Semis Direct Couverture Vegetale
Semis Direct Couverture Vegetale
Semis Direct Couverture Vegetale
Une solution alternative aux systmes de culture conventionnels dans les pays du Sud
F.Tivet
Sommaire
F. Tivet
Prface Note aux lecteurs Prsentation du PTA Les SCV en bref Le pionnier de la recherche franaise sur les SCV rpond nos questions
3.1
3.2
3.3
Thme 1 - Les SCV : dnition, principes, fonctionnement et intrts
Le systme de culture en semis direct sur couverture vgtale permanente (SCV) Histoire : du semis direct aux SCV Les principes fondamentaux des SCV Bnces agronomiques et environnementaux des SCV Bnces conomiques des SCV Terminologie autour de lagriculture de conservation
3.4
4.1 4.2
Les SCV : de la recherche la diffusion Appropriation des SCV par les agriculteurs
Testez vos connaissances sur les SCV... Sites Internet Lexique - Acronymes et abrviations
SCV, dgradation des terres et dsertication SCV et biodiversit SCV, squestration du carbone et changement climatique
SOMMAIRE
K. Naudin
Sommaire
Jean-Yves Grosclaude, Directeur du Dpartement du dveloppement rural, environnement et ressources naturelles de lAFD
epuis toujours, les agriculteurs du Sud comme du Nord doivent faire face des problmes de dgradation graves des sols par rosion hydrique et olienne dont les consquences se font sentir bien au-del des zones de dpart. Cette dgradation et la perte des ressources naturelles quelle engendre ont des consquences sociales et conomiques trs graves : pauvret, famine, migrations. Chacun a en mmoire le dust bowl , ce nuage de poussires qui a assombri les grandes plaines cralires amricaines dans les annes trente. Le travail abusif des sols et la pratique excessive de la monoculture en taient les principaux responsables.
La recherche de systmes de culture alternatifs lagriculture conventionnelle est dsormais devenue une ncessit, an de conserver et de restaurer la fertilit des sols agricoles. Dans les annes soixante aux tats-Unis, de nouvelles pratiques agricoles ont t testes ce titre, les systmes de semis direct sur couverture vgtale (SCV), alliant deux grands principes : absence de travail du sol et maintien des rsidus de culture. Parti des tats-Unis puis perfectionn au Brsil, ce mouvement sest ensuite tendu toute lAmrique Latine, lAustralie, lAsie puis lEurope (y compris la France) et enn lAfrique. Aujourdhui plus de 95 millions dhectares dans le monde sont cultivs en semis direct. Dans les annes 1980, dans les cerrados brsiliens puis dans les zones de petite agriculture familiale, le Cirad (Centre de coopration internationale en recherche agronomique pour le dveloppement) et ses partenaires brsiliens ont russi adapter les principes du semis direct sur couverture vgtale permanente aux conditions de lagriculture tropicale. Depuis bientt 10 ans, lAFD (Agence Franaise de Dveloppement), le FFEM (Fonds Franais pour lEnvironnement Mondial) et le MAE (ministre des Affaires trangres) apportent leur appui ladaptation et la diffusion de cette agriculture durable dans le cadre de projets de dveloppement rural dans les pays du Sud, dans des contextes agro-cologiques et socio-conomiques trs varis. Ce dossier, consacr cette nouvelle agriculture, est le fruit dune collaboration entre lAFD, le Cirad, le MAE et le FFEM. Il a pour objectif de faire connatre cette vritable rvolution agronomique au-del du petit cercle des chercheurs impliqus. Nous esprons que ce dossier apportera une contribution utile aux efforts dploys par tous les partenaires des actions soutenues par laide franaise dans ce domaine, pour promouvoir une agriculture la fois rentable et durable. La dgradation des sols dans le monde nest pas une fatalit. Nous pouvons donner aux gnrations actuelles et futures les moyens de sen prserver.
K. Naudin
PRFACE
Prface
F. Tivet
Prface
CONCEPTION DU DOSSIER
Fruit dune collaboration entre lAFD, le Cirad, le MAE et le FFEM, ce dossier a pour objectif de faire connatre, au-del du petit cercle des chercheurs et des chefs de projets impliqus dans divers programmes dadaptation et de diffusion des pratiques de SCV travers le monde, non seulement les principes gnraux mais aussi les diffrentes thmatiques abordes, agronomiques, cologiques et socio-conomiques. Ce dossier a t conu et ralis par Agropolis Productions (Montpellier, France). Les prsentations synthtiques, sous forme de ches en couleurs et illustres, formules dans un langage accessible tous, visent mieux valoriser les acquis obtenus dans les diffrents pays o le programme transversal daccompagnement (PTA) a contribu la promotion de lagrocologie et lvolution de ltat de lart dans ce domaine.
Les systmes de culture en semis direct sur couverture vgtale permanente (SCV) : dnition, principes, fonctionnement et intrts SCV et enjeux environnementaux mondiaux Dispositifs de recherche-action sur les SCV dans diffrents pays Formation, diffusion et appropriation des SCV
OBJECTIFS
Faire connatre les SCV un public largi Vulgariser et contribuer la diffusion des rsultats issus de la Recherche & Dveloppement sur lagrocologie Donner aux lecteurs une base de connaissances et des rfrences pour de plus amples investigations Prsenter des tudes de cas destines donner aux lecteurs des exemples concrets de projets russis de mise en place de SCV dans les pays du Sud Sensibiliser les acteurs locaux et les dcideurs ce systme de culture Alimenter les prospectives de diffusion des SCV
Chaque partie est constitue de plusieurs ches de mme couleur, chacune tant indpendante des autres. La premire che de chaque thme prsente le thme dans son ensemble, le sommaire et une section En savoir plus qui inclut les principales rfrences bibliographiques et sites Internet consults sur le sujet. Sans tre exhaustives, ces ches donnent des repres pour la rexion et la comprhension de thmatiques particulires. Les contacts de personnes ressources sont inclus dans chacune des ches an de permettre toute personne intresse daller plus loin. Chaque che peut donc tre lue sparment. Nanmoins, des renvois pertinents sont raliss dans le texte an que le lecteur intress par un sujet prcis qui est dtaill dans une autre che puisse sy rfrer. Le renvoi se fait grce une icne de la couleur du thme et comportant le numro de la che laquelle on se rfre.
GLOSSAIRE
Les mots ou expressions souligns dans le texte du dossier sont expliqus dans une che part la n du dossier.
Couleurs du thme
NOTE...
CRDITS
Sous la direction de Constance Corbier-Barthaux (AFD), corbierc@afd.fr et Jean-Franois Richard (AFD), richardjf@afd.fr Coordonnateurs scientiques : Lucien Sguy (Cirad), lucien.seguy@cirad.fr et Michel Raunet (Cirad), michel.raunet@cirad.fr Ont particip ce dossier : Abou Abba Abdoulaye, Oumarou Balarabe, Moncef Ben Hammouda, Marc Bied-Charreton, Bounthong Bouahom, Serge Bouzinac, Christine Casino, Constance Corbier-Barthaux, Christophe Du Castel, Estelle Godart, Olivier Husson, Jean-Franois Jullien Denis Loyer, Khalifa MHedbi, Krishna Naudin, Rakotondramanana, Michel Raunet, Jean-Franois Richard, Lucien Sguy, Florent Tivet
F. Tivet
Conception, ralisation et iconographie : Isabelle Amsallem (Agropolis Productions) agropolisproductions@orange.fr Conception graphique et infographie : Olivier Piau (Agropolis Productions) agropolisproductions@orange.fr Impression : Les Petites Afches (Montpellier, France) Imprim : 1 000 exemplaires sur du papier recycl (Cyclus Print ) avec des encres sans solvant AFD, novembre 2006 Pour rfrence : AFD, 2006. Le semis direct sur couverture vgtale permanente (SCV). Paris, France.
e Plan daction global agro-cologie (PAA) regroupe les efforts des principaux acteurs de laide franaise : le ministre des Affaires trangres (MAE - DGCID), lAgence Franaise de Dveloppement (AFD), le Centre de coopration internationale en recherche agronomique pour le dveloppement (Cirad), le Fonds Franais pour lEnvironnement Mondial (FFEM).
COMPOSANTE 2 : Accompagnement des projets Lobjectif de cette composante est dassurer lappui technique et laccompagnement scientique des projets pilotes mis en place an dassurer une diffusion rapide de ces innovations :
Son objectif principal est de mettre au point, dans des sites choisis dans cinq pays pilotes de la zone de solidarit prioritaire (ZSP) : Tunisie, Mali, Laos, Madagascar, Cameroun, des systmes fonds sur ces mthodes agro-cologiques, adapts aux diffrentes contraintes et besoins des agriculteurs, et de tester leurs forces et leurs faiblesses, en vue dune ventuelle diffusion/adoption lchelle du pays. Le PAA inclut deux composantes principales : Un ensemble de projets dadaptation des techniques agro-cologiques dans des pays reprsentatifs de la ZSP et prsentant un ventail de zones agro-climatiques et de contextes socio-conomiques. Ces projets sont en gnral intgrs sous forme de volets de recherchedveloppement en agro-cologie, dans des programmes plus larges de dveloppement rural de lAFD et bncient dun concours du FFEM portant essentiellement sur le conancement de lassistance technique parit avec le Cirad. Un programme transversal daccompagnement (PTA) ayant pour objectif dassurer la cohrence des diffrentes actions, les appuis techniques complmentaires, la communication et lchange entre les diffrentes expriences, la capitalisation et la transmission des connaissances. Le programme, a dmarr en 2000. Le PAA est dirig par un comit de pilotage comprenant le MAE, lAFD, le FFEM et le Cirad. Il est prsid par le MAE/DGCID et lAFD en assure le Secrtariat.
K. Naudin
LE PAA
MAE, Ministre des Affaires trangres - DGCID (Direction Gnrale de la Coopration Internationale et du Dveloppement) Le MAE, reprsentant politique de la France auprs des gouvernements et institutions trangres, a pour mission dlaborer la politique extrieure de la France. Il conduit et coordonne les relations internationales et est le porte parole politique. La DGCID aux cts de la direction du Trsor, labore les stratgies de laide publique au dveloppement stratgies pays et orientations sectorielles - et mne les rexions sur laide publique au dveloppement. Le MAE DGCID soutient le PAA car il apporte des lments de rponse des enjeux tels que la scurit alimentaire, la lutte contre la dsertication et la protection de lenvironnement, qui font partie de ses stratgies daction.
F. Tivet
FFEM, Fonds Franais pour lEnvironnement Mondial Et avec la participation de : Cr en 1994 par le Gouvernement franais la suite du Sommet de Rio, le FFEM est un fond public bilatral qui a pour objectif de favoriser la protection de lenvironnement mondial en conanant des projets de dveloppement durable dans les pays en dveloppement et en transition. Le FFEM contribue au nancement du PAA au titre de la lutte contre leffet de serre. En effet, les techniques culturales mises en uvre ont un impact positif sur la squestration de carbone dans les sols et rduisent de ce fait les stocks de carbone atmosphrique. En outre, ces techniques culturales ont un impact positif en matire de lutte contre la dsertication et sur le rgime des eaux de surface.
Pour plus dinformations, consulter le site du FFEM : www.ffem.net
Jean-Claude Quillet, agriculteur franais Jean-Claude Quillet possde une exploitation agricole en Touraine, dans louest de la France, o il cultive des crales fourragres. Il a dcouvert il y a plus de 10 ans les techniques dagro-cologie suite des changes avec des agriculteurs du Brsil et dArgentine. Aujourdhui, lensemble de son exploitation est cultive selon les mthodes du SCV. Il contribue actuellement aux changes Sud-Nord pour promouvoir ce type dagriculture, en apportant aux agriculteurs son expertise technique dans le cadre des diffrents projets. Claude Bourguignon, Directeur du Laboratoire dAnalyse Microbiologique des Sols, L.A.M.S. Le L.A.M.S. est un laboratoire qui effectue des analyses ou des expertises de sol pour les agriculteurs et les professionnels en France et ltranger. Il aide galement les agriculteurs dvelopper les techniques culturales simplies ou les SCV en fonction de ltat de leur sol, et de leur zone pdoclimatique. Le L.A.M.S. apporte aussi ses conseils et ses analyses pour une meilleure gestion des sols. Il est un centre de formation agr pour les professionnels du secteur agricole et dispense des stages personnaliss dans des domaines trs prcis comme la viticulture et la craliculture.
Pour plus dinformations, consulter le site du L.A.M.S. : www.lams-21.com
Cirad, Centre de coopration internationale en recherche agronomique pour le dveloppement Le Cirad est linstitut franais de recherche agronomique au service du dveloppement des pays du Sud et de loutre-mer franais. Il privilgie la recherche en partenariat. Le Cirad a choisi le dveloppement durable comme ligne de force de son action travers le monde. Il intervient par des recherches et exprimentations, des actions de formation, dinformation et dinnovation, et des expertises. Ses comptences relvent des sciences du vivant, des sciences humaines et des sciences de lingnieur, appliques lagriculture et lalimentation, la gestion des ressources naturelles et aux socits.
Pour plus dinformations, consulter le site du Cirad : www.cirad.fr
ace aux enjeux environnementaux plantaires actuels dsertication, perte de la biodiversit, rchauffement climatique -, il est urgent que lhumanit change ses comportements et ses pratiques agressives pour lenvironnement, notamment en agriculture. On connat les impacts ngatifs des pratiques agricoles conventionnelles : dgradation des terres, rosion des sols, baisse de la biodiversit, pollution, dsertication..., et toutes leurs consquences sociales dramatiques (famine, pauvret, migrations,...). Il est temps de changer ! Du fait de la croissance dmographique les besoins alimentaires plantaires sont et seront de plus en plus importants. Il est impratif daccrotre la production agricole an de satisfaire ces besoins. Dsormais, les systmes agricoles permettant de relever ces challenges doivent alors tre aussi bien productifs et protables que durables. Ils doivent augmenter la production et sa qualit, amliorer les revenus des paysans tout en protgeant les ressources naturelles et lenvironnement. Avec leurs nombreux impacts positifs sur la parcelle mais aussi au niveau plantaire, les SCV rpondent ce lourd cahier des charges aussi bien dans les pays du Sud que dans ceux du Nord...
L. Sguy
O se pratiquent-ils ?
En 2005, 95 millions dhectares en semis direct existaient dans le monde. Les SCV sont notamment mis en uvre trs grande chelle au Brsil (prs de 24 millions dhectares en 2005). Grce aux travaux du Cirad (L. Sguy), ils ont t aussi adapts (ou sont en cours dadaptation) la petite agriculture familiale des pays du Sud (Madagascar, Mali, Laos, Cambodge, etc.). En effet, les SCV peuvent sadapter et tre dvelopps dans la plupart des conditions socio-conomiques et agro-climatiques de la plante et offrent mme des possibilits de rcupration de terres libres (mais incultes) dans les conditions dagriculture traditionnelle avec travail du sol.
Quels sont les atouts des SCV ? Que sont les SCV ?
Les SCV constituent une nouvelle approche de lagriculture qui permet de saffranchir du labour avec des effets court-moyen terme sur larrt de lrosion, lamlioration de la fertilit des sols et la stabilisation, voire laugmentation des rendements mme sur des terres rputes incultes, ainsi que la rduction de la consommation des carburants. Cest une innovation qui met en oeuvre trois grands principes au niveau de la parcelle : pas de travail du sol, couverture vgtale permanente du sol, des successions ou rotations culturales judicieuses en association avec des plantes de couverture. Les SCV prsentent des avantages importants dans les domaines agronomiques, environnementaux et socio-conomiques : Sur le plan agro-environnemental, ils stoppent lrosion des sols qui provoque lennoyage et la destruction des cultures et des infrastructures en aval (ouvrages hydro-agricoles trs coteux, routes et fosss). En restaurant le couvert vgtal, ils contrlent le ruissellement, relancent lactivit biologique des sols, limitent les besoins en eau et squestrent du carbone dans les sols (1 2 t/ha de carbone par an suivant les cosystmes), contribuant ainsi la lutte contre le changement climatique. Les SCV diminuent galement la pression des maladies et des ravageurs sur la plupart des cultures dans toutes les conditions pdoclimatiques. Sur le plan social et conomique, les SCV diminuent fortement les travaux de dsherbage et de travail du sol ainsi que les cots de main doeuvre et dquipement qui y sont lis. Les rendements se stabilisent, voire augmentent, dans des conditions climatiques et des systmes dexploitation trs divers. De plus, les SCV ne requirent pas dquipement de masse en tracteurs, ni dutilisation massive de fertilisants inabordables pour les paysans les plus pauvres. Les SCV concernent autant un petit agriculteur qui a un quart dhectare quun gros propritaire terrien !
Comment a marche ?
Ces techniques consistent semer directement dans une couverture vgtale laisse en permanence (rsidus de la culture prcdente laisss en place et renforcs par des biomasses de couverture mortes ou vivantes). Celle-ci protge le sol de lagression des pluies et nourrit les microorganismes qui font vivre un sol et sa fertilit. Lutilisation de plantes enracinement fort et efcace (chevelu restructurant des gramines, pivot puissant des lgumineuses xatrices de lazote de lair) dans la succession de cultures permet un travail biologique remarquable du sol en coopration avec les vers de terre protgs par labsence de labour.
EN BREF
Les SCV en bref : mmento des SCV lusage des lecteurs presss...
Contacts : C. Corbier-Barthaux (AFD) corbierc@afd.fr | D. Loyer (AFD) loyerd@afd.fr | J.F. Richard (AFD) richardjf@afd.fr
Pourquoi ces techniques intressent les paysans mme les plus pauvres ?
Ces techniques connaissent un succs intressant auprs des paysans en raison de laugmentation de revenus quelles permettent, de la diminution de la pnibilit et du temps de travail du regain de biodiversit (diversication des productions) et donc de la scurit alimentaire et conomique engendre. Les bnces pour les agriculteurs et premirement, les augmentations de rendement et les conomies nancires, constituent les ples dattraction majeurs des agriculteurs. Les bnces pour la socit et lenvironnement peuvent tre un deuxime niveau de motivation pour eux, mais prsentent principalement un intrt pour les gouvernements et la communaut internationale (protocole de Kyoto, amnagement du territoire, etc.). Les SCV sont compatibles avec tous les types de mcanisation, du simple outil main aux machines utilisant lagriculture de prcision : toutes les catgories socio-conomiques de paysans sont ainsi concernes. Des quipements ont t dvelopps pour des systmes agricoles divers. Beaucoup de plantes de couverture sont dj connues et peuvent tre adaptes aux diffrentes situations pdoclimatiques de la plante.
K. Naudin
Quels sont les freins ladoption des SCV par les paysans ?
Les agriculteurs peuvent manquer de ressources nancires dans la phase de transition et pour lachat de matriel spcique. Ils peuvent aussi avoir faire face une diminution provisoire de leurs revenus. Dans ce contexte, une rglementation et des programmes gouvernementaux doivent pouvoir soutenir les efforts des agriculteurs avec des primes ainsi quun appui actif aux organisations dagriculteurs et aux rseaux. En effet, la peur dessuyer les pltres lors de la reconversion ces techniques constitue le frein principal la diffusion du semis direct. Ladoption des SCV peut galement tre retarde par une politique inadquate (subventions limportation par exemple) et galement par des facteurs sociaux comme les droits traditionnels sur la pture (en Afrique par exemple), des habitudes sculaires de labour, etc. Laccs aux quipements et intrants est galement un des problmes cl pour assurer ladoption des SCV. Le secteur priv a dans ce cadre un rle important jouer, notamment en rendant disponibles les quipements appropris aux SCV.
SCV (coton)
M. Thz
ucien Sguy, agronome au Cirad, est un chercheur engag depuis de nombreuses annes aux cts des paysans du Sud dans la construction, la mise en place et la diffusion des SCV, notamment au Brsil o il travaille depuis 1978.
Que rpondriez-vous ceux qui disent que le semis direct nest pas une agriculture biologique ?
L.S. Ils ont raison. Ce nest pas une agriculture bio. Mais cest pourtant une agriculture plus bio que celle bio ! Dans les SCV, on remet la biologie au cur des relations sols-cultures, elle en est le moteur. Dans lagriculture bio, on laboure les sols. Avec le changement climatique, on observe depuis quelques ts des pluies de type tropical avec des intensits extrmement leves. Le labour a comme consquence que tout le sol part dans la rivire sous une pluviomtrie comme celle l. Cest quoi cette agriculture biologique qui est capable de perdre son sol en deux ou trois pluies ? En plus, lagriculture bio na pas toujours enlev, disons, une enveloppe chimique. On sest aperu, en traant les produits, quil y avait des pesticides malgr toutes les garanties dun cahier des charges trs complexe. La nourriture propre nest donc pas une garantie non plus en agriculture bio. Il ny a peut tre pas assez de suivi dans la traabilit pour garantir une nourriture absolument propre. Mais surtout ce qui me choque le plus cest de laisser les sols qui se sont forms durant des millnaires, lassaut de la premire pluie. Que va-t-on faire aprs ? Quest devenu le bio ? Le bio devrait tre construit sur des sols entirement protgs sans externalits. Et puis, cest sr, il devrait tre dbarrass de toutes les molcules chimiques les plus nuisibles lhomme et lenvironnement. Le SCV, par rapport au bio, sest proccup, dans sa premire phase jusqu aujourdhui, de contrler compltement lrosion et les externalits mme dans les climats les plus excessifs (o il tombe 2,5 mtres deau). Cest dj relever un sacr d que de protger les sols dans toutes les cologies !
K. Naudin
ces matires, les fragmenter et faciliter la minralisation de la matire organique. Quand on emploie des pesticides en SCV, ce sont les cultures et la couverture vgtale qui les interceptent, et non le sol ni la faune qui y vit car, tant couvert, le sol est compltement protg ! Deuximement, cette couche protectrice, si les conditions sont adquates, se fait littralement digrer au bout de 2-3 mois. Or les molcules chimiques qui ont chapp aux cultures, vont en SCV imprgner les litires au-dessus du sol. Comme ces litires sont digres par toute lactivit du sol, faune et microore, vritables racteurs de transformation, les molcules nocives le sont aussi et, peut tre, nont alors plus aucune nocivit. Cest l o il y a des sujets fondamentaux pour la recherche. Quest ce quil reste ensuite des molcules nocives ? Moi, je fais lhypothse quil ne reste rien. Cest un systme auto-purateur. Il se nettoie tout seul par voie biologique. Toutes les tendances que lon a mesures sur ce mcanisme montrent une convergence, un dbut de dmonstration. Mais je vais plus loin, comme je nen ai pas encore la totale conviction et quil faudrait le dmontrer sous tous les climats et tous les types de couverture, jenlve progressivement la chimie des systmes SCV et jy mets des molcules organiques la place tant est que lon peut les gnraliser sur de grandes surfaces* et que leurs cots ne sont pas suprieurs ceux des systmes conduits en tout chimique , avec des performances quivalentes. Je commence faire cela en France et dans dautres pays. Les molcules qui restent dans les grains et le sol sont ensuite analyses par les outils de laboratoire les plus perfectionns. Janalyse actuellement 138 molcules. Je veux tre sr que le digesteur nous dbarrasse de toutes les molcules mchantes pour lhomme et lenvironnement. La premire bataille est celle de leau, pas celle du carbone. Si lon rduisait drastiquement les nitrates et les pesticides, eh bien, au bout de 4-5 ans, les nappes seraient probablement propres. Avec les SCV, tout est intercept et digr dans les couvertures. Les nitrates, hors besoins des cultures, sont rorganiss en azote organique immdiatement. Dans plusieurs rgions de France, avec des hivers o il pleut beaucoup, il ny a pas de nitrates en dessous de 30 cm (mesures effectues par diverses chambres dagriculture). Cest peut tre la plus grande rvolution apporte par les SCV !
* La panoplie de molcules organiques actuellement ajustes dans les SCV fait appel de lhumus liquide pour substituer une partie des engrais, des liciteurs pour remplacer les fongicides et stimuler les dfenses immunitaires des cultures, des drivs du NEEM et du Bt pour contrler les insectes ravageurs, des complexes damino-acides pour traiter les semences. Tous ces produits sont issus de biomasses renouvelables.
K. Naudin
ENTREVUE
V. Beauval
Est ce que les comptitions entre les cultures principales et les plantes de couverture ne constituent pas un frein important la mise en place des SCV ?
L.S. Dans des SCV qui sont bien monts, il ne devrait pas y avoir de comptition cultures principales / plantes de couverture. Cest le rle des essais, de la recherche en amont. On a cr les systmes de telle manire quil ny ait pas de comptition entre les espces soit en faisant des semis dcals, soit en choisissant des plantes de couverture qui nont pas les mmes exigences hydriques et nutritionnelles et qui ne vivent pas au mme niveau dans le prol cultural. Il faut apprhender les SCV comme un systme : valoriser le systme dans son ensemble et ses modes de fonctionnement plutt quune seule culture. On a affront tous les climats possibles, on a tripl les productions... Si cest bien matris, cest que cest bien compris ! On connat les lois qui rgissent le fonctionnement de ces systmes et ils fonctionnent partout. Cest la dmonstration quil y a un ct universel dans ces lois dapplication. Cest la seule technique au monde qui permette aujourdhui de cultiver de manire intensive (expression du potentiel de production plus lev et diversi) tout en augmentant lactivit biologique et la matire organique sans apport exogne de cette dernire.
Est ce-que les SCV sont possibles sous tous les climats ?
L.S. Oui, compltement ! Les SCV sont mme possibles sous des climats o on ne faisait pas dagriculture avec les systmes traditionnels. part sur les permafrosts (sols gels en permanence) de Sibrie ou les dserts du Sahara ! Ils sont possibles dans toute la zone actuelle mondiale o il existe de lagriculture, dans tous les pays, mme l o on produit peu ou avec beaucoup dintrants. Tous les schmas sont possibles ! Grce eux, on peut aujourdhui cultiver des environnements que lon ne pouvait pas aborder avec des techniques traditionnelles du fait de leur sensibilit vis-vis de leau ou dexcs climatiques quelconques. Les SCV protgent en effet le sol, servent de tampon pour la temprature et les climats agressifs et rgnrent la fertilit sous culture.
Quelle perception ont les agriculteurs du changement de message technique prconis par les dveloppeurs ? Comment se passe ce changement de paradigme ?
L.S. Cest une question multi-facettes. Au Brsil par exemple, o les exploitants sont jeunes (28 45 ans en majorit), ils sont ouverts au changement. On a cr des associations de producteurs immdiatement. Les gens ont lavenir devant eux. Ils regardent devant eux l bas ! Cela aussi cest une donne importante. En gnral, quand les gens sont contraints, il y a changement. Cest quand a va mal, que les choses vont trs vite. Parfois, en 1 an il faut quils changent. Ils nont pas de crdits, que peuvent-ils faire alors comme techniques pour survivre ? Les moins chres dabord ! Cest par cette porte que les SCV sont rentrs : par leurs qualits, leurs conomies sur les cots de production et par leur facilit dexcution. Alors, les agriculteurs changent mme sils ne sont pas pleinement convaincus au dbut. Par contre, lEurope va mal car nous sommes dans un nid douillet, que nous avons tout ce quil nous faut et que nous pensons que cest ternel.
Que devrions nous faire pour que les SCV soient reconnus dans les politiques nationales en France et en Europe en gnral ?
L.S. Lapproche franaise devrait tre : 1. Dabord intresser et convaincre les lus. Les rsultats actuels chez les agriculteurs pionniers du SCV en France sont solides, tablis, souvent spectaculaires et reproduits dans beaucoup dcologies en France. Des conomies sont ralises : on ne pollue plus, les routes ne sont plus endommages par le ruissellement superciel... On pourrait supprimer rapidement 40% des primes actuelles ! 2. Il faudrait aussi suggrer aux politiciens au plus haut niveau dutiliser les primes actuelles (ou en partie) avant leur suppression imminente, pour aider au changement technologique. Une mesure concrte serait dattribuer les primes pour la conversion au SCV. Ce serait une bonne incitation et lagriculteur aurait alors moins peur. En effet, la peur dessuyer les pltres lors de cette reconversion constitue le frein principal la diffusion du semis direct. 3. Pour informer et former les agriculteurs, il faut mettre en place des plateformes prennises avec comparaison entre SCV et systme de culture conventionnel. Ces plateformes devraient dailleurs tre payantes pour les visiteurs. Cela nancerait le surcot ncessaire pour monter ces petites units rgionales.
Quels sont les freins leur diffusion dans les pays dvelopps ?
L.S. Il y a beaucoup darguments suivant les rgions, les mentalits. Pour un pays dvelopp comme la France, je dirais en premier que la France, comme lEurope dailleurs, vit dans un nid douillet quon essaie de maintenir. Ds 1992, je faisais des confrences disant aux agriculteurs quils allaient perdre leur systme de primes. Ils ne me croyaient pas. Mais on y vient ! Alors que des agriculteurs auraient tendance abandonner, dautres ont dcid de prparer laprs PAC et cela depuis longtemps. Dabord en rduisant leurs cots intrants et en les appliquant de manire plus raisonne, puis en cherchant rduire leurs cots de mcanisation. Le SCV est la croise de ces proccupations et son adaptation par des agriculteurs franais comme J.C. Quillet* depuis 1994 a transform les perspectives de leurs exploitations : meilleure rentabilit nancire, rgularit des rendements, rduction des impacts ngatifs sur lenvironnement De manire gnrale, les subventions sont plutt un frein la diffusion des SCV en France. Les contraintes peuvent tre aussi lies une organisation inexistante pour raliser le changement, labsence de dmonstration durable, prennise en amont avec une antriorit sufsante, etc. Et enn, je dirais que la maladie de ce dbut de sicle est le manque daction et dengagement ! Le chemin de la dmonstration et des changements technologiques, cest un engagement. On peut alors prendre des risques majeurs. Il faut arrter de parler et il faut agir ! Chaque fois que lon est protg de tout, cela nit forcment mal. La vie nest pas comme a.
* Jean-Claude Quillet possde une exploitation agricole en Touraine (ouest de la France) o il cultive des crales en SCV. NDLR.
Y-a-t-il eu des progrs raliss dans la prise en compte des SCV dans les politiques des pays pilotes ?
L.S. Au Brsil, cest vident : les restructurations conomiques successives ont conduit rapidement promouvoir le semis direct grce la rduction des cots de production quil procure et qui a permis de hisser lagriculture brsilienne dans la mondialisation sans subventions. Cest dailleurs all plus loin que a. Une dynamique intelligente dassociations de semis direct pilote par une fdration nationale trs dynamique a colonis tout le pays. Dans les annes 90, il a t demand lEMBRAPA (recherche brsilienne) au cours dun grand vnement (auquel assistaient chercheurs, multinationales, ministres, associations) de sintresser au semis direct comme un sujet majeur, prioritaire ! La recherche tait, sur ce thme, la remorque du dveloppement ! a a boug tout de suite ! La recherche peut tre parfois plus rsistante au changement que les agriculteurs ! Madagascar et au Laos par exemple, pays reprsentatifs des petites agricultures familiales, les SCV sont pris en compte dans les grandes lignes daction du gouvernement. Cest inscrit dans les directives gnrales principales des politiques agricoles nationales.
techniques traditionnelles
V. Beauval
Lucien Sguy
THME
e thme 1 de ce dossier prsente les SCV de faon gnrale et thorique, les principes fondamentaux sur lesquels ils se basent, leur fonctionnement, les nombreux intrts et bnces tirs de leur mise en pratique (agronomiques, environnementaux et conomiques). Les SCV font partie de la grande famille de lagrocologie. Il nous a galement sembl opportun de dnir les multiples termes rencontrs dans la nombreuse littrature sur ce thme.
1.2 Histoire
Raunet M., 2003. Lhistoire du semis direct au Brsil. Cirad, Montpellier, France. Raunet M., 2004. Quelques facteurs dterminants de lmergence et du dveloppement des systmes semis direct dans quelques grands pays leaders (tats-Unis, Brsil, Argentine, Australie). In : Cirad, AFD, CTC, ESAK, ICARDA. Actes des deuximes rencontres mditerranennes sur le semis direct. 19-22 janvier 2004. Tabarka, Tunisie : 11-31. Raunet M. et Naudin K., 2006. Lutte contre la dsertication : lapport dune agriculture en semis direct sur couverture vgtale permanente (SCV). Les dossiers thmatiques du CSFD. N4. Septembre 2006. CSFD, Montpellier, France. www.csf-desertication.org/dossier/
SOMMAIRE
1.1 Le systme de culture en semis direct sur
couverture vgtale permanente (SCV)
Les SCV et leurs caractristiques
1.3 Principes
Cirad, 2002. Vers une agriculture durable : le semis direct sur couverture permanente. Plaquette du Cirad. Fauveau L., Husson O., Sguy L. (Eds). http://agroecologie.cirad.fr/index.php?rubrique=librairie&langue=fr Sguy L., Bouzinac S., Maronezzi A.C., 2001. Un dossier du semis direct. Systmes de culture et dynamique de la matire organique. Cirad/ Agronorte Pesquisas/Groupe MAEDA/ONG TAFA/FOFIFA/ANAE. Site internet du Cirad sur lagrocologie : http://agroecologie.cirad.fr Soltner D., 1992. Phytotechnie gnrale. Les bases de la production vgtale. Tome I : le sol. Collection sciences et techniques agricoles. Sainte-Gemmes-sur-Loire, France.
L. Sguy
1.6 Terminologie
Raunet M., 2005. Questions de terminologies autour de lagriculture de conservation et concernant le travail du sol et les couverts vgtaux. La Gazette des SCV au Cirad. 27(oct/nov 2005) : 31-35.
La plupart des documents sont tlchargeables sur le site de lagrocologie du Cirad : http://agroecologie.cirad.fr/index.php?rubrique=librairie&langue=fr Les publications de La gazette des SCV au Cirad sont disponibles sur simple demande Michel Raunet (Cirad), michel.raunet@cirad.fr
K. Naudin
1.1
LES BNFICES DES SCV SINSCRIVENT AU NIVEAU DE LEXPLOITATION AGRICOLE, DE LA COMMUNAUT ET DE LA PLANTE TOUTE ENTIRE
Les trois principes prcdents, sils sont correctement appliqus, vont permettre aussi bien au paysan qu la communaut de raliser un certain nombre de bnces agronomiques, environnementaux 1.4 et socio-conomiques 1.5 . Cest un moyen de concilier production agricole, amlioration des conditions de vie et protection de lenvironnement.
J.F. Richard
M. Raunet
agriculture conventionnelle base sur le labour est actuellement remise en question car elle apparat incapable de rpondre aux principaux challenges en matire de conservation des sols et des eaux, de protection de lenvironnement, de scurit alimentaire, An de rpondre ces enjeux, lune des voies agro-cologiques prometteuses de gestion des systmes de culture dans les pays du Sud est constitue par le non-travail du sol et le semis direct sur couverture vgtale permanente (SCV).
K. Naudin
Principes
Pas de travail du sol
Fonctions/Bnces
Pas de perturbation de la structure du sol Lutte contre lrosion Installation rapide des cultures Moins de travail et de main doeuvre Calendrier cultural plus souple Ne ncessite pas beaucoup dquipement Optimisation des ressources minrales et hydriques disponibles : augmentation des rendements
Bnces conomiques : des systmes de culture attractifs et une activit agricole rentable
Allgement des temps des travaux et de leur pnibilit Une demande en main duvre rduite Rduction des cots et dpenses en carburants (grandes exploitations), en intrants (engrais, pesticides) et de lacquisition, utilisation et entretien des quipements (tracteurs par exemple) Des productions agricoles diversies : lassociation avec llevage est possible car les plantes de couverture peuvent tre dexcellents fourrages Des niveaux de production comparables, voire suprieurs, ceux de lagriculture intensive moderne pour des cots et dpenses minimiss
Augmente le taux de matire organique, linltration de leau et la capacit de rtention du sol Fixe le carbone et lazote atmosphrique (cas des lgumineuses) Protge le sol contre lrosion et amliore la structure du sol Augmente la quantit dlments nutritifs par recyclage des nutriments lessivs des horizons profonds vers la surface du sol o ils peuvent tre utiliss par les cultures principales Rduit la perte de lhumidit du sol par vaporation Contrle les mauvaises herbes Aide lutilisation de leau profonde du sol Peut tre utilise comme fourrage Diversication de la production agricole (alimentation de lhomme et du btail) Rduction des risques de maladies et dinvasion de ravageurs ainsi que de lenherbement Meilleure distribution de leau et des lments nutritifs dans les diffrentes couches du sol Augmentation de la xation de lazote par lintroduction de lgumineuses Meilleure valorisation des ressources en eau et en lments nutritifs du sol grce la succession ou lassociation de plantes aux systmes racinaires diffrents Amlioration de lquilibre N/P/K aussi bien dorigine organique que minrale Augmentation de la synthse de lhumus
Rotations culturales
1.2
es ides de base et la mise en pratique du semis direct ont merg en dehors des zones tropicales, dabord aux USA partir des annes 60, puis au sud du Brsil (sub-tropical), en Australie, en Argentine et au Canada partir des annes 70. Les pratiques agricoles, jusqualors constitues par le labour, les pulvrisations rptes des sols et la pratique excessive de la monoculture, ont entran des catastrophes cologiques de grande ampleur aux lourdes consquences socio-conomiques. Le cas le plus connu est celui du dust bowl (nuages de poussire recouvrant infrastructures, champs,...) entre les annes 20 et 40 dans les Grandes Plaines semi-arides amricaines du fait dune dgradation des sols et dune rosion olienne exacerbe. Ce vritable au national fut lorigine de la remise en cause du labour ds les annes 30 aux USA. Des phnomnes comparables ont eu lieu en Australie durant les annes 50-60. En Amrique latine, le semis direct a commenc tre adopt par quelques agriculteurs partir des annes 70 suite des phnomnes importants drosion hydrique dans le sud du Brsil (tat du Parana) et en Argentine dans les Pampas Centrales. Cette prise de conscience, individuelle ou collective, des processus drosion des terres, a t le point de dpart du semis direct dans ces diffrentes rgions du monde.
UN DVELOPPEMENT FOUDROYANT EN AGRICULTURE MOTORISE AUX USA ET EN AMRIQUE LATINE GRCE LA VOLONT DAGRICULTEURS PIONNIERS ET DE CHERCHEURS ATYPIQUES
Des groupes dagriculteurs pionniers, conscients de la dgradation de leurs terres, se sont mobiliss en entranant la recherche (publique et prive), pour inventer ces nouvelles faons de produire. Le rle dentranement de ces pionniers et chercheurs atypiques sur les autres agriculteurs a, dans tous les pays, t considrable. Ils ont en effet encourag la dissmination et ladoption de ces techniques par des visites de dmonstration sur leurs propres fermes, ou en tmoignant des congrs, sminaires, rencontres, Dans ce cadre, les groupements dagriculteurs -associations, coopratives, fondations- ont jou un rle fondamental (au Brsil par exemple 4.1 ).
M. Raunet
L. Sguy
LA RECHERCHE AU CIRAD : LES SCV POUR LA PETITE AGRICULTURE DES PAYS DU SUD ET LA GRANDE AGRICULTURE MOTORISE EN ZONE TROPICALE
Actuellement, la prise de conscience de la fragilit de notre environnement est mondiale comme en tmoignent les grands accords internationaux (biodiversit, changement climatique, lutte contre la dsertication). Notamment dans les pays du Sud, la situation est dramatique avec une croissance dmographique soutenue, la saturation du foncier et des pressions importantes sur les ressources naturelles. Lagriculture traditionnelle narrive plus y maintenir la fertilit et la capacit de production des terres. Le dveloppement de solutions alternatives semble dans ce contexte invitable. Les techniques de semis direct dveloppes en zones subtropicales (Brsil) et tempres (USA, Australie, Argentine), construites sur les seuls rsidus de rcolte, sont insufsantes pour restaurer rapidement, puis maintenir la fertilit globale du sol, au moindre cot en zone tropicale (en effet la minralisation des rsidus est bien trop rapide en rgion chaude). Il savre alors ncessaire dajouter une biomasse associe sous forme de couverture vgtale. partir de ce constat, les recherches entreprises depuis les annes 80 par le Cirad (L. Sguy et S. Bouzinac) et ses partenaires nationaux (agriculteurs, coopratives, entreprises prives, ) visent la cration de nouveaux systmes de culture inspirs des expriences brsiliennes de semis direct en grande agriculture mcanise ; le d tant de les adapter puis de les diffuser dans toutes les cologies tropicales (et non plus tempres et subtropicales), dans un contexte de petite agriculture gnralement pauvre ne disposant souvent pas dintrants et o lrosion et la dgradation des sols sont alarmantes. Des systmes de culture, directement inspirs du fonctionnement de lcosystme forestier, ont ainsi t dvelopps par le Cirad : les SCV qui allient semis direct et couverture vgtale permanente du sol. Ils sadaptent toutes les rgions tropicales sches et humides (Afrique, Asie, Amrique tropicale). Lenjeu est maintenant de gnraliser cette nouvelle forme dagriculture, vraiment durable cette fois, lensemble du monde intertropical.
1.3
K. Naudin
LITIRES
Minralisation Ca, Mg, K,
NO3, P...
Le maintien dune couverture totale et permanente de la surface du sol reprsente la meilleure et la plus efcace protection contre la pollution par les pesticides pour tous les types dagriculture. Elle assure aussi un milieu tamponn o temprature et humidit sont rgules, garantissant ainsi aux cultures, la faune et la microore des conditions de croissance plus favorables.
Eau profonde
1.4
es SCV prsentent de nombreux avantages sur les plans environnemental et agronomique. Beaucoup se retrouvent au niveau de la parcelle, et dautres ne sont pas perus directement par lagriculteur. Certains ne sont pas encore bien apprhends et totalement reconnus, notamment ceux qui ncessitent une adoption de ces pratiques une plus grande chelle, au niveau dun terroir par exemple (remonte des nappes phratiques).
K. Naudin
Lutilisation de produits chimiques (pesticides et engrais minraux) doit se faire de faon raisonne pour ne pas affecter cette activit biologique du sol si importante. Un sol en SCV est toujours protg des molcules polluantes par la litire permanente. En effet, au cours du processus de digestion biologique de la litire, les molcules chimiques polluantes interceptes sont dgrades en molcules plus simples non polluantes. Les SCV se comportent probablement (tudes en cours) comme un systme auto-purateur (sols et productions agricoles). Les plantes de couverture systmes racinaires puissants permettent une dcompaction et la rcupration des sols colmats. Elles permettent aussi de recycler les lments nutritifs des couches profondes du sol. Le choix des plantes de couverture est dterminant : les plus efcaces sont les plus puissantes, capables dassurer le mieux les fonctions la fois de protection et de restructuration des sols, de recyclage profond des nutriments (qui exige lutilisation de leau profonde du sol). La capacit de production des systmes en matire sche, mme en saison sche, est alors augmente limage de lcosystme forestier.
Effets sur la parcelle : enrichissement en matire organique, azote
sols et rgnration de leur fertilit, protection accrue des ouvrages en aval (barrages, routes )
et carbone, recyclage des lments minraux de la profondeur vers la surface du sol (conomie dintrants), amlioration de la structure et de la porosit du sol Effets au niveau des units de paysage : rgnration de la fertilit des sols mme les plus pauvres, rgulation des ux hydriques sols-nappes, qualit biologique des sols, des eaux et des productions agricoles
L. sguy
Sol compact
K. Naudin
(conomie dintrants)
Effets au niveau des units de paysage : diminution de leur impact
sur la pollution des sols et des nappes phratiques, amlioration de la qualit et la scurit alimentaire
L. Sguy
contribution la protection de la biodiversit, rduction de lagriculture itinrante et de la dforestation, contrle naturel et au moindre cot des pestes vgtales.
2.3
grande rgion cologique : rduction des risques dinondation et des ux destructeurs, prservation des ressources en eau (qualit et quantit), remonte des nappes phratiques en aval, extension de laire gographique des cultures alimentaires et industrielles.
Stocker du carbone dans le sol reprsente la fois des enjeux agronomiques (amlioration des proprits physico-chimiques et biologiques du sol) et environnementaux (rduction de la quantit de CO2 atmosphrique). Laugmentation de la concentration atmosphrique en gaz effet de serre (GES) contribue au processus de rchauffement climatique. Limportance des missions de GES en agriculture et de sa rduction possible par les pratiques agricoles comme les SCV est aujourdhui prouve. Lagriculture peut participer leffet de serre en positif ou ngatif : comme mettrice de GES en agriculture conventionnelle et comme puits de carbone. En SCV, le bilan est fortement en faveur de la squestration du carbone. Dune part, le semis direct permet une diminution de la consommation de carburant (moins de travail mcanis) et rduit donc les missions de CO2 issues des tracteurs. Dautre part, les SCV permettent la xation du carbone dans la matire organique accumule dans le sol : le carbone y est littralement pig. Ainsi, les SCV permettent de xer 0,5 plus de 2 tonnes de carbone lhectare et par an pendant au moins 10 ans. Pratiqus grande chelle, les SCV pourraient ainsi contribuer signicativement la matrise de la pollution de lair en gnral, et la limitation du rchauffement climatique.
Effets sur la parcelle : conomie dintrants (fuel notamment),
1.5
es bnces conomiques lis aux SCV sobservent court terme, comme la rduction des cots de production ou long terme comme la stabilisation des rendements. Ils peuvent tre directs pour lagriculteur (diminution du temps de travail) ou indirects (rduction des dpenses dentretien des infrastructures). Ces bnces sobservent diffrentes chelles, de lagriculteur la plante. Les consquences conomiques de la pratique du SCV dpendent des caractristiques des systmes SCV et des contextes dans lesquels ils sinsrent.
En agriculture mcanise, les charges directes de mcanisation (entretien et rparation dengins) sont rduites. Aucun quipement sophistiqu nest ncessaire (except ventuellement le semoir) : les SCV sont la porte des agriculteurs les plus modestes. Un nombre rduit doprations culturales signie peu dutilisation et moins de dgradation des quipements, ce qui engendre moins de dpenses en frais de maintenance ou de rparation.
LCHELLE DU PRODUCTEUR
RDUCTION DES COTS DE PRODUCTION
Les SCV permettent de rduire le temps de travail et sa pnibilit, facilitant la gestion des pics de travaux (prparation des champs, entretien des cultures). Le calendrier agricole est assoupli avec une diminution du nombre doprations culturales. Ce gain de temps et de main duvre permet la diversication des activits ou laugmentation des supercies cultives et donc des revenus du producteur. long terme, des conomies sont ralises sur les intrants (engrais, pesticides, gazole) par rapport lagriculture conventionnelle. Labsence de travail du sol permet de raliser des conomies de gazole consquentes (jusqu 50% en agriculture motorise). Les dpenses pour les traitements pesticides et les engrais sont galement diminues mais elles se mesurent plus long terme. Le taux de matire organique du sol augmente grce au SCV amliorant ainsi la fertilit et la capacit de rtention en eau du sol. Ces facteurs amliorent lefcacit des fertilisants, induisant long terme une rduction des quantits dengrais utilises. Les dpenses pour lachat des herbicides diminuent mesure que la couverture permanente du sol et les rotations de culture jouent leur fonction de contrle de lenherbement. Les attaques des pestes et ravageurs sont galement rduites grce la pratique des rotations culturales et la mise en place de plantes de couverture.
J.F. Richard
M. Raunet
chelles
Producteur
Gains attendus
Diminution des pics de travail Diminution de la main duvre Augmentation et stabilisation des rendements conomie dintrants Diversication des productions Augmentation du nombre de jours utiles pour effectuer les oprations culturales (accs au champ) Diminution inscurit alimentaire Meilleure protection des bassins versants, des ouvrages en aval et des zones littorales Remonte des nappes phratiques Meilleure qualit des eaux et rgulation hydrologique Passage dune agriculture itinrante et minire une agriculture stabilise et durable Protection de la biodiversit Participation la lutte contre la pauvret Participation la lutte contre leffet de serre Protection de la biodiversit Augmentation de lactivit conomique Lutte contre la dsertication
Cots
Achat et amortissement du matriel Achat de semences de plantes de couverture et dherbicides Formation et apprentissage Cots dorganisation et de fonctionnement dassociations
Rgionale et nationale
Formation, sensibilisation, encadrement, vulgarisation Assistance technique extrieure Recherche daccompagnement Amlioration des services en zone rurale
SCV Revenu net (/ha) Jours de travail par ha Valorisation (/jour travaill) 301 101 3,53
Mondiale
1.6
Zro-labour ou non-labour
Le plus souvent, cette expression est ambigu car rsultant dune mauvaise traduction des termes amricains (no tillage ou zero tillage). En effet, tillage signie travail du sol et pas labour . La traduction dle de no tillage devrait donc tre non travail du sol (donc semis direct ). On peut donc parler de zro-labour mme si le sol est travaill en surface (comme les TCS). Ce terme ne devrait donc plus tre utilis.
Agrocologie
Lagrocologie est la science qui concerne lensemble des techniques protectrices du sol et amliorantes de sa fertilit, mais en mme temps productives et conomes en intrants chimiques. Elle amliore les fonctions naturelles des cosystmes, et donc intensie lactivit biologique dans et au-dessus du sol, au bnce de lagriculteur et de la production agricole durable. Ce terme englobe, entre autres, les SCV, lagriculture biologique, etc.
Semis direct
Le semis direct est un systme de culture, dans lequel la semence est place directement dans le sol qui nest jamais travaill. Seul un petit trou ou un sillon de semis est ouvert. Il peut exister une couverture vgtale (permanente ou intermittente, morte ou vivante) ou, ventuellement, aucune couverture (sol nu). En gnral, il y a les rsidus de rcolte.
Systmes de culture en semis direct sur couverture vgtale SCV (Direct seeding mulch-based cropping systems, DMC)
Lance par le Cirad en 1999, cette appellation regroupe des systmes de culture incluant les deux principes fondamentaux de suppression du travail du sol et de couverture vgtale permanente du sol. Lexpression couverture vgtale signie un mulch mort (rsidus de rcolte, de plantes de couverture ou dadventices tues) ou vivant associ la culture.
Reduced tillage
Ce terme amricain signie une couverture du sol (rsidus) de 15 30 pour cent de la surface au moment du semis. Il se rapproche assez des actuels TCS franaises et de lancien travail minimum (minimum tillage). Il faut viter dutiliser la traduction franaise travail rduit qui serait emprunt dune grosse imprcision.
L. Sguy
L. Sguy
THME
2
V. Beauval
e deuxime thme de ce dossier traite des impacts attendus des SCV sur les principaux enjeux mondiaux actuels, objets des grandes conventions internationales denvironnement : le changement climatique, la lutte contre la dsertication et la diversit biologique. Il sagit entre autres de comprendre comment et pourquoi les SCV, sils taient pratiqus grande chelle, contribueraient apporter des lments de rponse ou de solution ces diffrents enjeux. Actuellement, et particulirement dans les pays du Sud, lexprience rcente des SCV en petite agriculture na pas encore eu lieu lchelle dun bassin versant, voire dune rgion toute entire, et ne permet pas encore dafrmer de faon quantitative ces diffrents bnces...
SOMMAIRE
2.1 SCV, dgradation des terres
et dsertication
Les impacts positifs attendus des SCV en matire de lutte contre la dgradation des sols et la dsertication
2.2 Biodiversit
Boyer J., 2001. La faune du sol. In: Cirad. Mthodes et outils pour la cration et lappropriation par les paysans ditinraires techniques avec semis direct sur couverture vgtale. Cdrom. Montpellier, France. Bourguignon C. et L., 2003. Un milliard dhectares striliss en un sicle ? Il est grand temps de soigner les sols ! ABCD Presse. News Letter 4. Tlchargeable sur www.abcdpresse.fr/pdf/BourguignonLastIssue.pdf Dounias I., 2001. op. cit. 2.1 . Raunet M., 2005. SCV et biodiversit. La Gazette des SCV au Cirad. 25 (nov. 2005). Cirad, Montpellier, France.
V. Beauval
Sguy L., Bouzinac S., Maronezzi A.C., 2001. Dossier du semis direct sous couverture. Cdrom. Cirad, Montpellier, France. Sguy L., Bouzinac S., Maronezzi A.C., 2002. Systmes de culture et dynamiques de la matire organique : le semis direct sur couverture permanente, une rvolution agricole. Poster. Cirad, Montpellier, France. Sguy L., Bouzinac S.., Quillet J.C. et A., Bourguignon C. et L., 2003. Dossier squestration carbone. Et si on avait sous-estim le potentiel de squestration pour le semis direct ? Quelles consquences pour la fertilit des sols et la production ? In: Sguy L. et Bouzinac S., 2003. Agriculture durable. Cdrom. Juin 2003. Cirad, Montpellier, France. Sguy L., Bouzinac S., Scopel E., Ribeiro F., Belot J.L., Maronezzi A., Martin J., 2003. Agriculture durable - 20 ans de recherche du Cirad-Ca et des ses partenaires brsiliens en zone tropicale humide, Centre-Ouest du Brsil. Cdrom. Cirad, Montpellier, France.
La plupart des documents sont tlchargeables sur le site de lagrocologie du Cirad : http://agroecologie.cirad.fr/index.php?rubrique=librairie&langue=fr Les publications de La gazette des SCV au Cirad sont disponibles sur simple demande Michel Raunet (Cirad), michel.raunet@cirad.fr
L. Sguy
2.1
a dgradation des sols a pris une ampleur considrable au niveau mondial. Chaque anne, 5 7 millions dhectares de surfaces arables disparaissent. Dans le contexte actuel de forte croissance dmographique et de pression accrue sur les ressources, les sols tropicaux sont particulirement menacs. Les systmes de production traditionnels narrivent plus maintenir la fertilit et la capacit de production des sols. Lutter contre les phnomnes de dgradation des sols et rgnrer les sols dgrads sont deux objectifs essentiels des SCV.
K. Naudin
K. Naudin
M. Raunet
Facteurs favorisant la dgradation des sols Caractristiques physiques des sols: Structure (limoneux ou argileux kaolinite) Faible taux de matire organique
Effets attendus
Enrichissement en matire organique Action des racines des plantes de couverture Augmentation de lactivit biologique Maintien dune porosit favorable
Passage dengins lourds, travail du sol en mauvaises conditions (rosion mcanique, compactage des sols) Vents violents, sol nu pulvris (rosion olienne) Pluies violentes, pentes fortes, sol nu (rosion hydrique)
Limitation du nombre Amlioration de la structure du sol de passage dengins Meilleur accs des lourds machines au champ Sol non travaill Prol de sol plus ferme
Lutte contre la perte de terre et les nuages de poussires Diminution des ruissellements et des pertes en terres et eau
Rduction de limpact des gouttes de pluie par la couverture vgtale Sol cousu Augmentation de linltration
EFFETS DES SCV LCHELLE DES TERROIRS, DES BASSINS VERSANTS ET DES PAYSAGES
Dans les zones arides et semiarides, lrosion, notamment olienne, est une cause importante de dsertication et de dgradation des sols. La diminution, voire larrt de lrosion devrait avoir un impact signicatif en matire de lutte contre la dsertication. De faon indirecte, le comblement des retenues des barrages en aval est moins rapide et les dgts sur les autres infrastructures collectives (routes, constructions,) sont limits grce la pratique des SCV. Les travaux anti-rosifs (de dfense et restauration des sols et de conservation des eaux et des sols), lourds et coteux, ne sont plus ncessaires sur les terres cultives en SCV. Cest le cas au Maghreb et notamment en Tunisie. Grce la diminution importante du ruissellement, les parties aval des paysages, dpressions, cuvettes, bas-fonds et parties infrieures des glacis, ne devraient plus tre inondes. Les terroirs et zones habites seraient ainsi protgs et ne seraient plus condamns par les brutales arrives deau. Laugmentation de linltration de leau lchelle des bassins versants devrait permettre la remonte (un plusieurs mtres) des nappes phratiques. Les puits des villages seraient alors moins profonds et moins susceptibles de sasscher, les bas-fonds seraient mieux aliments en eau, de faon plus rgulire amliorant les conditions de la riziculture, du marachage de contre-saison et de labreuvement des animaux, les coulements des cours deau seraient rgulariss et tals sur toute lanne.
K. Tao
SCV et biodiversit
Les SCV peuvent-ils rconcilier agriculture
et conservation de la biodiversit ?
2.2
a biodiversit contribue, de multiples faons, au dveloppement des communauts humaines en fournissant des produits varis (aliments, bois,...) et en rendant de multiples services (xation du carbone par exemple). En plus de son intrt cologique pour la communaut, sa valeur conomique est actuellement mise en avant. Le dclin de la biodiversit est reconnu par lensemble des scientiques et des politiques au niveau international et les activits humaines sont aujourdhui pointes du doigt. La question de la modication des pratiques anthropiques se pose invitablement, et notamment celle des pratiques culturales.
LA BIODIVERSIT
Le terme biodiversit est la contraction de diversit biologique . Selon, la Convention des Nations Unies sur la diversit biologique, il sagit de la variabilit des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les cosystmes terrestres, marins et autres cosystmes aquatiques et les complexes cologiques dont ils font partie; cela comprend la diversit au sein des espces et entre espces ainsi que celle des cosystmes . Il existe trois niveaux auxquels la biodiversit est associe : la diversit gntique : diversit des gnes au sein dune espce la diversit spcique : diversit entre les espces la diversit au niveau des cosystmes : diversit un niveau dorganisation plus lev, lcosystme, qui comprend la diversit des diffrents processus et interactions durables entre les espces, leurs habitats et lenvironnement.
(pour plus dinformations, consulter le site de la convention www.biodiv.org)
V. Beauval
L. Sguy
SCV et biodiversit
Contacts : C. Corbier-Barthaux (AFD) corbierc@afd.fr | L. Sguy (Cirad) lucien.seguy@cirad.fr | C. Bourguignon (LAMS) lams21@club-internet.fr
K. Naudin
V. Beauval
2.3
Pour parler de puits de carbone, il faut parler de bilan du carbone. En effet La vgtation et le sol sont considrs comme puits de carbone sils xent (ou accumulent) plus de carbone quils nen librent. Stocker du carbone dans le sol reprsente alors la fois des enjeux agronomiques (amlioration des proprits physico-chimiques du sol) et environnementaux (rduction de la quantit de CO2 atmosphrique). En effet, les sols constituent un norme rservoir de carbone. lchelle plantaire, les sols squestrent davantage de carbone (1 550 milliards de tonnes) que latmosphre (750 milliards de tonnes) et la biomasse vgtale (550 milliards de tonnes) runies : Les sols sous fort naturelle contiennent la plus forte proportion de carbone stock dans lhumus (matire organique stable), les racines, la litire non dcompose la surface du sol et les organismes htrotrophes prsents dans le sol. Les prairies stockent galement du carbone en grande quantit, principalement dans le sol. Les sols agricoles, suivant leur mode de gestion, peuvent aussi se comporter comme des puits de carbone, mais le plus souvent ils sont des sources de carbone atmosphrique. Diverses tudes (Cirad) ont montr que le potentiel de squestration du carbone des sols agricoles grs en SCV est denviron 1 2 t/ha/an de carbone sur 10 15 ans. Il est alors possible de stocker du carbone en changeant soit lusage des terres (afforestion), soit les pratiques agricoles (non travail du sol et couvert vgtal permanent).
Assimilation par les vgtaux
L. Sguy
V. Beauval
V. Beauval
Dcomposition de la litire
Cycle du carbone
La dforestation en zone tropicale due lagriculture itinrante sur brlis a un double impact sur laugmentation de leffet de serre : par la forte libration de carbone par combustion de la biomasse lors du brlis (100 200 t/ha de carbone) et par une baisse rgulire du taux de matire organique des anciens sols forestiers transforms en sols cultivs travaills. Les SCV permettent une sdentarisation des agriculteurs itinrants et donc de ce point de vue participent indirectement la squestration du carbone. Limpact des SCV sur la richesse et la diversit de la faune et de la ore du sol doit galement tre soulign car ces dernires induisent un accroissement de la capacit de stockage des sols et une diversication des modes de transformation. Dans les sols grs en SCV, on ne connat que peu de choses sur la production doxyde dazote lors des processus de nitricationdnitrication bactriennes, en particulier si des lgumineuses sont utilises comme plantes de couverture. Toutefois, les SCV ne semblent pas induire daccroissement des missions de NO et N2O. La capacit des SCV stocker du carbone leur confre un intrt environnemental important et pourrait devenir un objectif part entire dans le cadre du dbat international, marchand ou non, sur leffet de serre.
V. Beauval
J.F. Richard
THME
es tudes de cas exposes dans le thme 3 de ce dossier sont destines fournir des exemples concrets et russis de mise en place de SCV dans le cadre du PTA et dans quatre pays du Sud, tous ralises dans lesprit de la recherche-action du Cirad. Ces exemples prennent place dans des zones trs contrastes aux plans gomorphologique, pdologique, climatique et socio-conomique. Leur point commun est que ces zones sont toutes soumises de graves problmes drosion et de dgradation des terres. LAfrique centrale est reprsent par le Cameroun, locan indien et lAfrique australe par Madagascar, lAsie du sud-est par le Laos et enn lAfrique du Nord et le pourtour mditerranen par la Tunisie.
3.1 Cameroun
Adoum O., 2005. Effets des modes de culture sur les proprits physiques du sol : comparaison du semis direct et systmes de culture sur couverture vgtale au Nord du Cameroun. Mmoire dingnieur agronome, FASA, Dschang, Cameroun. Bikay S., 2005. Inventaire de la macrofaune en culture cotonnire sous quatre modes de gestion des sols : cas de Wind Pintchoumba (Nord) et Zouana (Extrme-Nord) . Mmoire dingnieur agronome. Universit de Dschang, Cameroun. Brvault T, Bikay S, Naudin K., 2005. Macrofauna pattern in conventional and direct seeding mulchbased cotton cropping systems in North Cameroon. In: IIIrd world congress on conservation agriculture, Nairobi (African conservation tillage network). Naudin K., 2002. Systmes de culture sur couverture vgtale. Saison 2001/2002. Rapport dactivit Juin 2001-Fvrier 2002. Cirad/Sodecoton, Garoua, Cameroun. Naudin K., Balarabe O., Guibert H., Abou Abba A., Charpentier H., 2003. Designing of direct seeding cropping systems with Northern Cameroonian farmers. Naudin K., Balarabe O., 2004. Systmes de culture sur couverture vgtale. Rsultats campagne 2003. Vol. I. Synthse. Cirad/Sodecoton, Garoua, Cameroun. Naudin K., Balarabe O., 2005. Four-years of experimentation on under mulch by North Cameroonian farmers. In: IIIrd world congress on conservation agriculture, Narobi (African conservation tillage network). Naudin K., Balarabe O., Aboubakary, 2005. Systmes de culture sur couverture vgtale. Rsultats campagne 2004. Vol. I. Synthse. Cirad/ Sodecoton, Garoua, Cameroun. Naudin K., Balarabe O., 2006. Appui au projet ESA. Suivi de la composante systmes de culture sur couverture vgtale. Mission Maroua et Garoua, Cameroun, du 22 fvrier au 1er mars 2006. Rapport de mission, Cirad, Montpellier, France. Njoya A., Awa A.A., Onana J., Kameni A., Ngo Tama A.C., Awa D.N., 2003. Gestion alimentaire du btail dans le cadre du systme de culture sous couverture vgtale au nord du Cameroun. In: IRAD. Rsultats des travaux raliss entre mai 2002 et juin 2003. Garoua, Cameroun : 61-98. Raunet M., Naudin K., 2006. Lutte contre la dsertication : lapport dune agriculture en semis direct sur couverture vgtale permanente (SCV). Les dossiers thmatiques du CSFD. N4. Septembre 2006. CSFD, Montpellier, France. Tlchargeable sur www.csf-desertication.org/ dossier/dossier2.php Sguy L. (animateur scientique SCV), 1998-2004. Rapports annuels de mission dappui au Cameroun. Cirad, Montpellier, France. Soutou G., 2004. Modications du bilan hydrique par les systmes de culture sur couverture vgtale : cas du cotonnier et du sorgho dans lExtrme-Nord du Cameroun. Mmoire de n dtudes. Agro. M., Montpellier, France. Soutou G., Naudin K., Scopel E. 2005. Crop water balance in conventional and direct seeding mulchbased cotton cropping systems in North Cameroon. In: IIIrd world congress on conservation agriculture, Nairobi (African conservation tillage network).
SOMMAIRE
3.1 Les systmes cotonniers
du Nord-Cameroun
a. Mise en place de SCV crale/coton sur couverture morte b. Les principaux impacts
3.2 Laos
Cirad/NAFRI/AFD/FFEM/MAE, 2006. Semis direct sur couverture vgtale permanente (SCV). Enjeux et potentiels pour une agriculture durable du Laos. NAFRI, Cirad, 2005. Development and implementation of direct seeding mulch-based cropping systems in South-East Asia. Case studies from the Lao national Agro-ecology programme. Tivet F., Tran Quoc H., Lienhard P., Chabanne A., Panyasiri K. (eds). PRONAE Working document. AFD/FFEM/MAE/ NAFRI/Cirad. Sguy L. (animateur scientique SCV), 2000-2005. Rapports annuels de mission dappui au Laos. Cirad, Montpellier, France. Tivet F., 2005. Rapport annuel dactivits. Anne 2005. Cirad, Montpellier, France. Tivet F., Khamxaykhay C., Tran Quoc H., Chantharath B., Panyasiri K., Julien P., Sguy L., 2003. Comparison of conventional and direct seeding techniques on lowland ecosystem South of Sayaboury province - PDR Lao. NAFRI, Cirad, AFD. Tivet F., Khamxaykhay C., Tran Quoc H., Chantharath B., Panyasiri K., Julien P., Sguy L., 2003. Agroecology approach for the south of Sayaboury province - PDR Lao Direct seeding on vegetal cover. Tivet F., Khamxaykhay C., Tran Quoc H., Chantharath B., Panyasiri K., Julien P., Sguy L., 2003. Implementing direct seeding techniques for the rainfed upland rice South of Sayaboury province - PDR Lao. Tran Quoc H., Tivet F., Khamxaykhay C., Keodouangsy C., Sguy L., 2006. Issues Concerning the Adoption of Direct Seeding Mulch-Based Cropping Systems in Southern Xayabury, Lao. Site Internet de lUR SCV du Cirad : www.cirad.fr/ur/index.php/ couverts_permanents/projet_de_recherche/asie_du_sud_est/le_projet_laos
3.4 Tunisie
Aissa A.D., Jellali B., 2004. Pertes solides et ruissellement en semis direct et conventionnel. In: AFD/Cirad/CTC/ESAK/ICARDA. Deuximes rencontres mditerranennes sur le semis direct. 10-22 janvier 2004, Tabarka, Tunisie. Actes. : 71-73. Anon., 2004. Tmoignages des agriculteurs. In: Tabarka, Tunisie. Actes : 40-46. Ben-Hammouda M., Guesmi M., Nasr K., Khammassi M., 2004. volution de la matire organique en semis direct et conventionnel. In: Tabarka, Tunisie. Actes : 104-107. Ben Moussa Machraoui S., 2004. Semis direct et mso-faune du sol. In: Tabarka, Tunisie. Actes : 82-86. Bourguignon L., Bourguignon C., 2004. Comparaisons analytiques des sols tunisiens cultivs en labour et en semis direct. In: Tabarka, Tunisie. Actes : 90-98. Chouen S., Quillet J.C., Rojat D., 2004, Semis direct et techniques conventionnelles en Tunisie : comparaison des cots de production sur des exploitations types et lments danalyse conomique, In: Tabarka, Tunisie. Actes : 116-120. Cirad, 2004. Le dveloppement du semis direct en Tunisie. Cirad, Montpellier, France. Demailly D., 2003. Mthodologie dvaluation conomique des externalits cres par les techniques de culture en semis direct en Tunisie. Rapport de stage ENGREF/AFD, Paris. Maarou H., Sebi R., MHedhbi K., 2004. valuation conomique des semis directs et conventionnels. In: Tabarka, Tunisie. Actes : 109-115. MHedbi K., Ben-Hammouda M., Letourmy P., Nasr K., Ali Hannachi M., Chouen S., Mahouachi M.A., Jarrahi T., Nasraoui R., Zaouani R. et Fakhfakh M.M., 2004. Rsultats agronomiques de production pour les semis directs et conventionnels. In: Tabarka, Tunisie. Actes : 87-89. Nouiri I., MHedhbi K., Ben-Hammouda M., Khammassi M., Neit El-Arbi S. Ali Hannachi M., Guesmi L., Mannai C. et Hajdi S., 2004. tude comparative de lvolution de lhumidit des horizons du sol entre le semis direct et le semis traditionnel. In: Tabarka, Tunisie. Actes : 59-66. Raunet M., 2002. Projet de recherche-dveloppement sur le semis direct avec couverture vgtale en Tunisie. Contexte et propositions dappuis scientiques. Cirad, Montpellier, France. Raunet M., Richard J.-F., Rojat D., n.d., Agriculture de conservation et lutte contre lrosion en Tunisie. AFD/Cirad, France. Richard J.F., 2005. Le semis direct en Tunisie. La gazette des SCV au Cirad. 28(Nov. 2005) : 38-41. Sguy L. (animateur scientique SCV), 2000-2003. Rapports annuels de mission dappui en Tunisie. Cirad, Montpellier, France. Sguy L., Quillet J.C., 2005. tats des lieux du semis direct en Tunisie et propositions dactions pour son amlioration. Mission du 14 au 17 avril 2005. Cirad, Montpellier, France.,
3.3 Madagascar
Balarabe O., 2004. Rapport de stage de formation effectu auprs de lONG TAFA Madagascar - Expriences sur les Systmes de culture sur Couverture Vgtale (SCV) acquises par lONG TAFA et lquipe du Cirad depuis plus de 10 ans. Valoriser leurs acquis sur le plan technique et sur le plan de lorganisation. 19 mars au 17 avril 2004. Cirad, Montpellier, France. Chabierski S., Dabat M.H., Grandjean P., Ravalitera A., Andriamalala H., 2005. Une approche socio-co-territoriale en appui la diffusion des techniques agro-cologiques au Lac Alaotra, Madagascar. Cirad, Montpellier, France. Charpentier H., Razanamparany C. , Rasoloarimanana D., Rakotonarivo B., 2001. Rapport du Projet de diffusion de systmes de gestion agrobiologique des sols et des systmes cultivs Madagascar - rapport de campagne 2000/2001 et synthse des 3 annes du projet. Cirad, Montpellier, France. Charpentier H., Razanamparany C., Andriantsilavo M., Andriaman-draivonona H., 2004. Projet dappui la diffusion des techniques agro-cologiques Madagascar - Rapport de campagne 2002-2003. Cirad, Montpellier, France. Husson O., n.d. Intrts et contraintes de mise en culture de nouvelles varits de riz brsiliens poly-aptitudes appeles SEBOTA. Cirad, Montpellier, France. Husson O., Andriamahanina M. , Rakotondralambo T., Rakotondramana, Ramaroson I., Rasolo F., 2003. Diffusion of direct planting on permanent soil cover. the direct seeding group of Madagascar (GSDM). Poster. Husson O., Rakotondramanana, Sguy L., Cirad/GSDM, 2006. Le semis direct sur couverture vgtale permanente. Enjeux et potentiel pour une agriculture durable Madagascar. Plaquette. Cirad, Montpellier, France. Michellon R., Moussa N., Razanamparany C., Razakamiaramanana, Husson O., Sguy L., 2005. Lcobuage : une pratique faible cot pour restaurer rapidement la fertilit du sol et augmenter la production. Cirad, Montpellier, France. Michellon R., Ramaroson I., Razanamparany C., Moussa N., Sguy L., 2005. Conception de systmes de culture sur couverture vgtale permanente avec un minimum dintrants sur les hautes-terres Malgaches. Poster. Cirad, Montpellier, France. Muller B., Rabezanahary S., Rakotoarisoa J., Razakamiaramanana, Dusserre J., 2005. Rduction du ruissellement en semis direct sur couverture vgtale : quel intrt hydrique sur les cultures sur les hautes terres de Madagascar ? Cirad, Montpellier, France.
La plupart des documents sont tlchargeables sur le site de lagrocologie du Cirad : http://agroecologie.cirad.fr/index.php?rubrique=librairie&langue=fr Les publications de La gazette des SCV au Cirad sont disponibles sur simple demande Michel Raunet (Cirad), michel.raunet@cirad.fr
CARACTRISTIQUES DE LA ZONE
Pluviomtrie annuelle : faible - 600 mm au Nord, 1 200 mm au Sud Sols : ferrugineux tropicaux dominance sablo-argileuse Relief : htrogne, vastes plaines et montagnes abruptes Vgtation naturelle : savanes arbores et arbustives Population : plus de 3 millions dindividus avec des densits variables (Nord : 20 habitants/km ; montagnes : 200 habitants/km) conomie : petite agriculture familiale (exploitation de 2 3 ha) et levage Principales cultures : mil, sorgho, riz, coton en rotation avec des crales ou avec des crales/lgumineuses levage : type transhumant Principales contraintes : scheresses frquentes, courte saison des pluies, graves problmes drosion et de ruissellement, sols dgrads et gnralement compacts, faibles rendements (coton et crales), surexploitation des ressources (pturage), comptition pour les ressources entre leveurs et agriculteurs, faible capacit dinvestissement des producteurs et accs limit aux marchs. Partenaires : AFD/FFEM/Cirad/Sodecoton (Socit de Dveloppement du Coton au Cameroun)/ IRAD (Institut de Recherche Agricole pour le Dveloppement)
SCV (coton)
M. Thz
Les systmes cotonniers du Nord-Cameroun : mise en place de SCV crale/coton sur couverture morte
Contacts : K. Naudin (Cirad) krishna.naudin@cirad.fr | A. A. Abdoulaye (Sodecoton) projet.esa@sodecoton.cm | O. Balarabe (Irad/Sodecoton) oumarou.balarabe@sodecoton.cm
Les principales plantes de couverture utilises en association avec les crales au Nord Cameroun (daprs Naudin, 2005)
Plantes de couverture
Avantages
Inconvnients
Crotalaria retusa
Faible production de biomasse Ne ncessite pas de protection en saison sche Ncessit de traiter les graines leau chaude pour une Graines facilement disponibles bonne leve Forte amlioration physique du sol Amlioration chimique du sol (azote) Lutte mauvaises herbes Adapte beaucoup de milieux Bonne production de paille Production de fourrage Lutte mauvaises herbes (Striga) Amlioration physique du sol Enracinement profond Adapt beaucoup de milieux Rsistant aux termites Amlioration chimique du sol (azote) Forte production de graines Bonne leve Bon fourrage Graines comestibles (hommes et animaux) Graines comestibles Bon fourrage Amlioration chimique du sol (azote) Adapte beaucoup de milieux Bonne leve Bon fourrage Graines comestibles (hommes et animaux) Cycle long Enracinement profond Adapte beaucoup de milieux Concurrence avec crale Peut appauvrir le sol si entirement brout Leve parfois difcile Faible production de graines Ncessite une protection en saison sche
Brachiaria ruziziensis
Mucuna pruriens
Encombrement de linterligne Peu adapte aux sols pauvres et gravillonaires Faible rsidu de biomasse pour le paillage Ncessite une protection en saison sche Ncessit de traiter avec un insecticide pour produire des graines Biomasse fragile Ncessite une protection en saison sche Encombrement de linterligne Faible rsidu de biomasse pour le paillage Ncessit de traiter avec un insecticide pour produire des graines Ncessite une protection en saison sche
Anne 2
Saison des pluies
Vigna unguiculata
Dolichos lablab
Production de paille
Sorgho, mil, roetbellia,...
es bnces agronomiques, environnementaux et conomiques lis la pratique des SCV ont t mesurs. Ils apparaissent gnralement partir de la troisime anne de pratique des SCV. Les performances sont en effet plus nuances durant les deux premires annes. UNE PRODUCTION DE BIOMASSE IMPORTANTE GRCE AUX PLANTES DE COUVERTURE
Les plantes associes aux crales en anne 1 permettent de produire le mulch (paille) qui servira ensuite de couverture au coton. Ces plantes de couverture semes entre les crales permettent dans certains cas de doubler la production de biomasse arienne sur la parcelle (cas du Brachiaria associ au mas : la biomasse arienne totale passe de 2 601 5 423 kg/ha). Cette production ne doit pas se faire aux dpens de celle de la crale qui doit, quant elle, produire au minimum autant de biomasse sur les parcelles en SCV que sur celles gres de faon conventionnelle.
Rendement du coton en SCV (en kg/ha) et systme conventionnel au Nord et Extrme Nord du Cameroun (moyenne sur 5 campagnes et 200 parcelles)
(daprs Naudin et Balarabe, 2006)
DES RENDEMENTS PLUS LEVS, PLUS STABLES ET UNE FIBRE DE COTON DE MEILLEURE QUALIT
Le rendement en coton est amlior aprs 3 ans de pratique du SCV : il est augment de 12 22% par rapport au systme conventionnel et en fonction de la zone. Les diffrences sont dautant plus fortes que la parcelle est en SCV depuis longtemps ou que la pluviomtrie est dcitaire (Extrme Nord). Ce rsultat provient dune meilleure disponibilit de leau dans le sol grce leffet du paillage (plus dinltration, moins dvaporation, meilleur rserve en eau). Cette diffrence dpend toutefois de la conduite des parcelles, un mauvais entretien entranant un rendement infrieur. Les observations semblent montrer que la bre de cotonnier obtenue est de meilleure qualit en SCV que dans le systme conventionnel. La meilleure alimentation en eau des plants de cotonniers en n de cycle aurait permis une meilleure maturation de la bre. Le rendement en grains de crale est galement amlior. Ainsi, la plupart des parcelles en SCV aprs 2 3 ans de mise en uvre arrivent produire deux fois plus de tiges et feuilles (cas du sorgho associ Brachiaria) tout en maintenant ou augmentant la production de grains de sorgho.
Quantit deau de ruissellement (en mm) sur 3 types de parcelles cultives depuis 2002
(daprs Soutou, 2004)
K. Naudin
UNE ADAPTATION ET UNE DIFFUSION RAPIDE DES SCV EN MILIEU PAYSAN : APPRENDRE EN FAISANT
De plus en plus de paysans souhaitent exprimenter les SCV sur leur parcelle : 17 paysans en 2001, 205 en 2005 ! En effet, les diffrents bnces lis la pratique des SCV les rendent particulirement attractifs pour les agriculteurs. La pratique dessais en milieu paysan est trs importante car, en plus de former les producteurs ces techniques, elle permet dobtenir trs tt leur avis concernant ces innovations et donc de pouvoir les amliorer le cas chant. Les problmes rencontrs sont la plupart du temps lis une mauvaise matrise technique du systme de culture. Les avantages perus par les paysans sont quant eux varis.
Paroles de paysans : leurs avis sur le SCV (daprs Naudin et al., 2003 ; Naudin et Balarabe, 2004)
Avantages
Moins de travail (pas de labour et moins de sarclage), travail moins pnible Production : meilleure leve, meilleure croissance, plus de capsules de coton, capsules plus grosses et plus matures Eau : le sol reste humide plus longtemps Fertilit : moins drosion, amlioration de la fertilit, le sol devient noir Moins de mauvaises herbes
Inconvnients
Paille : collecte, prservation, transport, paillage Adventices : contrle si le paillage est insufsant (plus difcile la main), cot des pulvrisations dherbicide Croissance et dveloppement du cotonnier : carence temporaire en azote, prdateurs dans la paille, engorgement du sol Prsence de termites sur les parcelles
K. Naudin
u Laos, lagriculture est largement domine par la riziculture. Depuis une quinzaine dannes, les systmes de culture laotiens ont beaucoup volu du fait de nombreux facteurs : Dans les zones isoles de montagne, les systmes traditionnels avec longues jachres, se trouvent aujourdhui de plus en plus fragiliss cause de la pression dmographique croissante couple une allocation des terres par famille souvent insufsante. Dans les zones du corridor du Mkong (notamment le sud de la province de Sayabury), qui bncient de meilleures conditions daccs au march (zone de plaine), la culture itinrante sur brlis traditionnelle a volu vers une agriculture plus intensive avec une utilisation accrue dintrants et de moyens de production (mcanisation). Actuellement, une dgradation massive du milieu y svit avec ses graves consquences conomiques, sociales et politiques.
CARACTRISTIQUES DE LA ZONE
Pluviomtrie annuelle : moyenne, 1 100 1 600 mm/an Sols : trs forte diversit avec des units sur grs et argilites, sur roches basiques intrusives, sur granite et schiste Relief : collines et moyennes montagnes (400-1 400 mtres daltitude) Vgtation naturelle : fort tropicale humide et savanes (province de Xieng Khouang) Population : 5,5 millions dindividus (moyenne de 25 habitants/km) conomie : petite agriculture familiale (0,4 4,0 ha, agriculture motorise, attele et manuelle) Principales cultures : riziculture (pluviale, de bas fond et irrigue), cultures de rente (mas, arachide, Vigna umbellata, larmes de Job, ssame...), cultures prennes (caf, th, caoutchouc...) levage : porcs, volailles, bovins, bubalins Principales contraintes : rosion et dgradation des terres, dclin des rendements agricoles, pollution chimique des sols, pression dmographique croissante, allocation des terres par famille insufsante (zone de montagne), pauvret rurale, ncessit de trouver une alternative lagriculture sur brlis Partenaires : AFD/MAE/FFEM/Comit du Plan et de la Coopration (CPC)/Ministre de lAgriculture et des Forts/ Institut National de Recherche Agronomique et Forestire (NAFRI)/Cirad/Programme National Agrocologie (PRONAE)/Point dApplication du Sud de la Province de Sayaboury (PASS-PCADR).
Deux provinces du Centre et du Nord du Laos retent les problmatiques lies lagriculture de montagne (Province de Xieng Khouang) et lagriculture marchande du corridor du Mkong (sud de la Province de Sayaboury) : La province de Xieng Khouang a vu lefcience de son systme de culture traditionnel (riz pluvial en rotation avec de longues jachres) menace du fait de laugmentation de la densit dmographique et des rcentes orientations politiques comme le programme national dallocation des terres (1995). Ce dernier avait comme objectif de limiter les pratiques dabattis-brlis au prot dune agriculture sdentarise avec abandon de la jachre, engendrant de srieux problmes : allocation des terres insufsante en surface et en qualit (agriculture de bas fond et pluviale), pression accrue sur les ressources naturelles... Aujourdhui, linsufsance des priodes de jachre due lacclration des rotations fragilise lcosystme cultiv et entrane galement une dgradation des infrastructures rizicoles et routires en aval.
F. Tivet
Le sud de la province de Sayaboury a orient sa production agricole vers lexportation de cultures commerciales (mas, ssame,...) suite son intgration au march local thalandais. Ce boum conomique, accompagn dune augmentation du transfert de technologies depuis la Thalande, a marqu lapparition de la mcanisation lourde et de la pratique du labour la charrue disques sur des parcelles en pente, entranant rosion et dgradation rapide de sols au dpart exceptionnellement fertiles. Aujourdhui, en raison des cots de production importants de cette agriculture mcanise, de la dgradation des infrastructures rizicoles et routires en aval, ainsi que de la chute des rendements, de nombreux agriculteurs tentent dabandonner cette mcanisation lourde au prot dune utilisation dherbicides pour la prparation des parcelles. Cependant, lutilisation de ces pesticides est mal matrise et pose des questions sur les risques pour la sant humaine et lenvironnement naturel.
Daprs Cirad
Zone sub-humide
Le PASS a vulgaris au sein de 21 villages les premiers systmes proposs par le PRONAE (385 familles, 400 ha, campagne 2006). Cette diffusion a t favorise par lacquisition de matriels spciques adapts aux systmes de semis direct.
H. Tram Quoc
utre le fait doffrir des systmes de production alternatifs au labour traditionnel et la dfriche-brlis, les SCV apportent des rponses des enjeux majeurs au Laos : rizire mauvaise matrise deau, mise en culture de sols incultes... Ils reprsentent galement une rponse concrte aux diffrentes contraintes identies du point de vue de lagriculteur : cots de production, pnibilit du travail, dgradation marque des sols, chute des rendements Pour leur diffusion grande chelle, il est ncessaire de tenir compte de contraintes leur adoption : accs aux crdits, aux moyens de production, rgle collective, droit dutilisation des ressources foncires, etc. LA MISE EN VALEUR DES PLAINES DALTITUDE
Dans la province de Xieng Khouang, les vastes savanes herbaces et les forts de pin des plaines daltitude (800 et 1 100 m) sont faiblement valorises pour lagriculture et llevage (levage extensif et amnagements rizicoles). La rgnration de ces sols, initialement pauvres, seffectue moindre cot, grce aux techniques suivantes : Lutilisation despces fourragres en rotation avec des cultures vivrires et/ou commerciales permet la restructuration du sol. Lcobuage ( brlage ltouffe ), suivie de rotations diversies en semis direct, permet la libration de nombreux lments minraux dans le sol et donc lamlioration des proprits chimiques du sol.
F. Tivet
F. Tivet
Les atouts et contraintes des SCV : le point de vue des paysans (daprs Tivet, 2005 ; Ho Tran Quoc et al., 2006)
Avantages
Inconvnients
Le temps de travaux et la pnibilit Faibles cots de production du travail (en labsence doutils Prparation rapide des parcelles spciques) pour la prparation des Diminution de lrosion parcelles qui limitent les surfaces Augmentation de la fertilit des sols cultives en semis direct Augmentation de lhumidit des sols Laccs aux intrants et aux Contrle des mauvaises herbes ressources nancires (absence de trsorerie et/ou de micro-crdit) Le manque doutils spciques La technicit requise La exibilit du calendrier cultural La pression des ravageurs (rongeurs et insectes) Les risques dintoxication lors de lutilisation des herbicides
UNE NCESSAIRE FORMATION DE TOUS LES ACTEURS IMPLIQUS DANS LA DIFFUSION DES SCV
Agriculteurs, chercheurs, vulgarisateurs, enseignants, dcideurs et secteur priv, doivent tre forms ces nouveaux systmes de culture an den permettre la diffusion une plus grande chelle et une appropriation effective par les utilisateurs naux. Des modules de formation sont dj oprationnels pour les diffrents acteurs impliqus au niveau local : Des modules permanents labors pour les agriculteurs avec des priodes consacres aux journes de champ et aux changes entre agriculteurs an didentier les conditions dadoption et des prises de dcisions collectives. En 2005, plus de 1 000 agriculteurs ont t runis pour des journes de formation sur le terrain. Des formations de moyenne dure (9 mois), partie intgrante du cursus de la facult dagriculture et des forts, sont galement dispenses. Des sessions de formations et dinformations pour les dcideurs, les vulgarisateurs et les commerants. Une telle dmarche demande aussi une formation de tous ces acteurs au niveau national, une amlioration des relations entre acteurs et du transfert de connaissances dun acteur vers lautre. Elle implique quils soient tous associs ds le dpart. Un accompagnement continu est ncessaire durant les premires campagnes et il est indispensable de concentrer les actions dans des zones prcises o les moyens humains, techniques et nanciers sont prsents an dviter la dispersion de messages techniques non matriss.
P. Grard
P. Lienhard
Hauts-Plateaux (climat tropical daltitude), Sud-Est (tropical humide), Sud-Ouest (semi-aride), Lac Aloatra et le Moyen-Ouest (tropical de moyenne altitude).
CARACTRISTIQUES DE LA ZONE
Pluviomtrie annuelle : sous linuence du rgime cyclonique, avec des pluviomtries trs variables, de forte (Sud-Est, 2 500 mm) faible (Sud-Ouest, 300 800 mm, 7 9 mois de saison sche) en passant par les Hauts-Plateaux (1 300 1 500 mm) et le MoyenOuest (1 000 1 500 mm, 6 7 mois de saison sche) Sols : sols de mauvaise qualit (acidit, carence marque en phosphate en particulier) jusqu sols riches (sols volcaniques) Relief : Lac Alaotra (collines Tanety, 800 m souvent accidentes et plaines), Hauts-Plateaux (plateaux et collines fortes pentes, 1 300 1 800 m), Sud-Est (plateaux onduls, 0 200 m et collines forte pente), Sud-Ouest (long glacis, 0 600 m), Moyen-Ouest (plateaux et collines, 700 1 000 m) Vgtation naturelle : fort tropicale humide et sche (Sud-Est et Sud-Ouest), vgtation herbace ailleurs (Aristida) Population : 18 millions dindividus avec une forte densit de population sur les sols riches (Hauts-Plateaux, 60 200 hab/km) et faible densit sur les sols dgrads (10 60 hab/km, parfois 1-2 hab/km, en dehors de la zone dtude) conomie : petite agriculture familiale (0,1 2 ha, agriculture manuelle, attele, parfois motorise) Principales cultures : riziculture (pluviale sur les collines, irrigue dans les bas-fonds et plaines, sur brlis en fort), cultures vivrires (manioc, pois de terre, patate douce, pomme de terre, haricot, soja, mas, marachage...), cultures dexportation (caf, vanille, giroe...) levage : bovin extensif, caprin (Sud) Principales contraintes : intrants peu accessibles et trs chers, rendements faibles de riz, zones productrices enclaves, routes souvent non praticables en saison des pluies, stagnation de lconomie, dmographie galopante, pauvret rurale, dgradation des ressources naturelles limites et fragiles, dgradation des infrastructures, sols pauvres et facilement soumis lrosion, disparition du couvert vgtal (feux de brousse, dforestation), climat agressif pluies cycloniques, topographie accidente Partenaires : AFD/MAE/FFEM/Cirad/Ministre de lagriculture malgache/Douze organisations regroupes au sein du GSDM (Groupement Semis Direct Madagascar) : TAFA (Tany sy Fampandrosoana), ANAE (Agence Nationale dAction Environnementale), FOFIFA (Institut National de la recherche Applique au Dveloppement rural Malgache), FIFAMANOR (Fiompiana Fambolena Malagasy Norveziana), FAFIALA (Centre dexprimentation et de diffusion pour la gestion paysanne des tanety), BRL Madagascar, Bas Rhne Languedoc, SD Mad (Semis Direct Madagascar), INTER AIDE, AVSF (Agronomes et Vtrinaires Sans Frontires), VERAMA (Les Vergers dAnacardes de Masiloaka), GRET (Groupe de Recherche et dchanges technologiques), CARE INTERNATIONAL Madagascar.
Daprs Cirad
Les SCV Madagascar : mise en place de techniques agro-cologiques pour des cologies varies
Contacts : Rakotondramanana (GSDM) gsdm.de@wanadoo.mg | O. Husson (Cirad) olivier.husson@cirad.fr | L. Sguy (Cirad) lucien.seguy@cirad.fr | K. Naudin (Cirad) krishna.naudin@cirad.fr
Ce projet a pour objectifs : dorganiser les diffuseurs de ces techniques autour dun rseau structur orient vers la formation des paysans lutilisation de ces nouveaux outils ; dorganiser les agriculteurs autour dune nouvelle manire de mettre en valeur les terroirs agricoles ; damliorer la production et la productivit agricole et donc de lutter contre la pauvret rurale ; de lutter contre la dforestation, lrosion et la dgradation de la fertilit des sols.
Les systmes proposs peuvent tre adapts aux conditions biophysiques des exploitations, leur situation conomique (capacit dinvestissement, force de travail, etc.), aux aspirations des exploitants et leur environnement social. Les paysans les plus pauvres ne sont pas en reste grce aux itinraires techniques nayant recours aucun intrant. Toute une gamme de semoirs, dveloppe initialement au Brsil, a t teste : semoirs motoriss pour les grandes exploitations, semoirs traction animale, roues semeuses, cannes planteuses... Les agriculteurs les plus modestes peuvent utiliser un simple bton ou une angady (bche locale). Actuellement, pour chaque zone agro-cologique, des espces de plantes de couverture (galement fourragres) ont t identies et sont en multiplication. Pour les cultures principales, des varits ont t slectionnes et testes dans les systmes SCV.
O. Husson
K. Naudin
es SCV tiennent compte des principales contraintes identies dans les systmes de culture traditionnels : besoins en main duvre, cots de production, contrle des adventices, meilleur usage de leau... LES ALTERNATIVES AU TAVY
Des mauvaises herbes peuvent mme tre utilises pour les SCV : les cultures de haricot, soja et mme de riz (avec apport dazote) produisent dexcellents rsultats en semis direct sur chiendent (Cynodon dactylon), aprs simple contrle lherbicide ! Des zones abandonnes par les paysans du Moyen-Ouest cause de la pression du Striga ont ainsi t remises en culture grce ces techniques.
(AGRICULTURE SUR BRLIS) La pratique du Tavy est une cause importante de dforestation et de dgradation des sols. A contrario, la technique de dfriche sans brlis permet de maintenir en place les sols et de conserver, voire daugmenter leur fertilit. Aprs abattis, la biomasse est laisse en place et une plante de couverture est installe directement (Mucuna par exemple), couvrant le sol et y apportant de lazote, tout en laissant oprer les processus de dcomposition de la matire organique et en contrlant les mauvaises herbes. En deuxime anne, du riz pluvial peut tre sem directement dans la couverture de Mucuna, sans que les sols ne soient exposs lrosion. Un apport de phosphore (ou lcobuage contrl du sol) est recommand sur les sols carencs an dobtenir ds la premire anne des rendements attractifs, qui se maintiendront au l des ans avec un apport dintrants minimum, vitant ainsi davoir recours louverture de nouvelles parcelles. Les rendements sont non seulement stabiliss, mais augmentent mme avec le temps. Ce systme de culture permet de rduire la dforestation, grce la xation de lagriculture sur les parcelles dfriches.
LES RIZIRES MAUVAISE MATRISE DE LEAU : ADOPTION DUN RIZ APTITUDES MIXTES
Les rizires traditionnelles irrigues mauvaise matrise de leau reprsentent des surfaces considrables (plus de 70 000 ha pour le lac Alaotra seul). Leurs rendements sont trs irrguliers et faibles (1 t/ha) cause de larrive tardive de leau (retardant le repiquage et conduisant une chute des rendements). La solution passe par ladoption de varits de riz aptitudes mixtes (SEBOTA cres par Sguy et al. au Brsil). La particularit de ces varits est de pouvoir tre cultives sous tout type de rgime hydrique, du pluvial strict ( partir du moment o les pluies sont sufsantes) lirrigu ! Il est donc possible de les semer en pluvial, en attendant larrive de leau, puis de continuer la culture en irrigu, lorsque leau est enn disponible. Ces varits permettent de rduire limpact des alas climatiques, de scuriser la production (3 t/ha sans engrais, 6 t/ha avec engrais) et donc dintensier des cultures moindre risque.
O. Husson
On peut ainsi esprer augmenter la production de riz de 100 000 tonnes par an, rien quau lac Alaotra ! La culture dune lgumineuse lors de la saison sche permettra, en plus dun ventuel gain nancier ou alimentaire, dapporter de lazote au sol et de prparer un paillage pour un semis direct prcoce du riz lanne suivante.
de 2 900 ha, pour environ 4 600 paysans. An de diffuser grande chelle les techniques agro-cologiques, TAFA et le Cirad ont dvelopp une approche au niveau des terroirs villageois. Elle sappuie sur la matrise technique dune large gamme de systmes et la comprhension simple du mode de fonctionnement des exploitations. Cela permet dadapter au mieux les propositions faites aux exploitants, de rpondre leurs besoins et de proposer un vritable conseil lexploitation. Lintervention se fait lchelle de petits bassins versants, intgrant ainsi les diffrentes units de paysages, les diffrents acteurs et leurs interactions. Cette approche vise : Former les agriculteurs pour quils sapproprient ces techniques et les mcanismes agronomiques en jeu (pendant 2 3 ans). Organiser les producteurs en associations (ou soutenir les organisations dj existantes) an de lever des facteurs conomiques et sociaux limitant une diffusion large (utilisation de matriel de pulvrisation en commun, facilitation de laccs au crdit rural, etc.). Au-del de son rle pour la diffusion, cette approche terroir permet de : Mettre les SCV en milieu rel, et les intgrer une chelle plus vaste ; Connatre lopinion des paysans sur ces systmes et alimenter les thmes de recherche ; Former les divers utilisateurs (techniciens, agriculteurs, ...) ; Identier et promouvoir les agriculteurs motivs ayant assimil ces pratiques an quils deviennent les leaders de la diffusion des SCV auprs dautres communauts villageoises ; Construire un rfrentiel lchelle des grandes rgions agricoles, pour une gestion intgre des terroirs villageois malgaches. La diffusion de tels systmes de culture se fait avec un environnement agricole adquat : scurisation foncire, approvisionnement en plantes de couverture, intrants et petit matriel, accs au crdit pour les paysans malgaches aux faibles capacits dinvestissement, organisation en associations (utilisation de matriel en commun, changes entre paysans...), etc.
CARACTRISTIQUES DE LA ZONE
Pluviomtrie annuelle : faible (350 800 mm/an) Sols : sols profonds jeunes (sols bruns calcaires, vertisols), sols peu profonds, sols anciens (sols fersiallitiques ou isohumiques marrons) Relief : larges plaines, collines et montagnes (jusqu 1 000 m daltitude) Vgtation naturelle : fort sche et maquis mditerranen Population : 10 millions dindividus (de 50 200 hab./km) conomie : petites exploitations de polyculture-levage grandes exploitations agricoles cralires (50 200 ha, agriculture mcanise), levage Principales cultures : agriculture pluviale et irrigue principalement de crales (bl dur, orge, bl tendre, avoine, sorgho, mas...) minoritairement lgumineuses (fverole, pois-chiche, petit-pois, lentille, luzerne), arboriculture et oliculture levage : extensif (ovins et minoritairement bovins) pturage gnralis des chaumes par les troupeaux itinrants Principales contraintes : raret de leau au niveau de la nappe phratique, irrgularit et violence des prcipitations, pente forte, faible paisseur du sol, rosion et dgradation des terres, pression importante sur les terres, morcellement excessif des terres dans le sens de la pente, mise en culture de terres fragiles, techniques culturales conventionnelles non appropries, problmes daccs au crdit et aux moyens de production coteux pour la majorit de la population, administration limite pour la cration et la diffusion des innovations agricoles. Partenaires : AFD/FFEM/Cirad/Ministre de lagriculture et des ressources hydrauliques tunisien/CTC (Centre technique des crales)/ESAK (cole Suprieure dAgriculture du Kef)/SCEA QUILLET (Socit civile dexploitation agricole Quillet)/LAMS (Laboratoire danalyses et de microbiologie des sols).
La zone gographique de ces projets se situe au nord de la Tunisie, l o les sols sont de bonne qualit et o se situent le CTC et une cole dagriculture (ESAK) susceptibles dapporter un appui efcace la diffusion (ajustement des techniques de semis direct, formation). Le Cirad assure lappui technique et scientique. Le secteur priv est galement fortement impliqu dans limportation de semoirs spcialiss (principalement du Brsil), permettant aux agriculteurs de squiper pour le semis direct.
Daprs Cirad
Les systmes craliers du nord de la Tunisie : mise en place de SCV de crales sur couverture morte
Contacts : J.-F. Richard (AFD) richardjf@afd.fr | L. Sguy (Cirad) lucien.seguy@cirad.fr | K. MHedbi (CTC) ct.cereales@planet.tn | M. Ben Hammouda (ESAK) benhammouda.moncef@iresa.agrinet.tn
UNE MISE EN PLACE DES ESSAIS EN MILIEU PAYSAN : CHEZ, POUR ET AVEC EUX
Lapproche tunisienne, dveloppe sous limpulsion du Cirad, est une recherche-action chez, pour, avec les agriculteurs 4.1 avec lmergence dagriculteurs leaders et exprimentateurs. Les premiers essais de semis direct ont t en effet raliss directement chez quelques producteurs. Le CTC a ensuite mis en place des parcelles conventionnelles proximit de ces parcelles paysannes en semis direct an de faciliter la comparaison entre ces deux systmes de culture. Puis les parcelles cultives en semis direct se sont tendues dautres agriculteurs, toujours avec des tests simples de comparaison entre les deux systmes. Ladministration tunisienne a nanc initialement les cots (semoirs, herbicides,). Le choix du semoir sest port sur un modle adapt de marque brsilienne. Du fait des succs croissants de ces techniques, une association de semis direct sest progressivement constitue avec les premiers paysans exprimentateurs qui se sont quips en semoirs.
J.-F. Richard
Pluies alatoires D J F M A M
Saison sche J J A
Desscher biomasse
N, P, K, Ca, Mg...
Plantes de couverture
Production
Plantes de couverture
de biomasse
Restructuration
de grains
du sol
Recyclage
levage ovin sur rsidus de culture de bl dur (Mateur, Tunisie) J.-F. Richard
es rsultats des exprimentations menes depuis 1999 sur le semis direct sont probants : rendements de crales stabiliss, voire lgrement amliors, surtout en priode de scheresse, cots de mcanisation rduits, meilleure gestion de leau... Toutefois, ces rsultats sont issus dobservations et de mesures qui demandent encore tre valides de faon rigoureuse. UNE MEILLEURE PROTECTION DES SOLS CONTRE LROSION
Les pertes en terre du fait de lrosion diminueraient de 20 30% en moyenne (sur un trs petit nombre dobservations, 2-4 tonnes/ha/an en semis direct vs 3-7 tonnes/ha/an en conventionnel) sur les trois premires annes de pratique du semis direct (peu de rsidus couvrent le sol). Lorsque la couverture du sol est plus importante, les pertes en terre diminuent dautant. La couche supercielle du sol la plus fertile est ainsi protge. La teneur en matire organique du sol augmente (+0,3% aprs 3 ans de semis direct) amliorant ainsi la fertilit et la productivit des sols agricoles. De faon indirecte, en appliquant le semis direct lchelle du bassinversant, le comblement des retenues des barrages serait moins rapide et les dgts sur les autres infrastructures collectives (routes, constructions,) seraient limits. Dans ce contexte, les travaux de CES, coteux, deviennent moins ncessaires, voire plus du tout justis sur les terres cultives avec des pentes infrieures 10%.
Pour la collectivit, certains bnces conomiques lis ladoption du semis direct ont t mesurs et dautres sont attendus : long terme, une conomie (value 400-600 DT/ha) des cots dinvestissement en banquettes mcaniques antirosives (CES) sur les terres de culture est attendue. La pratique du semis direct engendre plusieurs effets sur le carbone : suppression de la libration du carbone produit habituellement par le travail du sol et par lrosion, diminution des missions lies la consommation de carburants et stockage du carbone par augmentation de la matire organique des sols. Un calcul permet de montrer quavec une tonne de carbone 10 USD (dans le cadre du march des droits dmission instaur au titre du Protocole de Kyoto [USD : dollars amricains]) et un stockage de 14 t/ha sur 10 ans, une ferme de 200 ha accumulerait un gain potentiel de 28 000 USD, soit le cot dun semoir spcialis ! La quantit de chaumes accessible aux troupeaux serait beaucoup plus importante (augmentation de la production de paille), ce qui permettrait un accroissement des troupeaux compar au systme traditionnel de prparation des sols. En effet, ce dernier commence ds la rcolte en juin et ce durant toute la priode la plus sche, rduisant ainsi progressivement la surface des chaumes (alimentation principale des ovins durant cette priode critique). Dautres impacts peuvent tre cits mais dont limpact conomique est encore difcilement valuable : recharge des nappes phratiques, diminution de lenvasement des barrages, etc.
Lavis des paysans tunisiens sur le semis direct (par ordre dcroissant dimportance) (daprs Richard, 2005)
Avantages
Rduction des frais de lexploitation et des cots de production Amlioration des rendements des cultures Lutte contre lrosion des terres Meilleure conomie deau Amlioration de la fertilit
Inconvnients
Remise en cause de pratiques anciennes comme le labour Changement des mentalits : cest penser que de nouveaux systmes de culture sont possibles
GAINS ET COTS COMPARS ENTRE DEUX FERMES DE RFRENCE AU NORD ET AU SUD DE LA TUNISIE
Des comparaisons ont t menes entre les techniques conventionnelles et le semis direct entre une ferme au Nord (pluviomtrie de 500 700 mm/an) et une autre au Sud (300 500 mm/an), toutes deux base de production de crales et de lgumineuses : Au Nord, la culture de bl dur a des cots de production de 311 DT/ha en SCV contre 353 en technique conventionnelle, soit un gain de 12%. Au Sud, la culture de bl dur a des cots de production de 299 DT/ha en SCV contre 309 en techniques conventionnelles ; soit un gain de 3%. Au Sud, le SCV permet un gain de 3% pour la culture de petit pois.
(daprs Chouen et al., 2004)
Il faudra disposer de plus de temps et de recul pour apprcier les impacts long terme du semis direct ainsi les volutions lentes (comme laccroissement de la matire organique du sol) et aussi pour passer dune agriculture en semis direct une vritable agriculture en SCV.
J.-F. Richard
THME
e thme 4 de ce dossier se propose daborder les aspects de la diffusion/adoption des SCV. La recherche-action mene par le Cirad sur les SCV veut crer et proposer la diffusion des systmes de culture trs diversis en petite agriculture gnralement pauvre, ne disposant souvent pas dintrants et o lrosion et la dgradation des sols sont alarmants. Le grand enjeu est alors de gnraliser cette nouvelle forme dagriculture, vraiment durable cette fois, lensemble du monde intertropical. Cela passe par la diffusion, la formation des diffrents acteurs concerns ainsi que par lappropriation de cette nouvelle agriculture par les utilisateurs naux : les paysans. La diffusion et ladoption des SCV ne se font pas sans contraintes, ni sans risques, car ladoption de cette nouvelle agriculture demande des changements majeurs la fois des itinraires techniques, de lorganisation et de la gestion de lexploitation agricole et du terroir.
SOMMAIRE
4.1 Les SCV : de la recherche la diffusion
Les grands principes de la recherche-action au Cirad et les facteurs indispensables une bonne diffusion des SCV
La plupart des documents sont tlchargeables sur le site de lagrocologie du Cirad : http://agroecologie.cirad.fr/index.php?rubrique=librairie&langue=fr Les publications de La gazette des SCV au Cirad sont disponibles sur simple demande Michel Raunet (Cirad), michel.raunet@cirad.fr
K. Naudin
ans lagriculture de conservation, les SCV reprsentent une large gamme de solutions techniques labores pour, chez et avec les agriculteurs, permettant de sadapter aux contraintes spciques locales. Il sagit de pratiques inhabituelles, voire contraires aux habitudes, et qui rclament un vritable savoir-faire. Toute introduction dinnovation exige alors un dialogue approfondi avec les paysans, une vritable formation, pour leur mise au point, leur matrise technique, et lidentication des conditions dadoption. Leur diffusion ne peut alors se faire que par un conseil rapproch et individualis, et sur une priode sufsamment longue pour accompagner les paysans dans cette vritable transformation de leur agriculture.
F. Tivet
K. Naudin
Les sites choisis doivent reprsenter la diversit des situations agricoles rencontres (milieux physique et socio-conomique) et ainsi permettre la mise au point dun rfrentiel technique et conomique sur une large gamme de systmes. Un conseil personnalis peut ainsi tre apport aux exploitations. La recherche-action gnre de ce fait une rexion multidisciplinaire et elle utilise lagriculteur comme acteur essentiel du dveloppement.
F. Tivet
V. Beauval
V. Beauval
es SCV ont de nombreux avantages pour lagriculteur : rendements stabiliss, baisse des cots de production, conomie de main duvre et moindre pnibilit, disparition de lrosion... Cest pourquoi les critres dadoption des SCV invoqus par les paysans sont nombreux. Nanmoins, la matrise de ces nouveaux systmes demande des efforts dadaptation et une certaine prise de risques par les agriculteurs surtout dans les premires annes de leur introduction. Les dcisions dadoption se prennent souvent dans un environnement incertain (alas naturels et lis au march). Le comportement des agriculteurs vis--vis du risque doit alors tre imprativement pris en compte.
La disponibilit des intrants et du matriel agricole est galement un facteur dadoption important. La comptition avec le btail ou dautres utilisations des terres est un problme fondamental dans des secteurs semi-arides, notamment en Afrique. En effet, la divagation des animaux empche la mise en place et le maintien de couvertures vgtales. Il est alors ncessaire dtablir une entente pralable entre les utilisateurs de lespace lchelle des terroirs villageois, ainsi quune implication forte des autorits traditionnelles. Linscurit foncire : les actions collectives damnagement de lespace, comme celles lies aux SCV, soulvent le problme de lappropriation individuelle ou collective du foncier et donc de lutilisation sur le long terme des amnagements qui pourraient tre raliss. La scurisation du statut foncier est un atout pour la diffusion des SCV. Il faut en effet garantir au paysan quil pourra utiliser la terre sufsamment longtemps pour pouvoir bncier des investissements initiaux quil a raliss.
K. Naudin
Les difcults de modication des pratiques culturales traditionnelles profondment ancres dans les esprits et la socit (comme le labour). Labsence dun environnement conomique favorable : la diffusion et lappropriation des SCV sont toujours plus rapides et durables chez les petites agricultures familiales dshrites du Sud si elles sont appuyes par une grande agriculture moderne mcanise et dynamique qui peut fournir les intrants, lencadrement et la formation, et commercialiser les productions (comme au Brsil dans les tats du Sud).
Le contexte politique est galement un lment cl de la diffusion/ adoption des SCV : il est indispensable que les agriculteurs puissent sassocier librement, diffuser et communiquer. La lgislation nationale en matire agricole et de lenvironnement peut beaucoup inuencer (comme aux tats-Unis o des primes co-conditionnelles ont t mises en place, ce qui a grandement favoris ladoption du semis direct dans ce pays).
L. Sguy
L. Sguy
7. Comment les SCV peuvent-ils contribuer la lutte contre la dsertication ? a. En permettant le reboisement de sols peu fertiles. b. En stoppant lrosion et en conservant mieux lhumidit du sol. c. En amliorant le taux de matire organique du sol. 8. Quel est le potentiel moyen de squestration du carbone attendre des sols grs en SCV ? a. 1 2 t/ha/an de carbone sur 10 15 ans. b. 4 8 t/ha/an de carbone sur 5 10 ans. c. 0,1 0,5 t/ha/an de carbone sur 10 15 ans. 9. Comment les SCV aident-ils la squestration du carbone ? a. En liminant le travail du sol qui acclre la libration de carbone. b. En diminuant le travail mcanis et donc la consommation
de carburant.
2. Dans quel(s) pays le concept de semis direct a t-il dbut ? a. Argentine b. tats-Unis c. Canada d. Brsil 3. Quel(s) est(sont) le(s) principe(s) fondamental(ux) la base des SCV ? a. Le sol nest jamais travaill. b. Aucun pesticide nest utilis. c. Une couverture vgtale couvre le sol en permanence. d. Des cultures prennes sont toujours en association
avec des cultures annuelles.
d. En xant lagriculture itinrante, et donc en sauvegardant la fort. 10. Quel est lun des concepts de la recherche-action ? a. Elle seffectue principalement en laboratoire. b. Elle implique les agriculteurs tous les stades
de son dveloppement.
4. Quel(s) est(sont) lun(certains) des bnces agronomiques des SCV ? a. Rendements tripls en moins de deux ans. b. Arrt de lrosion. c. Amlioration de lalimentation hydrique. 5. Quel(s) est(sont) le(s) bnce(s) conomique(s) des SCV parmi ceux cits ci-dessous ? a. Rduction des cots de production. b. Une diversication des revenus. c. Un doublement des rendements. 6. Quelle(s) est(sont) la(les) diffrence(s) entre les techniques culturales simplies (TCS) et les SCV ? a. Le sol est laiss nu dans le cas des TCS. b. Il existe des oprations de grattage superciel du sol
dans le cas des TCS.
c. Elle associe les chercheurs du Nord et du Sud. 11. Quel est le premier critre dadoption des SCV par les paysans ? a. Larrt de lrosion. b. Lamlioration de la fertilit des sols. c. Les bnces conomiques. 12. Quel(s) est(sont) parmi ce qui suit, lun(certains) des impacts environnementaux attendus dans le cas dune pratique gnralise des SCV lchelle dun terroir ? a. Laugmentation de linltration et la remonte
des nappes phratiques.
c. Il y a un labour dans le cas des TCS. d. Il ny a pas de rotation dans le cas des TCS.
QCM
13. Quelle(s) est(sont) la(les) raison(s) pour la(les)quelle(s) les SCV permettent une meilleure gestion de leau ? a. Suppression du ruissellement de surface. b. Limitation de lvaporation. c. Augmentation de la rtention en eau du sol. d. Des cultures plus rsistantes la scheresse. 14. Comment les SCV contribuent-ils la protection de la biodiversit ? a. La couverture vgtale fournit un bon habitat
aux organismes vivants. b. En augmentant la teneur en matire organique du sol (base de la chane alimentaire). c. En fournissant des aliments la faune sauvage.
F. Tivet
17. Quelles sont les caractristiques du riz SEBOTA ? a. Il peut tre cultiv sous tous les types de rgime hydrique :
du pluvial lirrigu.
b. Il produit trois fois plus de riz que les varits traditionnelles. c. Il est plutt rsistant la pyriculariose, premire des maladies
cryptogamiques touchant cette crale.
18. Quel est un des facteurs cls de ladoption des SCV par les agriculteurs tunisiens ? a. Des varits de crales plus performantes. b. Des ouvrages de conservation des eaux et des sols. c. Un semoir adapt. 19. Quappelle-t-on des pompes biologiques ? a. Des espces de plantes de couverture
aux systmes racinaires puissants, remontant les lments minraux.
15. Quelle est lune des contraintes importantes la mise en place des SCV au Nord-Cameroun? a. La faible pluviomtrie annuelle. b. Un relief htrogne. c. Le droit de vaine pture et les relations leveurs/agriculteurs. 16. Quelles sont les principales contraintes la vulgarisation grande chelle des SCV au Laos ? a. Lenvironnement laotien essentiellement forestier. b. Laccs au crdit et la mcanisation. c. Une agriculture largement domine par la riziculture. d. La dispersion de lagriculture et la formation des agents de diffusion.
b. Des engrais particulirement performants. c. Des espces vgtales qui favorisent une synergie
de croissance avec la culture principale.
20. Comment les SCV permettent-ils de dcompacter les sols colmats ? a. Si ncessaire, par le travail pralable superciel du sol avant semis. b. Grce aux systmes racinaires puissants des plantes de couverture
qui amliorent la porosit du sol.
Solutions
1a (voir 1.6 ) 2b (voir 1.2 ) 3a et c (voir 1.3 ) 4 b et c ( 1.4 ) 5 a et b (voir 1.5 ) 6 a et b (voir 1.6 ) 7 b et c (voir 2.1 ) 8a (voir 2.3 ) 9a, b, c et d ( 2.3 ) 10b et c (voir 4.1 ) 11c (voir 4.2 ) 12a et c (voir 1.4 ) 13a, b et c (voir 1.4 ) 14a et b (voir 1.4 et 2.2 ) 15c (voir 3.1 ) 16b et d (voir 3.2 ) 17a et c (voir 3.3 ) 18c (voir 3.4 ) 19a (voir 1.3 ) 20a et b (voir 1.3 et 1.4 )
Sites Internet
(liste tablie en 2006)
F. Tivet
CAMPO (Argentine)
www.e-campo.com
Institut Agronomique du Paran (Brsil, IAPAR) Animal Traction Network for Eastern and Southern Africa (ATNESA)
www.ATNESA.org www.iapar.br
Fondao Agrisus de Agricultura Sustentavl (Brsil, AGRISUS) Center for Cover Crops Information
and Seed exchange in Africa (CIEPCA) http://ppathw3.cals.cornell.edu/mba_project/CIEPCA/home.html www.agrisus.org.br
Empresa de Pesquisa/Agropecuria e
Extenso Rural de Santa Catarina (Brsil, EPAGRI) www.epagri.rct-sc.br
INTERNET
Sites Internet
Central West Conservation Farming Association (CWCFA)
www.confarming.org.au
Association pour la Promotion Sustainable Agriculture Research and Education (USDA-SARE, USA)
www.sare.org dune Agriculture Durable (APAD, France) www.apad.asso.fr
Bretagne, Agriculture, Sol et Environnement (BASE, France) South Dakota No-till Association (USA)
www.sdnotill.com http://pageperso.aol.fr/baseagrisol/mapage/associations.html
New Agriculturist on line (Grande Bretagne) USDA-ARS Conservation System Research (USA)
www.ars.usda.gov/main/docs.htm?docid=6502 www.new-agri.co.uk/00-4/perspect.html
Dchaumage : opration agricole ralise aussitt aprs la moisson pour enterrer partiellement les chaumes et les mauvaises herbes par un travail superciel, et pour briser la crote la surface de la terre an darrter lvaporation de lhumidit sous-jacente. Externalit : cest la consquence, positive ou ngative, de lactivit dun ou de plusieurs agents conomiques sur dautres agents conomiques qui nest pas prise en compte par le march. Lexemple typique est lindustriel qui rejette gratuitement dans lair des fumes polluantes qui ont des consquences nfastes sur la sant dautres agents conomiques ; lesquels en paient le cot. Fixation de lazote atmosphrique : ensemble des oprations chimiques et biologiques permettant dextraire lazote de latmosphre pour le transformer soit en ammoniac ou en nitrate directement assimilable par les plantes, soit en azote organique immobilis. Front pionnier : zone qui commence tre mise en valeur, situe la limite dune zone vierge. Herbicide total non rsiduel : un herbicide total est un herbicide qui, utilis aux doses demploi conseilles pour cet usage, est susceptible de dtruire toute la vgtation avant de semer une culture. Il est dit nonrsiduel si son action ne se prolonge pas aprs son application. Htrotrophe : organisme qui dpend des substances organiques pour son alimentation et sa croissance. Horizon dun sol : couche de sol plus ou moins parallle la surface, et qui se distingue des couches voisines, qui lui sont gnralement lies, par ses caractres morphologiques, physiques, chimiques ou biologiques (par ex. : couleur, nombre et nature des organismes prsents, structure, texture, consistance, etc.). Lixiviation : percolation lente de leau travers le sol, accompagne des matires dissoutes qui y sont contenues. Porosit dun sol : volume des vides du sol exprim en pourcentage du volume total. Recyclage des lments minraux : remonte biologique (par les racines et la biomasse qui retombe en surface) et rutilisation par minralisation de la matire organique frache tale durant la campagne agricole, des lments minraux du sol qui, sinon, seraient perdus, soit par ruissellement, soit par lessivage. Scariage : travail du sol sans retournement, avec des dents rigides.
Cultures intercalaires : culture pratique entre les rangs dune autre culture.
F. Tivet
LEXIQUE
Lexique
Sites Internet
Acronymes et abrviations
AC AFD ANAE ARC AVSF BRL CES Cirad CPC CT CTC DGCID DMC DPGT DT EMBRAPA ESA ESAK FAFIALA FAO FFEM FIFAMANOR FOFIFA GES GRET GSDM INTA IRAD LAMS MAE NAFRI PAA PASS-PCADR PIB PRODESSA PRONAE PTA SCV SD Mad Sodecoton TAFA TCS TSL USA USD VERAMA WANTFA ZSP Agriculture de conservation Agence Franaise de Dveloppement Agence Nationale dAction Environnementale, Madagascar Centre de Recherche Agronomique, Laos Agronomes et Vtrinaires Sans Frontires Bas-Rhne Languedoc, France Conservation des eaux et des sols Centre de coopration internationale en recherche agronomique pour le dveloppement, France Comit du Plan et de la Coopration, Laos Conservation tillage Centre Technique des Crales, Tunisie Direction Gnrale de la Coopration Internationale et du Dveloppement Direct seeded Mulch based Cropping systems Projet Dveloppement Paysannal et Gestion de Terroir, Cameroun Dinar tunisien Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuria Projet Eau Sol Arbre, Cameroun cole Suprieure dAgriculture du Kef, Tunisie Centre dexprimentation et de diffusion pour la gestion paysanne des tanety, Madagascar Organisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture Fonds Franais pour lEnvironnement Mondial Fiompiana Fambolena Malagasy Norveziana, Madagascar Institut National de la Recherche Applique au Dveloppement Rural Malgache Gaz effet de serre Groupe de Recherche et dchanges Technologiques, France Groupement Semis Direct Madagascar Institut National de Technologie Agricole, Argentine Institut de Recherche Agricole pour le Dveloppement, Cameroun Laboratoire danalyses et de microbiologie des sols, France Ministre des Affaires trangres, France Institut National de Recherche Agronomique et Forestire, Laos Plan dAction Agrocologie Point dApplication du Sud de la Province de Sayaboury, Laos Produit intrieur brut Projet de dveloppement rural des 4 districts du sud de la province de Sayaboury, Laos Programme National en Agrocologie, Laos Programme transversal daccompagnement Semis direct sur couverture vgtale permanente Semis Direct Madagascar Socit de Dveloppement du Coton au Cameroun Tany sy Fampandrosoana, Madagascar Techniques culturales simplies Techniques sans labour tats-Unis dAmrique Dollar amricain Les Vergers dAnacardes de Masiloaka, Madagascar Western Australian No-Tillage Farmers Association Zone de solidarit prioritaire
F. Tivet
ACRONYMES
AGENCE FRANAISE DE DVELOPPEMENT 5, rue Roland Barthes 75598 Paris CEDEX 12 France Tl.: +33 (0)1 53 44 31 31 FONDS FRANAIS POUR L'ENVIRONNEMENT MONDIAL 5, rue Roland Barthes 75598 Paris CEDEX 12 France Tl. : 33 (0)1 53 44 42 42
MINISTRE DES AFFAIRES TRANGRES 20 rue Monsieur 75007 Paris France Tl.: +33 (0)1 53 69 30 00 CENTRE DE COOPRATION INTERNATIONALE EN RECHERCHE AGRONOMIQUE POUR LE DVELOPPEMENT Avenue Agropolis 34398 Montpellier CEDEX 5 France Tl. : +33 (0)4 67 61 58 00
RSUM
Le semis direct sur couverture vgtale permanente (SCV) est actuellement une des solutions qui s'offre aux conomies paysannes, notamment dans les pays du Sud, pour sortir de la spirale de la dgradation de leur environnement et des faibles niveaux de comptitivit de leurs productions. Ces techniques ont fait leurs preuves de leurs nombreux intrts, aussi bien agronomiques, qu'environnementaux et conomiques, dans des contextes trs diffrents (agriculture mcanise, petites conomies familiales). Ces systmes de culture alternatifs font ainsi natre dans de nombreux pays l'espoir d'aller dans le sens d'un dveloppement agricole durable un niveau de productivit lev. Leur diffusion grande chelle dans de nouveaux pays soulve toutefois certains problmes comme celui pour l'agriculteur de passer d'une agriculture de tradition une agriculture d'innovation. Cependant les avantages de la mise en uvre de ces pratiques se rvlent assez vite aux agriculteurs : conomie de main d'uvre, des intrants, accroissement des rsultats agronomiques, moindre sensibilit aux alas climatiques... L'objet de ce dossier est de prsenter de faon synthtique et dans un langage accessible tous non seulement les principes gnraux la base des SCV, mais aussi les impacts bnfiques agronomiques, cologiques et socio-conomiques. Des projets russis de mise en uvre de SCV en Tunisie, Madagascar, Laos, Cameroun, dans le cadre du programme transversal d'accompagnement (PTA) men par l'AFD et ses partenaires, sont galement prsents pour illustrer le dossier de cas concrets sur le terrain.
ABSTRACT
The direct-seeding mulch-based cropping system (DMC) is currently one of the solutions for peasant economics, particularly in Southern countries, to escape the environmental degradation spiral and low levels of production competitiveness. These techniques have many agronomic, environmental and economic interests in very different contexts (mechanized agriculture, home economics). These alternative cropping systems give hope to many countries for a sustainable agricultural development at high levels of productivity. Their diffusion on a large scale in new countries raises a few problems as for the farmer, e.g., to make the transition from traditional to innovative agriculture. However, the advantages of DMC implementation appear rather quickly to farmers: labour and inputs economy, agricultural results' increase, as well as less sensitivity to climatic risks... The goal of this document is to present, in a summarised way and in a language accessible to all, the general principles of DMC, as well as agricultural, ecological and socio-economic positive impacts. Successful projects of DMC implementation have been carried out by AFD and its partners in Tunisia, Madagascar, Laos and Cameroon, all within the framework of the Transversal Program for Monitoring and Support (PTA), and are presented to illustrate this document of field cases.
une ralisation
agropolis productions
K. Naudin