La Plus Belle Histoire Des Plantes
La Plus Belle Histoire Des Plantes
La Plus Belle Histoire Des Plantes
Marcel Mazoyer
Thodore Monod
Jacques Girardon
Sommaire
Avant-propos ...........................................................4
Premire partie Lodysse sauvage ........................ 12
1. La vie en mer................................................... 12
2. La colonisation de la Terre..............................34
3. Les grandes inventions ...................................50
4. Le temps des stratagmes ............................... 67
5. Larbre des villes et larbre des champs ...........93
Deuxime partie Linvasion humaine .................. 104
1. La savane apprivoise ................................... 104
2. La domestication des crales....................... 122
3. Le jardin immigr ......................................... 144
4. Le roman de la rose ...................................... 169
Troisime partie Le futur de la nature ................. 183
1. Le temps de la plante-objet ........................... 183
2. La menace des dserts .................................. 199
3. Les plantes au XXIe sicle ............................ 209
Avant-propos
Cest lhistoire dun arbre. Il nous fascine, mais nous
drange parfois, car nous navons clair quune partie
de ses mystres. Cest lhistoire de notre arbre
gnalogique. Ses racines les ntres plongent dans
le bouillon originel o est apparue la vie. Durant plus
de deux milliards dannes, celle-ci est reste vgtale.
Puis elle a engendr un mutant, un tre primitif,
constitu comme les autres dune unique cellule, mais
quip dune sorte de bouche, pour dvorer le monde,
et muni dun cil pour pouvoir se dplacer et chasser.
Notre rgne commenait.
Le tronc de larbre de la vie sest donc scind en deux
branches principales : celle des animaux qui venaient
de natre et dont nous sommes la dernire pousse. Et
celle des plantes qui a continu, elle aussi, se
ramifier.
Incomprhensible destin que celui des vgtaux : ils
fournissent aux tres qui les dvorent loxygne leur
permettant de respirer. Du poisson loiseau, de
linsecte lhomme, toutes les formes animales tirent
lInstitut
national
agronomique, o il a succd Ren Dumont. Il vient
de publier une Histoire des agricultures du monde, et
est intarissable sur la saga des crales et lodysse des
lgumes. Mais ce qui lintresse dans une plante, cest
aussi celui qui la cultive : le paysan, meilleur gardien
de la vie et des paysages, lorsquon ne loblige pas
produire toujours plus, nimporte quoi, nimporte
comment.
Il fallait bien parler aussi du danger. De la terre qui
sen va, mettant la roche nu ; du sable qui avance,
pouss par le vent, et qui engloutit tout. Des quelques
plantes qui tentent de rsister lenvahissante aridit
et finissent par griller en attendant une pluie qui ne
vient plus. Avant que des algues saffranchissent de la
Premire partie
Lodysse sauvage
1. La vie en mer
BANG ! Cest lunivers. Puis notre soleil et ses
satellites. Aprs un milliard dannes terribles, la
situation se calme peu peu : la terre se refroidit,
lactivit volcanique se rduit, les bombardements
de mtorites sont de mieux en mieux stopps par
un brouillard de gaz gris et pais. Dtranges et
infimes cratures, nos anctres, naissent alors dans
les eaux sombres recouvrant la plante.
Linvention de la bouche
Mais il sagit de notre aeule nous aussi ! De
qui, ou de quoi descendons-nous ?
Notre grand anctre tait peut-tre une algue, du
groupe des pridiniens.
quoi ressemblait-elle ? O vivait-elle ?
Comment a-t-elle pu engendrer le monde animal ?
En ce temps-l, dans la mer, se trouvait une algue
microscopique qui reprsentait la cellule vgtale
typique : elle contenait de la chlorophylle avec laquelle
elle faisait de la photosynthse, cest--dire quelle
transformait, grce lnergie solaire, le gaz
carbonique et leau en sucres qui se collaient sur sa
membrane. Celle-ci tait paisse, cellulosique, dure. Je
le rpte : ctait la cellule vgtale par excellence. Pour
se reproduire, lalgue Cystodinium cest ainsi quon
la baptise mettait une petite cellule spcialise :
une spore, munie dun cil qui lui permettait de nager.
On dduit tout cela des fossiles ?
Et surtout de lobservation directe de la petite
algue : elle existe toujours ! Cest dailleurs pourquoi on
peut voir que, dans certains cas, encore aujourdhui, la
spore ne devient jamais adulte. Elle fabrique bien un
peu damidon avec sa chlorophylle, mais ne sentoure
pas dune membrane paisse, ne perd pas son flagelle ;
2. La colonisation de la Terre
Une algue sadapte la terre ferme, que ses
descendants vont conqurir. Entrant en comptition
les uns avec les autres, et confronts un
environnement difficile, les vgtaux se mettent
voluer rapidement.
Le rouge et le vert
Pour linstant, les plantes comme toutes les
formes de vie sont toujours dans la mer. Comment le
continent qui est apparu peut-il avoir une influence
sur elles ?
Jean-Marie Pelt : La bande littorale a jou un
grand rle. Avec ses faibles profondeurs, ses mares
qui la dcouvrent et linondent deux fois par jour, elle
constitue un lieu de transition entre les deux mondes,
le marin et le terrestre. Cest l que sest effectue une
diffrenciation entre les algues. Vous pouvez observer
le phnomne de nos jours en vous promenant sur la
plage. Au bord, haut perches, vous voyez les algues
vertes, qui ressemblent de la salade. Au niveau de la
Ni animal, ni vgtal
Jamais plus je ne regarderai de la mme faon
cette salade sur laquelle on glisse quand on va pcher
des crevettes et attraper ds crabes dans les rochers !
Il ny avait srement pas beaucoup, de crevettes
dans les marcages, mais en ce temps-l est apparue
sur la terre une forme de vie que lon oublie toujours :
les champignons. Ce sont des tres pluricellulaires, en
filaments, qui ne contiennent pas de chlorophylle.
Ce ne sont donc pas des plantes ?
Non. Ils en ont les allures, mais ce ne sont pas des
plantes.
Ce ne sont pourtant pas des animaux
Non plus. Ils se situent entre les deux. Comme les
bactries. Ce sont des rgnes spciaux.
Deux rgnes qui nous empoisonnent la vie.
Oui, mais qui nous aident aussi pour beaucoup de
choses.
Et les virus ?
Cest avant. Ils sont encore plus simples que les
bactries, la limite du vivant. Les virus aussi sont
part, proches des cristaux. Des espces de parasites de
la vie. En fait, on peut dire quil existe le monde des
virus, le monde des bactries, le monde des
pollen. Une fois de plus, les plantes qui ont invent cela
sont toutes mortes
Vous voulez
aujourdhui ?
dire
quelles
nexistent
plus
confronte
aux
mmes
Jurassique Parc
Avec le permien, lre primaire sest acheve.
quoi ressemble lre secondaire qui commence ?
Au dbut, cest le trias. Dans lhmisphre Nord,
aprs la terrible scheresse glaciaire, il y a encore peu
de plantes et il se passe en grand ce qui arrive en
petit dans la Chine daujourdhui. Des averses
violentes rodent considrablement le sol qui nest plus
fix par les racines des plantes. Les inondations sont
normes, le ravinement trs important. Puis, il y a 150
millions dannes, commence le jurassique avec son
climat plus chaud et plus humide qui permet aux
conifres, levs la dure, de spanouir dans des
conditions nettement plus faciles. Apparaissent donc
les grandes forts de conifres, infiniment plus varies
que celles que nous connaissons.
Elles comportent plus despces ?
Infiniment plus ! Nos forts nous ne comportent
que quelques espces : les pins, les sapins, les picas
et les mlzes Les forts du jurassique sont
composes de beaucoup despces, sans doute plus de
10 000. Aussi bien feuilles qu aiguilles Les
conifres sont alors leur apoge, comme les
dinosaures qui appartiennent au mme cosystme
Jurassique Parc !
de
Lhomme catastrophe
Sil est vrai que les grandes catastrophes sont des
moteurs de lvolution, lespce humaine constitue un
sacr moteur !
Jean-Marie Pelt : Oui. Nous sommes la dernire
des grandes catastrophes, tant pour les animaux que
pour les vgtaux.
Dans le monde animal, on en est aujourdhui
rduit tenter de sauver ce qui reste dun grand
nombre despces en voie dextinction
Dans le monde vgtal aussi ! Cest la raison pour
laquelle les jardins botaniques cest ainsi quon
les appelait autrefois sont devenus des
tait entirement couverte de forts. Un cureuil, diton, pouvait passer darbre en arbre des Pyrnes
jusqu Sville.
Deuxime partie
Linvasion humaine
1. La savane apprivoise
Lhomme est arriv. Pendant des millnaires, il
chasse et cueille. Puis se produit un vnement
considrable tant pour lhistoire des plantes que
pour celle de tout ce qui vit : il invente lagriculture.
ces
Nexiste-t-il pas
originaire dgypte ?
aussi
un
excellent
coton
passage entre gypte et Turquie, ce qui explique peuttre la richesse extrme de cette rgion 10 000 ans
avant notre re.
Cest probable. Il est clair, en tout cas, que le
Proche-Orient a t une rgion extraordinairement
abondante et un formidable lieu de domestication.
Et, semble-t-il, le premier de tous
Peut-tre. En tout cas on y a trouv des bls, dj
tout fait domestiqus, vieux de 9 500 ans Il semble
mme quavant le bl la premire plante cultive au
Proche-Orient ait t lorge, une crale plus
commode : elle peut tre seme plusieurs saisons et
sadapte des terrains divers. On trouve donc dans ce
foyer les plantes de base de la civilisation occidentale.
Bl et orge pour les sucres, lgumineuses lentilles et
pois pour les protines, et lin pour les textiles.
Sur toute la Terre lagriculture se rpand donc,
domestiquant toujours plus de plantes
Oui, mais il reste encore une rgion dont nous
navons pas parl, un dernier foyer, petit, tonnant :
celui des Papous de Nouvelle-Guine. Il y a 12 000 ans,
ceux-ci ont domestiqu le taro, une sorte de gros navet
qui pousse dans la fort tropicale. Les habitants des les
du Pacifique ont vcu essentiellement de ce lgume,
ainsi que de la noix de coco et de la patate douce, qui
aurait travers le Pacifique, puisquelle est originaire
dAmrique du Sud. Comment a-t-elle voyag ?
Mystre Plus tard, cette agriculture papoue a t
Lodysse du bl
Une fois les plantes domestiques, les choses nont
pas d voluer beaucoup, au cours des millnaires
suivants.
Je pense que si. Les cultivateurs du Proche-Orient
ont emport le bl avec eux au cours de leurs
migrations. Et ils lont transmis leurs voisins. La
culture du bl sest rpandue dans les Balkans, en
Europe mditerranenne, dans la valle du Danube
Longtemps aprs le Midi, le bl est entr dans le nord
de la France en provenance de la Hongrie et de
lAllemagne. Le voyage a t trs lent : il a mis 1000
ans pour passer du Proche-Orient la Bulgarie, encore
un millnaire pour atteindre le sud de la Bavire
Mais il progressait. Dest en ouest et du sud au nord.
Or, chaque fois que la crale domestique atteignait
une nouvelle rgion, elle rencontrait des conditions
climatiques et un environnement diffrents. Une
nouvelle slection soprait alors. Il est clair quen
Sude certaines lignes ont t totalement limines
par le froid. Et celles qui ont pris le dessus ntaient pas
les mmes que les lignes slectionnes en thiopie. Au
fil du temps et des voyages, des mutations se sont
opres, qui ont t retenues dans certains endroits,
pas dans dautres. Dans lespace o on le cultive, de
dans deux ans, dans dix ans Vous croyez les avoir
limines en labourant ? Illusion ! Un jour ou lautre
elles arriveront en surface et germeront.
Toutes les herbes sauvages ne sont pas de taille
entrer en comptition avec les plantes cultives sur
leur territoire protg. Quelles sont les principales
mauvaises herbes ?
Il y en a beaucoup ! Cela dpend des sols et des
plantes cultives. Avec le bl on trouve le chiendent,
dont on narrive jamais arracher tous les rhizomes, le
chardon, le liseron, et aussi ces plantes increvables
dont les graines survivent tous les traitements :
ravenelle, coquelicot, stellaire ou bleuet Dans la fort,
cause de lombre des arbres, il y a beaucoup moins
dherbes.
Et la folle avoine ?
Lavoine nexistait pas au Proche-Orient. Quand
nos premiers cultivateurs ont commenc occuper de
nouveaux territoires, ils ont rencontr de nouveaux
vgtaux. Comme lavoine possde une poque de
maturation proche de celle du bl et de lorge, ils en ont
rcolt un peu en mme temps que le bl ou lorge.
Sans trop sen soucier : aprs tout, ctait
consommable. Lavoine sest donc trouve cultive,
recultive et, la longue, domestique elle aussi. Cette
gramine spontane, slectionne par hasard, est
devenue une adventice, cest--dire une plante
carottes,
pastques,
melons,
raisins
(surtout
consomms sous forme de vin : 2,5 milliards de litres !)
et dattes. tout cela il faut ajouter 2 plantes sucre :
betterave et canne, et 20 plantes fruits, qui comptent
pour 300 millions de tonnes : pommes, poires, pches,
abricots, prunes, avocats, mangues, ananas, bananes,
plantains, papayes, fraises, framboises, groseilles,
amandes, pistaches, noisettes, anacardes, chtaignes,
noix ; 6 agrumes : oranges, tangerines, mandarines,
clmentines, citrons, pamplemousses ; 5 plantes
fibres : lin, chanvre, jute, sisal, coton ; et quelques
inclassables tels le caoutchouc, le cacao, le th, le caf
et le houblon. Voil ce que cultivent les hommes
Il manque tout de mme pas mal de choses :
navets, salades, cleri, cerises, kiwis
Et bien dautres choses encore ! Les espces
retenues sont seulement les plus importantes, ou celles
pour lesquelles on dispose de statistiques. Mais il en
existe dix fois plus, la plupart, il faut bien le dire, trs
marginales. Cela reste tout de mme peu au regard des
500 000 espces de plantes sauvages identifies pour
linstant.
Vous croyez quil en reste beaucoup dcouvrir ?
Regardez les vieilles encyclopdies : au dbut du
sicle, on nen connaissait que 300 000 ! Il doit bien
rester quelques centaines de milliers de plantes quon
ne connat pas.
3. Le jardin immigr
Lhomme a slectionn des plantes pour ses besoins
ou ses envies, il les a emportes avec lui quand il
sexilait, en a rapport de nouvelles de ses voyages.
Cest donc lhistoire de 10 000 ans de domestication
et de rencontres que lon retrouve aujourdhui dans
chaque jardin.
Pot-au-feu
En entre, prenons les radis. Ils font partie des
premiers lgumes rcolts dans le potager. On peut les
semer ds que le printemps sannonce, et quatre
semaines plus tard on commence dj les croquer,
avec du sel et du beurre frais. Do sont-ils
originaires ?
Marcel Mazoyer : Du Proche-Orient, o ils
poussent spontanment et sont mme considrs,
parfois, comme des mauvaises herbes. Mais il existe
aussi des varits chinoises.
Moiti radis, moiti carottes : on a bien mlang
les graines avant de les semer. De la sorte, en cueillant
Le concombre aussi ?
Le concombre nest pas une courge. Il a t
rapport de lHimalaya o il poussait ltat sauvage,
au Cachemire et dans le nord de la valle de lIndus.
Le melon, qui a un got de concombre lorsquil
nest pas bon, est originaire de la mme rgion ?
Non. Melons et pastques viennent du Sahel. Une
zone qui stend de la Mauritanie lthiopie et qui na
pas toujours t, comme aujourdhui, en voie de
dsertification.
Revenons la ratatouille. Laubergine ?
Originaire de lInde.
Les poivrons ?
Il sagit dune varit de piment trouve au
Mexique. On en dcouvrira dautres, plus tard, en
Amrique du Sud. En 1493, les compagnons de Colomb
dcrivaient leur retour un poivre plus brlant que le
poivre du Caucase . Mais il y avait galement une
varit
douce,
remarquablement
domestique,
puisquelle produisait des fruits normes compars la
forme sauvage : les poivrons. En Europe, cest la
Hongrie qui devint le lieu de prdilection de la culture
de ces piments poivrons .
la
reine
de
lEurope
mditerranenne : la tomate.
Elle appartient au groupe des solanes, dans
lequel on trouve les pommes de terre, les piments, et le
tabac. La tomate proviendrait donc dune solane
sauvage, une tomate cerise, qui existe encore au
Mexique, dans la rgion de Veracruz.
Trs drle : on sest donn du mal ces dernires
annes pour crer des tomates cerises, alors que
celles-ci sont les mres de toutes les grosses tomates
Oui. Le destin de la tomate est curieux. Nous
savons quen 1544 elle tait connue en Europe grce
aux crits dun certain Mathiolus qui lui trouvait des
points communs avec la mandragore, rpute
aphrodisiaque. la suite de cela on la baptisa pomme
damour . Puis, plus tard, pomme dor
(aujourdhui, tomate se dit toujours pomodoro en
italien). Les gravures du XVIe sicle nous montrent un
petit fruit rabougri. la diffrence du poivron ; il
semble quen Amrique il se soit agi dune plante trs
secondaire, peine domestique. La tomate sest donc
trane en Europe durant deux sicles, sans quon sy
intresse. Mais au XVIIIe sicle, au sud de Naples, des
jardiniers italiens se sont attels de manire
systmatique une domestication plus pousse du
nont-ils
pas
une
histoire
4. Le roman de la rose
Toutes les plantes cultives ne sont pas utilitaires :
on trouve la trace, ds la plus haute Antiquit, de
cultures ornementales, et tout particulirement de
fleurs.
de
plantes
dorigine
bordures
Un bouquet dglantines
Quelle est lorigine de la rose, de la vraie ?
Cette fleur est apparue sur Terre rcemment : il y
a tout juste une quarantaine de millions dannes. La
rose sauvage, en Europe occidentale, cest lglantine
commune, en latin Rosa canina, sans doute cause de
ses grosses pines qui accrochent comme des crocs.
Elle a peut-tre t un peu cultive, mais sans tre
domestique de manire significative.
Alors, do viennent les roses ?
Dautres varits dglantiers. Lun, appel Rosa
gallica, la rose gallique, poussait du Rhin au Caucase et
la Perse. Il avait t cultiv trs anciennement entre
Msopotamie et Palestine. Le deuxime, Rosa
phnica, la rose phnicienne, tait galement cultiv
au Proche-Orient. Mme chose pour le troisime, Rosa
moschata, la rose musque trs odorante, sans doute
native du nord de lAfrique.
La domestication de toutes ces glantines sest
faite quelle poque ?
Cest la fresque loiseau bleu de Cnossos, en
Crte, vieille de 3 900 ans, qui offre la premire
reprsentation dune rose, bien quil soit difficile de
dterminer sil sagit dune fleur domestique ou dune
glantine. Et quand les Romains arrivent en gypte, les
Troisime partie
Le futur de la nature
1. Le temps de la plante-objet
Dabord cueillies, puis domestiques, les plantes
aimes des hommes ont t slectionnes pour
produire toujours plus. Lhistoire nest pourtant pas
termine : dsormais, botanistes et agronomes
seffacent peu peu devant des gnticiens, qui ont
entrepris de rorganiser le vivant.
La limite biologique
Plus que lagriculture elle-mme, nest-ce pas en
fait lindustrie, avec les engrais, les dsherbants, les
Assurances risques
Mais on utilise dj ces herbicides, hors des
priodes de culture. On prendrait les risques dont
nous venons de parler seulement pour pouvoir les
pandre aussi pendant la croissance de la plante
cultive ?
En effet. Il faut comprendre que, pour quelles
puissent digrer ces quantits normes dlments
minraux quon leur fait absorber, il a fallu
slectionner les plantes, leur apporter des engrais et
leur faire subir des traitements compliqus. Or, cela a
cot trs cher. Par consquent, on doit prendre toutes
les prcautions possibles pour que la rcolte ne soit pas
rduite. Si lon compte sur un rendement de 90
quintaux lhectare et que lon nen fait que 70, on ne
boucle pas le budget ! Do lutilisation massive
dinsecticides pour protger la rcolte. Et dherbicides,
pour que les mauvaises herbes ne viennent pas
consommer lengrais que lon a pandu.
Il faut empcher les moineaux de venir picorer le
grain des poules !
Exactement. Mais ce nest pas suffisant : on ne
peut parer tous les risques : grle ou coup de gel
Alors on prend des assurances. Et la cration dOGM
correspond cela : la recherche dune sorte
dassurance tous risques Mais on met en mouvement
utilis
ouvertement
larme
Le vent nourricier
Le Sahara a-t-il toujours t aride ?
Thodore Monod : Non, bien sr. Nagure, au
nolithique, ctait encore une savane. Les gravures
rupestres lattestent, dailleurs : louest de lgypte,
dans le dsert libyque, jai vu quantit de gravures
rupestres de girafes. Or il sagit dune zone o il ne
tombe plus deau depuis longtemps.
Il ne pleut plus jamais ?
Trs rarement. Il tombe parfois quelques gouttes,
bien sr : il nexiste pas dendroit sur Terre o il ne
pleuve absolument jamais Jai visit rcemment un
oued dans lequel il avait plu quelques mois plus tt. Eh
Disparitions et naissances
De lalgue bleue au mas transgnique, nous
venons de parcourir lhistoire aventureuse du monde
vgtal. En prolongeant les tendances actuelles, peuton deviner ce quil adviendra des plantes au cours du
sicle venir ?
Thodore Monod : Je me demande parfois si
toutes les espces vivantes, hommes compris, ne sont
pas, comme les individus, faites pour exister durant
plantes
naissent
encore
risque-t-il
dacclrer
la