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Condrieu (AOC)

région viticole

Le condrieu[2] est un vin blanc d'appellation d'origine contrôlée produit sur la rive droite du Rhône, près de Condrieu, au sud de la ville de Vienne. Il s'agit d'une appellation du vignoble de la vallée du Rhône septentrionale, entre les aires de production du côte-rôtie au nord et du saint-joseph au sud. Le vignoble du condrieu inclut celui de l'appellation château-grillet ; on ne produit que du vin blanc sur ces deux appellations, utilisant un seul cépage, le viognier, qui trouve ici son territoire d'élection.

Condrieu
Image illustrative de l’article Condrieu (AOC)
Vignobles de Condrieu

Désignation(s) Condrieu
Appellation(s) principale(s) condrieu
Type d'appellation(s) AOC
Reconnue depuis 1940
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble de la vallée du Rhône
Sous-région(s) vallée du Rhône septentrionale
Localisation Rhône, Loire et Ardèche
Climat tempéré méditerranéen dégradé avec influence continentale
Sol granitiques
Superficie plantée 168 hectares
Nombre de domaines viticoles 90 producteurs environ
Cépages dominants viognier B
Vins produits blancs
Production 4 600 hl par an (en moyenne)
Pieds à l'hectare minimum 6 500 pieds par ha
Rendement moyen à l'hectare 41 à 46 hl/ha[1]

Histoire

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Antiquité

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Condrieu, antique cité des mariniers, fut en relation avec les Phocéens de Massalia.

Moyen Âge

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Période moderne

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Période contemporaine

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Vignobles de Condrieu vers 1925.

L'appellation d'origine contrôlée est obtenue le  ; le décret a été modifié depuis, la première fois en 1967.

L'appellation doit beaucoup a Georges Vernay, surnommé « Le pape du Condrieu »[3], mondialement reconnu pour avoir sauvé le viognier et pour avoir donné l'élan à toute une génération de vignerons entre Condrieu et Ampuis, mais aussi pour avoir été à la tête du Syndicat de l'Appellation pendant près de 30 ans. Cette figure de Condrieu où il a grandi a toujours cru en ses terroirs alors que depuis l’après-guerre la culture de la vigne sur les coteaux est pratiquement abandonnée.

L’appellation Condrieu compte environ 6 hectares en 1960 contre environ 210 hectares aujourd'hui[4]. Georges Vernay décide de défricher dès 1953 et de faire revivre le cépage viognier sur les coteaux granitiques.

La ville de Condrieu lui a rendu hommage en inaugurant une place à son nom : "Georges Vernay (1926-2017). Vigneron visionnaire, convaincu de l'exception de ce terroir. Il a fait renaître le viognier sur les coteaux de Condrieu."[5].

Depuis 2012, ce vignoble fait partie du label Vignobles & découvertes, visant à promouvoir les destinations œnotouristiques en France.

Étymologie

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Les premiers textes attestent Conriacus, au Xe siècle, puis de Condriaco, en 1251. Pour les toponymistes l'origine est à chercher dans le nom d'un homme gaulois *Comerius, variété de Comarius, avec le suffixe -acum[6].

Situation géographique

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Orographie

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Le terroir de cette appellation, abrité des vents du nord, est composé de sables caillouteux ou de sols granitiques aux versants abrupts aménagés en terrasses.

Géologie

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Les sols reposent sur du granite, à biotite ou à muscovite. Dans ce terroir dominent les terrasses retenant une terre acide composée de sable de type arène et de cailloutis d’une couleur gris clair à rosâtre ou roussâtre.

Climatologie

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Ce terroir viticole est exposé plein sud avec des étés chauds et ensoleillés, des automnes doux et une pluviométrie bien étalée mais avec des hivers rigoureux, où la sensation de froid est renforcée par la bise. Son climat est de type semi-continental avec des influences méditerranéennes, la température moyenne annuelle a été, entre 1920 et 2008, de 11,7 °C avec un minimum de 2,8 °C en janvier et un maximum de 21 °C en juillet[7]. La température minimale y a été de -24,6 °C le et la plus élevée de 40,4 °C le [8]. L'ensoleillement y est de 1 976 heures par an en moyenne, soit environ 164 jours par an[9]. Les hivers sont relativement secs, et dépourvus de neige en plaine (toutefois de fortes précipitations ne sont pas exclues). Les frimas sont courants et les températures varient généralement d'une dizaine de degrés au plus pendant la journée. Les étés sont généralement chauds et secs : l'amplitude des températures en journée atteint parfois une vingtaine de degrés, et les températures maximales dépassent parfois les 35°. Le mois d'août est parfois frais et pluvieux (2006 et 2007) avec quelques orages et une légère brise qui disperse les polluants de l'air. Les mois d'août 2003 et 2009 étant au contraire très chauds et secs avec respectivement 33° et 30° de température maximale en moyenne. Le mistral souffle souvent, dû à a compression de l'air dans le sillon rhodanien.

Relevés météo à Lyon
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −0,4 0,5 3,1 5,7 9,6 13 15,2 14,7 11,8 8 3,5 0,6 7,1
Température moyenne (°C) 2,8 4,3 7,8 10,8 14,9 18,5 21 20,4 17,2 12,4 6,9 3,4 11,7
Température maximale moyenne (°C) 5,9 8 12,5 15,8 20,2 24 26,8 26,1 22,4 16,8 10,3 6,2 16,3
Record de froid (°C) −23 −22,5 −10,5 −4,4 −3,8 2,3 6,1 4,6 0,2 −4,5 −9,4 −24,6 −24,6
Record de chaleur (°C) 17,7 21,9 25,7 30,1 34,2 38,2 39,8 40,4 35,8 28,4 23 20,2 40,4
Précipitations (mm) 51,9 47,1 56,4 64,8 81,3 78,4 63,4 83,1 86,4 84,4 80,3 56,6 834,9
Source : Le climat dans la région lyonnaise (en °C et mm, moyennes mensuelles 1920/2008 et records depuis 1920)[1]


Vignoble

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Présentation

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Le vignoble s'étend sur sept communes des départements du Rhône, de la Loire et de l’Ardèche : Condrieu dans le Rhône, Chavanay, Malleval, Saint-Michel-sur-Rhône, Saint-Pierre-de-Bœuf, Vérin dans la Loire, et Limony dans l'Ardèche (soit sept communes dans trois départements, mais concentrées dans une zone ne dépassant guère 15 km).

 
Vue panoramique de Condrieu et des Roches de Condrieu en juillet 2012.

Encépagement

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Cette AOC a pour particularité de n'être composée que d'un seul cépage, le viognier.

Comparaison de l'encépagement de l'AOC condrieu avec les autres appellations locales des côtes-du-rhône septentrionales

Dans les décrets d'appellation, une division est faite entre le cépage majoritaire (indiqué par "M"), les variétés supplémentaires (indiqué par "S") et celles autorisées (indiqué par "(A)").

Cépage AOC locales septentrionales
Condrieu[10],
Château-Grillet[11]
Cornas[12] Côte-Rôtie[13] Hermitage[14], Crozes-Hermitage[15] Saint-Joseph[16] Saint-Péray[17]
Rouge Blanc Rouge Blanc
Marsanne (A)
max 15 %
M
0-100 %
(A)
max 10 %
M
0-100 %
M
0-100 %
Roussanne (A)
max 15 %
M
0-100 %
(A)
max 10 %
M
0-100 %
M
0-100 %
Syrah M
100 %
M
min 80 %
M
min 85 %
M
min 90 %
Viognier M
100 %
(A)
max 20 %

Méthodes culturales

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Vigne sur échalas en appellation Condrieu

Les parcelles, majoritairement en coteaux, sont alors plantées en chaillets, et sur échalas. Les autres peuvent être palissées.

Vinification et élevage

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Terroir et vins

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Ce vignoble produit un vin blanc d’une robe d’or pâle aux reflets dorés. C'est un très grand vin, rare, coûteux et recherché, à boire jeune. Il est caractérisé par des arômes floraux marqués (principalement violette) et fruités (pêche blanche, abricot) où explosent des notes de bouquets champêtres, de violette et d’iris. Sa bouche souple, onctueuse et capiteuse allie une grande fraîcheur à une belle longueur.

Récemment, deux nouveautés (discutées par certains amateurs, plébiscitées par d'autres) ont été introduites : passage croissant au chêne neuf, vinification en vendanges tardives.

Structure des exploitations

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Type de vins et gastronomie

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Foie gras aux amandes, abricots et AOC Condrieu

Ce vin se présente avec une robe d’or pâle aux reflets dorés. Au nez puissant mais élégant, il dégage un bouquet où dominent les fleurs champêtres, la violette et l’iris. Ces arômes se mêlent harmonieusement à celui de l’abricot caractéristique de ce cépage d’exception. D’une belle longueur en bouche, ce vin a atteint l’incomparable en 1990 lors d’une récolte unique en vendanges tardives.

Il est à déguster avec les poissons du Rhône, la mousse de brochet, le boudin blanc, les anguilles grillées, les écrevisses, le foie gras, les grands fromages. La réputation et le lancement gastronomique de ses vins de collectionneurs doivent beaucoup au grand restaurant Fernand Point de Vienne (La Pyramide).

Millésimes

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Ils correspondent à ceux du vignoble de la vallée du Rhône. Ils sont notés : année exceptionnelle  , grande année  , bonne année ***, année moyenne **, année médiocre *.

Millésimes 2000 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000
Caractéristiques   *** ***         ***    
Millésimes 1990 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990
Caractéristiques *** *** ** ***   ** ** ** ***  
Millésimes 1980 1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 1980
Caractéristiques       ***   **   ***    
Millésimes 1970 1979 1978 1977 1976 1975 1974 1973 19722 1971 1970
Caractéristiques       ** ***   *** ** **  
Millésimes 1960 1969 1968 1967 1966 1965 1964 1963 1962 1961 1960
Caractéristiques ** *     *** *** ** ** ***  
Millésimes 1950 1959 1958 1957 1956 1955 1954 1953 1952 1951 1950
Caractéristiques           ***     **  
Millésimes 1940 1949 1948 1947 1946 1945 1944 1943 1942 1941 1940
Caractéristiques           **     ** **
Millésimes 1930 1939 1938 1937 1936 1935 1934 1933 1932 1931 1930
Caractéristiques *     *** **     ** ** **
Millésimes 1920 1929 1928 1927 1926 1925 1924 1923 1922 1921 1920
Caractéristiques     **   **     **    
Sources : Yves Renouil (sous la direction), Dictionnaire du vin, Éd. Féret et fils, Bordeaux, 1962 ; Alexis Lichine, Encyclopédie des vins et alcools de tous les pays, Éd. Robert Laffont-Bouquins, Paris, 1984, Les millésimes de la vallée du Rhône & Les grands millésimes de la vallée du Rhône

Soit sur 90 ans, 24 années exceptionnelles, 26 grandes années, 16 bonnes années, 22 années moyennes et 2 années médiocres.

Commercialisation

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Le Condrieu dans la culture populaire

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Dans Vincent, François, Paul... et les autres, Yves Montand propose du Condrieu à ses amis le visitant. Dans une chanson de Renaud il apporte à son père une bouteille de Condrieu

Notes et références

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  1. Décret du 28 octobre 2009
  2. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
  3. « Georges Vernay, le "pape" du Condrieu, inhumé en l'église de Condrieu », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le ).
  4. « Georges Vernay, le pape des Condrieu, n’est plus », sur Terre de Vins, (consulté le ).
  5. « Condrieu, Georges Vernay, viticulteur, viognier, arboriculture. Une autre plaque en l’honneur du viticulteur Georges Vernay », sur leprogres.fr (consulté le ).
  6. Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Éd. Larousse, 1968, p. 1754.
  7. « Température à Lyon-Bron de 1921 à 2002 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur lameteo.org.
  8. Pierre Bessemoulin, Nicole Bourdette, Philippe Courtier et Jacques Manach, « La canicule d'août 2003 en France et en Europe », La Météorologie, no 46,‎ , p. 25-33 (lire en ligne [PDF])
  9. « Lyon - Rhône », sur linternaute.com.
  10. Décret relatif à l'AOC Condrieu, version du 28 octobre 2009 sur Légifrance
  11. Décret relatif à l'AOC Château-Grillet, version du 28 octobre 2009 sur Légifrance
  12. Décret relatif à l'AOC Cornas, version du 28 octobre 2009 sur Légifrance
  13. Décret relatif à l'AOC Côte-Rôtie, version du 28 octobre 2009 sur Légifrance
  14. Décret relatif à l'AOC Hermitage, version du 28 octobre 2009 sur Légifrance
  15. Décret relatif à l'AOC Crozes-Hermitage, version du 29 octobre 2009 sur Légifrance
  16. Décret relatif à l'AOC Saint-joseph, version du 28 octobre 2009 sur Légifrance
  17. Décret relatif à l'AOC Saint-péray, version du 28 octobre 2009 sur Légifrance

Bibliographie

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  • Pierre Le Roy de Boiseaumarié, Histoire de l'appellation Côtes du Rhône, Éd. Reflets Méditerranées, Avignon, 1978.
  • Pierre Charnay, Vignobles et vins des Côtes-du-Rhône, Éd. Aubanel, Avignon, 1985.
  • Robert W. Mayberry, Wines of the Rhône Valley, a guide to origins, Rowman & Littlefield Publishers, Totawa, New Jersey, U.S.A. , 1987.
  • Guy Jacquemont et Patrick Galant, Le Grand Livre des Côtes-du-Rhône, Éd. du Chêne, Paris, 1988.
  • Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.
  • Jean-Pierre Saltarelli, Vallée du Rhône : de l’appellation à la notion de cru, Vins magazine, n° 41, décembre 2001, janvier-février 2002.

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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