Metasememe
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Metasememe
Sémantique 8
Les changements de sens
Figures et tropes
Métaphore et comparaison
Sous le terme générique d'image, on range généralement la comparaison et la
métaphore, la métaphore étant une une comparaison qui ne comporte pas de terme
introducteur. Mais D. Bouverot a remarqué que la comparaison et la métaphore ne sont pas
les seules types d'images que l'on puisse rencontrer.
Soit les énoncés:
(1) Le chat bondit comme un fauve.
(2) Le chat avait l'air d'un tigre.
(3) Le chat, tigre furieux, bondit sur la souris.
(4) Écoute le chat qui rugit.
L'énoncé (1) est une comparaison. Elle consiste, sémantiquement, à poser à côté l'un
de l'autre deux signifiés qui présentent ou auxquels on prête une analogie: chat et fauve
sont dotés du même prédicat bondit. Syntaxiquement le second terme est un terme de
subordination, un complément de manière.
Le deuxième énoncé est légèrement différent du premier: c'est un type particulier de
comparaison, car l'identification entre les deux termes comparés est incomplète. Les deux
signifiés ne sont pas identiques, le second terme, au lieu d'avoir un prédicat commun avec
le premier, sert de prédicat à ce premier terme. Du point de vue syntaxique l'introducteur
de ce second terme est soit un adjectif (semblable), soit un verbe (il semble, on dirait,
avoir l'air, imiter, jouer), verbe et adjectifs qui expriment une identification imparfaite. Le
rapport grammatical est est celui du complément d'adjectif ou d'attribut.
L'énoncé (3) exprime, comme (1), une identification complète. Mais
syntaxiquement il y a plusieurs possibilités: (i) le chat est un tigre furieux: le second terme
sert de prédicat au premier, sa fonction syntaxique est celle d'attribut; cette fois-ci on peut
placer entre les deux le signe '='; donc (3) a la sémantique de (1) (c'est-à-dire identité de A
et B) et la syntaxe de (2) (B est l'attribut de A); (ii) il est possible d'avoir d'autres rapports
grammaticaux: apposition (le chat, tigre furieux), l'apostrophe: chat, ô, tigre furieux.
L'Énoncé (4) contient une métaphore, se caractérisant par la polyvalence
fonctionnelle des procédés et par l'absence d'un aspect syntaxique personnel et original. La
métaphore présente la caractéristique qu'on ne peut pas séparer le procédé grammatical de
l' opération sémantique. Du point de vue sémantique on assiste à la substitution d'un
signifié à un autre signifié, ou plus exactement à un modification du contenu sémantique
d'un terme. Quand on dit (4), cela veut dire que le récepteur devra trouver à travers rugit
le deuxième terme lion qui est absent, alors que le deuxième terme était présent en (1), (2)
et (3).
La métaphore a joué et elle continue à jouer un grand rôle dans la création lexicale
et beaucoup de termes de sens figuré sont des métaphores usées par l'emploi.
figuré se manifeste par la substitution d'éléments normaux aux éléments propres d'un
discours donné; les tropes sont perçus dans une séquence ou une phrase te ils remplacent
le contenu d'un mot par un autre. Quand le patient, près de subir une opération demande au
chirurgien: «Quand allez-vous me charcuter?» il y a substitution de charcuter (macelari) à
opérer, modification de contenu du mot charcuter, mais aussi substitution de toute une
chaîne référentielle à une autre chaîne référentielle: agent «chirurgien» → «charcuter»;
patient: «malade» → «cochon».
On va définir les notions traditionnelles de la rhétorique - métaphore,
métonymie, synecdoque - dans le cadre de l'analyse par le groupe µ, (Rhétorique générale
1970). Le contenu d'un mot est une collection de sèmes (unités minimales de sens) dont les
uns sont nucléaires, les autres contextuelles, le tout produisant un sémème. Les tropes sont
appelés métasémèmes, figures qui remplacent un sémème par un autre, en modifiant le
contenu du mot. Cette modification du sens d'un mot (lexème) ne peut pas être faite
n'importe comment. Il reste nécessairement une partie du sens initial. Le signifié du
lexème est soumis à une décomposition sémantique. Il y a deux types de décomposition:
la décomposition sur le mode Π et la décomposition sur le mode Σ. Essayons de
décomposer le sens du mot arbre: on peut considérer cet arbre comme un tout organique,
décomposable en parties ordonnées mais différentes les unes des autres:
arbre = branches et feuilles et tronc et racines ...
Aucune des partie n'est pas un arbre. Les parties se trouvent entre elles dans un rapport de
produit logique Π:
(x est un arbre) = (x possède des branches) et (x possède des feuilles) et (x possède
un tronc), ...
Une telle décomposition est appelée distributive, les sèmes du tout étant distribué
inégalement dans les parties.
Mais on peut considérer le concept d'«arbre» comme désignant une classe d'arbres
comprenant des peupliers, des chênes, des bouleaux, etc., dont chacun possède feuilles,
tronc, racines, ... Cette fois chaque élément de la classe est un arbre:
(x est un arbre) = (x est un peuplier) ou (x est un chêne) ou (x est un bouleau) ou ...
La décomposition, cette fois, n'est plus distributive mais attributive, chaque partie se
référant à un arbre, auquel on attribue tous les sèmes de l'arbre plus des sèmes spécifiques.
Cette décomposition est appelée décomposition de mode Σ .
Le même terme peut donc, selon la nécessité, être décomposé sur le mode Π ou sur
le mode Σ. Dans le premier cas, il donne lieu à une série référentielle exocentrique (arbre
→ branche) et dans le second à une série sémique endocentrique (arbre → bouleau). Les
tropes se caractérisent par ces types de décomposition.
La synecdoque. La définition classique de la synecdoque est assez complexe: la
synecdoque va du particulier au général, du moins au plus, de l'espèce au genre, du
singulier au pluriel, de la matière à l'objet (les mortels pour les hommes, le fer pour une
épée, une voile par un navire). Dans le cas de la synecdoque une voile pour un navire,
nous avons à faire avec une décomposition de type Π , dans le cas de la synecdoque les
mortels pour les hommes la décomposition est de mode Σ. Une autre synecdoque de type
Σ est offerte par Schéhadé: dehors, nuit zoulou (noir → nègre → zoulou).
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La métaphore
La métaphore n'est pas à proprement parler une substitution de sens, mais une
modification du contenu sémantique du terme. Les deux termes ont une partie commune
de leurs sèmes ou de leurs parties:
La métaphore extrapole, elle étend à la réunion des deux termes une propriété qui
n'appartient qu'à leur intersection:
Dans l'exemple b, on voit que la métaphore est impossible parce que ni D ni A sont
décomposés: ils coexistent seulement dans (I) sans que cela constitue une intersection
probante. Dans l'exemple c il y a un un cas semblable, où deux sèmes coexistent dans un
cas exemplaire (I). Mais cette coexistence dans un même objet n'est pas une intersection; il
faut pour cela l'existence d'un sème identique dans deux lexèmes différents (cas a) ou
d'une partie identique dans deux totalités différentes (cas d).
La métaphore a un effet d'élargissement, d'ouverture, d'amplification. C'est un effet
paradoxal, parce que la démarche métaphorique se fait à travers l'intersection, une
"passerelle étroite", qui appauvrit le signifié. Dans cette situation l'auteur à la tendance de
corriger sa métaphore, par combinaison avec une synecdoque ou une autre métaphore.
Dans ce cas le Groupe µ parle de 'métaphore corrigée'. Un exemple célèbre en
est donné par Pascal: «L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais
c'est un roseau pensant.»
pensée
métaphore synecdoque
LANCE IMMOBILE
oxymore
Pour étudier a métaphore, on doit examiner aussi l'étendue des termes considérées. La
métaphore véritable est in absentia et seulement le contexte permet de comprendre la
métaphore. Prenons l'exemple:
Rossignol de muraille, étincelle emmurée
Ce bec, ce doux déclic prisonnier de la chaux (R. Brock)
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La comparaison
Il existe plusieurs types de comparaisons:
- comparaisons synecdotiques - sont très fréquentes dans la langue commune, des
comparaison devenues des stéréotypes:: nu/ver, clair/ jour, ennuyeux / pluie, laid/pou,
beau/dieu, sourd/pot, saoul /Polonais, etc. Ce genre de clichés ont une valeur intensive ou
superlative, et ils fonctionnent dans la langue comme les unités sémantiques. Ces
expressions peuvent être scindées en deux parties pour faire apparaître que le premier
terme est en rapport synecdotique avec le second, dans le sens que le second terme
particularise le second par adjonction de sèmes:
ce roman la pluie
ennuyeux
- comparaisons métalogiques: si on dit «il est fort comme son père» et «elle est belle
comme sa sœur», nous n'avons pas à faire avec des expressions entrant dans le champs de
la rhétorique s'il s'agit d'affirmations correctes. Mais si «il» est un gringalet [homme de
petite taille maigre et chétif] et «elle» est une laideron, alors la rhétorique revient, et on
parle de ironie. Dans la terminologie du Groupe µ on parle dans cette situation d'un
métalogisme, c'est-à-dire d'une figure qui met nécessairement en cause le référent du
message.
- comparaisons métaforiques: pour parler de ce type de comparaisons on doit penser
à la série: (1) ses joues sont fraîches comme des roses
(2) ses joues sont comme des roses
(3) les roses de ses joues
(4) sur son visage, deux roses.
La phrase (1) est tout à fait normale, il y a une parfaite compatibilité entre tous ses
éléments; (2) introduit déjà une anomalie, puisque l'attribut commun (fraîches) disparaît.
[L'élément comme introduit un équivalence qui ne pourra être totalement assumée, et nous
avons dans la même catégorie des éléments nominaux du type frère, soeur, etc. qui ont le
même rôle: Voie lactée ô soeur lumineuse/ des blancs ruisseaux de Chanaan] (3) est une
métaphore in praesentia, et (4) une métaphore in absentia.
La métonymie
Pour décrire la métonymie, le Groupe µ recourt au même type d'analyse: à la
différence de la métaphore, dans le cas de la métonymie le terme intermédiaire englobe le
terme de départ (D) et le terme d'arrivée (A) sur le mode Σ et Π, c'est-à-dire via une classe
non distributive.
10 Sémantique 99 - cours 8
métaphore métonymie
I
D I A D A
inclusion dans un ensemble Σ conceptuel
copossession de sèmes de sèmes (plan sémantique)
ou de parties coappartenance à une Π matériel
totalité matérielle (plan référentiel)
Comme exemple nous allons prendre la phrase «Prenez votre César» prononcée par un
professeur qui propose à ses élèves de continuer l'étude de De Bello Gallico. Le terme
intermédiaire sera la totalité spatio-temporelle, comprenant la vie du célèbre consul, ses
amours, ses œuvres littéraires, son époque, sa ville. Dans cette totalité du type Π, Jules et
son livre sont contigus.
b) restriction de sens par spécialisation: le verbe traire «tirer» a pris le sens actuel
en perdant son emploi général dans la langue et en se restreignant au lexique agricole.