Violence
Violence
Violence
FRANÇOIS MARTY
Psicólogo
Universidad de Rouen
Universidad de Paris 7 Denis-Diderot
Francia
Fmarty@yahoo.fr
INTRODUCTION
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El establecimiento del Comment chemine une recherche en psychologie et en psychopatologie? En
texto en Francés, ha ce qui me concerne, en en éclairant son objet à la lumière de l’étymologie,
sido realizado por pour en ouvrir les sens, en débusquer les résonances, les infiltrations impli-
Alejandro Bilbao y Ce- citis. Ce qui, par rapport à l’objet “violence” notamment, la violence étant
cilia Quaas, profesores
EPUC-V, el resumen l’exercice de la force en dépit de quelqu’un ou de quelque chose, donne
en español ha sido ela- d’emble l’idée de soumettre quelqu’un, mais aussi celle de s’ouvrir un chemin.
borado por Alejandro La démultiplication du sens aide à questionner la recherche.Analysé par la
Bilbao. clinique et parlé via des concepts, des notions ( dont certaines seront à
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FRANÇOIS
élaborer, à forger pour la circonstance), l’objet de la recherche se précise, MARTY
se modifie, se décale aussi, comme ce fut le cas pour l’objet “ violence de
l’adolescent” ou “violence à l’adolescence qui d’objet central est devenu
épiphénomène, paravent masquant le lien fondamental qui unit “ violence”
et “ adolescence”, mais permettant d’y acceder; l’objet de la recherche (
ou de la trouvaille?) devenant dès lors “ la violence de l’adolescence”. Le
cheminement de la recherche et ses avancées ont, à les requestionner, des
implications dans le domaine de la clinique et du traitement. Mais pas
seulement: ce qu’ils disent intéresse au- delà de la psychopathologie et de la
psychanalyse. Lorsqu’ils disent, par exemple, que la violence mortifère ou fé-
conde, naît de l’inter-humain et se construit dans les rapports inter.-humains,
ils intéressent aussi le champs du social et celui de la culture, entre autres.
La recherche a des prolongements hors du champs où elle s’origine.
La violence, sourtout quand elle est envisagée par rapport aux adolescents,
est d’abord répérée comme comportement avant d’être perçue pour ce
qu’elle est, que la recherche dévoile qu’elle est: un éprouvé, et une donnée
intrinsèque de la vie. Mais peut-il en être autrement? En effet, la violence
est toujours celle de l’autre et, à ce titre, ne renvoie que rarement, dans un
premier temps, à un resentí personnel. C’est parce qu’elle est appréhendée
comme une attitude, un comportement que la violence a fait surtout l’objet
de travaux de la part de sociologues, d’éducateurs, de pédagogues, avant
de devenir un objet de recherches psychanalytiques; elle ne le devint qu’à
partir du moment oú la psychanalyse s’est intéressée à l’adolescence, plus
particulièrement à la psychopathologie de l’adolescence, aux (ré) actions
violentes de certaines adolescents dits “ asociaux”, “ délinquants”, voire “
psychopathes”. Mais, ici encore, c’est d’abord l’action, les recours à l’agir
violents qui sont consideres.
Or, les recherches ont montré que les recours à l’agir est à la fois une dé-
fense contre l’angoisse et une voie potentielle d’élaboration de la pensée
par la mise hors de soi de objets destructeurs. D’un côte, dans la mesure où
l’acte semble prendre la place de la parole, on a été ténté de penser que le
recours à l’agir traduit une impossibilité de penser, de symboliser, l’agir étant
alors perçu comme opérant une sorte de trouée dans l’appareil psychique,
ne permettant pas d’élaboration-. Mais l’étude de la psychopathologie de
l’adolescence permet davantage de situer l’agir comme une tentative de
symbolisation ( Roussillon, 2000) qui, pour s’effectuer devrait passer par sa
réalisation, plutôt que par le refoulement. L’autre, objet de projection,
devient alors aussi objet involontaire d’étayage d’une subjectivité qui ne
s’intériorise pas, ou pas encore. D’un autre côté, l’adolescent violent peut
être compris comme quelqu’un qui recherche le plaisir d’essence narcissique
pour soustraire l’appareil psychique aux exigences du travail de liaison et de
représentation, parce que les effets de traumatismes- agir pour lutter contre
la menace de l’effondrement-.Tout en permettant au sujet de poursuivre, à
certain conditions, une vie de rélation. La violence à l’adolescence traduit
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LES ADOLESCENTS donc une détresse et une difficulté dans le processus de subjectivation; une
ET LAVIOLENCE difficulté dont le pasaje par l’acte constituerait une tentative de solution, une
recherche d’apaisement. S. Ferenczi (1915) évoque la miction comme moyen
d’apaisement chez le jeune enfant confronté à une angoisse massive. Selon lui,
la miction décharge efficacement l’affect de peur, parce que qu’elle“procure
à l’enfant un brusque bien être en rapport avec la soudaineté de sa frayeur”
Nous nous demandons si la miction ne représente pas également, comme la
défécation, évoquée par S.Freud pour l’enfant confronté à la scéne primitive,
un moyen qui met en jeu la motricité volontaire, permettant à l’enfant d’agir
pour dominer l’affect angoissant. Mais qu’est –ce qui, à l’adolescence, peut
faire ainsi difficulté, détresse, menace? L’adolescence elle –même.
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FRANÇOIS
met potentiellement l’équilibre narcissico/ objectal en danger, avec le risque MARTY
d’une réalisation des fantasmes oedipiens pubertaires. La reviviscence du
scénario oedipien infantile relu et réécrit à la lumière de la génitalisation
potentialise les risques de passage à l’acte, les risques de recours à l’agir qui
trouvent leur origine dans la puissance, voire la violence des remaniements
pubertaires.
L’action violente survient donc, à l’adolescence, en réaction à la menace
générée par l’affraction pubertaire, lorque le processus d’adolescence ne
peut névrotiser l’afflux d’excitations pubertaires. Si l’on peut parler de “
violence” par rapport aux adolescents, c’est fondamentalement, pour tout
adolescent, de la violence de l’adolescence dont il s’agit de parler. Pour le
reste, tout ou presque n’est que réactions violentes ou recours à l’acte agis
par des adolescents menacés par la violence de leur adolescence ou celle
de leur pairs.
Ce qui manque à l’adolescent, lorsqu’il agit ainsi par réactions violentes, c’est
la possibilité de mettre à l’oeuvre le travail du lien, ce travail psychique qui
tisse en permanence le fil du sentiment de continuité d’existence, depuis les
premiers temps de l’enfance- où l’on peut l’observer comme balbutiant dans
les alternances présence / absense et l’intériorisation, la symbolisation de la
presence et de l’absence ( notament de l’objet maternel)-, jusqu’à ce temps
de l’événemet pubertaire qui se joue fondamentalement dans un registre
de discontinuité et, pourtant, aussi, de continuité ( mais non de permanen-
ce). A l’adolescence, lorque le travail de lien est manquant, en souffrance,
l’activité représentative à l’oeuvre dans les fantasmes pubertaires étant non
contenue, et les éprouvés pubertaires demeurant ininterprétables, le
processus d’adolescence se met en panne dans sa fonction d’elaboration de
la “violence” pubertaire. Car le pubertaire fait violence , est violent d’une
violence qui lui est inherente comme la violence est, elle- même, inherente
à toute vie, à tout ce qui est vie et vivant. Le pubertaire fait violence par ce
qu’il apporte de nouveauté, d’abord insensée et menaçante, capable parfois
de provoquer un déséquilibre si grand, une rupture si forte dans la stabilité
de l’organisation de la vie psychique que le sujet lutte pour sa survie et y
réagit violemment. La violence ( agie) n’est pas le fruit d’un conflit, mais
une réaction instinctive de survie (pas une interiorización, mais plutôt une
extériorisation). Alors que le conflit se noue dans la reencontré de forces
antagonistes, la violence, elle, est l’expression d’une réponse face à une
menace vitale, repones visant à préserver l’intégralité narcissique d’un sujet
se sentant menacé, en détresse.
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LES ADOLESCENTS Dans certains cas, la détresse adolescente, l’état de détresse dans lequel peut
ET LAVIOLENCE se trouver un adolecent au moment d’affronter la violence de l’effraction
pubertaire, rappelle celui éprouvé dans l’enfance, notamment dans des
circonstances de déprivation. L’adolescent entrant en puberté se retrouve
confronté à l’absence de la mère qui, s’il a pu intérioriser sa fonction, lui
fait alors défaut. Cette détresse adolescente resurgie de l’enfance peut le
pousser à des conduites violentes pour trouver la réparations à ce qu’il
considère comme une injustice. Il cherche à prendre, par tous les moyens,
ce qu’il n’a pas reçu de sa mère et auquel il estime avoir droit.Il se considère
comme victime d’un préjudice dont il subit confusément les conséquences.
Cette détresse est un éprouvé indicible, innommable, qui ne s’adresse pas,
qui ne fait pas sens. Seule la réaction violente semble destinée à interpeller
l’autre, à l’appeller à exister.
Dans d’autres cas , lorsque des événements traumatiques vécus dans
l’enfance entrent en résonance avec l’effraction pubertaire, ils précipitent
alors l’adolescent dans des agirs violents.Dans ces cas, le pubertaire ré-
pète le traumatisme infantile et l’adolescence ne constitue pas un temps
d’élaboration de ce traumatisme que j’appellerai traumatisme par séduction.
Des carences précoces au niveau de processus de symbolisation ne permet-
tent pas de contenir ces excitations et donnent lieu à des agonies primitives,
à une détresse sans nom, impensable, avec des réactions d’empiétement
liées au défaut de l’environnement maternel ( Winnicott, 1974).Dans ce
cas, il s’agit d’un traumatisme par carence.C’est le cumul de ces deux types
de trraumatismes ( traumatismes cumulatif) qui peut conduire l’adolescent
à avoir recours à l’acte, envisagé alors comme un mode de traitement du
traumatisme et de l’angoisse qui lui est liée.
Parfois, l’examen de plusieurs crimes homicides commis par des adolescentes
( Goudal et all, 1998) l’a montré, la détresse ( et l’acte violent) vient révéler
les traces qu’avaient laisée en elles les violences subies pendant l’enfance.
D’autres fois, en fin, la détresse adolescente est celle d’adolescents inhibés,
plutôt passifs qui vivent avec la craine justement d’une passivation qui serait
trop confusionnante sur le plan de la distinction entre réalité / fantasme,
moi/ l’autre et qui, à un moment donné, dans un contexte de repli narcis-
sique, rendrait nécessaire un acte qui vienne trancher, différencier, appeller
l’autre à exister. D’où l’importance de la réponse de l’environnement, parce
que ce sont des adolescents qui risquent d’ètre encore plus en détresse si
l’environnement ne répond pas de façon adéquate à cette quête de reen-
contre et / ou de confrontation avec des adultes qui tiennent.
Les objet externes ont donc une importance de premier plan. Supports de
l’opération de quête de sens d’un vécu dépersonnalisant, ils sont aussi objets
de projection de la haine nécessaire à la constitution d’un espace de pensée
autonome. On ne s’étonnera donc pas qu’ils soient fortement sollicités et
souvent ébranlés dans ce double registre. La violence de l’adolescent les
visera d’autant plus que les espaces de pensée seront confondus.Cette
confusión a des conséquences dans la mesure où le vécu fantasmatique de
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FRANÇOIS
l’adolescent reencontré une sorte de réalité avec l’effondrement dépressif MARTY
des parent, leur état de détresse, ou leur contre-violence.Avoir pu expéri-
menter la colère parentale, la fonction de limite et de pare-excitations qu’elle
peut représenter, offre à l’enfant (et à l’adolescent) la meilleure chance de
pouvoir à son tour sa propre violence.
Ce qui frappe dans certains cas, c’est la détresse des parents face à la violence
de leur adolescent, c’est leur incapacité à résister à la destructivité et la me-
nace que sa violence faitpeser sur eux. Ils sont démunis, comme si ce genre de
situation leur était inconnue jusque-là, comme s’ils n’avaient pas la moindre
idée de la conduite à tenir, comme s’ils n’avaient aucune exp´érience en la
matière, comme s’il n’en avaient pas l’expérience intime, comme s’ils étaient
encore dans une sorte d’inachèvement de elur propre adolescence. Lorsque
les parents sont attaqués par leurs adolescents, s’ils sesentent menacés, ils
induisent le sentiment que ces attaques son irréparables, ce qui augmente
sensiblement la culpabilité inconsciente des adolescents. On observe ce
phénomène chez les parents battus - par exemple - qui ne peuvent contenir
la destructivité de leurs enfants et qui, par leur effondrement, l’encouragent.
Le masochisme parental masque l’impossibilité pour ces adultes à s’identifier
à une fonction parentale. la violence de l’adolescent exprime dans ce cas
celle que le parents n’ont pu manifester à l’égard de leurs propres parents.
Elle vise les grands-parents, comme si l’opération symbolique du meurtre
du père n’avait pas eu lieu à la génération précédente,comme si la violence
pubertaire des parents n’avait pu ni s’exprimer ni s’élaborer. La violence de
l’adolescent commémore en l’agissant, en la rendant manifeste, celle que les
parents n’ont pu vivre à l’égard de leurs propres parents.
La détresse adolescente n’est donc pas sans donner à penser l’état de dé-
tresse parentale, celui que vivent souvent les parents eux - mêmes, lorsqu’ils
sont confrontés à la violence agie de leur adolescent. Cette coïncidence des
incapacités des parents et des adolescents à s’aider soi - même et à aider
crée un effet de renforcement. De même que les détresses adolescente et
parentale inteeagissement l’une sur l’autre, la violence du “texte” pu-
bertaire, celle de l’effraction pubertaire proprement dite, et la violence du
“contexte” adolescent, celle qui est le fait de l’entourage, de l’environement
de l’adolescent, interagissent souvent l’une sur l’autre; ces violences, non
élaborées, se renforçant l’une sur l’autre, au risque d’augmenter leurs effets
destructerurs respectifs. Elles rendent nécessaire un travail thérapeutique
auprès des adolescents comme auprès des parents, travail qui sera centré
sur leur soutien narcissique respectif. Le soutien narcissique parental (Gu-
tton, 1990) constitue en effet le meilleur moyen pour aux adolescents de
lutter efficacement contre leur propre tendance à la destruction, contre
les projections paranoïaques. mais ce soutien narcissique parental inclue la
capacité des parents à offrir à leurs adolescents un support à leur agres-
sivité. C’est ainsi que le conflit avec les objets externes peut naître et
progressivements’intériorise, reprenant le chemin des voies d’élaboration
des conflits de l’enfance, puisant dans les nouvelles possibilités qu’offre le
conflit œdipien pubertaire.
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LES ADOLESCENTS La voie thérapeutique
ET LAVIOLENCE
La violence des pulsions, liée au processus pubertaire, nécessite un soutien
narcissique particulier qui concerne également les parents en proie à
l’angoisse, à leur sentiment d’ impuissance pour aider cet adolescent qui leur
échappe, quand ce nést pas à la colère qui les submerge. L’élargissement et
la souplesse du acdre thérapeutique peuvent prendre ainsi la signification
d’une aide élargie aux parents, condition parfois indispensable à la poursuite
d’une thérapie avec un adolescent, lorsque le transfer fait flamber la violence
interne du jeune, alimentant ses projections destructives à l’encontre des
objets parentaux.
Détruits et attaqués, les objets le seront tant qu’aucune voie ne se dégagera
pour reconstruire la zone des traumatismes primaires (traumatismes par
carence) masquée par des défenses de type narcissique qui se érigées ainsi
pour lutter contre les effets destructerurs de ces traumatismes. la voie de
cette reconstruction ne se dessine que lorsque cette zone peut être recon-
nue, et avec elle“les blessures produites par les impacts de ces traumatismes”
(Roussillon, 1996). Le temps initial du travail psychanalytique auprès de ces
adolescents“polytraumatisés” (si j’ose dire) est fait de cette reconnaissance;
temps initial après quoi le travail analytique (psychothérapie) peut, parfois,
se déployer autour de l’analyse des représentations de désir.
Lorsque la violence est d’origine traumatique, et à l’adolescence elle l’est,
son dépassement nécessite une mise en récit comme perspective de recosn-
truction subjetale. Le temps pour dire se substituant au temps de l’action,
la parole créant des liens associatifs qui reconstituent la trame sur laquelle
va pouvoir se reprendre une histoire.L’histoire de ce récit, objet du lien
transférentiel à l’analyste, devient le temps fort de cette reconstruction,
comme une hostoire de l’Histoire. Ainsi parler, parler de soi à un autre,
redonne la capacité d’éprouver, de retrouver les émotions parfois liées au
premier temps du traumatisme.
La diversité des modalités et la souplesse du cadre des prises en charge
d’adolescents sont une nécessité face au caractère aigu de certaines ma-
nifestations psychopathologiques de l’adolescence. Mais l’adaptation du
cadre à ce type de pathologie est liée aussi à l’interdepéndance des liens qui
unissent les membres d’une famille. Plus l’adolescent est coupé de la réalité,
plus il est relié à l’immaginaire familial. Habituellement, les aprents offrent
à l’enfant et à l’adolescent un ensemble de traits, plus ou moins organisés
qui sont à l’image de leur propre constructions œdipiennes. L’adolescent, à
la puberté, retrouve les épreuvés de l’enfance, actualisés et remaniés par la
transformations corporelles. Il puise dans ce fond d’expériences pour
trouver les nouvelles positions identificatoires (génitales) que suscitent en
lui les différents processus de l’adolescence. Il se réfère à cette toile de fond
de son histoire (pulsionnelle) personnelle el à cette de son histoire (identifi-
catoire) familiale. Ces références sont diversifiées parce qu’elle proviennent
des lignées maternalle el paternalle. L’enfant, puis l’adolescent les intègre
en fonction de ses besoins de repérage. Mais dans les pathologies où se
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FRANÇOIS
trouve impliquée l’agir violent, la clinique nous apprend que ce fond com- MARTY
mun auquel l’adolescent peut se référer est constitué d’éléments beaucoup
moins différenciés et beaucoup plus rigides. Lorsdque ces données ne lui
proviennent que d’une seule lignée, l’autre lignée étant déniée, ou lorsuqe
ces éléments servant au repérage de soi, habituellement contenus dans la
construction œdipienne, font défaut, ou encore lorsque la problématique
parentele est comme figée dans un état d’adolescence interminable., d’Œdipe
pubertaire indépassable, l’adolescent aura tendance à mettre en acte la
violence, la menace, la détresse qu’il ressent. En agressant ses parents, il
cherche à explorer une voie différente que celle que ceux-ci ont empruntée.
Il reprend, à sa façon, la question de la conflictualité psychique, question
insuffisamment élaborée par ses parents, espérant peut-être rencontrer
chez eux un soutien narcissique, signe de sa capacité à les affronter, ce que
ces aprents, en leur temps, n’avaient pas pu faire avec leur propre parents.
Ne recherche-t-il pas ainsi à les faire advenir, à les appeler à exister dans
leur fonctions parentales?
L’adolescent attend en effect de ses parents, ou de son thérapeute, ou encore
de tout adulte qui fait référence, qu’ils ne s’effondrent pas face à sa propre
violence. Car cette violence est autant l’expression d’une force nouvelle
que d’une menace qui attaque de l’intérieur.
CONCLUSIÓN
Toute recherche dit plus que ce qu’elle cherche. Si la violence se lit dans
des comportements et si elle s’observe essentiellement, mais pas seulement,
sur la scène sociale, son origine est pour une part liée à des processus intra
pyshiques et, s’agissant de la violence adolescente, à des éprouvés de menace
- difficiles à contenir et à élaborer - qui donnent lieu à des projections mas-
sives sur les objets externes. C’est là un aspect de notre analyse de la vio-
lence qui mérite d’être souligné dans la mesure où cette violence, d’essence
narcissique, cherche en quelque sorte un objet sur lequel se fixer.
Le paradoxe de la violence, c’est qu’elle naît dans le rapport inter humain
en même temps que la réaction violente se produit lorsque il y a un man-
que d’objet. la violence semble faire chuter l’autre, viser l’autre pour le
détruire; mais cette violence n’aurait-elle pas aussi pour fonction d’appeler
l’autre à exister, pour qu’il vienne en aide à un sujet se sentant menacé: un
manque d’autre qui appelle l’autre pour ne pas chuter soi-même, pour ne
pas s’effondrer?
Le <face à face> auquel se livrent beaucoup les jeunes dans les banlieus nous
donne une bonne illustration de cette violence. Les jeunes se retrouvent face
à d’autres jeunes, dans la haine nécessaire pour se différencier, s’apparenter,
s’affilier, se reconnaître dans une identité d’appartenance à un quartier, voire
à un territoire. L’autre est un ennemi nécessaire à ce travail d’identification.
Mais la rivalité entre les bandes est meurtrière parce qu’il n’y a rien entre,
pas (ou pas assez) d’adulte surtout, pas de figures suffisamment présente
dans leur tiercéité pour médiatiser la haine à sa transformation. La violence
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LES ADOLESCENTS n’est pas ici rivalité œdipinienne, mais violence en quête d’autre pour se
ET LAVIOLENCE construire. La violence est fondatrice de la subjectivité lorsqu’on renonce
à son effectuation. Si il s’agit autant aujourd’hui, c’est peut-être parce que
l’adulte et, avec lui, la société civile manquent à être des repères. L’adolescent
devient un analyseur de cette absence de confiance des adultes quant au
devenir de la jeneusse. Une analyseur de leur détresse?
BIBLIOGRAPHIE
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