Discours Aux Grecs - Tatien
Discours Aux Grecs - Tatien
Discours Aux Grecs - Tatien
' Cest Orphe qui vous a appris la posie et le chant cest de lui que
, vous tenez les initiations aux mystres; ce sont les Toscans qui vous
ont enseign les arts plastiques; les chroniques en usage chez les
,
Egyptiens vous ont appris composer des histoires. Vous avez
emprunt lart de la flte Marsyas et Olympos or tous deux taient
, ,
Phrygiens quant lart de moduler avec la syrinx, ce sont des paysans
,
qui lont imagin.[3] Les Tyrrhniens ont invent la trompette, les
,
Cyclopes lart du forgeron, et celui dcrire des lettres-missives, est d,
,
selon Hellanicus, une femme qui a rgn jadis sur les Perses; Atossa
. tait son nom.[4] Renoncez donc cet orgueil, et ne nous opposez pas
le faste de votre loquence, vous qui, vous louant vous-mmes, ne
. prenez pas ailleurs que chez vous vos avocats cest cependant au
tmoignage dautrui quil faut sen rapporter, quand on est
, raisonnable. Il faut aussi saccorder dans lexpression du
, discours.[5] Or vous tes les seuls qui il soit arriv de navoir pas
' pour commercer entre vous un seul langage. Le dialecte des Doriens
. en effet nest pas le mme que celui des gens de lAttique, et les
,
, ,
.
'
,
,
2.
II. En effet, qua donc produit de si minent votre
philosophie? Qui donc parmi les plus srieux de vos philosophes
sest tenu hors de toute superbe? Diogne, qui affichait son
indpendance par la forfanterie de son tonneau, mangea un poulpe
tout cru et, saisi par une colique, mourut de son intemprance.
Aristippe, qui paradait avec son manteau de pourpre, se livrait la
dbauche, sous un masque de gravit[11] le philosophe Platon fut
vendu par Denys cause de sa gourmandise, et Aristote, qui dans
. son ignorance a pos des limites la Providence et fait consister le
bonheur dans ce qui lui plaisait, a commis aussi lextrme sottise de
. flatter Alexandre, ce jeune fou furieux,[12] qui, tout fait selon les
, '
,
, ***
.
. '
Ce nest donc pas lme qui a sauv lesprit elle a t
,
sauve par lui; et la lumire a reu les tnbres, en tant que la
,
lumire de Dieu est logos, et que lme ignorante est tnbres.
14. , XIV. Cest ainsi que vous tes, vous aussi, Grecs,
, , habiles en paroles, insenss dans vos penses; vous avez prfr
, le pouvoir de plusieurs la monarchie, croyant bon de suivre
les dmons comme sils taient forts. Comme les brigands
froces ont coutume de triompher de leurs semblables force
daudace, ainsi les dmons qui dbordent de mchancet, ont
. tromp force derreurs et de prestiges vos mes abandonnes
elles-mmes. Pour eux, ils ne meurent pas facilement, car ils
nont pas de chair mais tout en vivant ils font uvre de mort et
, meurent eux-mmes autant de fois quils enseignent le pch
ceux qui les suivent, en sorte que ce qui fait leur supriorit sur
' ' les hommes actuellement, je veux dire: ne pas mourir comme
eux, tant toujours leur apanage, quand arrivera lheure du
. chtiment, ils ne participeront pas la vie ternelle; ils ne la
, recevront pas, en change de la mort dans limmortalit qui
sera leur lots. Comme nous-mmes, qui mourir est facile
actuellement, nous devons recevoir ensuite ou bien
limmortalit avec la flicit ou bien la peine avec limmortalit
ainsi les dmons, qui ne se servent de leur vie prsente que
, ' pour pcher, et qui ne font que mourir dans leur vie,
, conserveront plus tard aussi la mme immortalit, pareille, en
, son essence, celle quils avaient tant quils vivaient, mais
' pareille par sa qualit celle des hommes qui auront conform
*** leur conduite aux lois que les dmons leur avaient donnes
pendant quils vivaient.[65] Et certes chez les sectateurs des
. dmons, dont la vie est courte, les varits du pch
, spanouissent avec moins de richesse que chez les susdits
, dmons dont la culpabilit devient plus grande cause de
linfinie dure de leur existence.
,
'
'
.
,
.
16. XVI. Les dmons qui donnent des ordres aux hommes
ne sont pas les mes des trpasss. Comment en effet
. deviendraient-elles actives, spares du corps, aprs la mort,
moins quon ne croie que lhomme, insens et impuissant
pendant sa vie, puisse recevoir aprs quil a cess de vivre une
force plus active mais cela nest pas, comme nous lavons
, montr ailleurs, et il est difficile de croire que lme immortelle,
gne par les organes du corps, devienne, aprs stre spare
' de lui, plus intelligente. Or les dmons, conjurs, dans leur
' , malice, contre les hommes, sduisent par des machinations
, diverses et trompeuses leurs esprits attirs vers le bas, de sorte
quils ne peuvent prendre leur essor pour le voyage cleste.
Mais nous, dune part, nous nignorons pas les choses de ce
, ' monde, et vous, de lautre, vous pouvez facilement comprendre
, . les choses divines, si (la puissance) qui rend les mes
immortelles vient vous.[73] Il arrive parfois aussi que les
, dmons soient vus par les psychiques, parce quils se montrent
eux-mmes aux hommes, pour les persuader de leur puissance,
ou pour leur nuire comme des ennemis, faux amis quils sont,
, hostiles en ralit, ou pour fournir ceux qui leur ressemblent
loccasion de les adorer. Sils le pouvaient, ils auraient attir
. ' eux le ciel avec tout le reste de la cration: ils nen font rien, car
, ils ne peuvent pas mais laide de la matire infrieure ils
combattent la matire qui leur est semblable.[74] Si donc on veut
*** les vaincre, quon rpudie la matire arm de la cuirasse[75] de
. lesprit cleste, on peut prserver tout ce quelle protge. Vous
, ' savez que la matire dont nous sommes faits est sujette des
maladies et des dsordres quand il sen produit, les dmons
, sen attribuent les causes; ils surviennent, quand le malaise
nous a saisis. Il arrive aussi que ce soient eux qui, par louragan
, de leur malice, jettent le trouble dans ltat de notre corps alors,
, quand le verbe de la puissance divine vient les frapper, [76] la
crainte les chasse, et le malade est guri.
.
,
.
,
'
.
,
,
,
.
, .
40. XL. De ce qui vient dtre dit, il rsulte que Mose est
plus ancien que les hros, que les cits, que les divinits. [165]Il
faut donc avoir foi celui qui lemporte par lge plutt quaux
. Grecs qui ont puis cette source ses doctrines sans les
comprendre. Leurs sophistes en effet, avec beaucoup dactivit
inutile, se sont appliqus dmarquer tout ce quils ont
' emprunt Mose et aux disciples de sa philosophie, dabord
. pour paratre dire quelque chose de personnel, en second lieu
' pour que, voilant de je ne sais quelle fausse rhtorique ce quils
navaient pas entendu, ils fissent de la vrit un tissu de fables.
Quant ce quont dit de notre discipline et de lhistoire de nos
lois les savants Grecs, quant au nombre et aux noms de ces
, savants, je le montrerai dans mon trait sur Ceux qui ont rapport
, ce qui concerne Dieu.
,
,
.
'
,
.
41. ,
XLI. Maintenant, il faut me presser de montrer en toute
prcision que Mose est plus ancien non seulement quHomre,
mais encore que les crivains antrieurs Homre, Linos,
Philammon, Thamyris, Amphion, Orphe, Muse, Dmodocos,
,
Phmios, la Sibylle, Epimnide le Crtois, qui alla Sparte,
, Ariste de Proconnse, lauteur desArimaspes, Asbolos le
Centaure, Bakis,[166] Drymon, Euclos le Cyprien, Hros le
Samien, Pronapids lAthnien. Linos en effet est le matre
dHracls, et Hracls ne fut antrieur que dune gnration
,
la guerre de Troie; cela est prouv par le fait que son fils
,
Tlpolme a pris part lexpdition contre Ilion. Orphe tait
contemporain dHracls et du reste on dit que ce quon lui
attribue est luvre de lAthnien Onomacrite, qui vcut sous
lempire des Pisistratides dans la 50e Olympiade. Muse fut
disciple dOrphe. Amphion prcda la guerre de Troie de deux
gnrations je suis donc dispens den dire plus long aux
savants sur ce sujet. Dmodocos et Phmios ont vcu au temps
.
mme de la guerre de Troie lun vivait chez les prtendants,
,
lautre chez les Phaciens. Thamyris et Philammon ne sont pas
beaucoup plus anciens. Jai trait avec toute la prcision
possible, ce me semble, de lhistoire sur chaque point, des
poques et de leur arrangement. Pour remplir la tche qui me
reste encore, je ferai la mme dmonstration en ce qui concerne
.
les prtendus Sages. Minos, quon a estim avoir t le premier
faire montre de sagesse, de pntration, dun talent de
lgislateur, a vcu au temps de Lynce, le successeur de
Danaos, dans la onzime gnration aprs machos. Lycurgue,
n longtemps aprs la prise de Troie, a lgifr pour les
Lacdmoniens 100 ans avant les Olympiades. On trouve que
Dracon a vcu dans la 39e olympiade, Solon dans la 46e, et
.
Pythagore dans la 62e. Nous avons montr que les Olympiades
.
sont postrieures de 407 ans la guerre de Troie. Cela prouv,
disons encore quelques mots de lge des sept sages. Thals fut
le plus ancien dentre eux, et il a vcu dans la 50e olympiade;
cest dire en abrg tout ce qui concerne les autres.
.
Voil, Grecs, ce que jai compos pour vous, moi Tatien, le
'
philosophe la manire des Barbares, n dans la terre des
Assyriens, lev dabord dans vos croyances, ensuite dans
,
celles que dsormais je fais profession de prcher. Connaissant
.
dsormais ce quest Dieu, et ce quest sa cration, je me tiens
votre disposition pour lexamen de mes doctrines, ferme dans
.
la discipline conforme la volont de Dieu, que je ne renierai
'
pas.
,
***
,
. ,
,
.
,
,
.
,
,
.
.
,
.
,
'
.
' ,
,
,
,
,
.
'
,
.
[1] Tatien cite plus bas une de ses sources (Hellanicus); est-ce une source directe? Cest peu probable,
et tout ce premier chapitre, ainsi que le second, vient plutt de manuels. Le double nom
: Touskanoi dans le paragraphe sur les lettres et les arts, dans celui sur la musique, indique en
dernire analyse deux sources diffrentes mais la conclusion peut ntre vraie que pour le manuel dont
Tatien dpend. Tout ce dbut a t utilis par Clment.Stromates, I, 16, p. 361 et Grgoire de Nazianze,
4, 109. p. 137.
[2] . Mot mot lart des sacrifices; mais le contexte parat exiger que lon interprte cette
expression concise au sens de : divination par les sacrifices. Le pseudo-Plutarque (Placita, V, I) emploie avec
le mme sens to qutikon.
[4] Ce racontar provient sans doute des Persica, qui ntaient probablement quune partie des
, et cet ouvrage lui-mme ntait peut-tre autre chose que celui qui est cit aussi sous
le titre . En tout cas, Hellanicus attribuait toutes sortes dinventions cette Atossa
lgendaire. Muller a omis de citer Tatien et cite (163a) seulement la phrase de Clment dAlexandrie
(Strom., I, p. 307D) qui nest quun emprunt Tatien). Je ne sais si Tatien (ou sa source) ne fait pas,
dans tout ce passage, plus demprunts Hellanicus quil ne le dit formellement car Hellanicus parat
avoir eu la manie de rechercher les premiers inventeurs de tous les arts (daprs Tzetzs, ad
Lykophronis 460.) , , .
[5] Certainement rien nest plus brusque que ce passage dune ide lautre. Ce saut imprvu nest
pas cependant une preuve suffisante, chez un crivain comme Tatien, que notre texte prsente une
lacune, ainsi que la pens Schwartz.
[7] Il est bizarre, quand on songe combien le grec sest toujours prserv des influences trangres,
combien il a peu ressenti celle mme du latin, de voir Tatien lui adresser cette critique. O en a-t-il pris
lide? Vivant en un temps o commence la raction atticiste, serait-ce de la svrit avec laquelle les
atticistes jugeaient la langue commune quil se serait fait ici une arme Dautre part il sest moqu ailleurs
de latticisme (28).
[13] Hraclite disait : non . Mais il nest pas sr que Tatien lait cit
exactement il a pu avoir lesprit tel autre fragment et faire une confusion
entre les deux. Le mot qui suit dfend la leon :
[14] Cf. Diog. Larce, II, 22, qui rapporte une tradition selon laquelle Euripide aurait fait connatre
Socrate louvrage dHraclite. Le tetxe des mm. donne
. Jai rendu par russit ; suffit exprimer lide: communiquer
au public, et la conjecture de Schwartz: nest peut-tre pas ncessaire, quoiquelle soit
assez sduisante.
[15] La tradition que suit ici Tatien est celle que rapportait Hermippos. Cf. Diogne Laerce, IX, 4.
.
[16] Il faut une ponctuation plus forte entre ces deux phrases que la virgule de Schwartz; il faut
rtablir un point comme on le mettait avant lui. Tatien a dabord parl de l; il en vient assez
brusquement lide des mchants plus nombreux que les bons sert de transition critiquer le
panthisme stocien, limmanence de la divinit dans les choses les plus viles. , proprement
fosss, que lon rend ici par cloaques, est une expression assez surprenante je nose toutefois croire quil
faille la corriger.
[19] Je ne crois pas quon puisse se dispenser dadopter avec Schwartz la conjecture de Thirlby
. Le texte des manuscrits est
inadmissible il faudrait, si ctait bien la pense de Tatien . Cette
correction a des consquences importantes; car la phrase de Tatien devient ainsi une imitation de Justin
(Apologie, II, 3) et peut servir dargument contre la thse de Harnack que Tatien na pas mis profit les
crits de Justin.
[20] Toute la fin de ce chapitre est une allusion mordante aux sophistes et philosophes qui furent si
bien en cour pendant toute la priode antonine. Lexpression de cette ide est singulirement pnible.
Par un de ces sauts brusques qui sont si frquents chez lui et bien faits pour dsorienter, Tatien passe de
lide que les sophistes se contredisent et se hassent cette autre ide : quils sont ambitieux et flatteurs
. Le membre de phrase construit avec un participe, qui termine la proposition
, indique leur ambition il ny a pas lieu, je
crois, de souponner avec Wilamowitz (et Schwartz) une lacune. La suite nous montre que les sophistes
sont des flatteurs. Le texte nest pas altr sil satisfait mal le lecteur, la faute en est Tatien.
[21] Jai d, comme ailleurs encore, paraphraser quelque peu. Le texte dit mot mot : comme dans un
pugilat, brandir contre nous les institutions (au pluriel, parce que Tatien a dans lesprit ceci nous
sommes en dsaccord, nous chrtiens, avec les institutions de tous les peuples; nous sommes, ct des
Grecs et des Barbares, une race nouvelle . Ponschab comprend lui-mme : la population des
cits. Mais il ne peut donner aucun exemple lappui de ce sens.
[22] . Le sens est, comme la liaison lindique dans la phrase qui suit, je
sais quelles sont les charges de la servitude et quelles en sont les limites.
[23] Il doit y avoir un souvenir de la 1re Epitre de Pierre. II, 17 , .
Tout le dveloppement est probablement aussi inspir de Justin.
[24] Tatien veut parler de la matire dune part, et ensuite des esprits (anges ou dmons). Cf. la
formule dansActa Justini, 2. , .
[26] Phrase difficile : Tatien distingue deux sortes desprits, et plus bas, chapitre XII, il appelle, en
gnral, celui de la seconde catgorie, yukh par opposition lesprit saint. Ici, il semble que, nayant pas
encore donn de dfinition prcise, il veuille faire comprendre ce quil appelle une sorte dme du
monde, par la comparaison avec lme humaine, principe vital du corps. Cest du moins le seul sens
quon puisse donner au texte sil nest pas altr il lest peut-tre.
[27] Jemprunte la traduction (pour le mot d) de Mg. Duchesne (Les origines chrtiennes).
[28] Ce passage a t, de laveu de tous, altr il rpondait mal aux thories orthodoxes de lpoque
postrieure (cf. la scholie dArthas qui accuse Tatien darianisme). En rtablir srement le texte original
est ardu. Toutefois, je crois que Schwartz, aid de Wilamowitz, y a russi en somme assez bien; on
obtient ainsi une proposition : en tant que toute la puissance des choses visibles et invisibles tait avec
lui (= en lui), qui soppose parfaitement en tant que la cration navait pas encore eu lieu, dans la
phrase prcdente.
[29] Mg. Duchesne aprs avoir traduit littralement, comme je viens de le faire, explique ainsi entre
parenthses : par la simple volont. Mais lexpression dont se sert Tatien ne
peut tre ramene cette signification. Elle dit plus Harnack la bien vu quand il a traduit en
paraphrasant: par un acte de libre volont de la divinit, dont lessence nest pas compose.
[30] Le Logos se ralise ce moment jusqualors il tait immanent Dieu il sextriorise et devient la
premire uvre du Pre. (Cf. Ep. aux Colossiens, I, 15.)
[31] Les phrases entre guillemets sont donnes daprs la traduction de Duchesne.
[32] Ce passage est un de ceux qui ont paru prouver Kukula que le Discours de Tatien a t
rellement prononc.
[33] Je rends ainsi les mots que ni Harnack ni Duchesne nont rendus et qui ont leur
valeur. Le monde est la cration du Logos comme le Logos est luvre du Pre. Jemprunte
Duchesne lexpression: la cration que nous voyons pour rendre ' .
[34] Cf. Ep. aux hbreux, 9, 26.
[36] Cf. Tertullien, Apol., XLVIII. Dj divers textes de Tertullien. Ade. Prax., III, V, VII, IX, peuvent
tre utilement rapprochs du chapitre prcdent, sur le Logos.
[37] Limage du jeu de ds, est dj dans lpitre aux Ephsiens, 4, 14, mais
en un autre sens.
[38] Iliade, I, 5.
[39] Je traduis par le mot vague bijoux, le sens du mot tant, comme on sait, trs controvers
(cf. Helbig,lEpope homrique, trad. fr, p. 354-7).
[41] Les expressions dont se sert Tatien sont ici, comme souvent singulires et difficiles rendre. Le
terme signifie proprement : agencement, acte de former quelque chose avec un ou des
lments ().Dans le Septante (2e Macc. VII, 22) il signifie ainsi: constitution du corps humain. Il
signifie chez Epicure (Lettre Hrodote, Diog., L, X, 37) abrg, rsum.
[42] Cette numration rappelle celle du Cerygma Petri, dans le fragment cit par Clment
dAlexandrie. Strom.,VI, 5, 39-40.
[43] Il ny a aucune raison de considrer avec Ponschab cette phrase comme une interpolation.
[44] Jai d, pour faire entendre le sens, paraphraser le datif et substituer aux un jeu
moderne. Mais je ne crois pas que le texte prsente une lacune, comme a pens Schwartz.
[45] Pourquoi Dmter est-elle mentionne ici? Tatien ne le dit pas explicitement, maisle contexte
lindique. Cest parce que, cause de lEpi, on la parfois identifie la Vierge, signe du zodiaque (cf.
Bouch-Leclerq, lAstrologie grecque, p. 139). On faisait aussi parfois de la Vierge Erigone, et cest peut-
tre cette association dides qui a amen Tatien mentionner aussitt aprs le chien (Sinus, cf. ibid., p.
140).
[48] Au gnitif .
[49] Il manque sans doute dans le texte un mot, comme (les noms), que propose
Schwartz.
[52] Il y a ici une erreur de Tatien, car cest du vivant de Brnice que Conon (et Callimaque sa
suite) imaginrent de placer parmi les astres la boucle de cheveux consacre par la reine, au moment o
son poux partait pour une guerre.
[54] La figure du Zodiaque que les Grecs appellent (Hracls foulant aux pieds le dragon).
[55] De qui veut parler Tatien? Est-ce encore dHlne, comme ladmet (aprs dautres et
dubitativement) Harnack. Le deuxime membre de phrase favorise cette explication, car il fait penser de
prfrence lOrestedEuripide, o Oreste et Pylade machinent le meurtre dHlne (lallusion de Tatien
est dailleurs mdiocrement exacte, en ce cas, car le meurtre ne saccomplit pas dans le drame). Sagit-
il plutt de Clytemnestre? Cette seconde interprtation aurait lavantage: 1 de donner un sens encore
plus exact h TundariV (que rien nempche dailleurs dappliquer aussi Hlne) 2 les particules en
tte de la phrase peuvent fort bien sexpliquer comme amenant la mention dun nouveau personnage 3
Euripide a mis en scne dans llectre le meurtre de Clytemnestre. Mais il est assez difficile de croire que
sil pensait la femme dAgamemnon. Tatien et song lElectre dEuripide seule, plutt
quaux Chophores dEschyle et lElectre de Sophocle tandis quEuripide est le seul nous montrer
Oreste prparant le meurtre dHlne cest cette raison qui rend plus probable la premire explication.
[56] Harnack a dj trs bien not que la pense chrtienne de Tatien garde ici le contact le plus troit
avec le stocisme. Dautre part, souvenir de saint Paul, Ep. ad. Cor., I, 7, 22, dans les mots: Si je suis
esclave, etc.
[61] Phrase encore trs obscure. Je ne donne ma traduction que comme un -peu-prs, rpondant
approximativement au sens quappelle le contexte.
[62] Ce sont les bons anges. Arthas, dans sa scholie, voit ici, sans grande ncessit, une influence
platonicienne.
[63] Je nose donner cette traduction comme certaine et la phrase est trs difficile.
[65] Je ne russis pas voir comment le texte primitif srement altr tait conu, et voir
clairement par quelle faute ou par quelles fautes, car il y en a peut-tre plusieurs il a t gt.
[66] Elle est dans toutes les parties du corps, qui est compos, et donc compose comme lui.
[67] Tatien ne se rfre ici qu son propre trait sur les animaux (ou sur les Etres vivants ?); mais je
crois que ce passage est encore un de ceux o lon peut sentir linfluence de Justin cf. le Dialogue contre
Tryphon, au dbut. Cest une ide trs malheureuse de Ponschab que de vouloir transposer la phrase:
Car lhomme de Dieu lui-mme aprs la phrase suivante.
[68] Souvenir de saint Paul (I. Cor.: 3, 16; 6, 19. II. Cor.: 6, 16. Eph. : 2, 22.)
[69] Par opposition (comme souvent chez les gnostiques) ceux qui ont reu lEsprit,
aux pneumatiques; mais Tatien nemploie pas ce dernier terme.
[72] Quil ny ait ici rien changer au texte des manuscrits. Kukula la bien vu.
[75] Cette mtaphore vient de saint Paul (ph., 6, II. I. Tim., 5, 8. II. Cor., 10, 4).
[76] Cest lexorcisme.
[79] Cette phrase semble contenir un souvenir dun passage du Clitophon souvent imit par les
moralistes postrieurs Pla ton et par les apologistes chrtiens. Cf. Clitophon, 407 b. et Justin: Ap., II, XII,
7.
[80] La traduction dOtto : aggressiones, pour , fait contresens. Ici Tatien ne parle plus,
comme au chapitre prcdent et comme il le fera encore plus bas, des maladies causes par les dmons,
de la possession, mais du concours quils prtent, par la magie, leurs adorateurs.
[81] Le texte est ici trs difficile; upolambanonteV ne peut sexpliquer que si on le prend dans un sens
rare, autoris seulement par Hippocrate, 452-3, celui de : secourir un malade.
[82] Ce sont les biaeothanatoi, comme lon disait: ceux qui sont morts de mort violente et dont les mes
taient voques de prfrence dans les conjurations magiques. Cf. Tertullien, De anima, 57.
[83] Tatien parle ici comme un Christian scientist. Cf. saint Augustin, De doct. chr., 45.
[84] Ce sont les poisons (), dont il vient dtre question, et Tatien passe ensuite aux
remdes quil ne condamne pas moins. Le texte est ici douteux.
[86] Ce sont l des exemples d. Cf. Pline, Hist. nat., XXV, 8 ; Elien, Hist. var., I, ;
Plutarque, Symp., II, 7.
[87] Ce mot de Justin ne se retrouve pas dans les crits conservs. Lemprunt Justin porte sans doute
non pas seulement sur le mot (dj plusieurs fois employ antrieurement par Tatien en parlant
des dmons) mais aussi sur le commentaire qui suit. La phrase de Tatien a t cite par Eusbe, H. E., IV,
16, 7.
[88] Wilamowitz a bien corrig le texte il nest pas impossible quil y ait l, comme il la pens, une
allusion la maladie dAristide. Tertullien sest peut-tre inspir de ce passage (Apologtique, XXII:
Laedunt enim primo; dehinc remedia praecipiunt ad miraculum nova sive contraria; post quae
desierunt laedere, et curasse creduntur.
[89] Schwartz pense quil y a ici une lacune.
[91] Passage cit par Eusbe, H. E., IV, 16, 8. Sur ce texte et lexplication quen a donne Harnack. Je
lis mais il est certain que ltat primitif du texte, altr ds lpoque dEusbe, ne peut se rtablir
tout fait srement. Lexpression , qui est assez singulire, est inspire de
Platon, Lois, 949 C, et, comme remarque justement Schwartz, peut remonter Justin mme, plus souvent
inspir par Platon que Tatien.
[92] Harnack a laiss en blanc cette phrase difficile. Wilamowitz, suivi par Schwartz, explique Qui
donc [si quelquun mritait dtre poursuivi cause dune contradiction manifeste entre ses doctrines et ses
actes] aurait eu le devoir de traner en justice le philosophe, si ce nest vous seuls [qui cependant ne poursuivez
jamais que nous ?]. Crescens sest attaqu Justin et Tatien, croyant que ceux-ci craignent la mort. A qui
aurait-il d sattaquer. A vous, au contraire, vous seuls, sil voulait sattaquer des gens qui craignent la
mort; car, quoique vous en disiez, nayant pas, nos raisons, nous chrtiens, de croire limmortalit future, vous
la craignez. Voil le seul sens que je parvienne tirer de cette phrase; mais il est sr que tout le dbut de
ce chapitre est assez peu clair.
[93] La comparaison du monde avec une pangyrie est classique chez les moralistes grecs. Cf.
Epictte, II, 14, 23, etc.
[95] La Pythie.
[98] Je lis avec Schwartz epthxen, conjecture excellente de Wilamowitz, pour epth.
[99] Le mot dont se sert Tatien, (sicles, mondes) est un de ceux quil a en commun (comme
celui depsychiques) avec les gnostiques. Ce qui donne ici un tour particulier la description quil nous
fait de lau-del, cest quelle est influence par les deux ides qui sont en mme temps prsentes son
esprit : celle de ltat primitif de lhomme et celle de son tat futur, qui sera la restitution de ltat
primitif; celle par consquent du paradis terrestre et du paradis proprement dit. Le rapprochement que
lon a fait souvent entre ce texte et le passage clbre de la 1reEptre de Clment (ch. XX) est sduisant
premire vue, mais sans porte relle ici.
[102] Allusion au songe du second livre de lIliade. Il nest pas impossible quil y ait une lacune. Ce
nest pas sr cependant et la conjecture de Wilamowitz, bien que fort ingnieuse, nest pas certaine,
parce que la phrase sur Promthe offre un sens complet.
[103] Ici je crois quon peut tre plus affirmatif en rejetant lhypothse dune lacune.
[105] . Que veut dire Tatien? Fait-il allusion, comme on la pens, aux
accs de fureur contre les chrtiens qui se produisaient parfois au sein des foules pendant les spectacles?
(Tertullien, de Spect., 26 :illic in nos quotidiane leones expostulantur...) ou bien la condamnation de
Socrate et aux Nues? Les deux allusions sont possibles la premire tirerait plus de vraisemblance du fait
que la description de Tatien se rapporte directement aux spectacles de son temps; il nous peint, en traits
la Tertullien, les acteurs de mimes ou de pantomimes. Mais un souvenir classique la fin de cette
peinture raliste nest pas non plus impossible.
[106] Faut-il traduire par cligner de lil (Harnack), ou bien : se courber, sinflchir? Le voisinage
de est en faveur du second sens.
[108] On est surpris, dans le texte reu, de voir dsigner les gladiateurs par le mot , qui
dsigne proprement les pugilistes, et on est surpris galement que Tatien parle deux fois, peu prs dans
les mmes termes, des spectateurs ( ). Je crois donc que la phrase que jai
rendue par les spectateurs, etc. se rapporte aux pugilistes du commencement du chapitre, et je lai rtablie
la place qui me semble tre la sienne. Elle a pu tre dplace par lerreur dun copiste ou dun rviseur
qui aura conclu tort quil sagit dj des gladiateurs.
[109] . Cette
phrase est une vritable nigme, dont je ne russis pas mieux que mes prdcesseurs deviner le mot.
Jai laiss, sans les traduire, les mots auxquels je ne vois pas de sens. La mention de
Mnandre aprs Euripide est toute naturelle, si cest le pote comique qui est le en question.
Mais quel est lHgsias dont Tatien parle ici, et quel est le rapport quil tablit entre Hgsias et
Mnandre? Parmi les divers Hgsias que nous connaissons, un sculpteur, un cynique, un auteur dcrits
sur lagriculture cit par Varron, le cyrnaque surnomm HeisiqanatoV, et lorateur asiatique Hgsias
de Magnsie, ces deux derniers sont les seuls assez importants pour que Tatien ait pu songer eux. Mais
il ne peut tre question du Pisithanate quant lorateur, ce mot de fables peut lui convenir; il tait aussi
historien, et on le comparait, pour son amour de lextraordinaire, Ctsias et ses pareils. Mais quel
rapport pourrait-il y avoir entre Mnandre et Hgsias? Jen ai trouv, en cherchant bien, un, la
rigueur. Hgsias passe pour avoir imit Charisios (at Charisii vult Hegesias esse similis, dit Cicron
dans le Brutus, 83, 286), et dautre part il y avait des gens qui prtendaient que Mnandre tait le
vritable auteur des discours attribus Charisios (Quintilien,X, I. 70. Nec nihil profecto viderunt qui
orationes, quae Charisii nomine eduntur, a Menandro scriptes putant. Jemprunte ces textes
Ssemihl, t. II). Tatien aurait-il confondu Hgsias et Charisios? Ou bien voudrait-il que Charisios tant
le modle dHgsias, celui-ci dpendit ainsi lui-mme de Mnandre? Mais je vois cette hypothse
toutes sortes de difficults 1 je vois mal ce que viennent faire ici, o lon nattend que la mention
de fables dramatiques, les rcits merveilleux dHgsias lhistorien 2 je ne puis donner un sens
. Le texte doit tre altr, sans que je voie exactement
comment. La variante duParisinus parat moins autorise que la leon des deux autres
manuscrits ceux qui lont prfre (comme Harnack) ne lont fait sans doute que parce quelle prte la
correction souvent propose: . Mais la mention dAcusilaos nest pas non plus ce quon
attend ici. Quant mme, il ny a rien en tirer, malgr lexistence dun philosophe de
lAcadmie qui s port ce nom (Ssemihl, t. I). Sil ne paraissait bien probable que
est le comique, on pourrait se demander si cette phrase irritante, au lieu de se rattacher au
morceau sur Euripide, nintroduit pas le suivant, sur les aultes? Hgsias (ou Hgsilaos) serait-il un
aulte? Sa serait-elle la languette de sa flte? Je me risque exprimer toutes les imaginations qui
me sont venues en tte, au cas o lune delles pourrait mettre sur la voie de la solution quelquun de
plus subtil que moi.
[110] Aristoxne de Tarente, le clbre thoricien de la musique, auteur dun Peri auletwn.
[111] Mot mot : ils ngligent une de leurs paules (que le pallium ou le laisse nue). Cf.
Cyprien. De bono patientiae : exserti et seminudi pectoris inverecunda jactantia.
[113] Qui les invitent leur table. Le texte est donc clair et na pas besoin dtre corrig.
[115] signifie ordinairement offrande, ce qui ne peut tre le sens ici. Le mot a t employ par
le mdecin Arte de Cappadoce au sens de: superposition, qui est bien, avec celui
de suspension, do offrande, le sens naturel. Je me suis demand un moment sil ne fallait pas traduire
: amas.
[117] Tatien veut dire que les coles portent les noms de leurs fondateurs; quant aux grammairiens.
Tatien les nomme ici parce quils sont les auteurs des classifications traditionnelles daprs lesquelles les
diverses sciences sont enseignes dans les coles.
[118] Schwartz comprend: etsi eloquentiam vobis solis arrogatis; mais Harnack a bien vu que le sens
est autre.
[119] Ce passage est selon Schwartz confus et altr par une lacune. Il est certainement obscur,
quoique Kukula en dise, cause de lemploi quy fait Tatien du mot de en divers sens (si le texte
ne prsente pas de lacune, et je crois probable quil ny en a pas en effet). Jai accept la ponctuation de
Wilamowitz. Schwartz, qui rattache les mots juswmenoi etc. (enfls par la gloire, etc.), non
linterrogation qui prcde, mais la phrase qui suit, sans tre sr que la sparation contraire (adopte
auparavant) ne puisse pas tre dfendue. Mais cela a peu dimportance pour le sens du morceau en son
ensemble. Je ne crois pas que nul consente au contraire traduire ici (= manires, attitudes) par figures de
rhtorique. Une fois admis que le texte est intact, il ne peut indiquer quune opposition entre les discours
de parade, les discours pidictiques ou sophistiques, pleins de vent, et les doctrines plus srieuses des
philosophes (que Tatien combat aussi, mais quil ne peut pas ne pas distinguer des sophistes), qui se
chuchotent dans lombre et la solitude de lcole: comparez, je suppose, un Aristide et un Epictte. Les
mots font involontairement songer aux mots de Caecilius dans lOctavius (chapitre VIII;
noter que quelques lignes plus haut il est question de Diagoras, comme chez Tatien quelques lignes plus
bas): latebrosa et lucifuga natio, iii publicum muta, in angulis garrula. Si lon tait certain que Minucius
se ft servi, pour le discours de Caecilius, dun discours crit rel, contemporain, contre les chrtiens
(Fronton), on pourrait se demander si Tatien ne vent pas rappeler, en le dtournant de son sens et en le
renvoyant aux paens, le mme mot qui aurait inspir le : in angulis garrula
[120] Tout ceci vise manifestement la manie atticiste, caractristique du temps des Antonins.
[121] En ralit Mlien. La phrase ... ma lair dune sorte de parenthse, par
laquelle Tatien rpond lobjection quon pourrait lui faire, et qui se prsente tout de suite son propre
esprit: Diagoras a t condamn.
[122] Lon de Pella, cf. Clment dAlex., Strom., I, 322, D; vhmriste, auteur dune prtendue Lettre
dAlexandre le Grand sa mre Olympias.
[124] Cette phrase et la suivante ont t diffremment ponctues et interprtes par les diteurs.
[125] On voit ici un exemple curieux de ces brusques associations dides par lesquelles Tatien
procde souvent et qui rendent si dconcertante sa mthode. Il a dit quil mprisait la mort et exprime de
nouveau ce mpris en termes qui sont un souvenir homrique ( . Iliade, I, 225);
cette rminiscence en provoque immdiatement une autre (Iliade, II, 212), qui sert de transition au
dveloppement suivant sur la futilit de la science grecque.
[126] Hrodore dHracle, logographe qui avait crit sur la lgende dHracls et celle des
Argonautes. Cf. le fragment dans les Fragmenta de Mller, t. II.
[128] Le monothisme.
[129] Ces tyrans sont les dmons (cf. fin du ch. VII et ch. VIII) lopposition est science entre eux et
le monarquede la phrase prcdente, le Dieu unique. Les considrations que ce texte a inspires M.
Ramsay (The Church in the Roman empire before A. D. 170) sur le cosmopolitisme de Tatien manquent donc
de fondement.
[130] Harnack a dit non sans raison que ce texte tait le plus difficile de tout le discours de Tatien.
Kukula na gure russi, je crois, le dbrouiller les difficults commencent avec la phrase sur le trsor
cach. Maran linterprtait en la rapportant au mal, au dmon, comme ce qui prcde. Mais dautre part,
le trsor cach ne semble pouvoir venir que de lvangile (Mathieu, 13, 64). En cherchant le trsor cach de
lvangile, nous donnons au trsor cach (le royaume de Dieu ou plutt lesprit saint) le moyen
de prendre consistance dans notre me (par opposition au mal, qui avait pu prendre consistance par leffet
du pch). La poussire dont nous nous couvrons doit tre, comme lentend Harnack, le mpris dont le
monde poursuit les fidles. La conjecture de Maran tait ncessaire si lon entendait tout le morceau du
mal. Ceci admis, je commence, pour interprter la dernire phrase, par la partie qui en est la plus claire;
si le passage est bien inspir de Mathieu, 13, 44, on ne verra gure quune ide qui puisse en donner la
conclusion le fidle sest dpouill de ses biens, mais il a acquis la possession dun bien plus prcieux ce qui
est exactement le sens de la proposition principale.
[132] Ce chapitre XXXI (cit par Eusbe, Prp. Ev., X, II) est le premier essai dune chronologie
compare des traditions chrtiennes et paennes.
[134] Ni le texte dEusbe, ni celui des manuscrits de Tatien ne peuvent tre maintenus. Les 2 leons
sont en contradiction avec le chapitre XLI o Tatien affirme avoir dj dit quentre la guerre de Troie et
la olympiade il y a eu un intervalle de 407 annes : je suis Maran, Otto et Harnack, qui ont rtabli le texte
de faon rpondre ces objections la date que lon obtient ainsi pour la naissance dHomre est celle
que Clment dAlexandrie (Strom., 1, 21) attribue Sosibios de Laconie.
[136] Rappel de ce qui a t dit plus haut : . mme les vieilles femmes (et les
vieillards) viennent se faire instruire de nos doctrines.
[137] Iliade, II, 212, 219. Ce dveloppement, partir de la phrase sur Achille est introduit par Tatien
avec sa brusquerie ordinaire et le lien avec le contexte semble fort lche. Il ne semble gure pouvoir tre
cherch que dans lide suivante : chez vous-mmes, comme chez nous, a-t-on jamais fait attention aux
diffrences dge, de sant, de beaut pour juger les hommes Exemples: Achille, Nopolme, Philoctte
et mme Thersite.
[138] Sur ce catalogue de statues fminines, qui, quoique Tatien en montre bien lui-mme le lien avec
son argumentation, prend les proportions dun hors-duvre.
[139] La traduction de Harnack ne peut se dfendre non plus que la correction de Kukula au sens
de: les coles de philosophie. Je crois que tout lembarras que cette phrase a donn vient de ce quon a mal
compris quoi se rapporte mallon. On a perdu de vue la phrase prcdente : Vous qui dites que nous ne
faisons que bavarder entre femmes, etc., coutez quelle frivolit chez les Grecs. Il me parat clair que Tatien veut
dire: Vous nous traitez de frivoles, mais vous ltes bien plus, comme le prouve une de vos pratiques
les plus entaches de vaine gloire (la manie des statues, accordes mme aux femmes).
[140] Sur ce groupe de potesses, cf. Kalkmann qui compare un groupement analogue dans
lpigramme dAntipater de Sidon (Anth., IX, 26). Prazilla de Sicyone (milieu du Ve sicle) composa
des scolies et des dithyrambes; Larchis est la plus inconnue de toutes ces potesses; je ne parle pas de
Sapho Erinna, donne comme amie de Sapho, mais sans doute dpoque plus rcente, est connue par
sa Quenouille. Myrtis, dAnthdon en Botie, est de la gnration qui a prcd Pindare Myro (ou Mro)
de Byzance est la mre du pote tragique Homre, de lpoque alexandrine rien dire de Praxagoris et
Clito. De ces diverses statues, une seule est identifie: la Sapho de Silanion (Kalkmann, ib.).
[141] Anyt, de Tge (commencement du IIIe sicle), dont il nous reste de jolies pigrammes dans
lanthologie, et quAntipater, dans lpigramme cite ci-dessus, appelle: un Homre femme, Tlsilla,
dArgos, se rattacherait plutt par la date aux premires potesses du groupe qui prcde: Nossis de
Locres est du commencement de lpoque alexandrine. Aucune de ces statues nest identifie.
[142] Mnsarchis et Thaliarchis sont pour nous des inconnues. Corinne est llve de Myrtis et la
rivale de Pindare. Peut-tre y a-t-il une copie de la statue de Corinne par Silanion dans une statuette
de marbre e reprsentant une jeune fille debout, tenant un rouleau, avec une capsa sa gauche; sur le
socle est grave linscription KOPINNA, dune authenticit indiscutable . S. Reinach, Revue
critique, 1898, n 3; et Rpertoire de la Statuaire grecque et romaine, tome II.
[143] Cest sans doute la mention faite un peu plus haut dErinna qui amne ce dtail.
[144] Il est difficile de ne pas identifier Glaukipp avec lAlkipp dont parle Pline lancien (H. N., VII,
34. Kalkmann note toutefois que Pline ne parle pas expressment dune statue (lAlkipp).
[145] La Phryn de Praxitle est encore une statue connue par des tmoignages autres que ceux de
Tatien.
[146] Je signale (cf. Kalkmann), le texte de Pline quon a rapproch de cette phrase de Tatien: Niciaei
nobilis pyctae. Byzanti geniti, qui, adulterio Aethiopis nata matre nihilo utoris colore differente, ipse
avum regeneravit Ethiopem. H. N., VII, 51. Mais sommes-nous en prsence de deux traditions sur
deux faits distincts, ou bien y a-t-il une confusion, soit chez Pline, soit chez Tatien? La premire
hypothse me parat la plus vraisemblable.
[147] Luvre de Pythagore est aussi une de celles que nous connaissons par dautres tmoignages.
Cf. Kalkmann.
[148] Ce passage est un des plus difficiles interprter du catalogue. Les explications de Kalkmann
qui pense que Tatien ne connaissait la fameuse vache que par ou-dire et quil a fait de graves
confusions, ayant dans lesprit la fois la vache de Myron et le groupe de la Nik sacrifiant un taureau,
me paraissent bien peu satisfaisantes.
[149] Europe.
[150] Lhrone de la tragdie dEuripide .
[151] Cf. Kalkmann. Aucun crivain classique ne mentionne une statue leve Phalaris; mais cf. une
allusion dans une des fausses pitres de Phalaris (la 337e, la fin).
[152] Pline, H. N. VIII, 3, nomme la femme aux 30 enfants elle sappelait Eutychis sa statue tait au
thtre de Pompe Pline nen nomme pas lauteur.
[153] Noter le rigorisme de Tatien, qui na rien reprocher Eutychis que son extraordinaire
fcondit. Il y a l sans doute le germe de cette dfiance contre la chair, de cette condamnation du
mariage quil prcha aprs sa rupture avec lglise. (Cf. Irne dans Eusbe, H. E., IV, 29, 1.)
[154] Cf. Kalkmann; il compare un fragment de Posidonius, qui avait parl dune femme ligure qui
accoucha en travaillant aux champs (Mller, Frg., Hist. Gr., III, 275, 53.)
[156] Le Ganymde de Lochars est encore une des statues de ce catalogue qui sont connues par
ailleurs.
[158] En ponctuant ainsi, rien nest suppler dans le texte des manuscrits, aucune lacune admettre.
[159] Il est essentiel de bien comprendre ce passage qui, mal interprt, a servi dargument pour
soutenir que le discours de Tatien tait de trs peu postrieur sa conversion. Harnack traduit: un
homme qui nagure avait les mmes rpugnances que vous. Kukula qui, dailleurs combat la date propose
par Harnack pour lOratio, a traduit peu prs de mme en serrant cependant le texte dun peu plus
prs, qui nagure partageait votre infortune (= votre impit). Mais la construction vritable, bien vue
autrefois par Maran, a t maintenue avec raison par Schwartz. Du reste, la phrase qui prcde montre
bien ce quexige le sens : il ne sagit pas de savoir si Tatien a t ou non paen jadis il sagit de savoir si
un homme, qui nest quun homme comme les autres), a le droit doser, contre toute la tradition hellnique,
contre toute la philosophie antrieure, soutenir les dogmes nouveaux des barbares. Il ny a donc rien
conclure de ce passage sur la date de lOratio, qui nest vraisemblablement pas daussi peu postrieure
la conversion de Tatien que le voudraient Harnack et Zhan.
[161] Kukula a bien dfendu le texto des manuscrits auquel rien nest changer. Depuis ce
chapitre, toute la fin du discours a t cite par Eusbe. Prp. Evang., X. II. 6-35, et plusieurs morceaux,
par Clment dAlexandrie (1erlivre des Stromates).
[162] Aprs il y a dans le texto une lacune cest le 2e membre de la comparaison qui manque; je
supple peu prs comme Schwartz.
[163] Schwartz a suivi la liste dEusbe dArgeios Krotpos; les manuscrits de Tatien
donnent: Kriasos,Triopas, Argeios, Phorbas, Krotpos. Plus bas, cest aussi Eusbe qui
donne Abas, Proitos ; les mss. de Tatien:Proitos, Abas. Le second Sthnlaos est omis par le Parisinus de
Tatien et les mss. N. D. dEusbe.
[164] Les rois de Macdoine, dEgypte et de Syrie nont videmment que faire dans cette
dmonstration.
[166] Corrig par Schwartz, en Bakis ; les manuscrits peuvent tre exacts, car nous ne
connaisson pas plus Drymon ou Hros quIsatis.