Le Vrai Visage de L'opus Dei
Le Vrai Visage de L'opus Dei
Le Vrai Visage de L'opus Dei
Introduction.......................................................................................................................2
Préjudices causés aux membres : manipulation et destruction des personnes..................5
Contrôle et manipulation de l’intimité des consciences. Caractéristiques de la
direction spirituelle personnelle dans l’Opus Dei..........................................................5
La volonté de Dieu ne se manifeste qu’à travers les directeurs...................................11
Contrôle de la culture et de l’information...................................................................13
Contrôle de la pensée...................................................................................................15
Limitations de la liberté dans les relations humaines..................................................16
Isolement de la famille et limitation des relations sociales.........................................18
Déracinement social, déracinement du monde............................................................19
Aliénation de la personne ...........................................................................................20
Isolement affectif et vulnérabilité psychologique........................................................23
Vulnérabilité et insécurité juridiques...........................................................................25
Conséquences de ces pratiques et dommages causés à la personne............................29
Préjudices sur la vie spirituelle des membres..............................................................31
Ceux qui abandonnent l’Opus Dei...............................................................................31
Torts causés à l’Église.....................................................................................................34
Une « organisation de pouvoirs » qui menace la liberté de l’Église...........................34
Maquillage de la vérité historique de l’Opus Dei........................................................37
Conclusion.......................................................................................................................38
Cette réflexion que nous offrons au lecteur dans ces pages est née du
fruit de l’expérience de nombreuses personnes qui ont appartenu à l’Opus
Dei. Elle n’est que la suite logique d’une longue délibération sur ce qu’est
vraiment l’Opus Dei. Tout ce que vous allez lire s’appuie sur de nombreux
documents qu’il vous est possible de consulter.
Ce n’est pas l’amertume qui nous a poussée à écrire ces lignes, mais
le désir d’apporter une indispensable mise-au-point.
Cet écrit est destiné a ceux qui pourront désormais empêcher que se
reproduisent tant de souffrances et de torts causés à de nombreuses
personnes qui croyaient avoir généreusement donné leur vie au service de
Dieu et de son Église au sein de l’Opus Dei. Nous tenons à avertir le
lecteur qu’il n’y a aucune exagération dans ce qui suit, même si cela pourra
surprendre celui qui ne connait de cette organisation que l’image qu’elle
offre aux yeux du monde depuis plusieurs décennies. Nous espérons rendre
le lecteur plus lucide et permettre la mise en place de nouveaux charismes1.
L’Opus Dei ressemble peu à l’image qu’elle projette d’elle-même, à
ce portrait-robot si familier à une grande partie du clergé : institution de
l’Eglise aux allures conservatrices, fidélité au Pape et au Magistère de
l’Eglise, discipline de fer, réputation morale irréprochable, efficacité et
responsabilité dans ses apostolats au service du diocèse, style élégant et
laïc.
Certes, la plupart des membres de l’Opus Dei s’efforce de faire le
bien sincèrement. Et ils sont à l’origine de nombreuses initiatives louables
et d’institutions qui comptent pour l’Eglise, mais nous n’avons pas peur de
1
Voir le Discours de Benoît XVI à un séminaire d’étude pour les Evêques organisé par
le Conseil Pontifical des Laïcs, 17 mai 2008.
entretien dans le cadre de la direction spirituelle. » Dans le jargon interne de l’Opus Dei
entretien fraternel et confidence sont la même chose.
4
« Par conséquent, l’entretien fraternel de par sa nature, oblige à garder la loi du silence
avec toute personne qui n’a pas le pouvoir, ni le devoir d’intervenir dans la direction
spirituelle en dehors de la ligne verticale qui va des directeurs locaux au Père. Lorsqu’il
convient ou qu’il est nécessaire de consulter une tierce personne située dans cette ligne
verticale et dans son sens ascendant (du bas vers le haut), la loi du silence n’est pas
violée ». (Expériences sur la manière de réaliser l’entretien fraternel, année 2001,
p.110). Dans l’Opus Dei, la violation systématique du secret de la direction spirituelle
est institutionnalisée, à l’insu de l’intéressé et l’on considère que son consentement est
tacite. Cependant, craignant de ne pas être suffisamment clair, le document que nous
venons de citer comporte une note en bas de page qui précise : « Si l’on a bien saisi que
c’est l’Opus Dei qui assure la direction spirituelle, on comprend aisément qu’il serait
absurde au cours de l’entretien fraternel que l’intéressé pour parler d’un sujet précis à la
personne qui l’écoute, lui impose la condition qu’elle n’en parle à personne ou que
cette dernière afin de faciliter la sincérité de celui qu’elle dirige, lui déclare : tu peux
tout me dire, cela restera entre nous. Dans ce cas, la personne qui écoute cesserait d’être
un instrument de l’Opus Dei, cette conversation ne serait plus un entretien fraternel de
direction spirituelle. » (Note 65).
5
A propos de la direction spirituelle, on peut lire dans Expériences à propos de
l’entretien fraternel: “Il faut être très attentif à faire l’entretien à l’heure et le jour prévu
(…) Un autre point important : la brièveté. Même si la durée peut dépendre de
nombreux facteurs, si l’on s’est bien préparé, il suffira habituellement de dix à quinze
minutes pour parler avec sincérité et en profondeur de tous les sujets essentiels. Ce n’est
qu’exceptionnellement que l’entretien demandera plus de temps. » (p. 23). Et citant le
Catéchisme de l’Oeuvre n. 208, il est précisé que : « les fidèles de l´Oeuvre peuvent
ouvrir leur âme dans l’entretien fraternel, car c’est leur droit. Et en même temps, ils
doivent soigner très fidèlement cette Coutume, car elle est l’un des moyens pour nous
identifier à l’esprit de l’œuvre, que nous nous sommes engagés à mettre en pratique au
moment de notre entrée dans la Prélature.” (p. 16).
laïc qui lui a été attribué, en lui dévoilant les détails les plus intimes
6
“Les directeurs et les prêtres de l’Œuvre exercent la direction spirituelle personnelle en
ce qui concerne les orientations à suivre” (Catéchisme de l’Œuvre, nº 215).
7
“Dans l’Opus Dei, la direction spirituelle revient tout d’abord aux directeurs locaux
laïcs, avec lesquels les prêtres font aussi leur entretien fraternel. Ensuite elle revient aux
prêtres de l’Opus Dei à travers le sacrement de la confession. Les prêtres savent que
pour collaborer efficacement à la direction spirituelle personnelle des fidèles de la
Prélature, ils doivent en principe confirmer toutes les directives reçues dans l’entretien
fraternel : seule l’harmonie parfaite entre les deux conseils, garantit une direction
spirituelle appropriée aux membres de l’œuvre » (Vadémécum des prêtres, p. 41).
8
Catéchisme de l’ Oeuvre, n. 215: « Leur bon esprit les pousse à rechercher la
direction spirituelle personnelle avec le Directeur ou la Directrice locale, et avec le
prêtre nommé pour chaque centre. »
Nul ne sait exactement en quoi consiste cet esprit, révélé par Dieu au fondateur
et jusqu’où il peut aller, mais par contre, il se concrétise dans toutes les normes
d’organisation et de doctrine que le fondateur a établies lui-même. Dans la pratique,
l’esprit est ce que le Prélat et ses collaborateurs estiment et définissent comme tel à
chaque circonstance. Cet esprit, qui affirme-t-on émane si spécialement de Dieu, est
placé de facto, bien que cela ne soit pas dit ouvertement, au dessus de la pratique et du
droit de l’Eglise. L’Institution se croit donc exemptée du droit de soumettre cet esprit au
jugement et à l’approbation pontificale. Ce qui explique une « double gestion dans la
direction » et une tendance constante à leurrer l’autorité de l’Eglise et les membres de
l’œuvre.
5. Le directeur spirituel ne garde pas pour lui les secrets qui lui ont été
confiés. Par bon esprit, il doit faire un rapport oral et écrit à ses
supérieurs hiérarchiques10 sur les confidences reçues de toutes les
personnes dont il a la charge11. Ces confidences sont classées avec
soin et communiquées à d’autres si nécessaire. Seuls les directeurs
sont au courant de cette pratique, mais n’oublions pas que la
direction spirituelle est une tâche du gouvernement de l’Œuvre.
Ainsi, lorsque quelqu'un change de centre, d’activité ou de pays, un
rapport sur sa conscience est envoyé aux directeurs du lieu de sa
destination, accompagné des indications sur le comportement à avoir
avec lui. Cette confusion abusive entre ce qui est intime et ce qui ne
9
Catéchisme de l’ Oeuvre, n. 218: Quels sujets aborde-t-on dans l’entretien
fraternel? Pour bien faire l’entretien fraternel, il faudra parler de la manière dont on
vit : 1) Les Normes et les Coutumes. 2) La foi, la pureté et la vocation. 3) l’apostolat
personnel et sa propre charge apostolique. 4) La sanctification du travail. 5) Les charges
reçues du Conseil local. Il est aussi recommandé de parler : 1) De son amour envers la
Sainte Eglise et envers l’Opus Dei. 2) De sa prière pour le Pape et les Evêques. 3) De
l’esprit de filiation envers notre Fondateur et envers le Père, de notre fraternité et de
notre prosélytisme. De nos soucis, nos chagrins et nos joies. 3) De notre prière et de
notre mortification pour le Père et pour tous les fidèles de l’œuvre. Le tout brièvement
et humblement, avec la plus grande simplicité, preuves indéniables de bon esprit et
moyens sûrs pour aller de l’avant sur le chemin de la sainteté. »
10
Voir note 4.
11
J. ESCRIVÁ, Instructions données aux Directeurs, n. 70: “Tout événement doit être
résumé par écrit sur papier. Il ne s’agit pas de paperasserie! Ce que l’on voit de
l’extérieur se reflète dans le journal du centre. Par contre, les fiches que je vous
demande de rédiger doivent être plus intimes. Ainsi, les directeurs ne manqueront pas
d’informer la Commission Régionale de ce qu’ils doivent savoir. »
Tout ceci est fait une fois de plus, à l’insu des intéressés. Voir l’article d’Oráculo : La
loi du silence dans l’Opus Dei.
(http://opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=7597).
12
Selon une tradition orale, il est fortement conseillé aux prêtres de l’Opus Dei de
confesser brièvement et après l’absolution, de revenir avec le pénitent sur les sujets les
plus importants traités dans la confession (on donne les mêmes directives à celui qui se
confesse). Le prêtre se croyant donc libéré du secret de la confession, peut commenter
ce qu’on lui a confié aux directeurs, sans que l’intéressé ne le sache, bien que la
conversation se soit déroulée dans le confessionnal. L’Opus Dei commet donc, une fois
de plus, un abus de confiance dans la direction spirituelle (voir note 4).
Un autre moyen pour pousser les fidèles à être sincères avec les directeurs est de
leur refuser l’absolution sacramentelle tant qu’ils n’ont pas parlé avec eux de certains
sujets importants dont ils se seraient confessés. La raison invoquée pour justifier cette
pratique est la sauvegarde du bien de l’Opus Dei au détriment de celui du pénitent, sans
parler du respect que l’on doit à un sacrement. Cet abus est né d’une directive interne
radicale que le Prélat a adressé à ses prêtres : « Si jamais - par manque de formation - un
membre de l’œuvre cachait à ses directeurs, des faits ou des circonstances de sa vie,
indignes de notre vocation ou qui serait un obstacle à notre travail, alors qu’il s’en serait
confessé avec le prêtre, celui-ci – tout en ne lui imposant pas comme un ordre - devrait
conseiller à cette âme pour son bien et celui de l’œuvre, de parler avec sincérité et en
toute confiance avec les directeurs. Et si cela était nécessaire, on doit le faire changer de
centre ou de ville. Selon la gravité des faits, selon leur incompatibilité avec les devoirs
envers l’œuvre, selon le tort qui a pu être causé à un tiers, etc.- ce conseil de direction
spirituelle pourrait devenir à titre exceptionnel, une obligation stricte et grave, en vertu
des normes générales de la Théologie morale. Le prêtre doit utiliser la force requise
pour transmettre cette obligation au pénitent et les moyens adéquats selon les personnes
et les circonstances, allant même jusqu’à « lui conseiller impérativement de demander la
sortie de l’Oeuvre» (Expériences de pratique pastorale, pp. 263-4). Ces agissements ne
sont que des subterfuges pour dévoiler aux directeurs le contenu de la confession. Ce
viol du secret de la confession est un abus qui nous semble très grave.
13
Sur la direction spirituelle personnelle, il est écrit: “Dans l’œuvre, quand on fait
l’entretien fraternel, il est présupposé que celui qui le reçoit pourra en évoquer le
contenu avec un tiers, chaque fois qu’il le faudra : par exemple si une affaire ne relève
pas de sa compétence (disponibilité d’un numéraire pour aller travailler dans une autre
région, besoin de changer de ville pour raison de santé, circonstances de sa vie
intérieure, ou exigences de l’apostolat, etc.). Ou tout simplement parce celui qui reçoit
l’entretien fraternel a parfois besoin des lumières du conseil local ou des directeurs
régionaux ou encore parce qu’il doit, par prudence, demander l’avis d’un autre membre
plus expérimenté du conseil local ou du prêtre du centre. La plupart du temps, cette
consultation sera nécessaire pour redonner de l’élan à une vie intérieure (par exemple
comment mettre au point l’examen particulier, la lecture spirituelle, etc.) (Expériences
à propos de l’entretien fraternel, n. 58).
lorsqu’il les a toutes fait sortir, il marche devant elles et les brebis le suivent parce
qu’elles connaissent sa voix. » (Jean. X, 3-4). C’est pourquoi les membres de l’Opus
Dei, s’ils veulent vraiment être fidèles, “ne suivent pas un étranger, au contraire ils le
fuient car ils ne connaissent pas la voix des étrangers. » (Jean X, 5)”. Le fait d’insister
pour qu’un membre de l’Opus Dei se confesse toujours avec les prêtres de l’œuvre est
direct et constant, surtout s’il éprouve une grande honte à avouer certaines choses. En
effet, voici le texte du fondateur correspondant : “Vous leur ouvrirez votre cœur de part
en part - même s’il est pourri! - avec sincérité, avec le désir de guérir, sinon cette
pourriture ne guérira jamais. Si nous allions voir quelqu’un qui ne peut nous guérir que
superficiellement… ce serait de la lâcheté, nous ne serions pas de bonnes brebis, nous
cacherions la vérité, nous nuisant à nous-mêmes. Et en nous faisant ainsi du mal, en
allant chercher un médecin de passage qui n’a que quelques secondes à nous accorder,
qui ne peut sortir son bistouri pour désinfecter notre blessure, nous ferions aussi du mal
à l’œuvre. Si tu faisais cela, tu aurais mauvais esprit, tu serais un pauvre misérable. Par
cet acte tu ne pécherais pas mais malheur à toi ! Tu aurais commencé à errer, à te
tromper. Tu aurais commencé à écouter la voix du mauvais pasteur, en refusant de
guérir, en rejetant les moyens pour le faire. Et tu serais en train de faire du mal aux
autres. » (Lettre “Divinus Seminator”, année 1955, n. 16 et 22, Ce texte est tiré des
publications internes, Méditations, pour le quatrième dimanche de Pâques, Vol. II,
pp.532-535). Donc, si les seuls bons pasteurs accrédités par l’Opus Dei pour leurs
membres sont les Directeurs et les prêtres de l’œuvre, tous les autres prêtres de l’Église
sont forcément de mauvais pasteurs. Par conséquent, les fidèles de l’Opus Dei sont
séparés de l’action pastorale sacramentelle de la hiérarchie ordinaire de l’Église qui ne
serait qu’une piètre représentante du Christ, inapte à soigner, guérir et conseiller. Et
pourtant, le Concile Vatican II, dans son Décret Perfectae caritatis, recommande aux
supérieurs ou modérateurs des Institutions religieuses, de gouverner leurs subordonnés
comme des enfants de Dieu, en respectant la personne, en développant sa liberté dans
la soumission. Respectez particulièrement leur libre arbitre. Donnez-leur surtout la
liberté qui est un droit de choisir leur confesseur et leur directeur de conscience (n. 14).
19
Voir les précisions contenues dans Expériences des Conseils locaux, p. 126ss. Rome
2005 (http://www.opuslibros.org/libros/Excl2005/indice.htm). Voir aussi le Guide
Bibliographique, ou Index de l’Opus Dei.
(http://www.opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=658
5).
20
“Afin de faciliter cette tâche, la Commission Régionale envoie les listes de livres
appropriés à la lecture spirituelle.” (Expériences des Conseils locaux, p. 121).
21
“Les Directeurs locaux, et ceux qui ont des charges de formation, s’efforcent de
recommander à chacun, le livre le plus indiqué en fonction de ses circonstances
personnelles du moment, en évitant toute improvisation.” (Expériences des Conseils
locaux, p. 121).
22
“Par prudence, cela va de soi, dans les bibliothèques des centres on ne trouvera que les
livres sur la foi et les coutumes approuvés par la direction spirituelle de la Région ou de
la Délégation, et que l’on considère comme convenables. Les ouvrages de Théologie,
Morale, Philosophie, Médecine, etc. consultés à des fins professionnelles ou de
spécialisation, ne pourront être à la portée d’autres potentiels lecteurs, car ils pourraient
leur nuire. » (Expériences des Conseils locaux, p. 122).
Comme chacun sait, l’homme vit dans le monde. Quand on est appelé à
se sanctifier au milieu du monde, on est intégré dans la société parce
qu’on a une famille, une profession, des biens à gérer, parce que l’on prend
des décisions personnelles dans tous les domaines, que l’on crée des liens
affectifs, que l’on construit sa propre personnalité et en général, parce que
l’on est autonome dans les différents domaines de l’existence. Dans l’Opus
Dei, tout ceci s’avère vraiment difficile, voire impossible.
En effet, bien qu’elle se présente comme un chemin destiné aux
chrétiens ordinaires au milieu du monde, tout en insistant sur le fait
qu’elle ne retire personne de sa place (c’est ce que l’on croit quand on
demande l’admission), la réalité est cependant toute autre pour ceux qui
s’engagent dans le célibat. On peut constater aisément que le mode de vie
et d’obéissance est totalement plaqué sur celui des religieux : les membres
célibataires n’ont aucune indépendance économique. En outre, ils sont la
plupart du temps orientés vers des tâches internes sans salaire, ou vers des
postes dans des entreprises apostoliques dépendantes de l’Opus Dei, ce qui
Aliénation de la personne
28
Selon le Vadémécum du Gouvernement local, p.117, « les membres de l’Opus Dei
seront librement disposés à quitter un travail professionnel si prestigieux et fécond soit-
il, pour se dédier aux tâches les plus humbles, si les directeurs le leur demandent. »
29
Note du gouvernement de l’Opus Dei, (car dans l’Opus Dei, on gouverne à base de
notes) à propos de l’utilisation des téléphones portables : “D’autre part ces appels sont
encore très chers, souvent plus d’1Euro l’appel. Dans certains cas on pourrait les
considérer comme une dépense extraordinaire et il faudrait consulter le directeur pour
savoir s’il est opportun de faire un seul ou plusieurs appels. Et toujours lorsqu’il s’agit
d’un usage non professionnel, il faut joindre sa facture téléphonique à la note de frais
que l’on remet aux directeurs ”.
30
“Dans le travail de formation spirituelle, il serait imprudent de considérer certaines
choses comme acquises. Il n’est donc pas logique de taire systématiquement certains
thèmes tels que la pureté, la foi et la vocation. Il est indispensable de former
convenablement sur ces points avec délicatesse et sens surnaturel, avec clarté et sans
ambiguïté. Il faut aussi parler dans l’entretien fraternel de ses lectures, pour demander
le conseil approprié ainsi que du profit de son temps qui n’est que pour Dieu. Il sera
parfois opportun de faciliter la direction spirituelle, au cas où quelqu’un oublierait d’en
parler, d’évoquer ces sujets, afin de former et d’orienter la conscience en suggérant des
objectifs concrets de lutte et de progrès intérieur ” (Vademecum du Gouvernement
Local, p.97). Comme on peut le remarquer, le directeur spirituel n’est donc pas
seulement quelqu'un qui écoute, mais qui doit sonder l’intimité.
Voici encore deux paragraphes d’un guide interne élaboré par des directrices qui montre
jusqu’où on peut aller dans le domaine de l’intimité: “Cet enseignement et cette
formation donnés par les directrices doivent toucher tous les aspects de la vie : chacune
des puissances et chacun des sens, chacune et toutes les activités. Aucun détail ne doit
rester dans l’ombre : celui que l’on ne voit pas ou que l’on ne veut pas voir, ou celui
dont on ne veut pas parler dans la direction spirituelle. Unité de vie: totale et exclusive,
forgée dans la prière personnelle” […] Pour cela, la Directrice voit, entend (des
corrections fraternelles), elle approfondit (elle voit tout cela dans sa prière, elle
interroge ses sœurs sur tous les aspects de leur vie, sans oublier « les recoins les plus
sombres » et elle les interroge sans peur d’entrer dans leur intimité. Jour après jour avec
une infinie délicatesse, car elle se sait l’instrument de l’Esprit Saint, la directrice
peaufine le manuscrit, feuille après feuille, elle connaît à fond ses sœurs (leurs
réactions, leurs attitudes et leur situation) et elle les aime vraiment chacune en
particulier.” (Direction spirituelle: Formation de la conscience. Fidélité. Juin 1996).
Ce guide se trouve dans le livre d’Isabel Armas Serra La voz de los que disienten, (La
voix des insoumis.) pp. 126-135. Editorial Foca.
(http://opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=6136). On
peut comparer ces textes avec le Code de Droit Canon c. 630 et le décret
Quemadmodum de Léon XIII, 17 décembre 1890 (Acta Sanctae Sedis 23 (1890-1891),
p. 505-8.)
31
Voir notes 4 et 12.
32
À propos du devoir d’obéissance, il est dit dans le Catéchisme de l’Oeuvre n. 141,
que pour les fidèles de l’Opus Dei, cette vertu chrétienne suppose le devoir « d’observer
promptement et méticuleusement les suggestions, dispositions et conseils des Directeurs
de l’Opus Dei en tout ce qui concerne leur vie intérieure et leur travail apostolique. » Il
en est de même dans le Vadémécum du Conseil Local qui cite, parmi les engagements
lors de l’admission dans l’Opus Dei, tout simplement « le devoir d’obéir avec finesse,
sens surnaturel et promptitude au Père –et aux directeurs qui le représentent - dans tout
ce qui concerne la vie intérieure et l’apostolat » (p.53). Reste-t-il alors un seul aspect de
la vie d’un membre de l’Opus Dei qui n’appartienne pas à sa vie intérieure ? La note 17
se réfère à ce sujet.
33
Dans De spiritu et de piis servandis consuetudinibus, n. 69, on peut lire: « Cette
charité représente pour nous l’obligation d’aider et de conseiller les autres fidèles de la
prélature, mais toujours dans les limites de la correction fraternelle. » Autrement dit :
toute possibilité d’exprimer son amour fraternel en donnant un conseil aux autres
lorsqu’on le juge opportun, se limite à la correction fraternelle dont l’autorisation a été
demandée d’abord aux directeurs. Ce qui implique que toute relation basée sur la
confiance et l’amitié est impossible.
34
Voici un témoignage personnel qui illustre bien le concept de formation idéologique :
“Je n’en finis pas de réaliser à quel point tout mon être est voué à l’œuvre, que rien dans
ma vie ne m’appartient, tout est pour Dieu, pour l’œuvre, pour les directeurs. Mes droits
ne sont pour eux que pur égoïsme. Les leurs sont fidélité-bonheur, efficacité
apostolique et vie éternelle : intimité avec Dieu, accomplissement de mon devoir, Opus
Dei. Je dois oublier l’existence d’une obéissance qui serait sélective : ils peuvent tout
m’ordonner, sur n’importe quoi et à tout moment. Je ne dois qu’obéir. En tout et
toujours. Tenter de vouloir expliquer la volonté de Dieu serait absurde, ce ne serait que
la défroque de l’infidélité. Mais reste encore enfoui en moi la scène de ma trahison :
Jésus sur la croix m’appelle, et moi je regarde les directeurs : mesquin, mesquin,
mesquin.” (Lappso, dans
http://www.opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=4467
).
35
Le Vademecum du gouvernement local dit à ce propos : “Concrètement, il faudra
découvrir avec prudence quel genre d’amitié une personne développe, si elle est intime
avec quelqu’un, si elle cherche un conseil spirituel en dehors de l’œuvre au lieu de se
confier à ses frères. Quel genre de lettres elle écrit et reçoit, car elle écrit peut-être à des
parents, des amis ou à d’autres personnes qui ne lui donnent pas de bons conseils, quels
sont les livres qu’elle lit. ” (p.63). Tous les moyens sont bons pour découvrir avec
prudence ce qui arrive, dans ce cas précis, à un individu.
36
Voir canon. 51; 54 § 2 et 1720 du CIC.
37
On peut lire à ce sujet deux témoignages sur ;
(http://www.opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=678
3), le premier traite de la procédure d’une condamnation orale de peine. Le second est
une rare exception dans cette pratique courante de l’Opus Dei, mais il montre bien
comment cette dernière impose des censures ecclésiastiques comme moyen de pression
sur l’individu :
(http://www.opuslibros.org/libros/libero_antonio.htm). Le prêtre Antonio Petit apprend
qu’il est révoqué de son ministère sacerdotal, par un décret extrajudiciaire du Prélat car
il avait demandé à être excardiné de la Prélature de l’Opus Dei pour des raisons
personnelles graves, sans n’avoir commis aucun délit. Le décret du Prélat, reproduit
dans l’écrit auquel nous faisons référence, est une preuve suffisante de ce que nous
affirmons.
propos des règlements internes, J’ai fait un rêve cette nuit… et au réveil, une
question me hantait.
(http://www.opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=124
86).
39
Voir à ce propos, deux articles de Libero : La puissance de la juridiction et son
exercice dans la l’Opus Dei.
(http://www.opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=125
55),
Et Supplément sur la Prélature
http://www.opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=1262
7).
A ce propos, on peut comparer avec ce qui est dit dans le Catéchisme de l’Œuvre, n 9 à
11. 7è édition, Rome 2003
(http://opuslibros.org/libros/Catecismo/Catecismo.htm#art1).
42
A ce propos, lire le témoignage très vivant et impressionnant de Mari Paz, un bon
exemple de ce que nous dénonçons :
(http://www.opuslibros.org/nuevaweb/modules.php?name=News&file=article&sid=127
06).
Ceux qui s’en vont, après avoir vécu tant d’années ce qui aurait du
être un don à Dieu, sont dans un état assez lamentable. La plupart du
temps, ils partent parce qu’ils n’en peuvent plus, parce que leur santé
mentale s’est détériorée ou bien à force d’être en conflit permanent avec
leurs supérieurs. L’expérience nous montre que la plupart des membres
partent, non par une attirance superficielle du monde ou pour s’éloigner de
Dieu, mais parce que leur capacité de résistance humaine à atteint ses
limites. Ils le font la mort dans l’âme, dans tous les sens du terme. La
plupart d’entre eux n’ont aucun métier à leur actif, sont dans le dénuement
(http://www.opuslibros.org/libros/oraculo_Petit/historia.htm).
46
“Enfin, vous devez rédiger des fiches les plus complètes possibles sur les visites
rendues aux autorités - toujours en accord avec la Commission - et sur les amitiés de
ceux de chez nous. Vous devez noter avec exactitude les noms de chacun, afin
qu’aucune amitié ne soit perdue. Notez également sur cette fiche toute prévenance
qu’ils auraient envers vous, et vous envers eux : vous réaliserez ainsi un grand travail
spirituel » (Instruction donnée aux Directeurs, n. 72).
47
Pour vraiment saisir la gravité ces rapports, on peut lire l’un d’entre eux rédigé dans
un diocèse espagnol et Dieu merci, découvert par hasard par un responsable de la Curie.
Voir la publication d’Ávila, Informe secreto de una diócesis (Rapport secret sur un
diocèse), qui montre comment l’Opus Dei recueille des informations qu’elle juge et
diffame à partir d’opinions sans fondement.
(http://www.opuslibros.org/libros/Avila_informe_secreto.htm).
48
Le célèbre théologien Ives Congar, dans Fausses et vraies réformes dans l’Eglise,
Madrid 1953, nous donne d’abondantes pistes sur ce sujet : “Les intégristes du XIXè
siècle cherchaient à soutenir la doctrine de l’Église sans rien ajouter ni enlever. Ils
s’organisèrent en sociétés secrètes et usèrent de la délation comme une arme offensive
contre ceux qu’ils considéraient comme des ennemis dans l’Eglise et en dehors d’elle.
A priori, il ne s’agit pas d’une prise de position doctrinale, mais « d’une certaine
manière de sentir et d’affirmer le catholicisme. C’est une mentalité qui définit comment
soutenir les positions catholiques” (p.446). “Ils sont extrêmes dans leur comportement
et leur éducation, leur tempérament affecte toute la vie intellectuelle, morale et
politique. Ils auront toujours tendance à vivre dans le passé intellectuellement et
politiquement à « droite ». Voilà pourquoi leur perception de la vie, de la religion et du
monde moderne séparent les intégristes du commun des mortels. Les catholiques
conservateurs se méfient du monde moderne, ils craignent de voir l’ennemi pénétrer
dans l’Église et de le voir pactiser avec l’erreur. Pour eux, tout est hérésie. Ils aiment
l’ordre imposé d’en haut par le dogme et la tradition, en tout cas par l’autorité
compétente. Ils haïssent tout ce qui est humain. Ils se méfient de ce qui vient de leur
siècle et ils chérissent l’autorité.” (p.453).
49
Voir article de Giancarlo ROCCA, Le fondateur de l’Opus Dei. Une évaluation
critique, dans Revue d’Histoire Ecclésiastique, avril 2007. Du même auteur, Gli studi
accademici di Josemaría Escrivá de Balaguer, à paraître. On peut trouver ces deux
travaux ci-joints.