Captive: Tome 1
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À propos de ce livre électronique
Elle se réveille comme chaque matin et suit la routine qu'il lui a imposée, recluse dans cet appartement.
Amnésique, elle est incapable de se rappeler de son passé, et n'a pas d'autre choix que de vivre selon ses règles.
Tout va changer le jour où il l'autorisera à l'accompagner dans sa société et qu'elle rencontrera une mystérieuse candidate.
Il y a des vies dont il vaut mieux ne jamais se souvenir. Elle l'apprendra à ses dépens.
Julie Jean-Baptiste
Julie Jean-Baptiste est une auteure de thriller psychologique SF qui est née et à grandi aux Antilles. Elle a commencé la saga Captive à l'âge de 13 ans. Autant dire que la première version n'a rien à voir avec celle d'aujourd'hui. Après avoir fait une reconversion, elle est passé du monde du négoce à celui du digital en devenant designer d'expérience utilisateur, sa deuxième passion. Outre la lecture, Julie aime prendre le thé (minimum 5 tasses par jour), regarder des vidéos sur le rangement et l'architecture d'intérieur et flaner dans les parcs. Elle adore aussi recevoir des retours des lectrices et lecteurs, alors n'hésitez pas à la contacter sur Instagram (où elle passe d'ailleurs un peu trop de temps).
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Aperçu du livre
Captive - Julie Jean-Baptiste
1 .
Les premiers rayons du soleil traversent le voilage et viennent éclairer les draps. C’est l’heure. L’heure de commencer la journée. La température est encore fraîche et engourdit légèrement mes sens. Je me lève et parcours le couloir jusqu’au salon. Je m’arrête un instant avant l’encadrement de la porte et me redresse. Il n’est pas là. Il n’est pas rentré ce matin. Je traîne mon corps jusqu’à la cuisine pour préparer le petit-déjeuner, mais l’appétit ne vient pas. Je me contente d’une tasse de thé et retourne dans le salon, fixant l’horloge holographique accrochée au-dessus de la porte de la cuisine.
Il est 8 h 30. Dans une demi-heure, je dois aller prendre une douche. Mes yeux fixent l’horloge, comme hypnotisés. Je vois les chiffres noirs tressaillir à force de les regarder. Elle ne brise pas le silence des lieux. Où est-il ? Il est au travail. Que fait-il ? Allez savoir. Je reste en tête à tête avec mon esprit qui est toujours aussi vide. Je ne me souviens que du jour où nous sommes arrivés ici. Plus rien avant.
C’est le deuxième hiver que je passe dans cet appartement à la décoration minimaliste, aux meubles blancs, sans un tableau au mur. Ni mon regard ni mon esprit ne peuvent s’attarder sur quelque chose. À part cette horloge, dont les aiguilles tournent lentement en silence. En général, il revient au milieu de la nuit et me serre dans ses bras. Cela me réveille chaque fois. Je n’aime pas quand il est si proche, même si j’aime le savoir près de moi ; sa présence me rassure.
9 h. Je vais me doucher. Mon corps est de plus en plus faible et je dois le traîner jusqu’à la salle de bain. Certainement parce que je ne mange plus beaucoup. J’essaie de me souvenir comment j’en suis arrivée là. Pourquoi je suis ici. La dernière fois que je lui ai demandé plus d’informations sur mon passé, il m’a rétorqué que les curieuses étaient punies. Les punitions. Ce sont les seules choses du passé dont je me souviens. Longues, effrayantes et douloureuses. Alors je m’en tiens à cette routine. Enfin, j’essaie. Je fais en sorte de lui faire plaisir et je ne peux pas m’empêcher de me dire que c’est pour mon bien. J’ai confiance en lui.
Je m’arrête au-dessus du lavabo et regarde le mur. Il n’y a pas de miroir. Il n’y a même aucun miroir ici. Aucune surface réfléchissante. Je pourrais apercevoir mon reflet dans les immenses baies vitrées, mais un voilage les occulte et je n’ai pas le droit de l’ouvrir. Si je le faisais, je suis sûre qu’il le saurait.
10 h. Je range et nettoie. Étant donné que je le fais tous les jours, il n’y a pas grand-chose à faire et tout est impeccable. Si blanc, si lisse. Même les livres blancs de la bibliothèque blanche ne détonent pas avec le reste. J’observe un instant la collection de livres. Je les ai tous lus et relus un nombre incalculable de fois.
11 h. Je devrais préparer le déjeuner, mais je n’ai toujours pas faim. Je reste en tête à tête avec moi-même, me tenant devant la cuisine où je devrais être en train de m’affairer. Depuis quelques jours, j’entends cette petite voix. Je l’appelle ma « voix intérieure », elle me tient compagnie. Parfois, elle me rappelle à l’ordre : « Tu devrais manger, tu sais. Sinon tu risques de mourir de faim. Et puis si tu manges, je t’en dirai plus sur ton passé et la raison de ta présence ici. » Je m’éloigne du comptoir sur lequel j’étais appuyée, alléchée par la perspective d’en savoir plus, et commence à préparer le repas.
14 h. Elle ne m’a rien dit. Pourtant, j’ai mangé. C’est peut-être parce que je n’ai pas réussi à terminer mon assiette. Il est l’heure de faire des étirements, de bouger un peu, pour mon bien. Je le fais. Mais mon corps me fait mal et me tire alors j’arrête rapidement et me couche sur le canapé. Mon corps est aussi raide que celui d’une poupée mécanique. Une poupée qui joue un spectacle ici tous les jours, réglée comme une horloge.
Quel jour sommes-nous ? Quel mois sommes-nous ? Quand va-t-il rentrer ? Je me sens seule. J’ai besoin de lui. Sans lui, je n’existe pas. Je vais me remettre à réfléchir, à penser. À inventer un passé et imaginer un futur. À essayer de trouver un sens à ce qui m’arrive. Comme dans mes livres. Ma petite voix s’est définitivement tue. Suis-je si curieuse et désobéissante que même elle décide de me tourner le dos ? Elle ne veut pas être punie. J’avais espéré qu’elle m’en dise plus après avoir fait ce qu’elle me demandait. Faire ce qu’on me demande. Faire ce qu’il me demande.
2 h du matin. Je me suis endormie dans le salon. Je me précipite dans la chambre et me prépare pour la nuit. Je devrais déjà être au lit depuis deux heures. S’il était rentré entre-temps, il n’aurait pas été content. Je dois me ressaisir. Pour mon bien.
Je me lève avec le soleil, l’esprit dans le brouillard. Il n’est pas venu se coucher hier soir non plus. Je traverse le couloir qui mène au salon. Malgré ma perte de poids, mes pas se font de plus en plus lourds au fil des jours. Je me fige un instant, juste avant de passer la porte, et adopte une posture plus droite avant d’entrer. Je pousse un soupir de soulagement. Il est là, couché sur le canapé.
— Que t’est-il arrivé ?
— Hum…
Il ouvre lentement les yeux et me fixe avec un sourire en coin. Son visage est égratigné et son corps est couvert de plaies qui saignent encore. Ses blessures ne semblent pas le faire souffrir.
— Tu es déjà réveillée ? Approche, demande-t-il en se redressant sur le canapé et en tapotant la place vide à côté de lui. Viens.
Son ton est devenu plus autoritaire et dénote avec son geste amical. Réticente, je m’approche de lui. Son sourire en coin me rappelle celui décrit dans les rares classiques romantiques qu’il me ramène. Face à ma trop longue hésitation, il attrape mon poignet et me force à m’asseoir près de lui. Sa tête se rapproche de la mienne et mon regard anxieux se reflète dans ses yeux qui scintillent.
— Pour panser mes blessures.
— Je vais chercher les pansements.
D’un bond, je me lève et me dirige vers la salle de bain afin de récupérer le nécessaire pour lui prodiguer les premiers soins. Silencieusement, je désinfecte ses plaies. La chair est blanche par endroit et ses blessures semblent profondes. Son rire arrogant et moqueur me fait sursauter. Je n’avais pas remarqué qu’il avait allumé la télévision. Le son est à peine audible. Il ne semble pas sentir le coton imbibé d’alcool désinfectant que je tapote sur ses plaies.
— Tes plaies sont profondes.
— Elles guériront vite. Va préparer le petit-déjeuner.
Son sourire s’est déjà évanoui et sa froideur habituelle est de retour. À la télévision, on parle du décès d’une personnalité qui semblait importante. Compte tenu de son rire satisfait et de ses blessures, je me doute qu’il est impliqué dans cette affaire. Du moins, c’est ce que me suggère ma petite voix intérieure.
Je range les pansements et le désinfectant puis me dirige vers la cuisine pour préparer une omelette, un café noir et une tartine grillée. Mes gestes sont précis, automatiques. Je pourrais le faire les yeux fermés. Une fois que le petit-déjeuner est prêt, je le lui apporte sur un plateau. Ses jambes sont désormais recouvertes d’un plaid, comme pour dissimuler ses plaies ; il doit souffrir terriblement même s’il ne laisse rien paraître.
— Aujourd’hui, je vais rester à la maison avec toi.
— Merci.
J’esquisse un sourire en lui tendant le plateau. Lorsqu’il est ici, je n’ai pas à respecter les horaires. Je me sens vivante. Il est très occupé par son travail et parfois, il lui arrive de ne pas rentrer pendant plusieurs jours. Ces derniers temps, les journées que nous passons ensemble sont devenues de plus en plus rares.
— Tu ne manges pas ? me demande-t-il.
— Je n’ai pas faim.
— Tu as perdu du poids ce mois-ci. Fais-moi plaisir et va te préparer quelque chose. Nous déjeunerons ensemble sur la table.
Le ton de sa voix n’a pas changé et pourtant mon corps se crispe. Je viens de le décevoir. Il se lève et dépose le plateau sur la table. Je retourne dans la cuisine. Les plans de travail, que je nettoie chaque jour, sont impeccables. L’ensemble est parfaitement épuré et quelques teintes de gris et de bleu viennent casser le blanc clinique de la pièce. Je me prépare un thé, ouvre le réfrigérateur, puis le referme. Même en sa présence, l’appétit ne me vient pas.
— Il y a des fraises dans le frigo et des biscuits dans le placard. Prends-les, m’indique-t-il depuis le salon.
Je m’exécute, angoissée à l’idée qu’il apprenne que je ne trouve plus l’appétit alors qu’il fait son possible pour que je mange. Je pose ma tasse et une assiette de fraises et de biscuits qu’il inspecte. La télévision est éteinte, de nouveau dissimulée par le mur.
— Que veux-tu faire aujourd’hui ?
— Je ne sais pas.
— N’y a-t-il rien que tu aimerais faire avec moi ? propose-t-il en esquissant un sourire malicieux.
— Non.
Il me caresse les cheveux, la tête penchée sur le côté, le regard songeur.
— Une partie d’échecs, ça te va ?
— Oui.
Je termine mon maigre repas et débarrasse. Je l’entends installer les pièces sur l’échiquier avec minutie, tout en m’observant. Je détourne les yeux vers le salon, parfaitement rangé et lisse comme mon esprit. Mon regard s’attarde sur le mur derrière lequel se cache la télévision et je me remémore les nouvelles du matin.
— Dis-moi… c’était toi, n’est-ce pas ? Ce monsieur dans la télé.
— Oui.
Il évite mon regard.
— Est-ce que c’est ton travail ?
— En quelque sorte.
— Dans quel domaine exerces-tu ?
— Tu es bien curieuse aujourd’hui.
— Pardon.
— Ce travail nous permet de vivre, d’accord ?
— Oui.
La nouvelle me surprend. Son attitude, surtout. Comme si ôter la vie à une personne pour gagner de l’argent n’était qu’un détail. Mais je décide de ne pas lui faire part de ma désapprobation, de peur de le contrarier. Après tout, il le fait pour nous. Afin que nous puissions vivre. La sonnerie de son téléphone brise le silence. Il le consulte, visiblement ennuyé, puis décroche et quitte la pièce.
J’attends. Bien droite sur ma chaise, les mains posées sur mes genoux. Mais il ne réapparaît pas. Ne le voyant pas revenir au bout d’une heure, je me lève et attrape un livre posé sur la table basse. Le dernier qu’il m’a rapporté. En général, il m’offre des livres sur les sciences, l’art ou des classiques de la littérature. Cette fois-ci, le thème du livre porte sur les sentiments et plus exactement sur l’amour. Intriguée, je feuillète les premières pages. Un énoncé biologique présente les sentiments et l’attirance des êtres humains les uns envers les autres. Je referme le livre et regarde la couverture jaune où le titre est inscrit en lettres rouges : « Qu’est-ce que l’amour ? ». A-t-il fait ça pour que je me laisse faire ? Ou serait-ce un test ? Je n’ai pas respecté la routine à la lettre et il est sûrement au courant. Il sait tout. Soucieuse à l’idée qu’il me découvre alors que je lui désobéis, je referme le livre, le pose exactement à l’endroit où je l’ai trouvé et me rassois face au jeu d’échecs.
L’horloge affiche 11 h. Je me lève pour préparer le déjeuner. Il n’est toujours pas ressorti de la chambre. Il lui arrive de disparaître quelques heures pour discuter au téléphone, alors je ne m’en inquiète pas. L’appartement est de nouveau plongé dans le silence. Lors de ces appels téléphoniques, je deviens soudainement sourde. Je ne sais donc pas ce qui le maintient au téléphone si longtemps. Souvent, il part travailler après avoir raccroché. Je suppose que ce sont des appels professionnels.
— Laisse-toi faire, s’il te plaît.
Sa voix suave me fait sursauter. Je ne l’ai pas entendu entrer. Ses bras m’enlacent de part et d’autre, me faisant tressaillir et je lâche le couteau. Je sens ses lèvres contre mon cou, ce qui me donne la chair de poule.
— Non…
— S’il te plaît, murmure-t-il encore.
Je me retourne, posant ma main contre son torse pour essayer de l’éloigner de moi. Il resserre son étreinte autour de ma taille et plonge alors son regard dans le mien. Ses yeux gris foncé me transpercent et me dévorent, comme s’il voulait m’avaler toute entière. Son cœur bat fort. Face à son insistance, je n’ai qu’une seule envie : fuir.
— Ton cœur bat fort. Ce n’est pas bien. Je t’en prie, arrête.
— S’il bat fort, c’est pour une autre raison.
Il m’embrasse encore dans le cou, puis sur la joue et s’arrête devant mes lèvres sur lesquelles il pose son pouce comme pour me dire de me calmer. Je ferme les yeux et baisse la tête. Son téléphone, posé à côté de la planche à découper, l’interrompt en