Environmental Politics, Health and Environement by Renaud Hourcade
International Journal of Environmental Research and Public Health
Ambient air pollution is a global health threat that causes severe mortality and morbidity from r... more Ambient air pollution is a global health threat that causes severe mortality and morbidity from respiratory, cardiovascular, and other diseases. Its impact is especially concerning in cities; as the urban population increases, especially in low- and middle-income countries, large populations risk suffering from these health effects. The Economic Community of West African States (ECOWAS) comprises 15 West African countries, in which many cities are currently experiencing fast growth and industrialization. However, government-led initiatives in air quality monitoring are scarce in ECOWAS countries, which makes it difficult to effectively control and regulate air quality and subsequent health issues. A scoping study was performed following the Arksey and O’Malley methodological framework in order to assess the precise status of air quality monitoring, related policy, and legislation in this region. Scientific databases and gray literature searches were conducted, and the results were c...
Natures Sciences Sociétés, 2021
L’orientation croissante de l’action publique vers la « transition énergétique » semble offrir au... more L’orientation croissante de l’action publique vers la « transition énergétique » semble offrir aux territoires des capacités d’action inédites dans un secteur au caractère pourtant traditionnellement centralisé et technocratique (Hatch, 1991 ; Topçu, 2013). La montée de l’enjeu climatique à partir des années 2000 est l’un des facteurs de cette redistribution des rôles. En associant directement les choix de politique énergétique non plus seulement à la souveraineté nationale ou à la compétitivité industrielle, mais à des objectifs de développement des énergies renouvelables et de maîtrise de la consommation (Bertrand et Richard, 2014), l’enjeu climatique a donné une nouvelle légitimité aux niveaux intermédiaires de l’action publique. Depuis une quinzaine d’années, plusieurs textes ont redessiné le cadre des politiques énergétiques dans un sens plus favorable aux territoires : lois Grenelle 1 et 2 (en 2009 et 2010) portant notamment la création des plans climat-énergie territoriaux (PCET) et des schémas régionaux climat-air-énergie (SRCAE1), loi de « modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles » (MAPTAM) de 2014, loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (TEPCV) de 2015. Les territoires semblent ainsi de plus en plus incités à s’engager dans une gestion locale de l’énergie passant par la valorisation de ressources renouvelables territorialisées (vent, courants, soleil, déchets, géothermie...) et par le développement de stratégies de sobriété adaptées aux contextes territoriaux (constructions économes, rénovation thermique des bâtiments, réorientation des transports collectifs, etc.). Parce qu’elle s’appuie sur des attentes relativement consensuelles en matière d’efficacité de l’action publique, d’adaptation fine aux ressources et aux besoins locaux et de renforcement démocratique par la proximité, cette territorialisation de la « transition » peut faire figure de nouvelle norme pour les politiques énergétiques (Poupeau, 2014). Toutefois, l’évaluation de la portée réelle de cette norme et des modalités de sa traduction concrète dans les politiques locales reste à produire. Ce dossier entend y contribuer en rassemblant plusieurs cas d’études proposant, chacun à leur manière, d’illustrer l’étendue et les limites des capacités des acteurs locaux à mener des politiques sur le sujet, d’analyser les facteurs qui les y poussent et de situer les contraintes, qui, à l’inverse, restreignent les initiatives dans ce domaine. Pour ce faire, ces études de cas explorent, à travers des approches sociologiques et géographiques, comment sont construits ces enjeux à l’échelle des territoires, le rôle qu’y jouent les configurations d’acteurs et le poids qu’exercent les « chemins empruntés » localement, dont font partie les héritages économiques, sociaux et (géo)techniques. Ce dossier entend donc conforter et prolonger le renouvellement des travaux empiriques sur l’énergie engagé dans les sciences sociales françaises depuis une dizaine d’années (Evrard, 2013 ; Zélem et Beslay, 2015 ; Labussière et Nadaï, 2018 ; Baggioni et al., 2019) et tirer parti de la richesse d’un regard pluridisciplinaire sur cette question.
Lien social et politiques , 2019
Comment la sociologie politique peut-elle nous aider à déterminer ce qui change vraiment dans un ... more Comment la sociologie politique peut-elle nous aider à déterminer ce qui change vraiment dans un monde « post-carbone » ? Les articles rassemblés dans ce numéro rompent avec le prisme souvent mécaniste des études sur les transitions énergétiques et climatiques pour mettre l’accent sur la nature politique de ces processus et mieux situer socialement les acteurs qui les portent.
Si les articles du numéro tendent à critiquer le caractère technophile et, à maints égards, autoritaire de certaines expériences de transitions orchestrées par les États, ils abordent aussi toute l’ambiguïté des « niches » d’innovation et de la « démocratie énergétique » locale. Ces processus ont pour point commun de s’inscrire dans le contexte d’une forte inertie de l’organisation matérielle et normative de nos sociétés, fondées sur le principe d’une énergie peu coûteuse et abondante. Même largement reconnue, l’urgence climatique n’est pas un levier suffisant pour briser un « verrouillage » sociotechnique à ce point structurant. Elle alimente néanmoins de multiples politiques publiques, des mobilisations collectives et d’incessants processus de cadrages à des échelles qui vont de la scène internationale aux initiatives de quartier. Du point de vue des sciences sociales, ce bouillonnement est un terrain d’investigation sociologique fertile, à partir duquel il est possible d’enrichir l’étude des mouvements sociaux écologiques et des politiques publiques environnementales, et d’actualiser la réflexion sur la dynamique, éminemment complexe et ambiguë, d’écologisation de nos sociétés.
Talks by Renaud Hourcade
This paper aims at understanding variations in the implementation of water policies and pollution... more This paper aims at understanding variations in the implementation of water policies and pollution control within one country (France) through a comparison of multiple sites (n=20) experiencing heavy environmental impacts from various sources (agriculture, industry, mining). Although all the sites share the same legal and institutional context, the public policies activated appear highly dissimilar, with outputs ranging from command and control types of intervention to non-decision, short-term technological fixes or symbolic actions. To explain these differences in policy options, we developed a mix of methods based on comparative techniques (Qualitative comparative analysis, QCA) with elements imported from the Advocacy coalition framework (ACF). It lead us to collect data on two key elements in each site : the pro-environment or pro-exploitation coalitions connecting various policy actors (politicians, experts, public officials, activists, business interests, journalists, etc.) ; the strength, resources and relative power of these coalitions. By conceptualizing and operationalizing coalition resources, the paper also aims at filling some gaps identified in the ACF literature.
Cette communication vise à prolonger au plan théorique et à étayer au plan empirique une suggesti... more Cette communication vise à prolonger au plan théorique et à étayer au plan empirique une suggestion récurrente mais peu écoutée du sociologue américain Joseph Gusfield : éviter de disjoindre analyse des processus symboliques et des structures sociales dans l’étude des problèmes publics et de leur construction. Son ouvrage le plus connu affirme la nécessité de cette articulation (Gusfield, 1981 :17 ) - mais renvoie aussi sa pleine mise en œuvre à un travail postérieur qui ne verra jamais le jour. Plus tard, le sociologue pointera également du doigt l’oubli de cette dimension comme l’un des défauts majeurs de l’interactionnisme symbolique, selon lui trop attentif au travail sur le sens et les processus d’innovation créative pour laisser une place suffisante au déjà là des structures, institutions et rôles sociaux (Gusfield, 2003 : 129). Présenté parfois comme le tenant d’une approche culturelle, Gusfield défend tout autant une analyse structurelle de la réalité sociale au nom d’un nécessaire pluralisme paradigmatique : « a sociology without structural concepts is like Rogers without Hart or Hammerstein or like Hart or Hammerstein without Rogers—a melody without a lyric or a lyric without a melody ».
Nous proposons ici de poser les bases d’un cadre analytique qui réponde à cette visée en suivant certaines pistes tracées par Gusfield, depuis ses premiers travaux sur les mouvements de tempérance (Gusfield, 1986) jusqu’à ses réflexions sur les relations entre propriétaires de problèmes publics dans les univers professionnels ou bureaucratiques. Il s’agira ici de revenir sur les sens donnés à la notion de structure : comme cadre organisationnel, institutionnel ou professionnel préexistant, comme stratification sociale ou encore comme rôles et attitudes socialement attendues. Partant de cette réflexion, le cadre proposé tentera d’associer le suivi de la publicisation d’un problème et celui des dynamiques relationnelles entre ses propriétaires : par l’étude au sein de différents espaces sociaux des répartitions inégalitaires de ressources et de capitaux de différents types, l’évolution de leur capacité différentielle à s’approprier (own) un problème et à déposséder (disown) de sa prise en charge d’autres acteurs.
Cette orientation a été suggérée par l'étude empirique d'un problème émergent de santé environnementale, la lutte contre les pollutions de l’air intérieur, qui servira ici de terrain pour mettre à l’épreuve ce cadre. La communication reconstitue la genèse de cette entreprise collective sur le moyen terme (1990-2010) dans deux champs (bureaucratique et médiatique) dans lesquels interviennent des acteurs issus de l’administration, des secteurs économiques du bâtiment et de l’industrie, des mouvements environnementaux et de consommateurs, enfin des milieux techniques et scientifiques.
L’enquête montre la constitution parallèle d’un problème public et d’un groupe d’acteurs dans l’appareil d’État autour de la redéfinition de situations de pollutions de l’espace domestique privé comme enjeu de « qualité de l’air intérieur ». Cette définition devient progressivement dominante dans la sphère publique en s’appuyant sur la création de dispositifs spécifiques (un observatoire statistique ; la fabrication de standards et de normes) et la production de discours relativement routinisés et relayés médiatiquement. Les reconfigurations des champs étudiés expliquent la prédominance progressive de certains cadrages influençant son traitement institutionnel comme médiatique, qui aboutit notamment à une forme de refroidissement des alertes liées aux risques chimiques du quotidien. L’antériorité et la prépondérance de l’État dans ce processus dessinent une carrière de problème public originale par rapport aux processus portés par des mobilisations sociales. Le cadrage et le traitement public se révèlent proches de celui de certains problèmes sociaux évoqués par Gusfield, ou plus récemment de ceux, environnementaux (Comby, Grossetête 2013), où prévalent une conception individualisante, la prise en charge par des professionnels techniques et une forme de dépolitisation.
Longtemps repoussés aux marges du gouvernement de l'énergie, les territoires y jouent désormais u... more Longtemps repoussés aux marges du gouvernement de l'énergie, les territoires y jouent désormais un rôle croissant. Le paradigme de la transition énergétique semble les y inviter en encourageant un pilotage local de l'offre et de la demande d'énergie, par l'exploitation de ressources renouvelables territorialisées (vent, courants, soleil, déchets, géothermie…) d'une part et par des politiques de sobriété d'autre part (constructions économes, rénovation thermique des bâtiments, réorientation des transports collectifs). Cependant, le sens de cette « transition » et de sa mise en oeuvre est donné par des conditions territoriales spécifiques et les politiques qui s'en réclament n'apparaissent ni linéaires ni homogènes. Ces enjeux invitent à explorer en profondeur les relations qui unissent les territoires aux nouvelles politiques énergétiques : quelles sont les conditions territoriales qui influencent l'appropriation de ces compétences ? Sous l'effet de quels facteurs locaux la transition change-t-elle les territoires ? En quoi les territoires eux-mêmes définissent-ils le sens de la « transition » ? Et à quel point cette appropriation territoriale traduit-elle un rapprochement démocratique des politiques énergétiques ?
Air Pollution Seminar, 2019
Politics of Memory, Slavery Memory by Renaud Hourcade
Critical Policy Studies, 2020
This paper discusses the role and use of emotion in public policy. Approaching emotions from the ... more This paper discusses the role and use of emotion in public policy. Approaching emotions from the standpoint of narrative analysis, it offers a detailed account of the way emotions were storied and enrolled in a specific local policy process: the construction of a memorial to the abolition of slavery between 1998 and 2012 in Nantes, France, a former slave trade port. The article finds evidence that emotions are a powerful instrument for framing problems and solutions and making sense of a new policy instrument. It also argues that the ability of policy actors to enroll emotions in meaning-making operations is structured by dominant policy beliefs and constrained by power relations
Après des décennies de gêne et de silence, dans les DOM, et de désintérêt en métropole, l'esclava... more Après des décennies de gêne et de silence, dans les DOM, et de désintérêt en métropole, l'esclavage s'est inscrit en tête des politiques de mémoire menées par l'Etat, à l'occasion de la commémoration de 1998 et du vote de la loi Taubira en 2001. Cet article s'interroge sur les raisons de cette mutation, en s'intéressant aux changements de paradigmes mémoriels et identitaires qui sous-tendent les nouveaux usages politiques du passé. La reconnaissance des « victimes » et celle de la « diversité culturelle » sont au coeur de ces évolutions. Elles s'associent à un autre paramètre important, le développement d'une conscience identitaire militante de « descendant d'esclave » parmi les originaires des départements d'outre-mer. L'article propose une analyse de ce processus, tout en cherchant parallèlement à dégager les principes structurants des usages contemporains de ce passé par l'Etat.
In the recent decades, France has seen a dramatic development of the politics of the memory of slavery, as well as a change of direction. Shame and silence used to dominate in the former colonies, while in continental France, official public policies where scarce and always geared toward the glorification of white abolitionism. This started to change at the end of the 20 th century, as the state implemented new memory policies, through official commemorations in 1998 and an unusual « memory law » in 2001, the « Loi Taubira ». This article maps the factors, both in metropolitan France and in the overseas departments, that led to this change of policy. It also analyses the main frames that structure the political uses of this difficult past in contemporary France.
Chapitre publié dans Frédéric Rousseau et Julien Mary (dir.) Les présents des passés douloureux :... more Chapitre publié dans Frédéric Rousseau et Julien Mary (dir.) Les présents des passés douloureux : Musées d’histoire et configurations mémorielles. Essais de muséohistoire, Paris, Michel Houdiard Editeur, p. 197-230.
Colloque international Le repentir : genèse et actualité, Centre Saint-Augustin, Dakar, 22-23 février 2017, 2017
A Stain on Our Past. Slavery and Memory, 2017
Books by Renaud Hourcade
Book Reviews by Renaud Hourcade
Revue française de science politique , 2015
Sur Martin Ruef, Between Slavery and Capitalism. The Legacy of Emancipation in the American Sout... more Sur Martin Ruef, Between Slavery and Capitalism. The Legacy of Emancipation in the American South, Princeton et Oxford, Princeton University Press, 2014 ; Alex Gourevitch, From Slavery to the Cooperative Commonwealth. Labor and republican Liberty in the Nineteenth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 2014 ; Céline Flory, De l’esclavage à la liberté forcée. Histoire des travailleurs engagés dans la Caraïbe française au XIXe siècle, Paris, Karthala / Société des Africanistes, 2015.
Paru dans Nuevo Mundo Mundos Nuevos [En ligne] Comptes rendus et essais historiographiques, mis e... more Paru dans Nuevo Mundo Mundos Nuevos [En ligne] Comptes rendus et essais historiographiques, mis en ligne le 29 septembre 2014, URL : http://nuevomundo.revues.org/67277.
L'État contemporain est-il toujours en mesure de produire une mémoire collective unitaire ? Ou fa... more L'État contemporain est-il toujours en mesure de produire une mémoire collective unitaire ? Ou faut-il s'inquiéter d'une « inflation mémorielle » qui révèlerait le renforcement de mémoires particulières au détriment du grand récit national sur le passé ? Deux livres récents se penchent sur les évolutions de l'action publique en matière de mémoire, l'un sous la forme d'une synthèse générale 1 , l'autre sous celle d'une étude de cas 2 , mais tous deux à partir d'une perspective commune : appliquer aux « politiques mémorielles » les outils d'analyse forgés par la science politique pour l'étude des politiques publiques. Il en ressort que la capacité de l'État à produire une mémoire historique apparaît davantage renouvelée que menacée, renégociée dans ses fondements et ses priorités plutôt que ravalée au rang d'une survivance en sursis. Les analyses convergent quant à l'apparition d'une nouvelle « grammaire » de l'action publique mémorielle, moins surplombante et davantage co-produite, ouvrant un espace pour des expériences historiques longtemps occultées, mémoires victimes ou mémoires blessées. La question de savoir si ces mémoires-là se positionnent réellement à l'écart d'un grand récit commun, ou, si elles ont pour effet, comme l'écrit Johann Michel, de « fragmenter et particulariser le référentiel national » 3 , reste en revanche ouverte. Des « politiques publiques de la mémoire » La parution quasi-simultanée de ces deux livres nous renseigne autant sur les changements qui touchent la mémoire collective en France que sur les évolutions en cours dans la manière de l'appréhender. Les « politiques de la mémoire » ont une longue histoire, que Johann Michel fait remonter à la naissance de l'État-nation, estimant que « l'existence de politiques mémorielles précède leur reconnaissance institutionnelle et leur objectivation scientifique » 4. Mais les désigner sous ce nom n'est rien moins qu'anodin. Le terme renvoie d'abord à la fortune qu'a connue la notion de « mémoire » ces trente dernières années, alors que ce qui paraissait être un « moment-mémoire » au début des années 1990 s'est de toute évidence prolongé. La tradition d'étude de la mémoire collective pouvait alors schématiquement s'écrire en deux volets : l'un attentif aux processus de transmission sensible de la mémoire, dans une perspective de recherche remontant à l'oeuvre séminale de Maurice Halbwachs, pionnier dans la
No82-2019 by Renaud Hourcade
Engagements et action publique face à la crise climatique, 2019
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Environmental Politics, Health and Environement by Renaud Hourcade
Si les articles du numéro tendent à critiquer le caractère technophile et, à maints égards, autoritaire de certaines expériences de transitions orchestrées par les États, ils abordent aussi toute l’ambiguïté des « niches » d’innovation et de la « démocratie énergétique » locale. Ces processus ont pour point commun de s’inscrire dans le contexte d’une forte inertie de l’organisation matérielle et normative de nos sociétés, fondées sur le principe d’une énergie peu coûteuse et abondante. Même largement reconnue, l’urgence climatique n’est pas un levier suffisant pour briser un « verrouillage » sociotechnique à ce point structurant. Elle alimente néanmoins de multiples politiques publiques, des mobilisations collectives et d’incessants processus de cadrages à des échelles qui vont de la scène internationale aux initiatives de quartier. Du point de vue des sciences sociales, ce bouillonnement est un terrain d’investigation sociologique fertile, à partir duquel il est possible d’enrichir l’étude des mouvements sociaux écologiques et des politiques publiques environnementales, et d’actualiser la réflexion sur la dynamique, éminemment complexe et ambiguë, d’écologisation de nos sociétés.
Talks by Renaud Hourcade
Nous proposons ici de poser les bases d’un cadre analytique qui réponde à cette visée en suivant certaines pistes tracées par Gusfield, depuis ses premiers travaux sur les mouvements de tempérance (Gusfield, 1986) jusqu’à ses réflexions sur les relations entre propriétaires de problèmes publics dans les univers professionnels ou bureaucratiques. Il s’agira ici de revenir sur les sens donnés à la notion de structure : comme cadre organisationnel, institutionnel ou professionnel préexistant, comme stratification sociale ou encore comme rôles et attitudes socialement attendues. Partant de cette réflexion, le cadre proposé tentera d’associer le suivi de la publicisation d’un problème et celui des dynamiques relationnelles entre ses propriétaires : par l’étude au sein de différents espaces sociaux des répartitions inégalitaires de ressources et de capitaux de différents types, l’évolution de leur capacité différentielle à s’approprier (own) un problème et à déposséder (disown) de sa prise en charge d’autres acteurs.
Cette orientation a été suggérée par l'étude empirique d'un problème émergent de santé environnementale, la lutte contre les pollutions de l’air intérieur, qui servira ici de terrain pour mettre à l’épreuve ce cadre. La communication reconstitue la genèse de cette entreprise collective sur le moyen terme (1990-2010) dans deux champs (bureaucratique et médiatique) dans lesquels interviennent des acteurs issus de l’administration, des secteurs économiques du bâtiment et de l’industrie, des mouvements environnementaux et de consommateurs, enfin des milieux techniques et scientifiques.
L’enquête montre la constitution parallèle d’un problème public et d’un groupe d’acteurs dans l’appareil d’État autour de la redéfinition de situations de pollutions de l’espace domestique privé comme enjeu de « qualité de l’air intérieur ». Cette définition devient progressivement dominante dans la sphère publique en s’appuyant sur la création de dispositifs spécifiques (un observatoire statistique ; la fabrication de standards et de normes) et la production de discours relativement routinisés et relayés médiatiquement. Les reconfigurations des champs étudiés expliquent la prédominance progressive de certains cadrages influençant son traitement institutionnel comme médiatique, qui aboutit notamment à une forme de refroidissement des alertes liées aux risques chimiques du quotidien. L’antériorité et la prépondérance de l’État dans ce processus dessinent une carrière de problème public originale par rapport aux processus portés par des mobilisations sociales. Le cadrage et le traitement public se révèlent proches de celui de certains problèmes sociaux évoqués par Gusfield, ou plus récemment de ceux, environnementaux (Comby, Grossetête 2013), où prévalent une conception individualisante, la prise en charge par des professionnels techniques et une forme de dépolitisation.
Politics of Memory, Slavery Memory by Renaud Hourcade
In the recent decades, France has seen a dramatic development of the politics of the memory of slavery, as well as a change of direction. Shame and silence used to dominate in the former colonies, while in continental France, official public policies where scarce and always geared toward the glorification of white abolitionism. This started to change at the end of the 20 th century, as the state implemented new memory policies, through official commemorations in 1998 and an unusual « memory law » in 2001, the « Loi Taubira ». This article maps the factors, both in metropolitan France and in the overseas departments, that led to this change of policy. It also analyses the main frames that structure the political uses of this difficult past in contemporary France.
Books by Renaud Hourcade
Book Reviews by Renaud Hourcade
No82-2019 by Renaud Hourcade
Si les articles du numéro tendent à critiquer le caractère technophile et, à maints égards, autoritaire de certaines expériences de transitions orchestrées par les États, ils abordent aussi toute l’ambiguïté des « niches » d’innovation et de la « démocratie énergétique » locale. Ces processus ont pour point commun de s’inscrire dans le contexte d’une forte inertie de l’organisation matérielle et normative de nos sociétés, fondées sur le principe d’une énergie peu coûteuse et abondante. Même largement reconnue, l’urgence climatique n’est pas un levier suffisant pour briser un « verrouillage » sociotechnique à ce point structurant. Elle alimente néanmoins de multiples politiques publiques, des mobilisations collectives et d’incessants processus de cadrages à des échelles qui vont de la scène internationale aux initiatives de quartier. Du point de vue des sciences sociales, ce bouillonnement est un terrain d’investigation sociologique fertile, à partir duquel il est possible d’enrichir l’étude des mouvements sociaux écologiques et des politiques publiques environnementales, et d’actualiser la réflexion sur la dynamique, éminemment complexe et ambiguë, d’écologisation de nos sociétés.
Nous proposons ici de poser les bases d’un cadre analytique qui réponde à cette visée en suivant certaines pistes tracées par Gusfield, depuis ses premiers travaux sur les mouvements de tempérance (Gusfield, 1986) jusqu’à ses réflexions sur les relations entre propriétaires de problèmes publics dans les univers professionnels ou bureaucratiques. Il s’agira ici de revenir sur les sens donnés à la notion de structure : comme cadre organisationnel, institutionnel ou professionnel préexistant, comme stratification sociale ou encore comme rôles et attitudes socialement attendues. Partant de cette réflexion, le cadre proposé tentera d’associer le suivi de la publicisation d’un problème et celui des dynamiques relationnelles entre ses propriétaires : par l’étude au sein de différents espaces sociaux des répartitions inégalitaires de ressources et de capitaux de différents types, l’évolution de leur capacité différentielle à s’approprier (own) un problème et à déposséder (disown) de sa prise en charge d’autres acteurs.
Cette orientation a été suggérée par l'étude empirique d'un problème émergent de santé environnementale, la lutte contre les pollutions de l’air intérieur, qui servira ici de terrain pour mettre à l’épreuve ce cadre. La communication reconstitue la genèse de cette entreprise collective sur le moyen terme (1990-2010) dans deux champs (bureaucratique et médiatique) dans lesquels interviennent des acteurs issus de l’administration, des secteurs économiques du bâtiment et de l’industrie, des mouvements environnementaux et de consommateurs, enfin des milieux techniques et scientifiques.
L’enquête montre la constitution parallèle d’un problème public et d’un groupe d’acteurs dans l’appareil d’État autour de la redéfinition de situations de pollutions de l’espace domestique privé comme enjeu de « qualité de l’air intérieur ». Cette définition devient progressivement dominante dans la sphère publique en s’appuyant sur la création de dispositifs spécifiques (un observatoire statistique ; la fabrication de standards et de normes) et la production de discours relativement routinisés et relayés médiatiquement. Les reconfigurations des champs étudiés expliquent la prédominance progressive de certains cadrages influençant son traitement institutionnel comme médiatique, qui aboutit notamment à une forme de refroidissement des alertes liées aux risques chimiques du quotidien. L’antériorité et la prépondérance de l’État dans ce processus dessinent une carrière de problème public originale par rapport aux processus portés par des mobilisations sociales. Le cadrage et le traitement public se révèlent proches de celui de certains problèmes sociaux évoqués par Gusfield, ou plus récemment de ceux, environnementaux (Comby, Grossetête 2013), où prévalent une conception individualisante, la prise en charge par des professionnels techniques et une forme de dépolitisation.
In the recent decades, France has seen a dramatic development of the politics of the memory of slavery, as well as a change of direction. Shame and silence used to dominate in the former colonies, while in continental France, official public policies where scarce and always geared toward the glorification of white abolitionism. This started to change at the end of the 20 th century, as the state implemented new memory policies, through official commemorations in 1998 and an unusual « memory law » in 2001, the « Loi Taubira ». This article maps the factors, both in metropolitan France and in the overseas departments, that led to this change of policy. It also analyses the main frames that structure the political uses of this difficult past in contemporary France.