Passif
Passif
Passif
1re Master
Marie Zegers de Beyl Année 2008-2009
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Introduction
Pour notre leçon, nous avons choisi de nous concentrer sur les phrases à
forme passive et à sens passif. Un cours ultérieur serait à prévoir sur les phrases à
sens passif sans pour autant que la tournure ne soit passive (comme par exemple
avec le verbe se laisser + infinitif). Lors de la relecture de notre travail, nous nous
sommes aperçue que notre choix de faits divers dans la leçon était assez horrible
mais le temps ne nous permettait pas d’en chercher d’autre. Nous sommes
cependant consciente que le choix des supports pédagogiques s’effectue en
fonction de notre public d’enseignement.
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I. Fiche signalétique du cours
6. Public :
Adolescents sourds de Belgique francophone âgés de 14-15 ans.
Ces élèves seraient inscrits en 3ème année du secondaire dans un enseignement
dont la langue de communication serait celle des signes. Plus précisément, celle
de la langue des signes francophone de Belgique (LSFB). Ces jeunes auraient
comme langue maternelle la LSFB et sont, donc, des signeurs natifs.
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langue des signes. Un exemple flagrant pour démontrer cette incohérence est
que la LS utilise l’espace réel situé devant, sur et autour du locuteur signant pour
évoquer l’espace dans tout discours signé mais aussi pour organiser sa
construction syntaxique, lexicale et grammaticale. Ici, dans cette acception de la
spatialité de la LS, on reconnaît l’aspect linéaire propre à la langue française, et
ce, au-delà du débat linguistique sur le principe de la linéarité des langues tel
que défini par Saussure.
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frustration de ne pas maitriser davantage les compétences de compréhension et
d’expression du français lu et écrit démontre, à notre sens, un échec de
l’enseignement spécialisé destiné aux élèves sourds qui se donne en français et
non en LSFB. Devoir assimiler des notions dans une langue qui n’est pas la leur et
qu’ils n’entendent pas handicape directement les élèves qui sont des signeurs
natifs. La soif des adultes sourds issus de l’enseignement spécialisé à accéder à la
culture littéraire du français nous pousse à imaginer pour eux un enseignement
du français comme FLE qui prendrait comme point de départ la question de la
langue maternelle des élèves sourds (et non comme point de départ leurs
décibels et leur langue française orale inaudible pour eux).
Un peu d’histoire…
Le rapport entre les Sourds et le français est souvent un rapport
profondément mutilé par l’histoire de l’éducation et de l’enseignement destiné
aux élèves sourds dans nos régions. La mutilation concerne à la fois les souvenirs
liés à la rééducation appelée « logopédie » (automatiquement liée au français,
langue que l’on demande aux élèves sourds d’entendre et de prononcer) et les
souvenirs scolaires où l’enseignement se donne en français et où, autrefois, la LS
était interdite. Les enfants gardent parfois des traces de cette mutilation face au
français; la honte de ne pas accéder au français oral par l’ouïe et de ne pas
pouvoir parler comme un entendant constitue alors un obstacle au
développement du plaisir de l’acquisition de la langue française.
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II. Etat de la question
La voix passive présentée dans les manuels
1) Liste alphabétique des manuels consultés, leur niveau et leur public cible :
1. Alter ego : 2ème niveau sur quatre. Pour grands adolescents et adultes.
2. Connexions : Niveau A2/B1 du CECR. Pour grands adolescents et
adultes.
3. Grammaire en dialogues : Niveau intermédiaire. Pour adolescents et
adultes.
4. Grammaire, 350 Exercices : Niveau moyen (à partir de la 2ème année
d’apprentissage du français).
5. L’exercisier : Niveau B1, B2 du CECR. Pour adolescents et adultes.
Peut s’utiliser dans le premier cycle du secondaire.
6. Le FLE sans perdre le fil: Niveau débutants. Pour adultes.
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2) Critique positive et négative des manuels consultés :
1° Alter ego : 2ème niveau sur quatre. Pour grands adolescents et adultes.
Neuf dossiers sont présentés dans ce manuel et chacun présente son
propre titre ainsi que trois leçons (qui ont aussi chacune leur titre). Ce manuel ne
donne pas des points grammaticaux comme titre : la grammaire est agencée
selon des thèmes groupés en thématique du dossier. Ainsi, le dossier 4
« Médiamania » traite la thématique de la presse. Sa leçon 2, appelée « Flash
spécial » propose de comprendre des évènements rapportés dans les médias.
Cette leçon recourt au point grammatical des temps du passé pour raconter un
fait divers ainsi qu’à celui de la forme passive. Ensuite, la leçon propose de
témoigner d’un évènement en observant comment les personnes et les actions
sont rapportées et comment se fait l’accord du participe passé.
Les deux exercices proposés pour appliquer la forme passive dans ce
manuel sont les suivants : « Transformer des titres de presse à la forme passive ou
active » et « Conjuguez les verbes d’un texte à la forme passive ou active aux
temps qui conviennent ». Le côté concret de ces exercices assume leur
pertinence. En effet, travailler sur des titres de presse propose une application
directe à la vie quotidienne où les médias occupent une place prépondérante
dans la lecture du français. Et réfléchir sur la conjugaison à donner aux verbes
dans un texte permet de développer la cohérence de sens d’un texte et de
réfléchir sur la langue différemment que lors des exercices-drill.
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2° Connexions : Niveau A2/B1 du CECR. Pour grands adolescents et adultes.
Cet ouvrage, qui se compose d’un manuel « méthode de français » et d’un
manuel « cahier d’exercices », comporte quatre modules. Il est intéressant de
constater que la forme passive prend place dans le module 3, intitulé « Expliquer,
se justifier ». La forme passive s’est inscrite dans ce module comme point
grammatical dans le thème de l’unité 8, appelé « Sans voiture ». La compétence
que cette unité vise en grammaire est, entre autres, la forme passive et la
compétence visée à l’écrit est la rédaction d’un court texte à la forme passive.
Mais ce qui nous intéresse surtout est de constater que cette unité – dans laquelle
le point grammatical de la forme passive a été placé par les auteurs - a combiné
l’approche de la cause et de la conséquence ainsi que celle du reproche et de la
justification.
Le manuel « méthode de français » présente d’une manière claire, concise
et simple la structure de la forme passive en français ainsi que son utilisation par
son exemple donné d’un fait divers écrit principalement avec la forme passive.
Les exercices proposés dans ce manuel sont simples et sensés. Cependant, tout
enseignant destinant son cours FLE à un public sourd devra veiller à choisir son
manuel en tenant compte de l’absence d’exercices auditifs pour ne pas se
retrouver à systématiquement supprimer des exercices auditifs en les remplaçant
par des exercices lus et écrits.
Le manuel d’exercices accompagne bien le premier manuel en proposant
des exercices-drill de repérage des voix active et passive, de transformer des
phrases actives en tournures passives avec et sans complément d’agent.
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3° Grammaire en dialogues : Niveau intermédiaire. Pour adolescents et adultes.
Dans cet ouvrage, 32 chapitres avec comme titres des points grammaticaux
prennent place et « l’expression du passif arrive au numéro 15). Ce qui est
intéressant dans ce manuel, c’est que ce n’est pas la forme passive qui est étudiée
mais l’expression du passif. Le fait que le passif puisse s’exprimer autrement que
par le moyen de la tournure grammaticale passive est intéressant en soi.
Cependant, nous pensons que ce point ferait l’objet d’une leçon ultérieure à la
forme passive et non en même temps. Les exercices de ce manuel sont de bons
exemples pour leur richesse sémantique et lexicale. De plus l’explication
théorique qui offre des exemples de structures ayant un sens passif est très claire
et bien démontrée par plusieurs exemples à chaque fois.
Ce qui est particulièrement intéressant dans l’enseignement de cette
matière grammaticale et sémantique destiné à un public d’élèves signants est
qu’en LS, il existe une structure ayant un sens passif avec le verbe « donner ».
C’est pourquoi nous pensons que les élèves sourds aimeraient bien cette leçon
qui établirait la comparaison entre les structures à sens passif en LS et en français.
Développer cette hypothèse pourrait faire l’objet d’un travail ultérieur.
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4° Grammaire, 350 Exercices : Niveau moyen (à partir de la 2ème année
d’apprentissage du français).
Ce manuel offre 28 chapitres dont les titres sont des points grammaticaux.
Le numéro 14 est la forme passive. Ce manuel, comme son titre l’indique, est un
manuel d’exercices. Ceux proposés pour la forme passive se groupent de la
manière suivante :
a. Forme passive avec un complément d’agent (3 exercices)
b. Forme passive sans complément d’agent (3 exercices)
c. Complément d’agent introduit par « de » (1 exercice)
d. Exercices de révision (3 exercices)
Cette répartition nous semble cohérente dans le sens où elle permet à
l’élève de se familiariser aux constructions différentes de la forme passive (avec
ou sans complément d’agent introduit soit par « par » soit par « de »). L’avantage
de ce manuel est d’offrir à la fois un exercice de repérage des formes actives et
passives dans divers exemples, d’appliquer la transformation de phrases actives
en phrases passives et inversement.
Un exercice nous plait tout particulièrement : Le numéro 5, qui demande
d’écrire chacune des phrases d’abord à la forme active, puis à la forme passive.
Chaque phrase, dans cet exercice, présente une forme verbale composée. Mais
celle à l’active est l’indicatif du passé composé (ou du présent composé) et celle
conjuguée à la forme passive est celle de l’indicatif présent (forme composée
parce que passive).
Les trois derniers exercices de la page 82 nous paraissent moins
intéressants car nous n’en voyons pas la pertinence pédagogique et linguistique
de demander à des apprenants du français langue étrangère de produire des
phrases à la tournure passive sur base de question écrite hors contexte, de
restituer l’ordre exact des compléments dans une phrase et encore de fabriquer
des formes passives sur base de compléments proposés. Ce qui nous intéresse
surtout dans les manuels FLE, ce sont de trouver des exercices-drill que nous
pourrions utiliser en tant qu’enseignant lors de nos cours de FLE pour aider les
élèves à acquérir les notions grammaticales et lexicales du français au moyen de
répétition mécanique. Mais les exercices de production langagière, nous
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préférons en créer des maximes nous-mêmes et adapter leur application selon
nos élèves en question et selon l’actualité de l’année en cours.
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5° L’exercisier : Niveau B1, B2 du CECR. Pour adolescents et adultes. Peut
s’utiliser dans le premier cycle du secondaire.
Observations :
Ce manuel offre vingt-quatre chapitres et le onzième porte sur la voix
passive. Le titre du chapitre est le point grammatical lui-même. Sa structure est la
suivante :
Chapitre 11 : Le passif
1. Formation du passif
2. Passif avec PAR ou DE
3. Passif et organisation du discours
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verbale plus classiques ne contenant aucun co-verbe (semi-auxiliaire) exprimant
une nuance temporelle, aspectuelle ou modale.
Il y a aussi des phrases avec des propositions subordonnées. Il semblerait
que l’exercice drill devrait reprendre d’abord une quantité de phrases simples
aux propositions principales et ensuite, pour respecter le principe pédagogique
de la progression, proposer des exercices plus compliqués avec soit la
caractéristique des subordonnées insérées, soit la présence d’un auxiliaire ou co-
verbe ajoutée, etc.
De plus, une phrase, encore dans ce premier exercice, nous laisse
perplexe. Elle est inscrite dans l’exercice des phrases actives à mettre au passif
alors qu’elle est de tournure impersonnelle. La voici : « Il est inadmissible
qu’aucun des passagers n’ait secouru la jeune fille ». On pourrait la transformer
comme qui suit en français [Qu’aucun des passagers n’ait secouru la jeune fille est
inadmissible]. Il nous semble que ce type d’exemple est à insérer plus tard dans
la progression pédagogique.
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nécessaire de production de phrases avec verbes pronominaux à sens passif dans
un moment plus élevé dans la progression pédagogique.
D’autant plus que les exemples donnés se prêtent parfois aux deux
prépositions. Exemple : « être aimé de». Nous pouvons dire en français [Il a été
aimé par sa mère] aussi bien que [Il a été aimé de sa mère].
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6° Le FLE sans perdre le fil: Niveau débutants. Pour adultes.
Observations :
Dans ce manuel, la table des matières présente vingt chapitres. Ces chapitres
sont chacun appelés par un titre qui est en fait un verbe. Sous chaque titre à une
exception près, une combinaison d’un point grammatical et d’un thème est
présentée. La forme passive est classée dans le chapitre 14, appelé « Conjuguer »
et sous lequel il est écrit « Les modes, les temps et les formes verbales ». C’est le
seul chapitre du manuel qui ne présente pas l’articulation entre un point
grammatical et un thème.
Critiques :
L’explication théorique :
Il nous semble que la forme passive est un point grammatical qui mérite
d’être traité dans un chapitre entier. La tournure passive est en effet une
construction phrastique qui révèle beaucoup plus de nuances et de subtilités qu’il
n’y parait au départ. Par conséquent, ce point grammatical ne nous semble pas
pertinent à enseigner aux débutants en apprentissage du français.
L’explication grammaticale et théorique donnée dans ce manuel à propos
de la voix passive est très simplifiée. Elle n’explique pas ce que l’on appelle
traditionnellement « le complément d’agent ». De plus, aucune précision n’est
donnée sur l’alternative de recourir ou non à ce complément dans une phrase
passive.
Les exercices proposés :
Seulement deux exercices sont proposés dans la partie consacrée à la voix
passive dans ce chapitre.
Le premier exercice demande de choisir la forme active ou passive selon le
sens de la phrase proposée. A chaque phrase écrite est proposée deux formes
verbales (l’une active et l’autre passive). Cet exercice nous a d’abord paru
pertinent et intéressant à donner aux élèves pour son aspect de « drill ».
Mais en y regardant de plus près, nous avons constaté que ce manuel, dans
cet exercice, ne distingue pas les exemples où le sens de la phrase ne permet
qu’une seule réponse sur deux formes proposées, des exemples où le sens de la
phrase changerait selon la réponse choisie et où une hésitation est possible. Il
semble mieux dans le cas d’un exercice de drill pour assimiler l’usage de la
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forme passive de séparer les exemples où une seule réponse sur deux est
possible et les exemples où les deux réponses proposées sont exactes dans la
mesure où elles donnent chacune un sens différent à la phrase.
Le deuxième exercice consiste à transformer des titres en formes passives.
Cet exercice nous semble compliqué dans le sens où les élèves doivent
transformer un nom en verbe (La découverte d’un vaccin > Un vaccin a été
découvert).
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3) Bibliographie des manuels consultés (par ordre alphabétique des noms
d’auteurs):
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III. Description de notre discours grammatical
1. Notre interrogation
La première question qui nous est venue en choisissant la voix passive comme
un point grammatical à enseigner auprès d’un public signant relevait tout
simplement de la pédagogie : « comment enseigner aux élèves signeurs natifs ce
qu’est la voix passive en français ? »
Cette question s’est retournée contre nos connaissances grammaticales du
français qui croisent la réflexion linguistique. Qu’est-ce que la voix passive ? Et
d’abord, qu’est-ce que la notion de voix ?
Pour nous documenter, nous avons confronté la théorie de Marc Wilmet et
celle de Dan Van Raemdonck. Ce qui nous semblait, avant ces lectures, une
structure précise et simple à manipuler une fois que l’on en a compris le
mécanisme en français s’est avéré un lien complexe entre le champ sémantique
et le champ syntaxique en français.
Notre intérêt de départ se basait sur l’interrogation de la différence ou
similitude entre l’expression du passif en français avec celle en LS. En effet, les
transferts, catégories des structures de grande iconicité1 propres à la LS,
permettent aux locuteurs d’exprimer, en LS, des précisions et des nuances
sémantiques sur les actions se déroulant, qu’elles soient effectuées ou subies par
les sujets (personne, animal, objet ou notion abstraite) ou qu’elles aient lieu dans
l’entourage immédiat ou lointain des sujets pris comme point de départ du
discours.
La lecture des descriptions de Van Raemdonck et de Wilmet nous a
éclairée dans notre compréhension grammaticale de la notion de la voix et plus
précisément, celle de la voix passive. Mais cette lecture nous a également permis
d’observer un développement théorique différent de ce que nous avions appris à
l’école. Et cette activité nous a apporté un intérêt nouveau et curieux sur les
différentes possibilités de développer une réflexion grammaticale, axée sur celle
de la linguistique, lors de l’approche des mécanismes internes au fonctionnement
d’une langue. La langue de notre public cible, ici, est celle de la LSFB et dont le
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Chr. CUXAC (Paris 8) est celui qui a explicité les « structures de grande iconicité » de la LS lors de son étude
linguistique de la langue des signes française (LSF).
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champ offre de vastes terrains encore inexplorés pour les linguistes, pour les
grammairiens et pour les enseignants de et en LSFB.
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La voix passive dans la Grammaire critique du français de Wilmet :
De cet auteur, nous retenons quelques précisions développées qui ont
guidé notre éclaircissement théorique sur le point grammatical complexe qu’est
celui de la voix passive. Pour Wilmet, il existe cinq voies en français dont trois
voix (active, passive et moyenne) et deux constructions (impersonnelle et
factitive). Les constructions nous intéressent dans le sens où Wilmet précise qu’un
impersonnel peut se mettre au passif avec l’exemple « Il a été beaucoup bu et
mangé » et qu’un factitif peut se mettre au personnel passif : « Il a été fait observer
à Pierre ». Ces précisions nous montrent d’emblée que les frontières ne sont pas
toujours si étanches entre les notions grammaticales. Selon le type de critère
choisi comme facteur de classement, la diversité des notions entre différents
grammairiens se justifie.
Wilmet différencie quatre concepts du sujet : le sujet logique (sujet réel), le
sujet grammatical (sujet apparent qui donne la règle d’accord du verbe), le sujet
sémantique (qui se confond avec l’agent qui fait l’action du verbe) et le sujet
psychologique (le thème : ce dont on parle). C’est les rapports entre ces sujets
dans la tournure passive qu’établit Wilmet qui nous intéresse : le sujet logique
rempli la fonction du sujet grammatical mais pas celle du sujet sémantique.
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agent à la voix passive. « On a reçu des lettres » ne peut en effet pas se
transformer en « Des lettres ont été reçues par ‘on’ ».
La voix passive dans les 100 fiches pour comprendre les notions de grammaire
de Van Raemdonck.
En latin, le passif s’exprimait grâce à la morphologie flexionnelle et les passifs
étaient synthétiques. Cependant, un glissement d’aspect a eu lieu en bas
classique : « Domus aedificata est » signifiait en latin classique que la maison avait
été construite tandis que le bas latin utilisait cette structure pour exprimer que la
maison était en train d’être construite. Ce glissement aspectuel a engendré la
création du passif en français. Deux tournures existent en français pour construite
le passif : soit avec l’auxiliaire être, soit par la forme pronominale.
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De plus, la présence du verbe « être » n’indique pas spécialement un passif
comme dans la phrase « Il est très aimé dans son village » où le verbe ‘être’
pourrait proposer ici une construction d’attribut.
L’expression du passif varie selon le verbe et selon la situation. Cette
dernière peut engendrer des tournures différentes, comme « se faire », « venir
d’être », « en train d’être »…
Nous terminerons cette partie par un retour aux différents sujets qui nous
intéressent pour notre étude de la voix passive. Il a été observé que le sujet
grammatical dans le passif est le patient. En glissant l’agent à droite du procès, la
structure agentive du procès est mise en évidence.
Et, dans la forme active suivante, « Lucas donne le cadeau » : Lucas est à la fois
sujet grammatical et sujet sémantique. Mais dans l’exemple de « Marie reçoit le
cadeau », le sujet n’est ni sujet agent, ni sujet sémantique mais bien sujet
grammatical.
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3. Bibliographie des manuels consultés
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Fiche 3ème
pédagogique secondaire
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Thème : L’actualité
Objectifs : Etre capable de :
- comprendre toutes les tournures passives en français et d’en produire dans
des contextes appropriés.
- conjuguer les formes verbales au passif.
- passer de la voix active à la voix passive, et inversement, dans tout
exercice.
Pré-requis : La conjugaison des formes verbales et les auxiliaires être et avoir en
français.
Durée : 2 séances d’une heure de cours (2x 1h).
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L’enseignant, selon les remarques des
élèves, explique la théorie de la voix
passive. A la fin, un document écrit en
français reprendra cette théorie. Du temps
sera laissé aux élèves pour le lire en français
et une reformulation en LS sera demandée à
l’un d’eux.
Fin de la séance 1
25
manière à recourir à la voix passive pour
neutraliser des agents…
Vocabulaire : L’enseignant prendra le soin de noter les mots nouveaux pour les
élèves et de les reprendre lors d’une prochaine leçon.
Grammaire : La voix passive
Remarque :
- Cette fiche se donne en deux cours d’une heure.
- Ce cours n’a pas encore été donné : sa validité sera à confirmer ou à infirmer
après ses premières expérimentations auprès des élèves.
- Un prochain cours devra avoir lieu sur les phrases à sens passif.
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Annexe 1
Journaux, médias électroniques et blogs du monde entier ont été sondés pour
déterminer la personnalité et l'événement les plus mentionnés. Barack Obama a
ainsi éclipsé la guerre en Irak, les Jeux olympiques de Pékin, l'ouragan Katrina, la
crise économique mondiale, la mort de Jean-Paul II, les attentats du 11-Septembre
et le tsunami en Asie du Sud-Est.
Le mot Obama a été écrit environ 250 millions de fois, selon Payack…
"Son ampleur nous a surpris …Obama avait déjà été cité 750.000 fois avant même
d'être désigné candidat démocrate", a-t-il dit.
Ce sont les gendarmes, alertés par des proches, qui ont trouvé les corps de la
mère, âgée de 38 ans, et de ses deux filles de 9 et 16 ans ainsi que d'un nourrisson
de trois mois, selon la même source. Le quatrième enfant, âgé de 7 ans, avait été
confié à des proches, quelques jours auparavant.
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La mort remonterait à plusieurs jours, selon les premières constatations. Selon
Sud Ouest, qui révèle l'affaire, la mère a été découverte avec un sac plastique
noué sur la tête alors que ses deux filles gisaient à ses côtés.
28
Annexe 2
La voix passive
Exemple :
Exemple :
- Le journaliste critique le nouveau film « Australia ».
- Le nouveau film « Australia » est critiqué.
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Dans la voix passive, si on veut indiquer qui fait l’action, on peut ajouter un
complément avec « par » ou « de ».
Exemple : - Le nouveau film « Australia » est critiqué par le journaliste.
La voix passive est une stratégie en français pour exprimer des actions ou des
états sans nécessairement en préciser le sujet et en mettant le COD en évidence.
Exemple :
- L’Irak est bombardé (par les Etats-Unis).
- Les Etats-Unis bombardent l’Irak.
30
Annexe 3
Exercices drill
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4. Choisir la forme active ou passive du verbe selon le sens de la phrase (une
seule réponse possible !) :
- Des graves inondations touchent/ sont touchées parfois le paysage belge.
- Les Schtroumpfs ont fêté/ ont été fêté leur demi-siècle d’existence en 2008.
- L’acteur Heath Ledger a été trouvé/ a trouvé mort à son domicile new-yorkais le
janvier 2008.
- Amélie Nothomb, Nicole Malinconi et Eric-Emmanuel Schmitt sont lus/ lisent par
des centaines de lecteurs belges et étrangers.
- Le pays est menacé/ menace de séparation nationale entre les flamands et les
francophones.
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Annexe 4
Les élèves, deux par deux, ont le choix entre ces deux situations où ils doivent
rédiger un texte écrit (mail ou sur papier). La voix passive sera utilisée pour
mettre les compléments en évidence et ne pas insister sur les sujets des verbes.
2. Vous êtes témoin d’une violente dispute entre votre frère et votre voisin qui
se termine en bagarre. La police intervient et vous demande de témoigner.
Vous savez que votre frère est en faute mais, par complicité fraternelle,
vous tentez de raconter les faits, par écrit, pour le disculper.
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Annexe 5
Ecrire deux phrases pour chaque image : une phrase à la voix active et une
phrase à la voix passive (au choix) :
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Explication du déroulement de la leçon sur la voix passive
Séquence 1 :
Il nous semblait intéressant et pertinent de commencer la leçon grammaticale par
une compréhension à la lecture dont le sens du texte se travaillerait en classe en
langue des signes (LS). Cela permettrait à l’enseignant de vérifier que les élèves
ont compris le sens de la phrase. L’analyse des formes passives soulignées
permettra aux élèves de se familiariser avec la construction passive et le sens de
cette construction en français. Attention, il ne s’agit aucunement d’un exercice de
traduction et la question de savoir comment on traduit le sens passif en français en
LS ne sera pas posée : ce qui importe est de voir en LS que les élèves ont compris
quelle action a lieu et les relations entre les compléments de la phrase pour en
déterminer le sens de la phrase.
Séquence 2 :
La synthèse orale (en LS) des observations apparues tout au long de la séquence 1
permettra à l’enseignant de voir si les élèves ont compris ce qu’est la voix
passive, comment elle se construit et quel en est son implication sémantique sur
la phrase. Ensuite, grâce au document écrit (annexe 2), l’enseignant amène les
élèves à entrer dans la structure linguistique du français écrit. Le contenu du
document sera celui dont il vient d’être parlé en LS.
Séquence 3 :
Ici, les exercices sont de types « drill » pour permettre aux élèves de faire passer
les différentes constructions active/passive de la mémoire de travail à la mémoire
à long terme. Cela amènera les élèves à l’automatisation (raison pour laquelle ces
exercices sont à effectuer individuellement et par écrit).
L’enseignant corrigera les exercices et réexpliquera, si nécessaire, des points
grammaticaux, lexicaux ou sémantiques lors de la séquence 4.
Séquence 5 :
Puisque le français écrit est une compétence fondamentale pour les citoyens
sourds habitant notre région francophone, un exercice d’écriture est proposé.
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L’idée d’effectuer ce travail deux par deux s’appuie sur le fait que la discussion
entre les élèves aura probablement lieu en LS avant de passer à la rédaction
française de la réponse à l’exercice. Cela permettra aux élèves de se familiariser
avec les différentes situations de la vie où savoir jongler avec les langues des
signes et française, assez rapidement, de l’oral à l’écrit et vice-versa est
nécessaire.
Séquence 6 :
Nous revenons ici avec un exercice individuel pour que chaque élève s’implique
dans l’écriture en français d’un petit texte personnel. Les Sourds signants natifs
sont, en général, très doués pour décrire des actions, des états, des personnages
(objets, animaux, personnes) à partir d’une image. C’est pourquoi nous pensons
que proposer une image comme support pédagogique, ce qui leur est familier,
simulerait leur imagination et les motiverait à faire l’effort de penser/ de
concevoir et d’écrire en français. D’autant plus que leurs syntaxes françaises
peuvent s’avérer tout à fait correctes du point de vue grammatical mais dont
l’ordre des compléments serait inhabituel pour un francophone. Le rôle de
l’enseignant de FLE ici, serait d’amener les élèves à voir toutes les possibilités
d’énoncés corrects en français et de se sentir suffisamment outillés du point de
vue linguistique pour soutenir leurs points de vue sur les images.
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