Zones blanches: Le Duigou et Bozzi - Tome 27
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À propos de ce livre électronique
Un ingénieur en télécommunication est assassiné au cours de son jogging sur le sentier de la Côte de granit rose de Ploumanac’h. Il travaillait dans la téléphonie mobile à haut débit. Se dirige-t-on vers un piratage industriel à Lannion, berceau de cette technique de pointe ?
Un second meurtre, celui d’un professeur de l’enseignement supérieur, va faire planer le mystère.
Les pistes changent subitement d’orientation. Le disque dur des ordinateurs des deux victimes révèlent des trafics frauduleux via le Darknet, réseaux Internet privés...
Les affaires se compliquent pour le capitaine François Le Duigou et le lieutenant Phil Bozzi qui vont sillonner le Trégor : Lannion, Perros-Guirrec, Tréguier, Paimpol...
Les pistes s’entrecroisent quand survient un troisième meurtre, celui d’un ambulancier, a priori sans lien avec les deux autres.
Sans lien ? C’est ce que s’efforceront de découvrir nos deux officiers de police judiciaire...
Un roman intrigant et percutant sur les criminels évoluant grâce à un réseau internet obscur et difficilement accessible.
EXTRAIT
Cette fois, le capitaine François Le Duigou et le lieutenant Phil Bozzi étaient fixés sur leur sort… Leur entrevue avec la direction régionale de la police judiciaire à Rennes n’avait offert aucune place à la discussion.
Leur tête bourdonnait encore de l’avalanche d’informations qui venait de leur être servie.
Fidèle à son habitude, le directeur était parti de loin, leur rappelant que, depuis quelques années déjà, l’interpénétration de la police et de la gendarmerie était devenue banale… On pouvait dire que la révolution culturelle dans le paysage administratif français avait commencé par la circulaire interministérielle du 22 mai 2002, avec la création des GIR. On venait d’inventer une structure horizontale et partenariale en faisant travailler ensemble des corps différents pour lutter contre l’économie souterraine et les diverses formes de délinquance organisée qui l’accompagnent.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Né à Kernével en 1950 , Firmin Le Bourhis vit et écrit à Concarneau en Bretagne. Après une carrière de cadre supérieur de banque, ce passionné de lecture et d’écriture s’est fait connaître en 2000 par un premier ouvrage intitulé Quel jour sommes-nous ?, suivi d’un second, Rendez-vous à Pristina, publié dans le cadre d’une action humanitaire au profit des réfugiés du Kosovo.
Connu et reconnu bien au-delà des frontières bretonnes, Firmin Le Bourhis est aujourd’hui l’un des auteurs de romans policiers bretons les plus appréciés, avec vingt-huit enquêtes déjà publiées. Il est également l’auteur d’essais sur des thèmes médicaux et humanitaires.
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Le Duigou et Bozzi
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Aperçu du livre
Zones blanches - Firmin Le Bourhis
DU MÊME AUTEUR
Aux éditions Chiron
- Quel jour sommes-nous ? La maladie d’Alzheimer jour après jour
- Rendez-vous à Pristina - récit de l’intervention humanitaire
Aux éditions du Palémon
n° 1 - La Neige venait de l’Ouest
n° 2 - Les disparues de Quimperlé
n° 3 - La Belle Scaëroise
n° 4 - Étape à Plouay
n° 5 - Lanterne rouge à Châteauneuf-du-Faou
n° 6 - Coup de tabac à Morlaix
n° 7 - Échec et tag à Clohars-Carnoët
n° 8 - Peinture brûlante à Pontivy
n° 9 - En rade à Brest
n° 10 - Drôle de chantier à Saint-Nazaire
n° 11 - Poitiers, l’affaire du Parc
n° 12 - Embrouilles briochines
n° 13 - La demoiselle du Guilvinec
n° 14 - Jeu de quilles en pays guérandais
n° 15 - Concarneau, affaire classée
n° 16 - Faute de carre à Vannes
n° 17 - Gros gnons à Roscoff
n° 18 - Maldonne à Redon
n° 19 - Saint ou Démon à Saint-Brévin-les-Pins
n° 20 - Rennes au galop
n° 21 - Ça se Corse à Lorient
n° 22 - Hors circuit à Châteaulin
n° 23 - Sans Broderie ni Dentelle
n° 24 - Faites vos jeux
n° 25 - Enfumages
n° 26 - Corsaires de l’Est
n° 27 - Zones blanches
n° 28 - Ils sont inattaquables
n° 29 - Dernier Vol Sarlat-Dinan
n° 30 - Hangar 21
n° 31 - L'inconnue de l'archipel
n° 32 - Le retour du Chouan
n° 33 - Le gréement de Camaret
Menaces - Tome 1 - Attaques sur la capitale
Menaces - Tome 2 - Tel le Phénix
Menaces - Tome 3 - Pas de paradis pour les lanceurs d'alerte
CE LIVRE EST UN ROMAN
Toute ressemblance avec des personnes, des noms propres,
des lieux privés, des noms de firmes, des situations existant
ou ayant existé, ne saurait être que le fait du hasard.
Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’Exploitation du droit de Copie (CFC) - 20, rue des Grands Augustins - 75 006 PARIS - Tél. 01 44 07 47 70/Fax : 01 46 34 67 19 - © 2015 - Éditions du Palémon.
NOTE DE L’AUTEUR
Comme pour chaque enquête, le texte intègre différents ingrédients que j’ai rassemblés ici, la majorité des personnages de cette histoire ayant existé, dit et fait ce que j’ai relaté. Souvent la réalité dépasse la fiction, et je laisse aux lecteurs le soin de deviner ce qui relève de ma seule imagination…
REMERCIEMENTS
À mon ami Pascal Vacher, Commandant de police honoraire de la police judiciaire.
Au commandant de police François Lange, État major, Direction départementale de la sécurité publique du Finistère à Quimper.
Au docteur Aurélie Fontaine, médecin légiste à Quimper.
Au commandant Jean-Marie Piprot, Chef de la circonscription de police de Lannion.
À l’équipe de l’Office de Tourisme de Lannion, en particulier à Carole Boëtti, guide, pour sa documentation.
Pour l’accueil qui m’a été réservé également aux Offices de Tourisme de Perros-Guirec, de Tréguier et de Paimpol.
Je remercie aussi vivement ma complice dans la vie et critique la plus sévère.
Comme pour chacun de mes ouvrages, il m’est évidemment impossible de citer tous ceux que j’ai approchés à un moment ou à un autre qui m’ont apporté leur contribution à divers titres et qui se reconnaîtront… Mes remerciements s’adressent à eux aussi.
Il n’y a pas de fatalité extérieure, mais il y a une fatalité intérieure.
Vient une minute où l’on découvre ses fautes, où l’on se découvre vulnérable.
Alors les fautes vous attirent comme un vertige.
Vol de nuit. Antoine de Saint-Exupéry
La raison, c’est la folie du plus fort.
La raison du plus fort, c’est de la folie.
Journal en miettes. Eugène Ionesco
I
Lundi 30 mars.
Cette fois, le capitaine François Le Duigou et le lieutenant Phil Bozzi étaient fixés sur leur sort… Leur entrevue avec la direction régionale de la police judiciaire à Rennes n’avait offert aucune place à la discussion.
Leur tête bourdonnait encore de l’avalanche d’informations qui venait de leur être servie.
Fidèle à son habitude, le directeur était parti de loin, leur rappelant que, depuis quelques années déjà, l’interpénétration de la police et de la gendarmerie était devenue banale… On pouvait dire que la révolution culturelle dans le paysage administratif français avait commencé par la circulaire interministérielle du 22 mai 2002, avec la création des GIR¹. On venait d’inventer une structure horizontale et partenariale en faisant travailler ensemble des corps différents pour lutter contre l’économie souterraine et les diverses formes de délinquance organisée qui l’accompagnent.
Depuis le 12 mai 2014, la DGSI² se substituait à la DCRI³, née en 2008 de la fusion de la DST⁴ et des RG⁵, et passait de la tutelle de la police nationale à celle du ministère de l’Intérieur…
— Nous avons pu apprécier l’efficacité de cette nouvelle organisation que nous avons vue à l’œuvre lors des attentats contre Charlie Hebdo en janvier dernier, leur avait précisé le directeur ; ainsi, en cas de risque élevé, avait-il poursuivi, il est plus facile de mobiliser immédiatement des groupes d’intervention différents.
Depuis, toutes les cartes avaient été rebattues une nouvelle fois et les régions mettaient en place des équipes volantes qui conservaient leur lieu d’affectation mais pouvaient être mobilisées provisoirement dans telle ou telle ville selon les besoins et les décisions du directeur régional…
Pour la Bretagne, François et Phil étaient tout désignés pour être l’un des premiers binômes de cette nouvelle organisation.
Le directeur leur avait d’ailleurs glissé :
— Sans le savoir, c’est ce que nous avions commencé à mettre en place avec vous deux depuis quelques années, d’une façon totalement informelle, et il faut le reconnaître… avec succès !
— Peut-être, mais concrètement, comment cela va-t-il se passer pour nous ? avaient-ils demandé.
— Vous bénéficierez d’indemnités contractuelles conséquentes dans votre salaire, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent, ou dans une moindre mesure, et vous conservez votre point d’affectation originel, très appréciable par les temps qui courent ! leur avait-il été répondu.
Force était de constater que cette situation leur apportait bien des avantages, même s’ils savaient d’avance que ce ne serait pas du goût de leur patron actuel, Yann Le Godarec.
Comme ils n’avaient guère d’alternative, ils acceptèrent cette situation, se disant qu’au fond cela apporterait peu de changement à ce qu’ils connaissaient déjà, sauf qu’ils gagneraient davantage, ce qui n’était pas pour leur déplaire…
*
Sur le chemin du retour, François rêvait, encore tout heureux d’avoir profité d’une semaine complète de congés pour participer aux grandes marées du siècle, une dizaine de jours plus tôt, et il ne put s’empêcher de confier à Phil qu’il songeait déjà à mettre de côté les indemnités qu’il allait percevoir pour se payer un beau bateau pêche-promenade, ajoutant :
— Il faut bien que je commence à penser à ma retraite !
Phil ne répondit pas et se contenta de tourner la tête vers lui en souriant. Passionné de mécanique et de vieilles voitures, il se disait qu’il allait peut-être se faire plaisir et s’offrir enfin un autre véhicule ancien. Il s’était testé avec sa Priscilla Renault 5 GTL de 84 qu’il bichonnait avec amour et il avait repéré une Porsche 911 Carrera 3.2 Targa de 84 également. Finalement cela lui plairait bien de se la payer… Mais dans l’immédiat ce serait sa famille - Gwen et Clémence - qui serait privilégiée, priorité aux congés supplémentaires et aux voyages qu’ils pourraient entreprendre… D’ailleurs, les vacances de printemps étaient toutes proches, débutant le 10 avril pour la zone dont la Bretagne faisait partie…
*
Le soir, ils retrouvèrent leur patron qui affichait un air morne. Avant même que François et Phil ne s’expriment, il leur annonça :
— Je suis au courant, on m’a appelé dès votre départ de Rennes et signifié votre accord. Cela ne va pas simplifier les choses ici… soupira-t-il. Enfin, je trouve que pour vous, ce n’est pas si mal.
— Oui… c’est ce que nous nous sommes dit, se contenta de répondre François, approuvé de la tête par Phil.
— Savez-vous quand vous devrez partir ?
— Non, on ne nous a rien précisé pour l’instant, nous allons continuer comme si de rien n’était… Même si nous savons désormais que ça ne va pas durer.
Lorsqu’ils quittèrent le bureau du patron, les collègues vinrent aux nouvelles.
Phil et François leur relatèrent les faits et ils se sentaient à présent plutôt heureux de cette nouvelle situation. Certains OPJ ne cachèrent pas que, finalement, ils les enviaient et estimaient que c’était une bonne solution pour leur plan de carrière. Ils se disaient que cela pouvait aussi les intéresser ultérieurement.
Les jours suivants furent à cette image et chacun intégrait cette nouvelle donnée. Mais la vie suivait son cours, sans surprise, au rythme quotidien des affaires bien souvent banales…
La première affectation selon ce nouveau mode de fonctionnement tomba le Vendredi Saint, 3 avril, deux jours avant Pâques ; ils apprirent qu’ils devaient se rendre le mardi 7 avril au matin à Lannion…
Ils allaient profiter au maximum des trois jours du week-end qui se présentait…
1. Groupements d’Intervention Régionaux.
2. Direction Générale des Services Intérieurs.
3. Direction Centrale du Renseignement Intérieur.
4. Direction de la Surveillance du Territoire.
5. Renseignements Généraux.
II
Lannion - Mardi 7 avril, matin.
Ils étaient partis de Quimper au petit matin tandis que l’aube diluait la nuit sur les reliefs lointains de la campagne, qui se découpaient en ombres chinoises sur un ciel pâlissant.
Deux heures plus tard, à l’entrée de Lannion, le fragile soleil d’avril se laissait à nouveau cerner par les nuages en bandes bien organisées. Les zones commerciales traversées, semblables à celles que l’on trouve partout, ils passèrent un panneau indiquant l’entrée de la ville, empruntèrent la route de Guingamp et filèrent de rue en rue en suivant la voix mélodieuse de leur GPS, pour atteindre le boulevard du Forlac’h et s’arrêter juste en face du cimetière dont on apercevait ici et là quelques croix dépassant un haut mur de pierre.
Le commissariat était un bâtiment moderne, assez récent, bien centré sur un terrain bitumé ceint de grandes grilles métalliques vertes. Ils entrèrent pour se garer le long du rez-de-chaussée et notèrent que le premier étage et la toiture étaient uniquement recouverts d’ardoises.
Ils franchirent le sas d’entrée et se présentèrent à l’accueil où une femme de taille moyenne, cheveux courts, les reçut fort aimablement depuis son comptoir aux lignes arrondies. Derrière elle, des collègues en tenue discutaient dans un bureau. Sur leur droite, un petit espace d’attente avec deux distributeurs, l’un de boissons et l’autre de friandises, donnait sur un large escalier.
La femme prévint aussitôt le commandant installé au premier étage et ce dernier descendit rapidement pour les saluer et les inviter à le suivre jusqu’à son bureau.
En haut des marches, un long couloir où s’ouvrait un grand nombre de portes s’engageait sur la droite.
Ils entrèrent sur la gauche et s’assirent sur des chaises en cuir noir dotées d’une structure métallique chromée tandis que le commandant regagnait sa place en face d’eux, de l’autre côté de son bureau, fortement encombré de documents administratifs de toutes sortes. Ils remarquèrent le cavalier sur lequel était inscrit Cdt Jean-François Pernaut.
L’homme, d’un abord sympathique, était grand, élégant, portant bien le nœud papillon. Après les formules de politesse d’usage, il leur présenta brièvement le commissariat qu’il dirigeait, en sa qualité de commandant fonctionnel, et qui dépendait de celui de Saint-Brieuc.
Ce fut pour François l’occasion de lui parler d’une enquête précédemment menée avec le commissariat situé boulevard Waldeck-Rousseau de cette dernière ville.⁶
Une population de vingt mille habitants s’étendait sur tout le secteur de Lannion, comprenant la ville et ses alentours.
— Il nous faut une demi-heure en voiture pour nous rendre d’une extrémité à l’autre, leur précisa-t-il en leur montrant une carte du territoire du commissariat.
Il leur confia qu’il venait d’une région du nord de la France. Il trouvait que Lannion était une ville fort agréable avec son centre médiéval, ses maisons à pans de bois place du Centre et son marché incontournable le jeudi. Sa rivière, le Léguer, la traversait et offrait une note bucolique supplémentaire en toute saison. À marée haute, elle était praticable pour la navigation de plaisance, notamment entre la ville et la mer distante seulement de quelques kilomètres. Tout comme sur les côtes de la Manche, le marnage y était très élevé, si bien qu’à marée basse, le lit du fleuve se réduisait considérablement et laissait apparaître la vase sur une hauteur de plusieurs mètres…
Lannion avait connu sa révolution technologique avec les télécommunications à partir de 1960 et de très importantes entreprises étaient venues s’y installer, faisant passer la population de cinq mille habitants à quatre fois plus aujourd’hui. Si la ville ne connaissait pas plus de délinquance qu’ailleurs, elle subissait cependant un cycle saisonnier très net à la période estivale, fortement influencée par les stations balnéaires toutes proches, comme Trébeurden, Trégastel et bien sûr Perros-Guirec.
Cette présentation terminée, ils visitèrent au pas de charge tous les bureaux pour saluer les collègues et furent confortablement installés dans une pièce bien spacieuse située au fond du couloir et qui serait leur futur bureau.
Ils prirent connaissance du petit dossier qui leur fut remis et décidèrent de se rendre en centre-ville pour passer à l’office du tourisme, afin de se documenter et d’avoir un plan de la cité et des environs.
Dans une véritable verrière, l’office de tourisme se situait tout au bout d’un parking longeant le Léguer, près de la Poste, et à deux pas de la partie historique de la ville. L’accueil y fut fort aimable et ils ressortirent peu après, dotés de toutes les informations utiles. Ils décidèrent de s’accorder quelques minutes pour découvrir le cœur médiéval avec ses maisons à pans de bois, ainsi que ses constructions de caractère, parfaitement rénovées et entretenues.
Une heure après, ils avaient repris place à leur bureau ; des collègues leur demandèrent de l’aide pour enregistrer quelques plaintes car ils étaient tous très pris depuis le matin. Un lendemain du week-end de Pâques ne pouvait qu’être un peu chargé…
*
Mardi 7 avril, 14 heures…
Un couple se présenta à l’accueil et fut dirigé vers Phil et François, en raison de leur disponibilité.
— Que puis-je faire pour vous ? leur demanda François, une fois qu’ils eurent pris place après avoir décliné leur identité.
— Je suis directeur des ressources humaines⁷ dans une entreprise de haute technologie qui travaille en sous-traitance pour le groupe industriel national bien connu à Lannion et voici mon assistante.
— Bien. Enchanté. Pour quelles raisons êtes-vous là ?
— Voilà… commença l’homme, sous le regard attristé de son assistante. Nous avons un collaborateur qui ne s’est pas présenté au travail ce matin. C’est l’un de nos bons chefs de service. Nous avons d’abord été surpris de ne pas le voir, lui qui est toujours en avance… Nous l’avons appelé à plusieurs reprises, sans succès. Un de ses collègues qui habite non loin de chez lui s’est rendu à son domicile. Personne. Il est célibataire et laisse en permanence un double de clef à sa voisine, en cas d’absence. Cette dernière a accepté d’accompagner le collègue pour entrer dans sa maison, car elle s’étonnait également de ne pas l’avoir entendu partir ce matin. Il n’y était pas et tout était parfaitement rangé comme s’il devait revenir d’un instant à l’autre… Cependant, sa voiture était bien dans son garage ! Comme si rien ne s’était passé depuis la veille au soir lorsque la voisine l’avait entendu arriver.
— Alors pourquoi vous inquiétez-vous ?
— En raison de l’importance du dossier sur lequel il travaille… Il est venu au bureau hier toute la journée alors que c’était le lundi de Pâques, jour férié. Nous sommes en ce moment sur des études hautement confidentielles ; lui et son équipe ont en charge une partie du développement de la 5G… Avez-vous quelques connaissances dans ce domaine ?
— Oui, répondit François, en se tournant vers Phil qui prit aussitôt le relais.
— Pour l’instant, nous sommes au fait de la 4G… Quand je dis au fait, c’est tout de même un grand mot car nous ne sommes pas des spécialistes ! Vous pouvez nous en apprendre un peu plus en quelques mots ?
— Oui, d’une façon brève, disons que la 4G est la quatrième génération des standards pour la téléphonie mobile et permet le très haut débit… pour vous donner une idée, la 4G est dix fois plus rapide que la 3G, datant d’une dizaine d’années, et offre un débit maximum théorique de 150 Mbit/s, techniquement grâce, notamment, à la fibre optique qui sert à relier les installations afin d’assurer une qualité maximum par forte affluence. Bref… tout cela pour vous dire que la 5G va apporter une révolution… et c’est là-dessus qu’il travaille précisément.
Si Phil était passionné par les propos du directeur des ressources humaines de l’entreprise, François se perdait un peu dans les chiffres et les techniques qui ne voulaient rien dire pour lui et décida d’y mettre un terme.
— Et quel est le rapport avec votre visite ?
— Eh bien, ce dossier est porté par notre ingénieur, chef de projet… Laurent Rospez. Il a quarante ans. C’est sa vie. Pour rien au monde il n’aurait raté la réunion primordiale de ce matin fixée avec notre direction et le groupe national pour lequel nous travaillons… En son absence, nous avons d’ailleurs décidé de la reporter car c’est lui qui détient les éléments essentiels et il avait finalisé sa présentation la veille…
— Comment expliquez-vous cette carence et à