Andre Parrot - Tello PDF
Andre Parrot - Tello PDF
Andre Parrot - Tello PDF
in 2015
https://archive.org/details/tellovingtcampagOOparr
TELLO
*
DU MEME AUTEUR
Fouilles et explorations :
*
* *
Archéologie systématique :
Archéologie mésopotamienne :
* *
*
* *
Archéologie biblique :
*
* *
Muséographie :
ANDRÉ PARROT
Conservateur en chef des Musées Nationaux
Professeur à. l'École du Louvre
Chef des Missions Archéologiques de Mari et de Tello
ÉDITIONS
ALBIN MICHEL
PARIS
Droits de traduction et reproduction réservés pour tous pays
Copyright 1Ç48, by Albin Michel
A Monsieur René DUSSAUD
Secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
Hommage de respectueuse,
fidèle et reconnaissante
gratitude.
803342
/
INTRODUCTION
Le site de Tello nous est cher à plus d'un titre. C'est tout d'abord un site
qui n'a jamais été fouillé que par des expéditions françaises. C'est lui qui apporta au
monde savant, la révélation des Sumériens. C'est grâce à lui, qu'une section des
Antiquités orientales fut créée au Louvre, au Département des Antiques. C'est enfin,
et l'on nous permettra ce souvenir personnel, ce chantier qui nous initia à l'archéo-
logie mésopotamienne, après deux années ( 1Ç26-IÇ28) passées en Syrie, Phénicie et
Palestine mais aussi après un retour en France qui avait failli marquer la fin de notre
carrière d'archéologue... Resté depuis la mort de l'ahbé de Genouillac, en IÇ40, et
de T hure au- Dan gin, en IÇ44, le dernier dépositaire de la tradition archéologique de
ce chantier de fouilles, nous avons voulu tenter d'opérer la synthèse des vingt cam-
pagnes qui y furent menées et en nouant la gerbe, l'apporter en hommage à la
mémoire de nos prédécesseurs à Tello : Sarsec, Cros, Genouillac.
Cette gerbe n'était pas et n'a pas été facile à nouer, car la technique des fouilles
étant il y a un demi-siècle à peu près inexistante, les publications antérieures des résul-
tats acquis n'allaient pas sans imprécisions, sans lacunes graves, qui rendaient leur
exacte appréciation particulièrement malaisée. Parmi des matériaux spécialement
abondants, il a fallu apporter un classement, parfois modifier celui qui avait été
jusqu'ici proposé. Cette tâche fut souvent périlleuse mais elle fut toujours passion-
nante, car nous espérions réussir à débrouiller l'écheveau, ici et là, passablement
emmêlé. Qu'on nous pardonne ce qui demeure incertain — et dont nous nous excu-
sons — dans domaine architectural spécialement. La brique crue intéressait peu
le
les ouvriers de Sarzec et quand les murs sont détruits, il n'y a plus qu'à le regretter
mais c'est sans appel. La fouille est la seule expérience scientifique que l'on ne puisse
recommencer. Heureusement la moisson fut grande. Elle s'abrite en grande partie
au Louvre, cependant l'abondance était telle que tous les grands musées du monde en
ont eu leur part. C'est en même temps que l'illustration de la civilisation sumé-
rienne, le rappel singulièrement éloquent de trois quarts de siècle d'un grand effort
français. A cet effort nous avons eu l'honneur de participer grâce à deux de nos
maîtres dont nous n' oublions pas l'action, ici déterminante : M. Edouard Dhorme qui,
en içjo, à Jérusalem, donna notre nom à l'abbé de Genouillac qui cherchait alors
un associé éventuel et M. René Dussaud qui encouragea ce choix et nous confia plus
tard la direction de la Mission.
A. — GEOGRAPHIE DU SITE
1. —
Le nom du site. est loin— L'accord
établi quant à l'orthographe
d'être
du site. Les Français Sarzec et Gros ont toujours écrit Tello, imités en cela par beau-
coup d'Allemands (Unger, Gressmann, B. Meissner, W. Andrae). Les Anglais pré-
fèrent Telloh et l'abbé de Genouillac les a suivis dans sa publication définitive. Le
Service des Antiquités d'Iraq, dans une carte établie par ses soins, donne Tell Lo.
V. Christian écrit Tell-Lôh. Mais alors que signifie l'appellation arabe ? Jusqu'ici on
rapprochait Te'lloh de Tell Lawh = tell des tablettes (carte anglaise d'Iraq). Toute-
fois J. Serkis a proposé Tell-hawarat = tell de ruines ^ Dans l'indécision générale
nous gardons le traditionnel Tello ^.
à l'Est du Shatt-el-Hdi.
a)
Resafa, au N. E. de Qalaat Sekar. Tell d'époque abbasside.
Médaïn= les deux villes. Deux tells d'époque musulinane. Dans les couches
profondes, traces sumériennes.
Surghul, à l'E. de Tello. Superficie = 66 ha. Deux éminences, une de 15 m. de
hauteur, l'autre de 8 m. Ruines sumériennes. Fouillé par Koldewey, du 4 au 26 jan-
vier 1887.
El Hihba, au N. de Surghul. Superficie = 480 ha. Haut de 12 m. au-dessus
de plaine. Ruines sumériennes. Textes d'Eannadu, d'Enannadu I, briques de
la
Gudéa. Fouillé par Koldewey du 29 mars au 11 mai 1887.
Ces deux cités n'ont pas été identifiées. Aux temps anciens, non loin des bords
de la mer, elles étaient certainement les vassales de Lagash.
b) à l'Ouestdu Shatt-el-Haï.
Beseikh ou 'Ihsaikh. Site présargonique.
Djokha (Umma). Ville sumérienne. La rivale acharnée de Lagash à l'époque
présargonique.
Tell Hammam. Restes de ziggurat. Loftus y vit les débris d'une statue qu'on
croit de Gudéa.
Umm el-Agareh (la mère des scorpions). De ce tell provient une petite tête
virile du Louvre.
Tell Djid. Très abrupt, de quelque 25 m. au-dessus de la plaine, mais bloc
compact de terre et de sable. Pas de traces de briques. Date impossible à préciser.
Fara (Shuruppak). Pays d'Utnapishtim. Fouillé par Koldewey, Noldeke,
Andrae (1902) et par E. Schmidt (1931), Tablettes et cylindres présargoniques.
4. Les noms, en ont changé depuis Sarzec et Gros. Ainsi Mantar-Karaghoul (Découvertes, p. 6) appelé
aussi Mantar-Bétterah (Découvertes, pl. 63 ; NFT, p. 5) a changé de nom ou a disparu. Pour les appellations
actuelles, voir Fouilles de Telloh, I, pl. I et ici flg. 2.
S- En 1933 on arrivait à Tello par la piste Nasriyé-Shatra. Le Shatt était franchi sur le pont de Shatra
et 1 on gagnait Beïda. Puis, par de nombreux méandres provoqués) par les canaux franchis sur
des ponceaux de
fortune, on aboutissait au site. Aujourd'hui si, ce qui est probable, ces ponceaux n'existent plus, l'auto doit,
après Shatra, gagner Suwedj où on devra la quitter. Le Shatt sera franchi à Suwedj (en bélem pendant la crue)
et les quelque six kilomètres qui séparent oe village de Tello. seront aisément parcourus
à pied ou à chevail.
donnons pas ici la bibliographie de ces sites. On la trouvera réunie dans les divers manuels
w 1^"
d archéologie et dans notre Archéologie mésopotamienne..
n
W [MeGreenwich 'i2'
Echelle
Médaïn • el-Hibba
LAGASH
•(Tello)
*Surghul
ERIDU •
(Abu-Shahrain) ., •„
Abu Rasai
0. Lepage. deJ^
4. —
La ville antique. —
Le nom ancien est Lagash écrit Shir-bur-la ^ Il
apparaît pour la première fois à l'époque prédynastique, donc avant Ur-Nanshe,
inscrit sur une tablette de pierre donnant le nom de Enhegal, roi. Cette tablette
[Fig. 24, a], aujourd'hui à Philadelphie, fut certainement détournée au moment des
fouillesde de Sarzec
La ville, les recherches l'ont démontré, existait en Basse-Mésopotamie dès les
origines de la civilisation et elle peut rivaliser en antiquité avec Ur, Uruk, Eridu et
Obeid. La région différait cependant sensiblement de ce qu'elle est aujourd'hui et
en particulier le tracé des voies fluviales, celui des côtes sur le Golfe Persique. Il
convient donc de préciser quelque peu cet asipect de la géographie antique car celle-ci
aide à mieux comprendre les différentes phases de l'histoire de ces vieilles cités.
Deux phénomènes font de cette géographie ^ quelque chose de mouvant le :
recul du Golfe Persique et le déplacement des fleuves vers l'Ouest. Le Golfe Pfersi-
que est une dépression submergée, de 25 m. 40 de profondeur moyenne, comblée par
l'apport des alluvions de deux systèmes fluviaux Tigre-Euphrate d'une part, Karun-
:
Kerkha d'autre part. L'avance des alluvions deltaïques est actuellement en moyenne de
25 mètres par an, mais il est évident qu'elle fut sensiblement supérieure dans l'anti-
quité. Le comblement du Golfe fut d'ailleurs surtout l'œuvre du Karun, poussant ses
alluvions à la rencontre d'un cône de déjections quaternaires poussé par le Rumma
arrivant d'Arabie. Il s'ensuivit une sorte de digue, puis des marais, comblés peu
à peu par l'Euphrate et le Tigre qui s'y décantaient.
C. Bezold, dans ZA, XXIV (1910), p. 346 B. Meissner, dans OLZ, 1907, col. 385.
;
8. Cette tablette signalée par Hilprecht, ZA, XI (1896), p. 330-331, fut publiée par Barton, PBS, IX,
n° I, pl. LXVI.
Vidal de la Blache
9. et L. Gallois, Géographie universelle, t. VIII, po. 215-234. Ce chapitre est
rédigé par Raoul Blanchard.
14 TELLO
Ces derniers se trouvèrent rejetés vers le S. O. contre la plate-forme arabique,
le Tigre en particulier, qui subissait la poussée des eaux de la Diyala et celle des
I. —
De 1842 à l'arrivée de de Sarsec à Tello, en i8yi. Ces deux dates —
sont capitales dans l'histoire de l'archéologie. La première marque, en effet, le début
des fouilles systématiques et celles-ci amènent la résurrection des Assyriens. La
seconde est au déipart d'une étape décisive, puisqu'elle recule brusquement les limites
de nos connaissances avec la réapparition des Sumériens. Ici et là ce fut toujours, à
l'origine,une initiative française au bord du Tigre, sur les ruines de Ninive, Botta
:
;
dans le bas pays mésopotamien, entre Tigre et Euphrate, au lieu dit Tello, Sarzec.
L'un et l'autre, fonctionnaires diplomatiques Paul-Emile Botta, agent consulaire du
:
Bassora. Tous deux pionniers désintéressés heureusement suivis de loin par des hom-
mes perspicaces, Mohl et Heuzey qui, à Paris, les épauleront à temps et assureront
des succès plus complets. Quand la voie aura été ouverte, des puissances étrangères
y enverront leurs hommes. Ceux-ci n'auront plus qu'à pousser dans les directions
indiquées. Nous avons retracé ailleurs les épisodes mouvementés de ces compétitions
" souvent farouches^. Nous rappelons seulement ici qu'avant les trouvailles de de Sarzec,
la France aurait bien pu s'assurer dans le bas pays des découvertes précieuses, si la
10. Pour les modifications dans le cours des fleuves, depuis l'antiquité, voir Maps of Iraq, carte 'n° 8.
I. A. Parrot, Archéologie mésopotamienne (nous citons AM), pp. 45-84.
—
Mission Fresnel eût été mieux dirigée. Composée de Fresnel, Oppert et Thomas,
cette expédition avait été envoyée « en Mésopotamie et en Médie ^. Au moment )>
de son arrivée en Orient (1852), Place était déjà au travail à Khorsahad, Rawlinson
ayant retenu pour les fouilleurs anglais, Quyundjiq (Ninive) et Nimrud (Kalakh).
Fresnel allait fixer son choix sur Babylone et Birs Nimrud (Borsippa), tout en
manifestant quelque réserve en face des amoncellements de briques, qu'il se proposait
d'explorer au moyen de mines! Il avait demandé à son ministre, alors Léon Faucher,
de procéder ainsi non seulement à Birs Nimrud mais aussi ailleurs, en particulier
dans les massifs de brique, cuite ou crue, de la rive gauche de l'Euphrate » ^. Le
<(
même Fresnel déclarait que les fouilles à faire dans la Chaldée, non loin de l'em-
((
Il retrouve les statues en question et au moment de les embarquer, le vali turc de l'époque,
Takki-El-Dine Pacha retient une de ses statues pour l'offrir au Sultan, mais qu'il garde par
devers lui et c'est cette statue que M. Platt et moi avons achetée aux héritiers de ce vali et
que vous avez vue avec moi au domicile de M. Platt.
« Cette narration je l'ai recueillie de la bouche même de M. Asfar qui me l'a répétée
plusieurs fois et c'est en 1880 que j'ai fait connaissance avec M. de Sarzec et suis entré
au Consulat de France de Bag'dad comme commis de chancellerie... C'est tout ce que je sais
à ce sujet. « ' . .
Qu'il y ait eu à Tello des fouilles clandestines avant 1877, cela nous paraît
impliqué par les trois acquisitions suivantes : un torse inscrit, acheté pour le British
Muséum, Henry Rawlinson en 185 1 (renseignements de M. Sidney
peut-être par Sir
Smith) ; de Gudéa, aujourd'hui à Boston et sur le marché de Bagdad vers
une tête
1870 enfin, une tablette de Gudéa, au Louvre en 1873
;
Il nous semble en tout cas
possible, que de ces travaux il était resté sur les tells quelques épaves jugées moins
intéressantes. Peut-être même certaines avaient-elles été acheminées jusqu'aux villages
des bords du Shatt, abandonnées dans une cour ou réemployées dans une construc-
tion. Alerté soit par Gilliotti, soit par quelque indicateur indigène, Sarzec serait ainsi
arrivé à l'emplacement de la ville antique où il aurait entrepris quelques sondages.
Sa première campagne dura du 5 mars au 11 juin 1877. Le vice-consul revint
l'année suivante et travailla du 18 février au 9 juin 1878, fouillant en particulier au
tell A, dit aussi tell du Palais [Fig. 3]. Il trouva entre autres le complément de la
sculpture signalée dès le début, c'est-à-dire « la partie inférieure de la grande statue. » "
Trop lourde, elle fut réenterrée, après qu'un estampage eut été pris de l'inscription
Découvertes, p. 4.
7.
Dans une conférence restée inédite, Genouillac disait « Sarzec acquit les premières statues trouvées
8. :
à Tello, il commença des fouilles à ses frais ». Dans ses Fouilles de Telloh, II, p. 13, note 2, <( Je ne mets
pas en doute la sincérité des auteurs. Il paraît établi cependant que la plupart dtes statues ont été découvertes
par les Arabes bien avant la venue de Sarzec à Telloh et ont été cédées par Charles Azfar à M. de Sarzec. »
9. Cette version diffère évidemmeiit nettement de la relation des Découvertes et dte celle d'HEUZEY,
Catalogue, p. 7 sq.
10. Pour le torse du BM, Rassam, Asshur and the Land of Nimrod, p. 276, mais avec les réserves
d'HiLPRECHT, Explorations in Bible Land, p. 217, note 2. Pour la tête de Boston, Muséum of fine Arts Bulletin,
XXV, 1927, pp. 29-34 '^^ ci-dessous p. 170. La tablette de Gudéa fut publiée par Lenormant, Choix de textes
cunéiformes inédits, p. 5, n° 3. Dans le Catalogue de la Collection de Clercq, on lit (T. 1, p. 69) que deux
des pièces (la tablette d'Urukagina et la petite statue de Sumérien) avaient été acquises « plusieurs années
'
avant que M. de Sarzec eût entrepris ses premiers travaux ». Cette indication n'est pas décisive car l'achat eut
lieu en 1878 et l'on sait que pour les rédacteurs du Catalogue, Sarzec ne commença de fouilles régulières
qu'en 1880. En réalité le Consul de France mena deux campagnes avant 1880.
11. Découvertes, p. 4.
i8 TELLO
dont elle était gravée, Sarzec donna encore quelques coups de pioche sur des tells
voisins, recueillant des pierres de seuil et des dépôts de fondation dans des logettes de
briques cuites. Plus, deux gros cylindres en terre cuite, au pied du tell 1'. La deuxième
campagne était terminée.
Sarzec eut alors un congé et rentra en France le 28 juillet 1878. Il vit son
ministre, alors Waddington
numismate de grand renom, et lui fit part de ses décou-
vertes. Le ministre des Affaires étrangères envoya le consul à Léon Heuzey, son
collègue à l'Institut et conservateur-adjoint des Antiques au Musée du Louvre. Sarzec
avait apporté avec lui un lot d'antiquités et entre autres le fragment de la statue du
tell A". Heuzey comprit immédiatement l'importance de la trouvaille et estima sans
de l'édifice principal [Palais], une nouvelle statue, deux têtes détachées ». On fouilla
sous les dallages et « dans les soubassements du grand tell », cependant que « l'agi-
tation croissante du pays et l'apparition de partis hostiles plus nombreux et plus
menaçants qu'à l'ordinaire » contraignirent l'explorateur « à quitter brusquement la
place et à revenir à Bassorah »
un de ces entrepreneurs de fouilles qui ne savent pas respecter le travail d'autrui, conduit par les révélations
des Arabes, qui avaient surnommé cette figure (( le vieux Tello », la déterra après moi, mais il avait mal
calculé les difficultés de l'entreprise, et le sort devait plus tard me favoriser une seconde fois, en me permettant
de l'enlever définitivement », Découvertes, p. 5. Pour la relation de Rassam, Asshur, p. 276. Rassam empor-
tait les mains arraohées à la statue colossale.
16. G. Schlumberger raconte qu'en 187g il avait rencontré Sarzec à Constantinople et avait étft
mis par lui dans « le secret absolu imposé par des considérations d'ordre supérieur ». C'est ainsi que Long-
périer, ancien conservateur à la retraite, ignorait tout. Cf. Œuvres de A. de Longpérier, I, p. XXVII.
17. Découvertes, p. 7.
HISTORIQUE DES FOUILLES 19
« ...les Arabes deviennent si menaçants, la nuit les uttaques si audacieuses que, dans
l'impossibilité de lutter plus longtemps^ il m'a fallu lever mes tentes. Cette fois nous n'avons
même pas pu revenir par Nasrié, Souk el Chiouk qui est la route directe. Et la route des
marais de l'Euphrate étant fermée, il m'a fallu remonter le Chatt el Hdi jusqu'à Kout.
...En ce moment, à Bussorah comme à Bagdad, les Arabes volent, pillent, assassinent
même en plein jour. Le mois dernier il y a eu dans la ville seule 66 assassinats. Jugez
quelle a dû être notre vie pendant les 4 mois que nous venons de passer au milieu des Arabes
insurgés » et de Sarzec ajoute « la plupart des pièces ou fragments que je rapporte, m'ont
été d'abord volés et il m'a fallu les racheter ensuite. »
Cette dernière phrase risque peut-être d'expliquer les divergences dans la tra-
dition, mais comment la comprendre et surtout que signifient ces mots (( d'abord
volés ». Sans doute les Arabes clandestins durent-ils travailler souvent pour leur pro-
pre compte et revendre ensuite à bon prix le produit de leur pillage. Mais alors ces
pièces ne seraient-elles pas précisément les statues ?
Sarzec était de retour en France le 31 mai 188 1 raipportant la collection des
grandes statues, c'est-à-dire les Gudéa et celle d'Ur-Bau. Sur la proposition de Jules
Ferry, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, la Chambre votait un
crédit de 130.000 francs pour l'acquisition par le Musée du Louvre de ces antiquités
chaldéennes. Et pour les abriter et les conserver, une section des Antiquités Orien-
tales fut créée au Département des Antiques, dont Heuzey devint le titulaire. Ce qui
souleva des protestations, car certains n'admettaient pas que l'on confiât l'Orient à un
helléniste! Quant à de Sarzec, l'Institut pour rendre hommage à la contribution
exceptionnelle qu'il apportait à l'orientalisme, le nommait membre correspondant
(30 décembre 1881).
Pour période qui suit le deuxième congé de de Sarzec, nous manquons de
la
renseignements précis. Le fouilleur ne parle nulle part de son activité archéologique
et Heuzey, pour éviter des controverses et ne pas fournir à l'opposition, qui n'avait
pas désarmé, des arguments supplémentaires, est resté toujours dans le vague. C'est
que les temps étaient redevenus difficiles, aussi bien à Telio qu'à Constantinople et il
fallait négocier avec la Porte et se débattre au milieu des Arabes, ouvriers, clandestins,
cheiks, marchands, tous bien décidés à s'attribuer une part des dépouilles. Essayons
cependant de placer quelques jalons sur cette route où Sarzec s'avance, contre vents
et tempêtes.
NomméConsul de France à Bagdad en 1883 et chargé officiellement de mis-
sion scientifique, des difficultés, dit Heuzey, vinrent suspendre plus d'une fois ses
<(
travaux » Parmi ces difficultés, un nouveau règlement turc sur les antiquités, com-
prenant des clauses restrictives, nécessita des négociations assez longues au cours
desquelles Hamdy Bey, directeur du musée de Constantinople, sut concilier les intérêts
de son pays et les désirs légitimes d'une expédition étrangère ne pouvant obtenir de
subvention officielle que contre des compensations matérielles. Une entente étant
intervenue, Sarzec se retrouva à Tello et ce furent les cinquième (1888) et sixième
campagnes (1889) au cours desquelles furent mis au jour des monuments et des
s'en plaindre si l'on songe que par un juste retour des choses, le Louvre y a trouvé
aussi l'occasion de plusieurs acquisitions importantes ))^\
On peut compléter ces données bien laconiques, par des renseignements plus
explicites fournis par les Découvertes ou des auteurs étrangers, en particulier Hilprecht
et Budge. La campagne de 1894 avait donné au Tell, dit pour cela « des Tablettes »,
un lot de 30.000 tablettes^. vSarzec avait alors fermé son chantier, mais ses ouvriers
qui avaient repéré un autre gisement tout aussi important, reprirent le travail aussitôt
après son départ. La nouvelle s'en répandit immédiatement. D'après Budge et il —
semble que son récit doive se placer ici —
Sarzec alerté, reprit sans attendre la route
de Tello. Prévenus de son retour, les clandestins recouvrirent rapidement les empla-
cements repérés et tous s'entendirent pour jouer à l'explorateur la plus belle comédie
qu'on pût concevoir nul ne savait rien, n'avait entendu parler de rien. Bien plus,
:
pillards à la raison. Mais le Gouverneur refusa toute opération, car les Muntefiks
avaient précédemment anéanti et par deux fois, des détachements de police, expédiés
dans Le pillage reprit, les clandestins pouvant travailler en toute tranquil-
la région.
lité. En peu detemps, 35.000 à 40.000 tablettes furent sorties, rapidement dispersées
sur Bagdad, Bassora et Mossul, Les marchands, naturellement incompétents en cette
matière, prirent l'avis d'un archéologue résidant à Bagdad^ tout ce qui n'avait pas :
de valeur marquée fut jeté au bazar, où selon la dimension, les tablettes furent liqui-
20. Catalogue, p. g.
21. Catalogue, p. lo.
22. Découvertes, pp. 438-439 RA, III (1894), pp. 65-68.
;
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des constructions d'Ur-Nanshe, mais
creusant cette fois à une
p us grande profondeur Le .8 mai il se reportait au tell des Tablettes.
dtx,eme campagne devait se terminer et le Cependan"îa
rentrer une fois de plus en France. Outre
consul allait être contraint par
des fièvres,
santé à L
il souffrait maintenant d'un
ctere qui mettait sa vie en danger. Il avait été nommé ministre plénipotentiaire et
a Paris on lui conseillait de ne plus repartir. Il ne put s'y résoudr^^ cem
et le 4 d
"P"""' "^'^ Sy"« "u Nord poîr ïZr
BaUr* ."
Ce fut la on::ième et dernière campagne. Elle commença fin février 1900. Sarzec
inrqu,
^i^S'^Ulr^S'r%^''iiliortZs''ï::'nâr^^^^^ I'.n,barcati,„n
22 TELLO
avait tenté au tell K une mais seulement par un puits qui, devenant
fouille profonde,
de plus en plus étroit à mesure qu'il s'enfonçait, n'abandonna que peu de choses et
surtout aucun de ces objets qu'alors on considérait comme les seuls importants. Sans
s'en douter et en atteignant les eaux d'infiltration, il avait franchi les bornes de
l'histoire, pénétrant très avant dans cette protohistoire que trente ans plus tard, l'abbé
de Genouillac reconnaissait définitivement. Après le tell K, le tell des Tablettes était
à nouveau exploré. Les trouvailles y recommençaient, toujours constituées par des
tablettes trois grands déipôts, plus de ii.ooo documents oià Thureau-Dangin recon-
:
*
* *
3. —
Les fouilles clandestines de 1902. —
L'absence, puis la mort de de
Sarzec, encouragèrent les clandestins à reprendre leur besogne. En 1902, ils mirent
au jour un lot de 1,600 tablettes, aussi rapidement éparpillées que les précédentes et
acquises par divers Musées d'Europe ou par des collectionneurs privés^. Un acci-
dent au moment de l'embarquement à Bassora, entraîna la perte de nombreux docu-
ments^. Quelques mois plus tard, suivi par d'autres
Thureau-Dangin, bientôt
savants, donnait la première publication ^\ En 1909, Henri de Genouillac réussis-
sait une magistrale synthèse, faisant parler les textes dont il tirait un tableau très
coloré de la société sumérienne à Lagash (Tello) avant Sargon d' Akkad ^.
31. Thureau-Dangin, Note sur la troisième coUection de tablettes découvertes par M. de Sarzec à
Telloh, dans CRA, 1902, pp. 77-92.
32. H. R. HalLi La sculpture babylonienne et assyrienne au British Muséum, p. 10 « De même
:
que le Louvre justemient fier de piosséder les superbes monuments de Khorsabad, cède niéanrnoins la palime
assyriologique au British Muséum détenteur des restes de Nimroud et de Kuyounjik, celui-ci par contre
doit s'incliner devant le musée ami et gracieusement rival pour ce qui est des antiquités babyloniennes!. Au
British Muséum nous voulons être comptés parmi les plus sincères amis du Louvre » et c'est avec une
<(
joie sans mélange que sans rivaux pour les pièces assyriennes, nous voyons les salles du Louvre remplies
des magnifiques trophées rapportés par M. de Sarzec de ses fouilles de Tell Lo ».
33. Voici d'après Genouillac, Tablettes sumériennes archaïques, p. IX, la distribution des docu-
ments 60 au Louvre, publiés par Thureau-Dangin
: 20 à l'Ermitage, publiés par Likhatchew
; 540 dans la
;
20 chez Amherst of Hackney 50 publiés par Genouillac et répartis entre le Louvre, Ja Bibliothèque Natio-
;
Ainsi ces tablettes n 'étaient-elles pas perdues pour la science, mais leur appa-
rition sur le marché, hors de tout contexte archéologique, leur enlevait pourtant une
grande partie de leur valeur. Dans quel bâtiment avaient-elles été trouvées, qui
grâce à elles aurait pu être identifié? En compagnie de quels objets, qui eux aussi,
auraient été datés exactement? Le pillage d'un site n'a décidément rien de commun
avec son exploration scientifique et régulièrement menée. La trouvaille de 1902 prou-
vait en tout état de cause que le site méritait d'être repris. Il le fut peu après, grâce
à Léon Heuzey.
* *
4. — Les
missions de Gaston Gros ^ (1903-1909). —
Heuzey s'était préoccupé,
dès la disparitionde de Sarzec, de lui trouver un successeur. Son choix se fixa assez
rapidement sur le capitaine Gaston Gros, spécialiste du désert l'officier avait à —
son actif plusieurs missions topographiques au Sahara —
et cousin de Léon Berger,
président français de la Dette publique ottomane, et ami du Gonservateur des Anti-
quités orientales. Le Gouvernement français ratifia ce choix et accorda à Gros le
congé nécessaire [Pl. I, d].
Le nouveau chef de mission quitta la France à la fin de 1902 et par Damas,
Palmyre, Bagdad, il rejoignit Tello. Il s'installa immédiatement sur le site lui-même,
ce qui supprimait toutes les allées et venues et facilitait la garde du chantier. Malgré
les jérémiades des cheiks qui déclaraient ne plus pouvoir répondre de la sécurité de
la Mission mais qui en réalité perdaient de ce fait toute facilité de travail clan-
destin. Au lieu du diplomate dont la maladie limitait les déplacements et qui souvent
avait dû diriger ses recherches de loin, les Arabes avaient devant eux un homme
jeune, plein d'allant, dont la volonté rompue aux difficultés s'affirmait dès l'entrée
(voir infra, p. 315, document inédit). L'officier fouillait en civil », mais pour rece-
<(
voir les chefs indigènes, il se présentait en uniforme, arborant ses décorations, cepen-
dant que sur son camp claquait le pavillon français. Par sa seule attitude, crâne et
résolue, le capitaine Gros avait signifié, que lui présent, il ne tolérerait ni l'émeute,
ni le pillage. Les sauvages Karagouls
« » s'étaient subitement apaisés...
Gaston Gros mena à Tello quatre campagnes. Nous indiquons ci-après l'es-
i'"* campagne (i"'' janvier-31 mai 1903)^^ [Fig"- 3-5]- Gros rouvrit d'abord les
Tell A (Palais) ;
V (Tablettes).
Gommencement des recherches au tell U
(= Grand Tell), grande colline à
l'ouest de V. La pièce la plus importante était sans conteste, la statue acéphale de
Gudéa assis, qui se raccordait avec une tête à turban, trouvée quelques années avant
par de Sarzec et à quelques mètres de là. Le tell K
abandonnait des documents
d'époque présargonique. Au tell A, Gros se trouvait en face d'une construction bien
malmenée, et d'une telle accumulation de déblais, qu'il lui était impossible d'arriver
à quelque chose de très précis. Le tell U
ne fournissait rien de convaincant. Si le tell
des Tablettes apparaissait vidé de ses milliers de textes, on y ramassait encore quel-
37. G. Gros, L. Heuzey et F. Thureau-Danïïin, Nouvelles fouilles de Tello. (Nous citons NFT.)
38. NFT, pp. 5-58.
I
ques épaves précieuses entre autres, la tablette relatant la ruine de Lagash, sous
:
Urukagina et une incursion élamite peu avant ce roi le double d'une inscription se
;
rapportant à un fonctionnaire qui joua un très grand rôle à l'époque de la IIP dy-
nastie d'Ur, Arad-Nannar,
2™® campagne (1904) [Fig. 4-5]- — Reiprise de la fouille au tell des Ta-
blettes (V).
Commencement des travaux au tell H, dit de « la Nécropole » (= tell de la
tête au turban, de de Sarzec). L'exploration de sépultures amène la découverte de
la statuette de chien au nom de Sumu-ilu.
— au tell P' (appelé encore tell de la Voûte inclinée, ou du Réservoir, ou de
la Porte du Diable).
Fouilles continuées au tell K (partie sud).
j"^ campagne(1905)^"- —
Gros qui a été nommé chef de bataillon, poursuit
les recherches sensiblement dans les mêmes secteurs :
Tell des Tablettes (V), oij l'on étudie les relations existant entre les salles
aux tablettes et le mur d'enceinte.
Tell K (installations archaïques).
Tell H (nouvelles sépultures).
Des travaux sont commencés au tell B, dit « des grandes briques », où sont
repérées des constructions de Gudéa, avec dépôts de fondation et ramassés les débris
d'une .des stèles de Gudéa qui semble tombée d'un grand socle. Non loin, vers l'Est,
la porte de la ville dite Kasurra, donnant accès à un port, se trouve située.
5. — De
igog à IÇ28. —
Il fallut attendre vingt ans avant qu'elle fut renouée.
Sans la première guerre mondiale (1914-1918), on aurait abouti bien avant. Aiprès cinq
ans de négociations, Heuzey avait, en effet, trouvé un successeur au lieutenant-colonel
Gros. Non sans peine, ni multiples tractations d'ailleurs. Des relations et une cousine
de Léon Heuzey avaient signalé au Conservateur un officier de l'armée active qui
venait de demander sa mise à la retraite et se retirait à Tunis. Le chef de bataillon
Dincher, du 4^ Tirailleurs algériens, arabisant semble-t-il, mais assez fantasque, posait
sa candidature en avril 1913. Les pourparlers se prolongèrent jusqu'à la fin de juillet
mais échouèrent, l'officier n'acceptant pas les conditions matérielles qui lui étaient
faites. La correspondance échangée indique d'ailleurs qu'il n'y avait pas lieu de s'en
désoler.
Parmi les postulants, en juin 1913, le capitaine Huon, du même 4® Tirailleurs,
retraité par anticipation dans l'Aisne, écrivait pour offrir ses services. Il se méprenait
toutefois sur ce qu'on attendait de lui, car il croyait que l'on cherchait « un officier
pour conduire la troupe indigène qui doit accompagner une mission archéologique en
Chaldée ».
Quelques mois plus tard, au début de 1914, un candidat nouveau se mettait sur
les rangs. Il était signalé par le lieutenant-colonel Cros lui-même, qui, à l'hôpital de
Rabat oii on venait de l'opérer, avait retrouvé comme médecin-chef, le médecin-com-
mandant Delmas, un de ses bons et vieux amis, « archéologue fanatique qui a occupé
les loisirs qu'il a eus pendant ses divers séjours dans le Sud-Algérien et au Maroc, à
fouiller et à s'occuper de questions préhistoriques » (lettre du 26 mars 1914)^^. Mis
par lui en rapport avec Heuzey, le médecin-major Delmas donne, dans ses lettres,
l'impression d'un homme de la plus grande valeur et qui aurait été, à cette époque où
aucun spécialiste n'était encore formé, un successeur remarquable à Gaston Cros**.
Différentes difficultés ayant été surmontées (Delmas allait être proposé pour Médecin
principal), le candidat fut agréé par le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts. Il fallait seulement le mettre en position hors-cadres et on comptait sur l'appui
du général Lyautey, au courant et fort intéressé par les fouilles de Tello, pour inter-
venir directement au Cabinet du Ministre de la Guerre. Le 20 juillet 1914, le médecin-
major Delmas annonçait son embarquement le 27 juillet à Casablanca et son arrivée à
Paris, le 4 ou le 5 août au plus tard ». Ce jour-là, la guerre devait être déclarée...
(t
43. En
appenidice, pp. 316-317.
44. En
appeindioe, pp. 317-318.
45. Heuzey, Les origines orientales de l'Art (Avant-propos du dernier fascicule).
HISTORIQUE DES FOUILLES 27
(( Pendant les cinq mois que nous avons passés dans le désert de Tello, qui
peut bien compter parmi les plus tristes des déserts, il y a eu certainement des heures
pénibles et des moments de déception. Pourtant notre solitude ne nous a jamais pesé ;
le drapeau qui flottait au-dessus de notre camp, animait de ses vives couleurs l'aspect
morne de la contrée, et sa vue élevait notre cœur. Si nous pouvons espérer que notre
labeur a été de quelque utilité pour la science française, les heures de tristesse et
d'ennui ne compteront pas dans notre souvenir. »
*
* *
De 1914 à 1928, le site fut laissé à lui-même. Il ne semble pas qu'on s'y soit
battu au cours de la campagne de Mésopotamie, qui vit la chute puis la reprise de
Kut-el-Amara, au confluent du Tigre et du Shatt-el-Haï, Cependant, dès 1918, l'assy-
riologue anglais Campbell Thompson, Officier à l'Intelligence Service, faisait des
fouilles à Muqayyar (Ur) et Ahu-Shahrein (Eridu) Il n'avait pas pénétré dans la
zone des Muntefiks jugés toujours assez redoutables. Ces derniers avaient repris leurs
anciennes pratiques de pillage et c'est sans doute en 1924 qu'ils réussirent un coup
magistral tout un lot de statues de Gudéa et d'Ur-Ningirsu. Nous essayerons plus tard
:
ments de Musée, elle révèle une civilisation que l'on retrouve ainsi tout entière.
Grâce à elle, les documents réapparaissent dans leur cadre et leur valeur en est singu-
lièrement augmentée. D'autre part, sur un chantier bien mené et bien surveillé, on est
à l'abri des falsifications et des supercheries qui peuvent entraîner des savants à acquérir
à bon prix pour des collections publiques, des pièces qui s'avéreront un jour dénuées
de toute authenticité. Ainsi la tiare de Saïtapharnès, les antiquités moabites, pour ne
citer que celles-là. Tout plaide donc pour que les Musées subventionnent des expéditions
archéologiques. Il faut seulement que les pays sur les territoires desquels des fouilles
sont prévues, se montrent compréhensifs et des intérêts des missions étrangères et
de leurs intérêts bien compris, puisque sans bourse délier, ils peuvent remplir leurs
propres musées Et c'est à cette politique que la France et le Louvre sont rede-
vables de Tello, de Larsa, de Ras Shamra et de Mari, chantiers de Mésopotamie
et de Syrie, ouverts ou repris, de 1928 à 1933.
teur des fouilles de Kish (1912)^^; l'abbé de Genouillac avait une excellente et parfaite
connaissance du matériel épigraphique sorti de Tello. Il avait fait l'inventaire de lots
importants de tablettes du musée de Constantinople (fouilles de Sarzec) et, nous
l'avons dit, tiré une remarquable synthèse des textes des fouilles clandestines de
1902. On pouvait difficilement trouver quelqu'un de mieux préparé par ses études
antérieures. Cependant la succession était Jourde, car Genouillac allait se trouver
sur un terrain tout à fait bouleversé, devant les déblais de Sarzec et de Gros, sans
pouvoir espérer aucun renseignement verbal. Les deux premiers explorateurs et leur
conseiller technique, Heuzey, étaient morts, quant à Thureau-Dangin, il n'était jamais
alléà Tello. Cela explique les tâtonnements, l'éparpillement des efforts, difficiles à
éviterdans un pareil chaos.
H. de Genouillac dirigea trois campagnes printemps 1929, hiver 1929-1930,
:
I. —
Campagne du. printemps iç2ç^^. Prenaient part à la mission, MM. Abéla,
Gardinier et Walbert. Elle dura du 18 janvier au 15 avril.
Du 18 au 31 janvier, sondages en divers points des tells, en particulier à l'en-
droit désigné par les Arabes comme étant celui de la trouvaille de 1924. Naturellement,
aucun résultat...
Du 30 janvier et jusqu'au 2 mars, fouille (a) du Palais (tell A). A l'arrivée de
Genouillac, il ne restait presque plus rien des murs de briques du monument d'Adad-
lambeaux de dallage, outre trois puits, L'héritage d'Ernest de Sarzec était pauvre » ^.
((
Une petite tête féminine en albâtre est la pièce la plus intéressante recueillie dans ce
secteur [Fig. 41, e].
Chantier VI, au Sud-Est du tell des Tablettes. Il recouvre certainement l'empla-
cement du temple de Ningizzida, fouillé par les clandestins en 1924. Malheureusement
la désolation était telle, qu'il ne fut pas possible de retrouver un plan quelconque. Tout
au plus signale-t-on des lambeaux de murs, des piliers de briques cuites, quelques
pierres de seuil avec inscription. Aucun dépôt de fondation seulement un fragment ;
55. H. DE Genouillac, Rapport sur les travaux de la mission de Tello, 11^ Campagne : içbç-iç^o, dans
RA. XXVII (1930), pp. 169-186 ;
CRA, 1930, p. 274.
56. CRA, 1931, p. 230.
6. La « PORTE DU DIABLE )) {NFT, PLAN G)
32 TELLO
avait été décidé de concentrer tous les efforts sur un grand chantier et de le pousser
jusqu'au sol vierge. Un
secteur (1-2) fut tracé à l'ouest du tell K, qui s'étendait sur
800 [Fig. 5]. On descendit à 14 mètres, jusqu'aux eaux d'infiltration. Cette fouille,
la première étude stratigraphique d'importance faite à Tello, permit de recueillir beau-
coup d'objets, qui sans être de très grande valeur marchande, étaient d'une impor-
tance capitale pour la connaissance de la protohistoire à Lagash. Nous y reviendrons
ci-après.
Le 27 janvier 193 1, un petit chantier (3) fut ouvert à la porte du Diable,
tell P, où l'on reprenait la fouille Gros. Cependant un dégagement encore trop res-
treint, ne permit pas plus de préciser l'utilisation que l'exacte relation du monument
avec les installations environnantes. Des fragments de céramique, avec décor incisé,
présargonique, furent ramassés au cours du déblaiement [Fig. 29].
Il ne restait que quelques jours. Après un essai à l'Est du tell (4), l'abbé K
de Genouillac décida de retourner au tell de l'Est (5). Du 16 au 22 février ce fut une
belle récolte de tessons peints, d'objets de terre qui « dénotaient bien l'époque pré-
historique ». On y trouvait même une figurine peinte. « Le 22, une figurine (2/3 de
femme nue peinte comme à Ur ». C'est la dernière ligne du journal de fouilles, la
!
*
* *
7. — Les iç" et 20^ campagnes à Tello^'' (1931-1933)- — Après ses trois mis-
sions, de 1930 à 193 1, et après nous avoir associé à la dernière, l'abbé de Genouillac
estimant que sa santé ne lui permettait plus, sans risque, d'affronter les fatigues des
chantiers, nous passait librement la succession. Deux campagnes eurent lieu pen-
dant les hivers 1931-1932 et 1932-1933. La mission s'assura la collaboration de
MM. J. de Jaegher, Matta et Tellier, rejoints par A. Bianquis pour la dernière
saison.
19* campagne — Du 27 novembre 1931 au 12 mars 1932. Un chantier fut
ouvert au tell de l'Est, en vue d'une fouille stratigraphique, qui révéla une immense
construction en briques cuites, alors identifiée avec un hypogée et attribuée aux deux
patésis Ur-Ningirsu et Ugmé, de Gudéa. Ce qui était plus inattendu
fils et petit-fils
c'est que l'abbé de Genouillac sans s'en douter, faute d'un dégage-
l'avait entrevue,
ment assez large, dès sa i""" campagne de 1929, y voyant, nous l'avons dit, le sanc-
tuaire de Galalim ou un « régulateur ».
Les tombes étaient violées malheureusement, mais leurs abords abandonnèrent
plusieurs centaines d'objets figurines, cylindres, céramique. La pièce la plus impor-
:
tante était un taureau androcéphale au nom d'Urgar (Pl. XII). L'hypogée étant
creusé dans des couches archaïques, son dégagement avait donné une très grande
quantité de pièces peintes et d'objets d'époque d'el-Obeid.
20" campagne —
Du 22 novembre 1.932 au 23 janvier 1933, Le travail tut
repris à l'hypogée, puis un nouveau chantier de quelque 8.000 m^ fut ouvert dans la
partie Nord du tell de l'Est qui révéla deux quartiers, l'un de l'époque de la IIP dy-
nastie d'Ur, l'autre contemporain de la dynastie de Larsa. Beaucoup de petits objets :
57. A. Parrot, Fouilles de Tello, Campagne IQ31-1Q32, daas RA, XXIX (1932), pp. 45-57 Les fouilles
;
figurines, cylindres une petite statue d'homme assis, mains jointes un fragment de
; ;
stèle, sans doute de Gudéa, mais très mutilée une centaine de tablettes.
;
L'exploration de Tello allait, pour nous, prendre fin. En décembre 1932, Thu-
reau-Dangin qui parcourait la basse Mésopotamie, avait visité Larsa. A son retour en
France, il fit part de l'impression qu'il avait éprouvée à la vue de l'immense champ
de ruines, dévasté par les clandestins mais encore riche semblait-il et pouvant réser-
ver de grandes découvertes à une mission qui s'y installerait. Les musées nationaux
demandèrent la concession du site de Senkereh-Larsa. Elle nous fut accordée, ce qui
.impliquait ipso facto, qu'à Tello notre tâche devait être considérée comme terminée.
|Le pavillon fut donc amené définitivement en février 1933 et le campement démoli.
(Toute la mission se portait sur Larsa*". Tello se retrouvait seul. Qu'en est-il advenu?
I
On a parlé de nouvelles fouilles clandestines, mais elles n'ont pas dû abandonner un
grand trésor, car rien n'est arrivé jusqu'à nous. Il reste peut-être encore à trouver.
'
Un site pareil ne sera jamais épuisé. Malgré vingt campagnes, les tombeaux royaux
Me la dynastie d'Ur-Nanshe ont échappé à toutes les recherches. Notre seule conso-
'lation c'est que presque certainement ils n'ont pas dû être épargnés par les pillards
antiques et que nous les aurions de ce fait retrouvés violés.
i
DEUXIÈME PARTIE
A. — LA PROTOHISTOIRE
i( On que notre connaissance de la préhistoire mésopotamienne est de date
sait
récente. y fallut les découvertes faites à Obeid (1919-1924), Warka (1930-1931) et
II
I
jDjemdet Nasr (1925) pour que nous puissions avoir une vue complète des étapes suc-
/cessives par lesquelles passa la civilisation au pays de Sumer. Bien des problèmes
restent d'ailleurs encore en suspens, comme par exemple celui de l'arrivée des Sumé-
riens, mais les séquences sont établies et ce résultat acquis est une des dernières
conquêtes de l'archéologie de ces derniers vingt ans. Comment les trouvailles de Tello
s'insègrent dans ce schéma d'ensemble, c'est ce que nous voudrions préciser main-
tenant.
Chapitre Premier
EPOQUE D'EL-OBEID
nets très primitifs à paroi épaisse (b), une coupe à pied creux (c), qu'il classe dans
une « céramique peut-être plus ancienne que les vases peints » ^.
Au Tell de l'Est, à une profondeur comprise entre 6 m. 80 et 7 m. 40, nous
avons recueilli « une poterie vulgaire, sans aucune trace de peinture » ^. Nous aurions
donc là des traces d'autochtones, ou en tout cas des premiers habitants, différents
ce semble, des gens qui décorèrent leur vaisselle.
Outils en terre :
Outils en pierre :
haches taillées,
haches et hachettes polies,
aiguiseurs,
petits clous, de même type que les clous en terre (g),
Objets en os et coquille :
épingles et aiguilles,
bagues en coquille (s),
perles en coquille,
Céramique peinte :
La
peinture [Fig. 8] est noire, plus rarement ocre rouge, sur couverte jaune
verdâtre. Le décor
est presque toujours de style géométrique triangles et losanges :
cantonnés dans des bandes latérales arcs, ogives, galons, guirlandes, lignes ondu-
;
seaux difficiles à identifier et surtout de bouquetins. Ceux-ci ont été retrouvés sur
trois fragments différents soit dans l'attitude de la course, soit dans celle du galop
:
4. Nous indiquons ici (T. suivi d'un numéro) les objets recueillis par nous, dans leur classement
d'inventaire du chantier.
5. Des exemplaires avaient été recueillis par Sarzec, Découvertes, pl. 42, 20 ;
pl. 45, 5, 6.
6. TeÏÏoh, I, p. 13. Voir maintenant la céramique d'Ugair.
7. Documents archaïques : époques pré-Obeid et Obeid
38 TELLO
Figurines.
Elles sont de deux sortes : animales et humaines.
bisons ^ Nous n'avons rencontré que le bison (e), reproduit volontiers, le corps
quelquefois rehaussé de touches de peinture. |
b) Humaines. —
Genouillac en avait recueilli 6, fragments compris ^ Nous!
II
allongement de la pâte pincée (d) les épaules sont sommairement modelées, sans[
;
indication de bras. Les figurines féminines (/, /, m), étaient plus soigneusement ;
cune tête n'a été rencontrée. Quelquefois des traits peints (m, /') étaient posés, qui
devaient figurer des tatouages ou des parures. Aucune figurine de femme à l'enfant, :
comme à Ur.
Objets divers.
j
bouleversées, ne peuvent être datés avec exactitude. Ils doivent cependant apparte- I
nir à l'époque d'Obeid. Ce sont des cachets à bélière, du type bouton », avec sur <( (
la face légèrement bombée, une gravure faite de points (i, k), traits, chevrons ^, des 1
i\
* * I
de Sumer, les habitants ont vécu sous des huttes de roseaux. Ce sont des agriculteurs
et des pêcheurs (faucilles, pesons). Ils pratiquent l'élevage (moutons et bovidés) et
défendent leurs possessions avec un armement lithique et quelques engins de terr^.
Le métal est alors inconnu l'écriture aussi, mais l'on s'efforce cependant de s'ex-
;
taire, combinaisons de signes et de figures, sur les vases. C'est le début de l'art, le
peintre se superposant au potier pour rendre plus plaisants et plus efficaces les réci- .
pients de la vie courante. Le coroplaste pétrit la glaise épurée et dans ses doigts qui
tâtonnent, s'ébauche la silhouette d'animaux ou d'humains.
Comment interpréter ces premiers essais de peinture ou de statuaire en minia-
ture? Simple passe-temps artistique, désir de créer et de reproduire des formes vi-
7. Telloh, I, p. 8.
8. Telloh, I, p. 9.
g. M est symptomatique que la fouille profonde de Genouillac, qui, nous le verrons, correspond aux
époques d'Uruk et de Djemdet-Nasr, n'a donné qu'un seul cachet de ce type (Telloh, I, p. 43, TG, 4405).
Toute rnotre collection provient du tell de l'Est. Incertitude chez GenouiMac qui attribue un autre cachet
(TG,5784) à la fols à l'époque d'Obeid (Telloh, I, p. 10) et à celle de Warka (p. 43). Il faut signaler,
ce qui confirme notre datation, que des cachets identiques ont été recueillis par MaMowan à Arpatchiya,
dans la couche d'Obeid (Arpatchiyah, pfl. VII, a).
10. Voir aussi Arpatchiyah, pl. VII, a,
'
40 TELLO /
représentés,
vantes, espoir ou certitude d'agir ainsi sur les êtres ^^core premières
la fabricat
ébauches d'une industrie religieuse, avec en particulier .^^ d'idoles fami-
liales, prototypes des teraphim postérieurs? Nous en sommes réduits', suppositions.
Le mobilier funéraire, d'ailleurs sommaire, qui accompagne les V g^ues tombes
posthuml^^
retrouvées, atteste seulement que l'on envisage une
existence ç^,^^^ tout ce^
mais de toucher lè qu'ilsM
que nous savons de ces gens, anonymes et lointains, ^^ ^^jg^s
Hté — révèle un peu de leur âme. Vie matérielle et vie spirituelle, tel es^^:.^
doù\& \
aspect de l'existence de l'homme de Lagash, au début du IV^ millénaire, ^^^^i trouve\
son illustration dans les constatations faites et dans les objets recueillis. Œ
homme
pays, qui sont surtout prl^^ ^occupés
ne diffère certainement pas de ses voisins du bas
sur la mer. On en est enc^^^^Q^e au
de consolider chaque année les conquêtes de la terre
cette phase a-t-elle duré ? Fr .^s de
stade de l'établissement. Combien de temps ^
—
Nous essayerons de répondre ailleurs à cette question si
Subaréens, des Sémites?
débattue.
Chapitre II
EPOQUE D'URUK {
1
Uruk 1. On pouvait en outre trouver étrange que deux couches soient représentées
par une épaisseur de quelque dix mètres de déblais, ce qui implique aussi une durée
importante de temps et ne cadrait pas non plus avec celle très réduite, attribuée sur le
chantier de Warka, aux couches IV et V.
A l'examen, les hiatus dans l'habitat de Lagash semblaient moins évidents.
Le premier (entre fin d'Obeid et Uruk V) devait être sérieusement réduit. Sans doute
Genouillac avait-il recueilli au fond de son chantier des objets datés de l'époque
d'Obeid. Mais certains de ceux-ci avaient pu continuer à être utilisés à l'époque
d'Uruk. Quant aux céramiques peintes^' [Fig- 9» c, d, /], il fallait certainement les
rapprocher des poteries dites d'Obeid IP" variété que l'on rencontre à Warka dans
les niveaux XII à VII, en pleine période d'Uruk. Les plus anciens documents
recueillis dans la fouille stratigraphique faite à Tello, appartenaient ainsi à des
niveaux moins anciens que ceux d'Obeid —
que les eaux d'iafiltration empêchaient
d'atteindre —
et tout au plus du milieu de l'époque d'Uruk, correspondant peut-être
aux subdivisions IX-VIII de Warka.
La deuxième lacune impliquée par la théorie de Genouillac, entre Uruk IV et
Uruk I existait encore moins. En effet elle correspondait à la période dite de Djemdet
Nasr, caractérisée entre autres par une céramique polychrome, des cacliets zoomor-
phes, des cylindres courts. Or tous ces objets se retrouvaient dans la fouille de Tello
II et fig. 12).
t(Pl.
On arrive donc aux conclusions suivantes :
*
* *
empreintes d'ongles [Fig. 10, 5389], qui peuvent recouvrir toute la panse
Collerettes de pastilles aplaties (cf. Uruk VI).
Bandes chevronnées, jambages^ quadrillages^* (cf. Uruk VI).
Le décor est fait à la main (ongle, doigt) ou à l'aide d'un roseau. L'anse se
rencontre souvent^*, de même les oreillettes pour faciliter la suspension de la cérami-
que. La tasse est fréquente.
21. A Warka, ce sont les strates IX-IV, sauf si l'on admet que IV appartient à Djemdet-Nasr.
L'épaisseur y est aussi de 5 mètres.
22. Découvertes, p. 415 NFT, p. 73 sq. ;
44 TELLO
Sont aussi fréquentes des écuelles grossières à parois épaisses et bord tom-
bant, faites à la main [Fig- io> 4241]-
,1
4. Céramique peinte du type Obeid II, avec décor géométrique, noir ou ocr^
rouge [JFig. 9]. ,
*
un petit miroir (5423, à 11 m.) qui attestent que l'on est arrivé à l'âge du métal 1
Figurines. —
L'imagerie populaire nous est aussi parvenue sous la forme de
figurines, la plupart du temps représentant des animaux (brebis, béliers, chiens),
quelquefois aussi des bergers (?). La terre, grise ou noire, en a été simplement
séchée ^.
*
* *
Cinq mètres de décombres sur une superficie de 800 m^, tel est le volume de
terrequi fut exploré et qui doit nous permettre d'avoir quelque idée de la civilisation
à Lagash, à l'époque d'Uruk. Nous manquons totalement de documents architectu-
raux et aucune tombe remontant sûrement à cette période n'a été retrouvée. Comment
l'expliquer? Peut-être les habitations avaient-elles continué à être en roseaux et ne
pouvaient laisser grandes traces. On peut admettre aussi que l'on n'enterra pas à cet
endroit ou que si elles existèrent, les sépultures qui étaient sans protection sérieuse,
disparurent dans un sol très humide. A Lagash, l'homme ne semblait donc pas en
très grand progrès sur son prédécesseur du temps d'Obeid. Et pourtant, à Uruk, on
savait construire en briques crues, on utilisait la pierre pour les fondations, bien plus,
on fabriquait déjà en gypse et sable un matériau de remplacement...
Cependant, une étape importante avait été franchie avec l'utilisation du métal
le cuivre employé presque pur (plus de 99,50 %). La perfection dans certaines fo'
mes de céramique le confirme [Fig. 10, 5517], comme aussi la variété du décor,
polissage de l'engobe, les teintes nouvelles (rouge, gris), qui attestent une bonne c^p
naissance de l'emploi du four et une discrimination intelligente des terres. L'é«
ne semble pas exister. En tout cas, aucune trace n'en a été décelée aucune tabi-. :
aucune empreinte. La décoration des vases est peut-être une sorte de langage,
ce qu'elle doit parfois exprimer, à sa manière, des idées, des conceptions. Quelles soi
les croyances de la population d'alors? Nous n'en savons rigoureusement rien. On ne
46 TELLO
peut même plus songer à retrouver ses idoles dans les figurines de terre crue, où il
n'y a guère que les silhouettes des animaux des troupeaux. La silhouette humaine a^
pratiquement disparu et la femme n'est plus une seule fois évoquée. Nous nous trou-i
vons comme jamais en face d'inconnus. !
surclassant la terre et la pierre? Aux qualités foncières d'une population arrivant dej
régions au climat plus rude et s'imposant facilement aux sédentaires paisibles du bas )
pays? Toutes ces raisons ont dû jouer et peut-être cette conquête du sol s'opéra-t-
elle sans résistance bien sérieuse de la part des premiers occupants. I
Chapitre III
Céramique. —
i. Deux tessons polychromes [Fig. 11, 5093, 5094], c'est touir
ce qui se rapporte à une céramique peinte " qui ne semble pas avoir connu grand
faveur dans le sud de la Mésopotamie. Des constatations analogues furent faites
Warka. Le reste de la céramique continue avec des formes et avec une technique asse2*'
semblable à celle de la période précédente :
4. Céramique commune, sans peinture ni engobe. Les tons sont clairs et unis.i
la panse. On rencontre encore des pièces avec anse. De très nombreux exemplaires
sont en pâte très fine et l'on arrive à une véritable porcelaine. Ainsi sont fabriqués
des boîtiers et des coffrets à bijoux [Fig- 4362, 4865]. Tout cela atteste l'usage
extensif du tour mais dans certains cas, on travaille encore à la main, ainsi pour \eà
écuelles grossières à parois épaisses et bord tombant, retournées sur les tombes et qui
paraissent avoir été réservées au rituel funéraire
Vaisselle de pierre. —
Un des traits les plus marquants de la période de Djemdet
Nasr, c'est dans le Sud, le développement extraordinaire de la vaisselle de pierre.
Lagash ne fait pas exception. Nombreux furent ramassés au tell K :
des godets (albâtre, calcaire) (Fig. 11, 4959), récipients à fards ou à onguents^",
de petits pots ronds (Fig. 11, 5205),
des bols (albâtre, marbre)
des boîtiers rectangulaires, du type barque
des vases (albâtre, marbre), à panse bien galbée, ce qui rend encore plus sensible
le rétrécissement du col. Des trous, des oreillettes, indiquent que ces vases étaient
suspendus^* (Fig. ii, 5203, 5294).
Tout un lot de petits instruments ^° évoque aussi bien un outillage chirurgical qu'une
trousse de maquillage, entre autres la spatule pour prendre dans le godet le fard noir
ou vert, l'étaler au coin des yeux ou sur la ligne des sourcils. Une tombe de femme
contenait d'ailleurs un tube en cuivre, renfermant encore du sulfure d'antimoine, pro-
duit de maquillage ®\ donc de beauté... Cette diversité montre en tout cas que l'usage
du métail s'est vulgarisé et qu'il a pénétré toute l'existence. Certainement avec lui,
l'armement fut radicalement modifié (la stèle de la chasse trouvée à Warka, le prouve),
mais à Lagash, ni flèches, ni épieux ne sont réapparus.
54. Telloh, I, p. 53 ;
pl. 4 ; 6, 4 ;
X, 5203, 5294.
55. Telloh, I, p. 55 ;
pl. 7, 8.
56. Telloh, I, p. 62 ;
pl. 34.
57. Telloh, I, pp. 46-50 ;
pl. g, 3 ; 11, i.
1
EPOQUE DE DJEMDET NASR 51
quefois incrusté des yeux, comme c'est le cas pour un taureau (h), et un autre animal
non identifié. Il arrive aussi que l'animal soit simplement de profil (quadrupède, vau-
tour) (;'). Au revers, on trouve esquissée à la bouterolle, mais dans un style très
négligé, la silhouette d'un ou de deux animaux (i', j', k').
h) des cachets hémisphériques (i), en jaspe, albâtre ou marbre. Au revers, à la
bouterolle, des animaux variés chacals, chats, oiseaux ou plus simplement, groupes
:
de points
c) cachets-coulants. Même matière, même technique^*.
Les amulettes constituent un élément de la parure. Les accessoires de toilette
évoquent fort bien le souci de plaire qui anime ces gens. Indépendamment des pen-
deloques en terre cuite il connaissent des colliers, à une ou à plusieurs rangées de
perles. Celles-ci étaient faites des matières les plus diverses terre cuite, os, coquille, :
ou pierres de tous genres, cornaline, albâtre, marbre, jaspe, lapis lazuli Et non
seulement on tenait compte des formes, mais on se préoccupait d'harmoniser ou d'op-
poser les teintes.
66. Tellah, I, pl. 39, 3 ; cf. Moortgat, op. cit., pl. 3, 17-18.
67. Sarzec, Découvertes, pl. 30, i et peut-être 30, l'i ; Telloh, I, pl. 39, 4 b.
68. Telïoh, I, pl. 40, 1 ; Cf. Moortgat, pl. 9, 53 ; 10, 57, 59.
69. Telloh, I, pl. 39, 5.
70. Telloh, I, pl. 39, 4 a ; AM, p. ^94.
71. Objets recueillis par Sarzec, mais surtout par Genouillac, Telloh, I, pp. 41-43-
72. Telloh, I, pli. 36, 38 ;
Découvertes, pl. 46, 13 a, 13 b ; AJ, XII (1932), pl. LXX.
73. Telloh, I. pl. 36. 38.
74. Telloh. I, pl. 36, 6 fe ; Découvertes, pl. 46, 10 ;
Delaporte, Catalogue des cylindres orterttaux, I,
pl. I et 2.
75. Telloh, I, r,.
59, pl. 37.
76. Telloh, I, pl. 42, 43.
77. Telloh, I, pl. 36, I.
52 TELLO
— un taureau en pierre noire (long.
petit 27 mm.) (b)
— un poisson en
petit lapis lazuli (d),
— une grenouille (c),
—
une statuette humaine, un petit chien couché, un petit lion couché, un petit
mouton couché (région des Bassins)
Des documents que nous avons passés en revue ressort cette impression très
nette que l'époque de Djemdet Nasr marque une étape au cours de laquelle d'impor-
tants et incalculables progrès ont été accomplis : l'invention de l'écriture, la géné-
ralisation de l'emploi du métal constituent deux conquêtes énormes pour l'humanité.
Il prouvé que ces préoccupations vitales n'ont pas écarté la préoccupation artis-
est
tique. Au contraire. En recherchant une matière première solide et élégante, les
sculpteurs ont fixé dans la pierre la silhouette des animaux, domestiques ou sauvages,
qu'ils avaient sous les yeux. D'emblée, ils se sont révélés d'extraordinaires animaliers.
Les bouquetins de l'époque d'Obeid, trouvés sur la céramique de Lagash, dénotaient
déjà des dons indéniables d'observation et d'exécution. Alors, on peignait. Désormais
on préfère sculpter et les résultats sont encore plus convaincants.
Cette population est déjà très avancée sur la route de l'art. Elle ne dédaignait
pas l'opulence les vases de marbre font honneur à son goût et les boîtiers, souvent
;
recueillis garnis, ne déplairaient pas à une élégante de nos jours. Il semble qu'on n'ait
guère eu alors que le souci d'une existence pacifique. Sans doute fallait-il se défendre
contre les bêtes et les rapaces du désert, en particulier les lions qui décimaient les
troupeaux. Cela, les monuments d'Uruk le décrivent abondamment. Par contre les
scènes, où l'on croit retrouver des épisodes de guerre sont rares et d'ailleurs très
controversées. A Lagash, rien n'indique un trouble quelconque dans la vie de la cité.
Il est vraisemblable qu'on continue à habiter sous des huttes de roseaux, mais
probablement les a-t-on renforcées par des torchis ou du pisé, tous procédés qui •
laissent peu de traces et que l'archéologue n'arrive souvent pas à déceler. On construit
presque certainement en briques crues les maisons des dieux. Quels sont ces dieux ?
A Lagash, nous les ignorons totalement. Les amulettes indiquent toutefois que l'on
éprouve le besoin de se défendre contre des forces malfaisantes. Les astres ont dû
probablement retenir la première attention des croyants, comme aussi les phénomènes
de fécondité et de fertilité. L'homme reste un agriculteur et un chasseur. C'est aussi
un pasteur et dans ses enclos, les chèvres, les bœufs, les cochons et les ânes crois-
sent et multiplient. Des possessions qui varient sans cesse, demandent de fréquents
recensements. Nous constatons d'aiprès les comptes, que pour les établir, on dispose
déjà de deux systèmes, l'un sexagésimal, l'autre décimal. Indices, diront certains, de
la coexistence de deux races différentes, la sumérienne et la sémite.
Désormais nous n'avons plus en face de nous des gens muets. L'écriture est en
effet fixée en un système du type pictographique 391 signes à Uruk, 463 à Djemdet
:
Nasr, Leur nombre relativement important indique qu'on est encore au stade de la
création qui réclame une grande collection de notations, mais aussi qu'on dispose, dans
l'existence courante, d'une bonne série de modèles à silhouetter. Toute une résurrection
de l'époque peut être tentée en partant du seul examen des signes de cette écriture qui
naît. Grâce à eux, habitat, outillage, faune, flore, nous sont décrits plus ou moins
schématiquement et viennent suppléer à notre information
Tels sont les hommes d'alors. Au moment de la mort, on les dépose en pleine
terre. Les corps sont couchés sur le côté, jambes fléchies. Dans un seul cas, à Tello,
un cadavre avait été placé sur le dos, jambes repliées en tailleur. Mais l'idée de la
protection du corps apparaît, soit qu'on le recouvre de jarres et d'écuelles grossières
retournées, soit qu'on le place sous une sorte de mosaïque de tessons, soit enfin qu'on
l'enveloppe dans une natte bitumée. Il semble aussi qu'on ait pratiqué parfois la
désarticulation. Toutes les tombes comptent un mobilier funéraire (vases à provisions)
et l'on n'a pas oublié les objets de parure, les cachets. Cependant aucune ne contient
de cylindre le cylindre est, en effet, un objet important, que l'on se transmet et qui
;
1
B. — L'HISTOIRE
Chapitre Premier
ne trouvent pas de noms, qui sont contraints d'adopter une classification architec-
turale ou stratigraphique. Puisque, à Tello, des noms existent, il est tout aussi com-
mode de s'appuyer sur eux.
§ I. —
•
L'architecture a Lagash
Aucun des documents sur lesquels ces noms ont été retrouvés n'a été recueilli
in situ. La tablette d'Enhegal (Fig. 24, a)
fut subtilisée à de Sarzec la masse d'armes ;
inférieure )). Construction étrange, qui telle qu'elle est décrite ne cadre en aucune
façon avec ce que nous connaissons par ailleurs et qui risque fort d'avoir été mal
comprise, parce que mal fouillée.
1. OIC, 19, pp. 79-87 ; 20, pp. 35-59. Cette période est souvent appdée aussi « de Lagash »
2. HiLPRECHT, Ein neuer Kônig von Tello dans ZA, XI (1896), ipp. 330-331 Barton, PBS, ;
n" I, pl. LXVI AJA, XVII (1913), pp. 84-85; Sumenan Business and Adoninistrative Documents, p.
; V
pl. II et III. \
—
une grande stèle (a) en calcaire (2 m. de large) avec le bas de 6 personnages,
6 vêtus du jupon kaunakès, 3 jambes nues®.
un fragment du « relief circulaire » ^ (h).
—
un fragment de petite stèle inscrite ^ l'écriture rappdant celle du relief de
la fieure aux plumes » (c-c').
((
Non moins importants étaient les dépôts de fondation des figurines de cuivre, :
retrouvé dans une pierre de seuil marquée Entéména donc non in situ- (g),^
pp. 45-68. Pour la documentation graphique, Découvertes, p. 411, pl. 56, i et plan C. 2.
Découvertes, p. 195 et pl. 56, 2.
6.
Découvertes, pl. 1 ter, i b
7. p. 414. ;
/
14- Objets recueillis au niveau de la « construction inférieure » (Tell K)
58 TELLO
— un grand poignard (h) en cuivre, la poignée faite de deux lions couchés i
extérieur, soit plus tard en 1898 sous les déblais enlevés » (i, j, k).
Interprétation de L. Heuzey —
Heuzey voyait dans le coffrage qui avait^
à un certain moment, enserré la construction, un procédé destiné à assurer au « local
ainsi défendu » une grande résistance « contre certaines menaces du dehors, comme
les intempéries et Chaleurs desséchantes de l'été ». La pièce en contre-
notamment les
bas devait donc être un dépôt fait pour contenir des provisions solides ou liquides »,
<(
nous nous représenterions les différentes phases architecturales (Fig. 13, B).
Premier sanctuaire. —
A la fin de Djemdet Nasr, on prépare au tell K, un
sol de fondation (a), en aménageant un dallage en belles plaques de gypse. Sur cette
fondation sanctifiée par des dépôts (figurines de cuivre), un sanctuaire est élevé, en
briques crues et briques cuites. Seuiles les briques cuites (h) ont échappé à la des-
truction des pioches d'ouvriers dont l'attention ne fut jamais attirée sur la nécessité
de respecter des alignements en briques crues Probablement les briques cuites
avaient-elles été réservées à la cella, qui se présente double deux salles (i et 2) que :
sépare une cloison transversale une petite salle oblongue (2) (4 m. 50 x i m. 40), une
:
Second sanctuaire. —
Le temps a passé, le sol (e) s'est surélevé et le temple a
besoin d'être restauré. Les murs existants peuvent constituer de solides fondations à
condition d'être épaulés. On encastre donc l'édifice tout entier dans un épais cof-
frage (/) en pierres et briques, haut de 2,15 (?), qui constituera en même temps un
nouveau sol. Les deux salles (1-2) sont comblées de terre, mais pour une raison qui
nous échappe, seule la salle au nord (2), a un sol en briques cuites (g). La salle au
sud, a un sol en terre battue (h). Les murs (i) en briques cuites du premier sanctuaire
qui émergent de 0,65, constituent les fondations du nouveau sanctuaire. S'ur ces
murs s'élèveront des murs en briques crues, technique courante Avant de les élever,
on a creusé des cavités (y) à l'intérieur des fondations, en vue des rites de libation
Quand ceux-ci sont accomplis, on peut dresser les murs en matériau cru. D'ailleurs
des rites semblables pourront se reproduire, car dans la petite salle et devant la façade
nord, d'autres cavités identiques (2 de chaque côté de la porte) sont aménagées Le
temple ainsi construit, était-il un temple sur terrasse, comme à el-Obeid, Khafadje,
Uruk, Mari ? Il faudrait alors envisager des degrés d'un escalier ou de deux escaliers
non remarqués par les ouvriers. Cela n'est pas certain eu égard à l'asymétrie du bloc
d'encastrement et de l'édifice lui-même. Si malgré les exemples cités plus haut, on
n'admet pas pour Tello un temple sur terrasse, il faudrait alors supposer un nivelle-
ment général de toute la zone environnante, l'accès au sanctuaire ayant ainsi lieu de
plain-pied ^.
D!ans ce second temple, le pilier-support enfoui (c) n'apparaissait plus^. Par
contre la banquette avait été surélevée (d') et dépassait certainement le nouveau sol que
nous avons au niveau du coffrage d'encastrement
fixé Si les objets correspondant au
premier tempk étaient profondément enfouis les documents du second temple sont
difficiles à distinguer. Il ne serait pas impossible cependant que le relief aux plu- ((
mes » appartint à ce deuxième état, puisqu'en aucun cas il ne peut provenir du sanc-
tuaire supérieur de l'époque d'Ur-Nanshe. Qu'on soit bien làsur une zone éminemment
20. HëuzEiY, Villa Royale, p. 52, <( autel ou piédestal destiné à porter quelque symbole mais ce serait ;
préjuger de la destinatiorii religieuse de la salle même ». La masse de Mésîlim sera décrite ci-après p. 72.
2ti. On verra plus loin pourquoi nous supposons cette banquette, aménagement connu par Assur, Mari.
cette fois à Ur-Nanshe Le roi de Lagash car il s'agit maintenant d'un roi — —
avait nivelé la construction antérieure et, si nous en croyons de Sarzec, l'avait recou-
verte d'une plate-forme soigneusement dressée en bitume, dalles de gypse, 3 assises
de briques cuites (fig. 13, A, k), une couche de bitume et 0,70 de briques crues ^, ce
qui constituait un solide soubassement sur lequel il put à son tour construire.
Voici comment Heuzey décrit le sanctuaire d'Ur-Nanshe (Fi^- i5)- L'ensem-
ble (10,80x7,30) était essentiellement compose de deux pièces (A et B), ce qui repro-
duisait par conséquent l'essentiel de la construction inférieure, mais cependant avec
d'autres agencements. Fondation et pavements (Fig. 13, Z), étaient faits de 3 assises
de briques cuites, oblongues (0,30 x 0,20 x 0,05) ^, plano-convexe's, marquées du pouce.
Sur cette fondation,un mur extérieur (m), (largeur 0,60) délimitant un espace rectan-
gulaire contenant deux salles (A et B) chacune entourée d'un muret (n) (largeur :
0,30) en briques cuites. Entre ces deux murs, un couloir de 0,80 avec liaison trans-
versale, s'élargissant en une sorte de réduit C (1,20x1). Aucune porte nulle part
Ce qui convient tout à fait, dit Heuzey, à des chambres à blé ou à des pièces devant
recevoir des contributions de guerre A une époque plus tardive, un incendie ravagea
l'édifice. Les chambres furent alors comblées et, après nivellement, l'ensemble fut
recouvert d'un lit de briaues bitumées. Mais ce serait le travail d'un roi ou d'un patési
postérieur, de l'époque de Dungi ^.
Signalons pour l'instant que, d'après Heuzey, c'est à ce travail tardif que l'on
doit sans doute le blocage des couloirs de l'édifice, rempllis par plusieurs rangs <(
32. Découvertes, p. 411 Villa royale, pp. 45-46, .avec mesures précises.
;
34. Autres dimensions (0,28 x 0,15 x 0,05 0,27 x 0,14 x 0,05) Villa royale, p. 5.
;
35. L'absence de portes n'étonne pas lorsqu'on ne retrouve que les assises de fondation d'une cons-
truction. Combien restait-il de ilits de briques? D'après les Découvertes, p. 408, il n'en restait que « trois
ou quatre », mais la photographie de la pl. 54, i, en indique au moins dix, cependant qu'ailleurs (Villa
royale, p. 5) on Yit quatorze Il est évident que la donnée de la pbotograplhie est 'la seule à retenir, ce qui
!
donne une hauteur de conservation du monument de 0,50 et peut se rapporter aux seules fondations.
36. Villa royale, p. 10.
37. Découvertes, p. 408, Gudéa, d'après Villa royale, p. 11.
38. Villa royale, p. 11 ;
Découvertes, p. 410.
39. Découvertes, p. 408 ; Villa royale, p. 6.
EPOQUE PRESARGONIQUE 6i
dance, destiné à être rempli par le haut ou du moins par des soupiraux, assez élevés
au-dessus du sol », la « Maison des Fruits d'Our-Nina », « le sanctuaire proprement
dit » [celui de Ningirsu] occupant « l'étage supérieur du magasin sacré » Avant
de proposer une interprétation différente, il convient d'abord que nous passions en
revue les objets recueillis dans ce secteur très défini (Fig. 15).
Objets recueillis au cours de la fouille et dont l'emplacement est précisé :
a) dans l'édifice. Grande chambre A. Aux angles est et sud, deux pierres de
seuil, à 4 mètres l'une de l'autre, adhérant au fond de bitume ». ((
1) la i''^ haute de o:m. 37, large de 0,25 à 0,20. Cuvette de 0,13 x 0,03
2) la 2^: 0,27x0,11. Cuvette de 0,12x0,06*^.
Toutes deux inscrites au nom d'Ur-Nanshe
Petite chambre B. Sous les cendres, débris de poignards en cuivre, avec rivets.
D'autres débris dans le couloir.
b) à l'extérieur .de la construction Niveau
3) pierre de seuil, au nom d'Ur-
Nanshe.
4) Bas-reliefs généalogiques d'Ur- <( à quelques décimètres au-dessus ou
Nanshe au-dessous du niveau inférieur
5) Id. de l'édifice. »
6) Id.
10) Id.
11) Id.
12) Colonnette d'Eannadu^^ Niveau de l'arasement.
13) Mortier d'Enannadu I consacré à — id. —
Ningirsu
14) Masse de Mésilim I m.
sous le niveau inférieur, dans
15
briques crues,
les
15) 8 tablettes archaïques^. cm. 12 sous le niveau inférieur,
16) Lance en cuivre de o m. 80 de o, m. 15 au-<dessus du sol d'Ur-
long Nanshe.
17) Hampe colossale, bouclée. Lon- Sur le dallage F.
gueur : diamètre
3,27 ; : 0,10^.
18) Deux têtes de taureaux en cui- o m. 25 au-'dessus des fondations.
vre et un vase à long bec en
cuivre
Figurines et tablettes de fondation — Il s'agit de figurines appointées, en
cuivre, engagées dans un anneau plat. Cinq portaient une tablette de pierre sur leur
tête. Elles furent recueillies :
Quant aux
tablettes, quatre mentionnaient le temple de Nanshe, huit l'Ab-Girsu.
L'énumération des objets recueillis conduit à une première constatation le plus :
grand nombre appartient à Ur-Nanshe, mais ses successeurs immédiats sont men-
tionnés Eannadu (stèle des Vautours, colonnette) et Enannadu I (mortier). C'est
:
donc que l'édifice était encore en faveur après la mort du fondateur de la dynastie.
C'est ce que confirment des monuments voisins dont il faut dire maintenant quel-
ques mots.
Constructions d'Eannadu. —
A 25 mètres au N.-O. de l'angle de la construc-
tion d'Ur-Nanshe, un puits apparut^'. Son ouverture se présentait à o m. 50 au-dessus
du sol d'Ur-Nanshe, l'orifice en coupole. D'un diamètre de i m. 60, il était soli-
dement construit d'un mur en double épaisseur, les briques cuites, oblongues et
bombées (0,30x0,20x0,05) étant placées alternativement à plat et de champ. Les
joints étaient en argile. Les briques étaient marquées de deux empreintes (pouce et
index) *° et quelques-unes inscrites portaient un texte d'Eannadu. On y lisait entre
autres « En ce jour-là, à Ningirsu, sur son large parvis, il construisit le puits
:
pierre, d'époque de Gudéa. Et pourtant, souvent dans les puits on recueille de pré-
cieuses épaves ^. !
Du puits partait vers le nord, une rigole en briques carrées, enduites de bitume,
communiquant avec un petit bassin circulaire, puis rejoignant une sorte d'aqueduc
[Fig. 16].
Constructions d'Enannadu I. —
Aucune construction de ce patési n'a pu être
explicitement identifiée, mais l'on sait que le chef de Lagash prit part aux travaux
exécutés sur le parvis de Ningirsu.
On a en effet un mortier, voué par lui, pour sa vie, dans l'eninnu de Ningirsu
une masse d'armes vouée dans le même sanctuaire par son ministre Barbigan (?)
pour la vie de son maître Mais surtout une brique mentionne une importation de
bois de cèdre, destiné ou au toit du temple de Ningirsu ^\ ou au portique qui
entourait ce temple [Fig. 16].
Construction d'Entéména. —
Ce patési laissa des traces multiples de son
activité architecturale au même emplacement A quelques mètres (2,70) et au S.-E.
du puits d'Eannadu, Sarzec dégagea un énorme massif connu sous le nom de « mas-
sif d'E'ntéména » [Fig. 16]. Le bloc rectangulaire (17,70 x 6,90 x 1,70)^^, est entière-
ment en briques cuites, oblongues (0,33 x 0,24 x 0,06) mais plates et jointes au bitume.
Quelques-unes inscrites, donnaient le nom d'Entéména dont on disait qu'il avait
construit VEsh-gi de Ningirsu. Le même texte mentionnait aussi Veninnu ™. Heuzey
voyait dans ce monument, à vrai dire tout à fait énigmatique dans son isolement^
une plateforme en relation avec un exhaussement ou une circulation des eaux.
Deux objets de toute première importance furent recueillis à proximité :
le vase d'argent, h dans une tranchée descendant de la maison des Fruits vers
Galet B, ...pour Ningirsu il restaura Girsu (p. 43) Colonnette, ...à Ningirsu (p. 47) ;
brique A, ...poui Nin- ;
girsu, il construisit Girsu (p. 47) brique B, ...puits conistruit sur le parvis de Ningirsu; stèle des Vautours, IV,
;
4, ...k temiplle de Ningirsu. Il faut noter qu'on ne trouve chez Eiannadu aucune mention de la maison de Girsu ;
une seule, du temple de Ningirsu et habitueiUement de Girsu.
63. On comparera La photO' des Découvertes, pl. 57, 2 et celle de Telloh I, pl. 46, 1. Céramique prove-
nant de l'enveloppe de tessons, pl. 64 et 65.
64. Ainsi dans, le puits du temple d'Ishtar à Mari, Syria, XVI (11935), pl. XXVI.
-
65. ISA, p. 31.
66. Ars Asiatica XI, p. 30 et pl. III /5/1, p. 53. ;
67.^ ISA. p. 53. Un clou trouvé à Ur (Diqdiqqeh) B. M. 1 16988, publié dans Royal Inscriptions, n* 2,
pl. II, 2, donne un texte nouveau « Pour Inanna d'Ibgal, Enannatum patési de Lagash a orné Ibgal, Eanna-
:
(
66 TELLO
Une c( porte » a retenu d'abord l'attention. Faite de deux piliers rectangu-
laires en briques carrées bitumées et le seuil comptant huit assises, elle devait
(a)
être postérieure à Entéména. Près du seuil mais à un niveau inférieur, un pavement
apparut, fait de briques plates (0,32x0,22x0,05) avec sillon longitudinal.
Sur ce pavement on dégagea un bassin ovale (b) (5 m. 10x4 m. 60), le fond en
grandes dalles (0,44x0,44x0,10), les côtés et le rebord en briques oblongues (0,32 x
0,25x0,05). Ce bassin reposait sur une curieuse fondation en briques cuites et crues,
dont l'appareillage rappelait celui du puits d'Eannadu. Heuzey signale à ce propos
que le niveau du bassin était à plus de i m. 50 au-dessus de l'orifice du puits et
l'on peut se demander comment l'eau y était amenée. Quatre petits bassins (c) bitu-
més, rectangulaires, à deux ou trois compartiments, paraissaient avoir concouru à la
<(
Objets recueillis. —
On peut tout d'abord noter deux pierres de seuil, une à
4 m. 70 du puits et à quelque distance de l'angle N, du massif » l'autre à i m. 40 <( ;
de la porte
(( » Toutes deux sont inscrites d'un texte d'Entéména avec mention de
Vesh-gi du gi-ka-na de Ningifsu Il faut rappeler que dans une de ces pierres, on
bassin ovale trois vers le S.-E., deux en dehors des petits réservoirs, une en deçà
;
de la porte. Ces figurines diffèrent de toutes les précédentes elles représentent des :
divinités ou mieux des génies divins dont la tête émerge des tablettes de pierre aux-
quelles ils sont associés [Fig. 25, b]. Le texte indique qu'Entéména construisit « pour
son roi qui l'aime, pour Ningirsu, son E-kash-gar » ^^
*
* *
Au
terme de cet examen, la conclusion semble s'imposer. Tous les documents
inscrits, monuments que les briques permettent de dater exactement, indiquent
tous les
qu'au tell K, nous nous trouvons sur un emplacement particulièrement sacré. Toutes
les dédicaces s'accordent en ceci, qu'elles ramènent toujours au dieu Ningirsu. La
(( maison de Girsu » était donc son sanctuaire. Il convient maintenant d'examiner, s'il
est possible, à l'aide des documents que nous avons énumérés, de retrouver quelles
furent les étapes essentielles de son aménagement, pendant l'autorité des premiers
patésis, c'est-à-dire d'Ur-Nanshe à Urukagina.
Un premier point semble hors de contestation possible il y a plusieurs étapes :
dans la construction et des remaniements certains, La difficulté est de les dater avec
certitude. Sur quoi se base-t-on tout d'abord pour attribuer la construction supérieure
à Ur-Nanshe?
1. Deux pierres de seuil : une crapaudine et une <( borne », dans la salle A.
Mais l'une a 0,37, l'autre 0,11. Elles ne sont certainement pas in situ et Heuzey lui-
même le reconnaît
2. Les sept briques inscrites, posées sur l'assise supérieure, à la hauteur de
L'étude des textes d'Eannadu ne nous donne que peu d'indications quant aux
travaux du roi dans le domaine précis du sanctuaire de Ningirsu. Celui-ci existait
{Stèle des Vautours, IV, 4) et il est évident que le roi de Lagash dut l'avoir en parti-
culière vénération. Mais comment le trouva-t-il ? Quels indices pouvons-nous utiliser?
1. les objets datés d'Eannadu ont été tous trois trouvés assez haut les frag- :
ments de la stèle des Vautours (au-dessus du niveau des murs arasés) la colon- ;
{brique B).
de Ningirsu), F {an-ta-sur-ra) et que de toutes les constructions citées dans les textes,
aussi peu —presque rien —
n'ait été précisé sur le terrain.
L'œuvre d' Entéména fut continuée par le dernier des dynastes de la série,
Urukagina. La documentation épigraphique est abondante mais les indications de
provenance font à peu près totalement défaut. On trouve, entre autres, mention du
temple de Ningirsu, palais de ti-ra-ash, an-ta-sur-ra, e-gish-pu-ra, e-KASU-gar, e-ninnu
tablette de pierre, collection de Clercq) ]'an-fa-5wr-ra étant fréquemment cité (pierre
de seuil, cônes A, B et C, tablette de la ruine). Eu égard au type très particulier
des briques qui pour la première fois sont plates et carrées, nous nous demandons si
ce matériau n'aurait pas été inauguré par le nouveau roi de Lagash. Dans ce cas on
lui devrait l'esplanade (F) en façade du temple de Ningirsu, mais aussi le portique à
huit poteaux de bois de cèdre (H) et la « porte » (en deux piliers de briques carrées)
dégagées au N.-E. du puits d'Eannadu Quant à d'autres multiples remaniements
des installations situées sur la grande esplanade d'Entéména, certaines (par exemple
le premier état du bassin ovale, en briques cuites et crues ^^), sont certainement anté-
rieures à Urukagina et à attribuer par conséquent à la série des grands prêtres devenus
patésis, c'est-à-dire Enétarzi, Enlitarzi et Lugalanda.
La civilisation de l'époque de Djemdet Nasr fut peu avant 3000 avant J.-C.
submergée par des influences nouvelles, celles que les fouilles de Tello révélèrent pour
la première fois. Sans doute on continuait à suivre les anciennes traditions, le passé —
est toujours contraignant —
mais une école nettement marquée allait donner à l'art
une physionomie différente qui put s'affirmer, se développer et s'épanouir sur une durée
de deux à trois siècles. Il demeure encore difficile d'en préciser l'évolution, Christian a
cru pouvoir la définir ainsi à l'origine, géométrisation des formes et des thèmes (ex
: :
les statues de tell Asmar); puis, retour à la nature, à l'imitation vraie, avec un recul
marqué du style géométrique enfin raidissement et réalisations plus lourdes et plus
;
trapues™. Si l'on transposait cette théorie dans l'histoire, cela reviendrait à dire que
de Djemdet Nasr à Ur-Nanshe, on a représenté géométriquement, d'Ur-Nanshe à
96. Il faut pourtant noter qu'on ne trouve pas sur cette tablette la mention explicite du temple de
Ningirsu.
97. Villa royale, p. 1 1 Découvertes, p. 408.
;
99. « Le jour où il construisit le temple de Ningirsu, 70 Karu de grains dans la maison de la nourri-
ture iilintroduisit », Plaque triangulaire dans ISA, p. 17. Mais on ne peut décidément plus parler à ce propos
de (( l'ensemible des constructions agriooiles élevées sur la coilline », Villa royale, p. 89.
100. V. Christian, Altertumskunde des Zweistromlandes, I, p. 248-259.
70 TELLO
Entéména, naturellement, d'Entéména à Urukagina, lourdement. Il y a certainement
une part de vérité dans cette appréciation, mais il ne serait pas difficile de montrer que
des documents s'inscrivent parfois en faux. Par exemple la lourdeur n'est pas toujours
l'indice d'une époque. Souvent, elle est commandée par la qualité de la pierre d'au- ;
n'est donc pas étonnant que ce rayonnement politique ait laissé quelques traces, cul-
turellement parlant. Dans les monuments déblayés, nombreux furent les objets recueil-
lis. Le manque ou le défaut de la technique, il y a cinquante ans, ont pesé lourdement
sur l'interprétation des lambeaux épars d'une architecture pourtant en plein essor,
mais nous l'avons montré, mal reconnue. Les objets eux, sont restés ce qu'ils étaient
et leur étude demeure ainsi pleine d'enseignement.
a) Avant Ur-Nanshe.
Objets en pierre. Ce sont surtout des reliefs d'un art malhabile, nettement en
régression sur celui de la période de Djemdet Nasr. Nous les citons dans l'ordre, où
Heuzey donne dans son Catalogue.
les
Figure aux plumes »
« (Fig. 17, a). Un personnage est debout, de profil à
droite, la main gauche levée en signe d'adoration, en direction d'une entrée (?)
qu'encadrent deux masses d'armes fichées sur de hauts poteaux. Torse nu, une jupe
serrée à la ceinture et tombant jusqu'aux chevilles, pieds nus. L'homme dont le visage
est rasé, porte cependant sous le menton une barbe qui couvre son cou et s'achève en
pointe. Ses cheveux sont maintenus par un bandeau frontal et retombent épais sur la
nuque. Deux plumes semblent piquées sur le haut du crâne, qui donnent au monu-
ment son nom. Fr. Thureau-Dangin estimait en 1905 que l'inscription (Fig. 24, b), gra-
vée sur le monument ne paraissait pas « susceptible d'une traduction suivie ». On sait
tout au moins qu'on y trouve la mention du dieu Ningirsu et de son temple qui porte
déjà à cette époque le nom d'E-ninnu (maison de cinquante). Le caractère linéaire de
l'écriture concorde parfaitement avec la mode du temps, en particulier l'étoffe qua-
drillée. Comme l'écrivait Heuzey il s'agit d'un travail encore enfantin ». <(
Fragment m.ythologique (Fig. 17, c). Deux scènes bien différentes. A gauche,
une divinité à longue chevelure, assise, tient dans sa main le gobelet qu'a dû lui appor-
ter un adorant à droite, un personnage barbu, cheveux maintenus par un bandeau
;
frontal assomme à coups de masse un captif nu dont les mains sont liées. A ce pro-
102. Découvertes, p. 103 pl. ; i, fig. i Catalogue, pp. 79-80 Gazette archéologique,
; 1886, pl. 17,
;
fig-. I, p. 113 ;
Contenau, MAO, p. 455.
( 17. Reli-efs et sculptures archaïques (Tell K)
f
72 TELLO
pos, Heuzey évoquait Ishtar en compagnie de l'enfant Tammuz, défendue par Gilga-
mesh contre les attaques du roi d'Elam. Toute exégèse demeure difficile.
Masse d'armes de Mesilim^'^^ (Fig- i7> Cette masse votive est décorée de
plusieurs reliefs. Sur la face supérieure de l'arme, non percée en haut, un aigle léon-
tocéphale éployé. Sur le pourtour, six lions dressés à demi, se mordent en se poursui-
vant. Les corps sont silhouettés de profil, la queue relevée, cependant que toutes les
têtes se présentent de face. Les yeux étaient incrustés mais les éléments colorés (sans
doute coquille, lapis ou schiste) avaient disparu.
Une courte inscription est gravée sur le corps de deux lions, où l'on lit Mesi- :
lim, roi de Kish, constructeur du temple de Ningirsu, (pour) Ningirsu a placé (ceci),
Lugalshagengur (étant) patési de Lagash.
tre. A droite, la procession est conduite par un homme imberbe, dont la main droite
tient une sorte de lance en tête de celle de gauche est au contraire un homme barbu,
;
harpé sur l'épaule et qui brandit de sa main gauche un châle (?) replié. Heuzey y a
vu tantôt « un bandeau à franges, récompense pour une victoire ou insigne de quel-
que haute investiture », tantôt « un engin coudé, arme et sceptre tout à la fois, insigne
du haut commandement ». A l'opposé du point où se rencontrent les deux cortèges,
un groupe se présente, qui semble en dehors du déroulement de la cérémonie un :
enfant (ou un nain) lève les bras vers deux personnages qui se font vis à vis, mais
qu'il sépare comme s'il arbitrait un différend. Nous verrons qu'en réalité il s'agit
d'autre chose.
Ce monument nous donne un exemple frappant des diverses modes coexistant
à lamême époque, parmi des gens qui semblent appartenir au même peuple sinon à
la même ville. De ces acteurs et figurants, les uns
en effet sont totalement imberbes et
le crâne ras, les autres ont une longue chevelure et portent la barbe à la matelote.
Même contraste dans le vêtement les jupons dont le bas se termine en languettes
:
s'opposent aux robes dont le tissu (?) est entièrement uni. Tous ces gens ne sont pas
perdus dans l'anonymat, car sur les robes de sept d'entre eux des noms sont gravés.
Il manque malbeureusement ceux des deux conducteurs des cortèges, qui sont évidem-
ment les personnages principaux, mais le vandalisme antique les a fait disparaître.
L'interprétation du monument n'est pas aisée. Heuzey identifiait ce dernier avec
le i< couronnement d'un autel, percé de trous verticaux pour des symboles dressés
Quant à la scène figurée, le même savant a finalement proposé d'y reconnaître la <(
conclusion d'un accord entre un roi chef de guerre (sar ou lougal), prétendant à la
suzeraineté sur tout le pays, et un prince local (patési) dont l'origine religieuse n'ex-
cluait pas le pouvoir militaire celui-ci viendrait recevoir, comme symbole d'investi-
;
*
* *
106. Découvertes, p. 356, où Heuzey écrit « On pourrait penser aussi au jeune fils d'un roi ou d'un
:
patési encore entouré de ses gouverneurs et secrétaires d'ordre sacerdotal, et recevant de son père le même
insigne après quelque action d'éclat ».
107. Comparer avec l'attitude du roi de Mari, dans la peinture de l 'investiture, Syria, 1937, p. 336 et
pl. XXXIX.
108. Heuzey avait bien précisé ce trait, Découvertes, p. 354.
loq. On ne s'explique pas comment un aussi bon connaisseur que W. Christian peut placer à la
dernière phase de l'époque de Lagash, la masse de Mesilim et la base circulaire, Altertumskunde, p. 255.
74 TELLO
Fragment d'une grande stèle™, dont il ne reste que le bas (Fig. 14, a). Six
personnages passent à gauche, où l'on croit pouvoir reconnaître trois prisonniers
<(escortés un par un par autant de guerriers de Sirpoula ». Ceux-ci portent le jupon
à longues languettes ceux-là sont entièrement nus. La scène est, on le sait, classi-
;
que.
Calcaire: H. 0,80; larg. 2 m.; ép. . 0,20.
Trouvé tell K, dans la grande salle 'de la construction inférieure.
Laissé sur place.
Fragment de petite stèle inscrite dont il ne subsiste que le sommet (Fig. 14,
c). On y distingue « les vestiges d'une tête rasée ». Sur les deux faces, une inscrip-
tion de type linéaire (énumération de terrains, mention du temple de Ningirsu).
Calcaire gfris.
Trouvé tell K, dans la grande salle de la construction inférieure.
Calcaire (?)
Lieu de trouvaille non précisé.
*
* *
Nous croyons devoir introduire ici une petite statue qui fut trouvée par les
clandestins et que l'antiquaire Géjou qui nous l'avait montrée à Paris, disait provenir
de Te llo. Cette sculpture est des plus originales. Elle représente (Pl. III) un homme
entièrement nu, agenouillé, les bras ramenés derrière le corps et comme ligotés par
deux serpents. Les deux têtes des reptiles se rapprochent menaçantes jusqu'à la barbe
du personnage dont la chevelure ondée s'arrête sur les épaules après avoir recouvert
sa nuque. Deux poissons sont accrochés à un cordon passé autour du cou du prison-
nier. Cette oeuvre est du plus grand intérêt et pour nous son authenticité ne fait pas
de doute. Nous ignorons ce qu'elle est devenue, mais nous croyons qu'elle fut quel-
que temps dans la collection d'un antiquaire de Londres, Sydney Burney, à qui Géjou
disait l'avoir cédée (?).
Albâtre.
H G m. 30.
:
FouiMes clandestines ou vol sur notre chantier en 1932 (cf. Villes enfouies, p. 84 sq.)
Objet en métal. Parmi les objets en métal que l'on peut dater de l'époque
antérieure à Ur-Nanshe, nous retiendrons :
La lance colossale sans doute arme votive (Fig. 26, /). La lame en forme
de feuille lancéolée à double pente, se rétrécit à la base d'oii part une longue soie à
quadruple trou. L'arme emmanchée dans une hampe imposante (cf. stèle des Vautours,
face historique, 4® registre) était donc rivetée. Dans le cadre étroit et allongé de cette
lance, un lion était dessiné, dressé, face à gauche, la queue relevée. Sans doute la gra-
vure est-elle un peu rude, mais un tel travail présentait de sérieuses difficultés. Il était
plus aisé de travailler en style géométrique, comme c'est le cas pour l'inscription
placée au-dessus de la tête du lion et à la base de la lame. Malheureusement des signes
manquent et on peut seulement lire u Lu gai [ ] roi de Kish ». Très vraisembla-
:
blement nous avons ici une arme votive dédiée à Ningirsu, telle la masse de Mesilim,
par un roi de Kish. La figure et l'inscription, amènent à penser que cette pièce était
placée la pointe en bas.
Cuivre pur.
Longfueur 0,80; : larg-. : 0,135.
Trouvée au K, à quelques mètres de la construiation d''Ur-Nanshe,
tell « un peu au-
dessus du niveau inférieur de ce très antique édifice ».
Don de S. M. le Sultan Abd-ul-Hamid. Au Louvre, AO, 2675.
Cuivre.
H. 0,07 à 0,17.
Trouvées au tell K, dans les fondations de la construction inférieure, les unes à l'an-
gle ouest, les autres sous le pavage de la salle principale.
Au Louvre, AO, 2809-2837. '
Petits animaux
Petites figures d'animaux couchés, paraissant convenir au
bétail domestique bœufs, moutons, chevreaux. Elles constituaient « sans doute des
:
Cuivre.
L : 0,04.
Trouvées au tell K, « autour des édifices les plus anciens et dans les couches les
plus profondes du sol ».
Au Louvre.
*
* *
Objets en terre. Très difficiles à dater, nous croyons cependant que quelques-
unes des figurines de terre cuite trouvées à Tello, sont de l'époque qui précéda Ur-
Nanshe. Nous retenons entre autres le lot des statuettes d'argile » (Fig. 18), <(
à Bagdad).
EPOQUE PRESARGONIQUE 77
H : 0,66.
Louvre, AO, 4596.
Les statues d'adorants portent parfois une inscription permettant de les iden-
tifier. Ce sera le cas, par exemple, de celle d'Entéména, ramassée à Ur. On sait aussi
qu'Ur-Nanshe avait dressé une statue, car des tablettes de la 2® et 3* années de Luga-
landa, mentionnent des offrandes à la statue d'L^r-Nanshe et aux huit statues de
l'Eshagga, celles des femmes de patésis s'étant succédé d'Ur-Nanshe à Enlitarzi^^^
Ces statues doivent assurer la permanence de l'adoration dans le sanctuaire oij elles ont
été déposées. Cette adoration s'exprime, les mains jointes, debout (on connaît ailleurs
la position assis ou à genoux, cette dernière infiniment plus rare) et c'est pourquoi,
dans les périodes troublées, ou bien on décapite les statues, ou bien on leur casse les
mains. Par cette mutilation, la prière se trouve annihilée.
Une vingtaine de pièces au total, ont été recueillies, ce qui est peu, si l'on
songe à l'importance des sanctuaires de Lagash et à la durée de la période étudiée. Les
personnages présentent une grande unité hommes au crâne rasé et au visage glabre,
:
le torse nu, le bas du corps enveloppé dans un jupon dont la matière est unie ou traitée
tée dans le genre du costume masculin. Les uns et les autres, ont les pieds nus. Les
yeux sont soit sculptés dans la masse, soit rendus par le procédé plus raffiné de l'in-
crustation.
118. NFT,
p. 116 et pl. III
119. indication dans nos notes personnel'es (fouilles 1930/1931). Cf. Telloh. I, p. 73, E et
Cette
pl. 56,2 e, g pil. XII (isans n") et XIII, 3605.
;
120. Djebelet-eJ-Beida, dans la rég^ion du Kha')ur, fait exception. Oppenheim y a ramassé des statUc^s
présargoniques éniormes, Syria, XIII (1932), p. 251.
121. Genouillac, TSA, p. LVII.
78 TELLO
Le gypse est la pierre la plus couramment employée. Elle est facile à travailler
mais dès cette époque on s'attaquera aussi à une roche plus dure, la diorite, pierre
vraiment royale et digne du ciseau des sculpteurs les plus experts. Or ceux-ci ont atteint
en ce début du IIP millénaire, à la plus grande maîtrise et il ne faudrait pas se laisser
défavorablement impressionner par des œuvres que le canon adopté et qui est par- —
fois ultra-^court —
rend difformes. Il est aussi évident que la pierre étant rare et les
ressources des acheteurs variables, on taillait dans les blocs utilisés à tout prix, des
silhouettes à notre goût grossières mais que l'on estimait suffisantes pour les petites
bourses. Une statuette acquise par le Louvre en 1924 et qui doit venir de Tello, illus-
tre assez bien (Fig. 19, c) ce que nous venons de dire ^. Dans ce cas, le doute n'est
pas permis, il s'agit d'une oeuvre grossière, malhabile, sortie d'un atelier médiocre.
Parfois le réalisme de la représentation l'emporte sur son élégance, ce réalisme
dut-il aller jusqu'à la laideur. Ce sera le cas d'un fonctionnaire d'Umma, du nom de
Lupad Cette pièce recueillie en plusieurs morceaux a finalement été remontée (Fig.
19, a), ce qui ne l'améliore d'ailleurs pas... On se trouve en face d'un personnage dont
l'obésité a envahi le visage. Les yeux dessinés en amande, l'arcade sourciiière à peine
indiquée par un pli simple, ce qui est plus véridique que le rendu postérieur qui sera
((en arête de poisson ». La bouche n'est qu'un simple trait sans lèvre. Pas de cou, mais
une tête qui s'enfonce dans des épaules massives, puissantes, qui semblent à l'épreuve
de n'importe quel choc. Une inscription donne le nom de l'individu Lupad, ache- :
teur de terrain à Lagash, assis dans la pose d'un tailleur, mains jointes. Cette
petite statue qui date du milieu de la période présargonique est apparentée aux autres
statues assises, d'Ur et d'Obeid. Elle est un produit de cette école de naturalisme à
outrance, qui a tout sacrifié à l'exactitude du modèle.
Diorite.
H : 0,40.
Trouvée en morceaux, par de Sarzec, au tell des Tablettes.
Au Louvre, AO, 3279-3280, 4494.
— petite tête virile avec un air de bonhomie souriante (Fig. 19, e).
Calcaire blanc,
H. 0,068. :
Calcaire.
H : 0,11 ; 0,11 ;
0,06.
Trouvées par de Sarzec sur les « pentes ouest du g-rand telil ».
En face de cette école réaliste, une autre plus idéaliste se manifeste, qui pré-
fère insister sur la sveltesse, la finesse des traits, l'élégance de la ligne.
— statuette d'homme adorant (Fig. 19, b). Le torse nu est svelte, le visage
fin, empreint d'attention et d'intelligente observation. Le personnage porte le jupon
122. AO. 9060, dans Contenau, Les Antiquités orientales, pl. 2 et MAO,
pp. 548-549.
123. Découvertes, p. 327 et 448 pl. 6 ter et 47 Catalogue, pp. 189-190 ; CRA, 1907, pp. 769-772 ;
; ;
1908, p. 205. Il faut, croyon&-n'Ous, rectifier la description de Heuzey, pour qui cette figure (( était chevelue
et barbue ». Pour d'autres statues assises, ceMe de Kurlil d'Obeid (Hall et Woolley, Al Uhaid, pl. IX)
de
Dadailum d'Ur (/!/, 1925, pl. XLVII, b) de la glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague. Cf. Contenau,
& F s
MAO. II, <pp. 563-568.
124. NFT, p. 74 et pl. VI, I.
125. Découvertes, pp. 107-108 pl. 6, ;
fig. r et 2. Une des têtes n'est pas reproduite. ;
1
ig. Statuaire masculine présargonioue
8o TELLO
kaunakès où l'on retrouve les languettes superposées en plusieurs rangs. Debout,
il est assez dégagé sur son mais comme de règle, l'arrière ne fait qu'un
socle,
avec le les coudes étaient nettement détachés du corps.
bas du vêtement. Par contre
Les mains autrefois jointes avaient été cassées dans l'antiquité.
Gypse.
H : 0,245.
Trouvée par de Sarzec au tell des Tablettes.
Musée de Stamboul.
—
petite statue- d'homme adorant. Cette pièce intacte (Pl. IV, a) est une des
plus belles petites statues de l'époque présargonique. La finesse de la tête, le modelé
des épaules, ne laissent rien à désirer. Heuzey avait eu quelque hésitation à dater
cette sculpture dont les caractéristiques apparaissaient alors insolites. Le vêtement,
un jupon uni, tombe jusqu'aux chevilles, « les parties excédantes de l'étoffe sont
rejetées en arrière sur un pilier qui sert d'appui à la statue ». Crâne rasé, yeux en
relief dans le creux, le personnage est d'une réelle distinction. Ce n'est plus un
jeune homme, ce n'est pas encore l'homme d'âge mûr. Son expression, est celle
de l'attente réservée mais absolument confiante. Rien n'a été trop souligné, tout est
adouci, suggéré encore plus qu'exprimé. Sans doute s'agissait-il d'un personnage
de haut rang mais faute d'inscription il reste anonyme.
Albâtre.
H : 0,48.
Trouvée par de Sarzec au tell des Tablettes.
Musée de Stamboul.
Calcaire blanc.
H 0,045.
:
—
tête virile Quoique ne provenant pas de Tello, nous la citons cepen-
dant puisqu'elle a été publiée par Heuzey. Nous notons ici une technique quelque
peu différente, celle des yeux et sourcils incrustés. On encastrait généralement du
bitume dans les sourcils et l'on scellait au bitume, coquille et lapis-lazuli dans l'évi-
dement de l'œil. Face glabre, lèvres fines, l'homme se distingue nettement des
autres têtes viriles, par un nez aquilin très prononcé (Fig. 19, g).
Calcaire.
H 0,07.
:
—
torse acéphale d'homme Mains jointes, torse nu, vêtu du jupon kau-
nakès avec ceinture bourrelée lisse, l'adorant se distingue des précédents en ce qu'il
127. Découvertes, p. 333-335, pl. 6 bis, ûg. 1 a, b, c Unger, o*. cit., p. 81.
;
128. NFT,
p. 136 et pl. VI, 2.
129. Découvertes, p. 108 et pl. 6, fig. 3 Catalogue, p. 216, ûg. 79.
;
130. Découvertes, p. 336 et pl. 6 bis, fig. 2 a et 2 b Catalogue, 224. Exemplaire semblable à
s p. ;
K
Marî, Syria, XVI (1935), pl. XXII, i. 1 ^
,
EPOQUE PRESARGONIQUE 8i
portait des cheveux, tombant dans le dos et coupés en carré (Fig. 19, / et y'). Cette
mode est rare pour les hommes mais elle est attestée.
Albâtre piqueté.
H : 0,06.
Trouvé par de Sarzec.
—
Fonctionnaire de Ningirsu^^^. Statuette archaïque d'un fonctionnaire reli-
gieux de Ningirsu. La tête manque. Style du temps d'Ur-Nanshe. Courte inscrip-
tion dans le dos.
Albâtre.
H : 0,20.
Musée sémitique d'Harvard.
— Statue d'Entéména Nous étudions à part cette sculpture
acéphale
(Pl. IV, b) qui est une œuvre d'un style plus lourd mais encore puissant. Renversé
en arrière, mains jointes, coudes anguleux, le roi porte le jupon à sept rangs de
kaunakès, le nœud de la ceinture tombant dans le dos et à gauche. Les pieds sont
rituellement nus, solidement plantés mais dégagés moins complètement de la masse.
La lourdeur de l'ensemble tient certainement à la difficulté présentée par une pierre
très dure et se défendant mieux. Une inscription est gravée sur le devant du bras
droit. Après énumération des titres du patési, elle donne la liste de ses constructions
sacrées à Lugaluru, Nanshe, Enki, Ninharsag, Ningirsu, Gatumdug, Enlii. La statue
dont le nom est Entéména aimé d'Enlil » avait été vouée dans un sanctuaire (eadda
<(
D'iorite.
H : 0,76.
Trouvée à Ur « à la porte de Nabonide », donc non in situ.
Musée de Bag^dad.
— Fragment de
d'un personnage assis. Ce fragment malheureusement
statue
très mutilé rappelle tout à comme style et comme matière la statue d'Entéména.
fait
Il fut une des premières pièces rapportées en France par de Sarzec et à ce titre sou-
vent étudiée (Fig. ig, h).
Diorite.
H : 0,30.
131. Zimmern dans ZA, XXXII, 1918-ig, p. 53, avec ujie finale..., p. 72.
132. M. I. HussEY, A Statuette of the Founder of the first Dynasty of Lagash, dans RA, XXVIII
(1931), pp. 81-83.
, . ,^
The Development of Sumerian Art, p. 94 et fig. 51, 0 ; Gadd
^
133. IFooLLEY, dans AJ, p. 317, 331 ;
Gypse.
H : 0,22.
Rachetée à Shatra par de Sarzec.
Louvre, AO, 222.
Calcaire.
H 0,305.
:
Fouilles clandestines.
British Muséum, n° 90929.
—
tête de femme dont la physionomie rappelle celle de la statuette du British
Muséum. Un visage aux yeux qui furent incrustés, aux lèvres fines. Menton court,
cheveux ondés tombant dans le dos, maintenus par un bandeau frontal, se croisant
sur la nuque. Les sourcils arqués sont dessinés en relief (Fig. 20, c).
Albâtre.
H : 0,08.
Trouvée par de Sarzec, au tell K.
Louvre, AO, 300.
— Autre tête féminine physionomie analogue mais très ruinée. Les sourcils
étaient incrustés.
Albâtre.
H :0,09.
Trouvée par de Sarzec, au tell K.
Louvre, AO, 301.
nine », MAO, II, p. 560 Christian est tout aussi perplexe, qui y voit un homme (Alte-rtumskunde, pl. 369),
;
et dans le imêmie ouvrage, « probablement une femme » (p. 318), dans un paragraphe consacré, on le remar-
quera aussi, aux hommes L'identification ne fait cependant aucun doute.
!
137. Une erreur s'est glissée au cours du montage des planches. La statuette b de la pl. 20 a été
placée par erreur ici dan® le groupe présargonique. H s'agit en réalité d'un sculpture de l'époque d'Ur III,
qui sera étudiée ci-dessous, p. 234.
138. Découvertes, p. 337 pl. 24 his, i a et i b
; Catalogue, p. 219. ;
c'est un gardien et il chasse les ennemis du dieu, du roi ou de la ville. Ce sont sur-
tout les premiers patésis, Ur-Nanshe et Akurgal qui ont voué de tels animaux, en y
gravant leurs noms. Nous citons les exemplaires suivants :
Ningirsu —
[IJr'j-Nanshe, [roi de I.agash^, fils de Gunidu ».
Onyx.
H : 0,08 ; L : o, 10.
Trouvé par de Sarzec au tell K, dans une crapaudine au nom d'Entéména.
Lx)uvre, AO, 3281.
Calcaire.
H : 0,09.
Trouvé par de Sarzec, au tell K, près de la construction d'Ur-Nanslie.
Louvre AO, 233. :
mèches arrondies. Les yeux sont isculptés en relief dans le creux, la langue est tirée.
Calcaire.
H 0,07.
:
Sarzec aurait trouvé deux types de têtes, le premier eo compte six, le deuxième une. Il apparaît impossible
de les identifier et de les retrouver toutes. Cinq seraient à Stamboul, deux au Louvre.
86 TELLO
— tête d'Akurgal. De même type que
de lion^^\ au nom les têtes d'Ur-Nanshe.
Est dédiée à Ningirsu par Akurgal, fils d'Ur-Nanshe.
Albâtre.
H o,og
: ; L : 0,17.
Trouvé par de Sarzec au tell des Tablettes, en 1900.
Louvre, AO, 3295. Don du sultan.
— deux têtes de lion^*\ au nom d'Akurgal (Fig. 21, d, e). Elles rappellent tout
à fait le type décrit ci-dessus {Découvertes, pl. 25 Us, fig. 4). Les yeux sont cependant
un peu plus ronds, la langue arrondie est tirée, encadrée de crocs triangulaires.
Gypse.
H 0,09.
:
Fouilles de Sarzec.
Musée de Stamboul.
Fouilles de Gros.
— Fragment
de tête de génisse qui semble d'après Heuzey appartenir à
un ouvrage en ronde bosse. L'œil avait gardé son incrustation faite de coquille et de
bitume.
Calcaire.
H 0,085.
:
Toutes les têtes de lion sont sculptées dans la masse. Elles rappellent celles
d'Obeid, cependant il ne s'agit plus de cuivre plaqué sur une âme de bitume mais de
pierre. D'autre part, à Obeid, il s'agissait de lions grandeur nature, véritable gar-
diens. Ici, ce ne sont que des réductions (de J à g cm.), bien que Heuzey ait indiqué
que pour des pièces de Stamboul les dimensions peuvent aller jusqu'à 13 et même
16 centimètres. Dans ce cas on se rapproche de l'exécution à l'échelle petite nature.
La présence de mortaises et de trous d'ajustement, indique que ces têtes servaient a
orner des meubles (trônes, lits ou traîneaux comme à Ur). Ceux-ci n'ayant pas sur-
vécu au temps, il ne nous est resté que la décoration.
Bas-reliefs.
i
EPOQUE PRESARGONIQUE 87
Acquis en 1899, « comme venant de Tello par voie de Bagfdad ». AO, 2783.
2. Au Louvre. Le relief est mutilé (Fig. 22, c), il n'en reste que la partie
droite
Calcaire gris.
H G, 16
: 1 G, 12. ; :
Tous trois sont inscrits du même texte « An dieu Ningirsu, Ur-Nanshe, roi :
l'aigle léontocéphale liant deux lions. Mais nouveauté, ces deux animaux ne restent
pas impassibles. Ils se redressent pour mordre l'aigle qu'ils saisissent aux ailes. C'est
là une modification sensible au thème classique Jusqu'ici, on suit assez bien le
développement de la figuration dédicant à sa divinité. :
Les rois de Tello et la période archaïque de l'art chaldéen., dans R. Arch., XLIV (1882), p. 271.
150. Unger, dans SAK, p. 75.
igi. Heuzey, Armoiries chaldéennes, dans Monuments Piot I, p. 7 sq.
152. Thureau-Dangin, dans ZA (1901), p. 52 RA, VIII (191I1), ; p. 94 et surtout RA, XXIV (1927),
pp. 199-202.
153. Dans ce cas, la charrue apparaît comme son symboile. V. Scheil, La charrue symbole de Nin-
girsu, dans RA, XXXIV (1937), p.42.
154. VAB, I, 92 ;
IV, 14 sq., cité dans Bruno Meissner, Babylonien und Assyrien, II, p. 32.
155. Découvertes, pp. 204-209 ;
pl. 5 bis, fig. 2 ;
Catalogtve, pp. 121-1125 ; Monuments Piot, I, p. 7
et pl. II ;
ISA, p. 159.
156. Pour l'aigle mordu aux ailes par les lions, voir par exemple une bullle de Lugalanda, DP, ï,
pl. V, II. Notre fig., 28, /.
88 TELLO
Deux autres représentations s'y ajoutent. A gauche, dans un espace rectangu-
laire, une génisse — ou un veau — couchée, tête à gauche, jambe droite relevée,
comme si La même attitude se retrouvera sur le
l'animal allait se remettre de^bout.
vase d'argent d'Entéména. Dans la partie inférieure de la plaque, un rectangle réservé
sur toute la largeur est orné d'une lourde tresse à quatre circonvolutions. Peut-on
dire que ces représentations juxtaposées soient sans aucun lien (Heuzey) ? N'aurait-
on pas la figuration des offrandes sacrificielles holocauste et libation (la tresse étant
:
le symbole de l'eau courante) ^^^? ou bien l'énumération des bienfaits que l'on attend
du dieu la richesse des troupeaux et la perpétuelle irrigation des terres (la tresse
:
Ningirsu de VEninnu, Dudu prêtre de Ningirsu J'Uru + A fit venir (cette matière)
et en support de masse d'armes^^^ la façonna ».
Matière bitumineuse.
H :
0,25 ; 1 : 0,22 ; ép. 0,08.
Trouvé par de Sarzec au tell K près du massif d'Entéména,
Louvre, AO, 2354.
végétation, dame de la montagne, Ninharsag. On sait que les patésis l'ont eue en
grande vénération Eannadu s'en disait le nourrisson
: Entéména de même, qui fait
mention du gikana et de la chapelle construite à cette divinité
La libation se fait à l'aide du vase à pied et à long bec, classique dans ce
rite, objet de métal que les fouilles n'ont jamais retrouvé, sans nul doute parce qu'il
n'a pas résisté à l'humidité du sol mésopotamien. L'officiant est ici rigoureusement
nu, évidemment pour que rien de souillé enclos dans son vêtement —
ne puisse —
toucher la divinité, mais aussi pour qu'aucun effluve sacré ne puisse être emporté,
par lui, dans le vêtement, après la cérémonie
157. J. Six, De la glyptique syro-hittite jusqu'à Praxitèle, dans Syria, VI (1925), f>. iOS-
158. CONTENAU, Le déluge babylonien, p. 161, y voit le symbole de l'abîme qui supporte le monde.
1159. La traduction de GAG+GISH-ûr
par « support de masse d'armes » est obtenue par conjecture.
Pour Thureau-Dangin en effet (ISA, p. 60, note i), le sens de GAG+GISH
est assuré par <( la masse » d'armes
de Gudéa et de Nammahni. Le mot ur ne peut, ajoute-t-i(I, que désigner notre objet, c'est-à-dire le support de
la masse d'armes.
160. Catalogue, p. 117 Découvertes, p 209 ; Contenau, dans RAA, Vil (1931-32), pl. XXI, a.
;
rois devaient garder Jeur vêtement, ainsi Ur-Nammu sur la stèle d'Ùr (Woolley, The Development of Sume-
rian Art, pl. 63), mais aussi d'autres officiants, à l'époque de Larsa où glyptique et figurines représentent
souvent le iibateur (naq-me) oo-mplètement habillé.
1
22. Reliefs présargoniques
90 TELLO
Calcaire.
H : 0,17; 1 : 0,15. Diamètre du trou central : 0,015.
Trouvé par de Sarzec.
Louvre AO, 276.:
inférieur, on croit voir un personnage face à gauche. La plaque fut inscrite mais on
ne peut plus rien tirer de l'inscription.
Gypse.
H 0,21.
:
deuxième est un homme au torse nu, qui tient sur sa poitrine le chevreau du sacrifice ;
il est suivi d'une femme, mains jointes, la chevelure nouée en chignon et maintenue par
un bandeau, le corps couvert d'un vêtement laissant l'épaule droite nue et se terminant
par un rang de languettes. Heuzey y voyait un roi ou une personne de sang royal »,
<(
Calcaire blanc.
H 0,17; 1 0,25.
: :
enfants du roi.
— en bas, le roi assis, lève son gobelet. Cinq personnages sont présents, qui
sont tous différents des précédents.
Dans les deux épisodes, le roi Ur-Nanshe est vêtu de la même façon torse :
nu, jupon à kaunakès (trois rangs dans la scène du haut, quatre dans celle du bas).
164. Hall, dans Ars Asiatica, XI, p. 30 et pl. III. Provenance indiquée avec ?
165. Découvertes, p. 383 et pl. 6 ter, fig. 4; Catalogue, p. 365 Contenau, dans RAA, VII, pl. XX, b.
;
Noue avons étudié ce thème dans l'art mésapotamien, Mélanges syriens, I, pp. 171-182. A
Ur, sur une plaque
votive en trouve dans le reg-istre inférieur, un homme
apportant te chevreau, précédé de deux officiants, le
libateur et la grande prêtresse (?). Il est suivi d'une femme tenant un (( chaplet » (AJ, VI, pl. LUI, a).
166. Découvertes, !p. 168, et pl. 2 his, fig. i ; Catalogue, pp. 86-100 ISA, p. 21. ;
EPOQUE PRESARGONIQUE 91
Touspersonnages peuvent être identifiés, grâce aux noms placés sur eux ou
les
La plupart du temps cette surcharge épigraphique se remarque sur les
à côté d'eux.
vêtements quand ils sont lisses. Par contre dans le cas des kaunakès, le nom est
gravé à côté du personnage et non sur la partie unie et visible du corps, par exemple
le torse ou l'épaule.
Deuxième scène
0,n le voit, Ur-Nanshe avait une grande On sait qu'Akurgal lui suc-
famille.
céda. Si l'on s'en tenait à la taille qui est attribuée aux personnages, Akurgal serait non
l'aîné, mais le cinquième enfant. On pourrait alors admettre qu'il monta sur le trône
après une période troublée ayant amené l'élimination de ses frères plus âgés. Comment
d'ailleurs identifier Lidda? Est-ce un garçon ou une fille? Si Lidda est un garçon, sa
taille et un certain moment le prince héritier. Mais
sa position, indiquent qu'il fut à
dans hypothèse, il serait mort, du vivant de son père. Si Lidda est une fille
cette —
et sa longue chevelure semble bien l'indiquer elle a pu remplir les fonctions de —
grande prêtresse. On se souvient qu'à l'époque néo-babyIo.nienne, la fille de Nabo
nide était grande prêtresse de Sin à Ur. De toutes façons, Akurgal a régné (stèle des
Vautours, lions inscrits). Sur notre relief, il remplit l'office d'échanson, ou mieux
de libateur, en compagnie d'Anita qui semble l'échanson en titre. Quant aux autres
figurants ils ont tous l'attitude classique de la soumission respectueuse, mains join-
tes sur la poitrine (sauf Dudu qui tend la main comme pour recevoir le gobelet que
tient le roi). C'est qu'il s'agit d'actes rituels, en relation avec la construction de
sanctuaires. La première scène se rapporterait à la pose de la première brique la ;
Calcaire blanc.
0,47x0,40x0,17.
Trouvé par de Sarzec, en 1888, au tell K.
Louvre, AO, 2344.
Relief h^^''. De forme ovale (Pl. V, h), cette plaque commémore la construction
du temple de Ningirsu. Le roi debout, tête nue, mains jointes, passe à droite. Il
porte le jupon kaunakès (à trois rangs) et est suivi de personnages disposés sur
deux rangs, associés à l'adoration dans l'attitude classique.
Anita est l'échanson connu par le relief a. Qui sont les trois autres? Si Lugalezen est
le fils du roi, rencontré sur le relief a, on peut admettre que malgré l'absence du titre,
Calcaire blanc.
0,30x0,23 X 0,07.
Trouvé par de Sarzec, en i , au tell K.
Louvre, AO, 2345.
Relief c^^^. De forme rectangulaire (Pl. V, en manque c), est incomplet, car il
un peu moins de la moitié. Ce qui reste fut d'ailleurs recueilli en deux morceaux.
Deux files de personnages passent à droite et devaient accompagner le roi qui manque
à cause de la cassure. Nous retrouvons des noms connus, mais deux fonctionnaires
nouveaux apparaissent, un courrier et un scribe, associés à la cérémonie.
Nous reconnaissons :
Tousportent le même costume, un jupon lisse. Sur les huit, six ont les mains
jointes, le septième (l'échanson) tient le vase rituel, le huitième est dans l'attitude de la
marche. Que vient-il faire ici? Peut-être avait-il été chargé par le roi, d'une mission
dans un pays pour négocier l'achat de matériaux rares, utilisés dans la cons-
lointain,
truction d'un quelconque des sanctuaires. Son concours avait été précieux et l'on a
représenté l'envoyé dans un aspect de sa fonction le voyage à pied, baluchon à :
l'épaule, pendu à un bâton. Quant au scribe, ce fut peut-être le graveur des inscrip-
tions du relief. De cet homme aussi, le concours était précieux, eu égard à la valeur
quasi magique des écrits. Tel le peintre de certains tableaux qui s'est re-présenté dans
un coin de sa toile, ainsi le scribe de Lagash figurait à l'angle inférieur de la plaque.
Dans la partie centrale du relief, sur un bandeau réservé, l'inscription indique :
Calcaire blanc.
0,45x0,30x0,08.
Trouvé parNde Sarzec, en i88g, au tell K.
Stamboul.
Relief d^^^. De forme rectangulaire, retrouvé incomplet (Pl. V, d). Le roi Ur-
Nanshe, dans la même attitude que dans le relief a, est debout, le couffin sur la tête.
Il porte le jupon à quatre rangs de kaunakès. Sont associés à ce geste rituel, huit
personnages qui lui font face et sont distribués en deux registres. On retrouve le liba-
teur et les assistants habituels. L'inscription est gravée, partie dans le champ devant
le roi, partie sous ses pieds. Rien n'a été publié et la photo est trop ordinaire pour
qu'elle puisse être utilisée avec quelque certitude. On voit seulement que nom et titre
du roi se trouvent gravés deux fois, un à droite de la silhouette, l'autre à ses pieds.
Quant aux assistants, deux sont cassés au bas du buste où l'on aurait l'inscrip-
tion. Des six autres, trois peuvent croyons-nous être identifiés avec certitude, deux avec
doute, un nous demeure inconnu. Nous proposons donc les identifications suivantes :
1
Anita (?) ? Gula (?) ?
)
échanson fils fils
Calcaire :
H :
0,43.
Trouvé par de Sarzec mais non publié par Heuzey.
Stamboul,
*
* *
A quoi servaient ces plaques votives ? Heuzey n'a jamais douté que posées à
plat et sans doute sur des autels de briques, elles n'aient été utilisées à dresser des
symboles et particulièrement des masses d'armes Il ajoutait il faudrait bien renon- : ((
cer une fois pour toutes à cette idée et surtout à l'hypothèse, plus que bizarre d'aiprès
laquelle les reliefs perforés auraient été [plaqués contre les parois] fixés par le milieu,
à l'aide des cônes en terre cuite, si nombreux dans les fouilles. Ce sont là des condi-
tions contraires à toutes les lois de l'équilibre et de la technique. D'ailleurs l'usage de
ces cônes ou clous de terre cuite ne semble pas antérieur à l'époque d'Our-Baou et de
Goudéa ».
Il faut soigneusement distinguer la base circulaire » étudiée plus haut (p. 72)
<(
qui a dû, elle, servir à cela et toutes les autres plaques de Tello, à rapprocher mainte-
nant des très nombreuses plaques connues désormais, par Nippur, Ur, Asmar et
Khafadje. Le seul argument épigraphique pour appuyer rhypothèse d'Heuzey, serait
il est vrai, fourni par le texte du relief de Dudu, si avec Thureau-^Dangin on traduit
doute assez haut, que les murs de briques crues ayant partout disparu dans les parties
hautes, ces documents n'aient jamais pu être ramassés qu'aux alentours ou que dans
les décombres.
A cette étude d'ensemble, nous pouvons ajouter ces quelques remarques :
Granit.
H : 0,25.
Trouvé en 1931/32 par Woolley, à Ur.
gauche, deux de la main droite, enfilés par les ouïes dans des anneaux suffisamment
gî-ands pour qu'on puisse les saisir à pleines mains. L'homme est nu, avec cependant
une ceinture à la base du buste. L'ensemble est assez lourd le torse est de face alors;
EPOQUE PRESARGONIQUE 95
dive, montre aussi un retour de pêche en .relation avec une cérémonie religieuse
Nous classons donc ce relief sous le thème de l'offrande.
Le fond du relief porte un trou pour une cheville destinée sans doute à le
fixer sur une paroi. Mais on ne peut au sujet de ce monument parler vraiment de
(( relief perforé ».
Albâtre.
H : 0,23.
Trouvé par Gros au tell K, à i m. 50 du double escalier.
Louvre, AO, 41 10.
*
* *
B. — Relief historique
La Vautours
stèle des (Pl. VI et fig. 23). Un des plus magnifiques documents
d'art et d'histoire du monde oriental, qui malgré sa mutilation (on ne possède guère
que le tiers du relief) est une des pièces maîtresses de la civilisation sumérienne. Ce que
nous avons de la stèle fut recueilli en sept morceaux, catalogués de A à G (Fig. 23) :
G, acquis par le British Muséum, qui l'a cédé gracieusement au Louvre en 1932
La stèle des Vautours est un monument commémoratif dressé par le roi de
Tello, Eannadu, pour célébrer sa victoire sur la ville voisine d'Umma et rendre plus
solennel le traité conclu à la suite de ce succès militaire. Tels sont les deux asipects de
l'événement fixés sur la pierre, sculptée et inscrite non seulement sur les deux faces
mais encore sur les tranches. Page d'histoire militaire, politique, comme aussi figuration
dogmatique, puisque les dieux agissent tout autant que les hommes, mais les uns et les
autres, ce semble, dans leur sphère propre, car ils ne se mélangent pas et chaque face
de la stèle constitue ainsi une unité d'un côté les hommes, de l'autre les dieux, si bien
:
que l'on peut parler d'une face historique et d'une face mythologique. Aux reliefs vient
s'ajouter l'inscription et comme elle commence sur la face mythologique, il apparaît
bien que les scènes mythologiques constituent la face de la stèle, les représentations
historiques en étant le revers. Et voilà pourquoi Heuzey qui avait d'abord étudié la
stèle par le côté historique, puis mythologique, a dû renverser son ordre et procéder en
tenant compte de l'épigraphie. Il faut évidemment suivre cette méthode qui s'impose.
Nous désignons les fragments de la face mythologique, par les lettres A, B, C, D, E,
F, G les fragments de la face historique, par les lettres A', B', C, D', E', F', G'.
;
et à mesure des trouvailles. Pour le texte Découvertes, Partie é-pi graphique, pip. XXXVIII-XLII
: traduc^
;
tion de Thureau-Dangin, ISA, pp. 24-37. Reproduction dans Contenau, Antiquités Orientales, pl. 4 et 5.
177. Publié dans les Cuneiform Texts VII, n° 23780.
96 TELLO
de Torse nu, ce qui permet au sculpteur de détailler un beau morceau
profil à droite.
d'anatomie, jupon uni à deux pans rabattus par devant, l'être puissant dont le men-
ton s'orne d'une magnifique barbe calamistrée à cinq bandes verticales et dont la lourde
chevelure est nouée en un épais chig.non qui retombe sur la nuque, maintenu par un
ruban double, s'apprête à porter un coup fatal à des ennemis bien mal en point Ceux-
ci sont en effet enfermés dans un filet, dont les mailles rectangulaires laissent voir des
corps nus enchevêtrés, des têtes rases et imberbes qui quelquefois émergent de l'énorme
nasse. Celle-ci est d'ailleurs bien close et nul ne peut espérer en sortir vivant. De sa
main droite, le personnage tient le manche d'une masse sphéroïde, cependant que
sa main gauche serre le groupe symbolique de l'aigle léontocéphale liant deux lions
adossés, qui assure la fermeture du filet.
d'Enlil, j'ai jeté » (Col. XVI, ii). Dans les serments prononcés en cas de violation,
il estprévu que s'abattront sur les parjures les filets d'Enlil (XVII, 9-13), de Nin-
harsag (XVIII, 18 sq) d'Enki (XIX, 2 sq), d'Enzu (XXI, sq), de Babbar (-Utu)
(revers. I, 25 sq.). Donc pas de Ningirsu, dont cependant les emblèmes sont figurés
au-dessus du filet représenté sur la stèle.
Est-il possible de concilier ces données contradictoires ? Peut-être, si l'on recon -
et qui répète d'autre part avec insistance moi Eannadu, le grand filet d'Enlil, j'ai
:
jeté (XVI, 12 sq), moi Eannadu, le grand filet de Ninharsag, j'ai jeté (XVII,
14 sq). L'objection n'est pas décisive qui invoque ce détail de la barbe, pour différen-
cier le guerrier au filet, du roi de Lagash, dont la face est rase, au revers de la* stèle.
On pourrait répondre qu'ici Eannadu. officie religieusement et il n'est pas interdit de
penser que la barbe postiche devait constituer un accessoire cultuel. Certains objecte-
raient peut-être la taille du personnage, mais le texte .ne dit-il pas (V, 10) que Ningirsu
forma Eannadu à la mesure de son empan, à son étalon, et qu'il lui donna 5 coudées,
I empan, c'est-à-dire une grande taille O n le voit, l'identification du personnage
demeure incertaine et il semble impossible de la proposer avec certitude. Le choix
reste entre le dieu Ningirsu et le roi Eannadu, mais avec cependant une préférence
pour Ningirsu.
Il est certain que cette scène, religieuse même dans le massacre, avait d'autres
divinités comme témoins. L'inscription fait en effet intervenir plusieurs dieux ou dées-
ses au moment de la conclusion du traité. Certains étaient présents à la bataille sont :
nommés, Enlil, Ninharsag, Enki, Enzu, Babbar (Utu), Ninki. Deux divinités seule-
178. Pour Edouard Meyer-, Sumerier und Semiten in Babylonien, p. 83, note 2, il ne s'agit pas de
prisonniers mais de morts.
179. Restitution matérielle, p. 45. Pour la traduction, OLZ, 191 1, p. 387.
Planche Vil
(b) Offrande du chevreau
EPOQUE PRESARGONIQUE 97
ment sont représentées sur les fragments échappés à la destruction : une, fragment B,
l'autre, fragment C. Toutes deux sont des déesses. Leur tête porte la tiare archaïque
dessinée de face sur un visage de profil. La tiare est à deux cornes, avec au centre un
masque aplati, où l'on voit deux yeux et un nez que domine un croissant. Entre ce
masque et les cornes, quatre branches à feuilles opposées.
A la déesse du fragment supérieur (B) est associée une sorte d'enseigne un :
mat supportant un aigle éployé. Quoique cassé, il reste assez du visage de la déesse,
pour y recueillir comme un sourire de contentement, au spectacle du carnage réalisé.
Nous pourrions peut-être y voir Innina, déesse de la guerre.
La déesse du fragment C, est isolée complètement, adossée pourtant, d'après
Heuzey, à une sorte de baldaquin
(( et assistant à une scène diflférente d'après le frag-
ment F. Celui-ci ne se comprend d'ailleurs qu'à l'aide du fragment E'. Il s'agit, sans
doute aucun, du devant d'un char que l'on peut ainsi reconnaître par comparaison,
dans « un enchevêtrement de détails compliqués, d'autant plus difficiles à comprendre
qu'il n'en reste que de faibles parties, tronquées par les brisures de la pierre » Deux
pièces de bois recourbées et renforcées d'anneaux métalliques, constituent la haute
arcature du timon. Au sommet de celui-ci esi fixé un passe-guides à double anneau sur-
monté d'un lion passant. Les deux rênes passent dans les anneaux et retombent en sui-
vant la ligne du timon. A la caisse et sur le devant du char est fixé un carquois, qui, à
en juger d'après le fragment E, devait contenir les armes du combat lances, javelines,
:
haches de guerre et sans doute aussi fouet, dont les deux lanières sinueuses pendent et
retombent sur le dos du lion —
passe-guides. Mais là oii l'on attendrait des armes, on
voit les bandes segmentées de l'aile d'un aigle. Que fait là cet animal? Sans doute est-
ce une enseigne analogue à celle du fragment B, placée dans ou sur le carquois, à la
place ou à côté des armes habituelles. Le char n'était pas attelé, car l'espace manque
pour des animaux, à cause de la proximité du fragment C. On y verra volontiers le
char divin et plus particulièrement de Ningirsu qui en serait descendu. Le char porte
d'ailleurs les emblèmes du dieu aigle et lion. Si cela était, malgré les registres, on
:
pourrait ainsi .n'avoir qu'une scène à deux épisodes, à lire de bas en haut, le dieu
Ningirsu a quitté son char (F), et Bau, la déesse parèdre (C). En présence d'Innana
(B), il se prépare à assommer les hommes d'Umma enfermés dans un grand filet (D-E).
Telle est la face de la stèle. Son interprétation dont nous ne pouvons tracer que
les grandes lignes, reste incertaine, à cause de la mutilation du monument. Le revers
semble plus facile, car les scènes sont mieux groupées et plus explicites.
Face historique. Le revers de la stèle se divise en quatre registres. Nous ne dis-
posons pas de plus de fragments, mais les représentations sont, malgré les cassures,
plus cohérentes. Cependant la succession des épisodes n'est pas aisée à préciser et
n'apparaît pas évidente au premier examen. Il est toutefois certain qu'il existe une
suite dans la relation des événements ainsi figurés. La répartition en quatre registres
(au lieu de deux) doit faciliter l'interprétation.
Et d'abord, s'il y a succession chronologique, par oii commencer? Quel fut,
en date, le dernier des épisodes? Dans l'étendard d'Ur (face guerre), il faut, on s'en
souvient, commencer au registre inférieur combat des chars, recensement des prison-
:
niers, présentatio.n au roi. Il en est de même sur l'autre face (paix), oii de bas en haut
on rencontre l'apport des tributs, des victuailles et finalement le festin. Ici, cette lecture
ne serait pas satisfaisante, disons-le immédiatement, et l'étude des divers registres
nous montrera au contraire qu'il faut lire de haut en bas, à l'inverse donc de l'étendard
d'Ur.
i (supérieur). Une troupe de guerriers lourdement armés (casques, bou-
Registre
cliers, lances, masses d'armes et haches), s'avance en colonne par six. Elle piétine une
étrange chaussée un lit de cadavres, étendus têtes contre têtes, pieds contre pieds.
:
Devant, un personnage de même taille mais dont le costume diffère nettement. Lui
aussi porte un casque, mais ce dernier est muni d'un sérieux renfort cervical et d'oreilles
postiches, accessoires qui manquent aux casques des soldats Ses cheveux dénoués
pendent dans son dos En outre, il est vêtu d'un jupon kaunakès, mais en travers de
son corps, une imposante peau est jetée, qui renforce la protection, tout en laisant cepen-
dant l'épaule droite nue, ce qui assure ainsi une aisance plus grande de mouvement.
Une malencontreuse et intentionnelle cassure a fait disparaître le profil de cet homme,
évidemment un chef, dont l'identification ne laisse pourtant aucun doute, car ce n'est
pas pur hasard, si dans le champ et dans la colonne d'inscription la plus proche de la
tête, on lit Eannadu. A l'extrémité du registre et après un vide, un entassement de
cadavres nus, ceux des ennemis. Dans le seul coin du ciel qui subsiste, un vol de vau-
tours emportant des têtes arrachées aux victimes éparses sur le champ de bataille
Registre 2. C'est semble-t-il encore une scène de combat et si celui qui y préside
est toujours Eannadu —
et son costume permet sans hésiter de l'identifier avec le per-
sonnage au visage mutilé, d'autant que l'inscription qui se poursuit, indique à côté de
sa tête, Eannadu —
les acteurs ne sont plus les mêmes. Les guerriers sont moins
lourdement protégés. Aucun n'a de bouclier, tous ont le torse nu et sont vêtus du seul
jupon kaunakès. Au lieu de tenir l'arme basse, ils portent la lance sur l'épaule droite,
la main gauche brandissant l'herminette à long manche.
Le roi les précède, non plus à pied, mais dans son char. Malheureusement des
cassures n'ont laissé de cette machine de guerre que la partie supérieure de la caisse.
Il manque les roues —
y en avait-il quatre ou deux? —
et surtout l'attelage. Le roi
dressé, brandit de la main gauche la lance ou l'épieu qu'il tient par le bout, comme
s'il allait s'en dessaisir de la droite, il serre une arme recourbée, faite d'éléments
:
juxtaposés et serrés par des lanières. Un carquois est accroché à l'avant du char, qui
contient huit lances ou javelines et. une hache de guerre. Enfin, et pour achever la des-
cription, comme Eannadu ne peut tenir les rênes, celles-ci reposent, un peu lâches, sur
le devant du tablier du char, cependant que du fouet placé dans le carquois à côté des
javelines, deux lanières tombent en ondulant. C'est tout ce qui reste de ce 2*^ registre,
car si le bas du fragment B lui appartient, le haut d'une tête qui apparaît est trop
mutilé pour qu'on en puisse tirer quelque chose.
Registre j. Il en subsiste trois morceaux, C, G', F', dont le rapprochement
rend l'épisode compréhensible. D'abord, des hommes, le couffin plein de terre sur la
tête, escaladent des monceaux de cadavres. Sans doute procèdent-ils à l'érection des
tumuli funéraires, oii l'on entassera les soldats tombés sur le champ de bataille. A
côté, on procède au sacrifice funéraire un taureau garotté va être immolé de deux
:
;
vases pendent des régimes de dattes cependant qu'une épaisse végétation s'élève au-
dessus des récipients. D'autres animaux sont déjà immolés, qui s'accumulent. Un
182. Notre étude, Un u chef de guerre » mésapotamieti, dans Montiuienfs Piot, XXXV 1 II (ig4i>,
pp. 1-16.
183. Un rite semblable attesté Juges V, 2 (Traduction Bible du Centenaire). Les crinières des casqu-es
de nos anciens cuirassiers ou dragons ont ainsi de lointains antécédents...
184. Des vautours emportant des têtes d'ennemis vaincus seront souvent représentés sur d'autres
monuments postérieurs. Ainsi sur des reliefs assyriens après )a stèle de Sargon.
lOO TELLO
homme nu, tient un cornet des deux mains et verse l'eau de la libation qui tombe
dans un des vases A droite, le bas d'un person.nage, dont il reste les pieds nus et
un fragment du jupon kaunakès. Sans doute s'agit-il encore d'Ennadu.
Registre 4. Très peu en subsiste malheureusement. Une longue lance vient
frapper en plein front un individu qui en tête d'une colonne, s'était retourné. L'ins-
cription toute proche, devrait permettre l'identification. Il s'agirait d'après elle, de
Al [ ] roi de Kish
Comment maintenant relier ces scènes les unes aux autres? Il serait tentant
de voir une suite, en partant du registre supérieur. Nous aurions ainsi le combat,
auquel Eannadu participe au premier rang et qui apparaît très meurtrier. On marche
sur les cadavres. Ceux qui sont entassés plus loin l'attestent encore et les vautours
viennent participer au carnage, emportant des dépouilles.
C'est ensuite le retour des soldats Eannadu conduit la marche dans son char.
:
Derrière lui, les soldats défilent comme à la parade, en tenue légère, l'arme haute.
Mais il faut songer aux morts, aux héros tombés au combat. Le roi va faire
élever les tumuli funéraires (col. XI, 14) et les pertes sont sensibles, puisqu'il en a
compté vingt. Leur sacrifice sera d'ailleurs célébré comme il convient, par des rites
funéraires qui comportent immolations d'animaux, offrandes non sanglantes et liba-
tions. Eannadu, en personne, préside aux cérémonies.
Cependant la guerre a un autre épilogue on emmène des prisonniers et l'un :
d'eux, le roi de Kish est exécuté. Sans doute avait-il été l'âme de la révolte et derrière
la rébellion d'Umma. On le voit, Kish continuait à s'occuper du sud mésopotamien,
suivant ainsi la tradition de Mesilim.
Cette stèle, avec copie du traité Lagash-Umma, conclu entre Eannadu et
Enakalli (Ush, le patési du début du conflit avait disparu) fut vraisemblablement
érigée dans le temple de Ningirsu. Un fossé profond marquait la frontière (on la retrou-
vera à l'emplacement du Shatt-él-Garaf) et devait pour un temps demeurer intact,
tout au moins pendant la vie d'Eannadu. Car dès sa mort et sous le règne de son
frère Eannadu 1*"", la guerre allait reprendre entre les deux rivaux.
La stèle des Vautours, précieux monument d'histoire, demeure un extraordinaire
document d'art. Avec elle, c'est toute la puissance artistique de Sumer, son génie de
clarté, d'organisation, d'ordre. C'est toute la puissance militaire de Sumer, d'une ville
forte, bien commandée, avec à sa tête un véritable homme de guerre. Quelle diffé-
rence avec Ur-Nanshe qui n'a su se faire représenter que dans des fonctions sacerdo-
tales, toutes de calme paisible et un Eannadu au combat, au milieu de la mêlée, en
tête de ses troupes Agredior primus, cedo ultimus... » C'est aussi toute la théo-
: ((
cratie d'un peuple, où les dieux interviennent directement, où les armées terrestres
sont leurs propres armées, où leurs combats sont leurs propres combats. A la mobili-
sation humaine, répond la mobilisation divine, mais surtout la divinité nationale
descend du firmanent et intervient directement. Elle assure la victoire comme elle
garantira la paix lorsque le traité est signé, il est placé sous son invocation et se
:
trouve protégé par la violence d'imprécations terribles. Telle est l'atmosphère qui
baigne ces morceaux mutilés, dont l'incendie et le temps n'ont pu venir à bout.
Ce qui reste, fait d'autant plus regretter tout ce qui manque, et qu'il y a sans
doute bien peu de chance de retrouver un jour. Cros a fouillé toute la zone entre _
Palais et tell K. Genouillac a exploré les secteurs voisins. Rien n'est réapparu depuis
\
V
V
\
EPOQUE PRESARGONIQUE lOI
que de Sarzec ramassait ces six morceaux et qu'on lui en volait un septième. Ce que
nous conservons précieusement, demeure donc une inestimable relique et un remar-
qvable témoin de cette époque des premiers patésis. Page d'histoire et de religion,
fresque épique à laquelle cinq vautours donnèrent irrésistiblement leur nom...
Calcaire blanc.
H i,8o; larg".
: 1,30; ép. 0,11. :
Fouilles clandestines.
Briti'sh Muséum, 23.287.
Masses au nom d'Vrdun fils d'Urdub Une de ces masses n'est pas perforée
de part en part. Sur la calotte supérieure, on voit un petit lion couché, sculpté en
ronde bosse (Fig. 21,
Calcaire.
H 0,10.
:
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 236.
Albâtre.
H : 0,11.
Trouvé par de Sarzec, au tell K, près de la construction d'Ur-Nanshe.
Louvre, AO, 237.
Masse aux lions Sur cet objet mutilé, on voit encore deux lions s'éloignant
l'un de l'autre, queues dressées et croisées. Sur les croupes, on lit Ningirsu et Eti.
Albâtre.
H : 0,12.
Fouilles de Sarzec.
Louvre.
187. R. H. Hall dans Ars Asiatica, XI, p. 30 et pl. III. Le texte dans Cuneiform Texts V, 23287
et dans ISA, p. 53.
188. Découvertes, p. 226 et pl. 25 bis, fig. 2 ;
Catalogue, p. 126 ;
Toscanne, RT, XXX, p. 121 ;
XXXI, p. 121.
189. Découvertes, p. 227 et pl. 25 bis, fig. 3 ;
Catalogue, p. 127.
iqo. Découvertes, p. 226 ;
Catalogue , p. 128.
102 TELLO
qualité de la pierre (calcaire, albâtre, onyx, schiste), soit à la décoration assez rare et
d'autant plus précieuse par conséquent. Deux pièces se détachent qui méritent examen.
C'est tout d'abord, le fragment de vase d'Entéména (Fig. 21, i) du musée de
Berlin O-n y voit une déesse de la végétation (Nisaba ou Ninharsag) représentée
comme sur le relief à la libation étudié plus haut (p. 88). Elle est en effet assise, le
bas du corps tourné à droite, alors que son torse est dessiné de face. De la tunique
unie qui la revêt, la main gauche sort, cependant que la main droite tient le régime
de dattes qui tombe lourdement. Les cheveux sont longs, répartis en quatre lourdes
tresses, deux tombant sur la poitrine, deux dans le dos (par convention, elles sont
figurées sur les épaules). Des épaules émergent, de chaque côté de la tête, trois tiges
à bout renflé. La tiare à cornes est évidée en son centre pour recevoir la silhouette à
masque et à croissant, qu'encadrent deux branches à rameaux opposés. Dans le
champ du vase resté libre, une inscription.
Stéatite (?).
Fouilles clandestines.
Musée de Berlin.
On citera ensuite un fragment à décor géométrique provenant d'un vase
cylindrique à fond plat (Fig. 21, /). Il n'est pas aisé de comprendre ces représentations
qui s'inspirent évidemment de l'architecture du temps et qui sont caractérisées par le
linteau multiple et curviligne. Celui-ci, d'après Flavigny, serait un auvent mobile
Ce qui paraît certain, c'est la juxtaposition de deux matériaux de construction diffé-
rents : la natte et la brique. Il pourrait s'agir ici d'une enceinte en nattes, les parties
Stéatite.
Fouilles Gros.
Louvre, AO, 4415.
* *
Une vaisselle de pierre plus commune est aussi à mentionner. Genouillac a pré-
cisé les formes rencontrées par lui : cylindriques, tronconiques, globulaires et pirifor-
191. AmtUche Berichte au^ den Kgl. Kunslsammluugen, Berlin, -^6 Jhg, p. ii6, fig. 44. Entëména,
on le sait, avait l'habitude de vouer des vases inscrits. Un avait été déposé dans le temple d'EnJil à Nippur,
HiLPRECHT, The BabyJonian Expédition of Uie University of Pennsylvania, Séries A, Cuneiform Texts,
p. 19 sq. ISA, p. 59.
;
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^ K|> TT
"5H ^
:4. Inscriptions : (a) Enhegal, (b) tablettes aux plumes, (c) Eannadu, (d) Entéména, i(e) Gudéa
104 TELLO
mes matières utilisées albâtre, porphyre tacheté, schiste, grès, calcaire, marbres
et les :
(noir, vert, blanc et rose). On trouvera dans sa publication quelques planches photo-
graphiques illustrant la courte description qu'il leur a consacrée
c) pierres de seuil. On sait que dans l'architecture mésopotamienne, à l'angle
du seuil, une pierre était enfouie, plus ou moins profondément, pour que sur cet appui
résistant, le poteau de la porte pût tourner. Cet élément du bâtiment ne peut être
daté avec certitude que lorsqu'il est porteur d'une inscription. Or celle-ci loin d'exis-
ter sur toutes les pTerres de seuil, ne se rencontre qu'assez rarement, dans des cas
précis, ceux de temples ou de palais, et partant, lorsque le constructeur est le chef de
la cité. Dans un pays où qu'importée, on a choisi pour cet office,
la pierre n'existe
des blocs très résistants, souvent des galets polis par les eaux des torrents des pays
septentrionaux et sur la face supérieure, on a creusé un évidement, sorte de cuvette,
dans laquelle l'extrémité du poteau a été logée. Parfois cette cuvette a été recouverte
de métal, mais plus souvent la pierre est restée à nu, La rareté des inscriptions, les
renseignements généralement très explicites qu'elles contiennent, ont toujours fait de
la trouvaille d'une pierre de seuil inscrite et in situ, un élément capital de la recherche
archéologique. L'énumération des documents de ce genre recueillis à Tello, peut donc
présenter quelque intérêt.
Ur-Nanshe.
Eannadu.
Entéména ,
Pierre de seuil C. Découvertes, pl. figf. 2; 75.4, p. 55. Notre pl. VIII, c.
Pierre de seuil D. ISA, p. 57.
Pierre de seuil E. CT, V. 12061 ISA, ; p. 57. British Muséum.
Pierre de seuil F. CT, X, 86900; ISA, p. 57. British Muséum.
Pierre de seuil, trouvée par Genouillac à la porte du « temple de Nanshe » avec texte
nouveau, Telloh, II, p. 134 et pl. XXXVIII (Fig:. 24, é).
Enannadu II.
Urukagina.
Pierre de seuil. Découvertes ép. , p. XLIX; ISA, p. 71.
La rareté relative des pierres de seuil inscrites, montre en tout cas qu'on n'en
abusait pas. C'est sans doute qu'on les considérait comme un élément des rites de fon-
198. Deux ont été trouvées par de Sarzec, mais une seule a été publiée. Le texte de l'autre est identique.
EPOQUE PRESARGONIQUE 105
Cuivre.
H 0,15 et 0,14.
:
Figurines votives d' Entéména^^^ Il s'agit toujours d'une porteuse, mains join-
.
tes,cheveux dans le dos, mais d'une divinité, car sa coiffure porte l'indication des
cornes. Déesse ou génie féminin. Son corps est appointé et très allongé. La fiche a été
supprimée, mais la tablette votive, en pierre, a été percée pour qu'on puisse y passer
la figurine. De la femme porte la tablette sur ses épaules et sa tête-
cette façon,
émerge, comme
d'un carcani (Fig. 25, h, c et pl. VIII, h).
Un exemplaire est au Louvre et plusieurs sont à Stamboul La tablette du
Louvre mentionne toutes les constructions d'Entéména et en particulier I'e-kash-gar,
attribué à Ningirsu
Cuivre.
H. 0,24, 0,26, 0,27.
:
par Heuzey, Découvertes, p. -î8g. Elles sont publiées, Découvertes ép., p. LUI, 11, 12, 13, 14, et traduites,
ISA, pp. 14-117.
201. Unger, SAK, p. 8<.
202. Découvertes, p. 240 et pl. 5 bis, i a, b, c ; Catalogue, pp. 299-300 ;
Villa royale, p. 86, fig. 56.
203. Unger, SAK, p. 85.
204. Découvertes ép., p. ;
XLVI
ISA, pp. £2-55.
io6 TELLO
Il pas de doute que la tablette bombée rappelle la brique cuite de fonda-
ne fait
tion et qu'entre la figurine de cuivre portant la petite .plaquette de pierre et le roi
Ur-Nanshe le couffin sur la tête, il y a plus que similitude mais identité de geste. C'est
le même rite, exprimé différemment.
Animaux. Deux têtes de taureau coulées en creux (Fig. 26 a), aux oreilles bien
détachées, aux larges naseaux, au mufle court, sont d'une vie extraordinaire, accentuée
encore par les yeux incrustés (nacre et lapis). On peut les mettre en parallèle, mais en
plus élégant, avec des têtes de taureau trouvées à Ur Elles appartenaient soit à un
meuble (siège, trône, char), soit 'à une harpe.
Cuivre.
H : 0,19.
tell K.
Fouilles Sarzec au
Louvre, AO. 2676 (Don du Sultan Abd-ul-Hamid, 1896).
Stamboul.
Poignard inscrit^"''. Une des plus belles pièces en métal sortie de Tello (Fig.
26, h). Deux lions, aux queues allongées et enlacées, placés ventre contre ventre, tien-
nent de leurs pattes avant et de leur gueule, une épaisse lame lancéolée, à double
pente. Au bas de la lame, une inscription était gravée, avec mention de Ningirsu.
Malheureusement cet objet remarquable disparut au cours du transport, entre Tello
et Stamboul. On ne sait ce qu'il est devenu.
Cuivre.
L 0,41.
:
Fouilles de Sarzec.
Volé au cours du transport
Poteau ansé Hampe en cuivre battu (Fig. 26, c), martelé et cloué sur âme de
bois. Dans le haut, pomme creuse, en bitume. En dessous, boucle latérale. Sans doute
chambranle de la porte du temple de Ningirsu.
Cuivre.
H 3,27;: D : 0,10.
Cuivre.
Fouilles Cro'S.
Louvre, AO, 41 19.
Nous étudierons plus loin à propos d'outillage les haches de guerre, les poi-
gnards, pointes de lances, en cuivre, recueillies par Sarzec, Oros et Genouillac. Ce
dernier en a donné une bonne énumération avec les caractéristiques essentielles.
'à
25- Figurines de fondation PRÉSARGONIOUES
io8 TELLO
De même nous ne faisons que citer les serpents entrelacés et l'œil magique ^^"^j
deux
objets en cuivre et d'interprétation difficile. Le premier rappelle assez, ainsi que le
Bague en or cloisonné Bijou remarquable (Fig. 26, e) qui atteste à lui seul,
les richesses que durent renfermer quand ils étaient intacts, les tombeaux royaux de
Lagash. Car cette pièce est sans doute, comme le poignard aux lions, une épave de
trésors depuis longtemps pillés. Un large anneau, composé d'un bandeau plat est
maintenu par deux baguettes saillantes. En cloisonnement et sur le fond d'or, des
parcelles de lapis lazuli et de cornaline, en forme de fîeurs tréflées à quatre pétales, de
(( haricotsde motifs ellipsoïdes, constituent un brillant décor polychrome. Heuzey
»,
datait cet objet desépoques perse ou gréco-parthe. Il semble, après les trouvailles d'Ur,
qu'on peut le remonter considérablement et jusqu'à la période présargonique Cer-
tains des thèmes (trèfle, haricot), rappellent la civilisation de l' Indus et il n'est pas
exclu que cette bagUe ait été importée à Tello.
Racheté par de Sarzec à un officier turc qui affirmait le tenir des ouvriers arabes.
Louvre, AO, 277.
Taureau cou.ché. Nous citons ici un objet qui semble de l'époque présargonique
et que nous ne connaissons que par l'inventaire du Louvre. Nous donnons la descrip-
tion de l'inventaire :
(( Petit groupe de taureau couché, gardé par un homme debout, 'derrière lui, les
bras repliés, vêtu du kaunakès. Type chaldéen archaïque ».
Pierre blanche.
0,023x0,04.
Acquisition février 19 14.
Louvre, AO, 6683.
Vase d'argent d'Entéména^^^. Une des plus célèbres pièces d'orfèvrerie de l'épo-
que présargonique (Pl. VIII, ^)- Le vase a la forme d'une jarre sans anse, (ce qui est
caractéristique dans la céramique d'alors), avec une panse ovoïde bien galbée, reliée
sans brusquerie à un col droit s'évasant quelque peu au rebord. Il est fait d'une seule
pièce de métal battu au marteau ou au maillet, sauf à l'orifice où la feuille est doublée
et soudée au cuivre. Le vase est posé sur une base circulaire en cuivre, que portent
quatre griffes de lion, mais l'oxydation les a très sévèrement attaquées.
L'objet tient son importance exceptionnelle du travail au trait qui le décore. Sur
tout le pourtour de la panse et cantonné de lignes chevronnées qui constituent deux
lignes de terre, le thème de l'aigle léontocéphale liant des animaux est reproduit quatre
fois. Les animaux liés sont respectivement deux lions, deux cerfs, deux lions, deux bou-
quetins. Mais en même temps les animaux paisibles, cerfs et bouquetins, sont chaque
Lagash, pour Ningirsu, fabriqua un vase en argent pur... dans lequel Ningirsu... et
pour sa vie, à Ningirsu de Veninnu l'apporta. En ce jour-là, Dudu était prêtre de Nin-
girsu ».
le cercle pointé que l'on trouve sur le corps ue l'aigle. Le graveur avait d'ailleurs à
exécuter un thème classique. Il y apporta quelque variation pour éviter l'uniformité
mais certainement aussi avec une intention dogmatique évidente, en intercalant lions,
cerfs et bouquetins. Les génisses elles-mêmes, sont différentes l'une de l'autre, ce qui
prouve s'il était besoin, que l'on travaillait sans procédé mécanique. Il est normal
que les animaux réels (génisses, bouquetins, cerfs) soient rendus plus fidèlement que
les animaux composites où l'on dessinait géométriquement, ou que ceux qui se présen-
taient sur plusieurs plans, ainsi les lions passant, retournant la tête. On sent, de ci de
là, certaines inexpériences. On vérifie que ne sont pas dégagées les lois de la perspec-
tive. Mais à côté de quelques bavures ou défaillances, quelle sûreté de trait parfois,
quelle habileté dans la décomposition des lignes, nous voulons dire la schématisation
qui saisit uniquement l'essentiel et partant, le trait qui suffira à suggérer. Tout au pius
pourrait-on reprocher au graveur de n'avoir pas situé son travail quelques centimètres
plus bas, ce qui n'aurait pas nui à l'ampleur de la scène principale, mais mieux
dégagé la tête des génisses un peu trop près de la base du col. Mince critique au
regard du reste et qui demeure inégalé.
Arguent et cuivre.
H 0,35; sans le pied, 0,28.
:
EPOQUE PRESARGONIQUE 1 1
avec le patési des rdiefs de pierre n'apparaît pas évidente. Une inscription, maladroi-
tement gravée de gauche à droite, donne le nom royal.
Coquille.
H 0,07.
:
Lion sautant sur un taureau (Fig- 27, e). Cette pièce convexe devait être mon-
'^^'^
tée et assemblée sur un gobelet qu'elle décorait. Un lion attaque un taureau en lui
mordant la nuque. Dans les cornes du taureau, une rosette à 7 pétales. A droite, une
main brandit l'arme à éléments ligaturés, que nous avons vue tenue par Eannadu, sur
la stèle des Vautours. Au-dessus, poignard à garde transversale. Ces indications prou-
vent évidemment que nous n'avons qu'un fragment d'une composition aujourd'hui
mutilée.
Coquille.
H 0,07.
:
Aigle léontocéphale sautant sur le dos d'un taureau, ajidrocéphale (Fig'- 27, d).
Un taureau androcéiphale barbu, est couché de profil à gauche, la tête de face. Un
aigle léontocéphale qui a sauté sur son dos, le mord à la croupe. Représentation
mythologique où Gadd voit la mise à mort du taureau sauvage par l'oiseau divin
Zû (alias Im-gig), dans la montagne inconnue.
Coquille.
H : 0,035.^
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 206.
Bouquetin dressé à droite (Fig. 27, c), alors que le corps est silhouetté de
tête
profil à gauche. L'animal est sur la montagne et dans les taillis. Le dessinateur n'a
omis ni la barbiche, ni les longs poiils, aux jointures des jambes.
Coquille.
H 0,06.
:
Fouilles de Sarzet.
^
Louvre. AO, 201.
tion », écrivait Heuzey. La pièce est découpée, le fond étant seulement laissé entre les
jambes.
Coquille.
H 0,05.
:
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 205. .
218. Découvertes, p. 266 et pl. 46, fig. 4 Catalogue, p. 387. Thème semblable à Obeid, H.-R. Hall
;
et C.-L. WooLLEY, Al-Ubaid, p. 96 et pl. XXXV, i. Références de C.-J. Gadd, ibid., p. 97, note 3, qui
signale en loutre un cylindre du BM
(n° 22.962) où derrière le groupe des animaux on voit un homme (Lugal-
banida brandissant um poignard pour tuer l'oiseau.
219. Découvertes, p. 267 et pl. 46, fig. 5 Catalogue, p. 391.
;
Coquille.
H : 0,05.
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 204.
Hom^ne portant un filet^^. Un homme (Fig. 27, b) passe à droite, filet sur
l'épaule, soutenu par deux bâtons. A
main droite, l'herminette à long manche.
la
Crâne rasé, visage glabre, torse nu, le personnage est vêtu du jupon uni avec, en bas,
les languettes découpées. Cette silhouette rappelle assez celle du « courrier » du relief c
d'Ur-Nanshe.
Coquille.
H 0,045.
:
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 203.
Petite tête de lion^^. En ronde bosse (Fig. 27, /). Les yeux en lapis-lazuli,
enchâssés dans des parcelles de coquille, elles-mêmes scellées dans la masse, donnent
à cette minuscule pièce une vie saisissante.
Coquille.
H 0,024.
:
Fouilles de Sarzec,
Louvre, AO, 207 a.
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 325 a.
Rosace décorative à huit pétales aigus (dont trois manquent), inscrite dans
un cercle. Devait décorer le bout d'un manche d'arme ou d'outil.
-
Coquille. ^
D 0,025.
:
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 208.
Petits animaux
Taureaux, lions, servant d'amulettes, destinées h être suspendues et la plupart
creusées de cavités pour recevoir une- inscription.
Nacre.
H 0,058.
:
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 329.
Nacre.
H 0,056.
:
Fouilles de Sarzec.
Louvre, AO, 328.
Fouilles de Sarzec.
Louvre.
Nacre.
Fouilles de Sarzec.
Louvre.
Gros a recueilli des plaques tout à fait semblables dans la région des Bassins
ou au tell G. On signalera ici :
AO, 4152.
Vaigle léontocéphale tient dans ses serres deux tiges recourbées (serpents ou
cornes de taureau),
un bouquetin dressé près d'un arbuste (Fig. 27, g).
AO, 4151.
cependant mieux définis et caractéristiques de cette époque. Ce sont ceux où l'on voit
la scène d'offrande, avec en particulier la boisson au chalumeau ensuite ceux décorés
;
mi-fauves. Pour ces derniers documents, la date générale ne fait pas de doute, car
pour les autres, l'hésitation demeure fréquente, le style pouvant n'être qu'archaïsant.
Quelques variantes existent à cette scène d'offrande les banqueteurs sont quel-
:
quefois seuls d'autres fois, à chacun d'eux est affecté un serviteur. Boisson au cha-
;
personnages, torse nu, mains jointes au milieu, volatiles passant à droite en bas,
; ;
mouflons. Du dos de chaque animal sort une branche qui symbolise la forêt ou les
taillis.
tara (i), Enikgal (3), Gai (2) plusieurs sont anépigraphes. Une autre est marquée
;
236. Découvertes, pl. 30, êg. 4 h ; Telloh, I, pl. 70 bis, h, d; T. 222 (les n°« précédés de T. sont ceux
des objets provenant de nos fouilles à Tello, 1931-1933).
237. Teïïoh, I, pl. 70 bis, i b, d.
238. Telloh, I, pl. 70 bis, 2 b, c.
239. Découvertes, pl. 30, fig. 2 b.
240. T. 656, recueilli inon in situ, au tell de l'Eist. La date n'est pas certaine car on pourrait au^i
songer h l'époque de Djemdet Nasr.
241. NFT, p. 252 (en lapis îazuli) Telloh, I, pl. 70 bis, a
; II, pl. 117, 3 e
;
T. 174, 654.
;
242. Allotte de la Fuye, Documents présargoniques, fascicule I, piremière partie, pl. VI-X Les sceaux
;
de Lougalanda, patési de Lagash (Sïrpourla) et de sa femme Barnamtara, dans RA VI (1907), pp. 105-125 ;
LiKHATCHEFF, dans Mémoires de la Société archéologique impériale russe, IV Telloh I, p. 86 et pil. 68 NFT,
; ;
pp. 269-270.
EPOQUE PRESARGONIQUE 117
Premier sceau de Lugalanda (DP. 11) (Fig. 28, /). Scène principale : de deux
lions dressés et croisés, l'un attaque Enkidu, l'autre le taureau céleste.
Acôté de cette scène qui n'occupe qu'une partie du déve'loppement mais toute
la hauteur du cylindre à qui l'on doit l'empreinte, d'autres thèmes sont figurés sur
deux registres :
croise. Un personnage aux cheveux ébouriffés, enlace un cerf (ou antilope). Dans le
champ, une arabesque.
Deuxième sceau de Lugalanda (DP. 12) (Fig. 28, e). Scène principale occupant
toute la hauteur de l'empreinte deux combats : se livrent, avec comme protagonistes,
à gauche le lion et l'antilope, à droite le lion et le taureau androcéphale. Chaque
fois, le lion est l'agresseur et Enkidu allié à la victime, tue le lion en lui enfonçant
un poignard dans la tête. '
:
face, lie deux bovidés. L'aigle léontocéphale domine chacun des deux combats.
Légende Lugalanda nukumal, patési de Lagash.
:
Troisième sceau de Lugalanda (DP. 13)^^ (Pl. 28, g). Une seule grande scène
sur un fragment très mutilé le lion attaque une antilope que protège Gilgamesh
:
;
un autre lion attaquerait Enkidu. Deux petits taureaux androcépha'les croisés, sous
la légende.
Gilgamesh lie
a) — sans doute pour
les protéger deux génisses (?) qu'atta- —
quent deux lions. Légende Barnamtara, femme de Lugalanda, patési de Lagash.
:
243. Une empreinte de ce sceau, publiée par Likhatcheff, trois piar Allotte de la Fuye, DP, pl. V,
^
EPOQUE PRESARGONIQUE 119
attaque un cervidé, aidé par Gilgamesh. Légende Enikgal scrihe de la maison des :
femmes. Sous la légende, deux taureaux androcéphales croisés. Dans le champ, ani-
maux divers : aigle léontocéphale, bouquetin, scorpion, génisse.
Sceau au nom de Gai (DP. 19) (Fig. 28, a). Deux scènes de combats. Ici, un
lion attaque un taureau androcéphale maintenu par le personnage aux cheveux ébou-
riffés mais à longue barbe là, un lion attaque un taureau androcéphale maintenu
;
Premier sceau anépigraphe (DP. 23) (Fig. 28, h). Deux lions croisés attaquent
deux bovidés. De deux taureaux androcéphales croisés, l'un est attaqué par le person-
nage aux cheveux ébouriffés. A petite échelle l'aigle léontocéphale lie deux volatiles :
;
244. Deux exemplaires publiés par Likhatcheff, op. cit., pl. IV, fig. 55 V, fig. 57, avec ces légendes ;
:
fig- 54-
246. Aux deux bulles d'ALLOTTE de la Fuye, DP, pl. VIII, ajouter les deux de LhvHatcheff, op. cit.,
fig. 48 et 49, les fragments de Gros, NFT, p. m, de Genouillac, Telloh, I, pli. 68.
I20 TELLO
A groupe homogène, il faut ajouter la bulle recueillie par Cros et qui repro-
ce
duit si exactement la figuration du deuxième sceau de Lugalanda que toute description
s'avère inutile. Cette bulle n'est pourtant pas de ce patési mais bien du roi Urukagina.
Un texte indique en effet Au dieu Ningirsu, Urukagina, roi de Lagash
:
*
* *
Tout cela, pour nous, demeure trop souvent un langage chiffré et nous sommes la
IIP dynastie d'Ur, on a modelé en style archaïsant. Les innomibrables ex-voto ramas-
sés par nous, dans l'hypogée d'Ur-NingirSu-Ugmé montrent en effet la coexistence de
représentations exécutées selon deux techniques bien différentes en plaquettes (faites :
au moule) et en ronde bosse. Il ne fait pas de doute que la première est incoinnue à
l'époque présargonique, oii l'on modèle uniquement à la main. Sous cette réserve, on
peut dire qu'à Tello, de nombreux exemplaires documentent cette industrie dont
Genouillac a indiqué les diverses manifestations^^.
Toutes les figurines présargonîques trouvées à Tel'lo, sont donc modelées à la
main et en ronde bosse. La silhouette est souvent sommairement esquissée, le bas
du corps s'achevant parfois « en cloche », les jambes n'étant pas distinguées. On y
ajoute volontiers en pastiîlage, les yeux, des colliers, des bandeaux frontaux et en
incision l'indication de la barbe et des colliers. Genouillac a précisé que ne se rencon-
trent ni les images divines, ni les héros de légendes, ni les bayadères, ni l'hiérodule
ou femme mue^^^ Sur ce dernier point nous croyons que ce n'est pas exact la femme :
nue existe bien à l'époque présargonique, des exemplaires trouvés à Mari le prouvent
et une tête recueillie par Genouillac appartient peut-être à une figurine de ce type,
caractérisé essentiellement par une coiffure relevée en arrière, tel un peigne à l'espa-
gnole et par des yeux pastillés. La grande masse des figurines est du type que
Genouillac a baptisé des » bonshommes » et où il voit des jouets d'enfants. Tout cela
est d'un art bien sommaire et le contraste est grand avec la statuaire qui témoigne pour-
tant d'une inspiration toute différente.
La même difficulté à dater exactement, se rencontre quand il s'agit des figuri-
nes animales, oii Genouillac reconnaît non seulement le chien, l'âne, le mputon, le
bœuf, mais encore le chacal, le lion, le cheval, le porc et divers oiseaux En effet, on
a modelé des silhouettes animales aux époques protohistorique, présargonique, sargo-
nique, d'Ur III, et seules des constatations stratigraphiques rigoureuses permettent
d'opérer une discrimination.
dant tenter, en nous aidant du matériel d'autres chantiers (Kish, Mari, entre autres),
d'isoler les pièces qui nous apparaissent nettement présargoniques.
Comme l'a déjà reconnu Genouillac, sont certainement présargoniques, les frag-
ments de « tables d'offrandes », ramassés dans le secteur de la « Porte du Diable », et,
254. Telloh, I, pp. 78-82^ avec cependant des réserves et des objets à dater autrement. La plus grande
confusion réside d'abord en ceci que pour tout l'exposé qui porte sur l'époque des rois de Lagash », p. 70
{idonc présargonique], on lit en haut de page, époque sargonique (pp. 71 et sq.). Des objets d'autres périodes
n'orLt pas été isolés et il eni est de même dans les planches. Exemples pl. 52, fig. 2, j et k, sont des figurines
:
bien antérieures, sans doute d'Obeid, alors que pl. 51, fig. 'i b est certainement d'Ur III.
255. Telloh, I, p. 80.
256. Telloh, I, pl. 51, 2 et les figurines de Mari.
257. Telloh, I, p. 80.
258. Telloh, I, pp. 72-76.
25g. Telloh, I, p. 75.
122 TELLO
au teil K, dans l'enveloppe de tessons qui ceinturait le puits d'Eannadu Ces frag-
ments étaient décorés de représentations incisées, d'un trait parfois heureux, parfois
mal assuré. Nous pouvons citer :
TG, 5572 personnage de profil à droite, (Fig. 29, a), torse nu, jupon kauna-
kès, la main gauche saisissant un support d'offrande placé sur un autre support. La
silhouette est d'un géométrisme étrange torse et jupon sont enclos dans un trapèze
:
;
les épaules et les coudes sont à angle vif alors que les jambes étaient massives, les
;
chevilles sont exagérément fines quant au visage, il est d'un schématisme poussé
;
à l'extrême limite. Sur l'autre face (a'), on aperçoit un dattier d'où tombent lourde-
ment deux régimes qui semblent menacés par des rongeurs (?).
TG, 5630^^. Etrange figuration qui se déroule dans une bande rectangulaire
que deux lignes parallèles isolent sur le corps uni du support. On voit successivement
(Fig. 29, b, h', b"), un bouquetin, un « personnage aux traits stylisés (dont le dessin
ressemble au signe primitif de l'homme, lù) » et un mort étendu dans une chambre <(
rectangulaire ».
mais se rendre compte de son importance Cette jarre (Fig. 29, c), bien galbée, a
sa panse décorée d'animaux distribués sur deux registres. Dans la zone supérieure,
sont représentés deux à deux, des bovidés de part et d'autre de l'arbre dans la zone ;
Outillage. Des outils et objets divers doivent être encore mentionnés. En cui-
vre, on peut signaler :
un lot important de pioches à douille (Telloh I, pl. 50, i)^^ [Fig- 31, a],
des hachettes (pl. 49, i h), [d],
des lames de poignards, à rivets (pl. 92, i), [c], des faucilles,
divers outils (burin, racloir, spatule, poinçon, etc.), [e],
une lampe (pl. 49, 2), [/i],
des harpons et hameçons (pl. 50, 2), [b],
des bols (pl. 50, 3), [/],
En pierre, outre les vases sans décor mention^nés plus haut (Telloh, T, pl. 55,
3 ; 56, I et 2), on trouve des masses d'armes des polissoirs, des contrepoids de
portes, des boîtiers à multiples cases (pl. 55, 2).
En terre enfin, peu de chose, en dehors des fusaïoles, bouchons de jarres,
roues de char.
ravi... »
§ 3.
— La vie politique a Lagash.
Nous avons vu que
premiers chefs de les la ville ont été Enhegal et Lugalshag-
engur^". Appartenaient-ils à la même lignée? On ne sait. Combien de temps les
il enfui vers des cieux plus cléments? Avait-il été renversé par le peuple, qui sup-
porte bien difficilement à l'heure de la défaite ceux qui furent ses chefs pour le con-
duire à une guerre malheureuse? Enakalli était-il l'homme imposé par le vainqueur?
Toutes les conjectures sont (permises et chacune d'elles est possible.
Quoiqu'il en soit, Eannadu rentrait en vainqueur, mais non sans avoir laissé
sur les terres reconquises, vingt tumuli des cadavres de ses guerriers bien lourdes —
pertes —
ceipendant que les vautours se rassasiaient des dépouilles des vaincus, eux
restés sur place, sans sépulture. La frontière allait être cette fois mieux marquée, par
un fossé profond creusé vraisemblablement là où aujourd'hui coule le Shatt-el-Gar-
raf. On redressait la stèle de Mesilim et en commémoration de cette éclatante répara-
tion, comme aussi en reconnaissance à Ningirsu, le dieu vainqueur de ce tournoi, une
stèle était sculptée, avec le texte du traité, illustré de reliefs destinés à garder plus
vivant le souvenir des épisodes essentiels de la lutte. Enfin, les vaincus devaient payer
279.
tribut
L'obstacle immédiat éliminé, Eannadu dont la puissance venait de trouver sur
le champ de bataille une indéniable consécration, se montra un conquérant insatia-
ble^^. De proche en proche, tout dut céder devant lui Larsa, Uruk, Ur et d'autres :
villes, sans doute dans le bas pays, Az, Mishime, Arua^^ Il se tourna alors contre
l'Elam, dont les souverains lui portaient ombrage et les soumit à sa volonté. Ensuite,
remontant l'Euphrate, il fit sentir le poids de ses armes à Kish, l'ancienne ville suze- i
raine et poussa jusqu'à Mari. Il y a des raisons de croire que la capitale du Moyen-
Euphrate fut sérieusement malmenée et que le roi sumérien laissa des traces tangibles
de son passage, dans les temples d'Ishtar et de Ninharsag, tous deux saccagés.
Entre-temps, Eannadu avait eu soin de renforcer l'armature et l'organisation de
son état. La guerre portée par lui à des centaines de kilomètres du sanctuaire de Nin-
girsu, ne l'empêchait pas de faire creuser des canaux nouveaux, des réservoirs, des
puits et de renforcer les défenses de la ville, en particulier les diverses enceintes. Ean-
nadu sur les projets duquel un bataillon de divinités veillait avec une dilection I
frontières, la puissance de ses armes. Nul n'était plus digne du titre de roi. Il ne se j
l'attribua qu'une seule fois, sur la stèle des Vautours, se contentant partout ailleurs,
de celui plus modeste de patési, comme s'il avait voulu par là s'affirmer le seul agent
de la divinité, instrument sans mérite, donc représentant effacé des puissances trans-
cendantales et en particulier de celle qui l'avait revêtu de sa force, Ningirsu, dieu et
patron de Lagash.
Quand Eannadu mourut, son frère Enannadu I reprit le flambeau. Cette succes-
sion insolite permet de supposer que le patési défunt ne laissait aucune descendance
directe. Peut-être, tous ses fils avaient-ils disparu sur les champs de bataille, si tant est
qu'il ait eu des enfants et dans ce cas, autre chose que des filles... Enannadu n'avait
pas la classe de son frère et Umma crut le moment favorable pour reprendre ses projets.
D'ailleurs cette ville avait aussichangé de patési et Urlumma avait pris la place de son
père, le prudent Enakalli Une fois de plus les gens d'Umma franchirent la frontière,
démolissant tout ce qui rappelait leur défaite antérieure, (stèles, chapelles commémora-
tives) et durent s'avancer assez près de la ville de Lagash. Enannadu livra bataille. Un
de ses lointains successeurs, Urukagina, lui attribue une victoire complète Il semble
plus prudent de ne lui accorder que des succès assez limités mais cependant déjà
honorables il stoppait l'avance et contenait la poussée ennemie. Une trêve tacite
:
dut sans doute en résulter, pendant laquelle les deux adversaires se préparaient à de
nouveaux efiforts.
sérieux et barrage considéré comme plus efficace. Les vaincus doivent payer tribut. Des
imprécations menacent à nouveau les violateurs du traité. A côté des vingt tumuli
d'Eannadu, pertes très lourdes, les cinq que signale Entéména ne constituent que des
pertes moins sévères, eu égard au résultat et aux conséquences de la victoire.
Celle-ci marque une nouvelle période de grande prospérité pour Lagash. Non
seulement le patési peut réaliser des constructions importantes —
et les fouilles ont
confirmé les inscriptions —
mais il semble avoir en fait, sinon en droit, l'hégémonie
sur le pays sumérien. Dans le temple d'Enlil, à Nippur, il dépose des vases votifs
A Ur, il dresse sa statue en diorite et cette œuvre est un beau témoignage de puis-
sance et d'optimisme en face de l'avenir. Ce règne, car il n'y a pas d'autre mot, a
duré au moins 29 ans^'", mais il a pu se prolonger encore plus longtemps. A relire la
liste des monuments dressés par le patési non seulement bien difficiles à identifier
sur le sol avec les débris retrouvés par de Sarzec, ou Cros, mais encore presque tou-
jours demeurés pour nous mystérieux sous une terminologie qui se dérobe à toute
traduction, on peut affirmer que pour Lagash ce fut une grande époque La puis-
sance et la solidité du pouvoir établi, allant de pair avec une évidente prospérité, il n'est
pas étonnant que cette période soit pour nous symbolisée en définitive, par le vase
Ils ont réapparu dans l'histoire grâce à la trouvaille clandestine de 1902 et aux travaux
conjugés d'AUotte de la Fuye, Genouillac et Thureau-Dangin. Leur succession posait
d'ailleurs des problèmes difficiles mais Allotte de la Fuye la certainement définitive-
ment établie
la grande prêtrise ait littéralement supplanté
Qu'Enétarzi, dès son accession à
le patési encore en place, c'est ceque montre la lettre que Luenna, grand prêtre de
Ninmar, lui adresse pour lui rendre compte d'un raid élamite victorieusement repoussé
et de la répartition du butin ramassé Le patési de Lagash (qui n'est pas encore
Enétarzi, mais dont le nom a malheureusement disparu dans la cassure de la tablette)
reçoit sa part. Ce patési diffère, sans doute aucun, d'Enannadu sib-zi (d) (= Enan-.
nadu est le pasteur pieux), nom d'un dévôt et allusion flatteuse à la personne du
patési, dont le nom a pu disparaître dans la cassure de la tablette. Il est aussi possible
qu'on l'ait contraint à céder la place à un autre X, peut-être Lummatur. Dans ce cas,
ce dernier, quoique toujours en exercice, aurait abandonné le pouvoir réel, entre les
mains d'Enétarzi. En bref, Enannadu II (ou Lummatur) serait chef de l'état, Enétarzi
étant déjà chef du gouvernement. De toutes façons, le grand prêtre de Ningirsu était le
vrai maître du pays. On le retrouvera avec le titre de patési de Lagash sans pouvoir
lui attribuer aucun acte politique, les documents dont nous disposons n'étant que des
pièces économiques. Nous savons seulement qu'il occupa ces fonctions au moins pen-
dant quatre ans. Nous ignorons à la suite de quel événement (mort, évincement ou
abdicatioin) il fut remplacé par Enlitarzi.
l'argent et les pierres précieuses, ils en ont ravi, le palais de tiraash ils ont mis à sang,
Vabsuhanda ils ont mis à sang la chapelle d'Enlil et la chapelle de Babbar ils ont
;
mis à sang ». Et cela se continue ainsi sur le même rythme lancinant, avec cette finale
vengeresse :De péché de la part d'Urukagina, roi de Girsu, il n'y en a point. Quant
<(
à Lugalzaggisi, patési de Gishu [Umma], que sa déesse Nisaba, ce péché porte sur
sa tête !»
Le roi d'Uruk
allait d'ailleurs étendre son pouvoir sur tout le bas pays,
devenant ainsi de Sumer en fondant une dynastie. Il apparaît probable qu'il
roi
poussât aussi vers le nord atteignant au cours d'un raid la Méditerranée Qu'en
était-il advenu de Lagash? Urukagina n'avait-il pas été maintenu avec le titre de « roi
de Girsu » que lui donne l'auteur de la tablette anonyme? Roi de Girsu », c'est-à-
<(
dire roi du quartier sacré de la ville mais non plus d'une ville, à plus forte raison d'un
état. C'en était fini de cette grande période des premiers patésis, comme d'ailleurs c'en
allait être fini pour un temps de la suprématie sumérienne. Des hommes nouveaux,
les gens d'Agadé allaient imposer la leur, mais en étendant leur domination sur une
aire infiniment plus vaste.
Chapitre II
vée, que Sargon organise et conduit une autre expédition vers le nord, qui par Mari,
les forêts de cèdres (Liban et Antiliban) et les montagnes d'argent (Taurus), l'amène
sur les rives de la Méditerranée^ et peut-être même jusqu'en Chypre. L'Elam enfin
est soumis à son tour et le roi y dresse sa stèle de victoire ^.
Aucun document daté de ce règne extraordinaire n'a été retrouvé à Lagash. La
première attestation sûre de la suzeraineté d'Akkad sur cette ville, remonte au fîls de
Sargon, Rimush. Celui-ci eut à faire face à des soulèvements nationaux multipliés qui
déjà avaient assombri les dernières années de Sargon^. L'Elam, Ur, Umma et
Lagash tentent, mais en vain, de briser leurs chaînes. Rimush réprime tout. On serait
enclin à lui attribuer cette stèle de victoire, élevée à Lagash et dont deux morceaux
furent retrouvés par de Sarzec. Faute de nom royal, l'inscription ne permet pas mal-
heureusement d'arriver à quelque certitude à ce sujet mais les scènes représentées
conviendraient bien à la situation historique envisagée.
Stèle de victoire ^. (Pl. X, h). Face A. i*' registre. Trois guerriers passent à droite,
armés d'arcs, le carquois orné d'un long gland pendant verticalement.
2' registre. Scène de combat. De gauche à droite un archer va décocher sa
:
flèche. A ses pieds, un ennemi, nu et barbu, étendu sur le dos, lève la main droite
comme pour demander grâce, un guerrier s'apprête à assommer un ennemi nu et
désarmé, bras ballants. Un autre guerrier dont il ne reste que le bas du corps passe
à droite, enjambant un ennemi à terre.
3* registre. Un guerrier frappe un ennemi —
que l'on peut supposer de —
sa lance saisie au bout et dirigée de haut en bas. D'un autre, il ne reste que la hache
brandie.
et d'Accad, p. 27.
2. Yarimuta des inscriptions serait ou Simyra-Areimé, au sud de Tartous, ou Lattaquié, R. Dussaud,
Topographie historique de la Syrie antique et médiévale, p. 511.
3. Trouvée à Suse. Au Louvre. Catalogue des Antiquités de la Susiane, Pezard-Pottier, pp. 34-3S'
4. On aimerait être assuré de retrouver dans la tête de brome recueillie en iqji à Ninive, par Camp-
bell Thompson et HamLlton,, le p>ortrait de Sargon. Ainsi Mallowan, dans Iraq, III (1936), pp. 104-110.
5. Découvertes, pp. 198-202 et pl. 5. bis, fig. 3, a, b, c ; Catalogue, pp. 129-137 -JSA, pp. 243-245 ;
ContenaÙ, MAO, II, pp. 679-680.
134 TELLO
Face B. Tous les personnages passent à gauche.
registre. Deux guerriers en marche ; l'un tient de la gauche, la hache à long
manche, tranchant en dessus. .
2° registre. Un guerrier, la lance droite, pousse devant lui un captif nu, cou-
des liés. Un autre guerrier piétine un ennemi écroulé et l'assomme à coup de masse
d'armes.
3" registre. Reste d'une tête d'homme en marche.
Le fragment donne une récapitulation de terrains avec diverses attribu-
inscrit
tions. Mentions peu explicites mais heureusement avec les noms d'Akkad et de Lagash.
C'est ce qui permet, à la fois de dater le monument
avec certitude et d'être sûr qu'il
appartient bien au site, alors même que vainqueurs et vaincus soient figurés avec un
type ethnique identique.
Calcaire.
H :
0,34; larg". : 0,28 (fragment sculpté).
H :
0,29; largf. : 0,26 (frag-ment inscrit).
Deux fragments, l'un sculpté, l'autre inscrit, trouvés par de Sarzec au tell K.
Louvre, AO, 2678, 267g.
d'albâtre (Fig. 32, d) avec cette courte inscription, « Rimush roi de Kish » et un vase
complet (h. 0,15) avec le même texte (Fig. 32, a) ^ Il est très vraisemblable qu'à
:
Lagash où ces vases furent dédiés, mais sans indication de sanctuaire, Engilsa était
alors patési. En effet sur l'obélisque de Manishtusu frère (?) et successeur de Rimush,
on trouve la mention précieuse entre toutes,, d'un « Urukagina fils d'Engilsa, patési
de Lagash » ^ Sans entrer dans les développements suscités par ce texte ^ il apparaît
très plausible qu'Engilsa fût un des successeurs d'Urukagina, le vassal de Lugalzag-
gizi et qu'il exerça la fonction de patési sous le contrôle de Rimush.
Aucun document remontant à Manishtusu n'a été recueilli à Lagash. Par contre
Narâm-Sin qui lui succéda, .laisse des traces plus explicites de sa suzeraineté. Rien de
comparable sans doute à l'extraordinaire stèle de victoire ramenée de Suse par J. de
Morgan ou ali relief de Pir Hussein, puisqu'il ne s'agit que de deux plaques votives
et d'un vase. Celui-ci^ (Fig. 32, b), rappelle celui de Rimush et porte cette inscription
laconique u Narâm-Sin, roi des quatre régions ». Quant aux plaques, elles rappellent
:
par leur utilisation les reliefs perforés de l'époque antérieure. L'une et l'autre (Fig.
32, g et g') portent une inscription dédicatoire
— plaque A
:
et (d'Ihla) »
2. — plaque B : u O
de Narâm-Sin, du fort, ô Nahi-x-mash, patési de Tutu,
fils
Lipush-iau, la joueuse de lyre, de Sin, ta fille »
Devant le texte de la première plaque, trois haches de guerre sont silhouettées,
à l'échelle de l'inscription.
6. Découvertes, pl.
5, fig^. 4 p. 448 et pl. 44 bis, fig. 2.
;
altéré. Cette scène est reproduite deux fois, par une simple inversion. Dans le champ,
un cadre rectangulaire renferme six cases inscrites. Par la science de la composition, la
perfection de la ligne, ferme autant qu'élégante, le sens extraordinaire des propor-
tions, ce cylindre est une des pièces capitales de la glyptique orientale.
Avant d'étudier celle-ci dans sa phase akkadienne, disons simplement quelques
mots des sculptures recueillies à Lagash. Ce ne sont malheureusement que des épaves
misérables. Notons le fragment de tête barbue^' (Fig. 32, /) (h. 0,12), le profil :
d'homme (Fig. 32, e) (h. 0,16), et la tête de Clercq" (Fig. 32, c). Tout cela carac-
:
térise bien un art très réaliste, soucieux de rendre le type ethnique, sans rien embellir
12. ISA, p. 241, 351 Delaporte, Catalogue des cylindres orientaux, I, T. 44, 105.
;
13. DELAPORtE, Catalogue, T. 106. Pour des empreintes de Sharkalisharri à TelLo, Découvertes,
p. 281 sq.
14. Catalogue de la collection de46. Ce cylindre avait été acquis par de Clercq à une
Clercq, I, n"
date indéterminée. Ménant en parla à l'Académie des
Inscriptions (séance du 27 octobre 1877), d'après une
enupreinte qui lui avait été envoyée de Constantinople en 1865. Or, précisément c'est aux environ® de 1865
qu'une tête de Gudéa sortit de Tello (catalogue de Clercq, ,p. 3 tête de Bostom, infra, p. 170).
;
barbu de Berlin avec lequel eille présente de grandes anailogies (AfO, V, p. 6 et pl.. IV). Il faut aussii mettre
en parallèle une petite tête du Louvre (Catalogue, p. 225) acquise avant 1869 dont le calcaire siliceux ne
rappelle pas la pierre emiployée à Tello.
EPOQUE D'AKKAD 137
ou idéaliser. On l'avait déjà constaté sur la stèle de victoire de Rimush (?) et nous
notons que sur ce monument le sculpteur avait suivi les conventions sumériennes du
découpage en registres dont Narâm-Sin se libérera avec une belle audace.
Dans le domaine de la glyptique, les graveurs ont repris les traditions et les
thèmes antérieurs avec un tel souci de fidélité au passé, qu'il est souvent très difficile
de distinguer certains cylindres présargoniques de pièces akkadiennes. Par contre on
enregistre des représentations nettement différentes, se rapportant à un cycle mytho-
logique plus développé, dont l'interprétation nous échappe encore bien souvent alors
que son inspiration assure un critère chronologique sûr.
Nous indiquons les thèmes principaux des cylindres akkadiens recueiillis à Tello
(Pl. XI).
A) Cycle de Gilgamesh.
Gilgamesh. Deux Gilgamesh agenouillés, face à face, se tiennent l'un l'autre
par bras et par le bas de la jambe.
le Au premier plan, une rivière. Au centre, un arbre
planté sur la montagne. Légende : Bêli-BAL, scribe.
Gilgamesh contre le lion. Gilgamesh lutte contre le lion, en des « prises » variées.
—
Gilgamesh contre le taureau androcéphale homme barbu, vêtu, la tête cou- ;
ronnée, contre un lion que croise un taureau qu'un autre Gilgamesh maîtrise, Afbrè
dans le champ. Deuxième taureau androcéphale derrière le deuxième Gilgamesh. Aigle
léontocéphale liant les deux taureaux androcéphales. A échelle réduite, le dieu-soleil,
les flammes sortant de ses épaules, émerge des montagnes. Dédié à d. Ninin.
Taureau portant la porte ailée. De part et d'autre, deux divinités, une assise,
l'autre debout.
Mythe d'Etana. Etana enlevé par l'aigle sous les yeux de deux bergers et de
leurs chiens. Dans l'empyrée, deux personnages de part et d'autre d'une grande jarre.
La fabrication des pains. Les jarres du breuvage. La traite des animatix qui sortent de
la bergerie.
Le dieu Zu. Le dieu Zu est amené devant Enki. Un dieu l'introduit, deux
autres l'encadrent.
plonger dans un chaudron à pieds une antilope, sous les yeux d'un fidèle. Peut-être
la divinité accepte-t-elle ainsi une victime sacrificielle. Dans le champ, le disque radié.
Légende Bit-ili = la maison des dieux.
:
18. Ce cylindre a été interprété par Frankfort, Gods and Myths on Sargonid Seuls, dans Iraq I, pp. 26-28.
EPOQUE D'AKKAD 139
Shamash. Un dieu à longue robe, buste nu, barbu, enjambe les montagnes. Des
flammes sortent de ses épaules. Devant lui, deux divinités ouvrent la porte. Derrière,
masse d'armes sur hampe.
Adoration. La déesse Nisaba assise, les rameaux sortant de ses bras et de ses
épaules, tient vase jaillissant. Elle accueille un fidèle qu'assiste une déesse. Der-
le
rière, dressée sur un socle, une idole, les rameaux émergeant de son corps. Légende :
Narâm-Sin.
Catalogue Delaporte, T. 103.
Découvertes p. 287, fig^. g^.
,
NFT., p. 173.
Réception de la déesse. Une déesse (?) assise, accueille deux femmes qui s'ap-
prochent. Deux femmes assistent à la scène. Le décor est réduit à un palmier.
Catalogue Delaporte, T. 93.
Découvertes, pl. 30, fig". 7.
Même thème, Catalogue, T. 94 et Fouilles 1932, TP, 1482.
Catalogue T. 95.
Découvertes, pl. 30 his, fig-. 14 et p. 285.
Dieu accueillant. Fragments de bulle avec empreinte, où l'on ne voit plus que
la divinité assise.
Offrande du chevreau.
— Offrande à Enki qui est assisté de Gilgamesh. L'offrant est accompagné par
le dieu bifrons.
—
Offrande à Shamash assis. Le fidèle est assisté par une divinité. Mention de
Narâm-Sin et de Lugalushumgal patési de Lagash.
Catalogue, T. 105.
Découvertes^ p. 285, fig". E.
—
Offrande au dieu de la montagne. Une déesse introduit le fidèle. Mention de
Sharkalisharri et Lugalushumgal.
I40 TELLO
Catalogue, T. io6.
Découvertes, p. 283, figf. C et p. 286, fig-. F.
Empreinte royale. La reine Tudashar-libish est assise. Derrière elle, une petite
suivante. Devant, un homme (?) debout, dans une attitude respectueuse. Décor agreste:
un pin.
Diverses légendes disposées dans des cartouches séparés donnent Sharkali- :
sharri... Tudashar-libish, chérie du roi (?). Dada, devin de la maison (royale), fils de
Catalogue, T. 107.
Découfvertes, p. 282, fig". B et pl. 32 bis, ûg. 6.
ISA, p. 235, sceau A.
Nous citons maintenant les empreintes royales permettant de relever les noms
des dynastes d'Akkad, suzerains de Tello.
Narâm-Sin à Lagash.
— Fragment de bulle. Scène : Gilgamesh luttant contre un lion. Légende :
Narâm-Sin, roi d'Akkad, Gimil-ilisu juge, ton serviteur. On voit aussi les restes du
nom de Lugalushumgal.
Catalogue, T. 105.
Sharkalisharri à Lagash.
— Fragment de bulle. Scène Gilgamesh lutte contre le lion. Légende Shar-
: :
kalisharri roi d'Akkad (un tel) fils de vShum-Malik, du shakkanak, ton serviteur.
Catalogue Delaporte, T. 38.
Découvertes, p. 281, fig-. A.
ISA, p. 23^^, sceau C,
— Fragment de bulle. Scène : Gilgamesh lutte contre le lion. Légende : Shar-
kalisharri, roi d'Akkad, Ad... scribe, ton serviteur.
Envoi « à Lugalushumgal ».
— Sceau sur tablettes. Scène : Gilgamesh et Enkidu luttent contre les fauves.
Légende : Sibanni, le gallagal, serviteur de Lugalushumgal, patési de Lagash.
RTC, n° 179; ISA, p. 351.
Catalogue Delapcirte, T. 58.
Légende Narâm-Sin, le fort, dieu d'Akkad, roi des quatre régions. Lugal-
:
nouvelles. Sans doute, les vieux thèmes ont-ils survécu, mais d'autres se sont imposés,
qui reflètent les méditations et les réflexions d'une pensée orientée vers une dogma-
tique particulière, plus complexe, plus élaborée, plus bouillante. La vivacité romanti-
que du Sémite pénètre dans l'âme classique du Sumérien. Comment celle-ci va-t-elle
réagir? Se laissera-t-elle assimiler, purement et simplement ou se raidira-t-elle au
contraire, dans l'observance farouche des vieilles traditions? Ou bien le Sumérien ne
réussira-t-il pas à gagner son vainqueur, plus influençable? L'expérience n'eut pas
le temps d'aboutir. Il semble qu'il y eut de part et d'autre, des concessions et l'un et
l'autre gagnèrent à cette interpénétration forcée. Cependant les Akkadiens reçurent plus
qu'ils ne donnèrent. Cela eut dû leur assurer un avenir brillant. Malheureusement pour
la dynastie d'Akkad et pour ses cinq premiers brillants monarques, les rois qui sui-
virent apparurent totalement insuffisants. Un des plus grands royaumes du monde
d'alors, s'écroula dans l'anarchie la plus invraisemblable que l'on puisse concevoir.
Un chroniqueur la caractérisa par cette formule qui en dit long Qui était roi? Qui
: ((
n'était pas roi? » Dans cet effondrement, les vaincus d'hier allaient recouvrer assez
rapidement toute leur indépendance. Il ne manque certes pas de piquant que ce soient
des populations barbares, les Guti, qui apparaissent à l'origine d'un renouveau extra-
ordinaire, faisant de cette nouvelle période, une des plus grandes de la civilisation
sumérienne. Lagash y joua un rôle de premier plan, assurément digne de toutes ses
traditions.
LES NEO-SUMERIENS 143
Chapitre III
LES NEO-SUMERIENS
§ I. — D'Ur-Bau a Ugmé
Qu'un peuple comme celui des Guti dont la liste dynastique est caractérisée par
une vingtaine de rois qui se succèdent à un rythme précipité —
à eux tous ils ne
dépassent guère un siècle — ait abattu aussi aisément l'empire akkadien, se laisse
tout d'abord difficilement expliquer. Sans doute la grande prospérité de l'état s'était-
elle accompagnée d'un relâchement des énergies et d'un affaissement des traditions
militaires portées si haut par Sargon ou Narâm-Sin. D'autre part, la complicité tacite
des villes sumériennes peu soucieuses on le comprend, de courir à la défense de leurs
maîtres et seigneurs, favorisa vraisemblablement les opérations des barbares descendus
des montagnes du nord-est et mettant la main sur « les quatre régions ». Enfin, nous
l'avons dit plus haut, l'incapacité notoire des chefs, accéléra la ruine de l'édifice.
L'attitude favorable des cités sumériennes, au cours de cette crise, fut reconnue
et, en échange les Guti accordèrent aux anciennes villes du bas pays des conditions
proches de l'indépendance, se contentant du payement régulier d'un tribut, symbole
tangible de soumission. Ce fut en tout cas le sort d'Ur, d'Umma et de Lagash, Uruk
ayant montré moins de souplesse et restant un des foyers de la résistance.
Pour Lagash, on semble être passé sans transition d'un régime dans l'autre.
La ville retrouve ses patésis et si beaucoup ne sont plus guère pour nous que des
noms, certains par contre ont été de remarquables administrateurs. Ce qui a survécu
nous permet même de considérer cette période comme une des plus grandes que Lagash
ait jamais connue-
Plusieurs de ses patésis émergent du lot, qui par ordre chronologique sont
Ur-Bau, Gudéa, Ur-Ningirsu et Arad-Nannar. Leur destinée diffère cependant sin-
gulièrement. Ur-Bau a pour nous le mérite de signifier par son énergie que la cité va,
en se haussant au-dessus de son demi-sommeil, reprendre sa place au premier rang
des villes de Sumer. Gudéa, son gendre, fidèle à ce projet, va le réaliser en tous points
et son gouvernement demeure une éblouissante réussite. Gudéa a réussi, par son
adresse, sa diplomatie et sa persévérance, à redonner à Lagash tout sorl" éclat. Sans
le titre il s'affirme véritablement comme roi. Son fils Ur-Ningirsu bénéficie de cet
ascendant et maintient superbement l'héritage mais les jours sont proches oij, après
Uruk (5'' dynastie avec Utu-hegal), la ville voisine Ur, reprendra avec Ur-Nammu les
rênes du pourvoir royal. Lagash devra retrouver plus de modestie. C'est alors
qu'Arad-Nannar, un de ses chefs, s'adapte avec souplesse à cette situation nouvelle.
Il s'y montre si adroit — et cette adresse n'exclut d'ailleurs pas des qualités d'admi-
nistrateur qui devaient être extraordinaires —
que le roi d'Ur, son suzerain, lui délè-
gue des pouvoirs de Haut-Commissaire sur treize cités et provinces. En fait ceux
d'un roi, mais il n'abusera pas de cette confiance et la dynastie d'Ur s'écroulera sous
les coups de l'étranger. Tel est en bref le schéma de cette grande épopée dans le
détail de laquelle il est permis désormais d'entrer, grâce aux monuments qui sorti-
144 TELLO
aux documents qui peuplent aujourd'hui les
rent sous la pioche des fouilleurs, grâce
musées d'Orient, de l'Ancien et du Nouveau Monde.
A) Les patésis avant Gudéa. Des deux patésis de Lagash contemporains de
l'effondrement d'Akkad, Pu2ur-Mama lu autrefois Basha-Mama et Ur-Mama, il ne
reste que peu de chose.
Une mention sur une tablette pour le premier pour le second, une tablette ^ ^
;
région du massif d'Entéména, la statue du Louvre fut ramassée par les ouvriers de
Sarzec, quelque part dans le Palais. (Pl. X, a, c).
Ur-Bau nous rappelle à bien des égards Ur-Nanshe. Comme son lointain pré-
décesseur, il s'efforce de rendre à Lagash sa prosipérité passée en la réorganisant inté-
rieurement. Son activité est surtout celle d'un constructeur et, comme il se doit, d'un
constructeur religieux. L'inscription de la statue du Louvre en donne très explicitement
le détail ^ soubassement de Veninnu, sans précision de quartier dans Girsu, temples
:
;
de Ninharsag, Enki, Geshtimanna, Dumuzi-absu dans Uruzagga (la ville sainte), temple ;
de Eau dans Uru, temple d'Innana. Enfin, sans localisation précisée, temples de
;
verte d'une tiare à quadruple rang de cornes, a posé un genou en terre. De ses
deux
mains il tient un clou sans tête, comme pour l'enfoncer (Fig. b). Rite identique à 44,
ceux que nous avions précédemment rencontrés, puisqu'il s'agit toujours de la vertu
efficace des pointes fichées et clouant dans le sol les esprits mSlfaisants
^ Avec Ur-
Bau, les clous de terre vont aussi prendre une grande extension, qui serviront au même
usage et qui portent gravés des textes dédicatoires (indication des monuments et du
patési constructeur).
D'Ur-Bau nous ignorons l'ascendance.-- Le patési est évidemment un homme
nouveau. Il se dit simplement et avec insistance, (( enfant de Ninagal » ^"
à qui il éleva
î. RTC, n" 181.
2. RTC, p. 323 AO, 3306.
n° 184 ;
ISA, ;
3. ISA, 3284. p. 95 ;
AO,
4. On ht maintenant plus volontiers Ur-Babu ou Ur-Baba. Nous gardons
^ cependant Ur-Bau, qui
apparaît dans lia plupart des anciennes pubHcations €t que l'on
tend à nouveau à trouver correct. Ainsi
LrŒTZE, BASUR, 95, p. 2,10, reprend la lecture Bau.
Catalogue de la collection de Clercq II, pp. 107-112,
S. pj. XI, fig. .12. Hauteur: 0,^15.
6..0^coM^erfe^, pp 127-129 pi. 7 et 8 ISA, pp. 95-97. Aux références indiquées
n.n..;. ajouter Le Gac, ZA, VII,
; ;
^ par Thureau-
Dangin, p. 125. Hauteur 0,68. :
un temple mais le sanctuaire le plus important fut sans doute celui de l'Eninnu,
consacré à Ningirsu et qui reçut alors le nom de « Imgig brillant » = l'oiseau
divin de la tempête au (plumage) blanc Où se trouvait l'Eninnu d'Ur-Bau? On
sait que les seules constructions pouvant être attribuées à ce patési furent décelées sous
l'angle est du Palais et au tell B. Le sanctuaire de Ningirsu ne peut être qu'à un de
ces deux emplacements. Nous y reviendrons à propos de Gudéa en traitant ce sujet
d'ensemble.
D'Ur-Bau on peut encore citer des briques et demi-briques : ; une tablette
datée : « Ur-Bau patési, l'année oià il irrigua le champ sir [ ] edinna » ;un fragment
de vase voué par lui une coupe, dédiée à Silsirsir
pour la vie de... ; ; un vase dédié
pour la vie du patési à Bau Ajoutons enfin que plusieurs fragments de vases trouvés
à Ur dans les constructions Enunmah et Gigparku, indiquent qu'un fîls d'Ur-Bau,
Enannipadda était prêtre de Nannar à Ur PoUrrait-on en conclure qu'au point de vue
politique, le patési de Lagash contrôlait alors la ville d'Ur? Cela semble probable,
puisque ce fut une habitude des suzerains d'avoir leur fils, leur fille ou un membre de
leur famille, grand prêtre ou grande prêtresse de Nannar-Sin à Ur, La fille de vSargon
d'Akkad avait donné l'exemple. De même plus tard, le fils d'Ishme-Dagan, roi d'Isin,
la sœur de Rîm-Sin roi de Larsa, la fille de Nabonide, roi de Babylone, occupèrent ce
poste.
Après Ur-Bau, volontiers nous placerions Kaazag Deux tablettes sont datées
de son accession^**. Bien que cela ne soit pas certain, il semble que ce soit sa fille (?)
Ninkagina qui ait dédié une masse d'armes à Urizi pour sa vie et celle de Nammahni le
patési
Des deux autres patésis, Galu-Bau et Galu-Gula, nous n'avons que les noms^.
On pourrait tout aussi bien les placer avant Ur-Bau. Ils sont rapprochés, parce que
sur l'une et l'autre tablettes se retrouve une mention commune : celle du « shabrû
Dugga »
Un fragment de coupe donne le nom d'Ur-Ninsun patési de Lagash qui a
voué ce récipient à Ningirsu Thureau-Dangin place Ur-.Ninsun après Nammahni et
avant Gudéa. Nous le croyons au contraire légèrement antérieur, si tant est que
Kaazag, Galu-Bau, Galu-Gula et Ur-Ninsun n'aient pas tous précédé Ur-Bau. A cela
nous trouverions volontiers argument dans ce fait que trois patésis qui vont suivre
sont tous les trois, gendres d'Ur-Bau. Ils pourraient donc avoir successivement et
directement occupé le siège du patésiat à la mort de leur beau-père.
Ce dernier avait eu en effet trois filles Ningandu qui épousa Nammahni une : ;
autre dont le nom manque malheureusement sur la statuette qu'elle voua, épousa Urgar.
Enfin la troisième Ninkalla, devint la femme de Gudéa. Vraisemblablement ces trois
22. Lus aussi LurBau et Lu-Gula RTC, n" 189, 190 75^4, p. 325.; ;
23. RTC, p. IV, note 2. Dans CRA, 1902, p. 81, Thureau-Dangin les avait placés après Ur-Ningirsu.
Dans ISA, p. 325, il les met avant Gudéa.
24. RA, II, p. 79 ISA, p. 103. ;
10
146 TELLO
personnages réussirent à accéder à la fonction suprême pour des raisons qui, à l'ori-
gine, furent en grande partie familiales. Mais le dernier sut montrer qu'il en était tout
particulièrement digne.
Nammahni. Comme son beau-père Ur-Bau, ce patési marque des briques à son
nom. Celles-ci, de format carré, portent sur le plat, dans un cartouche quadrangulaire
gravé à la main, l'indication la plus brève qui soit Nammahni patési de Lagash » : <(
On ne sait à quel moment elles appartenaient, mais une pierre de seuil atteste que
le patési travailla à aménager le temple de Bau Il est remarquable de constater l'in-
tervention répétée de deux femmes Ningandu, l'épouse, : qui voue pour la vie de son
mari et pour la sienne, un plateau^', une masse d'armes Ninkagina, la mère, à la ;
même intention, voue une masse d'armes et une statuette de femme Signalons enfin
un fragment de masse d'armes avec tête de serpent dédiée par Azagshagga, en
faveur du même patési dont on retrouve aussi le nom à Ur ^.
D'Urgar on ne sait guère plus. Une tablette est datée de son accession et deux
objets importants lui sont rattachés. Une statuette de femme dédiée par son épouse,
pour la vie du patési et pour la sienne et un petit taureau androcéphale ramassé par
nous en 1932, dans le couloir de l'hypogée d'Ur-Ningirsu et voué par un scribe X,
fils de Tulta à une déesse Kal ( ) (Pl. XII, c).
Ce taureau (1 0,143) Qui porte la tiare à quadruple rang de cornes est couché
:
de profil à gauche, la tête retournée de face. Le visage porte une barbe calamistrée à
huit rangs justaposés, à boucle terminale. De chaque côté des oreilles, une torsade
bouclée retombe, encadrant le visage. La nuque et la ligne du dos sont marquées de
bandes segmentées. Les pattes de devant sont repliées avec quelque exagération. La
queue retombe sur la patte de derrière, après avoir pourtant passé sous la cuisse gau-
che. Sur le dos, une cavité en mortaise à double logement était ménagée. L'inscription
était gravée sur le socle.
Ce document est à rapprocher de deux autres acquis par le Louvre en 1898 et
1899 et qui, croyons-nous, proviennent de Tello. Il s'agit aussi de deux taureaux
androcéphales (Pl. XII, h, a). Le premier (1 0,10) rappelle tout particulièrement le
:
taureau d'Urgar, mais en moins élégant et en plus ramassé. L'animal est couché de
profil à droite, tête représentée de face, avec barbe et torsades identiques Le deu-
xième (1 0,12) a ceci de particulier qu'il a son corps creusé de cavités, la plupart du
:
temps tréflées, préparées pour recevoir des incrustations en coquille. Les yeux de
même étaient incrustés ^.
Les trois pièces servaient de support- et ce semble à une figurine divine, car
25. Découvertes, pl. 37, n° 10 ISA, p. loi.; Voir pourtariit AO, 356 b.
26. Découvertes, pl. 27, n° i ISA, p. loi.
;
37. Monuments Piot, VII, pp. 7-1 1 et pl. I ; Catalogue,pp. A propos des évidements tréflés,
285-286.
évoquer ceux d'une statue de Mohenjo-Daro, Marshall, Mohenjo-Daro, t. III,
'^t'^^rivî
pl. XCVIII
1
ceux d'un fragment de vase de la III* dynastie d'Ur, AJ, III,
p. 331 et pl. XXXIV. Il faut
;
rapprocher de ces pièces en pierre, les fragments d'un taureau en terre cuite. Découvertes,
p. 251 et pl. 39,
fig. 7 a et b ; Catalogue, p. 346. On peut aussi menrioaner
le fragment de taureau en pierre, Découvertes,
il, 44 1er, ûg. 2.
f '
LES NEO-SUMERIENS 147
toutes trois ont le dos creusé d'une mortaise^*. On se souvient qu'à l'époque assy-
rienne les divinités sont portées par des animaux attributs. 1,1 apparaît évident que cette
association remonte bien avant et nous la voyons ainsi documentée dès l'époque
sumérienne, au milieu du IIP millénaire. De même et malgré des différences, ces tau-
reaux androcéphales sont certainement les prototypes des taureaux géants de Khorsa-
bad ou de Nimrud.
*
* *
B) GuDÉA. Le troisième gendre d'Ur-Bau, Gudéa, est sans doute le patési le plus
célèbre qui ait jamais exercé l'autorité sur Lagash. Jamais la ville ne connut plus
grande prospérité, jamais un chef d'Etat ne se fit davantage portraiturer, et pourtant
jamais Gudéa ne renvendiquera le titre de roi. On ne trouvera non plus nulle part dans
ses inscriptions si explicites, mention d"une seule ville de Sumer qui lui ait été sou-
mise. Lagash ne vit cependant pas en circuit fermé. Au contraire toute l'immense :
zone qui s'étend du Golfe Persique à la Méditerranée, semble mise à contribution pour
fournir des produits indispensables à la vie de la cité. Tout cela arrive librement, régu-
lièrement, sans contrainte, comme si le patési avait étendu sa domination du soleil
levant au soleil couchant. Une seule fois, il mentionne une campagne contre Ashan : j^.
« Par les armes, la ville d'Ashan en Elam, il brisa son butin à Ningirsu dans l'En-
;
innu il offrit » mais cela apparaît bien l'extraordinaire exception^**. Il n'en reste pas
moins presque inexpliquable que sans guerre, Gudéa ait pu attirer vers sa ville, tant
de richesses, tant de ressources, tant de matières premières. Dès lors avec quoi pouvait-
il régler toutes ces importations? Avec un régime de troc, on ne voit décidément
guère ce que Lagash pouvait offrir contre les bois, métaux, pierres, contre l'or et
l'asphalte arrivant à profusion Il y a là un problème dont la solution n'est pas facile
et que l'on n'a nullement résolu quand on a dit que l'activité de Gudéa fut avant tout
commerciale. Car le commerce suppose fatalement des échanges et Lagash déjà privée
de toute matière première, recevait certainement des dattes et du blé. Qu'aurait-elle
alors pu donner ?
Gudéa ne semble avoir pu offrir que cette référence il était le gendre d'Ur-Bau,
:
dont il avait épousé la fille Ninalla Nous ne possédons aucune indication touchant
ses origines, mais cet inconnu allait par une énergie mise au service de dons évidents
d'organisateur et d'administrateur, se hausser à la hauteur des plus grands parmi les
plus grands monarques. Sans couronne, avec le seul titre de patési, gardé peut-être
pour ne pas éveiller la susceptibilité d'un suzerain (s'agissait-il encore des Guti ou
d'Utu-hegal, roi de la V'' dynastie d'Uruk?), il réussit en quelques années sans —
doute de dix à quinze —
à faire de Lagash une vraie capitale, riche de grands monu-
ments, peuplée de statues. Centre religieux, commercial et artistique, métropole incon-
testée du pays sumérien et vraiment digne de devenir le berceau d'une dynastie.
Les conditions semblaient réunies, mais cette fois encore le destin ne la désigna pas.
38. L'inbeirprétation de ce détail demeure incertaine puisqu'on n'a jamais, retrouvé dans une fouille un,
documiCint complet, nous voulons dire la statuette d'animal et la figure divine, distincte de la première mais à
elle associée. On songe sans doute à la pièce de métal du Louvre, « dieu debout sur un animal chimérique ».
E. PoTTiER, Catalogue des antiquités assyriennes, p. 130 et pl. XXX, 144. Pour d'autres animaux à caviié
dorsale: chien de Sumuilu de Lagash, NFT, pl. V
('bibliographie détaillée infra, p. 274, taureau couché
d'Ur, AJ, V, pl. XII, 4; oure (?) de pierre, AJ, X
(1930), pl. XLI, b ; taureau d'Uruk, UVB, i, pl. 18. Il
est intéressant de rappeler que les animaux du grand vase d'albâtre d'Uruk (E. Heinrich, Kleinfunde ans
den archaïschen Tempelschichten in Uruk, pl. 2, 3) présentent une particularité identique.
39. Statue B (architecte au plan) ISA, p.
; m.
40. Illustration iprobable de cette campagne sur 'la stèle trouvée par Cros, NFT, p. 292.
41. Toutes ces memtioins, statue B.
42. ScHÉiL, Nin Alla femme de Gudéa dans RA, XXIV (1927), p. 109.
43. Un texte lui donne 216.000 âmes, Telloh, II, note 3.
148 TELLO
L'occasion ne devait plus se reproduire. Que Gudéa ne l'ait pas saisie, demeure inexpli-
cable. Pour mieux durer, il avait su dominer toute ambition et sans doute était-ce
d'un sage.
que les textes n'aient pas conservé beaucoup de précisions sur les bâtiments élevés
par ses soins. Et malheureusement les méthodes avec lesquelles les fouilles furent con^
duites manquaient d'une rigueur alors inconnue. Aussi les ouvriers démolirent-ils sans
s'en douter, la plupart des murs de briques crues, n'épargnant que les éléments en
briques cuites, qui restèrent ainsi, telles des épaves isolées de tout contexte » monu- ((
mental. Pour la première fois, au cours de sa dernière campagne (1909), Gros ayant
mis au point sa technique, réussit à dégager des ensembles plus cohérents qui consti-
tuaient des parties d'un grand rempart (Fig. 4, en bas, à droite). Il aurait fallu pou-
voir continuer, mais le commandant Gros, appelé à d'autres fonctions, ne put retourner
à Tello. Les clandestins, à partir de 1924, saccagèrent tout ce qui pouvait rester de cette
architecture fragile et difficile à distinguer de& éboulis. En 1929, quand arriva de
Genouillac, la tâche semblait à tout jamais compromise. Il était trop tard. Tello, si
étonnamment prodigue de ses statues, reste ainsi avare de son architecture.
Gudéa dut sans nul doute élever ou renforcer les enceintes de Lagash. Une
ville ne saurait résister efficacement aux assauts étrangers si elle reste ouverte. Eannadu
y avait veillé précédemment**. Gudéa eut le même souci. On peut juger de l'excellence
de sa construction d'après les éléments dégagés par Gros Ce rempart en belles bri-
ques crues, soigneusement appareillées (0,34x0,34x0,09) était renforcé de larges
pilastres intérieurs et extérieurs. La partie déblayée était en relation avec une porte,
car sous le rempart passe une importante canalisation » <(en réalité un égoût en —
briques cuites*® et l'on sait maintenant que ces installations étaient aménagées sous
les voies afin qu'on pût plus facilement les maintenir en bon état et mieux surveiller
leur fonctionnement.
Ce rempart est sans doute celui de la ville sainte » *\ mais il apparaît évident
((
qu'une autre enceinte plus excentrique devait enfermer d'autres monuments. Gros réussit
à relever des alignements se dessinant sur le sol, après les pluies et au fur et à mesure
de l'action du soleil. Mais comme Genouillac l'a fait remarquer**, l'oflficier interpréta
sans doute à tort là où les teintes sont claires, il ne peut s'agir que de canaux, par
:
contre, les teintes sombres indiquent le tracé de murs moins rapidement séchés,
l'argile compacte des briques gardant plus longtemps l'humidité. Cependant d'autres
murailles sont certaines. Malheureusement le plan d'ensemble *'
ne donne aucune K
indication sûre à cet égard. Gros situait la « sublime porte » (Kasurra) et le quai
(Karsagin) au tell B. Une autre porte semble repérée à la « porte du Diable » (plan K).
Une autre enfin au N.-O. du Palais^" (Fig. 4).
On s'étonnera sans doute du peu de précisions que nous possédons quant à la
topographie de la ville ancienne. Genouillac en a montré toute la complexité et sa
réserve s'explique, à l'examen des textes. Le territoire urbain compte en tout cas trois
quartiers : Girsu, Uru-kug (la ville sainte) et Nina. Quant à Lagash, cette appellation
recouvre-t-elle la totalité de la cité ou simplement un quartier? Les documents écrits
permettent de défendre l'une et l'autre hypothèses, car Urukagina dira qu'il apporte
la liberté « aux enfants de Lagash » (et dans ce cas il s'agit bien de la ville tout
entière), mais sur une tablette (RTC, 47) on lira de Girsu à Lagash » et l'on songe <(
alors à deux secteurs. On pourrait peut-être suggérer ceci le berceau de la ville fut :
Lagash et les rois et patésis s'en réclamèrent dès les origines et malgré tous les agran-
dissements postérieurs, dans leur titulature. Le nom de la partie fut prise alors pour
le tout, mais ce nom restait pourtant encore celui d'un quartier. Et cela rendrait compte
là, puisque le temple de Ningizzida retrouvé par Genouillac (Fig. 5, VI) et d'après le
texte de la statue I, '« dans Girsu », est à plus de cinq cents mètres au S.-E. Nous
chercherions la ville sainte », sous les tells B, G, I,
(( et V, qui s'alignent à l'E. H
de Girsu et oii les temples, malgré les résultats décevants des fouilles, étaient nom-
breux. Restent Nina et Lagash. Nous les retrouverions aux tells de l'Est, fouillés
par nous de 1931 à 1933 Nina en et Lagash en : Y
(Fig. 5). Les débuts de la ville X
sont fixés dans ce secteur, eu égard à l'extraordinaire abondance de la céramique
peinte recueillie dans la zone X, oij précisément nous voyons le berceau de la cité.
Dans cette ville qui, à l'époque néo-sumérienne, avait à peu près atteint son
extension maximum, les textes attribuent à Gudéa la construction des monuments reli-
gieux suivants :
tablette des mesures des temples, trouvée par Genouillac, Telloh, II, p. 131, et pl. LUI).
h) Nindara, dans Girsu (Brique A
RTC, n° 195 clous et briques, Telloh, ; ;
/) Ninmar, dans Girsu (clou A fragment de vase de pierre d'Ur, Royal Ins-
;
criptions, n° 26).
k) Galalim (clou B Telloh, II, p. 136). ;
m) Dumuzi-apsu, dans Girsu (TG. 998 etc. Telloh, II, p. 136 clou d'Ur, ; ;
monument attribué à ces divinités, n'a été retrouvé par les fouilles.
Sur dix-neuf divinités composant le panthéon de Gudéa, deux surtout connu-
rent une grande faveur Ningirsu, dieu national et vénéré dans l'Eninnu Ningizzida,
: ;
dieu patron du patési. De leurs temples il restait malheureusement très peu de chose,
mais on a cependant réussi à les fixer sur le sol. Des problèmes se posent d'ailleurs,
surtout à propos du premier, qu'il nous faut maintenant examiner.
L'Eninnu. —
Le sanctuaire principal, celui de Ningirsu, portait le nom d'eninnu,
(( maison de cinquante ». Or, 50 était le nombre du dieu Enlil et il est inté-
ressant de noter que dans un texte dialectal de l'époque de Larsa, texte non sumérien
l'eninnu était de même un temple d' Enlil. Remarquons à ce propos, que Gudéa, en
parlant de l'eninwMM, temple de Ningirsu, dit « Pareil à Vekur, le temple d'Enlil, :
Nous avons vu précédemment que Veninnu est cité dès l'origine de l'histoire^*
et nous l'avons reconnu dans Vesh-Girsu d'Ur-Nanshe. Le <( temple de Ningirsu »
apparaît chez Eannadu, Enannadu I et à nouveau Veninnu chez Enannadu, Entéména,
Urukagina. Pour nous il ne fait pas de doute que ce sanctuaire était au tell K, comme
le suggérait timidement Genouillac car la masse des documents recueillis par de
Sarzec en ce point est inexplicable autrement. C'est alors qu'arrive la ruine de Lagash
et avec elle certainement la dévastation du temple, qui n'est cependant pas nommément
désigné dans la tablette Gros
Les futurs patésis ne pouvaient pas ne pas relever ces monuments saccagés et
Ur-Bau, nous l'avons déjà signalé, s'attribue en particulier la construction de
Veninnu^'', insistant sur le soin avec lequel il aménagea les fondations, la substructure
(plateforme de 10 coudées) et l'édifice lui-même, haut de 30 coudées.
Il semble que des restes de cette construction aient été repérés au tell A, dit
ple » (Cylindre A, XVII, 29) d'un nouveau temple » (Cylindre B, XIX, 16) ou de
<(
'
En effet, au' tell K, on retrouva dans les couches supérieures, donc par-dessus
les monuments d'Ur-Nanshe-Entéména, des documents qui indiquent que Ningirsu
continua à y être vénéré :
agenouillé.
Après Gudéa plateau de Lukani.
:
base de Vepa, trois puits De Sarzec en vit bien davantage et après avoir d'abord tout
attribué à Gudéa du monument qui était apparu au tell A et où il crovait avoir défini
un (( Palais » des doute s'élevèrent. La présence de briques à légende bilingue, ara-
méenne et grecque, dans une construction parfois très remaniée, rendait bien douteuse
l'explication première. Un archéologue aurait eu immédiatement les yeux ouverts en
face de réemplois évidents ^. Des relevés plus précis d'un architecte, M. Henri de Séve-
linges, attaché en 1888 à la mission des constatations de Gros arrivé à Tello en 1903,
amenèrent Heuzey à développer ses réserves antérieures et à proposer une interpré-
tation différente de celle qui avait d'abord été la sienne. De Veninnu de Gudéa, on ne
reconnaissait plus désormais qu'une porte monumentale, un bassin, un puits et un
« exèdre » extérieur^®. Le reste, c'est-à-dire la plus grande partie de la construction,
était rendu au dynaste araméen Adad-nadin-ahé, qui avait largement utilisé les briques
de Gudéa et de Veninnu, pour construire sa résidence, se contentant d'y ajouter de
temps en temps quelques briques marquées à son nom, en araméen et en grec Le
1
152 TELLO
« Palais de Gudéa » avait définitivement vécu. Il faut cependant s'efforcer de préciser
davantage et d'essayer de comprendre, si cela est encore possible, ce qui restait exac-
tement du monument de Gudéa et ce qui apparut aux premiers jours de la fouille.
La description de de Sarzec. Nous ne nous faisons aucune illusion quant à la
difficulté de la tâche, car les documents dont nous disposons sont incomplets pour
arriver à quelque certitude. Nous avons d'abord le récit de l'explorateur et un plan A
(Fig- 33» a)) ou plus exactement 1' « Essai d'un plan ». Ce récit est à plusieurs reprises
annoté par Heuzey qui donne quelques conclusions Les conclusions de ce rapport
furent cependant totalement remises en question par Heuzey lui-même qui, après la
mort de Sarzec, reprit le problème du « Palais » de Tello, en tenant compte des cons-
tatations faites en i888 par M. H. de Sevelinges, attaché à la Mission comme archi-
tecte et aussi comme photographe puisque quelques-unes des planches portent sa
signature. Un plan du Palais fut levé, à bien des égards assez différent du « Plan A »
(Fig- 33» b), et une documentation photographique publiée Ce qui nous est donné
nous fait d'autant plus regretter ce qui manque, car souvent un cliché aurait pu fournir
un argument décisif dans certaines de nos suppositions, comme aussi dans certains de
nos doutes.
Pour Sarzec, il s'agissait d'un Palais (153 m.x3i m.) orienté par les angles,
avec deux façades, N.-O. et N.-E., ornementées de pilastres à redans et de sortes de
gros tores, imitant des demi-colonnes engagées. L'entrée monumentale (M) semblait
devoir être retrouvée sur la façade N.-E. se dressant sur une esplanade dallée de belles
briques carrées jointoyées au bitume. Toutefois, chaque façade avait sa porte. L'en-
semble de la construction se répartissait en trois secteurs, chacun d'eux aménagé en
fonction d'une cour intérieure. Autour de la cour C (6 m.x5 m. 75) sept chambres.
On y voyait le « harem ». Autour de la cour B (9 m. 25 x 8 m. 25), les appartements
des hommes, le selamlik ».
<(
redans simples (EF), plus tard percé d'un étroit passage pour assurer la communi-
cation entre l'aile nouvelle N. O. et la partie intérieure. Dans cette zone, le palais
araméen, dont ia muraille O'P est à redans simples, avait ses fondations à i m. 20 au-
dessus du niveau de Gudéa. Cette construction sans fruit, était dressée en briques
souvent réemployées, jointes avec de l'argile. Aux briques marquées de Gudéa,
dédiées à Veninnu, s'ajoutaient cette fois celles à l'estampille bilingue, araméenne et
grecque, d'Adad-nadin-ahé. Le dynaste était l'ordonnateur de l'aile N. O. et de la
façade N. E.. avec ses tores verticaux, produits factices, puisqu'on y retrouvait un
matériau antique, arraché à des monuments circulaires de Gudéa, puits ou colonnes.
Par suite, de Gudéa, l'œuvre apparaissait minime. Tout au plus y ajoutait-on,
une plate-forme (K) à double bassin (L), un puits (M) et à l'extérieur, un exèdre (N).
Enfin on attribuait toujours à Ur-Bau, l'angle ABC dégagé dans les profondeurs et
à l'extrémité N.-E. de l'édifice. Celui-ci redevenait sans doute un palais, mais un palais
de date basse (if siècle av. J.-C), avec dans son enceinte les restes de Veninnu, œuvre
de Gudéa, mais terriblement ruinée. De tour à étages, il n'était plus question.
Critique des interprétations Sarsec-Heuzey. —
La conclusion qui est en tout
cas bien établie, c'est que dans la construction du tell A, il ne peut s'agir du Palais <(
et grecques.
2. Juxtaposition de thèmes décoratifs dissemblables dans les mêmes éléments
architecturaux (pilastres à redans en même temps que tores, redans simples et redans
triples).
Niveau d'Adad-nadin-ahé à i m. 20 au-dessus du niveau de Gudéa.
3.
4. Monuments réemployés relief de la musique (Gudéa) dont la pierre retour-
:
massif d'angle et la porte y attenant. Il semble qu'on pourrait y ajouter les éléments
de façade (N.-O. et N.-E.) qui sont décorés de pilastres à triple ressaut que l'on —
reconnaît comme Gudéa
étant de l'époque de —
et qui se distinguent des éléments à
pilastres à redans simplesou à tores, qui eux sont d'Adad-nadin-ahe. Malheureuse-
ment on ne peut avoir aucune certitude, car aucune photo n'est donnée de la façade
N.-E., aucune de la façade N.-O. '^^
B. Il n'est plus question, dans la théorie d'Heuzey, de « tour à étages ». D' est
devenu un avant-mur et Heuzey le compare avec celui dégagé par Cros devant le
rempart de Gudéa Cependant, c'est tout différent. Car dans le cas du rempart de
Gudéa, il s'agit ou d'une fondation plus large —
du mur, ou d'un ancien mur sur —
lequel le patési aura dressé le sien. Par contre ici, cet avant-mur s'avançait à quatre
mètres''^ et surtout il est décoré en façade, de pilastres à redans. D'autre part, il
s'enfonçait et Sarzec qui n'en avait malheureusement pas poursuivi le dégagement,
s'était arrêté à i m. 30. Aussi il nous semble que nous avons là les restes d'une zig-
gurat, qui est en tout cas attestée à Tello par les documents épigraphiques mentionnant
((l'épa au sept zones » " (Fig. 24, e) et Heuzey, croyons-nous, l'a un peu rapidement
éliminée
vraiment d'une porte en EF ou mieux, d'un passage?
C. D'autre part, s'agit-il
L'examen document photographique que nous en possédions^' nous
attentif du seul
conduit à voir dans ce renfoncement, non pas une porte, mais une niche cultuelle
creusée dans un massif plein qui se présente, ne l'oublions pas, avec du fruit ®\
ce qui serait tout à fait insolite s'il s'agissait d'un portail ordinaire. D'ailleurs les
briques du fond —
qui d'après la thèse que nous critiquons, seraient celles d'un mur
de blocage postérieur —
semblent bien faire partie intégrante du moinument (même
module, même appareillage, même teinte) ^.
En A, nous avons
conclusion, au tell :
un seul bloc) et peut-être les parties des façades N.-O. et N.-E. avec pilastres à
triple redans.
Au sanctuaire de Veninnu, appartenaient le double-bassin L, le ipuits (malgré M
des remaniements). L'exèdre nous demeure énigmatique N
3) Un palais du souverain araméen, Adad-nadin-ahé (if siècle av. J.-C.) réins-
tallé dans les ruines du temple de Gudéa. Relevant les dallages, bouchant des portes
(ainsi M, dans le blocage de laquelle on trouvera un fragment de plaque d'Ur-Nanshe
oti fut déposé le butin de la seule expédition guerrière faite par Gudéa contre l'Elam.
Et ces incertitudes sont définitives, car les monuments ont aujourd'hui disparu et dans
les trous des fouilles, il n'y a plus guère que des chacals qui chaque soir émigrent de
leurs tannières et gémissent sur le tell désolé.
Temple de Bau. —
Bau, déesse parèdre de Ningirsu, dame de la prospérité,
dame qui fixe le destin, dame juge dans Girsu » était certainement pour Gudéa
l'objet de la plus grande vénération. Il lui avait voué au moins deux de ses statues
(E, H), dans un sanctuaire de « la ville sainte », \'esilsirsir. Genouillac croit pouvoir
le localiser '« sous le tell G » fouillé par Sarzec ou plutôt sous la partie voisine du
tell I, appelé par Heuzey » tell des Piliers » Il aurait retrouvé la terrasse du temple,
en briques crues, dont une à inscription de Gudéa » et sur cette terrasse, une
<(
escalier de onze marches, aboutissant à une sorte de caveau, dallé très irrégulièrement.
A côté, deux autres trous rectangulaires, maçonnés, qui furent éventrés transversa-
lement par un mur de briques cuites.
cette zone présente d'évidentes preuves de remaniements multipliés. De
Toute
quoi s'agit-il et à quoi l'installation peut-elle se rapporter? Chambre à ablutions
rituelles, bain sacré », chambre de repos pour la pratique de l'oniromancie, apsu?
<(
Genouillac a tout supposé sans vraiment conclure. Finalement, il se demande s'il n'y
aurait pas là un tombeau, tout en maintenant l'hypothèse des dépendances du temple
de Bau.
Mais alors le temple de Bau ne serait-il pas lui-même au tell I, oij apparut
le monument bien connu, dit pilier de Gudéa? On ne saurait le dire avec certitude,
blées, reposait sur d'épais massifs en briques cuites, servant ainsi de fondations
(Fig. 34). De part et d'autre, des logettes de fondations (a et h). Tout pouvait être
attribué à Gudéa, d'après les briques inscrites « A
Ningirsu le guerrier fort d'Enlil,
:
son Gudéa, patési de Lagash, son temple Imgig brillant construisit, et au milieu,
roi,
un portique de cèdre, le lieu de ses jugements, construisit » Or d'après un autre
texte (Statue E, IV, 3 sq ) le trône de Bau était établi « au lieu du jugement ».
Dans le rapport rectifié, un seul pilier (p), a été retrouvé avec certitude, mais
il n'est pas impossible qu'il y en ait eu deux, à quelque deux mètres l'un de l'autre.
Heuzey ne comprenait pas comment le massif qu'ils constituaient, bouchait ainsi
l'accès à l'escalier tout proche (A) et cela l'amenait à l'interpréter par le symbolisme
venant buter contre le rempart Dans ce cas, l'escalier présargonique étant enfoui, les
logettes de fondation au lieu de se trouver en relation avec une voie allant vers le
S. O. au tell K, auraient été aménagées en fonction du bâtiment au S. E. Hypothèse
que rien ne confirme d'une façon décisive, car Cros n'a plus retrouvé que des épaves.
Tout cela n'implique en tout cas pas, l'existence en cet endroit du temple de
Bau, même si son trône y était dressé (statue E), car il apparaît bien que nous soyons
ici dans Girsu » et le temple de Bau est au contraire dans le quartier de
<( la ville ((
sainte ».
autre emplacement, dans Girsu, « au lieu des jugements » ^, peut-être au tell des ((
statues, très souvent en parfait état de conservation, ce qui changeait des statues de
Sarzec, toutes acéphales! Il était indiqué de reprendre l'exploration du gisement dans
l'espoir que quelque pièce aurait pu échapper.
Genouillac s'y employa en 1929, puis en 1930-1931, mais ne put ramasser que
quelques épaves, attestant simplement l'exactitude de la localisation trois crapaudines, :
in situ, avec texte reproduisant celui de briques et de clous un texte donnant les
dimensions des sanctuaires respectifs de Ningizzida et de Geshtin-anna un plat avec
dédicace ®^ une masse d'armes votive dédiée à Ningizzida par le scribe Nammah un
91. Découvertes, ip. 433 et NFT, p. 307 et plan K
pour la situation d'ensemble (notre Fig. 4).
92. Statue E, IV, 6-7 et aussi I, 4 et 6, « dame de Ja ville sainte, dame qui dans Girsu fixe les sorts ».
93. Telloh, II, pl. XLVI
et p. 18, avec indicaion deî trouvailles.
94. Telloh, II, pl. LUI.
95. AO, 12921 Telloh, II, p. 18.
;
la petite statuette de Gudéa assis, du Louvre, qui trouvée au tell H, provient évidem-
ment du même sanctuaire et sans doute aussi le célèbre vase à libation aux dragons
et serpents enlacés, du même patési, recueilli « dans les sondages de la plaine » La
dieu-patron pouvait difficilement recevoir des témoignages plus fervents et plus pré-
cieux de fidèle et dévouée vénération.
114. Cf. d'adilleurs les doutes de Genouillac, Telloh, II, p. 14, note s
ii.t;. Telloh, II, o. iq.
116. Découvertes, p. 69.
i6o TELLO
Telles sont les seules localisations que les fouilles aient assurées. En définitive,
trois sanctuaires sont retrouvés avec certitude Veninnu de Ningirsu, les temples de
:
A) Les statues.
vertes, pl. 15, n° 5). Inscription de 26 cases réparties sur 4 colonnes, gravée sur le
devant de la robe, avec dédicace à Ninharsag.
Nom de la statue La dame qui dans le ciel et sur la terre fixe les sorts, Nintud,
: <(
mère des dieux, de Gudéa, qui le temple a construit, la vie prolonge » (III, 4 - IV, 2).
Diorlte.
H. 1,24; larg-. aux épaules
: 0.46. :
Catalogue, p. 184; ISA, p. 105; Contenau, Musée du Louvre. Les Antiquités Orientales,
I, pl. 19; MAO, II, p. 720 et ûg. 503.
Planche XHI
(c) Gudéa ' '
aux larges épaules ' '
(d) Gudéa ' '
assis '
'
STATUES DE GUDÉA
Planche XIV
(c) Gudéa "au plîm" (d) Détail du plan
,
dans le dos qu'elle recouvre entièrement, puis se développant sur les côtés, elle drape
la totalité du siège et le bas du corps et du vêtement du patési. Consécration de la
statue à Ningirsu et énumération des pays mis à contribution par l'envoi de matériaux,
pour la construction du sanctuaire de Veninnu et de sa chapelle (gigunu) en bois de
cèdre aromatique. Longues malédictions finales contre qui enlèverait ou altérerait la
statue, changerait les décisions du patési. Les dieux sont chargés d'assurer le châtiment
exemplaire du sacrilège.
Nom de la statue : « A mon roi, son temple j'ai construit, que la vie soit ma
récompense » (VII, 14-17).
Diorite.
H. o, 93; 1. aux épaules 0,41.
: :
3. — Statue C : Gudéa <( aux épaules étroites » (Pl. XIII, h). — Cette statue a
reçu son nom de ses éipaules dont la largeur est nettement rétrécie, surtout si on la com-
pare à une autre statue debout (E), Malheureusement acéphale, cette sculpture devrait
être attribuée à un Gudéa jeune, puisque le patési s'est fait portraiturer pendant tout le
cours de son gouvernement. La pierre est infiniment moins bien polie que les précé-
dentes et on croit sentir une plus grande rapidité dans l'exécution. De même on remar-
que que l'épaule gauche ^est un peu plus basse que la droite, mais cependant c'est un
chef aux formes élancées, presque élégantes qui se dégage du bloc sombre et qui, les
mains serrées, se tient figé dans l'attitude rituelle de la prière.
Six cases dans le dos, formant cartouche qui se détache au-dessus de l'ins-
cription gravée sur trois colonnes. Alors que dans le cartouche, Gudéa rappelle que
Ningizzida est son dieu personnel, le patési voue sa statue faite d'un bloc de diorite
apporté des montagnes de Magan, à la déesse Ininna et l'introduit dans Veanna, son
sanctuaire. Des malédictions frappent tout homme qui déplacerait la statue ou effa-
cerait l'inscription.
u
102 TELLO
Nom de la statue : (( De Gudéa, l'homme qui a construit le temple, la vie
soit prolongée » (III, 18-IV, i).
XVII; Catalogue, p.p. 183-184; ISA, pp. 117-119; Contenau, MAO. II, p. 719 et fig. 501
(à tort indiqué fig. 502) Encyclopédie photographique « Tel », I, p. 230.
;
(ziggurat), le temple de Bau dans « la ville sainte ». Après la mention des régions
qui ont fourni les bois (Magan, Meluhha, Gubi et Dilmun) et la pierre d'où fut tirée
la statue (Magan), on termine en précisant que celle-ci fut érigée dans Veninnu.
Nom
de la statue « Le roi, la pesante force duquel, les contrées ne suppor-
:
tent pas, Ningirsu à Gudéa le constructeur du temple a assigné un bon destin » (V, 2-7).
Trouvée par de Sarzec en plusieurs morceaux : le haut fut apporté à Paris en 1878,
le bas fut réenterré et vu par Rassam.
Louvre, AO, t; MNB, 1388.
Bibliographie: Découvertes, pp. 135-136. pl. 9; Partie épigraphique, XVII-XIX ;
Catalogue pp. 169-170; ISA, pp. 119-121 Contenau, MAO, II, p. 709 et fig. 497.
, ;
5. — Statue E
aux larges épaules » (Pl. XIII, c).
: « Dédiée à Bau. Cette —
statue acéphale nous montre un Gudéa majestueusement dressé et dans une attitude plus
robuste que dans la sculpture aux épaules étroites ». La musculature est plus accen-
((
118. L'allure générale de cette statue rappelle assez celle d'Ishtuip-iilum de Mari, Syria, XVII (1936),
pl. VII.
LES NEO-SUMERIENS 163
Diorite bleu-noir.
H. 1,40; 1. 0,55.
:
à droite qui a, grosso modo, la forme d'un couteau devant, une règle graduée, ;
d'une longueur totale de 0,27, oij chaque grande subdivision (il y en a 16) vaut de
16 à 17 mm. Toutes les deux subdivisions, et de gauche à droite, des lignes pré-
voient un fractionnement en 1/6, 1/5, 1/4, 1/3, 1/2. Bien plus on a poussé jusqu'aux
1/12 et 1/18, ce qui dénote une sérieuse précision, sensiblement jusqu'à notre milli-
mètre. Cette règle graduée, intacte, est sans doute le document le plus précieux que
nous possédions pour fixer la valeur de l'empan babylonien.
Sur le haut de l'épaule et de côté, un cartouche donne le nom de « Gudéa,
patési de Lagash, homme de Gatumdug ». L'inscription se développe sur 4 colonnes
et 60 cases, gravée sur le devant du vêtement, des genoux au bas de la robe, Gatum-
dug à qui la statue est dédiée est dite « mère de Lagash ». Suit l'énumération des
opérations accompagnant la fondation du sanctuaire. Constitution des troupeaux sacrés
(boeufs, vaches, veaux, brebis, chèvres, ânes) confiés à leurs gardiens respectifs.
Aucun nom n'est indiqué.
Diorite bleue.
H. 0,86; 1. 0,46.
:
phique, XXIII-XXV; Catalogue, pp. 177-181 ISA, pp. 125-127; Contenau, MAO, II, p. 713;
et fig-. 499.
H. 1,33.
:
25 cases. Elle précise que la statue faite en pierre des montagnes de Magan est dédiée
à Bau et qu'elle fut dressée dans le temple construit dans la ville sainte.
Nom de la statue « La dame, fille chérie du
: ciel pur, la mère (la déesse)
Bau, dans Vesilsirsir à Gudéa la vie donne ».
Diorite gris verdâtre.
H. 0,77.
:
•
9. —
Statue I : « statue fragmentée ». Statue debout, acéphale, à laquelle il
manque épaules et les pieds. Travail très soigné, dans une matière très polie.
les
Inscription dans le dos, s'étalant en 3 colonnes, où il ne reste, à cause des
mutilations, que 28 cases, 15 seulement étant intactes. La mention de Ningirsu, de
Veninnu, laisse supposer qu'il s'agit d'une statue de Gudéa, dont d'ailleurs ie nom
manque, par suite des cassures.
Aucun nom n'est indiqué.
Diorite vert.
H. I m. (d'après Catalogue Heuzey)
:
; 1,30 (d'après Inventalre-reg-istre).
Trouvée par de Sarzec au Palais (?).
Louvre, AO, 10.
Bibliographie Découvertes, :
p. 133; Catalogue, p. 188.
Bibliographie : Fr. Martin, Recueil de Travaux, XXIV (1902), pp. 190-192; ISA,
p. 133 (qui l'appelle « statue L »).
11. —
Statue L. Fragment inscrit appartenant à une statue dédiée très vraisem-
blablement par Gudéa à Ningirsu et érigée dans Veninnu. Malédiction contre qui
effacera l'inscription, entravera les offrandes. Appel à Ningirsu, Bau, Galalim, Dun-
shagga, qui châtieront le coupable.
Nom de la statue Le pasteur que son roi aime, je le suis que ma vie soit
: ((
;
Bibliographie : Fr. Martin, Recueil de Travaux, XXIV (1902), p. 192; ISA, p. 133
(qui l'appelle « statue K »).
de Gudéa n'apparaît pas, mais cette statue lui appartient très certainement.
13. — Petite statue complète : Gudéa assis (Pl. XV, a). Dédiée à Ningizzida.
C'est la seule statue complète sortie d'une fouille régulière de Sarzec trouva la tête. :
Gros recueillit le corps. Il n'y a guère que quelques éraflures sur le devant de l'épaule
gauche et sur le nez. Ce qui frappe —
et choque immédiatement c'est le canon déme- —
surément court qui est employé et ce défaut évident résulte en grande partie de ce que la
tête, enfoncée dans les épaules, est à peu près sans cou. Le personnage se présente
assis, sur le siège connu, mains jointes, le vêtement aux bords frangés, sur un corps
trapu. La tête est coiffée du « turban » et il semble bien que celui-ci soit fait d'une
peau dont la toison est représentée par la juxtaposition de bouclettes stylisées, tels les
Tcherkess d'aujourd'hui et leurs bonnets d'astrakan. Le visage reflète l'énergie qui
s'exprime par un menton galoché. Les yeux en relief dans le creux, que dominent des
sourcils réunis à la base et dessinés « en arêtes de poisson » expriment la vivacité d'une
pensée toujours en éveil et la décision rapide du chef. Ses lèvres, très légèrement
plissées, atténueraient cette sévérité, en esquissant un demi sourire qui accentue la
saillie des pommettes. Petite statue, par ses dimensions, mais combien précieuse
puisqu'elle nous rendait la physionomie du patési.
L'inscription gravée sur le devant du vêtement et derrière le siège de la statue,
s'étale en 5 colonnes et 25 cases. Tout en se référant à sa fidélité à Ningirsu et à
Nanshe, le patési consacre cette statue à Ningizzida, fils de Ninazu, son dieu personnel.
Le nom de la statue érigée dans le temple de Ningizzida « A Gudéa, construc- :
Diorite.
H. : 0,45.
La trouvée par de Sarzec au tell V; le corps recueilli par Gros, à quelques
tête,
mètres, sur le même
itdl, en 1903.
Louvre, AO;- 3293.
Bibliographie Découvertes, p. 330; pl. 21 his, a et h NFT, pp. 21-25, p. 233; pl. I;
:
;
ISA, pp. 131-133 (où on l'appelle, à tort, statue I), Contenau, Antiqiuités orientales, pl. 21 ;
de ce nom il a appelé (la statue) et dans le temple (de la déesse) l'a introduite ».
15. — Gudéa debout de Copenhague (Pl. XV, c). Dédiée à Geshtinanna. Gudéa
debout, traité dans un canon assez court. Le nez
endommagés, est brisé et les pieds sont
mais la statue conserve cependant une belle apparence. Le patési, coiffé du turban, le
visage plein, menton galoché, a les mains jointes. Son vêtement est du type classique,
bordé du galon frangé.
Sur l'épaule droite, un cartouche Gudéa, patési de Lagash, qui le temple
: ((
dame... épouse chérie de Ningizzida, sa dame, Gudéa patési de Lagash, son temple de
Girsu construisit sa [propre] statue de pierre il sculpta <( Geshtinanna me regarde
; ;
Stéatite grisâtre.
H. 0,83.
: ,
(1924), pp. 97-101: Ravn, O.-E., Glyptotekets Gudea Statuette, Kunst-Kultur (Kopenhâgen)
13, 1926, pp. 31-46; Ny Carlsberg Glyptotek. 2 Tiilaeg till Billedtavler at Antike Kunstvaerker
(Second Plate Supplément), Copenhague 1941, pl. XIII, n° 840; Contenau, MAO, II, p. 721
et fig. 506; Meissner, B., Kônige Babyloniens imd Assyriens, p. 36.
121. Pour des statues de ce type en ronde bosse, on citera la déesse de Mari, Syria, XVIII (1937),
pl. XIII, et les dieux de Khorsabad, Gordon LouD, Khorsahad, I, pl. 99-100 II, pl. 48.
; 47,
LES NEO-SUMERIENS 167
Dolérite.
H. 0,02.
:
Collection particulière.
Bibliographie : V. Scheil, Nouvelles statues de Gudéa, dans RA, XXVII (1930),
pp. 161-164, pl. I et II.
a été seulement mieux polie. Décapitée dans l'antiquité, la statue 'a été facilement
remontée et chose assez rare pour qu'on le signale, le nez est intact. Le patési est
assis sur son siège bas, mains jointes, drapé dans son vêtement à bords frangés, pieds
solidement étalés. La musculature est soignée et sous le châle, on devine les formes
trapues et volontairement raccourcies en un canon serré.
L'inscription est identique à celle de la statue Sarzec-Cros, « avec un glisse-
ment de la dernière ligne du premier placard dingir-ra-ni, sur 'le haut de la première
:
Dolérite.
H. 0,44 (Statue Sarzec-Cros
: :
0,45).
Fouilles clandestines de 1924.
Collection particulière.
Bibliographie: V. Scheil, dans RA, XXVII (1930), pp. 163-164; pl. III.
debout, mains jointes, mais traitées dans un canon qui redevient normal, avec des
proportions mieux respectées. La statue fut trouvée, elle aussi décapitée, la tête assez
loin du corps, mais elle s'adapte malgré des manques, suites à une mutilation violente.
Gudéa ainsi représenté, n'est plus l'adolescent, mais l'homme qui arrive à l'âge mûr
et dont le visage plein, est empreint d'une certaine douceur. Le menton carré seul,
reflète l'énergie et la volonté. Sobrement, le vêtement est dessiné et ses plis qui tom-
bent finement donnent à la pièce une allure élégante que n'ont pas toujours ces
monuments. Les mains n'en apparaissent que plus massives, de même que les pieds
dont les chevilles restent toujours assez lourdes. L'authenticité de cette pièce ne nous
semble pas certaine.
Dolérite.
H. : I m. 42.
Fouilles clandestines de 1924.
Collection particulière.
Bibliographie : V. Scheil, dans RA, XXVII (1930), p. 164 et pl. V.
19. — Statue du Musée de Bagdad (Fl. XVI, c). Dédiée à Ningizzida. Il s'agit
d'un petit Gudéa acéphale qui jDrovient des mêmes fouilles clandestines et qui fut con'-
fisqué avant l'exportation chez un marchand de Nasriyé. Gudéa est assis, mains jointes,
vêtu de la robe frangée habituelle. Il est possible que la tête qui manque soit celle
i68 TELLO
acquise par lemusée de Philadelphie (infra, p. 169). Dans ce cas nous aurions ainsi
trois statues complètes de Gudéa assis.
L'inscription est gravée sur le devant de la robe A Ningizzida son dieu, : <(
Gudéa patési de Lagash, qui Veninnu du dieu Ningirsu a construit, sa [propre] statue
il sculpta. (( Dans un temple elle se tient », de ce nom il la nomma dans son temple ;
il l'introduisit. »
Diorite.
Hauteur 0,30; I. 0,14. : :
— Tête à turhan
21. (Pl. XVIII,
Malgré sa mutilation le nez a été sauvage-
a). —
ment martelé — cette tête est une des plus célèbres. Trouvée la première, on ne pouvait
l'identifier avant que Gros ait recueilli un corps s'ajustant à une petite tête semblable.
Dès lors l'inscription prouvait qu'il s'agissait de Gudéa mais le nom de tête. à tur- <(
ban lui est resté. Au moment où Sarzec la ramassait, Heuzey ne pensait pas qu'il
))
s'agissait d'un portrait et ne pouvait « tirer aucune induction sur le caractère particulier
de la statue à laquelle la tête appartenait » Qu'on ait songé à l'opposer à une autre
tête, elle^ nue et rase^^^ montre assez quelle incertitude dominait encore les premières
recherches.
menton carré, même galoché, les yeux grands, bieni ouverts, la bouche finement ourlée.
((Tête jeune et virile », disait Heuzey Sans doute, mais aussi celle d'un homme
sachant et pouvant vouloir. Sa coiffure a donné matière à bien des suppositions tur- :
ban fait de l'enroulement d'un « tissu bouclé ou tout au moins broché » bonnet de
fourrure, assez analogue à celui que portent aujourd'hui les Tcherkesses et fait d'as-
trakan. L'une et l'autre hypothèse sont défendables, mais nous songeons malgré tout
à une étoffe de laine et soie, semblable à l'actuel queffiey et que décorent en léger
relief, des alignements de bouclettes en teinte plus foncée.
22. —
Grande tête rasée (Pl. XVIII, b). Mutilée comme la précédente, cette tête
est loinde produire la même impression de plénitude et de majesté. Cela tient sans doute
en partie à la pierre moins belle et moins affinée par le sculpteur. Ce personnage qui ne
p.eut guère être que Gudéa, a le crâne rasé et imberbe, le nez et l'oreille mutilés. Et la
physionomie s'en trouve considérablement modifiée. Il reste pourtant des yeux grands
et droits, une bouche un peu plissée et des joues pleines, presque grasses, le menton
toujours épais.
Heuzey se demandait si cette tête n'appartenait pas à la statue G. On l'a aussi
rapprochée de celle du Gudéa du British Muséum (supra, p. 168), à la famille de qui elle
appartient sans doute possible.
23. —
Tête de Philadelphie (Pl. XIX, a). Cette tête, en parfait état, fut acquise
par le Musée de l'Université de Philadelphie, à un marchand d'antiquités qui indiqua
Tello comme provenance. Elle est aussi coiffée du turban et présente les mêmes traits de
technique que les autres sculptures de cette famille yeux larges, sourcils en arêtes de :
poissons, réunis à la racine du nez. Celui-ci est droit et heureusement intact. La bou-
che est petite, les pommettes saillantes et le menton court. Selon l'habitude, Gudéa
demeure imberbe. Il est possible que cette tête complète la petite statue acéphale de
Bagdad (supra, p. 167).
Diorite.
H. : 0,10.
Fouilles clandestines, 1924 (?).
24. — Tête de Boston (Pl. XIX, Le curriculum vitas »... de cette sculpture
h). <(
ne manque pas de romanesque. Acquise à Bagdad entre 1865 et 1870, d'Arabes qui
l'avaient apportée sur un marché alors assez mal approvisionné par la basse Mésopotamie,
elle était entrée dans la collection privée d'un Irlandais. Il faut supposer qu'elle ne dut
pas être très appréciée puisque arrivée en Irlande, si l'on en croit une lettre, elle servit
pendant quelque temps à garder ouverte la porte d'un jardin... Elle fut acquise en
1912 par le musée de Boston, sur les fonds de la Francis Bartlett Donation
C'est la tête d'un Gudéa dans la pleine force de l'âge et de la santé. Le turban
ombrage un front court et domine des yeux bombés, soulignés par les sourcils en
arêtes de poisson. La bouche est petite et le menton court, galoché, rend peut-être
encore plus sensible la saillie des pommettes. Le nez a malheureusement été cassé et
cette mutilation nuit à la majesté vraiment royale de cette sculpture dont la tête à <<
turban » du Louvre est sans doute l'étonnante réplique, car le patési y semble plus
âgé.
Diorite.
H. 0,23. :
25. — Tête de Nippur (Pl. XIX, c). Cette tête est celle d'un Gudéa, juvénile,
coiffé du turban. Trouvée au cours de la expédition, elle ne fut pas attribuée au
4*"
Musée. Dans le journal de Haynes, à la date du i"^ août 1899, on lit Travail sur : ((
la colline du Temple. Une petite tête de statuette du type de Tello, avec turban sur la
tête, montrant l'espèce général de kefîey que les Arabes portent aujourd'hui de diffé-
rentes manières. A été trouvé près du coin est et aussi près de la position du torse
trouvé en 1896 »
Deux photos (n"^ 19 et 496) ont été prises sur le chantier. Cette tête est très
mutilée, étant cassée un peu plus haut que la bouche. Le nez est court et droit, mais
le rendu des yeux et surtout des paupières est très adouci.
Diorite (?).
Fouilles de Nippur.
Bibliographie H.-V. HilprechTj In the Temple of Bel
: at Nippur, p. 107, fig^. 35;
E. Legrain, dans The Museum Journal 1927, pp. 244-245.
26. —
Tête de Gudéa (Pl. XIX, d). Une tête, dont le nez est cassé, et à —
propos de laquelle nous ne possédons que peu de renseignements (origine) est entrée
au Louvre à la suite d'une acquisition. Nous croyons qu'elle se rapporte au patési,
mais on pourrait aussi songer à Ur-Ningirsu.
Brèche calcaire blanche.
H : 0,09.
Acquisition, AO, 2791.
Au Louvre.
Bibliographie : Catalogue, p. 236. Simon Harcourt-Smith, Bahylonian Art, pl. 20.
en calcaire de Gudéa, représenté debout, mains jointes, tête rasée, sont conservés au
musée de Stamboul. L'inscription mentionne le temple de Ningirsu et Vépa.
h) bas de statue ;
c)élément de vêtement.
Ces trois morceaux appartenaient à une statue de Gudéa.
29. — Un
au B. M., signalé par Menant, Recherche^ sur la glyp-
torse inscrit,
tique, I,ip.2i3. C'est d'après M, Sidney Smith
(lettre personnelle), non pas celui acheté
par G. Smith en 1873-1874, mais un objet provenant d'une collection réunie en 185
par Sir Henry Rawlinson.
30. — Statue de la collection Platt. — Cette pièce nous fut signalée par l'anti-
quaire Géjou (supra, p. 16). Il nous a été impossible de la voir.
D'après le cylindre A (XXIX, i), Gudéa dressa sept stèles « dans le temple »,
une par jour, à des endroits difficiles à préciser sur le sol (XXIII, 8 sq). Six locali-
sations étaient indiquées dans les textes, avec pour chacune le nom de la stèle.
1) Sur le « parvis sublime » la stèle de Lugalkisalsi, Gudéa grand-prêtre de
: <(
qui n'a pas de rival, a dans son oœur pur, choisi Gudéa le grand-prêtre de Ningirsu »
(19-23)-
Face au shugalam : u le roi à cause de qui le monde repose en tranquillité
4)
a affermi le trône de Gudéa, le grand-prêtre de Ningirsu » (25-28).
5) Face à... a Gudéa, grand-prêtre de Ningirsu a été doué d'un bon destin »
(XXIV, 1-2).
chargé d'éclat (27) dans le shugalam, à la porte splendide (XXVI, i) face au soleil ;
levant, au lieu du destin (XXVI, 3) à la porte Kasurra, merveille pour les yeux (6)
; ;
dans le silsirsir, lieu des oracles (9) sous le portique de Bau (12). ;
Cela ne nous renseigne d'ailleurs pas davantage. Ce qui demeure en tout cas,
c'est que Gros a ramassé au cours des fouilles faites par lui au N.-E. du Palais, entre
le Palais et le tell B (ou des grandes briques), une centaine de fragments appartenant
à une de ces stèles et qui semblent recueillis presque in situ, comme le lui suggèrent
une base et des « piédestaux adossés » Avant lui, Sarzec avait retrouvé une douzaine
de morceaux, malheureusement jamais in situ, mais se rapportant à plusieurs monu-
ments. Genouillac signale trois fragments provenant de ses fouilles. Enfin, en 1933,
nous ramassions un fragment égaré dans un chantier au N.-E. du site. Les clandestins
en recueillirent d'autres, mais, naturellement, le lieu de la trouvaille n'est pas connu.
Ces éléments prirent la route de divers musées. Tant et si bien qu'il apparaît très
vraisemblable que nous possédons aujourd'hui quelque morceau de chacune des sept
stèles de Gudéa, mentionnées par les textes.
Calcaire poreux.
H. 0,43; 1. 0,29.
: :
Couple divin, sans doute Ningirsu et Bau (Fig- 35> g)- De cette intimité
divino-conjugale, nous possédons plusieurs monuments, surtout en terre cuite, mais
d'habitude les personnages sont ou debout, ou assis côte à côte. Cette fois la scène
est plus tendre, car la déesse se trouve sur genoux de son époux. De face, le
les
corps vêtu de la longue robe à volants et à mèches ondulées, les cheveux tombant
dans le dos et par devant, encadrant ainsi un cou invisible sous les multiples colliers
rigides, la déesse a passé son bras gauche autour du cou du dieu parèdre qui la regarde
amoureusement. Celui-ci porte une longue barbe dont la plaque s'étale sur la poitrine.
De son bras droit, il devait enlacer sa compagne. Ces deux divinités de haut rang
ainsi que l'atteste la tiare multicorne, représentée de face même sur le profil du dieu,
semblent ainsi égales, ou tout au moins sans subordination apparente. On a ainsi
quelque idée de la place faite à la femme dans la civilisation sumérienne.
Albâtre.
H. 0,11:
;
larg-. : 0,10.
Trouvé sous le da'llag"e de la cour du Palais.
Louvre AO, 58. :
Fragment de présentation'^^ (Fig. 35, a). Morceau d'un relief avec scène de
c< ». Gudéa sans doute, s'avance vers la droite, le bras droit fléchi en
présentation
signe de respect, la divinité tutélaire le précède et lui tient le poignet gauche. Le
de la longue robe à franges qui lui laisse l'épaule droite dégagée.
patési est vêtu Une
double bande verticale, en relief, limitait cette scène à gauche
Découvertes, p. 35 et 215 ~
132. pl. 26, 9 ; Catalogue, p. 26.
;
Divinité assise Angle de relief avec figure assise sur la montagne. Vêtement
en longues mèches laineuses.
Calcaire.
H. : 0,18 ;
larg". : 0,08.
Marbre blanc.
H. : 0,07.
Bétail pour
le sacrifice (Fig. 35, c). Sans doute peut-on songer aussi pour ce
fragment à une scène de dénombrement de butin après une guerre victorieuse. Nous
préférons r interpréter cependant comme appartenant à une scène religieuse. Un bœuf
à bosse, suivi d'un bélier, est en marche et l'on croit voir se profiler la .silhouette du
personnage qui les accompagne et les conduit au temple.
Albâtre.
H. : 0,19.
Trouvé sous le dallage du Palais.
Relief de la musique (Pl. XX, a). Angle de socle, trône ou autel, décoré de
reliefs, sur au moins trois registres.
Registre supérieur : on ne devine plus que des pieds.
Registre médian : quatre personnages passent à droite, processionnellement,
tous dans l'attitude de dignité religieuse ou mieux liturgique. Le premier tient d'une
main un plat rond, de l'autre une cuiller à pot (?). Le deuxième a les mains jointes,
tout en serrant une herminette. Le troisième a les mains levées, en geste de prière.
Le dernier, plus petit en taille et qui semble barbu et chevelu, a comme son deuxième
compagnon, les mains jointes. Cortège de gens en marche vers le trône divin ou vers
l'autel.
Registre inférieur un personnage aussi tourné vers la droite et les
: derrière
mains réunies sur personnage où l'on doit voir un chanteur, un musicien
la poitrine,
assis, pince les cordes d'une cithare d'accompagnement^^". Cette dernière a ceci de
fort intéressant que sur le devant de sa caisse de résonance, elle porte accroché un
protome de taureau, cependant que dessus, un autre taureau lui, complet, passe en
mugissant. On n'a pas manqué de rapprocher de ce détail de construction, le texte
140. <( Espèce de hatpie tenant aussi d'e la lyre », dit Heuzey, Découvertes, p.^ 220.
35- Fragments de stèles. Epoque de Gudéa (Fouilles Sarzec)
176 TELLO
dédicatoire où Gudéa dit harpe vouée par lui,
précisément que était comme un
la ((
taureau mugissant » Désormais une autre comparaison s'impose, puisque les tombes
royales d'Ur ont rendu les instruments eux-mêmes, d'une part avec les têtes des tau-
reaux accrochées sur le devant de la caisse de l'autre avec l'animal complet, dressé"^.
Il manque la ou les divinités auxquelles ce culte s'adressait. Sur le retour du
bloc et à hauteur du registre médian, une figure plus grande est silhouettée debout,
mains croisées. ' -
Calcaire.
H. 1,25; larg.
: :
0,63; ép. : 0,21.
Trouvé idans le Palais, où le bloc réemployé servait ide dallag-e dans le passage M-M'.
Louvre, AO, 52.
Tête ra^e (Fig'- 35> /)• Du relief précédent semble détaché ce fragment avec
une tête rase, de profil à droite. Bas de l'oreille et joue mutilés. Yeux grands, nez
aquilin.
Calcaire.
H. 0,06.
:
Pied, vase jaillissant et poisson^^^ (Fig- 35> d). éléments Ce fragment donne les
de deux registres. En haut le bas d'un pied nu très finement modelé et l'amorce d'une
robe tombant jusqu'à la cheville. Dans le registre inférieur, l'aryballe d'où deux cou-
rants jaillissent en s'écartant harmonieusement. contre-courant du quadruple flot, A
de chaque côté, un poisson remonte. Enfin, du vase de fertilité, un rameau triple
émerge qui s'élancerait bien plus haut s'il ne venait domner contre le listel du registre.
Calcaire gris.
H. 0,0g 1.
: ; : 0.095.
Trouvé dans le Palais, sous le dallage de ia. cour A.
Fragment Torse d'une petite figure, vêtue du châle à franges et tenant une
Planche XIX
(c) Tête de Nippur (d) Petite tête du Louvre
-«T
m il
I
Planche XXII
(a) Cylindre de Gudéa (b et c) Tablette de fondation
au nom de Lukani
.
longue hampe. On aperçoit un flot ondulé attestant la proximité d'un vase aux eaux
jaillissantes.
Marbre blanc.
H. 0,10; 1. : : 0,12.
b) Scènes militaires
La seule statue B, nous l'avons déjà fait remarquer mentionne une expédition
militairede Gudéa contre Ashan. De cette activité guerrière, il reste de rares attesta-
tions monumentales. Pour sa part, Sarzec a recueilli trois fragments qui proviennent
de deux monuments.
i*" fragment^*^ (Fig- 35» h). Il appartenait à une grande stèle à plusieurs regis-
tres. Il subsiste lehaut de deux personnages, passant à droite l'un tête nue et rase :
;
l'autre, coiffé du bonnet conique à bandeau plat. Ce dernier lève les deux mains et
ce geste de soumission —
mieux que d'adoration ou de prière fait que nous attri- —
buons ce morceau à une scène militaire.
Calcaire blanc.
H. 0,32; 1.: 0,36. :
2" et
f D'une part, deux hommes barbus passent à gauche. L'un
fragments .
d'eux, prisonnier —
corde au couil a la —
est poussé par un autre, qui lui aussi porte
la barbe et des cheveux assez longs quoique moins longs que le captif (Fig- 35, /)•
D'autre part, trois prisonniers passent à droite. Cette fois, tous trois sont
imberbes (Fig. 35, i) et leur tête est rase. Attachés l'un avec l'autre, par une corde
qui est enroulée à leur cou, ils s'avançent coudes fléchis et liés de même, mais la corde
est cette fois traitée en « arêtes de poisson ». Tout indiquerait la période présargonique,
pourtant les reste de quatre cases inscrites avec mention de Ningirsu, semblent impliquer
l'époque de Gudéa. Ces derniers reliefs décoraient « un objet de forme arrondie borne
ou bloc naturel ».
Calcaire blanc.
L. 0,145
: fgt).
H. 0,11 (3« fgt).
:
Grande stèle à cinq registres Parmi les dix représentations du patési, quatre
peuvent être retenues par l'intérêt qu'elles apportent.
a) tête intacte du patési Le visage imberbe (Fig. 36, h), avec un œil un
peu trop grand, la bouche petite. La tête est coiffée du turban où les mèches bouclées
sont remplacées par un quadrillage plus rapidement tracé {AO, 4574 his).
148.Supra, p. 147.
149. Découvertes, p. 221 et pl. 22, fig. 6.
150. Découvertes, p. 67 et 221 ; pl. 26, fig. 10 a et h.
151. Type semblable sur la stèle Cros, NFT, pl. X, 5.
152. NFT, pp. 283-296 et pl. VIII-X.
153. NFT, pli. VIII, I.
12
LES NEO-SUMERIENS 179
cinq disques ou boules, tiendraient lieu de feuilles une masse d'armes passée dans ;
de même et se terminant en tête de lion et renforcé d'un élément courbe, sorte de "
lame coupante deux masses d'armes. Le sculpteur a représenté tout cela sur un
;
même plan, mais il n'est pas exclu que ces accessoires aient été, au contraire, disposés
en profondeur, la stèle étant ainsi mieux protégée, car c'est avec une intention protec-
trice que tous ces engins guerriers avaient été réunis. La vertu efficace des reliefs,
dépendait en effet de leur conservation. Malheureusement celle-ci fut si sérieusement
mise à mal, que nous ne pouvons même plus reconnaître le sens général des scènes
distribuées sur au moins trois registres et peut-être même cinq.
Stèle de Gudéa. Voici comment, après Heuzey, nous placerions les divers
fragments de cette sculpture affreusement mutilée (Fig. 37) :
Premier registre. Celui-ci devait être consacré aux divinités qui étaient silhouet-
tées en assez grande dimension. Il en reste d'ailleurs assez peu. Tout d'abord, le
profil d'un dieu à tiare multicorne et à chevelure soigneusement nattée en chignon,
de profil à droite l'arrière du vêtement d'une divinité debout, le dos tourné à une
;
énorme masse d'armes passée dans une hampe puissante et qui marque l'extrémité
droite du registre sur la tranche et contigii à ce morceau, un ensemble remonté
;
grâce à trois fragments, où l'on voit une déesse debout, de profil à droite, intercédant^^".
156. NFT, p. 294 ; CoNTENAU dans RAA, VIII (1934, p. 100 et pl. XXIX.
157. NFT, pl. X, I. Au Louvre, AO, 4581.
158. Pl. IX, I (AO, 457,1).
159. Pl.IX, 3 (AO. 4580).
160. NFT, p. 285, et pl. IX, 2 (AO, 4573).
i8o TELLO
Il manque évidemment dieu principal à qui s'adressent ces prières et Heuzey se
le
demandait si le grand fragment au dieu Ningirsu trouvé par Sarzec (sans indication
de provenance) ne devrait pas combler cette lacune. Dans ce cas, nous pourrions
supposer que dans ce premier registre, on voyait Gudéa conduit par un ou deux dieux
intercesseurs, à Ningirsu trônant, une divinité féminine assistant à la scène, La déesse
intercédant (sur la tranche) appartiendrait à une autre scène perdue en totalité, celle
qui se déroulait sur l'autre face de la stèle et qui pourrait être aussi une présentation.
Deuxième registre On croirait volontiers qu'il était uniquement réservé à un
défiléde musiciens, car il s'agit bien d'énormes tympanons, manœuvrés et mis chacun
en résonance par les soins de deux spécialistes. On sait qu'Heuzey avait vu d'abord
une roue dans cet accessoire étrange, mais qu'un relief d'une coupe acquise plus tard
par le Louvre l'amena à cette autre interprétation Restent les dentelures où l'on
voit ou bien des « grelots ou des rondelles métalliques mobiles, disposées par paires
comme de petites cymbales » ou bien les clefs qui servent à tendre la peau »
<(
Plus simplement nous croyons qu'il s'agit du pourtour dentelé, en bois ou en métal,
du tympanon, aménagé ainsi en vue de la manœuvre et du déplacement d'un instru-
ment important (il dépasse ici la grandeur humaine). De même et pour diminuer l'usure,
un renfort métallique protège le cercle intérieur
Troisième registre. Aprèsle défilé des musiciens, la procession des enseignes.
grâce à un fragment
Cette succession est certaine, Les enseignes sont de trois
types un aigle éployé (AO, 4576) à bec assez long
: lion passant à droite, gueule ;
ouverte, portant un disque sur son dos (AO, 4577)™; aigle léo.ntocéphale, ailes
éployées"^ Les emblèmes sont portés sur des hampes tenues droites, par des person-
nages imberbes, au crâne rasé. Le haut des hampes est enveloppé d'une sorte de
gland à longues franges tombantes.
Quatrième registre. S'il s'agit d'une stèle de victoire, on n'est i)as étonné de
trouver la figuration des prisoniniers ou des tributaires. Lin fragment ^'^ les montre,
passant à gauche, attachés par le cou, en file indienne et levant les bras comme pour
desserrer ce lien. Mais au lieu d'être complètement nus, comme dans des scènes sem-
blables d'époque présargonique, ils portent un court pagne, serré à la ceinture. Il est
vrai qu'on peut songer évidemment aussi à des tributaires.
Du même registre, un fragment (AO, 4582) montre un personnage barbu et
à calotte chevelue, vêtu de la robe unie et qui, bras croisés, regarde à gauche. Il n'a
guère le type sumérien et ne semble pourtant pas être un ennemi. Heuzey pensait à
un allié, de race ou de nationalité différentes, ou encore à un chef militaire, non
astreint à garder la face et le crâne ras
Cinquième registre. Celui-ci est certain d'après le fragment du registre pré-
cédent car sous la file des prisonniers, on aperçoit le haut d'une hachette de guerre,
Outre les cartouches avec le nom de Gudéa, la stèle était inscrite. On n'en
peut plus rien tirer que des mentions trop isolées pour qu'elles soient de quelque uti-
lité Eninnu, Enlil. Il est cependant vraisemblable que ce monument nvait été dressé
:
par Gudéa, après une victoire (celle contre l'Elam?) pour laquelle il avait voulu
rendre grâce à Ningirsu. Et nous aurions ainsi cette succession de scènes lues de bas
en haut le combat, le dénombrement des prisonniers, le défilé des enseignes, le cor-
:
tège des tympanistes et l'action de grâces de Gudéa, conduit à Ningirsu, par les dieux
intercesseurs. L'essentiel des fragments passés précédemment en revue, trouverait ainsi
sa place logique, dans une succession d'épisodes solennellement commémorés.
*
* *
Autres stèles. Deux autres stèles semblent avoir été dressées à proximité, d'où
proviennent deux éléments qui se distinguent par la qualité d'une pierre toute diffé-
rente.
Buste de déesse (AO, 4572), représentée de face (Fig. 36, h), vêtue du long
'
costume à volants et à mèches ondulées, les cheveux tombant en quatre nattes bou-
clées. Il s'agit sans doute de Bau et ce fragment rappelle directement celui trouvé
par de Sarzec
Edicule divin (AO, 4583) (Fig. 36, e). Deux divinités à tiare multicorne, sans
doute le dieu et sa parèdre, sont assis (?) dans un édicule à double alvéole, qu'un pilier
central à double volute sépare et couronne. Deux lions faisaient office de rampants,
retenus sur la pente raide par un animal composite, aigle à double tête de lion,
maintenant de ses serres la croupe des deux félins
Vases jaillissants (AO, 4584) (Fig. 36, c). Trouvé au tell H et dans le voisi-
nage de tombeaux de l'époque de Gudéa, un important fragment doit encore être
signalé. Il s'agit de la base d'un registre limité par un large listel, que décorent deux
rangs de vases jaillissants alternés. De la rangée supérieure, les eaux retombent en
quadruple flot dans les vases inférieurs d'où les eaux jaillissent et retombent sur le
sol. Un courant horizontal réunit d'autre part les vases de la rangée supérieure. La
photographie seule, ne permet pas de comprendre à quoi tout cela se rattachait
par Ningizzida qui le tient au poignet gauche, vers une divinité qui manque. Fidèle
et dieu médiateur ont ceci de fort curieux, c'est que tous deux sont imberbes et ont la
tête rase. Aucun attribut divin ne distingue la divinité. Tout au plus, celle-ci porte-
t-elle la longue robe à mèches, cependant que son client a revêtu le châle frangé. Deux
cartouches ne laissent aucun doute quant aux identifications^^.
droite, un fragment d'une tête rasée et d'une oreille. Le visage manque, mais le type
de la tête évoque iïnmédiatement un des porte-enseignes de la stèle Gros, ou Gudéa
lui-même lorsqu'il est sans coiffure. Dans le registre supérieur, élément d'une inscrip-
tion gravée entre les personnages.
Calcaire.
L. 0,405; h.
: : 0,275.
Au Louvre, AO, 16.649
tude est aussi toute de respect mains croisées, long bâton du pèlerin, chevelure bien
:
main ».
Fragments du Louvre.
AO. 10.235. Fragment de stèle. Deux bustes de femme, de profil à droite, dans
l'attitude de la prière.
Calcaire.
L. 0,16
: ; 1. : 0,21.
Acquis en 1925.
AO. 10236. Fragment de stèle^^.Buste d'un homme coiffé d'un bonnet coni-
que. Corps de face, tête de profil à gauche. Bras étendus.
Calcaire.
L. 0.34; h.
: : 0,09.
AO. 10867. Fragment de stèle^^^ (Fig- 36, /)• H s'agit du haut d'une stèle
dont on voit le listel d'encadrement, Gudéa de profil à droite, imberbe et tête nue,
s'avance la palme sur l'épaule droite. Sans doute était-il conduit par la divinité
médiatrice, comme sur le monument de Berlin. Une autre divinité le suivait, dont
on ne voit plus que les deux mains levées en signe d'imploration. En s'appuyant
sur le texte du cylindre A (XVIII. 15), où l'on lit le dieu Galalim marcha der- : ((
Statuette féminine assise(Fig- 39) b). La femme dont ici encore la tête est
'^^^
perdue, est assise à terre, mains jointes. D'après Heuzey, les deux jambes étaient
« repliées du même côté ». Le vêtement couvre les deux épaules, avec un décolleté en
carré sur la poitrine, en pointe dans le dos. L'étoffe est à la fois frangée et rehaussée
d'alignements de pompons triangulaires.
L'inscription qui commence dans le dos et s'achève sur le socle, a ceci de carac-
téristique qu'elle est gravée à l'envers, les signes étant retournés et l'ordre de lecture
se présentant de gauche à droite, et non de droite à gauche. La dédicante avait
voué cette statuette à la déesse Ninégal, pour la vie de Gudéa. La position ainsi docu-
mentée, est fort intéressante car elle nous montre que la femme pouvait prier, assise
par terre.
Calcaire.
H. : 0,13 ; ]. : 0,09.
Statuette féminine assise (Fig- 39» Quoique non inscrite, cette statuette
ramassée par Gros, au tell précédente pour ne pas être citée ici.
B, rappelle trop la
Acéphale, la femme est assise à terre, jambes et pieds cachés par le vêtement. Celui-
ci est difficile à interpréter, car outre le drapé de biais qui donne un décolleté dans
le dos, il y a toute une succession de plis horizontaux sur la poitrine qui indiquent
clairement que ce costume était composé et assemblé. Il était en outre décoré de festons
et la femme ne manquait ni de bracelets ni de colliers.
Albâtre.
H. : 0,07.
194. Découvertes, p. 342 et pJ. 22 bis, fig. 2 a et b ; ISA, p. 207 ; Scheil dans RA, XXIV (1927),
p. 109.
195. Découvertes, pl. 22 bis, fig. 3 ;
Catalogue, p. 25.1 ;
ISA, p. 207.
196. NFT, p. 300 et pl. XI, 3 a, b, c.
39- Statuaire féminine. Epooue de Gudéa
i88 TELLO
crâne ras. La caractéristique de règle, est que les yeux sont figurés en relief dans le
creux et que les sourcils, réunis à la racine du nez, sont en assez fort relief et incisés
en arêtes de poisson ».
<(
Diorite.
H. 0,058;
: 1. : 0,043.
Louvre.
Tête de grande statue (Fig. 40, h). Bien que moins poussée dans le détail que
la précédente (les oreilles sont inachevées), elle reflète beaucoup de charme. On sent
quels progrès sont accomplis, non seulement en technique mais dans l'art du portrait.
Vue de face, la tête a quelque chose de féminin
Diorite.
H. : 0,10.
Louvre.
Tête enfantine Cette pièce (Fig. 40, h) trouvée sous le seuil de la cham-
bre 29 (Palais), était considérée par Heuzey comme un <( véritable bijou ».
Stéatite verte.
H. : 0,04.
Louvre.
Calcaire.
H. : 0,1 g (tête).
Deux têtes sont à classer ici. La première (Fig. 40, e) recueillie au tell des
Tablettes est de la même sûreté de main et d'une égale réussite.
Diiorite noir-vert.
H. : 0,058.
La deuxième (Fig. 40, c), ramassée dans le même secteur de fouille, montre
avec quelle liberté mais aussi avec quelle aisance travaillaient les sculpteurs. Il est
de voir ici autre chose qu'un portrait. Cros y reconnaissait celui d'un enfant ou
difficile
d'un tout jeune homme, par exemple Ur-Ningirsu, fils de Gudéa. Avec son visage
respirant à la fois la santé et la joie de vivre, le personnage est digne de rivaliser avec
n'importe quelle statue réaliste de l'Ancien Empire.
201. Découvertes, p. 330 et pl. 21 ter, 5 a et h. Nous citons cette sculpture ici, eu éga-rd au fragment
de la tête.
202. NFT, p. 251 et pl. VI, fig. 4.
203. NFT, p. 261 et pl. VI, S- ,
40. Statuaire masculine. Epoque de Gudéa
igo TELLO
Sculpture trouvée far Genouillac.
Sans doute cette œuvre n'ajoute rien à la gloire de Tello... mais il faut tout
au moins la mentionner. Il s'agit d'une p etite statue (Genouillac dit exactement
« statuette » mais ne donne pas les dimensions), d'un homme assis, tête rasée et nue,
mai'ns croisées. Le travail est fruste et « tous les détails sont mangés ».
Louvre.
Calcaire.
H. : 0,15.
Louvre.
cace de cinq cases, à Nindun, par un patési dont le nom a été martelé.
H. : 0,055.
Statuette au vase jaillissant (Fig. 40, i). Trouvé dans la chambre 8 du Palais,
ce fragment est très mutilé. Le personnage barbu, vêtu de la robe à longues mèches
qui laisse l'épaule droite nue, tient des deux mains le vase d'où jaillissent les eaux.
plus parfaites statuettes féminines de l'époque de Gudéa, que nous co'nnaissions. Elle
a reçu son nom de sa coiffure. En effet, les cheveux ondulés sur les tempes et que
partage une raie de milieu, sont enveloppés dans une écharpe qui soutient en outre
le chignon et qui est maintenue par un étroit bandeau. Les sourcils so-nt assez volu-
mineux, un peu trop pour ce visage féminin, dont la vivacité s'exprime par une bou-
che finement plissée et un menton qui ne manque pas de fermeté. Le cou, orné d'un
collier quintuple, à éléments rigides, se dégage avec élégance d'un torse bien moulé
et que drape le châle tout d'une pièce, si reprenant la description d'Heuzey, on le
voit serré d'abord horizontalement sur la poitrine et sous les bras, croisé dans le dos
((
et ses extrémités ramenées sur les épaules, retombant par devant en deux pointes symé-
triques ». Quant aux indications ornementales qui le rehaussent, Heuzey les expli-
que ainsi le vêtement est
: brodé de ses effilés dans le sens de la chaîne et a de
((
plus, sur les côtés de la trame, une frange plus riche à boucles tortillées ». Les mains
étaient jointes mais la mutilation les a très abîmées. Il est possible, sinon probable, que
le bas du corps qui manque, portait l'inscription de dédicace qu'une pièce aussi remar-
Tête de femme à l'écharpe^^^. Cette tête (Fig. 41, b) qui fut certainement subti-
liséepar les ouvriers de Sarzec ou qui sortit sous la pioche des clandestins, provient
certainement de Tello. Elle est' du même atelier et peut être du même sculpteur que
la précédente, dont elle reproduit et le type et la coiffure, avec pourtant un peu plus
Musée de Berlin.
Torse féminin^^^. Cette statuette (Fig. 41, c), est identique à celle étudiée plus
haut et Hall qui la publiait, interprétait, lui, le vêtement comme un costume brodé,
sorte de tunique ouverte, retenue sur la poitrine par une bande brodée. Aucune
inscription.
Dolérite.
H. : 0.178.
Briti'sh Muséum, n° 1 15643.
Torse féminin aux bracelets De même type que les précédents, mais avec
un détailtechnique d'importance : la femme porte encore à chaque poignet un mince
bracelet de bronze plaqué or.
Calcaire gris.
H. o m. 06.
:
(a) Vu de l'Ouest
Planche XXIV
(b) Le couloir central vu du Sud
HYPOGÉE D'UR-NINGIRSU ET D'UGMÉ
LES NEO-SUMERIENS 193
un buste avec une tête d'un modèle qu'inachevé (Fig. 39, c). Les che-
fruste, parce
veux tombant dans le dos, étaient serrés par un bandeau frontal, fait d'un tissu roulé.
Diorite.
H. :0,21.
Tête féminine à bandeau frontal^^^ (Fig. 39, /). La femme dont le nez a été
mutilé, est coiffée comme les précédentes de l'écharpe qui enveloppe la presque tota-
lité de la chevelure, chignon y compris. Cependant, finement ondulés et partagés par
la raie médiane, les cheveux dépassent de l'écharpe, sur le front et sur les tempes.
La mutilation nuit grandement à la physionomie de la pièce qui prend quelque chose
de renfrogné qu'elle n'avait certainement pas lorsqu'elle était intacte.
Calcaire.
H. :0,06.
^
Petite tête foly chromée™ (Fig. 41, d). Ici encore, la coiffure est enveloppée
dans une écharpe serrée par un bandeau frontal plus plat. Le chignon plus haut, s'en
trouve ainsi coupé en deux masses. I^es yeux étaient incrustés, maintenus dans une
monture d'argent. La partie de la chevelure ondulée sur le front, était rendue par une
bande faite de pâte bleue. Les sourcils étaient eux aussi incrustés de cette même
matière en lapis-lazuli. La technique de l'incrustation est une survivance de l'époque
présargonique, mais le type de coiffure, les colliers rigides semblent formels pour une
date basse, celle de Gudéa. D'ailleurs un fragment d'épaule, trouvé non loin et appar-
tenant à la même sculpture, était lui aussi incrusté de pâte bleue qui rehaussait les
((franges tortillées » du châle de cette époque.
Albâtre.
H. *
: 0,04.
Tête féminine à bandeau roulé^^ (Fig. 41, e). La chevelure que partage la
raie médiane est ondulée non seulement sur le front et les tempes mais sur la tête
tout entière. Elle est serrée par un bandeau et retombe sur la nuque. Le cou était
orné de colliers rigides. Les yeux vides de leur incrustation scellée au bitume, ont
malheureusement perdu toute vie et la mutilation du nez y ajoute encore. Malgré
tout, cette petite tête a conservé un peu de son charme passé.
Albâtre.
H. 0,067.
:
Statuette de femme au
vase jaillissant (Fig. 41, g). Femme assise sur un
escabeau cubique, vêtue de la robe à volants. Les cheveux ondulés et maintenus par
un bandeau frontal, tombent dans son dos. Des deux mains, la femme tient l'aryballe.
Albâtre.
H. o, ig.
:
de cube, la femme, les mains jointes, est vêtue de la robe à volants superposés (étoffe
de kaunakès, cousue en tunique, dit Heuzey). La chevelure tombe dans le dos et deux
longues boucles encadrent le visage. Malheureusement la tête a été fracassée par la
pioche de l'ouvrier. Peut-être s'agissait-il d'une divinité?
Calcaire (?).
H. 0,065.
:
Femme assise Acéphale (Fig. 41, /), cette statuette fut ramassée par Gros au
telldes Tablettes. La femme est assise sur un siège cubique sans dossier elle est ;
vêtue de la robe à volants et ses cheveux longs lui tombent dans le dos. Ses mains
sont jointes. Détail nouveau la femme porte sur les genoux une tablette qu'un qua-
:
drillage découpe sommairement, comme pour y préparer les cases d'une inscription.
L'identification demeure malaisée. On pourrait songer à Nisaba, déesse de l'écriture.
0
Gypse.
H. 0,13.
:
Calcaire blanc.
H. 0,24.
:
vêtue du châle croisé. Un collier fait de minces parcelles de pierre ou de métal incrustées
(cornaline, turquoise, broinze), rehaussait de sa bigarrure la poitrine de cette élégante
de jadis. Deux médaillons pendaient au centre du décolleté. Le châle semblait décoré
d'une ligne de triangles, en relief et en creux, donc eux aussi incrustés.
Albâtre.
H. 0,025.
:
Diorite vert.
H. : o, 10.
Nous étudions sous cette rubrique divers monuments sculptés ou inscrits, dont
beaucoup sont à attribuer à Gudéa.
Bassins. avait fait placer dans Veninnu deux bassins l'un, kun, « comme
Gudéa :
une montagne étendue magnifiquement », l'autre, shim, 'u comme la maison pure du
prêtre guda où l'eau ne cesse de couler »
Bassin aux vases jaillissants^^ (Fig- 42, c). Il s'agit du bassin retrouvé par
Sarzec, devant la façade du Palais » et dont les musées du Louvre et de Stamboul
<(
se sont partagés les éléments très mutilés. Ce monument en pierre était décoré de
génies ailés et de déesses de rang inférieur, associés autour du symbole du vase jail-
lissant. Ce thème est ainsi traité une procession de déesses, tiare à un rang de cornes,
:
longue robe unie à lignes ondulant verticalement chacune d'elles tient de la main ;
Tête de lion^^ (Fig- 42, w). Par comparaison avec la précédente, on peut penser
que cette sculpture décorait aussi un bassin. Malgré l'usure, cette pièce demeure
remarquable et atteste une science parfaite des volumes. On pourrait la rapprocher
de l'exemplaire trouvé dans le Palais de Mari
Calcaire blanc.
H. : 0,28.
196 TELLO
relevéele long de l'échiné qui se trouve ainsi soulignée. Un des fragments porte
une inscription indiquant la dédicace à Gatumdug, dans soin temple de la ville
((
Calcaire blanc.
H. 0,25 1. 0,20.
: ; :
Calcaire blanc.
H. 0,20 1. 0,1
: ; : 1
Calcaire bianc.
H. 0,36; 1.
: 0,52.
:
Fragment de plateau décoré d'un lion^^^. L'animal était couché, la tête retour-
née de face. Sur le rebord du plat, reste de dédicace, d'époque de Gudéa ou d'Ur IIL
Marbre bleuâtre.
H. 0,06; 1.
: 0,17. :
Fragment de masse de Gudéa aux lions L'objet devait être décoré comme le
précédent. Le lion dont il reste un morceau portait une inscription de Gudéa sur
son front (Fig. 42, h).
Calcaire compact.
H. : 0,10.
Calcaire.
Plusieurs masses d'armes au nom de Gudéa ont été recueillies par Sarzec, mais
il manque malheureusement et le lieu de trouvaille et la description explicite. Nous
les énumérons ici :
Masse trouvée à Ur
Dédicace à Ningizzida, par le scribe Shuna, fils de Namhâni, pour la vie de Gudéa,
patési de Lagash.
Calcaire.
Musée de Bagdad, n" 2908.
Masse en diorite
Dédiée par Lugalitingin, dupsar, fils de Gudéa.
236. Inédit, Louvre, ISA, p. 205. Sans doute celle de Découvertes, pl. 26 bis, 3.
237. Découvertes, pl. 26, 3 ; 26, 6 26, 7 (masse d'après la Table des matières,
; moitié de vase de
forme sphéroïdale, en albâtre, d'après Découvertes, p. 48).
238. A Guide to the Collection in ihe 'Iraq Muséum, p. 70.
239. ScHEiL dans Recueil de Travaux, XXXVII, Nouvelles notes..., XXVI. Cf. RA, XXVII (1930),
p. 162.
240. Découvertes, p. 234 et pl. 44, 2 a, b, c ; Catalogue, p. 280 ;
ISA, p. 203 ;
Contenau, Antiquités
Orientales, I, pl. 22 Encyclopédie
;
photographique « Teî », p. 224.
LES NEO-SUMERIENS 199
et d'une chevelure cachée tombe sur le côté, la loinigue torsade bouclée que l'on con-
naît aux déesses de ce temps. Tout de ces monstres doit inspirer la salutaire terreur :
griffes, serres, queue à dard de scorpion. Plusieurs animaux redoutables sont ainsi
réunis dans un être aigle (ailes, serres), serpent (tête), panthère (corps), scorpion
:
(dard de la queue) et chacun suffirait à lui seul à inspirer quelque réserve à un adver-
saire éventuel. Cet animal composite on le sait, était l'emblème du dieu Ningizzida
à qui 'Gudéa avait, pour sa vie, voué ce magnifique objet. Trouvé dans « les sondages
de la plaine » il sort vraisemblablement du temple lui-même.
Grès rO's'âtre.
L. : 0,08; 1. : 0,02.
Couvercle de lampe aux serpents^^^ (Fig- 42, g)- Deux serpents sont entrelacés
sur ce couvercle de lampe » et les deux têtes rapprochées en couvrent le bec. Le
«.
Stétatite.
H. : 0,09; 1. : 0,055.
Stéatite.
H. : 0,09.
Marbre blanc.
H. 0,08.
:
Coupe inscrite Elle fut recueillie par Gros au tell des Tablettes. Taillée
dans un bloc de stéatite grise, bordée d'une série de petits cercles concentriques (thème
tout présargonique et qui s'est perpétué), elle portait une inscription dont on n'a mal-
heureusement que les dernières cases. L'objet était dédié par Ur-Bau, fils de Sheshesh,
marchand, pour la vie d'un patési dont il manque le nom.
H. : 0,09.
H. : 0,11.
Pierres de seuil au nom, de Gudéa. Sarzec ramassa une belle collection de cra-
paudines inscrites et toutes vouées à Ningirsu^*^. L'indication du lieu de la trouvaille
manque parfois et surtout l'on ignore généralement ce qui fut recueilli in situ. Le
Louvre possède la presque totalité de ces documents que nous indiquons ici succinc-
tement :
Le British Muséum possède aussi une très belle pierre de seuil en diorite
(n° 90849)^^^ avec inscription de Gudéa rappelant la restauration du temple de Nanshe.
F. Glyptique.
Nousétudierons d'ensemble et plus loin,' la glyptique de l'époque d'Ur III
qui ne diffère pas sensiblement de celle de Gudéa. Nous ne retenons ici que les
exemplaires de cette catégorie d'objets inscrits au nom de Gudéa et qui de ce fait ont
une valeur toute spéciale. On connaît trois cylindres ou empreintes et — — une
grande perle ayant appartenu au patési. Nous les décrivons donc ci-après :
•
l'un d'eux retombe dans un vase placé à terre et derrière le trône l'autre vient se ;
joindre à l'un des deux flots qui sort du vase tenu par la main droite, ces eaux étant
recueillies par deux vases, eux aussi jaillissants et qui constituent le marche-pied de
la divinité. Des cinq vases ainsi représentés, les eaux se réunissent donc en un cou-
rant sans fin. Du seul vase de droite, le végétal à triple tige, émerge. Sur la paroi du
trône, trois vases disposés en pyramides, sont sculptés, dont les eaux jaillissent et se
rejoignent.
Le dieu Ningizzida, de la main droite traîne son client, de la gauche soutient
l'un des vases que semblerait ainsi lui tendre la divinité principale. Fait aussi partie
du cortège, une divinité féminine, tiare unicorne, à longue tunique rayée verticale-
ment, qui lève les deux mains en signe d'intercession. La coiffure, le costume, per-
mettent d'identifier cette déesse avec un des génies féminins que l'on trouve associés
au vase jaillissant, ici auxiliaire de la divinité principale que l'on identifierait volon-
tiers avec Enki Un dragon ailé et à queue de scorpion, tiaré, la langue fourchue
menaçante, ferme la marche.
Agate.
L. : 0,032.
Cylindre C^^^ Scène de présentation (Fig. 43, c). La divinité qui reçoit est
debout, armée de la harpé, la jambe droite fléchie sortant du vêtement, le pied posé
sur un escabeau. On ne saurait l'identifier non plus que les autres, celle qui amène et
celle qui suit le fidèle. L'inscription de six cases doinme Gudéa, patési de Lagash, : <(
Lugalme, scribe, ton serviteur ». Rien dans la facture de ce cylindre ou dans le tracé
de l'inscription ne sort d'une honnête moyenne. C'est un objet dédié par un fonc-
tionnaire dévoué et bien intentionné.
Porphyre hrun (d'après Catalog'ue de Cleroq), basalte noir (d'après Menant).
256. Menant, Catalogue des cylindres orientaux du cabinet royal des médailles de la Haye, p. 59 et
1
pl. Vyl, n" 35 Heuzey, dans R. Ar. 1886, I, p. 194 et pl. VII, a ISA, p. 209.
; ;
257. Catalogue de la collection de Clerq, I, p. 13 et pl. IX, 84 Menant, Recherches sur la glyptique
;
261. Telloh, II, p. 90. E. Douglas vain Buren, Foundation Figures and Offerings, soutient une thèse
assez voisine. Le « clou » est en réalité lei montant de la porte, que la divinité tient et garde des deux mains.
43- Glyptique au nom de Gudéa et de divers patésis
204 TELLO
pierre déposées à proximité. On connaît ainsi deux figurines dédiées à Ningirsu,
trois à Galalim, une à Dunshagga.
Sarzec précise la localisation (cf. Fig. 3), de huit exemplaires :
deux autres ont leurs inscriptions effacées, mais une tablette portait une dédicace à
Dunshagga^^^ Quant au lieu de trouvaille, Sarzec parle d'un tombeau, au tell T^^, ce
qui semble bien étrange... Gros en signale un exemplaire au tell B
c) le taureau couché^^^. Deux exemplaires de ce type (Fig. 44, a et c). L'ani-
mal traité assez sommairement de profil à droite et la tête de face, est couché sur
une base qui sert de tête plate à un clou massif. Ges deux figurines accompagnaient
des tablettes commémorant la co>nstruotion du temple d'Inanna, l'Eanna. Le
lieu de
trouvaille demeure Tantôt on indique le tell M, tantôt le tell N
incertain.
Toutes ces figurines ont ceci de commun, qu'elles se terminent en pointe. Il
semble impossible de voir là une simple coïncidence. Les pointes ont une vertu efficace
sur laquelle nous ne revenons pas. Il est plus malaisé d'expliquer le pourquoi de la
dififérenciation des types, puisqu'on trouve tour à tour un dieu, un homme et un animal.
Dieu protecteur, homme travaillant à la fondation de l'édifice, on comprend facile-
ment cette représentation. Mais l'animal couché sur sa base ? S'il s'agissait d'un
animal féroce, par exemple un lion, on pourrait dire animal gardien. Ici cela n'est :
pas possible. Le taureau est-il alors l'attribut d'une divinité, représentée ainsi sym-
boliquement? Ou bien, emblème de fécondité, rappelle-t-il la prospérité attachée à
la construction? Ou encore, pourrait-il constituer la victime sacrificielle? Mais offerte
à qui? Aux esprits inférieurs, mauvais et ainsi apaisés? A
la divinité adorée dans le
sanctuaire? Gela semble moins probable. On dès que par delà les formes
le voit,
sensibles on s'efforce d'interpréter et de co reprendre, on se trouve régulièrement en
plein mystère.
*
* *
son nom, il semble justifié d'admettre que ce patési fut au pouvoir pendant
inscrits à
un temps assez long. On ne possède que quatre années datées avec certitude, aux-
—
Ain.née où le trône de Nanshe fut fabriqué^'".
—
Année où il creusa le canal (appelé)
•
Ningirsu-ushumgal »
<(
—
Année où il fabriqua la lyre (appelée) « ushumgal-Kalamma ))^^.
—
Année où il érigea le shar-ur^^^.
—
Année où il fabriqua la masse d'armes aux cinquante têtes de Ningirsu ^*
—
Année où il construisit le temple de Nindar
•
—
•
Année de la construction du temple de Gatumdug ^''^
religieux qui n'oublie pas que les fonctions civiles d'un chef d'Etat constituent en
quelque sorte un mandat qui lui est confié par la divinité. Fidèle à ses prédécesseurs,
il demeure l'adorateur fervent de Ningirsu, vénéré dans Veninnu reconstruit avec un
luxe qui montre bien l'attachement du patési. Mais il s'appuie cependant sur une divi-
276. RTC, 198 ; AO, 3319. D'après RTC, 199, ces trois dernières années se suivent.
277. CRA, 1902, p. 80. On peut cependant songer aussi à Ur-Ningirsu, RTC, p. V.
278. RTC, 2015 ; AO, 3347.
279. RTC, 221 ;
AO, 3367. Cette tablette est à exclure si elle mentionne une dynastie suzeraine aiatre
que celle des Guti, CRA, 1902, 0. 81.
280. RTC, 212 ;
AO, 3349.
281. RTC, 253 ; AO, 3351.
282. RTC. .191 ; AO, 3350.
283. Recueil de Travaux, XIX, p. 2.5.
284. Cette notationi d'après ISA, p. 199 sq.
LES NEO-SUMERIENS 207
nité plus proche, plus accessible, Ningizzida, dieu personnel et intercesseur. Sous ce
double patronage, Gudéa pouvait affronter les tâches multiples et il y révéla une
parfaite maîtrise. Sans guerre, il sut étendre le rayoninement de sa ville sur tout le
bas pays. Sans le titre, il dut disposer d'un prestige vraiment royal et l'on n'est pas
étonné de retrouver à Ur dans les fondations du temple de Ningal, une tablette à
son nom On comprend aisément aussi qu'il ait pareillement vénéré Enlil dans son
sanctuaire de Nippur^^^ Gudéa eut la réserve des sages. Il sut limiter ses ambitions
et éviter d'éveiller l'inquiétude puis l'hostilité de ses voisins. Rien n'indique qu'il ait
jamais connu quelque difficulté. On aimerait en savoir davantage. Il faut se contenter
d'en connaître très peu.
Deux femmes apparaissent dans cette existence, à tant d'égards si mystérieuse :
Ninalla, fille d'Uir-Bau et Gimdunpae. La première lui voua une petite statue fémi-
nine la deuxième une perle en agate. De cette famille royale, deux fils sont connus
; :
était revenu à son opinion de 1900, affirmant donc qu'Ur-Ningirsu patési et Ur-Nin-
girsu grand-prêtre, étaient bien deux hommes différents 2^^. Ce point nous semble
définitivement acquis car Ur-abba, patési de Lagash, est contemporain d'Ur-Nammu
et surtout nos fouilles de 1931-32 ont démontré qu'Ugmé avait pu succéder sans diffi-
culté à son père, Ur-Ningirsu.
Nous sommes donc très vraisemblablement avant l'avènement de la IIP dynastie
d'Ur et à la fin de la période Guti, dont les souverains de plus en plus insignifiants
ont laissé aux villes de Sumer une liberté de mouvement quasi totale. Et cela
explique le regroupement des forces au cœur des vieilles cités à Lagash (Gudéa, ses :
285. U. 3244.
286. C'est la seuile explication, de la tête au turban recueillie ipar Haynes sur ce chantier, supra p. 170.
287. ScHEiL dans RT (XXXVII) (1915/16), p. 128.
288. Monuments Piot, XXVII, p. loi sq.
Brique A, ISA, p. 209.
289.
Heuzey, Catalogue, p. 53. Même opinion chez King,
290. d'a!près qui, Ur-Nammu aurait déposé
Ur-Ningirsu patési et l'aurait remplacé par Ur-abha. Ur-Ningirsu aurait été affecté à un office religieux,
A History of Sumer and Akkad, p. 276.
291. RTC, p. V et ISA, p. 209.
292. ZA, XV (1900), p. 407.
293. Monuments Piot, XXVII (1924), p. 109.
208 TELLO
Ces forces rassemblées, la lutte pour l'hégémonie va rapidement reprendre et ce sera
l'avènement de la dynastieV d'Uruk (Utu-hegal) qui devra très rapidement céder le
pas à la IIP dynastie d'Ur (Ur-Nammu). Lagash n'aura pas osé tenter sa chance
et ses princes suivront, dans le sillage du vainqueur. Pour le moment, on y connaît
encore des jours de grandeur et de facilité, architectes et sculpteurs rivalisant et dis-
posant de moyens étendus. Tout cela s'est trouvé précisé et illustré par les dernières
campagnes conduites à Tello de 193 1 à 1933, confirmant l'apport des clandestins
de 1924.
D'Ur-Ningirsu patési, nous avons trois statues qui ne sont pas toutes d'excel-
lente venue. La plus célèbre est celle du Louvre qui provient d'une acquisition, suite
aux 1924^^*. Acéphale, en albâtre gypseux, cette sculpture
fouilles clandestines de
(Pl. XXIII, une réplique étonnante des statues de Gudéa debout, mais avec une
h), est
perfection dans l'achèvement et dans le rythme qui s'explique à la fois par la matière
facile à travailler et par le génie extraordinaire du sculpteur qui la dressa. Le corps
vit sous le vêtement classique, mais avec le galbe des hanches et une harmonieuse
chute. Les plis sont à peine esquissés sur le bras gauche, à l'aisselle droite et les formes
légères se détachent, juvéniles. Car il s'agit d'un prince jeune, comme le montre la
tête qui est entrée dans une collection américaine privée et dont un moulage a pu être
réadapté, sans grand manque, sur le corps acéphale du Louvre (c). Le patési a les
mains jointes et les pieds nus. Ceux-ci finement modelés reposent sur un socle orné
de sculptures en fort relief. En deux files symétriques, huit porteurs de corbeilles se
rencontrent sous les pieds du patési. Ces tributaires, agenouillés, ont le torse nu mais le
dos recouvert du coltin, comme il convient à des porteurs. Vêtus du pagne à ceinture
roulée, la coiffure lisse à jDandeau strié, ils tiennent des deux mains un panier en
roseau tressé, d'où émergent des vases de huit types différents. Ceux-ci, d'une manière
générale, sont figurés renversés, donc vides. Genouillac en a donné une étude très
poussée et conclut d'aiprès les formes « qui ne correspondent pas absolument aux
plus courantes à l'époque d'Ur IIP dynastie » qu'il s'agit peut-être d'importations
amorrites, les tributaires étant considérés comme étrangers. Sauf un, tous sont barbus,
et d'un type ethnique où il semble en effet bien difficile de reconnaître des Sumériens.
Les deux chefs de file se distinguent en outre de leurs compagnons par une sorte d'ai-
grette frontale qui se dresse obliquement, hors du bandeau,
L'inscriptioin gravée dans le dos assure l'identification et indique que la statue
provient du temple de Ningizzida déjà bien garni par Gudéa. Le fils avait donc gardé
au dieu patron de son père, la même vénération. Le texte indique « A Ningizzida :
son dieu, Ur-Ningirsu patési de Lagash, fils de Gudéa, patési de Lagash, qui
l'Eninnu de Ningirsu a construit, sa (propre) statue de pierre sculpta cette statue ;
((
Je suis celui qui aime son dieu que ma vie soit prolongée
: » De ce nom, il la
!
Albâtre gypseux. ~
H. : 0,46.
Fouilles clanidestines de 1924.
Au Louvre, AO. 9504.
Statue du Musée de Berlin^^^. D'un sculpteur moins habile, pour ne pas le
294. Thureau-Dangin, Statuettes de Tello, dans Monuments Piot, XXVII (1924), pp. loi sq.
295. Telloh, II, pp. 113-114.
296. AfO, V
(1928-29); pl. IV, I.
LES NEO-SUMERIENS
juger plus sévèrement (Fig. 46, c), cette pièce de Berlin n'ajoute rien à la gloire du
patési. Ur-Ningirsu imberbe, mais le crâne arraché, le nez élimé, tient des deux mains
le chevreau du sacrifice. Le visage est empâté et sans vie.
Statue d' Ur-Ningirsu barbu ''^^ On retrouve une sculpture plus digne dans le
deuxième buste de Berlin (Pl. XXIII, a). Cette fois le patési porte la moustache et une
barbe fournie, bouclée sur quatre rangs, qui modifie totalement sa physionomie.
Une mutilation sévère a cassé le nez et endommagé la bouche, ce qui n'améliore pas
l'expression et rend toute aippréciation d'ordre artistique presque impossible. Les yeux
sont très grands, en relief dans le creux, ombragés par d'épais sourcils striés. Un
bonnet avec une stylisation curieuse recouvre la tête qu'il épaissit et rend plus lourde.
Le corps est par contre soigneusement modelé et exécuté avec une application qui
rappelle la statue du Louvre. Mais il ne reste ici malheureusement qu'un, buste.
B. Meissner a pu montrer grâce à ce document avec quelle prudence il fallait
présumer du type ethnique des individus, en se basant sur le port de la barbe, ou sur
le visage imberbe, puisque le même personnage qui ne peut être à la fois sumérien
Louvre.
pointue un autre a la barbe et une abon dante chevelure qui retombe de part et
;
d'autre du visage en deux tresses épaisses. Têtes chevelues et têtes rases, on peut
difficilement trouver un exemple plus net de la contemporaiineté de ces modes dis-
semblables.
Stéatite.
H. 0,09; d. 0,15.
: :
Coquille inscrite^^^. Parmi les coquilles trouvées par de Sarzec, une porte une
inscription d'Ur-Ningirsu, patési de Lagash, pour Ningirsu.
H. : 0,06.
Louvre, AO, 209.
297. B. Meissner, Sumerer und Semiten in Babylonien, dans AjO. V (n 928-1 929), pl. IV, 2 ;
Die
Bahylonisch-Assyrische Literatur, 1927, pl. I.
298. Découvertes, p. 161 et pl. 21, fig. 5
;
Catalogue, p. 255.
299. Découvertes, plu 46, 9.
14
_
2 lO TELLO
Briques inscrites Ce sont, sauf erreur, toujours des briques estampées.
D'habitude de module carré (0,31), elles portent le texte gravé dans un cartouche carré
de deux colonnes. Elles donnent régulièrement la même mention « A Ningirsu, :
guerrier fort d'Enlil, son roi, Ur-Ningirsu, patési de Lagash, fîls de Gudéa, patési
de Lagash, qui Veninnu de Ningirsu a construit, son gigunu chéri en bois de cèdre
aromatique construisit ».
On n'a aucune précision quant à l'endroit où Sarzec ramassa ce type de briques.
Gros n'en signale pas. Genouillac trouva une brique « ronde » commémorant l'érec-
tion d'une grande porte élevée pour le temple de Nanshe et un fragment relatant
l'érection d'une porte sublime bouche de justice n^^, mais aussi d'autres fragments
((
Plusieurs objets en pierre sont conservés au British Muséum. Parmi eux il faut
signaler une masse d'armes, dédiée à Ningirsu
: une crapaudine un « objet circu-
; ;
207 AO, 3325), l'autre de l'élection d'un haut dignitaire religieux (RTC, 209 AO,
; ;
3326). Sont peut-être aussi de Ur-Ningirsu, des tablettes datées de l'élection du X-abba
(RTC, 210, 211). Il est cependant certain que le ifils de Gudéa resta en place plus de
trois ans ^"^ Le monument retrouvé par nous au tell de l'Est ne s'expliquerait pas
autrement.
Ugmé. Un
des résultats importants de nos campagnes 1931-1933 à Tello, fut
d'établir que leUr-Ningirsu avait été remplacé par son fîls Ugmé dans la fonc-
patési
tion gouvernementale. Du coup l'identité d'Ur-Ningirsu patési et Ur-Ningirsu grand-
prêtre tombait définitivement puisqu'il était prouvé par un texte que la succession
s'était opérée régulièrement et naturellement. Les rois d'Ur n'étaient' donc pas déjà
entrés en scène comme on le croyait généralement et Lagash jouissait toujours de
l'indépendance et certainement d'une grande prospérité.
Ugmé était déjà connu par quatre textes :
contre le taureau, et cette légende : « Ugrné, patési de, Lagash, Ur... le devin, ton
serviteur »
2. Un
fragment de bulle, avec empreinte représentant une scène de présenta-
tion et cettelégende Ugmé, patési de Lagash, Ur... scribe, ton serviteur »
: '((
3 et 4, Deux tablettes dont l'une (n° 183) avec la date « Ugmé, patési année : :
de Gudéa se poursuivait donc, ce qui suppose une belle stabilité dans l'influence
d'une famille aussi puissante que si elle avait reçu réellement la couronne royale.
C'est d'ailleurs tout ce que nous savons et le petit-fils de Gudéa risque fort d'avoir
été le dernier patési indépendant, si comme nous le croyons, il fut remplacé par Ur-
abba, qui lui, dut s'incliner devant la dynastie nouvelle fondée à Ur, par Ur-Nammu.
Ugmé fut à Lagash associé à son père Ur-Ningirsu, dans la construction d'un
énorme ensemble architectural dont il convient maintenant de dire quelques mots.
« L'hypogée des patésis » Nous avons raconté ailleurs à la suite de ^''^
A. Groupe I (occidental). Les deux chambres (i, 2), sont délimitées par trois
rencontrer la base de la construction » son ouvrier prétextant les djinns... Lui non
plus, n'avait rien recueilli.
Les (( enclos ». Les trois côtés de ce que nous avons appelé
enclos » (5, 6), a
sont limités par des murs, le quatrième venant buter sur la pente du vallon utilisé
par les architectes de Tello pour leur mon ument. Ceci explique la construction en
échelons des grands murs latéraux des chambres, plus longs à l'ouest (chambres i
et 2) qu'à l'est (chambres 3 pente du terrain étant plus brusque à l'est qu'à
et 4), la
l'ouest. Le terme « sans doute impropre si l'on s'arrête à cette enceinte
enclos » est
qui ne ferme pas mais il rend compte assez bien, croyo^ns-nous, de l'utilisation de
ces espaces de terrain, réservés entre les chambres et murs extérieurs et prévus sans
doute pour renforcer l'isolement oij l'on voulait tenir ces emplacements par rapport
aux installations privées, retrouvées nombreuses au N.-O. Ces enclos étaient bourrés
littéralement de terre battue, identique à celle qui bouchait les couloirs d'accès. Elle
était à peu près complètement stérile, sauf aux environs de la tête (c') du mur d'en-
ceinte nord du Groupe I, au pied de laquelle on avait déposé toute une collection
de cylindres.
Le dégagement des deux enclos nord et sud, poussé jusqu'à la base de
l'édifice et arrêté seulement par les eaux d'infiltration, s'accompagna de la décou-
verte d'installations dont le caractère cultuel ne semble pas faire de doute et
absolument intactes.
45- « Hypogée des patésis » Ur-Ningirsu et Ugmé
214 TELLO
Dans l'enclos sud {Fig. 45, 6 et pl. XXV, b), à plus de trois mètres sous l'assise
supérieure actuelle du mur sud de la chambre un « autel » (a) était engagé
i,
(i m. 58x0 m, 65 X r m.), construit avec le plus grand soin. Les briques de modules
divers (moy^enne 32 cm. x 22x4.5) légèrement piano-convexes, étaient disposées sur
des lits de bitume, armés de roseaux. Cet emploi de matériau archaïque ne saurait
toutefois faire illusion sur la datedu monument, car dans l'autel, deux briques avec
la marque d'Ur-Ningirsu, furent enlevées. Cet autel était encastré dans un dallage
débordant de part de briques archaïques, au milieu des-
et d'autre, construit aussi
quelles deux briques d'Ur-Ningirsu avaient été placées. Proche de l'autel mais en
quelque sorte le surplombant, au point de jonction de la base du trident et du mur
de l'enceinte sud, un énorme massif (m) en briques cuites, certainement ajouté après
coup, fut démonté soigneusement par nous. A l'intérieur, un conduit était ménagé,
rempli de terre battue, se dirigeant vers l'autel. Nous pensons qu'il avait été prévu
à cet endroit, pour amener vers les profondeurs du sol, l'eau des libations faites dans
les superstructures.
Dans l'enclos nord, un autel (a') jointoyé au bitume, un peu plus large que
l'autel symétrique de l'enclos sud (i m. 50 x o m. 92 x i m. 15) apparut, lui aussi
engagé dans le mur nord de la chambre 2. Ici, le dallage d'encastrement manquait.
Tout fut laissé en place, la démolition de l'autel précédent n'ayant rien révélé de
suspect. Il s'agit, croyons-nous, de tables à offrandes, enfouies par la suite ce qui
explique leur conservation, quand les enclos furent comblés de terre tassée.
B. Groupe II (oriental). Ce groupe est de pian identique, avec cette différence
toutefois que les couloirs d'accès aux chambres in 'existent plus et que l'enceinte exté-
rieure nord, fut après coup, considérablement prolongée en ligne droite (9). Trois
murailles, longues seulement de 7 m. 50, larges de i m. 75 environ, viennent buter
contre un mur à fruit sensible (largeur au sommet 2 m. 35 à la base 2 m. 75), pro-
;
longé au nord et au sud, par une double incurvation. Les trois murs parallèles
s'arrêtent brusquement en massifs trapus, formant intérieurement pilastres qui déli-
mitent ainsi deux sortes de chambres oblonges, mais beaucoup plus spacieuses que
leurs symétriques du groupe I, la largeur étant cependant sensiblement la même.
Chambre j (4 m. x i m. 84). Au fond, face à l'entrée, se trouve la niche en
porte à faux (i m. 84x0 m, 40x0 m. 27) dont la tablette est en saillie de o m. 24
sur le parement du mur. Une étroite banquette court le long de la paroi nord
(3 m. 20x0 m. 15), partant du fond de la niche et venant buter, du côté de l'entrée
de la chambre, à un ressaut de 5 épaisseurs de briques (i m. 06x0 m. 57x0 m. 37)
adossé à l'angle intérieur du pilastre. A ce ressaut, fait face de d'autre côté
de l'entrée, un autre ressaut, plus petit, construit de briques assez, mal appareillées
(o m. 40x0 m. 35x0 m. 80), son assise inférieure arrivant sensiblement à la hau-
teur de l'assise supérieure de son vis à vis. Il y a là vraisemblablement les débris d'un
dallage. Comme dans les enclos, les briques sont de type archaïque, faites à la main
et de modules très variés (32 cm. x 22 x 6 35 x 24 x 5,5
; 32 x 22,5 x 7,5). L'entrée se
;
présente irrégulière, du fait des pilastres qui ne tombent pas verticalement et sa lar-
geur varie de o m. 85 à o m. 55. On a bien l'impression qu'elle fut assez rapidement,
sinon immédiatement, murée.
Chambre 4 (3 m. 63 x i m. 91). Comme dans toutes les autres chambres, face
à l'entrée, la niche en porte à faux (i m. 92 xo m. 41 xo m. 25) dont la tablette est en
315. O-n peut songer à titre de oomparaiison, à des rites très proches signalés dans la nécropole d'Ur,
WooLLEY, Ur Excavations II, The Royal Ceinetery, pp. 95-103, 192.
LES NEO-SUMERIENS 215
demi-briques (30 x 15x6) briques au moule mais avec trace de doigt sur la surface
;
plane (28 x 19x6,5) briques faites à la main (30 x 19x6). Le tout, précipité sur des
;
milliers de vases cassés et pêle-mêle avec des centaines d'objets intacts cylindres,
:
Si les dépôts furent faits abondants sur les quelque quarante mètres carrés du
couloir dallé (c), d'autres points en reçurent aussi, au cours même de la construction. Au
voir proposer autre chose hypogée de quatre tombes avec lieu de culte funéraire,
:
barque symbolisant le voyage du mort et la tombe, qui à toutes les époques, prévoyait
deux parties distinctes, voire même éloignées l'une de 'autre, une fermée pour les
l
défunts, l'autre accessible pour le culte. Nous avions vu enfin une réalisation identique
dans son intention, entre le culte funéraire qui se déroulait à Ur, au-dessus des
caveaux de Dungi et de Bur-Sin et à Lagash, au centre de l'hypogée, mais en
contre-bas. Ce culte funéraire, les offrandes recueillies par nous, avec l'abondance que
l'on sait, l'impliquaient formellement.
Rien malheureusement ne peut être tiré des textes. Recueillies dans les décom-
bres ou encore in situ, les briques assurent la datation mais non l'interprétation. Elles
portent une dédicace à Ningirsu Si d'après le texte B ^, le gigunu ne semblait
(( Pour Ningirsu, le héros fort d'Enli], Ug-mé patési de Lagash, fîls d'Ur-
Ningirsu, patési de Lagash, l'élu de Nanshe, l'appelé de Ningirsu, le fils enfanté
par Ninsun, le réservoir (?) du canal Ur-sag-a-ni, a fait. »
Ici encore, rien à tirer pour l'interprétation du monument mais seulement pour
sa datation.
Quant aux clous de terre, ne fournissent que des indications inuti-
inscrits, ils
2 dédiés à Galalim (T. 140, 188 texte dans ISA, p. 202, x).
;
Plus inattendus furent les deux clous de Dungi, roi d'Ur, dédiés l'un à Nin-
girsu (T. 234 ISA, p. 270, d), l'autre à Nanshe (T. 459). Un clou d'Ur-Nammu avait
;
quels : I au nom d'un roi d'Ur, 273 à celui de Gudéa, dont' 126 à Ningirsu, 17 à
Dunshagga, 12 à Bau, 10 à Galalim, i à Gatumdug, i à Dumuzi, i à Innana,
Rien du premier lot (groupe I) n'était in situ. Par contre le deuxième se carac-
térise en ceci que les 274 pièces furent ramassées dans le même secteur très limité
et comme enfouies volontairement dams un bloc de terre battue. Il convient de sou-
ligner, en tout cas, que de Gudéa nous n'avons que des clous et pas une seule brique.
Que conclure de ces indications architecturales et épigraphiques ? Si l'on con-
sidère en quelle étroite relation on a tenu les patésis et la prospérité matérielle de la
ville, ce qui amena les citoyens à leur vouer un véritable culte il apparaît certain
que les citoyens de Lagash se préoccupèrent tout particulièrement de maintenir étroites
les relations qui les unissaient à leurs princes. Ceux-ci,
à leur tour, étaient tout aussi
soucieux de ne pas perdre ce contact après leur mort, car si l'on songe d'habitude
323. A l'époque de la IH" dynastie d'Ur, la statue d'Urgar était l'objet d'un culte, Radau, Early Baby-
lonian History, p. 327 ;CRA, igo2, p. 7g, note i. Il en sera de même pour celle de Gudéa, aux temps de
Giimii,l-Sin, Recueil de Travaux, XVIII, p. 66. Pour le culte des rois à l'époque d'Ur III Thureau-Dangin,
ET, XIX (1907), p. 185-187.
LES NEO-SUMERIENS 219
aux préoccupations de ceux qui restent, on oublie généralement que ceux qui par-
tent, en eurent souvent d'identiques. Or il est certain que la nécropole royale était
par excellence le lieu le plus favorable à ce dessein. Cependant si l'on hésite à voir
là les sépulcres mêmes des patésis, évidemment soucieux d'assurer l'inviolabilité de
leurs sépulcres en les dissimulant, ce qui excluait par conséquent, tout culte funéraire
officiel et permanent, on pourrait admettre ceci :
à Urgar (le taureau antrocéphale au nom de ce patési a été en effet, nous le rappelons,
ramassé (en t) à proximité immédiate du couloir central), une à Gudéa, une à Ur-
Ningirsu, la dernière à Ugmé. Tous les quatre faisaient en effet partie de la même
lignée : Urgar et Gudéa avaient épousé les deux soeurs et Gudéa avait transmis sa
charge à son fils qui lui-même devait avoir son fils comme successeur.
Le monument du tell de l'Est apparaîtrait ainsi comme un édifice symbolique-
ment sépulcral —
le catafalque dressé dans les églises à des cérémonies anniversaires
est lui aussi vide et pourtant on l'entoure comme s'il recouvrait le cercueil du défunt
commémoré —
et aménagé en lieu de pèlerinage. Les citoyens de Lagash s'y rendaient
et y défilaient processionnellement en déposant au chevet même des pseudo-sépulcres,
les offrandes destinées à maintenir serrés les liens les unissant aux princes disparus,
mais toujours agissant et se manifestant par les signes visibles de la fertilité, des eaux
vivifiantes de la bienfaisante inondation, de la fécondité des troupeaux.
Que cette préoccupation d'assurer la fertilité du pays en maintenant les liens
unissant citoyens et rois défunts ait été particulièrement éprouvée et qu'elle soit attes-
tée archéologiquement, à Ur en particulier, c'est ce qu'ont estimé plusieurs orienta-
listes^*. Si au moment des tombes royales, c'est-à-dire à l'époque des premiers
patésis de Lagash, on n'hésitait pas à aller jusqu'aux immolations d'êtres humains, à
l'époque de Gudéa, ces sacrifices avaient été singulièrement atténués et les seules
offrandes étaient désormais celles de 'a céramique, des figurines et des cylindres.
En effet, les centaines d'objets ramassés, les milliers de vases cassés au moment
de la destruction, indiquent assez en quelle faveur on tint cet emplacement. Que deux
patésis y aient consacré tant d'efforts, car la masse est énorme qui nécessita des tra-
vaux et des matériaux dont l'accumulation représentait des dépôts gigantesques, jette
un jour nouveau sur les croyances religieuses du temps et le rôle tenu dans la cité par
ceux qui avaient reçu la charge et la responsabilité de veiller sur son destin.
Cette période recouvre un peu plus d'un siècle, car il semble bien que le fon-
dateur de la dynastie d'Ur étendit rapidement, sinon immédiatement, son pouvoir
sur Tello. D'Ur-Nammu au dernier roi Ibi-Sin, on compte en effet de 105 à 112 ans,
selon les estimations les plus modérées. Les trouvailles abondantes de tablettes faites
324. s. Smith, dans JRAS, 1928, p. 849 sq ; F. Bohl, dans ZA, nouvelle série V, p. 83
;
Frankfort,
dans JRAS, 1937, p. 330 sq. ;
Contenau, Le déluge babylonien, p. 173. Pour une communion entre vivants et
morts, voir aussi le texte d'Assurbanipali signalé par Maîlowan à propos du Niggarana de Si-n-idinnam à Ur,
AJ, VII (1927), p. 421.
220 TELLO
à Lagash de 1898 à 1900, à Dréhem en une lumière précieuse sur cette
1910, ont jeté
époque au cours de laquelle Lagash, vassale d'Ur, est administrée par une douzaine
de patésis qui s'efforcent de maintenir la prospérité passée sans effaroucher le
vainqueur.
Les n'ont malheureusement rendu que peu de monuments
fouilles quelques :
installations privées mais peu d'objets. Assez 'cependant pour nous montrer que la
civilisation continue, sans modifications sensibles, dans la ligne tracée, à tel point
que rien ne la distingue de celle illustrée par Gudéa. Sans doute la ville n'a-t-elle
connu que des années de paix parfaite et son dernier administrateur Arad-Nannar,
après avoir conquis la confiance totale de ses suzerains qui s'en étaient remis à lui
de la surveillance de quelque douze villes ou provinces, aurait pu aisément se dresser
contre ses maîtres et fonder lui-même sa propre dynastie. Comme Gudéa, il n'osa pas
ou ne voulut pas tenter sa chance qui était grande, sinon totale et la IIP dynastie
d'Ur s'écroulant sous les coups des Amorrites et des Elamites, Lagash changea de
martre, une fois de plus. Ce sera d'ailleurs sa destinée après Ur, Isin, Larsa, il lui :
faudra admettre Babylone. Ces transferts successifs ne semblent d'ailleurs jamais avoir
provoqué de conflits et la ville conserva ainsi les douceurs de la paix.
a) Lagash au temps d'Ur-Nammu. La paix n'avait pas dû être troublée quand
le patési Ur-Nammu, vassal d'Utu-hegal d'Uruk, qui venait de se proclamer roi d'Ur,
puis de Sumer et d'Akkad, fit reconnaître son autorité par les habitants de Lagash.
Garda-t-il le patési en place ou en imposa-t-il un nouveau? On ne saurait le préciser
avec certitude. Ce qui est établi en tout cas, c'est le synchronisme entre Ur-Nammu
et le patési Ur-abba, puisque des tablettes les associent formellement.
On trouve ainsi mentionnées sur RTC, 264, l'année de l'avènement d'Ur-abba
et consécutive à celle-là, l'année de l'élection du fils du roi Ur-Nammu à la dignité
de grand-iprêtre d'Ishtar à Uruk. Sur RTC 261 et 263, Ur-abba est patési quand
(( Ur-Nammu dirigea ses pas du bas en haut » Sur RTC, 265, sous le même
patésiat, une année est datée de la construction du temple de Ninsun. On a ainsi la
certitude qu'Ur-abba resta en place au moins quatre ans^^
De l'activité d'Ur-Nammu à Lagash, on ne sait rien. On ne peut en effet tirer
argument du seul document sorti des fouilles, un clou avec dédicace à Nannar et
mention du canal Nanna (r) gu-gal, creusé certainement ailleurs qu'à Tello De ce
clou découvert par Cros des répliques ont été recueillies par nous en 1932^^ et
toujours dans des zones bouleversées.
b) Lagash au temps de Dungi ( = Shu1gi). Le deuxième roi de la IIP dynastie
d'Ur, Dungi laissa à Lagash plus de traces et son règne un des plus brillants —
qui soient —
fut celui d'un grand politique. Thureau-Dangin a montré les étapes
de cette ascension remarquable qui recouvrit près d'un demi-siècle roi d'Ur, roi :
325. Delaporte, Le Proche-Orient asiatique, p. 34, nVn cite que sept : Ur-abba, Lukani, LuandW,
Ur-Lama I, Alla, Ur-Lamma II, Arad-Naninar.
326. AO, 3331.
327. Se rapportant au même personnage rappelons le sceau isur une tablette non datée (RTC, 287,
:
AO, 3543) de Bashagga son serviteur (ISA, p. 211 Delaporte, Catalogue des cylindres... T. 163 Catalogue
; ;
des Cylindres de la Bibliothèque nationale, p. XXXII, n° 23). Un fonctioininaire imiportant, du même nom,
vivait sous Bur-Sin (Radau, Early Babylonian History, p. 42t;), vraisemblablement celui dont Gros recueillit la
trace sur des fragments de masse d'arme® et qui portait le titre de sukkall-ma'h = grand vizir (NFT, p. 241 et
244). Il faut évidemment le distinguer du patési.
328. Contre Woolley, Les Sumériens, p. 13g.
329. NFT, p. 138, pp. 167-170 ISA, p. 267.
;
de Sumer et d'Akkad, puis roi précédé de l'étoile des dieux enfin roi des quatre
régions L'examen des années de règne est tout aussi évocateur. Pendant les vingt-
quatre premières années, Dungi forge sa puissance militaire et seuls des événements
religieux semblent accaparer Brusquement
ses armées s'ébranlent et le glaive
le roi.
Ganhar, Simuru Harshi (en Elam), Anshan, Shashru, Lulubu, Urbillu, Kimash,
Humurtu et c'est sur une courte trêve que s'achève cette longue épopée.
Cependant le roi ne se laissait pas absorber par ses campagnes. Il reprenait la
tradition de son père en construisant, maintenant ou restaurant les sanctuaires élevés
par lui à Ur, Uruk, Larsa, Nippur, Eridu, « qu'il aimait beaucoup » mais en y
ajoutant encore, par exemple à Suse et à Kuta pour se concilier les divinités des
peuples soumis. On le retrouve aussi à Lagash où il « construit » les temples de
Ningirsu de Ninmar de Nanshe L'eninnu re^ienf de même ses soins Cette
vénération des dieux étrangers, un des traits de la politique des rois d'Ur, avait d'ail-
leurs sa contre-partie. A Lagash un temple dédié à Dungi avait été élevé où un culte
était célébré De plus, la fête de Dungi » avait donné son nom au 7" mois, appelé
<(
ralement ex-^voto voués pour la vie du dit roi, par des sujets, hommes et femmes de
Lagash. Ainsi Lukani (lu autrefois Galukazal ou Lukazal) patési, voue un vase à
Ningirsu cependant que Halalama sa fille, dédie à Bau, une statuette « féminine »
Il apparaît en outre très probable, sinon certain, que la perruque du British Muséum
(Fig. 46, /), vouée à Bau et qui donne le synchronisme sur lequel nous reviendrons,
entre Dungi et Ur-Ningirsu, grand-prêtre de Nanshe, fut aussi trouvée à Tello De
même aussi le sceau A consacré à Meslamtaea
« roi d'Ur, roi de Sumer et d'Akkad n. Brique A, Ur (ISA, p. 269). Brique B, Ur (ISA, p. 269).
Brique C, Suse (ISA, p. 271). Clou Tello (ISA, p. 271). Pierre de seuil (ISA, p. 271). Tablette f
(ISA, p. 271). Tablette Tello, B (Découvertes, pl. 29, 4). Tablette Tello, C (Découvertes, pl. 2g, 3).
Tablette D
(ISA, p. 273). Tablette Nippur (ISA, p. 273). Tablette F (ISA. p. 273). Tablette G
(ISA, p. 275). Tablette Suse, I (ISA, p. 275). Tablette Suse (ISA, p. 352). Statuette Tello (Décou-
vertes, pl. 21, 4). Sceau B (de Clercq, n° 86). Sceau C, Tello (ISA, p. 279). Sceau D, Tello
(RTC, 417).
« roi d'Ur, roi des 4 régions ». Tablette pierre, A (ISA, p. 271). Poids A (de Glercq, II, pl. VIII, 3 ;
ISA, p. 275). Poids B (ISA, p. 277). Perle en cornaline, Suse (ISA, p. 277). Sceau F, Tello
(RTC, 418).
335. Sans doute dans la région de la Diyala, CRA, 1902, p. 85.
336. KiNG, Chronicles concerning Early Babyl. Kings, II, p. 11.
337. Brique C, Tablette f, ISA, p. 271 Canéphores, ISA, p. 352-.;
345. Découvertes, p. 46, 159 et pl. 21, 4 ISA,p. 277, w. On peut toutefois se demander par compa-
;
raison avec la statuette d'Idi-ilum de Mari (Syria, XIX (1938), pl. VII, i), si le caractère de l'objet n'est pas
plutôt masculin et si Halalama n'est pas le fils du patési et non sa fille.
346. CT, V, 12218, KiNG, A History of Sumer and Akkad, p. 206 Ars Asiatica, XI, p. 33 et ;
347. ISA, p. 279, s. Deux masses associent Dungi et Meslamtaea, van Buren, SymboLi of the Gods,
222 TELLO
D'autres sceaux, dédiés à Dungi, proviennent certainement de Tello. Ce sont
par exemple ceux :
—
un torse très mutilé de porteur de chevreau, avec restes d'inscription ^ un ;
bas de petite statue, avec jambe dégagée (Fig. 46, h) un fragment de vase sculpté ;
coupe en brèche grise (inédit), avec dédicace de a Menamninna son épouse » peut- ;
351. RTC, 418 ISA, p. 281, sceau F ITT, IV, 7217, 7241.
; ;
352. AO, 435g ISA, p. 281, sceau G NFT, p. 143 Delaporte, Catalogue, T. III.
; ; ;
Tablette de pierre (inédite), avec dédicace à Inanna, TP, 1459; AO, 16650. Fouilles
1933
Voici le texte de la tablette (Pl., XXII, b et c), dont nous devons la traduction
à M. Nougayrol « Pour Innina, dame de l'exaltation céleste, dame reine des dieux,
:
Cité par Reissner, Tempelurkunden von Tello, TT, 121, XVI, 4-5.
Empreintes de cylindres.
Présentation. Légende : Ur-Lama, patési de Lag-ash, Mani scribe, fils d'Ur-Lama,
ton serviteur. ITT. IV, 7494.
Gilg-amesh et Enkidu combattant les fauves. Lég^ende Ur-Lama, patési de Lag-ash, :
Présentation. Lég"ende Urnig-ingar, scribe d'Ur-Lama, AO, 3548, 3549; RTC, 420,
:
Pour d'autres mentions, Keiser, Patesis of the Ur Dynasty, p. 18; Barton, HTC, I,
n° 17, P- 15, n° 149.
Empreinte de cylindre.
Lég-ende patési de Lagash, Ur-Ninmar, fils de Lu (Utu) ton serviteur. AO,
: Alla,
3550. RTC,
424; ISA, p. 211; Delaporte, Catalogue, T. 172; ITT, 7226.
Autres mentions sur tablettes ou enveloppes :
RTC, 414 (AO 3452).
ITT, II, loio; IV 7564, 7569. ,
Un cylindre dédié à Dungi porte cette légende Allamu fils d'Urshaggamu patési » :
(ITT, II, appendice looi) qui est sans doute identique à Alla. Celui-ci eut un fils, Ur-Nanshe
d'après ITT, IV, 7850 ^eo.
Enfin, une statue en calcaire (Fig. 46, b), entrée récemment au musée de Bagdad
(n° 8630) à la suite d'une confiscation, est celle du patési. Il est représenté vêtu du
kaunakès, épaule droite nue et il tient de ses mains croisées un long bâton. Une
359. On peut citer encore, sur ITT, II, 4312, pl. I : Abbakalla, eervit-eur de Lukani. Cf. aussi ITT,
III, 6250.
360. Keiser, Patesis of the Ur Dynasty, p. 18.
224 TELLO
inscription est gravée à l'angle de la base Malheureusement cette statue est acé-
phale. Elle provient vraisemblablement des fouilles clandestines faites à Tello en 1924.
ITT, II, 3272, 936, 759, 923 (Dung^i); II, 752, 3516; III, 6437 (Bûr-Sin).
CT, 14612, 12231, 19024, 21340, 13138, 18346, 14308 (Dungi) 12913, 18933.
TT, 13, 26 (Dung-j) 60 (Bûr-Sin).
;
Legrain, Le temps des Rois d'Ur, 24, 26, 117, 118 (Dungi).
Genouillac, Trouvailles de Drehem, 29.
Barton, Haverford Lihrary Collection. Nous citons H
LC, II, 10; 1, 309 II, 80; II, 72. ;
Une empreinte de cylindre d'UrLama dédié à Dungi (ITT, IV, 7241) et des empreintes
de cylindres de scribes dédiés à Ur-Lama {ITT, IV, 7165 h, 7237, 7270, 7478). Voir aussi
une tablette [TT, 126) donnant le nom d'Ur-Bau, fils d'Ur-Lama patési. D'après une autre
tablette [HLC, I, 220), Ur-Lamma avait un autre fils du nom de Lugalsiggid.
Cette seule nomenclature ne suffit pas pour caractériser le rôle que tient alors
Lagash dans l'histoire du monde sumérien. L'étude des tablettes révèle l'importance
de la ville qui apparaît comme un relais sur les grandes artères de circulation et
principalement sur la 'route qui réunit Ur à l'Elam. Le roi d'Ur surveille de très près
l'administration des provinces conquises par lui vers la 28® année de son règne et qui
toujours semble-t-il, sont en arrière de la main »
<( Aussi les émissaires circulent
sans arrêt. Lagash constitue pour eux une étape où ils s'arrêtent régulièrement et
les patésis ont à leur verser les quantités bien précisées de farine, de boisson fermentée,
d'huile, qui leur sont allouées soit pendant leur séjour dans la ville », soit comme
<(
361. Jl Guide to the Collection in the Iraq Musntm, p. 65, pour qui la statue est celle d'un « voî ».
La reproductio'n qui est donnée de cet objet (p. 66) est trop petite et trop sommaire pour que l'inscription soit
utilisable sur cette photographie. Nous ne savons si elle a été publiée.
362. Nies, IJr Dynasty Tablets, p. 49.
363. Cf. les dates des années 35, 47, 49, RLA, Datenlisten, p. 141-143.
364-. D'après les tablettes publiées par le P. Ssheil, RT, XXII (1900), p. S sq., on voit que des
barques circulaient entre Lagash et Suse. Il fallait deux mois pour faire le voyage aller et retour.
365. Pour tout cela, Thureau-Dangin, dains CRA, 1902, pp. 87-91.
LES NEO-SUMERIENS 225
Lorsque Dungi disparaît, la dynastie est bien assurée. Dans une tombe vrai-
ment royale, monarque est enseveli. Son fils Bûr-Sin
le lui succède sans difficulté.
c) Lagash au temps de Bûr-Sin (Amar-Sin). Ce n'est pas que son règne ait
été de tout repos. On constate au contraire que sur neuf années, trois furent marquées
par des expéditions à l'extérieur Urbillu (2® année), Shashru (6^), Huhunuri (7^).
:
Cependant Bûr-Sin fut lui aussi un constructeur et Ur, Nippur, Eridu purent se
louer de son activité et de sa vénération pour Nannar, Enlil et Enki. Lagash fut moins
favorisée. On ne sait rien de monuments construits ou restaurés par lui, à l'exemple
de Dungi ^.
Toutefois divers objets se rapportent à ce roi,parmi lesquels des empreintes :
Les années de Bûr-Sin se retrouvent toutes dans les tablettes trouvées à Tello.
Lagash est cependant toujours administrée par des patésis et leur succession ne
laissepas que d'être malaisée à établir. Voici cependant celle qui nous apparaît la
plus probable. Auprès Ur-Lama II, en fonction d& la i''^ à la 3^ année, nous retenons :
AO, 4687; RA, VII, p. 186, note 7; Genouillac, Tablettes de D rehem, ^687 La ;
Drehem, 79 Dhc«me,
trouvaille de ;
Tablettes de Drehem à Jérusalem, Collection Sainte
Anne, SA, 125; RA, IX, p. 49372.
<^Shara-kam, 5^ de Bûr-Sin.
RTC, 298; ITT, II, 805, 3519; Dhorme, RA, IX, p. 49 (SA, 134) Genouillac,
Tablettes de Drehem, 5504, 5524; Hilprecht, Old Babylonian Inscriptions (OBI) 126, R
VII, 4-
6« de Bûr-Sin.
370. ScHEiL, RT, XIX, p. 149 ; ISA, p. 352 et SAKI, p. 261, sceau B.
371. Genouillac, ITT, 954.
372. 6 bœufs gras, 2 bœufs, montant de la redevance qu'a prise en charge d'. Nannarzishaggal, patési
de Girsu.
373. Gros et petit bétail, redevance de d. Shara-kam, patési de Girsu, apportée en impôt et
destinée aux offrandes de la néoménie du temple.
15
220 TELLO
Keiser, dans Yale Oriental Séries, Bahylonian Texts, IV, 70 9 Genouillac, La :
;
trouvaille de Drehem, p. 12; MIO, 2500; Barton, dans HLC, II, 82, 31.
Est cité pour la première fois comme patési de Girsu par des tablettes de
Drehem.
Le même est toujours en fonction quand Gimil-Sin remplace son père disparu.
ITT, III, 6359, 6950; cf. 6798, loooi et RTC, 428, cité par Genouillac, ITT, V, p. 25.
Son fils s'appelait Ludingirra, d'après ITT, V, 9776.
mur de l'ouestpour répondre, sans doute aucun à la puissance redoutable qui s'est
»,
affirmée, celle de Mari et qui va bientôt se mettre en marche Le reste du temps
est consacré à des fondations pieuses pour s'assurer la protection d'Enki (2®) ou d'Enlil
(6*, 8*), sans oublier naturellement Nanna(r), dieu de la cité, fils d'Enlil ou Anunit^*.
III,16370.
378. Pierres de seuil A (Anunit), C (Nannar), dans 75^4, p. 287. Voir aussi Ur Excavations. Texts, I.
Royal Inscriptions : 72 (Enlil) 73, 80, 83 (Nannar).
;
Cette fidélité à Gimil-Sin est encore attestée par plusieurs empreintes de cylin-
dres, antérieurs sans doute à la construction du temple et à une époque où Arad-
Nannar n'était encore que premier ministre. On peut ainsi citer :
— empreinte avec scène d'intercession devant le roi, le fidèle étant assisté d'une déesse.
farine, des libations, rapport d'un mouton gras à d. Gudéa, ITT, V, 9828, 9829, 1023. Des oblations au
Ki-a-nag de <J. Gudéa, Nies, Ur Dynasty Tablets, 39, 5 116, 6. ;
LES NEO-SUMERIENS 229
mentionné la 8* année de Bûr-Sin, alors qu'on connaît précisément pour cette date-
là, le patési Arad-mu.
Ce trait joint au fait que le nom
de Gudéa patési, la i'"® année de Gimil-Sin,
est précédé du déterminatif divin nous semble convaincant. Nous croyons donc
que Gudéa patési, attesté au temps de Bûr-Sin et de Gimil-Sin, est non pas un fonc-
tionnaire vivant, mais le grand patési, père d'Ur-Ningirsu, mort, déifié et adoré
dans ses statues
Dans ces conditions, Arad-Nannar aurait remplacé directement et sans doute
assez rapidement, le patési Arad-mu, mais nous l'avons vu, avec des attributions
singulièrement élargies
De l'activité de Gimil-Sin à Lagash, il reste peu de traces. Dans le gisement
des tablettes économiques, on ramassa trois poids à sa marque :
i™année. RTC, 293, 308, 310, 312, 317, 319, 320, 381 ;
Telloh, II, p. 129 (AO. 12165);
TP, 1457 (inédit). Reçu d'orge.
2" » RTC, 308.
3- )> RTC, 415.
4« » Telloh, II, p. 134 (AO. 12995). Prêt .d'argent.
5® )) RTC, 428. Sur le compte ITT, 9192, liste des années 15, 6, 7, 8 et 9.
6« » RTC, 295, 302, 307; MIO, 866.
7« » RTC, 398, 411; telloh, II, p. 134 (AO, 13018). Reçu d'orge.
8® » Telloh, II, p. 133 (AO. 13019) Contrat-achat d'esclave. TP, 1347 Contrat-
: :
achat de moutons.
9" » RTC, 309, 429; Telloh, II, p. 133 (AO. 12993, 12990).
Gimil-Sin eut une fin de règne calme. Du côté de Lagash et de l'Elam, Arad-
Nannar veillait. A Ur, Lugalmagurri patési et chef de la garde », faisait de même. <(
Les deux subordonnés avaient su adroitement se concilier les bonnes grâces de leur
maître. Tout allait donc pour le mieux et cependant les jours étalent proches oij devait
s'écrouler cette dynastie qui paraissait inébranlable. C'est quand les hommes déclarent
avoir réglé le sort du monde et pour mille ans, que pour eux la ruine est imminente.
Les rois d'Ur avaient peut-être moins d'ambition, mais à l'horizon les nuages s'amon-
celaient. Gimil-Sin mourut pourtant avant l'orage.
(1899), pp. 26-28. Pour des empreintes de cylindres, où le client est amené à Gudéa assis, voir celles de
Lu-
Dumuzi, fils de Mani, Qashudu de d- Gudéa, ITT, V, 9935, 10018, 10059 b.
400. Il faut cependant noter que la titulature n'a peut-être pas toujours eu la précision désirable. Par
exemple Arad-Nannar est nommé sukkal-mah, la 3e année de GimM-Sin (Tahlettes de Dreheni, i^c^/^g, offrande
d'anneaux d'argent à Ur) aussi bien aue la 8e (RA, III, p. 124, actif en moutons à Lagash), date à laquellè
il certainement reçu 'l'admanistration sur les 13 provinces et villes.
avait
401. Découvertes, pl. 26 his, fig. 5, 6, 7 ; p. 438 ISA, p. 287. ;
Enki (Eridu), alors que sur ses frontières septentrionale et orientale, la menace gronde.
Plusieurs expéditions doivent être menées contre Amurru et l'Elam, certaines avec
une violence caractérisée et des travaux définitifs sont activement poussés qui doivent
assurer la protection de Nippur et d'Ur. Tout cela sera cependant insuffisant. Les états
comme les hommes n'échappent pas à leur destin qui est un jour de disparaître.
On ne peut pas dire que cet effondrement ait été dans ce cas le fait de peuples jeunes.
Amorrites et Elamites avaient tous deux un lointain passé, mais après une éclipse de
leur étonnante splendeur, ils étaient réapparus avec une force renouvdée, brisant
tous les obstacles.
Ils durent profiter du moment où Ur déclinait. Tous deux semblent s'être
dressés en même temps N'est-ce pas d'ailleurs une grande chance de succès, que
d'obliger un ennemi à lutter sur deux frontières?
Du Moyen-Euphrate, Ishbi-Ira qui est sorti de Mari, s'empare d'Akkad et
pénètre en Sumer. S'installant à Isin, il y fonde une dynastie, cependant que les
Elamites, descendus des plateaux dans la plaine fertile, déferaient vers les villes du
bas pays. Après Lagash, Ur est conquis et les tombeaux de Dungi et de Bûr-Sin,
orgueil et symbole de la gloire dynastique, sont violés et pillés, les temples sont
vidés de leurs statues. A Larsa, Naplanum s'installe et va contrôler toute la région.
Deux dynasties viennent de se partager le royaume de Sumer et d'Akkad et son
dernier roi, Ibi-Sin doit prendre la route de l'exiP^*. Les Elamites l'emmènent en
captivité. Lagash du même coup perdait la presque indépendance que lui avait value
l 'administration d'Arad-Nannar.
On sait en effet qu'Arad-Nannar avait conservé, tout au moins au début du
règne d'Ibi-Sin, le poste qu'il occupait sous le règne de son père. L'année où <(
Ibi-Sin, roi d'Ur, dévasta Simurru » et qui semble être la 3'° porte la mention
'( Arad-Nannar, premier ministre (et) patési » Sauf erreur c'est la dernière fois
qu'il apparaît. Cela est encore confirmé par l'empreinte de son sceau sur un compte
de versements divers opérés la même 3" année d'Ibi-Sin Etrange destinée que celle
de ce personnage, haut conseiller de trois rois, qui disparaît brusquement, sans que
nous sachions dans quelles circonstances, après avoir joué un rôle de premier plan,
quoique officiellement, toujours en sous-ordre. Pas assez ambitieux pour se laisser
entraîner dans des aventures périlleuses, assez sage pour savoir se contenter de ce
que la vie lui avait apporté.
Moins brillant peut-être, mais non sans influence dans la cité et dans l'état,
nous apparaît un autre grand personnage de Lagash, Ur-Ningirsu, grand-prêtre
de Nanshe. Ce dignitaire religieux ne se cantonnait pas dans la dévotion et la poli-
404. Cette coillaboration entre Amiorrites et Elamites dans la chute d'Ur, n'est pas admise par tous.
Ainsi Stéphens la conteste. RA, XXXIII (1936), p. 13. Il en est de même si l'on admet que la dynastie de
Larsa fut pendlant dix-huit ans contemporaine de la III^ dynastie d'Ur, DelapoRiTE, Les peuples de l'Orient
méditerranéen, <p. 8g.
405. Ceci d'après un texte de présages, cité nar A. Boissier, Choix de textes relatifs à la divination,
II, p. 64, et publié par Virolleaud, L'Astrologie chalUenne, 2® supplément, n° LXVII. Cf. Thureau-Dangin,
SAKI, Introduction, p. XVII et Guterbock, ZA, XLII(i934), p. 39.
406. RLA, II, p. 145.
407. RA, III, p. 126. Cf. MIO, 937 ;
ITT, II, pl. Il et ITT, V, 9614, 9631.
408. Telloh, II, p. 133 (AO. 12989).
LES NEO-SUMERIENS 231
Acéphale, mais avec une impressionnante chevelure ondulée qui tombe dans
le dos, le personnage est debout, mains jointes, coudes collés au corps. Il porte le
costume du temps de Gudéa mais il n'en a pas la belle simplicité. Un collier formé
de lourdes perles devait parer un cou épais. A la base du dos, une inscription s'étale,
où l'on lit A Nindara, le roi et seigneur, son roi, pour la vie d'Ibi-Sin, le roi
: ((
fort, le roi d'Ur, le roi des quatre régions, Ur-Ningirsu le grand-prêtre des vrais
décrets célestes, le shennu », le grand prêtre chéri de Nanshe fabriqua [cette
<(
statue] ».
confiance de ses suzerains. N'est-il pas remarquable qu'il ait eu le droit de frapper
des briques à sa marque ?^^^. Cela parut si extraordinaire qu'on voulut souvent les
attribuer au patési du même nom. La statue Haase ayant en tout cas démontré l'exis-
tence de deux Ur-Ningirsu, cette explication ne s'impose plus Il n'y a qu'à cons-
tater la place tenue à Lagash par ce prêtre, qui cumule plusieurs sacerdoces, ceux
d'Anu, d'Enki et de Nanshe^".
Ur-Ningirsu voue donc encore d'autres objets, en particulier deux coupes, dont
vSarzec et Genouil'lac retrouvèrent des fragments
Arad-Nannar et Ur-Ningirsu furent certainement les deux personnalités les plus
marquantes à Lagash, à l'époque de la IIP dynastie d'Ur. On comprend assez diffi-
cilement comment deux hommes de cette envergure auraient pu partager le pouvoir.
Il nous semble qu'ils ont dû l'exercer successivement. Aux jours de Dungi, Ur-Nin-
girsu n'était qu'un prêtre et l'accession d' Arad-Nannar dut le cantonner dans des
attributions purement religieuses, La disparition d'Arad-Nannar, la 3* année (ou peu
après) d'Ibi-Sin provoqua peut-être une crise. Le roi aurait alors fait appel aux conseils
du vieil Ur-Ningirsu, prélat chevronné et plein d'expérience. A moins que le pontife
de Nanshe n'ait lui-même réussi à éliminer un homme qui semblait immuable et indis-
pensable, pour prendre une place convoitée depuis longtemps.
En face du premier ministre Arad-Nannar et du grand-prêtre Ur-Ningirsu,
409. Il mentionné sur Ja perruque féminiine vouée par B.au-ninam de Lagash pour la vie
est -en effet
du roi, CT, V, 12218 ISA, p. 277, x.
;
410. Statue vouée par Ur-Ningirsu pour la vie du roi, Momiments Piot, XXVII (1924), pp. log-iii ;
Dans le Palais incendié de Mari, nous avons ramassé un foie en argile, avec
quelques lignes d'un présage celui de la ruine d'Ur sous Ibi-Sin
: Comment n'au-
rions-nous pas évoqué alors Ishbi-Ira, « l'homme de Mari », rassemblant ses soldats
et se hâtant vers le sud pour aider à cette ruine.
§ 3.
— L'art et la civilisation a Lagash d'Ur-Ningirsu a Arad-Nannar.
Nous évaluons à cent vingt-cinq ans la durée de cette période qui s'étend de la
fin de Gudéa à la disparition de la IIP dynastie d'Ur. Après une ère de presque com-
plète indépendance, Lagash était passé sous le contrôle d'Ur, mais sans hiatus, sans
bouleversement. On ne s'étonnera donc pas que tout soit homogène dans cette civi-
lisation qui semble fixée dans des limites précises et dont l'inspiration ne varie pas.
Commerce et religion, l'activité d'alors ne se propose sans doute rien d'autre. C'est
du moins ce qui ressort de l'étude des tablettes recueillies abondamment et des multi-
ples documents qui ont survécu, en particulier les cylindres et les figurines, car la
céramique sans décor, n'apprend rien à ce sujet.
Statuaire. La grande statuaire est devenue rare. Après la magnifique petite
statue d'Ur-Ningirsu du Louvre et les deux pièces inégales de Berlin, des patésis
qui ont administré Lagash, sous le protectorat d'Ur, un seul s'est fait représenter :
Alla^ (Flg. 46, b). Des statues vouées au temps de Dungi et de Gimil-Sin et dont
il est fait mention dans les textes, rien n'a été retrouvé. Nous avons décrit plus haut
celle du grand-prêtre, Ur-Ningirsu, vouée pour la vie d'Ibi-Sin (Fig. 46, a, a').
De cette même période, nous croyons devoir dater une petite statue recueillie
par nous en 1932 Traitée assez sommairement (Fig. 46, d) dans un bloc de brèche
blanche (h. 0,345), G^le représente un homme barbu, assis sur un siège carré, mains
:
jointes. Le front est bas, raccourci encore par un bandeau qui enserre les cheveux.
Le vêtement est la longue robe drapée qui laisse l'épaule droite dégagée. Les pieds
sont nus et sortent d'un évidement ménagé dans le bloc. Malgré des maladresses
d'exécution et de technique, il y a des traits mieux venus, ainsi la courbe du dos
qtii se détache, bien dessinée.
History, p. 241.
417. ITT, n° 976.
418. ITT. V, 9962.
419. TP, 221. Fouîlles 1931-1932. Se rapportent peut-être encore à Ibi-Sin, deux empreintes de Tello :
(( Lu-dingirra, serviteur de ...-Sin » et [ ] « fils de Lug'al-ninniza, serviteur de ...-Sin. )>, ITT, 998 ;
Louvre.
escabeau carré, sans dossier. Elle a les mains jointes. Elle est vêtue d'une robe à col
arrondi, couvrant les deux épaules, traitée dans le style du kaunakès mais à peine
silhouetté. De longs cheveux tombent dans le dos, peignés en plaque rectangulaire,
ondulés et enroulés à l'extrémité. Une inscription gravée sur l'épaule est aujourd'hui
illisible.
En pierre, il convient aussi de signaler, bien qu'il s'agisse d'une pièce d'un
autre genre, une perruque en stéatite noire. Elle appartient à ce groupe maintenant
bien documenté des perruques votives. On connaît en effet celle du British Muséum
(n° 91075) (Fig. 46, /), vouée pour la vie de Dungi et que nous croyons sortie de
Tello une au Louvre (0,05x0,035), acquise en 1916 (AO, 7023) et qui proviendrait
;
une trouvée par nous, l'autre recueillie à Ur, par C.-L. Woolley L'objet de Tello,
ramassé en 1932 (TP, 401, AO, 15354), est comme celui d'Ur, un magnifique exemple
du travail de ciselure sur pierre (Fig. 46, e). La chevelure qui tombe assez bas sur la
nuque est finement
traitée les cheveux que sépare une raie de milieu et qui
très :
ondulent sur le sommet de la tête, apparaissent sous un lacis de bandeaux tressés qui
forment couvre-nuque. Deux petites boursouflures indiquent l'emplacement des oreilles.
Cette perruque (h. 0,025) devait, croyons-nous, appartenir à une statuette de métal
:
Les Sumériens ont certainement travaillé la terre en ronde bosse. Nous croyons
pouvoir citer, entre autres, une petite tête d'homme barbu (TP, 430 AO, 15340) qui ;
n'est certes pas d'un très grand art et que nous avons recueillie en 1932. Le crâne
427. AJ, XIII (1933), pl. LXIII, 2 et p. 370. Cet objet fut trouvé dans un imonument de Nin-gal et
WoO'lley le date de Uir I. Nous croyons cette fixation chronologique absolument impossible.
428. On pourra rappeler, à titre de comparaison, le baal de Ras Shamra avec la tiare en pierre,
Syria, XVII (1935), pl. XXI et p. 146, expliquant plusieurs statuettes de Haute-Syrie, privées de coiffure,
Cf. R. Dussaud, La Lydie et ses voisins aux Hautes Epoques, pl. V.
429. Telloh, II, pl. 83, 2.
236 TELLO
rasé est de tyipe dolichocéphale, les sourcils sont arqués et la bouche entre-ouverte
donne à l'expression une sorte de demi-sourire. Ce n'était qu'une épave et l'on serait
tenté de retrouver dans cette ébauche (h. : o,io) la silhouette d'un Sémite.
date très controversée, mais trouvée dans une couche qui est certainement
De
contemporaine d'Ur III, nous signalons la tête de divinité recueillie par Gros au
tell H Il s'agit cette fois d'un très beau travail tout à l'honneur du modeleur car
il est encore en terre (Fig. 47, h). Ce dieu de rang supérieur (tiare à quadruple rang
oreilles, cependant que des languettes incisées, assemblées horizontalement puis ver-
ticalement et en éventail, tiennent lieu de moustache et de barbe. Le vêtement est la
longue robe qui laisse l'épaule droite nue. Elle est bordée sur la poitrine d'un double
galon, alors que des incisions suggèrent ailleurs des franges. Le personnage tient
de la main gauche une hache de guerre à manche épais. Le bras droit pendait le long
du corps et il n'est pas impossible que la main actuellement libre, ait tenu primiti-
vement une autre arme, sans doute une harpe. L'absence de tiare permet, croyons-
nous, de voir dans cette petite statuette, la silhouette d'un chef
D'un autre genre, mais aussi travail en ronde bosse, une figurine (h. 0,135) :
représentant un animal féroce, lionne ou ours (?), gueule ouverte, tenant dans ses
pattes un oiseau (Pl. XXVIII, h et Fig. 47, c)*^. La technique rappelle la précédente,
par ses procédés de pastillage et d'incisions. Cet objet avait été conçu pour être placé
debout, sa base creuse intérieurement, évasant en forme de cloche. Il était certai-
nement en relation avec un rite magique ou rappelait une tradition mythologique qui
nous échappe.
Figurines. Ceipendant ce travail de la terre en ronde bosse était plutôt l'excep-
tion à cette époque et les Sumériens ont préféré se servir de moules grâce auxquels
la figurine se détache en léger relief sur une plaquette de fond. Innombrables sont
les exemplaires de cette industrie, mais si Sarzec en signale assez peu, Cros un peu
plus, Genouillac et nous-même en avons chacun ramassé plusieurs centaines dont
l'étude peut présenter quelque intérêt, quand on les a classés par familles, car ce
sont d'excellents documents, non seulement d'art, mais de croyances religieuses et
de pratiques cultuelles.
L'abbé de Genouillac a défendu la thèse u jouets et souvenirs pour les enfants
et les adultes » Sans doute, certaines figurines animales, d'autres qui reproduisent
par exemple des chars, peuvent être des jouets. Nous croyons par contre que pareille
thèse est bien difficile à admettre pour les modèles d'argile qui nous ont transmis la
silhouette de divinités. En bref, nous préférons retrouver dans la plupart de ces
plaquettes des images pieuses qui étaient ^au foyer sumérien l'équivalent de ces scènes
religieuses fixées sur le papier ou dans le plâtre, qui rappellent à ceux qui les con-
templent quelques-^uns des épisodes ou quelques-unes des grandes figures de la révé-
lation biblique. Souvenirs religieux, idoles domestiques, ex-voto, elles peuvent être
tout cela, suivant les occasions. C'est pour cela que ces documents conservés par la
matière laplus commune sont si importants pour la compréhension plus
qu'il soit,
complète de cette époque et de ces gens qui n'ignoraient ni la pierre ni les métaux -
C) Animaux.
Dans ce classement très général il semble possible de reconnaître les subdi-
visions suivantes :
A. I . Dieux : a) Enki ;
» au poteau ansé ;
b) Enkidu ;
c) Humbaba.
4. Scènes religieuses :
a) Cycle du vase jaillissant ;
b) offrande du chevreau ;
c) la femme au tympanon ;
/) la <( danseuse » ;
g) la femme nue » ;
435. Genouillac a déjà proposé un classement des figurines trouvées par lui, TeUoh, II, pp. 40-74.
On verra sur quels points nous retenons ses rubriques et sur quels autres nous les moidîfions. En outre, nous
nous efforçons d'apporter îci une synthèse de toutes les trouvailles, de 1877 à 1933.
238 TELLO
B. Scènes de la vie privée :
1) couples ;
2) la mère allaitant ;
5) têtes de figurines.
C. Animaux :
1) ànimaux domestiques ;
Parrot, TP, 279, 1141 (Fig-. 59, /). A classer peut-être à l'époque de Larsa.
b) Dieu aux oreilles animales. Genouillac l'identifie avec Enkidu C'est pos-
sible mais 'non certain, car Enkidu n'est pas une divinité et la figurine est toujours
celle d'un personnage portant la tiare à cornes. Les exemplaires sont très fréquents.
Généralement le dieu barbu et à longue chevelure bouclée, est armé soit des masses
d'armes (48, /), soit de la harpé qu'il tient souvent des deux mains, soit de la hachette.
Quelquefois il apparaît ainsi torse nu, de face, visage de face, bas du corps de profil,
:
avec jupe plissée ouvrant par devant et laissant sortir la jambe (48, b). La main gauche
tient une sorte d'équerre ou de petite hache la droite qui tombe, serre un bâton.
;
Genouillac, Telloh II, pl. 100, 2 a et p. 41 pl. 94, i et 3, p. 48; pl. 95, 2, bas du
;
c) Dieu dans sarçophage. Cette divinité (Fig. 48, d) est caractérisée aussi par
le
est enveloppé dans une gaîne qui se termine en pointe, laissant les mains libres et le
visage découvert. Habituellement le dieu tient une harpé de chaque main, mais on voit
aussi une masse d'armes. Sur la gaîne sont souvent représentés, s'affrontant, deux
animaux féroces serpents dressés, à gueules de lionnes ou de panthères. Quelquefois
:
ces animaux sont figurés, de part et d'autre, à l'extérieur. En outre la gaîne est recou-
verte d'objets qui sont maintenus par des cordages. Nous
avions identifiés autre- les
fois avec des jarres Avec Mrs van Buren, nous nous demandons maintenant s'il ne
s'agit pas plutôt d'armes devant assurer la protection symbolique du défunt Ce
défunt quel est-il ? Ou le mort divinisé, ou une divinité et dans ce cas peut-être Ner-
gal. Il est malaisé en tout cas de rendre compte des oreilles animales, qui se retrou-
vent sur tous les exemplaires, sans exception aucune*^".
Genouillac, Teiloh, II, pl. 94, 2 tt p. 48.
Parrot, TP, 383, 487, 754, 949, 994, 1074, 1439, 1488.
Genouillac, Telloh, II, pl. 99, i a et p. 42. Dieu barbu à collerette « empesée ».
—
pl. 100, 4 et p. 41. Dieu assis, buste de face. Une main est levée; un fouet est
tenu de l'autre et porté sur l'épaule.
Parrot, TF, 453, 485 (Dieu à longue barbe et à chevelure bouclée. Armé d'une masse
d'armes et di'une autre arme courbe), 514 (dieu au kaunakès), 524, 660, 708 (de profil à g'au-
che, armé de deux masses d'armes,, une sur chaque épaule), 986, 1369.
~
2. Déesses.
déesse aux oies (Fig. 49, c). Elle est représentée de profil, mais le
a) Gula,
buste et la tête sont de face. Vêtue du kaunakès, colliers au cou, elle est assise sur
une oie, les pieds posés sur une autre oie. Sa main gauche est tendue sa droite tient ;
un flacon ou une bourse ». La figurine est munie au revers de deux petits adossoirs
<(
h) Déesse aux deux acolytes (Pl. XXVIII, c et Fig. 49, d et j). Cette plaquette
est d'un type voisin, grâce à une base qui en assure la stabilité dans la position verti-
cale. La figuration est très mystérieuse. Une déesse, colliers au cou, est à peine silhouet-
tég quant au buste. Elle porte la tiare divine, mais ses pieds sont des pattes d'animaux.
Entre ces pattes, deux petits chiens (?) se font face. En outre, deux petits personnages
où l'on croit voir un homme et une femme ( ?) sont figurés de face, devant la poitrine de
la déesse. Genouillac, pour les deux acolytes, pensait aux deux fils de Ningirsu et <(
240 TELLO
Déesse dans sa niche (Pl. XXVIII, d et Fig. 49, /). Une déesse est debout sous
une petite niche. Devant elle, un petit guéridon rond semble attendre les offrandes.
De part et d'autre de l'entrée, deux animaux grossièrement traités en pastiVlage,
paraissent monter la garde. Ne s'est retrouvé qu'à Tello.
Parrot. TP, 638.
Déesse orante. Déesse debout, de face, main droite levée. Tiare à quatre rangs
de cornes.
Genouillac. Telloh, II, pl. 96, 2 et p. 44; pl. 99, i h (de profil à gauche).
h) Enkidu (cf. le dieu aux oreilles animales, supra et NFT, p. 137, note i).
De petites amulettes reproduisent en pierre ou en fritte le même masque {Fig. 53, e).
Parrot, TP, 507, 669.
4. Scènes religieuses.
442. Le
fouilleur y voyait une « imitation gréoc-syrienne. ou gréoo-parthe du masque de la comédie »
(op. cit., p. Scheil pensait que ce personnage représenté sur quelques cylindres, pouvait être un dieu
150).
nain (NU-GID-DA) attesté sur une empreinte de la Ille dynastie (RT, XIX, p. 14). Maspero l'avait déjà
rapproché du Bès égyptien. GenouiUac plaçait ces figurines à l'époque de Larsa. Il ne fait pas de doute
qu'elles existaient déjà à l'époque d'Ur. Cf. ThuReau-Dangin, RA, XXII (1925), p. 25.
242 TELLO
Dieu tenant le vase (Fig. 48, g). ^_
b) Offrande du. chevreau. Cette scène (Fig. 48, c), si souvent représentée depuis
l'époque présargonique dans les reliefs ou dans la statuaire a connu une grande
faveur. Figurines pastillées et modelées ou exemplaires moulés, c'est toujours le
même thème un homme: —
et toujours un homme coiffé du turban, barbu ou —
imberbe, vêtu de la robe qui varie selon l'époque, tient de ses deux mains l'animal
offert à la divinité. Sans nul doute, ces figurines étaient-elles apportées au temple,
avec l'animal réel ou sans lui... et dans ce cas, en tenaient lieu. De très nombreux
exemplaires ont été retrouvés à Tello, un grand nombre sur le dallage du passage
central de l'hypogée d'Ur-Ningirsu-Ugmé.
Genouillac, Telloh, II, pl. 99, 3 a et p. 52; pl. 100, 2 c pl. ici. ;
Parrot. TP, 22, 264, 265, 266, 267, 275-277, 295, 303, 304, 305, 306, 349, 385, 405,
406, 452, 490, 508, 509, 517, 524. 543, 545, 546, 547, 576, 594, 672, 742, 817, 992, 1076,
1163, 1191, 1340, 1432, 1453, 1469, 1535, 1572, 1573, 1590, 1641, 1642.
Même thème, traité en très archaïsant, 1368.
443. Cf. notre étude, Le <( Bon Pasteur ». A propos d'une statue de Mari, dans Mélanges syriens, I,
pp. 171-182.
444. Telloh, II, p. 58.
445. Genouillac a soutenu énergiquement cette dernière thèse, Telloh, II, p. 57.
49- Figurines-plaquettes. Epoque néo-sumérienxe
244 TELLO
leuse ne redoute pas de s'offrir aux regards dans l'appareil le plus simple et même
si elle porte un (( slip » (Genouillac), celui-ci ne masque à peu près rien et est tout
aussi suggestif que la totale nudité.
les femmes ont une chevelure plus ou moins abondante,
La plupart du temps,
plate ou frisée,maintenue par un bandeau. Toutes ont un ou plusieurs colliers, avec
au centre, tombant entre les seins, un énorme coulant, parure indispensable, car il ne
manque jamais. Enfin les hanches sont plus lourdes et le ventre proéminent.
Sarzec, Découvertes, pl. 3g, 5 et p. 254.
Gros, NFT, p. 142, 231.
Genouillac, Telloh, II, pl. 105, i, 2, 3 et p. 58; pl. 106, i a et E>.
Parrot, TP, 20, 125, 249, 251, 272, 273, 274, 313, 387, 408, 409, 437, 438, 454,
466, 470, 523, 564, 590, 591, 641, 644 (avec la physionomie et la coiffure des « danseuses »,
cache-sexe en relief), 645, 710, 784, 785, 840, 841, 842, 929, 1008, 1030, 1049, 1142, 1312,
1315. 1327, 1330, 1456, 1471» 1472, 1546, 1643.
^
d) Femme à la tiare tourelée et environnée d'astres (Fig. 49, g). Une femme
aux cheveux bouffants, porte une tiare tourelée. Elle est vêtue somptueusement d'une
robe à longues manches. Un collier la pare, avec en son centre un énorme pendentif.
Des bracelets aux poignets. Les mains sont parfois jointes, parfois levées à la hau-
teur du pendentif dont elles semblent saisir les deux extrémités*^®. Parfois encore
elles tiennent un symbole indéterminé Sur les épaules ou au-dessus, deux, quatre
ou six étoiles.
Quelle identification proposer ? Genouillac est perplexe, hésitant entre une
« dame » ou une déesse (Nisaba est dite d'après un texte, dame de l'étoile bleue » <(
et il ne conclut pas**®. Le type est en tout cas reproduit avec une grande précision,
ce qui atteste la solidité de la tradition.
Sarzec, Découvertes^ pl. 39, 6 et p. 253 (La femme tient de chaque main un fla-
con {?). Six étoiles).
Gros, NFT, pl. VII, fig-. 6 et 7.
Genouillac, Telloh, II, pl.
102, 4 et pp. 45-46 (Tient des deux mains un symbole) ;
pl. 102, I (sans étoiles); pl. 104, 2 a (type un peu différent. Sans étoiles).
Parrot, TP, 341, 712, 1039, 1071 (Quatre étoiles, dont deux sur le corps. Une rosace
comme pendeirtif), 1373 (tête), 1560 (tête). 1567 (les étoiles manquent), 1574 (mains jointes,
quatre étoiles dans le champ), 1575 (mains jointes, coiffure en bandeau replié sur les côtés
comme un « uraeus »).
e) Femme
à tiare radiée (Fig. 49, h). Cette femme est caractérisée par sa coiffure
qui est plus exactement radiée que tourelée, bien que les deux soient assez proches
l'une de l'autre. La différence essentielle, c'est l'absence d'étoiles dans le champ.
D'habitude, la femme est vêtue. Un exemplaire la montre nue, les deux mains por-
de côté
.tées et tenant un tympanon (Fig. 49, b).
Parrot, TP, 59 (?), 83, 387 (geste identique sur une figurine de basse époque, ara-
méenne)*5o^ 388, 433, 572, 1341, 1575, 1636.
sion d'être à demi vêtu. La coiffure est si élaborée avec ses frisures, ses énormes
bandeaux, qu'on croirait un chapeau. Mais surtout, les nombreux colliers qui parent
le cou, les bracelets multiples et sur les épaules une petite mantille, enfin un pseudo
pas de doute qu'avec ses hanches accentuées, son sexe souligné, ses seins saillants,
cette figurine doit être associée à l'idée de fécondité mais aussi de plaisir sexuel. Voilà
pourquoi on pourrait encore la classer dans la « vie privée ». Toutefois ces notions
sont dans l'antiquité si imprégnées de religion que nous la retenons cependant dans la
catégorie vie religieuse ». D'ailleurs s'il s'agissait uniquement d'images évoquant
<(
les « bas plaisirs des hommes » comment expliquer qu'on les eût apportées en
ex-voto dans l'hypogée princier?
E. VAN BuREN, op. cit., n° 446, fig-. 122; Yale BC, 10032.
Cros, NFT, p. 151, fig". E.
Genouillac, Telloh, II, pl. 106, 2 et p. 57.
Parrot, TP, 48 (?), 158 (le « cache sexe » se détache en relief), 436, 467, 707, 713,
808, 819, 1338, 1464, 1465, 1474 (Trois colliers, mantille, six bracelets au bras- gauche,
quatre au bras droit).
270 (femme vêtue, coiffée et parée, tient de chaque main un flacon), 348 (id., femme
debout), 1636 (id., deux étoiles à l'attache des épaules apparentent cette figurine à la dame
à tiare tourelée).
g) la femme nue, dite <( déesse nue » (Fig. 49, e). La femme nue existe, on
le sait, sur les cylindres de l'époque de Larsa, mais si elle est en très grande faveur
sur les figurines de cette même période, elle dut apparaître certainement avant. En
effet des exemplaires qui semblent présargoniques (TP, 1313, 1431 NFT, p. 118) ;
interprétation proposer? <( Filles de joie des temples » jeunes filles sacrifiant leur
virginité pour des raisons religieuses? Cette dernière hypothèse nous semblerait plau-
sible, surtout quand les figurines sont de silhouette affinée, les hanches lourdes
évoquant plutôt la maternité.
Sarzec, Découvertes pl. 3g, 6. La femme à tiare tourelée, tient un flacon (?) de
,
chaque main.
Gros, NFT, pl. VII, 6. La même tient des deux mains le « symbole floral » (épiis ?)
qui s'épanouit ou s'écarte en deux éléments.
Genouillac, Telloh, II, pl. 102, 4. Représentation rig-oureusement identique à l'exem-
plaire Cros, mais le moule diffère à d'infimes détails.
—
pl. 104, 2 a. La femme dont la coiffure diffère (tiare à cornes sur un voile, d'après
Genouillac, op. cit., p. 46), tient des deux mains le même symbole
Parroit, TP, 49, 270, 278, 308, 493, 707 (Type de la « danseuse », donc à peu près
nue, tient deux fleurs (?), 1418 (même type).
I. Hommes debout, mains jointes, dans la position connue par les statues.
Quelquefois ils sont représentés entièrement nus, ce qui est on le sait, l'attitude
rituelle, par excellence, surtout au moment de la libation.
Mais plus nombreuses sont les figurines d'hommes vêtus, debout, de face.
Genouillac, Telloh, II, pl. 99, 3 c (homme à turban, grande barbe).
Parrot, TP, i, 147, 219, 462, 595, 807, 818, 1222, 1223, 1455, 1629.
Extrêmement —
nous n'en connaissons qu'un exemplaire
rare un homme —
est représenté passant, mains jointes. On peut d'ailleurs le dater aussi de l'époque
de Larsa {infra, p. 284).
Cros, NFT, p. 144 et pl. VII, 15.
2. Femmes debout, mains jointes (Fig. 50, e). Toujours vêtues et d'un costume
qui est souvent celui connu par la petite statuaire.
Genouillac, Telloh, II, pl. 102, 6 et p. 65. Femme debout, vêtue du kaunakès.
Parrot, TP, 109, 410, 456, 465, 483, 484, 510, 727, 874, 880 (Robe kaunakès laissant
l'épaule droite nue), 988, 989, 990, 1012, 1038.
Femmes assises, mains jointes. Cette attitude, on le sait, est comme la station
debout, celle de la prière.
Les exemplaires de profil seront étudiés plus loin (infra, p. 284), car nous les
datons aussi de l'époque de Larsa.
Cette rubrique ne sera sans doute pas admise par ceux pour qui des scènes
sont religieuses où nous voyons au contraire des figurations de la vie profane, sans
vouloir d'ailleurs prétendre qu'aucune idée religieuse ne s'y rencontre car l'on sait
assez que religion et vie s'interpénétrent intimement.
Sarzec, Découvertes, pl. 39, 4 (où seule subsiste la femme de gauche, debout).
Gros, NFT, p. 11, 240, pl. VII, 4. Tous deux de face, femme à gauche; p. 250;
p. .251, pl. VII, 3. Tous deux de face, femme à droite.
Genouillac, Telloh, II, pl. 95, i a et 3. Tous deux debout, de face; 95, i h. Tous
deux assis, se tenant par la main; 122, 3. Homme et femme, face à face.
Parrot, TP, 432, 512, 715, 1031, 1221, 1466.
la femme assise et vêtue, tient l'enfant sur ses genoux. D'une de ses mains, elle
maintient le sein près de la bouche du nourrisson. Le corps est de face, mais les pieds
sont figurés de profil, ce qui n'est pas très réussi comme exécution. Nous interpré-
tons ainsi la scène ou bien il s'agit d'une femme désirant avoir un enfant (sorte de
:
Heuzey. Catalogue, p. 356; R, Arch., 1880 (i), pl. i, 2, Catalogue des figurines anti-
ques, édition 1923, p. 18.
Genouillac^ Telloh, II, p. 64 (sans reproduction).
inspirée par l'attachement envers le prince ou par l'esprit de flatterie, les deux senti-
ments étant profondément humains » Nous proposerions volontiers une interpré-
tation plus simple ces figurines sont en somme de petites
: photos » ou si l'on veut, ((
des portraits. Ou bien, en effet, comme le dit Genouillac, ceux des chefs de la cité
que le citoyen plaçait à son foyer, de même que de nos jours, certains accrochent au
mur de leur chambre le portrait du chef de l'Etat ou du général en chef, ou bien, ce
sont les portraits —
stéréotypés évidemment —
du citoyen lui-même, en tant que
soldat ou guerrier, de même qu'aujourd'hui encore, nombreux sont les foyers oii l'on
prend plaisir à exhiber la photo des nouvelles recrues, exécutée dans un appareil de
grande tenue, avec le casque ou le sabre qui symbolisent le régiment ou l'arme dans
laquelle le service est effectué.
va de soi, que n'entrent pas dans cette rubrique, les figurines iden-
Il
tifiées avec des divinités, elles aussi armées, par exemple le dieu aux oreilles
animales (Fig. 48, /).
Si l'on assimile le bâton à une arme, les chefs se présentent ainsi avec un :
bâton, une herminette, une herminette et une masse d'armes. La harpé semble
réservée aux dieux. Genouillac parle aussi « d'équerre ». En vouant ces figurines,
les hommes de Lagash se vouaient eux-mêmes, en fidélité à leurs patésis ou à leurs
dieux.
a) Chefs au hâton.
Genouillac, Telloh, II, pl. 100, 2 h et p. 54; 9g, 3 h (le personnage est assis).
Parrot, TP, 390, 16 18.
de la petite statuette de terre étudiée plus haut {supra, p. 236). On la retrouve adaptée
à la figurine, avec les mêmes caractéristiques essentielles le turban, la barbe étalée
:
en éventail, la longue robe laissant l'épaule droite nue, le double armement hermi- :
Parrot, TP, 268, 345, 451, 485, 588, 846, 853, 1371.
cependant, seules les têtes ont été retrouvées et il y a là une difficulté sérieuse dans
les critères de datation. Nombreuses en effet sont les têtes qui peuvent aussi bien
appartenir à l'époque de Larsa qu'à la période araméenne, le vêtement seul permet-
tant de faire la distinction.
C. — ; Figurines d'animaux.
Grâce à ces figurines,- la faune mésopotamienne est assez bien connue. Cepen-
dant le problème du cheval n'a pas reçu grand éclaircissement, car les figurines
ne permettent pas de conclure. Il est aussi étonnant que le chameau soit si rarement
documenté, si tant est qu'il le soit, à l'époque sumérienne. A quoi ont pu servir ces
représentations ? Jouets d'enfants ? Œuvres
désintéressées d'artistes animaliers? Objets
utilisés pour des rites cultuels ou magiques, pour assurer la multiplication des ani-
252 TELLO
maux bienfaisants ou garantir la suprématie de l'homme sur les bêtes redoutées?
Il est probable que suivant les cas, toutes ces explications peuvent être exactes.
Peut-être aussi, doit-on y ajouter celle-ci la reproduction plastique, par dévotion
:
religieuse, des animaux attributs des diverses divinités du panthéon d'alors. Nous
citons ci-après, les quelques variétés que l'on peut reconnaître.
1. Animaux domestiques.
Moutons. Il n'est souvent pas très facile de les distinguer des précédents.
Gros, NFT, p. 147.
Genouillac, Telloh, II, pp. 69-70; pl. 107, 6.
Parrot, TP, 61, 143, 144, 145, 146, 194, 491 et 73, 720, 737, 1577. En ronde bosse
(Fig. 51. e).
Equidés (en ronde bosse). Sarzec, Découvertes pl. 39, 8 (Epoque araméenne). ,
Gros, NFT, p. 151; 301, fig. 15. La première figurine n'est pas représentée; la
deuxième est un cavalier d'époque perse.
Genouillac, Telloh, II, p. 72 et pl. 122, 2; 107, 2.
Parrot, TP, 244, 315, 865, 987, 995, 1359 (animal muselé), 1194, 1324, 1490, tous
animaux attelés (Fig. 51, /. k).
Chameau. Genouillac, Telloh, II, pp. 73-74. Lés deux exemplaires sont donnés avec ?
Parrot, TP, 1631 (Fig. 51, h).
Lions. Genouillac, Telloh, II, p. 69; pl. 107, 3,5; pl. 108, i, 2 a (en ronde bosse).
Parrot, TP, 353, 521, 1532, 1634 (pl. 51, c et ^g).
Cependant deux scènes rencontrèrent un accueil particulier, que l'on connaît sous
l'appellation de présentation » et d'
<( adoration » ou ((intercession » et qui marque
définitivement cette époque. Nous les préciserons ci-après.
D'autres scènes d'inspiration religieuse furent encore traitées avec un souci
d'indépendance et d'originalité évidentes, où hommes, dieux et animaux évoluent
dans un cadre que des symboles devaient permettre aux gens du temps d'identifier
rapidement. Quand des animaux sont seuls représentés, il semble évident que l'inspi-
ration religieuse est encore sous-jacente et que les cortèges d'aigles, d'oies ou de
scorpions suggèrent diverses divinités. En somme, on hésitera à parler d'inspiration
profane dans un genre oij religion et croyances mythologiques se manifestent par-
tout. Lorsque le sumérien signait sa correspondance et authentiquait ses envois, en
déroulant sur l'argile molle des tablettes ou des bouchons de jarres, le cylindre qui
porté au cou par un cordon, ne le quittait sans doute jamais, l'homme du iii" millé-
naire s'affirmait avant tout comme un être religieux, soumis aux puissances célestes
et confiant dans la protection de son dieu patron.
L'industrie du cylindre était florissante. Elle utilisait généralement le marbre
ou la stéatite, la coquille ayant été abandonnée comme trop fragile et l'hématite ne
devant apparaître qu'un peu plus tard, avec les rois de Larsa.
Souvent, le graveur travaillait en deux temps. Plusieurs cylindres étaient pré-
parés d'avance, en ce sens que la scène était achevée avant même que l'on connût le
nom du futur propriétaire. La place avait été simplement réservée, pour qu'on pût y
ajouter plus tard 'état-civil du dédicant. Il arrive parfois que thème décoratif et
l
texte ne sont pas l'œuvre de la même main et que des deux graveurs l'un se soit
révélé infiniment moins habile que l'autre. Par contre, parfois on sent que tout fut
exécuté en même temps, parce que commandé au même artiste. Autrement dit, si l'on
nous permet l'expression, on connaissait dans ce genre, le « sur-mesure » et la
« grande série ». Les prix ne devaient pas se ressembler.
Ajoutons que si des cylindres ne sortent pas d'une honnête moyenne et —
certains sont souvent d'une facture très maladroite —
d'autres sont de magnifiques ,
Nous étudions ici les cylindres en les classant par familles, c'est-à-dire par
thèmes décoratifs. Chaque fois que ce sera possible, nous nous efforcerons de les
grouper par ordre chronologique.
tectrice est, sauf très rares exceptions, une femme et l'on peut en faire un thème de
méditation compassion féminine, charme féminin auxiliaire ou gage de succès... Il
:
y a sans doute tout cela. La divinité supérieure, dieu ou déesse, est généralement
assise, la main tendue, soit ouverte en signe de bon accueil, soit tenant quelque attri-
but. Plus rarement elle est debout, attitude qui se généralisera à la fin d'Ur III et
sera de règle à l'époque suivante de Larsa.
La divinité introductrice lève la main gauche, le fidèle la main droite, car son
poignet gauche est serré par la main Le client est rarement barbu
droite de son guide.
et son visage découvert est régulièrement voué aux cheveux ras ou courts, ce qui est
certainement une nécessité rituelle. Parfois une divinité nouvelle, déesse, se joint au
cortège et ferme la marche. De ses deux mains levées, elle intercède. Enfin divers
emblèmes ou accessoires, peuvent a meubler » la scène aigles, lions, scorpions, petits
:
autels, croissants, disques radiés, etc.. Une inscription de deux ou trois cases est
souvent gravée derrière la divinité principale, mais de nombreux cylindres sont ané-
pigraphes.
La scène de la présentation, la plupart du temps, s'étale sur toute la hauteur
du cylindre, mais il arrive cependant que celle-ci soit distribuée en deux registres. La
présentation se déroule toujours alors au registre supérieur la zone inférieure est
;
décorée tout autrement, généralement d'une frise d'animaux passant (oies, scorpions).
Parrot, TP, 8, 24. 39, 54, 67, 68, 81, 87, 100, 119, 213, 241, 296, 301, 332, 356
(Pl. XXIX), 359, 360, 362, 363, 364, 403, 426, 503, 519, 534, 566, 568, 569, 632, 651
(Pl. XXIX),655, 666 (Pl. XXIX), 667, 668, 686, 687. 688, 689, 690, 725, 857, 902, 957,
959> 9^3' 1004, 1033, 1035, 1036, 1043, 1044, 1045, 1102, 1134, 1189, 1209, i2io(Pl. XXIX),
1271, 1307, 1321, 1335, 1434, 1450, 1460, 1482, 1547, l'S^S.
Genouillac, Telloh, II, pl. 116 et 117.
datés de chacun des monarques de la 3" dynastie d'Ur Dungi, Bûr-Sin, Gimil-Sin, :
Ibi-Sin. Les légendes sont très explicites et fournissent une onomastique considérable
correspondant aux années de règne des souverains.
*
* *
pays, roi d'Ur ». Le personnage assis et qui porte une coiffure à quatre rangs de
cornes, doit être Dungi lui-même
Certains des sujets des rois d'Ur ont donc poussé la fidélité, sinon la flatterie,
à leur attribuer sur leurs cylindres, le trône réservé plus généralement aux dieux
Plusieurs exemplaires proviennent de Lagash et certains peuvent être datés avec
précision.
la place du roi. Figuration qui correspond certes aux réalités politiques du moment,
mais le serviteur qui dédiait ce sceau poussait pourtant la flatterie assez loin (ITT,
V, 9748).
*
dans le même ordre, ni surtout dans la même attitude. Le fidèle est en effet debout,
les mains serrées l'une dans l'autre, ou la main droite posée sur le poignet gauche,
cependant que derrière lui et presque toujours à cette place, la déesse élève les deux
mains en intercession.
Il apparaît donc que l'on ait représenté ici le deuxième temps de la même
464. On trouvera des références complètes dans Delaporte, Musée du Louvre. Catalogue des cylindres
orientaux. I. Fouilles et Missions, auquel nous renvoyons pour une documentation extrêmement abondante,
qu'il nous est apparu inutile de redonner ici.
465. Genouillac, ITT, V, p. 57. Pour la divinisation des rois d'Ur, voir RT, XVIII, p. 64 ;
XIX,
p. 185.
466. Cette interprétationi n'était pas celle d'Heuzey qui pensait que « l'attribution du turban aux divi-
nités représentées sur les cylindres proviendrait d'uVie confus'on voulue et préméditée entre les figures royales
et les figures divines », Découvertes, p. 306 Delaporte, Catalogue des cylindres de la Bibliothèque nationale,
;
p. XIII (igio), .ne conclut pas, mais dans son Catalogue des cylindres orientaux du Musée du Louvre (1920) il
comprend la scène comme une « présentation au roi >>. C'est ainsi que nous l'interprétons ici.
25b TELLO
d'un geste qu'elle espère convaincant. Plus rarement le fidèle est resté seul. Quel-
quefois c'est la déesse qui demeure seule, en face du dieu princiipal et cela se retrou-
vera souvent à l'époque plus tardive de la dynastie de Larsa.
Enfin, cette scène qui se déroule généralement devant la divinité, peut aussi
avoir lieu devant le devient encore plus qualifié pour accueillir
roi, puisque déifié, il
des suppliques. En bref, dans ce thème très courant à l'époque d'Ur III, nous voyons
plus volontiers l'idée de l'intercession que celle de l'adoration. Nous apportons ci-
après un choix de ces figurines classées à l'exemple de la présentation.
d) Intercession devant la divinité. Période d'Ur III. Le fidèle est soit seul
(T. 225), soit assisté d'une divinité (T. 226, 227, 228). Quelquefois, la déesse intercède
seule devant la divinité supérieure (T. 224 ITT, III, 5963). ;
Sin (T. 217, 218, 219 ITT, V, 9951, 9912) Ibi-Sin {T. 221 C ITT, V, 9962).
; ; ;
*
* *
Gilgamesh et Enkidu (Fig. 52, d et h). La lutte des deux héros légendaires
contre des animaux redoutables qui insipire tant de représentations de l'époque d'Akkad,
se retrouve au temps d'Ur III Un épisode où Gilgamesh et Enkidu collaborent
au combat contre un lion ailé est particulièrement courant, mais il arrive aussi que
chacun des deux amis doive maîtriser un animal différent, taureau ou lion, ou même
qu'un seul homme ait à venir à bout de deux animaux. Tout cela est traité dans un
style souvent archaïsant (d), mais la date ne fait cependant pas de doute. Il n'est
toutefois pas exclu que des cylindres archaïsants du temps d'Akkad aient pu être
conservés et déroulés bien plus tard sur des tablettes contemporaines des rois d'Ur,
mais toute discrimination demeure délicate si l'inscription manque, qui pourrait
fournir un critère sûr.
467. A. M.ooRTGAT, Vorderasiatische RoUsiegel, classe tous ks cylindres de ce type à l'époque d'Akkad,
pl. 25, 169. Cependant il place à l'époque néosuménenine ou plus tard des pièces très voisines, pl. 37, 282 ;
56, 461.
468. C'est lie cas de cylindres au type de l'homme « liant » des animaux, certainement présargoniques
et retrouvés dans l'hypogée d'Ur-Ningisu-Ugmé.
LES NEO-SUMERIENS 257
Delaporte, Catalogue... T. 42, 66, 67, 71, 72, 79, 80, 82, 198 (an 7 de Bur-Sin).
Emkidiu, T. 50, 51, 73.
Genouillac, Telloh, II, pl. 116, i h.
Parrot, TP. 120, 126, 1212, 1614.
ITT. III, pl. III, 6634, 6646 (double Gilgamesh), 6663 (id), 6664, 6639, 6662, 5939,
6642; V, pl. II, 10080.
*
* *
17
258 TELLO
d'autre de l'arbre, vers lequellls élèvent la main en signe d'adoration. De la base,
tombent en volutes stylisées, les fruits, sans doute les régimes de dattes (Fig. 52, /).
Parrot, TP, 354 (Pl. XXX). 476, 556, 601, 631, 1412.
TP. 714. Un personnage est assis devant un arbre, vers lequel il étend la main.
1333- Un personnage est debout, qui adore l'arbre, à côté duquel a été plantée
une hampe surmontée d'un croissant.
Ailleurs, 635, deux personnages sont en marche en direction de l'arbre un :
guerrier portant la masse et la harpé, suivi d'un cavalier qui chevauche un animal
à cornes.
On retrouve en 327 (Pl. XXX), deux personnages debout, de part et d'autre de
l'arbre. L'un d'eux est suivi par un taureau portant sur son dos la hampe surmontée
du croissant.
On
connaît aussi le décor distribué sur deux registres en haut, la scène de :
]
'arbreen bas, le défilé des oies. Par exemple, notre 1166. Registre supérieur
; un :
Dans le registre inférieur, les oies, passent (ou nagent) à gauche. Pas
d'inscription.
Ce dernier cylindre indique, sans équivoque que l'arbre est une véritable divi-
nité et qu'il s'agit bel et bien du culte qu'on lui rend. Car nous ne citons pas en ce
moment les cylindres où un arbre apparaît, constituant le décor, mais avec une signi-
fication religieuse ou symbolique évidente (Ex. TP, 12 11, 1270, 1482, etc.).
:
*
* *
La barque sacrée (Fig. 52, e et pl. XXX). On sait qu'à certaines fêtes de
l'année, les divinités quittaient leurs sanctuaires pour se rendre processionnellement
dans un temple <( hors les murs » et que dans ces déplacements, la statue divine pou-
vait, en barque, descendre ou remonter le cours du fleuve ou du canal de la cité. La
barque sacrée fut certainement associée aussi au culte de l'arbre. Un de nos cylindres
(TP, 300) montre en effet un barque (Pl. XXX) qui, voguant sur des eaux paradi-
siaques, transporte sous un dais dont les montants sont des poteaux que décorent de
grosses boules, un arbre à branches opposées. Un rameur est installé à la poupe.
Vers la proue, se dresse une hampe fourchue. Sur la berge, l'aigle éployé est dressé
sur la « lance de Marduk
474. Cf. util cylindre de Shuruppak, O. Weberi, Altorientalische Siegelhilder, II, n° 410 ; Ch. F. Jean,
La religion sumérienne, p. 143.
'M
52. Glyptique néo-sumérienne
200 TELLO
*
* *
Pyramide, guirlande, aigle '"^ (Fig- 52, i)- Ce thème qui associe architecture,
végétation et faune, a connu une certaine faveur à l'époque d'Ur. On voit sur la
même ligne de sol deux pyramides (ziggurats?) avec indication d'appareillage hori-
zontal et vertical. Une guirlande (TP, 735) ou une échelle souple » (TP, 191), <(
du cylindre, un arc très aplati, où il est bien difficile de voir un croissant lunaire
(Pl. XXX).
L'interprétation de ces deux dernières représentations nous échappe totalement.
*
* *
Découvertes, p. 301 ;
Delaporte Catalogue, T. iio.
pour la libation. Cependant les rois ou patésis restent vêtus, ainsi qu'on le voit par
exemple sur les reliefs de « Gudéa libateur » ou sur la grande stèle d'Ur-Nammu.
Fidèles adorant le croissant (TP, 982). Des fidèles, debout, passant à gauche,
475. Même cylindre dans O. Weber, op. cit., II, n° 566 ; Moortgat, op. cit., pl. 33, 247,
date de l'époque d'Akkad. L. Legrain, Achaic Seal Impressions, pl. 32, 555, publie une empreinte d'Ur
qui reproduit ce thèmie. Il la classe à l'époque early dynastie.
LES NEO-SUMERIENS 261
* *
— des aigles éployés, constituant tout le décor (TP, 45), alig^nés tête-bèche (TP, 333).
Cf. Telloh, II, pl. 116, I c.
—
des oies nageant et occupant g-énéralement (Fig-. 52, h) le registre inférieur des
cylindres la scène y est distribuée en deux zones
quand TP. 634, 918, 69, 36, 297, 367,
:
368, 331, 229, 538, 876, 883, 1615, 1569, 1270, 1160.
—
des oies passant, TP, 620.
—
des scorpions, disposiés en frise, soit au registre supérieur (Fig. 52, h) des cylin-
d'res à double zone (TP, 36, 331, 1019, 1126) soit à leur registre inférieur (504, 1211, 917)
(Pl. XXII).
— des autruches {?) (TP, 558).
L'aigle bicéphale apparaît quelquefois [ITT, II, pl. III, 3911; III, pl. III, 6631, 6651,
6954); Delaporte, Catalogue, T. 109 et 110 (cylindres d'Ur-dun) aussi bien que V aigle léon-
tocéphale {ITT, II, 3942 (pl. III); V, 10015, 10050 (pl. IV).
On trouve en outre le griffon {ITT, III, 4790, 6475) et très souvent le lion isolé,
soit couché {ITT, III, pl. IV, 6641), soit dressé {ITT, III, 6647, pl. IV; V. pl. III).
Parfois une sorte de monstre non identifié {ITT, III, pl. IV, 5967, 6645).
Ces derniers animaux sont figurés isolés et font partie de la scène principale,
étant généralement l'attribut d'une des divinités.
Aigle liant des bouquetins. Ce thème très répandu (Fig. 52, g et pl. XXIX) dès
202 TELLO
l'époque présargonique, connaît encore une très grande faveur. Une des plus belles
pièce de ce genre est (TP, 604) (Pl. XXIX), où le graveur a silhouetté le rapace
éployé, attaquant l'un des bouquetins au poitrail et l'autre à la croupe. Les deux
animaux surpris réagissent différemment un se rejette en arrière, l'autre tourne la
:
tête. Leurs longs bois s'étendent avec beaucoup d'élégance. Dans le champ, un crois-
sant et un arbre, situent la scène le roi des airs s'est abattu sur terre, dans le fourré,
:
Scènes diverses.
Episodes de chasse. Il ne s'agit pas des combats de type et d'inspiration pré-
sargoniques, oii le héros maîtrise les fauves avec la puissance de ses seuls bras. Ici
l'homme est armé. Tantôt, un genou en terre, il plonge son glaive dans le poitrail
d'un lion qui l'assaille (TP, 55) tantôt il semble avoir percé de deux flèches deux
;
lions croisés (TP, 37) (Pl. XXX) et ce thème se retrouve sur un autre cylindre
(TP, 103) avec un arbre dans le champ. Ailleurs deux hommes s'efforcent d'atteindre
un aigle éployé l'un tire de l'arc, l'autre brandit une lance. Tous deux semblaient
:
disposer aussi de masses d'armes, mais ne s'en servent pas pour cette opération
(TP, 365).
Transport. (TP, 56). Il s'agit sans doute d'un char attelé. On voit distinctement
l'animal de trait, mais le véhicule se laisse mal définir. Dans le cïhamp, aigle éployé
et croissant
Accouplement (TP, 369) (Pl. XXX). Ce cylindre n'est pas unique et on peut
le rapprocher de celui de Delaporte, Catalogue..., T, 88. Un homme nu est étendu
sur le sol, l'organe viril en érection. Deux personnages armés, maintiennent (?) sur
lui, une femme nue, jambes écartées. Dans le champ, un croissant.
Rite d'hiérogamie scène de prostitution sacrée, acte purement profane, on
ne saurait faire un choix certain. Il faut tout au moins remarquer l'idée de contrainte
ici exprimée, soit qu'il s'agisse d'obliger la femme à l'acte sexuel et sous la menace
du glaive, soit et c'est encore une autre interprétation possible, qu'on veuille
s'opposer à cet accouplement. De toutes façons, le sens profond échaippe,
*
* *
476. La date de ce cylindre est incertaine. Elle peut être plus ancienne et remonter jusqu'à l'ëpoque
d'Akkad, sinon présargonique.
477. Interprétationi de Frankfort qui a trouvé un cylindre identique h Tell Asmar.
478. ScHEiL, RT, XX (1898), p. I et pl. n° 4
479. Telloh, II, p. 83.
LES NEO-SUMERIENS 263
*
* *
Ces énumérations ont tout au moins rendu sensible la grande variété des thèmes
et la diversité des compositions. Sans doute les scènes « de présentation » et d'inter-
cession » sont-elles les plus fréquentes, mais elles n'étaient pas exclusives. Des motifs
présargoniques, les luttes de Gilgamesh-Enkidu, ont passé dans le répertoire du temps
de la IIP dynastie d'Ur, ce qui est normal étant donné la ferveur des traditions à
ce sujet. Le culte de l'arbre est plusieurs fois attesté et c'est là un thème nouveau dans
la glyptique. Celle-^ci s'inspire aussi volontiers de la faune pour en tirer des motifs
qui ne manquent pas d'élégance. Si les frises de scorpions sont plutôt sèches et dures,
celles qui s'illustrent d'oies,sont infiniment plus gracieuses et paisibles. Mais l'aigle
reste l'animal royal soit qu'il plane au zénith, soit qu'il s'abatte sur les animaux
,
domicile auprès des hommes dont la vie tout entière ne se comprend plus en dehors
des influences célestes. Proclamée et adoptée par tous, la religion domine la totalité
des êtres et des choses. Dans le panthéon complexe mais ordonné, le Sumérien a fait
son choix guidé par sa divinité tutélaire, il s'est placé une fois pour toutes devant
:
le trône dont il attend et reçoit tout pour la vie d'ici-bas. Celle-ci ne doit guère,
dans son esprit, différer de l'existence posthume. Elle n'en est, en quelque sorte,
que l'antichambre et quand on le couche dans la dernière demeure, on entoure le
Mésopotamien de quelques outils, de sa vaisselle, de ses objets de parure. Et l'on
ajoute généralement son cylindre, afin que dans l'au-delà, sa vie se continue iden-
tique. Le cylindre devient ainsi participant à l'être même. On comprend que dans
l'hypogée des patésis, nous les ayons retrouvés si nombreux. En les vouant à la
mémoire de leurs patésis défunts, les gens de Lagash qui se séparaient ainsi d'un
objet non seulement précieux et pour beaucoup indir^pensable, offraient un sacrifice
réel et sensible. Mais l'efficacité qu'on en attendait devait et de très loin compenser,
cette perte.
de combinaisons. Quelques exemplaires simulent même aux angles des têtes de clous,
qui sont sensés tendre le cadre du cannage.
Comment exipliquer ces objets? Genouillac qui en a retrouvé, avec la figu-
ration d'une femme nue, étendue, y voit des lits votifs » en
<( relation avec le
204 TELLO
concubinage sacré des Sumériens**". Cependant cette interprétation n'est pas la seule
possible. Nous avons en effet trouvé plusieurs de ces lits » avec la représentation ((
de deux volatiles affrontés au-dessus d'une barrière (TP, 494, 1121) (Fig. 51, i) et il
est bien évident qu'alors il n'est plus question d'hiérogamie. Nous y verrions plutôt
une utilisation plus prosaïque, ces plateaux servant à quoi servent tous les plateaux,
c'est-à-dire à porter, à recevoir quelque chose petits objets faciles à égarer autrement,
:
auxquelles s'ajoutent celles que signale Genouillac et qui peuvent tout aussi bien
remonter à l'époque présargonique que se trouver contemporaines de Larsa.
Par contre, sont certainement d'Ur III ces perles, pendentifs et coulants, dont on
trouve une très grande variété. Woolley en a compté plus de vingt formes (cylindri-
ques, barillets, fuseaux, coniques, bi-coniques, rondes, etc.) Lisses ou striées, elles
composaient des colliers plus ou moins fournis. La terre émaillée joue ici encore un
très grand rôle, bien qu'elle soit assez fragile, mais la parure coûtant moins cher, pou-
vait plus facilement se remplacer. Les perles de pierre sont plus rares mais elles exis-
tent avec toute la gamme des variétés et des couleurs cornaline, agate, ambre, cristal
:
de roche, marbres divers et peu souvent, à Lagash, en tout cas, lapis-lazuli. La coquille
si fréquente un demi-millénaire avant, a perdu sa faveur.
au temps et au sol humide. Quant aux parures en or, lui incorruptible, elles sont insi-
gnifiantes, car les pillards antiques ne les ont pas négligées. On sait toute la riche^e
des coupes, gobelets, trônes, tables, en métal jaune, existant pourtant à Lagash et bien
487. Telloh, II, p. 87 et pl. 107, 4. Le 3® exemplaire en albâtre risque fart de n'être pas d'Ur III.
488. Telloh, II, p. 87.
'
attestées Tous les temiples dégagés par les archéologues français étaient depuis des
siècles saccagés. Quant aux tombeaux royaux de l'époque présargonique, ils échap-
pèrent à toutes les investigations. L'hypogée d'Ur-Ningirsu-Ugmé avait été lui aussi
et avant 'notre arrivée, vidé de tout ce qu'il pouvait contenir de précieux, car il y avait
certainement quelques pièces de valeur à côté des figurines et des cylindres.
Pour en finir avec cette rubrique, il n'y a plus qu'à signaler les épingles et les
aiguilles en bronze. Rien ne les distingue de celles inventées un millénaire avant.
L'extrême simplicité de ces objets, interdisait toute fantaisie en même temps que toute
amélioration. Créés parfaits du premier coup, ils n'avaient à subir aucune retouche.
Outillage et armement. Si la terre a tenu une très grande place dans la fabri-
cation de l'outillage et de l'armement de l'époque protohistorique, avec les haches et
les faucillesen particulier, son utilisation a beaucoup diminué, sinon totalement dis-
paru, à la période d'Ur IIL
Nous ne voyons plus guère à citer dans ce genre que les fusaïoles. Il s'agit de
petites rondelles d'argile en forme de troncs de cônes, à large base, percés en leur
centre et qui servaient de tendeurs au moment des opérations de filage et de tissage.
On en trouve dès l'époque présargonique. Aux temps néo-babyloniens, elles existeront
encore. Quelques exemplaires sont en pierre. Petits accessoires anonymes du travail
des fileuses.
Le bois était aussi largement utilisé mais il a presque toujours disparu, le sol
mésopotamien étant impropre à la conservation des matières périssables. On songera
par exemple aux barques et à leurs rames, aux charrues et aux chars, aux manches
de divers outils et de quelques armes. Seules les représentations sur les stèles, les
cylindres et les figurines et les mentions sur les contrats nous permettent de nous
faire quelque idée des emplois courants d'une matière première rare dans le pays et
généralement importée.
Il ne subsiste donc que ce qui a pu résister, c'est-à-dire ce qu'on avait fabriqué
en pierre et, malgré l'oxydation aussi souvent désastreuse, en métal. Nous croyons
495. RTC, 204, 221, 222, 223, cité par Genouillac, Telloh, II, p. 96.
496. Découvertes, pl. 26 bis, 5, 6, 7.
497. Telloh. Il, p. 122. I
498. Pour tout cela, Thureau-Dangin, RA, XVIIT (1921), p. 129 sq. !
268 TELLO
L'outillage en métal est assez varié et l'on identifie assez bien des burins, des
ciseaux, des lames-racloirs et des spatules. La
de bronze a remplacé défini-
faucille
tivement la faucille d'argile ou celle en éléments de silex assemblés et enrobés sur une
armature de bitume L'herminette à tranchant horizontal rappelle l'outil que tien-
nent certains personnages de figurines et diffère tout à fait de la hachette présargo-
nique. Les pêcheurs connaissaient déjà le hameçon et peut-être le harpon
Comme armement courant, on n'a guère retrouvé que des poignards, car les
pointes de javelot semblent plus tardives. Une arme de luxe réservée aux chefs et aux
dieux, est la harpé dont Cros retrouva deux exemplaires de bronze dans une tombe
en céramique du tell H
<( La première de ces armes (Fig. 54, a), longue de o m. 27, est courbée en forme
de crosse aplatie, à deux pentes formant tranchant des deux côtés et la courbe, ;
s 'élargissant brusquement à son extrémité, se termine par une tête évasée en tranchant
de hachette. L'extrémité opposée s'amincit d'autre part et forme une soie assez courte,
percée de deux trous, pour l'ajustement d'une poignée dont il ne reste que les deux
rivets. »
(( La seconde arme (Fig. 54, h), d'une courbure encore plus compliquée, se
coude presque à angle droit dans sa partie supérieure et cette partie n'est tranchante
que sur sa courbe extérieure qui se termine en haut et en bas par un enroulement
d'une disposition élégante. La lame porte de plus une triple rainure qui en suit exac-
tement la forme contournée. Ici enfin la poignée de l'arme est restée intacte elle est ;
quand les objets, à l'analyse, se révèlent comme du cuivre avec si peu d'étain qu'il
semble plus une impureté qu'un véritable alliage. Des pièces analysées ont en effet
donné: cuivre, 97,75; étain, 0,78; fer, 1,50; arsenic, traces^. Gardons cependant
le terme de bronze, puisque les textes le mentionnent explicitement dès l'époque pré-
sargonique
ques exemplaires de petit module l"ont été uniquement à la main. L'argile est géné-
ralement très épurée, avec léger liant. L'anse n'existe plus; le bec est rarissime. Le
décor peint a disparu tout à fait, de même celui qui procédait par incision. Tout au
plus signalera-t-on quelque collerette ou quelques lignes concentriques pour silhouetter
dynastie de Larsa et sous des influences nouvelles, on se soit efforcé d'améliorer cette
présentation. Et cela nous vaudra ces vases et ces coupes en terre grise, avec décor
incisé et incrusté. Mais même alors, ce sera l'exception et l'on préférera encore amé-
liorer l'élégance des formes et la pureté de la pâte.
Genouillac a réiparti toute la vaisselle de terre trouvée par lui, en vingt subdi-
visions dont voici l'énumération jarres, urnes, pots, verseuses, flacons, bols et tasses,
:
vases à boire, gourdes, coupes, cornets, cuvettes, « pots de fleurs » et seaux, petits pots
et ampoules, godets, marmites, pots à graisse, plats, passoires, écuelles, gamelles
On peut, croyons-nous, simplifier et peut-être modifier certaines appellations dont
quelques-unes n'apparaissent pas heureuses. Ainsi par exemple, celle de « gamelle »
qui évoque quelque chose de plat alors qu'il s'agit au contraire d'un récipient plus
haut que large, voire même de forme assez raffinée et qui est la copie assez rappro-
chée d'un modèle en pierre d'époque présargonique
Il nous semble que l'on pourrait envisager le classement suivant :
5) Flacons, pour des liqueurs concentrées et fortes (XXXII, 2059, 3553, 3656; XXXV,
95) ;
^) Ampoules-flotteurs, peut-être pour des huiles parfumées (XXXI, 3690, 3613; XXXII,
543);
7) kSodets, pour déposer le fard ou les graisses d'onction (pl. 57, 58) ;
8) Assiettes et écuelles pour le « service de table » {XXXIII, 852, ir io; XXXV, 748) ;
9) Flats ;
Avec ces douze espèces, on peut rendre compte, croyons-nous, de toutes les
formes et de tous les usages. Peu de chose échappe, sauf cependant ce que Genouillac
85a
301
3SS3
appelait « gamelles et qui constituent souvent une partie des mobiliers funéraires.
)>
Il s'agitd'une céramique à bord plat ou tombant, bien détaché par une gorge pro-
fonde, mais étroite et par une panse en forme d'U [Fig. 56, 1108, 1359]. On préfé-
rerait le terme d'aryballe qui caractérise le type de vase jaillissant, bien que la gorge
soit trop étroite pour que la main puisse s'y placer. Cette céramique semble donc
réservée au matériel funéraire et aucun terme ne la dépeint vraiment, sinon peut-être
celui de vase, qui évoque ce cachet d'élégance qui précisément ne fait pas défaut
{Telloh, II, pl. XXX, 3769; XXXI, 1108, 1359, 2403 XXXIII, 606, 988, 905).
;
Beaucoup sans doute 'n'ont pas résisté aux ravages du sol mésopotamici'.:- Rien non
plus n'est aussi difficile, sauf dans le cas de formes très particulières et très accusées,
que de dater avec certitude un récipient de métal. Il n'y a aucune différence enÇ^ »
18
274 TELLO
Chapitre fV
qui a sa capitale à Isin (Ischan Bahriyât), l'autre à Larsa (Senkeré). Tout d'abord on
ne voit pas très bien dans cette distribution des zones d'influence, quel maître reçoit
Lagash, La ville est plus proche de Larsa que d'Isin, mais d'autre part les premiers
rois d'Isin, Ishbi-Irra, Iddin-Dagan, Ishme-Dagan et Lipit-Ishtar,
Gimil-ilishu,
contrôlent certainement le bas pays et il n'y a guère que Larsa qui leur échappe.
Il est donc possible que Lagash fut aussi dans leur lot. Cependant toute trace de
leur suzeraineté demeure indiscernable, faute de textes. On ne peut la supposer que
par conjecture.
Près d'un siècle après le début de ce synchronisme Larsa prend le dessus avec
Gungunum qui devient roi d'Ur et de Sumer et d'Akkad », titre qu'il partage
<(
encore, il est vrai, avec Ur-Ninurta d'Isin ^ Mais pour ce dernier et ses successeurs,
il ne s'agit plus là que d'un héritage purement honorifique. En réalité, les rois de
Larsa ont partout l'initiative et détiennent le pouvoir. Lagash est sans aucun doute,
devenu partie de leur fief ^ désormais jusqu'au triomphe de la dynastie
et Je restera
de Babylone, avec Hammurabi, quelque cent soixante-dix ans plus tard.
En bref, de la IIP dynatie d'Ur à la I™ dynatie de Babylone, cette période
nouvelle pour Lagash, dure d'après les listes, 263 ans, avec une évolution lente mais
cependant perceptible. L'effondrement de l'influence sumérienne et l'apparition de
deux civilisations où dominent les éléments sémite et élamite, s'accompagnent d'une
adaptation très net^e;^ qui permettra de distinguer facilement les cylindres, les figu-
rines et mên.L la céramique de ces deux époques. L'habitat ne change pas ou peu. Le
costumer-adopté de nouvelles modes et les noms indiquent l'importance de l'infiltra-
vi>n sémitique. Les dieux restent les mêmes, car l'équivalence exacte, rigoureuse
entre la divinité sumérienne et sémitique, permet aux adorateurs de Nanna(r) de
s'accoutumer facilement à Sin et aux fidèles de Utu (Babbar) de le retrouver sans
difficulté dans Shamash, D'ailleurs les nouveaux monarques semblent avoir eu le
souci d'entretenir les anciens sanctuaires et les vieilles vénérations dans les villes
anciennes occupées par eux Ur était toujours la ville de Nanna(r) et à Lagash, on
:
*
* *
en stéatite 'noir-bleuâtre (L. 0,105 1- 0,085 h. 0,05). Couché, la tête haute tournée
: ;
'•
î :
à demi, le molosse monte la garde, prêt à aboyer et à se lancer, croc en avant. Dans
son dos une cavité a été creusée, qui supporte une sorte de godet dont la pierre diffère
et indique un aménagement postérieur. Cependant l'animal est à rapprocher de deux
petits taureaux androcéphales du Louvre et de celui au nom d'Urgar trouvé en 1932,
qui eux aussi ont le dos pareillement creusé.
Une inscription est gravée, partie sur le flanc-droit, partie sur la croupe du
chien, que Thureau-Dangin traduit ainsi u A Nin-isin, la dame qui... les mystères, :
sa dame, pour la vie de Sumu-ilu roi d'Ur, Abbadu{g)ga, le prophète, fils d'Uruka-
gina le kalmahhu de Girsu.,. et pour la vie... voua ceci ». Sumu-ilu qui porte un nom
bien amorrite (Sumu-el, Samuel) est le dernier des rois de Larsa à revendiquer le titre
de « roi d'Ur ». A partir de Nûr-Adad, ses successeurs se contenteront d'indiquer
qu'ils prennent soin d'Ur, mais n'omettront jamais de se dire « roi de Larsa ». Le
clerc de Lagash qui voue cet objet à la « Dame d'Isin », pour la vie de son suzerain,
ne manque pas d'à propos. En effet Sumu-ilu venait entre autres de reconquérir Ur,
qu'avait repris Bûr-Sin d'Isin.
De Sumu-ilu, on possède encore à Lagash la mention, sur un compte de
champs daté de la 3"^ année*. Une autre tablette est datée de la 6*' année du même
souverain ^.
Il faut attendre l'arrivée au pouvoir de la famille élamite de Kudur-Mabug
pour avoir de nouveaux renseignements sur l'activité à Lagash des souverains de
Larsa. Sur un clou trouvé à Ur ^, Arad-Sin, entre autres références à son zèle pieux,
précise l'homme qui augmente les offrandes de Veninnu, moi, celui qui Lagash et
: ((
Girsu en leur place rétablit, moi ». Il semble donc qu'avec ce monarque, la dynastie
ait porté un nouvel intérêt à une ville peut-être délaissée par les premiers souverains.
Mais les textes resteront toujours des plus rares. Sur un contrat, achat d'une maison,
on jure par le nom du roi, Arad-Sin ^
Son
successeur, Rim-Sin, au cours de ses soixante années de règne un des —
plus longs de l'antiquité orientale dut poursuivre une politique seijiblable. On en —
est pourtant réduit, pour l'affirmer, à fort peu de chose. Sur un clou troû-'é à Tello ^
le roi dit simplement qu'il veille sur Girsu et Lagash » et l'on sait aussi que la
<(
cations^". Il n'est pas impossible que l'intérêt po.rté à Lagash ait été encore accru du
fait que Rim-Sin épousa une femme qui sortait peut-être de la grande famille d'Arad-
Nannar. En effet sur la tablette B " vouée à Nin-égal, la femme de Rim-Sin, Si [ ]
innina se dit « fille d'Arad-Nannar ». Il est évident qu'il ne s'agit pas du premier
ministre encore en vie sous Ibi-Sin, roi d'Ur les dates s'y opposent mais c'était — —
peut-être un de ses descendants.
On connaît maintenant mieux, grâce aux textes de Mari, la succession des
très précieuses pour l'onomastique du temps Les cylindres seront étudiés plus tard
avec la glyptique de cette époque.
Les objets sont heureusement plus nombreux et nous pouvons, grâce à eux,
avoir une idée très précise de la vie à Lagash, sous les dynastes de Larsa.
L'habitation a Lagash. Des maisons ont été fouillées par Gros (au tell H, dit
de Nécropole) et par nous-même, au tell de l'Est, au cours de la 20* campagne.
la
Nos constatations sont assez identiques, si l'on accorde, ce qui est certain, que les
a enclos funéraires » de Cros ne sont que les substructures des maisons du temps. La
construction n'ayant pas sensiblement varié de l'époque d'Ur à celle de Larsa, le
moment est venu de donner quelque idée de l'habitation à Lagash, de Gudéa à Rim-Sin.
L'agglomération s'est constituée et agrandie évidemment sans grande considé-
ration d'urbanisme, au sens où nous l'entendons actuellement. La fantaisie indivi-
duelle imposa sans doute aux quartiers, leurs formes et leur extension, compte tenu
des propriétés s^^crées, temples et fondations, qui fixaient sur le sol et sans déplace-
ment possi'yie, le domaine des dieux. Le transfert de Veninnu est une exception remar-
quable i^ue nous avons précédemment signalée Les maisons se juxtaposaient ainsi
^*4^'unes aux autres, aussi serrées que dans une villemoderne. Les communications
étaient assurées par des rues et ruelles, droites par petits tronçons. De temps en temps
une place se découvrait, bordée de murs nus et sans grande perspective.
La maison [Fig. 57] était construite sur le parti de la cour intérieure, avec les
pièces tout autour. Les endroits soumis à forte usure (seuils, éviers, en particulier)
étaient dallés de carreaux cuits. Des puisa.rds en anneaux de céramique superposés,
évacuaient vers les profondeurs les eaux usées. Les murs étaient en briques crues, avec
parements extérieurs en briques cuites. Très rarement ils étaient entièrement en briques
cuites. De toute façon, il ne s'agissait alors que des assises de base, le reste étant
élevé en briques crues. Un enduit de boue, armé de paille hachée, était ensuite plaqué,
extérieurement et intérieurement, qui assurait une meilleure conservation de l'appareil-
lage, le protégeant en particulier contre l'action des agents atmosiphériques. Un lait
12. Voir entre autres G. Dossin, Les archives épislolaires du palais de Mari, dains Syria, XIX (1938),
pp. 1015-126.
13.Telloh II, p. 133 (TG, 3964).
14.Telloh II, p. 131 {TG, 2776, 2777).
15. Le sanctuaire de Bau fut aussi déplacé, car on parle d'ancien et de nouveau temple. Sans doute
la déesse avait-elle dû suivre Ningirsu, son parèdre.
57- Plan d'une maison. Epoque néo-sumérienne
278 TELLO
de chaux s'y ajoutait quelquefois, qui recouvrait les panneaux des chambres que les
plus fortunés devaient probablement tapisser de nattes de roseaux. Des nattes aussi,
par terre, sur la terre battue, le carrelage n'apparaissant, 'nous l'avons dit plus haut,
qu'accessoirement.
La porte [i] extérieure une seule— —
de la maison, en bois et nattes, pivo-
tait sur une pierre de seuil » ou crapaudine, plus ou moins enfoncée dans une
<(
L'habitation des défunts (Pl. XXVII et Fig. 58). Après la maison des vivants,
celle des morts. Thureau-Dangin a publié autrefois un texte évocateur qui indique à
quel point le mort a le souci de conserver sa part de patrimoine et sa place au foyer ».
((
16. Cf. le plan du pseudo « temple de Nina », Telloh, II, pl. XVIII, que nous utilisons ici, puisqu'il
s'agit d'une maison.
17. Cf. Cros, NFT, p. g et 233.
18. AJ, VII, 4, pj. XLII.
19. ihid. pl. XLI.
20. Echelle sur la stèle d'Ur-Nammu, RA, XXX, p. 112 et pl. i.
21. RA, XIX (1922) p. 175, cité par Genouillac, Telloh, II, p. 23.
22. Telloh, II, p. 27.
58. SÉPULTURES DE l'ÉPOQUE NÉQi-SUMÉRIENNE
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EPOQUE D'LSIN, DE LARSA ET DE BABYLONE
Les sépultures, on le voit, sont donc assez variées. Dans les sous-so4s des mai-
sons, elles apparaissent à des niveaux différents et les plus anciennes ne sont pas
toujours les plus profondes. C'est ce qui explique les constatations, au premier abord
troublantes, faites par Cros au tell H ^^ C'est ainsi que dans un secteur :
en effet des sépultures doubles ou triples, non seulement dans les tombes construites
en briques et qui évidemment tiênnent lieu de caveau familial, mais encore dans quel-
ques tombes en céramique double-cloche ou cloche-dôme. Les ossements du premier
:
enseveli étaient alors serrés pour faire de la place au nouvel ou aux nouveaux arrivants.
Il s'agit là de réouverture légale, mais plus souvent les tombes sont retrouvées
violées et plus ou moins vidées de tout leur contenu. Elles ont été la proie des pillards
spécialisés dans ce genre d'opérations et qui étaient en quête des objets de valeur
déposés auprès des corps. Les tombes soignées, qui par définition, étaient réservées
aux privilégiés de la fortune, échappèrent bien rarement à ces dévastations. Cela
explique sans doute pourquoi la tombe en pleine terre, sans aucune protection visible
et apparente, réservée généralement aux humbles et aux miséreux, fut quelquefois ,
choisie par un grand de ce monde, espérant ainsi tromper plus facilement la corpo-
ration redoutée. Cas assez rares, mais qui se produisent sur tous les chantiers où les
fouilleurs sont brusquement surpris de recueillir des objets de la plus grande valeur
dans une « dernière demeure », la plus simple qui soit un trou dans la terre. Il est
:
vrai que dans la paillasse de certains pauvres, morts de froid et de faim, on retrouve
parfois des liasses de billets de banque ou des sacs pleins d'or... Il est vrai aussi que
*
* *
Figurines. Dans la ipasse des figurines qui datent de cette fin du IIP millénaire,
il généralement convenu d'attribuer à l'époque de Larsa, les plaquettes où le person-
est
nage est représenté de profil, en marche. Si ce critère est exact, le déipart est donc facile
et jusqu'à preuve du contraire, nous le retenons. Il semble en tout cas que si des moules
d'anciens types ont continué à être utilisés, de nouvelles créations apparaissent qui
fixentdans la terre, d'autres épisodes de l'existence travail, guerre, chasse, loisirs et
:
A. — Vie religieuse.
1. Dieux ou princes.
— Personnage passant à droite, torse nu ( ?), petite jupe ouvrant sur le devant
avec le bout de la ceinture qui pend. Tient une harpé de la main droite. La coiffure
qui devrait assurer l'identification est haute de forme
Genouillac, Telloh, II, pl. 120, i [Fig. 5g, d'].
—
Personnage au turban, barbe calamistrée en éventail, passant à droite. Vête-
ment court s'arrêtant aux genoux et laissant l'épaule droite nue. Si nous interprétons
correctement, il s'agirait du dieu Martu, tenant la harpé de la main droite, en l'ap-
puyant sur le coude gauche.
Telloh, II, pl. 120, 3.
2. Déesses.
—
Ishtar à la lionne [Fig. 59, e]. Quoique cassée à la tête, l'identification ne
fait pas de doute. La déesse est debout, de profil à droite, les deux pieds posés sur
une lionne qui retourne la tête. Cependant il n'apparaît pas qu'Ishtar tienne une arme.
Parrot, TP, 1367.
—
Déesses orantes. Deux divinités vêtues du kaunakès passent à droite, les
deux mains levées en signe d'intercession.
TP, 1382.
25. Geriiouillac est indécis. Il y a vu un « prince amorrite », op. cit., p. 54, parlant ailleurs d'un
« dieu >> (op. cit., p. 42).
26. Telloh. II, p. .<;o.
284 TELLO
4. Scènes religieuses.
Les femmes au tympanon, à tiare tourelée et aux astres, les danseuses, ont
disparu totalement. Le cycle du vase jaillissant ne se retrouve plus pas davantage ;
l'offrande du chevreau, alors que la glyptique les atteste encore. Par contre la « femme
nue », mains jointes, est devenue extrêmement fréquente, avec une silhouette qui
s'amincit de plus en plus. C'en est fini de la matrone sumérienne aux larges han-
ches. L'élégance féminine a triomphé et non seulement dans les formes plus souples
mais dans l'arrangement de la chevelure où l'on a adopté une sorte de coiffure à la
Hathor. Nous ne revenons pas sur ce groupe de figurines dont nous avons parlé plus
haut (p. 242).
a) Hommes.
— Homme passant
à droite, tête nue, mains jointes.
Gros, NFT, 144 p. et pl. VII, 5.
— Homme barbu, coiffé du turban, passant à gauche, main droite levée. NFT, p. 145.
— Fragment. Hommebarbu, de profil à droite, les deux mains levées. NFT, p. 144.
— Homme - passant à gauche, nu-tête, main droite levée, bras gauche replié. Longue
tunique, laissant l'épaule et le bras droits découverts [Fig. 59, b]. Parrot, TP, iio.
— Homme passant à droite, tête couverte d'un turban, main droite levée. Longue
tunique frangée. TP, 1358.
h) Femmes.
— Femme de à gauche, longue natte tombant dans le dos, main levée. Sarzec,
profil
Découvertes, p. 252 Van Buren, op. cit., n° 457.
et pl. 40, fig. 2.
— Femme de. profil à droite,mains jointes. E. ,D. van Buren, op. cit., n° 119.
— Femme assise, de prolfil à gauche, main droite levée [Fig. 59, g]. Parrot, TP, 542.
— Deux divinités orantes. TP, 1382.
— Divinité orante. Telloh, II, pl.. 99, i b.
Scène de libation.
homme et d'une femme, face à face ou côte à côte, d'exprimer la tendresse conjugale
27. Le même
personnage se retrouve avec les mêmes
objets sur un cylindre recueilli par nous (TP.
1487), est figurée l'offrande du chevreau. De
où même
sur d'autres cylindres publiés par divers auteurs. Ainsi :
Musée du Louvre. Catalogue des cylindres... II. Acquisitions, n° 362 Catalogue de la Collection de Clercq, t.
;
I, n" 154, et pl. XVII. Frankfort, Cylinder Seals, XXVI, i A. Moortgat, Vorderasiatische Rollsiegel, pl.
;
48, 383 ;C. L. WooLLEY, Carchemish, II, pl. 25, 4, avec une datation (« late hittite ») évidemment erronée.
59- FlOURINES-PLAOUETTES. EpOOUIi: DE LaRSA
286 TELLO
et la chaste intimité du foyer sumérien. Les scènes représentées sont nettement licen-
Ces plaquettes se retrouvent ici
cieuses et caractérisent des moeurs libres et dissolues.
et là, sans doute peu nombreuses, mais on en connaît maintenant toute une série pro-
venant de divers chantiers^. A Tello, TP, 1496.
On doit à ce propos rappeler la scène des cylindres mentionnés précédemment
(p. 262) hommes restant toujours les hommes, la licence
qui leur est apparentée. Et les
des moeurs s'étalera encore bien plus tard sur les petites lampes de terre de l'époque
gréco-romaine.
2. La mère allaitant.
3. Le guerrier
—
Homme passant à droite, la jambe g'auche dég'ag'ée, la main droite tenant la masse
d'armes. Parrot, TP, 329.
—
Bas de figurine. La jambe est dégagée de la robe- plissée. La main droite tient l'a
harpé pendante. TP, 561.
—
Id. Cette fois, l'bomme tient de la main droite une masse d'armes. TP, 1145
(cf. TP, 1619, même attitude). ,
4. Silhouettes d'hommes.
— Homme, coiffé du turban, barbu, la chevelure nouée en chignon, passe à droite.
La figurine étant cassée, on ne peut ainsi se rendre compte si l'ihomme fait un geste ou s'il
tient une arme. TP, 495.
—
Homme de profil à droite. La tête est couverte d'une calotte striée. Le visage au
profil sémitique est barbu. Le bras gauche était replié sur la poitrine le bras droit pendait, la ;
main tenant une masse d'armes (on le voit par comparaison avec des fragments de figurines,
TP, 1145, 1619). Cette figurine est donc vraisemblablement à classer avec celles des
guerriers.
5. Musicien. Un homme imberbe [Fig. 59, a], de profil à droite, tient une
sorte de mandoline, la main droite semblant pincer les cordes. TP, 1617.
8. Guerre. Il s'agit par contre d'une scène de guerre, avec ce cortège de pri-
sonniers. E-D. VAN BuREN, op. cit., n° 504.
Andrae, F ara,
p. 144 et pl. "4. Un exemplaire recueilli par ncus à Larsa,, L. 51. Une empreinte à Gawra,
E. Speiseri, Excavations at Tepe Gawra, pl. LV, b.
29. Dans une attitude strictement identique, le personnage d'un cylindre susien, RT, XXXVIII, p. 4,
fig. 2.
EPOQUE D'ISIN, DE LARSA ET DE BABYLONE 287
puisse y reconnaître des hommes au travail. E.-D. van Buren, op. cit., n° 506 ;
C. — Animaux.
II est très difficile, pour ne pas dire impossible, de
une séparation sûre
faire
entre les figurines-plaquettes représentant des animaux, qui sont d'Ur III et celles
qui sont de l'époque de Larsa. Il est donc certain que nombre de celles que nous
avons signalées plus haut (p. 251) sont contemporaines de la dynastie de Larsa, en
particulier les plaquettes avec lions passants, équidés attelés, chameau.
*
* *
surtout hématite. Et le choix de cette dernière pierre est à lui seul un critère de date,
presque infaillible.
Cylindres recueillis à Lagash et remontant aux époques de Larsa-Babylone
(Pl. XXXII).
Présentation. Parmi les exemplaires de cette scène, citons :
— Une déesse introduit devant un dieu barbu, à turban, ceint d'un pagne, un
fidèle lui aussi barbu, mais à longue robe frangée. Le dieu qui reçoit est debout. Deux
colonnes inscrites. Fritte, TP, 1165.
— Une divinité introduit un long vêtu. La divinité qui reçoit est assise
fidèle,
sur un escabeau. Derrière le fidèle, champ, un animal, queue relevée, passe
dans le
à droite et un homme nu, jambes arquées, mains jointes, contemple la scène. Derrière
le dieu, deux cases inscrites. 1364 [Pl. XXXII].
Stéatite. TP,
Intercession, La scène comporte un nombre variable de personnages. Dans le
cas le plus simple, une divinité (déesse) est seule en présence d'un dieu important et
sa main levée indique l'intercession [Pl. XXXII].
— Déesse devant un dieu, dont le pied est placé sur l'animal attribut. Trois
cases inscrites Ilshu-ibnishu, fils d'Ablun, serviteur du dieu d'Amurru [Pl. XXXII]-
:
30. Aucune description n'est donnée par GenouiMac, ni commentaire de cette reproduction. Il peut aussi
s'agir d'un musicien.
31. Pour A. MooRTGAT, op. cit., p. 113, il s'a^^it dans> cette scène d'une divinité intercédant devant le
roi guerrier divinisé (pl. 42, 322-330 43, 331-339).
;
288 TELLO
Parfois à cause de la détérioration des objets
le fidèle, si l'identification difficile
—
.
32. A Mari, le roi Zirririlim était représen-té en orant devant k dieu Amurrru, Dossin, dans Syria XIX
(1938), p. 125.
33. Cf. MOORTGAT, pl. 44, 345-351.
34. Le personnage debout sur un pied et tenant l'autre de sa main est un vieux thème de la glyptique.
35. Cf. MoORTGAT, op. cit., pl. 47, 370.
Planche XXXI CHIEN AVEC DÉDICACE DE SUMU-ILU
Époque de Larsa
EPOQUE D'ISIN, DE LARSA ET DE BABYLONE 289
— Le dieu à longue robe plissée, pied droit sur un capridé, reçoit un fidèle à
turban, qui lui apporte un chevreau. Derrière l'offrant, un officiant à jupon court,
tient d'une main le gobelet à libation, de l'autre la situle à pieds. (Cf. les figurines
identiques TP, 1533, 1534, I544)- Une déesse intercède, les deux mains levées. Deux
colonnes inscrites. Hématite. TP, 1487 [Pl. XXXII],
— Même scène, mais traitée dans un style archaïsant, l'apparentant à Agadé.
TP, 488 [Pl. XXXII].
Scène rituelle.
Deux personnages sont en marche vers un pyrée, main gauche levée. Dela-
PORTE, Catalogue... T. 235.
Gilgamesh et Enkidu.
On peut s'étonner de retrouver encore les deux héros présargoniques, mais
c'est à cette date que la tradition connaît littérairement un regain de faveur. Sa
représentation figurée s'explique donc aisément.
Elle est traitée soit dans un style archaïsant :
Catalogue, T. 52.
soit avec une rudesse qui tend au géométrique :
— Gilgamesh et Enkidu, sont debout, côte à côte. Deux lions, dont un ailé,
attaquent un bouquetin. Des animaux, de petits personnages, des astres divers, rem-
plissent les vides. Delaporte, Catalogue, T. 229.
pointu. En outre, il arrive, bien que ce soit très rare que, sur certains récipients, l'on
donne après cuisson, quelques touches de peinture noire. Mais cette céramique peinte
ne ressemble en rien à celle d'el-Obeid et un novice la distingue aisément. Enfin
sous des influences extérieures, peut-être d'Elam, on voit apparaître une céramique
plus soignée de terre gris-cendre, avec décor incisé et incrusté de pâte blanche.
Lagash en a donné quelques beaux exemplaires comparables à ceux sortis de Suse.
Gobelets à fond pointu, TelloK II, pl. XXXIV, 2425 TP, 1282, 1576. ;
Coupe à rebord plat très accentué, Telloh, II, pl. XXX, 4101 TP. ;
Coupe allongée à fond rétréci, Telloh, II, pl. XXXIV, 2426 TP, 1231, ;
compte des formes identiques à celles d'Ur III. Mais on ne saurait, sauf quand
on recueille ces objets dans des couches bien datées ou dans des tombes, distinguer
ces documents d'époque différente mais d'aspect identique.
rement obliques qui dépassent cette concavité, assurent une base circulaire parfaite-
ment stable. Quatre oreillettes de suspension. Le décor se déroulait sur la panse
en panneaux séparés par des bandes verticales. A la pointe, des silhouettes
généralement animales avaient été dessinées, que la pâte de couleur rehaussait très
heureusement.
Chacun des fouilleurs de Tello a rencontré cette céramique. date n'en fait La
plus de doute et il nous semble que cette industrie fut inspirée par les ateliers d'Iran.
Peut-être les potiers étaient-ils même des Elamites fixés en basse Mésopotamie au
292 TELLO
moment où une famille élamite monta sur le trône de Larsa. On pourrait évidemment
aussi estimer que cette céramique fut tout simplement importée. Les trois hypothèses
sont possibles et nous ne croyons pas pouvoir faire un choix.
canard nageant, panneau losange, canard, panneau losangé. Découvertes, pl. 44 his, 6
(Cf. Heuzey, NFT, pp. 36-37).
Fouilles Gros. Vase identique (h. : 0,145). Décor : taureau, oie passant, échas-
sier posé sur un gros poisson, barque portant treize hampes surmontées de crois-
sants. Trouvé au tell des Tablettes [Fig. 61, d]. NFT, pp. 38-40, 127, 147, 236, 244,
256, et pl. IV.
—
Exemplaire dont il ne reste que la partie inférieure. Combinaison de pâte
blanche et d'éléments rouge-brun. Décor oie se rengorgeant, échassier sur le poisson,
:
terre est cette fois rougeâtre, mais l'incrustation du décor est blanche. Ailternent
animal et motifs géométriques bouquetin ou gazelle passant, rectangles qu'encadrent
:
Un
vase est décrit et reproduit en couleur. Le décor est
Fouilles Genouillac.
dans un encadrement de bandes pointillées. Quatre « métopes », avec respectivement,
un quadrupède fantastique à l'échiné courbée, deux bandes horizontales à cinq cer-
cles concentriques séparés par une bande unie, à nouveau le quadrupède, enfin un
canard, ailes éployées. Chacun de ces thèmes est séparé du suivant par deux bandes
verticales pointillées.Telloh, II, p. 109 pl. 110, i, 3, 4 et pl. D [Fig. 61, a],
;
Fouilles Parrot :Terminant cette série, nos fouilles au tell de l'Est, nous ont
permis de recueillir un vase intact, de fabrique identique [Fig. 61, 6]. Deux bandes
horizontales pointillées,limitent en. haut et en bas le champ à décorer. Celui-ci
est divisé en quatre zones rectangulaires, où l'on voit un bouquetin assez schématisé,
un canard tout aussi stylisé et une combinaison de figures géométriques, bandes rec-
tangulaires avec cercles concentriques ou encore triangles opposés par le sommet et
décorés de cercles ou de points. Quatre trous percés à la base du vase et correspon-
dant aux oreillettes, permettaient aux cordelettes de suspension de se croiser par
dessous. TP, 1644.
Deux autres fragments de vases identiques ont été encore ramassés au tell de
l'Est : TP, 1308 et 13 17.
Larsa a donné une céramique semblable, avec cependant des pro-portions plus
élégantes et des combinaisons décoratives différentes (L. 115). Pourtant c'est la même
6l. CÉRAMIQUE INCISÉE. EPOQUE DE LaRSA
294 TELLO
technique et surtout la même Le problème reste entier de savoir
tradition artistique.
si ces pièces furent fabriquées dans les
sumériennes ou importées d'Elam.
villes
De toutes façons, il s'agissait certainement d'une céramique de luxe et le fait que les
exemplaires intacts aient été recueillis dans des tombes, permettrait sans doute d'y
voir un objet de mobilier funéraire.
La vaiselle de pierre était certainement en usage à l'époque de Larsa. Aucun
récipient, sûrement daté, ne nous est parvenu.
De la vaiselle de métal, on peut par contre
citer des sortes de poêles en bronze,
à longue queue évidée [Fig. 54, c]. Plusieurs exemplaires (TP, 142 1, 15 18) sortent
de tombes (t. 43, 70) bien datées grâce à des cylindres. On trouve en même temps
des plats, des coupes et gobelets.
Ces outils ne sont souvent qu'une copie de ceux d'Ur III mais certains, ainsi
les haches, annoncent un nouveau type, celui de la hache fénestrée », dont la ((
'
Objets de parure.
de cristal de roche, mais aussi de fritte et même de terre, devaient y contribuer. Des
bijoux en or, il ne reste que de minuscules épaves, car le métal précieux fut de tout
temps l'objet des convoitises. En ce domaine, les tombes de Larsa nous ont permis
d'avoir quelque idée de la parure des privilégiés de la fortune. Les habitants de
Lagash ne durent pas leur être inférieurs.
Hammurabi le roi, avec le secours d'Anu et d'Enlil, marcha à la tête de son armée,
où sa main atteignit (saisit) le pays de lamutbalum et le roi Rim-Sin et où en
Sumer et Accad, ses commandements s'établirent ». Cet événement aurait donc eu
lieu la 30'' année de Hammurabi, l'événement commémoré « la 31^ année » s'étant
passé l'année précédente Il est évident qu'automatiquement le royaume de Rim-
Sin passa sous la domination babylonienne. Lagasih par conséquent trouvait un nou-
veau maître.
trouble quelconque dans la ville de Gudéa. Rien en tout cas ne peut être invoqué qui
puisse le laisser supposer. La vie continue sans modification, selon les lignes tracées et
rien ne permet de distinguer un' objet de l'époque babylonienne d'un objet de l'ère de
Larsa. D'ailleurs les noms des dynastes babyloniens sont presque totalement absents.
Zabium, 3'' roi de la dynastie, n'a pu, comme on l'avait d'abord cru, être
retrouvé sur un contrat*", car on ne s'expliquerait pas comment les Babyloniens
auraient contrôlé Lagash au temps des rois de Larsa.
Dès lors, il ne reste que Samsu-iluna, fils de Hammurabi, avec des contrats
datés de ses i™ et 10^ années et portant des empreintes de cylindres. Ceux :
Catalogue... T. 239).
Ces deux contrats proviennent des archives d'un certain Belirim-ili, avec un
autre (AO, 4323), daté de l'année oià Rim-Sin (devint) roi ». Il semble établi*^ que
<(
ce Rim-Sin est non pas l'ancien roi de Larsa qui eût été alors bien vieux mais un
« aventurier » qui n'aurait pas hésité à se dresser contre le maître babylonien.
Celui-ci devait d'ailleurs en venir rapidement à bout, puisqu'il le fit prisonnier peut-
être dès sa 13® année (la 14^ an'née est datée en effet de la défaite d'un roi usurpateur).
Mais le danger qui menaçait Babylone se précisait d'autre part, aussi bien du
Nord avec les Kassites, que du Sud avec cette peuplade agressive du Pays de la ((
Mer )), dont le royaume est signalé dès Samsu-iluna. Et comme Lagash n'est pas loin
de cette zone de marais qui en forme le centre, on peut se demander si la ville
n'échappe pas dès ce moment à la i""® dynastie de Babylone. Car Samsu-iluna est le
dernier souverain dont le nom ait été retrouvé à Tello
Et c'est ainsi, qu'emportée dans de nouveaux remous, la cité qui avait connu la
gloire, la puissance et la prospérité, décline rapidement. Elle n'est plus désormais
qu'une bourgade, sans importance aucune. Son rôle est fini. La fortune s'est éloignée
vers d'autres rivages, sans espoir de retour. Mais comme un incendie qui avant de
s'éteindre tout à fait semble devoir se rallumer, Lagash avant de disparaître, va jeter
une nouvelle flamme. Bien pâle éclat des gloires passées, retour de lumière après la
chute du soleil. Quelques années pendant lesquelles un araméen, Adad-nadin-akhé se
donne l'illusion du pouvoir dans un palais de réemploi.
42. aurait certainement plus de 75 ans (61 années de règme) + i4 années H.ammurabi + x années de
Il
Samsu-iluma + x années avant son accession au trône).
43. L. KiNG, Chronicles concerning early Babylonian Kings, I, p. 69
II, p. 18.;
, , •
Chapitre V
DIEUX ET DÉESSES D'APRÈS LES TEXTES DE LAGASH
*
* *
I Amiaud, dans Records of the Past, Nouvelle Série, 57-59- Davis adopte cette conception « familiale »
du panthéon d'e Lagash, dans Proceedings of the American Oriental Society, 1895, CCXII-CCXVIII. Cités par
M. Jastrow, Die Religion Babyloniens und Assyriens, p. 103.
2. Il est intéressant de la comparer avec le panthéon de Lugalzaggisi, roi d'Uruk, dans ISA, p. 219,
ou avec celui d'Eannadu, Galet A, dans ISA, p. 39.
3. Nous dépendons ici très directement et fatalement des études antérieures sur la religion mésopota-
mienne, en particulier M. Jastrow, Die Religion Babyloniens und Assyriens, B. Meissner, Babylonien und
Assyrien, II, pp. 4-51, Ch. F. Jean, La religion sumérienne.
Notre 'étude préparée pendant la guerre était -îchevée, quand successivemient ont paru plusieurs ouvrages
de première importance pour le sujet E. Dhorme, Les religions de Babylonie et d'Assyrie, (1945
: S. N. ;
Kramer, Sumerian Mythology (1944) E. Douglas van Buren, Symbols of the Gods in Mesopotamian Art
;
(1945), ces d'eux derniers arrivés en. France à la fin de 1946. Du dépouillement considérable des textes chez
ces auteurs, nous ne retenons que ce qui a trait à Lagash et pour la seule période sumérienne, celle qui va des
origines à Hammurabi. Les références aux textes sont faites d'après Thureau-Dangin, ISA, d'où nous tirons
toutes les traductions. Aux indications fournies par l'épi graphie nous ajoutons en complément les références
archéologiques les plus importantes.
DIEUX ET DEESSES 297
Les deux villes où on l'adorait spécialement étaient Uruk et Der. 11 est remarquable
que son culte soit si rarement attesté à Lagash. Est-ce sa prééminence qui le retran-
chait en quelque sorte à la vénération des simples mortels ? Le maître du ciel semblait
n'accueillir vraiment que les grands personnages.
On le retrouve à Lagash dans les noms de deux patésis de l'époque présargo-
nique, E-anna-du et En-anna-du. Il est de même fait mention du champ sublime <(
d'Anu » (ITT, I, 1404, 1-4) et des. offrandes qui lui sont vouées {Telloh, II, p. 6).
Gudéa le nomme cinq fois {Statue B, VIII, 44 Cylindre A, X, 2 Cylindre B, ; ;
selon le cœur d'Enlil » (Cylindre A, XVII, 11)? Le patési élève à Enlil 3 stèles dans
Veninnu (Cylindre A, XXIII, 13 NFT, p. 296) et cet emplacement n'étonne pas,
;
puisque Ningirsu guerrier d'Enlil (Cylindre A, IX, 21) est en même temps son fils
chéri (Cylindre B, VI, 6 VII, 6) ^ Le maître de la terre est seigneur de l'ouragan
;
4. L'eninnu « temple des 50 » était par excellence le sanctuaire de Ningirsu. Mais était le nombre
d'Enlil. Il estprobable que Ve-ninnu d'abord temple d'Enlil, fut ensuite attribué à son fils Ningirsu.
298 TELLO
Enki (Ea), D'après son nom sumérien, le dieu était le seigneur du sol, ou mieux
du sous-sol et partant des eaux « plus basses que la terre ». C'est la troisième personne
de la triade supérieure qui s'était attribué le monde. En opposition aux deux divinités
précédentes, plus distantes, Enki était par excellence le créateur puis le protecteur des
humains (mythes d'Etana, d'Adapa, récit du Déluge, descente d'Ishtar aux Enfers).
De sa résidence d'Eridu, il aux destinées, dispensait les bienfaits de la
présidait ainsi
fertilité en même temps que Son roseau était l'emblème de la divination
de la sagesse.
(Ur-Nanshe, plaque de diorite, II-III), mais aussi un élément du rituel funéraire. Le
dieu dispose d'un filet (Eannadu, Stèle des Vautours, XIX, 2') redoutable aux par-
jures. Les patésis ont reçu de lui l'entendement Eannadu (Vautours, revers, V, 51-
:
52),- Entéména (Cône, V, 24-25) et lui ont construit à Lagash un sanctuaire dont le
nom varie, bien qu'il soit toujours en relation avec Vapsu on l'appelle tour à tour
:
Les néo-Sumériens l'ont tout autant vénéré. Ur-Bau lui construisit un temple
dans Girsu (Statue, IV, 11) et Gudéa fît de même (Cylindre A, XXII, 12).
Si l'on identifie la divinité tenant le vase jaillissant [Fig. 48, g] avec Enki, nom-
breuses en ont été les représentations, spécialement dans la glyptique. Nous avons vu
précédemment que ce trait n'est pas toujours un argument suffisant. Plus décisive est
la présence de l'animal attribut chèvre à corps de poisson ou bélier [Fig. 59, /] et l'on
:
retrouve aussi chez Gudéa une allusion au dieu d'Eridu, quand le patési évoque
(( l'antilope sacrée de l'abîme » (Cylindre A, XXIV, 21).
Le nombre sacré d'Enki était 40,
NiNHARSAG. A
côté de cette triade, il faut citer la déesse Ninharsag. Sa mention
en bonne place dans les listes ne doit pas surprendre. Il fallait, de toute nécessité, un
principe féminin sur le plan de ces grandes divinités masculines. C'est à cela que
répond la dame de la montagne, ou selon la thèse de G. Dossin, la dame de la tran-
chée du canal. Nombreux furent ses sanctuaires à Tilmun, Lagash, Kish. Les mieux
connus sont aujourd'hui ceux d'Obeid et de Mari, avec une abondance d'ex-voto dignes
de cette « mère des dieux », dont le lait fut accordé aux patésis eux-mêmes Eannadu :
(Vautours, revers, V, 47-48), Entéména (Brique A, I, 8). Ce dernier lui éleva une
chapelle (Cône IV, 8-9) et un énigmatique gi-ka-na du bois sacré » (Tablette d'al-
((
bâtre, V, Pierre de seuil F, 29-30). Comme Enlil, Ninharsag dispose aussi d'un
2-5 ;
1070) où il lui voue une de ses grandes statues (A). Nous rappelons, en illustration
du culte qui lui était offert, le relief présargonique de la libation étudié précédemment
(supra, p. 88 et fig. 22, b).
*
* *
Le deuxième groupement divin compte lui aussi quatre divinités Nanna (r) :
(Sin), Utu (Shamash) ou Babbar (soleil levant), Innina (Ishtar) et assez tardivement
Adad. Après la division tripartite de l'univers, les grands principes moteurs, qui com-
mandent en somme l'existence et le déroulement de la vie la lune, le soleil, l'orage et
:
femme, Bau, sa sœur, Nanshe, ses enfants, Galalim et Dunshagga. Ce qui explique
DIEUX ET DEESSES 299
la faveur que connaîtront en particulier Bau et Nanshe, sans cela à peu près totale-
ment délaissées.
Nanna (r) (Sin). Le dieu lune qui devint le dieu principal d'Ur et de Harran,
étaitd'après les textes « le fils premier né d'Enlil » (NFT, p. 167). Ce dieu portait
aussi d'autres noms, parmi lesquels En-su, lu parfois Zu-en par métathèse. Son chiffre
sacré était 30, sans doute parce que le dieu présidait aux 30 jours du mois.
Peu de renseignements à Lagash surce dieu. Eannadu dit simplement de lui
veau puissant d'Enlil » (Vautours, XX, i'-3') et Gudéa qu'il est le père
qu'il est le «
d'Utu (Babbar) (Cylindre B, III, 11), avec Ningal comme mère. Un certain nombre
de noms de gens de Lagash, sont théophores en En-zu ou Shesh-ki (autre appellation
du dieu). Ce sont les seuls témoignages du culte rendu à la divinité des caravanes, si
haut placée à Ur.
des taureaux dans son sanctuaire de Larsa (Vautours, revers, I, 30-40), et nous savons
qu'une chapelle lui avait été construite à Lagash (Entéména, Cône, II, 18), chapelle
qui fut saccagée par les gens d'Umma (Tablette Cros, I, 13 II, i). ;
Pour Gudéa, Utu était avant tout le dieu de la justice (Cylindre A, X, 24-26),
fonction qu'il exercera avec l'autorité que l'on connaît aux jours de Hammurabi. Le
même patési se réfère à lui, à de nombreuses reprises (Statue B, VIII, 62 Cylindre A, ;
XVIII, 5 Cylindre B, XVI). Des offrandes sont aussi mentionnées qui étaient appor-
;
tées dans son temple (ITT, II, 630, 833, etc.) et de nombreux noms théophores con-
firment la vénération populaire. Aia sa parèdre n'est jamais attestée à Lagash.
la femme nue, attirante, sinon provocante. Adorée dans de nombreuses villes, son tem-
ple le plus renommé était peut-être celui d'Uruk. Pour distinguer les Ishtar des sanc-
tuaires provinciaux, on ajoute au nom
général, celui des villes particulières où le culte
leur était offert. Le nombre sacré de la déesse était 15, la moitié de celui de son père.
Dans panthéon de Lagash où les divinités femmes ne manquèrent pas, on le
le
verra bientôt, Innina ne fut pas négligée. Eannadu qui se disait son époux chéri (( )>
où il voua non seulement un disque (Cylindre A, XIV, 27), mais une statue (C), celle
dite « aux épaules étroites » (supra, p. 161).
Adad. C'est le dieu que les Sumériens connurent sous nom de Mer et dès la
le
dynastie d'Akkad ^. Il ne fait pas de doute que Mer est le nom sumérien du dieu de
l'orage, et que son identification avec le grand dieu ouest-sémitique Adad, Ramman,
Teshub, est assurée.
Mer n'apparaît à Lagash qu'avec Gudéa qui mentionne cette divinité gron- ((
dant dans les cieux » (Cylindre A, XXVI, 21). On ne la retrouve cependant pas sur
les reliefs, dans les figurines ou la glyptique, si du moins on cherche une divinité
brandissant le foudre. Il semble cependant probable que le personnage dit Martu ou
Amu;rru, importation des milieux sémites de l'ouest, est assez proche du dieu fulminant.
Dans ce cas, on sait qu'il est représenté fréquemment sur les terres cuites [Fig, 59, cZ]
et surtout dans la glyptique. De toutes façons, il s'agit là d'une adoption tardive, à
partir de la dynastie de Larsa ^. Le nombre sacré de la divinité est 6.
ait eu en même temps l'attribut paisible par excellence, de la charrue ^ Ce que les
vieux Romains comprendront d'ailleurs bien et qu'ils résumeront dans la formule
lapidaire : Ense et aratro.
Les textes sont innombrables qui répètent inlassablement la vénération et la
fidélité des hommes de Lagash pour leur dieu-patron. Il n'est plus possible de les citer,
car on les rencontre à chaque pas dès les origines même de l'histoire. La Tablette ((
aux plumes » {supra, p. 70) mentionne déjà le temple de Ningirsu et c'est lui que
nous avons cru pouvoir identifier avec Vesh-Girsu construit par Ur-Nanshe et retrouvé
au tell K avec une profusion d'ex-voto, dont beaucoup et non des moindres étaient
voués explicitement masse de Mesilim, borne d'Ur-Nanshe, stèle d'Eannadu, mor-
:
tier d'Enannadu, vase d'argent d'Entéména, pour n'en citer que quelques-uns.
6. A propos du dieu Mer, l'étude très poussée de G. Dossin, Inscriplioiis de fondation provenant de
Mari, dans Syria, XXI (1940), pp. 156-159.
7. Delaporte, Catalogue... T. 214, date le cylindre de l'époque d'Ur,
8. ScHEiL, dans RA, XXXIV (1937), p. 42.
DIEUX ET DEESSES 301
Avec Gudéa, Ningirsu reste le dieu guerrier et nous n'ignorons aucun des noms
des armes diverses dont il dispose. Mais surtout, la dogmatique s'élargit, en ce qu'elle
nous introduit dans la famille du dieu. Nous connaissons déjà ses deux fils, Galalim et
Dunshagga (Shulshagga) (Urukagina, Cône A, II, 11). Nous savons maintenant que
sa parèdre est Bau (Statue G, II, 6), sa sœur Nanshe (Cylindre A, II, 16) et qu'il
eut sept filles Zazaru, Impae, Urenuntaea, Gangirnunna, Gan-sha-ga, Gu-urmu, Za-
:
de veiller sur les armes ânier, chevrier, musicien, chantre, cultivateur, garde-pêche,
;
intendant, architecte. Tout ce monde-là n'a qu'une existence fictive, mais ceux qui sur
terre devaient administrer et recevoir les biens du temple, étaient certainement encore
plus nombreux. Car l'on apportait au sanctuaire les offrandes les plus diverses ani- :
maux, produits du sol, objets précieux. Gudéa voua plusieurs de ses statues (B, D,
G, K). Il a raconté avec les développements que l'on sait (Cylindre A), à la suite de
quelle révélation il éleva et consacra le nouvel eninnu, déplacé, nous l'avons vu
(supra, p. 150, du tell K au tell A.
Ur-Ningirsu, fils de Gudéa, resta fidèle à la tradition. Il embellit le sanctuaire
et construisit l'énigmatique gigunu en bois de cèdre aromatique » (Brique B), Par
«.
contre, avec les derniers patésis de Lagash, la vénération dut s'estomper. Arad-Nannar
ne mentionne plus qu'Enlil (Pierres de seuil A et B).
Indépendamment de l'aigle léontocéphale, /m^i ^ apparaissant si fréquemment
et sous l'espèce duquel Ningirsu était déjà présent, le dieu fut certainement figuré à
plusieurs reprises sur les reliefs et les cylindres. Nous avons mentionné plus haut les
monuments sur lesquels on peut, semble-t-il, le reconnaître (supra, p. 87).
Bau. Fille d'Anu, Bau était la femme de Ningirsu (Statue G, II, 6). Elle est
rapprochée du dieu, dès l'époque d'Urukagina_ (O/we A), ayant de nombreuses pro-
priétés (DP, 100, 120, 139), Sous Gudéa, ses attributions se précisent nettement. Parèdre
du dieu de en quelque sorte par délégation, fixant les sorts, donnant
la cité, elle agit
des oracles, rendant la justice. C'est encore plus une mère (et sur ce point elle se
confond avec Gatumdug qui doit cependant en être distinguée) et une « dame de l'abon-
dance » (Statues I, 5 ;
H, I, 5).
Il est difficile de préciser de ses sanctuaires. Elle avait une chapelle
l'histoire
à Urukuga (la ville sainte), quartier de Lagash, construite par Ur-Bau (Statue, IV,
1-7) restaurée par Gudéa (Statue H, III, 1-4). D'autre part, un trône lui fut consacré,
;
qui fut dressé au lieu de ses jugements » (Statue E, IV, 3-7), sans doute dans le
<(
9. Thureau-Dangin, L'aigle Imgi dans RA, XXIV (1927), pp. 199-202, qui n'accepte pas la lecture
Im-dugiid de Delitzsch.
302 TELLO
Gudéa voua à Bau
plusieurs de ses statues (E, H). L'inscription de la statue G,
dédiée à Ningirsu, relate les noces de Bau, le jour de la fête du nouvel-an. On y
retrouve la mention (déjà sur la statue E) des présents offerts à la déesse animaux, :
fruits, beurre, bois, etc., dans l'ancien, puis dans le nouveau sanctuaire. On comprend
aisément à l'énumération détaillée qui en est faite, que dans sa titulature, Bau ait été
qualifiée entre autres de dame qui aime les présents »... (Statue E, I, 8).
((
sublime » (Tablette d'albâtre, revers, II, 5-6). Il est aussi significatif, quant aux préro-
gatives de la déesse, de noter que plusieurs canaux sont creusés en quelque sorte sous
son patronage Ur-Nanshe lui voue celui qu'il a fait tracer (Tablette en pierre A)
:
;
Urukagina mentionne son « canal aimé » (Cône A, III, 5 '-7'), celui qui va à la ville
de Nina (Cônes B et C, XII, 39) cependant que sous Entéména un fossé frontière »
((
dame des contrées » (Cylindre A, IV, 13), mais aussi comme sa déesse » (Cylindre A,
<(
(Brique A). Le sanctuaire de la déesse n'a pas été retrouvé (supra, p. 150^.
Dunshagga, Ki-ku-akkil-li = la demeure des cris (Tablette de pierre, II, 8-III, 4).
Genouillac crut un moment les avoir retrouvés au tell de l'Est dans le monument que
nous identifiions plus tard avec l'hypogée des patésis (supra, p. 211).
Présidant ou non à des jugements ou à des tortures, les deux fils de Ningirsu
n'avaient pas laissé Gudéa indifférent. Lorsqu'il entrait dans Veninnu, le patési se
faisait accompagner par Galalim et nous avons vu que cette scène a pu être figurée
(supra, p. 185). De même il semble qu'une statue de Dunshagga avait été dressée
DIEUX ET DEESSES 303
dans le sanctuaire de Ningirsu (Cylindre B, VII, 9-1 1), le dieu-fils ayant reçu des
attributions cultuelles spéciales. Tous deux avaient gardé cependant leurs temples
respectifs, restaurés d'ailleurs par Gudéa (Clou B et Tablette de pierre B, dans ISA,
p. 203).
des objets de très grande valeur, entre autres le vase à libation décoré de reliefs et
le couvercle de lampe, ramassé par Genouillac (supra, p. 198 et pl. XXI). Le fils de
Gudéa, Ur-Ningirsu fut tout aussi généreux, à en juger d'après la magnifique statue
du Louvre (supra, p. 208). Sacrifices et oblations ne firent non plus jamais défaut. Nous
avons dit plus haut que le sanctuaire fut dégagé en très piteux état par les ouvriers
de Genouillac.
Les serpents flanqués de dragons étaient l'attribut du dieu. On les retrouve
sur le vase à libation et on voit les dragons se dresser au-dessus des épaules de la.
divinité, sur des reliefs ou des cylindres. Ainsi l'identification est assurée sans diffi-
culté. Ningizzida apparaît donc sous les traits d'un homme d'âge mûr, à longue barbe,
la chevelure nouée en un épais chignon. Son illustre protégé lui valait sans doute de
porter la tiare des grands dieux, puisqu'elle s'ornait de quatre .rangs de cornes.
10. D. Van BuREN, The God Ningizzida, dans Iraq, I (1934), pp. 60-89. Ningizzida est dit « k descen-
dant d'Anu », Cylindre B, XXIII, 18.
11. S. Langdon^ Tammuz and Ishtar.
304 TELLO
ainsi se réclamer d'Enki-Ea. Déjà Eannàdu le vénère (Vautours; revers VI, 2) et
sans doute dans le temple de Kinimir un quartier de Lagash —
Ce sanctuaire — .
ravagé par les gens d'Umma {Tablette Cros, V, 8 sq) est reconstruit par Ur-Bau
(Statue, VI, 9-12), restauré par Gudéa (Ur Royal Inscriptions, n° 27). D'après la
légende plus tardive, au mois qui lui était consacré, le dieu disparaissait de la terre
et descendait aux enfers. Ishtar, mère (femme, sœur ou amante) le ramenait La
nature endeuillée .retrouvait alors son printemps. Dumuzi-Tammuz, gardien du ciel
d'Anu et dieu chtonien, était donc aussi une divinité de la végétation. On comprend
aisément que les populations orientales lui aient réservé une place et non la moindre
dans le panthéo'n et dans le culte. A
travers tout l'Orient le drame saisonnier de la
nature fut marqué par des manifestations sacrées. Et Tammuz se verra adoré ailleurs
qu'en Mésopotamie ce sera Adonis chez les Phéniciens, Osiris chez les Egyptiens.
:
temple ainsi qu'on peut le conclure d'une pierre de seuil (C) ou il décerne à la déesse
l'éîpithète de mère de Lagash )), trait qui l'apparente à Bau. Son sanctuaire de « la
((
ville sainte » fut, comme tous les autres, dévasté à la ruine de Lagash, sous les
coups d'Umma (Tablette Cros, III, 13-14).
En Gudéa, Gatumdug trouve un dévot plus qu'attentionné. Affectionné
dirions-nous volontiers. Le marques d'un filial attachement.
patési lui prodigue les
Non seulement Gatumdug mère de Lagash » (Cylindre A, III, 3-4 Statue B,
<( ;
VIII, 55) est « sa dame » (Statue F, 13), mais elle est véritablement sa mère et même
son père (Cylindre A, XII, 6-7).
Gudéa était, on le sait, un homme nouveau, mais cependant on trouvera sans
doute qu'il avait bien rapidement jeté par-dessus bord, sa famille selon la chair!
Effusion mystique évidemment, qui. ne manque d'ailleurs pas d'allure :
la puissance abonde l'homme pieux que tu regardes, (sa) vie est prolongée » (Cylin-
;
dre A, II, 28-IV, 5). Peu de textes religieux antiques reflètent une plus grande fer-
veur que celui-là.
12. Genouiilac se -demande, Telloh, II, p. 2, note 3, si Kinunir n'est pas à quelque 5 kilom'ètres de
ïello, au tell Abu-Khreyseh. Cependant le même auteur écrit, op. cit., p. 7, de Dumnzi-apsu, « son t. [emple]
de Girsu ».
13. Le poème dte la Descente d' Ishtar aux Enfers n'indique pas que la déesse soit allée dans l'arallu
pour rechercher Tammuz. Ce n',est que tardivement qu'on a donné ce motif à son voyage, Contenau, Le déluge
babylonien, pp. 213-214, 242.
DIEUX ET DEESSES
*
* *
{Cylindre A, V, 2 VI, 3)
;
Ninurta, fils d'Enlil, chasseur mais aussi homme de
;
combat ;
Meslamtaea,. que Gudéa appelle son roi {Brique B, 1-2) et que l'on identifie
avec Nergal, dieu de la destruction qui accompagne la guerre.
Pasag (lu maintenant Endursag) est moins marqué. Connu dès Eannadu
{Vautours, revers, VI, 4 sq.), Gudéa le considère comme « le chef du pays »
{Statue B, VIII, 63-64) et lui construit un temple.
LuGALURU mérite un peu plus d'attention, car il paraît bien en cour. Ur-
Nanshe lui avait élevé une statue {Tablette de pierre A, V, 1-2) Eannadu se dit son ;
(( ami chéri » {Galet A, II, 13) Entémëna qui construisit pour lui son palais d'Uru »
;
<(
Descente aux enfers, dieu d'Urukagina {Tablette de pierre, IV, lO-V, 5) Negun, ;
avec un temple à Girsu, donnait son nom au 4* mois Dunpae, semble avoir eu ;
NuMUSHDA, offrandes Ashnan, dieu de l'orge oblations dans son temple aux diver-
; ;
ses périodes ;
Kulla, dieu de la brique (Gudéa, Cylindre B, XIII, 9) Ninagal, dieu ;
d'Ur-Bau {Statue, I, 7-8 V, 4-5) Lama, sorte de bon génie, ange gardien nommé
; ;
;
dès Ur-Nanshe {Tablette C, III, 4-6), sous Gudéa {Cylindre B, II, 9-10) entre dans de
très nombreux noms de fidèles et de deux patésis kadi (gusilim) semblait présider à
;
5280, 51) et dont on se demande si ce n'est pas Ninharsag. Ninmah échappe à toute
identification. Est-ce une déesse particulière, est-ce une périphrase (dame auguste)
pour indiquer une divinité dont le sanctuaire fut ravagé à la ruine de Lagash
10
3o6 TELLO
(Tablette Cros, II, 10-13) ? Nisaba
Nidaba) est mieux précisée. D'après
(ou
Gudéa {Cylindre A, V, 25), sœur de Ningirsu et de Nanshe. C'était
elle était la
une déesse étrangère importée dans le panthéon de Lagash, puisque Nisaba était
une divinité d'Umma, la ville rivale et mortellement ennemie. On en avait fait une
déesse de l'écriture et de la fertilité des champs. Une empreinte la représente, che-
veux épars, les roseaux ou les épis émergeant des épaules et même du corps (Dela-
PORTE, Catalogue, T. 103 NFT, p. 173). Dans la même famille, on connaît aussi
;
dit qu'elle est sa mère qui enfante une race sainte et chéri't sa descendance »
((
(Cylindre B, XXIII, 19-20) Hegir, fille de Bau (Cylindre B, XI, 7-1 1), mais
;
à qui Gudéa voue un vase (Vase B) et dont le nom se retrouve sur une petite statuette
féminine (Statuette de femme A) et qu'il appelle « sa dame », ou encore dame du ((
sceptre ».
sentir qu'à partir de l'époque de Larsa, au moment où les Sémites eurent définitive-
ment pris l'ascendant sur les Sumériens. Shara, dieu d'Umma n'apparaît pas plus
qu' Ishara, déesse qui présidait aux accouplements Absence aussi d'Abu, dieu de
la verdure à Ashnunnak, dont Frankfort retrouva le temple et, croit-il, la statue.
*
* *
14. Dagan, à Mari, dans Syria, XXI (1940), pp. 20-23 : PP- 161-168, y apparaît avec cette périphrase
de « Roi du pays n.
15. CoNTENAU, Le délu^^e babylonien p. 133.
DIEUX ET DEESSES 307
Dès l'époque présargonique, nous l'avons vu, Ninharsag était aussi déjà connue
à Lagash, —
le relief de la libation doit remonter assez haut dans la période mais —
déjà à ses côtés, on trouve Nanna(r), Utu, Innina, Ningirsu, Bau, Gatumdug, Nanshe,
Dumuzi, Galalim, Dunshagga. Par contre, il faut attendre les néo-Sumériens, pour
voir apparaître, Ningizzida, Geshtin-anna et Mer. Apports tardifs et indéniables.
Des textes il ressort en outre, que très rapidement, les patésis ont eu conscience
d'être avec leurs dieux, en relations extrêmement intimes et toujours personnelles Ur- :
Nanshe est époux de la déesse Eannadu a été nourri du lait sacré de Ninharsag, il
;
est chéri de Dumuzi-aipsu, époux chéri de Innina, ami chéri de Lugaluru, élu. du cœur
de Nanshe, doué de force par Enlil Enannadu a été élu dans le cœur de Ningirs.u
; ;
Ningirsu aime Entéména, qui lui aussi a été nourri du, lait sacré de Ninharsag, à été
élu du cœur de Nanshe. Par contre aucune démonstration de ce genre chez Urukagina
qui ne se départit jamais d'une froide objectivité, sinon même de quelque sécheresse.
On retrouve les mêmes effusions avec les néo-Sumériens, dès Ur-Bau, qui se
place ainsi, sans modification, dans la tradition présargonique. Cependant, Gudéa
se laisse entraîner dans des développements et des envolées oii bouillonne la ferveur
mystique la plus vive. Certaines formules anciennes reviennent élu du cœur, doué de :
force, regardé d'un œil favorable, que nous connaissions sans doute d'autres s'y ajou- ;
tent : e^ifant de..., largement pourvu du souffle de vie par..., homme de..., serviteur
chéri, sa dame. Toutefois le texte des cylindres dépasse tout ce vocabulaire conven-
tionnel. Nous avons cité précédemment un extrait de la prière adressée à Gatumdug
{supra, p. 304). On pourrait aussi retenir le récit du songe de Gudéa et l'explication
fournie par Nanshe^*, l'hymne à Ningirsu, véritable psaume cosmique", ou cette évo-
cation, teintée de messianisme, de journées d'abondance^", où l'on croit entendre Amos,
Osée ou Esaïe. Et dans le récit de la co'nstruction du nouvel eninnu, avec la mention
des matières premières acheminées de bien loin, jusqu'à Lagash ne retrouverait-on
pas la narration anticipée de l'édification par Salomon du temple de Jérusalem, avec
le bruit des carriers ^^ les convois de bois de cèdres, les caravanes de métaux et de
sant et l'humble couchèrent côte à côte sur la langue mauvaise, les paroles (mau-
;
vaises) furent changées en (bonnes)... à l'orphelin, l'homme riche ne fit aucun tort à ;
la veuve, l'homme puissant ne fit aucun mal.., tout mal du temple, il [Gudéa]
détourna » Heureux temps et heureuse Lagash, qui « pareille au dieu soleil, hors
de terre, surgit brillante
Nous avo-ns fait allusion plus haut au travail de hiérarchisation et de groupe-
ment, œuvre du clergé. Au début. An et Enlil semblent avoir occupé une place à
peu près égale dans un panthéon en gestation. Enlil risqua même de l'emporter. Ne
fut-il pas appelé, à un certain moment, « roi du ciel et de la terre » (Vautours, XVI,
20-21), père des dieux » (Entéména, Cône, I, 3). Cependant peu après, sous le roi
((
d'Uruk Lugalzaggisi, on observe une évolution dans la pensée. Anu et Enlil doivent
encore se partager le titre de roi des contrées » (Fragments de divers vases, dans
((
ISA, p. 219), mais Anu apparaît cette fois comme le père d'Enlil (III, 14-16). La
hiérarchisation est amorcée par la voie familiale. Il semble bien que le travail ait été
plus particulièrement poussé au début de a période néo-sumérienne. En tout cas, sous
Gudéa, on a mis un ordre impressionnant dans la cohorte divine. Nous savons donc
maintenant que Ningirsu et Sin, sont les fils d'Enlil que Bau, fille d'Anu, est la
;
femme de Ningirsu, que deux fils, Galalim et Dunshagga, et sept filles sont nés de
cette union que Sin est père d'Utu que Nanshe, sœur de Ningirsu, est aussi fille
; ;
d'Enki que Nisaba est à la fois sœur de Ningirsu et de Nanshe que Geshtin-anna
; ;
Chapitre VI
LA FIN DE LAGASH
Du début du IP millénaire au milieu du ii' siècle avant notre ère, le site ne fui
pas totalement déserté. Quelques objets le montrent, qui attestent en tout cas la per-
manence d'un habitat même restreint. Mais qui se douterait, d'après eux, des grandes
périodes qui se déroulent et se succèdent entraînant avec elles des modification radicales
de vie. Quant on compare par exemple le sort d'Ur et celui de Lagash, on réalise
mieux combien celle-là reste dans l'histoire alors que celle-ci en est complètement
sortie.
De l'époque assyrienne, c'est tout juste si l'on pourrait citer un cylindre d'épo-
que sargonide^ A l'époque néo-babylonienne se rapportent quelques cachets ^ un
peu de céramique, bien minces documents à côté de ceux qu'Ur abandonne, Ur que
Nabonide restaure avec la ferveur que l'on sait. Mais Babylone a succombé devant
Cyrus et c'est maintenant le gigantesque empire perse du vf au iv" siècles avant J.-C.
Quelques figurines ^, c'est à peu près tout ce que Lagash a conservé de cette épopée
fabuleuse à laquelle Alexandre le Grand apporte une fin soudaine [Fig, 62, a, c, e\.
Et ce sera malgré la mort inattendue du conquérant macédonien, une nouvelle
période pendant laquelle à travers le monde oriental, l'influence grecque va se mani-
fester, imprégnant de grâce et de lumière les types plus rigides, plus hiératiques, jus-
qu'alors seuls expérimentés. Toutefois les Séleucides sont faibles et incapables de
conserver l'héritage alexandrin. Les Parthes qui sont apparus aux frontières orien-
tales ont chassé de Mésopotamie les Grecs étrangers. Dans cette bourrasque qui une
fois encore secoue le monde oriental, un homme plus hardi, Adad-nadin-akhé, profite
des circonstances et s'installe à Tello. Et d'ailleurs qui redouterait-il désormais? Les
rois séleucides sont définitivement chassés du pays et les nouveaux maîtres, les Par-
thes dont la capitale est édifiée à Ctésiphon, s'inquiètent sans doute fort peu de ce qui
se passe à l'extrême sud du pays et à la limite des marais, zone difficile oij l'on peut
aisément se maintenir en dissidence. Ils préfèrent sans doute composer et fermer les
yeux. Grâce aux circonstances Lagash devient la capitale d'un petit domaine, sorte de
seigneurie, îlot de tradition grecque-orientale, toute proche de Charax, l'Alexandrie du
Golfe Persique, fondée au iv^ siècle par le Macédonien et qui allait devenir la capi-
tale du royaume indépendant de Characène. Lagash connaît certainement une nouvelle
période de prospérité. Rien de comparable sans doute aux jours passés, mais pen-
dant deux siècles (150 av. J.-C.-50 ap. J.-C), la vie s'y réinstalle et cette fois, des
traces plus nettes peuvent être relevées.
Le Palais » d' Adad-nadin-akhé Au if siècle av. J.-C. un araméen de cul-
(( .
i _ J ^
disposés sur quatre lignes, dans un cartouche rectangulaire, estampé. Les briques sont
ou carrées (0,31), ou rectangulaires dans le cas de la demi-brique. Sans inscription,
rien ne les distinguerait des briques de Gudéa, dont elles reproduisent le type et les
caractéristiques de belle cuisson qui fait de ce produit, à l'origine aussi fragile, un
excellent remplacement de la pierre inexistante. Est-il possible d'aller plus loin et de
replacer dans une lignée historique ferme, ce dynaste isolé?
Certains l'ont pensé, qui ont cru pouvoir utiliser la trouvaille faite par de Sarzec
d'une très importante collection de monnaies à légendes grecques, dans les sous-sols
du Palais. Il est vrai que la plus grande incertitude repose en réalité sur cette décou-
verte, car à relire Sarzec^ on voit que le fouilleur racheta aux femmes bédouines de
ses ouvriers, toutes ces pièces qui lui avaient été subtilisées et qu'il suppose provenir
de la salle 27, après qu'on en eût défoncé le dallage. Toutes ces monnaies, estime-'t-il,
étaient contenues dans une petite jarre qu'on lui donna vide ^. Quoi qu'il en soit, nous
— Hyspaosinès, fondateur du royaume vers 124 av. (+109 av. J.-C.) J.-^C.
— Apodacos (109 av. J.-C.)
;
P''
II
— Théonnésès (39 av. J.-C.)
;
P''
P"" 5
— Abinerglos ap. J.-C). Ce souverain fut en rapports avec Monobaze
;
(9 et
Izatès, d'Adiabène
roi
— Adinnerglos (21 ap. J.-C.) ;
— Théonnésès
;
II
— Artabaze (vers 90 ap. J.-C), d'après renseignements de Lucien, aucune
;
les
monnaie de ce ne nous étant parvenue
roi
— Attambélos III (100-104) ;
;
il et
D'après Heuzey d'autres monnaies donnaient aussi le nom d'Arsace, roi des
Parthes, qui aurait régné de 40 à 50 ap. J.-C.
On le voit, le nom d'Adad-nadin-akhé ne se retrouve nulle part et les numis-
mates n'estimaient pas qu'on pût l'ajouter à l'intérieur d'une liste qui paraissait com-
plète. Où devait-on le situer chronologiquement? De Vogue pensait, avant la trou-
vaille des monnaies, qu'il s'agissait d'un roi de Characène ayant régné au ou au f
if siècles av. J.-C", mais Babelon avait alors conclu qu'il fallait le placer après
116 ap. J.-C. La légende bilingue des briques de Lagash apparaissait ainsi la transi-
tion naturelle entre les monnaies à légende grecque (trouvaille de Sarzec) et les mon-
naies à légende araméenne. Celles-ci étudiées par E. Drouin se révélaient d'ailleurs
de lecture assez difficile, en tout cas conjecturale. On le voit d'après la théorie de :
Babelon (1898), le palais de Lagash était tout au plus du if siècle ap. J.^C
Cependant toutes ces hypothèses furent discutées et Hugo Winckler qui
n'admettait pas autant de rois, suggéra qu'Adad-nadin-akhé devait être la forme ara-
méenne du nom que les Grecs avaient transcrit Saggonnadacos ou Sagdodonacos, qui
précisément était le père d'Hyspaosinès, fondateur de la dynastie. Babelon adoptait
8. E. Babelon, Sur la numismatique et la chronologie des dynastes de la Characène, dans Journal inter-
national d'archéologie numismatique, 1898, pp. 381-404 et 2 planches (Athènes).
9. Dion Cassius, LXXVIII, 28.
10. Catalogue, p. 64.
11. RA, 1884, p. 201 ; 1886, p. 187.
12. loc. cit.
13. Revue numismatique, 1889, p. 380.
14. H. Winckler, Die Kônige von Characène, dans AltorientaUsche Forschungen, série II, vol. I, part
2 et pp. 77-80.
LA FIN DE LAGASH 313
du if siècle av. J.-C. il demeura habité plus longtemps et en tout cas jusqu'à l'époque
;
de Trajan, puisque le dernier roi de Characène attesté ^ar les monnaies du trésor est
précisément Attambélos IV, qui fit sa soumission à l'empereur romain.
Cette permanence d'habitat de quatre siècles est parfaitement représentée dans
les divérses trouvailles de menus objets céramique" (Fig. 62, d, f, g, i), figurines
:
(Fig. 62, b, e, h)^, sarcophage en terre cuite émaillée vert Rien sans doute
d'extraordinaire, mais le témoignage d'une vie paisible, sans grandes perturbations.
S-eule, la cachette des monnaies indique qu'un danger s'annonçait et l'on peut fort
bien l'imaginer l'avance des légions romaines ayant envahi l'empire parthe et appa-
:
raissant dans le bas pays mésopotamien, après leur entrée dans Ctésiphon. Un collec-
tionneur prudent, mit à l'abri sa collection. Elle y resta plus longtemps qu'il n'avait
souhaité...
La mort de Trajan bouleversa une fois de plus les projets romains et certains
l'ont estimé regrettable, qui voyaient déjà le monde gréco-romain communiquant
((directement par delà l'obstacle parthe, avec le monde indien et chinois » Les
Parthes rétablirent au contraire leur suzeraineté sur la Characène, donc sur Lagash,
mais un siècle plus tard, en 224 ap. J.-C, il leur fallait s'incliner devant les Perses
sassanides, dont le chef Ardeshir venait de monter sur Je trône de Ctésiphon.
Lagash changea une nouvelle et sans doute dernière fois, de maître. C'est du
moins ce qui semble impliqué par les quelques cachets si caractéristiques, d'époque
sassanide, recueillis par de Sarzec. De forme généralement dactylioïde, ils présentent
sur le plat la silhouette d'un animal. Plusieurs sont entrés dans les collections du
Louvre
Ce sontles seuls et derniers documents sûrs de cette période, ramassés sur le
site. On
pourrait les compléter par ceux recueillis sur un tell voisin de Tello, Médain,
qui occupé par Gudéa, puis par Adad-nadin-akhé ^ le fut surtout aux époques parthe
et sassanide. R. Ghirshman qui y pratiqua quelques sondages en compagnie de
G. Tellier, donne une liste précise des objets retrouvés céramique, verres, pierre,
:
os, intailles, dont beaucoup sont contemporains des derniers jours de Lagash
La vieille cité doit en effet entrer dans le dernier et éternel sommeil. Quand au
vir siècle après J.-C, l'Islam submerge l'empire perse-sassanide, c'est-à-dire l'Iraq et
l'Iran d'aujourd'hui, après la Palestine, la Syrie et l'Egypte, Lagash disparaît défi-
nitivement. Depuis deux millénaires et demi, elle était d'ailleurs en demi-sommeil et
même le petit renouveau à l'époque gréco-araméenne, n'avait été en somme que
l'ultime sursaut d'un mourant dont l'agonie se prolonge trop longtemps.
15. E. Babelon, dans Mélanges numisynaiiques, série (1900), pp. 221-250, pl. VI-VII.
16. Réserves de Heuzey, Catalogue, p. 65.
17. Découvertes, pl. 42, n"^ 16, 17, 18, 19 Telloh, II, p.
;
m.
iS. Découvertes, pl. 39, 10 Telloh, II, p. 65, 56, 67, pl. 122, i
; ;123, 3 ;
126.
19.Telloh II, p. 33 et pl. 127, i.
20. R. GrtoussET, Histoire de l'Asie, p. 40.
21. Delaporte, Catalogue, T. 249-256.
22. Telloh, II, p. 141.
23. Telloh, II, pp. 142-150 ;
pl. XXXVI £t XXXVII.
314 TELLO
Rapidement ruinés, derniers monuments s'effondrent. Le vent du désert,
les
l'érosion, les pluies et le gelde l'hiver, cnt aisément réussi à transformer en molles
collines ce qui fut une des plus imposantes cités de l'antiquité. Plus rien ne peut
arrêter cet anéantissement. Les chacals trouvent des tanières de choix dans les tem-
ples ensevelis. Sur les briques arrachées aux demeures royales, les aigles se posent,-
que nul ne vient troubler et dans la terre chaude des éboulis, les serpents et les scor-
pions s'endorment. Dans ce canton déserté, à l'écart des grandes voies d'accès, à plu-
sieurs kilomètres de l'eau, Tello ne tente et n'attire aucun des voyageurs qui com-
mencent à parcourir le monde mésopotamien. Cependant l'heure arrive où le silence
sera rompu. Des Arabes qui, par hasard sans doute, ont recherché des antiqua dans
ces coteaux incultes et dénudés, aperçoivent des statues étranges. Dans le désert, les
nouvelles se colportent vite et celle-là arrive jusqu'au Consul de France à Bassorah.
En mars 1877, Ernest de Sarzec plante sa tente sur les rives du Shatt-el-Haï. Les
Sumériens sont retrouvés. Gudéa, patési de Lagash, rentre dans l'Histoire et s'ins-
talle au Louvre.
DOCUMENTS INÉDITS
Monsieur le Kaimakam,
J'ai l'honneur ,de porter à votre connais iance un incident qui s'e&t produit ce matin,
8 mai, peu d'instants ap-rès l'arrivée des ouvriers sur le chantier.
Un nèg^re que l'on m'a dit être au service du cheick Abdul Azis s'est présenté à
cheval au milieu de nos ouvriers, interpellant Hassim, le frère du cheick Sajath.
Voyant que les actions tournaient au vif, je me suis approché, demandant le motif
de la discussion. L'on m'a dit que cet homme se plaig-nait de ce que les ouvriers se rendant
à Tello, abîment les cultures. Pensant que sa réclamation était fondée, je lui ai fait dire
que l'on recommanderait, à l'avenir, aux ouvriers de respecter les cultures se trouvant sur
leur passage. Non seulement ma réponse n'a pas contenté ce nègre, mais grande a été ma
surprise quand on m'a dit qu'il signifiait à Hassim de ne plus venir à Tello avec ses ouviiers,
que ce terrain appartenait à son maître et qu'à l'avenir il s'opposerait, les armes à la main,
à la continuation des travaux.
Trouvant que j'avais été bien bon d'e m'occuper de cet homme, dont j'étais loin de
soupçonner les intentions hostiles, je lui tournais le dos, l'engageant à adresser sa réclamation
aux autorités dont relève le territoire de Tello.
Je ne sais ce qu'il a répondu, mais des zaphiés s'étant approchés pour lui faire
des observations, ce nègre prit sa carabine à la main et, menaçant, mit une cartoudie dans
le canon. Cela a été bien loin de m'émouvoir, croyez-le bien, mais ne voulant pas que les
dhoises puissent 's'ag'graver, je donnais l'ordre de ne pas faire attention à cet homme et de
continuer le travail.
Le nègre se retira et alla sur un autre chantier trouver Ouassim, le parent de cheick
Soleiman. Tenant à éviter tout conflit, je me rendis aussitôt sur ce chantier veillant à ce que le
travail ne fût pas interrompu et que l'on ne fasse pas attention à cet homme. Voyant cela, ce
nègre est venu me trouver et m'a déclaré, me parlant du haut de son cheval, d'après ce que
m'ont dit les témoins, qu'à partir de demain, il s'opposerait les armes à la main, à la conti-
nuation des travaux.
Je suis loin d'attacher grande importance à cet incident provoqué par un homme que
je ne connais pas, qui n'a aucune qualité pour m'adresser la parole et qui, je l'espère ne
venait pas de la part du cheick Abdul Azis. Cependant il est regrettable, et je vous serais
reconnaissant de vouloir bien en informer le cheick Abdul Azis, en le priant de rappeler son
domestique aux convenances, le cheick Abdul Azis n'ignorant certes pas les égards dus à un
chef dé mission de la République Française, muni d'un firman de sa majesté impériale le Sul-
tan, l'autorisant à pratiquer des fouilles sur le territoire de Tello.
En vous remerciant, je vous prie de vouloir bien recevoir les assurances de ma haute
considération.
G. Gros.
3i6 TELLO
Campagne de igog.
une même ligne ou les superposer en les épinglant sur un carton et laisser toujours entre eux
un peu d'espace.
Certains dessins pourraient être dessinés avec précision au crayon, soit au trait simple
soit même ombrés à la mine de plomb, sur carrés de papier blanc, non quadrillé, qui seraient
collés ensuite dans le journal: cela permettrait dé les reprendre ici à la plume, pour les
clichés, sans avoir besoin de les faire dessiner.
Emporter des étiquettes gommées, dont un lot de très petites, pour reconnaître les
tablettes et même les plus petits objets, en relation avec les numérotages du journal de fouilles.
RÉGIMENT DE MARCHE
DU
Tirailleurs Algériens
Le Lieutenant-Colonel Commandant
Pendant séjour que je viens de faire à l'hôpital où j'ai retrouvé comme Médecin-
le
chef un de mes bons amis,le docteur Delmas, nous avons souvent causé ensemble de mes
fouilles de Tello auxquelles il s'est toujours intéressé. C'est un archéologue fanatique qui a
œuvré les loisirs qu'il a eus pendant ses divers séjours dans le Sud algérien et au Maroc, à
DOCUMENTS INEDITS 317
(chef de bataillon), médecin-chef de l'hôpital de Rabat. lil a une quarantaine d'année à peine.
Ayant longtemps vécu dans le Bled au mil' eu de tribus arabes et berbères, il connaît bien
leur langue, comme leurs coutumes et leur caractère. Il aime l'archéologie à la passion, son
bonheur est de fouiller.
D'un jugement et d'une rectitude parfaite, très actif, très vigoureux, organisateur mer-
veilleux (il le prouve en dirigeant son hôpital), il est doué d'une grande puissance de travail.
Son caractère est des plus aimables, extrêmement franc, très doux et avec une très grande
énergie, il est avec toutes ces qualités la modestie même.
Je ne crois pas qu'il soit possible de trouver quelqu'un réunissant plus que le docteur
Délmas toutes les conditionis pour faire un chef de mission parfait et répondant mieux à
votre manière de voir que je connais. Car il est l'ennemi de tout battage et de toute réclame
malsaine. C'est un homme sûr.
Aussi je m
'empresse de vous en parler, en le recommandant à votre attention. Le Doc-
teur rentre en France en juillet. Il viendra se présenter à vous si vous le désirez et si vous
l'agréez, il partirait l'hiver prochain pour Tello.
Je me ferais un plaisir de le renseigner de mon mieux et de lui donner toutes les indi-
cationis nécessaires pour sa première campagne car je le verrai partir en toute confiance,
heureux de l'avoir comme successeur et convaincu de vous avoir donné un chef de mission à
votre entière satisfaction. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire connaître ce
que vous en pensez pour que je puisse donner une réponse à mon ami.
J'espère que vous êtes toujours ainsi que M™® Heuzey en bonne santé.
J'ai repris mon service et suis complètement rétabli, remontant à cheval et attendant
avec impatience les opérations prochaines
Veuillez présenter, je vous prie, cher Monsieur, mes hommages les plus respectueux k
Madame Heuzey et agréer l'expression de mon entier dévouement et de ma très respectueuse
affection.
G. Cros.
Monsieur le Directeur,
Monsieur Léon Heuzey m'a communiqué l'avis favorable émis sur sa proposition par la
Commission des voyages et missions scientifiques et Httéraires à ma désignation pour pour-
suivre les fouilles de Tello, interrompues depuis le départ du lieutenant-colonel Cros et l'ap-
probation donnée par M. le Ministre de l'Instruction Publique à cet avis.
Je suis infiniment sensible à l'honneur qui m'est fait d'être
chargé de la direction des
nouvelles fouilles. Un séjour de près de quatorze ans dans l'Afrique du Nord Algérie et :
Maroc, séjour en grande partie accompli dans les Postes du Sud-Oran^is ou du Sahara,
m'a permis d'être en relations suivies avec les populations musulmanes et m'a procuré amsi
une certaine connaissance de leurs mœurs religieuses et sociales. Cette connaissance me
sera
du plus grand secours parmi les tribus arabes de la Mésopotamie, tribus dans lesquelles je
Delmas.
BIBLIOGRAPHIE
Lum-ma-tur (?)
(7) EN-E-TAR-ZI (P), 4
(8) EN-LI-TAR-ZI (P), 7
Lu + Setur
I
(peut-être petit fils de l'Engilsa du temps de Lugalanda) et Urukagina II, fils d'Engilsa patési
et mentionné sur l'obélisque de Manishtusu.
320 TELLO
— En-e-tar-zi,
patési de Lagash dans The Hilprecht Anniversary Volume, pp. 121-136.
Leipzigf, 1909. (Nous citons HAV). Etude de la chr.onolog'ie des suœesseurs d'Entéména. Dans
RTC, Thureau-Dang^in donnait Entéména, Enlitarzi, Lugalanda, Urukag^ina. Dans ISA :
:
Entéména, Lugalanda, Enlitarzi, Urukag-ina, et ce, parce que des tablettes de Lug-alanda men-
tionnaiemt Enlitarzi sans titre. On en concluait qu'il n'était pas encore patési. -S'appuyant
sur DP. 31, A. d. 1. F. place Enlitarzi avant Lug-alanda et explique les mentions d'Enlitarzi
sans titre, p-arce qu'il s'agit d'un ancêtre défunt à qui l'on rend un culte familial. Quant à
Enetarzi, cité deux fois (Tablette du Louvre, RA, VI, p. 138 et DP, 39) une fois comme
« g^rand-prêtre de Ningirsu », l'autre comme « patési », il est placé par l'auteur après étude
minutieuse des deux textes, après Enannadiu IL
—
Quelques particularités de l'écriture des tablettes de l'époque d'Urukagina, roi de Sir-
biila, dans Recueil de Travaux relatifs à la Philologie et à l'Archéologie égyptiennes et assy-
riennes, XXVI, 139-143- (Nous citons, RT).
— Un document depp. comptabilité
(1904),
de l'époque Ouroukagina de Lagach, dans Jour-
d' roi
nal asiatique, nov.-déc. 1905, pp. (Nous ]A).
5151-558. citons,
— Mesures de capacité dans textes archaïques de Telloh, dans ]A, mars-avril 1909,
1 les
pp. 235-247.
— Correspondance sumérologique, dans Revue sémitique, 1913, pp. 145-155.
-
—
Les sceaux de Lougalanda, patési de Lagash (Sirpourla) et de sa femme Barnam-
tarra, dans Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale, VI (1907), pp. 105-125. (Nous
citons, RA).
Description des bulles avec empreintes des cylindres, au nom de Loug-alanda, Barnam-
tarra, Enikgal, Gai. Pour quelques rectifications, RA, XVII (1920), pp. 13-21.
— Le Gour Saggal et ses subdivisions d'après les documents présargoniques de Lagash,
dans RA, VII (1919), pp. 33-47- Le Gur Saggal est différent du gur de l'époque d'Ur.
I gur
— Le 17-146-
(1915). PP- 1
tères assyriens, dans RA, II (1891), pp. 124-135; III (1893), pp. 42-48.
(avec Sarzec et Heuzey). Découvertes en Chaldée. Partie épigraphique. Essais de
traduction et reproduction de textes, pp. I-XXXIII.
— Sirpourla d'après les inscriptions de la collection de Sarzec, d'ans Revue archéologi-
que (nous citons R. Ar.), XII (1888), pp. 67-85.
— L'inscription de la statue B de Goudéa, transcrite par A. Amiaud, publiée par Fr.
Scheil, O. P., dans RT, XII (1892), pp. 195-209.
— Quelques observations sur les inscriptions des statues de Tel-Loh, dans Zeitschrift
fiir Keilschrift-forschung I (1884), pp. i5i-i6o(nous citons ZK).
— L'inscription A de Gudea, dans ZK, I, pp. 233-256.
— L'inscription H
de Goudéa, dans ZA, 2 (1887), pp. 287-298.
— L'inscription G de Goudéa, dans ZA, 3 (1888), pp. 23-49.
— The Inscription of Telloh, dans Records of the Past, New Séries, 1 (1888), p. 42 sq.
— Translation of the Inscription of Gudea, dans Records of the Past, New Séries, II,
'
p. 73 'sq.
Arnold (W. R.), Ancient Babyloyiian Temple Records. New- York, 1896.
AuRES (AugiLSte), Etude et explication des divisions tracées sur les règles graduées
des statues de Tello, dans RT, XIII, pp. 52-61.
Barenton (Le Père Hilaire de). Le temple de Sib Zid Goudéa Patési de Lagash
{2100-2080 av. J.-C.) et les premiers empires de Chaldée. Paris, 1921.
— Le temple de Sib Zid Goudéa Patési de Lagash (2100-2080 av. }-€.) et les ori-
gines italiennes ou les 2 empires latin et osco-basque. Paris, 1922.
Ouvragées de haute fantaisie dont les titres seuls sont suffisamment évocateurs de la
manière pour qu'il soit nécessaire d'insister.. La traduction des cylindres de Gudéa a été
pour Thureau-Dangin et Lang^don un « échec » qu'explique « leur méprise concernant la
mentalité religieuse des peuples qui habitaient la Chaldée à cette époque reculée ». « Admi-
rables interprètes des textes historiques, économiques, juridiques, écrits dans cette langue
ancienne, ils ont balbutié devant ces belles pages religieuses dont la valeur doctrinale leur
échappait » (!).
BoissiER (Alfred), Les piliers de Tello, dans OLZ, VI (1903), col. 468-469.
Les deux piliers de Gudéa faisaient partie d'un édifice consacré à une divinité. Cette
construction est à rapprocher de l'architecture de l'Inde et spécialement de l'ag-encement des
briques destinées à l'âgnîdhriya.
BuDGE (Sir E. A. Wallis), The Rise and Progress of Assyriology Londres, 1925. .
Dans cet exposé d'ensemble, on trouve des développements se rapportant aux travaux
exécutés à Tello, surtout pp. 197-202, pour les fouilles Sarzec et Cros (et non du Cros, p. 202).
Renseig-nements sur l'activité de Rassam, pp. 134-135. Budg-'e visita Tello au cours de l'hiver
1890-91, en compag-nie de M. Robertson, vice^consul ang-lais à Bassorah.
Van BuREN (E. Douglas), Symbols of the Gods in Mesopotarnian Art, Analecta Orien-
talia 23. Rome,
1945. Dans cet excellent répertoire des symboles divins, on trouve entre
autres (pp. 166-179), le catalog"ue de près de cent masses d'armes dont un très grand nombre
provient de Tello.
Chiera [Edward), Selected Temple Accounts from Telloh, Yokha and Drehem. Cunei-
form Tablets in the Library of Princeton University. 1922.
Parmi les textes publiés, nombreux sont ceux qui proviennent des fouilles clandestines
de 1894 à Tello. On reconnaît leur parenté évidente avec les textes du musée de Berlin. Les
provenances sont précisées, pp. 37-40.
Christian '[Viktor), Bemerkungen zu Gudea, Cyl. B., dans Orientalia III (1934),
pp. 205-208.
— Neue Beitràge zur Kidtur Lagash dîer Période, dans Wiener Zeitschrift fûr die
Kunde des Morgenlandes pp. 183-194.
38,
— Beitràge zur Chronologie,
Beitràge zur Chronologie der Lagasch Période und zum Sumerer-Prohlem, dans
•
p. 141, le même auteur, avec E. F. Weidner, proposait 2620 pour Ur-Nanshe et 2528 pour le
début d'Akkad. Tous d-eux indiquaient pour Gudéa, vers 2290). D'après Christian, les Sumé-
riens sont arrivés en Mésopotamie avec la période de Lag-ash.
—
Compte rendu de Genouillac, Fouilles de Telloh, I, dans Deutsche Literatur-
zeitung, 1936, 6 (9 février, col. 228-233). Critique minutieuse des thèses soutenues par
Genouillac. Christian n'admet pas l'antériorité de Suse I his par rapport à Suse I. Pour lui,
Suse I répond à la céramique de type Obeid d'Uruk XII, cependant que Suse I his corres-
pond à la céramique peinte d'Uruk XI-X. Le même auteur n'admet pas les équivalences
entre les trouvailles de la fouille profonde du tell K et Uruk V et IV {supra, p. 40). Pour
lui, les plus anciens documents recueillis par Genouillac sont d'Uruk VIII ceux des couches ;
(T. II, pp. 86-88 et pl. IX, 4), cf. ISA, p. 209,
brique B
— ;
barbue
petite tête 102-106 (T. II, pp. et pl. X, 11). Supra, p. 136;
— statuette chaldéenne en pp. diorite (T. II, 144, où
107-112 et pl. XI, 12). Supra, p.
nous identifions cette statue avec Ur-bau.
D'autres monuments sont aussi originaires de Tello, certainement bon nombre des
cylindres. Faute de renseignements au sujet de leur provenance, on ne peut les préciser. L'his^
torique (pp. 68-69) niontre bien enfin quelle obscurité repose sur le début des travaux de
Sarzec à Tello indications des clandestins et achat par le consul « de nombreuses pièces...
:
que leurs dimensions, leur poids et les moyens très restreints » à la disposition empêchèrent
de Clercq « de les amener en France (p. 69). >>
Gudéa; 24-25, Ur Ningirsu 26, femme à l'éoharpe; 27, figurines de fondation; 28, tête
;
virile du n° 2; 29-30, têtes viriles; 31, têtes aont celle de la femme à l'écharpe, d'une divi-
nàté; 32-33, taureaux androcéphales 34, chien de Sumu-ilu.
— L'art ;
tête au turban, relief du Gudéa à la palme, Ur-Ningirsu du Louvre. Une planche d'architec-
ture Palais et piliers de Gudéa.
:
—
Une statue de Goudéa de la glyptothèque Ny Carlsherg à Copenhague, dans Gazette
des Beaux-Arts (70), 1928, p. 139.
Il s'ag-it de la statue de Gudéa debout, dédiée à Geshtinanna {supra, p. 166).
—
Monuments mésopotamiens nouvellement acquis ou peu connus, dans Revue des
Arts Asiatiques (RAA), VII (1931-1932), pp. 4-7; 72-77 223-228 VIII {1934), pp. 99-io3- ;
Dans cette étude minutieuse on retrouve un lot d'objets importants provenant de Tello
figurine-clou de fondiation, relief d'Ur-Nanshe, relief du porteur de chevreau, relief de la liba-
tion à Ninharsag, épingle à tête de taureau, relief du Gudéa libateur.
—
Les Fouilles en Asie occidentale... dans R. Ar. 1934 (I), p. 6; 1935 (I), pp. 165-166
(compte-rendu de Genouillac, Les Fouilles de Telloh, I).
—
Les Fouilles de Tello, dans Journal des Savants, 1938, pp. 15-23.
Compte rendu des deux volumes de Genouillac, Les Fouilles de Telloh, I et II.
Gros (Gaston), Mission française de Chaldée. Campagne de içoj, d'ans RA, VI (1904),
pp. 5-16, 47-52.
Compte rendu 'sommaire des fouilles exécutées du i"^"" janvier au 31 mai 1903 sud du :
Tell des Tablettes, Tell de la maison des Fruits, « Grand Tell », Palais. Reconnaissances
diverses à Ménéfash, Canal de Badia, Ressaf.
— Note rectificative sur le casque chaldéen de Tello, dans RA, VI (1906), pp. 88-89.
— (avec L. Heuzey et Fr. Thureau-Dangin), Nouvelles fouilles de Tello. Paris, 1910-
1914.
Voir à Heuzey.
Davis, The Gods of Shirpurla, dans Proceedings American Oriental Society, avril 1895,
CCXII-OCXVIII.
_
_
der Einzelstudien und Zusamnienfassung der Hauptresidtate. Rome, Institut Biblique Ponti-
fical, 193 1, Analecta Orientalia, 2.
— Musée du Louvre. Catalogue des cylindres orientaux, I, Fouilles et Missions. Paris '
1920.
Publication des cylindres recueillis par Sarzec et Gros à Tello. On y a ajouté les cachets
et empreintes sur tablettes, recueillis sur le même site, au total 256 numéros dont
lies
63 :
cylindres, 33 cachets, 160 empreintes. Les documents sont catalog-ués avec l'initiale T. Chaque
exemplaire est décrit dans le plus g^rand détail. Pour la plupart reproduction photographique.
Une bibliographie est Indiquée pour chaque numéro.
Dans le volume II, Acquisitions (Paris, 1923), de nombreuses pièces proviennent certa'-
nement de Tello. Les dates d'achats pourraient aider à faire Je départ, mais rien d'absolu
ne saurait être indiqué ici.
—
La Mésopotamie. Les civilisations babylonienne et assyrienne. Paris, 1923.
Dans l'exposé de la partie « babylonienne » (pp. 1-262) large emploi des documents de
Lagash.
—
Les peuples de l'Orient méditrerranéen. I. Le proche Orient asiatique. Paris, 1938.
^
Delaunay (Ferd.). Les fouilles de M. de Sarzec dans la Mésopotamie, dans Journal Offi-
ciel, n° 334, 7 décembre 1881, p. 6751.
Dhorme (Paid), Les plus anciens noms de personnes à Lagas, dans ZA, XXII (1909),
pp. 284-3i6._
Très importante étude qui exploite, outre les inscriptions historiques, les tablettes sor-
ties en 1902 (RTC) et les textes du Louvre AOz'/^^ 4^38. Tous les nom-s relevés appartien-
nent à l'onomastique présargonique.
Voici quelques étymologies proposées :
le roi du ciel; Engilsa = seigneur du trésor Enakalli, patési d'Umma = seigneur dont le bras
;
le nom de Ninni est dans le pays; A-ni-kur-ra = son bras (est) dans le pays, ou son bras a
conquis.
De très nombreux nom.5 théophores fournissent le plus ancien état diu panthéon sumérien
à Lagash. Geux-ci et d'autres sont révélateurs quant aux croyances du temps. Parmi les plus
caractéristiques, citons: Abzukurgal = Apzu est la grande montagne; Agestin = fils de la
vigne; Azaggipadda = élu par le roseau sacré; Dingirbad= Dieu est une niuraille (cf. le
«^G'est un rempart que notre Dieu » du choral de Luther); Dingirsesmu = Dieu est mon
frère (cf. Ahiyah) ou Dieu a donné un frère (cf. Adad-nadin-akhe).
Enkikagina = la bouche de Enki est fid'èle Enuddana = maître de ses jours; Galumah
;
= le dieui-homme est sublime; Kagina = bouche fidèle Lugalannatum = le roi du ciel a apporté
;
(cf. Théodore); Lugalginzi = le roi de la grande hache est fidèle; Lugalnangaranad = le roi est
couché sur le territoire; Lugalsaganzu = le roi connaît rintérieur du ciel; Sestururu= petit frère
de la ville; Ursah)=: serviteur du sanglier.
— Les à l'époque de Sargon l'Ancien et de Naram-Sin, dans
noms propres babyloniens
BA, VI (1907), pp. 63-88.
De l'étude des noms propres relevés dans les tablettes publiées par Thureau-Dangin
{Recueil de tablettes chaldéennes), il ressort que dès l'époque de Sargon, Lagash était « habi-
tée » par dies Sémites en chair et en os dont les noms doivent se lire et s'interpréter sémitique-
ment.
Falkenstein (A). Compte rendu die Genouillac, Fouilles de Telloh, I, dans OLZ,
XXXIX (1936), col. 222-226. Discussion minutieuse des équivalences affirmées par Genouillac,
entre ses trouvailles au tell K
(fouille profonde) et celles des couches IV et à Warka. Fal- V
kenstein repousse toutes ces équivalences. Interprétant à son tour les documents publiés par
Genouillac, il montre que toutes les étapes culturelles entre fin d'Obeid et fin de la couche
archaïque I de Warka, sont représentées dans la fouille profonde de Tello. (Cf. Christian).
FôRTSCH (Wilhelm). Zehn neiie Inschriften ans der Zeit Uruhagina's dans ZA, XXXI
(1917-18), pp. 131-143-
Fôrtsch publie 10 textes (VA. 5350-5359) et reprend tous les autres précédemment
publies par Thureau-Dangin (olives A, B, C), Nikolski (n°^ 319-322), Weidner (OLZ 1916,
col. 134-135). A sig"naler VA
5352 011 l'on trouve cette mention de « Bau vraie couronne pour
Uirukagfina ».
—
Vorsargonische Opferlisten, dans ZA, XXXI
(1917-18), pp. 144-152. Textes de VAS
XIV, du temps de Lug-alanida et Urukag'ina. S rapportent à une série de fêtes (Ning^irsu, Bau,
Namasse, etc..)
—
^ Marnasse nin-en, dans ZA, XXXI.
pp. 162-163. Cette déesse serait peut-être la
sœur de Ning-irsu.
—
Ein Kaufvertrag ans der Zeit Lugaïjnda's dans ZA, XXXI, pp. 163-164. Achat
d'un igi-nu-du (esclave ?) pour la somme de 15 sicles d'arg-ent.
—
Zu Gudea Zylinder A. 17, 15-16, dans ZA, XXXI, pp. 164-165.
—
Lugal-an-da (-nu-ku-mal) dans OLZ, XVI (1913), Col. 306.
Lugalanda serait la forme abrégée de Lug-al-an-da-nu-ku-mal ( = roi qui grâce à la pro-
tection d'Anu ne peut être dompté). Cf. RTC, 33, mais aussi DP, 127; Nikolski 62, 323. Au
lieu d'Ur-Nina, F. lisait Ur-eshanna. Cf. ci-après, Ungnad.
—
Ergànzungen zu den Inschriften des Urukagina dans OLZ, XVII (1914), pp. 456-
458- ...
Fôrtsch rétablit quelques-unes des inscriptions lacuneuses d'Urukagma
.
:
.
pierre de seuil,
cône A, plaque ovale.
FossEY (Charles), Manuel d'Assyriologie, I., Paris, 1904. Court historique des fouilles
de Sarzec (pp. 49-51), avec un plan du site, orthographié Tellôh. L'assyriologue après avoir
écrit jamais un savant autorisé n'a été invité à visiter les tranchées de Telloh « (p. 63)
: !t
VIII, statue de Gudéa assis (appelée à tort, d'après ISA, statue I {supra, p. 164);
IX, statue de Gudéa, C; X-XI statue de Gudéa, B; XII-XIII, Cylindre de Gudéa, A; XV,
Cône d'Entéména, XXVI, RTC, 289; XXVII, ITT, II, n° 920.
—
(avec Léon Legrain), Ur Excavations. Texts I. Royal Inscriptions. Londres, 1928.
Plusieurs textes intéressent directement Lagash. Ce sont les n°^ i statue d'Entéména :
mention d'Enannipaddla, fils d'U,r-Bau, prêtre de Nannar (pl. IV); 26 fragment de vase de :
marbre dédié à Ninmar pour la vie de Guidéa (pl. IV) 27 clou de Gudéa, à Dumuzi-abzu
;
:
(pl. IV) (le gisement indiqué est erroné, cf. Ur Excavations V, p. 63) ; 28 : tablette de
Gudéa, pour Nindar. Construction de son temp'.e aimé, son E-giid-dit de Kish (pl. IV).
BIBLIOGRAPHIE 327
Ur de la statue d'Entéména (d1. XVI) reste pour Gadd, énigmatique (p. 80). Rappelons
qu'il fut suggéré que cette sculpture fut apportée à Ur, à la suite d'un pillage (J RAS, 1926,
pp. 685 sq.). Voir aussi B. Meissner, Kônige Babyloniens und Assyriens, p. 19.
—
Entemena : A new Incident, dan'S RA, XXVII (1930), pp. 125-126.
Publication du clou BM. 121.208, qui semble provenir de Tello. D'après ce texte,
Enitéména aurait, à un certain moment, établi des relations de fraternité avec Lugal-kinesh-
dudu, patési d'Uruk. Ce rapprochement fut peut-être jugé nécessaire par suite die la guerre
qui opposait Lagash et Umma. De toutes façons, la période de suprématie illustrée par
Eannadu, apparaît finie. Mention des divinités Ninni et LugalnEI-Ninni, à qui le patési a
construit E. Ninni.
Genouililac publie de son côté {RHR, CI (1930), pp. 216-220) le même texte. (Ci-après)
avec d'autres interprétations.
civiles, fonctions des femmes, ouvriers et artisans, salaires, échanges, impôts et contribu-
tions, agriculture, vie matérielle), la religion (le panthéon, les prêtres et le culte, les devins
et la magie, les rites funéraires, les temples). La synthèse se termine par des données philo-
logiques et des indications concernant les mesures (superficie, longueur, contenu, poids, numé-
ration).
On trouve ensuite l'autographie ée 50 tablettes. Enfin
la transcription, la traduction et
un index des noms propres (dieux apporte un précieux complément à cet impor-
et personnes)
tant travail. L'auteur espérait avoir fait comprendre à ceux qui s'attachent surtout aux
textes historiques, la « portée d'une étude attentive des documents de but utilitaire ». Nul
doute qu'il y soit arrivé. Sur l'intérêt de premier ordre des textes économiques en général,
voir ce qu'en écrit Dossin à propos de ceux die Mari, dans Syria, XX (1939), p. 113.
—
Le blanchissage au savon à l'époque des rois d'Ur, dans RA, VII (1910),
pp. 113-114.
Etude de la tablette n° 902 idte Tello, à Constantinople. Confirmation de l'identifica-
tion proposée par Thureau-Dangin, pour té (elteg), assyrien uhulu, avec potasse ou soudie.
— Textes juridiques de l'époque d'Ur, àa.ns RA, VIII (1911), pp. 1-32.
Textes provenant de Tello et à Constantinople. On y trouve prévus toute une série de
cas précis et variés i, vol d'un manteau; 2, réclamation d'un esclave; 3-6, affaires en rap-
:
d'une fille par son père; 12, rejet d'une demande d'annulation de vente; 13, vente d'une
propriété donnée par le patési; 14, affaires diverses: don, achats ou dépôts, vols, répudiation;
15, actes administratifs des juges; 16, vente d'une fille par sa mère; 17, contestation (entre
frères) au sujet de la « possession » d'une famille d'esclaves; 18, confirmation d'une acqui-
sition contestée; 19, femme stérile, concubinage légal; 20, irrévocabilité des donations;
21, vol, légitimation; 22, répudiation avant consommation du mariage; 23, rupture dies fian-
çailles consentement des parents; 24, contestations: confirmation de propriété; 25, perte
:
d'un document 26, réformation d'un acte administratif d'un juge par le patési.
;
Ces tablettes généralement datées, fournissent 14 dates dlifférentes, toutes d'Ur III,
de Dungi à Ibi-Sin et des synchronismes avec des patésis de Lagash, entre autres Ur-Lamma I,
Ur-Lamma II, ^ X-kam, Arad-Nannar.
—
Inscriptions diverses, dans RA, X (1913), pp. 101-102. I. Fragment die coupe de
.
328 TELLO
marbre avec inscription complétant k texte d'ISA, p. 236, d. Texte de Naram-Sin... qui a
écrasé la tête d'Armanu et d;'Ibla. Bruxelles, Musée du Cinquantenaire. 2. Petite masse
d'armes en albâtre, dédiée à ^- Gilgamesh par Lugal-Kala-su-bi (l)-um. Même dédicaoe, RT,
1909, p. 121. 3. Petit vase en pierre noire, avec texte mentionnant Ur-Bau, patési de Lagash.
Dédicace au Lamasu du sil-sir-sir-ra.
— La
trouvaille de Dréhem. Etude avec un choix de textes de Constantinople et de
Bruxelles. Paris, 191 1.
Cité à cause de rimportance des textes pour la connaissance de la vie à Lag-ash à
l'époque d'Ur III. Liste des patésis de Lag-ash avec synchronismes indiqués, p. 12.
—
Tablettes de Dréhem. Musée du Louvre. Département des Antiquités orientales.
Tome IL Paris, 191 1.
(et) au idieu roi du temple de Ninni, Entéména patési de Lagash, leur temple chéri de Ninni
il leur construisit une frise il lui (leur) dédia. Entéména qui a construit le temple de Ninni
;
à son dieu, l'e dieu Sul-x-céleste en ce temps-là, Entéména patési de Lagash et Lugal-ki-ni-
su-ul-ul patési d'Uruk firent une alliance fraternelle. »
Genouillac apporte des interprétations différant de celles proposées par Gadd {sUpra,
p. 327). Pour lui, Ninni est le nom d'un site voisin de Lagash Médaïn (est de Tello), Um-el-
:
Adjareb, Médaïn, près db Senkereh. Qui est ce Lugal-ki-ni-su-ul-ul (=:le roi parfait en sa
maison)? Peut-être Lugal-ki-gub-ni-ul-ul ( = le roi à la demeure merveilleuse), connu par des
fragments de vases ramassés à Nipp'ur, Enfin, l'objet consacré au couple divin, dans le
temple, pourrait être la frise du sanctuaire, composée de clous.
2. Un nouveau roi de Puzur-Mama, « roi de Lagash », d'après un bol en
Lagash :
céramique, provienant de Tello {AO, 11253). Déjà connu comme issaku, par une tablette de
comptabilité {RTC, 181), ce personnage aurait pris le titre de « roi », vers l'époque de Lugal-
zaggizi.
Ibzaikh, identifié avec Hallab, d'après un plat de pierre, ex-voto à Innina de Hallab,
3.
pour vie de Rîm-Sin de Larsa.
la
—Lugalanda, ancien patési, dansf OLZ, XI (1908), col. 213-218. Cf CRA, 1908,
séance éu 6 mars, pp. 1 19-120.
Texte sur tablette du Musée de Bruxelles, provenant des fouilles clandestines de 1902,
Mention de Barnamtara et d'un « patési gai ». Date i™ année d'Urukagina roi. Ce « patési
.
gai » serait, d'après Genouillac, Lugalanda, qui porterait ainsi un titre honorifique. Le paté-
siat n'était donc pas une institution à vie. Le sens de la tablette reste douteux ou bien il :
s'agit d'un impôt payé au palais par Barnamtara et Lugalanda détrôné, ou bien d'une pen-
sion servie à Lugalanda.
—La campagne du printemps de 1929 à Tello, dans ]A, juillet-septembre 1930.
Cf. CRA, 1929, pp. 268-269.
—
Rapport sur les travaux de la Mission de Tello (IP campagne 1929-1930), dans :
RA, XXVII (1930), pp. i6g-i86. Cf. CRA, 1930, pp. 274-275.
—
Le rapport sur la 3^ campagne (hiver 1930-193 1), fut lu à rAcadémie des Inscrip-
tions le 31 juillet 193T. Cf. CRA, 1931, p. 230.
Les résultats des 3 campagnes sont repris dans la publication définitive :
-
—
Fouilles de Telloh. 2 volumes, Paris, 1934-1936. I. Epoques présargoniques.
Dans le chap. I, « Telloh et le problème sumérien », Genouillac estime que Suse I est
postérieur à Obeid I, II et III et contemporain d'Uruk V-VIII et que les premiers Mésopo-
tamiens n'étaient pas Sumériens. Ceux-ci seraient peut-être arrivés à l'époque d'Uruk. Le
chapitre II, « L'époque de Warka à Telloh » soulève les difficultés que nous avons longue-
ment indiquées {supra, p. 40). Dans le chap. III consacré à la a T'' dynastie d'Ur et aux dynas-
ties suivantes » G. étudie l'époque des rois de Lagash. Par un lapsus continu, dans cette
section qui traite de la période présargonique, le titre courant porte « époque sargonique ».
.
BIBLIOGRAPHIE 329
II. Epoques d'Ur HT Dynastie et de Larsu. Ce volume commence (chap. I et II) par
d'eux études très importantes sur la Topog-raphie de Lagash, l'arcbitecture religieuse et
civile. Au chap. III, coutumes funéraires. Les trouvailles, groupées par catégories, sont
ensuite passées en revue sculpture, figurines, petits modèles, cylindres et sceaux, amulettes
:
et ornements, cuivre et métaux, poterie céramique, poterie de pierre {sic), objets: en pierre et
poids, divfers, inscriptions et empreintes. Suit un appendice sur les ÎFouilles de Médaïn par
M. Ghirshman. Deux tables terminent l'ouvrage numéros des objets d'après les planches et
:
stèle des Vautours (32-34), Gudéa (pl. XIX), le relief dé Ninharsag (247), le g-obe!et de Gudéa
(367), Gudéa libateiir (441), la stèle d'Ur-Nanshe (528) et diverses scènes sacrificielles
(530, 532)-
GusTAVS (Arnold), Das gi-ku (g) der Diorit-Platt Ur-Ninas, dans AjO , VIII (1932-
i933)> PP- 53-54- Cf. Witzel, dans AfO, VII (1931-1932), pp. 32-36. _
=
D'après Witzel, le gi-ku (g) le roseau sacré, était la désignation d'un temple ou
partie de temple, en relation avec Enki, dieu des eaux (domaine des roseaux). Pour Gustava,
il est inutile de chercher des explications mythologiques, mais apurés rétude de Andrae, W.
Das Gotteshaus und die Urformen des Bauens im Alten Orient, 1930, on peut songer à la
structure première de la construction mésopotamienne. De la même façon, il faut comprendre
le roseau du récit d'Utnapistim. Le « roseau sacré » est donc bien un temple, le temple
primitif ayant été construit en roseaux.
HAh-EVY (Joseph), La stèle des Vautours, dans Revue sémitique, 1910, pp. 182-207 ;
334-344- '
L'ouvrage fut publié par fascicules échelonnés sur une durée de plus de 30 ans. Cela
explique et les reprises et les rectifications, car Heuzey, après la mort de Sarzec
(' 1901)
par les statues de Gudéa la stèle des Vautours se voit consacrées les pages 94-103, 174-195
;
et enfin 357-378. L'inconvénient très sérieux que cela représente pour le lecteur est heuneu-
sement atténué par une table dies matières très précise et suffisamment détaillée.
En fin de volume, on trouve (pp. 393-149) un important appendice intitulé « Les :
la statue de Gudéa, tablette êe la ruine de Lagash, texte de Sumu-ilu, pierre de seuil d'Arad-
Nannar, etc..
La documentation figurée est fort judicieusement choisie. De nombreux plans, de la
main de Cros, permettent l'étude complète des divers chantiers. Les planches sont très soi-
gnées et n'ont rien perdu de leur valeur.
—
Catalogue des antiquités chaldéennes. Paris, 1902. Comme l'écrivait Heuzey dans
sa lettre d'introduction, ce Catalogue est à certains égards un abrégé du grand ouvrage
des Découvertes en Chaldée. On n'y trouve cependiant que les pièces attribuées au Musée
du Louvre, mais cette fois classées chronologiquement et par grandes catégories. Très pré-
cieux sont les chapitres inauguraux, sur Les Fouilles de Chaldée (pp. 3-15) (court historique
de la découverte de Tello) et l'Histoire de Sirboiirla (pp. 17-66). Les monuments sont étudiés
en grandes rubriques bas-reliefs, statues, statuettes de pierre, sculptures à incrustation,
;
figures de métal, figurines de terre cuite, gravure sur pierre et sur métal, gravure sur
'
coquille.
Etudes parues dans
la Revue archéologique :
— Découvertes
en Chaldée, dans R Ar., 1881 (II), pp. 56-57. Reproduction de la com-
munication par laquelle Heuzey annonçait la découverte de Tello h l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres (séance du 27 juillet 1881).
—
Les Fouilles de Chaldée. Communication d'une lettre de M. de Sarzec, dans R. Ar.,
BIBLIOGRAPHIE 331
(patési) de Sirtella, qui a constru't le temple de Moulkit (Bel). Il a promis de donner jour-
nellement, aussi long'temps qu'il sera g-ouverneur, un bath de lait, un épha de foin, un épha
de..., un épha de pain coinsacré, pour ^détourner la malédUction divine.
Il obéira à l'injonction d'Hercule p'uisse-t-il, pour remplir sa promesse, exécuter son
;
intention dans le temple d'Hercule, et que sa prière devienne vérité » (Cf. ISA, p. 105.)
— Les Rois de Tello et la période archaïque de l'art chaldéen, dans R. Ar., 1882 (II),
'
!
— Le roi Dounghi à Tello, dans R. Ar., 1886 (I), pp. 193-207 et pl. VI et VII.
Enumération des objets divers portant une inscription et où apparaît le nom de Dungi :
— La I
des Vautours, dans GA, 18S4, pp. 164-180, 293-303
stèle et pl. 24 et 26. Article
reproduit dans Origines orientales de pp. 49-82 l'Art, et pl. II et III.
— La plus ancierme sculpture chaldéenne, dans GA, 1886, pp. 1-12.
Etudes parues dans les Monuments et Mémoires publiés par l'Académie des Inscrip-
Fondation Eugène Piot (nous citoms Monuments Piot).
tions et Belles-Lettres.
— Les armoiries chaldéennes de Sirpourla d'uprès les découvertes de M. de Sarzec,
dans Monuments Piot, I (1894), pp. 7-20 et pl. II.
Il s'agit de la publication du relief de Dudu (supra, p. 87). Dans l'aigle léontocéphale
liant deux lions, Heuzey voyait la représentation figurée de la victoire de Sirpourla sur deux
régions opposées, les ennemis de l'ouest et ceux de l'est. H. lisait l'inscription « Pour le :
332 TELLO
— Le taureau chaldéen à tête huiuai)ie et ses dérivés, dâns Monuments PiottVl {i8gg),
pp. 1 15-132.
Publication du taureau {AO, 2752) acheté au marchand Géjou et qui provient, croyons-
nous, de Tello (supm, p. 146), cf. NFT, p. 166.
—
Autre taureau chaldéen undrocéphale dans Monuments Piot, VII (igoo), pp. 7-1
,
et pl. I, 2.
le même intermédiaire. Le taureau diffère du précé-
Seconde acquisitiom {AO. 3146) par
dent par ses proportions surtout par la technique d'incrustation.
et
—
Le chien du foi Soumou-ïlou {Fouilles du capitaine Gros en Chaldée), dans Monu-
ments Piot, XII (1905), pp. 19-28 et pl. II.
Heuzey pensait que le godet placé après coup dans la cavité creusée dans le dos de
l'animal, était une addition du temps d'Adad-nadin-akhé.
—
Une des sept stèles de Goudéa, d'après les découvertes du Commandant Gros, dans
Monuments Piot, XVI (1909), pp. 5-24 ^t pl. I et II.
Cette étude présentée d'abord dans CRA, 23 décembre 1908, p. 808, a été reprix
dans NFT, pp. 279-296.
bien il laissait passer le tuyau d'écoulement de bassins qu'il décorait. Interprétation proposée,
supra, p. 93. Cf. aussi RA, IV (1897), p. 105; IX (1912), p. 73.
—Textes sumériens très antiques découverts par M. de Sarzec, dans RA, III (1893),
pp. 31-32. Cf. CRA, 1893, pp. 314-319.
Publication du mortier d'Enannatouma P'' ( = Einannadu I). D'après son texte, la
généalogie de la dynastie est complète d'Our-Nina à Enannatouma II (Enannad'u II).
—Deux armes sacrées chaldéennes découvertes par M. de 5arsec, dans i?i4, III (1893),
pp. 52-58 et pl. III.
1. La lance d'Isdoubar [ = la lance colossale, supra, p. 74].
Il statue du petit Gudéa assis (dite à tort I). La tête avait été recueillie
s'agit de la
précédemment par Sarzec, le corps fut ramassé par Cros. « Le hasai^d fait parfois royalement
les choses », écrit Heuzey.
— Autres monuments figurés provenant des fouilles du capitaine Cros, dans RA, VI
(1904), pp. 53-58.^
I. Petite tête polychrome. — 2. Figure découpée du roi Our-Nina. — 3. La pêche de
Ghilgamès.
Heuzey compare qui se crée, à une charpente, avec des traverses nou-
cette histoire
velles s'avançant dans traverses, on placera « le plancher résistant sur lequel
le vide. Sur ceS'
reposera d'ici quelques années, toute cette primitive histoire ».
— De la décoration des vases chaldéens, dans RA, VI (1904), pp. 59-66 et pl. III.
Il s'agit à la fois des céramiques à figures incisées et des vases de pierre à décor
géométrique. Pour les premiers, Heuzey ne propose aucune date. Pour les seconds, il parle de
« la haute période de rautonomie chaldéenne ».
334 TELLO
— deux dragons sacrés de Babyloue
Lies et leur prototype chaldéen, dans FA, VI (igo6),
pp. 95-104.
— Petits chars chaldéo-hahyloniens en terre cuite, dans RA, VII (1910), pp. 1 15-120
et pl. III.
Ex-voto populaires et non jouets d'enfants.
— Musiquechaldéenne, dans RA, IX (1912), p. 85-90 et pl. III. A propos de la publi-
cation d' « une des sept stèles de Goudéa », ce qu'Heuzey interprétait alors comme une roue
de char, lui apparaît maintenant g-râce au frag^ment de vase du Louvre (AO. 5682) comme un
g'rand tympanon, muni au pourtour de cymbales. Le bélier représenté dessus, caractériserait
la sonorité particulière de l'instrument.
Les deux dragons sacrés de Babylone et leur prototype chaldéen, pp. 331-344 (paru
dans RA, VI 95-104).
(1906), pp.
— Egypte ou Chaldée, 345-352 {CRA, pp. 1899, 60-67).
— Mythes chaldéens, pp.353-363 (paru dans R. Ar.,
295-308).
— Armes royales chaldéennes, pp. 364-370 {CRA, 1895 418-419;
pp. (I), pp.
NET,
1908, pp. p. 129).
— Musique chaldéenne, pp. 371-378 (paru dans RA, IX pp. (1912), 85-90).
— chars babyloniens en
Petits 379-386 (paru dans RA, VII
terre cuite, pp. (19 10),
pp. 1 15-120.
(Annonce de la découverte) (p. 159). Fouilles die Sarzec en Mésopotamie (p. 234).
1882 Histoire die l'Art chaldéen (p. 182). Lettre d'Heuzey au Président (p. 177).
:
1884 Un nouveau roi de Tello (p. 15). La stèle des Vautours (p. 191, 193).
:
1885 Un gisement de diorite à propos des statues chaldiéennes (p. 307, 325-330).
:
1886 Une étoffe chaldéenne (p. 158); le roi Dounghi à Tello (p. 162); l'architeloture
:
chaldéenne (p. 181, 311-314); la plus ancienne sculpture chaldéenne (p. 640).
1887 La colonne en briques, inventée par les architectes chaldéens (p. 36), le bassin
:
sculpté du palais de Tello et le symbole chaldéen du vase jaillissant (p. 422, 424-427).
1888 Antiquités chaldéennes du Louvre (p. 195) Inscriptions die Goudéa (p. 312).
:
;
BIBLIOGRAPHIE 335
1891 Histoire chaldéenne (p. iio); cylindres (p. 114); masse d'armes de Goudéa
:
(p. 116); tête chaldéenne {p. 258); monuments chaldéens (p. 426).
1892 Stèle des Vautours (p. 236, 262-274); monuments d'Our-Nina (p. 313, 340-349).
:
1893 :Lance d'Isdoubar (p., 290, 305); Our-Nina (p. 228); patési Entéména (p. 135,
169, 291, 314).
1894 :Fouilles de Tello (p. 22, 34, 107, 344, 359) Une villa royaJ'e chaldéenne (p. 409).
;
1895 :Fouilles de M. de Sarzec (p. 188, 194, 205); Galets d'Eannadou (p. 194); Monu-
ment d'e Sirpourla (p. 206).
1896 Chronologie chaldéemie (p. 146) Mission de Constantinople (p. 350), Cône
: ;
d'Entémiéna (p. 591, 592); Fouilles et vase de Tello (p. 76, 128).
1897 Cachet de Bingani (p. 189); Galet d'Eannadou (p. 124); Monuments du roi
:
(p. 125, 151); emploi de la coquille par les artistes chaldéens (p. 268); la stèle des Vautours
{pp. 439-440) une construction antérieure à Our-Nina (p. 446).
;
1903 Sceau de Goudéa (p. 37) reprise des fouilles die Tello par le capitaine Cros une
:
; ;
1906 Les dieux à turban sur les cylindresi chaldéens (p. 39, 43) origines chaldéennes
:
;
diu monstre à tête de serpent trouvé sur les briques des murs die Babylone (p. 540).
1907 Une statue chaldéenne très archaïque (p. 768-769).
:
1910 Rapport sur l'a Mission française de Chaldée {p. 133, 152). Hommage du premier
:
1914 Hommage du 3® et dernier fascicule deS' Nouvelles Fouilles de Tello (p. 452).
:
1915 Annonce de la mort du Commandant Cros tué à l'ennemi (p. 244). [Cros était
:
I
336 TELLO
Les monuments un peu mieux conservés ne sont pas identifiables. Il n'admet pas l'idleintifica-
tiondu temple de Jsfanshe, car la brique estampée du seuil est un réemploi.
HiLPRECHT {H. V). The Bahylonian Expédition of the University of Pennsylvania. Séries
A. Cuneifomi Texts. Philadelphie, 1893-1896.
On trouve d'ans cette publication (vol. I, p. 19 et sq II, p. 62 et pl. 48-49, n° 115-117)
;
la reproductioni de fragments de vases dédiés par Entéména dians le temple d'Enlil à Nippur.
— Ein neuer Kônig von Tello, dans ZA, XI (1896), pp. 330-331.
Un arabe de Bagdad offrit à Hilprecht, le 19 juin 1896, une tablette de pierre avec ins-
cription. L'assyriologue m'eut que fort peu de temps pour l'examiner. Il se souvient cependant
qu'elle était inscrite de cinq à six colonnes sur le plat, de une et demie sur le revers. Il s'agis-
sait d'une liste d'offrandes avec mention die « En-ge-gal, roi de Purshirlashu ». [II s'agit dte la
tablette publiée définitivement par Barton, supra, p. 54].
— The French Excavations The Sunday School Times, 1896 (XXXVIII),
at Tello, d'ans
2-3; 34-35-
I, PP-
— Die pp. 3,
jûngsten resultate der franzôsischen Expédition im Babylonien, dans
siidlichen
Allg. Evang. Luther. Kirchenzeitnng, 1896, n° 19, ptp.
436-441.
— Explorations Bible Land in the ig th Century. Philadelphie, 1903.
diiring
On trouve dans cet ouvrage un exposé très complet des fouilles de Sarzec et de ses résul-
tats essentiels, pp. 216-260. On relèvera la mention de la part prise par J. Asfar, à la décou-
verte (p. 217).
HoMMEL (Fritz), Die Kônige iind Patisi von Sirgid-la nnd ihre Inschriften, dans ZK,
II (1885), pp. 179-186.
— Geschichte Babyloniens und Assyrie)is. Berliin, 1885.
— t
Grundriss der Géographie und Geschichte des Alten Orients, pp. 300 sq. Munich,
1904.
—Erlâuterung zu den von Rev. W. H
.Hechler dem Congressvorgelegten. Backsteinen
ans Telloh in Siid-Babylonien dans Abhandl. des VII Internat. Orientalisten Congr. Semitis-
,
HuBER (Dr. P. Engelbert), Die Personennamen in den Keilschrifturkiuiden ans der Zeit
der Kônige von Ur und Nisin. Leipzig, 1907. Cf. Thureau-Dangin, dans ZA, XXI (1908),
pp. 265-269.
Il s'agit de textes provenant presque tous de Tello. Les autres, en très petit nombre,
sont sortis de Niffer [Nippur].
BIBLIOGRAPHIE 337
Tome III. Textes de l'époque d'Ur, par Henri de Genouillac. Première et dleuxièmé
parties. Paris, 1912.
Tome IV. Textes de l'époque d'Ur (Fouilles d'Ernest de Surzec en i8ç8 et 1900), par
L. Delaporte, Paris, 1912.
Tomie V. Epoque présargonique, Epoque d'Agadé, Epoque d'Ur, par Henri de Genouil-
LAC, Paris, 1921.
Les fouilles de Sarzec avaient mis au jour plus de 90.000 textes cunéiformes. Versées
au Musée O'titoman de Constantinople, les tablettes furent étudiées sur place par dlivers savants
qui en donnèrent un inventaire succinct et un choix d'autographies. Certains exemplaires por-
tent des empreintes de cylindres les plus caractéristiques sont données en reproductions pho-
;
tographiques. Il est impossible de résumer un aussi précieux inventaire. Nous donnons seule-
ment ici et en grande partie d'après les indications do Genouillâc, un tableau analytique
facilitant l'étude des lots de tablettes d'après leur numéro d'inventaire. Genouillâc caractérisait
l'importance de cette monumentale documentation dians une page qui mérite d'être citée :
« Près de 100.000 textes pour 30 ans d'histoire, voici ce qu'ont apporté à la science les
fouilles de Sarzec et de Gros, indépendammentd'une magnifique récolte artistique et architec-
turale qui oserait mésestimer une semblable richesse et la glane patiente que l'on a voulu
:
faire de ce champ trop inconnu aux érudits des études classiques ? Les tablettes de Tello
représentent une page de l'histoire humaine et sont une source pour l'étude comp^arée des
premières civilisations. Plus d'un homme instruit serait em effet sans doute étonné d'apprendre
que nous devons aux Sumériens la division du cercle en 360 degrés, dte savoir que la situation
de la femme à Lagash était privilégiée et de voir que la possession du sol et dtes troupeaux par
les dieux de Sumer représente un essai de socialisation des moyens de production, peut-être
unique dans l'histoire du passé » [ITT, V, p. II).
22
I
I —
338 TELLO
d'inventaire PROVENANCE
— DATE
—
ASSYRIOLOGUE ITT
!
Les tablettes découvertes par Gros (plus d'un millier) devaient être publiées par Myhr-
man qui en avait commencé T'étude en 1913. Cet ouvrag"e n'a pas vu le jour. Cependanit les
documents les plus importants sont connus par les publications de Thureau-Dang-in dans ?VFT
(cf. Thureau-Dangin, Nouvelles Fouilles de Tello).
Jack (J.-W.V, Pour des parallèles hébreux avec des trouvailles de Tello, dans Expository
Times, déc. 1938, p. 137 sq. Cf. AJSL, LVI (1939), p. 170.
Jacobsen (Thorkild), Parerga sumerolo gica dans JNES, II (1943), pp. 117-121.
« Ur-Shanabi (k), Husband of Nanshe. Amélioration d'une lecture dfe la tablette A
I.
d'Ur-Nanshe {ISA, p. 13) par laquelle Ur-sanabi aurait été le mari de la déesse Nanshe.
Cette lecture est confirmée par Poebel.
II. Azii with value zu and Ur-Nanshe (k) 's Invocation to the Reed. Meilleure com-
préhension du texte de la plaque de diorite(/54, p. 19).
III. The God Ig-Alima (k) {d. Gal-alirn). Nouvelle lecture d'un nom de dieu = la (divine)
porte du bison.
V. Dugiid, « Cloud ». Dug^ud sig"nifie nuage dans le texte de Gudéa, Cylindre A, XXI,
19-20.
VI. The Concept of divine Parentuge of the Rider in the Stèle of the Vultures. Eannadu
est né de Ninhursag" fécondée par Ning-irsu, après restauration d'un passag'e mutilé de la stèle
des Vautours.
VII. « Tears of Joy (?) Stèle of the Vidiures. Obv. XI, 16-18. Dun-X divinité per-
>> :
sonnelle d'Eannadu verse des pleurs de joie sur les succès de son protég'é.
Janneau (C), Une dynastie chaldéenne : les rois d'Ur. Paris. 191 1.
Jastrow jr. (Morris), Die Religion B<abvlonie72s und Assyriens. Giessen. 1905-1913.
Avec deux chapitres consacrés aux dieux de Lag-ash les dieux babyloniens avant
:
Jensen (Peter), Namen und Zeichen fur Haustiere hei Gudea dans ZA, III (1888),
pp. 198-209.
Artidle en collaboration avec H. Zimmern. KB, III, i. pp. 2-77.
KiNG (Léonard, .) W —
Cuneiform Texts from Babylonian Tablets in the British
Muséum. Vol. V, VII, IX et X. Londres, 1896-1901.
I, III,
De nombreux documents provenant de Lagash ont été publiés par King dans ces
divers volumes. A signaler entre autres I, 96-6-15, i, masse d'armes de Nammahni
: III, :
18343, compte des recettes et dépenses des temples de Nanshe et de Gatumdug pour T'année
42' de Dungi; V, 23287, masse d'Enannadu; 12061, pierre d'e seuil d'Enté-ména; VII, 23580,
morceau inscrit de la stèle des Vautours, avec photo; 12030, fragment d'Urukagina; IX,
85977-85980, textes de briques au nom d''Eannadu (cf. Brique B, ISA, p. 49); X, 86900,
pierre de seuil, au nom d'Entéména (cL Pierre F, ISA, p. 57); 86917, objet cinculaire au nom
d'Ur-Ningirsu (cf. ISA, p. 209).
— A new Brick-stamp of Narâm-Sin King of Akkad from Tello. dans Proceedings of
th'e Society of Biblical Archaeology, 1909, pp. 286-288.
— A History of Sumer and Akkad. Londres, 1910. Dans ce monumental ouvrage,
King trouve dans Lagash l'essentiel de sa documentation. Plusieurs reproductions de docu-
ments provenant de Tello, conservés au British Muséum statue présargonique, 90929; frag-
:
ment de stèle aux vases jaillissants, 95477 fragment de mortier au nom d'Eannadu, 90832
; ;
brique d'Eannadu, 85977; pierre de seuil d'Entéména, 90932; perruque pour la vie de Dungi,
91075; figurines de fondation, 91056 et 91058; pierre de seuil de Gudéa, 90849 (dédicace à
Nanshe) clous divers.
;
En appendice II, une liste chronologique très détaillée qui demeure exacte après trente
ans et à laquelle peu de modifications —
en dehors des nouvelles lectures sont à apporter. —
Kmosko (M.), Eine uralte Beschreibung der « Inkubation » Gudea Cyl. A, VIII, 1-14,
dans ZA, XXIX (191 4-1 5), pp. 1 58-171. Cf. Witzel, ZA, XXX, p. loi sq.
Le passage est transcrit, traduit et suivi d'un commentaire philologique. Etude du
rite d'incubation chez Gudéa.
— Beitràge zur Erklànmg der Inscliriften Gudeas dans ZA, XXXI (1917-18), pp 58-
90-
Corrections proposées dans la traduction et l'interprétation de certains passages de?
inscriptions des statues A, B, C, D, E, F, G, I.
Kramer (Samuel, N.). The St^merian Prefix Formes be and bi in-the Time of The Earlier
Princes of Lagash.
1 ELLO
Krûckmann (O.), Zu einem Tonnagél Entemenas : Misceïlanea Orientalia dans Deimel-
Festschrift, p. 200 sq. Rome, 1935.
KuGLER (F. X.), Chronologisches und Soziales aus der Zeit Lugalanda's und Uruka-
gina's, dans ZA, XXV (1911), pp. 275-280.
Remarques d'ordre chronologique Kug-Ier appuie la thèse d'Allotte de la Fuye, pour
:
qui les signes gravés à la fin des tablettes représentent les années de règne.
Il n'est pas impossible qu'entre Lugalanda et Urukagina il y ait eu un ou deux paté'^is
à règne court.
Remarques sociales Sagsag, femme d' Urukagina avait les IP et IIP années, encore
:
Langdon [Stephen Herbert), Some Sumerian ContraCts dans ZA, XXV (191 1), pp. 205-
214.
Traduction de RTC 16 et 17. Ce dernier document est un contrat d'achat X, femme :
de Enlitarzi, patési de Lagash, achète un esclave. Parmi les témoins, Urtar fils du patésu
Lala, le capitaine en chef ( = gouverneur de la ville).
—Two Tahlets of the Period of Lugalanda, dans Babyloniaca, IV (191 1), pp. 246-247.
Il s'agit de deux tablettes présargoniques appartenant certainement au lot clandestin
de 1902 et retrouvées par Langdon au Royal Scottish Muséum d'Edinburg.
— Lugal-ki-GÛB-ni-^du-du, contemporury of Entemena ? dans JRAS, 1931, pp. 421-
424.
phies.
Le Gag (P.), Deux inscriptions de Gud-^a, dans ZA. VII (1892), pp. 8-15.
Traduction de deux tablettes publiées dans Découvertes en Chaldée, pl. 29, n° i et 2.
Le Gac proposait déjà (en 1892) la lecture Sul-sag-ga (au lieu de Dunsagga), Sulgi (au
lieu de Dungi).
— Ur-Bau, Patési de Lagasu, dans ZA, VII (1892), pp. 125-160.
Trad'uction avec commentaire du texte de la statue du patési.
Legrain (Léon), Le temps des Rois d'Ur. Recherches sur la société antique d'après des
textes nouveaux,. Paris, 191 2.
Dans cf^tte étude des tablettes de Drehem, on trouve des renseie'nements intéressant
directement les patésis de Girsu, entre autres Ur-Lama, Arad-mu, Arad-Nannar.
—Textes cunéiformes. Catalogue, transcription et traduction. Collection Louis Cugnin,
dans RA, X
(1913), pp. 41-62.
BIBLIOGRAPHIE 341
Dans le lot, quelques pièces de Lag-ash, en particulier des clous de Gudéa et d'Ur-Bau.
— Ur Excavations. Texts I. Royal Inscriptions. Lond'res, 1928 (voir Gadd).
à Enlil).
LucKENBiLL (Danier David), Inscriptions from Adah, OIP, XIV, Chicag-o. 1930.
A signaler les textes se rapportant à des princes de Lagash Eannadu (n° 32), Gudéa :
Maspero
{Gaston). Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique. I. Paris, 1895.
Cet ouvrage dont certaines pages demeurent classiques, fut écrit à une date où l'on
tâtonnait encore dans la lecture de certains documents. De nombreuses rectifications seront
donc à aoDorter pour ce qui est dit dte Las"ash, p. 603 sq., et entre autres celles-ci Oura- :
kaghina [Urukagina] p'iacé par Maspero vers 3200 av. J.^C, n'est p'ius le premier en date des
rois de Lagash (p. 604). Loin de le suivre, à plusieurs générations, Ournina [Ur-Nansbel, le
précède de 150 ans. De même Idine'hiranaghin est à lire Eannadu. On sait aussi que Gudëa
n'est pas le fils mais le gendre d'Ur-Bau (p. 8oq) et Dungi, roi d'Ur, n'est pas davantage le
fils du premier (p. 613). La description du « Palais » (p. 709 sq.) était conforme aux inter-
La lecture ëlR-BUR-LA = Laga s. s'appuvait sur le texte CT, XVI, 36, 5. Elle demeu-
rait cependant douteuse. Meissner indique un nouveau texte, pris dans Reisner, Hymnen,
n° 81. L'id'éoeramme signifie « ville des corbeaux ».
— Babvlonische-assvnsche Plastik. Leipzig, 1915.
Ce précis est abondamment illustré et les d'ocuments de Lagash v occupent (pp. 3-64)
une place dominante. Nombreuses reproductions. La petite statue d'albâtre (p. 33, fig. 49
= Découvertes, pJ. 6 bis, la) est certainement présargonique et ne doit pas être classée après
Agadé {Uhergangzeit).
— Babylonien und Assyrien. Heidelberg, 1920- 1925. Exploitation diligente de tout le
matériel exhumé à Tello.
— Kônige Babyloniens und Assvriens. Leipzig- (s. d.). Un chapitre intitulé « Uruka-
gina leRéformateur » pp. 13-22) recouvre en réalité toute la période présargonique à Lagash.
Dans les paees consacrées à la chronologie vers 2800, Ur-Nina vers 27^0, Eannadu; vers
: ;
2700, Entéména vers 2670, Urukae'ina vers 2420, Gudéa; 2294-2187, IIP dynastie d'Ur.
; ;
girsu, grandi-prêtre, pl. VI, i et 2. Meissner rejète les théories pansémitiques d'E. Meyer.
342 TELLO
Menant (Joachtm), Catalogue des cylindres orientaux du Cabinet royal des Médailles
de la Haye. La Haye, 1878.
Publication de l'olive en ag-ate (Cat. n° 149-60) pl. VII. 35, domt l'inscription assurait,
d'après Menant, un synchronisme entre Dun^i et Kamuma ( = Gu'déa). Menant lisait:
« Kamuma Patési de Zergfhoul, Lieutenant de Dungi à sa souveraine », ajoutant « les carac-
tères ne présentent aucune difficulté de lecture » (p. 59-60). Le texte se lit en réalité Gudéa, :
MoRNAND (P.), Une nouvelle statue de Gudéa, dans Beaux-Arts, IX* année (1931),
p. 26.
Il de la statue Feuardent, publiée par Scheil (RA, XXVII (1930), pl. V. supra,
s'asfit
p. 167). On
dans cette étude des choses étranges... L'auteur considère en effet que la statue
lit
est traitéedans un « style court et fort » et qu'il s'agit d'une « œuvre du premier stade d'e l'art
chaldéen ». Le sculpteur serait Gudéa lui-même (!). L'auteur s'est à ce propos visiblement
inspiré de Scheil, op. cit., p. 161, qui n'a pourtant pas tout à fait dit cela.
Nies (/. B.), Ur Dynasty Tablets. Texts chiejly front Tello and Drehem written
during the Reigns of Dungi, Bur-Sin, Gimil-Sin and Ibi-Sin. Leipzig, 1920.
Sur 180 tablettes composant la collection, 80 ont été achetées à Bagdad en 1904.
Elles proviennent des fouilles clandestines faites à Tello. Publication très soignée et très
complète ôe documents économiques (transactions de blés, moutons, huile, laine, céramique,
etc..) reproduits en autograp'hies. Des traductions partielles sont aussi fournies qui permet-
tent aux non assyriologues de se faire quelque idée du contenu des tablettes. L'ouvrage est
complété par plusieurs listes ou index noms propres, divinités, temples et constructions, gre-
:
niers, emplacements divers, rivières et canaux, mois et années, mots et phrases, signes. Un
important appendice de Fritz Hommel (pp. 196-220) complète cette monographie qui est d'une
grande richesse.
Nies (/. B.) et Keiser (Cl. E.), Babylonian Inscriptions in the Collection of ]. B. Nies.
Il s agît de textes présargoniques provenant ées fouilles clandestines d'e 1902. Même
s'ilne connaît pas le russe, l'assyriolog-ue aura tout au moins les autographies des documents
et un excellent choix photographique.
—Documents de comptabilité administrative de la Chaldée faisant partie de la collec-
tion Likhatcheft. 2" L'époque d'Agadé et l'époque d'Ur. Moscou, 1915 (en russe).
Opitz (Dietrich), Tragen die Krieger Eannatums Schilde ? dans AfO, VI (1930-193 1),
pp. 64-65.
Les guerriers de la phalange sumérienne (registre supérieur de la face historique de la
stèle des Vautours), ne portent pas de boucliers (thèse de Heuzey, Meissner), mais un man-
teau protecteur que l'on peut comparer à celui dont sont revêtus les soldats de l'étendard
d'Ur et qui est à Lagash représenté schématiquement.
—Bemerkungen zu der von R. Heidenreich in ZA NF
VI hesprochenen sumerischen
Rundskidptur und einigen neueren Gudea statuetten. dans ZA, XL (1931), pp. 291-294.
A propos des statues de Gudéa publiées par Scheil {RA, XXVII (1930), p. 161 sq),
Op'itz signale plusieurs difficultés et entre autres les « proportions insolites ».
Rien m'y rappelle la langue des Sémites. Il s'agit d'un idiome, successivement appelé
casdo-scvthique oasdéen, chaldéen, accadien et finalement sumérien. « Inscription de la grande
,
statue » ( = D). A titre documentaire, nous donnons ici quelques extraits de la traduction
Oppert, avec, en regard, celle de Thureau-Dangin (1905) :
E. Annadu, le grand-iprêtre du soleil; du. roi qui a enlevé le péché. A l'homme qui s'incline
vers la terre, sois propice... » (p. 78). Dates 4.500 ou 5.000 av. J.-C. :
— Etudes métrologiques relatives aux étalons gravés sur les statues de Gudéa
(pp. 271-272).
La demi-coudée, unité de mesure, long-ue de 27 cm.
1884 Traduction d'un texte émarmnt d'uti monarque de Tello (p. 17).
:
1892 : Remarques sur des textes cunéiformes transcrits par Heuzey en caractères
latins (p. 314).
Il de textes d'Ur-Nanshe.
s''ag"it
BAMA = 2 amâ.
1896 Cadastre chaldéen (p. 330, 331).
:
igo2 Le cylindre A de Gudéa (pp. 238, 244, 250, 270, 276, 287, 360, 4.12).
:
Sur les textes sumériens rapportés de Telloh par M. de S arzec, dans J A, XIX (1882),
pp. 79-80, 233.
Ailleurs :
Le dieu de Sirtella, dans ZK, I (1884), pp. 261-262. C'est l'étude de CRA, 1884,
pp. 231-233.
L'olive de Gudéa, dans ZA, I (1886), pp. 439-440.
Contre la lecture de Menant « Gudéa, fils de Dungi » {supra, p. 202). Oppert propose
« Gudéa, gouverneur de Sirtella, Gen-dun-pa-e, son épouse.
Note supplémentaire, ZA, II (1887), p. 140.
Die franzôsischen Ausgrahungen in Chaldaa, dans Verhandlungen des fïmften inter-
nationales Orientalisten Congresses gehalten zu Berlin im Septemher 1881. Zweite Teil,
erste Halfte. pp. 235-248.
— Sur quelques-unes des inscriptions cunéiformes nouvellement découvertes en Chal-
dée, dans les Travaux du 6® Congrès international des Orientalistes à Leyden, 1883, T. II,
pp. 625-36.
BIBLIOGRAPHIE 345
Ch. ViroUeaud et Thureau-Dangin. Ils débutent tous par Sa4z7/a = affaire comp^lète. Ces
documents sont reproduits en aulographie. On en donne ensuite une transcription et une
traduction. Une introduction juridique (situation des personnes, des biens, organisation jud'i-
ciaire et proC'édure) et grammaticale assure une meilleure compréhension de l'état social du
temps. La « seconde dynastie d'Our » est en réalité la troisième (Dungi, Bur-Sin, Gimil-Sin).
Perrot {Georges), Les fouilles de M. de Sarzec en Chaldée, dans Revue des Deux
Mondes, i^^ octobre 1882, pp. 525-565.
Article intéressant pour les renseignements inédits qu'on y recueille et qui illustrent
l'historique de la découverte. D'après Perrot, Sarzec a trouvé ses monuments de 1875 à 1880
et « les a cédés au Louvre en 1881 ». Après deux campagnes, le consul de France à Bassorah
rentrait en congé, « il emportait avec lui quelques monuments qu'il avait réussi à conduire
jusqu'à Bassorah et à embarquer sans attirer l'attention le plus important était la partie
;
supérieure d'une statue colossale qui est aujourd'hui placée au Louvre, vers le milieu de la
galerie assyrienne tout le bas de la figure, dont l'enlèvement et le transport auraient été
;
trop difficiles, avait été recouvert de terre et laissé dans la tranchée » (p'. 542). (A rappro-
cher du récit de Sarzec, Découvertes p. 4). Les 9 statues furent embarquées sur un bateau
,
anglais à destination de Marseille, d'où on les achemina sur Paris, oij Sarzec les avait pré-
cédées. Et cette conclusion toute d'actualité « Depuis une douzaine d'années, la gloire de
:
l'action politique et militaire paraît nous être refusée; les petits hommes et les petites
choses prennent de plus en plus de place dans la vie et les préoccupations du pays les ;
grandes espérances conçues ne se réalisent pas; ceux dont nous attendions beaucoup, échouent
et avortent l'un après l'autre. Nous serions vraiment trop à pJaindre si rien ne nous dédom-
mageait du spectacle de cette impuissance et de cette stérilité il nous reste une consolation ;
dernière, celle de pouvoir nous dire que dans l'ordre de la recherche scientifique et des tra-
vaux de l'esprit, la France tient encore son rang. »
346 TELLO
une installation du g-enre de celle de Nippur, où l'on travaillait dur. Sarzec était là, avec sa
femme, son fils âgé de dix ans et une bonne française. Détails épisodiques mais curieux.
Le consul fouillait avec i8o hommes au maximum, mais semblait assez réticent, avec son
collèg-ue américain, à qui il ne donna aucun renseig-nement et ne montra rien. Il lui offrit
cependant un « excellent breakfast européen ».
Peters revint à Tello (sans doute en 1896). Il voyait dans les innombrables clous,
des « symboles phalliques » en relation avec le culte d'Ishtar (II, p. 236). Une statue de
Gudéa, mutilée, fut d'après le fouilleur dé Nippur, trouvée à Hammam (p. 292). Des objets
aoouis à Tello, on ne voit que des clous de Gudéa et d'Ur-Bau (planche, face à p. 238,
t. II).
PiNCHES {TheopJiilus G.), Lagas, not Zirgulla, Zirpiila. Sirpulla, dans The Babylonian
,
lection of the Right Hon. Lord Amherst of Hacknev F. S. A. at Didlington Hall, Norfolk.
Part I. Texts of the Period extending to and including the Reign of Bur-Sin (about 2500
B. C.). Londres, 1908.
La collection contient des tablettes provenant exclusivement de Tello. Ces textes,
tous économiques, s'échelonnent de l'époaue rrésarp-oniaue (Lugfalanda-Urukaefina) à Ur III.
Après une introduction g'énéraîe des indications chronolos^iques (dates du rèsfne de Duno'i')
et des données diverses (calendrier, mois, poids et mesures) utiles à la bonne compréhension
des documents, ceux-ci sont publiés avec le p'us erand soin autog'raphies, transcription,
:
lopes aux lions, taureaux androcéphales croisé>, aio^le léontocéphale. Légende « Enaralerala,
:
scribe de la maison des femmes. « Le texte de la tablette consigne une offrande de poisson).
Le n° 50 conserve des comptes détaillés de temple ou palais. Sur les tablettes de l'époque
d'Ur, on trouve de nombreuses empreintes de cvlindres (présentations, luttes contre les
fauves). Une carte g'éographique termine le volume Lag"ash y est malheureusement placé
:
au S. E. de Larsa.
—
Tablets from Tell-loh, dans JRAS, 1911-, pp. 1039-1043.
PoEBEL (Arno), Zur Geierstele dans OLZ, XIV (191 1), col. 198-200.
Etude spéciale du passagfe col. V, lignes 20-29. Ninni est la divinité principale de
ribgal, sanctuaire de Lag-ash.
—
Historical Texts. The Events of Eannadu's Reigns, dans PBS, IV, pp. 157-169.
Philadelphie, 1914.
Contre Kinsf et Ed. Mever, Poebel soutient que les événements historiques du règfne
d'Eannadu, sont mentionnés dans les inscriptions, dans leur succession chronoloç^ique.
L'auteur passe en revue les eruerres menées par Eannadu qui eut à relever son pays dévasté
par Umma, sous la royauté d'Akurg^al. Le roi de Lagash se place avant les dynasties d'Opis
et de Kish, connues par la liste de Scheil.
—
Siimerische Untersuchungen, dans ZA, XXXVI (1925), pp. i-io (à propos de
divers passap-es du texte de la stèle des Vautours); XXXVII (1926), pp. 161-176, 245-272
(der 'Eimesal-Text AO. 4331 + 4335, vs. 2-5); XXXIX(1930), pp. 129-164 et surtout pp. 146-
164 (zu den alkoholischen Getrânken in Gudea, Zyl. B, Kol. 6, 22 Siq.).
—
Der Konflikt zwischen Lagas und Umma zur Zeit Enannatums I und Entemenas
dans Festschrift P. Haupt, pp. 220-267. Leip'zig", 1926.
—
The Sumerian Prefix Forms E and I, in the Time of the Earlier Princes of Lagas.
OIC, Assyriological Studies, .n° 2. Chicag'O, 193 1.
BIBLIOGRAPHIE 347
Price {Ira Maurice), The de Sarzec Inscriptions, dans Hehraioa, 1887, oct. pp. 54-56.
_
— The Great Cylinder Inscriptions A & B of Cnidea. Part. I. Text and Sign-List.
Leipzig, 1899.
faite à Paris en 1898. En frontispice, les deux cylindres dans leur vitrine du
Copie
Louvre. Cf. Thureau-Dangin dans Revue Critique, 1900, n° 33, pp. 117-119.
—
The Great Cylinder Inscriptions A & B of Gudea (about 2450 B. C). To which are
added his Statues as Part II. Leipzig-, 1927.
Cette publication complète le volume d'autog-raphies. Sommaire des textes des cylin-
dres et des statues. Transcription et traduction. Vocabulaire. Index des noms de personnes,
de places, de choses, de divinités. Table des sig-nes eu égard au système de transcription
adopté par l'auteur. Cf. RA, XXIV (1927). p. 9g.
—
Notes on the Panthéon of the Gudea Cylinders, dans AJSL, XVII (1900), pp. 47-53.
—
Le Panthéon de Goudéa, dans Actes du i'"' Congrès d'Histoire des Religions, II,
2, p. 24.
— Some Light from Ur touching Lap-ash, dans ]AOS, 50 (1930), pp'. 150-158.
— H. de Genouillac on « Lagash » and « Girsu » dans JAOS, 57 (1937), pp. 309-312.
Prickartz (/.), Le début du premier cylindre de Goudéa (cyl. A, I-VI, 14), dans
Mélanges de Philologie orientale publiés à l'occasion du anniversaire de la création de
X'Institut supérieur d'Histoire et de Littérature orientales de l'Université de Liège, pp. 151-
191. Louvain, 1932.
Prince (/. D.), A Hymn to the Goddess Bau, dans AJSL, XXIV (1907), pp. 62-75.
Radau (Hugo), Early Bahylonian History down to the End of the Fourth Dynasty of
Ur. New- York, 1900.
Eu ég-ard à la date de publication, ce manuel était alors une remarquable svnthèse.
Naturellement Lagash et Nippur avaient fourni l'essentiel de la documentation, mais le pre-
mier site surtout. Chronologie des rois et patësis de Shirpurla (pp. 12-43); les souverains de
Shirpurla (pp. 46-121; 153-154; 181-215). Tableau chronologique et synoptique, p. 30. Les
dates sont naturellement toutes faussées par l'erreur de Nabonide. Gudéa est ainsi p'acé en
3300 av. J.-C. Urukagina, le premier dynaste local, remonte à 4500 av. J.-C. !
En appendice (pp. 321-434), Radau publie la collection dte tablettes E.-A. Hoffman.
Une partie du lot vient de Tello. Tout fut acquis en 1896, de Noorian, interprète de la mis-
sion de Nipp'ur. Sont sip-nalés en outre, 2 clous d'Ur-Bau, i clou de Gudéa et i tablette de
fondation en dolérite. D'une brique marquée au nom d'Ur-Ningizzida, patési d'Ashunnak,
Radau concluait, à la suite de Scheil (RT, XIX, p. 55) que cette ville était proche de Nippnr.
On sait ce qu'il en est advenu à cet égard'.
Akurg-al, Alla, Arad-mu, Arad-Nannar, Ausg-rabung-en (p. 318), Barnamitarra, Ba'u, Daten-
listen, Dunsag-ga (na), Eannatum, Enannadu, Enheg-al, Eninnû, Entemena.
Reisner (G. H.), Tempelnrkiinden aus Telloh herausgegehen, dans Mittheihmgen aus
den orientalischeii Sammlungen, XVI. Berlin, igoi.
Inventaire sommaire des 310 textes qui datent tous d'Ur III. Lexique des mots (pp. i-
36). Index des noms de personnes hommes, femmes, lieux. Après les autographies, une table
:
des 'signes. Seul un spécialiste assyriologue, peut utiliser cet ouvrag-e, où il n'y a ni trans-
cription, ni traduction.
RivoYRE (Denis de), Les vrais Arabes et leur pays. Bagdad et les villes ignorées de
l'Eiiphrate. Paris, 1884. D. de R. visita Tello en compag'nie de Sarzec en 1880. Dans sa
relation, on relève nombre renseig'nements intéressant la vie de la mission française et peut-
être une confirmation aux versions qui placent la « trouvaille » des g-randes statues avant
1880 [supra, p. 18). En effet, le voyag'eur écrit (p. 253) que le fouilleur ne put transporter le
morceau de la statue colossale « avec le reste de ses conquêtes » et qu'il le laissa sur p'iace,
avant de partir pour la France [1878]. Pendant l'absence de Sarzec [187g], arrive « un
certain M. R. Arménien devenu Anglais » [H. Rassam]. « La saison suivante [1880], M. de
S. eut le temps de p^rendre ses mesures et parvint à emmener sain et sauf le précieux tron-
çon rejoindre l'ensemble de sa collection » (p. 255). D'après D. de R. enfin, Sarzec aurait été
aiguillé sur Tello par les renseignements du docteur Asché « depuis longtemps à Bassorah et
d'une érudition' qui n'avait d'égale que son obligeance » (p. 25g). Incidemment, on trouve les
noms des Asfar (p. 65), de Phalah^Pacha, prince des Montefiks (p. 113), de Cheik Hassan
(p. 130) et de Naoum-Serkis (p. 233), cité par Géjou [supru, p. 16).
Sarzec (Ernest de), Deux tablettes archaïques de Tello dans RA (i8g2), pp. i46-i4g.
Tablettes votives d'Ur-Nina et d'Entéména associées à des figurines votives en cuivre.
Les textes sont- traduits par Oppert.
—avec Léon Heuzey, Découvertes en Chaldée (supra, p. 32g).
ScHAFER (Heinrich) et Andrae (Walier), Die Kunst des Alten Orient. Berlin, ig2^.
Ontrouve dans cette synthèse illustrée avec le soin que l'on connaît, de remarqua-
bles reproductions des pièces essentielles de Lagash. Deux planches hors-texte donnent la
petite statue présargonique du British Muséum (pl. XXVI) où Andrae voit un prêtre ou un
roi et la tête à turban du Louvre (pl. XXVIII). Autres documents reproduits reliefs d'Ur- :
Nanshe (46g), vase d'Entéména (482), stèle des Vautours (486-487), la femme à l'écharp^e
Gudéa assis du Louvre
(4g5), figurines de fondation (4g8-4gg), (500), Gudéa colossal (501).
Il manque malheureusement l'Ur-Ningirsu du Louvre, dont la publication {ig24) fut connue
sans doute trop tard par les auteurs de l'ouvrage, pour pouvoir être utilisée
Scheil (F.), Quelques notes sur les inscriptions de Gudéa, dans ZA, VI (i8gi),
pp. 311-316; VII (i8g2), pp. igo-ig4.
Etude de terminologie.
— Assimilation de trois nouveaux signes archaïques, dans ZA, XII (i8g7), pp. 258-
264.
Scheil ne lit plus le nom d'Umma, Gis-ban-lzi, mais Gis-uh (ki). Etude d'un signe de
la statue B de Gudéa, V, 2.
— Le sens du mot namrah, dans ZA, XII (i8g7), pp. 266-268. (Namrak signifie
prince, haut fonctionnaire.)
— Listes onomastiques rédigées d'après les textes de Sargani et de la deuxième dynas-
tie d'Ur. dansZA XII (i8g7), pp. 331-347.
Etude où il n'y a que des autographies. Donc inutilisable pour un non spécialiste.
— Un nouveau cône d'Urukagina, dans OLZ, III (igoo), pp. 328-330.
Ce clou fut vu par Scheil chez un antiquaire. L'assyriologue donne le sommaire du
texte. Il s'agit certainement de celui du clou B et C, publié peu après par Thureau-Dangin,
dans ISA, pp. 77-87.
BIBLIOGRAPHIE 349
—Recueil de signes archaïques de l'écriture cunéiforme {époque de Shargani, Gudêa
et des rois de la 2'^ dynastie d'Ur), 4000-jooo av. J.-C. Paris, i8g8.
Louage de barques entre Sirpurla et Snse, dans RT, XXÏII (igoi), pp. 152-153.
déesse) a taillé ». On doit très certainement comprendre « sa statue [à lui, Gudéa] a taillé »,
:
•
dont le nom « elle transmet les prières » est indiqué immédiatement après. Nous devons cette
correction à Genouillac.
—Carptim. 6. Formule magique avec allusion historique, dans RA, XXIV (1927),
P- 42-
1. Allusion à la guérison d'un fils de Gudéa qui avait eu recours au « cœur de l'apzu »
- Mard'uk.
2. Assimilation au cas d'un malade quelconque, client de Ea (père de Marduk) et de
Gestinanna, un des dieux familiers des princes de Lagas.
—Nin Alla, femme de Gudêa, dans RA, XXIV (1927) pp. 109-110.
'
Sur un petit autel votif en schiste noir (collection Feuardent) une inscription dédicace
:
à Bau, pour la vie de Gudéa et pour la sienne, par Ninalla femme du patési.
L'auteur a omis dans la transcription et dans la traduction qu'il donne de ce texte, la
ligne 8 et pour sa propre vie.
—
:
1. Deux
tablettes inédites d'Enlitarzi de la collection Likhatcheff.
Des 23 documents antérieurs connus avec le nom d'Enlitarzi, aucun ne dépassait la
5* année du patési. Schileico signale une tablette de la 6^ année.
2. Les sceaux d'Eniggal.
Schileico adopte la thèse d'Allotte de la Fiiye pour qui les légendes différentes cor-
respondent à deux périodes distinctes Eniggal, « scribe de la maison de la femme » (du
:
Schneider (Nikolaus), Dey Viehhestand des é-gal in Lagas, dans AjO IV (1927),
pp. 206-208.
A propos du n° 26 de Chiera, Selected Temple Accounts (192 1). Des chiffres consi-
dérables se rapportent au cheptel du temps. Pour la seule « g-rande maison », en trois mois,
sont recensés 51.253 (52.553) brebis, 1522 bœufs. Cela en dit long- sur la situation écono-
mique de Lagash et éclaire peut-être le problème des échanges.
Selms [A. van), Eine neue Gudea Inschrift, dans AfO, XIII (1939), pp. 62-63.
Trois clous achetés par l'Université de Prétoria. Deux portent des inscriptions con-
nues, à Nindara et Ning-irsu. Le troisième est g-ravé d'une dédicace à Ning-izzida, par Gudéa
ensi de Lagas, 'serviteur (et non pas fiils) de Gatumdug".
Smith (Sidney), Ur-Nin-Mar, Governor of Lagash dans JRAS, 1932, pp. 295-308.
186-187: Plaques de coquille nacrée ( = Découvertes pl. 46; p. 271). Le 187, C est
,
220 B Buste féminin. N'a été publié par aucun des fouilleurs de Tello. Cet objet nous
:
222 : Femme assise à l'aryballe Longperier, Musée Napoléon III, pl. II).
223, B Couvercle de lampe aux
: serpents {Telloh, pl. 85, i et 4).
224 : Gobelet de Gudéa (Découvertes, pl. 44, 2).
226 : Frag-ment de stèle, déesse (NFT, pl. IX, 7).
227 : Frag-ment de stèle, Gudéa à la palme (Contenau, MAO, I, p. 134).
228-22g Gudéa assis {NFT, pl. i).
:
263, C et D
Tête de divinité, en terre (NFT, pl. VI, 3).
:
Gudéa complet] pp. 26-28 La ruine de Lagash sous le règne d'Oiiroti-Kaghina, pp. 45-51
;
'
Incursion élamite en pays sumérien à l'époque présargoniqiie, pp. 52-55 Réplique d'une ins- ;
cription d'Arad-Nannar, pp. 56-58; Un nouveau roi d'Our, Soumou-ilou, pp. 157-159; Ins-
cription d'Our-Engour, pp. 167-170; La déesse Nisaba, pp. 171-176; Tablettes et inscriptions
diverses, pp. 177-222.
— Inventaire des Tablettes de Tello, conservées au Musée Impérial ottoman (cité
ITT), Voir à Inventaire...
I.
— Restitution matérielle de la stèle de^, Vautours (avec L. Heuzey) (supra, p. 335).
352 TELLO
La restitution épigraphique du monument est de Thureau-Dangin, qui donne l' auto-
graphie du texte (pl. III et IV) et les transcription et traduction (pp. 40-63).
De Thureau-Dangin seul
—
:
pp. 69-86.
—
Recherches sur l'origine de l'écriture cunéiforme. Paris, 1898-1899.
•
Ur-Nina; d'Ur-Nina à Agadé Agadé de la fin d'Agadé à la IIP dynastie d'Ur; d'Ur-Nammu
; ;
la IIP dynastie. Dans la très précieuse, quoique courte introduction, on trouve des indications
historiques de la plus haute importance (premier éclaircissement) sur les patésis-prêtres qui
précédèrent Urukagina, sur l'époque d Agadé à Lagash, sur les patésis néo-sumériens anté-
rieurs à Ur III —
L. King y trouvera de nombreux noms pour sa liste chronologique sur — ,
sonnel (bergers, bouviers, jardiniers, p^uiseurs d'eau, bateliers, pêcheurs, oiseleurs, femmes
tissant la laine, surveillants, contre-maîtres, prêtres) qui touche de la boisson fermentée (or-
dattes), des grains rôtis, de l'huile, de la farine. Chronologie de la « IP dynastie d'Ur » :
canaux.
—
Le cône historique d'Entéména, dans RA, IV (1897), pp. 37-50.' Cône en argile,
offert au Louvre par M. Noël Bardac. Le texte est de toute première importance il s'agit :
Nammahni, Kaazag, Gudéa, Ur-Ning-irsu, Galu-Bau, Galu-Gula. Elles assurent en outre des
synchronismes entre Dungi-Bur-Sin et les patésis de Lagash Galukani, Galuandul, Ur-
:
Lama I, Alla, Ur-Lama II. Il est enfin établi qu'Urabba et Ur-Nammu sont contemporains.
Etude du protocole pendant le règne de Dungi « roi de Sumer et d'Akkad », puis « roi
:
des quatre régions introduction de l'idéogramme divin devant le nom royal. Le patési
» ;
Ugmé qui pour Thureau-Dangin appartenait à une époque proche d'Akkad, doil, après nos
fouilles de 193 1, être sensiblement rabaissé puisqu'il est le fils d'Ur-Ningirsu.
L'inscription d'Arad-Nannar était gravée sur des pierres de seuil du temple élevé à
'^Gimil-Sin par Arad-Nannar, légat suprême {sukkal-mah), patési de Lagash et préfet de
12 autres lieux.
— Nouvelle inscription de Goudéa, dans RA, VI (1904), pp. 23-25. Cf. NFT, pp. 26-28.
Gravée sur la petite statue de Gudéa assis, dont la tête avait été trouvée par Sarzec.
Dédiée à Ningizzida.
—La ruine de Shirpourla [Lagash) sous le règne d'Ouroukagina, dians RA, VI {1904),
pp. 26-32. Cf. NFT, pp. 45-51.
Tablette trouvée par Cros. Mémento d'un scribe évoquant la ruine de Lagash sous les
coups de Lugalzaggizi patési d'Umma, roi d'Uruk. Liste des monuments saccagés sans pitié
par les soldats ennemis.
—Réplique de l'inscription d'Arad-Nannar, dans RA, VI (1904), pp. 67-68. Cf. NFT,
pp. 56-58.
Pierre de seuil découverte en 1903. Double de l'inscription trouvée par Sarzec et pré-
cédemment publiée (RA, V, pp. 99-102). Quelques légères variantes.
—Un nouveau roi d'Our, dans RA, VI (1904), pp. 69-71. Cf. NFT, pp. 157-159.
Texte gravé sur un petit chien en stéatite. Dédicace à Nin-Isin, « pour la vie de
Soumou-ilou, roi d'Our », par Abadouga, mahhou (prophète extatique) de Lagash. Soumou-
ilou, roi de Larsa est à placer entre Gougounou et Nour-Immer [ = Nur-Adad], car le 2^ ne
se dit plus que roi de Larsa.
, L'étude reproduite dans NFT
est une mise au point de cet article.
—Inscription d'Our-Engour, dans RA, VI (1906), pp. 79-82. Cf. NFT, pp. 167-170.
Gravée sur un clou trouvé par Cros. Dédicace à Nannar, dieu lunaire d'Ur et se rap-
portant à un canal appelé N
annar-gu- gai.
—Uîie incursion élamite en territoire sumérien à l'époque présargonique, dans RA,
VI (1906), pp. 139-142. Cf. NFT, pp. 52-55.
Luenna, grand-prêtre de la déesse Nin-mar, informe Enetarzi, grand-prêtre de Nin-
girsu, que 600 Elamites ont pillé le territoire de Lagash mais qu'il a réussi à mettre l'ennemi
en déroute. Au revers, énumération de butin pris ou repris sur les Elamites. Part réservée au
patési, offrandes à prélever pour Nin-mar.
—La déesse Nisaha, dans RA, VII (1910), pp. 107-111. Cf. NFT, pp. 171-176.
D'après une tablette de pierre trouvée par Cros, serait non la déesse des céréales, mais
la déesse des roseaux ou mieux la déesse-roseau. Nisaba, déesse de la « végétation spon-
tanée », devenue par extension une divinité agricole. Comme on écrivait sur les tablettes
avec un stylet taillé dans une tige de roseau, Nisaba devint la déesse de l'écriture, puis de
la science, de la science des nombres, de l'astronomie.
—Notes assyriologiques, dans RA, VII (19 10), pp. 179-191. La durée du règne de
Dungi. Pas plus de 50 ans, peut-être 48 (contre Hilprecht qui disait 58).
Gudéa gendre d'Ur-Bau. Thureau-Dangin complète l'inscription très mutilée de la sta-
tuette publiée dans Découvertes, pl. 22 his, n° 2. Il lit Ni[-n-ka-l]a, fil[le d'Ur-Ba-]u, [patésji
de [Lagas].
Autre femme de Gudéa Gim-^^: DUN-PA-é (Cf. Saki, p. 146, n').
La trouvaille de Dréhem.
— Le rapport de valeur entre l'or, l'argent et le cuivre à l'époque d'Agadé, dans
RA, VIII (1911), p. 92.
23
354 TELLO
à l'époque d'Akkad :
et ^ Donc si cuivre=i, argent = 24o, or=i920
I argent i cuivre
(Cf. OLZ, 382).
— Le1909,
symbole del'aigle éployé de Suse, dans RA, VIII (191 1), p. 94.
A
Lagash, l'aigle léontocéphale s'appelait probablement Im-gig (Cf. ZA, XV, p. 52)
et était l'emblème de Ningirsu, patron de la ville.
—
Deux inscriptions d'Urumiis, dans RA, VIII (191 1), pp. 135-142.
•
A propos de celles-ci, Thureau-Dangin répète qu"il faut placer les rois de Kish avant
ceux d'Agadé et que l'ordre est le suivant Sharrukin, Manisbtusu, Urumush (Cf. RA, IX
:
généralement que gigunu est un lieu de sépulture ou la figuration de l'Hadès. Daprès Th.-D.
gigunu = sanctuaire. Même opinion dans RA, XXII (1925), p. 176, n° 9.
—
Le prologue du cylindre A de' Gudéa et l'inscription bilingue de Samsu-iluna, d'ans
RA, XXIV (1927), pp. 83-84.
Tous un schéma identique le dieu suprême Enlil, rend un oracle
d'eux font intervenir :
qui est reçu par le dieu de la cité qui le transmet au chef de la cité.
—
Une tablette en or provenant d'Umma, dans RA, (1937), pp. 177-182.XXXIX
Dédiée à Shara, par Bara-irnun, fille d'Urlumma. petitenfiUe d'Enakalli. Enakalli est
précisément le patési d'Umma qui traitera avec Eannadu.
On retrouve un certain nombre de ces études dans les communications faites par Th.-
D. à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, ainsi
— :
Les tablettes de Sargon l'Ancien et de Naram-Sin, dans CRA, 1896, pp. 355-361.
—
Le cône d'Entéména, dans CRA, 1896, pp. 594-596.
—
L'inscription de la stèle des Vautours, dans CRA, 1897, pp. 240-246.
-
de Gudéa, du Louvre {AO. 9504). Ces trois statues sont respectivement dédiées à Geshtin-
ana, Nmdara, Ningizzida. Th.-D. distingue Ur-Ning-irsu, patési de Lagash, fils de Gudéa et
Ur-Ning-irsu, grand-prêtre de Nanshe, contemporain de Dungi et d'Ibi-Sin.
Mesilim roi de Kis, dans ZA, XI (1896), pp. 324-326. Etablissement du nom de Mesi-
lim sur la masse d'armes du Louvre. Grâce à un « document inédit » [:=le cône d'Entéména],
Th.-D. donne une traduction rectifiée du texte.
-
—
Sur quelques signes cunéiformes, dans ZA, XV (1900), p, 37-55.
—Recension de H. Radau, Early Babylonian History, dans ZA, XV (1900), pp. 402-
412.
A ce propos, Th.-D. traite de la chronologie de Lagash et de la question de nomen-
clature des mois. IL confirme qu'il a eu l'inscription d'Enhegal, quelques instants, entre les
mains.
— Le cylindreA de GU-DE-A, dans ZA, XVI (1902), pp. 344-362; XVII (1903),
pp. 181-202; XVIII (1904-1905), pp. 119-141.
Le commentaire qui accompagne la traduction est surtout philologique.
Unger (Eckhard), Zwei babylonischen Antiken ans Nippur^ dans Piiblikationen der
Kaisierlichosmanischen Museen. I. Consitantinople, 191 6.
Deux études Der Masstab des Gudea (pp. 5-9) et Weihgeschenk des Gudeu (pp. 29-31).
Un :bloc de dolérite porte une dédicace à Enlil pour son temple de Nippur. Gudéa lui avait
voué un socle pour le bateau divin. Le même patési avait voué un bateau à Bau, à Lag-ash
(cylindre A, XXVI, 12 sq).
— Kaiserliche osmanische Museen. Katalog der Babylonischeti und assyrischen Samm-
lung. III, Geràte. Constantinople, 1918.
Un certain nombre de poids proviennent des fouilles de Sarzec et de Gros.
—Untersuchungen Izur Altorientalischen Kimst. Breslau, 192 1.
Un chapitre très important Das Weihbecken des Gudea an Ningirsu (pp. 27-121). Le
:
bassin voué par Gudéa, fut retrouvé en plusieurs morceaux, par Sarzec et par Gros, aux
tells A et B. Ungfer remonte en 191 2, les fragments conservés au musée de Constantinople.
Thureau-Dang-in lui donna le moulag'e de ceux du Louvre. Grâce à eux, U. a pu recons-
tituer le monument. Il en décrit la décoration, l'interprète et donne une traduction des ins-
criptions g"ravées par Gudéa.
—Lagasch (Tello) dans Reallexikon der Vorgeschichte, pp. 217-219. Berlin, 1926.
Courte notice sur le siite. Eh.téména est placé « vers 3000 ». Sous le roi d'Akkad,
Rimush, un patési ki-kti-id (Cf. Poebel, Publ. Univ. Pennsyl., 4, i, p. 196).
—Sumerische Und Akkadische Kunst. Breslau, 1926. Ce petit précis est illustré de
nombreuses reprod'uctions d'objets de Tello. Certaines sont inédites, qui sont celles de monu-
ments conservés au musée de Stamboul. Parfois des documents, précédemment publiés, se
retrouvent mais photog'raphiés sous d'autres ang-les. Nous citonS;, entre autres statuette :
d'adorant (p. 72); relief d'Ur-Nanshe (p. 73); têtes de lion au nom d'Akurg-al (p. 80); statue
d'albâtre (p. 81); fîg-urines de fondation d'Ur-Nanshe et d'Entéména (p. 85); frag-ments de
stèle de Gudéa (p. 96); bassin de Gudéa (p. 98); statuettes de femme '(p. loi) n,° c^o — NFT, :
XI, 3; n° ^i=NFT, p. 235); canéphore de Dung-i (p. 103). Pour les photos d'objets très
connus, ont est étonné de constater qu'on a préféré souvent des reproductions inférieures à
celles des publications orig"inales. Découvertes ou NFT
par exemple.
—Die Wiederherstellung des Weihbeck&ns des Gudeas von Lagash. Istanbul, 1933
(Publikat. der Antiken-Museen zu Istanbul, VIII).
Ungnad {Arthur), Das Chicagoer Vokabidar, dans ZA, XXXVIII (1929), pp. 64-79.
Le vocabulaire publié par Luckenbill {AJSL, 33, p. 169 sq) est repris par Ung^nad. Ce
dernier précise entre autres (p. 73-74) eue "'NINA est à lire Na-'an-she. Il s'en sui;t que le
nom du roi de Lag-ash doit se lire Ur-Nanshe et non plus Ur-Nina.
Vincent {L. H.), Compte rendu de Genouillac, Fouilles de Telloh, I, dans RB, 1935,
pp. 636-640.
De Vogue, Not,e sur une inscription bilingue de Tello, dans CRA, 1886, pp. 187-191.
Etudes des briques biling-ues provenant du « temple d'e Tello », curieux monument de
BIBLIOGRAPHIE 357
« l'aiit assyrien primitif ». Le nom est lu Hadadnadinakhi = Hadad donne un ou des frères,
que Vog-ûé place au début de la dynastie des rois de Oharacène, peut-être entre 124 et 51
av. J.-C.
Ward (William Hay£s), Cylinder and other Ancient Oriental Seah in the Library of
J. Pierpont Morgan. New- York, 191g.
Aucune provenance n'étant indiquée, on ne peut reconnaître à coup sûr, quels sont les
cylindres qui proviennent de Tello. Sans doute en tout cas, le n° 52 scène de présentation :
et lég^ende Gudéa, patési de Lagash, Abba scribe, ton serviteur. Peut-être les exemplaires
:
décorés de « T'aig-le d'e Lag^ash » (n° 9-13) et ceux où l'on voit une divinité identifiée avec
Bau ?
—
The Seal Cylinders of Western Asia. Washington, 1910. Large utilisation, dans
cet ouvrage, du matériel de Tello. Pour les cylindres de Gudéa, pp. 23-24 (n°^
13, 14, 16,
25) et d'Ur-Lama (n° 17). Se rapportent tout particulièrement à Lagash les chapitres sui-
vants IV, l'aigle dé Lagash (pp. 30-35); XII, Bau-Gula (pp. 80-86); XVIII, les dieux
:
serpent (pp. 127-131) XXII, Etana et l'aigle (pp. 142-148) Cf. Découvertes, pl. 30 bis, 13;
;
XXIII, Allatu sous l'arbre courbé (pp. 149-151), Cf. Découvertes, pl. 30 bis, 17; XLI. le
sceau du médecin (p. 255), Cf. Découvertes, pl., 30 bis, 16.
WiTZEL (Maurus), Ziir Inkubation bei Giidea, dans ZA, XXX (1915-16), pp. 101-105.
A propos de l'article de M. Kmosko, paru dans ZA, XXIX, pp. 158-171, sur le même
sujet de rincubation.
— Zur Lesung des sumeriscJien Vogelnamens im-MÏ^^ dans ZA, XL (1931) pp. 95-
104. Witzel conteste Im-gi de Thureau-Dangin, RA, XXIV
la lecture (g) (1927), pp. 199-202.
— Nochmals zur Geier dans OLZ, XIV 337-341. Eannatum
stèle, (191 1), est un hypo-
koristique de E-an-na Ninni-ib-gaî-ka-ka-a-tum.
(dingir)
— En-^nin-gir-su- den Gudeazylindern, dans OLZ, XV
in 97-103. (1912), L'étude des
divers passages amènerait à penser qu'on doit traduire cette expression « Seigneur Ningirsu »
mieux que « grand-prêtre de Ningirsu ».
— Was Sig-gi
heisst dans OLZ. XVI ? (1913), 1-6.
— Zur Ideogrammvertauschung Gudea, dans OLZ, XVI bei (1913), 351-352.
— Die Einleitungszeilen Giideu Zylinder A, dans OLZ, XVIII
z'u (1915), 361-367.
W. de Thureau-Dangin, de
qualifie le travail génial « ».
— Ein verhannter sumerischer Brief auf der Gudea-Statue B,
« » dans OLZ, XIX
(1916), 97-101. A propos de la formule u-na-du{g), qui sert à introduire les lettres et que l'on
trouve col. VII, 25. Traduction et commentaire de VI, 70-VII, 57.
—
Zum Tode Barnamtarras, dans OLZ, (1917), 353-358, Witzel penseXX contre —
Genouillac —
que TSA 9, se rapporte à la mort de Barnamtarra et non à la pension à elle
allouée ainsi qu'à 'Son mari Lugalanda. Ce texte confronté avec celui publié par Fôrtsch,
Vorderasiat. Schriftdenkmàler XIV, 137.
—
Die Diorit-Platte Ur-Ninas (und das Rohrliaus im Gilgames-Epos), dans AfO, VII
(1931-1932), pp. 33-36.
Le gi-ku(g) est un temple ou une partie de temp'le, en relation avec Enki. Enki est le
dieu des eaux, près des roseaux, d'où de la végétation. Comme on écrivait avec un roseau,
Enki devint aussi le dieu dé l'écriture, dispensateur des mystères de la sagesse. Les « mai-
sons de roseaux », les « huttes de roseaux », sont d'es chapelles en relation avec le culte
d'Enki. Ainsi dans l'épopée de Gilgamesh, où Enki s'adresse à une maison de roseaux,
pour lui annoncer l'imminence du déluge.
—
Der Gudea-Zylinder A in neuer Uebersetzung. Mit Kommentar. Anliang Eridu-
modifiée ou
Hymm. 1922. Sur de nombreux points, la traduction de Thureau-Dangin est
complétée. W. reconnaît entre autres la description d'une ziggurat, XX, 24-XXI, 23.
358 TELLO
WooLLEY
{C. L,), The Sunierians. Oxford, 1928 {Les Sumériens. Paris, 1930).
cette courte synthèse de l'histoire de Sumer, Lagash occupe la place importante
Dans
qui lui est due, avec ses premiers patésis et avec Gudéa. Reproduction de quelques monu-
ments stèle des vautours, relief familial d"Ur-Nanshe
: Gudéa de la Ny Carlsberg- Glypto-
thèque de Copenhag-ue (la lég'ende est erroniée qui indique Statue of Ur-Ning-irsu, Son of
.
:
familial d'Ur-Nanshe, masse d'armes d'Enannadu (BM), stèle des vautours, vase d'argent
d'Entéména, statue de Gudéa (Sarzec-Cros), statues de Gudéa (fouilles clandestines de 1924),
statue de Gudéa nu-tête (Londres), stèle de Gudéa (Gros).
(Heinrich), Das Traumgesicht Gudea's, dans ZA, III (1888), pp. 232-235.
ZiMMERN
—
(avec P. Jensen), Nanien und Zeichen fïir Haustiere hei Gudea, dans ZA, III
(1888), pp. 198-209.
Addendum.
NouGAYROL (Jean), Textes et documents figurés dans RA, XLI (1947).
IL Petites inscriptions de Lagash. Traduction d'un petit cône en agate (AO, 16653).
Dédicace au « dieu-miel » (fgt de bol, AO, 16652). Dédicace à une divinité X, pour la vie
d'un roi d'Ur (AO, 16651). Dédicace à un dieu X, pour la vie d'un personnage et pour
sa bru (AO, 15393). Toutes ces inscriptions proviennent de nos fouilles (1931-33).
TABLEAU CHRONOLOGIQUE
ROIS ET PATESIS
DE
LAGASH
s6o TELLO
ROIS ET PATEiSIS DE LAGASH
T A A 0 TT TTO
UK UMMA TTT?TT'K'
DATES
2470 Ur-Bau
Kaazag-
Galu-Bau
Galu-Gula
Ur-Ninsun
Nammabni
Urg-ar
2400 Gudéa
Ur-Ning"îrsu (V^ Dynastie]
Ugfmé (IIP Dyn.) Utuheg"al
2350 Urabba Urnammu
Lukani Dung-i
Luandul
Ur-Lama I
Alla
BazI (?)
Ur-Lama II Bûr-Sin
d. Nanna(r)-
zishag-g-al
Abbamu
Aradimu
d.Sbara-kam
Ara/d-Nannar Gimil-Sin
Ibi-Sin
2240 Suzeraineté
de Larsa
1950 Suzeraineté
de Babylone
TABLEAU CHRONOLOGIQUE
Mesilim
Lug^almu
Lam,g-i-Mari
Iku-Shamash
Puzur-Sin(lV^Dyn.)
Sarg'on
Rimush
Manishtusu
Narâm-Sin
Sharkalisharri
et 5 rois
Guti
Izi-Dag-an
Tura-Dag'an
Puzur-Ishtar
Idi-ilum
Ishtup'-ilum
Sumu-ilu
Arad-Sin
venant de TellO'. Les références aux publications dont, le cas échéant, photos et dessins sont extraits, sont
faciles à retrouver, ©ni se reportant au texte et aux notes qui renferment ces précisions. La totalité des dessins
est de la plume de Jean Lacam qui avait précédemment illustré notre Archéologie niésopolaiiiiennc d'où les d'eux
cartes (fig. i) sont extraites.
; A
364 TELLO
XXVIII. Figurines de terre-cuite, de l'époque néo-sumérienne 20g
XXIX. Glyptique de l'époque néo-sumérienne 272
XXX. Glyptique de l'éi^oque néo-sumérienne 273
XXXI. Chien avec dédicace de Sumu-ilu, époque de Larsa 288
XXXII. Glyptique de l'époque de Larsa 289
24g
.
f
V
Introduction.
7
^
La carte archéologique des environs de Tello
. !
9
.
10
. La ville antique
13
1. De
1842 à l'arrivée de Sarzec à Tello en 1877 14
2. Les missions d'E. de Sarzec sur le site de Tello [[ 15
3. Les fouilles clandestines de 1902
22
|4. Les missions de G. Gros (1903-1909) 27
V De 1909 à 1928 [[ 26
Les missions de l'abbé Henri de Genotiillac (1929-1931) 28
Les 19* et 2ô^ campag-nes à Tello (1931-1933) 32
A) La Protohistoire
j ^5
/I. Epoque d'Obeid
^5
|L Epoque d'Uruk
|I. Epoque de Djemdet Nasr ^5
B) L'Histoire
a) Avant Ur-Nanshe 54
h) D'Ur-Nanshe à Entéména et Urukag^ina 60
Sanctuaire d'Ur-Nanshe (p. 60), d'Eannadu (p. 63), d'Entéména (p. 65),
d'Urukag-ina (p. 68).
2. L'art à Lagash : .
5g
a) Avant Ur-Nanshe 70
Objets en pierre (p. 70), métal (p. 74), terre (p. 75).
b) D'Ur-Nanshe à Sargon d'Akkad 77
Statuaire (p. 77), bas-relief (p. 86), objets en pierre (p. 101), métal
(p. 105), coquille (p. iio), g^lyptique (p. 115), figurines et céramique
(p. 121), outillage (p. 124), parure (p. 124).
368 TELLO
II. La période d'Akkad à Lagash
Reliefs (p. 133), g^Iyptique (p. 137).
2. Babylone ^
Documents inédits 3/
1. Lettre du capitaine Cros au kaimakam de Shatra 3^
2. Consignes données par L. Heuzey 3/
3. Lettre du Lt-Colonel Cros à L. Heuzey
4. Lettre de candidature du médecin-major Delmas
Bibliographie
Liste Chronologique .