L'art est un mirage
Par Dominique Bailon
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À propos de ce livre électronique
Dominique Bailon
Dominique Bailon est né à Chambéry. Après une carrière professionnelle dans l‘administration, il redécouvre une de ses passions de jeunesse : l‘écriture. Au fil du temps les rêves se perdent souvent dans la mémoire mais s‘ils sont vraiment chevillés au corps ils resurgissent un jour ou l‘autre. C‘est pour cette raison qu‘il publie son premier livre.
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Aperçu du livre
L'art est un mirage - Dominique Bailon
Avant-propos
Nicolas. Voici le prénom du héros que vous retrouverez dans chacune des nouvelles de ce recueil. Nicolas est un jeune artiste-peintre qui pratique son art en toute liberté. Vous découvrirez au fil des différents récits les personnages qui appartiennent à son univers comme sa sœur Marion et ses amis Pascal et Michel. D’autres encore apporteront leur part de rêve. Parmi eux Eugénie qui inspirera sans aucun doute Nicolas dans sa force créatrice. Elle apparaitra et disparaîtra tout aussi vite. Reviendra-t-elle ?
« L’art est un mirage » n’est cependant ni un roman et ni non plus un feuilleton. Les histoires s’y succèdent les unes après les autres et peuvent se lire indépendamment. Pourtant le mieux sera de suivre leur ordre, vous retrouverez ainsi la chronologie de l’écriture et les relations entre les personnages prendront plus d’intensité... notamment entre Nicolas et Eugénie.
J’espère que vous laisserez entraîner dans l’univers de Nicolas qui n’est pas tout à fait un artiste comme les autres.
En vous souhaitant une bonne lecture.
Dominique BAILON
Table des matières
L’art est un mirage
Naissance d’une amitié
William Wilbrigs
Faustine
Edward Hopper Junior
Le portrait de Géraldine
Rendez-vous à Rochebrune
L’art est un mirage
Nicolas venait de signer. Avant de laisser sa signature en bas à droite il avait pris le recul indispensable, peut-être deux ou trois mètres. Il était resté longtemps assis à califourchon sur une chaise, ses coudes sur le dossier et son menton reposant sur ses paumes. Ses pieds posés eux à même le sol pour rester bien ancré à la réalité. Finalement la décision était devenue une évidence et il n’hésitait plus. Durant tout ce temps il avait analysé, presque inspecté le travail achevé avec l’œil d’un professionnel avisé. Il recherchait avec la concentration la plus forte si les émotions qu’il avait voulu transmettre étaient bien vivantes là devant lui. Et puis il essuya son pinceau avec un chiffon et le déposa dans un pot.
Il avait environ vingt-cinq ans. Il habitait au dernier étage d’un immeuble simple mais agréable. La grande terrasse de l’appartement offrait une belle vue sur les hauteurs qui bordaient en partie Châtel, la ville de son enfance. Après ses études il était revenu vivre et travailler dans cette petite cité entre lacs et montagnes.
Sur cette terrasse donnaient les grandes baies vitrées d’un salon auquel il lui avait attribué une fonction originale. Ici ni de téléviseur, ni de table, ni de quelconque meuble qui prêteraient à croire à la classique pièce de vie. Dans son « atelier », ainsi le présentait-il, se dégageait une atmosphère originale. Sur des rayonnages se dressaient de nombreux livres déposés en toute anarchie. La passion de la lecture l’accompagnait depuis toujours. Il lisait soit sur l’un des deux fauteuils en rotin aux coussins douillets soit, si le soleil brillait, allongé sur le transat de la terrasse. Sa seconde, encore plus grande et plus prenante passion, celle qui mêlait le dessin et la peinture rencontrait là, pour son plus grand bonheur, le lieu indispensable à son expression. Cet « atelier» similaire à celui d’un artiste confirmé dévoilait sa personnalité. Devant la fenêtre se dressait un chevalet éclairé juste comme il le faut par la lumière des baies vitrées. A côté, sur quelques étagères, on voyait des pinceaux de toutes sortes, des couteaux à peindre, des tubes d’acrylique ou d’huile, des médiums... ou encore des carnets à dessins, des crayons, des pastels, des esquisses... Les toiles de l’artiste reposaient contre le mur. Ce terme qu’il ne revendiquait pas le définissait pourtant au mieux. Il les laissait là dans une négligence apparente. Cependant il les manipulait avec une précaution infinie car ses peintures représentaient son véritable trésor. Peindre s’était peu à peu imposé depuis déjà quelques années comme une évidence, sa seconde nature qui remplissait sa vie et lui donnait son sens.
*****
Il devait avoir dix ans quand, en compagnie de sa mère, un après-midi de septembre il se rendit au forum annuel qui regroupait les associations et les diverses activités proposées par les services de la Mairie de Châtel. L’enfant s’arrêta auprès d’un des stands attiré par des dessins exposés sur des tableaux d’écoliers. Certains montraient des couleurs vives et d’autres plus douces. Sur un bandeau il lut « A.M.A.J : Association Municipale des Arts pour la Jeunesse ». Un homme aux yeux rieurs lui adressa la parole avec un sourire sympathique.
— Alors ça te plait ?
— Oui monsieur.
— Le monsieur c’est Michel. Devine qui a fait ça ?
— Je ne sais pas.
L’homme se mit à rire gentiment.
« Des garçons et filles de ton âge qui viennent à l’atelier dont je m’occupe. C’est génial, non ? »
Nicolas devint rêveur. Sa mère qui se tenait un peu en retrait parcourait le flyer de l’A.M.A.J. Elle ne voulait pas influencer son fils et se contentait de l’observer d’un air amusé.
« Viens essayer l’atelier. Les cours recommencent la semaine prochaine, je suis sûr que tu vas aimer. »
Une rencontre crée souvent le déclic nécessaire qui conduit à faire un choix. Michel l’incarnait. Sa sincérité et son côté humain en étaient la raison. Nicolas adhéra à deux ateliers animés par Michel. Il apprit les bases du dessin, de la peinture et aussi du modelage avec d’autres enfants de son âge. Dans l’après-midi comme le soir dans sa chambre, sur son bureau d’écolier, il peignait à la gouache ou dessinait aux crayons de couleur.
— Tu t’es découvert une passion. Sa mère lui souriait en venant le chercher pour le diner.
— Oui et Michel et super sympa !
Chaque jour davantage la peinture prenait une place grandissante dans sa vie d’enfant. Devenu adolescent il fréquentait toujours l’A.M.A.J. Il participait aux expositions des élèves en mettant tout son cœur à la préparation de ses travaux. La chambre de Nicolas devint rapidement un petit atelier d’artiste, avec comme il se doit son chevalet. Son professeur, se transforma, au cours du temps, d’une façon toute naturelle, en un mentor. Il avait décelé la motivation et révélé le talent qui habitait son élève dès les premiers cours.
Michel lui proposa, alors qu’il venait de rentrer en classe de terminale, de participer avec lui à une exposition dans une galerie d’art associative. Sur le thème de l’art urbain elle lui permit d’exposer quatre de ses premières vraies toiles. Il s’agissait de portraits de personnages saisis sur le vif dans les rues de villes réelles ou imaginaires. Ses tableaux plurent aux visiteurs et les encouragements ne manquaient pas. Sa mère se montra fière mais son père bien moins enthousiaste. Il se posait la question de l‘avenir professionnel de son fils. En juin le jeune homme réussissait le baccalauréat. Une question délicate se posa : Quelle orientation suivre en automne? Une discussion familiale animée marqua les premiers jours de juillet. Si le nouveau bachelier espérait se préparer pour les Beaux-Arts son père s’opposa farouchement à cette idée. En effet, à la direction d’une entreprise familiale de presque cinquante personnes, il voulait voir son fils travailler auprès de lui et lui succéder. Marion, sa fille ainée, étudiait la médecine. Il l’avait laissé suivre cette voix ; maintenant avec son dernier enfant le voilà au pied du mur. Au terme de la discussion Nicolas se rangea à la demande paternelle. Il décida de s’inscrire dans une formation de quatre ans qui lui permettrait ensuite de rejoindre l’entreprise familiale. Il expliqua sa décision à Michel qui compréhensif, le recommanda auprès d’un artiste dont l’atelier se situait à Aix-En-Provence, là où les études se dérouleraient. Le futur étudiant progresserait assurément grâce aux conseils avisé d’un artiste professionnel. Un avantage apparut immédiatement dans son esprit : il pourrait peindre sans contrainte et sans éprouver la nécessité de vendre ses peintures en courant les galeristes ou en espérant que d’éventuels acheteurs ne frappent à sa porte. Grâce à