu’à la philosophie de Heidegger, des traditions syriaque et arabe au monde occidental—permettent, in fine, non seulement de suggérer des pistes de lecture pour la Rhétorique et l’histoire des interprétations de la Rhétorique, mais aussi de dessiner des perspectives plus générales sur la pratique du commentaire.
Uploads
Papers by Jean-Baptiste Gourinat
Résumé: Aristote a formulé deux définitions du relatif – une définition selon laquelle est appelé relatif tout ce qui est dit de quelque chose d’autre, et une définition selon laquelle est relatif ce dont tout l’être consiste « dans une certaine relation à quelque chose ». Cette double définition a été exploitée par les stoïciens, notamment dans les commentaires aux Catégories d’Athénodore et Cornutus (Ier s. avant notre ère/ Ier s. de notre ère), mais aussi dans des disputes intérieures à l’école sur l’unité des vertus et dans la conception de la causalité. Les stoïciens ont drastiquement limité les relatifs à ceux dont tout l’être consiste dans la relation, qu’ils appellent des πρός τί πως ἔχοντα (« dans une certaine disposition relativement à quelque chose »), repoussant la possibilité qu’un tel relatif puisse aussi être une qualité ou une substance, deux possibilités laissées ouvertes par Aristote. Ils semblent aussi avoir admis que certaines qualités différenciées puissent être relatives à un objet extérieur, par exemple le doux et l’amer, mais de tels relatifs rentrent plutôt pour eux sous une autre catégorie. Les stoïciens ont ainsi proposé une des alternatives les plus puissantes à la doctrine aristotélicienne de la relation en tirant profit des apories de celle-ci.
Le terme « perception » apparaît pour la première fois dans son sens philosophique dans les Académiques de Cicéron, où il traduit le terme technique stoïcien κατάληψις, traduit également par compréhension. La perception n’est pas une « perception sensible » au sens moderne du terme, car elle ne se définit pas comme une impression produite en nous par les choses extérieures, mais comme l’assentiment donné à la phantasia dite compréhensive ou perceptive, c’est-à-dire celle qui est conforme à son objet, claire et distincte. Il s’agit pour les stoïciens de l’un des critères de la vérité. Pour contester l’existence de la perception et son rôle-clé dans l’épistémologie stoïcienne, les académiciens ont adopté une stratégie en deux temps : affirmer que l’assentiment porte sur des propositions et non sur des représentations, et contester l’existence d’une représentation perceptive, discernable des représentations fausses. Les stoïciens ont répondu sur ces deux points et ont reconstruit la notion de perception inventée initialement par Zénon dans le cadre de cette polémique, qui a forgé la notion classique de la perception. Le continuisme perceptif des stoïciens et leur conception cinématographique de la perception sensible sont les clés de leur conception de la perception.
SUMMARY. The καθῆκον of the Stoics is both a ‘proper action’ and a ‘duty’ without being fully one or the other. Their definition includes two aspects, ‘consequentiality in life’ and ‘reasonable justification’ (eulogos apologismos). The first aspect of the definition corresponds to the fact that the kathekon is understood as what befits to human beings but also to animals and plants: this is what is in conformity with their nature or what it is befitting for them to do in conformity with their nature. The second part of the definition is common to the Stoic definition of the kathekon and to the definition by Arcesilaus the Academic of what is a right action (katorthoma). In Arcesilaus’ definition, the ‘reasonable’ is the criterion of action of which anyone adopting the suspension of judgment is in need in order to act, once he has got rid of the Stoic cognition (katalepsis) as a criterion of truth. On the other hand, the Stoics use the notion of a ‘reasonable justification’ to describe the objective determination of duty, of which one can give an account in hindsight, even if the action was not motivated by a virtuous disposition, contrary to the perfect action (the Stoic katorthoma). However, in acknowledging that some of the actions that befit to an individual do not befit to all human beings, the Stoics were integrating into their notion of a ‘reasonable justification’ (without extending it to all duties) the dimension of uncertainty of human actions, which belongs to the Academic conception of action.
Dans le Peri alypias de Galien, qui vient d’être redécouvert et édité par V. Boudon-Millot, Galien mentionne « le Platon de Panétius ». Étant donné le contexte, il est presque certain qu’il s’agit d’une édition de Platon par le philosophe stoïcien Panétius, édition dont on ignorait jusqu’ici l’existence.
Résumé: Aristote a formulé deux définitions du relatif – une définition selon laquelle est appelé relatif tout ce qui est dit de quelque chose d’autre, et une définition selon laquelle est relatif ce dont tout l’être consiste « dans une certaine relation à quelque chose ». Cette double définition a été exploitée par les stoïciens, notamment dans les commentaires aux Catégories d’Athénodore et Cornutus (Ier s. avant notre ère/ Ier s. de notre ère), mais aussi dans des disputes intérieures à l’école sur l’unité des vertus et dans la conception de la causalité. Les stoïciens ont drastiquement limité les relatifs à ceux dont tout l’être consiste dans la relation, qu’ils appellent des πρός τί πως ἔχοντα (« dans une certaine disposition relativement à quelque chose »), repoussant la possibilité qu’un tel relatif puisse aussi être une qualité ou une substance, deux possibilités laissées ouvertes par Aristote. Ils semblent aussi avoir admis que certaines qualités différenciées puissent être relatives à un objet extérieur, par exemple le doux et l’amer, mais de tels relatifs rentrent plutôt pour eux sous une autre catégorie. Les stoïciens ont ainsi proposé une des alternatives les plus puissantes à la doctrine aristotélicienne de la relation en tirant profit des apories de celle-ci.
Le terme « perception » apparaît pour la première fois dans son sens philosophique dans les Académiques de Cicéron, où il traduit le terme technique stoïcien κατάληψις, traduit également par compréhension. La perception n’est pas une « perception sensible » au sens moderne du terme, car elle ne se définit pas comme une impression produite en nous par les choses extérieures, mais comme l’assentiment donné à la phantasia dite compréhensive ou perceptive, c’est-à-dire celle qui est conforme à son objet, claire et distincte. Il s’agit pour les stoïciens de l’un des critères de la vérité. Pour contester l’existence de la perception et son rôle-clé dans l’épistémologie stoïcienne, les académiciens ont adopté une stratégie en deux temps : affirmer que l’assentiment porte sur des propositions et non sur des représentations, et contester l’existence d’une représentation perceptive, discernable des représentations fausses. Les stoïciens ont répondu sur ces deux points et ont reconstruit la notion de perception inventée initialement par Zénon dans le cadre de cette polémique, qui a forgé la notion classique de la perception. Le continuisme perceptif des stoïciens et leur conception cinématographique de la perception sensible sont les clés de leur conception de la perception.
SUMMARY. The καθῆκον of the Stoics is both a ‘proper action’ and a ‘duty’ without being fully one or the other. Their definition includes two aspects, ‘consequentiality in life’ and ‘reasonable justification’ (eulogos apologismos). The first aspect of the definition corresponds to the fact that the kathekon is understood as what befits to human beings but also to animals and plants: this is what is in conformity with their nature or what it is befitting for them to do in conformity with their nature. The second part of the definition is common to the Stoic definition of the kathekon and to the definition by Arcesilaus the Academic of what is a right action (katorthoma). In Arcesilaus’ definition, the ‘reasonable’ is the criterion of action of which anyone adopting the suspension of judgment is in need in order to act, once he has got rid of the Stoic cognition (katalepsis) as a criterion of truth. On the other hand, the Stoics use the notion of a ‘reasonable justification’ to describe the objective determination of duty, of which one can give an account in hindsight, even if the action was not motivated by a virtuous disposition, contrary to the perfect action (the Stoic katorthoma). However, in acknowledging that some of the actions that befit to an individual do not befit to all human beings, the Stoics were integrating into their notion of a ‘reasonable justification’ (without extending it to all duties) the dimension of uncertainty of human actions, which belongs to the Academic conception of action.
Dans le Peri alypias de Galien, qui vient d’être redécouvert et édité par V. Boudon-Millot, Galien mentionne « le Platon de Panétius ». Étant donné le contexte, il est presque certain qu’il s’agit d’une édition de Platon par le philosophe stoïcien Panétius, édition dont on ignorait jusqu’ici l’existence.
Négligé par rapport à Sénèque, Épictète ou Marc Aurèle, Hiéroclès aborde pourtant des thèmes cruciaux du stoïcisme : les rapports de l’âme et du corps, la genèse et la spécificité des facultés animales, nos différents devoirs à l’égard des autres (les dieux, nos concitoyens, nos parents, etc.) et leur articulation.
Comment les animaux connaissent-ils leurs forces et leurs faiblesses et se conservent-ils ? Devons-nous traiter tous les hommes comme s’ils faisaient partie de notre famille ? Quelle est la spécificité de la relation entre mari et femme ?
The historical periods and geographical areas that arise – from Greco-Roman antiquity to Heidegger’s philosophy, from the Syriac and Arabic traditions to the Western world – make it possible, in sum, not only to indicate how the Rhetoric has been read and interpreted, but also to offer general perspectives on the practice of explicating ancient texts.
Le présent volume rassemble treize articles envisagés comme autant de chapitres d’un livre et dédiés à l’histoire, à la méthode et à la pratique des commentaires à la Rhétorique d’Aristote. Mêlant l’approche matérielle et linguistique, ces contributions se proposent de réinscrire chacun des commentaires dans son contexte historique, politique, social, culturel, philosophique, et pédagogique particulier.
Les périodes et les aires géographiques considérées ici—de l’Antiquité gréco-romaine jusqu’à la philosophie de Heidegger, des traditions syriaque et arabe au monde occidental—permettent, in fine, non seulement de suggérer des pistes de lecture pour la Rhétorique et l’histoire des interprétations de la Rhétorique, mais aussi de dessiner des perspectives plus générales sur la pratique du commentaire.