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Cours Astronomie

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LUnivers et sa mesure

Cours dastronomie en LST-A S1, option Astro1


L. Duriez
Laboratoire dAstronomie, UFR de Mathmatiques
Universit des Sciences et Technologies de Lille
mailto:Luc.Duriez@univ-lille1.fr
1
er
septembre 2005
Table des matires
1 Introduction 2
2 Description du systme solaire 3
2.1 Le Soleil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Les plantes du systme solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.3 Petit formulaire relatif au systme solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3 Description du systme galactique 11
3.1 La Galaxie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.2 Les toiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.3 Lvolution du Soleil et des toiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4 Description de lUnivers extragalactique 15
4.1 Les galaxies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.2 Organisation des galaxies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5 La mesure des distances dans lUnivers 17
5.1 La distance des toiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
5.1.1 Les parallaxes trigonomtriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
5.1.2 Les parallaxes spectroscopiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
5.1.3 Les parallaxes dynamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
5.1.4 Distance de certaines toiles variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
5.2 Les distances extragalactiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
6 Bibliographie 22
1
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 2
1 Introduction
LUnivers nous est rvl essentiellement par le rayonnement lectromagntique quil met, que nous
captons puis analysons :
rayonnements mis toutes longueurs donde (, X, UV, visible, IR, radio)
observs sur Terre aprs ltrage par latmosphre et par les instruments dobservation (lunettes et
tlescopes avec divers capteurs : il, plaque photographique, matrice CCD, photomtres, spectro-
graphes...). Latmosphre dgrade la qualit des informations quelle laisse passer, mais cest nan-
moins travers elle que nous avons acquis lessentiel de nos connaissances sur lUnivers depuis des
sicles.
observs depuis lespace par des tlescopes embarqus sur des satellites de la Terre ou sur des sondes
envoyes dans le systme solaire. Principal avantage : limination du ltre atmosphrique et de ses
dfauts, permettant dtendre lexploration de lUnivers tous les domaines de longueur donde (voir
Fig1).
Les rayonnements nous renseignent, par leur spectre, sur les conditions physiques de la matire qui les a
mis (composition chimique (voir Fig 2), temprature (voir Fig 3), pression, densit, champs magntiques
ou lectriques...), et parfois aussi sur la nature du milieu que ce rayonnement a d traverser entre son
mission par un astre et sa rception par lobservateur (absorptions slectives de ce milieu, altrations de la
longueur donde par effet Doppler-Fizeau (voir Fig 4) ...).
Finalement, lanalyse des divers rayonnements reus permet de penser quela masse de lUnivers visible
est constitu de prs de 75% dHydrogne et de 24% dHlium, les autres lments tant fortement mino-
ritaires (de lordre du pourcent)(voir Fig 4c). Cette matire est prsente dans lUnivers sous forme plus ou
moins condense et selon une organisation que lon va tudier. Avant cela, il convient cependant de dnir
de manire succinte les deux grandes classes dastres condenss que lon rencontre dans lUnivers (toiles
et plantes), les autres objets, non condenss, apparaissant sous forme de nuages de gaz ou de poussires
mlanges :
les toiles : matire gazeuse, condense par laction de la gravitation universelle en un objet gnra-
lement sphrique, et dont la masse est sufsamment grande pour quen son centre, puisse dmarrer
le cycle de la fusion de lhydrogne en hlium (puis ventuellement dautres cycles de fusion produi-
sant des lments plus lourds). Ces ractions produisent de lnergie que ltoile vacue sous forme
de rayonnements. Par exemple, le Soleil est une toile dont la masse vaut 2 10
30
kg = 1 M

. La
masse initiale dune toile doit tre suprieure 1/20 M

pour que samorce la fusion de H en He ;


les toiles les plus massives peuvent atteindre 100 M

.
les plantes : matire condense, solide ou uide, de masse trop faible (< 1/20 M

) pour engendrer
des ractions de fusion nuclaire. Toutes les plantes observes ou dtectes ce jour sont en orbite
autour dune toile, attaches elle par la gravitation universelle. Par exemple autour du Soleil, Jupi-
ter, la plus grosse plante du systme solaire, a une masse denviron 1/1000 M

et la Terre moins de
1/300000 M

. Tandis que lon voit les toiles par la lumire quelles mettent, on ne voit les plantes
que parce quelles sont claires par leur toile : la partie claire dune plante rchit et diffuse
vers lespace une partie de cette lumire reue. Les plantes du systme solaire se distinguent aussi
des toiles par leur mobilit dans le ciel, qui se manifeste de manire sensible par rapport aux toiles,
lesquelles semblent xes les unes par rapport autres. Dans les plantes les plus massives, on retrouve
peu prs les mmes proportions dHydrogne et dHlium que dans les toiles, mais on trouve aussi
des plantes (telle la Terre) o ces lments lgers sont devenus minoritaires par rapport aux lments
plus lourds comme le Silicium ou le Fer. Les astrodes, les comtes et les satellites sont des objets
de nature plantaire, distingus des plantes par leur taille ou par leur situation dans lorganisation du
systme solaire. On commence aussi dtecter des plantes dune taille comparable celle de Jupiter
autour de certaines toiles proches (plus de 160 en Sept 2005), ce qui laisse penser que ces petits
corps froids doivent aussi exister partout dans lUnivers. Celles de ces plantes qui ont une masse
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 3
suprieure 13 fois la masse de Jupiter sont depuis peu appeles naines brunes, astres intermdiaires
entre toiles et vraies plantes.
Aprs une description des divers objets observs dans lUnivers, ce cours sattache montrer comment on
a pu dterminer leurs caractristiques et en particulier leur distance.
2 Description du systme solaire
2.1 Le Soleil
Le Soleil est une toile qui a lavantage pour nous dtre trs proche : sa distance moyenne la Terre vaut
par dnition 1 unit astronomique ou 1 UA= 149 597 870 km, soit environ 150 millions de km. Le Soleil
est une sphre gazeuse de 700 000 km de rayon (not 1 R

), vue depuis la Terre sous un angle denviron un


demi degr. Sa masse est de 2 10
30
kg, soit 1 M

, do une densit moyenne de 1 400 kg.m


3
. Cette masse
est rpartie entre les lments H (73%), He (25%), C (0, 8%) et 61 autres lments (1, 2% restants). Ces
lments sont dtects essentiellement par leur spectre dabsorption identi dans la lumire mise par le
Soleil (notamment les raies du Fer et du Calcium).
Lnergie lumineuse mise par le Soleil peut tre mesure depuis la Terre en la pigeant (capteurs
solaires) : on obtient 1360 J.m
2
.s
1
(aprs correction de la partie absorbe par latmosphre terrestre). On
en dduit que chaque m
2
de surface solaire met 6.3 10
7
W. En utilisant la loi de Stephan, qui identie la
puissance mise par chaque m
2
de Soleil la quantit T
4
o = 5.669 10
8
W.m
2
.K
4
, on trouve que
la temprature de surface du Soleil vaut 5760 K. On en dduit aussi la puissance totale mise par le Soleil :
3.826 10
26
W.
La surface du Soleil que lon voit ainsi directement, est la photosphre (voir Fig 5). Cest une couche
denviron 350 km dpaisseur par laquelle lnergie solaire produite en son centre schappe du Soleil, sans
tre rabsorbe par des couches suprieures ; cest aussi latmosphre du Soleil. La photosphre est parfois
altre par des dfauts de luminosit (les taches solaires), qui correspondent des zones plus froides (donc
moins lumineuses) o la temprature nest que de 4500 K environ. Ces taches sont lies des anomalies
du champ magntique solaire, qui se produisent avec un cycle de 11 ans. Les taches se forment et voluent
jusqu disparatre en quelques mois. Lobservation de ces taches montre alors que le Soleil tourne sur lui-
mme en 25 jours environ, mais que cette rotation est diffrentielle (plus rapide lquateur quaux ples).
Les taches sont aussi le sige druptions qui peuvent projeter de la matire plusieurs dizaines de milliers
de km au dessus de sa surface : ce sont les protubrances.
Les couches suprieures du Soleil sont la chromosphre (4000 km dpaisseur) et la couronne (voir Fig
5) (qui stend jusqu 10 rayons solaires). Lorigine de la temprature trs leve de la couronne (plusieurs
millions de degrs) est encore une nigme, mais cette zone externe du Soleil semble tre la source du ux
de particules charges qui schappent du Soleil plus de 1000 km.s
1
et qui constitue le vent solaire. Ce
vent interagit avec la magntosphre terrestre, donnant en particulier les aurores polaires. Le ux mesur
au niveau de la Terre correspond quelques 10
10
protons par cm
3
et par seconde, quivalent une perte de
masse du Soleil de 2 10
6
tonnes par seconde ! Lobservation directe de la couronne nest possible depuis la
Terre que lors des clipses totales de Soleil, lorsque la Lune vient cacher compltement la photosphre lors
dun alignement Soleil-Lune-Terre. Des instruments, appels coronographes, ralisant une clipse solaire
articielle, permettent cependant dobserver couramment les couches les plus basses de la couronne.
Les couches infrieures du Soleil sont le cur nuclaire (du centre jusquau tiers du rayon) et les zones
radiatives et convectives (voir Fig 5) (pour chacune environ un autre tiers du rayon). Cest dans le cur
que la temprature et la densit permet aux protons (ou noyaux dhydrogne) de fusionner pour donner des
noyaux dhlium, suivant pour cela plusieurs cycles possibles (voir Fig 6). Le dfaut de masse entre un
noyau dhlium et 4 protons est transform en nergie rayonnante (photons ). Ces photons tentent de sortir
du Soleil, et par la pression de radiation quils engendrent, ils contre-balancent la gravitation, empchant
les couches suprieures du Soleil de seffondrer plus bas vers le centre. Le Soleil est ainsi une machine
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 4
en quilibre. Lnergie fournie par la fusion nuclaire est transporte directement par rayonnement dans la
zone radiative, et par des mouvements de convection de la matire dans la zone convective. Elle sort par
la photosphre essentiellement sous forme de rayonnement visible (maximum pour la longueur donde de
550 nm), correspondant la temprature de 5760 K vue prcdemment.
Les 3.826 10
26
W mis par le Soleil permettent de calculer que, chaque seconde, la masse dhydrogne
transforme en hlium est de 600 millions de tonnes, conduisant une perte de masse de 4, 26 10
6
tonnes
par seconde ; nammoins, la masse initiale du Soleil lui donne une dure de vie de lordre de 10 milliards
dannes. Si la Terre sest forme en mme temps que le Soleil, lge de la Terre permet de prdire pour le
Soleil une dure de vie dencore 5 milliards dannes environ.
2.2 Les plantes du systme solaire
Le systme solaire est le domaine entourant le Soleil dans lequel son inuence gravitationnelle est
prpondrante sur celle des toiles les plus proches. Il correspond sensiblement une sphre de 50 000 UA
de rayon, centre sur le Soleil et contenant des plantes et leurs satellites, des comtes et des poussires
interplantaires.
Prs du Soleil, jusqu une trentaine dunits astronomiques, le systme solaire comporte essentiel-
lement 8 plantes principales qui tournent toutes dans le mme sens autour du Soleil sur des orbites
quasi-circulaires et quasi-coplanaires. Ces 8 plantes sont classes en deux groupes (on trouvera leurs ca-
ractristiques chiffres, ainsi que celles de leurs ventuels satellites et anneaux, dans les tableaux 1 8
donns en annexe :
4 plantes intrieures ou telluriques, dans lordre dloignement au Soleil : Mercure, Vnus, la Terre et
Mars (voir Fig 7). Leur densit moyenne est leve (de 3,96 5,52) (voir Tableau 2) ; elles possdent toutes
une surface solide ou crote, recouvrant un manteau de silicates et un noyau de fer, mais, sauf pour la Terre,
on ne connait pas bien leur extension ni leur tat. On peut succintement les dcrire ainsi :
1. Mercure, petite plante trs proche du Soleil, na t visit que par la sonde Mariner 10 en 1974 ;
elle na pas datmosphre et montre une surface compltement cratrise, cicatrices des multitudes
dimpacts mtoritiques subis lors de sa formation et qui subsitent encore en labsence drosion.
Mercure tourne trs lentement sur lui-mme (en 58,66 jours terrestres), mais cette priode, combine
avec la priode orbitale de 88 jours, donne une dure du jour mercurien gale 176 jours. De cette
dure et de la proximit du Soleil, les tempratures sont trs contrastes : de 170

C la nuit
+430

C le jour.
2. Vnus, de taille comparable la Terre, a une atmosphre trs dense et trs tendue contenant 96%
de gaz carbonique et 3,5% dazote et donnant une pression norme de 93 bars au niveau du sol ;
elle est surmonte de nuages levs dacide sulfurique ; le gaz carbonique provoque un effet de serre
intense qui porte 450

C la temprature au sol ! Ce dernier nest pas observable directement, cach


en permanence par les nuages. Malgr ces conditions extrmes, le sol de Vnus a t atteint par
plusieurs sondes russes de la srie Venera vers 1980, qui ont renvoy des images dun sol caillouteux.
Le relief de Vnus a aussi t cartographi par un radar satellis (sonde Magellan) en 1990, montrant
en particulier des volcans apparemment non actifs actuellement, avec des dmes et des coules de
laves basaltiques, et aussi des grands cratres dimpact. A loccasion de cette cartographie on a pu
aussi tablir que la rotation du sol de Vnus seffectue en 243 jours alors que la circulation nuageuse
montre une priode de rotation de 4 jours (ces 2 rotations seffectuent paradoxalement dans le sens
oppos au mouvement orbital).
3. La Terre, dont les caractristiques internes sont supposes sufsamment connues pour ne pas tre
rappeles ici, se distingue cependant par le fait quelle semble tre la seule plante du systme solaire
possder en permanence sa surface de leau sous forme liquide, avec une atmosphre moyen-
nement dense compose essentiellement dazote et doxygne. Son satellite naturel, la Lune, est un
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 5
petit corps comparable la plante Mercure, dpourvu comme lui datmosphre, et prsentant un sol
compltement cratris. La Lune tourne sur elle-mme dans le mme temps quelle tourne autour de
la Terre (rotation synchrone en 27,3 jours), prsentant ainsi toujours la mme face vers la Terre. La
face visible est caractrise par des grands bassins sombres entours de zones plus claires monta-
gneuses et fortement cratrises ; ces bassins, appels mers, sont en fait danciens cratres dimpact,
gigantesques, qui se sont forms il y a plus de 3,5 milliards dannes et submergs alors dune lave
basaltique maintenant recouverte dune paisse couche de poussires. La face cache possde para-
doxalement trs peu de mers.
4. Mars, deux fois plus petite que la Terre, a une atmosphre compose de 95,3% de gaz carbonique, de
2,7% dazote et un peu dargon, mais sa pression au sol est trs faible (7 millibars) ; elle est sufsante
quand mme pour que des temptes soulvent et dplacent parfois des nuages de sable. Sa rotation sur
elle-mme en 24,5 heures autour dun axe inclin de 25

ressemble celle de la Terre, produisant des


saisons analogues mais durant chacune 6 mois environ. Nanmoins, la temprature lquateur varie
quotidiennement entre 0 et -70

C. Le sol est cribl de cratres mtoritiques mais on y voit aussi


plusieurs grands volcans non actifs. Des canyons montrent des traces dcoulements anciens et des
zones deffondrement qui indiquent que de leau gele existe en grande quantit dans le sous-sol, ces
effondrements pouvant tre provoqus par un dgel pisodique. Des calottes polaires faites de givre
de CO
2
croissent et dcroissent au rythme des saisons. Plusieurs missions (Viking en 1976, Pathnder
en 1996) on rvl un sol de sable parsem de cailloux rougetres composs notamment doxydes de
fer. 2 petits satellites, Phobos et Deimos, (voir Tableau 4), tournent autour de Mars, probablement
issus de la ceinture dastrodes que lon verra plus loin et qui spare les plantes intrieures des
suivantes :
4 plantes extrieures ou plantes gazeuses : Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune (voir Fig 8) (la plante
Pluton est aussi extrieure mais nest pas gazeuse), qui ont une densit moyenne faible (de 0,7 1,5) ; elles
sont formes essentiellement dhydrogne et dhlium, comme le Soleil. Elles ne possdent pas de surface
solide. Leur atmosphre est marque par la prsence de nuages plus ou moins colors par des molcules
carbones ou azotes. Ces 4 plantes ont aussi la particularit dtre entoures dun systme danneaux plus
ou moins complexes, ainsi que de nombreux satellites :
1. Jupiter, astre norme 318 fois plus massif que la Terre, est une plante dont linuence gravitation-
nelle est non ngligeable sur toutes les autres plantes. Il tourne sur lui-mme en moins de 10 heures,
cette rotation tant diffrentielle : plus lente aux ples qu lquateur. La circulation atmosphrique
de Jupiter est complexe, montrant notamment un norme cyclone permanent de prs de 15000 km
de diamtre (appel la grande tache rouge), probablement li laction intense du champ magn-
tique jovien ; celui-ci cre une magntosphre immense stendant sur prs de 7 millions de km et
est lorigine aussi dun puissant rayonnement radio. Jupiter a en outre la particularit dmettre
davantage dnergie rayonnante quil nen reoit du Soleil ; peut-tre Jupiter est-il encore en train de
se contracter (au rythme de 1mm/an ?). Enn, Jupiter est entour dune trentaine de satellites, (voir
Tableau 5), dont 4 gros dcouverts par Galile en 1610 et appels depuis satellites galilens : Ce
sont Io, Europa, Ganymde (le plus gros satellite du systme solaire, et mme plus gros que la plante
Mercure) et Callisto. Ces satellites sont autour de Jupiter comme dans un systme solaire en minia-
ture, forms probablement en mme temps que Jupiter partir de la mme nbuleuse. Ce systme
a t visit par les sondes Pioneer (1975), Voyager (1979) et Galileo (1996) ; cette dernire, place
en orbite autour de Jupiter, a observ de prs le systme Jovien, jusqu la n de sa mission en Sep-
tembre 2003. Cela a permis de dcouvrir sur Io une activit volcanique inattendue mais intense, due
lchauffement provoqu probablement par les mares que Jupiter soulve sur ce petit satellite, d-
sormais recouvert djectats de soufre et de dioxyde de soufre ; dailleurs, lanneau de Jupiter pourrait
bien tre aliment par ce volcanisme de Io. Les autres satellites semblent tre un mlange de glaces
deau et de roches, avec mme sur Europa, des indices de lexistence dun ocan liquide sous-jacent
une paisse couche de glace dont laspect fractur fait penser une banquise ayant subi de multiples
dbacles.
2. Saturne, la plus spectaculaire avec son systme danneaux quatoriaux, prsente une surface moins
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 6
contraste que celle de Jupiter, mais sa rotation diffrentielle (en 10,25 heures lquateur) entrane
des zones de turbulences analogues. Les anneaux sont en fait une multitude de trs petits satellites
composs essentiellement de glace deau et dammoniac, dont les plus gros ne dpassent pas quelques
dizaines de mtres. Ce sont probablement les dbris dun objet trop gros pour rsister aux forces
de mare recontres lors dune approche moins de 2,45 rayons de la plante (limite de Roche)
et qui lont fait exploser. Certaines zones de lanneau sont dpeuples (par exemple la division de
Cassini), cause des effets de rsonance gravitationnelle dus au satellite le plus proche, Mimas.
Parmi la trentaine de satellites connus orbitant Saturne (dont 10 dcouverts par les sondes Voyager
en 1981 et 12 rcemment) (voir Tableau 6), Titan est le plus gros ; il est mme plus gros aussi que
la plante Mercure, avec cette particularit unique pour les satellites, davoir une atmosphre dense
au point de ne pas laisser voir sa surface ; cest une atmosphre riche en azote avec un peu dargon
et de mthane et des traces dacide cyanhydrique, une des premires molcules prbiotiques, mais
ltat inerte. La sonde Cassini, lance en 1997, sest satellise autour Saturne en Juillet 2004 an
dexplorer pendant plusieurs annes lensemble du systme saturnien. Elle doit lacher sur Titan le
module dexploration Huyghens en dcembre 2004. Les autres satellites montrent des surfaces
cratrises et sont probablement constitus dun mlange de glaces deau et de roches.
3. Uranus est singulire car son axe de rotation est quasiment couch dans le plan de son orbite autour
du Soleil. Elle tourne sur elle-mme autour de cet axe en prs de 18 heures, mais cet axe, du fait de sa
direction xe, prsente alternativement ses ples vers le Soleil pendant un jour polaire interminable
de 42 ans et suivi dune nuit polaire toute aussi longue. Une vingtaine de satellites (dont 10 dcouverts
par la sonde Voyager 2 en 1986) (voir Tableau 7), tournent autour dUranus dans son plan quatorial,
quasiment perpendiculaire au plan orbital. Le plus proche dUranus, Miranda, a t survol de prs
par Voyager 2, montrant en dtails une surface chaotique avec failles, rides, valles et cratres dont
lorigine est encore inexplique. Enn Uranus est entour dun systme de 9 anneaux extrmement
troits et composs de grosses particules sombres, difcilement visibles ; lun de ces anneaux semble
tre conn entre les orbites de 2 petits satellites, appells pour cela satellites bergers.
4. Neptune ressemble beaucoup Uranus tant pour sa structure interne que pour son atmosphre, mais
sa couleur bleute plus intense que celle dUranus est sans doute due une proportion plus grande
de mthane gazeux qui absorbe les radiations rouges. Elle tourne sur-elle mme en un peu plus de
16 h, et laisse apparatre une grande tache sombre de 10000 km de diamtre, peut-tre analogue la
grande tache rouge de Jupiter. Des vents violents de plus de 1000 km/h sont aliments par une ner-
gie interne encore non explique. Neptune possde aussi 3 anneaux, mais dont la densit nest pas
constante, produisant une apparence darcs brillants espacs de parties sombres. La stabilit dune
telle structure est encore difcile comprendre. Sur les 8 satellites connus (voir Tableau 8), 6 furent
dcouverts par Voyager 2 en 1989. Survol par cette sonde, Triton, le plus gros de ces satellites, a
rvl une atmosphre tnue (10 microbars) et un sol rocheux couvert deau, dazote et de mthane
gels (temprature 236

), avec des indices de phnomnes criovolcaniques lis des change-


ments de phase produits dans ces conditions physiques extrmes : de lazote gazeux sous pression
jaillirait et retomberait en geysers de cristaux glacs. Latmosphre de Triton contient du mthane et
surtout de lazote ; ce serait ainsi le 3me corps du systme solaire, avec Titan et la Terre, possder
une atmosphre riche en azote.
A ct de ces 8 plantes principales, on trouve dans le systme solaire 2 groupes de plantes mineures :
Le premier, entre Mars et Jupiter, constitue la ceinture dastrodes(voir Fig 7). Il sagit dune multi-
tude de trs petits corps rocheux, dont le plus gros, Cres (voir Tableau 3), fait moins de 900 km de
diamtre ; prs de 40 000 de ces petites plantes sont actuellement rpertories, ayant des dimensions
suprieures quelques kilomtres pour les plus petits, mais on estime quil y aurait plus de 500 000 de
ces objets dont la taille dpasserait 1,6 km. Leur masse totale ne dpasserait pas 3/1000 de la masse
de la Terre. Ils tournent tous dans le mme sens que les plantes autour du Soleil, mais leurs orbites
sont davantage excentres et inclines. La sonde Galileo, sur sa route vers Jupiter, a visit 2 ast-
rodes, montrant des surfaces irrgulires et toujours totalement cratrises, signes de leur formation
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 7
par accrtion ou parfois par fragmentations dues des collisions mutuelles. Lun deux, Ida, a mme
montr par la dcouverte de son satellite Dactyl, quil existe des satellites dastrodes. Dailleurs, la
sonde Near sest satellise en 2001 autour de lastrode Eros et, aprs plusieurs mois dobservations
rapproches, sest pose en douceur sa surface.
En fait, les astrodes seraient les rsidus de petites proto-plantes qui auraient d se former entre
Mars et Jupiter, mais qui se sont heurtes et fragmentes ; le voisinage de la trs inuente plante
Jupiter naurait pas permis de stabiliser ces petits corps dans cette zone du systme solaire. Cer-
tains de ces astrodes ont pu approcher Mars ou Jupiter et tre capturs par ces plantes, devenant
alors leurs satellites. Dautres ont des orbites les amenant heurter ces plantes ou mme la Terre,
se transformant alors en matriau mtoritique. Ltude des mtorites permet ainsi de connatre la
nature des astrodes, tmoins peu dgrads de la condensation de la nbuleuse proto-solaire : 90%
des mtorites sont de nature rocheuses ; dautres mtorites dites mtalliques (10%) sont presque
exclusivement formes de fer et de nickel.
Le second groupe de plantes mineures est constitu de naines glaces ou objets transneptuniens
que lon commence dcouvrir au del de lorbite de Neptune, entre 30 UA et 150 UA du Soleil.
Le principal reprsentant de ce groupe est la plante Pluton accompagne de son satellite Charon
(voir Tableau 8). Cest la seule plante importante navoir pas encore t visite par une sonde
spatiale. On connait actuellement un millier de naines glaces dans cette zone, de rayons suprieurs
100 km, et lon pense quil y aurait encore plusieurs millions de ces petits corps dcouvrir. Ils
forment la ceinture de Kuiper (voir Fig 8), du nom de lastronome qui avait prdit leur existence
vers 1950 comme tant la source de certaines comtes priodiques. On vient dailleurs de dcouvrir
dans cette ceinture, un objet plus gros que Pluton situ 70 UA du Soleil environ, retirant ainsi
Pluton la titre de dixime plante du systme solaire. Comme Pluton, ces corps sont des blocs de
glaces mlangs probablement des roches, vestiges condenss de la nbuleuse primitive lorigine
du systme solaire. Certains satellites de Neptune pourraient avoir t capturs partir la ceinture de
Kuiper (voir Tableau 3).
Enn, trs loin du Soleil, au del de cette ceinture et jusquaux quelques 50 000 UA qui limitent la sphre
dinuence du Soleil, on trouve un halo sphrique o la matire est probablement condense en des millions
de trs petits corps glacs, mlanges de glaces et de roches, formant le nuage de Oort ou nuage des comtes.
On les connait car certains de ces petits corps (ou noyaux comtaires) deviennent visibles sous forme de
comte dans le cas o leur orbite les amne se rapprocher sufsamment du Soleil (souvent moins de
1 UA) : leur rchauffement provoque la sublimation des glaces prsentes leur surface, formant alors
une atmosphre autour du noyau ; cette atmosphre est jecte du noyau par la pression de radiation de la
lumire solaire, formant alors une queue (ou chevelure de la comte) dans la direction oppose au Soleil.
Les orbites des comtes connues sont des paraboles trs allonges et il ny a pas de direction privilgie
pour la direction de leur axe de chute vers le Soleil : Le nuage de Oort est donc probablement sphrique.
Aprs tre passes prs du Soleil, les comtes retournent dnitivement vers le nuage de Oort. Mais
parfois, une rencontre avec une plante comme Jupiter, les dvie et elles se retrouvent sur des orbites
elliptiques avec un mouvement les ramenant priodiquement vers le Soleil (on connait une centaine de ces
comtes priodiques, comme celles de Halley (voir Fig 8) ou de Encke (voir Tableau 3), qui furent un jour
captures par Jupiter). La sonde Giotto, qui a rencontr la comte de Halley en 1986, a rvl un noyau de
10 km de diamtre ressemblant une grosse boule de neige sale.
Le dgazage dune comte produit des gaz et des poussires qui sont disperss dans la chevelure sur des
distances pouvant atteindre plusieurs centaines de millions de km. Les gaz sont essentiellement des mol-
cules ionises de CO
+
, OH
+
, ou neutres N
2
, CO
2
. Les poussires contiennent du carbone, de lhydrogne,
de loxygne, de lazote (ou CHON) ou des silicates ; la teneur en carbone des CHON atteint le niveau de
labondance observe dans les poussires interstellaires, ce qui montre le caractre primordial de la matire
des comtes, tmoins glacs du proto-systme solaire, do lintrt de leur tude pour la comprhention de
la formation des toiles et de leurs cortges plantaires.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 8
2.3 Petit formulaire relatif au systme solaire
Les plantes dcrivent autour du Soleil des orbites quasi-circulaires et quasi-coplanaires, rgies par la loi
de la Newton : Deux corps ponctuels ou sphriques S et P, de masses M et m, sattirent mutuellement de
sorte que dans un repre galilen dorigine O, leurs quantits dacclration vrient les relations suivantes
(o G reprsente la constante de la gravitation universelle, G = 6.672 10
11
m
3
.kg
1
.s
2
) :
M
d
2

OS
dt
2
=
GMm
||

SP ||
3

SP
m
d
2

OP
dt
2
=
GMm
||

SP ||
3

SP
On en dduit lquation du mouvement relatif de P autour de S :
d
2

SP
dt
2
=
G(M +m)
||

SP ||
3

SP
Cette quation admet des solutions particulires circulaires dcrites dun mouvement uniforme. Nous nous
contenterons ici de ce type de solution. Si lon considre ainsi une orbite de rayon R et dcrite la vitesse
angulaire constante , on sait quil lui correspond une acclration cinmatique
2
R qui sidentie
lacclration dynamique
G(M +m)
R
2
, do lon tire la troisime loi de Kpler :

2
R
3
= G(M +m) ou
R
3
T
2
=
G(M +m)
4
2
o T = 2/ est la priode du mouvement. Cette loi stend aux mouvements elliptiques, qui sont aussi
solutions de lquation du mouvement relatif, en y remplaant simplement R par le demi-grand axe a de
lellipse :

2
a
3
= G(M +m) ou
a
3
T
2
=
G(M +m)
4
2
Pour les plantes du systme solaire, la priode T qui intervient dans ces relations est la priode sidrale,
mesure par rapport un repre de directions xes. Si M reprsente la masse du Soleil et m celle dune pla-
nte, on voit quen ngligeant le rapport m/M, la quantit
2
a
3
est une constante GM/4
2
, la mme pour
toutes les plantes. En appliquant cette loi lorbite de la Terre (a = 1 UA, T = 1 an = 365, 2563 jours)
et en adoptant M = 1 M

pour la masse du Soleil, on obtient la valeur de G en units astronomiques :


G = 4
2
UA
3
.M
1

.an
2
. En ngligeant la masse des plantes par rapport celle du Soleil, on a ainsi pour
deux plantes P et P

:
_
a

a
_
3
=
_
T

T
_
2
ce qui permet de connatre le rapport des grands axes des orbites plantaires partir de la mesure des
priodes sidrales de leurs mouvements.
Pour un satellite s de masse qui orbite une plante P de masse m sur une ellipse de demi-grand axe
a
s
avec une priode T
s
, on a de la mme faon :
a
3
s
T
2
s
=
G(m +)
4
2
Ngligeant la masse du satellite et combinant les troisimes lois de Kpler relatives au mouvement de la
plante autour du Soleil et celui du satellite autour de sa plante, il est donc possible de dterminer la masse
de cette plante en units de masse solaire :
m
M +m
=
_
a
s
a
_
3
_
T
T
s
_
2
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 9
Il suft pour cel de mesurer les demi-grands axes et les priodes sidrales de la plante et de son satellite.
Dans le cas du mouvement circulaire des plantes, on obtient simplement la valeur de la vitesse orbitale
V en identiant lacclration cinmatique V
2
/R lacclration dynamique
G(M +m)
R
2
, ce qui donne :
V =

G(M +m)
R
Pour la Terre, on trouve une vitesse de 2 UA par an, cest--dire de lordre de 30 km/s.
Pour le cas plus gnral du mouvement elliptique , on peut montrer que lon a, pour une plante situe
la distance r du Soleil sur une ellipse de demi-grand axe a :
V =

G(M +m)
_
2
r

1
a
_
Quand on fait tendre a vers linni et en ngligeant la masse m du deuxime corps, on obtient une valeur
de V appele vitesse de libration la distance r du corps de masse M :
V
Lib
(r) =

2GM
r
La vitesse de libration du systme solaire (permettant de sortir du systme solaire) depuis lorbite de la
Terre est ainsi

2 fois la vitesse de la Terre, soit 42, 2 km/s.


Des formules semblables sappliquent pour calculer la vitesse de satellisation et la vitesse de libration
la surface dune plante de masse m et de rayon :
V
Sat
() =

Gm

et V
Lib
() =

2Gm

Pour la Terre, depuis sa surface, on obtient les valeurs V


Sat
(
Terre
) = 7,9 km/s et V
Lib
(
Terre
) = 11,2 km/s.
La vitesse de libration la surface dune plante permet de dterminer la possibilit pour celle-ci de
possder une atmosphre, sachant que lagitation thermique dun gaz port une temprature donne des
vitesses de lordre de
V () =
_
3k/
o k est la constante de Boltzmann et la masse des particules gazeuses ; il faut que cette vitesse dagitation
soit infrieure la vitesse de libration pour que la plante conserve une atmosphre.
Toutes les plantes tournant autour du Soleil sur des orbites quasi-circulaires et quasi coplanaires, sont
des distances variables de la Terre ; les extrema de distance dune plante la Terre se produisent quand le
Soleil, la Terre et cette plante sont aligns. Pour une plante extrieure comme Mars ou Jupiter, la distance
la Terre est minimale lorsquelle est lopposition, cest--dire vue de la Terre dans la direction oppose
au Soleil ; elle est maximale la conjonction (lorsquelle est dans la mme direction que le Soleil) ; les
situations intermdiaires o la plante est vue depuis la Terre dans une direction orthogonale celle du
Soleil sont les deux quadratures (voir Fig 9). Pour une plante intrieure comme Vnus, la distance la
Terre est minimale lorsquelle est la conjonction infrieure, cest--dire vue de la Terre devant le Soleil,
dans la mme direction que le Soleil ; elle est maximale la conjonction suprieure (lorsquelle est derrire
le Soleil, dans la mme direction que la Soleil) ; les situations intermdiaires o la direction de la plante
vue de la Terre scarte le plus du Soleil sont les deux plus grandes longations (voir Fig 10).
Pour toute plante, on appelle priode synodique la dure qui spare deux passages successifs de celle-ci
dans un mme alignement avec le Soleil (par exemple deux oppositions successives, ou deux conjonctions
infrieures successives). En plaant les plantes dans un repre centr au Soleil et tournant avec la Terre,
on obtient leur vitesse angulaire dans ce repre (ou vitesse angulaire synodique) comme diffrence de leur
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 10
vitesse angulaire sidrale avec celle de la Terre. On en dduit cette relation entre la priode synodique P
syn
dune plante et sa priode sidrale T, en fonction de la priode sidrale T

de la Terre :
1
P
syn
=

1
T

1
T

Du fait que nous observons les plantes depuis une position mobile, la Terre, celles-ci ont un mouvement
apparent plus complexe quune simple rotation : Dans leur mouvement hliocentrique, les plantes tournent
dans le sens direct autour du Soleil, des vitesses dautant plus faibles quelles en sont plus loignes.
La Terre elle-mme tournant dans le mme sens, rattrape les plantes extrieures lors de leur opposition,
ou est rattrape par les plantes intrieures au moment de leur conjonction infrieure. Cela se manifeste
sur leurs mouvements observs depuis la Terre en suivant leurs dplacements par rapport aux toiles : Au
voisinage de ces instants, les plantes ont un mouvement apparent qui seffectue dans le sens rtrograde
(voir Fig 11). Au contraire, une demie priode synodique plus tard, leur mouvement apparent est direct.
Entre ces phases de mouvement direct et rtrograde, on observe que les plantes semblent ne plus bouger
par rapport aux toiles : Ce sont les stations. Lamplitude angulaire de la rtrogradation comprise entre
deux stations successives peut atteindre plus de 15

pour la plante Mars, et cette phase du mouvement dure


alors prs de 2 mois (voir Fig 12 et Fig 12a). Pour rendre compte de ce phnomne, il suft de reprsenter
le mouvement gocentrique des plantes comme la somme de deux mouvements circulaires, conduisant
une trajectoire en forme dpicyclode avec des boucles au voisinage de chaque opposition pour les plantes
extrieures, ou de chaque conjonction infrieure pour les plantes intrieures. Considrant pour simplier
tous les mouvements hliocentriques comme circulaires et coplanaires, les vecteurs

SP et

ST joignant le
Soleil S la plante P et la Terre T permettent de calculer le vecteur gocentrique de la plante :

TP =

SP

ST
avec

SP = a(cos(t)

i + sin(t)

j)
et

ST = a
0
(cos(
0
t)

i + sin(
0
t)

j)
o les vecteurs unitaires

i et

j forment une base de directions xes par rapport aux toiles dans le plan de
lcliptique (ou plan de lorbite hliocentrique de la Terre)
1
. Avec
_
a
a
0
_
3
=
_

_
2
(grce la troisime loi
de Kpler), il est simple de tracer la courbe dcrite par le point P dans le repre T

j et dy voir les boucles


de rtrogradation. Un calcul des coordonnes polaires (, ) de P dans ce repre montrerait aussi les
changements de sens de variations de langle de position , ainsi que la dure de la phase de rtrogradation
et son amplitude en fonction du rapport =
a
a
0
. Lobservation de ces boucles de rtrogradation est ainsi un
autre moyen de dterminer le rapport des rayons dorbite des plantes.
Enn le mouvement de rotation des plantes sur elles-mmes conduit, comme pour les mouvements
orbitaux, la dnition de 2 sortes de priodes : La priode de rotation sidrale dune plante est le temps
sparant deux passages successifs dune mme toile au mridien dun mme lieu situ la surface de cette
plante (comme sur la Terre, les mridiens sont les grands cercles passant par les ples de la plante). La
dure du jour sur cette plante est le temps sparant deux passages successifs du Soleil au mridien dun
mme lieu situ la surface de cette plante. Sur la Terre par exemple, ces dures sont respectivement de
23
h
56
m
04
s
et de 24
h
. Si est la vitesse angulaire correspondant la priode de rotation sidrale de la
plante sur elle-mme et si est la vitesse angulaire orbitale (sidrale) du Soleil vu de la plante, la quantit
reprsente la vitesse angulaire du Soleil dans un repre li la plante (en supposant pour simplier
1
Cette dnomination vient du fait que les clipses de Lune ou de Soleil ne sont possibles que lorsque la Lune se trouve quasi
aligne avec la Terre et le Soleil, cest--dire dabord dans le plan dorbite de la Terre, mais aussi bien sr lintersection de ce
plan et du plan orbital de la Lune (ligne des nuds) (voir Fig 15)
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 11
que ces deux rotations se font autour daxes parallles). La dure du jour sur la plante est alors le temps
quil faut pour que langle ( ) t augmente de 2, do, en fonction de la priode orbitale sidrale T de
la plante :
1

1
T

1

Cest par cette formule que lon a calcul la dure du jour sur Mercure donne plus haut.
Laxe de rotation des plantes sur elles-mmes nest pas forcment perpendiculaire au plan de leur orbite
autour du Soleil, ce qui induit le phnomne des saisons. Pour la Terre par exemple, langle entre laxe des
ples et la normale lcliptique vaut environ 23

27

(voir Fig 13). Si cet axe est de direction xe, cause


de cet angle et du mouvement orbital de la Terre en 1 an, on voit sur cette gure comment sexpliquent
la succession des 4 saisons sur la mme priode ; le dbut du printemps correspond au passage du Soleil
dans le plan de lquateur lorsquil traverse ce plan en montant du Sud au Nord au point vernal (ou point
ou quinoxe de printemps) ; 90

plus loin, le Soleil passe au solstice dt puis par tranches succssives de


90

, il passe ensuite lquinoxe dautomne, au solstice dhiver et revient au point vernal (voir Fig 14). En
ralit, laxe de rotation de la Terre nest pas xe car perturb par les attractions combines de la Lune et du
Soleil sur le renement quatorial de la Terre : On dcompose gnralement son mouvement en la somme
de 2 parties,
dabord une lente rotation de laxe des ples (en 25770 ans environ) dans le sens rtrograde sur un
cne de 23

, 5 douverture autour de laxe normal lcliptique passant par le centre de la Terre ; ce


lent mouvement entrane la prcession des quinoxes raison de 50

, 290 par anne de 365,25 jours


(anne julienne) et cela fait que la dure de 4 saisons successives (ou anne tropique) est plus courte
(365,2422 jours) que la dure de lanne sidrale (365,2563 jours) qui correspond aux mouvement
orbital donn par les lois de Kepler. Cest lanne tropique, calque sur le retour des saisons, qui sert
tablir les calendriers utiles pour la vie courante sur Terre.
ensuite, de trs petites oscillations priodiques assez rapides, appeles nutations, dont les priodes
sont infrieures 18 ans et que lon peut ngliger pour la dnition des saisons car leur contribution
est nulle en moyenne dans le temps.
3 Description du systme galactique
3.1 La Galaxie
Cest un vaste ensemble constitu dabord dun disque contenant une masse condense en toiles den-
viron 10
11
M

et une masse de matire interstellaire non condense comprise entre 10


9
et 10
10
M

. Ce
disque a un diamtre de 100 000 annes de lumire (note a.l., chaque a.l. reprsentant environ 10
13
km)
pour une paisseur moyenne de 2000 a.l. sauf au voisinage du centre qui apparat comme un renement
sphrique (appel bulbe) denviron 10 000 a.l. de diamtre (voir Fig 16).
Cest parce que le Soleil est lune des toiles contenue dans ce disque que notre Galaxie nous apparat
comme une importante concentration dtoiles le long dun grand cercle de la vote cleste (cest La Voie
Lacte). Le Soleil est environ 26 000 a.l. du centre galactique et pratiquement dans le plan de symtrie
du disque (ou plan galactique). Au voisinage du Soleil, les toiles sont en moyenne distantes les unes des
autres de 5 a.l. mais elles peuvent aussi tre regroupes en amas ouverts plus denses contenant de quelques
dizaines quelques centaines dtoiles ; elles peuvent aussi tre lies par paires (do leur nom dtoiles
doubles) et elles peuvent alors tre des distances comprises seulement entre quelques millions et quelques
milliards de km.
Dans le bulbe, la densit dtoiles va croissant vers le centre et certaines observations (en rayons X)
semblent mme indiquer la prsence au centre dun trou noir super-massif quivalent quelques millions
de masses solaires.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 12
Dans le disque, la densit des toiles et de la matire interstellaire est distribue selon une structure
spirale : Le bord du bulbe dans le plan galactique est le point de dpart de 4 bras spiraux qui semblent
senrouler dans ce plan autour du bulbe ; ce sont des zones du plan galactique ou la densit de la matire
interstellaire est la plus forte (ondes de densit). Le Soleil est actuellement entre deux de ces bras spiraux,
mais cette situation volue du fait de la rotation galactique : Le Soleil par exemple dcrit au voisinage du
plan galactique une orbite sensiblement circulaire centre sur le bulbe, raison de 250 km par seconde
et avec une priode de 200 millions dannes ; intervalles denviron 60 millions dannes, le Soleil se
retrouve alors dans lun des bras spiraux. La rotation galactique des autres toiles est semblable celle du
Soleil et avec une vitesse qui est paradoxalement presque indpendante de leur distance au centre galactique.
La constance de cette vitesse est incompatible avec la distribution dtoiles observe et il existerait de la
matire obscure, non encore observe, dont la masse totale pourrait bien tre beaucoup plus importante que
celle de lensemble des toiles visibles. La recherche de cette masse manquante est lune des proccupations
actuelles des astronomes.
Dans le plan galactique, la matire interstellaire (poussires et gaz) est rpartie en vastes nuages qui,
malgr leur densit trs faible, absorbent le rayonnement visible au point dempcher de voir dans le plan
galactique au del de quelques milliers dannes de lumire. Cette matire tnue est dtecte par les rayon-
nements quelle est susceptible dmettre ou dabsorber (nbuleuses brillantes ou nbuleuses obscures). Les
poussires sont des particules microscopiques reprsentant moins de 1% de la masse du milieu interstellaire,
constitues essentiellement de graphite, de silicates de fer, daluminium, de calcium, de magnesium . . . Les
poussires se trouvent mlanges des gaz ; ces derniers sont constitus de nuages molculaires (essentiel-
lement H
2
mais aussi CH, CN
+
et CN observs dans le domaine visible, et plus de 80 autres molcules,
dont le radical OH, observs dans le domaine radio) ; ces nuages comprennent entre 100 et 1000 molcules
par cm
3
pour une temprature de 10 20 K. La structure spirale de la galaxie est aussi observable par
les vastes nuages dhydrogne atomique prsents surtout dans les bras spiraux, dune densit de lordre de
50 atomes par cm
3
et de temprature comprise entre 25 et 250 K; ces conditions permettent lhydrogne
dmettre une raie intense 21 cm de longueur donde, quon ne sait pas reproduire sur Terre et que lon
qualie pour cette raison de raie interdite.
La Galaxie comporte aussi un halo sphrique, de mme centre et de mme diamtre que le disque
galactique, et peupl dune centaine damas globulaires. Ces amas sont des condensations de plusieurs
dizaines de milliers dtoiles rparties dans des globules ayant une symtrie quasi-sphrique ; la densit
dtoiles va en croissant vers le centre de ces globules. Ces amas se comportent comme des satellites de la
Galaxie, tournant autour du bulbe galactique sur des orbites trs allonges qui coupent le disque au voisinage
du bulbe ; ces mouvements seffectuent avec des priodes de quelques centaines de millions dannes.
3.2 Les toiles
Les toiles que lon voit dans la galaxie sont des astres analogues au Soleil, transformant de la masse en
nergie rayonnante par des ractions de fusion nuclaire. Pour avoir la temprature et la densit permettant
ces ractions, il faut que la masse des toiles soit suprieure 1/20 M

; il semble aussi que pour tre


sufsamment stable la masse ne doive pas dpasser 100 M

. Les rayons stellaires sont beaucoup plus varis


que les masses puisquon en trouve entre 10
5
R

(soit quelques kilomtres seulement) et 1000 R

. Les
densits moyennes sont alors extrmement varies ( 10
18
kg.m
3
pour les pulsars ou toiles neutrons
qui condensent une masse quivalente celle du Soleil dans une sphre dune dizaine de km de rayon, ou
10
6
~kg.m
3
pour une toile gante de 1000 R

).
La luminosit des toiles est mesure par leur magnitude apparente m , dnie par :
m = 2, 5 log
10
(I/d
2
)
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 13
o I est lintensit lumineuse intrinsque de ltoile et d sa distance la Terre. Les units utiliser dans
cette formule sont relatives au monde des toiles : m vaut zro pour une toile de rfrence (Vga, toile
la plus brillante de la constellation de la Lyre) et vaut 5 pour les toiles tout juste visibles lil nu. Dans
ces conditions on montre que le Soleil a une magnitude de 27 et que les astres les plus faibles observables
actuellement avec les meilleurs tlescopes ont une magnitude voisine de lordre +30. Evidemment, la va-
rit des distances des toiles empche dutiliser la magnitude apparente pour comparer leurs luminosits
intrinsques. On utilise pour cela la notion de magnitude absolue qui est simplement la magnitude appa-
rente quaurait une toile si on lobservait une distance conventionnelle d
0
donne, prise la mme pour
toutes les toiles :
M = 2, 5 log
10
(I/d
2
0
)
Lunit de distance adopte ici est alors le parsec (not pc), dnie comme tant la distance au Soleil la
quelle il faudrait se placer pour voir le rayon de lorbite de la Terre (1 UA) sous un angle de 1

(1 seconde de
degr) ; le choix dune telle unit rsulte de la technique des parallaxes utilise pour mesurer la distance des
toiles les plus proches du Soleil (voir Chap. 4). On trouve alors les relations : 1 pc = 206 265 UA= 3, 26 a.l.
La distance d
0
a t choisie gale 10 pc, ce qui permet dcrire cette relation entre m et M :
M = m5 log
10
d + 5 avec d exprim en pc
On calculerait que pour le Soleil, M vaut 4, 8. Cette relation permet aussi de dterminer la distance d dune
toile si on mesure sa magnitude apparente m et si on peut estimer M par ses proprits lumineuses.
En fait, la magnitude absolue M est aussi une faon de mesurer I, et lon peut montrer que pour la
majorit des toiles (comme le Soleil) I est sensiblement proportionnel sa surface (cest--dire R
2
) et
T
4
(avec la loi de Stephan dj vue pour le Soleil) o T est sa temprature de surface. Comme le spectre
dune toile dpend dabord de sa temprature de surface puis des lments chimiques prsents dans son
atmosphre, ltude de son spectre permet de connatre ces paramtres physiques et chimiques. On trouve
alors que les toiles peuvent tre ranges dans diverses catgories selon leur temprature ou type spectral.
Ces types spectraux, classs par tempratures dcroissantes (de plus de 25000 K moins de 3500 K) sont
nots par les lettres suivantes (rsultant de raisons historiques) : O, B, A, F, G, K, M (voir Fig 17). En
ralit, on subdivise encore chaque type spectral en 10 parties (par exemple de G
0
G
9
) pour amliorer la
nesse du classement des toiles. Le Soleil est alors une toile de type G
2
.
Finalement, on peut donc mesurer assez nement le type spectral dune toile et, si on connait sa dis-
tance la Terre, on connait aussi sa magnitude absolue ; en plaant alors dans un diagramme la magnitude
absolue des toiles en fonction de leur type spectral, on trouve que pour la majorit des toiles, leur point
dans ce diagramme est situ dans une bande troite, appele squence principale, qui part des magnitudes
trs ngatives pour le type O (toiles trs lumineuses et trs chaudes) et descend en diagonale vers les ma-
gnitudes trs positives pour le type M (toiles trs faibles et relativement froides). Cest le diagramme HR
(ou de Hertzsprung-Russell, du nom des 2 astronomes qui lont tabli pour la premire fois vers 1910). Le
Soleil fait partie des toiles de la squence principale. On trouve aussi dans ce diagramme que le type spec-
tral est corrl la couleur des toiles : les toiles froides sont plutt rouges, les trs chaudes plutt bleues ;
le Soleil est plutt jaune. Les toiles les plus massives sont en haut de la squence principale, les moins
massives en bas. Ainsi, les toiles les moins massives sont faibles et rouges, tandis que les plus massives
sont brillantes et bleues (voir Fig 18).
La place des toiles dans ce diagramme dpend en fait de leur rayon. Celles prsentes dans le haut (trs
lumineuses) sont des toiles gantes et supergantes (classes I IV) qui peuvent aussi bien tre rouges que
bleues et leur rayon peut atteindre 1000 R

; celles du bas (trs peu lumineuses) sont des naines blanches


(classe VII) dont le rayon est de lordre 0, 01 R

(comparable au rayon de la Terre). Entre les deux, les


toiles de la squence principale sont qualies de naines (classe V) avec un rayon du mme ordre que
celui du Soleil. Lgrement en dessous de la squence principale, on trouve encore la classe VI des sous-
naines.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 14
3.3 Lvolution du Soleil et des toiles
La structure du diagramme HR sexplique par la faon dont les toiles voluent, depuis leur naissance
jusqu leur mort (voir Fig 19).
Les toiles naissent dans une galaxie la suite de la contraction gravitationnelle dun nuage de matire
interstellaire (gaz et poussires). Cette contraction peut tre provoque par la traverse du nuage par une
onde de densit qui va donner des germes plus denses, susceptibles ds lors dattirer vers eux la matire
environnante. Un nuage typique qui se condense a une dimension de lordre de 10
9
R

, comprend environ
1000 particules par cm
3
une temprature de 40 K, correspondant une masse totale de lordre de plusieurs
centaines de masses solaires. Il y a ainsi matire pour donner naissance un groupe de plusieurs centaines
dtoiles, qui pourront cependant avoir des masses diverses. En 100 000 ans, les condensations des futures
toiles (ou proto-toiles) voient leur temprature centrale slever au del de 10
6
K, permettant lamorce
des ractions nuclaires de fusion de protons en noyaux dhlium.
En moins dun million dannes, ces ractions contre-balancent leffet de contraction d la gravitation
et un quilibre stablit. Pendant ce temps, si le nuage qui a form la proto-toile avait une rotation initiale,
ce nuage saplatit aussi en un disque de gaz et de poussires lui aussi en rotation et susceptible de se
condenser lui-mme en de futures plantes. Lorsquelle nat, ltoile trouve alors sa place sur la squence
principale du diagramme HR : Cette squence correspond en effet la premire phase de la vie des toiles,
lorsquelles brulent leur hydrogne central pour le transformer en hlium. Ltoile reste sur la squence
principale tant quil y a dans son cur de lhydrogne disponible pour sa fusion en hlium. Cette phase
peut durer 50 milliards dannes pour une toile de 0, 1 M

, mais seulement 20 millions dannes pour une


masse initiale de 30 M

. Pour le Soleil, cette phase dure environ 10 milliard dannes.


Quand lhydrogne central est puis, il y a rupture de lquilibre qui stait tabli entre la pression de
radiation dans le cur de ltoile et la pression due au poids des couches suprieures qui tend contracter
ltoile. La suite dpend fortement de la masse initiale. Pour une toile de 1, 2 M

par exemple, en mme


temps que son cur se contracte de nouveau, ses couches suprieures se dilatent et se refroidissent, jusqu
atteindre le stade de gante rouge. Cette phase peut durer quelques millions dannes. En se contractant le
cur augmente sa temprature : pour T > 10
8
K, les noyaux dhlium vont pouvoir fusionner en noyaux
de carbone (pour T > 5 10
8
K, ce sont les noyaux de carbone qui fusionnent en noyaux doxygne, et
pour T > 10
9
K, on obtient du silicium, mais ce sont les toiles plus massives qui vont produire ces
lments lourds, parfois simultanment dans plusieurs couches superposes dans le cur, les plus profondes
produisant les lments les plus lourds, et lhydrogne continuant fusionner en hlium la priphrie du
cur).
Si la n de la fusion de lhlium, aucune nouvelle raction de fusion ne peut samorcer, le dsquilibre
du cur de ltoile se traduit dabord par une contraction de ltoile (la gravitation lemportant sur le
rayonnement), jusqu une explosion gigantesque qui jecte dans lespace les couches externes de ltoile
(phnomne de supernova pour les toiles les plus massives). Cette explosion peut tre prcde par des
oscillations de ltoile, qui ene et se contracte alternativement, produisant des variations plus ou moins
priodiques de la luminosit de ltoile. Lexplosion engendre la formation dune nbuleuse en expansion
qui entoure le rsidu stellaire. Cette nbuleuse est enrichie en lments lourds (forms dans ltoile) par
rapport au nuage de matire interstellaire do tait nait ltoile. Dailleurs, une nuclosynthse dlments
trs lourds (fer et au del) peut rsulter de lexplosion elle-mme.
Lexplosion de ltoile acclre aussi leffondrement du rsidu stellaire sur lui-mme (phase appele
collapse) jusqu devenir une toile naine blanche (si la masse initiale est infrieure 3, 5 M

). Le rsidu
de ltoile devenue naine blanche na plus dvolution si ce nest quun refroidissement inexorable. Si
la masse initiale est suprieure 3, 5 M

, le collapse se poursuit jusqu former une toile neutrons,


ou pulsar, voire un trou noir pour les plus massives. Dans une toile neutrons la matire dgnre par
anihilation des charges des protons et lectrons, aboutissant leur transformation en neutrons et permettant
une densit norme puisque la rpulsion lectrostatique des protons nexiste plus. Le rsidu stellaire, dune
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 15
masse comparable celle du Soleil, se retrouve dans une sphre de quelques km de rayon, tournant sur lui-
mme raison parfois de plusieurs centaines de tours par seconde ( cause de la conservation du moment
cintique de ltoile).
Finalement, il rsulte de lvolution des toiles, que celles-ci enrichissent progressivement le milieu
interstellaire en lments lourds, permettant de nouvelles gnrations dtoiles de proter de cet enri-
chissement pour former avec elles des plantes comme la Terre, riches en minraux divers . De ce point
de vue, le Soleil est en effet une toile de deuxime gnration au moins, au contraire dtoiles comme
celles des amas globulaires, qui montrent des spectres dcients en lments lourds, semblant par l tre
contemporaines des dbuts de la formation de la Galaxie.
La dpendance de la dure de vie des toiles vis--vis de leur masse explique aussi pourquoi dans
les galaxies spirales riches en matire interstellaire, les toiles trs massives et trs brillantes (cest--dire
jeunes, puisque de telles toiles ont une dure de vie trs courte) ne sont observes que dans les bras spiraux,
l o elles viennent juste de se former.
4 Description de lUnivers extragalactique
4.1 Les galaxies
Il existe, au del de la Galaxie, dautres galaxies qui peuvent diffrer par leurs dimensions, leur forme
ou leur composition. On distingue 3 types de galaxies : spirales, elliptiques et irrgulires.
1. les galaxies spirales apparaissent, comme notre galaxie, avec une structure de disque en rotation,
contenant de la matire stellaire et interstellaire rpartie ingalement, la densit tant plus forte dans
des zones spirales ou bras spiraux. Ces bras peuvent tre attachs un bulbe sphrique ou aux
extrmits dun bulbe trs allong ressemblant une barre (spirales barres). Leur masse peut tre
comprise entre 10
9
et 5 10
11
M

, et leur diamtre entre 20 000 et 150 000 a.l. Ces galaxies sont trs
riches en poussires et en gaz, comme notre Galaxie. Ltude de lvolution des toiles dans une
galaxie, montre que les galaxies spirales contiennent encore beaucoup dtoiles jeunes, formes par
la condensation de nuages de cette matire interstellaire quon trouve abondamment dans ce type de
galaxie.
2. les galaxies elliptiques ne prsentent aucune structure et apparaissent comme de vastes concentrations
dtoiles de forme sphrique ou ellipsodale, avec trs peu de gaz interstellaire et pas de poussires.
Leur masse peut tre comprise entre 10
6
et 10
13
M

, et leur diamtre entre 2 000 et 500 000 a.l.


Labsence de poussires dans la matire interstellaire indique aussi un dcit dtoiles jeunes dans ce
type de galaxie.
3. les galaxies irrgulires nont pas de forme particulire. Leur masse peut tre comprise entre 10
8
et 5 10
10
M

, et leur dimension entre 5 000 et 50 000 a.l. Entre leurs toiles, ces galaxies contiennent
beaucoup de gaz, et des poussires en quantit variable. Elles apparaissent ainsi comme intermdiaires
entre les spirales et les elliptiques.
Cest peut-tre la faiblesse de la rotation des galaxies elliptiques et irrgulires qui les a diffrenci
des galaxies spirales. Les collisions relativement frquentes entre galaxies pourraient aussi conduire les
galaxies fusionner pour donner nalement des galaxies elliptiques. Globalement, on voit davantage de
galaxies spirales (60%) que delliptiques (30%) et dirrgulires (10%), mais ces chiffres pourraient tre
biaiss par la luminosit propre des galaxies (davantage dtoiles jeunes trs brillantes et donc visibles de
plus loin dans les spirales) ; lUnivers pourrait alors comporter jusqu 80% de galaxies elliptiques, 15%
de spirales et 5% dirrgulires. De toutes faons, leur distribution dans lUnivers est singulire comme le
montre ce qui suit.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 16
4.2 Organisation des galaxies
On distingue plusieurs niveaux dorganisation des galaxies :
1. Les galaxies satellites de notre Galaxie : On trouve plusieurs petites galaxies proches de la Galaxie,
considres comme lies elle par la gravitation et donc comme des satellites. Ce sont notamment
les 2 Nuages de Magellan, visibles dans lhmisphre sud, galaxies irrgulires distantes du centre
galactique de 170 000 et 210 000 a.l. seulement. Leur forme irrgulire est due aux dformations par
les effets de mares quelles subissent fortement en provenance de notre Galaxie cause de cette
proximit. On trouve aussi au moins 6 petites galaxies elliptiques, trs proches galement.
2. le Groupe local (ou amas local) de galaxies : Il sagit dune trentaine de galaxies, dont la ntre et
ses satellites, rparties non uniformment dans une sphre de 3 10
6
a.l. de rayon, centre sur notre
Galaxie (voir Fig 20). Au del de cette distance et jusqu prs de 8 10
6
a.l., on nobserve aucune
galaxie. Le Groupe local contient notamment la grande galaxie spirale dite dAndromde (du nom
de la constellation o on la voit), distante de 2 10
6
a.l. et qui se rapproche de nous 50 km.s
1
.
Sa masse est comparable celle de notre Galaxie. Son diamtre, galement comparable, nous la
fait apparatre, malgr sa distance, sous un angle de 3

(6 fois le diamtre apparent de la Lune ou


du Soleil). Elle possde aussi au moins 2 petites galaxies elliptiques satellites. Cest de nouveau
la gravitation universelle qui maintient groupes les galaxies de lamas local, leur imprimant des
mouvements relatifs trs lents mais rels et qui pourraient amener certaines se rencontrer, voire
fusionner.
3. Le Superamas local : Cest un regroupement de quelques centaines damas (ou groupes) de galaxies,
chacun comprenant entre 10 et 800 galaxies. Chacun de ces amas a des dimensions comprises entre
1.6 et 13 millions da.l., avec une distance moyenne de 22 millions da.l. entre 2 amas. Le centre du
superamas local se trouve dans la direction de la constellation de la Vierge, quelques 40 millions
da.l. de notre galaxie (voir Fig 21). La densit des amas va en croissant vers ce centre ; le diamtre du
superamas local serait de lordre de 10
8
a.l (voir Fig 22). Cest au sein des amas de galaxies que les
galaxies peuvent interagir, se dformant parfois sous leffet des mares gigantesques quelles peuvent
soulever lorsquune galaxie en approche une autre.
4. Des bulles et laments de superamas : Sur les 2 ou 3 premiers milliards da.l., la distribution des
galaxies nest ni homogne ni isotrope (voir Fig 23). On observe des groupements de galaxies de
tous types en amas, eux-mmes rassembls en superamas, avec une organisation particulire des
superamas : ceux-ci semblent en effet tre situs sur des structures en forme de bulles ou de laments,
laissant des zones immenses vides de toute galaxie (bulles vides de 35 millions de (millions da.l.) au
cube. Les superamas recenss comprendraient au total 35 10
9
galaxies environ.
5. Un Univers lointain homogne et isotrope : Au del des premiers milliards da.l. et trs grande
chelle (de lordre de 100 millions da.l.), il semble que lUnivers ne comporte plus de structures plus
grandes que les bulles et laments observs une chelle infrieure. Il parat peupl uniformment
de galaxies, les galaxies les plus lointaines observes actuellement se situant prs de 10 milliard
da.l. En fait ces distances normes sont estimes en faisant lhypothse dune formation de lUnivers
partir dune explosion initiale (le Big Bang), conduisant dabord une expansion de lUnivers telle
que les galaxies sont vues avec des vitesses dloignement V sensiblement proportionnelles leur
distance D; cest la loi de Hubble (tablie par cet astronome vers 1930 pour des galaxies relativement
proches) :
V = H D
o H est la constante de Hubble estime actuellement environ 20 km.s
1
par million da.l. En
mesurant le dcalage vers le rouge (ou redshift)
z =

du spectre des galaxies, souvent interprt comme rsultant de leffet Doppler-Fizeau (V = z c tant
que z << 1), on en dduit la distance D par le calcul, supposant connue la valeur de H. Cependant,
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 17
sans faire appel leffet Dopper, la constante H mesure plus simplement le taux de dilatation actuel
de lUnivers : 2 10
18
par seconde. Pour z non petit devant 1, la vitesse V est calculable en inversant
la relation relativiste z =
_
(1 +V/c)/(1 V/c) 1 mais la loi de Hubble qui scrivait z c = H D
pour z petit, doit tre reformule car dans lespace relativiste le terme de distance est mal dni
cause de lexpansion. Le paramtre z la remplace avantageusement et nest proportionnel D que
pour les objets proches. Le terme de vitesse devient lui-mme ambigu pour z lev car les galaxies
ne sont pas animes de vitesse mais sont comobiles dans lunivers en dilatation qui les porte.
Les galaxies les plus lointaines ainsi dtectes sont des objets trs lumineux ressemblant des toiles
(do leur nom de quasar, pour quasi-stellar objet) et qui pourraient tre des noyaux de galaxie en
formation. Lhomognit de lUnivers trs grande distance est aussi conrme par lobservation
dun rayonnement radio (appel rayonnement cosmologique) correspondant un univers homogne
dont la temprature moyenne actuelle vaut 2.735 K, et qui serait le rayonnement rsiduel de lexplo-
sion initiale, aprs refroidissement d lexpansion de lUnivers depuis le Big Bang. Cest aussi cette
explosion initiale qui aurait produit une nuclosynthse primordiale (fusion de lhydrogne en hlium,
puis en lithium et en bryllium) conduisant aux proportions 75% dHydrogne - 24% dHlium pour
la matire initiale de lUnivers.
5 La mesure des distances dans lUnivers
Avec lenvoi de nombreuses missions spatiales depuis plus de 40 ans, les mesures de distances dans
le systme solaire sont aujourdhui trs prcises ; cependant, toutes ces mesures sont fondes sur notre
connaissance des dimensions de la Terre, laquelle fut la base de la dnition du mtre et qui a t lobjet
de nombreuses missions de godsie depuis plusieurs sicles : La mthode de base tait celle de la triangu-
lation par laquelle la distance dun point loign P est obtenue par des mesures dangles dans un triangle
ABP : lobservateur vise P et B depuis A pour avoir langle

PAB , puis P et A depuis B pour avoir
langle

PBA; la mesure la longueur de la base AB permet ensuite de calculer les deux autres cts du
triangle.
Maintenant, les distances de points loigns la surface de la Terre sont dsormais connues par laser
au millimtre prs, grce notamment aux satellites godsiques qui lobservent en permanence. La distance
Terre-Lune est elle-mme mesure par laser quelques centimtres prs en utilisant les 4 recteurs laser
dposs sur son sol par les missions Apollo dans les annes 70. Les plantes sont aussi rgulirement vises
par des faisceaux-radar. Dans tous ces cas, on mesure les distances par lintermdiaire du temps mis par
un paquet de photons pour aller jusqu la cible puis pour revenir vers lobservateur aprs rexion sur sa
surface. Enn, des sondes spatiales ont t suivies en permanence par radio jusqu des distances de plu-
sieurs dizaines dunits astronomiques. Toutes ces mesures du systme solaire nous permettent dsormais
de connatre la valeur de lUA 10
9
prs : LUA est maintenant dnie comme la distance parcourue
la vitesse de la lumire (299 792 458 m/s) en 499, 004 782 s, do sa valeur de 149 597 870 km. Cest cette
valeur de lUA qui sert ensuite pour dterminer les distances des autres astres, dabord les toiles puis les
galaxies.
5.1 La distance des toiles
Le principe est simple : On mesure dabord directement la distance des toiles les plus proches du Soleil,
ce qui permet de calibrer certaines proprits intrinsques et observables de ces toiles et dont lobserva-
tion dpend de leur distance. Alors, observant ces proprits sur des toiles de distance inconnue, on peut
inversement en dduire leur distance.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 18
5.1.1 Les parallaxes trigonomtriques
Pour mesurer directement la distance des toiles les plus proches du Soleil, on utilise une mthode
gomtrique appele mthode des parallaxes : Cest dans son principe la mme mthode de triangulation
dcrite plus haut, o cette fois la base dobservation dune toile proche est au maximum un diamtre
de lorbite hliocentrique de la Terre ; en effectuant 6 mois dintervalle deux observations dune mme
toile sufsamment proche, on voit cette toile dans deux directions lgrement diffrentes, directions qui
peuvent tre repres par rapport dautres toiles voisines en direction mais beaucoup plus lointaines et
qui ne manifestent donc pas deffet de parallaxe.
Pour comprendre comment se manifeste cet effet de parallaxe, faisons dabord lhypothse que toutes
les toiles sont xes par rapport au Soleil (voir Fig 24). Alors, quand on les observe depuis la Terre, mobile
autour du Soleil, tout se passe comme si lon reportait sur elles le mouvement orbital apparent du Soleil
autour de la Terre : En effet, le vecteur

TE qui joint la Terre T une toile E peut se dcomposer (en
introduisant la position S du Soleil) en

TS +

SE o

SE est xe et o

TS est un vecteur tournant (comme


la Terre) en un an. En appelant E

le point tel que

TE

SE , on construit un paralllogramme TSEE

et
ltoile E, vue de la Terre, semble alors tourner autour du point E

de telle faon que

E reste parallle

TS . Ainsi, chaque toile observe depuis la Terre semble dcrire annuellement et de manire synchrone
une orbite exactement gale (puisque translate) celle parcourue par le Soleil autour de la Terre (voir Fig
25). Si lon suppose lorbite terrestre circulaire, suivant la position de ltoile dans le ciel par rapport au plan
orbital de la Terre, cette orbite circulaire translate est vue en projection sur le ciel sous forme dune ellipse
plus ou moins aplatie (cest lellipse de parallaxe) (voir Fig 26), et langle sous lequel on voit le demi-grand
axe de cette ellipse (de longueur 1 UA) est inversement proportionnel la distance de ltoile. Cet angle,
gnralement not , est prcisment langle de parallaxe de ltoile, qui est classiquement dni comme
langle sous lequel, depuis cette toile, on verrait le rayon de lorbite terrestre. Cest lorsque lon dtermine
la distance dune toile par la mesure de cet angle de parallaxe que lon parle de parallaxe trigonomtrique.
En ralit, les toiles bougent par rapport au Soleil (rotation galactique) mais les mouvements angulaires
observs depuis le Soleil sont trs lents (le plus souvent moins de 1

par an) et peuvent tre considrs


comme rectilignes uniformes ; vues de la Terre, les toiles semblent alors dcrire la somme vectorielle
de ce mouvement rectiligne uniforme (appel mouvement propre) et du mouvement annuel sur lellipse
de parallaxe (voir Fig 27). Cette combinaison de mouvements donne un mouvement apparent cyclodal,
qui ressemble fort aux boucles quon a dcrites plus haut propos des mouvements gocentriques des
plantes, avec leurs alternances de mouvements directs et rtrogrades. En fait, cest exactement le mme
effet de parallaxe qui tait alors appliqu aux plantes lorsquon crivait que pour une plante P on avait

TP =

TS +

SP .
Les angles de parallaxes observs sont toujours trs petits : Ltoile la plus proche ( Centaure) mani-
feste un angle de parallaxe gal 0

76. Les plus petits angles mesurables actuellement sont de lordre de


0

002. Comme traditionnellement on exprime ces angles en secondes de degr, on a adopt une nouvelle
unit de distance le parsec (ou pc) qui reprsente la distance jusquo il faut sloigner du Soleil pour
voir le rayon de lorbite terrestre (1 UA) sous un angle de 1

. Comme il y a 206 264

, 8 dans 1 radian,
on a encore :
1 parsec = 206 264, 8 UA
et la distance en parsec sobtient simplement en calculant linverse de la valeur de langle de parallaxe
exprim en secondes : D (pc) = 1/ (

) Ainsi, la distance de Centaure vaut 1 / 0, 76 = 1, 31 pc, et la


distance correspondant une parallaxe de 0

002 est de 500 pc.


Jusquen 1996, on ne connaissait les parallaxes trigonomtriques que dun petit nombre dtoiles proches
(environ 10000) car les observations astromtriques faites depuis la Terre sont altres en prcision par les
turbulences de latmosphre. A cette date, le satellite astromtrique HIPPARCOS a mesur les parallaxes
trigonomtriques et les mouvements propres de 100 000 toiles dans une sphre de 500 pc centre sur le
Soleil, avec une prcision de 0

002. Cependant, cela ne reprsente quune toute petite partie des toiles
de notre Galaxie. Pour mesurer les distances au del de ces 500 pc, il faut utiliser dautres mthodes.
Notons que pour appliquer convenablement la mthode des parallaxes trigonomtriques, il faut tenir
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 19
compte aussi du phnomne daberration de la lumire (voir Fig 28) qui dcale la direction observe par
rapport la direction vraie de lobjet vis dun angle dpendant de la vitesse orthoradiale de cet objet par
rapport lobservateur. La Terre par exemple, qui se dplace autour du Soleil prs de 30 km/s, entrane
les observateurs terrestres en leur faisant apparatre la direction des astres dcale de 20

environ si ils sont


observs dans la direction oppose au Soleil. Il sy ajoute un effet daberration provenant de la vitesse de
lobservateur due la rotation de la Terre sur elle-mme (450 m/s lquateur) ou celui provenant de la
vitesse du satellite autour de la Terre dans le cas dHIPPARCOS. Les mesures astromtriques de la direction
des toiles doivent donc tre corriges de laberration due aux divers mouvements de lobservateur avant de
pouvoir servir la dtermination de leurs parallaxes et mouvements propres.
5.1.2 Les parallaxes spectroscopiques
On a vu en 3.2 les dnitions de magnitude apparente m et de magnitude absolue M pour les toiles,
relies par la formule M = m5 log
10
d +5 o d est la distance de ltoile la Terre exprime en parsecs.
Il suft davoir m et M pour savoir calculer d. La magnitude apparente m est mesurable directement par
des mthodes photomtriques ; pour dterminer M on peut se servir du diagramme HR : par lanalyse du
spectre de ltoile, on dduit le type spectral, mais, pour un type spectral donn, il y a plusieurs classes
spectrales (naine, gante ou supergante...) Cest lanalyse de la nesse des raies spectrales qui permet de
savoir si on a affaire une naine ou une gante : Plus le milieu mettant la lumire de ltoile est dilu, plus
les raies sont nes ; les supergantes, avec leurs atmosphres trs tendues, mettent ainsi des raies plus
nes que les gantes, et elles-mmes ont des raies plus nes que les naines... Cependant, cela laisse une
assez forte incertitude sur la valeur de M pour un type spectral donn. Pour amliorer cette dtermination
de M, il convient de procder simultanment avec plusieurs toiles supposes la mme distance de la
Terre, telles celles qui font partie dun amas dtoiles (on considre que les dimensions de lamas sont
petites par rapport sa distance) ; il suft de placer les toiles de lamas selon leur type et leur classe dans
un diagramme HR o laxe des ordonnes reprsente les magnitudes apparentes au lieu des magnitudes
absolues (voir Fig 29). On obtient des nuages de points qui sorganisent de la mme manire, avec squence
principale et branche de gantes et ou supergantes. Il suft ensuite de superposer au mieux la squence
principale du diagramme construit en magnitudes apparentes avec celle du diagramme de rfrence construit
en magnitudes absolues partir dtoiles de distances connues ; on lit alors le dcalage mM existant entre
eux, et on en dduit la distance de lamas. Cette mthode utilisant lanalyse spectrale conduit aux parallaxes
dites spectroscopiques.
5.1.3 Les parallaxes dynamiques
Certaines toiles sont doubles, cest--dire formes de deux toiles sufsamment proches pour tre
lies lune lautre par la gravitation universelle. Elles tournent alors lune autour de lautre en suivant les
mmes lois de Kpler vues prcdemment pour une plante tournant autour du Soleil. Si elles sont quand
mme sufsamment distantes lune de lautre, ou sufsamment proches du Soleil, ces deux toiles peuvent
tre observes sparment depuis la Terre et lon peut mesurer leur mouvement relatif. Lorbite elliptique
dcrite par lune des toiles autour de lautre est vue en projection sur le ciel, mais on arrive redresser
lellipse apparente projete pour dterminer nalement la priode T du mouvement et langle sous lequel
apparaitrait le demi-grand axe a de lellipse relle. Si la distance (inconnue) des deux toiles au Soleil est
D, on a alors a = D, et la troisime loi de Kpler scrit :

3
D
3
T
2
=
G(m
1
+m
2
)
4
2
en fonction des masses m
1
et m
2
des deux toiles. Avec G = 4
2
si lon utilise les units astronomiques de
masse, de longueur et de temps, on peut calculer D si on peut estimer les masses :
D
3
=
T
2
(m
1
+m
2
)

3
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 20
do D en UA si T est en annes et les masses en masse solaire (et en radians). La distance dune toile
double ainsi dtermine partir de lobservation de ses mouvements est appele parallaxe dynamique.
Pour les toiles doubles dont on a pu dterminer la distance par les parallaxes trigonomtriques (D est
donc alors connu), la relation prcdente permet en fait de calculer la somme des masses des deux toiles
en units de masse solaire. On peut connatre par ailleurs le rapport de ces masses en observant, en plus du
mouvement relatif des deux toiles, le mouvement de chacune par rapport des toiles voisines, trangres
au couple et supposes xes. Avec la somme et le rapport des masses, on peut ensuite calculer chacune des
masses. Cest grce la mesure de la masse des toiles doubles de distance connue qua pu tre tablie par
Eddington une forte corrlation entre la luminosit intrinsque des toiles et leur masse (relation masse-
luminosit qui exprime que le logarithme de la masse dune toile est sensiblement une fonction linaire de
sa magnitude absolue).
Pour les toiles doubles de distance inconnue, lestimation des masses peut tre faite en analysant le
spectre des deux toiles de faon en dterminer le type spectral, do la dtermination de leur magnitude
absolue avec le diagramme HR, puis de leur masse grce la relation masse-luminosit et enn leur distance
D par la relation ci-dessus. La comparaison entre la magnitude apparente et la magnitude absolue des toiles
donne par ailleurs une autre valuation de cette distance.
5.1.4 Distance de certaines toiles variables
Une toile variable est une toile dont la luminosit varie au cours du temps. Les variations de magni-
tude correspondantes peuvent tre prsentes en fonction du temps sous forme dune courbe de lumire.
Cette courbe peut apparatre strictement priodique, ou seulement priodique de faon approche, ou sans
priodicit.
Etoiles doubles photomtriques ou binaire clipses Lorsque la courbe de lumire est strictement p-
riodique, cest que ltoile variable est en fait une toile double trs serre vue dans des circonstances
particulires : lobservateur se trouve par hasard quasiment dans le plan de leur orbite, ce qui lui permet de
voir alternativement les deux toiles passer lune devant lautre ; ces clipses se reproduisent priodique-
ment, avec la priode de leur mouvement, entranant des variations strictement priodiques de luminosit
de lensemble (en gnral, de telles toiles doubles sont trop serres pour tre vues sparment). On peut
montrer que lanalyse de la courbe de lumire permet de dterminer les diamtres de chaque toile, mais la
distance lobservateur reste inconnue, faute de pouvoir sparer les deux toiles.
Variables intrinsques Lorsque la courbe de lumire est priodique de faon approche, il sagit dune
toile dont la luminosit varie intrinsquement. Le mcanisme provoquant ces variations est le plus souvent
une pulsation de ltoile qui en quelque sorte, gone et se dgone avec un certain rythme dpendant de la
masse de ltoile.
On classe cette sorte dtoile suivant leur priode de pulsation : toiles de type RR Lyrae (priode
infrieure 0,3 j), Cphides (de 0,3 j 100 j), type Mira Ceti (de 100 500 j),... Certaines de ces toiles
sont sufsamment proches du Soleil pour quon ait pu dterminer leur parallaxe trigonomtrique, et donc
aussi leur magnitude absolue (bien sr, leur magnitude absolue varie au mme rythme que leur magnitude
apparente). En recherchant les corrlations ventuelles entre la priode P et la magnitude absolue moyenne
M des cphides de distance connue, Miss Leavitt a pu montrer en 1912 quon a sensiblement
M = a log P +b
o a et b sont des constantes. Ds lors, quand on observe une cphide de distance inconnue, il suft
de mesurer sa priode de pulsation pour en dduire sa magnitude absolue moyenne, puis sa distance par
comparaison avec sa magnitude apparente moyenne. Lintrt des cphides vient de ce que ce sont des
toiles intrinsquement trs brillantes (magnitude absolue moyenne comprise entre -2 et -6), donc visibles
de trs loin, bien au del des limites de notre galaxie.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 21
Certaines toiles variables ont une courbe de lumire apriodique, leur luminosit augmentant brus-
quement puis revenant lentement son niveau initial. Parce que ces toiles semblaient apparatre l o on
nobservait rien auparavant, elles ont t dsignes dans le pass sous le nom de novae (ou toiles nouvelles)
ou de supernovae dans le cas dune augmentation exceptionnelle de luminosit. Les novae montrent ainsi
en quelques heures une diminution m de magnitude de lordre de 10, le retour au niveau initial se faisant
en plusieurs mois, tandis que pour les supernovae, m est compris entre 17 et 20.
Il semble que le phnomne de nova se produise lorsquune toile double est compose dune naine
blanche et dune autre toile ; cette dernire perd de la matire au prot de son compagnon beaucoup plus
dense, cette matire pouvant brusquement exploser la surface de la naine blanche lorsque des conditions
sont atteintes pour permettre sa fusion (ainsi, cest comme si on voyait cet instant le cur nuclaire dune
toile).
Le phnomne de supernova semble tre lune des dernires tapes de la vie dune toile massive (de
masse suprieure 3, 5 M

) ; cest linstant o ltoile explose, restituant une bonne part de sa masse au


milieu interstellaire et concentrant un rsidu sous forme dun pulsar ou dun trou noir. On estime que la
magnitude absolue dune supernova lors du maximum de luminosit atteint 17 1. Si on mesure sa
magnitude apparente cet instant, la diffrence des deux valeurs peut tre identie 5 log d +5 et on en
dduit sa distance.
5.2 Les distances extragalactiques
Pour dterminer la distance des galaxies proches, on se sert des indicateurs de distance vus prcdem-
ment, condition de savoir les y observer.
On peut utiliser les cphides car celles-ci sont dtectables actuellement jusqu prs de 20 Mgapar-
secs. Cest dailleurs grce celles observes dans les Nuages de Magellan (petites galaxies satellites de
la ntre) que Miss Leavitt trouva leur distance denviron 100 000 pc., montrant dnitivement quils sont
bien lextrieur de notre Galaxie. En 1994, le tlescope spatial permit didentier 28 cphides dans la
galaxie M100 situe dans le superamas local de la Vierge, aboutissant estimer la distance de cette galaxie
17, 1 1, 8 Megaparsec.
Lobservation de supernovae dans les galaxies extrieures la ntre est relativement frquente (bien
quon estime quil ny a quune supernova en moyenne tous les trois ou quatre cents ans dans une galaxie
donne). En supposant encore observable une supernova quand, son maximum de luminosit, elle atteint
une magnitude apparente de +23 , on peut calculer quavec une magnitude absolue de 17 cet instant,
on peut la voir une distance de 10
9
pc ou 1000 Mpc. Cependant lincertitude sur la dtermination des
distances par les supernovae est sans doute de lordre de 20 30%
En 1977, Tully et Fisher ont mis au point une autre mthode, base sur lobservation de la rotation des
galaxies spirales. Grce 12 galaxies proches dont les distances taient bien connues (par les cphides
notamment), ils ont montr que V
max
, la vitesse maximale de rotation des galaxies spirales, est corrle
leur magnitude absolue globale M ; plus prcisment, ils ont obtenu la loi :
M = 5 log(V
max
) + 8, 4
La mesure de V
max
pour une galaxie spirale de distance inconnue permet donc den dduire M , puis en
soustrayant cette valeur de la magnitude apparente globale, on obtient 5 log
10
d 5 puis la distance d .
La dtermination de V
max
est possible en mesurant par la radioastronomie la forme de la raie spectrale de
lhydrogne neutre 21cm de longueur donde. Cet hydrogne compose lessentiel de la matire interstel-
laire dans les galaxies spirales et participe la rotation des galaxies. Cette raie est alors largie par leffet
Doppler-Fizeau induit par la rotation de la galaxie. La mesure de cet largissement donne directement V
max
en km/s, pondr toutefois par le sinus de langle dinclinaison de laxe de rotation par rapport la direc-
tion de lobservateur ; cet angle est par ailleurs calculable par son cosinus puisque ce dernier sidentie au
rapport b/a des deux axes de lellipse apparente, projection du disque circulaire de la galaxie sur le plan du
ciel. Plusieurs milliers de galaxies ont ainsi t mesures jusqu plus de 100Mpc.
L. Duriez - LUnivers et sa mesure 22
Pour les galaxies plus lointaines, il reste la loi de Hubble
V
r
= H D
qui relie la vitesse radiale dloignement des galaxies leur distance ; cette loi est talonne sur les galaxies
de distance connue, mais la valeur de H ainsi obtenue est encore relativement imprcise (comprise entre
60 et 80 km/s par Mpc). Pour les galaxies de distance inconnue, leur vitesse radiale est mesure par leffet
Doppler-Fizeau du dcalage vers le rouge subi par la lumire qui nous en parvient, mais les distances quon
en dduit dpendent bien sr du modle dUnivers que lon considre et pour lequel la loi de Hubble est
suppose vraie.
6 Bibliographie
Ce cours nest videmment quune petite introduction lastronomie. Pour en savoir plus, les ouvrages
suivants sont la porte des tudiants du 1er cycle universitaire :
Astronomie et Astrophysique, par Seguin et Villeneuve, 2002 2me dition, De Boeck Universit.
Le monde des toiles, par D. Benest, C. Froeschl, L. Gouguenheim, M. Loulerge, JP. Rozelot, C.
Wealkens, JP. Zahn, 1995, collection les fondamentaux, chez Hachette.
Lunivers des galaxies, par D. Benest, A. Blanchard, L. Bottinelli, S. Collin, C. Froeschl, L. Gou-
guenheim, J. Lefvre, L. Nottale, 1995, collection les fondamentaux, chez Hachette.
Astronomie introduction, par A. Acker, 1992, Collection De caelo, chez Masson.
Le grand atlas de lastronomie, dans la collection des atlas Universalis.
On pourra aussi voir les nombreux sites internet consacrs lastronomie, comme celui par exemple de
lObservatoire de Paris :
(http://www.obspm.fr/)
ou du Bureau des Longitudes :
(http://www.imcce.fr/)
ou encore ceux quon atteindra en recherchant des mots-cls citant tel observatoire, ou tel objet cleste. . .
On trouvera aussi de trs nombreuses images de toutes les catgories dobjets clestes, ralises par
toutes sortes dinstruments au sol ou dans lespace, sur le site http://www.cidehom.com/.
Les gures et tableaux rfrencs dans le prsent document sont accessibles et tlchargeables sur le
site du Laboratoire dAstronomie de Lille (LAL) :
http://www.univ-lille1.fr/lal/
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