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FOCUS

LE PATRIMOINE
ARCHÉOLOGIQUE
GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES ÉLUS
(ET DE TOUS LES AMOUREUX DU PATRIMOINE)

AUXOIS MORVAN,
CHAROLAIS-
BRIONNAIS,
ENTRE CLUNY
ET TOURNUS
ÉDITO

Vous avez entre les mains, avec ce guide qui SOMMAIRE


aborde les enjeux liés au patrimoine archéo-
logique, la suite de la colla­boration entre les
3 HISTOIRE DE L’ARCHÉOLOGIE
trois Pays d’art et d’histoire de Côte-d’Or et
de Saône-et-Loire.
6 RÉGLEMENTATION DE L’ARCHÉOLOGIE
Les vestiges archéologiques ont parcouru le
11 EN TANT QUE MAIRE, QUELLE MARCHE
temps jusqu’à nous, ce qui leur confère une
À SUIVRE SI…
valeur unique et irremplaçable. Grâce à leur
analyse, on peut reconstituer l’histoire de
12 VALORISATION D’UN SITE OU
l’occupation d’un site et améliorer ainsi les
D’UNE OPÉRATION ARCHÉOLOGIQUE
connaissances sur la présence humaine de
nos territoires. C’est pourquoi leur préser-
18 INTERVIEWS
vation est parfois nécessaire.

19 CONTACTS ET RESSOURCES
Quelles sont les démarches pour mener
GLOSSAIRE
une fouille programmée ? Dans quels cas
s’impose une opération d’archéologie pré-
ventive ? Quelles sont les règles d’utilisation
des détecteurs de métaux ? À qui revient la
propriété de l’objet trouvé ? Comment faire
d’un patrimoine archéologique un atout
culturel et touristique pour son territoire ?
Ce guide vous apporte toutes les réponses.
Nos structures et leurs techniciens sont éga-
lement présents pour vous conseiller et vous
accompagner dans vos projets.

Patrick Molinoz,
Président du PETR du Pays de l’Auxois-Morvan

Jean-Marc Nesme,
Président du PETR du Pays Charolais-Brionnais

Pierre-Michel Delpeuch,
Président du Pays d’art et d’histoire entre Cluny
et Tournus

Édition : décembre 2020


Crédit illustrations patrimoniales © Florent Bossard
Impression Inore Groupe
Maquette Stéfani de Loppinot
Couverture : céramique sigillée du musée de Gueugnon. d’après DES SIGNES studio Muchir Desclouds 2018
HISTOIRE DE
L’ARCHÉOLOGIE

Le terme archéologie vient du grec ancien


La question des fouilles : Ex-voto
αρχαιολογία (arkhaiologia), composé du pré- du musée
Jusqu’au milieu du XIXe siècle les découvertes
fixe ἀρχαῖος (arkhaios), signifiant « ancien », archéologiques sont fortuites, souvent acci-
Sabatier
et du suffixe λόγος (logos), signifiant « parole, à Saint-
dentelles et effectuées au cours de grands Bonnet-
raisonnement ». L’archéologie peut donc être travaux (aménagement des routes et canaux), de-Joux
définie comme la science ou l’étude de l’ancien. de travaux urbains (constructions de couvents
et de fortifications bastionnées au XVIIe siècle,
I. UNE PRATIQUE RÉSERVÉE par exemple), mais aussi de travaux agricoles
AUX AMATEURS ÉCLAIRÉS (labours, plantations de vignes, épierrages
de parcelles). L’époque n’est alors pas encore
A Antiquités et antiquaires propice aux fouilles programmées.
L’intérêt pour les vestiges et objets anciens, L’abbé Fauvel, chapelain de Louis XIV et ama-
appelés antiquités, existe dès la fin du Moyen teur d’anti­quités, déclare à propos de la ville
Âge parmi des amateurs alors nommés anti- de Sens : « Renverser la ville de fond en comble
quaires (mot dérivé du latin antiquus, signi- pour en retourner toutes les pierres, c’est le
fiant « ancien »). Avant la Révolution, ce terme seul moyen que je sache pour faire l’histoire
désigne des collectionneurs érudits ayant le ancienne de cette ville, mais le moyen est un
peu tragique. » Néanmoins, en 1772, l’Acadé-
goût du passé. Aujourd’hui, le mot a un sens
mie royale des inscriptions et belles-lettres
légèrement différent puisqu’il signifie le métier
subventionne les fouilles du châtelet de
consistant à acquérir, restaurer puis revendre Gourzon, sur la paroisse de Joinville, organi-
des objets anciens. sées par Pierre-Clément Grignon, maître des
B Naissance des cabinets de curiosité forges à Bayard-sur-Marne.
À partir du XVIe siècle, les antiquités sont réu-
les amateurs d’antiquités ont eu progressive-
nies dans des collections privées et présentées
ment pour but de faire avancer la connaissance.
chez leurs propriétaires dans des pièces (par-
Les premières sociétés savantes apparaissent
fois de simples meubles) appelées cabinets de
au XVIIIe siècle. La plus ancienne société savante
curiosités, auxquelles avaient accès quelques
bourguignonne est l’Académie des sciences et
privilégiés. Georges-Louis Leclerc (1707-1788),
belles lettres de Dijon, créée en 1725.
comte de Buffon, possédait un des cabinets de
curiosités les plus réputés de Bourgogne dans C Essor des sociétés savantes
son hôtel particulier de Montbard. Un musée Ces sociétés se multiplient au XIXe siècle :
est aujourd’hui aménagé dans les anciennes l’Académie des sciences, arts et belles lettres
écuries, en haut de la rue du Parc. Néanmoins, de Mâcon (1805), la Société éduenne d’Autun
au-delà du simple plaisir de collectionner et (1836), la Société des sciences historiques et
celui, indirect, d’impressionner leur entourage, naturelles de Semur-en-Auxois (1842), la Société
3
Modillon
médiéval du
musée Sabatier
à Saint-Bonnet-
de-Joux

d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône de Jules César parus en 1865 et 1866. Il crée le 17


(1844), la Société des amis des arts et des juillet 1858 la Commission de topographie des
sciences de Tournus (1877), la Physiophile (1888) Gaules, destinée à réaliser une carte répertoriant
de Montceau-les-Mines, etc. La contribution des les différents sites archéologiques de l’ancienne
sociétés savantes à la connaissance scientifique Gaule pour les époques gallo-romaine et celtique
est indéniable avec plus de 130 000 publications et, le 12 mai 1867, le musée des Antiquités natio-
référencées en France avant 1900 (voir le col- nales au château de Saint-Germain-en-Laye.
loque « La Fabrique de l’archéologie en France », Enfin, il favorise de nombreuses campagnes de
INHA, Paris, 14-15 février 2008). fouilles à l’étranger et en France. Il en finance cer-
Au niveau national, Jacques Cambry, préfet de taines sur ses deniers personnels, notamment en
l’Oise, Jacques-Antoine Dulaure, ancien député, Bourgogne à Alise-Sainte-Reine (site d’Alésia) et
et Jacques Le Brigant, avocat, fondent en 1804 au Mont-Beuvray (site de Bibracte). Ces mesures
l’Académie celtique, devenue dix ans plus tard sont à la fois motivées par le goût de l’empereur
la Société des antiquaires de France, dont le pour l’archéologie, mais aussi par sa volonté
siège était au musée du Louvre. En 1829, sous politique de reconstituer l’histoire nationale et
Charles X, des statuts fixent l’objectif de cette de renforcer ainsi l’idée de nation française.
Société : mener des « recherches sur les lan-
gues, la géographie, la chronologie, l’histoire,
Initiative privée ou intervention publique ?
la littérature, les arts et les antiquités celtiques,
Fin XIXe, les avis divergent :
grecques, romaines et du Moyen Âge mais prin-
cipalement des Gaules et de la nation française Il faut laisser l’initiative privée agir comme
jusqu’au XVIe siècle inclusivement ». bon lui semble. Il faut respecter le droit de
propriété de chacun. C’est le seul moyen de
stimuler les recherches, de sauver bien des
II. UNE AFFAIRE D’ÉTAT
trésors, de répandre le goût des sciences et
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’archéo-
des études.”
logie devient progressivement l’affaire de l’État,
Gabriel de Mortillet (1821-1898), préhistorien
dans le but notamment d’enrichir les collec- attaché à la conservation du musée d'Archéologie
tions nationales. Un clivage se développe entre nationale de Saint-Germain-en-Laye, 1872.
les défenseurs de l’initiative privée et ceux qui
Les fouilles pratiquées sur les points les plus
sont plus favorables à une intervention étatique,
intéressants ne servent trop souvent qu’à gros-
laquelle a été longtemps entravée par le droit de sir les collections des amateurs d’antiquités.
propriété inscrit dans la Déclaration des droits de De vrais trésors d’observation se trouvent
l’homme et du citoyen et au Code civil. Le rôle ainsi perdus pour la science.”
de l’État se renforce sous le règne de Napoléon Marcellin Boule (1861-1942), paléontologue
III, entre 1852 et 1870. L’empereur rédige, en attaché au Museum d'Histoire naturelle, 1888.
4 partie, les deux premiers volumes de l’Histoire
Fouilles à
l’abbaye
de Tournus

III. NAISSANCE D’UNE LÉGISLATION 1901 sous la tutelle du ministère de la Culture


Au début du XXe siècle, la volonté de l’État de chargée de gérer les crédits et l’organisation
réglementer les fouilles s’affirme en raison du des fouilles programmées, puis également des
caractère fragile et non renouvelable des ves- fouilles de sauvetage.
tiges (l’état du sous-sol une fois perturbé ne ✓ loi 2001-44 du 17 janvier 2001 : acte de nais-
pouvant plus être restitué). sance officiel de l’archéologie préventive, elle
La législation va très progresssivement évoluer définit son objet à l'article 1er : «  assurer […] dans
tout au long du siècle : les délais appropriés, la détection, la conserva-
tion ou la sauvegarde […] des éléments du patri-
✓ 25 octobre 1910 : un projet de loi « relatif aux
moine archéologique affectés ou susceptibles
fouilles intéressant l’archéologie et la paléonto-
d’être affectés par les travaux publics ou privés
logie » est proposé à l’Assemblée nationale, mais
concourant à l’aménagement ».
l’opposition des sociétés savantes en vient à bout.
✓ loi du 31 décembre 1913 : durant plusieurs
IV. UNE PRISE DE CONSCIENCE MONDIALE
décennies, seule cette loi sur les monuments his-
toriques offre un cadre réglementaire à l’archéo- ✓ 1956, New Delhi : l’Unesco établit une Recom­
logie. Elle inclut notamment les « monuments mandation définissant les principes inter-
mégalithiques, les terrains qui renferment des nationaux à appliquer en matière de fouilles
stations ou gisements préhistoriques » parmi archéologiques.
les immeubles pouvant faire l’objet d’un classe- ✓ 1969, Londres : la Convention européenne
ment. Elle instaure aussi le classement d’objets pour la protection du patrimoine archéolo-
mobiliers au titre des monuments historiques. gique tente de répondre au nombre croissant
✓ loi Carcopino du 27 septembre 1941 : la pra- de fouilles clandestines en Europe.
tique de l’archéologie est enfin réglementée en ✓ 1992, Malte : la Convention de La Valette
France. L’article 1 précise que : « Nul ne peut (entrée en vigueur en 1995) révise et met à jour
effectuer sur un terrain lui appartenant ou appar- la convention initiale de Londres. Si les fouilles
tenant à autrui des fouilles ou des sondages à clandestines ne sont plus le problème majeur,
l’effet de recherches de monuments ou d’objets ce sont les grands projets de construction des
pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art années 1980 qui ont fait peser des risques sur
ou l’archéologie, sans en avoir au préalable les vestiges archéologiques. La Convention
obtenu l’autorisation [du préfet]. » Les termes de La Valette insiste sur la prise en compte du
de cet article sont repris dans l’article L531-1 du patrimoine archéologique dans les politiques
code du patrimoine. d’aménagement du territoire.
✓ 1973 : l'encadrement se renforce avec la créa-
tion de l’Association pour les fouilles archéolo-
giques nationales (AFAN), association loi de 5
RÉGLEMENTATION
DE L’ARCHÉOLOGIE

Avec la loi de 2001, l’État réaffirme son rôle de des collectivités territoriales ou des établisse-
prescription et transforme l’AFAN* en Institut ments publics, comme l’EPCC* Bibracte (qui
national de recherches archéologiques pré- coordonne les fouilles prévues sur le Mont-
ventives (INRAP). En 2003, la réalisation des Beuvray en partenariat avec plusieurs labora-
fouilles est ouverte à la libre concurrence, toires du CNRS* et une dizaine d’universités
tout en la subordonnant à la nécessité, pour françaises et étrangères). Les demandes d’opé-
les opérateurs archéologiques, de disposer rations sont à adresser aux services régionaux
d’un agrément spécifique. Les textes officiels de l’archéologie (SRA), au sein des directions
qui réglementent l’archéologie sont regroupés régionales des affaires culturelles (DRAC).
en 2004 dans le code du patrimoine (livre V). La réalisation d’une fouille programmée néces-
La dernière évolution législative date de la site une autorisation préfectorale. Cette der-
loi du 7 juillet 2016 (loi LCAP*). Elle introduit nière, annuelle ou pluriannuelle, est délivrée par
notamment l’accompagnement renforcé des la DRAC*/SRA* territorialement compétente, sur
aménageurs par les services de l’État dans délégation du préfet de région, après avis de la
le processus d’analyse des offres et des pro- Commission territoriale de la recherche archéo-
jets d’intervention remis par les opérateurs logique (CTRA). Les opérations programmées
archéologiques pour la réalisation d’une fouille s’inscrivent généralement dans un temps long
préventive – laquelle est, en effet, un marché qui est celui de la recherche fondamentale. Les
de travaux contracté entre l’aménageur et demandes sont reçues en fin d’année pour une
l’opérateur retenu. La loi LCAP* a également opération qui se déroulera l’année suivante,
entraîné des modifications notables du droit généralement en été.
de propriété des vestiges archéologiques.
B Fouilles préventives
L’archéologie préventive s’exerce dans un
I. ARCHÉOLOGIE PROGRAMMÉE
cadre différent. Une opération préventive est
ET ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE
déclenchée – sur prescription de l’État (DRAC*/
A Fouilles programmées SRA*) – quand un projet d’aménagement peut
Ce type de fouilles concerne des sites qui ne entraîner la détérioration ou la destruction de
sont pas menacés par des aménagements. Les vestiges archéologiques. Si elle s’inscrit parfois
projets sont proposés par des archéo­logues dans un contexte de sauvetage de vestiges déjà
français ou étrangers. Ces chercheurs peuvent identifiés et répertoriés, son principe va plus loin
dépendre du Centre national de la recherche et a pour but de devancer un risque potentiel,
scientifique (CNRS), des universités, d’associa- non encore avéré. Alain Schnapp, professeur
tions archéologiques, de l’INRAP*, d’opérateurs émérite d’archéologie grecque à l’Université
privés mais aussi des services archéologiques Paris I Panthéon-Sorbonne, explique : « La
6
* voir glossaire p. 19 pour retrouver la signification des sigles
Fouilles à
l’abbaye
de Cluny

notion d’archéologie préventive entend dépas- ou à quelques opérateurs privés agréés. Les
ser celle de sauvetage. […] Face à l’archéologie fouilles préventives peuvent être accompa-
tout court, l’archéologie préventive tente d’ap- gnées d’un travail de médiation et de présen-
privoiser le temps. Elle vise à identifier le risque tation au public.
de destruction en aval, avant le début des tra-
C Financements
vaux et assurer à l’entreprise une bonne fin qu’il
 les fouilles programmées sont en général
s’agisse du respect des délais, de la protection
subventionnées par l’État et parfois par les col-
des découvertes et bien sûr de leur préserva-
lectivités (notamment dans le cadre des contrats
tion et de leur publication. L’archéologie pré-
de projets État-Région).
ventive est donc l’étape ultime d’une prise de
conscience de la fragilité des monuments, de  le diagnostic préventif n’est pas à la charge
la fragilité des restes, de la fragilité des traces. » de l’aménageur mais financé par le produit de
(cf. colloque « La Fabrique de l’archéologie en la redevance d’archéo­logie préventive (RAP) due
France », op.cit.) par les aménageurs dont les opérations affectent
Une opération implique généralement la réa- le sous-sol.
lisation d’un diagnostic qui a pour objectifs
 les fouilles préventives sont à la charge
d’identifier et de caractériser les vestiges éven-
de l’aménageur dont le projet engendre la des-
tuellement présents sur le terrain visé par le
truction de vestiges, mais des aides existent,
projet. Sa réalisation se fait sous la forme de
via le FNAP (Fonds national pour l’archéologie
sondages effectués à la pelle mécanique sous
préventive).
le contrôle d’archéologues. Le diagnostic est
Le coût de la fouille peut être subventionné par
réalisé par l’INRAP* ou, s’il existe, par le service
l’État, selon la nature et les caractéristiques du
archéologique d’une des collectivités dont le
projet d’aménagement, et totalement ou par-
territoire est concerné par le projet.
tiellement pris en charge par ce dernier dans le
S’il s’avère positif, il peut être suivi d’une fouille
cas d’une construction de maison individuelle,
ou d’une modification du projet, si une réalisa-
de logements sociaux ou de lotissement.La plu-
tion adaptée de l’aménagement, compatible
part des opérations archéologiques en France
avec la préservation des vestiges in situ, est
sont aujourd’hui réalisées à titre préventif, à
possible.
raison de 2000 diagnostics et 500 opérations
Les opérations préventives s’inscrivent dans
de fouilles par an environ.
des procédures et des délais contraints enca-
drés par le code du patrimoine. Si des vestiges
sont mis au jour et qu’ils nécessitent une fouille,
l’aménageur peut faire appel à l’INRAP*, à un
service archéologique habilité de collectivité 7
II. ARCHÉOLOGIE ET URBANISME commune concernée. Une ZPPA* fixe un seuil de
surface d’aménagement en m2 (surface de la
A Carte archéologique nationale et entités
parcelle aménagée) au-delà duquel un dossier
archéologiques, ZPPA*
de travaux doit être soumis pour avis au SRA*.
La carte archéologique nationale est un inven­
Une prescription archéologique interviendra
taire géoréférencé de l’ensemble des données
uniquement si le projet présente un risque avéré
archéologiques disponibles sur le territoire
d’impact sur des vestiges enfouis ou en éléva-
français. Elle est en continuelle évolution, avec
tion. Le périmètre et le nombre des ZPPA* évo-
l’ajout régulier de nouvelles entités archéo­
luent en fonction de l’état des connaissances
logiques. En 2014, elle se composait ainsi de
archéologiques sur le territoire concerné et des
près de 520 000 entités dont plus de 38 000 en
dynamiques locales d’aménagement.
Bourgogne, soit 7% du total.
B Documents d’urbanisme et projets
À noter ! d’aménagement
Pour des raisons de sécurité, notamment
Dans le cadre de la révision ou de l’élaboration
dues aux risques de pillages des sites, cette
d’un document d’urbanisme tels que les plans
carte n’est pas en accès libre sur la plateforme
publique Géoportail.
locaux d’urbanisme (PLU) et les plans locaux
Seul le SRA* peut fournir aux communes et d’urbanisme intercommunaux (PLUI), le SRA*
services instructeurs des collectivités la liste transmet aux collectivités la liste des entités
des entités archéologiques connues à ce jour. archéologiques recensées en l’état actuel des
connaissances avec leur localisation. Ces infor-
Pour permettre une prise en compte plus fine mations archéologiques peuvent alors être
du patrimoine archéologique et pour informer prises en compte dans le projet d’aménagement.
de futurs aménageurs, le code du patrimoine Le SRA* veille à l’application de la législation
prévoit la création de zones de présomption de en vigueur sur l’archéologie rassemblée dans le
prescription archéologique (ZPPA* ou « zonages livre V du code du patrimoine. La saisine du SRA*
archéologiques ») au niveau communal. Le est obligatoire pour certains projets :
contenu et la délimitation d’une ZPPA* sont défi- Au-delà de ces cas, le code du patrimoine pré-
nis par un arrêté du préfet de région, transmis voit que le SRA* peut se saisir de tout dossier
au préfet de département et notifié à la d’urbanisme en cours d’instruction quand il a

zone concernée nature des projets

• permis de construire, d’aménager, de démolir,


ZPPA* en fonction des seuils définis
• projets de réalisation de zone d’aménagement concerté (ZAC)

• réalisation de ZAC* d’une superficie ≥ 3 hectares


• opérations de lotissement affectant une superficie ≥ 3 hectares
• travaux soumis à déclaration préalable (affouillements, nivellement,
hors ZPPA* exhaussement, plantation, destruction de souches ou de vignes,
création de retenues d’eau ou de canaux)
• aménagements nécessitant une étude d’impact
• travaux sur les immeubles classés au titre des monuments historiques
8
✓ une autorisation écrite du propriétaire du
terrain

✓ une autorisation administrative délivrée


sous forme d’un arrêté du préfet de région. Pour
obtenir cette autorisation, le détectoriste doit
en faire la demande au SRA* en indiquant les
objectifs, les modalités et la zone de recherche.
Elle doit être accompagnée de l’autorisation
écrite du propriétaire du terrain ainsi que de
tous les documents prouvant les compétences
et qualifications du détectoriste.
connaissance d’un projet susceptible d’affecter
des éléments du patrimoine archéologique.
Attention !
III. POINTS DE PRÉCISION Il arrive que certains individus malveillants
RÉGLEMENTAIRE cherchent à contourner la législation en
arguant de prétextes autres que la recherche
A Utilisation de détecteurs de métaux de vestiges archéologiques (recherche d’ob-
Afin de protéger les gisements archéologiques jets perdus, dépollution de site…). La législa-
enfouis, l’usage à visée archéologique de détec- tion prévoit des poursuites en cas d’infraction :
teurs de métaux est conditionné à des autori-  conformément à l’article R544-3 du code
sations. Le code du patrimoine dans l’article du patrimoine, l’utilisation sans autorisa-
L542.1 stipule ainsi que « nul ne peut utiliser tion de détecteur de métaux pour recherche
du matériel permettant la détection d’objets historique et archéologique est punie d’une
amende de 1500 €
métalliques, à l’effet de recherches de monu- Trésor
 conformément à l’article 322-3-1 du code
ments et d’objets pouvant intéresser la pré- monétaire
pénal, la destruction, la dégradation ou de La Vineuse-
histoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans la détérioration de biens archéologiques sur-Frégande
avoir, au préalable, obtenu une autorisation est punie de 7 ans d’emprisonnement et de
administrative délivrée en fonction de la quali­ 100 000 € d’amende.
fication du demandeur ainsi que de la nature et
des modalités de la recherche ». La détection
dite « de loisir » n’existe pas, au regard de la loi.
Pour pouvoir utiliser un détecteur de métaux à
des fins archéologiques, il faut obtenir :
9
Dépôt
lapidaire du
musée du
prieuré de
Charolles

B Propriété des objets archéologiques L’État peut encore se voir confier les objets
mobiliers et immobiliers depuis la loi LCAP* pour étude (5 ans maximum), émettre des pres-
du 7 juillet 2016 criptions pour assurer la bonne conservation
et l’accessibilité des objets , revendiquer la pro-
 sur les terrains acquis après le 08/07/2016
priété des objets, moyennant une indemnité
lors de sondages, de fouilles archéologiques ou
fixée à l’amiable ou à dire d’expert.
de découvertes fortuites, tous les biens archéo-
logiques mobiliers mis au jour sont présumés
C Ramassages sur les sites archéologiques
appartenir à l’État.
Certains sites archéologiques, notamment les
 sur les terrains acquis avant le 09/07/2016
sites préhistoriques, souffrent de l’action de
les objets archéologiques trouvés lors d’opéra-
ramasseurs clandestins qui prélèvent les pièces
tions archéologiques appartiennent au proprié-
les plus intéressantes sans jamais déclarer leurs
taire du terrain. Sur ces mêmes terrains, dans
trouvailles. La collecte de vestiges présents à la
le cas de découvertes fortuites, la propriété
surface de sites archéologiques est soumise aux
est partagée entre le propriétaire foncier et le
mêmes règles que celles relatives aux prospec-
découvreur (art. 716 du code civil). La propriété
tions pédestres et à l'utilisation de détecteurs :
des objets revient à l’État en cas de renonciation
autorisations du propriétaire et du SRA.
du propriétaire du terrain (et de l’inventeur pour
les découvertes fortuites) à exercer son droit de
propriété.

10
EN TANT QUE MAIRE,
QUELLE MARCHE À
SUIVRE SI…

… VOUS RECEVEZ DES HABITANTS QUI La carte archéologique reflète l’état de la


ONT FAIT DES DÉCOUVERTES FORTUITES recherche et recense uniquement les décou-
vertes archéologiques connues à ce jour. Elle
L’inventeur et le propriétaire du lieu de la
est donc en perpétuelle évolution et n’est pas
découverte sont tenus d’en faire la déclaration
exhaustive. Vous pouvez consulter la Carte
immédiate au maire de la commune. La
archéologique de la Gaule qui est une col-
déclaration écrite doit contenir la localisation
lection recensant, dans les départements,
exacte et le contexte de la découverte (carte
­l’ensemble des découvertes archéologiques de
IGN* ou cadastre) et peut éventuellement être
l’Âge du Fer au début du Moyen Âge connues
accompagnée de photographies des objets
au moment de la publication de cet ouvrage.
trouvés et d’une fiche de déclaration signée
et datée par les différentes parties. Le maire
… VOUS RENCONTREZ DES HABITANTS
transmet alors sans délai la déclaration au
QUI ONT UN PROJET DE CONSTRUCTION
préfet de région (SRA*). Le propriétaire du
Le porteur de projet a la possibilité de sai-
terrain est responsable de la conservation
sir directement le SRA* en lui envoyant une
provisoire des vestiges de caractère immobilier
demande d’information archéologique (avant
découverts sur son terrain. Le dépositaire des
le dépôt de la demande d’autorisation d’urba­
objets découverts assume à leur égard la
nisme correspondante) afin de savoir si son
même responsabilité. Le SRA* peut visiter les
projet donnera lieu à une prescription archéo-
lieux de la découverte et le lieu de dépôt des
logique ou non. En cas de réponse positive, la
objets ainsi que prescrire toutes les mesures
réalisation du diagnostic archéologique peut
utiles pour leur conservation.
être déclenchée de manière anticipée sur
simple demande de l’aménageur avec l’accord
… VOUS SOUHAITEZ SAVOIR S’IL Y A DES
obligatoire du propriétaire du terrain.
ZONES ARCHÉOLOGIQUES « SENSIBLES »
DANS LA PERSPECTIVE D’UN PROJET
D’AMÉNAGEMENT Fouilles
d’Alésia
Les documents d’urbanisme comportent une en 1908
liste des entités archéologiques transmise par
la DRAC* / SRA* lors de leur élaboration. La
commune peut également faire l’objet d'un
arrêté délimitant une ZPPA* qui, le cas échéant,
aura été publié au Recueil des actes adminis-
tratifs (RAA) de son département et notifié à la
commune concernée. Pour rappel, le zonage
d’une ZPPA* est promulgué par un arrêté,
envoyé aux communes qui doivent l’afficher
en mairie pour une durée d’un mois.
11
VALORISATION
D’UN SITE OU
D’UNE OPÉRATION
ARCHÉOLOGIQUE

Lorsqu’il est valorisé, le patrimoine archéo- A Visites de chantier


logique est une source de développement Organisées pour le public local, les scolaires ou
à la fois culturel et touristique mais aussi les élus, elles peuvent être accompagnées de
environnemental. La médiation du patri- divers supports de communication ou d’outils
moine archéologique tient un rôle politique pédagogiques (plaquettes institutionnelles,
en œuvrant à la construction d’une identité dépliants d’accompagnement de la visite,
territoriale et en permettant la promotion livrets-jeux pour les plus jeunes, animations 3D
du «vivre ensemble » à partir d’un patrimoine ou réalité augmentée…).
commun à tous les habitants. Cependant, ce
type de médiation ne s’improvise pas : les
Attention !
actions à mener doivent être prises en compte
La visite de chantier n’est qu’une photogra-
avec sérieux dès la conception de l’opération phie à un instant t : elle permet de satisfaire
archéologique, qu’elle soit programmée ou la curiosité, de participer à un moment rare,
préventive. Il est préférable que la valorisa- mais ne donne à voir et à comprendre qu’un
tion soit évoquée au moment du montage du fragment du site en cours d’étude. Il est donc
programme de recherche, ou dans le projet nécessaire de continuer à faire partager les
scientifique d’inter­v ention de l’opérateur découvertes après la fin du chantier.
archéologique (dans le cas d’une fouille pré-
ventive) afin d’évaluer et de budgétiser les B Panneaux d’information
différentes actions proposées et d’en faire une Relatifs aux résultats ou aux moyens mis en
valeur ajoutée au projet à chaque étape de son œuvre, ils peuvent être fixés sur la clôture du
déroulement. chantier en complément des visites de chantier
ou en cas d’inaccessibilité au public. Si le chan-
I. FAIRE VIVRE SON CHANTIER DE FOUILLE tier se prolonge dans le temps, ces documents
Lors de la phase de terrain, il est possible de peuvent être régulièrement actualisés. Par ail-
mettre en place des opérations de médiation leurs, des ouvertures peuvent être insérées dans
calées sur le rythme de la recherche. En effet, la palissade afin de permettre aux passants de
la valorisation des recherches archéologiques jeter un œil et de suivre l’évolution du chantier.
peut se faire in situ afin de bénéficier d’échanges
C Communiqués de presse
avec les archéologues et de l’évolution quoti-
Adressés aux journaux locaux ou nationaux,
dienne des découvertes.
ils mettront en lumière votre projet. Des
Cette valorisation peut prendre différentes
articles peuvent aussi être envoyés aux revues
formes.
12 institutionnelles.
II. APRÈS LE CHANTIER : MÉDIATION touristes ou encore que les habitants du terri- Visite guidée
sur le site
ET OUTILS DE VULGARISATION toire. Une fois la ou les cibles choisies, différents archéologique
Dans le cas d’une fouille programmée, si les ves- types de valorisations sont possibles : d’Alésia
tiges font l’objet d’un projet de présentation et
A Conférences
de mise en valeur et qu’ils restent visibles suite
À l’issue de la phase terrain et dès les premiers
à l’intervention archéologique, le site nécessite
résultats scientifiques, il est possible de pré-
a minima une mise en sécurité (clôture, protec-
senter un premier bilan au public sous forme
tion…) et un entretien régulier (désherbage,
de conférence. C’est la forme de restitution la
nettoyage des déchets…). La présentation à
plus simple à mettre en œuvre. En effet, il suffit
moyen et long termes de vestiges auparavant
de mobiliser une salle, quelques moyens logis-
enfouis et désormais à l’air libre nécessite la
tiques et audiovisuels pour accueillir le public.
mise en œuvre d’importants dispositifs pour
Ces conférences peuvent notamment trou-
assurer leur conservation face aux intempéries
ver place dans le cadre des programmations
et aux dégradations de toute nature. Des solu-
culturelles du réseau de partenaires : cycles de
tions moins contraignantes sont à privilégier
conférences organisés par des associations,
pour protéger durablement les vestiges : les
des sociétés d’émulation, des musées, des
recouvrir reste la protection la plus pérenne, ce
villes et pays d’art et d’histoire, des univer-
qui n’empêche pas la présentation du site et la
sités ou encore lors d’interventions dans le
valorisation des résultats de la fouille.
cadre des événements nationaux, Journées du
Les actions de médiation ne cessent pas au
Patrimoine, de la science, de l’archéologie…
départ des archéologues du terrain, bien au
contraire. L’essentiel de l’information reste en B Visites in situ
effet à transmettre pendant et à l’issue de la Qu’elles soient animées par des médiateurs,
phase d’étude et de rédaction. La qualité des guides-conférenciers, archéologues, ou plus
prestations de médiation dépend essentiel- simplement accompagnées d’audioguides
lement de la qualité des recherches réalisées et brochures, les visites in situ permettent
préalablement. Avant de se poser la question de mieux comprendre les lieux, d’acquérir
de la médiation appropriée, il est indispensable des connaissances théoriques, de susci-
de savoir à quel public l’on s’adresse. Les sco- ter une curiosité et d’initier à une réflexion
laires n’auront pas les mêmes attentes que des scientifique.
13
Archéologue
en fouille

D Supports fixes d’information


Il est possible de disposer dans l’espace public
des panneaux porteurs de différents éléments
de discours (textes, images, schémas réalisés
par les acteurs territoriaux) dont le contenu est
validé par les autorités scientifiques. Des dis-
positifs plus élaborés ou des « stations d’infor­
mation » peuvent également être mis en place,
qui permettent d’exposer à la fois panneaux et
copies d’artefacts par exemple. Une exposition
constitue la mise en valeur de collections la
plus médiatique et immédiate puisque l’objet
archéologique est directement mis au contact
d’un grand nombre de visiteurs très diversifiés.
Pour être au plus près des publics, l’exposition
peut également être élaborée de façon tempo-
raire dans les structures culturelles aux alen-
tours du site, ou itinérantes, et pourquoi pas
investir les établissements scolaires voire plus
C Visites/ateliers pour le jeune public institutionnels.
De nombreux outils peuvent être créés à desti-
E Parcs archéologiques
nation du jeune public. L’un des premiers venant
Ils sont aménagés sur les sites ou à proximité et
spontanément à l’esprit est la réalisation d’un
présentent une reconstitution à l’échelle et dans
bac de fouilles expérimental, mais ce n’est pas
leurs milieux naturels des habitats et des struc-
le seul. En fonction du site et de ses trouvailles,
tures. Grâce à de nombreuses démonstrations
nombreuses sont les approches possibles. Il
sous forme d’archéologie expérimentale, ils per-
est recommandé de privilégier les activités
mettent de redonner vie au site et favorisent le
ludiques, sensorielles et expérimentales telles
développement touristique local.
que la fabrication de mosaïques, la taille du
silex, l’étude des pollens, une initiation à la géo- F Publications
logie, la reconstitution de céramiques… De toutes formes, elles touchent un public très
Par ailleurs, des outils peuvent prendre forme large et permettent de pérenniser l’informa-
en dehors du site archéologique, comme les tion transmise. Les opérations d’archéologie
mallettes pédagogiques, itinérantes et trans- préventive peuvent faire l’objet d’un projet édi-
14 portables dans les écoles du territoire. torial commun avec l’aménageur sous forme
de plaquettes ou de brochures ; par site, elles siècles. Les fouilles ont permis de mettre au jour
peuvent également être publiées par la DRAC*. deux niveaux de remparts, datant du Ier siècle
De plus en plus de publications en ligne sont av. J.-C., ainsi que les vestiges d’une chapelle,
disponibles librement. érigée dans la seconde moitié du Xe siècle,
et d’une tour carrée de 8 m de côtés, datable
G Innovation numérique
du XI e siècle. L’ensemble des vestiges a été
De nos jours de nombreux dispositifs interac-
recouvert. Le site fait l’objet d’une ZPPA* por-
tifs existent afin de faire vivre aux visiteurs une
tant sur les trois communes concernées par le
expérience immersive : courts métrages docu-
Mont-Dardon.
mentaires, reconstitutions 3D des vestiges,
bornes numériques interactives… Ces types
de médiation permettent d’atteindre un large  Une mise en valeur complexe
public avide de nouvelles expériences. Le site du Mont-Dardon attire de nombreux
visiteurs pour la vue à 360° qu’il offre sur
III. DES EXEMPLES DE PROJET le massif du Morvan et le Charolais mais
la plupart d’entre eux ignorent son passé
A Site de Mont-Dardon (71) : archéologique.
Le Mont-Dardon, d’une altitude de 506 m, se La commune d’Uxeau, propriétaire du
situe sur les communes d’Issy-l’Évêque, Sainte- sommet, est aujourd’hui confrontée à un
Radegonde et Uxeau, aux marges du Massif du défi récurrent posé par les sites archéo-
Morvan. Son sommet a fait l’objet de fouilles logiques : permettre à ses visiteurs de
archéologiques dès 1867 par Xavier Garenne, comprendre l’évolution du site en l’ab-
puis dans les années 1960 par Henri Parriat sence de témoignages matériels visibles.
(membre de la société la Physiophile) et entre Seul le tracé des remparts est encore par-
1975 et 1979 par une équipe de chercheurs amé- tiellement présent dans la topographie,
grâce à quelques portions conservées des
ricains dirigée par Carole Crumley (professeure
anciens fossés. Un projet est en réflexion,
à l’Université de Caroline du Nord). L’occupation
qui devrait aboutir à la mise en place d'une
du site a débuté à l’Âge du Bronze et s’est pour- signalétique explicative, d'une matériali-
suivie à l’Âge du Fer avec les Éduens (peuple sation des anciens tracés des remparts et
celte), à l’époque gallo-romaine puis, après une d'un protocole d’entretien du site.
période d’abandon, au Moyen Âge, du VIIe au XVe

Sommet
du Mont-
Dardon

15
Fouilles au
château de
Brancion

collectivités, permettent de restaurer chaque


année de nouveaux espaces.
La fragilité du site et la pression touristique ont
fait prendre conscience aux élus du territoire,
en plein travail d’élaboration du PLUI*, que
Brancion devait être géré de manière fine. Une
OAP* patrimoine est donc en cours de rédac-
tion, pour une validation prochaine.

 L’archéologie, à la base de la protection


et de la valorisation
Au début des années 2000, le site oblige à des
B Site de Brancion travaux urgents. Sa richesse archéologique
à Martailly-lès-Brancion (71) demande un projet global de recherche, avant
Situé sur l’éperon de la commune de Martailly- tous travaux.
lès-Brancion, entre Cluny et Tournus, le vil- Dès 2002-2003, la DRAC* propose d’expérimen-
lage de Brancion est habité depuis 3000 ans et ter une méthode de travail en établissant une
devient une place forte à partir de l’An Mil. étude « prospective d’évaluation du potentiel
Le château qui le surplombe offre un condensé du site » afin de faire le point sur l’état des ves-
de l’architecture castrale de l’époque carolin- tiges et des problématiques archéologiques,
créant ainsi « une feuille de route de principe »
gienne au XVIe siècle. Lieu de vie, il présente
qui est encore aujourd’hui la référence. Depuis
des vestiges d’habitat, une halle et une église
2012, les efforts se concentrent sur le château
romane classée au titre des monuments
dont les travaux de restauration coïncident
historiques. avec des travaux archéologiques menés par
Le village accueille deux associations liées à son une équipe de l­ ’­INRAP* dirigée par Benjamin
patrimoine : Saint-Jean Vitus. Les découvertes permettent
• l’association La Mémoire Médiévale, qui gère des adaptations régulières pour assurer la
le château par le biais d’un bail emphytéotique meilleure présentation finale des vestiges en
• l’association TREMPLIN Homme et Patrimoine, termes de médiation et de sécurité. Brancion
qui mène des actions de réinsertion par le connaît, depuis 20 ans, une mosaïque d’in-
patrimoine. terventions archéologiques : diagnostics
et fouilles, surveillances de travaux dans le
Le château reçoit 25 000 visiteurs par an entre
village et au château pour les travaux sur un
avril et novembre. Les recettes des visites,
monument historique.
16 couplées aux subventions de l’État et des
Travail de
bénévoles
sur le site de
Mediolanum

C Site de Mediolanum
à Mâlain (21)
Située non loin de la ligne de partage des eaux
entre la Manche et la Méditerranée, à 24 km à
l’ouest de Dijon, la commune de Mâlain accueille
sur son territoire l’agglomération gallo-romaine
de Mediolanum. Un hangar y abrite une partie
des vestiges de la ville antique qui a connu son
apogée aux Ier et IIe siècles de notre ère. Propriété
de l’État et de l’association Groupe archéolo-
gique du Mesmontois, le site est aujourd’hui
géré par la Communauté de Communes Ouche  Les scolaires,
et Montagne. porte d’entrée d’une valorisation
Ce site gallo-­romain a fait l’objet de recherches Visites guidées encadrées par les chercheurs
menées par le Groupe archéologique du du site, expositions, publications, chantiers
Mesmontois entre 1968 et 1993. Les nombreux de fouille participatifs ou encore manifes-
sondages, fouilles et photographies aériennes tations lors des Journées européennes du
ont mis au jour un réel complexe urbain antique patrimoine font partie des diverses actions
de valorisation mises en place.
composé d’un théâtre, de plusieurs temples
L’objectif de sensibiliser les différents publics
et sanctuaires, d’une nécropole, de bou-
prend encore plus de sens avec le dernier
tiques, d’ateliers et de maisons de notables… projet en date à destination des scolaires :
S’étendant sur environ 100 ha, Mediolanum « Les Jeux Olympiques de Mediolanum ».
était, au temps de sa prospérité, une des villes Celui-ci est né des échanges entre l’Éduca-
parmi les plus riches de Bourgogne. tion nationale, qui organise chaque année
Les découvertes archéologiques mises au jour des rencontres sportives, la collectivité
par un long travail de recherche ont permis et de nombreux acteurs des structures
d’inscrire le site au titre des monuments histo- culturelles des environs. Cette rencontre
riques en 1992. Mais ce ne sont pas les seules interclasses permettra de mêler ateliers
actions de valorisation réalisées : il a fallu proté- sportifs et archéologiques, notamment par
la découverte des sports antiques, de l’art de
ger les fouilles des intempéries avec la pose d’un
la céramologie ou encore des techniques de
toit et installer une clôture afin d’éviter toute
construction gallo-romaine.
intrusion ou dégradation éventuelle.

17
INTERVIEWS
Le patrimoine archéo- dossier documentaire et rédigent une trame. À
logique est un bien culturel partir de ce travail, tout est permis ou presque...
fragile et non renouvelable. L’objectif est d’être attractif et accessible à tous
L’État, par le biais de ses les publics, aussi bien aux familles avec enfants
services déconcentrés en qu’aux amateurs avertis, aussi bien aux locaux
région (DRAC)*, assure des qu’aux touristes. L’humour et le divertissement
missions spécifiques pour la préservation de ce sont de très bons vecteurs de transmission : les
patrimoine : le service régional de l’archéologie visiteurs doivent passer un bon moment tout en
(SRA) élabore la carte archéologique du territoire apprenant des choses.
(58227 sites recensés à ce jour en Bourgogne- Tout au long de la saison sont proposés des
Franche-Comté), prescrit et contrôle les opéra- visites guidées ou théâtralisées, des ateliers,
tions archéologiques, participe à la valorisation des spectacles, des conférences, des concerts,
des sites et à la diffusion des connaissances des muder party... Chaque année, l’équipe pro-
acquises (expositions, ouvrages scientifiques, pose des nouveautés pour inciter les visiteurs
plaquettes grand public). à (re)venir : le MuséoFab (espace collaboratif
Interlocuteur privilégié des élus, des aména- d’initiation à l’artisanat antique, sur le modèle
geurs, des services instructeurs et des cher- des FabLab) en 2018, un week-end de reconsti-
cheurs, notre service veille à l’équilibre entre tution De Bello Gallico en 2019, une visite de la
recherche scientifique, préservation des res- ville antique en 3D en 2020. À suivre...
sources patrimoniales et développement du ter- Michel Rouger,
ritoire. La sensibilisation des acteurs territoriaux directeur général du MuséoParc Alésia
à la prise en compte des enjeux archéologiques
est un aspect important de notre activité, afin La Ville de Bourbon-
© Jérôme Chabanne

notamment que les projets d’aménagements Lancy, forte de son patri-


intègrent les procédures archéologiques dans moine, compte 39 sites
le planning prévisionnel des travaux. Quand archéologiques. Environ
des vestiges sont découverts, nous privilégions, la moitié de ces sites sont
chaque fois que possible, la solution technique situés en zone urbaine.
qui rend compatible la sauvegarde des ves- Lors de la réalisation de travaux, d’autres
tiges avec la réalisation du projet. L’avenir se sites non recensés ont émergé. La contrainte
construit aussi sur un passé commun. » majeure est la découverte lors d’une construc-
Marc Talon, tion, ce qui peut entrainer l’arrêt du chantier,
conservateur régional de l’archéologie, que ce soit dans le domaine privé ou public
DRAC* Bourgogne- Franche-Comté comme cela a déjà été le cas pour la munici-
palité. Les vestiges retrouvés sont ensuite mis
© Christophe Remondière

L’ac tion culturelle en valeur à l’église-musée Saint-Nazaire et au


prend de multiples formes musée archéologique du Breuil. Bien qu’elles
au MuséoParc Alésia. Au demandent des espaces adaptés et parfois
tout début, il y a toujours des ressources financières, ces pièces sont une
un travail de fond rigou- richesse et peuvent provoquer des expositions
reux sur les contenus. Pour et attirer des visiteurs. Les recherches suivant
toute nouvelle animation, les médiateurs cultu- ces découvertes nous en apprennent plus sur
rels, qui bénéficient tous d’une solide formation l’histoire de notre ville. »
en archéologie, en histoire ou en histoire de Édith Gueugneau,
l’art, effectuent des recherches, constituent un maire de Bourbon-Lancy
18
CONTACTS GLOSSAIRE
ET RESSOURCES
■ DRAC BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ ABF Architecte des bâtiments
de France
Service régional de l’archéologie
03 80 68 50 50 AFAN Association pour les fouilles
https://www.culture.gouv.fr/Regions/ archéologiques nationales
Drac-Bourgogne-Franche-Comte
CNRS Centre national de la recherche
• guides ressources téléchargeables sur le site scientifique
du ministère de la Culture.
CTRA Commissions territoriales
https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/
de la recherche archéologique
Monuments-historiques-Sites-patrimoniaux-
remarquables/Ressources/Publications/ DRAC Direction régionale des affaires
Guides culturelles

EPCC Établissement public


■ INRAP BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ de coopération culturelle

03 80 60 84 10 FNAP Fonds national pour


https://www.inrap.fr/ l’archéologie préventive

IGN Institut géographique national


■ PAYS D’ART ET D’HISTOIRE
INRAP Institut national de recherches
Auxois Morvan archéologiques préventives
03 80 33 90 81
LCAP Loi relative à la liberté
https://www.pah-auxois.fr
de la création, à l’architecture
Charolais-Brionnais et au patrimoine
03 85 25 96 39
OAP Orientation d’aménagement
https://www.charolais-brionnais.fr/pays-d-art-et-
et de programmation
d-histoire.html
RAA Recueil des actes administratifs
Entre Cluny et Tournus
03 85 27 03 30 SRA Service régional de
https://www.pahclunytournus.fr l’archéologie

ZAC Zone d’aménagement concerté

ZPPA Zone de présomption


de prescription archéologique

19
« NOUS NE DÉCHIFFRONS PAS
DE CARTES POUR EXHUMER
UN TRÉSOR, ET UN X N’A
JAMAIS, JAMAIS MARQUÉ SON
EMPLACEMENT. »
Henry Walter Jones Jr (Harrison Ford) dans Indiana Jones et la dernière croisade (Steven Spielberg, 1989).

Le service patrimoine Le label « Ville ou Pays À proximité en Bourgogne-


des Villes ou Pays d’art et d’art et d’histoire » est Franche-Comté
d’histoire propose toute attribué par le ministre de la Autun, l’Auxerrois, Besançon,
l’année des animations pour Culture après avis du Conseil Chalon-sur-Saône, Dijon,
les habitants, les touristes et national des Villes et Pays Dole, le Jovinien, la Charité-
le jeune public. Il se tient à d’art et d’histoire. Il qualifie sur-Loire, Nevers et le Pays
votre disposition pour tout des territoires, communes de Montbéliard bénéficient
projet. ou regroupements de de l’appellation Ville ou Pays
communes qui, conscients d'art et d'histoire.
Les Pays de des enjeux que représente
l’Auxois Morvan, du l’appropriation de leur
Charolais-Brionnais et architecture et de leur
Entre Cluny et Tournus patrimoine par les habitants,
appartiennent au réseau s’engagent dans une démarche
national des Villes ou Pays active de connaissance, de
d’art et d’histoire conservation, de médiation et
de soutien à la création et à
la qualité architecturale et du
cadre de vie.

CLUNY - TOURNUS
Sud Bourgogne
PAYS D’ART ET D’HISTOIRE saône-et-loire
LE DÉPARTEMENT

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