La Cathédrale de Lectoure
Par Pierre Léoutre
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À propos de ce livre électronique
Lors de mes discussions, j’ai déjà pu remarquer la grande tolérance des citoyens lectourois, un éclectisme total des sentiments qui sait se retrouver dans un creuset rassembleur. C’est la raison principale pour laquelle j’ai eu envie de cette réédition augmentée du livre de Joseph Camoreyt sur « la cathédrale et le clocher-donjon de Lectoure », outre le plaisir esthétique à visiter un livre à la main cet édifice somptueux et pourtant sobre, qui offre à son visiteur une sérénité agréable et apaisante. Chacun est libre d’y trouver – et d’y apporter – ce qu’il peut et ce qu’il souhaite, l’essentiel étant dans ces pierres blanches assemblées qui ont su construire un lieu sacralisé et pourtant parfaitement humain.
Pierre Léoutre
Pierre Léoutre
"Improvisations littéraires" : telle est la démarche de cet auteur du sud de la France, qui abordent des thèmes variés, tels des improvisations musicales. Un cheminement intellectuel littéraire et musical original et sincère et un engagement culturel puissant. Auteur de plusieurs articles et livres d'histoire régionale (Gers, Haute-Garonne), cet amoureux de la Corse, de la ville rose et de la Gascogne est aussi romancier. Il a publié une trentaine de livres, dont plusieurs ouvrages dans les maisons d'édition Les 2 Encres puis après la faillite de cette dernière, il a choisi l'autoédition avec Books On Demand : un premier roman, Amoureux d'Elles en 2000, un roman d'anticipation, Les Gardiennes de l'Humanité en 2003, puis trois ouvrages dans la collection mémoire d'encre : Lavoirs, puits, sources, fontaines, les monuments hydriques en Gascogne gersoise, en collaboration avec Maryse Turbé, en 2001, Notes de passage, Notes de partage en 2003, qui retrace la vie de la Salle Nougaro de Toulouse, en collaboration avec Gil Pressnitzer, et en 2005 Chants du peuple juif, célébrant la permanence de l'histoire de ce peuple. La collection encres nomades a été créée aux 2 Encres à l'occasion de la publication de L'angoisse du sniper, tireur invisible, publié en 2006 pour accueillir une forme d'écriture, très belle, alliant rêve et réalité. Lectoure, eluctari confirme l'originalité de sa plume. Pierre Léoutre s'est ensuite saisi avec jubilation du scénario de Draconis, ouvrage écrit en 2008 avec Christian Baciotti, pour entraîner sa plume vive dans les territoires de l'étrange. Il a publié plusieurs autres polars, comme Trafic à Toulouse ou Mysterium Eliumberrum, roman à clef des champs mais ses livres s'intéressent également à la poésie, la musique, l'histoire, le roman, la bande dessinée, etc. Il a terminé un ouvrage sur l'histoire de la ville de Fleurance et des romans policiers intitulés La diagonale de la peur, Sectographie et Myriam. Il travaille actuellement sur une bande dessinée consacrée à l'histoire de la communauté juive de Toulouse. Il est Président de l'association culturelle lectouroise "Le 122" qui organise en octobre 2020 le Festival Bizarre à Lectoure (www.facebook.com/festivalbizarrelectoure), le samedi 27 juin 2020 à Fleurance la dixième édition du Festival Polars et histoires de police (www.facebook.com/salondupolarethistoiresdepolice) mais aussi de nombreuses activités culturelles à Lectoure.
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Aperçu du livre
La Cathédrale de Lectoure - Pierre Léoutre
La cathédrale de Lectoure
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est formellement interdite sans l’accord de l’auteur.
Tous droits réservés pour tous pays.
Dépôt légal : mai 2013
Pierre Léoutre
Books on Demand
Table des matières
- Préface de la section lectouroise de la Société Archéologique, Historique, Littéraire et Scientifique du Gers
- Préface du Président de la Société Archéologique, Historique, Littéraire et Scientifique du Gers, Georges Courtès
- Avant-propos
- Première partie : LA CATHÉDRALE
CHAPITRE Ier
– Topographie ;
- Constructions primitives ;
- Le Temple Saint Thomas ;
- La Cathédrale du Xe et XIe siècles
CHAPITRE II
- L'Église romano-byzantine du XIe ou XIIe siècle ;
- La Cathédrale de Monlezun du XIIIe siècle
CHAPITRE III
- La Cathédrale Saint-Gervais aux XVe et XVIe siècles
CHAPITRE IV
- La Cathédrale actuelle : style ;
- Façade ;
- Nef ;
- Chœur ;
- Crypte ;
- Déambulatoire ;
- Chevet
CHAPITRE V
- La Cathédrale pendant la Révolution de 1789
CHAPITRE VI
- Les Chapelles
CHAPITRE VII
- Les Vitraux et les Stalles
CHAPITRE VIII
- Mobilier liturgique et Sacristie Maître-Autel ;
- Table de Communion ;
- La Chaire ;
- Le Chemin de Croix ;
- Crédence des Fonts baptismaux ;
- Orgues et organistes ;
- Cloches ;
- Ornements liturgiques ;
- Monuments et Objets classés ;
- Sacristie
CHAPITRE IX
- Culte de saint Clair, de saint Gervais, de Saint-Gény;
- Reliques de saint Bertrand de Comminges
Deuxième partie
LE CLOCHER-DONJON DE LECTOURE
CHAPITRE I
- Topographie ;
- L'Ancien et le Nouveau ;
- Sa réputation ;
- L'Architecte
CHAPITRE II
- L'Extérieur
CHAPITRE III
- L'Intérieur
CHAPITRE IV
- La Flèche
CHAPITRE V
- Les Réparations
Table des Gravures
- NOTICE SUR LE CLOCHER DE LECTOURE par Eugène Camoreyt
Bibliographie
Photographies contemporaines de Max et Louis Berthomieu-Lamer et de Pierre Léoutre (+ photographie de couverture : Hario Masarotti ; p. →, p. → et p. → : Godeliève Lust ; p. → : Emmanuelle Locret) ; relecture et mise en page par Jean Lust, Jean-Marie Béraud et Pierre Léoutre.
La section lectouroise de la société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers a pensé qu'il serait utile d'avoir un livre relativement complet, même daté, sur la cathédrale et le clocher donjon de Lectoure. D'où l'idée de rééditer l'ouvrage de Joseph Camoreyt (1942, Cocharaux, Auch) et la notice d'Eugène Camoreyt (1899).
Ce livre comprend des photographies inédites et quelques ajouts mineurs par rapport aux éditions originales, et qui tiennent compte des modifications intervenues (vol de tableaux dans les chapelles nord, mise en place d'un gisant en cuir, etc.).
La section lectouroise de la Société archéologique du Gers, Lectoure, avril 2013.
Préface
La cathédrale Saint Gervais et Saint Protais de Lectoure a trouvé en Joseph Camoreyt son premier historien. Né à Lectoure, curé de Loubédat près de Riscle, ses recherches sérieuses sur divers monuments religieux lui ont permis de publier dans les revues savantes gasconnes de l’entre-deux-guerres. Tout à fait normal qu’il se soit intéressé à l’église de son enfance et, qu’après parution dans le Bulletin de la Société Archéologique du Gers, il ait fait imprimer le texte, cette fois-ci agrémenté de photos et de dessins, pour ses compatriotes lectourois.
Mais publié durant la guerre, en 1943, sur du papier de mauvaise qualité et en petit nombre, le texte et les photos n’étaient guère attrayants ; le fonds reste néanmoins acceptable avec les connaissances de l’époque. La recherche a depuis évolué, et pour compléter l’information, nous renvoyons les curieux vers la thèse de Pierre Bonnard, les articles d’André Lagarde ou de Georges Courtès et la lecture d’un opuscule en 1988 lors des fêtes du bimillénaire de la Cathédrale.
Il ressort que l’édifice (comme beaucoup d’autres) n’a été terminé dans sa totalité que tardivement. Au XVIIIe siècle, il manquait toujours une voûte, les baies et fenêtres étaient murées… mais le clocher était surmonté d’une flèche ! Le mythe des églises achevées comme nous les voyons aujourd’hui, doit être révisé ; les chantiers durent des siècles, avec transformations, destructions plus ou moins partielles, reprises des travaux… chaque époque y apportant sa touche plus ou moins heureuse. Le XIX° a figé une fois pour toutes nos édifices.
L’opuscule de Joseph Camoreyt est épuisé depuis longtemps. Il faut remercier Pierre Léoutre et Jean-Marie Béraud d’avoir pris l’initiative de cette réédition, avec quelques compléments et les belles photos de Louis et Max Berthomieu-Lamer ; la Société Archéologique du Gers apporte volontiers son patronage.
Georges Courtès,
Président de la Société Archéologique, Historique, Littéraire et Scientifique du Gers
Joseph Camoreyt est né à Lectoure en 1879. Ses parents, agriculteurs de profession, résidaient rue Marès. Destiné à la prêtrise, il est élève au séminaire d’Auch ; ordonné en 1903, après 2 ans de vicariat il est nommé curé de Loubédat où il restera 37 ans. Ses paroissiens lui laissant quelques temps libres, il publie plusieurs études sur des édifices religieux du Gers et même s’intéresse à ceux de Lourdes. À la soixantaine, ses forces déclinant, il abandonne sans l’autorisation son poste, ce que critique l’archevêque, et retourne à Lectoure ; désireux de récupérer la maison familiale, occupée par un locataire, il déploie une telle énergie qu’il ameute le politique, n’hésitant pas à écrire au garde des Sceaux, Barthélemy, à donner des ordres au préfet… Finalement, en mars 1943, le locataire encadré de deux gendarmes quitte les lieux ; trois mois plus tard, Joseph Camoreyt décède à l’âge de 64 ans. Il est enterré au cimetière Saint Gervais.
I
Joseph CAMOREYT
LA CATHÉDRALE
ET
LE CLOCHER-DONJON
DE
LECTOURE
AUCH
IMPRIMERIE F.COCHARAUX
18, RUE D LORRAINE, 18
1942
Ouvrages du même Auteur
Église Sainte Marie du Bédat (Gers) épuisé.
L'église et la Tour - Clocher de Sion (Gers). Franco 4 F.
L'église Romane de Nogaro (XIe siècle) in-8° illustré, papier couché, 120 pages, franco 12 F.
Histoire du Château Fort de Lourdes, franco 6 F.
Histoire des trois belles Églises de Lourdes, ouvrage couronné par la Société Archéologique du Midi de la France, in-8°, abondante illustration, Franco 25 F - 213 pages.
S'adresser à l'auteur :
J. CAMOREYT,
Curé de Loubédat, par Riscle (Gers)
C. C. 88.84 Toulouse
AVANT-PROPOS
La cathédrale Saint-Gervais de Lectoure et le Clocher donjon, son compagnon fidèle, ont subi un destin différent, mais combien tragique, au cours de leur longue histoire. La première, plusieurs fois détruite, s'est toujours relevée de ses ruines ; le second, démoli seulement par l'armée implacable de Louis XI, est sorti plus beau et plus puissant de cette épreuve barbare.
C'est le premier récit qui paraît de leurs tribulations respectives. Si nous en exceptons la notice sur le clocher de notre homonyme et savant compatriote, Eugène Camoreyt, ancien professeur au collège de Lectoure, et quelques notes éparses dans diverses publications, aucune histoire complète de ces deux monuments n'a jamais vu le jour. Nous avons tâché de suppléer à cette regrettable lacune. Nous n'ignorons pas les difficultés énormes que soulève cette audacieuse entreprise. Quelques problèmes restés jusqu'à ce jour douteux ou insolubles seront éclaircis à la lumière décisive des documents ; pour les autres, le public admettra volontiers la franchise de notre humble avis qui sauvegarde dans ses justes réserves la liberté d'opinion de chacun. Dans des travaux semblables, il est difficile de satisfaire à la fois l'érudit et le profane. Nous avons tenté néanmoins cette périlleuse gageure ; aux savants, sont destinées la technique et les vieilles chartes ; au grand public, tout ce qui parle à sa légitime curiosité et à son amour sacré des vieilles cathédrales, car en leur présence comme l'écrivait Montaigne, « il n'est d'âme si revêche qui ne se sente touchée ».
CHAPITRE PREMIER
Topographie - Constructions primitives - Le temple Saint Thomas
La Cathédrale des Xe et XIe siècles
Bâtie sur un plateau rocheux, au cœur d'une Cité plusieurs fois millénaire, toute pleine de souvenirs palpitants de ses comtes d'Armagnac, la Cathédrale Saint-Gervais par son vaisseau immense, par ses contreforts géants à l'allure guerrière, par la majesté dominatrice de son clocher-donjon, est troublante, excite au plus haut point la curiosité et commande le respect.
La belle chanson des vieilles pierres, c'est surtout à Lectoure qu'on l'entend chanter cette ensorceleuse cantilène dans la mélancolique symphonie de ses remparts branlants et des murailles effritées et dolentes de son vieux clocher et de son antique cathédrale.
De la construction primitive de la première église tout a disparu ; les ruines elles-mêmes ont péri… Les origines en sont si lointaines qu'il faut remonter aux premiers siècles du christianisme. Auch, Eauze, Lectoure ont reçu les lumières de la foi avant les autres villes de la Novempopulanie ; d'après Mgr Duchesne, la première date bien assurée pour l'Aquitaine serait 314. - C.F. Fastes Épiscopaux de l'ancienne Gaule - T. II, p. →.
Heutère est le premier évêque connu de cette ville ; c'est lui qui, avec l'aide de son clergé, ensevelit saint Gény, martyrisé à Lectoure, sous le règne de Dioclétien, au plus tard au commencement du IVe siècle.
Sur un registre manuscrit, conservé autrefois à l'archevêché d'Auch ; passé ensuite entre les mains de Mgr Cézérac, portant en suscription Évêché de Lectoure et rédigé par ordre de Mgr Narbonne-Pelet, évêque de Lectoure au XVIIIe siècle, nous avons lu à l'archevêché d'Albi que son évêché serait un des plus anciens de France.
Il appuie son affirmation sur les recherches personnelles qu'il a effectuées et il déplore en même temps les malheurs des guerres des Anglais et des guerres de religion, durant lesquelles la plupart des chartes de son évêché ont été détruites. Quoi qu’il en soit, on peut fixer l'épiscopat de l'un de ses premiers devanciers, Vigile, avec certitude, puisqu'il assiste au concile d'Agde en 506.
Quelle église servit de cathédrale dans les commencements ? Nous l'ignorons. Peut-être le temple de Saint Thomas qui, suivant Chaudruc de Crazannes, était, dans les temps lointains, une des deux paroisses de la ville - cf. Mémoires de la Société arch. du Midi de la France - T. 11. Années 1834-1835.
Duchoul, dans son ouvrage, La Religion des Gaulois (1556), écrit que ce temple fut consacré à Saint Thomas, puis ruiné. Casassoles, dans son Histoire de la ville de Lectoure, en parle également « gisement de pierres tauroboliques à côté d'un ancien temple dont les vestiges sont remarquables et qui se trouvait sur la hauteur. » Grüter, dans ses Inscriptiones antiquaetotius orbis Romani, le mentionne à son tour.
La porte Saint Thomas, à l'entrée du faubourg Saint-Gervais ou bien de la ville de Lectoure, l'officialité du même nom dans le voisinage, le fort Saint Thomas, situé à l'est de la ville, sur l'emplacement qui devint plus tard l'Orangerie de l'évêché, actuellement représenté par le jardin et la maison Massenet, les nombreuses inscriptions votives des Lactorates à Marc Aurèle, à Gordien Ill, à Tranquillina et à la famille impériale qu'on a recueillies près de ce monument vers 1540, nous prouvent l'importance de ce temple qui fut consacré à Saint Thomas, en même temps que son emplacement au centre de la communauté chrétienne. C'est en creusant les fondations du nouveau chœur qu'on a trouvé