Cours Astronomie
Cours Astronomie
Cours Astronomie
. La
masse initiale dune toile doit tre suprieure 1/20 M
.
les plantes : matire condense, solide ou uide, de masse trop faible (< 1/20 M
) pour engendrer
des ractions de fusion nuclaire. Toutes les plantes observes ou dtectes ce jour sont en orbite
autour dune toile, attaches elle par la gravitation universelle. Par exemple autour du Soleil, Jupi-
ter, la plus grosse plante du systme solaire, a une masse denviron 1/1000 M
et la Terre moins de
1/300000 M
. Tandis que lon voit les toiles par la lumire quelles mettent, on ne voit les plantes
que parce quelles sont claires par leur toile : la partie claire dune plante rchit et diffuse
vers lespace une partie de cette lumire reue. Les plantes du systme solaire se distinguent aussi
des toiles par leur mobilit dans le ciel, qui se manifeste de manire sensible par rapport aux toiles,
lesquelles semblent xes les unes par rapport autres. Dans les plantes les plus massives, on retrouve
peu prs les mmes proportions dHydrogne et dHlium que dans les toiles, mais on trouve aussi
des plantes (telle la Terre) o ces lments lgers sont devenus minoritaires par rapport aux lments
plus lourds comme le Silicium ou le Fer. Les astrodes, les comtes et les satellites sont des objets
de nature plantaire, distingus des plantes par leur taille ou par leur situation dans lorganisation du
systme solaire. On commence aussi dtecter des plantes dune taille comparable celle de Jupiter
autour de certaines toiles proches (plus de 160 en Sept 2005), ce qui laisse penser que ces petits
corps froids doivent aussi exister partout dans lUnivers. Celles de ces plantes qui ont une masse
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 3
suprieure 13 fois la masse de Jupiter sont depuis peu appeles naines brunes, astres intermdiaires
entre toiles et vraies plantes.
Aprs une description des divers objets observs dans lUnivers, ce cours sattache montrer comment on
a pu dterminer leurs caractristiques et en particulier leur distance.
2 Description du systme solaire
2.1 Le Soleil
Le Soleil est une toile qui a lavantage pour nous dtre trs proche : sa distance moyenne la Terre vaut
par dnition 1 unit astronomique ou 1 UA= 149 597 870 km, soit environ 150 millions de km. Le Soleil
est une sphre gazeuse de 700 000 km de rayon (not 1 R
C la nuit
+430
C le jour.
2. Vnus, de taille comparable la Terre, a une atmosphre trs dense et trs tendue contenant 96%
de gaz carbonique et 3,5% dazote et donnant une pression norme de 93 bars au niveau du sol ;
elle est surmonte de nuages levs dacide sulfurique ; le gaz carbonique provoque un effet de serre
intense qui porte 450
OS
dt
2
=
GMm
||
SP ||
3
SP
m
d
2
OP
dt
2
=
GMm
||
SP ||
3
SP
On en dduit lquation du mouvement relatif de P autour de S :
d
2
SP
dt
2
=
G(M +m)
||
SP ||
3
SP
Cette quation admet des solutions particulires circulaires dcrites dun mouvement uniforme. Nous nous
contenterons ici de ce type de solution. Si lon considre ainsi une orbite de rayon R et dcrite la vitesse
angulaire constante , on sait quil lui correspond une acclration cinmatique
2
R qui sidentie
lacclration dynamique
G(M +m)
R
2
, do lon tire la troisime loi de Kpler :
2
R
3
= G(M +m) ou
R
3
T
2
=
G(M +m)
4
2
o T = 2/ est la priode du mouvement. Cette loi stend aux mouvements elliptiques, qui sont aussi
solutions de lquation du mouvement relatif, en y remplaant simplement R par le demi-grand axe a de
lellipse :
2
a
3
= G(M +m) ou
a
3
T
2
=
G(M +m)
4
2
Pour les plantes du systme solaire, la priode T qui intervient dans ces relations est la priode sidrale,
mesure par rapport un repre de directions xes. Si M reprsente la masse du Soleil et m celle dune pla-
nte, on voit quen ngligeant le rapport m/M, la quantit
2
a
3
est une constante GM/4
2
, la mme pour
toutes les plantes. En appliquant cette loi lorbite de la Terre (a = 1 UA, T = 1 an = 365, 2563 jours)
et en adoptant M = 1 M
.an
2
. En ngligeant la masse des plantes par rapport celle du Soleil, on a ainsi pour
deux plantes P et P
:
_
a
a
_
3
=
_
T
T
_
2
ce qui permet de connatre le rapport des grands axes des orbites plantaires partir de la mesure des
priodes sidrales de leurs mouvements.
Pour un satellite s de masse qui orbite une plante P de masse m sur une ellipse de demi-grand axe
a
s
avec une priode T
s
, on a de la mme faon :
a
3
s
T
2
s
=
G(m +)
4
2
Ngligeant la masse du satellite et combinant les troisimes lois de Kpler relatives au mouvement de la
plante autour du Soleil et celui du satellite autour de sa plante, il est donc possible de dterminer la masse
de cette plante en units de masse solaire :
m
M +m
=
_
a
s
a
_
3
_
T
T
s
_
2
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 9
Il suft pour cel de mesurer les demi-grands axes et les priodes sidrales de la plante et de son satellite.
Dans le cas du mouvement circulaire des plantes, on obtient simplement la valeur de la vitesse orbitale
V en identiant lacclration cinmatique V
2
/R lacclration dynamique
G(M +m)
R
2
, ce qui donne :
V =
G(M +m)
R
Pour la Terre, on trouve une vitesse de 2 UA par an, cest--dire de lordre de 30 km/s.
Pour le cas plus gnral du mouvement elliptique , on peut montrer que lon a, pour une plante situe
la distance r du Soleil sur une ellipse de demi-grand axe a :
V =
G(M +m)
_
2
r
1
a
_
Quand on fait tendre a vers linni et en ngligeant la masse m du deuxime corps, on obtient une valeur
de V appele vitesse de libration la distance r du corps de masse M :
V
Lib
(r) =
2GM
r
La vitesse de libration du systme solaire (permettant de sortir du systme solaire) depuis lorbite de la
Terre est ainsi
Gm
et V
Lib
() =
2Gm
de la Terre :
1
P
syn
=
1
T
1
T
Du fait que nous observons les plantes depuis une position mobile, la Terre, celles-ci ont un mouvement
apparent plus complexe quune simple rotation : Dans leur mouvement hliocentrique, les plantes tournent
dans le sens direct autour du Soleil, des vitesses dautant plus faibles quelles en sont plus loignes.
La Terre elle-mme tournant dans le mme sens, rattrape les plantes extrieures lors de leur opposition,
ou est rattrape par les plantes intrieures au moment de leur conjonction infrieure. Cela se manifeste
sur leurs mouvements observs depuis la Terre en suivant leurs dplacements par rapport aux toiles : Au
voisinage de ces instants, les plantes ont un mouvement apparent qui seffectue dans le sens rtrograde
(voir Fig 11). Au contraire, une demie priode synodique plus tard, leur mouvement apparent est direct.
Entre ces phases de mouvement direct et rtrograde, on observe que les plantes semblent ne plus bouger
par rapport aux toiles : Ce sont les stations. Lamplitude angulaire de la rtrogradation comprise entre
deux stations successives peut atteindre plus de 15
SP et
ST joignant le
Soleil S la plante P et la Terre T permettent de calculer le vecteur gocentrique de la plante :
TP =
SP
ST
avec
SP = a(cos(t)
i + sin(t)
j)
et
ST = a
0
(cos(
0
t)
i + sin(
0
t)
j)
o les vecteurs unitaires
i et
j forment une base de directions xes par rapport aux toiles dans le plan de
lcliptique (ou plan de lorbite hliocentrique de la Terre)
1
. Avec
_
a
a
0
_
3
=
_
_
2
(grce la troisime loi
de Kpler), il est simple de tracer la courbe dcrite par le point P dans le repre T
1
T
1
Cest par cette formule que lon a calcul la dure du jour sur Mercure donne plus haut.
Laxe de rotation des plantes sur elles-mmes nest pas forcment perpendiculaire au plan de leur orbite
autour du Soleil, ce qui induit le phnomne des saisons. Pour la Terre par exemple, langle entre laxe des
ples et la normale lcliptique vaut environ 23
27
, il passe ensuite lquinoxe dautomne, au solstice dhiver et revient au point vernal (voir Fig 14). En
ralit, laxe de rotation de la Terre nest pas xe car perturb par les attractions combines de la Lune et du
Soleil sur le renement quatorial de la Terre : On dcompose gnralement son mouvement en la somme
de 2 parties,
dabord une lente rotation de laxe des ples (en 25770 ans environ) dans le sens rtrograde sur un
cne de 23
. Ce
disque a un diamtre de 100 000 annes de lumire (note a.l., chaque a.l. reprsentant environ 10
13
km)
pour une paisseur moyenne de 2000 a.l. sauf au voisinage du centre qui apparat comme un renement
sphrique (appel bulbe) denviron 10 000 a.l. de diamtre (voir Fig 16).
Cest parce que le Soleil est lune des toiles contenue dans ce disque que notre Galaxie nous apparat
comme une importante concentration dtoiles le long dun grand cercle de la vote cleste (cest La Voie
Lacte). Le Soleil est environ 26 000 a.l. du centre galactique et pratiquement dans le plan de symtrie
du disque (ou plan galactique). Au voisinage du Soleil, les toiles sont en moyenne distantes les unes des
autres de 5 a.l. mais elles peuvent aussi tre regroupes en amas ouverts plus denses contenant de quelques
dizaines quelques centaines dtoiles ; elles peuvent aussi tre lies par paires (do leur nom dtoiles
doubles) et elles peuvent alors tre des distances comprises seulement entre quelques millions et quelques
milliards de km.
Dans le bulbe, la densit dtoiles va croissant vers le centre et certaines observations (en rayons X)
semblent mme indiquer la prsence au centre dun trou noir super-massif quivalent quelques millions
de masses solaires.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 12
Dans le disque, la densit des toiles et de la matire interstellaire est distribue selon une structure
spirale : Le bord du bulbe dans le plan galactique est le point de dpart de 4 bras spiraux qui semblent
senrouler dans ce plan autour du bulbe ; ce sont des zones du plan galactique ou la densit de la matire
interstellaire est la plus forte (ondes de densit). Le Soleil est actuellement entre deux de ces bras spiraux,
mais cette situation volue du fait de la rotation galactique : Le Soleil par exemple dcrit au voisinage du
plan galactique une orbite sensiblement circulaire centre sur le bulbe, raison de 250 km par seconde
et avec une priode de 200 millions dannes ; intervalles denviron 60 millions dannes, le Soleil se
retrouve alors dans lun des bras spiraux. La rotation galactique des autres toiles est semblable celle du
Soleil et avec une vitesse qui est paradoxalement presque indpendante de leur distance au centre galactique.
La constance de cette vitesse est incompatible avec la distribution dtoiles observe et il existerait de la
matire obscure, non encore observe, dont la masse totale pourrait bien tre beaucoup plus importante que
celle de lensemble des toiles visibles. La recherche de cette masse manquante est lune des proccupations
actuelles des astronomes.
Dans le plan galactique, la matire interstellaire (poussires et gaz) est rpartie en vastes nuages qui,
malgr leur densit trs faible, absorbent le rayonnement visible au point dempcher de voir dans le plan
galactique au del de quelques milliers dannes de lumire. Cette matire tnue est dtecte par les rayon-
nements quelle est susceptible dmettre ou dabsorber (nbuleuses brillantes ou nbuleuses obscures). Les
poussires sont des particules microscopiques reprsentant moins de 1% de la masse du milieu interstellaire,
constitues essentiellement de graphite, de silicates de fer, daluminium, de calcium, de magnesium . . . Les
poussires se trouvent mlanges des gaz ; ces derniers sont constitus de nuages molculaires (essentiel-
lement H
2
mais aussi CH, CN
+
et CN observs dans le domaine visible, et plus de 80 autres molcules,
dont le radical OH, observs dans le domaine radio) ; ces nuages comprennent entre 100 et 1000 molcules
par cm
3
pour une temprature de 10 20 K. La structure spirale de la galaxie est aussi observable par
les vastes nuages dhydrogne atomique prsents surtout dans les bras spiraux, dune densit de lordre de
50 atomes par cm
3
et de temprature comprise entre 25 et 250 K; ces conditions permettent lhydrogne
dmettre une raie intense 21 cm de longueur donde, quon ne sait pas reproduire sur Terre et que lon
qualie pour cette raison de raie interdite.
La Galaxie comporte aussi un halo sphrique, de mme centre et de mme diamtre que le disque
galactique, et peupl dune centaine damas globulaires. Ces amas sont des condensations de plusieurs
dizaines de milliers dtoiles rparties dans des globules ayant une symtrie quasi-sphrique ; la densit
dtoiles va en croissant vers le centre de ces globules. Ces amas se comportent comme des satellites de la
Galaxie, tournant autour du bulbe galactique sur des orbites trs allonges qui coupent le disque au voisinage
du bulbe ; ces mouvements seffectuent avec des priodes de quelques centaines de millions dannes.
3.2 Les toiles
Les toiles que lon voit dans la galaxie sont des astres analogues au Soleil, transformant de la masse en
nergie rayonnante par des ractions de fusion nuclaire. Pour avoir la temprature et la densit permettant
ces ractions, il faut que la masse des toiles soit suprieure 1/20 M
. Les
densits moyennes sont alors extrmement varies ( 10
18
kg.m
3
pour les pulsars ou toiles neutrons
qui condensent une masse quivalente celle du Soleil dans une sphre dune dizaine de km de rayon, ou
10
6
~kg.m
3
pour une toile gante de 1000 R
).
La luminosit des toiles est mesure par leur magnitude apparente m , dnie par :
m = 2, 5 log
10
(I/d
2
)
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 13
o I est lintensit lumineuse intrinsque de ltoile et d sa distance la Terre. Les units utiliser dans
cette formule sont relatives au monde des toiles : m vaut zro pour une toile de rfrence (Vga, toile
la plus brillante de la constellation de la Lyre) et vaut 5 pour les toiles tout juste visibles lil nu. Dans
ces conditions on montre que le Soleil a une magnitude de 27 et que les astres les plus faibles observables
actuellement avec les meilleurs tlescopes ont une magnitude voisine de lordre +30. Evidemment, la va-
rit des distances des toiles empche dutiliser la magnitude apparente pour comparer leurs luminosits
intrinsques. On utilise pour cela la notion de magnitude absolue qui est simplement la magnitude appa-
rente quaurait une toile si on lobservait une distance conventionnelle d
0
donne, prise la mme pour
toutes les toiles :
M = 2, 5 log
10
(I/d
2
0
)
Lunit de distance adopte ici est alors le parsec (not pc), dnie comme tant la distance au Soleil la
quelle il faudrait se placer pour voir le rayon de lorbite de la Terre (1 UA) sous un angle de 1
(1 seconde de
degr) ; le choix dune telle unit rsulte de la technique des parallaxes utilise pour mesurer la distance des
toiles les plus proches du Soleil (voir Chap. 4). On trouve alors les relations : 1 pc = 206 265 UA= 3, 26 a.l.
La distance d
0
a t choisie gale 10 pc, ce qui permet dcrire cette relation entre m et M :
M = m5 log
10
d + 5 avec d exprim en pc
On calculerait que pour le Soleil, M vaut 4, 8. Cette relation permet aussi de dterminer la distance d dune
toile si on mesure sa magnitude apparente m et si on peut estimer M par ses proprits lumineuses.
En fait, la magnitude absolue M est aussi une faon de mesurer I, et lon peut montrer que pour la
majorit des toiles (comme le Soleil) I est sensiblement proportionnel sa surface (cest--dire R
2
) et
T
4
(avec la loi de Stephan dj vue pour le Soleil) o T est sa temprature de surface. Comme le spectre
dune toile dpend dabord de sa temprature de surface puis des lments chimiques prsents dans son
atmosphre, ltude de son spectre permet de connatre ces paramtres physiques et chimiques. On trouve
alors que les toiles peuvent tre ranges dans diverses catgories selon leur temprature ou type spectral.
Ces types spectraux, classs par tempratures dcroissantes (de plus de 25000 K moins de 3500 K) sont
nots par les lettres suivantes (rsultant de raisons historiques) : O, B, A, F, G, K, M (voir Fig 17). En
ralit, on subdivise encore chaque type spectral en 10 parties (par exemple de G
0
G
9
) pour amliorer la
nesse du classement des toiles. Le Soleil est alors une toile de type G
2
.
Finalement, on peut donc mesurer assez nement le type spectral dune toile et, si on connait sa dis-
tance la Terre, on connait aussi sa magnitude absolue ; en plaant alors dans un diagramme la magnitude
absolue des toiles en fonction de leur type spectral, on trouve que pour la majorit des toiles, leur point
dans ce diagramme est situ dans une bande troite, appele squence principale, qui part des magnitudes
trs ngatives pour le type O (toiles trs lumineuses et trs chaudes) et descend en diagonale vers les ma-
gnitudes trs positives pour le type M (toiles trs faibles et relativement froides). Cest le diagramme HR
(ou de Hertzsprung-Russell, du nom des 2 astronomes qui lont tabli pour la premire fois vers 1910). Le
Soleil fait partie des toiles de la squence principale. On trouve aussi dans ce diagramme que le type spec-
tral est corrl la couleur des toiles : les toiles froides sont plutt rouges, les trs chaudes plutt bleues ;
le Soleil est plutt jaune. Les toiles les plus massives sont en haut de la squence principale, les moins
massives en bas. Ainsi, les toiles les moins massives sont faibles et rouges, tandis que les plus massives
sont brillantes et bleues (voir Fig 18).
La place des toiles dans ce diagramme dpend en fait de leur rayon. Celles prsentes dans le haut (trs
lumineuses) sont des toiles gantes et supergantes (classes I IV) qui peuvent aussi bien tre rouges que
bleues et leur rayon peut atteindre 1000 R
, comprend environ
1000 particules par cm
3
une temprature de 40 K, correspondant une masse totale de lordre de plusieurs
centaines de masses solaires. Il y a ainsi matire pour donner naissance un groupe de plusieurs centaines
dtoiles, qui pourront cependant avoir des masses diverses. En 100 000 ans, les condensations des futures
toiles (ou proto-toiles) voient leur temprature centrale slever au del de 10
6
K, permettant lamorce
des ractions nuclaires de fusion de protons en noyaux dhlium.
En moins dun million dannes, ces ractions contre-balancent leffet de contraction d la gravitation
et un quilibre stablit. Pendant ce temps, si le nuage qui a form la proto-toile avait une rotation initiale,
ce nuage saplatit aussi en un disque de gaz et de poussires lui aussi en rotation et susceptible de se
condenser lui-mme en de futures plantes. Lorsquelle nat, ltoile trouve alors sa place sur la squence
principale du diagramme HR : Cette squence correspond en effet la premire phase de la vie des toiles,
lorsquelles brulent leur hydrogne central pour le transformer en hlium. Ltoile reste sur la squence
principale tant quil y a dans son cur de lhydrogne disponible pour sa fusion en hlium. Cette phase
peut durer 50 milliards dannes pour une toile de 0, 1 M
). Le rsidu
de ltoile devenue naine blanche na plus dvolution si ce nest quun refroidissement inexorable. Si
la masse initiale est suprieure 3, 5 M
, et leur diamtre entre 20 000 et 150 000 a.l. Ces galaxies sont trs
riches en poussires et en gaz, comme notre Galaxie. Ltude de lvolution des toiles dans une
galaxie, montre que les galaxies spirales contiennent encore beaucoup dtoiles jeunes, formes par
la condensation de nuages de cette matire interstellaire quon trouve abondamment dans ce type de
galaxie.
2. les galaxies elliptiques ne prsentent aucune structure et apparaissent comme de vastes concentrations
dtoiles de forme sphrique ou ellipsodale, avec trs peu de gaz interstellaire et pas de poussires.
Leur masse peut tre comprise entre 10
6
et 10
13
M
, et leur dimension entre 5 000 et 50 000 a.l. Entre leurs toiles, ces galaxies contiennent
beaucoup de gaz, et des poussires en quantit variable. Elles apparaissent ainsi comme intermdiaires
entre les spirales et les elliptiques.
Cest peut-tre la faiblesse de la rotation des galaxies elliptiques et irrgulires qui les a diffrenci
des galaxies spirales. Les collisions relativement frquentes entre galaxies pourraient aussi conduire les
galaxies fusionner pour donner nalement des galaxies elliptiques. Globalement, on voit davantage de
galaxies spirales (60%) que delliptiques (30%) et dirrgulires (10%), mais ces chiffres pourraient tre
biaiss par la luminosit propre des galaxies (davantage dtoiles jeunes trs brillantes et donc visibles de
plus loin dans les spirales) ; lUnivers pourrait alors comporter jusqu 80% de galaxies elliptiques, 15%
de spirales et 5% dirrgulires. De toutes faons, leur distribution dans lUnivers est singulire comme le
montre ce qui suit.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 16
4.2 Organisation des galaxies
On distingue plusieurs niveaux dorganisation des galaxies :
1. Les galaxies satellites de notre Galaxie : On trouve plusieurs petites galaxies proches de la Galaxie,
considres comme lies elle par la gravitation et donc comme des satellites. Ce sont notamment
les 2 Nuages de Magellan, visibles dans lhmisphre sud, galaxies irrgulires distantes du centre
galactique de 170 000 et 210 000 a.l. seulement. Leur forme irrgulire est due aux dformations par
les effets de mares quelles subissent fortement en provenance de notre Galaxie cause de cette
proximit. On trouve aussi au moins 6 petites galaxies elliptiques, trs proches galement.
2. le Groupe local (ou amas local) de galaxies : Il sagit dune trentaine de galaxies, dont la ntre et
ses satellites, rparties non uniformment dans une sphre de 3 10
6
a.l. de rayon, centre sur notre
Galaxie (voir Fig 20). Au del de cette distance et jusqu prs de 8 10
6
a.l., on nobserve aucune
galaxie. Le Groupe local contient notamment la grande galaxie spirale dite dAndromde (du nom
de la constellation o on la voit), distante de 2 10
6
a.l. et qui se rapproche de nous 50 km.s
1
.
Sa masse est comparable celle de notre Galaxie. Son diamtre, galement comparable, nous la
fait apparatre, malgr sa distance, sous un angle de 3
du spectre des galaxies, souvent interprt comme rsultant de leffet Doppler-Fizeau (V = z c tant
que z << 1), on en dduit la distance D par le calcul, supposant connue la valeur de H. Cependant,
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 17
sans faire appel leffet Dopper, la constante H mesure plus simplement le taux de dilatation actuel
de lUnivers : 2 10
18
par seconde. Pour z non petit devant 1, la vitesse V est calculable en inversant
la relation relativiste z =
_
(1 +V/c)/(1 V/c) 1 mais la loi de Hubble qui scrivait z c = H D
pour z petit, doit tre reformule car dans lespace relativiste le terme de distance est mal dni
cause de lexpansion. Le paramtre z la remplace avantageusement et nest proportionnel D que
pour les objets proches. Le terme de vitesse devient lui-mme ambigu pour z lev car les galaxies
ne sont pas animes de vitesse mais sont comobiles dans lunivers en dilatation qui les porte.
Les galaxies les plus lointaines ainsi dtectes sont des objets trs lumineux ressemblant des toiles
(do leur nom de quasar, pour quasi-stellar objet) et qui pourraient tre des noyaux de galaxie en
formation. Lhomognit de lUnivers trs grande distance est aussi conrme par lobservation
dun rayonnement radio (appel rayonnement cosmologique) correspondant un univers homogne
dont la temprature moyenne actuelle vaut 2.735 K, et qui serait le rayonnement rsiduel de lexplo-
sion initiale, aprs refroidissement d lexpansion de lUnivers depuis le Big Bang. Cest aussi cette
explosion initiale qui aurait produit une nuclosynthse primordiale (fusion de lhydrogne en hlium,
puis en lithium et en bryllium) conduisant aux proportions 75% dHydrogne - 24% dHlium pour
la matire initiale de lUnivers.
5 La mesure des distances dans lUnivers
Avec lenvoi de nombreuses missions spatiales depuis plus de 40 ans, les mesures de distances dans
le systme solaire sont aujourdhui trs prcises ; cependant, toutes ces mesures sont fondes sur notre
connaissance des dimensions de la Terre, laquelle fut la base de la dnition du mtre et qui a t lobjet
de nombreuses missions de godsie depuis plusieurs sicles : La mthode de base tait celle de la triangu-
lation par laquelle la distance dun point loign P est obtenue par des mesures dangles dans un triangle
ABP : lobservateur vise P et B depuis A pour avoir langle
PAB , puis P et A depuis B pour avoir
langle
PBA; la mesure la longueur de la base AB permet ensuite de calculer les deux autres cts du
triangle.
Maintenant, les distances de points loigns la surface de la Terre sont dsormais connues par laser
au millimtre prs, grce notamment aux satellites godsiques qui lobservent en permanence. La distance
Terre-Lune est elle-mme mesure par laser quelques centimtres prs en utilisant les 4 recteurs laser
dposs sur son sol par les missions Apollo dans les annes 70. Les plantes sont aussi rgulirement vises
par des faisceaux-radar. Dans tous ces cas, on mesure les distances par lintermdiaire du temps mis par
un paquet de photons pour aller jusqu la cible puis pour revenir vers lobservateur aprs rexion sur sa
surface. Enn, des sondes spatiales ont t suivies en permanence par radio jusqu des distances de plu-
sieurs dizaines dunits astronomiques. Toutes ces mesures du systme solaire nous permettent dsormais
de connatre la valeur de lUA 10
9
prs : LUA est maintenant dnie comme la distance parcourue
la vitesse de la lumire (299 792 458 m/s) en 499, 004 782 s, do sa valeur de 149 597 870 km. Cest cette
valeur de lUA qui sert ensuite pour dterminer les distances des autres astres, dabord les toiles puis les
galaxies.
5.1 La distance des toiles
Le principe est simple : On mesure dabord directement la distance des toiles les plus proches du Soleil,
ce qui permet de calibrer certaines proprits intrinsques et observables de ces toiles et dont lobserva-
tion dpend de leur distance. Alors, observant ces proprits sur des toiles de distance inconnue, on peut
inversement en dduire leur distance.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 18
5.1.1 Les parallaxes trigonomtriques
Pour mesurer directement la distance des toiles les plus proches du Soleil, on utilise une mthode
gomtrique appele mthode des parallaxes : Cest dans son principe la mme mthode de triangulation
dcrite plus haut, o cette fois la base dobservation dune toile proche est au maximum un diamtre
de lorbite hliocentrique de la Terre ; en effectuant 6 mois dintervalle deux observations dune mme
toile sufsamment proche, on voit cette toile dans deux directions lgrement diffrentes, directions qui
peuvent tre repres par rapport dautres toiles voisines en direction mais beaucoup plus lointaines et
qui ne manifestent donc pas deffet de parallaxe.
Pour comprendre comment se manifeste cet effet de parallaxe, faisons dabord lhypothse que toutes
les toiles sont xes par rapport au Soleil (voir Fig 24). Alors, quand on les observe depuis la Terre, mobile
autour du Soleil, tout se passe comme si lon reportait sur elles le mouvement orbital apparent du Soleil
autour de la Terre : En effet, le vecteur
TE qui joint la Terre T une toile E peut se dcomposer (en
introduisant la position S du Soleil) en
TS +
SE o
SE est xe et o
TE
et
ltoile E, vue de la Terre, semble alors tourner autour du point E
E reste parallle
TS . Ainsi, chaque toile observe depuis la Terre semble dcrire annuellement et de manire synchrone
une orbite exactement gale (puisque translate) celle parcourue par le Soleil autour de la Terre (voir Fig
25). Si lon suppose lorbite terrestre circulaire, suivant la position de ltoile dans le ciel par rapport au plan
orbital de la Terre, cette orbite circulaire translate est vue en projection sur le ciel sous forme dune ellipse
plus ou moins aplatie (cest lellipse de parallaxe) (voir Fig 26), et langle sous lequel on voit le demi-grand
axe de cette ellipse (de longueur 1 UA) est inversement proportionnel la distance de ltoile. Cet angle,
gnralement not , est prcisment langle de parallaxe de ltoile, qui est classiquement dni comme
langle sous lequel, depuis cette toile, on verrait le rayon de lorbite terrestre. Cest lorsque lon dtermine
la distance dune toile par la mesure de cet angle de parallaxe que lon parle de parallaxe trigonomtrique.
En ralit, les toiles bougent par rapport au Soleil (rotation galactique) mais les mouvements angulaires
observs depuis le Soleil sont trs lents (le plus souvent moins de 1
TP =
TS +
SP .
Les angles de parallaxes observs sont toujours trs petits : Ltoile la plus proche ( Centaure) mani-
feste un angle de parallaxe gal 0
002. Comme traditionnellement on exprime ces angles en secondes de degr, on a adopt une nouvelle
unit de distance le parsec (ou pc) qui reprsente la distance jusquo il faut sloigner du Soleil pour
voir le rayon de lorbite terrestre (1 UA) sous un angle de 1
, 8 dans 1 radian,
on a encore :
1 parsec = 206 264, 8 UA
et la distance en parsec sobtient simplement en calculant linverse de la valeur de langle de parallaxe
exprim en secondes : D (pc) = 1/ (
002. Cependant, cela ne reprsente quune toute petite partie des toiles
de notre Galaxie. Pour mesurer les distances au del de ces 500 pc, il faut utiliser dautres mthodes.
Notons que pour appliquer convenablement la mthode des parallaxes trigonomtriques, il faut tenir
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 19
compte aussi du phnomne daberration de la lumire (voir Fig 28) qui dcale la direction observe par
rapport la direction vraie de lobjet vis dun angle dpendant de la vitesse orthoradiale de cet objet par
rapport lobservateur. La Terre par exemple, qui se dplace autour du Soleil prs de 30 km/s, entrane
les observateurs terrestres en leur faisant apparatre la direction des astres dcale de 20
3
D
3
T
2
=
G(m
1
+m
2
)
4
2
en fonction des masses m
1
et m
2
des deux toiles. Avec G = 4
2
si lon utilise les units astronomiques de
masse, de longueur et de temps, on peut calculer D si on peut estimer les masses :
D
3
=
T
2
(m
1
+m
2
)
3
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 20
do D en UA si T est en annes et les masses en masse solaire (et en radians). La distance dune toile
double ainsi dtermine partir de lobservation de ses mouvements est appele parallaxe dynamique.
Pour les toiles doubles dont on a pu dterminer la distance par les parallaxes trigonomtriques (D est
donc alors connu), la relation prcdente permet en fait de calculer la somme des masses des deux toiles
en units de masse solaire. On peut connatre par ailleurs le rapport de ces masses en observant, en plus du
mouvement relatif des deux toiles, le mouvement de chacune par rapport des toiles voisines, trangres
au couple et supposes xes. Avec la somme et le rapport des masses, on peut ensuite calculer chacune des
masses. Cest grce la mesure de la masse des toiles doubles de distance connue qua pu tre tablie par
Eddington une forte corrlation entre la luminosit intrinsque des toiles et leur masse (relation masse-
luminosit qui exprime que le logarithme de la masse dune toile est sensiblement une fonction linaire de
sa magnitude absolue).
Pour les toiles doubles de distance inconnue, lestimation des masses peut tre faite en analysant le
spectre des deux toiles de faon en dterminer le type spectral, do la dtermination de leur magnitude
absolue avec le diagramme HR, puis de leur masse grce la relation masse-luminosit et enn leur distance
D par la relation ci-dessus. La comparaison entre la magnitude apparente et la magnitude absolue des toiles
donne par ailleurs une autre valuation de cette distance.
5.1.4 Distance de certaines toiles variables
Une toile variable est une toile dont la luminosit varie au cours du temps. Les variations de magni-
tude correspondantes peuvent tre prsentes en fonction du temps sous forme dune courbe de lumire.
Cette courbe peut apparatre strictement priodique, ou seulement priodique de faon approche, ou sans
priodicit.
Etoiles doubles photomtriques ou binaire clipses Lorsque la courbe de lumire est strictement p-
riodique, cest que ltoile variable est en fait une toile double trs serre vue dans des circonstances
particulires : lobservateur se trouve par hasard quasiment dans le plan de leur orbite, ce qui lui permet de
voir alternativement les deux toiles passer lune devant lautre ; ces clipses se reproduisent priodique-
ment, avec la priode de leur mouvement, entranant des variations strictement priodiques de luminosit
de lensemble (en gnral, de telles toiles doubles sont trop serres pour tre vues sparment). On peut
montrer que lanalyse de la courbe de lumire permet de dterminer les diamtres de chaque toile, mais la
distance lobservateur reste inconnue, faute de pouvoir sparer les deux toiles.
Variables intrinsques Lorsque la courbe de lumire est priodique de faon approche, il sagit dune
toile dont la luminosit varie intrinsquement. Le mcanisme provoquant ces variations est le plus souvent
une pulsation de ltoile qui en quelque sorte, gone et se dgone avec un certain rythme dpendant de la
masse de ltoile.
On classe cette sorte dtoile suivant leur priode de pulsation : toiles de type RR Lyrae (priode
infrieure 0,3 j), Cphides (de 0,3 j 100 j), type Mira Ceti (de 100 500 j),... Certaines de ces toiles
sont sufsamment proches du Soleil pour quon ait pu dterminer leur parallaxe trigonomtrique, et donc
aussi leur magnitude absolue (bien sr, leur magnitude absolue varie au mme rythme que leur magnitude
apparente). En recherchant les corrlations ventuelles entre la priode P et la magnitude absolue moyenne
M des cphides de distance connue, Miss Leavitt a pu montrer en 1912 quon a sensiblement
M = a log P +b
o a et b sont des constantes. Ds lors, quand on observe une cphide de distance inconnue, il suft
de mesurer sa priode de pulsation pour en dduire sa magnitude absolue moyenne, puis sa distance par
comparaison avec sa magnitude apparente moyenne. Lintrt des cphides vient de ce que ce sont des
toiles intrinsquement trs brillantes (magnitude absolue moyenne comprise entre -2 et -6), donc visibles
de trs loin, bien au del des limites de notre galaxie.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 21
Certaines toiles variables ont une courbe de lumire apriodique, leur luminosit augmentant brus-
quement puis revenant lentement son niveau initial. Parce que ces toiles semblaient apparatre l o on
nobservait rien auparavant, elles ont t dsignes dans le pass sous le nom de novae (ou toiles nouvelles)
ou de supernovae dans le cas dune augmentation exceptionnelle de luminosit. Les novae montrent ainsi
en quelques heures une diminution m de magnitude de lordre de 10, le retour au niveau initial se faisant
en plusieurs mois, tandis que pour les supernovae, m est compris entre 17 et 20.
Il semble que le phnomne de nova se produise lorsquune toile double est compose dune naine
blanche et dune autre toile ; cette dernire perd de la matire au prot de son compagnon beaucoup plus
dense, cette matire pouvant brusquement exploser la surface de la naine blanche lorsque des conditions
sont atteintes pour permettre sa fusion (ainsi, cest comme si on voyait cet instant le cur nuclaire dune
toile).
Le phnomne de supernova semble tre lune des dernires tapes de la vie dune toile massive (de
masse suprieure 3, 5 M