De Mahieu Jacques - Le Grand Voyage Du Dieu-Soleil
De Mahieu Jacques - Le Grand Voyage Du Dieu-Soleil
De Mahieu Jacques - Le Grand Voyage Du Dieu-Soleil
Paris en 1915: Il
rside actuellement
Buenos Aires o il dirige
l'Institut de Sciences de
l'Homme.
Sa passion de connatre
et son got de l'rudition
lui ont valu d'tre Doyen
de la Facult des Sciences
Politiques et Recteur de
l'Universit des Sciences
Sociales d'Argentine. Il
est entre autres; Docteur
s Sciences Politiques.
licenci en Philosophie
et Docteur en Mdecine
Honoris Causa.
Son dernier livre, Le
Grand Voyage du Dieu
Soleil tmoigne de sa
curiosit universelle. De
puis plusieurs annes. il
parcourt le continent Sud
Amricain et rcolte toutes
les preuves, les traces de
la pntration Viking dans
le monde pr-colombien,
et ses dcouvertes in
dites sont innombrables.
Aussi bien du point de vue
archologique (similitude
architecturale, inscriptions
runiques) que du point de
vue des ressemblances
ethnologiques (les indiens
blancs). le professeur de
Mahieu apporte avec Le
Grand Voyage du Dieu
Soleil les preuves for
melles de l'arrive. cinq
sicles avant Christophe
Colomb, des Drakkars Vi
k ings en Amrique.
JACQUES DE MAHIEU
LE GRAND VOYAGE
OU DIEU-SOLEIL
EDITION SPCIALE.
Vik:iBgS , ou,,,,,
nant quelques-uns des peuples cits plus haut, ont touch les
ctes amricaines bien avant les Irlandais et les Scandinaves.
Ce n'est pas son propos. D'ailleurs, Christophe Colomb lui
mme en arrivant la premire fois l'le de la Guadeloupe, ne
trouva-t-il pas l'pave d'un vaisseau europen? Ce fait ne devait
pas rester isol : en 1721, un navire charg de vin qui allait
de Tnriffe Comara est jet par la tempte sur les ctes de
Trinidad. En 1770, un bateau charg de bl qui va de Lancelot
Tnrilfe est dport jusqu'au Venezuela.
Inversement, Pompenims Mela et Pline rapportent qu'en 62
avant ].-C., une pirogue, monte par des hommes rouges, fut
jete sur les ctes de Germanie. En 1153, une barque remplie
de sauvages " s'choua Lbeck.
A vrai dire, il serait fort trange que tant de navires europens
eussent navigu.f, pendant des sicles, au-del des colonnes d'Her
cule, sans quaucun n'et jamais t jet, avec son quipag,
'ar les ctes amricaines. Alenso de Hogeda, nomm en 1501
gouverneur du Venezuela, ne signalait-il pas la prsence d'Anglais
dans la rgion occidentale du pays?
Ce qui vient d'tre elit vaut pour la cte Pacifique. Lorsque
Balboa traverse pour la premire fois l'Amrique Centrale, il
trouve des traces d'incursions antrieures et s'interroge sur la
nationalit de ces capitaines inconnus.
En 1725, avant la colonisation par les Europens du nord-ouest
de l'Amrique, l'Indien Montcach-Ap atteint le Pacifique depuis
la Louisiane franaise. Il entend parler d'hommes blancs qui
viennent chaque anne chercher du bois et capturer des esclaves.
Il organise une embuscade et plusieurs trangers meurent au
cours du combat. Ce ne sont pas des Europens : leurs vtements
taient diffrents; leurs armes, plus lourdes que les occidentale;
et la poudre qu'ils employaient, plus grossire...
Tout au long du XIV sicle, des clizaines de jonques japo
naises, avec ou sans quipage, furent dportes jusqu'en Cali
fornie. On raconte encore que les immigrants chinois qui, dans
la premire moiti du sicle dernier s'tablirent au Prou, consta
trent, stupfaits, qu'ils comprenaient parfaitement les Incliens
d'Etn , un village de pcheurs situ prs de l..ambayque.
Autre nigme : que faut-il penser du rcit de l'historien chinois
Li-You? D'aprs ce texte, cinq moines boudhistes chinois,
originaires de Samarcande, s'embarqurent en l'an 458 sur le
Pacifique. A 12 000 lis de la Chine, ils trouvent Nippon;
7 ()()()lis plus au nord, Wen Chin, le pays des anos; S 000 lis
de ce dernier, Ta Hon, entour d'eau de trois cts. Enfin, aprs
un voyage de 20 (X)() lis vers l'est, ils arrivent une terre immense,
Fou Sang. La description que Li-You nous en donne - et en
particulier, tout ce qui est relatif l'emploi des chevaux et des
bovins - ne correspond pas, sur des .points fondamentaux, avec
ce que nous savons de l'Amrique d'alors. Peut-tre l'imagi
nation orientale a-t-elle enjoliv les choses. Quoi qu'il en soit,
le tmoignage ne peut tre, a priori, nglig : les 20 000 lis men
tionns - Il 600 km - reprsentent trs exactement la distance
qui, en suivant le cours du Kouro-Sivo, spare la Chine de la
Californie.
Tout semble indiquer, d'autre part, que des contacts fconds
existrent, il y a des sicles, entre l'Asie et l'Amrique. Les
travaux de Heine-Geldern ne permettent gure de douter d'ap
ports procdant de la culture Chou, de la Chine du Nord,
entre 700 et SOO avant J.-C.; de la culture Deng-Song, de
l'Annam, entre 400 avant J.-C. et 1 00 de notre re, et de la
culture Kmer, entre 800 et 1200. Mme pour le profane, la
reproduction sur des monuments mso-amricains de motifs
nettement asiatiques - la lieur de . lotus, par exemple - sont
des preuves spectaculaires.
Le Grand Voyage du Dieu-Soleil, donc, n'exclut pas la possi
bilit de voyages et d'influences diffrents de ceux qui constituent
l'objet de sa recherche. Il tudie avec une attention particulire
. 1
. l'elment racial blanc de l'Amrique pre-colombienne et dmontre
1,-&c-'' que des Scandinaves et des ellaftdni\ jourent un rle fonda
mental dans le dveloppement des grandes cultures nahuatl,
maya et quitchoua.
L'AMRIQUE
r. Cartes pr-colombiennes de l'Amrique
L'existence entre les Aores et Cipango (le japon) de terres
que, pour simplifier et au prix d'un anachronisme toponymique,
nous appellerons amricaines, tait dj connu au Moyen Age.
Nous en avons d'ailleurs la preuve par de nombreuses cartes
dessines, au XIv' et au Xv' sicles (donc avant Colomb) par des
gographes europens. Nous en reproduisons cinq dans les pages
suivantes. Deux d'entre elles se rapportent aux les de l'Atlantique,
deux aux terres de l'Amrique du Nord telles qu'on les connaissait
l'poque et la dernire l'Amrique centrale et mridionale.
Le premier de ces documnts (*) est l'uvre du Vnitien Fizi
gano et date de 1367. Ce qui nous intresse en lui, c'est l'anne et
un nom donn par les Normands , dit le gographe : celui de
l'le Bracir, qui figure galement, sous des formes diverses -
Brasil, Brasille et Brasile -, sur d'autres cartes de l'poque, ce
qui est d'autant plus significatif que l'on sait que le Brsil actuel
porte le nom indigne d'un arbre local. Nous trouvons, par
exemple, l'le de Brasil sur la carte d'Andrea Bianco, de Venise,
trace en 1436 (**). Mais il s'y ajoute, plus l'ouest, au mridien
Il n'est pas tout fait impossible que les cartes de la srie insu
laire soient nes de la lgende des Iles Fortunes , si rpandue
au Moyen Age, qui se rattache au mythe platonicien de l'Atlan
tide. Cette explication, nanmoins, est hautement improbable.
Les philosophes de l'poque - par exemple, Saint-Anselme dans
son Proslogion - mentionnent, en effet, les lnsul Fortunat
comme un cas typique d'ide sans base relle, et les gographes,
dans un monde intellectuel aussi rduit et aussi homogne que
celui d'alors, ne pouvaient pas se montrer plus crdules qu'eux.
Or ils ne mettaient mme pas en doute l'existence des terres
amricaines. Ils l'affirmaient, au contraire, avec une certitude
absolue. Le Florentin Toscanelli disait, par exemple, dans une
lettre de 1474 adresse, avec une carte qui malheureusement
s'est perdue, au chanoine Fernando Martinez qui se trouvait
Lisbonne au service du roi du Portugal : De l'ile Antilla, bien
connue, la clbre le de Cipango il y a dix espaces. La premire
est fort riche en or, en perles et en pierres prcieuses, et on y
recouvre d'or pur les temples et les palais .. " Ce qui nous int
.
resse ici, ce n'est pas la distance (40 degrs) mais le choix d'An
tilla comme point de rfrence de la part d'un gographe de tant
de renom. Si les les amricaines taient connues, c'tait videm
ment parce que des navigateurs europens les avaient atteintes au
cours de voyages mens bon terme. De fait, il existe des rcits
mdivaux qui sont arrivs jusqu' nous et qui rapportent des v
nements de cette nature bien qu'aucune donne objective ne
soit jamais venue les confirmer.
Le plus rpandu d'entre eux figure dans un manuscrit du
X' ou du XI' sicle, Navigatio Sancti Brandan!, et raconte deux
L. grand VOgage tJ Dieu-Sokil/ 19
ensuite allum du feu pour prparer leur repas, ce qui aurait fait
remuer l'animal : d'o un rembarquement prcipit.
L'authenticit des voyages de Saint Brandan n'est pas dmon
tre. Mais il n'est cependant pas possible de l'carter purement
et simplement. La description que la Navigatio nous donne des
Canaries et de l'le de l'Enfer, avec l'impressionnant volcan du
Teide, et, plus encore, de la mer des Sargasses ne nous permettent
pas d'exclure la possibilit que le saint abb soit parvenu jusqu'en
Floride. Moins digne de foi nous semble la lgende que recueille
Martin Behaim sur son fameux Globe Terrestre et qui rapporte
qu'en l'an 734, quand toute l'Espagne tait aux mains des
hommes de plus qu'il n'tait prvu dans les accords. Elle s'appro
pria en outre, pour elle seule, des maisons qui formaient le vil
lage. Helde et Finnborge construisirent alors une autre habi
tation, plus loin de la mer et au bord d'un lac. Mais les relations
entre les deux groupes restrent tendues.
Freydis, dcide s'emparer du bateau de ses associs, leur
tendit un pige dans lequel ils tombrent. Un matin de bonne
heure, elle se rendit la maison de Helge et de Finnborge et fit
semblant de ngocier avec ce dernier un change de navires,
sous le prtexte qu'elle avait dcid de rentrer au Gronland.
Elle rveilla ensuite son mari, Yhorvard, et lui raconta qu'elle
avait t maltraite par les deux frres et leurs gens. Indign,
Thorvard se jeta avec ses hommes sur ses voisins qui dormaient
paisiblement et les fit prisonniers. Freydis donna l'ordre de les
tuer tous et, comme aucun des compagnons de Thorvard ne
voulut excuter les cinq femmes qui faisaient partie du groupe,
elle-mme, avec une hache, s'en chargea.
En 1013, les restes de l'expdition retournrent au Gronland
avec un chargement de grande valeur. Freydis avait gnreu
sement rcompens ses compagnons, non sans les menacer de
mort au cas o ils raconteraient ce qui s'etait pass au Vinland.
Certains bruits arrivrent cependant aux oreilles de Leif qui fit
appliquer la question deux des hommes de sa sur. " Je ne
peux pas (la) chtier comme elle le mrite, dit Leif, mais je suis
sr que son crime sera puni en ses descendants "
Gudhleif.
Dis-leur, rpondit le vieillard, que les leurs envoient celui qui
fut meilleur ami de Thurid de Froda que de son frre Godi. Mais si
quelqu'un devinait qui a t le propritaire de ce bracelet et de
cette pe, dis-leur que j'interdis formellement quiconque de
venir le chercher, car cette cte est trop dangereuse si on n'a pas
la chance de dbarquer un endroit aussi bon que celui o vous
l'avez fait. Le pays est grand, mais il a peu de ports, et le danger
menace de toute part les trangers n.
Le grand voyage du Dieu-Sokil / 35
' .
3 Les Polynsiens blonds temotgnages
ceux des Europens et, s'ils taient vtus ... , ils seraient aussi
blancs que nous. En gnral, leurs cheveux sont noirs. La seconde
race est d'une taille mdiocre, a les cheveux crpus et durs comme
du crin; sa couleur et ses traits diffrent peu de ceux des multres "
Les mots en gnral " indiquent videmment l'existence des
individus cheveux clairs que les autres voyageurs rencontrrent
Tahiti comme dans presque toutes les les de Polynsie.
AMRICAINES
D'ULLMAN ET DE HEIMLAP
1. Le pays des anctres
La prsence dans le Nouveau Monde, avant la Dcouverte,
d'hommes blancs d'apparence nordique ne s'appuie pas que
sur les tmoignages historiques et les preuves anthropologiques
que nous avons rsums dans les chapitres prcdents. Les tradi
tions des peuples civiliss des trois Amriques la mentionnent,
en effet, galement. Le mot de tradition ne doit pas nous induire
en erreur. Les rcits que des indignes cultivs firent aUJ< chro
niqueurs espagnols immdiatement aprs la Conqute et les
textes que rdigrent alors, en castillan ou dans les langues
locales, des Indiens hispaniss dans une certaine mesure ne se
rapportaient pas de simples lgendes transmises oralement de
gnration en gnration. Les peuples de l'Amrique Moyenne
avaient, en effet, des livres d'histoire crits en caractres ido
graphiques et ceux du Prou, des quipu, jeux de ficelles noues,
qui constituaient pour les amauta qui les composaient et les inter
prtaient une base mnmonique fort sre. L'extraordinaire
concidence et le parfait enchanement de traditions qui apparte
naient des peuples aussi diffrents et aussi loigus les uns des
autres - qu'ils aient eu ou non des contacts sporadiques - que
les Nahuas et les Quitchouas exclut, par ailleurs, presque compl
tement la possibilit qu'il s'agisse de simples produits de l'imagi
nation ou de mythes dpourvus de fondements rels.
Nous savons, en premier lieu, par les chroniqueurs et par les
conquistadores eux-mmes que les indignes ne s'tonnrent
nullement de l'arrive des Espagnols et qu'ils n'essayrent mme
pas de leur offrir une rsistance srieuse. Corts entra Tenoch
titlan (l'actuelle ville de Mexico) avec quatre cents hommes et
Pizarre entreprit la conqute du Prou avec 1 77 officiers et soldats.
Partout, les nouveaux venus, blancs et barbus, furent considres
comme des Fils du Soleil et on leur rendit hommage comme
des dieux.
Nous trouvons l'explication de semblable attitude dans le
discours que Montzuma pronona devant Corts lorsqu'il lui
rendit visite au palais de son pre Axaiaca qu'il avait mis la dis
position de ses htes : .. Je vous considre comme des parents;
.
car, d'aprs ce que me dit mon pre qui l'avait entendu du sien,
les rois, nos prdecesseurs, dont je descends, n'taient pas des
naturels de cette terre, mais des nouveaux venus, lesquels arri
vrent avec un grand seigneur qui, peu aprs, retourna son pays;
de longues annes plus tard, il revint les chercher; mais ils ne
voulurent pas s'en aller, car ils s'taient installs ici et avaient
dj enfants et femmes et une grande autorit dans le pays. Lui
s'en retourna fort mcontent d'eux et leur dit au moment de partir
qu'il enverrait ses fils les gouverner et leur assurer la paix et la
justice, et les anciennes lois et la religion de leurs anctres.
C'est la raison pour laquelle nous avons toujours espr et cru
que ceux de l-bas viendraient nous dominer et nous commander,
et je pense que c'est vous, tant donn d'o vous venez... '' (33).
L'empereur inca Huayana Kapak ne se montra pas surpris
non plus lorsque, en 1 523, huit ans avant l'arrive de Pizarre,
il reut la nouvelle que des gens trangers et jamais vus dans
le pays - c'tait l'expdition de Blasco Nufiez de Balboa -
longeaient sur un navire la cte nord du Prou. Moribond, il
runit ses fils, ses capitaines et les chefs indignes qui l'accom
pagnaient et leur dit : Il y a bien des annes que, par une rv
lation de Notre Pre le Soleil, nous savons qu'aprs douze rois
de ses fils viendront des gens nouveaux et inconnus dans nos
rgions et qu'ils vaincront et incorporeront leur empire tous nos
royaumes et bien d'autres ; je suppose que ce sera ceux dont nous
savons qu'ils ont parcouru la cte de notre mer; il s'agit de gens
courageux qui vous gagneront en tout. Nous savons aussi que le
nombre des douze rois s'accomplit en nous. Je vous certifie que,
peu d'annes aprs ma mort, ces gens nouveaux viendront, qu'ils
feront ce que Notre Pre le Soleil nous a dit, qu'ils vaincront notre
empire et qu'ils en seront les seigneurs. Je vous ordonne de leur
obir et de les servir comme des hommes qui vous gagneront en
tout; car leur loi sera meilleure que la ntre et leurs armes, puis
santes et invincibles plus que les ntres. Soyez en paix. Moi, je
vais reposer auprs de mon pre le Soleil qui m'appelle (""). Ce
tmoignage n'est pas aussi prcis que l'antrieur, peut-tre
cause de la transmission orale qui lui permit d'arriver aux oreilles
du chroniqueur. Mais elle n'en est pas moins significative. Car
Huayna Kapak n'aurait pas pu attendre des gens nouveaux
si son peuple ou sa ligne n'avait pas eu antrieurement quelque
contact avec eux.
L'ouvrage que l'on appelle Popol Vuh ("'), texte quichemaya
dont nous nous occuperons dans le prochain chapitre, nous
fournit des indications qui claircissent singulirement les rcits
antrieurs : Qu'avons-nous fait, disaient les prtres? Com
ment avons-nous pu abandonner notre patrie, Tulan-Zuiva?
Et nos dieux, ceux que nous avons amens de ces terres de
l'Orient, gisent maintenant au milieu des plantes parasitaires et
de la mousse des arbres, sans mme une planche sur laquelle
reposer ! })
D'o taient venus les anctres de Montzuma et des Quichs ?
Les traditions aztque et maya rpondent la question travers
les versions complmentaires de presque tous les chroniqueurs ?
Ceux-ci se rfrent au lointain pays d'origine des Toltques, le
peuple civilisateur par excellence de l'Anahuac, dont l'action se
projeta jusque chez les Mayas. Le prince aztque hispanis lxtlil
xochitl nous parle de la grande et opulente ville de Tula, la vieille
capitale des Toltques avant leur arrive au Mexique. Il nous
en dcrit les temples et les pyramides ddies au Soleil et la
Lune. Il mentionne sa religion, exempte de tout culte sanglant, et
son haut niveau culturel. Un chant funbre toltque ajoute tout
cela un dtail important, comme nous le verrons : il y avait,
Tula, un temple de bois, matriau qu'aucun peuple nahuatl ni
maya n'employa jamais la construction de ses difices religieux.
Le P. Bernardino de Sahagun, historien des Mayas, rapporte
galement des traditions indignes relatives Tula, dont le
nom prend, en changeant de langue, la forme de Tollan et de
Tulan. D'aprs ses informateurs, la ville sacre se trouvait dans un
vritable paradis terrestre. Ses riches palais de jade et de nacre
blanche et rose taient entours de champs dont les pis de mais
et les calebasses atteignaient la hauteur d'un homme et o le
coton poussait de toutes les couleurs. C'tait le " pays d'Oiman "
On y trouvait du caoutchouc et du cacao en abondance et ses habi.
tants portaient des bijoux incomparables et des vtements lmmeux,
y compris des sandales de latex.
Notons immdiatement que la description de Sahagun n'est
pas autre chose que celle d'un pays des merveilles, tel que pouvait
l'imaginer un peuple tropical. Ce qui restait, pour les Mayas,
de la tradition de Tula, c'tait simplement le souvenir, embelli
par une fantaisie fonde sur la ralit vcue, de la terre lointaine
d'o taient venus, non pas leur propres anctres, mais ceux
des Toltques. Car il n'y a aucun doute que ceux-ci gagnrent
le Yucatan depuis I'Anahuac, comme ils taient arrives antrieure
ment du Nord dans les valles mexicaines. Il s'agissait donc d'une
tradition trangre, et il n'est pas tonnant qu'elle se soit profon
dment modifie avec le temps.
Apprendre que les Toltques, dont nous savons qu'ils entrrent
au Mexique au IX' sicle, procdaient d'un pays lointain, cela ne
manque certes pas d'intrt. Mais il serait beaucoup plus impor
tant d'tablir o tait situe Tula. C'est en vain qu'on a essay
de l'identifier Teotihuacan ou Xicotitlan. Ces villes que les
Toltques occuprent leur arrive dans l' Anahuac se trouvaient,
respectivement, 50 et 1 00 km de Tenochtitlan, et on peut
difficilement les considrer comme la capitale d'un pays lointain.
Le problme reste donc pos et ce n'est que par dduction qu'il
nous est possible d'arriver une hypothse satisfaisante. Le dtail,
mentionn plus haut, du temple de bois nous fournit une indi
cation prcieuse. La seule rgion o il existait, au Moyen Age, ce
genre d'difices religieux, c'tait, en effet, la Scandinavie. Si nous
considrons que la ville o se trouvait le temple en question s'ap
pelait Tula, mot qui ressemble trangement Thul, nom pri
mitif des terres du Grand Nord europen, les faits rapports par
les chroniqueurs commencent prendre un sens.
Il y a plus encore : le nom du " pays d'Oiman " parfois, " Oli
man " ou Oloman >> - d'o, pour les Mayas, venaient les Tol
tques. On a voulu faire driver Olman d'ul/i - ou olli : l'u et l'o
se confondent dans les langues amricaines -, terme maya qui
signifie caoutchouc et que l'espagnol s'est incorpor sous la forme
d'hule et, du moins au Mexique, avec le mme sens. Cette inter
prtation n'est pas impossible, bien sr, mais elle est hautement
improbable. Pour les Mayas, en effet, le caoutchouc tait un pro
duit des plus communs qui ne pouvait en aucune manire consti
tuer la caractristique essentielle d'une terre lointaine et extraor
dinaire. La logique voudrait qu'Oiman - ou Ulman -, dans
l'expression employe par Sahagun, se rapportt au nom du pays
d'o procdaient les nouveaux-venus, ou au nom du chef de ces
derniers. Or Ull ou Ullr est, dans la mythologie nordique, le dieu
des chasseurs. Ullman signifie donc dans n'importe laquelle des
langues germaniques, l'homme d'Uil " nom ou surnom bien
choisi pour un guerrier scandinave.
Ajoutons que les chroniqueurs donnent encore un autre nom
au pays d'origine des Toltques. Ils l'appellent Zuyua ou Zuiva,
selon les transcriptions. Il s'agt videmment du mme mot crit
avec un u ou avec un v, mais cette variation orthographique nous
empche de savoir quelle tait sa prononciation. De toute manire,
le terme n'est pas nahuatl, ni maya. Nous lui trouvons, au contraire,
de possibles racines dans le vieux scandinave : sol, soleil, et huitr
- ou hvitr -, blanc. Le soleil blanc " c'est celui de l'aube, qui
apparat l'Orient. Ce n'est peut-tre donc pas par hasard que
Quetzalcoatl, le dieu blanc des Nahuas, porte, entre autres, le
surnom de Seigneur de l'Aurore " ni que Manko Kapak, le
Fils du Soleil fondateur de l'empire des incas, sortit, au dbut
de sa campagne de reconqute, d'un lieu nomm Pakkari Tampu,
c'est--dire l'Abri de l'Aurore.
De tels arguments tymologiques n'ont, bien sr, pas grand
poids si nous les exposons isolment et, ce stade de notre
recherche, le lecteur aurait bien le droit de les considrer comme
tirs par les cheveux. Mais nous allons voir qu'ils ne font que
confirmer des preuves d'une nature toute diffrente.
7 Itinraire et chronologie
plus puissant que lui, qui lui ordonne de parcourir le chemin qu'il
parcourt chaque jour sans s'arrter. S'il tait matre et seigneur,
il agirait bien parfois sa guise "
a) Navire dking d' Gseberg (Norcge). b) Canot de guerre hada (cte nordesi de l'Amrique
du Norr!).
c) Calvitie che.:: t11l Guayaki blanc. J) Un Guayaki bnm et barbu. e) Type europede de Guayaki blanc.
a) Combat dans la ville entre Indiens et Blancs (fresque du Temple des Guerriers
de Chichenltza, Yucatan).
b) Instrument de
musique guayak.i
dcor de carac
Ures rWiiques. d) Un Guayaki brun et un Guayaki hlanc.
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cl.
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a) Carle anonyme de 1440 (en projection sur le trac exact de l'Amrique du lVon!).
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c) Inscription guayaki en caractres runiques.
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b) Caractres runiques sur un instrument de
musique guayaki. y compris le mme signe.
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dont se moque Garcilaso et qui ont fait des trinits ... que les
Indiens n'avaient pas imagines " dans le but d'assimiler leur
idoltrie notre sainte religion . Ce n'tait pourtant pas par
syncrtisme - rien ne leur tait plus tranger - que les chroni
queurs en question, et en particulier les prtres qu'il y avait parmi
eux, signalaient, voire exagraient, les ressemblances qu'ils
trouvaient entre le christianisme et les religions amrindiennes. Ce
ne fut point par uvre de leur imagination qu'ils en arrivrent
parler d'une prdication en Amrique de l'aptre saint Thomas
- Santo Torn, en espagnol - par analogue phontique avec l'un
des noms - Pay Torne - du dieu blanc. Cela dut mme leur
coter beaucoup de faire preuve d'une telle loyaut intellectuelle,
du moins quant au culte nahuatl dont les caractristiques sangui
naires les horrifiaient. L'vidence fut, sans aucun doute, plus
forte que leurs prjugs et que leur sensibilit.
Ce n'tait pas non plus par sympathie ni par considration que
les conquistadores appelaient papas les prtres nahuatl. Rien ne
devait leur sembler plus choquant, pour ne pas dire sacrilge, que
de donner ces ministres des idoles " bien qu'ils portassent
des soutanes noires et des capuchons comme ceux des Domi
nicains >>, le titre du Souverain Pontife de la Chrtient. S'ils le
faisaient, c'tait parce que les prtres d'Ollin Tonatiuh et ceux
de Quetzalcoatl se dsignaient eux-mmes de ce nom. Or, en
langue nahuatl, prtre se dit tlamacasqui et, d'autre part, papa
n'est pas un mot nahuatl. Les Indiens employaient ce terme pour
se faire comprendre des blancs, et ils y arrivaient. Mais comment
connaissaient-ils un vocable que les Espagnols n'appliquaient
certes pas leurs aumniers ? O appelait-on papas de simples
prtres? En Irlande. Les papas (paba, du latin papa) taient les
moines anachortes qui avaient peupl les les de l'Atlantique
Nord, y compris l'Islande, avant les Scandinaves qui les connais
saient fort bien et les appelaient papar. Nous savons par les
sagas que les Irlandais avaient colonis le Huitramannaland, terre
situe au sud du Vinland et seulement spare du Mexique par
la Floride, comme le montre la carte de la figure 3, et qu'il y avait
des prtres parmi ses habitants. Il serait invraisemblable que les
papas, grands navigateurs comme ils l'taient, fussent devenus
sdentaires, dans leur colonie amricaine, et qu'ils ne fussent pas
alls plus au Sud vangliser les Indiens. Nous avons donc de
bonnes raisons de penser que le Quetzalcoatl asctique des Nahuas
Le grand voyage du Dieu-Soleil/ 101
CRITURE RUNIQUE
I. Les langues amricaines
Au milieu de centaines de dialectes informes, grossiers et
instables, on parlait, dans l'Amrique pr-colombienne - et
on parle toujours - cinq langues qui, grce leur grammaire
et leur vocabulaire, constituaient d'apprciables vhicules de
culture : le nahuatl, le maya, le quitchoua, l'aymera et le guarani.
Cette dernire, dont le domaine s'tendait des les de la mer des
Carabes au littoral de l'Argentine actuelle, sort du cadre de notre
recherche. L'aymara avait perdu, plusieurs sicles avant la Con
qute, toute possibilit de dveloppement, en raison de l'incor
poration de son secteur l'empire incaique dont la langue
gnrale tait le quitchoua, et n'avait subsist - comme elle
subsiste encore - que comme simple moyen d'expression des
paysans du Haut-Plateau bolivien. Tout au contraire, le nahuatl,
le maya et le quitchoua appartenaient des peuples de haut niveau
culturel et de solides structures sociales et politiques qui fai
saient montre, au dbut du XVI' sicle, d'un vigoureux dyna
misme. Il ne nous reste malheureusement de leur littrature,
systmatiquement dtruite par les missionnaires espagnols, que
des debris sans grande importance, transcrits l'aide de l'alpha
bet latin, inadquat, par des prtres bien intentionns mais fort
peu philologues ou par des Indiens hispaniss qui possdaient
mieux le latin que leur langue maternelle.
120 / U grand voyage du Dieu-Soleil
Le nom que porte le Popol Vuh, le livre sacr des rois quichs,
revt, pour notre recherche, un intrt tout spcial. Il est, en effet,
compos du substantif vuh, identique quant au sens et la pro
nonciation au mot allemand Buch (mais non pas son quivalent
danois de mme racine, b/V et de l'adjectif popo/ qui drive indis
cutablement du latin popu/us, peuple. Ce " livre du Peuple "
c'taient les rois qui l'avaient, c'est--dire l'lite qui devait
1261 Le grand TJogage du Diea-&leil
Nous avons dj vu, dans les chapitres prdents, que les titres
incaiques taient tous scandinaves. Rappelons-les ici :
AYAR, titre des quatre fondateurs de l'empire. Vieux scandinave,
yarl, chef de guerre, comte.
INKA (INGA, d'aprs la graphie espagnole de l'poque de la
Conqute. La lettre g n'existe pas en quitchoua). /ng, suffixe
qui, dans toutes les langues germaniques, marque le lignage, la
descendance.
KAPAK. titre de l'empereur inca. Vieux scandinave, kappi,
homme valeureux, hros, champion, chevalier.
SCYRI, titre des rois de Quito. Vieux scandinave, skirr, brillant,
clair, pur (comparatif, skirri); skira, purifier ( l'poque chr
tienne, baptiser; Sklri-]n , saint Jean-Baptiste).
de l'aristocratie pruvienne :
MANKO, nom du fondateur de la dynastie, vient, nous l'avons
vu, de man, homme, et de kommgr, roi.
ROKA, nom du deuxime empereur inca, que prcde l'adjectif
quitchoua S!NCHI, courageux, semble provenir du prnom
scandinave Hrodgar, qui a donn Roger en franais.
Les termes latins que l'on trouve dans le quitchoua sont beau
coup moins nombreux. Donnons-en quelques exemples :
ANKALLINI, se plaindre, crier. Angere, affliger.
ARARIHUA. fermier. Arare, labourer; arator, laboureur.
AYMURALLU, abri sous lequel on place les moissons. Murus,
mur.
AYUNI, commettre l'adultre. ]ungere, joindre, unir.
KALLA, fuseau, quenouille. Co/lus, id.
NAKKANI, tuer, gorger. Nex, mort, tuerie; necare, tuer.
PILLU, plume, couronne. Pluma, plume.
RUMI, pierre. Roma, ruma, id.
8. L'criture
raison pour laquelle il n'est pas rare de trouver des runes isoles
comme lments de dcoration de locaux et d'objets destins au
culte.
Il nous faut encore mentionner, dans le mme ordre d'ide,
les inscriptions amazoniennes releves par Bernardo da Silva
Ramos (43) et que Pierre Honor (dans un livre sans grand caractre
scientifique} (") dclare avoir vues dans la rgion de Manaos.
Ramos tait un seigneur d'hvas, presque totalement inculte,
qui s'obstina voir sur les pierres trouves par lui des inscriptions
phniciennes et... les traduisit ! Les signes copis par ce brave
homme n'ont certes pas grand rapport avec l'criture de Tyr
et de Sidon. Par contre, ils sont nettement runiques, au point qu'il
est facile d'en lire certaines sries. Le groupe 1 de la figure 20
peut tre transcrit totalement : ATEPUOMN. C'est tout juste
si l'on peut avoir quelque doute au sujet de l'antpnultime
signe. Le groupe 2 permet de lire trois de ses quatre lettres :
UT .A. Le groupe 3 reproduit les trois premiers signes du premier :
ATE. Ces sries signifient-elles quelque chose dans une langue
quelconque d'Europe ou d'Amrique? Nous posons le problme
aux philologues. Mais le fait que Ramos ne se soit pas rendu
compte de la nature - disons, par prudence, de la ressemblance
- des signes que nous reproduisons, joue en faveur de l'authen
ticit de sa dcouverte. Malgr tout, le doute subsiste et, de toutes
manires, les inscriptions ne sont pas dates.
La prsence de runes dans l'Amazonie peut paratre surprenante,
premire vue. Pensons, cependant, que les Vikings, lorsqu'ils
occuprent le Prou, arrivrent ncessairement au fleuvemer
et, que, tels que nous les connaissons, il leur aurait t difficiie
de rsister la tentation de le descendre. Nous avons dj signal,
par ailleurs, au chapitre Il, la prsence actuelle d' Indiens
blancs " dans cette rgion.
En marge des inscriptions alphabtiques, une autre forme
pruvienne d'criture retient notre attention. Dans l'le de la
Lune (Kaoty) et Sampaya, port de la pninsule de Copacabana,
sur le lac Titicaca, on trouva des parchemins crits en aymara
l'aide de caractres idographiques : les kellka. Ces textes
sont des passages de catchisme rdigs au XVII' sicle par les
missionnaires en vue de l'vanglisation des Indiens mais la
majeure partie de leurs idogrammes sont bien antrieurs
la Conqute. La tradition nous apprend, en effet, que des ins-
134/ graM voyage du Diett-Soler1
9 Conclusions partielles
DES INCAS
I. Les deux calendriers
Parmi tous les astres que l'on peut observer depuis la Terre,
deux se dtachent, non seulement parce qu'ils sont plus prs
que les autres, mais encore parce qu'ils dterminent sur notre
plante des phnomnes cycliques qui influent sur nos condi
tions de vie : la Lune et le Soleil. A la succession des phases de
la Lune correspondent le rythme biologique de la femme et le
mouvement des mares, alors que le dplacement apparent du
Soleil au milieu des constellations fixes " provoque les chan
gements de saison et, partant, de climat, avec leurs consquences
sur la vgtation. En raison de sa constance et de sa brivet,
le cycle lunaire est le plus facile saisir. Mais le cycle solaire,
plus complexe, est le plus utile connatre car c'est de lui que
dpendent les travaux agricoles. C'est de l que les peuples
nomades et ceux qui, bien que sedentaires, vivaient sous un rgime
principalement thocratique ont adopt un calendrier lunaire,
tandis que ceux qui avaient atteint un plus haut niveau de civi
lisation ou qui dpendaient fondamentalement de la produc
tion du sol mesuraient le temps en fonction du Soleil. Nous
savons que les deux calendriers co-existaient dans l'gypte de
l'Antiquit : le premier, religieux et le secon d, civil. Il en tait
de mme chez les nahuas et chez les mayas.
Il n'est pas dans notre intention d'analyser les systmes chro-
140 / Le grand voyage du Dieu-Soleil
2. Le zodiaque incaque
VILLE NORMANDE
1. Les traces matrielles du Vinland
Les expditions des Scandinaves au Vinland, au dbut du
x1 sicle, et l'tablissement postrieur dans la rgion de colo
nies de mme origine ne prsentent pas, pour notre tude, un
intrt direct, puisque nous savons qu'Ullman arriva au Mexique
plusieurs dcennies avant le voyage de Leif Eiriksson. Ils ne
manquent cependant pas d'importance pour nous : ils dmontrent,
en effet, la possibilit et, par consquent, la vraisemblance du
dbarquement de Panuco. Certes, les sagas islandaises sont
dignes de foi. Mais les traces que les Vikings laissrent en Am
rique du Nord et que l'archologie nous fait connatre le sont
plus encore.
Depuis le milieu du sicle dernier, on a frquemment dcou
vert, au Canada, et aux f.tats-Unis, des ruines qui furent attri
buees aux immigrants scandinaves mais au sujet desquelles il
existe des doutes srieux. Dans trois cas, au contraire, la certi
tude est presque absolue. Limitons-nous eux.
Le premier consiste en la decouverte au Massachusetts, vers
1 880, par le Professeur Eben Horsford, de constructions qui
correspondraient Leifsbudir. Citons Cronau (2) : Au bord
de la rivire Charles, prs de Cambridge, cet homme de science
a trouv, non seulement les restes de deux grandes maisons
construites en pierre, mais encore ceux de cinq cabanes dont le
154 / Le gran voyage Jrz Dieu-Soleil
3 L'urbanisme
des mesures prises par Posnansky qui ne tienne mme pas compte
des centimtres !
L'utilisation du pied danois, au Prou, comme unit de mesure
est confirme par le fait que la /ega incaque - approximative
ment 6 980 rn - quivaut, avec une diffrence de 54 cm, au chiffre
rond de 23 800 pieds danois.
5 . La tapisserie d'Ovrehogdal
2. Les armes
qu'on lui fit cadeau du casque dor d'un soldat qui ressemblait
celui de Quetzalcoatl. Nous savons, par ailleurs, que lors cl.e
la rpartition cl.e la ranon verse par les lncl.iens cl.e Potonchon,
prs cl.e Panuco, un certain Juan de Grijalba reut comme part
un casque d'or qui portait deux cornes et une crinire noire " (33)
Cette cl.escription est particulirement importante car on sait
que le casque viking tait souvent orn de cornes cl.'aurochs.
Nous ignorons, malheureusement, quelle tait la forme du casque
reu par l'Espagnol. Mais nous avons une cl.onnee precise ce
sujet : le portrait cl.e Netzaualcoyotzin, roi cl.e Toxcoco au XV' sicle,
que nous reproduisons ici (*). Le bon monarque, clbre pour sa
grande culture - il tait pote, philosophe et orateur renomm -,
y porte ce que nous ne pouvons pas eviter d'appeler un dgui
sement de Viking : tunique manches courtes, bouclier ron d,
pe large. Mais ce qui est le plus frappant, c'est son casque "
de coton rembourre, porteur de deux cornes apparemment faites
de la mme matire et duquel des pompons pendent. Que pouvait
bien tre cette coiffure, sinon une imitation presque emouvante
du casque scandinave t Il n'y avait pas d'aurochs au Mexiq ue,
bien sr, ni aucun autre bovid. Afin de ressembler ses
anctres " le prince se fit fabriquer des cornes de tissu ...
Puisque nous en sommes au vtement, ouvrons une paren
thse pour mentionner le bonnet pointu, commun aux Nahuas
et aux Quitchouas, qui a exactement la mme forme que celui
que l'on employait dans les pays nordiques. La mme aussi,
mais avec une legre variante, que celle que nous trouvons sou
vent, au Mexique, dans les images de Quetzalcoatl et, en Scan
dinavie, clans celles du dieu Frey.
Fermons la parenthse et revenons-en aux coutumes mili
taires. Il nous reste, dans ce domaine, deux points importants
signaler. Le premier d'entre eux est la symbolisation de la patrie
- ou du souverain qui l'incarnait -, au Mexique comme au
Prou, par des drapeaux que les soldats dfendaient au pril de
leur vie et dont la prise par l'ennemi marquait la fin du combat.
Nous savons mme que celui de l'empereur inca Roka tait vert
clair et bleu fonc. Dans l'empire incaique, certaines units
utilisaient, au lieu de drapeaux, des insignes semblables au labarum
romain. Le second point, c'est l'organisation de l'arme pru-
* Cf. pL V (b).
Le graml - du Dieu-Soleil / 175
2. L'objection nolithique
3 L'objection polynsienne
D'o vinrent donc cet Ullman qui dbarqua avec ses hommes,
en l'an 967, sur la cte du Golfe du Mexique et cet Heimlap
- ou Heimdallr - qui, trente ou quarante ans plus tard, atteignit,
avec ses bateaux de peau de phoque, la cte de l'uateur? La
linguistique nous permet de repondre cette question. Non seule
ment, en effet, les racines germaniques que l'on trouve dans le
quichemaya et dans le quitchoua sont pour la plupart danoises,
mais encore celles qui ne le sont pas appartiennent au vieil alle
mand, de mme que les noms des dieux Thonar, Tiu et Wotan
qui s'incorporrent la mythologie nahuatl et maya. Il n'y a
donc aucun doute qu'Ullman-Quetzalcoatl venait de la zone sud du
Danemark, c'est--dire du Schleswig o etaient mles au X sicle
- comme encore de nos jours - Danois et Allemands. Ce que
confirme pleinement le nom de Cundinamarca- Marche danoise
du Roi - que portait et que porte encore le plateau de Bogota.
Quelle route suivirent les Irlandais et les Danois pour atteindre
le Mexique? Les uns et les autres purent venir par le Nord - les
papas etaient etablis en Islande depuis le VIII' sicle - en
suivant le mme chemin que, plus tard, Leif Eiriksson, puis en
longeant la cte. Il est aussi possible que les premiers aient atteint
directement la Floride, grce la mousson et que les seconds aient
remont le Saint-Laurent jusqu'aux Grands Lacs, puis descendu
le Mississipi jusqu'au Golfe du Mexique. Ce point n'offre pas,
pour nous, grand intrt. Les voyages postrieurs de Leif et
de tous ceux qui le suivirent dmontrent suffisamment qu'il etait
possible, avec les bateaux dont on disposait alors, d'arriver en
Amrique, et c'est l la raison pour laquelle nous les avons raconts
au chapitre premier.
Cet ouvrage eJJt sous presse et nous ne pouvons y ajouter que quelqueJJ
lignes. Nous avions acquis, au cours de notre recherche, la certitude
qu'en refaisant le voyage du Dieu-Soleil nous trouverions, au Mexique,
au Prou et, comme nous le disons plus haut, dans l'Amazonie, de
nouvelles preuVeJJ de notre thorie. CeJJ preuVeJJ complmentaireJJ,
nous leJJ avons aujourd'hui, matrielleJJ, solides, indiscutableJJ. Nous
pensions deJJ terreJJ lointaines, et nous leJJ avons dcouverteJJ au
Paraguay, 1 500 km de notre centre de Buenos AyreJJ : l'chelle
amricaine, la porte ct.
Si leJJ Guayakis que nous avions tudis du point de vue anthro
pologique taient leJJ descendants dgnrs deJJ Vikings de Tiahuanacu.
et si, quelques six cents ans aprs leur migration force, ils deJJSinaient
encore deJJ caraclm runiqueJJ, il n'tait pas impossible, il tait mme
probable que leurs anclreJJ eussent laiss des traw tangibleJJ d'zme
plus haule signification. Comment leJJ retrouver La for! para
guayenne est immense, souvent impntrable, et deJJ bandeJJ cannibaleJJ,
guayakieJJ et amrindiennes, la sillonnent encore.
Le hasard nous a aid. Nous avons russi situer l'emplacement
d'zm trs ancien village d,' Indiens blancs
" abandonn par eux
au dbut du XVII sicle. Nous y avons fait deJJ fouilleJJ. Et nous
avons mis la main sur zm trsor ineJJtimable : une ume, profon
dment enterre par les fugitifs qui contenait des fragments de
poterie couverts d'inscriptions runiques el de motifs mythologiques
scandinaVeJJ auxquels ne manque mme pas l'lment chrtien que
nous avons signal pour Tiahuanacu. Avec le concours inapprciable
d'zm excellent runologue franais, nous sommeJJ en train d'tudier
ces inscriptions. QuelqueJJ-unes d'entre elleJJ ont dj t traduiteJJ.
L'un des fragments porte zme date, 1305, el zm deJJSin de lama.
194 / Le grand voyage du Dieu-Soleil
Nrnu ne nous sommes pas, hien sr, arrt en si bon chemin . Nous
nous sommes plong dans les textes des chroniqueurs esfNJgnols de
l'poque de la Conqute et ceux des missionan ires jsuites du Para
guay. Tous mentionnent une trange tradition guaranie : bien avant
Colomb, un homme blanc avait dbarqu sur la cte de l'Atlantique.
C'tait un prtre chrtien qui vanglisa le Paraguay puis gagna
le Haut-Plateau ou l'on montre encore aujourlhui une grande
croix qu'il y aurait apporte. Nous avons pu dcouvrir son nom,
tablir la date de son arrive, laquelle concide exactement avec
celle de /'apport chrtien que nous signalons dans cet ouvrage, el recons
truire son itinraire. Plus encore : il nous a t possible de recons
tituer le trac presque complet du Sentier de l'Aptre ,
Ce sentier - tout un rseau, lailleurs - allait bien de la cte
de l'actuel Brsil Tiahuanacu et s'y rattachait aux Chausses
Royales incaques et pr-incaiques. Sur son parcours, une croise
de chemins, nous avons relev une quinzaine d'inscriptions runiques
et deux drakkars indiscutables. Les premires photos que nous en
avons prises ne sont pas pleinement satisfaisantes et nous attendons
la fin de la saison des pluies pour retourner l-bas avec un matriel
plus perfectionn. D'ores el dj, cependant, nous avons pu traduire
quatre mots, plus visibles que les autres, car ils sont de langue danoise.
Nous ne pouvons pas en dire davantage. Nous redoutons que
quelque cornifleur, pourvu des moyens matriels qui nous /ont
cruellement dfaut, ne s'approprie du fruit de vingt ans de travail.
Nous rservons donc un second ouvrage, Les Vikings au Paraguay,
les rsultats que nous avons obtenus aprs la rdaction de celui-ci.
Nous esprons mme pouvoir aller plus loin. Nos recherches, en effet,
sont loin d'tre termines. Nous avons recueilli des indications pr
cieuses sur d'autres sites, considrs comme inaccessibles, mais que
nous atteindrons peut-tre si Thor, le Barbu, nous vient en aide ...
Notre aventure scientifique est trop passionnante pour que nous ne
la poursuivions pas jusqu' ses dernires limites, quels que soient
les risques courir.
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
La Paz, 1944.
43. RAMos, Bernardo da Silva : lnscriiies e traduiies na Amrica pre
historica, Rio de Janeiro, 1930.
44. HoNOR, Pierre : L'nigme du dieu blanc prcolombien. Paris, 1 962.
45. En faveur de l'authenticit de la Pierre de Kensington, cf. Hol
land, HJALMAR R. : A Pre-Columbian Crusade to America, New
York, 1 962; contre l'authenticit, cf. Blegen, Theodore C. :
The Kensington Rurre Stone, New Light on an Old Biddle, Saint Paul,
1 968.
46 . PosNANSKY, Arthur : Tihuanaco, the craddle of American Man
(Tihuanaco, la cuna del hombre americano), ed. bilingue anglaise
espagnole, New York, 1932.
47. GRESLEBIN, Hctor : Evoluci6n cie/ica de la representacion del
Triunfo de la [glesia y del ]uicoi Final en el arte escult6rico del
Medievo, in Anales de Historia Antigua y Medieval, Universit
de Buenos Ayres, 1957-1 958 (chapitre Il de l'ouvrage indit El
Apocalipsis en Amrica precolombina}.
48. IMBELLONI, Jos : La nueva Es/inge indiana, Buenos Ayres, 195u
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Planches.
b) Canot de guerre haida (Cte nord-est de l'Amrique du
Nord).
c) Calvitie chez un Guayaki blanc. (Photo lnstituto de
d) Un Guayaki brun et barbu. Ciencia del Hombre,
e) Type europede de Guayaki blanc. Buenos Ayres).
1
LA VRAIE DCOUVERTE DE L'AMRIQUE.
1 . Cartes pr-colombiennes de l'Amrique . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2 . Traditions et rcits non confinns. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3 . Expditions d u prince gallois Madoc . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
4. La colonisation scandinave du Gronland. . . . . . . . . . . . . . . 23
5 . La dcouverte du Vmland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
6 . La seconde expdition au Vinland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
7 . La troisime expdition au Vinland. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
8 . La quatrime expdition au Vinland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
9. Les colonies du Vinland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
10. La Grande Irlande. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1 1 . Les aventures des frres Zno . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
12. Irlandais et Vikings en Amrique du Nord. . . . . . . . . . . . . . 38
II
Us INDIENS BLANCS.
III
IV
LE DIEu..SoLEIL.
1 . Deux mythologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
2. Le cosmos de l'Amrique Moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3 . Dieu et les dieux en Amrique Moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4. Le sort des hommes et des dieux en Amrique Moyenne . . 99
5. La religion de l'empire incaique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
6. lments chrtiens dans les religions de l'Amrique
Moyenne et du Prou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 05
7. Mythes nordiques et rites chrtiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
VI
LE ZODIAQUE ARYEN DES INCAS.
1. Les deux calendriers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
2. Le zodiaque incaque. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
3. Solstices et quinoxes dans le zodiaque incaique . . . . . . . . . . 147
4. Une cosmographie europenne dans l'hmisphre austral 149
VII
TIAHUANACU, VILLE NORMANDE.
Vlll
Qui LE LEUR A APPRI
1. Les attributs du pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
2. Les armes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
3. Sauna, quipu, navires, etc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
4. Les ordres de chevalerie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
5. Un Moyen Ast,e amricain . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
IX
LE GRAND VOYAGE.