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Gsell Stephane - Les Monuments Antiques de L Algerie - Tome I

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SERVICE DES MONUMENTS HISTORIQUES DE LALGRIE

LES

MONUMENTS ANTIQUES
DE LALGRIE
PAR

STPHANE GSELL
PROFESSEUR A LCOLE SUPRIEURE DES LETTRES ET DIRECTEUR DU MUSE DALGER

OUVRAGE PUBLI, SOUS LES AUSPICES DU GOUVERNEMENT GNRAL DE LALGRIE

TOME PREMIER
Contenant 72 planches hors texte et 85 illustrations dans le texte

PARIS ANCIENNE LIBRAIRIE THORIN ET FILS ALBERT FONTEMOING, DITEUR


Libraire des coles Franaises dAthnes et de Rome, du Collge de France et de lcole Normale Suprieure 4, RUE LE GOFF, 4

1901

Livre numris en mode texte par : Alain Spenatto.


1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. alainspenatto@orange.fr ou spenatto@algerie-ancienne.com Dautres livres peuvent tre consults ou tlchargs sur le site :

http://www.algerie-ancienne.com
Ce site est consacr lhistoire de lAlgrie.

Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e sicle),


tlcharger gratuitement ou lire sur place.

PRFACE

Cet ouvrage devait consister, dabord, en une srie de notices sur les ruines antiques de lAlgrie qui sont classes comme monuments historiques : travail que M. le Directeur des Beaux-Arts avait bien voulu me confier lanne dernire. Mais le classement actuel mayant paru fort incomplet, jai cru devoir largir le plan primitif du livre et en faire, pour ainsi dire, un manuel darchologie monumentale algrienne. Je nai donc pas adopt lordre gographique, o des difices dpoques et de destinations diverses auraient t confondus ; mais jai tudi, dans des chapitres distincts, les diffrentes catgories de monuments. Lindex topographique, plac la fin du second volume, permettra, au besoin, de runir sans peine les renseignements concernant les ruines qui sont groupes dans un mme lieu. En gnral, jai joint aux descriptions des notes biblio-

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PRFACE

graphiques assez compltes. Les documents relatifs larchologie de lAlgrie sont disperss dans tant de livres, dans tant de revues, quil petit tre utile de les rassembler ; du reste, ltat de beaucoup de ruines a t tellement modifi depuis soixante-dix ans, que lon trouve frquemment des indications prcieuses dans les travaux antrieurs, mme dans les plus mdiocres. On y trouve aussi plus dune erreur. Cela na rien dtonnant. La plupart de nos devanciers taient des gens de bonne volont, qui ont rendu de trs grands services la science par leur zle dsintress, mais qui manquaient de connaissances spciales. Il tait ncessaire de faire ici cette remarque : car, en comparant nos descriptions avec celles des autres auteurs, on pourrait tre surpris de constater souvent dassez notables diffrences. Le prsent ouvrage paratra peut-tre prmatur et incomplet. Jaurais assurment mieux fait, avant de lcrire, dachever lexploration archologique de lAlgrie : dans certaines rgions que je nai pas encore pu visiter, il y a des monuments qui ne sont signals nulle part ou qui le sont dune manire trop sommaire, et qui, pourtant, mriteraient sans doute dtre dcrits. Bien des ruines, mme parmi les plus connues, ne pourront tre tudies avec fruit que quand on les aura fouilles. Dautre part, lillustration de notre texte, quoique abondante, devrait ltre encore davantage : dans des livres comme celui-ci, il est souhaiter que chaque description soit accompagne, sinon dune vue, du moins

PRFACE

dun plan. Nous avons d renoncer reproduire tout ce qui se rattache la dcoration proprement dite : chapiteaux, autres morceaux darchitecture sculpts, mosaques, etc. Il nous aurait fallu augmenter considrablement le nombre des planches et des figures, par consquent les frais de la publication. Dailleurs, vouloir trop attendre, vouloir faire trop bien et trop beau, on risque de ne pas aboutir. Il ne sagissait point dentreprendre un de ces ouvrages luxueux et de format imposant, qui ont la prtention dtre dfinitifs, qui cotent de fortes subventions ltat et se vendent trs cher aux particuliers, dont les fascicules paraissent de loin en loin et qui, bien souvent, ne sachvent pas(1). Notre ambition a t plus modeste. Nous avons eu le dsir dindiquer, aussi brivement que possible, ce que lon sait aujourdhui sur les ruines antiques de lAlgrie. Ce tableau densemble sera peu peu complt, et aussi corrig, par des fouilles, par des relevs minutieux de quelques difices importants au point de vue artistique(2), par des monographies locales ou rgionales, par des tudes consacres telle ou telle catgorie de monuments, tel ou tel mode ou style de dcoration.
____________________ 1. Tel a t le sort des deux grands ouvrages archologiques de Ravoisi et de Delamare, publis dans la collection intitule : Exploration scientifique de lAlgrie. Celui de Delamare na pas de texte explicatif. Dans celui de Ravoisi, le tome III des planches est incomplet et le texte sarrte au milieu du tome II. 2 Travail qui conviendrait des architectes pensionnaires de lAcadmie de France Rome.

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PRFACE

Presque toutes les phototypies contenues dans ces deux volumes ont t excutes daprs mes clichs jai cependant fait plusieurs emprunts la collection du Service des monuments historiques. Certains plans sont copis dans des publications antrieures ou sur des plans dresss par les soins du mme Service ; pour les autres, mes relevs ont t mis au net par M. Godard. MM. Laurent Gsell, Emonts et Ferrand ont dessin, en gnral daprs des photographies, les vues insres dans le texte. Stphane GSELL. Septembre 1901.

LIVRE I MONUMENTS INDIGNES ET PUNIQUES CHAPITRE I MONUMENTS INDIGNES

GROTTES ET ABRIS SOUS ROCHES Les demeures des plus anciens habitants de lAlgrie furent des huttes en branchages, des abris sous roches, des grottes naturelles. Quelques-unes de ces grottes ont t explores, dans le voisinage dAlger et dOran, prs de Sada (dans le dpartement dOran), en Kabylie, etc. Nous mentionnerons, en particulier, la grotte du Grand-Rocher, prs de Guyotville, 14 kilomtres au nord-ouest dAlger, et celle des Troglodytes, Oran. Au Grand-Rocher(1), une sorte de couloir qui, sil tait compltement dblay, donnerait passage un homme marchant debout, conduit une salle longue de prs de 20 mtres, large de 4 5 mtres aux points les plus troits, dans laquelle pouvaient sabriter au moins vingt personnes ; un soupirail naturel lclaire par en haut. La couche suprieure du terreau qui revtait le sol de cette grotte contenait quelques dbris de lpoque romaine. Plus bas, on a trouv des fragments de poteries trs primitives, faites la main, cuites au soleil,
____________________ 1. Voir, au sujet de cette grotte: Bulletin de la Socit algrienne de climatologie, XII, 1876, p. 152-159, 188-196 ; Battandier et Trabut, lAlgrie, p. 118-179.

LES MONUMENTS ANTIQUES DE LALGRIE

offrant des ornements gravs (losanges et chevrons), et ressemblant aux vases qui ont t recueillis dans les cavernes de Gibraltar. Il y avait, en outre, quelques grossiers outils en silex, des aiguilles et des poinons en os, enfin une quantit considrable dossements danimaux, dont la chair et la moelle avaient nourri les troglodytes bovids, antilopes, chvres, quids, sangliers, chacals, lynx, hynes, cerfs, gerboises ; ces ossements se mlaient des restes humains. Un amas de cendres, situ hors de lentre, recouvrait deux petites haches polies en grs, des grattoirs en silex, deux carreaux en pierre dure, prsentant une rainure mdiane dans laquelle on aiguisait sans doute des instruments en os. A ct du soupirail, a t dcouvert un autre foyer, mnag dans une anfractuosit de la roche : un grand nombre dos humains, en dsordre, y taient confondus avec des coquilles comestibles, brises pour lextraction du mollusque, des dbris de poteries grossires, plusieurs silex taills en forme de grattoir et une petite hache polie(1). La grotte des Troglodytes se trouve dans le voisinage immdiat dOran, contre la route de Tlemcen : elle a t explore par MM. Pallary et Tommasini(2). Cest une simple cavit, large de 8 mtres 8m, 40, profonde et haute de 3 mtres. Comme dans dautres abris sous roches de la rgion dOran, on y a constat lexistence de deux couches. La plus basse, de couleur blanchtre, paisse de 0m, 85 au maximum, renfermait quelques ossements, entre autres ceux dun grand buf
____________________ 1. Une autre grotte, qui semble avoir t habite par lhomme ds une poque plus ancienne, a t dcouverte prs dAlger, la pointe Pescade ; elle a aujourdhui disparu. Voir Bull. de la Socit alg. de climatologie, V, 1868, p. 78-88 ; VI, 1869, p. 20-21, 24-26 et pl. III ; XII, 145-152, 186-188, pl. I et II ; Battandier et Trabut, l. c., p. 178. 2. Association franaise pour lavancement des sciences, Congrs de Marseille (1891), II, p. 633-649.

MONUMENTS INDIGNES

dune espce indtermine, une dent de rhinocros, des pointes et des racloirs en calcaire, en silex et en quartzite, taills sommairement sur une seule face. Ces outils remontent probablement lpoque que les gologues appellent quaternaire. La couche suprieure, paisse de 2 mtres environ, est forme dun terreau noir, entreml de cendres. MM. Pallary et Tommasini y ont recueilli de nombreux objets en silex, entre autres des pointes de flche finement travailles ; trois haches polies en diorite ; de beaux poinons, des harpons et des hameons en os ; des restes de parures en coquilles, souvent barioles de rouge ; des fragments de poteries avec des cordons en saillie et des ornements gravs (hachures, zigzags, losanges). Les ossements appartiennent des espces animales vivant encore dans le pays ou rcemment migres : nes, bufs, moutons, chvres, sangliers, gazelles, antilopes. Des ufs dautruche, des coquillages marins ou terrestres, des tortues servaient aussi lalimentation des possesseurs de cet abri, qui taient peu prs contemporains de ceux de la grotte du Grand-Rocher. Beaucoup dos humains ont t trouvs ple-mle et presque toujours briss : on sest demand si la caverne na pas t alternativement un lieu dhabitation et de spulture, mais on peut aussi supposer que les troglodytes dOran taient anthropophages. Notre livre devant tre consacr aux monuments proprement dits, nous ninsisterons pas plus longuement sur ces grottes, dont ltude est assurment fort intressante pour lhistorien comme pour le naturaliste, mais qui ne sont pas des demeures bties ou amnages par la main de lhomme(1).
____________________ 1. Pour les grottes et abris voisins dOran, voir Pallary, Matriaux pour lhistoire primitive et naturelle de lhomme, XXII, 1888, p. 203 et 209 ; Assoc. fran. pour lav. des sciences, Marseille (1891), II, p. 604 ; ibid.,

LES MONUMENTS ANTIQUES DE LALGRIE REFUGES

Plus tard, les Africains levrent de vritables constructions On trouve souvent en Algrie des enceintes en gros blocs bruts ou peine taills, tablies sur des collines, sur des plateaux escarps qui dominent des rivires ou des sources. Elles sont nombreuses surtout dans lest de la province de Constantine, dans lAurs et dans le Tell oranais. A lorigine, ces refuges fortifis ne paraissent pas avoir enferm de maisons. Les indignes vivaient dans la campagne avec leurs troupeaux. Pour pouvoir se dplacer sans peine la recherche des pturages. ils avaient des demeures mobiles, des cabanes montes sur des roues (mapalia, comme les nomment les auteurs anciens). Ils ne se retiraient dans le refuge qu lheure du danger : des huttes improvises leur servaient sans doute dabris. A une poque postrieure, ils sy btirent des habitations en pierres sches, ressemblant aux gourbis kabyles. Il est malheureusement trs difficile de fixer avec certitude la date de ces enceintes indignes. Si quelques-unes semblent remonter une antiquit fort recule, dautres ne sont pas
____________________ Caen (1894), II, 740-744 ; Carrire, Bull. de la Socit de gographie dOran, 1886, p.146-149 ; Ass, fran., Oran (1888), II, p. 358, 360 et pl. VII, fig. 3 et 4 ; Doumergue, Ass. fran., Pau (1892), II, p. 623-628. Grottes de la rgion de Sada (dpartement dOran) : Doumergue et Poirier, Bull. Soc. dOran, 1894, p. 105-127 ; Ass. fran., Nantes (1898), II, p. 580. Autres grottes et abris du dpartement dOran : Pallary, Ass. franc., Marseille (1891). II, p. 605, 606, 607 ; ibid, Tunis (1896), II, p. 496, 499 ; Flamand, dans lAnthropologie, III, 1892, p. 150. En Kabylie : Vir, Ass. fran., Bordeaux (1895), II, p. 789-794 ; Recueil de la Socit archologique de Constantine, XXXII, 1898, p. 6-13. Au djebel Sidi Rgheiss, prs dAn Beda, dans le dpartement de Constantine : Gsell, Bull. arch. du Comit des travaux. historiques, 1899,p. 438. Prs de Khenchela : Jullien, Mat. pour lhist. de lhomme, XIII, 1877, p. 45-46.

MONUMENTS INDIGNES

antrieures la priode romaine ou mme aux premiers temps du moyen ge. Pendant une longue srie de sicles, les Africains levrent ces remparts grossiers, dont la construction nexigeait que des bras, des leviers et des rouleaux faits de troncs darbres(1). TOMBEAUX EN PIERRES SCHES Il en fut de mme pour les tombeaux en pierres sches, attribus par les gens du pays aux Djouhala ou aux Beni-Sfao, race didoltres teinte depuis longtemps. Certains dentre eux sont probablement trs anciens, dautres ont t btis aprs lre chrtienne ; en gnral, il est impossible de les dater. Les lments de certitude ou mme de probabilit chronologique manquent le plus souvent. Dailleurs, on a fouill trs peu de ces monuments, pourtant innombrables en Algrie : il y a l un vaste sujet dtude, demandant des recherches patientes et mthodiques(2). On les rencontre dordinaire sur les coteaux et le long des
____________________ 1. Voici des indications bibliographiques sur les refuges et les villes indignes avec enceintes en pierres sches : il convient dajouter que la plupart de ces constructions nont pas t signales par les archologues. Prs dArbal (rgion dOran) : Bull. archologique du Comit des travaux historiques, 1885, p. 339. Dans les rgions de Sada et de Tiaret : La Blanchre, Archives des Missions scientifiques, 3e srie, X, 1883, p. 26 seq., 46 seq. Dans le bassin de loued Rieu : Derrien, Bull, dOran, 1895, p. 282. En Kabylie : Vir, Recueil de Constantine, XXXII, 1898, p. 23-25. Dans la petite Kabylie : Bull. Comit, 1888, p. 126. Dans la rgion de Souk Ahras : ibid., 1887, p. 451, et 1897, p. 277, n 52. Prs de Tbessa, au djebel Osmor : De Bosredon, Recueil de Constantine, XVIII, 1876-7.p. 424. Dans lAurs : Masqueray, Revue africaine, XXII, 1878, P. 42-44 et 137 ; Vaissire, ibid., XXXVII, 1893, p. 137. Conf. plus loin, la description des cimetires indignes de Djelfa, dlchoukkn et de Roknia, p. 15, 16, 22. 2. On trouvera quelques renseignements sur les tombeaux indignes dans les auteurs suivants ; Letourneux, Archiv fr Anthropologie, II, 1867, p. 307-330 ; James Fergusson, les Monuments mgalithiques de tous pays (trad.

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pentes rocheuses, qui fournissaient aux constructeurs les matriaux ncessaires. Par leur masse, ils protgeaient leurs htes contre lavidit des animaux carnassiers, contre les injures du temps et des hommes. Ils formaient de solides prisons do les morts ne pouvaient pas schapper pour troubler la paix des vivants. Ils marquaient la place o avaient t ensevelis les anctres et perptuaient leur souvenir. Il faut distinguer plusieurs types parmi ces spultures indignes: 1 Le tumulus est un amas de pierres ou de cailloux, auxquels on a souvent ml de la terre. Ce tertre forme tout naturellement un cne. Parfois, il est aplati sa partie suprieure et ressemble un cne tronqu. Il y a aussi quelques tumulus dont le plan est ovale ou mme carr. Pour arrter les boulements, le pourtour extrieur est frquemment renforc par une ceinture de pierres plus grosses et places dune manire plus symtrique ; dans des rgions o lon ne disposait que de matriaux assez petits, ce cercle pouvait tre compos de plusieurs assises : il prsente alors laspect dun vritable mur. Les pierres garnissant les pentes du tumulus sont parfois aussi ranges avec un certain soin, de manire constituer des successions de gradins ou danneaux concentriques, qui assurent la solidit de lensemble. Les tumulus sont de dimensions fort variables. Il y en a qui ne dpassent pas 3 mtres de diamtre ; quelques autres atteignent jusqu 130 mtres de circonfrence(1).
____________________ Hamard), p. 411-433 ; Tissot, Gographie de la province romaine dAfrique, I, p. 499 seq. ; Reinach, dans les Instructions pour la recherche des antiquits dans le nord de lAfrique, p. 39-44. Une bibliographie du prhistorique algrien est donne dans les Matriaux pour lhist. de lhomme, XVI, 1881, p. 204-208. La littrature du sujet sest beaucoup accrue depuis, 1. Ceux que lon voit prs de la Meskiana (dpartement de Constantine) : Fraud, Recueil de Constantine, VIII, 18644 p. 119.

MONUMENTS INDIGNES

A lintrieur, au centre, sont dposs les ossements, recouverts immdiatement par la masse du tumulus ou, ce qui semble plus frquent, enferms dans une caisse quadrangulaire en pierre. Le coffre est constitu soit par cinq dalles quatre debout, formant les cts, et une cinquime plat, servant de plafond soit par un assez grand nombre de pierres, plus petites, superposes le long des parois. 2 Dautres spultures diffrent des tumulus prcdents par la disposition de la case funraire, dont le couvercle, une grande dalle, apparat lextrieur et couronne le tertre. Les cts de la case restent cachs dans les flancs du monument. 3 Dans un troisime type, qui drive du tumulus et auquel les archologues rservent gnralement le nom basbreton de dolmen, la case est entirement ou presque entirement dgage : en bien des endroits, on peut constater avec certitude quelle la toujours t(1). Quelquefois, elle surmonte un tumulus trs bas. Mais, dordinaire, elle slve sur un espace plat ou peu renfl, entour dun cercle de pierres qui correspond la bordure extrieure des tumulus. On trouve souvent aussi, lintrieur de cet espace, dautres cercles formant des anneaux de diamtre dcroissant autour de la case : bien quils soient en gnral disposs sur un plan peu prs uniforme, ils paraissent rpondre aux gradins tags des tertres. A ct des enceintes circulaires, les enceintes rectangulaires ou carres ne sont pas trs rares. Parfois, ces cltures prsentent laspect de murs assises ; en gnral, elles sont constitues par des blocs verticaux, plus ou moins contigus.
____________________ 1. On a soutenu quen Europe tous les dolmens ont t autrefois recouverts de tumulus : cette observation serait certainement fausse, si on lappliquait aux dolmens dAfrique.

LES MONUMENTS ANTIQUES DE LALGRIE

Lespace circonscrit est grossirement pav. Les cases sont, comme celles de beaucoup de tumulus, formes soit de quatre (ou parfois six) plaques dresses de champ et dune dalle de recouvrement, soit de murs assises, surmonts dune, de deux ou de trois tables. Une seule enceinte peut enfermer plusieurs cases, isoles les unes des autres ou ayant une de leurs parois commune. Les dimensions des enceintes et des cases sont trs diverses. Les premires ont un diamtre moyen de 5 6 mtres, mais on en trouve de 16 et mme de 20 mtres ; la hauteur des cases est de 0m, 60 1m, 50, rarement moins ou plus. Les tables ne dpassent gure 3 mtres de largeur. A lintrieur de la case, un lit de pierraille ou un petit dallage recouvre les restes humains. 4 Les cromlechs paraissent tre aussi des tumulus simplifis. Du tertre, on na conserv, comme dans les dolmens, que la bordure, cercle de pierres juxtaposes ou formant un petit mur assises(1). Mais dans ce type de tombe la spulture tablie au centre est souterraine : cest une fosse, creuse dans le sol et parfois tapisse de dalles. Lespace circonscrit par lenceinte est souvent pav. 5 On appelle chouchet (au singulier choucha, mot arabe qui veut dire calotte) des tours rondes, comportant plusieurs rangs dassises, dune disposition assez rgulire. Lintrieur est rempli par de la pierraille et de la terre, sauf le centre, o se trouve la case funraire. Comme pour les spultures de la seconde catgorie, la dalle de couverture domine tout le monument. La position des ossements que lon rencontre lintrieur
____________________ 1. Parfois, les pierres sont disposes non en cercle, mais en carr.

MONUMENTS INDIGNES

des tombes, indique plusieurs rites funraires. Tantt les corps ont t dbarrasss de leurs chairs, par une exposition en plein air ou un sjour plus ou moins prolong dans une spulture provisoire, et on a enterr ple-mle, dans la spulture dfinitive, les restes de divers individus. Tantt les morts, soumis un dcharnement incomplet, qui laissait subsister la connexit des os, ont t ensevelis dans une attitude replie, les genoux touchant le menton. Enfin, dans des tombeaux qui appartiennent une poque relativement rcente, la fosse ou le coffre ne renferme quun seul squelette entier, allong sur le dos ou sur le ct. Avec les ossements ou les cadavres, on enfouissait souvent quelques objets mobiliers, tmoignages de la croyance primitive une vie matrielle au del de lexistence terrestre : des poteries vides ou remplies daliments, parfois aussi des armes, des bracelets, des bagues, des boucles, des pingles, des parures en coquilles, etc. Il est assez rare que ces diffrents monuments funraires soient isols. En gnral, ils forment des cimetires, dont plusieurs contiennent des milliers de tombes. Dans ces ncropoles, on voit frquemment des tranes de pierres, constituant des cltures autour de lensemble des tombeaux ou autour de certains groupes. Dautres forment de vritables filets runissant les spultures. Dautres sont alignes deux par deux et dlimitent des sortes davenues. Des archologues ont cru reconnatre en quelques endroits des rgles prsidant lorientation des tombes. Mais, cet gard, les constructeurs ne nous paraissent pas avoir obi des prescriptions religieuses : ils ont simplement tenu compte de la disposition des divers terrains. Ce fut seulement une poque assez basse quon prit lhabitude de tourner vers lest la paroi qui tait destine se rouvrir pour donner passage de nouveaux morts.

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LES MONUMENTS ANTIQUES DE LALGRIE

Les types de monuments que nous avons numrs se trouvent souvent cte cte : tumulus avec dolmens ou avec cromlechs, tumulus dalle apparente avec chouchet, chouchet avec dolmens. Cependant certains types sont plus frquents dans telle ou telle rgion : ce qui sexplique par des prfrences locales, on par la nature des pierres disponibles, que lon dbitait plus ou moins facilement en gros blocs ou en grandes dalles plates. Les tumulus simples sont nombreux dans la province dOran, dans les rgions dAumale et de Boghar, dans le Hodna, dans la partie septentrionale du Sahara(1). Les tumulus dalle apparente se trouvent principalement dans la
____________________ 1. Indications bibliographiques sur les tumulus de LAlgrie : Dans le dpartement dOran : Pallary, Matriaux pour lhist. de lhomme, XXI, 1887, p. 451, 452, 454 ; Tommasini, Assoc. franaise, Oran (1888), I, p. 204 ; Carrire, ibid., II, p. 359-360 ; Pallary, ibid., II, p. 353 ; Id., Assoc. fran., Marseille (1891), II, p. 604 seq. ; Besanon (1893), II, p. 684 seq. ; Tunis (1896), II, p. 496 seq. et 766 ; - La Blanchre, Arch. des Missions, 3 srie, X, p. 44-45 ; Mercier, Bull. Comit, 1888, p. 93 ; Derrien, Bull. dOran, 1895, p. 284. Dans le dpartement dAlger: Vir, Recueil de Constantine, XXXII, 1898, p. 15-20 (Kabylie) ; Mercier, Revue africaine, XVIII, 1874, p. 18 ; Bourjade, ibid., XXXII, 1888, p. 244-245 (rgion dAumale) ; Gsell, Bull. Comit, 1900, p. 373-375 (rgion de Boghar) ; Bourguignat, Des monuments symboliques de lAlgrie, Paris, 1868 ; Plagaud, la Prhistoire en Algrie, Lyon, 1879, p. 44 (dans le Sersou, au sud-ouest de Boghar) ; Cagnat, Bull. Comit, 1899, p. CXXXVIII (rgion de Guelt es Stel) ; Hartmayer, Revue africaine, .XXIX, 1885, p. 141, 143, 147 (rgion de Djelfa). Dans le dpartement de Constantine : Vir, Rec. de Const., XXIX, 1894, p. 555 (rgion de Djidjelli) ; Thomas, Recherches sur les spultures anciennes .des environs dAn el Bey, extrait du Compte Rendu du Congrs international des sciences anthropologiques de Paris en 1878, p. 21 seq. ; Sauret, Revue dEthnographie, VI, 1887, p. 313-314 (rgion de Constantine) ; Fraud, Recueil de Constantine, VIII, 1864, p. 118 (An Mchira, au sud-ouest de Constantine) ; Id., ibid., XV, 1871-1872, p. 343 (Hodna) ; Cagnat, Comptes Rendus de le Commission de lAfrique du Nord, sance de janvier 1901, dans le Bull. Comit (Hodna, rgion de Msila) ; Pothier, Revue dEthnographie, V, 1886, p. 319-320 (au sud et au sud-ouest du Hodna) ; Luciani, Revue de lAfrique franaise, 1888, p. 340 ; Graillot

MONUMENTS INDIGNES

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province de Constantine(1), en particulier dans le Hodna et dans lAurs(2). Les rgions de Constantine, dAn Mlila, de Guelma, de Souk-Ahras, de Khenchela, de Tbessa abondent en dolmens ; on en rencontre encore sur quelques points de la province dAlger, mais bien plus rarement dans celle dOran(3). Les
____________________ et Gsell, Mlanges de lcole franaise de Rome, XIV, 1894, p. 560 (au nord-ouest de Batna) ; Delamare, Mmoires des Antiquaires de France, XXI, 1852, p. 21 (rgion de Batna) ; Fraud, Recueil de Constantine, VIII, 1864, p. 119 (La Meskiana, entre An Beda et Tbessa) ; De Bosredon, Rec. de Const., XVI, 1873-4, p. 70-72, pl. V (rgion de Tbessa). A la lisire septentrionale du Sahara: Berbrugger, Le Tombeau de la Chrtienne, p. 62 ; Reboud, Assoc. franc., Alger (1881), p. 1155-1156 ; Bernard, Revue dEthnographie, V, 1886, p. 246 seq. ; Pothier, ibid., p. 301-317 (au sud-est de Laghouat) ; Neltnez, Rec. de Const., IX, 1865, p. 80-87 ; Pothier, l. c., p.318319 ; Hamy et Leroy, Comptes Rendus de lAcadmie des Inscriptions, 1896, p. 12-13 ; Blanchet, Bull. Comit, 1899, p. 137 (au sud-ouest de Biskra). Voir aussi, au chapitre suivant (p. 68), ce qui est dit des tumulus voisins du tombeau royal appel le Mdracen, prs de Batna. 1. Il y en a aussi dans la province dAlger, surtout autour dAumale : Bourjade, Revue africaine, XXXII, 1888, p. 245 et fig. 2 de la planche. 2. Payen, Rec. de Const., VII, 1863, p. 159-160 ; Letourneur, Archiv fr Anthropologie, II, 1867, p. 312, 318. Voir, plus loin, la description du cimetire dIchoukkn, p. 17. 3. Bibliographie des dolmens de lAlgrie : Dans le dpartement dOran : Pallary, Matriaux pour lhist. de lhomme, XXI 1887, p. 452 (rgion de Sada) ; Derrien, Bulletin dOran, 1895, p. 283 (bassin de loued Riou). Le dolmen de Tiaret, assez souvent mentionn par des archologues, na pas t lev par la main des hommes et nest pas un tombeau ; voir, sur ce monument, Bernard, Revue africaine, II, 1857-8, p. 146 ; La Blanchre, Arch. des Missions, 3 srie, X, p. 41-42 ; Reinach apud Tissot, Gographie de la province romaine dAfrique, II, p. 792 ; Pallary, Matriaux, XXI, 1887, p. 458. Dans le dpartement dAlger, outre les cimetires des Beni Messous et de Djelfa, qui seront dcrits plus loin : Berbrugger, Revue africaine, XII, 1868, p. 170-171 (Ouled Fayet, prs dAlger) ; Vir, Rec. de Const., XXXII, 1898, p. 13-14 (Kabylie). Fraud a donn (Revue archologique, 1865, I, p. 204-211 = Rec. de Const. VIII, 1864, p. 114-127) une statistique, dailleurs trs incomplte, des dolmens de la province de Constantine. Nous dcrirons plus loin les cimetires de Roknia, de Bou Nouara, du djebel Si Tahar, de Ras el An bou Merzoug,

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LES MONUMENTS ANTIQUES DE LALGRIE

chouchets sont trs rpandus au nord du Hodna(1) et dans lAurss(2) ;


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de Sigus, du Kheneg, de Guelaat bou Atfane. Voir en outre : Mercier, Bull. Comit, 1886, p. 416, n. 2 ; Fraud, Rec. de Const., VIII, p. 127 (rgion de Bougie) ; Fraud, Revue africaine, IV, 1860, p. 397 ; Id., Rec. de Const., XIV, 1870, p. 96 ; Faidherbe, Congrs prhistorique de Bruxelles, 1872, pl. 12, fig. 3 ; Vir, Rec. de Const., XXIX, 1894, p. 555-556 (rgion de Djidjelli) ; Lapasset, Annuaire de Constantine, 1856-7, p. 54 ; Fraud, Rec. de Const., VIII, p. 120 ; Revue africaine, XIV, 1870, p. 451 ; Luciani, Rec. de Const., XXIII, 1883-4, p. 103-108 (rgion de Collo ; Goyt, Rec. de Const., XXIV, 1886-7, p. 78-82 (au nord du Hodna) ; Thomas, Recherches sur les spultures anciennes des environs dAn et Bey, p. 6 seq. (au sud de Constantine) ; Jullien, Rec. de Const., XXII, 1832, p. 216-219 = Assoc. franaise, Alger (1881), p. 1138-1141 (djebel Merah, 32 kilomtres au sud de Constantine) ; Chabassire, Rec. de Const., XXIV, 1886-7, p. 96-138 (rgion du Fortas, entre An Mlila et Sigus) ; Renier, Arch des Missions, III, 1854, p. 336 : Fraud, Rec. de Const., VII, 1863, p. 232 et VIII, 1864, p. 119 (rgion dAn Beda) ; Delamare, Explor. Scientifique de lAlgrie. Archologie, pl. 161, fig. 11 et 12 ; Sergent, Bull. de la Socit dAnthropologie de Paris, 2 srie, V. 1870, p. 53, 54, 56 ; Mercier, Bull. Comit, 1887. p. 552 ; Sauret, Revue dEthnographie, VI, 1887, p. 512-514 (pays lest et an nord-est de Constantine) ; Delamare, l. c., pl. 163. fig. 9-18 : Mercier, Bull. Comit, 1888, p. 104-105 ; Bernelle, Rec. de Const., XXVII, 1892, p. 60, 62 (pays au sud-ouest et au sud de Guelma) ; Fraud. Rec. de Const., VIII, 1864, p. 121 ; Letourneux, Archiv. fr Anthropologie, II, 1867, p. 309-310 ; Faidherbe, Bull. de lAcadmie dHippone, IV, 1867, p. 70 ; Reboud, Revue africaine, XII, 1868, p.391 et 391 (rgions de Bne et de la Galle) ; Fraud, l. c., p. 122-123 ; Chabassire, Rec. de Const., X, 1866, p. 115, 126 et pl. IX ; Faidherbe, l. c., p. 70 et 71 ; Mougel, Bull, dHippone, XV, 1879, p. XXVIII ; Reboud, Rec, de Const., XXIV, 1886-7, p. 5 ; Mercier, Bull. Comit, 1887, p. 451-453, et 1888, p. 102-103 ; Toussaint, ibid., 1897, p. 277 et 279 (rgion de Souk Ahras ; Fraud, l. c., p. 125-126 ; H. Martin, Assoc. fran., Alger, 1881, p. 734 (rgion de Batna) ; Jullien, Matriaux pour lhist. de lhomme, XIII, 1877, p. 45 ; Masqueray. Bull. de correspondance africaine, I, 1882-3, p. 268, 286, et III, 1885, p. 103 (au nord et au nord est de Khenchela) ; Masqueray, Revue africaine, XXII, 1878, p. 464 ; Vaissire, ibid., XXXVII, 1893, p. 136 (au sud-est de Khenchela) ; Faidherbe, Bull. dHippone, IV, p. 70, et Congrs prhistorique de Bruxelles, 1872, pl. 10 ; Duprat, Rec. de Const., XXIX, 1894, p. 513-544 (djebel Osinor, prs de Tbessa) ; Letourneur, l. c., p. 309 ; Fraud, Rec. de Const., XIV, 1870, p. 325, n. 1 ; De Bosredon, ibid., ;XVIII, 1876-7, p. 396, 411, 418, 420, et XIX, 1878, p. 23-24 (rgion de Tbessa) ; voir, pour la mme rgion, les dolmens de Gastal et de Kissa, mentionns plus loin, p. 38 et 40. 1. Payen, Rec. de Const., VII, 1863, p. 164, pl. 50-53. Letourneux, l. c., p. 313, 318. De Boysson, Rec. de Const., XIII. 1869, p. 621-636. Goyt, ibid., XXIV, 1886-7, p. 79, pl. IX. 2, Payen, l. c., p. 160 seq., pl. 33 seq. Id., ibid, XXVII, 1892, p. 203,

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voisinage de Constantine(1). Les cromlechs se trouvent surtout dans la province dOran, en Kabylie, aux environs dAumale et de Stif, dans les steppes de lOranie et de la province dAlger(2) ; mais des fouilles seules permettraient de dire quels sont ceux qui entourent des tombeaux, car ces cercles de pierres ont pu tre construits pour dautres usages(3). Parmi les cimetires indignes de lAlgrie, le plus connu, cause de sa proximit dAlger, est celui du plateau de Banen ou des Beni Messous, situ entre Guvotville et Chragas(4). Vers 1860, il y avait encore cet endroit une centaine
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Letourneux, l. c., p. 313. Masqueray, Bull. de la Socit de gographie de Paris, 1876, II, p. 43. Voir plus loin, la description du cimetire dIchoukkn, p. 17. 1. Au Kheneg : voir plus loin, p. 32. On trouve des tombes analogues dans la rgion de Djidjelli : Vir, ibid.,XXIX, 1894, p. 555. 2. Bibliographie des cromlechs algriens : Dans le dpartement dOran : Pallary, Matriaux pour lhist. de lhomme, XXI, 1887, p. 452-454 ; Id., Assoc. fran., Oran (1888), II, p. 353-354, et Marseille (1891), II, p. 608, 609, 610-611. En Kabylie : Vir, Rec. de Const., XXXII, 1898, p. 21-23. Prs dAumale : Gsell, Bull. Comit, 1899, p. CLXXIV. Dans les steppes, au sud de Boghar : Bernard, Revue dEthnographie. V, 1886, p. 256-258. Pour les cromlechs de Djelfa, voir plus loin la description du cimetire de ce lieu, p. 16. Dans la rgion de Stif : Jacquot. Bull. Comit, 1898, p. LXIV. Prs de Constantine : Thomas. Recherches sur les spultures dAn el Bey, p. 6, 27. Pour Sigus, voir plus loin, p.29. Prs dAn Mchira : Fraud, Rec. de Const., VIII, 1864, p. 118. Dans la rgion de Batna : Fraud, l. c., p. 126 ; Poulle, ibid., XIII, 1869, p. 633. Dans celle de Khenchela : Vaissire, Revue africaine, XXXVII, 1893,p.136. 3. Ils peuvent tre soit des bordures de huttes ou de tentes, soit de petits enclos o lon enfermait le btail, soit des lieux de culte, etc. Masqueray voit tort, je pense, des spultures dans des enceintes circulaires qui se trouvent au milieu des ruines romaines de Mdaourouch (Bull. de corresp. africaine, I, 1882-3, p. 295). 4. Henry Rhind, dans lArchologia, XXXVIII, 2 partie (1860), p. 252256. Bourjot et Bertherand, Bull. de la Socit algrienne de climatologie, V. 1868. p. 88-101 ; VI, 1869, p. 21-23 ; XII. 1876, p. 161-169. Plagaud, la Prhistoire en Algrie. p. 25-28. Rgnault, les Dolmens des Beni Missous (Toulouse, 1883). Kobelt, Reiserinnerugen aus Algerien und Tunis (Francfort, 1885), p, 135-143, traduit dans la Revue dEthnographie, VI, 1887, p. 133-145.

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de dolmens. La plupart ont t dtruits par les colons ; il en reste vingt tout au plus. Les cases rectangulaires, longues en moyenne de 2 mtres, larges dun mtre, sont formes par quatre pierres brutes, plantes verticalement et mesurant environ 1m, 20-1m, 50 de haut. La dalle de couverture dpasse rarement 2m, 20 de longueur. On a constat quelques vestiges des enceintes circulaires qui entouraient ces tombes. Certains dolmens offraient une particularit assez intressante, qui, jusqu prsent, ne sest pas retrouve dans dautres ncropoles : la case y tait divise en deux compartiments par une dalle transversale. Chaque coffre funraire renfermait des ossements ayant appartenu plusieurs individus, quatre, cinq, sept mme ; rien nempche de croire quils aient t ensevelis simultanment. Les poteries, cruches, gobelets, cuelles, occupaient toujours lun des angles ; elles sont en gnral fort grossires, faites la main, flambes au feu ou sches au soleil et toutes pareilles celles que les Berbres fabriquent encore dans bien des rgions de lAlgrie. Ces tombes sont difficiles dater. Il se peut quune partie au moins dentre elles ne soient pas fort anciennes. On indique, parmi les trouvailles faites dans les spultures de Banen, une lampe punique, exactement semblable celles que le P. Delattre a recueillies dans la ncropole de Sainte-Monique Carthage, et une fibule dun type que lon rencontre en Italie avec des cramiques vernis noir, dites campaniennes(1). Ces deux objets ont t imports en Maurtanie, peut-tre par des commerants carthaginois. Si on les a vritablement dcouverts sous des
____________________ 1. La lampe punique est au Muse ethnographique du Trocadro, la fibule au Muse dAlger (Rhind en mentionne deux).

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dolmens, ceux-ci ne sont sans doute pas antrieurs au III sicle avant notre re. Une autre ncropole importante se trouve dans le dpartement dAlger, fort loin dans lintrieur des terres, vers la lisire mridionale de la rgion des steppes. A deux lieues environ de Djelfa, dans la direction du nord, souvre un dfil, servant de passage loued Djelfa et la route dAlger. Sur la rive gauche, un mamelon qui porte un moulin franais, offre quelques murs en pierres sches, vestiges dun refuge. Le cimetire occupe un dos de terrain, de lautre ct du dfil(1). On reconnat lentre, dit Reboud, deux enceintes circulaires, qui correspondent chacune une range de pierres debout, dun mtre environ de hauteur, formant une vritable alle de 60 pas de longueur et aboutissant un groupe de dolmens, aujourdhui renverss. A partir de ce point, les dolmens salignent sur un espace rectangulaire, mesurant 300 mtres de long sur 200 de large. Les cercles qui entourent les tombes ont de 5 12 mtres de diamtre. Ils sont parfois doubles. Quelques-uns enferment deux spultures. Lespace circonscrit est recouvert dun pavement grossier, formant un renflement au sommet duquel slve la case. Certaines de ces cases atteignent dassez grandes dimensions : lune delles a 2m, 60 de long sur 1m, 60 de large. Les parois sont constitues tantt par des dalles dresses, tantt par des murs assises, qui prsentent au dehors une forme circulaire et ressemblent ainsi de petites tours,
____________________ 1. Reboud. Revue africaine, I, 1856-7, p. 29-30. Id., Assoc. fran., Alger (1881), p. 1153-1155 (conf. H. Martin, ibid., p. 736). Hartmayer, Revue africaine, XXIX, 1885, p. 143-144 (il parle tort dune hache de pierre trouve dans une tombe). Bernard, Revue dEthnographie, V, 1886, p, 241-216.

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mais qui dlimitent lintrieur un espace carr ou rectangulaire. Une, deux, et mme trois tables surmontent lensemble. Auprs de ces monuments chambre dgage, il existe des cromlechs, cercles de pierre bordant un dallage informe, qui recouvre une fosse peu profonde, tapisse de quatre dalles et ferme par une ou deux tables. Parfois les tables sont apparentes et dpassent le niveau du dallage de 0m, 20 0m, 30 : ce sont l des tombes dun type intermdiaire entre le dolmen et le cromlech. Les quelques spultures qui ont t explores Djelfa, nont donn que des ossements ; plusieurs mme ne contenaient rien : il est probable quelles avaient t dj visites, moins que les os ne se soient compltement pourris sous la terre. On na donc aucun moyen de dater cette ncropole. Dans la province de Constantine, nous mentionnerons dabord le vaste cimetire situ quelques kilomtres au sud de Timgad, lentre du dfil profond de Foum Ksantina, porte dune route naturelle travers lAurs(1). On voit en ce lieu les ruines dune ville, Ichoukkn, leve sur un plateau troit que bordent deux ravins. Sur trois faces, laccs est impossible. Le quatrime ct est barr par une forte muraille en gros blocs mal quarris. A lintrieur, des vestiges de murs en pierres sches reprsentent des maisons. En dehors de la ville, dit Masqueray, sur le plateau, commencent immdiatement les tombeaux. Ils se suivent en longues lignes ; on en peut compter deux ou trois cents. Ce sont des chouchets, ou tours rondes de 3 mtres environ de
____________________ 1. Payen, Rec. de Const., VII, 1363, p. 161-163, pl. 38-48. Letourneur, Archiv fr Anthropologie, II, 1867, p. 313, fig. 86 et 87. Masqueray, Bull. de la Socit de gographie de Paris, 1876, II, p. 453-465 et carte. Playfair, Travels in the footsteps of Bruce in Algeria, p. 91-92.

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diamtre et de 2m, 50 3 mtres de hauteur. Le revtement, qui mesure 1m, 50 et mme 2 mtres dpaisseur, est un mur assises, form de grosses pierres bien ajustes. La case intrieure, longue en moyenne de 0m, 90, large de 0m, 45, est constitue par quatre dalles ; elle renferme un squelette, les jambes replies, quelquefois aussi une grossire poterie. Une table trs grande la surmonte. Cette ncropole, ajoute Masqueray, est cependant bien peu de chose en comparaison de la multitude de tombeaux circulaires, qui couvrent, adroite et gauche dIchoukkn, les pentes du Bou Driesen et le Kharrouba tout entier. Je nexagre pas en disant quon en trouve mille sur le Bou Driesen et

deux mille sur le Kharrouba. Ceux du Bou Driesen sont relativement mal conservs. Il nen est pas de mme sur le djebel Kharrouba... Les tombeaux de ce cimetire immense y sont presss comme les maisons dune ville. Ils appartiennent deux types. Ce sont soit des tours semblables celles dont nous venons de parler (fig. 1), soit des tumulus, sur les pentes desquels huit dix cercles de pierres forment des gradins ; la table, peu prs circulaire, qui ferme le coffre, apparat au sommet. Les spultures quon a fouilles ne contenaient quun seul corps repli et un vase dpos ct de la tte.

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Encore ce vase ne se rencontre-t-il pas toujours. Nulle part, Masqueray na recueilli dobjets de parure, sinon un anneau en cuivre . Daussi maigres trouvailles ne permettent pas de dater les monuments funraires dIchoukkn. Cette ville a pu tre habite pendant lpoque romaine, ou mme pendant lpoque byzantine, par des Africains rests peu prs barbares. Le cimetire indigne le plus clbre du dpartement de

Constantine est celui de Roknia, une douzaine de kilomtres au nord dHammam Meskoutine(1). Des fouilles y ont t faites plusieurs reprises ; les seules qui aient t conduites avec quelque mthode sont celles de Bourguignat et de Faidherbe, excutes en 1867 : ces deux savants ouvrirent alors une soixantaine de tombes. Le nombre des dolmens de Roknia est valu environ trois mille. Ils occupent, sur une longueur dau moins une demi-lieue, la partie ouest et les pentes occi____________________ 1. Berbrugger, Revue africaine, VIII, 1864, p. 390-392. Schmit, ibid., IX, 1865, p. 226-228. Bourguignat, Histoire des monuments mgalithiques de Roknia, prs dHammam Meskoutin, Paris, 1868. Faidherbe, Recherches anthropologiques sur les tombeaux mgalithiques de Roknia, dans le Bulletin de lAcadmie dHippone, IV, 1867. Id., Congrs prhistorique de Bruxelles (1872), p. 406 seq., pl. 7 et 9. Reboud, Assoc. fran., Alger (1881), p. 11501151. Mercier, Bull. Comit, 1885, p. 551-552.

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dentales dun plateau ondul, quun ravin trs profond borde de ce ct et qui domine une large valle, trs fertile(1). Ils sont dissmins sans ordre. La pierre provient du lieu mme : cest un tuf que les carriers pouvaient dtacher sans difficult. Les enceintes, larges de 3 12 mtres, sont circulaires, selon lusage : jen ai pourtant remarqu une carre. Il ny a aucun motif de croire quelles reprsentent des bordures de tumulus aujourdhui disparus. Elles sont faites en gnral dune ceinture de blocs bruts ; mais parfois, dans les pentes, la partie du cercle qui se trouve en contrebas, comporte plusieurs assises irrgulires. Le pavage intrieur enveloppe un, plus rarement deux ou trois dolmens, enfouis mi-hauteur ; dans certaines enceintes, il yen a mme jusqu cinq. Les cases, dordinaire petites (1 mtre 1m, 30 de long, 0m, 60 0m, 80 de large), sont constitues par quatre ou six pierres, hautes denviron 1 mtre. Beaucoup de ces blocs ont t sommairement quarris la masse sur leur ct interne. et l, de menues pierres bouchent les interstices. La table mesure 2 mtres en moyenne. On la souvent aplanie sur sa face infrieure. Nous donnons (fig. 2) le plan de deux dolmens de Roknia (daprs Bourguignat) et (fig. 3) la vue dun autre de ces monuments. Quelques dolmens, de dimensions plus grandes, sont dune construction moisis rudimentaire (fig. 4). Un ou deux de leurs cts sont en partie ou en totalit creuss dans le roc ; le reste des parois est form soit par des dalles assez bien quarries lintrieur, soit mme par des pierres de taille, ajustes avec soin et semblables celles quon rencontre dans
____________________ 1. Il y a encore quelques spultures au-del de ce ravin.

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les ruines romaines : elles portent les traces, trs distinctes, des ciseaux en mtal qui ont servi les faonner. Au dedans, la case est remplie jusquaux deux tiers environ par de la terre tasse et des cailloux. Par-dessous, se trouve le dpt funbre. Quelquefois, surtout dans les tombes vastes et bien bties, on ne rencontre quun seul corps, couch sur le dos les jambes replies et les bras croiss. Ailleurs, des

ossements appartenant divers se confondent dans ltroite cellule, o ils ont t ensevelis simultanment. Les squelettes sont souvent incomplets ; parfois mme, on na enfoui que les crnes. Les poteries sont, pour la plupart, aussi informes que celles du cimetire des Beni Messous. Dordinaire, elles ont t dposes auprs des ttes, dans les coins des cases ; il ny a gure plus dun vase par individu. Faidherbe et Bourguignat ont recueilli aussi, dans leurs fouilles, plusieurs bracelets, du type dit porte-bonheur, faits dun ruban de bronze ; des bagues et quelques dbris de colliers, composs de petites

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spirales, de mme mtal ; enfin deux anneaux en argent dor. Les crnes des gens enserrs en ce lieu sont gnralement dolichocphales et appartiennent un type ethnique trs rpandu sur les deux rives de la Mditerrane ; deux ou trois ttes, cependant, ont paru prsenter certains caractres propres aux races ngres. Il ny a pas de ruines importantes dans le voisinage ; on a constat seulement, de lautre ct du ravin, de vagues traces dune enceinte est pierres sches, couronnant un piton escarp : peut-tre tait-ce un refuge. La tribu qui ensevelissait ses morts Roknia devait vivre sous des huttes, Il est vident que cette vaste ncropole a servi pendant des sicles. Bourguignat, savant dou dune imagination quelque peu aventureuse, a prtendu prouver que les dolmens quil a ouverts remontent lanne 2200 avant Jsus Christ. Il serait bien inutile de rfuter ici son argumentation fantaisiste, qui se fonde sur la forme des escargots accumuls lintrieur des cases. Nous pensons quun certain nombre de tombeaux sont beaucoup plus rcents. Un pot, recueilli par Faidherbe(1), est un objet fait au tour et import : il ressemble eaux biberons que lon trouve Carthage dans des caveaux du ni et du IIIe et du IIe sicle avant notre re. Nous avons signal plus haut lemploi de pierres tailles rgulirement avec des outils mtalliques ; les spultures dans lesquelles elles ont t employes pourraient bien ntre pas antrieures lpoque romaine. Dautre part, il serait assez tmraire daffirmer que les dolmens les plus grossiers sont les plus anciens : peut-tre ont-ils t construits la hte pour les pauvres gens, tandis que les
____________________ 1. Il est aujourdhui au Muse gologique de lcole des Sciences, Alger.

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riches taient ensevelis sous des monuments dune architecture plus soigne(1). Nous insisterons moins sur dautres cimetires indignes qui se trouvent aussi dans la province de Constantine. Prs de la station de chemin de fer appele Bou Nouara, entre Constantine et Guelma, des croupes rocheuses, ramifications du djebel Mazela, portent plusieurs milliers de spultures(2). Elles ne diffrent gure de celles de Roknia (voir planche I). Le pavement circulaire au milieu duquel est place chaque tombe est dordinaire trs renfl : il est fait de pierraille ou de moellons grossiers. Tantt les cases le dominent, tantt elles sont enfouies et la table seule reste apparente(3). Outre la bordure extrieure, forme de blocs simples ou dassises, un ou deux autres cercles concentriques font souvent saillie au-dessus du pavement et ressemblent des degrs. Il est tout fait exceptionnel que les enceintes renferment plus dune spulture. Les cases sont presque toutes petites : en moyenne, elles mesurent au dehors 1 mtre de long sur 0m, 50 de large. Les tables dbordent les parois et atteignent 3 mtres, voire mme 3m, 50 de longueur. Nous navons remarqu aucune pierre vritablement taille, mais les roches qui ont fourni les matriaux se cassent naturellement en dalles assez rgulires : aussi les dolmens de Bou Nouara paraissent-ils dune
____________________ 1. Des dolmens dun aspect trs primitif se trouvent devant lentre de plusieurs cryptes funraires qui semblent avoir t tailles avec des instruments en mtal. Ils datent donc dune poque plus rcente que ces caveaux, dont nous aurons parler au paragraphe suivant (p. 38). 2. Faidherbe, Bull. de lAcadmie dHippone, VI, 1868, p. 63-65, avec plan. Id., Congrs prhistorique de Bruxelles (1872), pl. 9. Jullien, Assoc. franaise, Alger (1881), p. 1135-1137 = Rec. de Const., XXII, 1882, p. 214-216. 3. La spulture ressemble, dans ce cas, celles que nous avons dcrites plus haut, au numro 2 de notre numration des tombeaux indignes (p. 7).

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construction moins barbare que la plupart de ceux de Roknia. Parmi les dolmens que nous avons vus, quelques-uns, de dimensions assez vastes, ont leurs parois longues constitues par deux assises de pierres sommairement quarries ; partout ailleurs, la case est forme de quatre blocs verticaux. La ncropole de Bou Nouara est, pour ainsi dire, inexplore : Faidherbe sest content dy faire ouvrir cinq tombes, o il na trouv que des ossements en dsordre. Au djebel Si Tahar, prs dAn el Bey ( 15 kilomtres au sud de Constantine), M. Thomas a fait des fouilles dans un petit cimetire, assez mal conserv(1). Cependant nous croyons devoir le mentionner ici, car certaines tombes ont pu tre approximativement dates par les objets quelles contenaient. Les spultures sont des dolmens case apparente. Les enceintes sont circulaires ou rectangulaires ; des dalles grossires ou des murs assises forment les parois des cases ; les tables de couverture ont souvent disparu. Dans ces tombes, il y avait gnralement plusieurs corps, replis sur eux-mmes. Chaque squelette tait accompagn dau moins une poterie, place prs du crne. Parmi ces vases, les uns sont de fabrication indigne, comme ceux de Roknia ; les autres, faits au tour et enduits dun vernis rouge brillant, proviennent dateliers italiens et datent des environs de notre re. M. Thomas a aussi recueilli des perles en verre ou en silex poli, des dbris dufs dautruche, des fers de lance, une bague en fer, trois bracelets, deux en fer et le troisime en bronze, des monnaies frappes par des rois numides du IIe et du Ier sicle avant Jsus-Christ. Rien nin dique des ensevelissements successifs,
____________________ 1. Thomas, Recherches sur les spultures anciennes des environs dAn el Bey (extrait du Compte Rendu du Congrs international des Sciences anthropologiques de Paris, 1878), p. 13-21.

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des usurpations de spultures : les tombeaux paraissent bien avoir t faits exprs pour les morts auprs desquels on a dpos ces objets. La ncropole de Ras el An Bou Merzoug compte environ un millier de dolmens, dont une soixantaine ont t fouills par des archologues(1). Elle est situe 35 kilomtres environ au sud de Constantine, sur des hauteurs dominant la rive droite de loued Bou Merzoug et auprs dune belle source. Les enceintes circulaires, dont certaines dpassent 12 mtres de diamtre, entourent frquemment un ou deux cercles concentriques, en saillie sur le pavement renfl. On rencontre aussi un grand nombre denceintes carres. Dans beaucoup de ces bordures, une ou plusieurs pierres sont plus grosses, plus leves que les autres : ctaient peut-tre des signes permettant de distinguer les tombes. Souvent, des tranes de blocs verticaux, formant des lignes rgulires, simples, doubles ou triples, enveloppent des groupes de tombeaux ou les relient entre eux. Quant aux cases, les unes sont dgages, les autres enfouies sous le pavement jusquau niveau de la table. Elles ont parfois de grandes dimensions, car il est facile de tirer de la roche du pays des dalles de plusieurs mtres. Dailleurs, les dolmens les plus vastes sont btis, au moins partiellement, en murs assises ; quelques-unes de ces constructions affectent une forme peu prs circulaire. Dans la case, un lit de cailloux, pais de 0m, 50 en moyenne, recouvre un petit dallage(2),
____________________ 1. Bertrand, Revue archologique, 1863, II, p. 519-530 = Archologie celtique et gauloise, 2e dition, 1889, p. 160-174. Fraud, Rec. de Const., VII, 1863 p. 214-234 et pl. I-XI. Letourneur, Archiv fr Anthropologie, II, p. 318. Faidherbe, Congrs prhistorique de Bruxelles (1872), pl. 8 et 12. Jullien, Assoc. franaise, Alger (1881), p. 1141-1142 = Rec. de Const., XXII, 1882,p. 219-221. Chabassire, Rec. de Const., XXIV, 1866-7, p. 128-132, pl. XII. 2. Ce dallage nexiste pas toujours.

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sous lequel on trouve un ou deux corps replis. Outre ces squelettes entiers, certaines spultures contiennent plusieurs crimes isols. Des cendres, des dbris de bois brl, des ossements de chevaux, de btes cornes et doiseaux sont peuttre des restes de repas funbres, clbrs lors de lensevelissement. On a recueilli dans ces dolmens quelques fragments dinstruments en fer, des boucles et des bagues en bronze, des poteries indignes, et aussi des vases rouges de fabrication italienne. Une lampe est dun type en usage aux Ier et IIe sicles de notre re. A lintrieur dune tombe, o la couche de cailloux et le dallage sous-jacent taient intacts, MM. Fraud et Christy ont dcouvert une monnaie de Faustine lane, femme de lempereur Antonin. Il est donc certain quon a encore enterr des morts Ras et An bou Merzoug vers le milieu du IIe sicle aprs Jsus-Christ. Les ncropoles de Bou Nouara et de Ras el An sont, comme celle de Roknia, loignes de toute ville antique. A Sigus, au contraire, le cimetire mgalithique(1) se trouve dans le voisinage dune cit romaine assez importante. Il occupe une longue croupe qui se dresse en face de lancienne ville. Au pied et sur les dernires pentes de cette croupe, on voit les vestiges dune autre ncropole, o les inscriptions latines abondent, et dont les tombes sont soit des fosses inhumation creuses dans le roc, soit des caveaux incinration, en pierres de taille. Immdiatement au-dessus, commencent les spultures de type indigne (lune dentre elles est reproduite fig. 5).
____________________ 1. Delamare, Exploration scientifique de lAlgrie, pI. 51, fig. 3 ; pl. 52, fig. 12 et 13. Cherbonneau, Rec. de Const., XII, 1868, p. 433-434 et pi, VII. Thomas, Bulletin de la Soc, des Sciences dAlger, XIII, 1877, p. 105112, Id., Matriaux pour lhist. de lhomme, XIV, 1878, p. 27-32. Reboud, Assoc. franaise, Alger (1881), p. 1142-1119. Chabassire, Rec. de Const., XXIV, 1886-7, p. 113-128 et pl. XIII.

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Les matriaux employs pour les construire ont t pris sur place. En certains endroits, on distingue des restes de carrires. Les ouvriers creusaient, avec des instruments en mtal, une srie de petites entailles, peu distantes les unes des autres, et ils y enfonaient des coins en bois, quils mouillaient de

manire faire clater la pierre : les couches du rocher tant presque horizontales, ils obtenaient ainsi des dalles peu prs planes sur leurs deux faces. Dans les intervalles qui sparent les tombeaux, il y a trs, frquemment, comme Ras el An, de longues tranes de blocs. Beaucoup de ces lignes sont doubles, et lespace de 1 mtre 1m, 60, compris entres les deux ranges, prsente laspect dune vritable voie, pave souvent dclats de pierres(1).
____________________ 1. Quelques avenues sont mme beaucoup plus larges : on mesure 5 8 mtres dintervalle entre les deux ranges, qui sont simples o doubles. Lespace intermdiaire nest point pav.

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Dautres lignes de blocs forment des ceintures rgulires autour de plusieurs groupes de spultures. Les enceintes, dont le diamtre varie de 4 14 mtres, sont presque toujours circulaires ; nous nen avons vu quune seule carre. Elles sont construites en blocs dresss de champ ou en murs assises ; quelquefois, cependant, une partie du cercle est constitu par le roc mme de la colline, quon a grossirement taill. Le pavement intrieur est plus ou moins bomb et se compose de matriaux de dimensions trs diverses. Comme en dautres lieux, on remarque et l un ou deux cercles concentriques lenceinte. En gnral, chaque monument ne comporte quune seule case ; nanmoins, quelques-unes des enceintes que nous avons pu examiner renferment deux tombes, isoles lune de lautre ou accoles. De mme qu Ras el An, ces cases sont tantt apparentes, tantt dissimules par le pavement, qui atteint alors la hauteur de la table. Les cts sont forms soit par quatre dalles, plantes verticalement cest le cas le moins frquent soit par deux monolithes et par deux murs assises, soit enfin par quatre murs assises. Les pierres ne portent aucune trace de taille rgulire avec des ciseaux en mtal, mais un grand nombre dentre elles ont t quarries la masse assez soigneusement. Aux angles, les murs se pntrent souvent, de manire assurer la solidit de ldifice. Dans beaucoup de dolmens, la table repose seulement sur trois parois, et le mur formant la quatrime face, oriente gnralement au levant, reste sans liaison avec les deux parois voisines : il tait donc facile de le dmolir partiellement, pour introduire de nouveaux corps, et de le reconstruire ensuite. Quelquefois, cette quatrime paroi

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offre lintrieur laspect dun petit escalier, disposition qui rendait plus aise lentre de la tombe(1). Nous pouvons donc admettre que ces dolmens ont servi des ensevelissements successifs. La plupart des spultures de Sigus dpassent en grandeur celles de Roknia et de Bou Nouara ; certaines dentre elles mesurent 3 mtres de long sur 1m, 50 de large, et mme plus. Aussi rencontre-t-on des tables normes ; parfois, il y en a deux pour couvrir une seule case. La face suprieure de plusieurs de ces dalles est creuse de rigoles(2), certainement faites de main dhomme. On a suppos que des victimes taient sacrifies sur les tombes et que ces canaux servaient lcoulement du sang ; pour notre part, nous nous abstiendrons de toute hypothse ce sujet. Parmi les dolmens, nous avons remarqu et l quelques monuments qui paraissent tre des cromlechs : au milieu dun cercle, mesurant en moyenne 5 mtres, quelques pierres, disposes en rectangle ou en ovale, dlimitent la tombe, qui est souterraine. Mais on peut se demander sil nexistait pas primitivement une table, aujourdhui disparue. MM. Thomas et Chabassire ont fait quelques fouilles dans cette ncropole. Les rsultats ont t les mmes qu Ras el An. A lintrieur des cases, mme lit de cailloux, surmontant un petit dallage ou une couche de terre fortement tasse ; mme mobilier funraire, mme attitude replie des squelettes, accompagns parfois de crnes isols. On a trouv
____________________ 1. Une grande tombe prsente mme un couloir, venant dboucher sur un des cts longs : Reboud, l. c., p. 1147, fig. 125 ; Chabassire, l. c., pl. XIII, n 5. 2. Une particularit semblable a t observe sur des tables de dolmens en Tunisie Cagnat, Arch. des missions, 3e srie, XIV, 1888, p. 73-4.

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aussi quelques corps couchs sur le dos. M. Thomas a recueilli, sur le thorax dun mort tendu tout de son long, une petite coupe rouge, faite au tour, et, dedans, une monnaie de lempereur Domitien. M. Chabassire a galement dcouvert une monnaie romaine sous un des dolmens quil a explors. Ainsi, le cimetire mgalithique de Sigus ntait certainement pas abandonn la fin du Ier sicle de notre re ; on y ensevelissait encore des indignes qui vivaient auprs de la ville romaine de Sigus, mais qui navaient pas adopt les murs des conqurants. Un monument assez intressant, appel Redjel Safia(1) (fig. 6), se trouve dans le voisinage immdiat de la ncropole que nous venons de dcrire. Trois grands piliers en pierre, assez soigneusement taills, supportent une vaste dalle, de 3m, 50 de long sur 3m, 10 de large, quarrie seulement sur les tranches et toute pareille aux tables des dolmens. Primitivement, ces piliers ntaient pas isols ; ils faisaient partie de murs pleins, dont ils formaient, en quelque sorte, lossature. Il y avait donc cet endroit une petite chambre. Alentour, on distingue des restes de plusieurs salles et dun couloir ou portique. Les pierres qui y sont employes offrent les mmes caractres de taille que celles des difices btis lpoque romaine, et lon a trouv, parmi elles, une inscription latine, mentionnant la ddicace dun temple par un prtre de Saturne(2). La ruine pourrait tre celle dun sanctuaire du grand dieu africain(3). Il est curieux de voir que, pour constituer le
____________________ 1. Delamare, l. c., pl. 51, fig. 4. Thomas, Bull. de la Socit des Sciences dAlger, XIII, p. 107-108 et la planche. Reboud, l. c., p. 1149. Chabassire, l. c., p. 108-109, 120 et pl. XIII droite. 2. Corpus inscript. latin., VIII, 10859 = 19120. 3. Il faut ajouter que, tout prs de l, git un linteau portant une inscription latine qui parat tre une ddicace n la desse Virtus (Corpus, 5872 et p. 1826).

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plafond dune des chambres, on sest inspir de lexemple des constructeurs de dolmens ; peut-tre mme sest-on content demprunter une table quelque spulture voisine. La face suprieure prsente des rigoles analogues celles que nous avons signales tout lheure. Nous mentionnerons encore ici la ncropole mgalithique du Kheneg ( 24 kilomtres au nord-ouest de Constantine)(1). Elle est situe louest dune ville numide (puis romaine), qui sappelait Tiddi. Peu de tombeaux sont demeurs en bon tat. Ce sont, pour la plupart, des dolmens, aux parois formes de quatre blocs ou de murs assises (voir planche II). Les pierres ont t souvent quarries sur leur face interne. Lune dentre elles porte quelques caractres qui ressemblent des lettres no-puniques(2). Certains de ces dolmens atteignent dassez vastes dimensions : 1m, 90, 2 mtres, 2m, 05, 2m, 20 de long, sur 1m, 20, 1m, 15, 0m, 88, 0m, 90 de large. Ils sont surmonts dune ou plusieurs tables. Les enceintes, assises, sont rondes ou, plus souvent, rectangulaires. Jai remarqu dans ce cimetire deux petits dolmens accols, avec une paroi commune(3). Il y a, au mme lieu, quelques tours rondes (ou chouchet), hautes de 2m, 50 3 mtres, larges de 6 7 mtres, assises assez rgulires. Les objets trouvs dans les dolmens de lAlgrie ne permettent pas de les dater avec une entire certitude. On peut, en effet, supposer que plus dune tombe a reu de nouveaux
____________________ 1. Fraud, Rec. de Const., VIII, 1864, p. 112-114 et planche 28. Brunon, ibid., XVIII, 1876-1877, p. 328-330 et planche XII. Mercier, Bull. Comit, 1885, p. 553. 2. Rec. de Const., XVIII, pl. XII. 3. Brunon (l. c., p. 329) a not galement plusieurs spultures doubles ou triples.

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htes, bien longtemps aprs avoir t difie. Lhypothse est, il est vrai, difficile soutenir pour les dolmens dans lesquels le dplacement dune des parois aurait amen la chute de la table ; elle est, au contraire, plausible, quand un des quatre cts a pu tre dmoli, puis rebti sans peine, comme dans diverses spultures de Sigus et du Kheneg. Mais il est des dolmens qui portent, pour ainsi dire, leur date crite sur leurs parois. Au lieu dit Guelaat bon Atfane, sur loued Cheniour, 24 kilomtres environ au sud de Guelma, un grand nombre de tombeaux indignes(1) entourent les ruines dune ville qui eut quelque importance, aux premiers sicles de notre re. Les uns ressemblent ceux de Sigus : nous ne les dcrirons pas. Dans plusieurs autres, les quatre cts sont des murs droits, assises rgulires, avec des pierres dune taille toute romaine. Sur une des petites faces est pratique une ouverture rectangulaire, que lon pouvait fermer laide dune herse en pierre, manuvrant dans des coulisses. Au dedans, il y a de petites niches, qui abritaient sans doute autrefois des urnes cinraires. Le plafond est form de larges dalles, semblables celles des dolmens ordinaires ; quelques moellons bouchent les interstices. La chambre nest pas entoure dune enceinte. Ces monuments sont donc romains par leurs parois, par leur amnagement intrieur, par le mode de spulture qui y a t adopt ; ils sont indignes par leur couronnement. Il est vident quils datent de lpoque romaine(2). Nous donnons (fig. 7) le (plan et planche III) la vue de celui qui sest le mieux conserv.
____________________ 1. Cartairade, Assoc. franaise, Alger (1881), p. 1152. Reboud, Rec. de Const., XXIII, 1883-4, p. 26. 2. On a signal dautres dolmens algriens dans lesquels sont employes des pierres de taille. Vir, Rec. de Const., XXIX, 1894, p. 556 (rgion de Djidjelli). Mercier, Bull. Comit, 1885, p. 552-3 ( lest de Constantine).

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Enfin, certaines tombes de Guelaat bou Atfane diffrent des prcdentes en ce quelles sont souterraines. Deux des parois sont constitues par le roc, taill verticalement jusqu la profondeur convenable, les deux autres par des murs construits la mode romaine. La porte est une ouverture herse. Lintrieur prsente quelquefois des niches. Une ou plusieurs grandes tables, brutes sur les deux faces(1), quarries seulement sur les tranches, forment le plafond du caveau et affleurent le sol(2). Transportons-nous maintenant dans la province dOran, Mchera Sfa, lieu situ 38 kilomtres louest de Tiaret. Il y avait l une ville, occupant une sorte de promontoire, sur la rive gauche de la Mina. Aux abords, on voit les restes de deux ncropoles de type indigne. Lune, sur la rive droite, se compose de
____________________ Le mme, ibid., 1888, p. 103 ; conf. Fraud, Rec. de Const., VIII, 1864, p. 123 (rgion de Souk Ahras). Fraud, l. c., p. 122 et pl. 30, avec une inscription latine, publie au Corpus, n5266 (rgion de la Calle). Renier, Arch. des Missions, III, 1854, p. 336 ; Brunon, Rec. de Const., XVIII, 1876-7, p. 339-340 (rgion dAn Beda). Masqueray, Revue africaine, XXII, 1878, p. 464 ; Vaissire, ibid., XXXVII, 1893, p. 136 (au sud-est de Khenchela). De Bosredon, Rec. de Const., XIX, 1878, p. 24 (rgion de Tbessa ; Voir aussi pins haut, p. 19, la description du cimetire de Roknia. 1. Pourtant, dans une ou deux de ces tombes, la face plafonnante des tables a t quarrie. 2. On trouve de mme Khamissa (Thubursicam Numidarum) des tombe s souterraines, construites en pierres de taille et recouvertes par deux ou trois grandes dalles, qui ne sont que dgrossies. Ces tombes sont soit des fosses jumelles, soit des caveaux avec des niches pour les urnes funraires. Elles appartiennent lpoque romaine.

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tumulus. Lautre, sur la mme rive que la ville, comprend une centaine de tombes, dont les dispositions rappellent, certains gards, celles des dolmens(1). Elles sont de forme quadrangulaire. Le fond, dit la Blanchre, le sol et partie des cts sont taills dans le roc mme. Le reste des cts et la faade, quand par hasard il en existe une(2), sont faits de grosses pierres non tailles, mais clates assez rgulirement en paralllpipdes rectangles. Ces chambres sont assez basses et, en gnral, il est impossible de sy tenir debout. La toiture est forme par de grandes dalles, longues, troites, peu paisses, obtenues de mme, procd qui tient la nature des carrires. Le plus beau de ces monuments a 7 mtres de ct et une faade de 4m, 50 en pierres de taille, perce dune toute petite porte. Ce qui fait son intrt spcial, cest quil date la ncropole. La faade porte en effet, sculpts assez grossirement, une lampe, une colombe et un poisson, emblmes chrtiens. Plusieurs pitaphes chrtiennes ont t recueillies dans ce cimetire : lune dentre elles est date de lanne provinciale 369, cest--dire de lanne 408 de notre re(3). Une autre inscription(4), qui indique la mme date, parait se rapporter une chapelle leve au milieu de la ncropole. Comme on le voit, les dolmens que lon a tudis jusqu prsent en Algrie, ne semblent pas remonter une trs
____________________ 1. Tommasini, Bulletins de la Socit dAnthropologie de Paris, 3 srie, III, 1880, p. 303. La Blanchre, Mlanges de lcole franaise de Rome, II, 1882, p. 390-396 et pl. XIV = Archives des Missions, 3 srie, X, p. 73-74, 111-115 et pl. VIII. Anonyme, Bull. des antiquits africaines, I, 1832-3, p. 148-151. Demaeght, ibid., II, 1884 ; p. 288-290. Ibid., III, 1885, pl. XX (p. 188). 2. La plupart de ces faades ont disparu. 3. Bull. des antiq. afr., III, p. 189, n 901. 4. Ibid., n 902 = Ephemeris epigraphica, VII, 542.

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haute antiquit. On nen connat aucun qui ait renferm des outils ou des armes en pierre(1). Faut-il supposer que les tombeaux mgalithiques de ce pays soient tous plus rcents que ceux de France ? Nous sommes persuad du contraire. Les ressemblances que les dolmens dAfrique offrent avec ceux dEurope, sont trop frappantes pour tre attribues au hasard, et il est impossible dadmettre que ce type de spulture ait t adopt par les Africains plusieurs sicles aprs tre tomb en dsutude dans lEurope occidentale. Lavenir nous mnage sans doute la dcouverte des plus anciens dolmens de lAlgrie(2). Mais ce que lon peut affirmer ds aujourdhui, cest que lusage de construire des monuments mgalithiques sest maintenu dans lAfrique du Nord bien plus longtemps quailleurs. A cet gard, comme tant dautres, beaucoup de Berbres ont gard, avec une fidlit obstine, les coutumes de leurs anctres. TOMBES TAILLES DANS LE ROC Nous avons parl jusquici des tombeaux indignes construits en pierres sches. Dautres sont des grottes artificielles, tailles dans le roc. Nous citerons en particulier celles de Gastal, au nord de
____________________ 1. Quoi quen aient dit quelques archologues. 2. Il nous parait superflu de discuter lhypothse qui attribue lintroduction de ces monuments en Afrique une population de blonds, migre dEurope. Elle ne sappuie sur aucun argument srieux. Il nest nullement prouv que le type dolmnique ait t import dEurope en Afrique : un savant minent, M. Montelius, a rcemment soutenu la thse contraire (Assoc. franaise, Tunis, 1896, II, p. 203). Le meilleur parti prendre est de confesser notre ignorance complte sur cette question. Il faudrait aussi cesser de mler les problmes ethnographiques et les problmes archologiques. Bien des exemples montrent que des gens de races fort diverses ont pu adopter une civilisation commune.

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Tbessa(1). Elles sont creuses dans les flancs dun troit dfil, dit Foum el Attaba. On en compte de trente trente-cinq, toutes quadrangulaires, sauf une fort petite cellule qui est de forme arrondie. Elles mesurent 1m, 20 2m, 30 de long,

0m, 90 1m, 95 de large, 0m, 70 1m, 70 de haut, On entre par une baie troite (hauteur 0m, 70-0m, 90, largeur 0m, 500m, 60), qui tait ferme soit par une herse glissant dans des coulisses, soit par une dalle applique contre les marges dun cadre. Les plafonds sont horizontaux ; le sol est gnralement en
____________________ 1. Letourneur, Archiv fr Anthropologie, II, 1867, p. 314 ; conf. p. 309. De Bosredon, Rec. de Const., XVIII, 1876-7, p. 413-418.

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contrebas du seuil de la porte. (Voir le plan et la coupe dun de ces caveaux fig. 8.) Une chambre prsente une petite niche, une autre deux banquettes latrales. Ces grottes funraires semblent avoir t tailles avec des instruments en mtal. Elles sont aujourdhui vides : il est probable quelles ont t violes depuis fort longtemps. Le plateau qui les domine est parsem de dolmens enceintes circulaires. Des grottes analogues se voient Roknia, au milieu de la ncropole mgalithique(1). Il y en a environ deux cents. Elles sont dordinaire plus grossirement tailles que celles de Gastal et remontent peut-tre une poque plus ancienne ; nous croyons cependant quelles ont t faites avec des outils mtalliques. Louverture est fort petite (0m, 50 0m, 60 de largeur, en moyenne) et mnage dans la partie suprieure de la face. Parfois, le ct antrieur est constitu par une murette de blocs sommairement quarris ; mais on peut se demander si ce nest pas une restauration assez tardive. Les dimensions intrieures varient de 1m, 50 2 mtres pour la longueur, de 1 mtre 1m, 30 pour la largeur ; le plafond est bas et le plus souvent arrondi. Nous ne croyons pas que ces cellules soient bien postrieures aux tombeaux mgalithiques voisins, car louverture de plusieurs dentre elles est obstrue par des dolmens, qui datent videmment dune poque plus rcente. On ne saurait douter quelles naient t faites pour abriter des morts, dposs probablement dans une attitude replie : elles sont trop petites, en gnral, pour avoir pu tre habites(2);
____________________ 1 Letourneur, l. c., p. 314-315. Bourguignat, Histoire des monuments mgalithiques de Roknia, p. 21 et 61. Faidherbe, Recherches anthropologiques sur les tombeaux mgalithiques de Roknia, p. 24, 26 et 35. Mercier, Bull. Comit, 1885, p. 552. 2. Il est possible que, plus tard et jusqu une poque fort rapproche de nous, elles aient servi de refuges temporaires et de gtes des bergers

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dailleurs, la plupart des portes sont disposes de telle faon quil et t impossible de les fermer de lintrieur. Une grotte quon a fouille en 1860, contenait un squelette. Il existe prs de Kissa, dans le massif du Dyr, au nord de Tbessa, un petit cimetire dun type assez original(1). Il occupe un terrain en dclivit, domin par une crte rocheuse. De gros quartiers de roc, qui se sont dtachs de la montagne

et ont roul sur la pente, ont t taills intrieurement avec des instruments en mtal. Chacun deux constitue une chambre funraire, dont la porte, trs exigu, tait ferme par une herse manuvrant dans des rainures verticales. Nous avons
____________________ indignes ; on a trouv, dans plusieurs grottes, des restes de foyers. Mais cela na rien voir avec leur destination primitive. 1. Playfair, Report for the years 1893-4 on the trade of Algeria (rapport adress au Foreing Office par le consul anglais Playfair), p. 50. Conf. Gsell, Mlanges de lcole franaise de Rome, XV, 1895, p. 305. Playfair prend ces grottes pour des habitations : cest l une erreur.

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compt sept grottes presque intactes (voir la fig. 9, le plan de lune delles). Elles sont de forme quadrangulaire ou trapzodale et mesurent en moyenne 2 mtres de long sur 1m, 70 de large ; les plafonds sont arrondis. Au-dessus de ces tombes, slvent quelques grands dolmens, dont les parois, assises, sont construites avec des pierres rgulirement quarries(1).

En Tunisie, particulirement au nord de la Medjerda, les grottes artificielles, semblables celles de Roknia et de Gastal, ne sont pas rares. Les Phniciens creusaient volontiers leurs tombeaux dans le roc, et lon peut se demander si cet usage na pas t introduit par eux chez les Africains. Cependant nos grottes prsentent des dispositions assez diffrentes de celles des caveaux proprement puniques ; dautre part, il est certain que diverses populations de la Mditerrane, entre autres les Sicules, ont taill des spultures dans le rocher, bien avant que les marins de Tyr et de Sidon vinssent sur leurs ctes. Nous nous croyons donc en droit de considrer les tombes que nous venons de dcrire comme des monuments vritablement indignes. Leur ge ne peut pas tre dtermin(2).
____________________ 1. On voit, auprs de Collo, une chambre creuse de la mme manire dans un rocher isol. Letourneux (Archiv fr Anthropologie, II, p. 315 ; conf. Mercier, Bull. Comit, 1887, p. 459) en signale une autre prs de Bou Hadjar, entre la Calte et Souk Ahras ; en juger par la disposition des auges funraires, surmontes de niches cintres (arcosolia), elle date dune priode assez basse de la domination romaine. Des caveaux funraires de mme type existent aussi en Tunisie (Bull. Comit, 1901, sance de fvrier de la Commission de lAfrique du Nord). 2. En Tunisie, deux grottes spulcrales, semblables celles dont nous parlons, sont ornes de peintures reprsentant des personnages : elles datent, sans aucun doute, de lpoque historique (Bull. Comit, 1901, l. c.).

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Dautres monuments indignes offrent un grand intrt. Ce sont les gravures rupestres que lon a signales sur diffrents points de lAlgrie : dans le Sud Oranais, dans la rgion de Guelma, dans la partie du Sahara voisine de loued Itel (au sud-ouest de Biskra(1)). M. Flamand a tudi avec beaucoup de soin celles de la province dOran ; il a bien voulu nous communiquer ses dessins et ses photographies et nous donner des indications qui nous ont t trs prcieuses(2). Sur une trentaine de stations que ce savant a examines, nous nous contenterons den dcrire quelques-unes, qui sont particulirement importantes. On connat, depuis 1847, celle de Thyout, lieu situ une quinzaine de kilomtres lest-nord-est dAn Sefra(3). Les gravures occupent une paroi verticale de grs, longue denviron 75 mtres, haute de 20. Les figures sont de dimensions trs diverses ; quelques-unes se superposent et ont t videmment traces par des mains diffrentes.
____________________ 1. Il yen a aussi quelques-unes en Kabylie (conf. Bull. Comit, 1888, p.126) ; elles nont pas encore t dcrites. 2. Conf. Flamand, lAnthropologie, III, 1892, p. 145-146 ; id., Socit de gographie dAlger, Compte Rendu du Congrs national de 1899, p. 207218. M. Flamand prpare un ouvrage sur les gravures rupestres de lAfrique du Nord. 3. Jacquot, dans lIllustration, IX, 1847, p. 284-285 (n du 3 juillet). Id., Expdition da gnral Cavaignac dans le Sahara algrien (Paris, 1849), p. 149. Armieux, Topographie mdicale du Sahara et de la province dOran (Alger, 1866), p. 28-30. Id., Annales de la Socit archologique du Midi de la France, X, 867, p. 20-27. Id., Bull. de la Socit de gographie de Toulouse, 1883, pl. 1. Reboud, Rec. de Const., XXII, 1882, p. 63-67. Tissot, Gographie de la province romaine dAfrique, I, p. 344, fig. 18 ; p. 379, fig. 45 ; p. 491, fig. 49 ; p. 514 et 515. Bonnet, Revue dEthnographie, VIII, 1889, p. 155.

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Les personnages sont de petite taille. Ils lvent parfois les bras, dans une pose qui rappelle lattitude classique de ladoration. Dautres tiennent un arc ; il semble que lun dentre eux porte, en outre, un bouclier ; des chiens accompagnent

ces chasseurs. Deux hommes ont la main un instrument allong, extrmit recourbe, peut-tre un hoyau ou une hache emmanche. Un archer est coiff dune couronne de plumes, la manire des Peaux-Rouges ; quelques individus portent certainement un pagne ou une ceinture ; une femme semble avoir autour des bras des pendeloques ou des franges. Trs frquemment, les gens reprsents forment des couples ; un

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trait joint les parties sexuelles des personnages : il est possible quon ait voulu indiquer ainsi, dune manire nave, le lien du mariage. Certains visiteurs ont cru reconnaitre sur les gravures de Thyout des scnes lubriques, des accouplements contre nature ; mais M. Flamand pense qu cet gard il y a eu mprise. Outre les chiens domestiques, les animaux figurs sont des lions, un lphant, de nombreux bovids, surtout des bufs cornes recourbes en avant, des chvres, des gazelles, des antilopes, des autruches. M. Flamand ne croit pas que le rhinocros, lhippopotame et la girafe soient reprsents Thyout, comme on la prtendu. [Voir, fig. 10, la reproduction dune partie de ces images (daprs une photographie de M. Flamand).] A Moghar et Tathani (cercle dAn Sefra, 43 kilomtres au sud du chef-lieu), les gravures couvrent une longue srie de roches horizontales, parsemant le plateau qui domine loasis(1). Ce sont les seuls dessins rupestres de lAfrique du Nord qui naient pas t tracs sur des plans verticaux. Beaucoup de ces gravures sont uses et indistinctes. Dautres sont si mal excutes quil est impossible de les interprter avec certitude : cest ainsi que, dans une figure, on a voulu voir soit une tortue, soit un guerrier arm de toutes pices. Parmi les images les plus remarquables, on peut citer deux personnages accroupis, les bras levs, les jambes largement cartes, et quelques autres debout, levant aussi les bras. Plusieurs portent une coiffure de plumes ; une sorte de pagne ou de large ceinture bouts flottants entoure la taille
____________________ 1. Jacquot, Expdition du gnral Cavaignac, p. 165. Armieux, Topographie, l. c. Id., Bull. de la Soc. de gogr. de Toulouse, 1883, p. 34-41 et pl. 2. Tissot, l. c., p. 491, fig. 50. Bonnet, l. c., p. 149-155.

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de lun dentre eux. Les animaux que lon reconnat Moghar, sont un grand flin (probablement un lion), un lphant,

un grand buffle, des autruches, des antilopes despces diverses, des chiens (peut-tre un lvrier). Les deux girafes que M. Bonnet a signales paraissent fort douteuses M. Flamand(1).
____________________ 1. Il en est de mme de lhippopotame, que M. Bonnet indique avec hsitation.

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Le djebel Mahisserat est situ 6 kilomtres dAn Sefra, sur la route dAsla. En cet endroit, un rocher offre un groupe de cinq lphants en marche, assez bien dessins(1). Llphant apparat, avec le grand buffle, Tazina ( une centaine de kilomtres au sud-ouest de Gryville). (Voire fig. 11, daprs M. Flamand.) Les gravures de Ksar et Ahmar(2) ( 40 kilomtres louest-sud-ouest de Gryville) occupent plusieurs rochers, le

long dune piste conduisant Keragda. On y voit entre autres images, un homme tenant une hache emmanche (fig. 12), daprs une photographie de M. Flamand. La forme donne cet instrument permet dy reconnatre, avec quelque vraisemblance, une arme en pierre polie. Une femme (figure haute de 1m, 35) a les hanches entoures dune ceinture. Elle lve les deux bras : il convient de remarquer que les mains ont chacune six doigts. Les grands buffles sont nombreux Ksar el Ahmar. On distingue aussi des flins, lions et panthres, des
____________________ 1. Tissot, l. c., p. 372, fig. 41. Bonnet, Revue dEthnographie, VIII, 1889, p. 156-157. 2. Brves indications de Flamand dans lAnthropologie, III, 1892, p. 148-9, 151.

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bufs aux cornes projetes en avant, dautres bovids, un blier du Sahara, des chvres, des autruches. A Guebar Rechim ( 50 kilomtres environ au sud-ouest de Gryville), il y a des lphants(1), un grand buffle, une girafe, des lions, une panthre, une autruche, des antilopes, des gazelles, un cerf, des chvres, diverses espces de bovids, un quid au corps mouchet, probablement apparent au zbre.

A Bou Alem ( 35 kilomtres au nord de Gryville), limage la plus intressante est celle dun banc, dont la tte est surmonte dune coiffure avant la forme dun disque solaire, flanqu de chaque ct dun serpent urus : cest sans doute une reprsentation du grand dieu de Thbes dgypte, Amon (voir fig. 13, dessin de M. Flamand). Un autre animal, bouc
____________________ 1. Flamand, lAnthropologie, III, p. 149, fig. 1.

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ou blier, porte aussi le disque sur la tte(1). Un homme tient un bouclier rond(2). Dans la rgion de Guelma, les gravures de Khanguet el Hadjar (commune mixte de loued Cherf) sont connues depuis longtemps(3). Elles ont t traces par des mains fort diverses sur deux faces dun grand rocher, lentre dune gorge et audessus dune source. Beaucoup dentre elles sont superposes et les dimensions des figures sont trs variables. Nous avons reconnu les animaux suivants : mouton (frquent), bouc, buf (lun de ces bufs est tenu en laisse par un homme), chien ou chacal, gazelle, antilope, autruche. Les lions et les panthres quon a cru distinguer, ne sont pas certains, et il est plus que douteux que des rhinocros et des lphants figurent parmi ces images. Les hommes semblent nus. Ils ont, en gnral, les bras ouverts et, souvent, ils tiennent soit un bton, soit un hoyau, soit une sorte de serpe, soit un instrument quon a compar une raquette carre. On remarque quelques signes ressemblant exactement des lettres de lalphabet libyque : ils ne paraissent pas tre dune autre poque que les dessins au milieu desquels ils sont tracs. Au lieu dit Kef Messiouer (commune mixte de Sdrata), un grand rocher paroi verticale offre limage dune famille de lions, sapprtant dvorer un sanglier ; des chacals semblent
____________________ 1. A ct de cet animal, se voit un bovid portant deux objets allongs entre les cornes. M. Lefbure est dispos y reconnatre une autre divinit gyptienne, le taureau dErment, qui tait coiff de deux plumes. 2. Ces gravures de Bou Alem seront tudies par M. Flamand dans un article de la Revue archologique. Voir, en attendant, Flamand, Comptes Rendus de lAcadmie des Inscriptions, 1899, p. 437-438 ; Gsell, Mlanges de lcole de Rome, XX, 1900, p. 83, 3. Vigneral, Ruines romaines du cercle de Guelma, p. 42-43, pl. IX et X. Reboud, Rec. de Const., XXII, 1882, p. 60-63. Bernelle, ibid., XXVII, 1892, p. 57. Gsell, Bull. Comit, 1899, p. 440-441.

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attendre la fin du repas pour manger les restes(1) (voir une partie de ce tableau, fig. 14). Les figures, au nombre de dix, nont pas t juxtaposes au hasard et successivement, comme dans la plupart des autres gravures rupestres : on est ici en prsence dune vritable composition, quun ou plusieurs artistes ont excute dun seul coup(2). Blanchet a fait connatre(3) des gravures quil a dcouvertes la lisire septentrionale du Sahara, dans un ravin appel

Chaba Nama, prs de loued Itel. Elles couvrent les parois de plusieurs grottes artificielles, tailles assez rgulirement en forme de longues galeries. Les espces animales reprsentes ont le lion, lne, lantilope gnou, la chvre, le buf, qui porte presque partout une sorte de housse ; sur le cou dun de ces
____________________ 1. Bernelle, Rec. de Const., XXVII, 1892, p. 99 et planche. Gsell, Bull. Comit, 1899, p. 438-440. 2. Dans cette rgion de Guelma, on signale dautres gravures, reprsentant des chevaux, un buf grandes cornes et peut-tre un mouton : Bull. Comit, 1888, p. 105. 3. Bull. Comit, 1899, p. 138-139 ; Rec. de Const., XXXIII, 1899, p. 294-310, avec des planches.

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bufs et sur sa couverture sont tracs des caractres libyques. Deux personnages, dont lun est certainement de sexe fminin, sont assis, les jambes largement ouvertes, pose que nous avons dj constate Moghar. Trois autres, de grandes dimensions, se tiennent debout, dans une attitude symtrique ; ils lvent la main gauche, et deux dentre eux portent un objet de forme ovale, ray de stries ; ces deux individus paraissent tre vtus dune peau de bte, couvrant le haut de la poitrine. Deux hommes, plus petits, ont les bras ouverts et font le geste classique de la prire. Enfin, un personnage, qui semble vtu dune tunique, tient un bouclier ovale avec deux chancrures sur les cts.

Dans le Sud Oranais, o la technique de ces dessins a t examine de prs, M. Flamand a reconnu que les graveurs indiquaient, par un simple trac, lensemble de ce quils voulaient fixer ; puis ils creusaient suivant cette ligne, laide de poinons en pierre, un pointill fortement accus, quils polissaient ensuite avec soin, produisant de cette manire un trait continu, ferme et net, large de 0m, 010 0m, 015, profond de 0m, 005 0m, 010, vas sa partie suprieure, arrondi au fond. Ils obtenaient ce rsultat par le frottement prolong dun instrument extrmit mousse, mais assez dur pour entamer le grs ; cet outil tait sans aucun doute en pierre. Les gravures de Khanguet el Hadjar et de Kef Messiouer, dans la rgion de Guelma, nous ont paru avoir t faites aussi avec des pointes mousses. Les images que nous venons dtudier sont dordinaire des uvres trs enfantines, avec dnormes fautes de dessin, des proportions difformes, des gestes impossibles. Quelquefois cependant, en particulier Kef Messiouer, au djebel

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Mahisserat et Bou Alem, ces profils sommaires rendent bien la physionomie gnrale des animaux reprsents. On sent l un certain don dobservation : preuve que les graveurs reproduisaient des btes qui taient sans cesse sous leurs yeux, qui vivaient par consquent dans le pays, ce quattestent dailleurs, pour les espces aujourdhui disparues de lAfrique septentrionale, les dcouvertes palontologiques faites sur plusieurs points de lAlgrie. De quand datent ces gravures ? Il est probable, il est mme certain quelles se rpartissent sur une priode de temps trs longue. A Thyout, Khanguet el Hadjar, en dautres lieux encore, les figures se superposent, se coupent, senchevtrent : de nombreuses gnrations dhommes ont videmment apport leur contribution ce travail. Dune manire gnrale, ces images portent des caractres dune haute antiquit. Celles du Sud Oranais sont trs souvent accompagnes dinscriptions et de dessins reprsentant des cavaliers arms de boucliers, des mouflons, des antilopes, des dromadaires, des oiseaux, etc.(1). Lettres et dessins sont faits en pointill, et non au trait : ils se distinguent premire vue des gravures (voir, par exemple, fig. 11) et sont plus rcents, puisquils les recouvrent en bien des endroits. Les inscriptions sont formes de caractres berbres, intermdiaires entre lcriture dite libyque, en usage dans lAfrique du Nord avant les Romains et sous leur domination, et lcriture actuelle des Touareg, mais plus apparents la premire. On doit donc les attribuer approximativement une priode correspondant notre
____________________ 1. Voir, ce sujet, Hamy, Revue dEthnographie. I, 1882, p. 129-137 ; Bonnet, ibid. VIII, 1889, p. 152 et 157 ; Flamand, lAnthropologie, III, 1892, p. 153-154, et VIII, 1897, p. 284-292.

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moyen ge. Les dessins sont, pour la plupart, contemporains des inscriptions, comme le prouvent la place quils occupent et lidentit du procd dexcution ; du reste, ils ne peuvent dater que dune poque o la religion musulmane navait pas encore impos compltement aux indignes linterdiction de reproduire des tres anims. Or, les gravures au trait offrent une patine tout fait diffrente de celle de ces dessins et inscriptions. Il est certain quune longue suite de sicles spare les deux sries dimages.

Des raisons dun autre ordre peuvent tre donnes en faveur de la trs haute antiquit des gravures : le fait quelles ont t traces avec des instruments en pierre, et non avec des outils mtalliques; les armes quon y voit figures et dont les unes paraissent bien tre en pierre, tandis que, pour les autres, rien nindique quelles soient en mtal ; le costume primitif que portent certains personnages (pagne, coiffure de plumes) ; les espces animales qui ne se retrouvent plus quau cur de lAfrique et qui, actuellement, auraient de la peine vivre dans le Maghreb, indice probable dun grand changement de climat. Il est vrai que ces arguments ne sont pas irrfutables. Lusage des outils et des armes en pierre a pu se maintenir longtemps dans certaines parties de lAfrique septentrionale, surtout lintrieur des terres ; les silex taills que lon recueille dans les steppes et au nord du Sahara, se trouvent en gnral fleur de terre et sans patine : cest une prsomption en faveur de leur modernit relative. La coiffure plumes dautruche a t porte longtemps par les Libyens : elle est donne des gens de lAfrique du Nord sur des monuments gyptiens datant des dix-neuvime et vingtime dynasties (XIVeXIIe sicles environ avant Jsus-Christ). Nous ne savons

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pas quand la faune dite tropicale, reprsente sur ces gravures, a cess de vivre dans le Maghreb. Ce qui est certain cependant, cest quil y avait encore des lphants au sud de la Maurtanie vers le dbut de notre re. Si ces pachydermes et les autres espces que nous avons numres ont disparu, cela peut tenir, non pas une modification de climat trs lointaine, mais aux chasses quon leur livra sous lEmpire romain pour les ftes des amphithtres, et au dboisement, qui a amen la diminution des sources ncessaires leur existence. Il ne faut pas croire, du reste, quun climat trs humide soit absolument indispensable ces animaux : au nord du Transvaal, des lphants vivent dans un pays bien plus aride que les montagnes du Sud Oranais(1). Quant la rgion de loued Itel, elle sest sans doute dessche, comme le Sahara tout entier. Mais ce nest pas par le fait dune rvolution climatrique il se produit l un lent phnomne, dont on peut observer les progrs depuis les temps historiques : lvaporation se poursuit dans le cours des sicles, sans compensation suffisante. A Khanguet el Hadjar et Chaba Nama, on distingue quelques signes identiques des lettres libyques. Par malheur, nous ignorons quand fut invent ce systme dcriture dont les Touareg font encore usage aujourdhui. Est-il prouv dailleurs que ceux qui gravrent ces signes leur aient attribu une valeur alphabtique ? Des caractres semblables se rencontrent en gypte ds une poque trs recule, sur des vases contemporains des premires dynasties historiques ou mme plus anciens, entre cinq mille et quatre mille ans environ ayant notre re.
____________________ 1. Je ne parle pas ici de la rgion de Guelma, qui est bien arrose. Du reste, les gravures quon y trouve ne reprsentent, mon avis, que des espces actuelles ou trs rcemment disparues.

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Un bouclier figur Chaba Nama est dune forme curieuse, qui se retrouve Asla, station du Sud Oranais. Cest le bouclier quon appelle communment bouclier botien. Au second millnaire avant Jsus-Christ, il est reprsent sur des objets dits mycniens, recueillis dans les parages de la mer ge, et sur des bas-reliefs gyptiens, o il est tenu par des guerriers de la Syrie septentrionale. A Bou Alem apparait une image qui, notre avis, est certainement celle dAmon, dieu de Thbes. Les gyptiens eurent de tout temps des relations avec les tribus qui vivaient louest de la valle du Nil. Ces rapports furent surtout frquents sous le Nouvel Empire (dans la deuxime moiti du second millnaire avant notre re), poque de la plus grande prosprit de Thbes. A plusieurs reprises, les indignes de louest envahirent lgypte ; en gnral, ils durent se contenter de servir comme mercenaires dans les armes des Pharaons. Ces guerriers appartenaient surtout aux peuplades qui confinaient la valle du Nil. Cependant il a pu en venir de plus loin ; il est possible aussi que linfluence de lgypte se soit rpandue de tribu en tribu travers lAfrique du Nord, jusqu lextrmit occidentale de notre Algrie. Ces considrations nous conduiraient supposer que limage de Bou Alem na gure plus de trois mille ans. Mais, somme toute, la chronologie des gravures rupestres de lAlgrie est encore absolument incertaine. Des dessins analogues existent dans la Haute gypte, entre Edfou et Silsilis ; dautres ont t signals sur divers points du Sahara : dans le Tibesti, entre Mourzouk et Rhat, au sud-est de Rhat, dans le Haut Tassili, entre El Gola et In Salah ; dautres enfin se voient au sud du Maroc. Duveyrier(1) et
____________________ 1. Bull. de la Socit de gographie de Paris, 1876, Il, p. 144 et 145.

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plusieurs savants aprs lui(1) ont voulu attribuer ces images une race noire, laquelle ils ont donn le nom de garamantique ; mais il faut avouer quils nont produit aucun argument solide en faveur de leur hypothse.
____________________ 1. Par exemple La Blanchre, Bull. de correspondance africaine, I, 1882-3, p. 356.

CHAPITRE II

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Lhistoire des premiers tablissements fonds par les Phniciens sur le littoral de lAlgrie nous est tout fait inconnue. Il est permis de supposer que ce furent des refuges, des stations, des aiguades sur la route da retour de lEspagne, o les trafiquants de la cte syrienne allaient chercher largent des mines inpuisables de la valle du Guadalquivir. Avec le temps, ces escales devinrent des comptoirs de commerce et quelques-unes dentre elles des villes assez importantes. Carthage, la Tyr de lOccident, leur imposa sa suzerainet, et elle fonda son tour de nouvelles colonies sur le rivage du Maghreb. Elle parat avoir aussi occup pendant quelque temps lest de la province de Constantine ; mais ce territoire lui fut disput par les rois indignes. Thveste (Tbessa), qui fut conquise vers 250 par les Carthaginois, ne resta en leur possession que cinquante ans peine. Les traces de leur civilisation sont assez rares en Algrie : leur uvre y a t presque partout recouverte par celle des Romains. Sur quelques points du littoral, on a trouv des vestiges de remparts quon peut leur attribuer avec vraisemblance(1), des
____________________ 1. A Hippone, on a dcouvert rcemment un norme mur, form de pierres de plus dun mtre de largeur et de hauteur, et dont plusieurs dpassent 4 mtres de long : ces blocs ne sont pas taills au ciseau selon la

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dbris darchitecture de style punique(1), enfin des caveaux creuss dans le roc, la mode phnicienne : les objets recueillis dans ces tombeaux permettent de les dater des derniers temps de la domination carthaginoise. Les plus intressants sont peut-tre ceux de Gouraya, 33 kilomtres louest de Cherchell(2). Un puits rectangulaire, de dimensions variables, senfonce une profondeur de 1m, 80 2m, 50 ; il ne prsente pas descalier. Quand il ny a quune chambre, lentre souvre sur un des petits cts du puits. Elle est ferme le plus souvent par une muraille de moellons, placs sans ordre entre les montants en avant de la baie. Quelquefois cependant, une dalle dresse forme une partie de la clture. Le caveau mesure dordinaire 2m, 20 3 mtres de long, sur 2 mtres 2m, 50 de large ; la
____________________ manire romaine, mais quarris la masse. Voir Gsell, Mlanges de lcole franaise de Rome, XX, 1900, p. 98. Papier, Comptes rendus de lAcadmie dHippone, 1899, p. XI-XII. A Tipasa, la colline qui portait la ville primitive tait entoure dun rempart, dont on voit quelques restes au sud-ouest. Il tait soit taill dans le roc, soit form de gros paralllpipdes, qui atteignent 1m, 86 de longueur. Voir Gsell, Mlanges de Rome, XIV, 1894, p. 324. 1. Voir en particulier le chapiteau publi par Gsell et Bertrand, Muse de Philippeville, pl. Xl, fig. 4. Un temple de Tipasa (Gsell, Mlanges de Rome, XIV, 1894, p. 341-343) parat avoir t dune architecture influence par des traditions puniques. 2. De Cardaillac, Bull. dOran, 1890, p. 247-256. Waille, Bull. Comit, 1891, p. XLIII-IV. Gauckler, Muse de Cherchel, 72-75. Des fouilles ont t faites en 1900, Gouraya, par M. Wierzejski et par moi-mme.

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hauteur est de 1m, 60 2m, 20. Les parois sont tailles dune manire assez irrgulire; le plafond est peu prs plat. Presque partout, des niches, hautes de 0m, 40 0m, 50, se voient soit dans la paroi oppose la porte, soit dans les parois latrales. Dans la plupart des chambres, les restes humains ont t simplement dposs sur le sol, recouvert dun lit de sable. Dans dautres, on a mnag une ou plusieurs banquettes, planes ou creuses dune auge de profondeur variable. Il existe souvent un second caveau, appartenant une poque un peu postrieure. Tantt cest le cas le plus frquent il souvre en face du premier ; tantt il est tabli sur un des cts longs du puits. (Voir, fig. 15 et fig. 16, les plans de deux de ces tombeaux.) Chaque chambre contient un certain nombre de morts : dans lune de celles que nous avons fouilles en 1900, nous en avons compt plus de vingt. Il est probable quaprs les ensevelissements le puits tait recombl avec de la terre et des moellons. On distingue trois rites funraires : 1 Le mort a t simplement allong sur le sol. Cest le mode de spulture le moins frquent. 2 Des ossements, assembls au hasard, sont dposs

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par terre, sur les banquettes ou dans les auges, soit en tas, soit lintrieur dun vase dargile. Quelquefois, une moiti de grande amphore, brise dans le sens de la longueur, fait office de rcipient. On a constat maintes fois que ces restes humains, runis ple-mle, ont appartenu divers individus. Nous avons signal plus haut, dans ltude des tombeaux indignes, un rite funraire semblable, qui suppose le dcharnement pralable des squelettes. Dans les villes phniciennes du littoral algrien, il stait form une population on les lments africains se mlaient aux lments puniques : il nest donc pas tonnant que des murs propres aux autochtones y aient t adoptes. 3 Enfin, dautres ossements, entasss comme les prcdents ou enferms dans des rcipients, sont plus ou moins carboniss. Lusage de lincinration, tranger tout dabord aux Phniciens comme aux Libyens, stait introduit dans lAfrique septentrionale vers le Ve sicle, probablement sous linfluence des Grecs de Sicile. Nous navons pas dcrire ici labondant mobilier qui tait dpos dans ces tombes. On y a trouv quelques poteries indignes, semblables celles des dolmens, des vases puniques en trs grand nombre, des cramiques vernis noir ou peintures, venant trs probablement dItalie, des ufs dautruche qui avaient servi de vases, des cassettes en plomb, des bracelets, des bagues, des fibules, des miroirs en bronze, des fioles en verre, des dbris de colliers en pte vitreuse, etc. Les tombeaux de Gouraya datent pour la plupart du IIIe et du IIe sicle avant notre re. Cest peu prs la mme poque quil faut rapporter des spultures dcouvertes il y a quelques annes Collo, dans la province de Constan-

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tine(1). Les caveaux, que des trouvailles fortuites, puis des fouilles rgulires, diriges par M. Hlo(2) ont exhums en ce lieu, sont taills dans les flancs dun coteau (nous donnons, fig. 17 et fig. 18, les plans de deux dentre eux). Ils mesurent 2 3 mtres de long, 1m, 60 1m, 80 de large ; la hauteur varie de 1m, 50 2 mtres. Les portes sont troites et basses ; elles taient fermes par des murs en moellons ou en briques. La disposition du terrain, trs inclin, se prtait mal ltablissement de puits rectangulaires : aussi les tombes sont-elles simplement prcdes de couloirs, larges denviron un mtre. Souvent, il y a deux chambres, places lune la suite de lautre et communiquant par une petite baie. Un certain nombre dentre elles prsentent des banquettes, planes ou creuses dune fosse. Les niches sont rares. Les rites funraires paraissent avoir t les mmes qu Gouraya. Le mobilier est peu prs semblable ; il convient seulement de noter de curieuses aiguires puniques, dont le col est surmont dune tte de femme(3).
____________________ 1. Certains tombeaux de Collo sont cependant plus rcents que ceux qui ont t ouverts Gouraya : ils paraissent postrieurs la chute de Carthage (146 avant J.-C.). 2. Doublet et Gauckler, Muse de Constantine, p. 62-63, 107-109, 113 ; pl. XII, fig. 1-4 ; pl. XIIl, fig. 6. Hlo, Bull. Comit, 1895, p. 343-368, pl. XII-XIV. Gsell, Mlanges de lcole de Rome, XVI, 1896, p. 452-453 ; XVIII, 1898, p. 82-83. 3. Une tombe punique semblable celles de Collo a t dcouverte autrefois Philippeville : Delamare, Exploration, pl. 32, fig. 10-20.

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A Djidjelli, il y a de nombreuses spultures de type phnicien(1). Malheureusement, elles ont t visites depuis fort longtemps et dpouilles de leur mobilier funraire : il est donc possible de les dater. Ce sont soit des caveaux, analogues ceux de Gouraya(2), soit de simples fosses, dont quelques-unes sont creuses de manire se modeler sur la forme gnrale du corps humain une sorte de logette arrondie est taille du ct de la tte, et la fosse est beaucoup plus large la hauteur des paules qu lextrmit o lon plaait les pieds. La civilisation punique se rpandit en Algrie bien au del des villes du littoral soumises la domination directe de Carthage. Les souverains indignes, qui taient en rapports suivis avec les Carthaginois, adoptrent, dans une mesure plus moins large, ce quils trouvrent de bon dans leurs murs ; une partie des Africains les imitrent. Aussi rencontre-t-on et l, lintrieur des terres, des tombes tailles dans le roc, de type punique(3). Les plus anciennes remontent peut-tre une
____________________ 1. Delamare, l. c., pl. 12, fig. 4-6, 10-11 et pl. 13. Duprat, Rec. de Const., XXV, 1888-9, p. 396-399, planches n 1 et 2. 2. Un escalier est souvent mnag sur un des petits cts du puits. 3. Par exemple Guelma (au sud de la ville franaise) ; dans la rgion de Guelma (Delamare, Exploration, pI. 170, fig. 7-13) ; Kalaa, dans le Dahra (dpartement dOran). Voir encore au chapitre XIII du livre Il de cet ouvrage.

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poque antrieure la venue des Romains ; plus tard, sous lEmpire, on continua en faire de semblables. Quelques morceaux darchitecture, trouvs dans lest de la province de Constantine, sont de style carthaginois(1) ; ils ont probablement appartenu des mausoles. A Khamissa, la vieille place, platea vetus, comme lappelle une inscription latine(2), tait orne dun temple dont les colonnes monolithes, courtes et paisses, rappellent celles qui dcoraient certains monuments puniques(3) : si ce sanctuaire parait dater de lpoque romaine, il nen atteste pas moins que larchitecture carthaginoise stait implante dans la rgion(4). Il ne reste rien du palais que Syphax, Masinissa et ses successeurs habitrent Cirta (Constantine)(5), ni des beaux difices que Micipsa y fit lever(6). Nous avons cependant le droit de supposer quils taient construits dans le style grcopunique qui rgna Carthage pendant les derniers temps de lindpendance de cette ville(7). Cest ce style mixte quon retrouve dans un fort beau mausole, dont les ruines subsistent trois lieues et demie de
____________________ 1. Chapiteaux de Guelaat bou Atfane, dHammam Meskoutine, de Tifech : voir Gsell, Bull. Comit, 1900, p. 379-381. Conf. Chabassire, Rec. de Const., X, 1866, pl. XI, fig. 3. 2. Corpus, VIII, n 4878, 3. Muller, Numismatique de lancienne .Afrique, II, p. 40, nos 2 et 3 ; p. 149, n 319 ; p. 152, note 1. Doublet et Gauckler, Muse de Constantine, p.39-40. 4. Masqueray, Bull. de correspondance africaine, I, 1882-3, p. 308309. Les colonnes sont en marbre de Chemtou : or ce marbre ne commena tre exploit que dans le dernier sicle avant notre re. 5. Tite-Live, XXX, 12 ; Appien, Guerres puniques, 27 et 206. 6. Strabon, XVII, 3, 13. 7. Dans la grande mosque de Constantine et dans le jardin de la remonte, Sidi Mabrouk (prs de Constantine), on voit deux chapiteaux doriques, semblables ceux du mausole du khroub, dont nous allons parler. Ils ont d appartenir des monuments de mme poque et de mme style.

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Constantine(1) (voir fig. 19(2) et planche IV). Le monument que les indignes appellent Souma (tour) et que les Franais dsignent sous le nom absurde de tombeau de Constantin, se dresse sur une colline rocheuse, 3 kilomtres au nord-est du village du Khroub. Il est bti lextrieur en grandes pierres

de taille, parfaitement ajustes, dpassant souvent 2 mtres de longueur ; le noyau est en blocs quarris dune manire sommaire. Un soubassement de 10m, 50 de ct porte trois degrs,
____________________ 1. Temple et Falbe, Relation dune excursion Constantine (Paris, 1838), p. 38-39, pl. 11. Berbrugger, lAlgrie historique, pittoresque et monumentale, province de Constantine, pl. la page 27. Ravoisi, Exploration scientifique de lAlgrie, Beaux-Arts, I, p. 75-76, 79-80 ; pl. LXI-LXIV. Delamare, Exploration, pl. 761. Fournel, Richesse minrale de lAlgrie., I, p. 256-257. Remond et Cherbonneau, Annuaire de Constantine, 1862, p. 68-75 et pl. XIV. 2. Daprs Delamare. Plan pris la hauteur des massifs orns de boucliers.

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sur lesquels repose un socle court, orn de moulures en bas et en haut. Par-dessus, slvent quatre massifs, occupant les angles dun carr de 5m, 55 de ct; ils sont dcors extrieurement de grands boucliers ronds. On peut se demander sils ne reprsentent pas les pieds-droits de quatre arcades, selon une ordonnance adopte au premier tage du mausole de Saint-Rmy, en Provence. Cependant, comme il ny a pas de voussoirs parmi les dbris qui gisent sur le sol, il est plus vraisemblable que ces massifs limitaient une chambre et encadraient quatre fausses portes(1). Toute la partie suprieure du monument a t renverse, probablement par un tremblement de terre, et les matriaux qui la constituaient sont entasss autour du soubassement, surtout au nord. Une corniche, dun type driv de la gorge gyptienne, parait avoir couronn ltage aux boucliers. Au-dessus rgnait une loggia, borde par huit colonnes doriques ft non cannel(2). Ce portique abritait peut-tre une ou plusieurs statues, comme la loggia du mausole de Saint-Rmy(3). La disposition du sommet de ldifice est trs incertaine; un morceau de corniche rampante indique quil y avait des frontons. La hauteur totale devait tre de 16 18 mtres. Nous ne pensons pas que la salle funraire ait t tablie ltage o sont sculpts les boucliers(4) : il ny avait l,
____________________ 1. Comme la suppos Ravoisi. Il existe quatre fausses portes au premier tage dun tombeau dAgrigente (dit de Thron), difice apparent au ntre (Serradifalco, le Antichit di Sicilia, III, pl. XXVIII. Dailleurs, des arcades ne paraissent pas convenir lpoque du mausole du Khroub. 2. Conf., pour cette loggia, un tombeau de Mysala, en Asie Mineure : Benndorf et Niemann, Reisen in Lykien und Karien, pl. XLIX. 3. Dans les fouilles de 1861, on a trouv deux fragments en bronze, dont lun reprsentait le creux de laine dun homme (Annuaire de Const., 1862, p. 73). 4. Telle tait lopinion de Ravoisi.

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croyons-nous, quun vide destin dcharger les parties infrieures : un amnagement semblable existe dans le grand mausole grco-punique de Dougga(1). Il est donc probable que le caveau se trouve dans le soubassement, quil faudrait mettre entirement nu pour trouver lentre : il na t que partiellement dgag lors des fouilles entreprises au Souma, en 1861, par la Socit archologique de Constantine. Le monument du Khroub se rattache une longue srie de mausoles tages, construits, depuis le IVe sicle avant Jsus-Christ jusque sous le Bas Empire, en Asie Mineure, en Syrie, en Sicile, en Gaule, en Afrique. Il ne nous parait pas appartenir la priode romaine les moulures ont une fermet dexcution, une sobrit de profil qui ne se retrouvent plus dans les premiers sicles de notre re. Les chapiteaux doriques sont dun style purement grec ; on nen rencontre jamais de semblables dans les difices romains de lAfrique du Nord. Lemploi de la gorge gyptienne, qui avait t adopte par les Phniciens, indique une poque o les influences carthaginoises rgnaient encore Cirta. Ce mlange de motifs puniques et de motifs grecs (probablement dorigine sicilienne(2)) donne un grand intrt au Souma du Khroub, qui mrite de prendre place, dans lhistoire de lart, ct du clbre mausole de Dougga. Lun et lautre ont d tre levs par des architectes ns Carthage ou instruits lcole des maitres carthaginois(3).
____________________ 1. Saladin. Nouvelles Archives des Missions, II, 1892, p. 479. 2. On sait que les Grecs de Sicile firent un usage presque exclusif de lordre dorique. 3. On doit cependant remarquer que lhellnisme pntra directement la cour de Cirta el quil y eut une colonie de Grecs en ce lieu sous Micipsa, dans la seconde moiti du IIe sicle avant Jsus-Christ (Strabon, XVII, 3, 13).

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Ldifice imposant que nous venons de dcrire se dressait en vue de Cirta : peut-tre a-t-il t le tombeau dun prince qui rgnait dans cette ville. En remuant les pierres qui jonchent le sol au pied du Souma, on pourrait avoir la bonne fortune de recueillir une ddicace punique ou bilingue (punique et libyque), qui nous renseignerait cet gard. Un autre tombeau de la province de Constantine tmoigne aussi de linfluence exerce par la civilisation carthaginoise en Numidie. Cest le Mdracen il vaudrait mieux crire Madghasen, situ dans la rgion de Batna, 9 kilomtres au sud-sud-est du village dAn Yagout, sur une petite minence voisine du lac Djendeli(1). Nous en donnons le plan, fig. 20 (daprs le Recueil de Constantine), et deux vues, planches V et VI. Il a la forme dun grand cne gradins, reposant sur une base cylindrique. Le cylindre, relativement trs bas (4m, 43 de hauteur), est orn de soixante colonnes engages, dordre dorique, ft non cannel, portant une architrave lisse et une corniche dont le profil est celui de la gorge gyptienne. Le cne offre vingt-quatre degrs, de 0m, 58 de hauteur sur 0m, 97 de large. Au sommet, stend une plate-forme de 11m, 40 de diamtre, que surmontait peut-tre autrefois quelque motif darchitecture ou de sculpture. Ldifice mesure 18m, 35 de hauteur totale; le diamtre de la base est de 58m, 86. Le revtement est en pierres de taille dun fort bel appareil. Dans la
____________________ Peut-tre le caractre hybride du Souma sexplique-t-il par la fusion qui se serait faite, Cirta mme, des deux civilisations carthaginoise et grecque. Les Carthaginois ont trs rarement employ lordre dorique. 1, Voir pour la bibliographie du Mdracen, Grailiot et Gsell, Mlanges de lcole de Rome, XIV, 1894, p. 71, n. 1. Ajouter De Laurire, Deux mausoles africains, le Mdracen et le Tombeau de la Chrtienne, mmoire publi dans le Bulletin Monumenlal, 5e srie, II, 1874, p. 305-346. Le principal travail consulter est celui de Brunon, Rec. de Const., XVI, 18734, p. 303-350, avec planches.

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partie cylindrique, un mur en petites pierres plates, trs rgulirement agences, slve par derrire. Le noyau du monument est fait de blocs grossiers et dclats de pierres, matriaux informes, entasss sans ordre. Lentre, dcouverte en 1850, consiste en une petite (haute de 1m, 60, large de 0m, 70), mnage lest, derrire la

troisime marche partir de lentablement. Elle tait ferme par une dalle, qui glissait le long de deux rainures verticales, tailles dans le parement du mausole. Des pierres, appartenant la troisime et la quatrime marche, la dissimulaient entirement, et il fallait les carter pour pntrer lintrieur. On parvenait ainsi dans une longue galerie droite. Elle est aujourdhui en fort mauvais tat et des boulements rcents lont rendue impraticable. Construite en pierres de taille prs de lentre,

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puis en petites pierres sches, elle prsente dabord un escalier de onze degrs, puis se continue en pente. Elle mne la chambre qui occupe le centre de ldifice. Cest une salle assez exigu, de 3m, 30 de long sur 1m, 45-1m, 59 de large ; de chaque ct rgne une banquette, large seulement de 0m, 20 et haute de 0m, 30. Les parois sont en pierres de taille, doubles par derrire dun mur en pierres sches. Le plafond est form de dalles plates. Lorsquon explora cette chambre en 1873, au cours des fouilles faites par la socit archologique de Constantine, on ny trouva absolument rien ; il faut ajouter que les archologues franais avaient t prcds, une poque inconnue, par des indignes, qui, de crainte dboulements, avaient pris soin de consolider le ciel du couloir avec des charpentes en bois(1). Le sol de la galerie, celui de la chambre et les banquettes portaient des traces dun enduit de couleur rouge. Au dehors, sous lentre, on distingue quelques vestiges dune sorte davant-corps, mesurant 24 mtres de long sur 15 de large ; peut-tre y avait-il l un sanctuaire, analogue au temple qui slevait lest de chaque pyramide royale, en gypte. Le dallage de cet espace tait recouvert dune couche de rouge. La muraille extrieure du monument offre des dessins trs enfantins, dj signals par lcrivain arabe El Bekri, au XIe sicle. Ils reprsentent des quadrupdes et des cavaliers. Il sy mle des inscriptions, dont une libyque et plusieurs no-puniques(2). Ce sont l des souvenirs laisss, il y a bien des sicles, par des visiteurs indiscrets.
____________________ 1. Cest aussi des chercheurs de trsors quil faut attribuer une galerie grossirement creuse sous le monument, au nord-est ; elle a au moins 17m, 40 de longueur. 2. Moliner-Violle, Rec. de Const., XXVIII, 1893, p. 45-77.

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Le Mdracen est certainement un tombeau. Cest un norme tumulus, de mme type que ces spultures coniques en pierres sches, que lon rencontre en tant de lieux de lAfrique du Nord et que nous avons dcrits au chapitre prcdent. Pour voir des tumulus semblables, il suffit dailleurs de jeter les yeux autour du Mdracen, qui slve dans un cimetire indigne, clos en partie par une enceinte. Dans celles de ces tombes que lon a fouilles, on a trouv, au milieu, soit une fosse creuse travers le tuf et contenant un squelette, soit un trou renfermant un rcipient plein de cendres. La chambre centrale du Mdracen reprsente le rduit qui abrite le dpt funbre dans les tumulus ordinaires ctait sans doute l que se trouvaient jadis les ossements ou les cendres du mort. Il est croire que ce tombeau fut prpar lavance par celui qui devait y tre enseveli, ou quil fut destin plusieurs personnes ; il avait donc t ncessaire dtablir une communication entre la chambre du milieu et le dehors : de l, lexistence de lentre et de la galerie. Mais si le Mdracen est un monument indigne, il est revtu, pour ainsi dire, dune chemise grco-punique. En effet, le parement, dcor luxueux jet sur un vaste amas de pierraille, est construit dans le style mixte que nous avons signal plus haut : la colonnade est grecque, la corniche est phnicienne. On a ingnieusement rapproch ce nom de Madghasen, donn au tombeau depuis des sicles(1), de celui de Madghs, qui fut, selon des gnalogistes africains, lanctre dune des deux souches principales des Berbres(2). Notre mausole ou,
____________________ 1. El Bkri lappelle Ksar Madghous. 2. La descendance de Madghs passait pour avoir peupl lAurs, massif de montagnes voisin du Mdracen. Aujourdhui encore, la tribu qui occupe la rgion du Mdracen sappelle Harakta Madghs.

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dune manire plus gnrale, le cimetire dont il est le principal monument, serait donc le lieu de spulture des descendants de Madghs. Il nest pas douteux, du reste, que le Mdracen nait t un tombeau de roi. Cest pour cette raison que le lac voisin sappelait encore lpoque romaine le lac royal, lacus regius. Quelques-uns attribuent cet difice Syphax(1), dautres Masinissa. Ce sont l de simples hypothses. Mais, assurment, celui qui fit construire un mausole aussi grandiose tait un souverain puissant, comme ce Syphax, qui rgna sur presque toute lAlgrie, comme ce Masinissa et son fils Micipsa, qui tendirent leur domination depuis les bords de la Mouloua jusquaux rives du golfe de Gabs. A ltude du Mdracen, il convient de rattacher celle du monument dit Tombeau de Chrtienne(2), qui lui ressemble beaucoup, mais qui est bien plus mal conserv, du moins lextrieur. (Voir, fig. 21, le plan de ce mausole et, planche VII, la vue de la fausse porte de lest.) Il domine une crte de 260 mtres daltitude, entre Tipasa et Castiglione, au point le plus troit de la chane bordant le littoral louest dAlger. Cest, comme le Mdracen, un cylindre coiff dun cne gradins ; il prsente en outre une base carre peu leve. La hauteur actuelle est de 33 mtres environ ; complet, ldifice devait atteindre 40 mtres. Le diamtre est de 64 mtres. Soixante colonnes engages, dordre ionique, dcorent le
____________________ 1. En tout cas, Syphax na pas pu y tre enterr, puisquil mourut obscurment en Italie. 2. Voir Gsell, Guide archologique des environs dAlger, p. 157-182, avec la bibliographie la fin du volume. Ajouter : De Laurire, mmoire cit page 65, n. 1 ; Playfair, Travels in the footsteps of Bruce in Algeria, p. 25-28, pl. I et II. Il existe aux archives des Monuments historiques, Paris, de beaux relevs du Tombeau de la Chrtienne, par Bourmanc (1878).

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cylindre ; elles portaient un entablement dun profil assez simple. Aux quatre points cardinaux se dressaient de fausses portes, panneaux en forme de trapze, dont les moulures

saillantes imitent par leur disposition une grande croix, enferme dans un cadre. La croix ornementale de la porte du nord, bien conserve et reste visible en tout temps, a donn naissance la dnomination de Kbour Roumia, Tombeau cle la Chrtienne, par laquelle on dsigne dordinaire ce monument.

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A lest, il y avait un avant-corps rectangulaire, qui nest plus reprsent aujourdhui que par un dallage. Lentre, porte basse et troite, jadis forme par trois pierres de taille superposes, se trouve du mme ct, sous la fausse porte, par consquent dans le soubassement et non pas dans le cne gradins, comme au Mdracen. Un petit couloir surbaiss, interrompu par deux dalles-portes qui manuvraient dans des coulisses, conduit un caveau vot, long de 5m, 30, large de 2m, 50, haut de 3m, 50. Sur la paroi de droite, sont sculpts, dune manire assez rudimentaire, un lion et une lionne, se faisant face au-dessus dun nouveau couloir. Celui-ci, aussi bas que le prcdent, tait ferm de mme par une dalle-porte. Aussitt aprs, le plafond se relve, les parois scartent et lon monte par un escalier de sept marches une vaste galerie circulaire, admirablement conserve, longue de prs de 150 mtres. Elle pouvait tre claire par des lampes places de distance en distance dans des niches troites. Elle fait presque tout le tour de ldifice ; mais, arrive proximit de son point de dpart, elle dcrit un coude assez brusque et, se dirigeant ds lors vers le centre, elle aboutit un troisime couloir surbaiss, quune dalle-porte fermait. Au del, on trouve un caveau vot dassez petites dimensions (4, mtres de long sur 1m, 50 de large), qui parait navoir t quune sorte de vestibule, puis un nouveau couloir avec dalle-porte, enfin un autre caveau, plac exactement au milieu du monument. Il mesure 4 mtres de long sur 3 de large et prsente de petites niches droite, gauche et au fond. Le revtement du mausole, les couloirs et les caveaux sont construits en belles pierres de taille, de grandes dimensions

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et trs soigneusement appareilles; elles portent des signes gomtriques de formes diverses, indiquant les diffrents chantiers dans lesquels elles ont t faonnes(1). Le noyau nest quun amoncellement de moellons et de grossiers blocs de tuf, mal relis par un mortier de terre rouge ou jaune. Les indignes ont cherch, plusieurs reprises, semparer des trsors quils croyaient enfouis dans ce tombeau. Au temps o lentre tait encore connue, ils brisrent les portes qui donnaient accs aux diverses chambres et creusrent deux galeries dans le noyau : lune delles a prs de 18 mtres de longueur. Plus tard, au XVIe sicle, le pacha Salah Res tenta dventrer ldifice coups de canon. Enfin, en 1865-1866, Berbrugger et Mac-Carthy dblayrent le quart du pourtour, pntrrent lintrieur par un boyau quils pratiqurent au sud (voir le plan) et explorrent les couloirs et les salles, quils trouvrent vides. Le caveau central tait-il la chambre funraire ? Par sa place au milieu du tombeau et mme par ses dimensions exigus, il rappelle la petite case ossements tablie au cur des spultures indignes. Peut-tre des urnes, contenant les cendres des morts, taient-elles places en ce lieu ; elles auraient repos sur des tables ou des consoles, car les trois niches sont trop troites pour avoir abrit des vases. Il est possible cependant quune autre disposition ait t adopte au Kbour Roumia : dans cette hypothse, la salle du milieu ne serait quune chapelle ou un vestibule, et le caveau proprement dit se trouverait par-dessous, encore inviol. Il aurait t accessible par un puits, quon aurait recombl aprs chaque ensevelissement. On rencontre des amnagements ana____________________ l. Gsell, Bull. Comit, 1899, p. 411-443.

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logues dans des pyramides gyptiennes, spares, il est vrai, du Tombeau de la Chrtienne par une longue srie de sicles. Ce mausole a t manifestement copi sur le Mdracen. La forme gnrale est la mme : lextrieur, cest le mme tambour gigantesque, orn de soixante colonnes grecques et surmont dun cne gradins ; lintrieur, cest le mme amas confus de pierres peine faonnes. Le Kbour Roumia, comme le Mdracen, nest quun grand tumulus africain, recouvert dune riche enveloppe. Mais on constate diverses modifications dans lordonnance architecturale. Le Mdracen, trop bas par rapport son diamtre, parat cras ; le mausole mauritanien, dont le diamtre est peu prs le mme, le dpasse dune vingtaine de mtres : la partie cylindrique, bien plus leve, se dresse sur une large base carre, qui nexiste pas dans le modle. Lornementation extrieure, avec ses chapiteaux volutes, avec ses fausses portes moulures, est moins froide et plus lgante. Au dedans, des votes appareilles surmontent les caveaux et la galerie. Cette galerie circulaire est une innovation(1) : elle a d tre faite pour permettre le dveloppement des processions que lon accomplissait lors des funrailles et, sans doute aussi, lors des ftes anniversaires. Un auteur latin qui vivait vers lpoque de lempereur Claude, Pomponius Mla, mentionne ce tombeau(2) ; il lappelle le monument commun de la famille royale, monumentum commune regiae gentis. Quel souverain le fit lever ? On pense volontiers Juba II, roi de Maurtanie aux environs de notre
____________________ 1. Un des tumulus qui entourent le Mdracen prsente aussi un couloir annulaire : Rec, de Const., XVI, 1873-4, pl. IX. 2. Livre I, ch. VI.

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re, ce Juba qui eut pour capitale la ville voisine de Caesarea (Cherchel), obscure auparavant, qui fut un prince pris de luxe et ami des arts : la grandeur et lclat de cette spulture conviennent bien lide quon se fait de lui. Il faut remarquer quAuguste, mort quelques annes avant le roi Juba, son protg, fut enseveli lui aussi sous un vaste mausole, dont la forme extrieure ntait sans doute pas trs diffrente de celle du Kbour Roumia. Par une concidence qui aurait pu ntre pas tout fait fortuite, un architecte, sinspirant de modles asiatiques, et un autre architecte, levant un monument de tradition purement africaine, auraient fait, presque en mme temps, deux uvres assez semblables. Mais noublions pas que lattribution da Tombeau de la Chrtienne Juba Il reste une simple hypothse(1).
____________________ 1. Il nous parait mme que le style des chapiteaux indique une poque plus ancienne que celle dAuguste. Mais cette observation, qui serait sans doute exacte pour lItalie, pourrait bien ne pas ltre pour lAfrique.

LIVRE II MONUMENTS ROMAINS

CHAPITRE I CONSTRUCTIONS MILITAIRES. OUVRAGES DE DFENSE

En lanne 46 avant notre re, la victoire remporte par Jules Csar Thapsus mit fin la royaut de Juba Ier. Un chef de bandes, lItalien Sittius, avait contribu, par une habile diversion, la dfaite des Numides : cet aventurier et ses compagnons reurent en rcompense Cirta (Constantine) et un vaste territoire autour de cette ville. Lest du dpartement actuel de Constantine tomba sous la domination directe de Rome. En 40 aprs Jsus-Christ, lempereur Caligula fit mettre mort Ptolme et annexa son royaume de Maurtanie : dsormais tout le nord de lAlgrie appartint aux. Romains. Pour protger cette contre contre les incursions des indignes non soumis, le gouvernement imprial tablit une ligne militaire, garde par des camps et des postes plus ou moins importants(1). La frontire ainsi constitue fut dplace plus tard et avance vers le sud. Au dbut du IIIe sicle, elle longeait la lisire mridionale de lAurs, enfermait la rgion des Ziban, au sud-ouest de Biskra, se repliait ensuite vers le
____________________ 1. Cet ensemble douvrages tait destin non seulement dfendre le territoire romain contre des envahisseurs, mais aussi surveiller en temps ordinaire, les contrebandiers.

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nord-ouest, protgeait le Hodna du ct de loccident, arrivait neuf lieues au sud dAumale et, ds lors, couvrait le Tell algrois et oranais, en passant par Boghar, Tiaret, Tlemcen, Lalla Marnia. Une lgion, la III Augusta, et des corps auxiliaires, troupes dinfanterie et de cavalerie, furent chargs de la dfense de lAfrique romaine. Ce fut dabord Theveste (Tbessa) que la lgion eut son camp permanent(1). Vers le commencement du IIe sicle, probablement sous Trajan, elle stablit Lambaesis, o elle resta au moins deux cents ans. De ce point, elle surveillait le massif de lAurs, dont la soumission parait avoir t difficile ; elle gardait une des principales routes naturelles venant du Sahara, celle qui passe par le dfil dEl Kantara ; elle couvrait le pays de Cirta et, en cas de besoin, elle pouvait sans peine se porter vers le nord-ouest, au secours des troupes qui protgeaient la Maurtanie. On a trouv Lambse, 2 kilomtres environ louestnord-ouest du praetorium dont nous parlerons tout lheure, les restes dune enceinte carre, aux angles arrondis, de 200 mtres de ct(2). Le mur, large de 0m, 60, est construit en moellons. Contre les angles et le long des cts, sur la face intrieure du rempart, sont appliques des sortes de demi-lunes en maonnerie, qui limitaient peut-tre des plates-formes sur lesquelles on plaait des machines. Deux portes se distinguent trs nettement louest et lest ; il ny a pas dentre au sud, ni au nord. Ces vestiges reprsentent sans doute le camp que la lgion occupa dabord Lambse(3). En lanne 128,
____________________ 1. Ce camp na pas t retrouv. 2. Le terrain qui porte cette enceinte est inclin en pente douce du sud au nord. 3. Renier, Archives des Missions, I, 1850, p. 636 ; II, 1851, p. 172. Cagnat, lArme romaine dAfrique, p. 502-505. Cagnat et Hron de Villefosse, Bull. Comit, 1899, p. CLII, CXCVI-CXCVIII.

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lempereur Hadrien vint inspecter la III Augusta et, en souvenir de sa visite, on dressa au centre de lenceinte, sur une aire dalle, une grande colonne, dun diamtre de 1m, 85, porte par un pidestal dont le plan avait peut-tre la forme dune croix(1). Sur ce socle, furent gravs des ordres du jour que le prince avait adresss aux troupes de Numidie. Dimportants fragments en ont t retrouvs : on les a transports au Louvre. A Lambse, une autre enceinte a laiss des traces beaucoup plus nettes, et il est certain quelle a dlimit jadis un vaste camp permanent, affect la troisime lgion. Ce camp le mieux conserv sans doute de tous ceux de lempire romain existait dj en lanne 146, ainsi que des inscriptions le prouvent(2) ; peu dannes aprs, sous Marc-Aurle, certaines parties en furent rpares(3). La position, dit M. Cagnat, qui a tudi en dtail le camp de Lambse(4), en est choisie conformment toutes les lois formules par les auteurs militaires anciens, assez leve pour tre trs are et dominer la plaine environnante, assez abrite par les hautes croupes de lAurs pour ne pas craindre les vents brlants du sud, assez dcouverte pourtant pour ne pas tre expose une surprise de lennemi... Les premires pentes de lAurs renferment des sources pures et abondantes, An Drinn et An bon Bennana, captes lpoque romaine, quil suffisait dun petit aqueduc pour amener et faire jaillir, soit dans le camp, soit dans lespace environnant.
____________________ 1. Hron de Villefosse, Strena Helbigiana (Leipzig, 1899), p. 122-128. 2. Gagnat, l. c., p. 505, n. 1. 3. Cagnat, l. c., p. 505, n. 2. 4. L. c., p. 505-545, avec plans et vues. Ce travail dispense de recourir aux tudes antrieures (voir la bibliographie, p. 516-519). Il convient pourtant de citer ici la notice anonyme [elle est de Duthoit], publie par M. Poulle dans le Recueil de Constantine, XXIII, 1883-1884, p. 183-191.

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Le camp de Lambse, tabli sur un terrain sinclinant lgrement du sud au nord, a la forme dun rectangle, aux angles arrondis, exactement orient (voir fig. 22(1)). Il mesure

500 mtres de long sur 420 de large. Le rempart ne se distingue plus gure aujourdhui que par des talus de terre. Il tait construit en pierres de taille et offrait, lintrieur, de distance
____________________ 1. Plan emprunt en partie louvrage cit de Cagnat, p. 521.

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en distance, des plates-formes destines probablement porter des machines de guerre(1). Il y avait une porte sur chaque face, mais celles de lest et

du nord sont seules distinctes aujourdhui. La porte orientale, flanque de deux tours pans coups, consistait en un passage
____________________ 1. Ce sont sans doute ces plates-formes qui sont appeles turres sur deux inscriptions de lpoque de Marc-Aurle (Corpus, 2546 et 2548), moins quil ne sagisse de tours dfendant les portes.

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double, couvert : lune des baies tait rserve aux pitons, lautre servait aux voitures. Les tours qui dfendaient la porte septentrionale sont de forme semi-circulaire; l aussi, lon retrouve deux baies. Une partie du camp est malheureusement couverte par un vaste pnitencier et par le jardin qui en dpend. Les entrepreneurs qui ont construit cet tablissement et le village voisin ne se sont pas fait faute de puiser dans la riche carrire de pierres antiques qui soffrait eux. Il sest commis Lambse des actes de vandalisme irrparables. Il appartient au Service des monuments historiques de veiller sur ce qui reste et de dblayer compltement la partie du camp situe en dehors de la maison de dtention. On reconstituera ainsi un ensemble unique au monde, et on tirera sans doute du sol des documents trs prcieux pour ltude des institutions militaires romaines. Deux voies dalles, se coupant angle droit, ont leurs points de dpart aux quatre portes. A leur intersection ( 143 mtres de la porte du nord), se trouve le quartier gnral du chef de la lgion. En rgle, cette partie des camps romains comportait une grande cour, autour de laquelle tait disposes diffrentes salles : appartements du commandant, bureaux, chapelles consacres au culte, etc. A Lambse, une ruine imposante se dresse au croisement des deux chausses(1). Nous en donnons le plan (fig. 23) et deux vues, lune prise du nord (pl. VIII), lautre du sud-est (pl. IX). Depuis Renier, on lappelle le praetorium. En ralit,
____________________ 1. Le praetorium a t souvent reproduit. Il suffira de citer ici les quatre vues publies dans le livre de M. Cagnat (planches la page 326) et celle qui se trouve dans lHistoire des Romains de Duruy, V, p. 23.

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cet difice tait seulement une des parties, la partie antrieure(1), de lensemble des btiments rservs au commandement : quant au mot praetorium, il dsignait, chez les Romains, le logement particulier du gnral.

Cest une construction rectangulaire, de 30m, 60 de long sur 23m, 30 de large, perce de plusieurs portes cintres, de dimensions diverses. Deux sries superposes de pilastres dcorent les parois extrieures ; ils taient prcds de colonnes dordre corinthien(2), qui portaient un entablement se dcrochant de lentablement des murs : cette ordonnance rappelle celle dun certain nombre darcs de triomphe africains. Les clefs des arcades prsentent pour la plupart de mauvaises sculptures : une Victoire, un Gnie coiff dune couronne tourele et tenant une corne dabondance et une patre, une maintenant une couronne, un aigle, une enseigne avec le nom de la lgion III Augusta, etc. Lentre principale du nord est flanque de deux niches arrondies, qui abritaient sans doute des statues. Au dedans, la vaste salle tait probablement divise en trois nefs par des supports dont on a retrouv les soubassements. Il est croire que cet espace intrieur tait recouvert dune toiture, bien que les fouilles naient pas clairci la question avec certitude. Une inscription(3), dont quelques bribes subsistent sur la face nord, date probablement du rgne de lempereur Gallien et de lanne 268. Elle devait commmorer la construction ou la restauration de ldifice. On a suppos avec quelque vraisemblance que les travaux excuts en 238 eurent pour objet de rparer les dommages
____________________ 1. Plus exactement, ldifice central de la partie antrieure. 2. Plusieurs colonnes sont encore en place. 3. Corpus, VIII, 2571 = 18057.

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causs, lanne prcdente, par un violent tremblement de terre(1). Cette salle ntait pas isole. A droite comme gauche, on distingue des amorces de constructions. Au sud-est, il y avait plusieurs salles parallles, larges en moyenne de 3 mtres, longues de 6m, 20. Une cour, flanque de divers btiments, stendait sans doute au sud. A une distance de 40 mtres de la salle, elle tait coupe transversalement par deux degrs et sexhaussait, par consquent, dune quarantaine de centimtres ; 12 mtres plus loin, elle se terminait au pied de la terrasse dont nous allons parler(2). Des fouilles permettraient peut-tre de dterminer les dispositions de cette cour et la manire dont elle communiquait avec la terrasse. La vritable destination des btiments que lon rencontre plus au sud, et un niveau suprieur de 1m, 60 celui du fond de la cour, a t fixe par les recherches de M. Besnier, en 1897-1898(3). Il y a, en cet endroit, toute une srie de chambres (scholae), de forme rectangulaire, dont plusieurs sont termines par une abside (voir fig. 24 et planche X). Elles servaient de locaux pour les runions des collges forms par les sous-officiers de la lgion et chacune delles contenait le rglement du collge auquel elle tait affecte. Ctaient, en mme temps, des chapelles o lon clbrait le culte des empereurs et des divinits spcialement adores par les soldats. Deux pices taient des salles darchives. Par devant, rgnait un portique colonnes, prcd dune esplanade, qui tait borde au nord, du ct de la cour, par un
____________________ 1. La facture des chapiteaux et des sculptures indique, en effet, une basse poque. 2. Les degrs, comme la terrasse, rachetaient la diffrence de niveau rsultant de linclinaison du sol. 3. Mlanges de lcole de Rome, XIX, 1899, p. 199-258.

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mur de soutnement. Des statues se dressaient en avant des colonnes. Ces constructions remontent lpoque de Septime-Svre (au dbut du IIIe sicle), sauf le btiment central, qui parat tre plus ancien. Il comporte un sous-sol, divis en cinq compartiments vots, ctait sans doute l quon gardait le trsor de la lgion et les pargnes des soldats, et une salle suprieure, dalle, qui abritait un autel, auprs duquel on devait dposer les enseignes. Plus tard, cette salle fut munie dune abside et servit peut-tre aux runions du collge des options, les plus levs en grade des sous-officiers. Quels taient les autres difices qui slevaient lintrieur de lenceinte ? Des fouilles ultrieures nous lapprendront. Il ne faut pas oublier qua partir du rgne de SeptimeSvre, la plupart des lgionnaires logrent hors du camp : ce prince permit aux soldats dhabiter avec les femmes quils prenaient pour matresses. Mais il y avait videmment, dans le camp de Lambse, des arsenaux, des bureaux divers, des magasins, des curies, un hpital, une prison, etc. Le seul monument important quon y ait dblay, outre ceux qui viennent dtre dcrits, est un tablissement de bains, situ au sud-est des scholae(1) (en voir le plan, fig. 25). Ces thermes, dgags partiellement en 1862 et en 1865, couvraient une surface denviron 2.000 mtres carrs. Ils paraissent dater de lpoque de Septime-Svre(2). On y a trouv de menus
____________________ 1. Cherbonneau, Annuaire de Constantine, 1862, p. l 141-142. Barnond, Recueil de Constantine, X, 1866, p. 244-248, pl. XXVII-XXVIII. Cagnat, Guide de Lambse, p. 42-43. Id., lArme romaine, p. 536-538, avec un plan. Beury, Rec. de Constantine, XXVIII, 1393, p. 96-97. La plupart des camps contenaient des thermes. Une inscription trouve Pomaria (Tlemcen) mentionne le balneum castrorum : Corpus, 9908. 2. Conf. Wilmanns (trad. Thnedat). Bull. des antiq. afric., I, 1882-3, p. 239.

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fragments de peintures(1), qui revtaient certaines parois, ainsi que des pavements en mosaque, aujourdhui presque entirement dtruits. La partie fouille(2) prsente deux salles (frigidaria), avec des piscines pour les bains froids, plusieurs

grandes pices (tepidaria), que lon chauffait une temprature modre pour mnager la transition entre le bain chaud et le bain froid ; une salle circulaire, jadis route, qui servait
____________________ 1. Beury parle d une fort belle tte de Neptune avec ses emblmes , qui dcorait une des niches de la salle circulaire, situe au milieu des thermes. 2. Le plan ci-contre est la reproduction (avec quelques corrections) du plan qua donn M. Cagnat et qui a t copi sur celui de Barnond. Il prsente plusieurs inexactitudes, fort lgres, il est vrai. Certaines parties (au nord) ne sont plus visibles aujourdhui. Explication de la lgende : aa, entres; bb, frigidaria ; cc, piscines eau froide ; dd, ee, salles, avec hypocaustes (tepidaria) ; f, laconicum (?), avec hypocaustes ; g, caldarium, avec hypocaustes; hhh, baignoires pour les bains chauds ; i-i, salles de service, vestiaires, couloirs. Des lignes en pointill entourent lensemble des salles hypocaustes.

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probablement dtuve (laconicum) ; une salle rectangulaire (caldarium), munie de trois piscines pour les bains chauds, etc. La mosaque dun des tepidarica offrait, au milieu de motifs ornementaux, deux mdaillons avec les bustes du Soleil et de la Lune. Une autre mosaque intressante et dune belle facture a t dcouverte, il y a environ un demi-sicle, dans la partie occidentale du camp. Ce pavement, quon a beaucoup endommag, est insuffisamment protg par une baraque slevant dans le jardin de la maison de dtention. Il reprsente Bacchus et les quatre Saisons. Telles sont les parties actuellement connues du grand camp de Lambse. Sur la frontire militaire, furent construits des camps permanents, qui taient, en quelque sorte, des rductions de celui de la lgion. Ils taient occups par des corps de troupes qui donnaient parfois leur nom au lieu o ils tenaient garnison. Nous citerons, parmi ces places darmes(1), celles de Besseriani et de Bnian, dont le plan est encore bien distinct. Besseriani (Ad Majores) se trouve 115 kilomtres au sudouest de Tbessa, lun des angles de lnorme massif montagneux qui spare le Sahara des rgions leves de Tbessa, de Khenchela, de Timgad, de Lambse. La citadelle romaine(2),
____________________ 1. Pour dautres restes de places romaines la frontire, consulter Cagnat, l. c., p. 565 et suiv. Voir en particulier ce qui est dit de Taddert, au sud de lAurs (p. 565) ; dOurlal, sur loued Djedi (p. 590-592) ; de Tiaret, o lon distinguait, il y a soixante ans, un castellum romain, englob par la suite dans des fortifications plus vastes (p. 651-652) ; de Sidi Ali Ben Youb, aujourdhui Chanzy (p. 618); de Lamoricire (p. 619) ; de LalIa Marnia, (p. 620, note 2 ; conf. Revue africaine. II, 1857-1858 ; p. 3). Au del mme de la frontire, il y avait encore des forteresses isoles : il nest pas sr cependant quelles aient t occupes par des troupes rgulires. Voir, par exemple, les descriptions de celles de Bnia et de loued Ouerq, au sud-est et au sud-ouest de Tniet : Cagnat, l. c., p. 652 ; Joly, Bull. Comit, 1898, p. 188-191. 2. Baudot, Recueil de Constantine, XVII, 1875, p. 122-126 et pl. XV. Cagnat, l. c., p. 563-565.

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place lentre du dsert, barrait un des passages qui souvrent travers ces montagnes et dominait la plaine environnante dune cinquantaine de mtres. Elle fut leve au temps de Trajan, lorsque la frontire de la Numidie fut porte du nord de lAurs la lisire du Sahara. Lenceinte, en pierres de taille, forme un rectangle de 170 mtres de long sur 100 mtres de large, flanqu chacun de ses angles par une tour carre qui fait saillie lextrieur. Sur chaque face souvrait une porte. Celle de lest, qui subsiste, est une longue vote en pierres normes, sans pieds-droits, mesurant 3m, 50 de hauteur. Elle tait surmonte dune belle inscription, couvrant quatre blocs, dont lun est encore en place : ctait une ddicace Trajan, grave en 104 ou 105, par les soins de L. Minicius Natalis, lgat de la lgion III Augusta(1). Une inscription semblable ornait la porte mridionale, en face du Sahara(2). Auprs de cette place darmes, sleva peu peu une ville, qui parvint au rang de municipe. Bnian est situ dans le dpartement dOran, environ 35 kilomtres sud-sud-est de Mascara, un peu en de de la ligne frontire qui parat avoir t constitue par SeptimeSvre au sud de la province de Maurtanie Csarienne. Le camp permanent quon tablit en ce lieu(3) fut occup par lala miliaria et dsign sous le nom mme de ce corps de cavalerie. Cest un carr de 240 mtres de ct, protg sur deux de ses faces par le lit dune rivire (voir le plan, fig. 26). Le rempart, marqu partout par un fort talus, affleure le sol en beaucoup dendroits ; il est form de deux murs accols : un mur
____________________ 1. Corpus, VIII, 2478 = 17969. 2. Ibid., 2479 = 17971. 3. La Blanchre, Archives des Missions, 3e srie, X, p. 66-67 et pl. V. Cagnat, l. c., p. 649. Gsell, Fouilles de Bnian (Ala Miliaria), publication de lAssociation historique de lAfrique du Nord, p. 8-9.

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extrieur, en pierres de taille, et un autre, par derrire, en moellons. Sur les fronts de louest et du sud, on reconnat encore les emplacements de deux portes, dfendues par des tours rondes de 5 mtres de diamtre. A lintrieur, un grand nombre de blocs taills jonchent le sol : ils ont appartenu des btiments dont le plan nest plus net et qui, pour la plupart,

sont sans doute dune basse poque. Seule, une basilique chrtienne attire les regards ; nous en reparlerons au livre III. A Bnian, comme Besseriani et en bien dautres lieux, des habitations slevrent prs du camp et formrent une ville, qui, au Ve sicle, avait des vques(1). Ces camps permanents, ou plutt ces citadelles de la fron____________________ 1. Un autre camp de la frontire militaire de Maurtanie se distingue nettement Tagremaret, peu de distance lest de Bnian. Il sappelait Cohors Breucorum, du nom de la troupe qui loccupait. Il mesure 145 mtres de long sur 90 de large, et prsente une tour ronde chaque angle : La Blanchre, l. c., p. 69-70 et pl. VII, fig. 1 : Cagnat, l. c., p. 649-650.

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tire, taient relis par des fortins, des tours, des postes-vigies do lon faisait, en cas de besoin, des signaux tlgraphiques. Des constructions militaires analogues furent bties, diverses poques, lintrieur des provinces, sur des points ayant une importance stratgique particulire, le long de certaines grandes voies ou proximit de pays dont la soumission restait douteuse(1). On voit, par exemple, une de ces forteresses Ksar Sbhi (Gadiaufala), au sud-est de Constantine, dans une belle position militaire, dominant limmense plaine des Harakta, et lentre dun troit passage qui donne accs un pays montagneux, parcouru par loued Cherf et ses affluents. Il y avait l un nud important de routes, que la forteresse surveillait. leve sur une croupe rocheuse, 200 mtres lest du col, elle mesure 66m, 40 de long, sur 58 mtres environ de large. Chacun des angles offre une tour carre, saillante, de 10 mtres de ct. On distingue les traces dune autre tour au milieu des faces ouest et est, et de deux sur la face sud(2). La construction est excellente et indique une haute poque. Les pierres, presque toutes bossage, ont jusqu 1m, 50 de longueur
____________________ 1. Voir dans Cagnat, l. c.. p. 567 et suiv., passim, des renseignements sur ces ouvrages militaires. Je citerai ici quelques forteresses que je crois dpoque romaine : Torrebaza, au sud-ouest de Tbessa (Cagnat, p. 584-585). Ksar Tbinet, prs de Tbessa : fort romain qui surveillait une des routes de Theveste Mascula ; il fut plus tard transform en huilerie. Henchir Mghott, dans la rgion de Guelma : forteresse de 55 mtres de ct, flanque aux angles de quatre tours carres, non saillantes, et prsentant louest une porte entre deux autres tours ; elle fut remanie une basse poque (conf. Vigneral. Ruines romaines du cercle de Guelma, p. 30 et pl. V ; Bernelle, Recueil de Constantine, XXVII, 1892. p. 62). Ksar mta bent es Soltan, en Kabylie (Cagnat, p. 632). Ksar Chebel, ibid. (Cagnat, p. 633-634). Ksar Kebbouch, ibid. (Cagnat, p. 634-635). Forteresse prs de Bordj Mnael, ibid. (Vir, Recueil de Constantine, XXXII, 1898, p. 41). 2. La face nord, entirement dtruite, devait prsenter la mme disposition.

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et forment des assises de 0m, 35 0m, 60, dune trs grande rgularit. Malheureusement, cette citadelle a servi de carrire aux Byzantins, lorsque, sous Justinien, ils tablirent une forteresse dans le col mme, de manire barrer compltement le passage(1). Nous navons mentionn jusquici que des ouvrages militaires officiels, excuts par les soins du gouvernement imprial et confis la garde de troupes rgulires. Mais ces constructions dfensives ne suffirent pas, surtout en Maurtanie, pour garantir aux provinciaux une complte scurit. Soit de leur propre initiative, soit sur linvitation des princes et des gouverneurs, qui leur prtrent un appui matriel, ils prirent des mesures pour se protger contre des razzias de pillards et contre des insurrections subites. Un grand nombre de villes sentourrent de remparts. Les archologues qui ont parl de ces enceintes ne se sont pas attachs, dordinaire, reconnatre leur date, distinguer les murailles indignes et byzantines des murailles romaines(2) ; du reste, cette distinction est souvent difficile faire. Dune manire gnrale, on peut dire que presque toutes les villes de la Maurtanie furent fortifies lpoque romaine ; au contraire, en Numidie, o les rvoltes et les incursions des barbares taient moins craindre, la plupart des villes restrent ouvertes(3).
____________________ 1. Conf. Gsell. Recueil de Constantine, XXXII, 1898, p. 267-268. 2. Aussi jugeons-nous inutile de donner ici une bibliographie, 3. A Guelma, on a signal des restes dune enceinte romaine, avec une tour circulaire, ainsi que dune citadelle, pourvue de tours carres, qui fut incorpore plus tard dans la place forte byzantine (Ravoisi, Exploration, II, p 20, 27 ; pl. 23 ; Grellois, Mmoires de lAcadmie de Metz, XXXIII, 18511852, 1re partie, p. 273). Tout cela a disparu. Il en est de mme des vestiges de remparts romains qui existaient Constantine : muraille avec une tour

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Les murailles ont t construites de diverses manires. Ainsi, celles de Rapidum, dont nous allons parler, et dautres cits de la mme rgion sont en pierres de taille. Sur le littoral de la Maurtanie, les enceintes sont presque partout en moellons, trs fortement ciments, avec deux parements en pierres de petit appareil. Dans le Tell oranais, on na souvent employ que des moellons bruts, lis simplement avec de la boue ou un dtestable mortier(1). Nous ntudierons ici que quelques-uns de ces remparts. Le plus intressant est peut-tre celui de Rapidum. (Sour Djouab), 27 kilomtres louest dAumale(2). La ville antique couvrait environ 15 hectares ; elle slevait au milieu dune plaine, sur un dos de terrain inclin vers le midi, et bord au sud et au nord par deux ruisseaux, fosss naturels utiles la dfense (voir le plan, fig. 27). Rapidum, qui se trouvait sur la grande route militaire reliant Auzia (Aumale) la valle du Chlif, fut, au Ier et au IIe sicle, un des postes de la plus ancienne frontire de la Maurtanie. Il y avait l une garnison, forme, comme lindiquent plusieurs pitaphes, de soldats de la deuxime cohorte des Sardes, peut-tre aussi de cavaliers dune aile de Thraces. Des vtrans stablirent
____________________ semi-circulaire, sur le ct nord-ouest du Capitole (Ravoisi, I, p. 16 et pl. 6 ; Delamare, pl. 119) ; tour dite Bordj Assous, louest de la ville (Ravoisi, I, p. 16 ; Delamare, pl. 155 ; Revue africaine, IX, 1865, p. 147). 1. Par exemple a Aquae Sirenses (Hammam bou Hanfia) : La Blanchre, Archives des Missions, 3e srie, X, p. 38 et 65. 2. De Caussade, Mmoires de la Socit archologique de lOrlanais, I, 1851, p. 249-250. Berbrugger, Revue africaine, IV, 1859-60, p. 47-59, 94104. Id., Recueil de Constantine, XXVIII, 1893, p. 105. Chabassire, Revue africaine, XIII, 1869, p. 313-318, 454-458, avec plans et dessins. Masqueray, Bulletin de correspondance africaine, I, 1882-3, p. 206-220 et plan ; II, 1884, p. 66-73. Bull. de la Socit de gographie dOran, 1890, pl. a la page 164. Cagnat, lArme romaine dAfrique, p. 610-615. Robert, Revue africaine, XL, 1896, p. 299-303.

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auprs du camp. Une tribu maure tait aussi fixe en ce lieu. Deux inscriptions, recueillies aux portes occidentale et orientale de lenceinte, nous apprennent que les vtrans et les indignes africains habitant Rapidum levrent leurs frais,

mais pourtant avec le concours du gouverneur de la province, un mur en pierres de taille, destin protger leurs demeures(1). Ce fait se passa en lanne 167 de notre re, sous Marc____________________ 1. Ephemeris epigraphica, V, 955 et 1302: velerani et pagani consistentes apud Rapidum murum a fundamentis lapide quadrato extruxerunt.

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Aurle et Lucius Verus. Le centre urbain de Rapidum fut ainsi dfinitivement constitu. Rapidum devint plus tard un municipe romain, sans doute dans la premire moiti du IIIe sicle, aprs que la frontire militaire et t porte plus au sud. Des rebelles la prirent et la dvastrent, probablement lors de la grande insurrection qui troubla cette partie de la Maurtanie entre 253 et 260. Diocltien et Maximien, dit une inscription dcouverte la porte orientale, la firent rdifier depuis ses fondations et lui rendirent son ancien aspect(1). Cest peu prs tout ce que lon sait sur lhistoire de cette ville. Lenceinte, de forme irrgulire, est assez bien conserve, surtout au nord et lest : certains endroits, elle slve encore 4m, 50 au-dessus du sol actuel (voir planche XI). Elle est construite en grandes pierres de taille, disposes par assises rgulires, de 0m, 50 0m, 75 de hauteur ; lpaisseur du mur est de 0m, 50 0m, 70. Il est probable que ce rempart est celui qui fut bti au temps de Marc-Aurle. Les travaux excuts sous Diocltien durent le remettre en tat ; on y trouve un grand nombre de pierres qui attestent dimportantes restaurations, faites avec des matriaux de dmolition : morceaux darchitecture, pierres
____________________ 1. Ephem. epigr., V, 956: Municipium Rapidense ante plurima tempora rebelliurn incursione captum ac dirutum at pristinum statum a fundamentis restituerunt.

94 LES MONUMENTS ANTIQUES DE LALGRIE bossage, dbris de pressoirs et de portes. En arrire du mur, il y avait, semble-t-il, une terrasse large de 3m, 50, qui formait le chemin de ronde : cette disposition se reconnait encore assez nettement sur plusieurs points, particulirement au nord. Les abords de la ville taient surtout accessibles du ct de lest. Aussi, pour renforcer la dfense, avait-on tabli sur cette face plusieurs tours rectangulaires, faisant saillie eu avant du mur. Les deux portes qui souvraient louest et lest ont t dgages par M. Choisnet, en 18821883(1). Celle de louest (fig. 28 et planche XII) se compose dun hmicycle de 6m, 90 de diamtre et, en arrire, dun passage rectangulaire, large de 4m, 60. Deux pilastres, base moulure, se dressaient lentre de la partie rectangulaire et devaient porter une arcade(2) ; par derrire ces pilastres, on voit les trous dans lesquels senfonaient les gonds des vantaux de fermeture. La porte orientale (fig. 29) est dune architecture plus simple. Cest un couloir rectangulaire, de 6 mtres de long sur 4m, 70 de large, rtrci chacune de ses extrmits par deux piedsdroits qui encadraient jadis une baie cintre. Ceux de la premire baie ont des bases moulures, derrire lesquelles sont creuss les trous pour les gonds des vantaux. Rien nindique que cette porte ait t flanque de tours.
____________________ 1. Peut-tre y avait-il une autre porte au sud. Elle na pas laiss de traces bien distinctes. 2. Il y avait, sans doute, une autre arcade lextrmit oppose de ce court passage, qui devait tre surmont dune toiture. Lhmicycle tait, au contraire, ciel ouvert.

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Intrieurement, la ville tait divise en trois quartiers, spars par des murailles qui paraissent dater dune poque assez basse, peut-tre de la restauration de Diocltien. Cette disposition avait lavantage de faciliter la dfense. Aprs la prise dun quartier, les assigs pouvaient se rfugier dans le quartier voisin : lennemi avait ainsi, pour prendre Rapidum, trois places fortes enlever successivement. Le quartier suprieur, au nord, tait protg par un rempart un peu moins fort et dune construction moins soigne que lenceinte de la ville, mais muni de tours carres. Vers le milieu, une porte souvre entre deux tours ; elle tait prcde de deux colonnes (fig. 30). La muraille qui spare le quartier du sud de celui de lest, prsente aussi une porte ; dfendue par deux tours. En arrire des pieds-droits, base moulure(1), qui encadrent la baie, on remarque, comme aux deux portes de la ville, des trous pour les gonds des vantaux (fig. 31). En dehors de lenceinte, au nord-est, de nombreux dbris de constructions paraissent indiquer lexistence dun faubourg assez important(2).
____________________ 1. Ces bases sont des remplois. 2. Plusieurs villes romaines de la rgion de Sour Djouab taient entoures dune enceinte analogue celle que nous venons de dcrire. Pour Aoun Bessem, voir Cagnat, lArme romaine, p. 629-630 (le rempart, aujourdhui compltement dtruit, ntait pas antrieur, semble-t-il, la fin du IIIe sicle). Pour Aumale, voir Shaw, Voyages dans la Barbarie (traduction franaise publie la Haye en 1743), I, p. 101 ; Berbrugger, Recueil de Constantine, XXVIII, 1893, p. 112 ; Cagnat, l. c., p. 610 (il ne reste rien de ce rempart). A Sidi Hamza, 4 kilomtres dAoun Bessem, il y avait une ville dune superficie de 34 hectares, entoure dune muraille de forme irrgulire, avec

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La ville forte appele la Kalaa (prs de Renault, dans la rgion du Dahra(1)) est situe sur une troite crte, presque inaccessible au nord et au sud et difficilement abordable louest. Les ruines, trs confuses, couvrent un espace denviron 1.000 mtres de longueur sur 250 300 de largeur. Du ct du levant, on distingue les restes de deux remparts, peu prs parallles. Le premier, pais de 3m, 50, est bti en moellons, lis par un mortier trs peu consistant. Il prsente de distance en distance des tours rectangulaires, de 4m, 50 de front et de 2m, 50 de saillie. Les vestiges dune porte apparaissent nettement dans la partie mridionale. Le second rempart, qui est spar de lautre par un intervalle de 150 200 mtres, na que 2 mtres de large ; il est constitu par deux parements en pierres de taille assez grossires, encadrant des amas de moellons : il semble appartenir une poque plus rcente. La face occidentale tait protge par un mur semblable au premier rempart de lest. Vers lextrmit sud, souvrait une porte, flanque de chaque ct dune paire de tours carres.
____________________ des tours ; une citadelle carre, offrant galement des tours, slevait au point culminant, louest : Grenade Delaporte, Revue africaine, XXXIII, 1889, p. 254-255 ; Bulletin de la Socit dOran, 1890, pl. la page 164. 1. Au nord du Chlif. Voir quelques indications donnes sur cette Kalaa dans le Bull. du Comit, 1888, p. 98-99. Une autre ville fortifie de mme type se trouve peu de distance (ibid., p. 97-98).

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Il ny a de muraille que sur une partie de la face septentrionale ; la face mridionale, qui est pic, en est tout fait dpourvue. Sur ces deux cts, les habitants avaient mnag, le long des flancs de la crte qui porte la ville, des sentiers donnant accs deux entres secondaires (la planche XIII reproduit lentre du sud). Non loin de l, on remarque, au nord

comme au sud, un poste-vigie, entirement taill dans le roc, do lon pouvait surveiller les environs : un couloir, offrant une srie de marches(1), conduit un petit rduit o se tenait le guetteur; une fentre a vue sur la campagne. Quelques villes du littoral de la Maurtanie montrent
____________________
1. Ce couloir parait avoir t ciel ouvert dans la vigie sud. Au nord, il tait surmont dune vote mnage dans le rocher.

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aussi les ruines, souvent importantes, des enceintes derrire lesquelles elles sabritaient. Tipasa, entre Alger et Cherchel, tait un vieux comptoir phnicien, qui se dveloppa beaucoup sous la domination romaine. La ville, qui couvrait dabord un promontoire, stendit, dans la plaine environnante et sur deux collines situes peu de distance de ce promontoire, louest et lest. A une poque quil est difficile de prciser, peut-tre vers la fin du IIe sicle ou dans le cours du IIIe, on lentoura dun rempart, long denviron 2.200 mtres, dont le trac est facile reconnatre(1). Il est construit en moellons, noys dans un ciment trs dur, avec des revtements en petit appareil, et mesure 1m, 60 de largeur ; il devait tre haut de 7 9 mtres. Il tait sans doute couronn dun chemin de ronde, bord de crneaux. Des tours rectangulaires (voir fig. 32) se dressaient des distances variables, voisines les unes des autres sur les points exposs, plus espaces ailleurs. On montait aux parties suprieures par des escaliers appliqus contre les tours et le long de la muraille. Les deux extrmits du rempart, au-dessus de la mer, les angles quil formait en divers endroits, les abords des portes taient dfendus par des tours rondes. La disposition de la porte de louest est encore assez nette (voir planche XIV). Derrire deux grosses tours, distantes de 19 mtres, sallongeaient deux ailes courbes, ornes de colonnes et termines par des tourelles, entre lesquelles passait la route de Caesarea. En 371 ou 372, cette enceinte rsista aux assauts furieux du rebelle Firmus, qui avait pu semparer des villes voisines. Mais elle fut sans doute renverse, au sicle suivant, par les
____________________ 1. Gsell, Mlanges de lcole de Rome, XIV, 1894, p. 324-329 et pl. V. Conf. Gsell, Guide archologique des environs dAlger (Alger, 1896), p. 109-111.

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Vandales craignant des rvoltes, leur roi Gensric fit abattre les remparts de la plupart des cits romaines dAfrique. A Tipasa, on peut constater, et l, que la muraille a t entaille des deux cts prs de la base, puis culbute laide de puissants leviers. Les ruines de Ziama (dans lantiquit Choba) se trouvent dans une rgion trs peu frquente, sur le littoral entre Bougie et Djidjelli. L aussi, le rempart est assez bien conserv pour pouvoir tre tudi dans presque tous ses dtails(1). Il est bti en blocage, avec deux parements en pierres de petit appareil, dune taille rgulire et dune construction soigne. La muraille a, en moyenne, un mtre dpaisseur. Elle est paule, sur la face intrieure, par une srie de contreforts, distants de 2m, 30(2). Des arcades les reliaient et supportaient le chemin de ronde ; plusieurs dentre elles sont encore en place au sud et slvent une hauteur de 5 mtres sous clef. De nombreuses tours, loignes les unes des autres de 30 50 mtres, interrompent la courtine, en formant au dehors des saillants quadrangulaires ou arrondis ; on y pntrait, au rez-de-chausse, par une petite porte. Au point culminant de lenceinte, au sud, nous avons distingu une tour matresse circulaire, de 7 mtres de diamtre. Il ne subsiste aucune trace certaine des escaliers qui donnaient accs au chemin de ronde : peut-tre taient-ils en bois. Il est galement impossible de dterminer aujourdhui lemplacement des portes(3).
____________________ 1. Gsell, Bull. Comit, 1899, p. 444-446. 2. Il y a aussi des contreforts au rempart de Tubusuctu (au sud-ouest de Bougie). Mais ils paraissent avoir t tablis aprs coup. Voir Fraud, Revue africaine, II, 1857-1858, p. 305 ; Vigneral. Ruines romaines de la Kabylie du Djurdjura, p.119. 3. Des vestiges de remparts analogues ceux de Tipasa et de Ziama, mais bien moins distincts, existent dans plusieurs villes de la cote Maurta-

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Les grands propritaires imitrent lexemple des municipalits. Les villas quils habitaient au milieu de leurs domaines, prirent souvent laspect de vritables chteaux forts. Tel tait le castellum, dont les restes se voient au Nador,

entre Cherchel et Tipasa, 9 kilomtres et demi de cette dernire ville(1) (plan, fig. 33 ; vue de la porte, fig. 34). De forme presque carre, il mesure un peu plus de 50 mtres de long
____________________ nienne. Pour Cherchel voir De Verneuil et Bugnot, Revue africaine, XIV, 1870, p. 132-133 ; Gsell, Guide archologique, p. 62-63. Pour Alger, Gavault. Revue afric., XXXI, 1887, p. 158-160. Pour Dellys, Gavault, Bull. Comit, 1895, p. 132. Pour Tigzirt,Gavault, tude sur les ruines romaines de Tigzirt, p. 105-107. Pour Bougie. Lapne, Vingt-six mois Bougie, p. 18. Une enceinte de mme type entourait la ville qui slevait Hammam Righa ; elle a t presque entirement dtruite : voir Berbrugger, Revue afric., VIII, 1864, p. 349. 1. Gsell, Mlanges de lcole de Rome, X1V, 1864, p. 427-429.

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sur 43 de large. La. muraille, paisse de 0m, 70, est en blocage, avec des revtements en petit appareil. La faade se termine par deux grosses tours rondes ; elle offre au milieu une porte monumentale, en pierres de taille, qui slve encore 6 mtres au-dessus du sol. Cette baie cintre est flanque de deux tours carres. Laspect gnral du btiment est celui dune forteresse officielle(1) ; cependant linscription qui se lit au-dessus de lentre prouve que nous sommes ici en prsence dune demeure particulire. Le propritaire sappelait M. Cincius Hilarianus, flamine perptuel : ce personnage devait vivre au Ille ou au IVe sicle de notre re(2). Le castellum de Kaoua(3), situ dans la province dOran, 14 kilomtres lest dAmmi Moussa, est mieux conserv et prsente des dispositions plus intressantes; il a t fouill, en 1805 par un officier, Marchand. Ce nest, dire vrai, quune grande maison, du type le plus usuel dans lAfrique romaine(4) ; mais cette maison est btie avec des matriaux trs rsistants et entoure dune enceinte, de manire pouvoir au besoin soutenir un sige. Elle slve sur une colline aux pentes assez raides, do lon domine la valle dun affluent de loued Riou, le Sensig. Lenceinte, de forme polygonale, mesure environ 300
____________________ 1. Des archologues qui ont vu cette ruine, pensent mne quelle tait, sous le Haut-Empire, une forteresse occupe par un dtachement de troupes rgulires ; plus tard, elle serait devenue une proprit prive. Je ne pense pas que cette opinion soit exacte. Le mode de construction indique une assez basse poque. 2. Une autre construction de mme genre se voit dans le voisinage de Tipasa : Gsell, l. c., p. 426. 3. La Blanchre, Archives des Missions, 3 srie, X, p. 116-118. Cagnat, lArme romaine, p. 679-680. Demaeght, Bull. dOran, 1887, p. 276277. Marchand, ibid., 1895, p. 209, 218-220. 4. Voir plus loin, au chapitre XII.

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mtres de dveloppement ; elle est en mauvais tat et ne se distingue trs nettement qu louest et au sud. La porte se trouve au midi ; elle est large de 2m, 50 et prsente des chasse-roues. Aprs lavoir dpasse, on pntre dans un couloir, long de quelques mtres et termin par une seconde porte semblable. Il y avait donc l un double obstacle, que les assaillants devaient franchir. Dans le couloir, deux passages latraux mnent des constructions confuses, parses en arrire de lenceinte, et qui taient sans doute des communs. De la seconde porte, une longue avenue, coupe par des marches basses, monte vers la maison proprement dite. Celle-ci mesure environ 40 mtres de ct (vue de la faade, planche XV). Les murs de clture sont debout sur quelques points jusqu une hauteur de 9 mtres. pais dun mtre, ils ont deux parements accols : le parement extrieur est form par des pierres de taille, qui offrent des bossages dans les assises les plus basses ; lautre parement est en moellons. Au dedans, les murs sont construits soit en pierres de taille, soit en blocage avec des chanes en pierre ; quelques parties sont en briques. La maonnerie est mdiocre et lon constate des irrgularits assez choquantes dans la pose des assises. Tout cela sent la dcadence. Lentre souvre au fond dune petite cour, resserre entre deux tours carres et dcore de colonnes engages (voir fig. 35). Le portail est cintr ; larcade et les impostes prsentent des ornements relief plat : tresses, pirouettes, rubans onduls, etc. On y voit aussi deux monogrammes chrtiens de la forme dite constantinienne, en usage au IVe sicle(1). Sur la
____________________ 1. Un monogramme semblable est trac au-dessus dune des portes intrieures.

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clef de larcade, une couronne sculpte enferme linscription : Spes in Deo Ferini(1) ! Amen ! Ce Ferinus tait videmment le propritaire du lieu. Le portail donne accs un vestibule dall. A droite, on rencontre deux salles troites, pourvues de ranges de cuves, quabritent de petites niches. Ctaient des cuisines ou des offices plutt que des curies, car il aurait t difficile dy loger commodment des chevaux(2). Sur une des parois, est sculpt un vase deux anses. A gauche, souvre un second vestibule, donnant : 1 sur un escalier qui conduisait un tage, au-dessus de la partie antrieure de la maison ; 2 sur un appartement compos de trois pices ; 3 sur la cour intrieure dont nous allons parler. Cette cour, qui communiquait galement avec le premier vestibule par une porte basse, mesure 16 mtres de largeur. Elle tait borde sur ses quatre cts par des portiques, que soutenaient des colonnes ou des piliers octogonaux. Les chapiteaux, lourds et grossiers, sont dun ordre corinthien trs dgnr ; entre les feuillages, on a parfois sculpt des chevaux, des rosaces, des palmes. Sous lespace qui tait ciel ouvert, se trouvent deux grandes citernes. Des baies sont mnages dans les murs des portiques et donnent accs divers appartements, tablis sur les flancs et au fond de la cour. Sur chacune de ces trois faces, on distingue une grande salle ; celle de gauche prsentait par devant une colonnade. A droite, le montant dune porte offre une sculpture assez curieuse, quoique dun art fort maladroit : une gazelle et, derrire elle,
____________________ 1. Ephemeris epigraphica, VII, 536. FERINI, ou peut-tre FERIANI, lA et N tant lis. La lecture PERENNIS nest pas admissible. 2. Il est tout naturel de penser que les curies se trouvaient en dehors de la maison, dans les communs.

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un chasseur arm dune pique et accompagn dun lvrier. Partout on a retrouv les traces de lincendie qui dtruisit cet difice. Le chteau de Kaoua est un type parfait de la maison de campagne fortifie, nous pourrions dire de la demeure seigneuriale, o les ncessits de la dfense nexcluaient pas la recherche dun certain luxe(1). Il date du Bas-Empire, probablement de la fin du IVe sicle. Il serait souhaiter quon le dblayt compltement et quon dgaget tout lespace compris dans lenceinte.
____________________ 1. Dans le voisinage mme de Kaoua, il y a plusieurs constructions analogues, qui nont pas t fouilles. Voir Demaeght, Bull. dOran, 1887, p. 278 ; Marchand, ibid, 1895, p. 210-211.

CHAPITRE II

ASPECT GNRAL DES VILLES

On sait quels rsultats heureux eut la conqute romaine pour le pays qui sappelle aujourdhui lAlgrie. Ce fut surtout au IIe sicle de notre re et dans le premier tiers du IIIe que cette rgion put se dvelopper, grce la paix qui y rgna. Les anciennes villes puniques ou indignes se transformrent et sagrandirent ; ailleurs, en particulier au pied de lAurs, de nouvelles cits furent fondes et devinrent trs prospres. Ces villes se parrent de beaux monuments, construits dans le style hellnistique qui rgnait alors sur toute ltendue du monde romain. Les magistrats municipaux consacraient lornement de leur patrie, la plus forte part des sommes quils devaient verser leur entre en charge et des libralits quils ajoutaient ces taxes lgales. Dautres les imitaient, par ambition ou par vanit. Ce zle tait encourag ou provoqu par les fonctionnaires impriaux, qui, eux-mmes, donnaient lexemple. On employait souvent les soldats comme maons, les ingnieurs militaires comme architectes : ainsi, Thamugadi fut btie par la troisime lgion. Les guerres qui ont ravag lAlgrie pendant des sicles, les constructions htives des Byzantins, les dvastations des

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indignes, des Vandales, des Arabes nont pas ananti tous les tmoignages de cette splendeur. Il faut mme dire que le dveloppement de la colonisation franaise a t plus funeste aux monuments antiques que la barbarie on lincurie de nos devanciers ; et pourtant les Roumis auraient d respecter, presque comme des titres de proprit, les souvenirs laisss par ces Romains dont ils sont vernis recueillir lhritage. En divers endroits, on voit encore, ou lon voyait nagure, de vastes ensembles de ruines, permettant de reconstituer laspect de quelques-unes de ces villes, si florissantes il y a seize sicles. Lemplacement quoccupait jadis Rusicade, tait peu prs dsert lorsque les Franais y fondrent Philippeville, en 1838(1). Un amphithtre et un thtre sy levaient, presque intacts ; lors des travaux dinstallation, on mit au jour les restes dun grand temple, dun chteau deau, de vastes citernes, de plusieurs mausoles, etc. La proximit des carrires de marbre du Filfila avait permis aux habitants de Rusicade un luxe de construction qui ne se retrouvait pas dans des cits romaines plus importantes. De tous ces monuments, on na gure respect que le thtre ; encore a-t-il servi de carrire pendant plusieurs annes. Cirta, aujourdhui Constantine, tait dj une grande ville aux temps des rois numides ; les Romains lembellirent leur tour. Aujourdhui, presque tous les vestiges de ce pass glorieux ont disparu(2). Au point culminant de la ville, sur la
____________________ 1, Pour les ruines de Rusicade, voir : Ravoisi, Exploration, II, pl. 4566 ; Delamare, Exploration, pl. 15-48, 111, 156, 160 ; De Marcilly, Annuaire de Constantine, 1853, p. 26-28 ; Fenech, Histoire de Philippeville, p. 10 et suiv. ; Vars, Rusicade et Stora, ou Philippeville dans lantiquit (Constantine, 1896) ; Gsell et Bertrand, Muse de Philippeville, p. 5-6. 2. Pour les antiquits de Constantine, voir surtout : Temple et Falbe, Relation dune excursion Constantine, p. 72-98 ; Ravoisi, I, p. 3-36 et pl. 1-19 ;

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place du Capitole ( la Casba), se voyaient les restes de deux grands temples : on les a rass en 1840. Vers la fin du sicle dernier, un bey avait fait jeter par terre un arc de triomphe trois ouvertures(1) ; un autre arc, une porte monumentale quatre faces, une jolie construction dordre corinthien, accoste dune grande arcade, ont t dmolis depuis notre occupation. Le pont gigantesque qui traversait le ravin du Rummel et qui avait t restaur en 1792, sest croul en 1857 ; de la construction romaine, il ne subsiste gure que deux piles. Lemplacement du thtre ne se distingue mme plus. Le curieux tombeau de lorfvre Praecilius, dcor de peintures et de mosaques, est enseveli sous des dblais. On a bris une belle mosaque, reprsentant Neptune et Amphitrite(2). La vaste ncropole du Coudiat Ati a t pille, et non tudie. On na pargn que les grandes citernes du Capitole, qui ont pu tre utilises, et les ruines imposantes dun des aqueducs aboutissant Cirta. Tbessa, saccage plus dune fois, a t nanmoins habite presque de tout temps. Les btisses byzantines, berbres et arabes y ont absorb ou couvert la plupart des monuments antiques(3). Cependant, il reste de Theveste un arc de triomphe et un temple, qui sont les plus beaux difices romains de toute
____________________ Delamare, pl. 113-119 ; Cherbonneau, Annuaire de Constantine, 1853, p. 102-131 ; Vars, Rec. de Const., XXVIII, 1893, p. 236-343 = Vars, Cirta (Constantine, 1891), p. 15-122. 1. Il est possible, cependant, que cet arc ait t dtruit un peu plus tard Temple et Falbe, p. 72. 2. Une autre mosaque de Constantine, presque semblable, est aujourdhui au Louvre. 3. Les ruines romaines de Tbessa ont t tudies en particulier par Moll, Ann. de Const., 1858-9, p. 26-86 ; Girol, Rec. de Const., X, 1866, p. 173-216 ; Playfair, Travels in the footsteps of Bruce, p. 103-113 ; Hron de Villefosse, dans le Tour du Monde, 1880, II, p. 6-32 ; Ballu. Tbessa, Lambse, Timgad (Paris, 1894).

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lAlgrie. Nous les tudierons plus tard en dtail. Dans la partie mridionale de la ville franco-arabe, slve un long mur, en pierres de taille de grand appareil ; il a certainement appartenu un difice trs important. Prs de l, sept piedsdroits, dbris dun long portique, ont t encastrs dans le rempart byzantin. Au sud-est, on ruminait peine lemplacement dun amphithtre. Des thermes, dcouverts au sudouest, ont t compltement rass, et il nen subsiste plus que de belles mosaques, aujourdhui au muse de Tbessa. Plus loin, vers louest, quelques pierres de taille encore en place indiquent un arc de triomphe, qui tait sans doute dress lentre de la ville romaine. Laqueduc, long de 500 mtres, qui amenait Theveste les eaux de la source dAn el Bled est dorigine antique ; mais il a t plusieurs fois remani. A un kilomtre de Tbessa, au nord, un mausole hexagonal est devenu une chapelle en lhonneur dun santon musulman. Enfin, un grand ensemble de ruines, dsign sous le nom de Vieux Tbessa (Tbessa Khalia) est situ 2 kilomtres et demi au sud-ouest de la ville(1). Il est difficile den dterminer la nature. On y distingue : 1 les restes dun aqueduc ; 2 un vaste enclos de 115m, 50 de long sur 102 de large, lintrieur duquel slevait un petit difice circulaire de 6 mtres de diamtre, prsentant des colonnes sur tout son pourtour ; 3 une construction carre de 26m, 50, de ct, dont la partie centrale est occupe par une grande cour circulaire, dcore de colonnes et pourvue dun petit bassin au milieu, dune piscine (?) au sud ; 4 une salle en forme de trfle. Tous ces monuments paraissent tre dassez basse poque.
____________________ 1. Chd, Rec. de Const., XXII, 1882, p. 269-279, pl. XVIII-XXI. Sriziat, Bull. de lAcadmie dHippone, XXII, 1886, p. 34-35.

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Caesarea, capitale du royaume de Juba II et de la province de Maurtanie Csarienne, couvrait un espace de 2 kilomtres et demi de long, sur 1 kilomtre et demi de large. Aprs Carthage, elle tait la plus peuple et la plus riche des cits de lAfrique du Nord(1). Des fouilles faites diverses reprises, en de belles statues et dgag des ruines ddifices importants. Il y aurait encore dintressantes trouvailles faire Cherchel, si le sol de la ville antique ntait pas presque entirement couvert par des maisons modernes et par des cultures. Un temple(2), vaste et luxueux, slevait sans doute en arrire de lEsplanade actuelle : on a recueilli beaucoup de morceaux darchitecture appartenant ce monument. Un autre temple, dont on ne reconnat plus que le soubassement, existait dans la partie occidentale de Caesarea. Le thtre, bien conserv en 1848, nest plus reprsent que par un trou bant : on en a pris toutes les pierres. Lamphithtre et le cirque se distinguent nettement, mais ils nont pas t fouills. Des restes de thermes se dressent sur trois points ; ceux de louest offrent des ruines trs imposantes. Ajoutons cette numration une grande piscine, des rservoirs dont on se sert encore aujourdhui, des vestiges de maisons ornes de mosaques, une infinit de tombes dans les deux grands cimetires situs louest et lest de Caesarea.
____________________ 1. Sur Cherchel, voir : De Blinire, Revue archologique, V, 1848, p. 344-352 ; Ravoisi, III, pl. 21-52 ; Wahu, Bulletin monumental, XXVI, 1860, p. 147-157 ; De Verneuil et Bugnot, Revue africaine, XIV, 1870, p. 130-144; Hron de VilIefosse, Archives des Missions, 3srie, II, p. 391-394 ; Waille, De Caesareae monumentis quae supersunt (Alger, 1891), et diverses notes de cet auteur dans les Comptes Rendus de lAcadmie des inscriptions, depuis 1886, et dans le Bulletin archologique du Comit, depuis 1890 ; Gauckler, Muse de Cherchel, p. 5 et suiv. ; Gsell, Guide archologique des environs dAlger, p. 39-68. 2. Ou un palais car la destination de ldifice nest pas certaine.

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Nous avons dcrit (p. 98) le rempart de Tipasa, cit voisine de Cherchel. Cette ville est curieuse surtout par ses monuments chrtiens. Mais on y voit quelques ruines dune poque plus ancienne(1) : des thermes, dans lesquels on a rcemment amnag des caves, un thtre que des entrepreneurs ont dvast, un amphithtre mal conserv, un chteau deau, un difice qui parait avoir t une basilique judiciaire, des mausoles. Dans plusieurs quartiers de la ville antique, les maisons et le trac des rues se reconnaissent avec une grande nettet. Mais cest Timgad que nous devons nous transporter, si nous voulons nous rendre un compte exact de ce qutait une cit romaine en Afrique, au IIe et au IIIe sicle de notre re. Thamugadi, la Pompi africaine, comme on aime lappeler, est aujourdhui connue de tout le monde, grce aux fouilles du Service des monuments historiques(2). Commences en 1881 par un architecte minent, Duthoit, qui fut trop modeste et qui mourut trop tt pour recueillir le fruit de ses efforts, elles ont t poursuivies activement : le centre de la ville est aujourdhui dblay. (Voir planches XVI et XVII.) La colonie de Thamugadi (colonia Marciana Traiana Thamugadi) fut fonde en lanne 100, sous le rgne de Trajan, par la lgion III Augusta. Elle tait destine devenir une
____________________ 1. Gsell, Mlanges de lcole de Rome, XIV, 1894, p. 322 et suiv. Id., Guide archologique, p. 103 et suiv. 2. Voir le grand ouvrage de Bswillwald, Cagnat et Ballu, Timgad, une cit africaine sous lempire romain (Paris, 1891 et annes suivantes) ; six livraisons ont paru. Conf. divers ouvrages de M. Ballu : Tbessa, Lambse, Timgad (Paris, 1804) ; Les ruines de Timgad (Paris, 1897) ; Guide de Timgad (Paris, 1897). Parmi les travaux plus anciens, nous citerons les articles de Masqueray dans la Revue africaine, XX, 1876, p. 166-172, 257-266, 352-366. 456-459, et la notice anonyme [elle est de Duthoit), publie dans le Recueil de Constantine, XXII, 1882, p. 334-346, avec un excellent plan, paru au tome XXIII (1883-4) du mme Recueil. Voir aussi Boissier, lAfrique romaine (2e dit.), p. 175 seq.

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ppinire de citoyens romains, aptes remplir les vides de la lgion dAfrique, en mme temps quun foyer de civilisation pour le pays environnant(1) . On ne jugea pas propos de lentourer dun rempart, que le voisinage du camp de Lambse aurait rendu inutile(2). Elle fut dtruite de fond en comble par les Maures, quatre sicles plus tard, et, depuis lors, elle demeura peu prs dans ltat o la mirent ces barbares. Les Byzantins se contentrent dy lever une forteresse pour barrer la route du dfil de Foum Ksantina, un couvent(3), peut-tre de misrables maisons et quelques pauvres chapelles. Timgad nest jamais mentionne, croyons-nous, dans la priode du moyen ge. Elle resta dserte pendant des sicles ; nul tablissement berbre important ne vint se superposer aux ruines de la colonie de Trajan. Btie dans une plaine ondule, Thamugadi occupait une superficie denviron 60 hectares. Elle tait traverse dans toute sa longueur (800 mtres) par une rue qui, comme lavenue principale des cits grecques dAsie(4), prsentait, au moins dans sa partie centrale, des portiques colonnades, abris contre la pluie et le soleil. Cette voie, oriente de louest lest, tait celle que les Latins appelaient le decumanus maximus ; elle se confondait dailleurs avec la grande route qui longeait le massif de lAurs et les monts des Nemenchas, de Lambaesis Theveste. A ses deux extrmits se dressaient deux arcs
____________________ 1. Cagnat, Timgad, p. v. 2. Il est fort possible que ltablissement de la III Augusta Lambse ait eu Lieu la mme poque que la fondation de Thamugadi. 3. Cette forteresse et ce couvent sont une certaine distance de la ville romaine. 4. Conf. Renan, les Aptres, p. 216; Choisy, Histoire de larchitecture, I, p. 601.

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monumentaux(1). Un arc analogue, le clbre arc de Trajan , dcorait la mme voie, au centre de la ville, peu de distance du forum. Des rues taient tablies paralllement cette artre matresse ; dautres, dont plusieurs offraient des portiques, venaient dboucher sur elle. Dordinaire, dans les colonies romaines, le decumanus maximus tait coup, vers le milieu, par une autre grande voie, le cardo maximus, qui traversait toute la ville, du nord au sud. A Thamugadi, le cardo est remplac par deux larges rues, qui, tout en tant perpendiculaires au decumanus, ne se trouvent pas dans le prolongement lune de lautre. Un arc indiquait lentre de la colonie lextrmit de la rue du nord, disposition qui devait se rpter au sud(2). Ces voies sont paves de larges dalles, o les roues des voitures ont laiss des ornires. C et l, slvent de jolies fontaines. Le forum est long par le decumanus, et sa grande entre souvre en face du cardo nord. Nous dcrirons plus tard cette place, ainsi que ses annexes : curie, basilique judiciaire, temple, etc. Nous devons dailleurs nous contenter dnumrer ici les principaux difices de Thamugadi appartenant lpoque romaine ; nous les retrouverons dans les chapitres suivants. Ce sont : limmense temple du Capitole, qui dominait toute la ville, un petit sanctuaire lev sur une cour dans le quartier occidental, le march qui lui fait face, les tablissements de bains (on en connat trois), le thtre. Plusieurs lots de maisons ont t dgags. Des tombeaux bordaient les voies qui
____________________ 1. Nous parlerons au chapitre V de celui de louest. Quant celui de lest, on est en train de le dblayer (juin 1901). 2. Les restes de la porte mridionale nont pas encore t retrouvs.

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sortaient de Thamugadi dans la direction des quatre points cardinaux ; on ne les a pas encore fouills. Luvre intressante accomplie par le Service des monuments historiques Timgad pourra tre entreprise avec le mme succs en divers autres lieux de lAlgrie o les ruines des villes antiques ne sont pas recouvertes et encombres par des btisses plus rcentes, en particulier Lambse, Djemila, Khamissa et Announa. Les familles des soldats et les trafiquants qui vivaient de leur commerce avec la lgion, habitrent dabord des baraquements dresss quelque distance du camp de Lambse. Puis, des maisons plus confortables furent construites. Des vtrans se fixrent dans la ville naissante, et, partir de Septime-Svre, les lgionnaires eux-mmes eurent le droit dy demeurer avec leurs femmes. Lambaesis devint un municipe ds lpoque des Antonins(1) ; plus tard, elle fut leve la condition de colonie. Dans la seconde moiti du IIe sicle et au dbut du IIIe, de beaux difices y furent btis par la mainduvre militaire. Des fouilles ont t faites jadis, dans la ville de Lambse, par des officiers et par les dports de 1851 ; Duthoit les a continues, il y a une vingtaine dannes ; les travaux de dblai, interrompus depuis, seront sans doute repris prochainement(2). A lheure actuelle, trois temples sont dgags sur la colline qui portait Lambaesis : le sanctuaire dEsculape avec les chapelles voisines, le Capitole, enfin un troisime temple
____________________ 1. Corpus, VIII, 18217; conf. 18247, 18234. 2. Pour les ruines de la ville de Lambse, voir en particulier : Delamare, Recherches sur lancienne ville de Lambse (Mmoires des antiquaires de France, t. XXI), p. 24 et suiv. ; Renier, Archives des missions, II, 1851, p. 173-180 ; Recueil de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 178-210 (avec un excellent plan) ; ibid., XXVIII, 1893, p. 97-102. Cagnat, Guide de Lambse (Paris, 1893), p. 37-62 (bibliographie la page 73) ; Ballu, Tbessa, Lambse, Timgad.

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dont on ignore le nom. Trois arcs monumentaux se dressent aux extrmits de la ville : deux lest, dans la direction de Timgad, un autre au nord, du ct du camp(1). Au sicle dernier, il y en avait un plus grand nombre : Peyssonnel, qui passa par Lambse en 1725, mentionne quarante portes ou arcs de triomphe, dont quinze taient encore bien conservs(2) ; quarante ans aprs, Bruce vit sept portes en ce lieu(3). Un vaste difice, situ prs de larc qui subsiste au nord, tait peut-tre un tablissement de bains. Plus haut, non loin du Capitole, se trouvent dautres thermes. Un curieux chteau deau, le Septizonium, a t entirement dmoli par des entrepreneurs ; un aqueduc, dont on voit encore quelques arcades, y amenait leau de la source trs abondante dAn Drinn. A la source mme, slevait un temple de Neptune, mais il nen reste plus que dinformes vestiges. De lautre ct de la ville et prs du camp, un amphithtre a t dpouill de presque toutes ses pierres de taille. Des cimetires, que dominent les ruines de quelques grands mausoles, stendent lest, au nord-ouest et surtout quelque distance au nord de Lambse : cette dernire ncropole couvre une superficie de prs de 15 hectares. Djemila est situe au milieu dune rgion tourmente et aride, dans le massif montagneux que traversait lune des routes conduisant de Cirta Sitifis. Le lieu sappelait autrefois Cuicul. Dans les premiers temps de lEmpire, il fut occup par une garnison, qui surveillait les indignes de la Petite Kabylie et assurait les communications. Cuicul, devint par la suite,
____________________ 1. Un quatrime arc slve en dehors de la ville, prs du camp. 2. Voyage dans les rgences de Tunis et dAlger, p. 350, (il compte dans le nombre les arcs de Marcouna). Le chiffre nous parait cependant bien lev et nous avons des doutes, 3. Voyage en Nubie (traduct. franaise de 1790), I, p. XXXII.

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une colonie, constitue trs probablement sous le rgne de Trajan, comme Thamugadi. Les belles ruines quelle a laisses(1) tmoignent dune prosprit qui contraste fort avec la dsolation actuelle et la solitude des alentours. La ville romaine couvrait un plateau, bord par deux ruisseaux profondment encaisss. Une place, dont les limites sont aises reconnatre et qui tait sans doute le forum, souvre louest par un arc de triomphe ; au sud-est slve un temple. On rencontre les vestiges dun second temple, plus grand, dans la partie septentrionale de Cuicul ; un thtre bien conserv, lest ; enfin, des thermes, au sud-ouest. Djemila est dun accs malais : on la visite rarement. Delamare et Ravoisi lont tudie il y a une soixantaine dannes; le Service des monuments historiques a dgag une partie du thtre et des thermes et consolid tant bien que mal larc de triomphe. Mais, presque tout reste faire en ce lieu. Les fouilles quon y entreprendra seront assez faciles et relativement peu coteuses, car on se dbarrassera sans peine des terres de dblai eu les jetant dans les deux ravins. Thubursicum Numidarum, aujourdhui Khamissa, prs de la source de la Medjerda, est entoure dun territoire fertile et bien arros. La ville primitive devait occuper un mamelon aux pentes rapides ; plus tard, elle stendit au nord sur une longue croupe, situe au-dessous de ce mamelon, mais dominant la valle de la Medjerda ; elle descendit mme dans la plaine. Cit numide, comme son nom lindique, Thubursicum Numidarum fut rige en municipe romain au IIe sicle de notre re, vraisemblablement sous Trajan ; dans la seconde moiti du sicle suivant, elle portait le titre de colonie. Les habitants,
____________________ 1. Ravoisi, I. p. 45-66, pl. 28-56. Delaware, pl. 99 108.

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presque tous dorigine indigne, gardrent longtemps lempreinte de la civilisation carthaginoise, qui stait impose leurs pres : les noms phniciens abondent sur les pitaphes de Khamissa. Cependant, ils adoptrent peu peu les murs latines. Sauf un sanctuaire de style punique qui borde la vieille place (platea vetus) nous en avons dj parl(1) les monuments de Thubursicum ont un aspect tout romain(2). Cette vieille place se trouve dans le quartier oriental de la ville. Elle est creuse en partie dans le roc et forme dune srie de terrasses tages qui communiquent par des marches. Divers btiments la bordaient; le temple seul se distingue avec nettet. Le vritable forum de Thubursicum, devenue commune de droit romain, tait sans doute de lautre ct, louest. Un arc trois ouvertures y donnait accs. Auprs, on reconnat des vestiges de plusieurs difices, parmi lesquels il y avait probablement des thermes. Dautres thermes slevaient peut-tre au sud-est, au del de la platea vetus. Plus loin encore, dans la mme direction, une grande porte une seule baie est jete lentre de la ville, sur une voie qui conduit Tipasa. Un thtre occupe le pied de la croupe, au nord. A trs peu de distance, nat lAin el Ioudi, que les anciens regardaient, semble-t-il, comme la source du Bagradas, aujourdhui la Medjerda(3). Tout autour, des ruines confuses mergent du sol ; nous avons cru recon____________________ 1. Page 61. 2, Delamare (daprs Mitrc), Revue archologique, XII, 1855-6, p. 637-645, pl. 275-6. Chabassire, Rec. de Const., X, 1866, p. 111-113, 118125 ; pl. II, IV-VI, XII et suiv. Gsell, Recherches archologiques en Algrie, p. 293-4. Robert, Rec, de Const., XXXIII, 1899, p. 241-6 et planches. 3. Un gographe de basse poque, Julius Honorius, crit : Flavius Vagrada nascitur in Tubursicu Numidarum. Pour les Arabes, la source de la Medjerda est lAn el Ioudi.

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natre les traces dun vaste monument, prsentant deux ailes parallles (probablement des portiques), longues de 25 mtres, distantes lune de lautre de 40 : ce devait tre un chteau deau, analogue celui qui se voit la naissance de laqueduc de Carthage, au djebel Zaghouane. Dimmenses cimetires enveloppent de tous cts Thubursicum : on y rencontre plusieurs mausoles. Au sud-est, un colombaire souterrain est surmont dune grande exdre, que dcoraient des statues. Masqueray a mis au jour, en 1877, une partie de la vieille place(1). En 1900, des fouilles tendues ont t commences Khamissa, sous la direction du Service des monuments historiques. Le thtre a t en partie dgag. Lemplacement suppos du forum, sur lequel on a install un chantier en 1901, rserve coup sr des dcouvertes intressantes. Thibilis (Announa, environ 25 kilomtres au sud-ouest de Guelma) ne devint un municipe que vers la fin du IIIe sicle ou au dbut du IVe ; auparavant, elle dpendait probablement de Cirta. On y trouve cependant les restes de quelques beaux difices remontant sans doute la priode du HautEmpire(2) : un arc deux baies, vers le sud, le seul ct facilement accessible du plateau troit qui porte la ville ; un autre arc, dress peut-tre lentre du forum ; une porte monumentale ; le soubassement dun temple trs vaste ; une grande cour rectangulaire, bordes de trois portiques (march ?) ; un monument qui parait avoir t une basilique judiciaire ;
____________________ 1. Bull, de correspondance africaine, I, 1882-3, p. 308-9. 2. Temple et Falbe, Relation dune excursion Constantine, p. 29-33 et pl. III. Berbrugger, lAlgrie historique, pittoresque et monumentale, province de Constantine, p. 21-25 et planches. Ravoisi, II, p. 2-15, pl. 3-17. Delamare, Revue archologique, VI, 1849, p. 9-22. Id. Exploration, pl. 164-168. Vigneral, Ruines romaines du cercle de Guelma, p. 46-50. Poulle, Rec. de Const., XXVI, 1890-1, p. 330-332. BernelIe, ibid., XXVII, 1892, p. 101-110.

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une maison ayant appartenu une noble famille, celle des Antistii, qui compta parmi ses membres deux consuls, au temps de Marc-Aurle et de Commode. Quelques fouilles ont t faites Announa par Bernelle, il y a dix ans. Il est souhaiter quon les poursuive. Comme Djemila, la position de la ville entre deux ravins, qui serviraient de rceptacles aux dblais, permettrait de les excuter peu le frais ; les ruines sont dailleurs peu enterres. Parmi les autres villes romaines de lAlgrie o lon pourra entreprendre un jour des recherches fructueuses, nous signalerons Diana veteranorum (Zana, au nord-ouest de Lambse) et Madauri(1) (Mdaourouch, au sud de Souk Ahras). La premire fut vraisemblablement une cration de Trajan ; la seconde, antique cit numide comme Thubursicum, reut des colons militaires sous un des empereurs flaviens, dans le dernier tiers du Ier sicle. Les seules constructions du Haut-Empire qui se dressent encore sur lemplacement de Diana sont deux arcs de triomphe et une porte monumentale, place lentre dun aire de temple(2). A Madaure, il ne reste debout quun mausole(3). Mais, dans ces deux lieux, dautres difices importants sont videmment enfouis sous le sol ou recouverts par des btisses byzantines et berbres(4).
____________________ 1. Il semble quon ait employ plus volontiers laccusatif Madauros. 2. Pour Diana, voir surtout Renier, Mlanges dpigraphie, p. 185 et suiv. ; Graillot et Gsell, Mlanges de lcole franaise de Rome, XIV, 1894, p. 526-546. 3. Pour Madaure, voir Chabassire, Rec. de Const., X, 1866, p. 113114, pl. VII ; Gsell, Recherches archologiques en Algrie, p. 355-356 ; Robert, Rec. de Const., XXXIII. 1899, p. 255-258. 4. Nous verrons, au livre III, que Diana et Madaure furent fortement occupes par les Byzantins. Il nest plus question de Madaure au moyen ge, mais Diana subsista jusquau Xe sicle.

CHAPITRE III

LES PLACES PUBLIQUES ET LEURS ANNEXES

Cest par les places publiques et leurs annexes que nous allons commencer la description des diverses catgories de monuments levs dans les villes romaines dAfrique. Le forum de Timgad a t entirement dblay ; il est assez bien conserv pour pouvoir tre tudi dans toutes ses dispositions (fig. 36(1) et planche XVIII). Le plan de ce forum, dit M. Cagnat(2), a t trac en une fois, lpoque de Trajan, quand lempereur rsolut dtablir une colonie Thamugadi, et tous les monuments en sont de la mme poque : les quelques inscriptions dates qui v ont t recueillies, nous lont prouv ; lharmonie de toutes les parties de cet ensemble suffirait ltablir. Les quelques additions que lon put y faire postrieurement ne portent que sur des dtails. Avec les btiments qui lentourent, le forum de Thamugadi mesure 110 mtres de long sur 60 de large. La place elle-mme, recouverte de belles dalles, forme un rectangle de
____________________ 1. Daprs la planche VI de louvrage de Bswillwald, Cagnat et Ballu, Timgad. Nous y avons ajout la maison (F), situe au nord de la basilique (conf. ibid., p. 89, fig. 40). 2. Timgad, p. 80. Dans cette description du forum de Timgad, nous ne ferons gure que rsumer ltude de M. Cagnat, l. c., p. 1 et suiv. Conf. Thdenat, Dictionnaire des antiquits, s. v. forum, p. 1316-1318.

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50 mtres sur 43, dont les faces sont exactement orientes. Lentre principale souvre vers le milieu du ct nord, sur le decumanus maximus, qui est en contrebas de 2 mtres. Cette diffrence de niveau a t rachete par un escalier de dix marches, plusieurs paliers, prcd dune porte monumentale une baie(1). Quatre portiques, colonnades dordre corinthien, entouraient la place (A, sur le plan), quils dominaient denviron 0m, 40. Une foule de statues dcoraient lespace ciel ouvert, le portique septentrional, les paliers de lescalier. Les pidestaux dun certain nombre dentre elles ont t retrouvs ; on apprend, par les ddicaces qui y sont graves, quils portaient jadis des images de divinits(2), dempereurs, de gouverneurs de la province, de patrons de la ville, de personnages appartenant aux premires familles de Thamugadi. Quelques bases sont si larges quelles ont d servir des statues questres ou en char, reprsentant des empereurs. Quant aux marbres ou aux bronzes qui surmontaient ces pidestaux, ils ont presque tous disparu. On na trouv quun torse dApollon et plusieurs ttes. Le dallage offre et l des fables de jeu, traces jadis par des oisifs : lune delles est accompagne dassez curieuses inscriptions. Sur le ct ouest du forum, tait construite la curie (C), lieu de runion du conseil municipal. Une large porte donne accs une cour trs troite. De l, un escalier de quatre degrs
____________________ 1. Pour cette porte, voir ch. V. 2. Une clbre statue de Marsyas slevait sur le forum de Rome. A lexemple de la capitale, les cits provinciales appartenant la plus haute catgorie des communes romaines (celles de droit italique) avaient coutume dorner leur forum dune image semblable. Il y en avait une sur la place de Thamugadi.

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conduit un grande salle rectangulaire, de 15 mtres sur 8, souvrant sur la cour par trois baies, quencadraient des pilastres et des colonnes. Des grilles barraient les haies latrales. Au fond, stend une sorte destrade, exhausse de deux marches. Le sol de la curie tait dall, les parois taient revtues de plaques de marbres de diverses couleurs. Des statues ornaient la faade et lintrieur : on a recueilli les dbris dune dentre elles, qui reprsentait probablement Lucius Verus. Cet difice date du rgne de Trajan (de lanne 116 ou 117 aprs J.-C.), ainsi que latteste la ddicace dune statue de ce prince. En le dblayant, on a trouv des restes de plusieurs listes, fort instructives, donnant la composition du conseil municipal de Thamugadi dans la seconde moiti du IVe sicle. Le portique du forum tait interrompu sur une partie de la face occidentale. En cet endroit, une grande plate-forme, assez haute, savanait, jusquau bord de la place. Ctait la tribune do lon parlait au peuple. On latteignait par un escalier latral. Une balustrade la limitait ; aux deux extrmits, taient dresses des statues de la Victoire, riges sous Trajan, en lanne 116. Par derrire, apparaissent quelques maigres vestiges dun petit temple rectangulaire (D). Un autre difice (C), dont la destination na pas pu tre fixe, slevait sur le ct ouest du forum. Il consistait en une grande salle carre, dont le front, largement ouvert, tait orn de deux colonnes torses. Sur la face orientale, il y a une basilique judiciaire (B), qui, par malheur, est en fort mauvais tat. Elle ne prsente quune seule nef, pave de larges dalles et jadis couverte on charpente et en tuiles. Les entraits de la toiture avaient une quinzaine de mtres de longueur, et leurs extrmits reposaient

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sur des pilastres appliqus contre les murs longs de la salle. Une plate-forme, qui servait de tribunal, se dresse au fond dun des petits cts, celui du sud. En arrire, un renfoncement rectangulaire, dcor de deux colonnes, constituait peut-tre un cabinet isol. Lautre petit ct, au nord, offre trois salles entirement ouvertes sur la nef ; celle du milieu a la forme dune abside semi-circulaire, enferme dans un cadre (elle tait certainement vote) ; les deux autres sont rectangulaires. Le fond de labside tait occup par une statue. Cette basilique avait deux entres, disposes sur un des cts longs et communiquant avec le portique oriental du forum. En face, la nef tait flanque de quelques salles carres, qui servaient sans doute de bureaux. Lensemble de ldifice mesure plus de 40 mtres de long sur 23 de large. A en juger par les inscriptions quon lit sur les bases de plusieurs statues impriales, places dans la nef, la basilique de Thamugadi existait dj vers lanne 138. Des logettes (des boutiques probablement) bordaient le front mridional de la place, en arrire du portique. Au nord, il y avait des salles rectangulaires, dont la faade, tout ouverte, prsentait une range de colonnes. A langle nord-est du forum, se trouvent des latrines publiques (E). On y voit les vestiges dun bassin ; leau qui sen chappait se rpandait dans une rigole, faisant le tour de la pice, en avant des siges : la propret du local tait ainsi assure. Des appuis en forme de dauphins sparaient les siges, qui taient au nombre de vingt-cinq environ. A Cuicul (Djemila), la place qui parat avoir t le forum(1)
____________________ 1. Ravoisi, I, p. 52-53, pl. 30-33. Delamare, pl. 108 en bas ; pl. 104, fig. 4 ; pl. 103, fig. 6 et 8 (janus et fontaine).

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est limite au nord par une longue muraille, orne dune suite davant-corps. Ce mur est interrompu vers le milieu par une exdre semi-circulaire, offrant la mme dcoration(1). Il se termine louest par une grande salle trapzodale(2), qui tait probablement vote et la paroi postrieure de laquelle sadossait une petite fontaine. A lextrmit orientale du mur, il y a un espace rectangulaire de 5 mtres de long sur 2m, 05 de profondeur, lev au-dessus de la place, : il est bord de murettes sur trois de ses cts ; le quatrime, qui regarde le forum, est largement ouvert et flanqu de deux pilastres. Ctait peut-tre une tribune. Au del, on voit un passage, autrefois couvert (un janus, comme disaient les Romains), dont les deux arceaux de tte sont rests debout. Sur la face ouest, se dresse un arc triomphal qui servait dentre la place : il date du temps de Caracalla. Nous ltudierons plus tard. Au sud-est, un temple, entour dune clture rectangulaire, tait tabli, semble-t-il, sur laire mme du forum. Auprs de larc, fut construit, vers lanne 365, un march aux toffes (basilica vestiaria), ainsi quen tmoigne une inscription, trouve en cet endroit(3). Il devait communiquer avec le forum(4).
____________________

Voil tout ce que lon distingue de la grande place de Cuicul, quombragent aujourdhui de beaux arbres. Quand
1. Une inscription de Djemila, datant de lanne 160 (Corpus, 20144), mentionne une exedra, ddie au Genius populi Cuic[ulitani]. Mais elle a t trouve assez loin de cette exdre, laquelle elle ne semble pas avoir appartenu. 2. Cette salle est trs probablement dune poque plus rcente que le mur. 3. Corpus, VIII, 20156. 4. On ignore lemplacement de deux autres basiliques, mentionnes dans des inscriptions de Djemila (Corpus, VIII. 8318, 8319, 20156).

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elle aura t dblaye, elle sera sans doute dun effet aussi imposant que le forum de Timgad. Le forum de Diana se reconnait aisment(1). Ctait, selon lusage, un espace rectangulaire, pav de belles dalles(2). A lpoque byzantine, on y btit une glise, faite avec les monuments romains de la place. Le mur de faade de cette misrable construction est en partie form par un des pieds-droits dun petit arc qui dcorait peut-tre lest lentre du forum. Un arc de triomphe trois portes, lev sous Macrin, semble avoir orn le front septentrional, lintersection du cardo maxinius. Un autre arc, une baie, probablement plus ancien dun demisicle, se dresse dans le voisinage immdiat du forum au nordest ; il devait tre jet sur le decumanus maximus. A Thibilis, lemplacement que nous croyons avoir t occup par le forum dessine un rectangle, atteignant 50 mtres environ de longueur (du sud au nord). Au midi, il y a un arc de triomphe, assez bien conserv. Le front oriental est bord par une faade, large denviron 24 mtres, reprsentant un des petits cts dun difice rectangulaire(3), qui avait pour entres deux grandes arcades encore debout, de 3m, 20 douverture(4). Lintrieur, revtu de belles dalles, tait partag, dans le sens de la longueur, en trois vaisseaux : celui du milieu mesurait 14m, 35 de largeur, les deux autres 3m, 40. Il y avait, de chaque ct de la
____________________ 1 Renier, Mlanges dpigraphie, p. 191. Graillot et Gsell, Mlanges de lcole de Rome, XIV, 1894, p. 532, 542. 2. Une inscription (Corpus, 4579) mentionne la fori stratura. 3. Ravoisi, II, p. 42 et pl. 11. Delamare, Revue archologique, VI, 1849, p. 14. Bernelle. Rec. de Const., XXVII, 1892, p. 105 (il y voit tort des thermes). 4. En face de ces baies cintres, on a trouv linscription suivante (Corpus, 18913) M. Vitruvius Mamurra arcus s(ua) p(ecunia) fecit. Mais il nest pas sr que le mot arcus de ce texte dsigne les deux arcades du monument que nous dcrivons.

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nef mdiane, deux sries superposes de colonnes. La range infrieure prsentait des bases attiques (de 0m, 70 de ct) et des chapiteaux dordre dorique romain ; les fts taient faits de plusieurs tambours(1). Les deux arcades souvraient sur le vaisseau central. Ce monument, que nous daterions volontiers du IIIe sicle, tait peut-tre une basilique judiciaire. A une trs basse poque, il fut envahi par des constructions parasites. Bernelle y a trouv plusieurs bases de statues, portant des ddicaces des divinits, des empereurs, des personnages snatoriaux. Mais ces pidestaux ntaient pas en place ; ils ont pu tre apports du forum. On a aussi recueilli un fragment dune statue fminine de bon style. Jai indiqu, plus haut(2), lemplacement probable du forum de Khamissa ; actuellement il ny a rien de plus en dire. Nous ne possdons aucune donne certaine sur les places publiques des autres grandes villes romaines de lAlgrie(3). A Lambse, deux temples contigus, dont le plus grand est un Capitole, slvent lun et lautre sur une cour quadrangulaire, entoure de portiques. On appelle ordinairement ces
____________________ 1. Les colonnes suprieures avaient aussi des bases attiques. Jignore quel ordre appartenaient les chapiteaux. 2. Page 118. 3, Dans la petite cit de Celtiane (El Meraba, au sud-ouest de Philippeville), le forum a t en partie fouill par Masqueray : ctait une place rectangulaire dalle, oriente du nord au sud, suivant laxe de la ville; elle tait orne de statues et borde au midi par une colonnade dune vingtaine de mtres de longueur (Bull. de correspondance africaine, I, 1882-3, p. 47 et 74). A Portus Magnus (Saint-Leu), on a dblay, il y a quelques annes, un grand espace recouvert dun beau dallage ; la mme fouille a mis au jour des bases de statues de Caracalla et de Gta, ainsi que des dbris de cotonnes chapiteaux composites : Demaeght, Bull. dOran, 1893, p. 119-120, 389390). Peut-tre le forum tait-il en ce lieu.

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deux aires le double forum, dsignation qui na aucune vraisemblance(1). A Tbessa(2), on place le forum dans la partie occidentale de la ville moderne(3) ; il parait quil en subsistait quelques ruines dans les premiers temps de loccupation franaise(4). Delamare a tudi Sigus(5) (au sud-est de Constantine)
____________________
1. Il est probable, cependant, que le forum se trouvait tout prs de l. Conf. Corpus, 18328, inscription dcouverte en cet endroit : elle se rapporte la curie, qui devait tre voisine du forum. On a aussi recueilli, dans ces parages, une inscription mentionnant un forum transitorium, qui tait videmment distinct du forum proprement dit (Corpus, 2722). 2. Le forum de cette ville est mentionn dans les Actes de saint Maximilien de Theveste (Ruinart, Acta sincera, dit. de Paris, 1689, p. 309) et dans une inscription du temps de Caracalla (Corpus, VIII, 1858) : tetrastylis duobus cum statuis [..e]t Minervae quae in foro fieri prae[cepit] . Il sagit ici de deux dicules, forms de quatre colonnes et abritant une statue : conf. Gsell et Bertrand, Muse de Philippeville, p. 18. 3. Renier, Inscriptions romaines de lAlgrie, nos 3077 et 3078. Moll, Annuaire de Constantine, 1858-9, p. 30, 40 et pl. II. Girol, Rec. de Const., X, 1866, p. 215. Hron de Villefosse, le Tour du Monde, 1880, Il, p. 18. Sriziat, Bull. de lAcadmie dHippone, XXII, 1886, p. 30. 4. La position exacte du forum de Cirta est inconnue. Il est mentionn dans deux inscriptions : 1 Corpus, 7046 (texte datant de 160-162) viam com[meanti]bus incomm[odam, par]tim adstruct[is crepi] dinibus aequa[tisque] statuis quae it[er tolius ?] fori angust[abant].. 2 Corpus, 7013 (inscription du Ve sicle) statuam aeneam in foro Constantinae civitatis... Il est question du forum de Madaure dans une lettre du rhteur Maxime saint Augustin, et dans la rponse de celui-ci (lettres XVI et XVII) : Nostrae urbis forum salutarium numinum frequentia possessum nos cernimus et probamus. ... (ut) in isto foro recordarer esse in duobus simulacris unum Martem nudum, alterum armatum, quorum daemonium infestissimum civibus porrectis tribus digilis contra collocata statua humana comprimeret. A Guelma (Corpus, 5299 = 17179): statuam Neptuni in foro novo . A Kef Bezioun (Zattara), dans la rgion de Guelma (Corpus, 5178 = 17268, inscription mutile du IVe sicle) : ... opus fo[ri].. porticu.. et rostris . A Philippeville (Corpus, 7986, inscription du Ier sicle) : ... tribunal et rostra s(ua) p(ecunia) f(acienda) c(uravit) . A Aumale (Corpus, 9067) : ... [rost ?] ra cum columnis omnibus... [qua]dratario opere... A Henchir Gouat. (Corpus, 10704, inscription de basse poque) : Curia ordinis . A Bougie (Corpus, 8935) : ... statuas equestres propatrui sui vetustate conlabsas e foro ad ornandum templum... transtulerunt . 5. Exploration. pl.50, fig.2 et 3 ; pl. 51, fig. 1. Il existe galement un plan et

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les restes, aujourdhui presque entirement effacs, dun difice il trois nefs, qui slevait peut-tre sur la place publique (voir le plan, fig. 37, daprs Delamare). Nous sommes port croire que ctait une basilique civile, datant, en juger par le

mode de construction, de lpoque du Haut-Empire. Daprs les relevs de Delamare, elle avait la forme dun rectangle, de 27m, 75 de long sur 19m, 60 de large. Les vaisseaux taient
____________________ une vue de cette ruine, dessins par Guillet (papiers de L. Renier, aujourdhui au muse dAlger). Ces deux documents confirment lexactitude des relevs de Delamare.

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spars par deux files de piliers, surmonts sans doute darcades : on en comptait dix de chaque cts(1). Les huitimes piliers ( 5 mtres du mur postrieur) taient beaucoup plus puissants que les autres et portaient les dparts de trois arceaux, jets transversalement au-dessus des trois nefs ; le fond de la basilique constituait ainsi un espace nettement dlimit

et sans doute rserv. Cette vaste salle tait certainement couverte en charpente et en tuiles, avec surhaussement du vaisseau central(2). Delamare indique par devant trois portes, qui donnaient sur une longue galerie, tablie contre la faade.
____________________ 1. Il y avait, en outre, un pilastre adoss au mur lextrmit de chaque file. 2. Il nest pas douteux que larceau qui traversait la nef ne slevt plus haut que les deux arceaux traversant les bas cts, car il est beaucoup plus large.

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Il y avait, en outre, des entres latrales et deux petits passages au fond de chacun des bas cts(1). Un btiment non fouill de Tipasa pourrait bien tre aussi une basilique judiciaire(2) (le plan en est donn fig. 38). Construit en belles pierres de taille, il mesure prs de 17 mtres de long, sur 10m, 75 de large. La faade tait orne de colonnes engages et prcde probablement dune galerie. A lintrieur, deux files de piliers sparent trois vaisseaux. La nef centrale, large de 5m, 70, devait tre surmonte dune simple toiture. Les deux bas cts, qui nont que 1m, 80 de largeur, paraissent au contraire avoir t couverts par des suites de votes dartes. Du ct de la nef, les piliers sont prcds de colonnes engages(3).
____________________ 1. On a trouv dans cette ruine des bases de statues ddies par la respublica Siguitanorum au Gnie de la colonie de Cirta, lempereur Hadrien et sa femme Sabine (Corpus, 5693, 5696, 5697). Mais nous ignorons si elles taient leur place primitive. 2. Gsell, Mlanges de l cole de Rome, XIV, 1894, p. 335-337, fig. 6, 7. 3. Au-dessus de ces colonnes, il y en avait sans doute dautres, engages dans le mur qui surmontait les arcades jetes entre les piliers. Les colonnes den haut devaient recevoir les extrmits des entraits de la toiture.

CHAPITRE IV

TEMPLES

Les plus beaux monuments des villes taient dordinaire les demeures des dieux. Par malheur, le nombre des temples antiques rests debout en Algrie est fort restreint. Le mieux conserv est celui de Tbessa(1) : nous en donnons le plan, fig. 39, et une vue, planche XIX. On la souvent compar la Maison Carre de Nmes, dont il na pas, il faut lavouer, les heureuses proportions et la sobre lgance. On constate bien, dit M. Hron de Villefosse, un travail trs personnel dans la dcoration, mais de la lourdeur, une recherche dornements qui tombe dans lexcs, des dfauts qui sont la marque dune cole loigne des grandes traditions. Cet difice date probablement du IIIe sicle. Aprs avoir t successivement, depuis la conqute franaise, une fabrique de savon, un bureau affect au service du gnie, un prtoire pour
____________________ 1. Letronne, Revue archologique, IV, 1847, p. 364-365. Moll, Annuaire de Constantine, 1858-9, p. 45-54, pl. III-IV. Aurs, Mmoires de lAcadmie du Gard, 1864-5, p. 114 et suiv. Playfair, Travels in the foosteps of Bruce in Algeria, pl. VIII. Hron de Villefosse, dans le Tour du Monde. 1880, II, p. 20-23. Ballu, Tbessa, Lambse, Timgad, fig. 2. Id., le Monastre byzantin de Tbessa, p. 6-7, pl. I. Nous citerons encore la vue publie dans Duruy, Histoire des Romains, VI, p. 595.

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le juge musulman, une cantine, un cercle militaire, une prison, une glise, il est devenu le muse de Tbessa.

Long de 18m, 80, large de 9, il slve sur un soubassement haut de mtres, dont lintrieur est partag en trois caveaux

TEMPLES

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vots, aujourdhui combls. Il ne parait pas certain que ces salles infrieures aient t utilises pour le service du temple; peut-tre taient-elles simplement, comme la pens M. Hron de Villefosse, des galeries de soutien. On montait au sanctuaire par un escalier dune vingtaine de marches, dont la partie suprieure tait resserre entre deux perrons. Cet escalier a t refait et ne compte, plus que treize degrs, le sol ayant t exhauss. Une range de quatre colonnes forme le front du monument ; par derrire, de chaque ct, deux autres colonnes slvent sur le bord du soubassement. Les fts monolithes, hauts de 6m, 40 sont en marbre blanc, vein de bleu ; ils ne prsentent pas de cannelures ; les chapiteaux appartiennent lordre corinthien. Les murs extrieurs de la cella sont rehausss de pilastres, avec des chapiteaux de mme ordre. La frise architrave qui surmonte les colonnes et les pilastres, offre des sculptures dun style surcharg et dune excution mdiocre. Des panneaux carrs, correspondant aux points dappui, enferment des bucrnes pars de bandelettes ; ils sparent des mtopes rectangulaires, dans lesquelles un mme motif est rpt partout : un aigle, vu de face, les ailes ouvertes, tenant sous ses serres deux serpents qui sallongent droite et gauche et enlacent des ceps de vigne. Au-dessus, rgne une corniche sans larmier ; elle est dcore de pirouettes, de canaux, doves et de denticules. La partie suprieure du temple est dune ordonnance anormale. Elle consiste en un attique, qui slve sur un socle et qui tait sans doute surmont dune corniche, aujourdhui dtruite. Cet attique est divis, comme la frise, en une srie de panneaux sculpts. Au-dessus de chaque bucrne, un cadre

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enferme soit un trophe, soit une Victoire aile, tenant dans ses mains un bouclier ou une couronne, soit une image de divinit : on distingue les deux Dioscures, Bacchus couronn de lierre et tenant un thyrse, Hercule (?) appuy sur sa massue. Quant aux mtopes qui occupent les intervalles, quatre dentre elles sont remplies par deux cornes dabondance croises ; les autres prsentent deux ou trois guirlandes. A ces motifs se mlent des rosaces, des branches, des masques ; dans un panneau, on remarque, en outre, deux trophes et un caduce; dans un autre, un mufle de lion. Les soffites du pronaos sont orns de rinceaux, de rosaces, de cornes dabondance flanquant un globe, dune tte dOcan, de corbeilles de fruits. Il ne reste aucune trace de fronton. M. Ballu a suppos quau lieu dune couverture double pente, il y avait, sur cet difice, un toit quatre versants. Moll sest demand si des statues ntaient pas dresses le long du fate, au-dessus des points dappui. Le mur antrieur de la cella a t refait en entier. Toute la dcoration de lintrieur a galement disparu. Le pavement est moderne ; peut-tre, dans lantiquit, le sol tait-il revtu dune mosaque. Comme la plupart des temples de lAfrique romaine, le monument que nous venons de dcrire slevait au fond dune cour, de forme rectangulaire, mesurant 41 mtres de largeur. La faade de lenceinte est en partie conserve ( 24 mtres en avant du temple). Elle est dcore, au dehors comme lintrieur, de pilastres corinthiens et perce de trois portes ; celle du milieu, cintre, a 2m, 15 de largeur. Le nom du temple de Minerve, donn communment

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ce sanctuaire, repose sur une erreur manifeste : on a pris pour des chouettes les aigles de lentablement, pourtant fort distincts. Ces aigles ont donn dautres lide de proposer la dnomination de temple de Jupiter(1). En ralit, on ignore quelle divinit ldifice tait consacr. A lpoque byzantine, il fut probablement converti en glise, comme paraissent lindiquer des tombes chrtiennes dcouvertes derrire le mur antrieur de lenceinte(2). A Timgad, un temple imposant, le Capitole, dominait toute la ville. Il nen subsiste plus que de maigres vestiges(3) (plan, fig. 40, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques ; vue, planche XX). Il navait pas moins de 53 mtres de long(4), sur 23 mtres de large. Un escalier de trente-huit marches, divises en deux sries par un grand palier, menait la plate-forme. Le front prsentait six colonnes ; il y avait en outre des colonnades sur les cts longs, mais non point par derrire. Les fts cannels, forms de huit tambours, mesurent 11m, 77 ; les chapiteaux corinthiens, faits de deux morceaux superposs, ont 1m, 58 de hauteur. Ils portaient un riche entablement. Si lon ajoute foi un dessin de Bruce(5), cinq colonnes et une partie de lentablement taient encore en place au sicle dernier. Tout a t renvers depuis, et les deux colonnes qui se dressent aujourdhui au Capitole sont une restauration rcente du Service des monuments historiques.
____________________ 1. Cherbonneau, Rec. de Const., VIII, 1864, p. 36 ; Playfair, l. c., p. 160; etc. 2. Guichard, Revue africaine, VIII, 1864, p. 271. Corpus. VIII, 2016 = 16517, 2019, 10636, 10637 16638 = 16519, 10639. 3. Bswillwald. Cagnat. Ballu. Timgad. p. 153-182. pl. XX-XXII. Ballu, les Ruines de Timgad, p. 189-208, pl. XXVII-XXX. 4. Sans compter les perrons. 5. Playfair, Travels, pl. VII.

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Il ne reste rien de la cella(1) ; mais, daprs lamnagement des substructions, on peut encore reconnatre quelle mesurait 17 mtres sur 11m, 20 et quelle tait divise au fond en trois compartiments, cest--dire en trois chapelles, qui contenaient videmment des statues de Jupiter Trs Bon et Trs Grand, de Junon Reine et de Minerve, les trois divinits adores dans les Capitoles. Les parois taient ornes dune marqueterie polychrome en marbre. A 10 mtres en avant du temple, un massif en pierres de taille et en blocage reprsente le soubassement dun vaste autel. La cour dalle au fond de laquelle se dresse le sanctuaire est longue de 105 mtres et large de 62. Des portiques lentouraient ; les chapiteaux des colonnades sont dordre composite et offrent un type assez original. Le mur de faade de cette cour tait galement prcd dune colonnade. Une inscription, trouve lentre, nous apprend que les portiques du Capitole furent restaurs sous Valentinien et Valens, vers 365, par les soins de Publilius Caeionius Caecina Albinus, gouverneur de la Numidie(2). A une basse poque, on refit le dallage de laire, et les portiques qui la bordaient sur les cts furent compltement remanis : celui du sud fut remplac, autant quil semble, par des files de cellules, donnant sur un long couloir. Un autre temple, dcouvert il y a trois ans Timgad, est beaucoup moins important. Il se trouve sur le decumanus maximus, auprs de larc de Trajan et en face du march (planche XXI). La cour, de forme trapzodale, prsente des portiques par devant et sur les cts. Elle fut dalle, comme
____________________ 1. Elle est restitue en hachures sur le plan ci-joint. 2. Corpus, VIII, 2388.

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latteste une inscription, sous le rgne dAntonin le Pieux, en 151. La faade de cette cour est perce de trois portes, auxquelles on montait par de petits escaliers, laire tant un niveau suprieur au decumanus. Les vestiges dun autel se voient quelques mtres en avant du temple, difice de petites dimensions, dont le front prsente quatre colonnes corinthiennes ft cannel et dont le soubassement contient deux chambres. Deux salles, de plain-pied avec la cour, flanquent le sanctuaire : ctaient soit des chapelles, soit plutt des annexes ; elles paraissent, du reste, tre dune poque plus rcente que le temple. En dblayant ces ruines, on a trouv des blocs de pierre portant des ddicaces Jupiter, Junon, Minerve, Liber Pater et Silvain(1). Nous ne mentionnerons que pour mmoire le petit temple construit derrire la tribune du forum de Thamugadi(2). La cella tait prcde dun portique de quatre colonnes. Le sous-sol formait une chambre vote, qui a pu tre utilise comme lieu de dpt. Le sanctuaire dEsculape, Lambse, est un difice vritablement original(3) (plan, fig. 41, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques ; vue, planche XXII). On la fouill vers 1847-1851 ; ses annexes ont t en partie dblayes, soit la mme poque, soit en 1881.
____________________ 1. Cagnat. Bull. Comit, 1898, p. CLVII-CLVIII. 2. Bswillwald, Cagnat, Ballu, Timgad, p. 47-48. Ballu, les Ruines de Timgad, p. 147-148. Conf. plus haut, p. 124. 3. Peyssonnel, Voyage, p. 351-2 et vue (inexacte). Delamare ; Revue archologique, IV, 1847, p. 452 et pl. 73. Id., Recherches sur Lambse, p. 38-9 et planche. Leclre, Revue archologique, VII, 1830, p. 123. Renier, Archives des Missions, II, 1851, p. 178-9 ; III, 1854, p. 322-3. Guyon, Voyage dAlger aux Ziban, planche de latlas. Recueil de Constantine, XXIII, 18834, p. 196-8. Ibid., XXVIII, 1893, p. 100-1. Cagnat, Guide de Lambse, p. 37, 52-56. Ballu, Tbessa, Lambse, Timgad, fig. 19. Les inscriptions recueillies en ce lieu sont au Corpus, Vlll, nos 2579-2586 ; (p. 303 et suiv.).

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Le btiment principal offre laspect dun grand hmicycle. Au milieu slevait encore, il y a cinquante ans, le front du temple, form de quatre colonnes doriques, fts cannels, sans bases. Cet ordre na t employ que fort rarement en Afrique lpoque impriale : on prfrait alors lordre corinthien. Les colonnes, avec lentablement quelles portaient, se sont croules en 1852. La cella faisait saillie en arrire de lhmicycle. A lintrieur, au fond, tait mnage une abside, abritant des statues dEsculape et dHygie(1) ; ces sculptures, fort mdiocres, sont aujourdhui au muse de Lambse (cest-dire au praetorium). Le sol de la salle tait revtu dun dallage en pierres rouges, les parois de plaques dun marbre rougetre, vein de blanc. Deux portiques recourbs flanquaient le sanctuaire et le reliaient deux plates-formes semi-circulaires,
____________________ 1. Cagnat, Muse de Lambse, pl. II.

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qui portaient des chapelles. Temple, ailes et chapelles taient prcds de marches. Des inscriptions, graves sur les entablements, nous font connatre que cet difice fut construit par la lgion III Augusta, sous Marc Aurle et Lucius Verus. Le temple proprement dit tait ddi Esculape et la desse Sant (Hygie), sculapio et Saluti , ldicule de gauche Jupiter Valens, celui de droite Silvanus. On accdait ce sanctuaire par une longue avenue, borde droite (au nord) dune srie de chapelles, qui furent leves, les unes aprs les autres, la fin du IIe sicle et au dbut du IIIe(1). Ce sont de petites salles rectangulaires, termines au fond par une troite abside(2) et prcdes dun escalier ; certaines dentre elles prsentaient peut-tre un portique sur le devant. Des marqueteries en marbre et des mosaques revtaient les parois et les sols; sur un seuil, les visiteurs pouvaient lire cette inscription, aujourdhui dtruite : Entre bon, sors meilleur (Bonus intra, melior exi) . Ces monuments taient consacrs diffrents dieux : Diane, Jupiter Depulsor, Apollon, Silvain, Mercure, au dieu dalmate Medaurus, dautres encore dont les noms nont pas t retrouvs. On sait que les anciens entouraient souvent les grands temples de chapelles ddies des divinits quils associaient ainsi au matre du sanctuaire : il suffit de rappeler ici les exemples bien connus du Capitole de Rome et du temple de la Desse Cleste Carthage.
____________________ 1. Il y avait probablement une autre chapelle (mais sans abside) ct de ldicule de Jupiter Valens, au sud. 2. Destine sans doute abriter la statue de la divinit laquelle la chapelle tait consacre. La plupart de ces absides sont barres par un mur transversal qui formait le devant dun socle.

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Au sud et louest de lhmicycle, les fouilles ont dgag des piscines paves de mosaques, des restes de baignoires en ciment, de fourneaux, dhypocaustes, dun systme de distribution deau(1). videmment, dit Renier, les malades venaient demander dans ce temple dEsculape autre chose que des oracles ; ils venaient y chercher le secours de la mdecine et tout tait dispos pour quils pussent y suivre un traitement. Nous ignorons si cet ensemble de constructions tait entour dun mur de clture. A peu de distance du temple dEsculape, dans la direction du sud-est, on rencontre les ruines du Capitole de Lambse, dblayes, il y a vingt ans, par le Service des monuments historiques(2) (plan, fig. 42(3) ; vue, planche XXIII). La cour A, rectangulaire, a 60 mtres de long sur 55 de large. Elle tait encadre par des portiques, sous lesquels se dressaient des statues. Cet espace na pas t compltement dgag ;cependant, on peut affirmer que lentre ne se trouvait pas en face du temple : cette exception la rgle ordinaire tait motive par lexistence dune autre enceinte sacre, dont nous parlerons tout lheure. Un vaste sanctuaire, tourn vers lOrient, sadosse au mur de fond. Il est dune belle construction, en grandes pierres de taille. Dans le soubassement, qui est fort lev, sont amnags des caveaux vots, auxquels deux entres latrales donnent accs : peut-tre ont-ils servi de magasins. Il ne reste plus que quelques vestiges de lescalier, qui
____________________ 1. Tout cela se distingue peine aujourdhui. 2. Rec. de Const., XXIII, 1883-4, p. 199-201. Cagnat, Guide de Lambse, p, 56-58. Id., apud Bswillwald, Cagnat, Ballu, Timgad, p. 165-167. Ballu, Tbessa, Lambse, Timgad, fig. 20. 3. Daprs le plan du Service des monuments historiques.

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comptait vingt marches, resserres entre deux perrons. Deux ranges de colonnes slevaient dans le pronaos : la premire en comprenait huit; par derrire, on nen avait plac que quatre,

pour ne pas obstruer les portes de la cella. Les fts, cannels, avaient environ 7 mtres de hauteur ; les chapiteaux appartiennent lordre corinthien. La cella mesure 20m, 68 de largeur et 11m, 38 de pro-

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fondeur. Elle prsente une disposition toute particulire. Une paroi, perce de trois baies cintres, la coupe en deux salles symtriques (B et C), qui, lune et lautre, offrent au fond une grande niche quadrangulaire, destine sans nul doute contenir une ou plusieurs statues. Derrire le mur de sparation, est tablie une petite logette (D), communiquant avec la salle de gauche par une troite ouverture : on ne voit gure quoi ce rduit a pu servir. Par devant, la frise de lentablement portait une inscription dont les fragments ont t recueillis terre(1). Ctait une ddicace Jupiter Trs Bon et Trs Grand, Junon Reine et Minerve par la respublica Lambaesis. En gnral, dans les Capitoles, sanctuaires consacrs trois divinits, la cella est divise en trois compartiments ou prsente trois niches, de manire abriter les trois statues. Comment ces statues taient-elles places dans les deux salles du temple de Lambse ? cest ce que nous ne saurions dire. Le temple voisin(2) est perpendiculaire au Capitole, et un mur mitoyen forme une partie de son enceinte, louest. Laire, qui est en contrebas dun mtre par rapport la cour contigu, mesure 75 mtres de long sur 35 de large ; elle tait aussi entoure de portiques, que dcoraient des statues. La faade, oriente au nord, prsentait au milieu une porte monumentale trois baies, qui na laiss que quelques traces. Contrairement lusage, le sanctuaire ntait pas adoss au mur de fond. Il nen subsiste que le soubassement et lon ignore quelle divinit il tait ddi.
____________________ 1. Corpus, VIII, 18226. 2. Rec. de Const., XXIII, 1883-4, p. 199-201. Cagnat, Guide de Lambse, p. 58-59.

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A Cuicul, la partie sud-est de la place que nous croyons avoir t le forum est occupe, comme on la vu(1), par un temple(2) (plan, fig. 43 ; vue, planche XXIV). La cour, au fond de

laquelle il se dresse, a plus de 50 mtres de long, sur 34 de large. On y pntrait, semble-t-il, par deux entres, mnages
____________________ 1. Conf. plus haut, p. 126. 2. Ravoisi, I, p. 56-58, pl. 39-44. Delamare, pl. I00 ; pl. 104, fig. 2.

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vers les extrmits de la face, au nord-ouest. Dans ltat actuel des ruines, qui sont recouvertes de terre et de ronces, nous ne saurions dire si cette aire tait entoure de portiques. Le temple est en pierres de taille, fort bien appareilles. Le mur de gauche est encore intact, et il reste de grands pans des murs antrieur et postrieur. Par contre, lescalier a t entirement dtruit et les colonnes du pronaos gisent sur le sol. Le soubassement mesure 2m, 68 de hauteur, llvation totale du sanctuaire, jusquau sommet du fronton, devait tre denviron 16m, 50. Quatre colonnes corinthiennes non canneles constituaient la faade, loigne de 5 mtres du front de la cella. Ce front est orn chaque extrmit dun pilastre. Il ny avait pas de colonnes sur les cts du pronaos : on avait eu la hardiesse, comme le remarque Ravoisi, de placer l une plate-bande monolithe, longue denviron 6 mtres, qui allait, sans tre soutenue par un troisime point dappui, du pilastre la colonne dangle. Lentablement tait dune dcoration trs sobre. La frise portait une longue inscription, dont des dbris ont t dcouverts en avant du soubassement(1), ddicace de la respublica C[uiculitanorum] pour le salut, lternit et les victoires dun empereur dont le nom a t martel plus tard ; il y a des raisons de croire que ce prince tait Elagabale ou Alexandre-Svre. Quant au nom de la divinit laquelle ces vux sadressaient, il a disparu. La cella mesurait, au dedans, 9m, 50 environ de largeur sur 10m, 80 de profondeur. Le parement intrieur des parois, dit Ravoisi, prsente de grandes ingalits et semble avoir t revtu dun contre-mur en petits moellons, avec chanes en pierre, afin doffrir des surfaces unies et propres recevoir
____________________ 1. Corpus. VIII, 8322 = 20138.

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plus facilement une dcoration, soit quon y ait appliqu des stucs, soit quon y ait excut des peintures. Dans cette mme ville de Cuicul, un autre temple, beaucoup plus vaste (ctait peut-tre un Capitole), na laiss que quelques vestiges(1). La hauteur du soubassement tait de 4m, 50 environ, la largeur du front de 19m, 40. Six colonnes formaient la faade du pronaos ; il y en avait une autre sur chaque flanc, par derrire. On voit encore en place deux bases attiques, reposant sur dpais massifs en pierres de taille ; elles mesurent 1m, 63 de ct. Dans lintrieur du soubassement, il y avait trois longs caveaux vots. et l, apparaissent des arrachements de murs, qui ont pu clore une aire de 82 mtres de large, sur 84 mtres de profondeur. Ravoisi a suppos que la faade de cette cour tait prcde de propyles : hypothse qui aurait besoin dtre confirme par des fouilles. Actuellement, les abords du temple sont envahis par des broussailles, jonchs de dcombres de toute sorte ou cachs sous des masures. Les ruines de Tigzirt, tudies par Gavault, sont situes dans le dpartement dAlger, sur la cte, 26 kilomtres lest de Dellys. Vers le milieu de la ville romaine, on voit un curieux petit temple, auquel il ne manque gure que les frontons(2) (plan, fig. 44, daprs Gavault ; vue, planche XXV). La cour et le sanctuaire forment ensemble un rectangle, long de 13m, 75, large de 6m, 40. Lautel slevait sans doute au centre de la cour, que limitait un mur en pierres de taille, haut denviron 3 mtres(3), ouvert seulement par devant. Au fond,
____________________ 1. Ravoisi, I, p. 58, 59; pl. 45, 46. Delamare, pl. 99, fig. 2 ; pl. 104, fig. 6. 2. Revue de lAfrique franaise, 1886, pl. IX ( la p. 145). Gavault et Bourlier, Revue africaine, XXXV, 1891, p. 6-12. La disposition de ce temple nest pas sans analogie avec celle de la curie de Timgad (voir plus haut, fig. 36, lettre C). 3. Ce mur parait avoir t exhauss plus tard.

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la cella occupe toute la largeur de lenclos. Aucun pronaos ne la prcde, et on y entre directement, aprs avoir franchi un escalier de sept marches. Contrairement lusage(1), elle regarde louest. La salle est peu prs carre : les dimensions intrieures sont en effet de 5m, 30 sur 5 mtres. La faade souvre entirement sur la cour, mais elle est partage en trois baies par deux colonnes, ft monolithe et chapiteau dordre composite (un oiseau, aux ailes ployes, y est sculpt). Ces colonnes soutiennent un mur plein, dont une des pierres, place jadis au-dessus de la baie centrale, portait la ddicace du temple(2). Linscription nous apprend que, sous le rgne de Septime-Svre, vers le dbut du IIIe sicle, C. Julius Felix, personnage important du lieu, fit raser sa maison, dj vieille, et construire la place un temple au Gnie du municipe de Rusuccuru. A 2 mtres et 2m, 50 au-dessus des colonnes, la partie suprieure des murs de la cella offrait deux corniches
____________________ 1. On sait que les temples paens taient, en rgie gnrale, tourns vers lest. Mais il faut ajouter que les exceptions , cette rgle ne sont pas trs rares. Par exemple, a Lambse, le temple voisin du Capitole est orient au nord; Djemila, le temple du forum, au nord-ouest. 2. Corpus, VIII, 8995.

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superposes, qui enfermaient une sorte de frise comprenant deux assises de pierres(1). La statue du Gnie dcorait videmment lintrieur de la salle, quoiquon nen ait pas mme retrouv le pidestal. Par contre, on a dcouvert, prs de lescalier, les bases de deux statues, qui devaient tre places, soit dans la cella, soit dans la cour. Lune de ces statues reprsentait le donateur, lautre sa femme. Il convient de remarquer que lun des cts longs de lenclos est en partie form par un mur qui semble tre plus ancien que le reste du monument : il appartenait peut-tre la maison de ce Julius Felix, qui aura jug propos de lutiliser dans la construction du sanctuaire(2). A Ksar Mahidjiba, bourg romain distant dune vingtaine de kilomtres de Constantine au sud-est, se dresse aussi un petit temple, encore assez bien conserv(3) (planche XXVI). Ravoisi, qui la tudi, la pris tort pour un poste militaire. Il repose sur un soubassement lgre saillie, qui, par derrire, comprend au moins cinq assises(4). Le pronaos mesurait environ 3m, 50 de profondeur ; les colonnes qui devaient lorner ont disparu. La cella, dont la porte regarde lorient, a 5m, 75 de long sur 5m, 15 de large. Les parois, peu prs intactes, atteignent une hauteur de 7 mtres ; elles sont surmontes dune corniche, dont le dessus est creus dentailles, o sinsraient les fermes de la toiture. Les frontons manquent. Plus tard, trs probablement lpoque byzantine, ce sanctuaire
____________________ 1. La corniche suprieure nest plus en place ; on en a retrouv des fragments terre. 2. Linscription dit pourtant : deposita ad solum domo sua veteri . 3. Ravoisi, I, p. 77 ; pl. 65, 66. Delamare, pl. 162. Cherbonneau, Annuaire de Constantine, 1854-5, p. 153. Playfair, Travels, p. 43-44. 4. Le bas est enterr. Ce temple est construit sur une pente sinclinant de lest louest : il est donc probable que le soubassement est moins lev par devant ( lest) que par derrire.

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fut encastr dans une enceinte dfensive et on en remania la partie antrieure. Les Arabes lappellent le Chteau Enchant (Ksar Mahidjiba) et justifient ce nom par diverses lgendes, quil est superflu de rapporter ici. Dans la rgion de Tbessa, au lieu dit Gaga ou Henchir Hamacha, prs du village de Youks, on trouve un difice rectangulaire(1), qui pourrait bien tre un petit temple. Il faut dire pourtant que cela nest pas certain et que nous avons le droit de nous demander sil ne sagit pas dun grand mausole(2). Le monument a 8 mtres de large, sur 12m, 95 de long. Toutes ses faces sont dcores de pilastres corinthiens, au nombre de douze, dont quatre double front, aux angles. Ils reposent sur un soubassement, haut dun mtre au moins. Dans le feuillage de chaque chapiteau, est figur un vase deux anses, doit schappent soit des ceps avec deux grappes de raisin(3), soit des pis, entremls parfois de pavots. Les pilastres, avec leurs chapiteaux et leurs bases, mesurent 3m, 80 de hauteur. Au-dessus rgne un entablement, large de 1m, 12 : il comprend une architrave dont le bandeau offre des moulures formant cadre, une frise lisse, enfin une corniche. Par devant et par derrire, il y avait sans doute des frontons, qui ne sont plus en place. Lentre, large de 2m, 20, regarde le sud-est ; elle tait encadre par des montants et un linteau moulurs. Cet difice est dun joli aspect, quoique la construction soit assez mdiocre et ne semble pas indiquer une date antrieure la seconde moiti du IIIe sicle. Il na pas t dblay; on recueillerait probablement, dans les dcombres qui lembarrassent, tous les lments ncessaires une restauration complte.
____________________ 1. De Bosredon, Rec. de Const., XVIII, 1876-7, p. 402-3. 2. Comme le pense Masqueray, Revue africaine. XXIII, 1879, p.80. 3. Ce motif nindique nullement que ldifice soit chrtien.

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Nous terminerons ici notre revue des temples romains de lAlgrie. On voit que certains dentre eux prsentent des dispositions qui ne sont point banales : cette remarque sapplique en particulier au temple de Tbessa, celui de Tigzirt, au sanctuaire dEsculape et au Capitole de Lambse, Il suffira de mentionner en note les temples qui ont t dtruits depuis loccupation franaise, ou qui noffrent que des vestiges trop peu importants pour pouvoir tre tudis avec fruit(1).
____________________ 1. 1 Announa. Grand temple, dans la partie sud-est de la ville. Il nen reste que le soubassement, long de 25 mtres, large de 15m, 50 ; un certain nombre de caveaux y sont mnags. Ces substructions ont t remanies une basse poque. On trouve au mme endroit quelques fragments architecturaux, qui ont appartenu au sanctuaire : bases corinthiennes de 1m, 30 de ct ; tambours de colonnes, de 0m, 80 0m, 90 de diamtre ; deux chapiteaux composites de bon style, hauts de 0m, 98. Ravoisi, II, p. 15, pl. 47. Poulle, Rec, de Constantine, XXVI, 1890-1, p. 346-8. BerneIle, ibid., XXVII, 1892, p. 108-110. 2 Cherchel. difice dordre corinthien, qui tait peut-tre un temple, en arrire de lesplanade. Il en subsiste de beaux dbris en marbre: chapiteaux, morceaux dentablement, masques colossaux, etc. Ce monument parat avoir t construit aux environs de Pre chrtienne, peut-tre sous Juba Il. Revue africaine, III, 1858-9, p. 155-7. De Verneuil et Bugnot, ibid., XIV, 1870, p. 139. Gauckler, Muse de Cherchel, p. 42, 52. Gsell, Guide archologique des environs dAlger, p. 52. 3 Cherchel. Soubassement dun grand temple priptre, dans le quartier occidental de Caesarea. Les colonnes, en pierre, taient formes de plusieurs tambours. 4 Constantine. A la Casba, emplacement du Capitole romain, il y avait deux temples priptres, dont le bas seul subsistait en 1837. Lun mesurait 34m, 50 de large sur 43 de long, et il devait atteindre une hauteur de prs de 34 mtres. Lautre avait 26m, 90 de large et 33m, 90 de long. Ravoisi, I, p. 29-30, 31 ; pl. 6 et 8. Delamare, pl. 119. Cagnat, Timgad, p. 162. Le plan de ces deux temples se trouve reproduit sur notre figure 80. 5 Lambse. A la source dAn Drinn, il ne subsiste presque plus rien du temple de Neptune, difice dont Renier et Delamare avaient vu des dbris importants. Wilmanns, Bull. des antiquits africaines, I, 1882-1883, p. 192-193. Recueil de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 205. Cagnat, Guide de Lambse, p. 60-61. Corpus, VIII, p. 315, nos 2654-2656. Voir en particulier les numros 2654 et 2656, qui donnent des dtails sur larchitecture du sanctuaire 1 (2654, inscription de lanne 174) [por]ticus et an[tas] et propyla cum v[estibulo]... 2 (2656, fin du IV sicle) aedem fontis cum porti[cu].. ad faciem pristinam orn[atam]... 6 Mdaourouch. A 300 mtres environ au sud-ouest du fort byzantin,

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M. Toussaint a dgag quelques vestiges dun temple, quil serait intressant de fouiller : restes dun autel, qui avait 1m, 60 de largeur, fragments de corniches, chapiteau de pilastre corinthien, statue de femme sans tte ni bras (Crs ?), faux bas-reliefs reprsentant des canphores ; ces figures sont des plus barbares. 7 Philippeville. Sur lemplacement quoccupe le thtre moderne, on a trouv les fondations dun vaste temple. Elles renferment une srie de caveaux vots, dont la disposition semble indiquer une cella trois compartiments : il est donc possible que ce sanctuaire ait t un Capitole. Ravoisi, ll. pl. 49. Delamare, pl. 34-35 (vers le milieu, mais gauche). Renier, Archives des Missions, Ill, 1854, p. 318 (qui croit quil y avait l une basilique). Fenech, Histoire de Philippeville, p. 28-29 (qui y voit des thermes). Vars, Rusicade et Stora, p. 50 et 90. 8 Port Gueydon (ou Azeffoun). En ce lieu, Vigneral (Ruines romaines de Kabylie du Djurdjura, p.70 et pl. XII) a cru reconnatre un temple dans un difice orn de colonnes et pav en mosaque. 9 Stif. Un soubassement et quelques bases de colonnes, qui avaient peuttre fait partie dun temple de Diane, ont t dtruits depuis de longues annes. Ravoisi, I, p. 71, pl. 58. Duboys, au Corpus, p. 972 (addition au n 8436). 10 Sour Djouab. Dans le quartier oriental slevait un difice important, quornaient des colonnes monolithes de 4 mtres de hauteur. Il a t remani une poque tardive. Tout prs de l, tissent les dbris de deux statues ; lune reprsentait Jupiter assis, tenant le foudre ; lautre. Minerve. Il y avait probablement en cet endroit un Capitole. Chabassire, Revue africaine, XIII, 1869, p. 456 et pl. IV. 11 Tbessa. Dans la partie sud de la ville actuelle, on voit une muraille, dexcellente construction, qui se dresse 4m, 50 au-dessus du sol actuel et se poursuit pendant une soixantaine de mtres. Elle est couronne dune corniche. Est-ce le reste dun grand temple, comme on la suppos ? Il faudrait, en ce cas, y voir la clture de la cour du sanctuaire. Moll, Annuaire de Constantine, 1858-9, p. 78 (il croit que ctait un palais). Hron de Villefosse, le Tour du Monde, 1880, II, p. 18. 12 Zana. Temple, au sud-est de la ville. On a retrouv quelques fragments darchitecture appartenant au sanctuaire (fleurons, buste de Diane entre des triglyphes). La porte qui donnait accs la cour est encore debout ; nous en parlerons au chapitre suivant. Linscription de lattique, aujourdhui fort mutile, mentionne des travaux faits dans le temple ; ... pronaum, porticu[m, cum columni]s et epistilis... (C. I. L., 4585 = 18647). Voir Graillot et Gsell, Mlanges de lcole de Rome, XIV, 1894, p. 540. Pour des temples de Tipasa et de Khamissa, voir plus haut, p. 55, n 1, et. P. 61. Je laisse de ct des ruines que divers auteurs ont qualifies de temples, sans motif plausible. Il me parait galement inutile dnumrer les sanctuaires antiques de lAlgrie qui ns nous sont connus que par des inscriptions; je ne citerai ici que quelques textes donnant des dtails intressants au point de vue de larchitecture : 1 Aumale. Temple de Saturne. Corpus, VIII, 9023 : Saturno... templum opere signin[o]... 2 Cherchel. Temple dEsculape. Corpus, 9320 (inscription mutile) :

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____________________ ... [pro]nao, lacu, arb(oribus), marmorib(us), statuis et omni orn[atu] cum columnis, etc. 3 Kherbet Guidra (Sertei). Temple de Saturne, restaur en 247. Corpus 8826: ... templum, simul cum area et aras restituit, etc. 4 Lambse. Temple de Minerve. Corpus, 2647 : Minervae Augustae templum et signum numini eius cum base... restituerunt, etc. 5 Lambse. Temple dlsis et de Srapis. Corpus, 2630 = 18100 (inscription. de lanne 158) : [L. M]atuccius Fascinus, leg(atus) Aug(usti) [pr(o)p]r(aetore), aedem , ab antecessoribus [suis i]nstitutam, exaltatam et adiecto pronao per leg(ionem) III Aug(ustam), [columni]s sua pecunia positis, exornavit. 6 Philippeville. Temple de Bellone. Corpus, 7957 : templum cum omnibus ornamentis et pictura... renovavit. 7 Tigzirt. Temple de Saturne. Comptes Rendus de lAcadmie des Inscriptions, 1894, p. 264 : Pro ornamento templi Dei Invicti Frugiferi at suplendam [p]orticu(m) novam... 8 Zana. Gsell, Recherches archol. en Algrie, p. 194, n 203 : ... [p]ronaum cum columnis. [pic]tura parietum et porticu...

CHAPITRE V

ARCS DE TRIOMPHE. PORTES MONUMENTALES

LAfrique septentrionale est la partie de lEmpire romain o il y a le plus grand nombre de ces monuments quon appelle en gnral arcs de triomphe. Ils pourraient tre classs en deux sries : ceux qui faisaient partie dune enceinte (mur de ville, clture de temple ou de place), dont ils constituaient lentre ; ceux qui se dressaient isols sur des places ou sur des voies. Quelques archologues voudraient rserver ces derniers lappellation darc de triomphe, et donner aux autres le nom de porte monumentale. Mais les anciens ne paraissent pas avoir fait cette distinction dune manire rigoureuse. La porte de Caracalla, leve lentre du forum de Cuicul, se soudait sans doute, de chaque ct, dautres constructions ; cependant, linscription encore en place sur lattique la qualifie darcus triumphalis. Dailleurs, au point de vue architectural, il ny a pas de diffrence essentielle entre les arcs isols et les antres : si, dans ceux-ci, la partie postrieure tait quelquefois moins orne, si quelques moulures de retour manquaient sur les flancs, les faades de ces deux catgories de monuments taient conues daprs les mmes principes. Nous ne les sparerons donc pas dans notre tude.

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ARCS A UNE BAIE Le type le plus simple comporte deux pieds-droits, carrs ou rectangulaires, sans autre dcoration quune base moulure et une corniche place limposte de larcade. Un entablement passe au-dessus de la baie et fait le tour de ldifice. Il est surmont dun attique. Telle est la disposition de la porte dite El Gouassa (larc), qui se dresse lextrmit sud-est des ruines de Thubursicum,

sur la voie romaine de Tipasa(1) (plan, fig. 45 ; vue, planche XXVII). Elle est assez bien conserve et atteint encore une hauteur denviron 6 mtres ; cependant lentablement et lattique manquent. La baie mesure 4 mtres douverture, les pieds-droits 2m, 10 de long sur 1m, 85 de large. Larcade ne prsente point darchivolte. La construction nappartient pas une bonne poque, les moulures de limposte sont dun profil peu correct: cette porte pourrait bien ne pas tre antrieure au IVe sicle.
____________________ 1. Chabassire. Rec. de Constantine, X, 1866, pl. XII, fig. 4. Robert, ibid., XXXIII, 1899, p 243 et pl. III de larticle.

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La porte place lentre de lenceinte dun temple de Zana(1) est de mme type, mais plus petite (plan, fig. 46 ; vue, planche XXVIII). Louverture na que 2m, 50 de largeur ; elle pouvait tre ferme, car on distingue encore par derrire les trous pour les gonds des vantaux. Les pieds-droits mesurent 1m, 47 de long sur 0m, 78 de large. Des archivoltes bordent le cintre. Les parties suprieures sont aujourdhui dtruites ; lattique portait une inscription dont des dbris gisent au pied de larc(2) : ctait une ddicace grave par les soins dun certain Saturio, magistrat municipal, qui restaura le sanctuaire.

A Henchir Kissa, ruine situe 10 kilomtres au nord de Tbessa, se trouve une porte, enterre jusqu la naissance de larcade(3) (planche XXIX). Les pieds-droits, longs de 1m, 10 larges de 0m,43, encadrent une baie de 2m, 40 douverture. Larcade est dpourvue darchivolte, et, au-dessus, il ny a quune corniche, au lieu dun entablement complet. On voit encore en place la plus grande partie de lattique, qui consiste simplement en deux assises de pierres de taille, sans moulures. Cette porte ntait pas isole ; peut-tre reprsente-t-elle
____________________ 1. Guyon, Voyage dAlger aux Ziban, dernire planche (vue inexacte). Renier, Mlanges dpigraphie, p. 186-189. Graillot et Gsell, Mlanges de lcole franaise de Rome, XIV, 1894, p. 538-541. 2. Corpus, VIII, 4585 = 18647. Conf. plus haut, p. 153, n 12. 3. Girol, Rec. de Constantine, X, 1866, p. 217. Gsell, ibid., XXXII, 1898, p. 288.

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lentre dune place ou dune aire de temple. A lpoque byzantine, elle fut incorpore dans une grossire muraille. Les monuments dune dcoration aussi sobre sont assez rares en Algrie. On compte, au contraire, un grand nombre darcs orns de pilastres. Dans le quartier oriental dAnnonna, se voient les ruines dune porte(1) (planche XXX), dont les deux flancs semblent bien avoir t rattachs des murs(2) ; elle faisait donc partie dune enceinte. Le ct droit (au nord) est encore en assez bon tat, mais il ne subsiste plus que le bas du massif de gauche ; larcade sest croule presque tout entire. La baie a 4m, 20 de large. Chaque pied-droit offre, par devant comme par derrire, deux petits pilastres corinthiens non cannels, qui garnissent la paroi entre la moulure de la base et la corniche de limposte. Le cintre est bord darchivoltes. Lentablement comporte une architrave trois bandes, une frise unie, forme dune seule assise de pierres, enfin une corniche. Il ne reste rien de lattique. Les moulures et les chapiteaux, feuilles non dcoupes, sont dune excution nglige et sans lgance ; laspect gnral de ce monument devait tre assez lourd. Nous ne pensons pas quil soit antrieur au IIIe sicle. Le plus souvent, les pilastres qui dcorent les arcs sont de dimensions beaucoup plus grandes que dans cette porte dAnnouna. Ils coupent les impostes(3) et atteignent lentablement qui passe au-dessus de la baie. A Marcouna (autrefois Verecunda), lieu distant de 3 kilo____________________ 1. Ravoisi. II, p. 13, pl. 12-14. Delamare, Revue archologique, VI, 1849, p. 17. Id., Exploration, pl. 164, fig. 8, 13-16 ; pl. 166, fig. 1. 2. Ravoisi croit que cette porte tait isole. 3. Souvent, les corniches dimposte ne font pas le tour des pieds-droits ; elles cessent la rencontre des pilastres qui flanquent la baie.

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mtres de Lambse, se dressent deux arcs, construits lun et lautre sous Marc-Aurle(1). Le premier, au nord-est des ruines, tait jet sur la route qui, partant du camp de la lgion, se dirigeait vers Thamugadi et Theveste ; le second, au sudouest, sur la voie qui sortait de la ville de Lambse et allait rejoindre la route du camp, proximit du premier arc. Larc du nord-est sera dcrit plus loin. Quant lautre (plan, fig. 47 ; vue, fig. 48), il est dcor sur chaque face de deux grands pilastres, flanquant la baie. Les chapiteaux, dordre

corinthien, ne sont plus en place(2). Larcade, entoure dune archivolte, est demeure intacte, mais les parties suprieures ont presque entirement disparu. Quelques fragments des inscriptions que portaient les deux faces de lattique ont t retrouvs terre(3). Ils nous font savoir que ce monument fut ddi Marc-Aurle et Lucius Verus par la respublica Verecundensium, en lan 162 de notre re ; cette date, D. Fonteius Frontinianus tait lgat des empereurs en Numidie. Une des deux portes que lon rencontre dans la partie orientale de la ville romaine de Lambse, prcisment sur la route de Verecunda, est dun type analogue (planche XXXI) ; mais
____________________ 1. Rec. de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 202. 2. Lun deux gt au pied de larc. 3. Corpus, 4206 = 18510 ; 18511.

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chaque face offre quatre pilastres, au lieu de deux(1). Ce monument est aujourdhui fort ruin. Cependant larcade subsiste. Elle est borde darchivoltes assez simples, et la clef offre, de chaque ct, un buste en relief : lun reprsente une femme tourele, lautre nest plus distinct. Il y a aussi des sculptures sur lintrados de cette clef, mais elles sont trs effaces : on ne reconnat avec certitude quun glaive dans son fourreau. A la hauteur de limposte, des consoles font saillie en avant des pilastres les plus voisins de la baie. Les autres pilastres ont pu prsenter la mme disposition : ils ne se sont pas conservs jusqu cette hauteur. Peut-tre ces consoles portaient-elles des colonnettes, flanquant des niches mnages entre les pilastres (conf. les niches de larc dont nous allons parler). Parmi les dcombres jonchant le sol, on a recueilli plusieurs morceaux des deux ddicaces qui ornaient lattique ; daprs le tmoignage de ces inscriptions, larc fut lev sous lempereur Commode parla lgion III Augusta, dont M. Valerius Maximianus tait alors le chef(2). Il y a Lambse un autre arc, assez bien conserv, peu prs semblable et de mme poque(3) (plan, fig. 49 ; vue, planche XXXII). Il est jet sur la route qui sortait de la porte orientale du camp et menait Verecunda. Les pilastres accoupls qui slvent droite et gauche de la baie, sur chaque face, encadrent des niches cintres, dont le bas se trouve au niveau de limposte, cest--dire 4 mtres environ du sol. Larcade est dcore darchivoltes. Il ne reste plus quune par____________________ 1. Delamare, Recherches sur Lambse, p. 36. Rec. de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 202. Cagnat, Guide de Lambse, p. 60. La largeur totale de larc est de 9m, 69, celle de la baie de 3m, 77. Lpaisseur des pieds-droits est de 1m, 20 (saillie des pilastres non comprise). 2. Corpus, VIII, 2698 et 18247. 3. Rec. de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 191. Cagnat, l. c., p. 48. Ballu, Tbessa, Lambse, Timgad, fig. 16.

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tie assez minime de lentablement. Sur lattique, dont aucune pierre nest plus en place, deux inscriptions(1) rappelaient que larc fut construit sous Commode, aux frais dun ancien officier de la troisime lgion, conseiller municipal de la colonie de Thamugadi. Quelquefois, des colonnes engages remplacent une partie des pilastres. Tel est le cas pour la porte qui se trouve lentre de la ville de Timgad, au nord(2) (fig. 50, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques). Il ne subsiste que le bas de cet difice, mais on reconnat que, par

devant comme par derrire, la baie tait flanque de deux demi-colonnes et de deux pilastres, dordre corinthien. Des fragments dune inscription, qui figurait sans doute sur une des faces de lattique, permettent de supposer que larc fut achev ou restaur sous Antonin le Pieux, en 149. Peut-tre fut-il commenc sous Trajan : une autre inscription, qui parat avoir t grave sur le ct oppos, commmore la fondation de Thamugadi par ce prince. Deux trous, visibles de chaque ct de la baie, indiquent lemplacement des pivots des deux vantaux qui pouvaient fermer louverture, large de 3m, 50(3). Les pieds-droits taient vids et les deux pices
____________________ 1. Corpus, 2699 = 18112 ; 2700 = 18246. 2. Bswillwald, Cagnat et Ballu, Timgad, p. 124-130. Ballu, les Ruines de Timgad, p. 109-111. 3. Il est bon de remarquer que la baie ntait pas surmonte dune vote continue en berceau, mais dun plafond, bord de chaque ct par une arcade qui reposait sur deux petits pieds-droits se faisant vis--vis lentre du pas-

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rectangulaires ainsi formes servaient probablement de corps de garde. De cette porte, une rue mne directement lentre principale du forum. L aussi slevait un arc, en faade sur le decumanus maximus(1). Sur le front, chacun des pieds-droits tait rehauss dune colonne engage et dun pilastre : disposition semblable celle des deux faces du monument qui

vient dtre dcrit. Par derrire stendait un palier, avec deux entres latrales, flanques de pilastres. Nous allons maintenant dcrire une srie darcs une seule ouverture, dun type trs usit en Afrique. Les pilastres qui dcorent les pieds-droits y sont prcds de colonnes, entirement dgages. Pilastre et colonne reposent sur un pidestal lev, muni dune base et dun couronnement moulurs.
____________________ sage. La mme disposition se retrouve aux trois baies de larc de Trajan Timgad, de larc de Macrin Zana, de celui de Septime-Svre Lambse, dun autre arc de cette ville, situ lest du Capitole. Ailleurs, la baie, tant Peu profonde, est, comme il est naturel, surmonte dune simple arcade. 1, Bswillwald, Cagnat, Ballu, l. c., p. 18. Ballu, l. c., p. 101.

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Ils portent un entablement : celui-ci se dcroche de lentablement passe au-dessus de la baie et qui fait le tour de ldifice. A ce type appartenait un arc fort lgant de Constantine, tait en assez bon tat il y a soixante ans et quon a dtruit sans ncessit(1). La baie, large de 5m, 75, tait flanque, sur lune et lautre face, de deux pilastres corinthiens, prcds de deux colonnes(2). Des inscriptions(3) prouvent que cet arc triomphal(4) fut lev vers le dbut du IIIe sicle, par les soins dun magistrat de Cirta, M. Caecilius Natalis, peut-tre identique au Caecilius Natalis qui est un des interlocuteurs du clbre dialogue chrtien de Minucius Felix. Un arc analogue se dresse, encore presque intact, au milieu des ruines de Zana(5) (plan, fig. 51 ; vue, planche XXXIII). Il y manque toutefois la plupart des blocs qui constituaient lattique, ainsi que les deux colonnes de la face orientale : elles furent, dit-on, transportes Constantine au XVIIIe sicle. A droite et gauche de larcade, chaque face est orne dun pilastre corinthien et dune colonne monolithe de mme ordre, slevant sur un pidestal commun, de 2m, 25 de hauteur. Larcade, dont le diamtre est de 4m, 50, repose sur deux impostes qui ressemblent des chapiteaux de pilastre et qui sont dun style surcharg (mandres, suite doves
____________________ 1. Ravoisi, I, p. 19 et 35. pl. 17-18. Delamare, pl. 123, fig. 2-7, et 124, fig 1. 2. Les colonnes, ainsi que lentablement et lattique, manquaient dj lors de la conqute de Constantine. 3. Corpus, VIII, 7094 = 19434 (qui a d dcorer la faade de larc) ; 7095-7098 (pierres places dans le voisinage immdiat de larc). Doublet et Gauckler, Muse de Constantine, pl. II, fig. 2. 4. Arcus triumphalis cm statua aerea Virtutis domini n(ostri) Antonini Augusti. 5. Renier, Mlanges dpigraphie, p. 189-190 et planche la fin du volume. Duruy, Histoire des Romains, p. 273. Revue de lAfrique franaise, 1886, pl. VI ( la p. 71). Graillot et Gsell, Mlanges de lcole franaise de Rome, XIV, 1894, p. 533-537, pl. XII et XIII.

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et, au dessous, deux ranges de feuilles). La dcoration des archivoltes est aussi assez riche (ranges de perles et de rais (le cur). Lintrados prsente des rosaces, des fleurons et des bouquets de feuilles de vigne, rpartis dans des caissons ; au centre, est sculpte une figure de Diane, la desse protectrice de Diana Veteranorum. Dans lentablement, la frise, profil convexe, ressemble un long boudin, la corniche est trs saillante. Le monument complet devait atteindre 9m, 50 de hauteur. Aux abords, on a recueilli plusieurs fragments de deux

longues inscriptions(1), qui remplissaient peut-tre les faces de lattique. Ctaient deux ddicaces, parfaitement identiques, en lhonneur de Marc-Aurle et de Lucius Verus. Elles attestent que ldifice auquel elles se rapportent fut fait en lanne 165, aux frais de la commune de Diana ; cette date, le lgat de Numidie tait C. Maesius Picatianus. Larc que lon voit au nord-est des ruines de Marcouna(2) est dune architecture un peu plus complique (plan, fig. 52 ; vue,
____________________ 1. Corpus, VIII, 4591 et 4592. Gsell, Recherches archologiques en Algrie, p. 191, nos 197-8. 2. Delamare, Recherches sur Lambse, p. 55. Revue de lAfrique franaise, 1886, pl. VIII ( la p. 78). Graef, apud Baumeister, Denkmler des klassischen Altertums, III, p. 1870 et 1890.

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planche XXXIV). La baie, large de 3m, 62, est flanque, sur chaque face, droite et gauche, dun pilastre que prcdait une colonne ; plus loin, un simple pilastre fait saillie

lextrmit du pied-droit. Les colonnes ont disparu ; larcade, dcore darchivoltes, subsiste, ainsi quune portion de lentablement et de lattique. La frise est relativement leve et

se compose de deux assises de pierres. Lattique montre encore une bonne partie de deux ddicaces Marc Aurle par la respublica Verecundensium(1). La date indique correspond lanne 172 de notre re : lempereur tait alors reprsent
____________________ 1. Corpus, VIII, 4209 = 18497 et 4210 = 18498.

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en Numidie par le lgat M. Aemilius Macer Saturninus. La baie pouvait tre ferme, comme lindiquent des mortaises creuses de chaque ct de louverture. A Announa, larc qui slve dans la partie haute de la ville, peut-tre a lentre du forum(1), offre une disposition dont on trouve dautres exemples dans lAfrique septentrionale (plan, fig. 53 ; vue, planche XXXV). Par devant comme par derrire, louverture, large de 4m, 16, est flanque de deux couples de pilastres, prcds de deux couples de colonnes(2). Les chapiteaux, dordre corinthien, sont mdiocrement excuts, ainsi que les, moulures ; cependant, les proportions du monument ne manquent pas dlgance. Larcade, borde darchivoltes, est en assez bon tat ; mais il ne reste de lentablement quune partie de larchitrave ( trois bandeaux) et de la frise. Quant lattique, il est entirement dtruit. Des fouilles au pied de ce monument amneraient sans doute la dcouverte de la ddicace. Larc de Djemila(3) (plan, fig. 54 ; vue, planche XXXVI) fut vu par le duc dOrlans en 153, lors de lexpdition des Portes de Fer. Le prince ladmira fort et songea le faire dmonter pierre par pierre, pour le rdifier sur une place de Paris, en souvenir des exploits de larme franaise dAfrique. Ce projet, dailleurs peu ralisable, fut vite abandonn, et la porte romaine domine encore, de sa masse mal assure, les
____________________ 1. Berbrugger, Algrie historique, pittoresque et monumentale, province de Constantine, planche la page 22. Ravoisi, II, page 11-12, pl. 8-10. Delamare, Revue archologique, VI, 1849, p. 14. Id., Exploralion, pl. 164, fig. 9. 2. Ces colonnes ne sont plus en place. Plusieurs chapiteaux gisent terre. 3. Nodier, Journal de lexpdition des Portes de fer, p. 203-204, planche la p. 198. Ravoisi, I, p. 53-55, pl. 34-38. Delamare, pl. 101 et 104, fig. 4. Saladin, Archives des Missions, 3e srie, XIII, p. 85, fig. 149. Normand, lAmi des Monuments, XII, 1898, p. 79.

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ruines de la colonie de Cuicul. On a d, il y a quelques annes, lui faire subir un tayage provisoire, qui le dfigure. Lornementation des deux faces est la mme qu larc de Thibilis. En outre, une niche semi-circulaire, cintre au sommet, est mnage dans chaque pied-droit, sur les deux faces ; des moulures dont lensemble imite une coquille dcorent les culs de four. Ces quatre niches taient videmment destines abriter des statues. Selon lusage, lordre que lon a adopt est le corinthien.

Les pilastres subsistent, les colonnes manquent. Elles ont t coupes, dit Ravoisi, pour former les ds de plusieurs poteaux dun hangar. Les impostes de larc sont dune dcoration plus riche que de coutume (oves, range de feuilles dacanthe, pirouettes, tresse). A lest, larchivolte est orne, chacune de ses extrmits, dune tte surmonte de feuillage. Lentablement se compose dune architrave deux bandeaux, dune frise lisse, trs troite, et dune corniche assez lourde ; les dcrochements placs sur les pilastres et les colonnes se sont en partie conservs. Chaque avant-corps tait probablement couronn dun fronton, fait dune seule pierre(1). Le milieu
____________________ 1. On voit, au pied de larc, trois frontons complets et un morceau du quatrime.

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de lattique est encore en assez bon tat : on y lit du ct du forum une ddicace(1), rappelant que cet arc triomphal fut lev par la commune de Cuicul lempereur M. Aurelius Severus Antoninus (Caracalla), sa mre Julia Domna et au Divin Svre, son pre. La date que donne linscription rpond lan 216 aprs Jsus-Christ. La hauteur totale de larcest de 12m, 63, la largeur de 10m, 60, dont 4m, 34 pour louverture, sous laquelle passe une voie dalle. Sur un des flancs du monument (au nord), on remarque lamorce dune arcade, avec le pied-droit qui la portait. Larchitecte a donc eu lintention dtablir en cet endroit une baie cintre, afin de relier larc quelque autre construction(2). Le flanc oppos est de biais ; il ntait pas isol : un mur venait sappliquer contre larc, avec lequel il formait un angle obtus. La porte construite lentre occidentale de Thamugadi(3) ressemblait aux deux prcdentes, en juger par la disposition des assises infrieures qui, seules, sont demeures en place. Comme la porte septentrionale de la ville, la baie pouvait tre ferme. Auprs, on a recueilli plusieurs fts de colonne cannels, des chapiteaux corinthiens, dautres dbris de lornementation, enfin quelques fragments dune ddicace Marc-Aurle et Lucius Verus, qui figurait sur lattique. Un arc semblable, retrouvs Tbessa(4), est encore plus mal conserv. On ne voit plus que le bas dun des pieds-droits(5) servant actuellement de socle un monument commmoratif de
____________________ 1. Corpus, VIII, 8321. Elle est grave sur cinq dalles, dont quatre seulement sont en place. Sur lautre face, lattique ne porte pas dinscription. 2. Ravoisi croit pourtant que ce projet ne fut jamais mis excution. 3. Bswillwald, Cagnat et Ballu, Timgad, p. 130-133. 4. Dans le jardin des Zouaves, 100 mtres environ de la porte de Constantine. Conf. Saladin, Archives des Missions, 3 srie, XIII, p. 222. 5. On distingue la trace de lautre pied-droit.

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lexpdition de Tunisie. La route qui sortait de la ville romaine pour se diriger vers Cirta passait sous la baie, qui mesurait 4m, 05 de largeur.

A ces arcs double faade, nous joindrons deux grandes portes dont Le front seul prsente le mme agencement. La

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premire se trouve Morsott, 32 kilomtres au nord de Tbessa(1) (plan, fig. 55). La baie est large de 3m, 65(2), elle nest pas borde par une archivolte. De chaque ct de louverture slvent deux pilastres, que prcdaient deux colonnes, aujourdhui disparues. Contrairement lusage, ces deux couples reposaient sur un pidestal unique, de 2m, 90 de Largeur. Une niche quadrangulaire, sommet cintr, est mnage entre les pilastres. Le haut du monument est dtruit. La partie postrieure noffre pas davant-corps. Il est facile dailleurs de constater, en regardant les flancs de cette porte, quelle ntait point isole : elle devait former lentre dune enceinte, peut-tre dune clture de temple. Plus tard, on construisit par derrire un btiment en pierres de taille, de 10 mtres de ct, pav en mosaque et orn, au centre, dun petit bassin carr. Lautre porte forme le front du passage couvert qui donnait accs, du ct de lest, la grande cour de la basilique chrtienne de Tbessa(3) (elle sera reproduite dans le second volume de cet ouvrage, planche LXXXVIII). Larcade, haute sous La clef de 7m, 50 et borde dune archivolte, est encore en bon tat, mais toute la partie suprieure manque, ainsi que les colonnes. Cette faade se soudait des murs. Les constructions dont elle faisait partie et que nous aurons dcrire au livre III ne peuvent gure remonter au del de la fin du IVe sicle(4).
____________________ 1. Mentionne par Sriziat, Rec. de Constantine, XII, 1868, p. 457 ; par De Bosredon, ibid., XVIII, 1876-7, p. 409 ; par Masqueray, Bull de correspondance africaine, I, 1882-3, p. 323. 2. On y distingue trs nettement, sur le dallage, les trous qui servaient assujettir les Vantaux. 3. Rec. de Constantine, XXX, 1895-6, planche la page 22. Ballu, le Monastre byzantin de Tbessa, p. 13 ; pl. II, IV (en bas), V ( gauche), XII (en bas). 4. Outre les arcs qui viennent dtre tudis, jen indiquerai encore

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LES MONUMENTS ANTIQUES DE LALGRIE ARC A DEUX BAIES

Le seul arc deux baies de lAlgrie(1) se voit Announa(2) (plan, fig. 56, daprs Ravoisi ; vue, planche XXXVII). Il ornait lentre mridionale de la ville. De ce point, une grande voie dalle, se dirigeant, du sud au nord, conduisait
____________________ plusieurs que je nai pas vus, mais qui sont brivement mentionns par des archologues : 1 A Oudjel (Uzelis), 37 kilomtres louest de Constantine. Creuly, Annuaire de Constantine, 1853, p. 88. Cherbonneau, ibid., 1854-5, p. 147, Reboud et Goyt. Rec. de Constantine, XX. 1870-1880, p. 15. 2 A Mechta Nehar, une trentaine de kilomtres au nord-ouest de Constantine. Cherbonneau, ibid., VII, 1863, p. 180. Reboud et Goyt, ibid., XX, p. 68. 3 A El Goula (Arsacal), une trentaine de kilomtres au sud-ouest de Constantine. Restes dun arc, ddi Hadrien. Cherbonneau, Ann. de Constantine, 1860-1, p. 249. Corpus, VIII, 6047. 4 A Lambiridi, au sud-ouest de Batna. Les deux pieds-droits (mesurant 2m, 32 sur 1m, 25) ne paraissent pas avoir prsent davant-corps. La baie avait 3 mtres de largeur. Les restes de cette porte ne sont plus visibles aujourdhui. Luciani, Rec. de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 116. 5 et 6 A Henchir Gouat, dans la plaine du Garet, au sud-est de Khenchela. Deux portes. Lune delles fut leve au temps de Valens, Gratien et Valentinien II. Masqueray, Revue africaine, XXII, 1878, p. 468. Corpus, VIII, 10702 = 17616. 7 et 8 A Besseriani (Ad Majores), au sud-ouest de Tbessa. Arc, dont les pieds-droits prsentent de chaque ct un pilastre corinthien, qui supporte une corniche assez simple. La largeur de la porte est de 3m, 50 entre les pieds-droits, soit 5 mtres entre les pilastres; du sol la clef de vote, la hauteur est de 4 mtres (Baudot). La partie suprieure offrait une ddicace Gallien et Saloninus, de lanne 267. Des vestiges dune autre porte semblable et de mme poque ont t signals Besseriani. Baudot, Recueil de Constantine, XVII, 1875, p. 124125. Masqueray, Revue africaine, XXIII, 1879, p. 74-75. Corpus, VIII, 2480 et 2481 = 17970. La porte de Bougie cite par Graef, apud Baumeister, Denkmler des klassischen Altertums, III, p. 1889, n 45 (daprs Delamare, pl. 2, en bas, gauche), a t construite par les Espagnols, au XVIe sicle. 1. Conf. larc de Saintes, en France ; Graef, apud Baumeister, l. c., p. 1884, n 29. 2. Berbrugger, Algrie historique, province de Constantine, pl. la page 22. Ravoisi, II, p. 10-11, pl. 5-7. Delamare, Revue archologique, VI, 1849, p. 18-19. Id., Exploration, pl. 164, fig. 7, 10-12 ; pl. 166, fig. 2.

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la porte tudie plus haut(1) et sans doute aussi au forum. Les trois pieds-droits, de forme rectangulaire (2m, 18 x 1m, 76), offrent chaque angle de petits pilastres cannels, surmonts de chapiteaux corinthiens feuilles non dcoupes ; au dessus, rgnaient les impostes. Cette dcoration rappelle celle dune troisime porte dAnnouna, dont nous avons dj parl(2). Les baies, bordes darchivoltes, ont 3 mtres de largeur.

Le monument est dune facture assez nglige et aujourdhui fort ruin. Lune des arcades est compltement dtruite, les deux tiers de lautre manquent. Il ne reste quune petite partie de lentablement (architrave assez paisse, frise trs troite, large corniche) ; deux pierres seulement de lattique demeurent en place. Une des baies, celle de lest, a servi de porte une grande enceinte, faite avec des matriaux de dmolition, probablement sous la domination byzantine.
____________________ 1 Page 167. 2. Page 138.

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ARCS A TROIS BAIES On trouve Khamissa les ruines, fort enterres, dune porte trois baies, qui se dressait sans doute lentre du forum(1) (planche XXXVIII). Elle est dune architecture trs simple. Les pieds-droits, qui mesurent 1m, 25 de ct, sont dpourvus davant-corps et ne prsentent que des corniches dimposte. Louverture centrale est large de 3m, 40 et dpasse de 0m, 75 la hauteur des autres baies, lesquelles ont seulement 2m, 35 de largeur. La partie suprieure de ce monument sest croule. Il semble appartenir une basse poque. Les Byzantins lincorporrent dans une muraille dfensive. Le plus clbre des arcs de triomphe de lAlgrie est jet sur la rue principale de Timgad, 120 mtres louest du forum(2) (plan, fig. 57, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques ; vue prise antrieurement la restauration de 1 900, planche XXXIX ; vue de larc restaur, planche XL). Comme tous ceux que nous allons dcrire maintenant, il offre des avant-corps, forms par des pidestaux levs, que surmontent des colonnes et des pilastres. Il y a, sur chaque face, quatre avant-corps, encadrant les trois baies. Les fts sont cannels ; les chapiteaux, dune facture assez mdiocre, appartiennent lordre corinthien; deux dentre eux (sur la face orientale, droite et gauche de la grande baie) sont dcors aux angles daigles tenant un foudre.
____________________ 1. Chabassire, Rec. de Constantine, X, 1866, pl. XII, fig. 3. 2. Playfair, Travels in the footsteps of Bruce, pl. VI. Rec. de Constantine, XXII, 1882, p. 335-336. Bswillwald, Cagnat et Ballu, Timgad, p. 133150, pl. XVI-XIX. Ballu, les Ruines de Timgad, p. 107-110, pl. IX-X. Wieland, Ein Ausflug ins altchristliche Afrika, p. 149.

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La baie principale, rserve aux voitures, a 4m, 20 de largeur et 6m, 65 de hauteur sous clef. Les deux autres ouvertures, qui servaient aux pitons, sont beaucoup plus basses : elles natteignent que 2m, 50 de large et 3m, 50 de haut. Au-dessus de ces baies latrales, se creusent des niches rectangulaires, qui contenaient des statues. Chaque niche tait flanque de deux colonnettes, reposant sur des consoles et portant un petit entablement. Lentablement de larc est assez simple : une architrave

trois bandeaux, une frise lisse, une corniche. Selon lusage, des dcrochements se projettent au-dessus des avant-corps. Sur chaque face, deux grands frontons cintrs couronnent les parties extrmes, au-dessus des niches : cest le seul exemple que lon connaisse de cette ordonnance(1). Ils font saillie sur le profil de lattique, dont le milieu est rest en place(2). La hauteur totale du monument est de 12 mtres.
____________________ 1. Les frontons courbes appartiennent larchitecture hellnistique dAsie. Mais il y en a aussi en France, Nmes, au-dessus dune partie des niches du nymphe que lon appelle Bains de Diane. 2. Le reste a t refait en 1900.

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On a retrouv terre des fragments de la ddicace qui tait grave sur le front ouest : linscription indiquait que la colonie de Thamugadi fut fonde par Trajan(1).Il est vraisemblable, mais non certain, que larc date du rgne de cet empereur. Sous Septime-Svre, deux statues de Mars et de la Concorde furent dresses eu avant de la faade occidentale. A Lambse, il ne reste plus quune ou deux assises dun arc trois baies, large de 16m, 75, qui prcdait laire du temple voisin du Capitule(2). Il navait davant-corps colonnes dtaches que sur les deux massifs flanquant louverture centrale ; les pieds-droits extrmes taient simplement dcors de pilastres. A lest de ce temple, sur la voie qui conduisait de la ville de Lambse Verecunda, slve un autre arc(3) triple baie(4), prsentant, comme celui de Timgad, quatre avantcorps sur chaque face. Ce monument, qui a t bti en partie avec des dbris ddifices plus anciens, date probablement dune basse poque. Il est fort ruin; une seule des baies est reste en assez bon tat ; les colonnes manquent(5) ainsi que lentablement et lattique. Le troisime arc triple ouverture de Lambse est mieux conserv (plan, fig. 58 ; vue, planche XLI). Il se dresse au pied de la colline que couvrait la ville antique(6). A cet endroit
____________________ 1. Corpus, VIII, 2355 = 17842. Cette inscription tait identique celle de la porte du nord (conf. p. 162). 2. Conf. plus haut, p. 145. 3. Delamare. Recherches sur Lambse, p. 36-7. Renier, Archives des Missions, II, 1851, p. 179. Rec. de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 202. 4. La baie centrale mesure 4m, 95 de large, les deux autres 2m, 25. 5. Auprs de larc gt un mauvais chapiteau corinthien. 6. Guyon, Voyage dAlger aux Ziban, planche de latlas. Rec. de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 193-4. Cagnat, Guide de Lambse, p. 4950. Ballu, Tbessa, Lambse. Timgad, fig. 18. Wieland, Ein Ausflug ins altchristliche Afrika, p. 135.

ARCS DE TRIOMPHES. PORTES MONUMENTALES aboutissait la voie Septimienne, longue de plus dun kilomtre, qui reliait le camp la ville ; comme son nom lindique, elle fut tablie sous SeptimeSvre. La porte, dune construction rgulire et soigne, peut avoir t faite la mme poque. Elle ressemble presque exactement la prcdente. Nous remarquerons cependant que les deux flancs sont orns dun couple de pilastres, qui manquent larc de la voie de Verecunda. Les parties suprieures, entablement et attique, se sont, croules depuis longtemps ; les colonnes ont disparu, comme dans la plupart des portes romaines dAfrique. Larc de Macrin,

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Zana(1) (plan, fig. 59 ; vue planche XLII), appartient au mme type, mais il na pas de pilastres sur les flancs. Il mesure 14 mtres de longueur et slve 10 mtres. Louverture du milieu, large de 3m, 90, haute de 5m, 50, est accoste de deux petites baies, dont la hauteur, archivolte comprise, atteint peu prs le niveau des impostes de la baie principale. Les colonnes, dont aucune nest reste debout, et les pilastres sont dordre corinthien, selon lusage. Dans lentablement, larchitrave et, surtout, la frise offrent des dimensions trs rduites par rapport la corniche, dont les moulures sont assez compliques. Lattique portait, sur le devant (au nord), une ddicace aux empereurs Macrin et Diadumnien, dont un fragment est demeur sa place primitive et dont les autres dbris jonchent le sol(2). La
____________________ 1. Renier, Mlanges dpigraphie, p.191 et suiv. Revue de lAfrique franaise, 1886, pl. VII (p. 71). Diehl, Nouvelles Archives des Missions, IV, 1893, pl. I. Graillot et Gsell, Mlanges de lcole de Rome, XIV, 1894, p. 537-539 et pl. XIV. 2. Corpus, VIII, 4598.

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date indique correspond lanne 217 de notre re. Sous la domination byzantine, cet arc de Zana fut incorpor dans un fortin, dont il forma lun des cts. Au XVIIIe sicle, on voyait encore Constantine, sur la rive droite du Rummel, les ruines dun arc de triomphe perc de trois ouvertures, dont la plus grande avait environ 25 pieds de large(1). Les indignes lappelaient Ksar et Ghoula, le chteau de la Goule. Salah Bey en prit presque toutes les pierres pour la restauration du grand pont romain(2).

ARCS A QUATRE FACES Il ne reste plus rien de la grande porte quatre faces, ou ttrapyle, que le comte Avitianus fit construire, vers 360, Constantine, en avant de la basilique de Constance(3). Les dessins quon en a faits dans les premiers temps de la conqute montrent quelle tait dune architecture fort simple. Elle avait 14m, 30 de ct et les baies mesuraient 6m, 20 de largeur. Les pieds-droits ntaient pas rehausss de pilastres et ne prsentaient pour toute dcoration que des moulures dimposte.
____________________ 1. Peyssonnel, Voyage dans les rgences de Tunis et dAlger, p. 303. Shaw, Voyages dans la Barbarie (traduction franaise publie la Haye en 1743), I, planche la page 159 ; daprs ce mauvais dessin, des pilastres corinthiens formaient les montants des baies, des archivoltes entouraient les arcades, et il y avait de grands pilastres entre les ouvertures, Temple et FaIbe, Relation dune excursion Constantine, p. 72, 75. Ravoisi, I, p. 1012. Cherbonneau, Annuaire de Constantine, 1853, p. 109. Poulle, Rec. de Constantine, XIII, 1869, p. 672, 716. Vars, ibid., XXVIII, 1893, p. 313-4, 2. Conf. plus haut, p. 109, n, 1, 3, Ravoisi, I. p. 19 et 31, pl. 14. Delamare, pl. 124, fig. 1 et 2, Cherbonneau, Annuaire de Constantine, 1853. p. 115. Poulle, Rec. de Constantine, XIII, 1869, p. 677-8 : XIX, 1878, p. 313-5. 423. Vars, ibid., XXVIII, 1893, p. 260-1. Corpus, VIII, 7037-8, et p. 965.

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Le bel arc de triomphe de Tbessa(1) (plan, fig. 60 ; vue, planche XLIII) appartient au type, si rpandu en Afrique, des portes avant-corps. Mais, au lieu de deux faades adosses, il en a quatre, disposes en carr. Il tait isol et se dressait sur une place, peut-tre lintersection du decumanus maximus et du cardo(2). Sauf le couronnement, dont on ne peut plus que deviner la disposition, il est encore bien conserv. Trois colonnes manquent seulement; au nord, lentablement a t restaur. Le massif du monument, dit Moll, se compose de quatre pieds-droits, runis deux deux par des arceaux de 4m, 60 de porte, avec une hauteur sous clef de 8m, 30. Chacun de ces pieds-droits est un carr de 3m, 17 de ct et lensemble des quatre est galement dispos en carr : ce dernier a 10m, 94 dans ses deux dimensions. Les quatre faades sont exactement pareilles. Chacune delles prsente, droite comme gauche de la baie, un avant-corps, form : 1 dun socle assez lev, avec deux dcrochements ; 2 de deux colonnes, dresses laplomb de ces dcrochements et prcdant deux pilastres ; 3 enfin dun entablement unique, couronnant le couple de colonnes et semblable celui qui surmonte les arcades. Les chapiteaux sont dordre corinthien ; les fts, monolithes de 5m, 73 de
____________________ 1. Letronne, Revue archologique, IV, 1847, p. 365-370, pl. 70. Moll, Annuaire de Constantine, 1858-9, p. 54-75, pl. VII-IX. Aurs, Mmoires de lAcadmie du Gard, 1864-5, p. 114 et suiv. Playfair, Travels in the footsteps of Bruce, pl. IX. Hron de Villefosse, le Tour du Monde, 1880, II, p. 17, 302. Duruy, Histoire des Romains, VI, p. 136. Graef, apud Baumeister, article cit, p. 1890-2. Ballu, Tbessa, Lambse, Timgad, fig. 1. Id., Le monastre byzantin de Tbessa, p. 6 et pl. I. 2. Mommsen (au Corpus, p. 939) croit que larc fut lev sur un terrain appartenant un particulier. Mais la restitution quil propose dune lacune de linscription n 1858, nest pas absolument certaine.

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hauteur, et les pilastres nont pas de cannelures ; des archivoltes bordent les arcades. La dcoration des parties suprieures est riche et mme surcharge. Il faut ajouter que lexcution des sculptures laisse

dsirer : larc de Tbessa est un monument dune poque de dcadence, comme le temple qui lavoisine. A la clef de vote de chaque arcade, un mdaillon circulaire enferme un buste en haut relief. Celui de la face nord a disparu. Celui de la face mridionale est devenu fruste ; au dessous, lon distingue un

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mufle de lion : la figure reprsente tait peut-tre Saturne, ou Cyble, ou la desse Cleste. A lest, il y a une Minerve et, au-dessous, une tte de Mduse. Le mdaillon de louest offre le buste dune femme, qui porte une couronne tourele et qui est coiffe, selon la mode africaine, de boucles frises retombant symtriquement sur le front et de chaque ct des joues. Cest sans doute la divinit protectrice de la ville, la Fortuna de Theveste. Au dessous, un aigle, les ailes ployes, tient un foudre dans ses serres(1). Sur larchitrave stalent des rinceaux, mls de rosaces ; ils sont encadrs, en bas, par une range de rais de cur, en haut, par des oves. La petite corniche qui surmonte cette architrave est forme de pirouettes, de canaux, doves et de denticules. Les soffites des avant-corps prsentent des ttes dOcan, accostes de rosaces et de feuillages. Les caissons des plafonds que bordent ces soffites sont orns de rosaces. La frise mesure 1m, 25 de hauteur. Dans les avant-corps, elle est lisse; au-dessus de chaque baie, elle porte une inscription. Au sud, cest une ddicace M. Aurelius Severus Autoninus (Caracalla), remontant lanne 214(2) ; louest, une ddicace Julia Domna, mre de lempereur(3) ; lest, une troisime ddicace, sadressant au pre de Caracalla, le Divin Svre, qui tait dj mort depuis trois ans(4). Linscription de la face septentrionale est compltement dtruite ; on a plac, cet endroit, un texte byzantin commmorant la rdification de Theveste par le gnral Solomon. La corniche de lentablement comprend des pirouettes,
____________________ 1. Rec. de Constantine, VIII, 1864, p. 35, pl. XXVI. 2. Corpus, 1857. 3. Ibid., 1856. 4. Ibid., 1855.

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des canaux, des modillons, des oves, des denticules et des rais de cur. Le bord suprieur de cette corniche est 10m, 93 du sol. A lintrieur de larc, le plafond tait constitu par de longues dalles, dont les extrmits sengageaient dans les murs des faades, et dcor de caissons ; on nen voit plus que quelques vestiges. Il ny a pas dattique, mais une construction qui parait avoir t trs importante surmontait le massif perc de quatre baies que nous venons de dcrire. Il nen reste quune aile, au-dessus de la face mridionale. Cest un dicule couvert, se composant dune niche semi-circulaire, quencadrent deux pilastres, et de deux colonnes corinthiennes, places en avant de la niche. Un petit entablement le surmonte, et on peut croire quil tait coiff dun fronton. A droite et gauche, la niche tait, semble-t-il, flanque dune baie, dont un des montants subsiste. Trois dicules identiques se dressaient sans doute sur les autres faces. Ces quatre ailes, disposes en croix, devaient sadosser une construction centrale, qui a disparu et qui tait probablement une coupole. A la partie suprieure de chacun des angles que forment par leur rencontre les murs des faades, tait tablie de biais une arcade en pierres de taille, qui limitait une niche en blocage, ressemblant un segment dentonnoir. Ces trompes servaient porter la coupole. Larc de Tbessa est donc un des exemples les plus anciens dune coupole sur plan carr(1). En effet, on ne peut pas admettre que le faite de cet arc soit dune poque postrieure au reste du
____________________ 1. Larc quatre faces de Tripoli, construit sous Marc-Aurle, une quarantaine dannes avant celui de Tbessa, est aussi surmont dune coupole. Il en est de mme de larc de Lattaquieh, en Syrie : il parait dater du temps de Septime-Svre. Mais, dans ces arcs, lagencement de la coupole nest pas le mme qu Tbessa.

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monument : ldicule conserv est tout fait de mme style que les faades. Deux des pieds-droits portent une longue inscription sur un de leurs cts intrieurs(1). On y lit certaines dispositions du testament de C. Cornelius Egrilianus, prfet de la quatorzime lgion. Ce personnage, sans doute originaire de Theveste, institua comme hritiers son frre et sa sur, mais en leur imposant lobligation dlever un arc : celui que nous venons dtudier. Une somme de 250.000 sesterces (67.000 francs environ) tait affecte lexcution de ce travail et, en outre, de deux dicules quatre colonnes qui devaient orner le forum et abriter des statues de divinits(2). Le testateur ordonnait quune somme gale ft verse la caisse municipale, pour offrir des jeux publics dans les thermes, soixante-quatre fois par an ; enfin, le Capitole de Theveste devait recevoir un certain nombre de plats et de vases en or et en argent. Une inscription mutile(3), trouve lors de la dmolition dun mur de basse poque qui obstruait une des haies, mentionne la rfection, en lanne 361, de deux faades dun monument : frontes duas a solo const[ruendas curavit, quae]infinitis
____________________ 1. Corpus, VIII, nos 1858, 1859; addit. la page 939; n 16504. 2. Arcum cum statuis [III fieri iussit], tetrastylis duobus cum statuis [..e]t Minervae, quae in fore fieri prae[cepit, adiectis]. Les statues mentionnes aprs larc paraissent bien se rapporter ce monument, Elles ornaient sans doute les dicules de la partie suprieure. La petite lacune aprs arcum cum statuis est regrettable et ne peut pas tre supple avec certitude. On aurait trouv dans le haut de larc de triomphe un torse en marbre blanc, qui est aujourdhui au muse de Tbessa (Rec. de Const., VII, 1863, p. XII) ; daprs larrangement du manteau, ce pourrait tre un Jupiter, un Esculape, un Gnie. Mais le lieu de la dcouverte ne semble pas avoir t indiqu avec exactitude. Suivant un autre renseignement, qui parat plus digne de foi (Girol, Rec. de Const., X, 1866, p. 181), cette statue aurait t recueillie ou pied de larc, comme aussi un torse de Virtus, conserv au muse. Les deux ttrastyles sont des constructions distinctes de larc : conf. plus haut, p. 129, n. 2. 3. Corpus, 1860 = 16505.

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ruderibus obplet[ae erant]. Peut-tre, comme on la suppos, les mots frontes duas dsignent-ils deux faades de larc de triomphe. Mais, dans ce cas, les expressions dont sest servi le rdacteur de la ddicace, seraient singulirement emphatiques, car rien nindique que, depuis lpoque de Caracalla, larc ait t lobjet dune restauration importante : le style de lornementation est exactement le mme sur les quatre faces. Sous la domination byzantine, cet arc devint une des portes de la grande enceinte que nous aurons dcrire plus tard(1).
____________________ 1. Pour finir ce chapitre, nous mentionnerons quelques arcs romains dAlgrie qui ne sont connus que par des inscriptions : 1 Constantine. Arc qui se dressait probablement au Capitole : Corpus, 7105. 2 et 3 Ksar el Ahmar (rgion dAn Beida). Arc construit en lanne 303 : Corpus, 4764 = 18698. Arc construit sous Valentinien et Valens : Corpus, 4767 = 18701. 4 Lambse. Fragment dinscription trouv entre les arcs et le temple dEsculape (Corpus, 2723 = 18120) ... [ad] ornandam plateam arcus... 5 et 6 Mdaourouch. Mention dun arc et dune statue : Corpus, 4679. Mention dun arc : Ibid., 4684. 7 Pont du Chlif (Quiza). Inscription de lanne 128, mentionnant les arcus portaru[m] (Ibid., 9697 = Bull. Comit, 1894, p. 359). Il sagit peuttre de simples arceaux, surmontant des portes de ville. 8 Timgad, Pierre employe dans le fort byzantin (Corpus, 2372): statuam Martis ad arcum pantheum...

CHAPITRE VI THTRES. AMPHITHTRES. CIRQUES

THTRES

En Algrie, on trouve des restes de thtres antiques Philippeville, Djemila, Guelma, Khamissa, Timgad, Tipasa de Maurtanie. Le mieux conserv est celui de Djemila(1), o le Service des monuments historiques a commenc des fouilles, quil conviendrait de poursuivre (plan, fig. 61 ; vue, planche XLIV). Selon lusage, il est tabli sur une pente, qui a t amnage pour ltablissement des gradins. Lhmicycle regarde le nord-est(2). Ce thtre mesure 62 mtres dans sa plus grande largeur ; il ne parait pas avoir pu contenir plus de trois mille cinq cents spectateurs. Ravoisi, qui attribuait lorchestre des proportions trs vastes, a suppos que cet espace servait loccasion darne pour des combats de gladiateurs : hypothse que rien ne confirme. Au-dessus de lorchestre, une premire zone de
____________________ 1. Ravoisi, I, p. 60-62, pl. 47-49. Delaware. pl. 102 ; pl. 104, fig. 1. Boeswillwald, Cagnat et Ballu, Timgad, p. 106, fig. 45. 2. La plupart des autres thtres sont galement tourns vers le nord. Grce cette orientation, les spectateurs taient moins exposs aux rayons du soleil.

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gradins, en pierres de taille, comprend neuf rangs ; un palier la spare de la zone suprieure, qui en compte quinze ; ces gradins mesurent 0m, 40 de haut et 0m, 60 de large. La plupart des thtres romains prsentent une galerie leur partie suprieure ; il nen tait pas ainsi Djemila. Le mur de clture na que 2 mtres de hauteur ; il est dcor dune base moulure et dune corniche. Sept escaliers troits vont de lorchestre ce mur, qui est perc de petites baies daccs. Delamare et Ravoisi ont admis, tort croyons-nous, lexistence dun couloir circulaire autour du monument, lextrieur : nous nen avons vu aucune trace. Deux autres entres souvraient droite et gauche de lorchestre, sous des passages vots. La murette, haute de 1m, 28, qui limite par devant lestrade o jouaient les acteurs, offre une srie de niches, les unes arrondies, les autres carres ; elle est dcore de pilastres corinthiens, ft cannel, prcds de colonnettes. Deux petits escaliers sont tablis vers les extrmits et mettent en communication lestrade et lorchestre (voir planche XLV). La scne est large de 34m, 30 et profonde de 7m, 15. Le mur de fond se dresse encore une hauteur denviron 6 mtres. II est bord dune sorte de socle, lev de 2m, 20, qui portait des colonnes corinthiennes, places devant des pilastres(1). Ce mur prsente trois grands renfoncements. Celui du milieu, dont louverture mesure 8m, 45, est de forme semicirculaire : disposition assez frquente, qui tait dun bel effet dcoratif et avait, semble-t-il, des avantages pour lacoustique. Au fond de cet hmicycle souvre une baie, quencadrent deux pilastres, prcds jadis de colonnes, et dont le seuil domine de 2m, 20 le niveau de la scne ; un escalier y conduit.
____________________ 1. Ces colonnes ne sont plus en place. On en voit des dbris terre.

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Les deux autres renfoncements sont rectangulaires et plus troits (5m, 90 et 5m, 80 de largeur) ; les baies qui sy trouvent sont, comme la baie principale, accessibles par des degrs et encadres par deux pilastres. Les espaces flanquant ces renfoncements forment des salles. Il y a aussi plusieurs pices, non fouilles ou mal conserves, droite et gauche de lestrade. En arrire, stend un long soubassement, parallle au mur de la scne. Il est couronn dune corniche. Peut-tre portait-il une colonnade, servant de faade au thtre et bordant une galerie dont la largeur aurait t de 4m, 10. Des chambres (sans doute des magasins) taient mnages par-dessous. Dans lorchestre, au pied de la scne, on voit les restes dun gout, destin recueillir les eaux de pluie ; il se poursuit sous le sol dun des passages vots(1). Aucune inscription ne permet actuellement de dater ce thtre dune manire prcise. Nous ne pensons pas quil appartienne une poque postrieure la dynastie des Antonins. La construction est bonne ; les moulures et les chapiteaux sont excuts dune manire fort correcte. Un de ces chapiteaux est dcor dune tte qui parat reprsenter lOcan et qui est accompagne de la signature du sculpteur : Ex of(f)i(cina) Asca[nii](2). A Khamissa, le thtre se trouve au bas de la croupe qui portait la ville de Thubursicum(3) ; il est orient au nord. On y a fait jadis quelques fouilles sans importance ; le Service des monuments historiques la dblay partiellement en 1900
____________________ 1. Un gout analogue existe au thtre de Khamissa. 2. Gsell, Bull. Comit, 1896, p. 112. 3. Delamare, daprs Mitrc, Revue archologique, XII, 1855-6, p. 640-645, pl. 276. Chabassire, Recueil de Constantine, X, 1866, p. 118-9, pl. IV et XIII.

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(plan, fig. 62 ; vue de la faade, planche XLVI ; vue de la scne, planche XLVII). Il offre deux sries de gradins, spares par un palier de 1m, 60 de large. Celle du bas en compte treize ; dans la zone suprieure, on ne distingue aujourdhui que cinq rangs. Les deux couloirs qui dbouchaient dans lorchestre sont assez bien conservs : on y voit, de distance en distance des arceaux en pierres de taille(1), qui formaient en quelque sorte lossature des votes en blocage. Un des arcs du couloir de lest est orn la clef dun masque sculpt. Au-dessus de ces passages, taient tablies deux grandes loges (tribunalia)(2). La scne mesure 43m, 60 de largeur, sur 8m, 30 de profondeur ; elle parait avoir t dcore plus simplement que celle de Djemila. La murette qui la borde est prcde de niches semi-circulaires et carres, et aussi de deux petits escaliers(3), comme dans le thtre que nous venons de dcrire. Des passages souvrent de chaque ct de lestrade. Le mur de fond est rest debout jusqu une hauteur de prs de 7 mtres. Il est prcd dun socle (large de 1m, 80, haut de 2m, 25), qui portait autrefois des colonnes ; ses deux extrmits, se voient des niches pour des statues. Il prsente trois renfoncements courbes, de 9m, 10, 8m, 80 et 8m, 80 douverture, hmicycles dont la partie postrieure est perce de hautes portes. Le seuil de ces portes, quon atteignait sans doute par des degrs en bois, tait 1m, 60 au-dessus du sol. de la scne.
____________________ 1. De hauteur dcroissante depuis lextrieur. 2. Il semble bien que deux larges escaliers aient exist droite et gauche de la scne (le noyau de celui de lest se distingue en a). Ils menaient ces toges et, sans doute aussi, une partie des places de la premire zone de gradins. 3. Celui de lest seul a t dblay.

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Du ct extrieur, elles taient surmontes de sculptures reprsentant des masques : lun de ces bas-reliefs est accompagn du mot Eunuc(h)u(s), qui fait sans doute allusion une clbre comdie de Trence. Des salles sont mnages entre les renfoncements. La cage dun escalier subsiste dans langle nord-ouest ; il y en avait videmment un autre lextrmit oppose. La faade du monument tait peut-tre dcore dun portique, mais il faudrait des fouilles pour sen assurer. Le thtre de Philippeville(1) (plan, fig. 63 ; vue planche XLVIII) est en mauvais tat, car un assez grand nombre de pierres y ont t prises dans les premiers temps de loccupation. Roger, en 1859-1861, puis le Service des monuments historiques, en 1891, lont dblay presque compltement. Cet difice est tabli sur la pente orientale dune colline : le public tait tourn vers lest. Sauf sept ou huit blocs de pierre, les gradins ont entirement disparu. Ils reposaient en bas sur le roc, qui avait t taill en bandes concentriques pour les recevoir, plus haut sur des massifs de blocage. Dans la partie suprieure du thtre, de gros murs en moellons et en briques, rests debout, dlimitent une srie de chambres, longues de 4m, 50, larges en moyenne de 3 mtres; elles taient surmontes de votes en blocage, dont quelques-unes subsistent encore, et qui, inclines dans la direction de lorchestre, devaient soutenir des gradins. Cependant, quatre de ces votes sont, au contraire,
____________________ 1. Ravoisi, II, pl. 51-55. Delamare, pl. 18, fig. 1-3. Fenech, Histoire de Philippeville, p. 23-24. Rec. de Const., VII, 1863, p. XIII. Roger, Mmoires lus la Sorbonne, 1861, p. 31, pl. III. Idem, Revue africaine, IX, 1865, p. 389-393. Gsell et Bertrand, Muse de Philippeville, p. 6-10. Nous avons indiqu sur notre plan, daprs Ravoisi, les vestiges de la scne qui ont t vus par cet architecte et qui ont disparu depuis.

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penches vers le dehors ; elles supportaient videmment des escaliers, permettant darriver aux places suprieures. On passait, pour sy rendre, par un couloir courbe, ciel ouvert, qui stend en arrire. Ctait une galerie daccs, dans laquelle les spectateurs dbouchaient par plusieurs portes. Des escaliers, traversant six des chambres dont nous venons de

parler, la mettaient en communication avec un autre couloir courbe, jadis vot, dispos en avant et au-dessous des chambres. De ce second couloir, partaient dautres escaliers prolongements des prcdents ; ils menaient la partie infrieure du thtre. Le premier couloir est coup, au centre, par deux murs peu prs parallle, qui ont pu appartenir aux substructions dune vaste loge, ou plutt dun sacellum, contenant une grande statue.

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Ravoisi a vu des restes de la murette qui bordait la scne du ct de lorchestre. Elle prsentait des niches semi-circulaires et rectangulaires, comme Djemila et Khamissa. Par derrire, des cubes de pierre, percs de mortaises carres, taient destins recevoir des mts qui soutenaient peut-tre le rideau, ou qui portaient une dcoration davant-scne(1). Enfin, une partie du mur du fond de la scne figure aussi sur le plan de Ravoisi. Ces vestiges ont disparu sous des btisses modernes. Le thtre de Rusicade, dont la plus grande largeur atteint 82m, 40, devait contenir de cinq six mille places. Il tait assez richement dcor : on y a trouv des dbris dune belle corniche et de balustrades en marbre. Il ne date pas dune poque antrieure au rgne dHadrien, car le massif dune vote contenait une monnaie de Sabine, femme de cet empereur. Dans le cours des IIe et IIIe sicles, il fut embelli ou restaur plusieurs reprises ; particulirement en lanne 225, par les soins dun magistrat de la confdration de Cirta, M. Fabius Fronto(2). On voit Guelma les ruines dun thtre(3) (plan, fig. 64 ; vue, planche XLIX), plus petit que celui de Philippeville, il na que 58m, 05 de largeur, et plus mal conserv. Il a servi de carrire diverses reprises ; actuellement, tout un quartier de la ville franaise y dpose ses immondices. Tourn vers le nord, il occupe une pente, qui a t creuse pour le recevoir.
____________________ 1. Pour la destination et lamnagement de ces mts, voir Cagnat, Timgad, p. 107-108 ; Choisy, Histoire de larchitecture, I, p. 486. 2. Corpus, VIII. 7988. 3. Berbrugger, Algrie historique, pittoresque et monumentale, province de Constantine, p. 7-10 et planche. Ravoisi, II, p. 30-32, pl. 27-30. Delamare, pl. 175. Grellois, Mmoires de lAcadmie de Metz, XXXIII, 1851-1852, 1re partie, p. 273-276. Von Maltzan, Drei Jahre in Nordwesten von Afrika, I, p. 275-277.

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La construction est en blocage, avec des revtements en pierres de petit appareil : on na employ quune quantit assez minime de grosses pierres de taille, places aux angles, aux portes, ou formant des chanes dans les murs. Les gradins sont presque tous absents(1) ; mais on distingue encore de petits

escaliers, mnags dans la murette, haute de 1m, 10, qui surmontait le palier circulaire tabli entre la zone infrieure et la zone suprieure. Deux passages latraux vots(2) conduisaient ce palier ; ils se prolongeaient sans doute par des escaliers, descendant jusqu lorchestre, qui, selon lindication de Ravoisi, tait pav de marbre(3). En liant, plusieurs portes,
____________________ 1. il y en avait probablement dix dans la zone infrieure et douze dans la seconde zone. 2. On accdait celui de gauche ( lest) par un vestibule carr. 3. Dans le voisinage immdiat de Guelma se trouvent de belles carrires de marbre, que les Romains exploitaient.

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probablement quatre, taient perces dans le mur de clture. Au sommet de la courbe forme par ce mur, slevait une salle, dont il ne reste plus que le soubassement. Elle tait dalle en marbre et se terminait par une abside. Peut-tre abritaitelle la statue dune divinit ou dun empereur. Il ne semble pas que le pourtour du mur ait t prcd, lintrieur, dune colonnade formant un portique, comme la cru Ravoisi(1). Cet architecte a retrouv une partie de la murette, aujourdhui dtruite, qui bordait la scne ; elle tait dcore de niches, alternativement rectangulaires et arrondies. Lestrade, large de 37 mtres, profonde de 7m, 15, tait domine par une paroi qui offrait trois renfoncements, celui du milieu de forme carre, les deux autres semi-circulaires(2). Contrairement lusage, ils ntaient pas percs de baies. Derrire la scne, rgnait un portique colonnes(3), formant faade. Cette scne tait flanque de deux salles rectangulaires, ornes lune et lautre dune niche pour une statue. Deux inscriptions(4) nous apprennent que le thtre de Calama fut lev grce la libralit dune femme, Annia Aelia Restituta, qui donna pour cette uvre la somme de 400.000 sesterces environ 107.000 francs). En signe de reconnaissance, le conseil municipal lui fit riger cinq statues. Cette dame romaine est qualifie de prtresse des deux Augustes, flam(inica) Augg. : il sagit soit de Marc-Aurle et de Lucius Verus, soit plutt de Septime-Svre et de Caracalla.
____________________ 1. Il est plus probable quil y avait l une troisime zone de gradins. 2. Ravoisi na vu que le renfoncement central et celui de droite. On ne distingue plus rien, et cest daprs les indications de Ravoisi que nous avons report sur notre plan ces parties de la scne. 3. Grellois, l. c., p. 275. 4. Corpus, VIII, 5365 et, 5366.

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Ldifice date donc de la deuxime moiti du IIe sicle ou des premires annes du IIIe. A Timgad, le thtre(1), tourn vers louest, a t install dans le flanc dun mamelon isol, au sud du forum (plan, fig. 65, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques ; vue, planche L). Il a beaucoup souffert : les Byzantins semblent y avoir pris un grand nombre de pierres pour construire leur forteresse. MM. Ballu et Cagnat ont calcul quil pouvait contenir de trois mille cinq cents quatre mille spectateurs : les dimensions sont . peu prs les mmes que celles du thtre de Djemila (la largeur maxima est de 63m, 60). On pntrait dans lorchestre par les deux couloirs vots usuels(2), que deux tribunes surmontaient. Cet orchestre est revtu dun beau dallage et prsente au fond trois larges marches, qui recevaient des siges, rservs certainement aux personnages importants. Par derrire, slve une balustrade, encore intacte. Il y avait trois zones de gradins, lune de huit rangs, la seconde de douze, la troisime de six ; seuls, les degrs infrieurs ont conserv leur revtement de pierres. En haut, se dressait un portique courbe, colonnade ionique ; il pouvait abriter des siges de bois, moins quil ne servit simplement de promenoir aux spectateurs. La murette qui limite la scne est en briques : elle offre les escaliers, les niches semi-circulaires et quadrangulaires que nous avons dj signals ailleurs. Des placages revtaient
____________________ 1. BswiIlwald. Cagnat, Ballu, Timgad, p. 93-120, pl. XIII-XV. Ballu, les Ruines de Tiamgad, p. 153-168, pl. XV-XVII. Wieland, Ein Ausflug ins altchristliche Afrika. p. 145. 2. Le couloir de droite prsente cependant une disposition particulire: voir Timgad, p. 100.

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jadis cette paroi, que prcdaient vingt-six colonnettes corinthiennes. En arrire, on remarque une douzaine de trous carrs, 0m, 20 de ct, percs dans un dallage. Ils servaient, comme au thtre de Philippeville, linsertion de mts : des dbris

de bois ont t recueillis dans une de ces mortaises. Lestrade mesurait 30m, 60 de large, sur 4m, 80 de profondeur ; il ne reste que les soubassements des petits piliers en briques, disposs sur trois files, qui soutenaient autrefois le plancher.

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Le mur de fond nexiste plus(1), et lon na retrouv que de trs maigres vestiges des salles qui formaient les annexes de la scne. Par contre, on voit encore des ruines imposantes dun portique, long de 40 mtres, large de 3m, 45, tabli sur la faade du monument. Les colonnes, dordre ionique, sont au nombre de seize et mesurent 5m, 60 de hauteur. Elles ont t replaces sur leurs bases par le Service des monuments historiques. On monte cette galerie par deux escaliers latraux, de huit marches. Des inscriptions, trouves dans les fouilles, permettent de conjecturer que le thtre de Thamugadi fut lev sous Antonin le Pieux et sous Marc-Aurle. Le thtre de Tipasa(2) est trop dtruit pour prsenter quelque intrt. Il slevait en plaine et regardait le nord. Les gradins taient ports par des substructions votes, dont quelques-unes sont encore visibles ; lhmicycle, assez petit, ne devait pas contenir plus de deux mille siges. On distingue peine lemplacement de la scne, qui avait une profondeur de 6m, 30. La plupart des pierres de taille de cet difice, bien conserv il y a un demi-sicle, ont t enleves par des entrepreneurs. A Cherchel, le thtre a compltement disparu(3). Adoss une colline et tourn vers le nord, il comptait, dit-on, vingt-sept gradins superposs. La faade tait forme par un portique, offrant des colonnes de granit et de marbre blanc.
____________________ 1. On a seulement dcouvert quelques dbris des colonnes et des entablements sculpts qui lornaient. 2. Texier, Revue archologique, III, 1847, p. 728. Gsell, Mlanges de lcole franaise de Rome, XIV, 1894, p. 355. 3. Ravoisi, III, pl. 27. De Blinire, Revue archologique, V, 1848, p. 346. De Verneuil et Bugnot, Revue africaine, XIV, 1870, p. 138. Waille, Comptes Rendus de lAcadmie des Inscriptions, 1889, p. 362. Le mme, De Caesareae monumentis quae supersunt, p. 18. Gsell, Guide archologique des environs dAlger, p. 58-9.

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Il ne reste rien non plus du thtre de Constantine(1). TempIe et Falbe ont cru reconnatre lemplacement de celui dHippone(2) ; je ne saurais dire si leur conjecture est fonde. A Tbessa, on voit, au sud de la ville actuelle, sept piedsdroits, rehausss de pilastres. Disposs sur une ligne, une distance de 3m, 75 les uns des autres, ils portaient autrefois des arcades. Les Byzantins les incorporrent dans leur enceinte. Ces vestiges et de gros fts de colonnes, jets dans le rempart byzantin au mime endroit(3), passent pour avoir fait partie du thtre romain de Theveste(4). Rien ne le prouve(5). On a trouv Stif, sous lemplacement quoccupe lhpital, deux arcades, flanques de pilastres et surmontes dun entablement, qui appartenaient un monument de forme arrondie(6). Elles prcdaient deux votes inclines(7), sur lesquelles taient sans doute tablis des gradins. Il y avait donc en ce lieu soit un thtre, auquel une inscription de Stif fait allusion(8),
____________________ 1. Les ruines de cet difice se trouvaient prs du square aux inscriptions. Daucuns ont voulu y voir un amphithtre. Temple et Falbe, Relation dune excursion Constantine, p. 88. Ravoisi, I, p. 8. Delamare, pl. 134. Vars, Rec. de Constantine, XXVIII, 1893, p. 276. 2. Relation dune excursion Constantine, p. 6. Ce thtre se serait trouv sur le versant est du mamelon dit Garf el Atram. 3. Diehl. Nouvelles archives des Missions, IV, 1893, p. 328. 4. Il est question de jeux scniques Theveste dans une inscription du temps de Commode : Corpus, VIII, 16530. Il est donc probable que cette ville possdait un thtre ds le IIe sicle. 5. Un fragment pigraphique dune assez basse poque mentionne lingressus theatri (Corpus, VIII, 1892 = 16511) ; il aurait t dcouvert, selon Renier, prs de langle sud-ouest des remparts ; selon un autre auteur, sur le front sud-est de la place. Une inscription du temps de Diocltien est relative la restauration de la scne du thtre, aux frais de la commune de Theveste : ... [pr]oscaenium sumptu amplissimae civitalis Theveslinorum... (Corpus, 1862) ; cette pierre tait employe dans la muraille byzantine, sur le front ouest (derrire lglise actuelle). 6. Ravoisi, I, p.71, pl. 58. Delamare, pl. 70. 7. Ces votes existent encore ; elles servent de caves. 8. Corpus, Vlll, 8438.

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soit un un amphithtre, quune autre inscription(1) mentionne(2). Nous ajouterons quil est possible quun certain nombre de thtres, comme aussi damphithtres de lAfrique romaine aient t construits en bois(3). Il serait tout naturel quils neussent pas laiss de traces. AMPHITHTRES. CIRQUES Les amphithtres antiques de lAlgrie noffrent quun intrt mdiocre. Celui de Philippeville, qui se trouvait lextrmit sudest de Rusicade, tait encore en bon tat lors de la conqute franaise(4). En 1845, le gnie militaire le dmolit jusquaux fondations. Le plan et les dessins de Ravoisi montrent que lensemble du monument mesurait 78 mtres de long sur 59 de large, que les dimensions de larne taient de 50 et de 36 mtres, que le mur entourant cette arne atteignait 4m, 65 de hauteur, quil y avait douze ranges de gradins, et quun palier de ceinture rgnait enivre la huitime et la neuvime range.
____________________ 1. Corpus, VIII, 8482. Conf. 8507, fragment o il ne reste que : eatrum. 2. Au XIe sicle, lcrivain arabe El Bekri (Description de lAfrique septentrionale, traduction De Slane, p. 156) signalait Alger les ruines dune maison de divertissement dont lintrieur tait pav de petites pierres, qui formaient une espce de mosaque. Dans cet difice, on voit les images de plusieurs animaux, parfaitement bien travailles et faonnes dune manire si solide que, pendant une longue srie de sicles, elles ont rsist toutes les injures du temps. De Slane a pens que cette maison de divertissement (dar el melb) tait un thtre. La description nous ferait plutt supposer quil sagit de thermes. 3. Conf. pour la Gaule, au Ier sicle de notre re, Corpus, XIII, 1642. 4. Ravoisi, II, pl. 56-59. Delamare, pl. 18, fig. 4. Fenech, Histoire de Philippeville, p. 6, 22-23. Fraud, Revue africaine, XIX. 1875, p. 83. Vars, Rusicade, p. 124 et suiv. Cet amphithtre existait sans doute en lanne 187 de notre re : voir Corpus, VIII, 7969.

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Le noyau de la construction tait en blocage, les gradins et les parois de larne en pierres de taille. Lamphithtre de Lambse(1), situ entre la ville et le camp, a galement servi de carrire. Les gradins, qui taient au nombre dune vingtaine, ont compltement disparu ; ils portaient des inscriptions indiquant les places assignes aux diverses curies entre lesquelles se rpartissaient les citoyens(2). Il ne subsiste plus que quelques vestiges des couloirs vots qui donnaient accs lintrieur. A lest et louest, deux galeries, larges de 4m, 65, constituaient les entres principales. Elles taient surmontes dune srie darcades en pierres de taille, de hauteur dcroissante(3), qui servaient renforcer des votes en blocage, tablies dans les intervalles(4). Le grand axe de ldifice mesure 104 mtres, le petit 94 : la forme elliptique est donc beaucoup moins prononce que dans la plupart des amphithtres romains. Larne avait 72 mtres de long, sur 62 de large. Ce btiment tait dune construction tout fait rudimentaire ; taill dun ct mme dune petite colline de terrain schisteux, il tait complt dans lautre partie par des terres rapportes, maintenues par un mur de moellons, que renforaient extrieurement des contreforts saillants, contreboutant la pousse des terres : travail fort grossier et qui devait se trouver revtu par des talus gazonns, coups au droit de chaque passage de porte(5).
____________________ 1. Delamare, Recherches sur Lambse, p. 34-35. Rec, de Constantine, VII, 1863, p. VI-VII. Ibid., XXIII, 1883-4, p. 191-3. Cagnat, Guide de Lambse, p. 48-9. 2. Corpus, VIII, 3293. 3. Deux arcades sont encore debout dans la galerie de lest. 4. Conf. Choisy, Histoire de larchitecture, I, p. 317. 5. Rec. de Constantine, XXIII, p. 192-3.

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A Tbessa, lamphithtre(1) nest plus reprsent que par une excavation peu prs circulaire de 50 mtres de diamtre, que lon voit au sud-est de la ville ; les Byzantins dabord, puis les Franais en ont pris tous les matriaux. Il sappuyait, dun ct, sur une pente, de lautre, sur des massifs de blocage. Les gradins infrieurs taient en tuf, les gradins suprieurs en pierre calcaire ; on a suppos que ces derniers avaient t ajouts lors dun agrandissement de ldifice. Il y avait environ quinze ou seize rangs de siges. Lamphithtre de Cherchell(2), o eut lieu, daprs la tradition, le martyre de sainte Marcienne, se trouve dans la partie orientale de la ville antique. Il mesure environ 120 mtres de long, sur 70 de large : les deux entres principales souvraient aux extrmits du grand axe. Il y a une soixantaine dannes, ctait le mieux conserv des monuments romains de Caesarea ; mais on y a pris tant de pierres quil ne reste plus en cet endroit que quelques dcombres, presque cachs par une vgtation luxuriante. Plusieurs gradins sont encore visibles au sud-est. A Tipasa, lamphithtre(3), long de 100 mtres, large de 85, est assez enterr et na pas t fouill. et l, des portions de murs dpassent le sol, et lon reconnat lun des sommets de lellipse, au sud-ouest, lemplacement dune des grandes
____________________ 1. Moll, Annuaire de Constantine, 1858-9; p. 40-45. Girol, Rec. de Constantine, X, 1866, p. 213-5. Hron de Villefosse, le Tour du Monde, 1880, Il, p. 14, 2. Ravolsi, III, pl, 28, Blinire, Revue archologique, V, 1848, p. 344-5. De Verneuil et Bugnot, Revue africaine, XIV, 1870, p. 136-7. Hron de Villefosse. Archives des Missions, 3e srie, II, p. 392-393. Waille, De Caesareae monumentis, p. 18-20. Gsell, Guide archologique des environs dAlger, p. 54-57. 3. Gsell. Mlanges de lcole franaise de Rome, XIV, 1894, p. 334-5 (il slve vers le milieu de la ville romaine).

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portes. La construction, qui est mdiocre, ne parat pas antrieure au IIIe sicle de notre re(1). Il nexiste en Algrie quun seul cirque romain : Cherchel, dans le quartier occidental de lancienne Caesarea(2). Les ruines en sont peu distinctes. Cet difice, qui a plus de 400 mtres de longueur, sur 90 environ de largeur, prsente, selon lusage, la forme dun rectangle dont un des petits cts (celui de lest) est arrondi. Au sud, les gradins sadossaient une pente ; au nord, ils taient ports par des massifs de blocage. De ce ct, le mur de clture tait soutenu extrieurement par une longue srie de contreforts. Ravoisi, qui a fait quelques sondages dans ce cirque, a rencontr lest, au milieu de la courbe, les vestiges dune porte monumentale trois baies. Les pierres du mur central de la piste ont servi en partir la construction de lglise franaise(3).
____________________ 1. Lamphithtre dEl Outaa (dans la rgion de Biskra) est mentionn dans une inscription du temps de Mare-Aurle (Corpus, VIII, 2488 et p. 953) ; il ne semble pas avoir laiss de traces distinctes. Peut-tre tait-il en terre. Une inscription Corpus, 5276) permet de supposer quil y avait Hippone un amphithtre. On a cru pouvoir en indiquer lemplacement : Papier, Lettres sur Hippone. p. 144. A Guelma et Hammam Meskoutine, des excavations elliptiques ont paru reprsenter des amphithtres : Grellois, Mmoires de lAcadmie de Metz, XXXIII, 1851-2, 1re partie, p. 276 et 321. Quelques archologues ont donn le nom damphithtre, de cirque, ou de thtre une dpression qui se voit Bougie et qui, mon avis, nest pas artificielle : Lapne. Vingt-six mois et Bougie, p. 19-20 ; Fraud. Revue africaine, III, 1858-9. p. 304. n 2 Vigneral, Ruines romaines de la Kabylie du Djurdjura, p. 150, n 2 ; Poulle, Rec. de Constantine, XVII, 1875, p. 437. Pour les amphithtres de Stif et de Constantine, voir plus haut, p. 201 et p. 200, n 1. Celui de Constantine est mentionn dans une inscription du temps de Septime-Svre : Corpus, VIII, 6995. 2. Ravoisi. III, pl. 29. De Verneuil et Bugnot, Revue africaine, XIV, 1870, p. 132. Waille. De Caesareae monumentis, p. 20-21. Gsell, Guide archologique des environs dAlger. p. 61. 3. Peut-tre y avait-il un cirque Constantine, sur la rive droite du Rummel, lendroit quoccupe aujourdhui la gare. Mais la chose est assez douteuse. Temple et Falbe. Relation dune excursion Constantine, p. 75-6.

THTRES. AMPHITHTRES. CIRQUES

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On a cru distinguer aussi Cherchel les traces dun stade(1).


____________________ Ravoisi. I. p. 12. Marchand. Rec. de Constantine. X. 1866, p. 71, et XI, 1867. p. 354. Vars, ibid., XXVIII, 1893, p. 315. Des inscriptions indiquent lexistence de cirques Bougie (Corpus. VIII, 8938) et Aumale (ibid., 9052. 9065). Il est question de courses de chevaux Tbessa (ibid., 16565) ; mais elles ont pu avoir lieu sur une simple piste en terre. 1. Ravoisi, III, pl. 21-22 (prs du rivage). Waille, l. c., plan la page 17, n 7. Sous Septime-Svre, Csare avait reu le droit de clbrer annuellement deux agones, ftes qui se donnaient soit dans le cirque, soit dans le stade (Corpus. VIII, p. 1983). A Constantine, un difice circulaire ou elliptique, dont on a retrouv quelques vestiges, parat avoir servi des spectacles. Brunon et Meister. Rec. de Const., XVII. 1875, p. 61-8, pl. XIII. Poulle, ibid., XXII, 1882, p. 283-4. Vars, ibid., XXVIII, 1893, p. 262-4.

CHAPITRE VII

MARCHS

Nous ne connaissons actuellement en Algrie quun seul difice auquel on puisse donner avec certitude le nom de march. Il se trouve Timgad, auprs de larc de Trajan, sur le ct sud du decumanus(1) (plan, fig. 66, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques ; vues, planches LI et LII. Des inscriptions qui y ont t dcouvertes nous apprennent que ce macellum fut fait par les soins de M. Plotius Faustus, chevalier romain, et de sa femme. Il est trs probable quil date du premier quart du IIIe sicle. Sur une place dalle slve un portique, au milieu duquel est lentre principale. Il y a, en outre, deux portes latrales, dont lune donne sur une rue qui longe le btiment lest, et dont lautre souvre sous un portique bordant la face oppose. A lintrieur, des galeries, dont les colonnes sont surmontes de chapiteaux corinthiens feuilles non dcoupes, entourent une cour rectangulaire, de 24m, 30 de long sur 15m, 30 de large, orne au centre dun bassin carr.
____________________ 1. Bswillwald, Gagnat, Ballu, Timgad, p. 183-215, pl. XXIII-XXVI. Ballu, les Ruines de Timgad, p. 209-211. pl. XXXI-XXXVI.

MARCHS

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Fig. 66. March de Timgad.

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Un grand hmicycle stend au-del de la cour, au sud. Louverture en tait barre par une range de colonnes, que reliaient des arcades : cest, croyons-nous, le plus ancien exemple de ce dispositif en Occident. Au-dessus, slevait un mur plein. Entre chaque chapiteau et chaque sommier, on avait intercal un d(1), offrant un entablement complet : architrave, frise et corniche. Sur chacun de ces ds est grave une lettre, et lensemble des lettres forme le nom du fondateur du march. Le fond de lhmicycle est occup par sept compartiments, qui servaient de boutiques. Des arcades taient jetes sur les pieds-droits placs la tte des murs de sparation. Au-dessus de ces pieds-droits, de belles consoles portaient des colonnettes de marbre, canneles en spirale, de 3m, 05 de haut. Celles-ci portaient leur tour lune des extrmits des poutres matresses du toit de lhmicycle ; lautre extrmit sappuyait sur le mur qui surmontait la colonnade du front de la salle. Les consoles prsentent des sculptures : par devant, une grande feuille dacanthe ; sur les cts, des motifs divers, relief assez plat, rinceaux, pampres, cornes dabondance, cratre et figure tenant deux ceps de vigne. Nous ne croyons pas quelles soient plus rcentes que le reste de ldifice. A lentre de chaque compartiment, une grande dalle de granit, place horizontalement une hauteur dun mtre, est engage dans les deux murs latraux. Elle servait ltalage. Pour pntrer dans sa boutique, le marchand devait se glisser par-dessous cette table. Il v avait aussi des boutiques en ayant de la cour, de chaque ct de la porte principale du macellium.
____________________ 1 Membre darchitecture prcurseur des coussinets-impostes de lpoque chrtienne.

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Ce monument est dune dcoration fort lgante et offre des dispositions architecturales remarquables. Il tait orn de plusieurs statues du fondateur et de sa femme. Au nord-ouest du march, on voit un difice qui en tait peut-tre une annexe. Cest un btiment rectangulaire, de 24m, 25 de long sur 10m, 40 de large, prcd dun portique qui regarde le decumanus et termin par une abside dont louverture est flanque de deux pilastres. Il est dall(1) ; une toiture en charpente et en tuiles le recouvrait. Dans labside, on a trouv la base dune statue de la Concorde des empereurs Valentinien et Valens, rige vers 365(2). A Announa, Bernelle a en partie dblay une ruine assez vaste , gauche de la grande voie qui allait de larc deux ouvertures, formant lentre mridionale de la ville, larc une baie, dress, croyons-nous, en avant du forum. Les murs extrieurs sont en blocage, avec des chanes en pierres de taille. Une cour dalle, peu prs carre (elle mesure 18m, 20 sur 17m, 30), occupe le centre; elle tait borde, sur ses deux faces latrales et au fond, par des portiques, larges de 4m, 70, levs de 0m, 70. Des colonnes soutenaient ses toits de ces galeries : aujourdhui, il ne reste plus que les ds en pierre qui portaient leurs bases. Une mosaque ornementale formait le pavement du portique du fond. A lextrieur, une sorte de galerie, large de 4m, 50, parat avoir t
(3)

____________________ 1. Au centre de la salle et dans labside, les dalles sont en calcaire noir et en porphyre rouge. 2. Un fragment dinscription, trouv quelques mtres des deux difices que nous venons de dcrire, fait mention dune place et sans doute aussi dun march aux toffes : foru[m] [cum basilica ?] vestia[ria] . 3. Poulle, Rec. de Constantine, XXVI, 1890, p. 348-352. Bernelle, ibid., XXVII, 1892, p. 107-8 et plan a la page 104 (description et plan inexacts).

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adosse au mur de droite. Tout cela est en fort mauvais tat et peine distinct. La faade regardant la voie prsentait une inscription, longue denviron 6 mtres, dont Bernelle a recueilli de nombreux fragments. Elle indique que la construction date du rgne de Septime-Svre(1). Des statues dun homme en toge et dune femme drape dcoraient lentre. Il se pourrait que cet difice ait t un mecellum : le plan prsente des analogies avec celui du btiment dEumachia, Pompi, dans lequel M. Man(2) veut voir un march aux toffes(3).
____________________ 1. Corpus. VIII, 18903. 2. Rmische Mittheilungen des urchologischen Instituts. VII, 1892, p. 113, pl. IV-V. 3. Une inscription de Djemila, cite plus haut (p 126), mentionne un march aux toffes (basilica vestiaria), qui na pas t dblay Sur deux inscriptions dAumale, de lanne 230, il est question dun (m]acellum cum porticibus [et po]nderibus omnibus : Corpus, VIII, 9062, 9063. Une inscription de Lambse (ibid., 18224), datant de la fin du IIIe sicle environ, fait mention dun macellum, dont la surveillance tait confie des sousofficiers; elle a t dcouverte dans une ruine, 150 mtres au sud-est du camp, par consquent assez loin de la ville. Il sagit sans doute dun march lusage des lgionnaires.

CHAPITRE VIII

THERMES

Dans presque toutes les ruines romaines de quelque importance, on rencontre des tablissements de bains ; dans les grandes villes, il y en a gnralement plusieurs. Ces thermes sont btis dune manire assez uniforme. Lemploi des pierres de taille y est restreint. Elles ne servent gure qu fortifier des angles, encadrer des baies, parfois aussi former des arcades, ou bien des chanes dans les murs. Les parois sont faites de petits moellons, noys dans un excellent mortier, avec quelques parties en briques. Ce mode de construction avait le double avantage dtre rapide et doffrir une grande solidit : les votes en bton qui surmontaient une partie des salles ne faisaient, pour ainsi dire, quun seul bloc avec les murs qui les portaient ; en bien des endroits o murs et votes ont t renverss, soit par les hommes, soit par les tremblements de terre, le sol est jonch de massifs normes, si compacts que rien ne semble pouvoir les dsagrger. Souvent, on diminuait le poids des votes en en constituant le noyau avec des sries de petits tubes en terre cuite, embots les uns dans les autres : procd encore usit en Tunisie.

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La dcoration venait se superposer tant bien que mal au gros uvre. Contre les parois, on appliquait soit des enduits de stuc, revtus de peintures, soit des placages de marbre. On aimait paver les salles de mosaques, ornementales ou figures. Sil y a en Algrie beaucoup de restes de thermes romains, peu nombreux sont ceux qui mritent une description dtaille. A Cherchel, on a reconnu lexistence de trois tablissements de bains. Le plus considrable, appel par les indignes le palais du Sultan , se trouve louest de la ville(1) (plan, fig. 67 ; vues, planches LIII et LIV). Des fouilles y ont t faites plusieurs reprises, en dernier lieu (1886-1889) par M. Waille, qui a dblay toutes les parties non ensevelies sous des btisses modernes. Ces thermes paraissent dater de la fin du IIe sicle ou du dbut du IIIe. Plus tard, ils ont subi quelques remaniements, dailleurs peu importants. Ils prsentent un plan trs symtrique, comme, par exemple, les thermes de Titus, de Caracalla et de Diocltien, Rome. Lentre principale semble avoir t lest, en un endroit qui nest plus visible aujourdhui. Il y avait l un beau portique, form de colonnes de granit de plus de 8 mtres de
____________________ 1. De Blinire. Revue archologique. V. 1848. p. 347-348. Revue africaine, I, 1856-7. p. 143-6, 222-4, 251, 304 (fouilles de Lhotellerie) ; VIII, 1864, p. 477 ; XIV, 1870. p. 140-141. Waille. Comptes Rendus de lAcadmie des Inscriptions. 1886, p, 301-4 ; 1887, p. 53-6, 232-6 ; 1888. p. 35-41, 241-250 ; 1889, p. 360-8. Le mme, De Caesareae monumentis quae supersunt, p. 24-30, 33. Gauckler, Muse de Cherchel, p. 6. 7, 8, 10, 55, 160. Gsell, Guide archologique des environs dAlger, p. 39-48 et plan. Ott, dans la Construction moderne. 10 avril 1897 (p. 327).

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hauteur, chapiteaux ioniques. Peut-tre mme des portiques rgnaient-ils tout autour du monument. Dans la partie orientale, la principale salle, A, est le frigidarium. Elle mesure 24 mtres de long sur 14 mtres de large et offre un beau parement en dalles donyx, provenant des carrires dAn Tekhalet, dans le dpartement dOran. Quatre grosses colonnes de granit, dun mtre de diamtre, faisaient partie de la dcoration de cette pice : il nen reste plus que quelques tronons. La place quelles occupaient parait difficile fixer avec certitude ; cependant, il est probable quelles se dressaient aux points o nous les avons indiques sur le plan. Sur trois cts, la salle dont nous parlons est flanque de bassins pour les bains froids, B, C, D(1). Des escaliers, disposs en arrire des deux piscines latrales, conduisaient probablement des terrasses. A droite comme gauche de cette salle, deux grandes pices, vestibules, promenoirs ou lieux de rcration (E, F, G, H), sont paves de mosaques ornementales; des votes dartes les recouvraient. Des mosaques dcoraient aussi les cabinets ou couloirs I, J, K, L. Derrire le frigidarium, se trouve une salle M, qui a t coupe plus tard en trois compartiments. Elle pouvait tre chauffe : des piles de briques y supportaient un sol en bton et, selon lusage, la vapeur deau produite par des fourneaux souterrains circulait travers le sous-sol, dans les intervalles des piles. Cette pice, place entre le frigidarium et le caldarium, tait sans doute un tepidarium, o lon entretenait une chaleur modre, formant la transition entre le bain chaud et
____________________ 1. La grande piscine de lest, B, a t rtrcie une basse poque. Les murs postrieurs sont indiqus par des hachures croises.

THERMES le bain froid, ou servant de prparation au bain chaud.

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Les salles P, Q, R, S, T, U, situes droite et gauche de ce tepidarium, avaient galement des sous-sols chauffs, ou hypocaustes. En outre, les murs taient doubls par des tuiles, poses verticalement et formant une sorte de rideau quun vide de quelques centimtres sparait, du mur(1). Ces salles devaient tre des tuves, chauffes une temprature plus ou moins leve ; il est possible aussi quon y ait pris des bains chauds dans des baignoires mobiles. La grande baignoire maonne qui se voit dans la salle R est un amnagement de basse poque. Les deux pices extrmes N et O, jadis votes, sont dpourvues dhypocaustes ; elles offrent des mosaques ornementales assez grossires. La salle V, qui communique avec M. T et U, tait le caldarium, o lon prenait les bains chauds. Elle avait des hypocaustes et elle tait vote(2). Une piscine se trouvait dans labside du fond ; il y en avait probablement deux autres, sur les cts. A droite et gauche taient des couloirs (X, Y), permettant datteindre les fourneaux. Les rduits a, b, c ont peut-tre servi de rservoirs. Mentionnons enfin de vastes gouts, qui vacuaient les eaux vers la mer ; ils se distinguent nettement sous les salles A, G, M, U, et droite du caldarium. Ces thermes taient dcors de nombreuses statues,
____________________ 1. Ces rideaux de tuiles taient probablement destins prserver les murs contre laction de la chaleur et de lhumidit conf. Baumeister, Denkmler des klassischen Altertums, III, p. 1769. 2. A une certaine poque, on sentit le besoin de consolider langle du nord-ouest contre la pousse de la vote, et lon construisit un gros massif de blocage dans le fond du couloir qui flanquait la salle droite.

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places soit sur des pidestaux, soit dans des niches arrondies ou quadrangulaires (voir au plan piscines B, C, D, salles M, R, S). Il semble mme quaprs le triomphe du christianisme, ldifice ait t transform en une sorte de muse, asile pour les images des dieux dchus, quon avait consenti pargner cause de leur valeur artistique. Les fouilles ont fait dcouvrir une cinquantaine de statues, plus ou moins mutiles, qui sont alles enrichir les muses de Cherchel, dAlger, et mme le Louvre. Dans la partie orientale de Caesarea, sur le champ de manuvres actuel, slvent dautres thermes, plus petits(1) (vue, planche LV). La salle principale mesure 20 mtres sur 12. Elle tait, dalle de marbre. Au sud, deux grandes absides la flanquaient. A lest, un bassin arrondi, pav en mosaque, servait aux bains froids ; il tait surmont de trois niches pour des statues, dont lune, reprsentant un homme en toge, a t retrouve il y a quelques annes. Dautres salles voisines, dont les murs sont peine distincts, prsentent des Vestiges dhypocaustes ; des plaques de marbre et des stucs peints en ornaient les parois. On y a recueilli un grand nombre de bouteilles en terre cuite, employes jadis dans les votes. Un troisime tablissement de bains se trouvait vers le milieu de la ville(2) ; il nen subsiste plus quun massif de blocage.
____________________ 1. De Blinire, Revue archologique. V, 1848, p. 346-347. Ravoisi, Exploration, IIII, pl. 37-40. Revue africaine. VIII, 1864, p. 477 ; XIV, 1870, p. 140. Hron de Villefosse, Archives des Missions, srie III, t. II. 1875, p. 323. Waille, Bull. Comit, 1890, p. 393-398. Le mme, De Caesareae monumentis quae supersunt, p, 31-32. Gauckler, Muse de Cherchel, p. 62, n 1. Gsell, Guide archologique. p. 52-53. 2. Ravoisi, l. c., pl. 35, 36 (deux salles carres, qui devaient tre couvertes de votes dartes, et une grande abside avec trois niches). Revue africaine, III, 1858-9, p. 67 ; VIII, 1864, p. 477 ; IX, 1865, p. 66 et 70 ; XIV, 1870, p. 141. Gauckler, l. c., p. 63. Gsell, l. c., p. 59.

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Les thermes qui sont situs dans le quartier central de Tipasa offrent encore des ruines assez imposantes, slevant, en certains endroits 9 mtres au-dessus du sol actuel(1) (plan, fig. 68 ; vue, planche LVI). Par leurs dispositions, ils ressemblent aux grands thermes de Cherchel, et ils doivent dater peu prs de la mme poque. Malheureusement, ils sont trs enterrs

et on ny a fait que quelques dblais, pour installer des caves. A lest, se trouve le frigidarium, avec une piscine rectangulaire, dont les parois sont creuses de cinq niches pour des statues. Dautres salles, qui nont pas t fouilles ou qui sont recouvertes par des btisses modernes, flanquaient ce frigidarium : au sud, un grand btiment vot devait atteindre environ 14 mtres de hauteur. Les pices pourvues dhypocaustes
____________________ 1. Gsell, Mlanges de dcole de Rome, XIV, 1894 p. 332-334.

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occupent toute la partie occidentale de ldifice. Le caldarium est, comme Cherchel, une vaste salle vote, prsentant louest une abside, dans laquelle est tabli le bassin qui servait aux bains chauds(1). A Lambse, il y avait au moins trois tablissements balnaires(2). Nous avons dj parl des thermes dont les ruines se voient dans le camp(3). Dautres thermes, situs entre le camp et la ville, au sud-est de larc de Commode, nont laiss que des vestiges insignifiants : ils ne paraissent pas avoir t trs vastes. On y a dcouvert une mosaque ornementale(4). Ceux quon appelle Bains des Chasseurs offrent plus dintrt(5) (plan, fig. 69, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques ; vue, planche LVII). Ils sont peu de distance au nord-est du Capitole. Des officiers les ont dblays en partie, il y a vingt ans ; depuis cette poque, ils ont t fort dgrads. Lentre principale est au sud. Elle donne sur une cour quadrangulaire A, au milieu de laquelle on voyait une fontaine et qui communiquait avec les salles B, C, O. Au del de cette cour, stend le frigidarium D, pav dune mosaque en cubes de briques; une piscine E le flanque droite. Au fond, une salle F communique avec D par une triple baie, constitue par deux colonnes dont les hases sont encore en place. Des chambres (G, H, I, J) souvrent sur F lest et au nord.
____________________ 1. Cette abside, qui nest pas indique sur le plan ci-joint, lev il y a une dizaine dannes, a t reconnue, ma-t-on dit, dans des sondages quon a ensuite recombls. 2. Une inscription de Lambse (Corpus, VIII, 2706 et p. 1739) mentionne un balneum qui fut restaur par la lgion III Augusta, sous SeptimeSvre. Nous ignorons quel difice elle se rapporte. 3. Page 84-6. 4. Barnond, Revue africaine, VII, 1863, p. 474. Rec. de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 191. Cagnat, Guide de Lambse, p. 48. 5. Rec. de Constantine. XXIII p. 202-203. Cagnat, l. c., p. 59-60.

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Cest louest que se trouvent les locaux qui pouvaient tre chauffs. Ils nont t fouills que partiellement. La petite salle K, munie dune abside et jadis vote, a pu tre une tuve. La salle L, qui offre des Hypocaustes et des rideaux de briques, reprsente certainement le caldarium. Longue de

15m, 50, elle a peu prs la forme dune croix branches arrondies. Des piscines sont mnages dans les deux absides qui se font vis--vis aux extrmits du grand axe. Ces thermes ont t construits par la main-duvre militaire, comme le prouvent un grand nombre de briques portant lestampille de la troisime lgion.

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Au pied de la ville et auprs de larc de triomphe de Septime-Svre, une grande ruine, o lon a constat des restes de canalisation, porte le nom, videmment erron, de Palais du lgal(1) (vue, planche LVIII). Il faut peut-tre y voir des thermes, levs une basse poque : des matriaux plus anciens, pierres inscriptions, morceaux de corniche, etc., sont employs dans la btisse ; la construction est assez nglige. On reconnat un espace rectangulaire, de 10m, 80 sur 6, dont la vote reposait sur de gros pieds-droits en pierres de taille, offrant des niches pour des statues. Autour, se groupaient diverses salles, actuellement fort peu distinctes. Des colonnes de 6m, 50 de hauteur, des dbris de placages en marbre, des mosaques(2), un fragment dun groupe reprsentant Thse aprs sa victoire sur le Minotaure(3) ont t trouvs dans cet difice, dont le plan ne peut plus tre lev aujourdhui. Beury, qui y a fait des fouilles en 1852, dit que la forme de lensemble est celle dun quadrilatre ; il parle dune galerie de 40 mtres de long sur 9m, 26 de large, divise en trois parties distinctes par quatre grandes colonnes dordre corinthien, et dune autre galerie parallle, de mme longueur, mais large seulement de 4m, 80. Tout ct, lon voit des latrines, tablies dans un petit btiment de forme semi-circulaire et rappelant celles des thermes de Timgad dont nous allons parler. Les fouilles du Service des monuments historiques Timgad ont dgag trois difices balnaires.
____________________ 1. Renier, Archives des Missions, II, 1851, p. 178. Rec. de Constantine, XXIII, 1883-4, p. 194-195. Ibid., XXVIII, 1893, p. 97-100 (notes de Beury). Cagnat, l. c., p. 49-52. 2. Entre autres une mosaque qui parat avoir reprsent lenlvement dHlne (Rec. de Const., XXVlll, 1893, p. 99). 3. Cagnat, Muse de Lambse, p. 50-2 ; pl. IV, fig. 6.

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Les grands thermes qui sont situs dans la partie mridionale de la ville, environ 80 mtres au sud du thtre(1), datent du IIe sicle, puisquen 198 ils furent agrandis, ainsi quune inscription latteste. Une autre inscription nous apprend que, vers le dbut du IIIe sicle, ils furent restaurs au moyen de prestations fournies par les citoyens de Thamugadi. Ils couvrent une superficie de plus de 2.000 mtres carrs (plan, fig. 70, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques). Quatre entres donnaient accs cet tablissement ; mais deux dentre elles (S et T) taient seulement des portes de service, conduisant aux sous-sols. Les deux autres, A et B, souvrent aux deux extrmits dun couloir coud, ciel ouvert; auprs de la porte B, une logette C servait sans doute dabri an gardien. Sur le ct est de ce couloir se trouvent deux btiments : 1 de vastes latrines E, de forme semi-circulaire, emportant vingt-huit siges et paves dune riche mosaque dont la partie centrale reprsente des animaux ; 2 une grande pice. D, offrant du ct du couloir une colonnade et se terminant par un hmicycle ; elle tait aussi pave en mosaque : il convient, sans doute, dy voir une salle de runion et de rcration. A louest, trois larges baies mettent le couloir en communication avec une salle rectangulaire F. de 24 mtres de long sur 9 de large, dont la couverture tait en charpente et en tuiles. Ctait probablement un gymnase, rserv aux exercices corporels. On y voyait quatre statues de lempereur Valrien,
____________________ 1. Bswillwald, Cagnat et Ballu, Timgad, p. 217-257 et pl. XXVIIXXXI ; Ballu, les Ruines de Timgad. p. 169-188 et pl. XIX-XXVI. Ce sont peut-tre ces thermes que mentionne linscription Corpus, VIII, 2370 (p. 951) = 17818, trouve au sud du Capitole.

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de sa bru et de ses deux petits-fils : les bases seules ont t retrouves en place. De l, on pouvait passer soit dans une chambre G, qui tait peut-tre un vestiaire, soit dans le frigidarium H, salle rectangulaire, que couvrait une vote dartes et que flanquent deux grandes piscines I(1) et J. Au centre de ce frigidarium, tait dress un grand vase en pierre, orn de bas-reliefs reprsentant une scne de sacrifice, le groupe de lAmour et de Psych, etc. Il y avait aussi plusieurs statues dans la mme salle (entre autres un Mercure et une Hygie, qui ont t retrouvs) et au-dessus de la piscine J (Nymphes tenant une coquille). Les salles F, G et H sont paves de mosaques ornementales ; de grossires mosaques blanches garnissent le fond des piscines. La destination de la chambre L est incertaine : peut-tre tait-ce une dpendance du vestiaire. Les petites pices M (o lon voit deux niches qui ont pu contenir des armoires) et N (avec son annexe O) servaient de passage entre le frigidarium et les parties des thermes qui taient chauffes. Les salles K, P, R, Q offrent des hypocaustes. K tait sans doute un tepidarium. Il y avait deux caldaria ; 1 P. vot en berceau et garni de deux baignoires semi-circulaires, dont lune (celle du nord) a t ajoute aprs coup ; quatre statues occupaient les angles de cette salle ; 2 Q, galement vot en berceau, avec trois baignoires, deux latrales et une au fond. La salle R, que couvrait une vote dartes, tait une tuve (laconicum). Les sous-sols sont encore en bon tat. Des couloirs de
____________________ 1. Cette lettre I manque sur notre plan, par suite dun oubli. Elle doit tre place entre K et F.

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LES MONUMENTS ANTIQUES DE LALGRIE

service, dans lesquels on descendait par des escaliers, donnaient accs aux fourneaux, au nombre de dix, et une salle de dpt pour les combustibles. Au nord-est de ces thermes, et au del dune ruelle (UV) sur laquelle souvrait la porte B, on voit une grande exdre, X, de 8m, 15 de rayon, formant une annexe des bains : elle devait servir de promenoir. Un portique lentoure et elle est barre sur le devant par une colonnade. Des thermes beaucoup plus petits ont t dblays dans le quartier central de Thamugadi, au sud du decumanus maximus, entre le thtre et le march(1) (fig. 71, daprs le plan lev par le Service des monuments historiques). On y distingue : 1 un couloir, qui a t agrandi une poque tardive (C) ; il a deux entres, A et B ; 2 une pice carre, E, orne dune mosaque reprsentant les quatre saisons, salle de promenade ou local pour les exercices corporels ; 3 un vestiaire, G ; 4 un petit frigidarium, H, avec une seule piscine I ; 5 une salle J; qui devait tre un tepidarium ; 6 deux caldaria, lun, K, avec une piscine semi-circulaire, lautre, M, avec une piscine de mme forme et une piscine rectangulaire ; 7 une tuve ou laconicum, L. Comme dans les thermes du sud, les amnagements des sous-sols (couloirs, chambres de chauffe, fourneaux) sont fort bien conservs ; on y pntrait par des entres de service, dont lune se voit en N et lautre du ct oppos. Enfin, dautre thermes, dune grande tendue, sont situs en dehors de la ville, peu de distance au nord-ouest de la porte septentrionale (planche LIX). On les a fouills en 1899-1900. En attendant quils soient dcrits dans louvrage de MM. Cagnat
____________________ 1. Bswillwald ; Cagnat, et Ballu, l. c., p. 258-268, pl. XXXII.

FIN DU TOME I

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