Sus à la paperasse ! En novembre 2021, une résolution adoptée par l’Assemblée nationale poussait l’exécutif à agir contre « l’épuisement administratif » des Français. Services publics opaques, déshumanisés, délais interminables pour obtenir des cartes d’identité, non-recours aux droits… 1 Français sur 5 estime avoir du mal à accomplir ses démarches ; les usagers sont au bord du burn-out, écrivent les députés. Cette souffrance est également vécue de l’autre côté du guichet. Les « petits élus » et les fonctionnaires de terrain s’arrachent les cheveux, eux aussi, devant les pointilleries de l’administration française. L’Express a interrogé des infirmiers, des membres des forces de l’ordre, et des maires de communes rurales. Trois maillons essentiels de la société, dont le constat est similaire : l’accumulation des tâches administratives pourrit leur quotidien.
Ce constat très français a inspiré les grands auteurs. En 1838, Honoré de Balzac raconte le destin de Xavier Rabourdin, chef d’un bureau de ministère, dans son roman . Pour accéder au poste de chef de division, le fonctionnaire s’imagine piloter une vaste réforme administrative. La simplification, déjà ! « Il se faisait en France un million de rapports écrits par année ; aussi la bureaucratie régnait-elle ! Les dossiers, les cartons, les paperasses à l’appui des pièces sans lesquelles la France serait perdue, la circulaire sans laquelle elle n’irait pas, fleurissaient.