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Bernard Palissy

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HOMMAGE A BERNARD PALISSY

Que connat-on de lui, de ses suiveurs,


de ses imitateurs, de ses continuateurs ?
Sa vie, une qute permanente
Sa jeunesse (~1510 1538) :
Bernard Palissy serait n vers 1510 en Agenais. Il connat bien la Saintonge et ses marais
salants ; on soulignera limportance du sel dans ses recherches de glaure, au point que
certains auteurs lont suppos fils de saunier. Il a acquis une ducation littraire et
mathmatique dun niveau suprieur ; son premier mtier est celui darpenteur-gomtre.
Il a suffisamment de fortune pour entreprendre des voyages en France (Nmes, Reims,
Tarbes). Cest ainsi que lon peut suivre son parcours dans le Sud-Ouest, la rgion
parisienne et les Ardennes, mais il na certainement jamais fait le Tour de France, et sans
doute pas parcouru lEurope, comme le voudrait la lgende.
Sa maturit en Saintonge (1539 1566) :
On est peu prs sr que Palissy se trouvait dj Saintes en 1539 ; cest la ville o il se
marie et engendre une douzaine denfants (ses fils Pierre et Mathurin ont travaill avec lui
sur la grotte dAnne de Montmorency et Nicolas aurait travaill la grotte de
Catherine de Mdicis, dans latelier des Tuileries). Il ne faut pas omettre de signaler
son engagement religieux pour la Rforme qui le condamne tre emprisonn une
premire fois pour crime dhrsie , en 1563. Il exerce des mtiers divers comme
peintre-verrier, arpenteur-gomtre (relev des ctes de Saintonge vers 1544) pour
finalement ddier sa carrire et sa vie la Cramique. Autodidacte, il fait sans cesse des
essais dans tous les domaines et en particulier sur les glaures en travaillant avec les
potiers de la Chapelle-des-Pots en Saintonge. Il dcouvre lmail blanc, invente un
systme permettant de mieux cuire les pices. Ses premires productions (vers 1549) sont
dites pices jaspes , inspires de lorfvrerie ou de gravures. Ce nest que quelques
annes plus tard quil invente les cramiques dites rustiques figulines [rustique =
type de dcor constitu de rocailles, de vgtaux et danimaux ; figuline = fabriqu,
model en terre].

Sa production cramique entre 1556 et 1558 :


Sa rencontre avec le conntable Anne de Montmorency, venu en Saintonge pour rprimer
une rvolte, lui permet de recevoir, vers 1555, la commande de la grotte du Conntable,
peut-tre destine au chteau dEcouen. Personnage important pour la carrire et la vie
du matre-cramiste, le conntable le sort de prison une premire fois en Saintonge puis
lintroduit la Cour. Bernard Palissy nest pas un simple potier mais un rudit-chercheur,
entretenant des relations avec la noblesse. Il est gologue et naturaliste, il connat trs
bien les terres, en particulier les terres blanches quil a commenc dcouvrir avec les
potiers de la Chapelle-des-Pots, en Saintonge, puis a recherch partout en France. Il est
curieux de saisir sur le vif la vie animale, humaine, vgtale ou minrale. Ds ce moment
il met par crit sa qute de la perfection en matire de cramique : Architecture et
Ordonnance de la grotte rustique de Monseigneur le Duc de Montmorency, Pair &
Connestable de France en 1563, puis Recepte vritable par laquelle les hommes de
France pourront apprendre multiplier et augmenter leurs thrsors en 1564 [sic]. Sa
rputation est en grande partie lie ses crits. Son engagement religieux dans la voie
protestante, a fait son malheur et ses suiveurs au XIXe sicle en ont fait un combat
politique.
Sa rputation auprs de la Cour (1567 1572) :
Suivant sans doute une mode italienne dagrmenter les jardins de fontaines et grottes,
Catherine de Mdicis commande Bernard Palissy une grotte pour les jardins des
Tuileries en 1565. Ayant reu cette invitation royale, le cramiste stablit Paris et
installe un premier atelier avec ses fils (Matthieu et Nicolas) dans lequel il range une
partie de ses moules transports depuis la Saintonge. Il est oblig de quitter Paris au
cours de lanne 1572 et chappe ainsi aux massacres de la Saint Barthlmy. Il se rfugie
Sedan entre 1573 et 1575, annes pendant lesquelles, il remonte un troisime atelier,
donne des confrences et continue ses recherches.
Ses dernires recherches Paris (1576 1590) :
Ses dernires annes sont consacres la recherche (dernire publication en 1580
Discours admirables de la Nature des Eaux et Fontaines ). En dcembre 1586, il est
arrt Saint-Germain-des-Prs car il nabjure pas sa religion protestante. Il fait appel en
janvier 1587, puis est nouveau arrt, en juillet 1588 et condamn tre pendu et
trangl, puis envoy en Bastille o il meurt en 1590.

Ses recherches, sa technique, ses ateliers (Saintes, Paris, Sedan)

Si Palissy a acquis une rputation ingale de cramiste dexception, un gnie crateur,


cest la fois grce ses inventions et la diffusion de ses recherches, travers ses
publications et ses confrences. Palissy na aucune formation de potier, il ne sait pas
fabriquer une pice, il confie le plus souvent cette tche des artisans de la Chapelle-desPots, par exemple. Il est sans cesse la recherche des terres les meilleures. Des analyses
en laboratoire ont rvl quil utilisait cinq types dargiles diffrentes dans son atelier
parisien, dont lextra-blanche qu'il a d rapporter de sa rserve de Saintes (proches des

argiles kaoliniques des Charentes). Il manipule plusieurs argiles dans un mme moule en
fonction de la finesse du dcor.
Sa technique a galement consist perfectionner une mthode de moulage particulire
quil appelle linsculpture . Le moulage se droule en deux temps : dabord Palissy
moule des animaux vivants dont il tire un positif en terre cuite (reptiles, batraciens,
poissons, oiseaux, lapins ; des coquillages, des vgtaux, des cailloux pour le dcor de
rocaille, des parties du corps humain) puis il assemble, selon son gr, les lments en
terre cuite et labore ainsi des scnes complexes pour des pices exceptionnelles, tout
particulirement pour les plats dit aux rustiques figulines . Ses recherches se
concentrent sur les glaures quil veut fines, transparentes pour ne pas empter le relief
des motifs mouls. Les bases de ses glaures plombifres sont habituelles (le cuivre pour
le vert, le cobalt pour le bleu, le fer pour le jaune et certaines glaures opacifies par
ltain) ; ses mlanges novateurs sont essays sur des petits albarelles (certains retrouvs
dans les fouilles du Louvre). Ses glaures jaspes sont les plus apprcies.
Il porte toute son attention la cuisson des cramiques. Comme il travaille volontiers
dans diffrents ateliers de potiers et de verriers, il peut essayer de nombreux types de
fours ; le four du verrier le sduit car cest le seul qui lui permet dobtenir un mail blanc.
Palissy a t lui-mme lorigine dune lgende solidement ancre au XIXe sicle, celle qui
le dcrit en train dalimenter son four, avec ses propres meubles : les estapes qui
soustenoyent les tailles de mon jardin, [] les tables et plancher de la maison . Cette
scne fameuse a t peinte, entre autres, par Alexandre-Evariste Fragonard (conserv
Svres - Cit de la Cramique).

Tableau dA-E. Fragonard

La nature, les grands textes, ses sources d'inspiration


La nature source dinspiration :
Ds le dbut de sa carrire de cramiste, Palissy prend la nature comme source
dinspiration privilgie pour concevoir les plats dits aux rustiques figulines . Il se plait
essayer de reproduire les lments des mondes animal, vgtal et minral. Pleinement
dans son temps, celui de la Renaissance, Palissy joue sur lillusionnisme en mettant en
scne une nature rinvente dans les grottes quil imagine pour Anne de Montmorency et

Catherine de Mdicis. Cest en tudiant attentivement les fragments de la grotte des


Tuileries, que lon peut r-attribuer les plats aux rustiques figulines Palissy, avec une
mme construction de lespace et les animaux habituels comme les reinettes, les
serpents... Cest ainsi que le grand plat de Svres (MNC 965.1, plat provenant du cabinet
Denon) semble appartenir plutt une srie tardive du XVIIIe sicle, ayant servi de
modle la production du XIXe sicle.
Les plats dits aux rustiques figulines des suiveurs ou contemporains de Palissy

MNC 965.2

MNC 965.1

MNC 3145

Les uvres du cramiste Svres


(Salle des antiques et terres vernisses au rez-de-chausse, ct Seine)

La Grotte des Tuileries, commande par Catherine de Mdicis en 1565


Grce aux archives du conservateur J.-F.-F. Husson-Fleury dit Champfleury, conserves
Svres Cit de la Cramique, nous pouvons suivre les diverses pripties des fouilles
rgulires et clandestines dans les Jardins des Tuileries o fut retrouv latelier parisien
de Palissy, au milieu du XIXe sicle et fouill compltement lors des travaux du Grand
Louvre la fin du XXe sicle.
Au XIXe sicle, lhistorien Adolphe Berty publie les premires fouilles et propose une
restitution de la grotte de Catherine de Mdicis. Le clbre photographe Baldus mmorise
en deux prises de vue le dgagement de latelier de Palissy le 9 aot 1865, en mme temps
quil photographie lensemble des travaux mens dans le palais du Louvre (construction
de la nouvelle salle des Etats en 1865). On sait maintenant que Bernard Palissy sest
4

install dans un ancien atelier de tuiliers, nombreux dans ce secteur depuis le XIII e sicle,
pour y entreposer ses moules pris sur le vif, rapatris de Saintes. Il a indniablement
lintention de concevoir la grotte des Tuileries, comme il labore les dcors fantastiques
de ses plats partir des moules. Les fouilleurs dgagent des grands moules en pltre
reproduisant des parties du corps humain (sur les jambes se voient les rides de la peau,
les poils) ; comme ceux-ci sont trs fragiles, des tirages en terre cuite sont excuts et
quatre dentre eux entrent Svres en 1878.
En 1879, le Louvre et Svres se partagent les fragments retrouvs en 1865. Mais avant ces
fouilles officielles, plusieurs dcouvertes fortuites avaient t ralises ds 1845, dont
un chapiteau au dcor de rocaille (MNC 3544), provenant probablement de latelier de
Palissy. Dautres fragments sont mis au jour en 1855 lors du creusement dun bassin dans
les jardins ; seul le plat fragmentaire au Baptme du Christ (MNC 5055) est achet par
Svres en 1856. On ignore ce qu'il est advenu des autres pices. Dautres fragments de
grotte sont retrouvs lors du creusement dune tranche, pour installer le ballon Giffart de
lExposition universelle de 1878. Puis de nouvelles fouilles officielles sont pratiques par
Vacquer en 1883. A la mme date, un lieutenant de gendarmerie Mandres, en poste au
Pavillon de Flore du Louvre semble avoir dcouvert fortuitement quelques fragments
supplmentaires, en partie donns au muse de Svres. Toutes ces trouvailles du XIXe
sicle sont rparties, aprs de dures ngociations, entre les muses Carnavalet, de Svres
et du Louvre.
Enfin, de nouvelles fouilles archologiques ont t menes avant la construction de la
Pyramide du Louvre, entre 1983 et 1990. Latelier de Palissy a t ainsi redcouvert dans
sa totalit et les pices archologiques ont t confies exclusivement au muse national
de la Renaissance dEcouen.

Quelques fragments retrouvs

Essai de restitution de Berty

Photographie de Baldus, 1865

Essai de restitution par les fouilleurs de 1983-90

Ses suiveurs :
Il semble que le matre-cramiste ait fascin ds les dernires annes de son existence. De
nombreux ateliers se sont appropris ses dcouvertes et liconographie de ses pices. Dans
la mouvance de la Renaissance, ils ont, comme Palissy, imit les plats en mtal et tir leur
inspiration de gravures qui circulaient dans les milieux artistiques. Ils ont produit des
pices au revers jasp et aux motifs mouls. Ses suiveurs immdiats ont cr dans un
style palissen jusque vers 1640 (pour certains chercheurs jusquau XVIIIe sicle).
Les premiers suiveurs la fin du XVIe sicle et au dbut du XVIIe sicle
Les ateliers de Fontainebleau, ou dAvon :
Fontainebleau, joyau de la Renaissance, dcor en partie par Rosso (LAllgorie de la
Fcondit) est une source dinspiration importante pour tous les crateurs et en
particulier pour les cramistes des ateliers voisins. De Palissy, ils ont retenu les revers
jasps de ses premires cramiques et certains thmes mythologiques et religieux pour les
grands plats. Claude Berthlmy, mailleur sur terre de Fontainebleau, a produit un
grand nombre de pices jaspes de terre au dbut du XVIIe sicle. Cet atelier fut actif
entre 1570 et 1620. Deux pices des collections de Svres pourraient lui tre attribues :
La Nourrice (MNC 1165), Saint Paul (MNC 6565).
Latelier du Pr dAuge (Normandie) :
La Normandie a t, depuis le Moyen-ge, une des rgions possdant un savoir-faire
remarquable en matire de cramique vernisse. Les potiers matrisent les terres et
dveloppent une large gamme de glaures ; ils savent crer la matire jaspe chre
Palissy. Un cramiste se distingue parmi eux, celui qui a t surnomm ultrieurement le
Matre au pied ocre , actif la fin du XVIe sicle et au dbut du XVIIe sicle (MNC
1041). L'atelier du Pr d'Auge fut actif entre 1590 et 1620.
Plusieurs auteurs supposent quun atelier de cramistes existait la frontire nord de la
France-Flandres ; certaines scnes directement inspires dune iconographie flamande le
laissent supposer.
Le got palissen perdure aux XVIIe et XVIIIe sicles chez certains faenciers comme
Corado Nevers (plat MNC 12575, expos dans la salle des faences du rez-de-chausse).
Des fabriques anglaises copient en faence la production franaise, notamment prs de
Londres (Southmark). La manufacture anglaise de Minton emploie le mot de Palissy
ware pour les pices glaure plombifre comme le trs beau plat conserv au muse de
Svres (MNC 6284).
Quelques thmes de prdilection, repris par ses suiveurs ou continuateurs,
illustrs par les pices de Svres :

Les plats dits aux rustiques figulines (MNC 965.1, MNC 965.2, MNC
3145)

Sujets allgoriques : Allgorie de lAfrique (MNC 8404) ; Allgorie fminine


(Pomone ou la Belle Jardinire MNC 4903).
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Sujets mythologiques : Gondole dite de Crs, desse de lagriculture tenant


deux cornes dabondance, dans un champ de bl (MNC 4657) ; Perse dlivrant
Andromde, attache un rocher sur son le, entours des complices de Perse ; le
thme se trouve sur une plaquette en bronze date de 1572 et conserve au
Rijksmuseum dAmsterdam, ou encore sur des gravures de Delaune (MNC 4406,
4919) ; Scne de bacchanale, joueuse de double flte et jeune satyre dansant ; la
bordure du plat est dcore de putti dansant et de ttes de satyres portant des
grappes de raisin (MNC 6017) .

Sujets bibliques de lAncien Testament : Le Sacrifice dIsaac par Abraham :


des nuages surgit un ange qui retient la main dAbraham avant quil ne dcapite
son fils Isaac (MNC 4967).

Sujets bibliques du Nouveau testament : Le Baptme du Christ (MNC 4902


et 5055) : dans les deux exemplaires, le Christ est la figure centrale au milieu de la
rivire ; le baptme est accompli par Saint Jean-Baptiste, debout sa gauche, des
anges se tiennent sa droite, loiseau du Saint-Esprit et deux angelots voltent
dans les nuages ; La dcollation de Saint Jean-Baptiste, demande par Salom
Hrode ; le banquet dHrode se droule larrire-plan (MNC 4407).

Sujets profanes : Supplice de Regulus, exemplaire unique, tonneau dans lequel


le gnral romain fut supplici par les Carthaginois pour avoir t fidle son
serment (MNC 1168) ; Henri IV et sa Famille, il se tient auprs de son pouse,
Marie de Mdicis et de leur fils, le futur Louis XIII, n en 1601, cette scne sinspire
dune gravure de Lonard Gauthier, daprs un tableau de Franois Quesnel, dat
de 1602 (chronologiquement, cette iconographie ne peut avoir t cre par
Palissy, mort en 1590, alors que le plat montre la famille dHenri IV en 1602 ; le
plat de Svres MNC 6016 semble plutt tre une copie du XIX e sicle) ; une
Pastorale ou Le bonheur champtre , gauche une bergre tenant sa houlette et
droite un berger, assis au pied dun arbre, jouant du flageolet, des moutons
broutent leurs pieds (MNC 9910).
(Catgories dtermines par Isabelle Perrin, dans sa thse en 2004)

MNC 4407

MNC 1168

MNC 5055

MNC 4903

MNC 4406

MNC 4773

MNC 6565

MNC 8404

MNC 9184

MNC 1041

MNC 5690

MNC 6017

MNC 5559

MNC 9908

Pr dAuge

Sa redcouverte et son succs au XIXe sicle ; ses continuateurs et


ses imitateurs

Au XVIIIe sicle, Palissy est quasiment oubli lexception de quelques savants comme
Voltaire, Buffon Son art est redcouvert par des collectionneurs dans les premires
annes du XIXe sicle ; lengouement est tel que de nombreuses cramiques vernisses ou
mailles lui sont attribues.
Lcole de Tours :
La famille Avisseau : Charles-Jean Avisseau (1795-1861), dabord tailleur de pierre, a
la rvlation de lart cramique en voyant deux uvres de Palissy chez un collectionneur.
Il naura de cesse pendant plusieurs annes de retrouver les secrets du Matre ; il aboutit
vers 1843. A partir de 1836, il est dit peintre en faence et acquiert une solide
rputation ; les critiques font volontiers le paralllisme entre Palissy et lui. Le second
cramiste important de cette cole est Joseph Landais (1800-1883). Ami et beau-frre
dAvisseau, il partage sa passion des inventions en matire de cramique mais trs vite les
deux hommes saccusent mutuellement dexploiter les dcouvertes de lautre. Avisseau
travaille plus sur les formes, la manire dun sculpteur, Landais est plus naturaliste
et sans doute un grand dcouvreur de subtiles glaures, mais rapidement ils se fchent
dfinitivement. Les deux ateliers dAvisseau et de Landais demeurent des entreprises
familiales.
Dautres noms mritent dtre signals, celui dAuguste Chauvign (1829 1904),
peintre et cramiste, cherchant copier la nature dans toutes ses nuances, ou encore, de
Lon Brard (1830- 1902) dont la cration sloigne considrablement des uvres
palissennes.
Lcole de Paris :
Les uvres de lcole de Paris apparaissent plus tardivement que celles de lcole de
Tours. Le chef de file de lcole de Paris est sans conteste Georges Pull (1810-1889),
musicien, naturaliste et antiquaire dont la production cramique dbute aprs 1855 (son
atelier est situ rue de Vaugirard). Techniquement, ses uvres sont trs proches des
originaux, par lexcellente qualit des moulages ; il fait aussi des copies de statuettes et de
pices jaspes quil ne signe pas. Certains lui reprocheront de vouloir produire des faux.
Par la suite, il imprime sa signature sur le revers des pices.
Le deuxime artiste parisien important est Victor Barbizet (1805 -1870), actif entre
1850 et 1890. Il pratique un grand art du moulage sur les poissons en particulier.
Les autres cramistes comme Thomas Sergent (1830-1890) ne travaillent que dans un
lointain souvenir des pices palissennes.
Il faut signaler aussi les imitateurs (des faussaires pour certains) du XIXe sicle : vers
1884, les imitations de plats revers jasp se trouvent foison sur le march parisien.
Certains artistes ou restaurateurs, comme Pull, Pierrat sont souvent la limite entre la
cration et la contrefaon.

MNC 6284 Minton

MNC 10480

Avisseau

MNC 6436 Pull

MNC 10481

La collection nationale de Svres


Historique

La redcouverte de lart de Palissy est due des collectionneurs tels que Du Sommerard,
Sauvageot (collection de 88 pices dites de Palissy), Brunet-Denon, le baron Durand (60
pices du matre) qui commencent sintresser ses pices ds le dbut du XIXe sicle.
Le Louvre prsente onze vases attribus Palissy ds 1817 ; de mme en 1830, le muse
de Svres exhibe au public un choix reprsentatif des productions de type Palissy.
De nombreux ouvrages sont dits sur le grand homme et son art, ds 1830, date
laquelle les ventes duvres de Palissy se multiplient, encourageant les imitateurs
faire de grossires contrefaons. Brongniart est trs prudent dans ses achats : les deux
premiers plats aux rustiques figulines sont acquis en 1827, achat prcoce garantissant
quasiment leur authenticit, mme sil sagit l de pices de ses suiveurs de la fin du XVI e
sicle. La mode Palissy est telle que la Manufacture de Svres cre un Vase dans le style
de Palissy (Chenavard, 1830), une coupe Palissy en 1840. Peu de cramiques sont
reconnues, lheure actuelle, comme de vraies uvres de Palissy.
Etat de la collection avant et aprs guerre
- Photographie de la vitrine dite Bernard Palissy et son cole, XVIe XVIIe sicles ,
publie dans le guide illustr du Muse Cramique de Georges Papillon, en 1909.
- Photographie des salles du muse telles quelle ont t retrouves en mars 1942 au
moment o le muse a t en partie dtruit par deux bombes.

1909

1942

Restauration de la collection en 2010, par le service de conservation


prventive et de restauration de Svres
A loccasion du cinquime centenaire de la naissance prsume de Bernard Palissy, le
dpartement du patrimoine et des collections, a souhait mettre en valeur toutes les
pices attribues l cole de Palissy , en faisant un point sur la datation de chacune
delles, lattribution tel ou tel atelier

Une campagne de restauration de lensemble de la collection a pu tre mene. Certaines


pices avaient irrmdiablement endommages par le tragique bombardement du 3 mars
1942 et taient depuis restes dans des caisses. Les fragments ont t tris, regroups par
ensembles et nettoys. Leur assemblage a permis de retrouver les formes initiales. Un
adhsif rversible a t utilis pour le collage afin de pouvoir facilement le dcoller et
ajouter un fragment que lon retrouverait encore. Les bouchages et les mises en teinte des
uvres lacunaires ont redonn la visibilit perdue. Dautres pices ne ncessitaient pas de
restauration fondamentale mais simplement un dpoussirage.
Avant ce travail de restauration, des tudes de laboratoire sur les glaures des pices
anciennes et dune pice de Georges Pull ont t menes, conjointement avec le
dpartement des objets dart du Muse du Louvre et le Centre de Recherche et de
Restauration des Muses de France. Les analyses sont en cours dinterprtation.
Marielle Pic, conservateur du Patrimoine, juin 2010

Avant

Aprs

Nettoyage de lensemble de la collection


Bibliographie sommaire
- Amico, Lonard. N., 1996, Bernard Palissy, in search of earthly Paradise, Flammarion, Paris-New York.
- Perrin, Isabelle, 2004, Les techniques cramiques de Bernard Palissy (2 volumes), Atelier national de reproduction
des thses, Lille, 2004.
- Slitine, Florence, 1997, Cramique franaise de la Renaissance sa redcouverte au XIXe sicle, dans lObjet dart, n
318, Nov. 1997, p. 57-69.
- Revue de lart, n 78, 1987 : plusieurs articles des fouilleurs et chercheurs associs la fouille de latelier de Palissy
redcouvert prs des Tuileries.
Catalogues dexposition :
- Bernard Palissy, Mythe et Ralit, muse de lEchevinage, Saintes, 1990.
- Une orfvrerie de terre, Bernard Palissy et la cramique de Saint Porchaire, muse national de la Renaissance,
chteau dEcouen.
- Un bestiaire fantastique, Avisseau et la faence de Tours (1840-1910), muse de Tours, muse Adrien Dubouch de
Limoges, Ed. RMN , 2002.
- Les cramiques du Pr dAuge 800 ans de production, muse de Lisieux, 2004.

La statue de Palissy, bronze dat de 1880, l'entre de Svres


Cit de la cramiques

Sculpteur, Barrias

Fondeurs, Thiebaut Frres

Bernard Palissy n vers 1510 Agen acquit sa rputation dinventeur de gnie grce aux crations
cramiques quil fit la fin du XVIe sicle ; on ne connat pas de manire certaine ses traits. Le
sculpteur Barrias limagine pourvu des attributs reprsentatifs de ses talents : il lui fait tenir dune
main l'un de ses fameux plats dits aux rustiques figulines (serpent, poissons, coquillages,
crevisses) et de lautre, lune de ses publications ; il lhabille dun tablier de potier couvrant son
vtement de gentilhomme du XVIe sicle, lentoure dun petit cabinet de curiosits (fossiles) et
dun petit four, caractristique dune de ses proccupations, la cuisson des cramiques.
Louis-Ernest Barrias (1841- 1905), sculpteur rput dans la deuxime moiti du XIXe sicle,
gagna toutes les rcompenses et les honneurs ; il prsenta le modle en pltre de la statue de
Palissy au Salon de 1880 (conserv au muse du Petit Palais, Paris). Lexemplaire en bronze le
plus clbre est rig dans le square de Saint-Germain-des-Prs ; deux autres sont placs
Boulogne et Villeneuve-sur-Lot. Les fondeurs de la pice sont les Frres Thiebaut.

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