Edition by Sophie Nordmann
Institut d'études lévinassiennes, 2009, 423 p.
Institut d'études lévinassiennes, 2008, 412 p.
Papers by Sophie Nordmann
Cet article dégage le lien entre la théorisation de l’art que propose Rosenzweig, dans L’Étoile d... more Cet article dégage le lien entre la théorisation de l’art que propose Rosenzweig, dans L’Étoile de la rédemption et la nouvelle forme de systématicité philosophique qu’il entend mettre en œuvre : l’esthétique ne constitue pas en effet chez lui – prise de distance avec Cohen, mais aussi avec Kant – une « branche » du système, mais le traverse entièrement, et à travers elle c’est l’ouverture de l’individu à l’altérité et à la pluralité humaine qui est en jeu. La figure du héros tragique de la première partie de L’Étoile lui permet de penser l’enfermement du Soi clos sur lui-même, sa solitude absolue et son silence : isolement du héros tragique, isolement du spectateur de la tragédie, lieu d’une communication sans langage, à la fois muette et universelle, dans laquelle chaque spectateur fait, pour son compte, la même expérience. Cette problématique se retrouve dans la théorie de l’art sacré que développe Rosenzweig dans la troisième partie de L’Étoile. Rosenzweig y comprend la fonction de l’art sacré dans le christianisme comme une préparation de l’âme individuelle à l’expérience collective par la création d’un espace commun, celui de l’architecture sacrée, et d’un temps commun, celui de la musique liturgique.
Cet article est centré sur la polémique qui a opposé, autour de l’année 1916, H. Cohen et M. Bube... more Cet article est centré sur la polémique qui a opposé, autour de l’année 1916, H. Cohen et M. Buber sur la question du sionisme. Il met en évidence le lien de cette polémique avec le contexte de la Première Guerre mondiale, et donc de la question du patriotisme vis-à-vis de l’Allemagne. Le patriotisme sur lequel s’accordent Cohen et Buber, tous deux fortement engagés dans l’effort de guerre allemand, obéissait pourtant, chez l’un et chez l’autre, à des motivations inverses : le patriotisme allemand de Cohen fait pendant à son antisionisme, celui de Buber s’ancre au contraire dans son engagement sioniste. Leurs prises de position politiques sur la question du sionisme et du patriotisme y sont d’autre part rapportées à la question du nationalisme, et aux questions touchant à la vie juive de l’époque (émancipation, « symbiose judéo-allemande »).
Cet article met en évidence la centralité de l’opposition judaïsme / paganisme aussi bien chez Co... more Cet article met en évidence la centralité de l’opposition judaïsme / paganisme aussi bien chez Cohen, que chez Rosenzweig et chez Levinas en tant qu’elle renvoie à l’opposition de deux formes de rationalité : une rationalité close sur elle-même et une rationalité en mesure de s’ouvrir à de nouveaux champs. Chez Cohen, elle est au principe d’une non identification de l’être et du devoir-être, et donc d’une rationalité qui fasse place à une éthique distincte de la logique ; chez Rosenzweig, l’opposition du judaïsme et du paganisme constitue l’une des charpentes de L’Étoile de la Rédemption ; chez Levinas, cette catégorisation croise la problématique, qui traverse l’ensemble de son œuvre, d’une « sortie de l’être ». L’opposition que chacun construit, à sa manière, du judaïsme et du paganisme, constitue un « geste spéculatif commun », en ce sens qu’elle ne renvoie sous leur plume ni à l’opposition entre des options religieuses, ni à l’opposition entre des réalités historiques ou sociologiques, mais à des catégories philosophiques et, fondamentalement, à des formes différentes d’exercice de la rationalité.
Cet article cherche à établir le lien chez Cohen comme chez Levinas, entre la question de la souf... more Cet article cherche à établir le lien chez Cohen comme chez Levinas, entre la question de la souffrance et celle de l’ouverture à l’altérité et à la pluralité humaine. La manière dont Levinas envisage la souffrance à la fois comme passivité absolue où se noue la subjectivité, et comme ouverture d’un horizon intersubjectif, entre en écho avec la manière dont Cohen aborde ce même thème dans la Religion de la raison. La souffrance y constitue en effet le pivot qui assure le passage d’une éthique prisonnière de son universalité à la « religion de la raison » qui découvre l’individu dans son inscription au sein de la pluralité humaine. La souffrance est exposition, vulnérabilité : elle permet à Levinas d’envisager l’expérience d’une passivité absolue, d’une passivité qui n’est le revers d’aucune activité, à l’aune de laquelle s’ouvre la dimension de l’intersubjectivité, dans la mesure où cette passivité absolue est aussi appel, appel à un secours qui ne peut venir que du dehors. En tant qu’« ouverture originelle vers le secourable » la souffrance nous fait entrer dans le champ de l’intersubjectivité humaine : les analyses phénoménologiques de Levinas trouvent un écho dans la manière dont Cohen envisage la souffrance comme ouverture de l’horizon de la pluralité humaine, à partir de l’expérience de la pauvreté comme souffrance sociale.
La mise en regard des premières pages de L’Étoile et des premières pages de Totalité et infini fa... more La mise en regard des premières pages de L’Étoile et des premières pages de Totalité et infini fait apparaître un parallélisme profond, qui a donné lieu à des interprétation soulignant la proximité de Rosenzweig à Levinas, au point que S. Mosès a pu avancer l’idée que la Préface de Totalité et infini avait été conçue comme une variation sur le thème des premières pages de L’Étoile : une même opposition à l’idée de totalité, une même évocation de la guerre, une même protestation de la subjectivité face à sa « réduction » à la totalité. Sur la base de cette proximité, cet article cherche à mettre en évidence l’écart radical entre la contestation de l’idée de totalité par Rosenzweig et ce qui sera développé par Levinas. Rosenzweig et Levinas s’engagent dans des voies diamétralement opposées, qui déterminent l’ensemble du mouvement de leur pensée : le mouvement de L’Étoile sera précisément celui qui conduira vers une nouvelle forme de systématicité à partir de la brisure de la totalité et de l’affirmation de l’existence singulière ; pour Levinas, il s’agit au contraire de « remonter, à partir de l’expérience de la totalité, à une situation où la totalité se brise ».
Cet article met en regard la double opposition, de Cohen et de Rosenzweig, au nationalisme modern... more Cet article met en regard la double opposition, de Cohen et de Rosenzweig, au nationalisme moderne qui fait de la souveraineté politique la condition de l’accomplissement d’un peuple et de sa participation à la marche de l’histoire universelle. Si cette opposition leur est commune, leurs perspectives s’orientent dans des sens radicalement différents et même diamétralement opposés. Cohen montre en effet non seulement que, sans avoir d’existence politique, le peuple juif participe à la marche de l’histoire, mais il va même plus loin puisqu’il affirme que c’est au judaïsme que l’humanité doit l’idée d’histoire conçue comme temporalité linéaire orientée vers un avenir normatif. Au contraire, Rosenzweig envisage l’existence juive hors de la marche de l’histoire universelle, et comprend calendrier liturgique comme la création d’une forme de temporalité non historique, une temporalité non pas linéaire mais cyclique, par laquelle le peuple juif anticipe l’éternité.
Cet article cherche à mettre en lumière la manière dont les travaux de Cohen, et la nouvelle voie... more Cet article cherche à mettre en lumière la manière dont les travaux de Cohen, et la nouvelle voie qu’il ouvre, s’inscrivent dans une référence à Kant et permettent d’envisager une « sortie » de l’Aufklärung à partir de l’Aufklärung. Il ne s’agit pas pour Cohen de rompre avec Kant, mais plutôt de partir des problèmes que l’éthique kantienne laisse ouverts, et de prolonger, dans un infléchissement théorique, la méthode transcendantale, mise en œuvre par Kant, qui engage à une réflexion de la raison sur les conditions de possibilités de son propre exercice. Cet ancrage permet de comprendre que la référence aux sources juives n’est pas importée de l’extérieur dans le discours philosophique, mais appelé par la mise en œuvre de la méthode transcendantale elle-même, qui part du fait d’expérience pour en dégager les conditions a priori de possibilité.
Cet article cherche à établir le lien la question de l’altérité, du « tu », et celle du rapport e... more Cet article cherche à établir le lien la question de l’altérité, du « tu », et celle du rapport entre éthique philosophique et philosophie de la religion. A partir d’un corpus fondamental, constitué par les philosophies d’H. Cohen, de F. Rosenzweig, de M. Buber et d’E. Levinas, il s’agit d’étudier la manière dont la rationalité philosophique moderne – et en particulier l’éthique kantienne – trace directement un pont de l’individu-sujet à l’humanité sans être en mesure penser, à partir d’elle-même, le détour par le « tu » et l’altérité. Cette analyse trouve son prolongement dans une réflexion sur la possibilité d’une religion entendue comme forme spécifique d’ouverture de la rationalité à l’époque contemporaine. Elle engage également une réflexion sur la dimension éthique du langage, dont les bases sont posées par E. Levinas dans Totalité et Infini, puis dans Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, dans la distinction du « Dire » et du « Dit ».
Cet article est centré sur la question de la sécularisation de la langue hébraïque, et sur les po... more Cet article est centré sur la question de la sécularisation de la langue hébraïque, et sur les polémiques philosophiques qu’elle a soulevées, en Allemagne, dans les années 1910-1920. À partir de cette question de la langue, qui croise celle de la souveraineté politique, il cherche à comprendre les enjeux des débats qui ont opposé, Cohen et Buber, Rosenzweig et Scholem : la manière dont chacun d’eux prend position sur la question de la sécularisation de l’hébreu mobilise une réflexion sur l’essence du langage, sous-tendue par une prise de distance avec la linguistique structurale naissante.
Cet article s’appuie sur l’étude d’un texte de F. Rosenzweig intitulé Globus, daté de 1917, qui d... more Cet article s’appuie sur l’étude d’un texte de F. Rosenzweig intitulé Globus, daté de 1917, qui décrit le mouvement de l’histoire universelle comme celui de l’appropriation conflictuelle de la terre (et lie ainsi le temps de l’histoire, à l’espace des frontières) par des « je » et des « tu », mouvement orienté vers la réconciliation en un « nous » unanime. Il cherche à dégager les implications de ce lien qu’établit Rosenzweig entre l’intersubjectivité (je/tu/nous), le mouvement de l’histoire universelle, et le jeu des découpages spatiaux. Marche de l’histoire universelle qui conduit d’une unité première – celle d’un monde sans frontière – à une unité dernière – celle d’une humanité réconciliée avec elle-même dans un « nous » unanime. La mise en regard de Globus et de L’Étoile permet de faire apparaître le mouvement de L’Étoile comme une réponse à l’Introduction de Globus : à la trajectoire que nous indique cette Introduction – celle de l’histoire universelle, encadrée par un « premier je limité » et un « dernier nous sans limite » - fait contrepoint la voie que dessine L’Étoile à partir des trois catégories de création, révélation et rédemption, qui elles aussi tracent le mouvement d’une relation « je/tu » vers un « nous unanime ».
Cette préface constitue un texte introductif au Journal tenu par Lucien Blum, l’un des frères de ... more Cette préface constitue un texte introductif au Journal tenu par Lucien Blum, l’un des frères de Léon Blum, entre 1940 et 1942. Il s’agit d’y engager une réflexion sur le modèle d’émancipation et d’intégration juives propre à la France : il retrace les grandes étapes de l’histoire des Israélites français, qui débute avec la Révolution française qui accomplit le découplage de la religion d’avec la nationalité et la citoyenneté, passe par l’étape essentielle du Premier Empire, puis par l’Affaire Dreyfus qui à la fois met en lumière les difficultés d’intégration et se conclut par la victoire des principes républicains, jusqu’au statut des Juifs édicté par Vichy en 1940.
« André Jacob, Emmanuel Levinas : deux tentatives pour penser l’éthique aujourd’hui », in Les conditions de l’humain : temps, langue, éthique et mal. Autour de l’œuvre d’André Jacob, Introduction d’H. Barreau, Paris, Armand Colin, coll. « Recherches », 2013, pp. 252-260. Cet article propose une mise en regard des travaux d’André Jacob et des textes de Levinas, qui vi... more Cet article propose une mise en regard des travaux d’André Jacob et des textes de Levinas, qui vise à mettre en lumière des convergences inattendues, à partir desquelles la distance qui les sépare peut s’appréhender de manière plus fine. L’entreprise d’A. Jacob est encadrée par les noms, de Levinas d’une part, de Spinoza et Deleuze de l’autre. Au cœur de l’injonction qu’il formule de « repenser l’éthique aujourd’hui » se trouve la distinction marquée qu’il établit entre la morale et l’éthique. Or, il formule cette disjonction précisément en référence à Levinas. C’est à partir de cette référence que cet article cherche à comprendre le projet d’A. Jacob d’une « éthique anthropo-logique ». Projet qui fait apparaître également une parenté avec H. Cohen dans un même souci de dépassement du formalisme de l’éthique kantienne et d’une attention portée au concret et à l’effectuation de l’action éthique, et dans la mise en évidence de la structuration linguistique des rapports intersubjectifs et éthiques.
Cet article étudie la manière dont s’articule, dans des équations toujours singulières et toujour... more Cet article étudie la manière dont s’articule, dans des équations toujours singulières et toujours cohérentes, la réflexion sur le patriotisme allemand, sur le sionisme et sur le judaïsme, chez quatre philosophes juifs allemands pris dans le contexte de la Première guerre mondiale : H. Cohen, M. Buber, G. Scholem et F. Rosenzweig. Chez Cohen, on trouve un nationalisme doublé d’antisionisme et appuyé sur une conception du judaïsme qui met l’accent sur son universalité. L’antinationalisme de Rosenzweig et les réserves qu’il exprime à l’égard du sionisme, reposent au contraire sur la conception d’un judaïsme qui résiste au politique et à la marche l’histoire universelle. L’ardent nationalisme de Buber est lié à une conception du judaïsme qui place en son cœur l’aspiration sioniste. Chez Scholem enfin, le radical antinationalisme s’appuie l’engagement sioniste en vue du renouveau d’une vie juive authentique. Suivant un premier clivage, celui du rapport à l’Allemagne, la ligne de partage place Cohen et Buber d’un même côté, celui d’un fort patriotisme, et de l’autre Scholem et Rosenzweig. Suivant un second clivage, celui du rapport au sionisme, on trouve d’un côté de Buber et Scholem, sionistes engagés, et de l’autre Cohen et Rosenzweig. Et ces clivages reposent chez chacun d’eux, sur un troisième élément, l’idée d’un retour à ce qu’ils considèrent comme un judaïsme authentique. Ces équations singulière peuvent être formalisées en quatre « idéaux-types » - l’antisionisme nationaliste de Cohen, le sionisme nationaliste de Buber, l’antisionisme antinationaliste de Rosenzweig, le sionisme antinationaliste de Scholem – qui contribuent à la compréhension de la naissance du mouvement sioniste, et peuvent alimenter une réflexion, dans le champ de la philosophie politique, sur le nationalisme moderne.
Cet article part d’un constat, et cherche à en approfondir le sens : celui, de la référence centr... more Cet article part d’un constat, et cherche à en approfondir le sens : celui, de la référence centrale à l’« être juif » chez trois figures majeures de la philosophie française contemporaine. Chez Emmanuel Levinas d’abord qui, dès les années 1930 et donc bien avant de consacrer de nombreux textes à la lecture du Talmud, développe une réflexion sur le judaïsme envisagé non pas sous un angle historique, sociologique ou religieux, mais comme catégorie philosophique. Levinas construit cette catégorie à travers l’opposition de l’être-juif et l’être-païen, en tant qu’ils engagent un rapport différent à l’être et au monde. Cette opposition du judaïsme et du paganisme joue un rôle déterminant dans sa prise de distance avec l’ontologie heideggerienne. Chez Maurice Blanchot et Jean-François Lyotard, la place centrale accordée aux sources juives est plus inattendue, et appelle donc une attention accrue. Leur découverte du judaïsme est largement médiatisée par la lecture de Levinas, et par l’événement d’Auschwitz qui marque, pour l’un comme pour l’autre, un point de non-retour pour la pensée philosophique. Cet article vise à montrer en quoi la référence au judaïsme est au cœur de l’élaboration théorique par Lyotard de la catégorie de « postmodernité ». Il dégage, enfin, le rôle décisif de ce motif dans la réflexion théorique que mène Blanchot, à partir de l’immédiat après-guerre, sur la condition littéraire comme condition d’exil et sur « l’écriture à venir ».
L’essai de Levinas, publié en 1963 sous le titre Difficile Liberté, est particulièrement emblémat... more L’essai de Levinas, publié en 1963 sous le titre Difficile Liberté, est particulièrement emblématique de la singularité de l’œuvre d’E. Levinas, qui mène ensemble projet philosophique et référence au judaïsme : cet essai ne peut être rangé, à proprement parler, ni du côté des essais philosophiques tels Totalité et infini ou Autrement qu’être, ni du côté des Lectures talmudiques. Penseur inclassable, Emmanuel Levinas hérite à la fois de la tradition phénoménologique, de la philosophie allemande, et de la tradition juive. Au cœur de cette double dimension se trouve l’élaboration, par Levinas, du judaïsme comme catégorie philosophique. Cet article cherche à montrer que cette élaboration philosophique trouvera un écho sur la scène philosophique française à l’époque contemporaine, et en particulier chez Maurice Blanchot et Jean-François Lyotard, chez qui la référence au judaïsme occupe une place centrale, et dont la pensée se trouve nourrie par un dialogue constant avec la philosophie lévinassienne.
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