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Divine fureur
Divine fureur
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Livre électronique298 pages8 heures

Divine fureur

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À propos de ce livre électronique

La vie à Uttira n’est pas facile pour Megan. Elle a beau enfin savoir ce qu’elle est, cela ne l’aide pas à maîtriser ses accès d’humeur, un trait de caractère bien malheureux qui risque fort de l’empêcher de poursuivre ses études. Ses crises de colère ne la d&eac

LangueFrançais
Date de sortie1 oct. 2019
ISBN9781943051502
Divine fureur
Auteur

Melissa Haag

Melissa Haag lives in Wisconsin with her husband and three children. An avid reader she spent many hours curled in a comfortable chair flipping pages in her teens. She began writing a few years ago when some ideas just refused to be ignored any longer.To learn more about her upcoming projects, and subscribe to her mailing list for deleted scenes, deals, and giveaways, visit her at:http://melissahaag.com

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    Aperçu du livre

    Divine fureur - Melissa Haag

    Chapitre Un

    Dans le silence total de la bibliothèque secrète de l’académie Girderon, mon cerveau avait envie d’exploser. Le texte expliquant les différents types de géants et la manière de les distinguer, même s’il n’aidait pas, n’était pas la seule raison de mon craquage mental imminent. Trop de pensées tourbillonnaient dans ma tête. Trop pour pouvoir réfléchir correctement.

    En grommelant, je levai mes mains de l’épais et vieux volume pour me frotter le visage d’un air absent. Ce satané manuscrit se referma d’un coup sec et vola dans la pièce pour retrouver sa place sur les étagères.

    — C’est une blague ?

    Je me levai pour le récupérer, une fois de plus. Ce stupide sort de retour, qui maintenait la bibliothèque bien rangée et empêchait quiconque de partir avec l’un de ces précieux volumes incompréhensibles, me rendait aussi folle que toutes mes réflexions concernant le week-end précédent.

    Rien n’avait vraiment changé depuis la mort de Trammer, mis à part mes pensées. Le Conseil, constitué d’Adira, des Quill, de Raiden et de quelques autres, avait décidé qu’en tant que furie, j’étais la meilleure candidate pour surveiller les humains restants jusqu’à ce qu’un nouvel agent de liaison soit trouvé. Je n’avais pas songé aux implications quand j’avais accepté. Or après tout un week-end pour y réfléchir, la responsabilité d’être un agent de liaison commençait à me taper sur le système. Il n’y avait qu’à compter le nombre de personnes qui étaient mortes depuis mon arrivée ici. À Uttira, tout semblait vouloir croquer dans un humain. Comment allais-je empêcher cela ?

    En plus de ces questionnements, il y avait cette histoire avec Oanen, cette promesse qu’il avait réussi à me soutirer d’une façon ou d’une autre. À quoi pensais-je, bon sang ? Ma seule et unique tentative de relation amoureuse s’était soldée par un coup de poing épique. La dernière chose dont j’avais envie, c’était de lui sauter à la gorge à cause d’un accès de fureur étrange.

    Non, ce n’était même pas cela le problème. Je savais, en tant que furie, que je ne punissais que les êtres aux intentions malveillantes, et Oanen n’en avait pas, loin de là. Il était génial. Parfait. Et j’étais terrifiée à l’idée de tout gâcher avec lui. Combien de types désiraient sortir avec une fille sujette aux sautes d’humeur et qui frappait avant de poser des questions ? Sans compter Oanen, j’étais presque sûre que la réponse serait « aucun ».

    Le bouquin à nouveau en main, je retournai m’asseoir sur ma chaise inconfortable à la vieille table et me forçai à me concentrer pour reprendre ma lecture. Ce n’était pas facile. À la façon dont le volume avait été rempli, les informations ajoutées au compte-gouttes par différentes personnes au fil des époques, on ne le lisait pas comme un livre, mais plutôt comme un manuel de recettes avec des notes spécifiques.

    Tous les géants n’en étaient pas, selon la définition standard des humains. Le terme pouvait décrire la taille de la créature, mais également son lieu de naissance. La plupart avaient la capacité de contrôler leur taille dès l’adolescence. Seuls quelques-uns avaient d’autres talents, en plus de celui de modifier leur apparence par magie. Certains s’entraînaient comme des guerriers, au cas où les dieux les appelleraient à nouveau pour combattre dans leurs conflits divers partout sur le globe.

    Aucune des informations dans ses pages ne semblait de grande valeur. Je soupirai et me grattai le front tout en gardant une main ferme en plein milieu du volume.

    De là où j’étais, au milieu d’une pièce de taille moyenne, je levai le nez vers les autres tomes alignés sur les étagères le long des murs de pierre. Adira m’avait suggéré d’en choisir un et de commencer à en lire le contenu dans l’ordre, pour ne rien manquer. Il y en avait vraiment beaucoup. Plus de cinq cents, au moins. Et s’ils étaient tous du même genre, je ne ferais que perdre mon temps.

    Redressant les épaules, je me remis à lire en essayant d’ignorer les doutes qui ne cessaient de me tarauder.

    Un coup soudain sur la vieille porte fit écho dans la bibliothèque et je sursautai. Non pas que le livre que j’étais en train de lire soit véritablement captivant, mais j’étais concentrée pour essayer d’absorber les mots.

    En me levant, je me rendis compte que mon dos me faisait souffrir. J’étirai mon torticolis en marchant jusqu’à l’entrée, me demandant depuis combien de temps je lisais. Adira m’avait pris mon téléphone quand j’étais arrivée. D’après elle, pénétrer ici avec ce genre de technologie ne ferait que détruire l’appareil, à cause d’un sort empêchant les informations classifiées d’être copiées et partagées. Ce qui n’avait aucun sens pour moi. Déjà, il n’y avait rien d’important là-dedans, de ce que j’avais pu lire. Ensuite, qu’est-ce qui m’empêchait de raconter à quelqu’un ce que j’avais appris ? Néanmoins, je n’avais pas protesté. Lui donner mon téléphone, et en échange éviter les cours et les autres personnes, m’avait semblé un marché plutôt équitable.

    J’ouvris en m’attendant à tomber sur Adira venue voir comment je m’en sortais, comme elle l’avait promis. Au lieu de ça, je trouvai Oanen appuyé sur l’encadrement de la porte, ses bras musclés croisés et ses cheveux dorés coupés court scintillant sous la lumière du couloir. Mon pouls s’accéléra d’un coup en le voyant. Je n’arrivais toujours pas à croire que j’avais accepté d’être sa petite amie.

    Son regard bleu soutint le mien et un infime sourire étira ses lèvres.

    — Tu as l’air surpris, dit-il. Tu t’attendais à quelqu’un d’autre ?

    — Oui. Adira. Elle a dit qu’elle passerait me voir.

    — Elle a mentionné l’avoir déjà fait, quand je l’ai croisée dans le couloir. À deux reprises, et tu lisais chaque fois.

    — Quoi ? Elle n’est jamais entrée ici.

    — Elle n’en a pas besoin avec ses portails, dit-il. Allez. Je me suis dit que tu oublierais de déjeuner si je ne venais pas te chercher.

    Il se redressa et s’écarta de la porte pour me laisser sortir.

    — Ce n’est que midi ? gémis-je.

    J’avais l’impression d’avoir déjà passé toute la journée dans cette bibliothèque.

    Il enroula son bras autour de mes épaules tout en marchant.

    — Oui, ce n’est que midi. Il te reste encore trois bonnes heures de lecture.

    J’entendis à peine ce qu’il me disait. Mon cœur tambourinait dans mes oreilles tandis que la sensation de son bras sur moi faisait passer ma température interne de « normale » à « nom d’un chien, qu’il fait chaud ici ».

    Ses doigts descendirent et caressèrent nonchalamment mes bras quand il reprit la parole.

    — Ne t’inquiète pas. On fera quelque chose d’amusant après pour se rattraper.

    Tout un tas d’alarmes d’avertissement se réveillèrent dans mon crâne. Quelque chose d’amusant ? Qu’est-ce qu’il entendait par là ? Était-ce un code pour s’embrasser ? C’était trop tôt pour cela, pas vrai ? Avant de céder véritablement à la panique, je répondis :

    — Tu me fais flipper.

    Il soupira et laissa retomber son bras.

    — Oui, je l’ai compris à ton rythme cardiaque. Je me demandais combien de temps tu tiendrais.

    Je me tournai vers lui et lui cognai l’épaule.

    — Ce n’était pas gentil.

    — Non, c’est vrai, dit-il. Et pourtant, tu n’es pas en colère comme une furie, juste vexée comme une copine.

    Je plissai les yeux.

    — Est-ce que tu me testes ?

    — Non. Je t’aide simplement, pour te montrer que je suis là et que tu n’as aucune raison de t’inquiéter. Tu ne deviendras pas folle de rage et tu ne me blesseras pas.

    Il tendit le bras et me caressa délicatement la joue. Mon pouls, qui commençait à se calmer, remonta dans les tours et les lèvres d’Oanen se courbèrent à nouveau très légèrement.

    — Non seulement ton cœur s’emballe, mais en plus je te fais rougir, dit-il doucement. J’aime ça.

    Il ne me faisait pas simplement rougir, il transformait mes tripes en lave en fusion. Je reculai, brisant le contact pour aspirer un peu d’air frais.

    — Tu as dit qu’on irait lentement. Et je ne suis même pas certaine d’être prête à toute forme de contact. Alors, garde tes mains pour toi.

    Il fourra lesdites mains dans ses poches et fronça innocemment un sourcil.

    — C’est un début.

    Je repris la marche. Il resta à mes côtés tandis que nous circulions dans les couloirs bondés vers la cafétéria.

    — Qu’as-tu apporté pour déjeuner ? demanda-t-il.

    — Rien. Je pensais emporter un plateau.

    Pourtant, quand je mis le pied dans le réfectoire, je sus que la file d’attente ne serait pas une bonne idée. Au moins un élève sur dix faisait ou pensait quelque chose qui réveillerait modérément ma furie interne. Seul, ce n’était pas suffisant pour provoquer un accès de rage. Collectivement, on n’en était pas loin.

    — J’ai prévu un repas supplémentaire si tu préfères ne pas faire la queue, dit Oanen en me voyant hésiter.

    — Oui, ce serait une meilleure option.

    Nous traversâmes la cafétéria comble pour atteindre la cour presque vide. Quelques élèves bravaient l’air frais, étendus sur la pelouse jaunie, savourant leur déjeuner en extérieur. Eliana était déjà assise contre une murette près des arbres.

    Dès qu’elle nous vit, son visage s’illumina de son éternel sourire timide et elle nous fit signe. Je le lui rendis, soulagée qu’elle paraisse en bonne forme. Depuis qu’elle avait entendu la remarque sévère de Trammer, qui avait traité les créatures vivant ici de parasites qui se nourrissaient d’humains, je m’inquiétais pour elle. Elle était déjà très sensible sur sa nature de succube, bien avant ce discours de haine.

    — Comment se passent tes lectures ? demanda-t-elle quand je m’assis près d’elle.

    Oanen me tendit l’un des trois sacs isothermes qu’elle avait apportés.

    — Ça allait. Je m’attendais à de grands secrets. Au lieu de ça, c’est juste…

    Mes lèvres continuèrent à bouger, mais aucun son n’en sortit.

    — Ça fait partie du sort d’entrave de la bibliothèque, m’expliqua Oanen. Tu ne peux pas parler de ce que tu as lu.

    Il déballa son sandwich et mordit à pleine bouche.

    — Ne t’inquiète pas, dit Eliana. Tout ce qui est de notoriété publique finira par se débloquer après quelques jours et tu pourras en parler. C’est un sort d’un style différent. Difficile. Il n’est pas souvent utilisé à cause de ses travers.

    Elle remarqua ma surprise et s’interrompit.

    — Quoi ? demanda-t-elle.

    — Comment sais-tu tout ça ? Tu y es allée récemment ?

    Adira avait sous-entendu qu’en règle générale, l’accès était interdit aux élèves.

    — Non. Je me suis tapé le cours de magie pour débutants il y a deux ans. Les espèces de druides parlaient du sort d’entrave. Sa pratique correcte requiert un niveau de maîtrise que peu d’autres possèdent en plus d’Adira.

    Eliana ouvrit ostensiblement mon sac, posé sur mes genoux, et me tendit mon sandwich.

    — C’était vraiment une très longue année.

    Je déballai mon repas et jetai un œil à Oanen, qui avait déjà terminé une bonne partie du sien. Prenant une bouchée, je fis une pause pour la savourer et examinai le sandwich.

    — Tu aimes ? demanda-t-il.

    Je finis de mâcher et avalai, tout en étudiant la garniture de beurre de cacahuètes et morceaux de guimauve.

    — Oui. C’est différent, mais bon. Qu’est-ce que c’est ?

    — Un sandwich marshmallow-choco. Une recette que ma mère a gardée du temps des années soixante. Enfin, pour les marshmallow-choco normaux. Il n’y avait pas de beurre de cacahuètes au chocolat à l’époque.

    Je pris une autre bouchée, appréciant la saveur délicieuse. Cela comblait cette envie de sucre que j’avais depuis des semaines à présent.

    — Eliana a précisé que la nourriture de l’extérieur te manquait. J’ai pensé que ça pourrait aider.

    Je regardai les restes du club-sandwich diététique à la dinde qu’il avait en main.

    — Tu n’en voulais pas ?

    Ses lèvres eurent à nouveau cet infime tressaillement, comme s’il souriait.

    — Je te réserve le beurre de cacahuètes.

    Son regard et le souvenir de la sensation de sa main sur mon bras augmentèrent à nouveau mon rythme cardiaque.

    — Je vois Jenna là-bas. Je vais lui dire bonjour, lança Eliana en s’empressant de partir pour me laisser seule avec Oanen.

    Je la rattrapai par le bras et me tournai vers elle, les yeux grands ouverts – probablement paniqués.

    — Maintenant ? Je croyais qu’on déjeunait ensemble.

    Elle leva les yeux au ciel et dégagea son bras.

    — Oui. Il était question de sandwiches, pas de tenir la chandelle. Je reviendrai quand vous serez calmés.

    Elle se dépêcha de partir. Embarrassée et coupable, je sentis le rouge me monter aux joues et je scrutai mon sandwich.

    — Elle n’est pas en colère, dit Oanen. Elle a peur.

    Il marqua une pause.

    — Comme toi.

    Je levai les yeux vers lui.

    — Il ne faut pas que ce soit bizarre, ajouta-t-il. Je t’apprécie. Ton sourire. Ta façon de penser. Ton tempérament. Tout. Je crois que tu as peur de te dire que nous sommes ensemble parce que tu imagines un tas d’implications.

    — Et qu’est-ce que ça implique ?

    — Simplement de passer plus de temps ensemble pour apprendre à mieux nous connaître.

    — C’est tout ?

    — Pour l’instant ? Oui.

    Pourquoi fallait-il qu’il réponde « pour l’instant » ? J’avais envie de gémir et de me couvrir le visage.

    Il se pencha plus près.

    — Je peux entendre ton pouls. « Pour l’instant », ça ne t’inquiète pas, n’est-ce pas ?

    Je secouai la tête.

    — Bien. Alors, mange ton sandwich, Megan, et arrête de te soucier de ce qui arrivera après.

    Orientant mes pensées vers autre chose qu’un Oanen imposant et musclé au parfum d’été, le vent et tout ce dont j’avais envie de m’imprégner, je songeai à la bibliothèque et parvins à me calmer après quelques bouchées.

    — Je n’ai rien trouvé à propos de l’histoire des dieux. Que peux-tu me dire là-dessus ? Enfin, ils ont existé, j’ai bien compris cela. Mais pourquoi tous nous créer pour partir ensuite ?

    Il fourra dans son sac les boîtes de son repas.

    — Je ne suis pas certain qu’ils soient simplement partis. Personne ne sait vraiment ce qui leur est arrivé. Ils ont juste cessé de nous guider.

    — Tout d’un coup ? Comme s’ils étaient tous morts ?

    Il secoua la tête.

    — Les dieux ne meurent pas. Et je ne crois pas que ce soit arrivé d’un coup. Mais encore, personne ne le sait vraiment. Ça s’est passé il y a un très long moment. Certains d’entre nous vivent longtemps, toutefois je ne pense pas qu’il soit possible d’être aussi vieux. Tout ce que nous avons, ce sont des histoires qui ont été transmises par ceux qui étaient là à cette époque. Des histoires qui sont probablement dans ces livres.

    Je grommelai.

    — L’écriture dans ces livres est horrible. Ancienne. Difficile à lire.

    — Et pas toujours en anglais, je suppose.

    — Je n’en sais rien. Je ne suis pas allée très loin, avouai-je.

    — Pourquoi veux-tu en apprendre plus sur les dieux ?

    — À cause de quelque chose que j’ai lu. Certaines créatures ne semblent pas avoir de but clairement défini sans les dieux pour leur dire quoi faire.

    — Oui. C’est en partie pour cela que le Conseil et des endroits comme Uttira sont nécessaires. Ils fournissent un but à ceux qui n’en ont pas, et aussi un sens des responsabilités à ceux dont les objectifs ne s’alignent pas avec la mission collective de rester cachés aux yeux des humains.

    Eliana traversa la cour et nous rejoignit.

    — Vous allez mieux maintenant ? demanda-t-elle, hésitant à s’asseoir.

    — Ouais, dis-je rapidement.

    Comme je ne voulais pas penser à ce qui l’avait fait fuir, je continuai ma conversation avec Oanen.

    — Ça ne me convient toujours pas, malgré tout. Ils nous ont créés, nous ont fabriqué avec ces… instincts, puis ils se sont barrés, comme ça.

    — C’est la nature des choses, répliqua-t-il avec un haussement d’épaules.

    J’ouvris mon paquet de chips bio et en mâchonnai quelques-unes, perdue dans mes pensées pendant qu’Eliana se dépêchait d’avaler son déjeuner avant que la cloche retentisse.

    Si nous devions nous surveiller les uns les autres et que les humains rendaient des comptes à des créatures comme moi, à qui les dieux, eux, rendaient-ils des comptes ?

    Chapitre Deux

    — Tu en as presque fini avec le premier ouvrage sur les géants, je vois.

    Je bondis légèrement en entendant la voix d’Adira et je me tournai pour lui jeter un regard mécontent.

    — Le premier ? Il y en a encore d’autres remplis d’infos inutiles sur les géants ?

    Elle gloussa.

    — Tu les trouves peut-être inutiles pour l’instant, mais lorsque tu interpelleras un géant pour un méfait que tu auras découvert, quelle sera ta première pensée ?

    — Je me demanderai de quelle espèce de géant il s’agit. Et surtout, s’il est du genre magique qui peut manipuler le temps et l’espace. Le livre semble dire que ce sont les plus dangereux.

    — Ou les plus utiles. À quoi penseras-tu d’autre ?

    — Je chercherai à savoir s’il est sous sa vraie forme ou s’il peut être encore plus grand.

    — Et ces informations t’aideront à décider comment gérer un géant malveillant si tu tombes dessus, n’est-ce pas ?

    — Je suppose.

    Elle posa une main sur mon épaule.

    — Tu en apprends plus que tu ne le penses. L’information et la connaissance ne feront que t’aider au fur et à mesure que tu développeras tes pouvoirs. Et dans ton rôle d’agent de liaison intérimaire. Voilà ce qui m’a poussée à t’interrompre avant qu’Oanen arrive : nous sommes inquiets pour Ashlyn. Peux-tu passer lui rendre visite quand tu auras fini ?

    — Bien sûr.

    Un coup retentit sur la porte et je tournai la tête dans cette direction, pressée d’échapper à la bibliothèque. Je regardai à nouveau vers Adira pour savoir si elle avait besoin que je fasse autre chose, mais elle était partie. Levant la main, je laissai le livre voler jusqu’à son emplacement sur l’étagère et m’empressai de prendre la tangente.

    — Prête ? demanda Oanen lorsque j’ouvris.

    — Oui. J’ai lu bien plus que je ne voulais aujourd’hui.

    Je quittai la bibliothèque et la porte se ferma doucement derrière moi.

    — Tu as envie de faire quelque chose ce soir ? demanda-t-il.

    Pourquoi me sentais-je soulagée d’avoir une excuse pour refuser ?

    — Je ne peux pas. Adira m’a demandé de passer voir Ashlyn. Mon devoir d’agent, je suppose.

    C’était un devoir que je savais nécessaire. Depuis que l’oncle d’Ashlyn s’était tué, la laissant seule à Uttira, j’avais voulu lui parler, m’assurer qu’elle était toujours d’accord pour rester ici.

    — Bien. Je vais t’y déposer, me dit-il.

    En arrivant sur le parking des élèves, je vis que la voiture d’Eliana était déjà partie.

    — Tu es sûr qu’elle n’est pas fâchée ? demandai-je à Oanen.

    — Je lui ai dit qu’elle pouvait y aller. J’ai pris une autre voiture aujourd’hui.

    — Oh, les malheurs de ta pauvre vie. Non seulement tu dois décider quoi porter chaque matin, mais tu dois aussi décider quelle bagnole tu vas conduire.

    Je levai les yeux au ciel et le suivis au fond du parking.

    Au milieu des carrosseries rouges, bleues et noires rutilantes se trouvait une petite voiture orange. Même si elle était neuve et brillante, il lui manquait le tape-à-l’œil clinquant des véhicules de sport qui dominaient les lieux. Je souris quand il se dirigea droit vers elle.

    — On s’encanaille ? demandai-je.

    Ses lèvres frémirent et il m’ouvrit la portière sans un mot.

    Seule avec Oanen pour la première fois depuis que je m’étais réveillée à moitié étalée sur lui, je n’étais pas certaine de ce que je devais faire ou dire. Pourquoi était-ce aussi gênant de l’apprécier ?

    Heureusement, le trajet jusque chez Ashlyn ne dura pas longtemps.

    — Je ne sais pas combien de temps ça va me prendre, lui dis-je quand il se gara.

    — Ce n’est pas grave.

    Il éteignit le moteur.

    — Tu es sûr de vouloir attendre ?

    — Je n’en ai pas l’intention. Je vais m’envoler. Tu pourras rentrer chez toi en voiture.

    Il ouvrit la portière et sortit.

    Fronçant les sourcils, je me dépêchai d’en faire de même. Il me retrouva sur le trottoir à l’avant du véhicule.

    — Attends. Comment ça ? Tu me la prêtes ?

    — Bien sûr.

    Je plissai les yeux, franchement contrariée.

    — Les demi-vérités et les réponses diplomatiques sont tout aussi bonnes que des mensonges. Et je ne fais pas dans le mensonge, répliquai-je.

    — Très bien. Je n’aime pas ça non plus. Ce que j’aime, par contre, c’est faire des trucs pour t’agacer.

    — Comme… ?

    — Comme demander à mes parents de te fournir une voiture pour que tu ne restes pas coincée à attendre que quelqu’un joue les chauffeurs. En particulier puisque tu habites si loin de la ville.

    — Donc… Tes parents m’ont acheté une voiture ?

    Il demeura silencieux, les yeux dans les miens et les bras croisés.

    — Je vais vraiment te frapper, le prévins-je.

    — C’est moi qui l’ai achetée. Ils sont juste allés la chercher, répondit-il.

    — Les gars n’achètent pas de voitures à leurs copines.

    — Les bons gars, si.

    Je respirai profondément, essayant de ne pas être en colère contre lui.

    — Comme je vole et pas toi, tu as besoin d’un moyen de transport. À moins que tu préfères me chevaucher.

    Ma bouche s’ouvrit en grand et

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