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Déchéance
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Livre électronique229 pages3 heures

Déchéance

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À propos de ce livre électronique

Une rue populeuse, perdue au fond de quelque lointain quartier de Paris.
Dans cette rue, parmi le va-et-vient incessant de la foule affairée, un homme passe, inaperçu :
Il est élégamment vêtu, ganté de frais, coiffé d’un impeccable haut de forme… De toute évidence, c’est un parfait gentleman, habitué au luxe.
Il est grand, robuste, jeune encore, malgré ses tempes argentées. Sa vigueur calme et confiante se manifeste à chacun de ses gestes. Mais son visage impassible, indéchiffrable, semble fermé à toute émotion : il doit y avoir un cœur d’airain dans cette large poitrine…
Il va d’un pas souple, assuré, d’une allure ni trop lente, ni trop vive. Et tout, dans son attitude, indique la force tranquille. Rien ne permet de supposer qu’une inquiétude secrète peut être en lui.
Cependant, sans qu’il y paraisse, son œil de feu, au passage, dévisage chaque passant d’un regard profond, sûr… et si rapide que nul ne le peut remarquer. Il ne se retourne jamais. Mais, de temps en temps, il s’arrête devant une vitrine de magasin. Alors, tandis que toute son attention paraît se concentrer sur les objets étalés derrière la vitre, il jette autour de lui le même coup d’œil inquisiteur, extraordinairement rapide.
LangueFrançais
Date de sortie20 juil. 2024
ISBN9782385747169
Déchéance
Auteur

Michel Zévaco

Michel Zévaco, né le 1er février 1860 à Ajaccio et mort le 8 août 1918 à Eaubonne, est un journaliste anarchiste et écrivain français, auteur de romans populaires, notamment de la série de cape et d'épée Les Pardaillan.

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    Aperçu du livre

    Déchéance - Michel Zévaco

    I

    L’INCONNU

    Une rue populeuse, perdue au fond de quelque lointain quartier de Paris.

    Dans cette rue, parmi le va-et-vient incessant de la foule affairée, un homme passe, inaperçu :

    Il est élégamment vêtu, ganté de frais, coiffé d’un impeccable haut de forme… De toute évidence, c’est un parfait gentleman, habitué au luxe.

    Il est grand, robuste, jeune encore, malgré ses tempes argentées. Sa vigueur calme et confiante se manifeste à chacun de ses gestes. Mais son visage impassible, indéchiffrable, semble fermé à toute émotion : il doit y avoir un cœur d’airain dans cette large poitrine…

    Il va d’un pas souple, assuré, d’une allure ni trop lente, ni trop vive. Et tout, dans son attitude, indique la force tranquille. Rien ne permet de supposer qu’une inquiétude secrète peut être en lui.

    Cependant, sans qu’il y paraisse, son œil de feu, au passage, dévisage chaque passant d’un regard profond, sûr… et si rapide que nul ne le peut remarquer. Il ne se retourne jamais. Mais, de temps en temps, il s’arrête devant une vitrine de magasin. Alors, tandis que toute son attention paraît se concentrer sur les objets étalés derrière la vitre, il jette autour de lui le même coup d’œil inquisiteur, extraordinairement rapide.

    Et il repart, de son même pas, souple et assuré.

    À s’en rapporter aux apparences, c’est un inoffensif flâneur…

    L’homme arrive devant une grande maison bourgeoise, d’assez belle apparence. Il s’arrête sur le seuil de la grande porte. Il sort son étui de la poche, y prend une cigarette et l’allume sans se presser.

    Ce qui lui permet de fouiller la rue d’un coup d’œil méfiant.

    Il entre.

    Il traverse une petite cour en tirant des bouffées de fumée de sa cigarette, il pénètre dans le second corps de bâtiment, il s’engage dans l’escalier, et il commence à monter posément…

    À ce moment, sur les carreaux de la cour, retentit un bruit de pas pressés que l’oreille subtile – et sans doute aux aguets – de l’homme perçoit distinctement.

    Comme si ce bruit de pas – naturel, pourtant, en cet endroit – déchaînait une subite et incompréhensible épouvante dans l’esprit de cet homme si froid, si fort, et qui semble si maître de lui, juste à ce moment, l’allure précipitée et violente, il se rue à l’escalade de l’escalier dont il franchit les marches deux à deux.

    Vraiment, à le voir, on pourrait croire qu’une menace mortelle est suspendue sur lui !

    Que craint-il donc ?…

    Pourtant, le bruit de pas qui semble l’avoir affolé, s’est arrêté au premier étage. Le claquement sec d’une porte qui se ferme, indique que, simplement, c’est un locataire qui est rentré chez lui !

    Mais lui n’a pas entendu, cette fois.

    L’allure désordonnée, le souffle rauque, il poursuit son escalade. Il arrive là-haut, tout là-haut, sous la calotte de zinc où sont les mansardes. Un bond l’amène devant une porte fermée. Avec une rapidité prodigieuse, la porte est ouverte, et, comme un ouragan, il s’engouffre dans la pièce. En hâte, – mais avec quelle sûreté de main rapide, – il referme la porte. Et son visage convulsé trahit l’angoisse qui l’étreint, tandis que, penché sur la porte, il écoute si personne, derrière lui, ne monte l’escalier.

    Non, il n’entend aucun bruit ! Personne ne l’a suivi !

    Il se redresse lentement, souffle longuement, s’écarte, se remet…

    L’homme se trouve dans une pauvre mansarde, toute petite : quatre pas suffisent pour aller de la porte à la fenêtre… encore ne faut-il pas faire de trop grandes enjambées. Un étroit lit de fer, une misérable table en bois blanc, une chaise de paille grossière la garnissent.

    Si petite qu’elle soit, ce n’est pas assez pour la meubler. C’est assez pour en accentuer la sinistre apparence.

    Est-ce là le retrait de cet élégant gentleman ?

    Il faut croire.

    Logis de malheureux ? Ou tanière d’escarpe ?

    Nous allons être fixés.

    L’homme s’avance, enlève son chapeau et son ample pardessus qu’il jette sur le lit. Il vient à l’humble table, y dépose ses gants… et aussi le revolver qu’il étreignait dans son poing crispé, tandis que, haletant, il écoutait derrière la porte.

    Près de la table, le revolver devant lui, bien à portée de la main, il se laisse tomber lourdement sur l’unique chaise.

    Alors, fébrilement, il se fouille et sort de sa poche un journal qu’il a dû lire et relire, car la feuille est toute froissée. Avide, il recherche le passage qui lui apparaît comme une condamnation à mort.

    C’est un article d’information, dont le titre se détache en gros caractères :

    L’INCONNU EST REVENU EN FRANCE

    Cet Inconnu, dont le journal annonce le retour, c’est un bandit redoutable, qu’on croyait mort depuis longtemps, qui, simplement, était allé prudemment se cacher par delà les mers, et qui, se croyant oublié, sans doute, était revenu en France depuis trois mois.

    L’article rappelle la longue série de crimes commis par l’Inconnu au cours de son existence tourmentée de criminel endurci. Et c’est une effrayante énumération : chantages, escroqueries, vols, faux, meurtres… Deuils et ruines accumulés par cet homme insaisissable, qu’on en est réduit à désigner sous ce nom de l’Inconnu, parce qu’on n’a jamais pu pénétrer sa véritable identité, cet homme animé de toutes les audaces, qui n’a jamais connu la pitié, de même qu’il ignore le remords.

    Encore, ne rappelle-t-on là que des crimes connus, qu’on peut lui attribuer en toute assurance, parce que les preuves de sa culpabilité abondent.

    Mais de combien d’autres forfaits insoupçonnés, plus horribles peut-être, sa conscience est-elle chargée ?

    Lui seul peut le savoir…

    Or, cet Inconnu, ce bandit, c’est lui ! Cette terrifiante histoire, c’est la sienne !…

    L’Inconnu, – nous lui laisserons ce nom, puisqu’on ne lui en connaît pas d’autre, – l’Inconnu passe des détails qu’il connaît infiniment mieux que ne les connaît le reporter qui s’est fait son biographe. Et ses yeux, comme attirés par quelque irrésistible aimant, se portent aussitôt sur les dernières lignes, pour lui flamboyantes :

    « Ainsi, alors qu’on le croyait mort depuis si longtemps, il poursuivait en Amérique sa carrière d’aventurier criminel. Le voici de retour. Mais sa trace est trouvée, on le suit pas à pas, et, cette fois, il ne s’échappera pas. »

    Ainsi, cet homme, ce gentleman élégant, cet Inconnu, c’est un bandit traqué par la police des deux mondes !

    Il va être arrêté, livré à la justice… à l’échafaud !

    Ceci explique l’attention soupçonneuse avec laquelle, dans la rue, il dévisageait tous les passants. Ceci explique également l’émotion violente qui le secouait, lorsque, se croyant suivi, nous l’avons vu grimper quatre à quatre, les marches de son escalier et se ruer dans son misérable intérieur.

    Mais la lecture de cet article inquiétant a exaspéré ses nerfs déjà tendus à éclater et qu’il ne sait plus maîtriser. Son imagination surchauffée crée des menaces affolantes, bien qu’elles soient chimériques. De nouveau, et soudain, la terreur s’abat sur lui : il laisse tomber le journal, saisit le revolver et gronde :

    « On monte !… On vient à moi !… Je vais être pris !… Tonnerre ! ils ne m’auront pas !… »

    D’un bond, le revolver au poing, il court à la porte pour y établir une suprême défense. Et, dans son allure souple, dans ses attitudes formidables, nous reconnaissons alors un fauve prêt au meurtre, un redoutable félin de la jungle sociale.

    Passionnément, de tout son être, il écoute…

    Il se redresse, rassuré, en murmurant :

    « Ce n’est rien ! ce n’est pas pour cette fois ! ce n’était qu’un bruit banal ! »

    Mais l’alerte a été rude ! le profond soupir qui gonfle sa poitrine révèle l’angoisse qu’il vient d’éprouver.

    Sa gorge a dû se serrer violemment, car il va au rebord de la fenêtre, sur lequel se trouve une carafe, et, d’un trait, il boit une forte lampée d’eau.

    Il revient près de la table, repose le revolver devant lui, s’assied. Et il songe, il s’enfonce dans une profonde méditation…

    Il va être arrêté !

    L’effroyable vision de la cour d’assises… de la guillotine, hante son regard trouble.

    La guillotine !

    « Non ! non ! Tout plutôt que cela ! Tout, même le suicide ! Pour échapper à la justice des hommes, je me tuerai s’il le faut ! J’en ai les moyens… j’ai tout prévu !… »

    Ces paroles, il les prononce tout haut, d’une voix qui ne tremble pas, avec force. En même temps, il fouille dans son gousset et en sort un petit étui d’acier qu’il ouvre. Dans sa main, de l’étui, il laisse tomber une boulette brune… C’est du poison, de l’aconitine. Cette boulette, il la tient un instant entre deux doigts, il la regarde sans effroi, en songeant :

    « Que j’absorbe cette boulette : le gluten qui enveloppe l’aconitine, en deux minutes, sera dissous par l’estomac, et alors, ce sera l’inviolable refuge… la mort !… Je n’ai qu’à vouloir !… »

    Mais dans ses yeux, fixés sur la boulette, passe l’ombre des horreurs plus fortes que la volonté.

    La mort ! Oh ! il ne la craint pas ! Mais en lui, des réserves d’énergie vitale se révoltent :

    « Mourir quand la vie, malgré les frissons de l’aventure, malgré les incessantes luttes soutenues, m’apparaît si bonne encore !… Allons donc ! je perds la tête, décidément !… Et puis… ils ne me tiennent pas encore !… »

    Il remet la boulette dans l’étui qu’il referme et enfouit dans son gousset. Et il décide :

    « Je vivrai ! Et pour vivre, je fuirai de France, comme j’ai fui d’Amérique ! »

    Cette fois, il ne reviendra pas sur sa décision.

    Mais, tout de suite après, il se pose l’angoissante question :

    « Où aller maintenant ? Où me réfugier ? Vers quel point du monde me diriger ? »

    C’est là, en effet, le point capital.

    Il réfléchit longuement.

    Un souvenir, soudain, s’éveille en lui : quelques lignes dans le journal même qui annonce son imminente arrestation, l’ont frappé. C’est une simple annonce, aux Nouvelles Maritimes. Vivement, il ramasse le journal ; vite, il la cherche, la parcourt des yeux.

    Et voici ce qu’elle dit, cette annonce :

    « Le Léviathan, de la Compagnie Interocéanique, sortira des jetées du Havre, demain, à la marée du soir, à destination de Sidney, Australie. »

    L’Australie ! La possibilité de trouver un refuge sûr, de recommencer sa vie, et qui sait ? de faire fortune, peut-être, en ces pays encore neufs.

    Oui, il faut qu’il coure au Havre ! Il faut qu’il prenne place à bord du Léviathan !

    Mais pour commencer en Australie la lutte nouvelle qu’il entrevoit déjà avec la rapidité de l’imagination, il lui faut une mise de fonds, ne fût-ce que quelques milliers de francs !

    A-t-il seulement de quoi payer son voyage ?

    À peine s’est-il posé la question que, déjà, il se fouille. Il sort tout ce qu’il possède, jusqu’à la petite monnaie. Il étale cette misérable fortune sur la table. Il la compte. Et il a un geste de rage nerveuse, et un cri de déception furieuse lui échappe :

    « Même pas quatre cents francs en tout !… »

    Que faire ? que faire ?… Où trouver la somme nécessaire ?

    Il cherche… Il cherche à qui s’adresser, à qui demander, qui implorer…

    Implorer ! Ce mot frappe désagréablement son orgueil qui se révolte. Et puis, il réfléchit que celui qui implore n’obtient guère qu’une pauvre petite aumône… si, toutefois, il obtient quelque chose. Et lui, tout bien pesé, c’est une grosse somme qu’il lui faut. Et puis… il n’est ni dans son tempérament, ni dans sa manière d’implorer. Il ne l’a jamais fait. Il a toujours eu recours à la force ou à la menace. Et cela lui a toujours réussi.

    Il conclut, sur quel ton d’implacable résolution :

    « Menacer ! Oui, c’est par la menace que j’arriverai à « faire » la somme ! »

    Ceci étant bien décidé, il ne reste plus qu’à trouver qui il va menacer.

    C’est ce qu’il cherche encore, obstinément.

    Et soudain, il pousse un rugissement de joie : il a trouvé !

    Il sait qui il doit menacer. Son œil noir s’illumine. Une flamme brûlante en jaillit. Malheur à celui ou à ceux sur qui il va étendre sa terrible griffe.

    Et c’est cela qu’il songe ! C’est cela qu’il dit :

    « Là ! oui, là, je trouverai l’argent nécessaire ! Et, s’il refuse… malheur à lui, malheur à elle, malheur à tous !… »

    Elle ! Il y a donc une femme parmi ceux qu’il veut menacer ?

    Et qui est-ce, ce lui auquel il compte extorquer l’argent dont il a besoin ?

    Il s’est levé tout d’une pièce, il semble très résolu. Cependant, il ne bouge pas d’à côté de la table, il hésite, il murmure :

    « Lui !… Elle !… Non, vraiment, pas eux !… Ils sont assez malheureux, par ma faute !… Je ne peux pas, je ne dois pas les frapper davantage !… »

    Quoi ! il plaint lui-même ceux qu’il a choisis pour victimes, ceux qu’il « ne doit pas frapper davantage, parce qu’ils sont assez malheureux par sa faute ! » Il semble éprouver comme un remords du mal qu’il leur a déjà fait !

    C’est donc un cœur d’homme et non pas, comme nous le pensions, un bloc d’airain qu’il a dans la poitrine ?

    On pourrait, le croire, car, un instant, une aube d’humaine pitié se lève dans le regard de l’Inconnu.

    Mais pitié brève, aube fugitive… comme toutes les aubes : presque aussitôt, son regard reprend son implacable dureté, sa physionomie se ferme, revenue à cette farouche impassibilité qui est la marque de son tempérament.

    Il lève les épaules, comme s’il se raillait lui-même de cet embryon de sensibilité qui vient de se manifester en lui. Il ramasse l’argent étalé sur la table, va au lit, endosse le pardessus, coiffe l’éblouissant huit-reflets, passe les gants gris perle, n’oublie pas de glisser le revolver dans sa poche, et, gentleman impeccable, il sort d’un pas résolu…

    Il va aller à lui… à elle…

    Le malheur est en marche !

    II

    JULIEN

    Il était étudiant en médecine et s’appelait Julien… Julien tout court… Ce pouvait être un prénom. Ce pouvait être aussi un nom de famille…

    Dans une petite rue écartée du quartier Latin, au cinquième étage d’une grande maison moderne, il occupait un petit logement composé d’une minuscule entrée, d’une chambre à coucher et d’un cabinet de travail : un « studio », comme on dit aujourd’hui.

    Du haut de sa fenêtre, il pouvait, au jardin du Luxembourg proche, apercevoir la cime des grands arbres qui, par cette froide et belle matinée hivernale, tendaient vers le ciel d’un beau bleu pâle leurs branches dénudées.

    Le studio de l’étudiant était une pièce claire et gaie. On y voyait des rayons de livres, des fauteuils, quelques aquarelles aux murs, une grande table de travail.

    L’intérieur ne manquait pas d’une certaine élégance, et le bon ordre qui y régnait dénotait que l’étudiant avait pris au sérieux les nécessités du labeur.

    Julien était un jeune homme de vingt-trois ans. Il avait une physionomie ouverte, sympathique, un peu grave, peut-être… et soucieuse.

    Au moment où nous le présentons au lecteur, il examinait des planches anatomiques, prenait des notes, attentif au travail.

    Mais peut-être le travail n’était-il pas l’unique préoccupation de cet esprit.

    Peut-être y avait-il un secret dans cette vie, sereine en apparence, plus laborieuse, plus sérieuse et plus rangée, assurément, que ne le sont d’ordinaire les existences des hommes au printemps de leur vie.

    Or, à vingt ans, quel peut être le grand secret de la pensée humaine, si ce n’est l’amour ?

    L’amour ! Oui, on peut supposer qu’un amour couve dans ce cœur.

    Cependant, la lourde tristesse qui accable l’étudiant Julien est telle que nous pouvons nous demander si cet amour n’est pas un amour périlleux, entouré d’embûches et d’obstacles…

    Ou bien, c’est que quelque mystère pèse de tout son poids sur cette jeune existence.

    Était-ce un amour coupable qui rendait ce jeune homme si sérieux ? Était-ce un dramatique mystère ?

    Lequel des deux ? qui sait ? les deux, peut-être !

    Quoi qu’il en soit, le regard de Julien ne tarda pas à se détacher des planches anatomiques. Il cessa de travailler, s’avança lentement, s’accota à sa table. Ses yeux perdus au loin dans le vide peuplé de fantômes allèrent chercher l’image qui le hantait…

    Était-ce l’image d’une femme ?

    Amour ou mystère ?

    Nous allons savoir.

    La sonnerie électrique, dans l’antichambre, vibra soudain.

    Arraché brusquement à ses pensées, Julien tressaillit. Sa physionomie mobile prit une expression de maussaderie caractérisée, et il eut un geste

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