Books by Sandra Fancello
Bloomsbury Advances in Religious Studies, London, Bloomsbury, 2022
Based on ethnographic studies conducted in several African countries, this volume analyses the ph... more Based on ethnographic studies conducted in several African countries, this volume analyses the phenomenon of deliverance – which is promoted both in charismatic churches and in Islam as a weapon against witchcraft – in order to clarify the political dimensions of spiritual warfare in contemporary African societies.
Deliverance from evil is part and parcel of the contemporary discourse on the struggle against witchcraft in most African contexts. However, contributors show how its importance extends beyond this, highlighting a pluralism of approaches to deliverance in geographically distant religious movements, which coexist in Africa. Against this background, the book reflects on the responsibilities of Pentecostal deliverance politics within the condition of 'epistemic anxiety' of contemporary African societies – to shed light on complex relational dimensions in which individual deliverance is part of a wider social and spiritual struggle.
Spanning across the study of religion, healing and politics, this book contributes to ongoing debates about witchcraft and deliverance in Africa.
Paris, éditions Hermann, 2015
La sorcellerie a pris dans l’Afrique contemporaine des formes inédites : enfants sorciers, crimes... more La sorcellerie a pris dans l’Afrique contemporaine des formes inédites : enfants sorciers, crimes rituels, vols de sexe, possessions diaboliques. Elle ne renvoie plus à un système organisé de croyances et de pratiques mais plutôt à des imaginaires polymorphes suscités par l’insécurité et l’injustice vécues au quotidien. Laes faits de violence associés aux affaires de sorcellerie témoignent d’une profonde dérégulation normative et exigent des enquêtes situées qui interrogent les chaînes du soupçon et de l’accusation.
Cet ouvrage fait le choix d’une approche ethnographique et comparative des diagnostics sanitaires ou religieux et des qualifications judiciaires de la sorcellerie. Les chercheurs sont interpellés comme les juges et les médecins par les processus de pénalisation, sinon de politisation des affaires de sorcellerie. Comment, dans un tel contexte, entrer et se faire accepter en tant que chercheur dans les tribunaux, les Églises, les familles, les entreprises ? Comment éviter les biais liés à une entrée par le point de vue des victimes ? Comment travailler sur des affaires qualifiées par les médias de « crimes rituels » ? Les affaires, les rumeurs, les procès appellent à penser par cas, en interrogeant les stratégies d’acteurs et le positionnement des institutions face à la sorcellerie.
Paris, éditions Karthala, 2010
La présence d’Églises africaines en Europe est un phénomène relativement récent qui accompagne, e... more La présence d’Églises africaines en Europe est un phénomène relativement récent qui accompagne, en les suivant de près, les vagues de migration africaine. Loin d’être le résultat d’une entreprise missionnaire africaine, l’implantation des premières Églises fut à l’initiative des migrants eux-mêmes et répondait à une demande d’encadrement des chrétiens africains qui avaient formé les premières assemblées en exil.
Cet ouvrage regroupe des enquêtes engagées sur des terrains inédits : Portugal, Italie, Suisse, Belgique, France, avec des ramifications dans les Amériques et naturellement en Afrique. Les nouveaux territoires circulatoires des « migrants-missionnaires » témoignent de la double scène (Afrique/Europe) dans laquelle s’inscrivent ces diasporas chrétiennes africaines qu’on ne peut assimiler aux Black Churches afro-américaines.
Le thème de la « mission inversée » fait de l’Europe un champ missionnaire inédit pour les chrétiens africains qui se posent en guides de la régénération morale d’une Europe déchristianisée. Le défi est ici celui d’une rencontre historique entre les formes diversifiées d’un christianisme prophétique et pentecôtiste, et les ressources d’une africanité qui se réinvente dans les cheminements de l’expérience migratoire et se projette dans l’imaginaire de la reconquête spirituelle de l’Europe. Les politiques locales d’intégration misent sur les vertus multiculturelles de l’évangélisme musical, mais la politique biblique des Nations, nations en héritage à retrouver, nations à conquérir ou à « gagner à Jésus », réveillent l’imaginaire christique des souffrances et du salut du peuple noir.
Paris, éditions IRD-Karthala, 2006
Dès les premières missions méthodistes, baptistes et anglicanes, des pays comme le Ghana, le Nige... more Dès les premières missions méthodistes, baptistes et anglicanes, des pays comme le Ghana, le Nigeria, le Libéria et la Sierra Leone, constituent des plaques tournantes de l'expansion des protestantismes en Afrique. Depuis l'épopée ivoirienne et ghanéenne du passeur de frontières libérien W. W. Harris (1913-1914) qui a inspiré de nombreuses Eglises prophétiques africaines au cours du XXe siècle, la créativité religieuse de ces pays se confirme, contribuant à dessiner les contours d'un christianisme africain original. Le cas exemplaire de l'Eglise de Pentecôte du Ghana, fondée par un missionnaire écossais dissident, illustre la manière dont les pentecôtismes africains, loin d'être des agents de l'évangélisme américain, constituent, de longue date, le creuset d'une identité ethno-nationale transmuée par la référence à la nation biblique. Cette Église a produit des générations de pasteurs ashanti pour lesquels le «plan de Dieu» appelle le Ghana à ré-évangéliser le monde. Les malentendus de la politique identitaire d'une Eglise qui a l'âme d'une «nation missionnaire» sont au coeur des scissions qui accompagnent son implantation dans les pays francophones voisins (Burkina Faso, Côte-d'Ivoire, Togo) mais aussi dans les capitales européennes.
Les ambivalences de cette entreprise religieuse à la fois «indigène» et transnationale se retrouvent au coeur des parcours de conversion des fidèles. Alors que la conversion «au village» se traduit par un changement de vie, une rupture avec l'ancrage familial et l'univers de la coutume, en ville, et dans l'aventure de la migration, la délivrance du Mal introduit à une nouvelle forme de contrôle communautaire. Bien plus, l'utopie d'une assemblée délocalisée de «frères et soeurs en Christ» a pour envers une forme de ré-ethnicisation des individus trans-migrants.
Journal Issues by Sandra Fancello
Journal des africanistes, 88 (2), 2018
Professeur d’anthropologie à l’université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut des mondes af... more Professeur d’anthropologie à l’université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut des mondes africains, Bruno Martinelli était avant tout un chercheur passionné dont l’investissement en toutes choses reste marqué par l’énergie et la ténacité : l’enseignement, la formation à la recherche, ses terrains ethnographiques et la coopération interuniversitaire entre la France et l’Afrique1. Moins familier des lieux de publicité et de valorisation, il concevait la recherche comme une œuvre à partager et à transmettre, « bonne à penser » et destinée à instruire, sans grand profit pour lui-même. Ce dossier entend retracer et prolonger les sillons qu’il a creusés et qui ont façonné son œuvre ethnographique.
Cahiers d 'études africaines, 231-232, 2018
La sorcellerie n’est pas seulement une affaire privée qui se joue au sein des familles, elle conc... more La sorcellerie n’est pas seulement une affaire privée qui se joue au sein des familles, elle concerne également les institutions jusqu’au cœur même de l’État. Celles-ci se retrouvent de plus en plus souvent prises dans le cercle mortifère des rumeurs, accusations et violences, quand elles ne participent pas elles-mêmes à l’expansion du schème d’interprétation sorcellaire.
Devant ce constat, ce numéro examine à travers une série d’études de cas comment les institutions et leurs acteurs font face à la sorcellerie. Centrées sur l’analyse des dynamiques de l’imputation et de la stigmatisation, les contributions portent aussi bien sur les institutions les plus centrales de l’État (la justice, nationale mais aussi internationale, la police, l’école) que sur les institutions sanitaires, religieuses et sportives ou encore les médias.
Mais ce sont aussi les anthropologues eux-mêmes qui doivent faire face à la sorcellerie. Souvent interpellés par les acteurs au même titre que les juges, les journalistes ou les médecins, les chercheurs se trouvent alors confrontés à des dilemmes éthiques qu’ils ne peuvent plus longtemps éluder.
Edition by Sandra Fancello
Paris, éditions Karthala, collection 4 Vents , 2020
Cet essai sur l’empathie ethnographique relève pour l’essentiel d’un questionnement épistémologiq... more Cet essai sur l’empathie ethnographique relève pour l’essentiel d’un questionnement épistémologique. Pour une ethnologie sortie de ses insularités traditionnelles, l’empathie est professionnellement revendiquée comme la dimension artisanale de la démarche ethnographique. Elle exprime à la fois la relation personnelle, intime, souvent solitaire, au « terrain », et le savoir-faire de l’enquête directe, fondé sur la rencontre de l’autre. À quoi s’ajoute une histoire singulière d’ethnologue sur chaque terrain. Considérée comme l’une des ressources de l’élaboration de la connaissance et du métier d’ethnologue, l’empathie prend des formes et passe par des étapes qui ont pu en faire un paradigme de la recherche pour d’autres disciplines. Comment l’empathie intervient-elle dans la démarche ethnologique et en quoi contribue-t'elle à la production de connaissance ?
Bruno Martinelli, professeur d’anthropologie à l’Université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut des Mondes Africains (IMAf) a mené de longue date une réflexion sur la place de l’empathie dans la production du savoir ethnologique. Que ce soit dans l’approche des techniques de la métallurgie ou de la poterie, et de leur apprentissage, ou dans la compréhension des affaires de sorcellerie, cette réflexion transversale et ambitieuse interroge le métier d’ethnologue. À Karthala, il a entre autre co-dirigé, Violence et sorcellerie en Afrique, (Karthala, 2012).
Papers by Sandra Fancello
Chrétiens africains en Europe, Fancello S., Mary A. (éds.), Paris, Karthala, 2010
L’émergence des Églises africaines, ou plus globalement la présence de chrétiens africains en Eur... more L’émergence des Églises africaines, ou plus globalement la présence de chrétiens africains en Europe, s’est imposée depuis plusieurs années comme un champ d’étude et de questionnement qui interpelle aussi bien les autorités, politiques ou ecclésiastiques, en charge de la gestion des cultes, que les chercheurs, sociologues, anthropologues ou missiologues confrontés à de nouveaux terrains de « mission ». Les principes d’une régulation républicaine et sécularisée de l’espace publicse sont toujours accommodé des manifestations qui font partie du paysage religieux familier des villes et des campagnes européennes (des cloches des églises aux fêtes catholiques), mais l’irruption intempestive de témoignages de foi et de liturgies du « cri de joie » perçues comme
venant d’ailleurs dérange le citoyen européen peu séduit par leur exotisme ou leur zèle spirituel. Les enjeux de la pluralité religieuse en Europe ne concernent plus seulement l’islam et ses périphéries, mais l’identité multiple de « l’héritage chrétien ».
Cahiers d'études africaines, 2018
in Fancello S. & Gusman A. (eds.), Charismatic Healers in Contemporary Africa. Deliverance in Muslim and Christian Worlds, London, Bloomsbury, 2022
The global phenomenon of deliverance, linked to the explosion of African Pentecostalism since the... more The global phenomenon of deliverance, linked to the explosion of African Pentecostalism since the early 1990s, placed the quest for healing at the centre of conversion and consultation itineraries, so much so that deliverance centres, unlike churches, have made healing their main activity. "is chapter analyses, on the one hand, the contribution of Pentecostal churches to beliefs in witchcra# through a process of demonization of pagan spirits and ancestors to which they attribute diseases, ailments and misfortunes. "is interpretation of disease invalidates the use of medicine, rendering it useless and ine$ective, and sometimes results in the abandonment of treatment. "rough its success,
the religious healing o$er from evangelical churches gradually came to compete with the medical !eld and with traditional healers. "is plurality of non-medical and religious practices raises a serious public health issue.
in Fancello S. & Gusman A. (eds.), Charismatic Healers in Contemporary Africa. Deliverance in Muslim and Christian Worlds, London, Bloomsbury, 2022
in Desclaux A., Diarra A., Musso S. (éds.), Guérir en Afrique. Promesses et transformations, Paris, L'harmattan, 2020
Dans le contexte africain contemporain, le champ des réponses à la maladie est encore majoritaire... more Dans le contexte africain contemporain, le champ des réponses à la maladie est encore majoritairement couvert par les ressources qu’offrent les thérapies religieuses ou magico-religieuses dont les promesses de guérison ne connaissent aucune limite. Il
importe alors de prendre en compte à la fois les ruptures et les continuités sur
lesquelles jouent les thérapies de délivrance entretenues par le diagnostic de
sorcellerie et qui viennent rencontrer une demande de prise en charge (sanitaire,
affective). Depuis la politique de promotion de la médecine (dite) traditionnelle
africaine soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et son
application progressive par les États africains, les profils d’acteurs « non
médicaux » se sont eux aussi multipliés et diversifiés. Dans le même temps, l’idée
d’une articulation entre les politiques de santé et l’offre de guérison, dans ses
formes néo-traditionnelles ou évangéliques, relève d’une relation largement
imaginaire qui participe surtout de la part des acteurs de ce champ d’une
stratégie d’appropriation des emblèmes de la biomédecine et de la légitimité
dominante.
Politique africaine, n°159 (3) , 2020
Lors de son exil politique au Bénin, au milieu des années 1980, l’ancien chef d’État centrafricai... more Lors de son exil politique au Bénin, au milieu des années 1980, l’ancien chef d’État centrafricain, François Bozizé, s’est converti au Christianisme céleste, une église prophétique africaine. À partir d’enquêtes menées en Centrafrique et au Bénin, cet article retrace son inscription dans les réseaux célestes transnationaux et sa double quête de pouvoir à la fois au sein de l’Église du christianisme céleste et de l’État centrafricain. Ses dix années de pouvoir sont également marquées par une rhétorique guerrière inspirée de la « guerre spirituelle » censée délivrer le pays de ses ennemis, étrangers et musulmans, contribuant ainsi à exacerber la violence des affrontements.
While he was a political exile in Benin, in the mid-1980s, the former president of the Central African Republic (CAR), François Bozizé, converted to the Celestial Church of Christ, an African prophetic church. Based on fieldwork in CAR and in Benin, this article describes his involvement in transnational celestial networks and his quest for power both within the Church and within the Central African state. During his ten years in power, he developed a rhetoric of warfare inspired by the “spiritual warfare” supposed to free the country from its foreign and Muslim enemies. This exacerbated violence in the clashes between Muslims and Christians.
Cahiers d'études africaines, 2018
Another issue on witchcraft in Africa? Hasn’t everything been said and written on the matter alre... more Another issue on witchcraft in Africa? Hasn’t everything been said and written on the matter already? On the contrary: rapid social change, political crises, wars and conflicts of all kinds, and a tenacious religious vitality all mean our understanding of witchcraft must be constantly updated. These phenomena are prompting new kinds of accusation, particularly against the most vulnerable groups in society (foreigners, women, the elderly, children, and people with disabilities), and, in turn, provoking new outbreaks of violence.
Cahiers d'études africaines, 2018
Encore un numéro sur la sorcellerie en Afrique ! N’a-t-on pourtant pas déjà tout dit et tout écri... more Encore un numéro sur la sorcellerie en Afrique ! N’a-t-on pourtant pas déjà tout dit et tout écrit sur le sujet ? Force est de constater que non. La rapidité des changements sociaux, les crises politiques, les guerres et conflits de tous ordres, ainsi qu’une vitalité religieuse jamais démentie, invitent à sans cesse réactualiser notre regard sur la sorcellerie. Ces phénomènes entraînent en effet de nouvelles formes d’accusations, notamment à l’égard des populations les plus vulnérables (les étrangers, les femmes, les personnes âgées, les enfants, les infirmes) provoquant à leur tour de nouvelles cascades de violences.
Journal des africanistes, 2018
Professeur d’anthropologie à l’université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut des mondes af... more Professeur d’anthropologie à l’université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut des mondes africains, Bruno Martinelli était avant tout un chercheur passionné dont l’investissement en toutes choses reste marqué par l’énergie et la ténacité : l’enseignement, la formation à la recherche, ses terrains ethnographiques et la coopération interuniversitaire entre la France et l’Afrique1. Moins familier des lieux de publicité et de valorisation, il concevait la recherche comme une œuvre à partager et à transmettre, « bonne à penser » et destinée à instruire, sans grand profit pour lui-même. Ce dossier entend retracer et prolonger les sillons qu’il a creusés et qui ont façonné son œuvre ethnographique.
Journal des africanistes, 2018
Face aux défis des droits de l’homme et des « crimes contre l’humanité», les États africains d’au... more Face aux défis des droits de l’homme et des « crimes contre l’humanité», les États africains d’aujourd’hui continuent à occuper la scène politique par des liturgies du pardon mêlant réconciliation nationale et délivrance du Mal. À partir des exemples du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire, deux pays liés par une longue histoire qui s’est traduite par une implication du premier dans le conflit qui divisa le second et en nous appuyant, à titre comparatif, sur les procédures mises en place au Rwanda et en Afrique du Sud, cette contribution vise à cerner les paradoxes des entreprises d’institution du pardon et les formes de compromis qu’elles inventent pour délier le mal.
Cahiers d'études africaines, 2018
L’anthropologue confronté à la violence de la lutte anti-sorcellerie qui, dans certaine partie du... more L’anthropologue confronté à la violence de la lutte anti-sorcellerie qui, dans certaine partie du continent africain, prend une dimension dramatique, voit sa posture d’observation mise en cause face à des formes de violence extrêmes. La prise d’images photographiques ou cinématographiques exposant cette violence, et leur diffusion, posent de nouveaux défis éthiques et méthodologiques et soulèvent la question du sens de la présence de l’anthropologue et de la responsabilité de ses actes. Cet article analyse la manière dont les violences verbales et sociales associées aux accusations de sorcellerie interrogent l’apport de l’anthropologie de la sorcellerie dans le champ religieux contemporain mais également le métier d’anthropologue, dans sa dimension éthique.
Ethnopharmacologia, 2017
Le continent africain et ses pratiques de guérison, traditionnelles, confessionnelles ou syncréti... more Le continent africain et ses pratiques de guérison, traditionnelles, confessionnelles ou syncrétiques, sont une ressource culturelle et symbolique dans laquelle puisent les thérapies New Age et notamment le chamanisme contemporain. Cet article analyse la
démarche d’un guérisseur du Quercy qui, face aux impasses de la biomédecine et au malaise dans la société, prône la réconciliation avec les racines naturelles de l’humanité à travers la communication avec les arbres. Sa démarche « d’éveil aux arbres » attire des
citadins déracinés et un public africain soucieux de renouer avec les vertus symboliques et thérapeutiques d’une nature guérisseuse.
in Séraphin G. (éd.), Religions, guérisons et forces occultes. L'Afrique d'Eric de Rosny, pp. 169-184, Jan 2016
Par son travail et son implication, Éric de Rosny apporta une contribution majeure à la connaissa... more Par son travail et son implication, Éric de Rosny apporta une contribution majeure à la connaissance des méthodes de diagnostics et des pratiques de guérison dans le champ religieux pluriel du Cameroun des années 1970. Très tôt, il pose un certain nombre de questions qui constituent encore aujourd’hui un défi, et notamment celle-ci : « D’où vient le relatif échec des institutions à relayer le désorceleur ? ». Désorcelleur qui n'est plus ici le seul nganga mais une multitude de nouveaux guérisseurs apparus depuis et qui viennent bousculer le champ médical et religieux de la guérison. Dans la continuité du travail engagé par E. de Rosny, ce texte analyse l’évolution des profils de guérisseurs dans le Cameroun contemporain. Le pluralisme médical et les itinéraires de consultations multiples sont en partie le résultat de la libéralisation de l’offre plurielle de guérison et de la permanence d’une « médecine inhospitalière », en plus de l’interprétation sorcellaire qui incite à de nouveaux recours.
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Books by Sandra Fancello
Deliverance from evil is part and parcel of the contemporary discourse on the struggle against witchcraft in most African contexts. However, contributors show how its importance extends beyond this, highlighting a pluralism of approaches to deliverance in geographically distant religious movements, which coexist in Africa. Against this background, the book reflects on the responsibilities of Pentecostal deliverance politics within the condition of 'epistemic anxiety' of contemporary African societies – to shed light on complex relational dimensions in which individual deliverance is part of a wider social and spiritual struggle.
Spanning across the study of religion, healing and politics, this book contributes to ongoing debates about witchcraft and deliverance in Africa.
Cet ouvrage fait le choix d’une approche ethnographique et comparative des diagnostics sanitaires ou religieux et des qualifications judiciaires de la sorcellerie. Les chercheurs sont interpellés comme les juges et les médecins par les processus de pénalisation, sinon de politisation des affaires de sorcellerie. Comment, dans un tel contexte, entrer et se faire accepter en tant que chercheur dans les tribunaux, les Églises, les familles, les entreprises ? Comment éviter les biais liés à une entrée par le point de vue des victimes ? Comment travailler sur des affaires qualifiées par les médias de « crimes rituels » ? Les affaires, les rumeurs, les procès appellent à penser par cas, en interrogeant les stratégies d’acteurs et le positionnement des institutions face à la sorcellerie.
Cet ouvrage regroupe des enquêtes engagées sur des terrains inédits : Portugal, Italie, Suisse, Belgique, France, avec des ramifications dans les Amériques et naturellement en Afrique. Les nouveaux territoires circulatoires des « migrants-missionnaires » témoignent de la double scène (Afrique/Europe) dans laquelle s’inscrivent ces diasporas chrétiennes africaines qu’on ne peut assimiler aux Black Churches afro-américaines.
Le thème de la « mission inversée » fait de l’Europe un champ missionnaire inédit pour les chrétiens africains qui se posent en guides de la régénération morale d’une Europe déchristianisée. Le défi est ici celui d’une rencontre historique entre les formes diversifiées d’un christianisme prophétique et pentecôtiste, et les ressources d’une africanité qui se réinvente dans les cheminements de l’expérience migratoire et se projette dans l’imaginaire de la reconquête spirituelle de l’Europe. Les politiques locales d’intégration misent sur les vertus multiculturelles de l’évangélisme musical, mais la politique biblique des Nations, nations en héritage à retrouver, nations à conquérir ou à « gagner à Jésus », réveillent l’imaginaire christique des souffrances et du salut du peuple noir.
Les ambivalences de cette entreprise religieuse à la fois «indigène» et transnationale se retrouvent au coeur des parcours de conversion des fidèles. Alors que la conversion «au village» se traduit par un changement de vie, une rupture avec l'ancrage familial et l'univers de la coutume, en ville, et dans l'aventure de la migration, la délivrance du Mal introduit à une nouvelle forme de contrôle communautaire. Bien plus, l'utopie d'une assemblée délocalisée de «frères et soeurs en Christ» a pour envers une forme de ré-ethnicisation des individus trans-migrants.
Journal Issues by Sandra Fancello
Devant ce constat, ce numéro examine à travers une série d’études de cas comment les institutions et leurs acteurs font face à la sorcellerie. Centrées sur l’analyse des dynamiques de l’imputation et de la stigmatisation, les contributions portent aussi bien sur les institutions les plus centrales de l’État (la justice, nationale mais aussi internationale, la police, l’école) que sur les institutions sanitaires, religieuses et sportives ou encore les médias.
Mais ce sont aussi les anthropologues eux-mêmes qui doivent faire face à la sorcellerie. Souvent interpellés par les acteurs au même titre que les juges, les journalistes ou les médecins, les chercheurs se trouvent alors confrontés à des dilemmes éthiques qu’ils ne peuvent plus longtemps éluder.
Edition by Sandra Fancello
Bruno Martinelli, professeur d’anthropologie à l’Université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut des Mondes Africains (IMAf) a mené de longue date une réflexion sur la place de l’empathie dans la production du savoir ethnologique. Que ce soit dans l’approche des techniques de la métallurgie ou de la poterie, et de leur apprentissage, ou dans la compréhension des affaires de sorcellerie, cette réflexion transversale et ambitieuse interroge le métier d’ethnologue. À Karthala, il a entre autre co-dirigé, Violence et sorcellerie en Afrique, (Karthala, 2012).
Papers by Sandra Fancello
venant d’ailleurs dérange le citoyen européen peu séduit par leur exotisme ou leur zèle spirituel. Les enjeux de la pluralité religieuse en Europe ne concernent plus seulement l’islam et ses périphéries, mais l’identité multiple de « l’héritage chrétien ».
the religious healing o$er from evangelical churches gradually came to compete with the medical !eld and with traditional healers. "is plurality of non-medical and religious practices raises a serious public health issue.
importe alors de prendre en compte à la fois les ruptures et les continuités sur
lesquelles jouent les thérapies de délivrance entretenues par le diagnostic de
sorcellerie et qui viennent rencontrer une demande de prise en charge (sanitaire,
affective). Depuis la politique de promotion de la médecine (dite) traditionnelle
africaine soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et son
application progressive par les États africains, les profils d’acteurs « non
médicaux » se sont eux aussi multipliés et diversifiés. Dans le même temps, l’idée
d’une articulation entre les politiques de santé et l’offre de guérison, dans ses
formes néo-traditionnelles ou évangéliques, relève d’une relation largement
imaginaire qui participe surtout de la part des acteurs de ce champ d’une
stratégie d’appropriation des emblèmes de la biomédecine et de la légitimité
dominante.
While he was a political exile in Benin, in the mid-1980s, the former president of the Central African Republic (CAR), François Bozizé, converted to the Celestial Church of Christ, an African prophetic church. Based on fieldwork in CAR and in Benin, this article describes his involvement in transnational celestial networks and his quest for power both within the Church and within the Central African state. During his ten years in power, he developed a rhetoric of warfare inspired by the “spiritual warfare” supposed to free the country from its foreign and Muslim enemies. This exacerbated violence in the clashes between Muslims and Christians.
démarche d’un guérisseur du Quercy qui, face aux impasses de la biomédecine et au malaise dans la société, prône la réconciliation avec les racines naturelles de l’humanité à travers la communication avec les arbres. Sa démarche « d’éveil aux arbres » attire des
citadins déracinés et un public africain soucieux de renouer avec les vertus symboliques et thérapeutiques d’une nature guérisseuse.
Deliverance from evil is part and parcel of the contemporary discourse on the struggle against witchcraft in most African contexts. However, contributors show how its importance extends beyond this, highlighting a pluralism of approaches to deliverance in geographically distant religious movements, which coexist in Africa. Against this background, the book reflects on the responsibilities of Pentecostal deliverance politics within the condition of 'epistemic anxiety' of contemporary African societies – to shed light on complex relational dimensions in which individual deliverance is part of a wider social and spiritual struggle.
Spanning across the study of religion, healing and politics, this book contributes to ongoing debates about witchcraft and deliverance in Africa.
Cet ouvrage fait le choix d’une approche ethnographique et comparative des diagnostics sanitaires ou religieux et des qualifications judiciaires de la sorcellerie. Les chercheurs sont interpellés comme les juges et les médecins par les processus de pénalisation, sinon de politisation des affaires de sorcellerie. Comment, dans un tel contexte, entrer et se faire accepter en tant que chercheur dans les tribunaux, les Églises, les familles, les entreprises ? Comment éviter les biais liés à une entrée par le point de vue des victimes ? Comment travailler sur des affaires qualifiées par les médias de « crimes rituels » ? Les affaires, les rumeurs, les procès appellent à penser par cas, en interrogeant les stratégies d’acteurs et le positionnement des institutions face à la sorcellerie.
Cet ouvrage regroupe des enquêtes engagées sur des terrains inédits : Portugal, Italie, Suisse, Belgique, France, avec des ramifications dans les Amériques et naturellement en Afrique. Les nouveaux territoires circulatoires des « migrants-missionnaires » témoignent de la double scène (Afrique/Europe) dans laquelle s’inscrivent ces diasporas chrétiennes africaines qu’on ne peut assimiler aux Black Churches afro-américaines.
Le thème de la « mission inversée » fait de l’Europe un champ missionnaire inédit pour les chrétiens africains qui se posent en guides de la régénération morale d’une Europe déchristianisée. Le défi est ici celui d’une rencontre historique entre les formes diversifiées d’un christianisme prophétique et pentecôtiste, et les ressources d’une africanité qui se réinvente dans les cheminements de l’expérience migratoire et se projette dans l’imaginaire de la reconquête spirituelle de l’Europe. Les politiques locales d’intégration misent sur les vertus multiculturelles de l’évangélisme musical, mais la politique biblique des Nations, nations en héritage à retrouver, nations à conquérir ou à « gagner à Jésus », réveillent l’imaginaire christique des souffrances et du salut du peuple noir.
Les ambivalences de cette entreprise religieuse à la fois «indigène» et transnationale se retrouvent au coeur des parcours de conversion des fidèles. Alors que la conversion «au village» se traduit par un changement de vie, une rupture avec l'ancrage familial et l'univers de la coutume, en ville, et dans l'aventure de la migration, la délivrance du Mal introduit à une nouvelle forme de contrôle communautaire. Bien plus, l'utopie d'une assemblée délocalisée de «frères et soeurs en Christ» a pour envers une forme de ré-ethnicisation des individus trans-migrants.
Devant ce constat, ce numéro examine à travers une série d’études de cas comment les institutions et leurs acteurs font face à la sorcellerie. Centrées sur l’analyse des dynamiques de l’imputation et de la stigmatisation, les contributions portent aussi bien sur les institutions les plus centrales de l’État (la justice, nationale mais aussi internationale, la police, l’école) que sur les institutions sanitaires, religieuses et sportives ou encore les médias.
Mais ce sont aussi les anthropologues eux-mêmes qui doivent faire face à la sorcellerie. Souvent interpellés par les acteurs au même titre que les juges, les journalistes ou les médecins, les chercheurs se trouvent alors confrontés à des dilemmes éthiques qu’ils ne peuvent plus longtemps éluder.
Bruno Martinelli, professeur d’anthropologie à l’Université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut des Mondes Africains (IMAf) a mené de longue date une réflexion sur la place de l’empathie dans la production du savoir ethnologique. Que ce soit dans l’approche des techniques de la métallurgie ou de la poterie, et de leur apprentissage, ou dans la compréhension des affaires de sorcellerie, cette réflexion transversale et ambitieuse interroge le métier d’ethnologue. À Karthala, il a entre autre co-dirigé, Violence et sorcellerie en Afrique, (Karthala, 2012).
venant d’ailleurs dérange le citoyen européen peu séduit par leur exotisme ou leur zèle spirituel. Les enjeux de la pluralité religieuse en Europe ne concernent plus seulement l’islam et ses périphéries, mais l’identité multiple de « l’héritage chrétien ».
the religious healing o$er from evangelical churches gradually came to compete with the medical !eld and with traditional healers. "is plurality of non-medical and religious practices raises a serious public health issue.
importe alors de prendre en compte à la fois les ruptures et les continuités sur
lesquelles jouent les thérapies de délivrance entretenues par le diagnostic de
sorcellerie et qui viennent rencontrer une demande de prise en charge (sanitaire,
affective). Depuis la politique de promotion de la médecine (dite) traditionnelle
africaine soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et son
application progressive par les États africains, les profils d’acteurs « non
médicaux » se sont eux aussi multipliés et diversifiés. Dans le même temps, l’idée
d’une articulation entre les politiques de santé et l’offre de guérison, dans ses
formes néo-traditionnelles ou évangéliques, relève d’une relation largement
imaginaire qui participe surtout de la part des acteurs de ce champ d’une
stratégie d’appropriation des emblèmes de la biomédecine et de la légitimité
dominante.
While he was a political exile in Benin, in the mid-1980s, the former president of the Central African Republic (CAR), François Bozizé, converted to the Celestial Church of Christ, an African prophetic church. Based on fieldwork in CAR and in Benin, this article describes his involvement in transnational celestial networks and his quest for power both within the Church and within the Central African state. During his ten years in power, he developed a rhetoric of warfare inspired by the “spiritual warfare” supposed to free the country from its foreign and Muslim enemies. This exacerbated violence in the clashes between Muslims and Christians.
démarche d’un guérisseur du Quercy qui, face aux impasses de la biomédecine et au malaise dans la société, prône la réconciliation avec les racines naturelles de l’humanité à travers la communication avec les arbres. Sa démarche « d’éveil aux arbres » attire des
citadins déracinés et un public africain soucieux de renouer avec les vertus symboliques et thérapeutiques d’une nature guérisseuse.
contemporaines. Si le champ de l’imaginaire sorcellaire s’amplifie en milieu urbain, la famille et les proches demeurent traditionnellement considérés comme la
source principale du pouvoir sorcier. La perception de la sorcellerie comme composante de la modernité urbaine africaine accompagne l’explosion des pentecôtismes
indigènes. La contribution active du pentecôtisme au phénomène de la sorcellerie, par la diabolisation des esprits païens, ancêtres et génies protecteurs, entretient un
vaste marché de la guérison, manne des guérisseurs traditionnels ainsi que des églises indépendantes, prophétiques et pentecôtistes. La délivrance se présente alors comme une libération de la souffrance et du mal qui passe par l’exorcisme, l’éradication.