Evaluation de La Stratégie Agricole Du Maroc (Plan Maroc Vert)
Evaluation de La Stratégie Agricole Du Maroc (Plan Maroc Vert)
Evaluation de La Stratégie Agricole Du Maroc (Plan Maroc Vert)
TIC FES
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LE SIO
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PR NAL
Assurances et gestion des risques, Vol. 83 (3-4)
OF A
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Insurance and risk management, Vol. 83 (3-4)
SIO ICL
NN ES
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EVALUATION DE LA STRATGIE AGRICOLE
DU MAROC (PLAN MAROC VERT): UNE ANALYSE
EN QUILIBRE GNRAL DYNAMIQUE
RSUM
Cet article tente dvaluer sur la base dun modle dquilibre gnral calculable
dynamique, la capacit du Maroc raliser les objectifs du Plan Maroc Vert (PMV)
en termes conomique et social et limpact de ce Plan sur la production agricole
et sur lvolution du PIB global, des quilibres macroconomiques, du bien-tre
des mnages en termes de revenus et de consommation de biens et services,
ainsi que sur les changes commerciaux en produits agricoles avec lextrieur et
la scurit alimentaire du pays, etc. Lobjectif est de mettre en vidence les dfis
de lagriculture marocaine avec leurs implications pour le PMV et suggrer des
adaptations pour viter les impacts ngatifs sur lagriculture des facteurs, en
particulier, exognes, qui risquent dhandicaper la ralisation du PMV.
294 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
En plus de la fonction productrice, lagriculture joue galement un
rle important dans lamlioration du niveau de vie de la population
rurale et une fonction centrale dans la gestion des ressources naturelles.
En effet, lagriculture assure 45% de lemploi national et gnre plus
de 65%4 des revenus des mnages ruraux et valorise les 8,7 millionsha
de la Surface Agricole Utile (12% du territoire national), dont 18% en
irrigu (1,6 millions ha).
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 295
lenvironnement et la ncessaire adaptation aux changements clima
tiques et ses consquences, en particulier, les scheresses rcurrentes
des dernires dcennies.
296 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
Pour apporter des lments de rponse ces questionnements, on
prsentera dans un premier temps les caractristiques et les perfor-
mances du secteur agricole, pour apprcier, ses forces et ses faiblesses,
ses tendances lourdes, et ses atouts les plus visibles en mettant laccent
sur ses implications conomiques et sociales. Deuximement, on rap-
pelle les objectifs du Plan Maroc Vert et on prsente ses fondements
et ses objectifs et les principaux enjeux auxquels fera face le PMV dont
les implications risquent dhandicaper sa mise en uvre. La troisime
section porte sur une valuation (ex-ante) qui permettra dlaborer un
scenario tendanciel de la stratgie PMV et la simulation de quelques
politiques lies aux enjeux de lagriculture avant de conclure avec
quelques recommandations.
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 297
la productivit. En gnral, en plus de lutilisation des nouvelles tech-
nologies et des semences slectionnes et des engrais, cette amliora-
tion est due essentiellement la mise en culture des terres vierges et
fertiles comme les zones forestires et les parcours auxquels sajoute
la culture de quelques espces vocation Bour (culture dpendante
de la pluviomtrie), dans les zones irrigues comme les crales (orge).
25 000
20 000
15 000
10 000
5000
0
90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09
19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20
Chili Inde Maroc Espagne Tunisie
Source: World Development Indicators (WDI)
298 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
FIGURE 2 Rendement des crales (kg par hectare)
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10
19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20
Chili Inde Maroc Espagne Tunisie
Source: World Development Indicators (WDI)
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 299
La faiblesse de la productivit sexplique aussi par un milieu rural
qui se caractrise par un niveau dalphabtisation et de scolarisation
faible, particulirement chez les femmes. En 2004, le taux danalpha-
btisme en milieu rural slevait 60,5% contre 43% lchelle natio-
nale. La situation est plus grave pour les femmes rurales dont le taux
danalphabtisme tait en 2004 du mme ordre que celui relev pour
lensemble du Maroc en 1971, soit 75%. Ce constat montre les dfail-
lances de la politique ducative et lchec relatif de la scolarisation
rurale, particulirement chez les filles rurales.
300 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
marchs extrieurs, en particulier en ce qui concerne les denres
alimentaires de base, comme les crales (bl et mas), le sucre, les
olagineux, le lait et produits drivs.
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 301
FIGURE 4 Evolution des indicateurs de la sant nutrition
des moins de 5 ans
30
Incidence en % 25
20
15
10
5
0
2010 2010 2010
Insuffisance pondrale 14,8 9,3 3,1
Retard de croissance 28,6 18,1 16,5
maciation 10,2 3
302 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
dveloppement de lagro-industrie (sucreries, laiteries...)9. En revanche,
les terres dites Bour (culture dpendante de la pluviomtrie) qui
reprsentent un peu plus de 7 millions dhectares, soit un peu plus de
80% de la superficie arable, sont trs peu modernises et trs peu
mcanises. Les rendements lhectare sont rests plus ou moins
stables; voire, ils ont rgress dans certaines zones, de plus en plus
arides pour raison de scheresse et de dsertification. Ces terres
demeurent encore aujourdhui domines par la culture des crales et
par la jachre.
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 303
La nouvelle stratgie agricole vise des retombes socio-conomiques
importantes en termes de valeur ajoute, dinvestissements, de cration
demplois, et damlioration des revenus des agriculteurs. Cette nouvelle
politique permettra galement la prise en compte des diffrentes com-
posantes du secteur sur les plans social, territorial et humain ainsi quune
meilleure valorisation et gestion durable des ressources naturelles.
Les objectifs tracs par la nouvelle stratgie sont ambitieux avec des
impacts conomiques et sociaux importants en termes de croissance
du PIB (PIBA valu entre 70 et 100 milliards supplmentaires dici 15
20 ans), dexportations (prs de 44 milliards de dirhams (DH)), de
crations demplois (1,5 millions demplois supplmentaires), et de
lutte contre la pauvret (augmentation de 300% des revenus de prs
de 3 millions de pauvres).
304 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
des projets. La filire laitire concentre 21 projets. Lagrumiculture
compte 18 projets et loliculture en 15. Le marachage, les crales et
les viandes rouges se partagent une trentaine de projets.
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 305
priode 2008-2010 qui ont avoisin 5,3 milliards de dirhams permettant
ainsi des investissements globaux de 15,4 milliards de dirhams, soit un
coefficient multiplicateur de trois. Pour les mmes raisons, le systme
dincitation linvestissement agricole a t renforc en 2011 par
lintroduction dun nouveau produit dassurance agricole11.
Enfin, pour permettre la valorisation de la production et accder
une monte en valeur ajoute, les agropoles offrent un cadre appropri
pour lintgration de lensemble de la chane de valeur du secteur
agro-industriel12
Le PMV focalise aussi lattention sur lintgration dans le processus
de dveloppement des diffrentes catgories dagriculteurs par lam-
lioration de la rentabilit de 600.000 petites exploitations laide de
300 400 projets mobilisant prs de 6 18 milliards de dirhams sur
10 ans. Ces projets concernent la reconversion des cultures cralires
en arboriculture fruitire, lintensification de llevage et la valorisation
et la promotion des produits de niche (produits de terroir et bio).
Malgr les avances du PMV, certaines difficults empchent la rali
sation des objectifs lhorizon annonc.
Dans le domaine cralier, les projets initis faisant appel lagr-
gation au titre du pilier II ne sont pas nombreux et ont du mal se
greffer. Quand ces projets existent tel que Tanmia Filahia, lanc dans
la rgion de Chaouia-Ourdigha, ils butent sur des obstacles et narrivent
pas se maintenir. A cela, il y a deux raisons fondamentales:
Une assise juridique mme de rglementer et garantir les int-
rts de toutes les parties prenantes, toujours prisonnire du circuit
dadoption;
La capacit limite de financement des projets de la part des agr-
gateurs et la faible participation du systme bancaire au finance-
ment des projets agricoles (seuls 18% des agriculteurs ont accs
aux financements) et ce malgr lapport du fonds Hassan II et les
prts concessionnels rtrocds par le trsor aux cinq banques
conventionnes. Il sagit, notamment des prts accords par la
Banque mondiale, lUnion europenne avec le Programme dappui
la politique sectorielle agricole (PAPSA) et le Fonds international
de dveloppement agricole (FIDA).
Enfin, les faiblesses du PMV ont trait aussi au Partenariat public-
priv (PPP), les travaux dvaluation de la premire tranche de par-
tenariat ont permis de constater que, parmi les 163 projets objets de
cette tranche, 12 projets connaissent un retard prononc en matire
de ralisation des investissements13.
306 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
4. valuation ex ante du PMV
Lvaluation du PMV sera base sur un modle dquilibre gnral
calculable (EGC) dynamique. Le choix de cette mthodologie est motiv
par les avantages quelle offre en termes de flexibilit dans lanalyse
des politiques sectorielles, mais galement en tant quoutil danalyse de
limpact des politiques de redistribution.
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 307
Lestimation du modle et son utilisation pour conduire des simula-
tions dimpact du PMV ncessitent de spcifier sa fermeture et sa
calibration dune faon qui reflte le fonctionnement de lconomie
nationale. La calibration du modle EGC a suivi lapproche standard
applique dans ce domaine, savoir, lhypothse dun comportement
doptimisation par les producteurs et les consommateurs et la calibra-
tion des formes fonctionnelles traduisant le comportement des diff-
rentes catgories dagents dans lconomie. La fermeture du modle
qui se rfre lquilibre des comptes majeurs de lconomie sest faite
de telle faon apprhender la ractivit des agents conomiques et
de lactivit conomique dans son ensemble tout choc qui affecte
lquilibre initial de lconomie.
308 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
tandis que le taux de change est suppos fixe. Le taux de change est
le numraire et les prix internationaux sont supposs fixes. En effet,
lconomie nationale est une conomie ouverte, de petite taille et ne
peut pas, en consquence, influencer les prix mondiaux. Lpargne des
mnages est proportionnelle leur revenu disponible. Ainsi, en cas de
variation de linvestissement, lpargne totale (tat, mnages, entre-
prises et reste du monde) sajuste pour atteindre lquilibre pargne-
investissement. Concernant les facteurs de production, loffre totale de
travail est suppose fixe et le facteur travail est suppos mobile entre
les diffrentes activits, alors que le capital est spcifique chaque
branche et suppos fixe.
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 309
TABLEAU 1 Gains annuels en termes de valeurs ajoutes agricoles
entre 2008 et 2020 (En millions de DH)
310 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
exportations manqueraient dimpact significatif sur lcoulement des
produits marocains sur les marchs extrieurs (en particulier euro-
pens) sils ne sont pas grs et accompagns de mesures de politiques
conomiques offensives.
MOYENNE ANNUELLE
PRODUITS 2008-2020
Crales 1,3
Lgumineuses 4,5
Autres grandes cultures industrielles (y compris olagineuses) 0,7
Tomate 29,3
Pomme de terre 9,4
Oignon 0,4
Autre marachage (frais) 80,4
Marachage industriels 1,6
Clmentines et autres petits fruits dagrumes 103,8
Raisin 3,8
Amandes 3,5
Autres arboriculture fruitire 16,4
Autres agriculture (y compris les services para-agricoles) 15,0
Productions animales 3,6
Total 273,8
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 311
part. La scurit alimentaire du pays serait donc menace en particulier
celle en produits craliers. En effet, la dpendance du Maroc envers
ltranger pour satisfaire ses besoins en ces produits croitrait en
moyenne annuelle de 157 millions de DH (moyenne des importations
cralires, tableau 3).
MOYENNE ANNUELLE
PRODUITS 2008-2020
Bl dur 155,0
Bl tendre 275,2
Orge 23,3
Autres crales 173,5
Lgumineuses 11,7
Autres grandes cultures industrielles (y compris olagineuses) 294,2
Pomme de terre 30,1
Oignon 0,3
Autre marachage (frais) 4,2
Clmentines et autres petits fruits dagrumes 0,0
Raisin 3,1
Amandes 1,8
Dates 14,8
Autres arboriculture fruitire 9,1
Autres agriculture (y compris les services para-agricoles) 125,3
Productions animales 112,3
Total 1 234,0
312 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
montre le tableau 4, les ruraux pauvres seraient les derniers en termes
de croissance de revenus, dont lamlioration ne dpasserait pas les
452millions de DH en moyenne annuelle entre 2008 et 2020. Une
amlioration qui proviendrait moins des revenus de lemploi (salaires)
que des autres revenus (capital et transferts) en raison de la prdomi-
nance de lemploi sans qualification et des aides familiales qui conti-
nueraient caractriser le secteur agricole. Cependant, les ruraux non
pauvres verraient leurs revenus samliorer de plus de 7,6 milliards de
DH en moyenne annuelle et ce en liaison particulirement avec lam-
lioration des revenus des capitaux. Au total, les urbains profiteront
davantage de la dynamique de la croissance conomique totale du fait
quils tirent leurs revenus des activits agricoles ainsi que des activits
non agricoles. Ces rsultats montrent que le deuxime pilier du PMV,
li la rduction de la population pauvre dans le monde rural serait
loin dtre ralis.
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 313
ltranger, les capacits de financement du pays savrent de plus en
plus handicaps. Comme le montre le tableau 5, le besoin en finance-
ment extrieur serait en moyenne de 6,24 milliards de DH sur la priode
2008-2020 pour rpondre aux besoins de financement des investis
sements projets dans le PMV. En fait, le financement extrieur viendrait
renforcer lpargne publique qui ne croitrait que de presque 3 milliards
de DH en moyenne annuelle et ce en relation avec laugmentation des
recettes publiques qui serait dans les environs de 11,4milliards de DH
en moyenne annuelle entre 2008 et 2020.
MOYENNE ANNUELLE
PRODUITS 2008-2020
Recettes publiques totales 11 342
Impts indirects 3 755
Epargne Publique 2 798
Financement extrieur 6 240
314 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
Dans ce cadre, lamlioration de lducation et de la formation des
agriculteurs est une ncessit. Dune part, elle permettra lamlioration
de la productivit du secteur agricole, de la comptitivit des exporta-
tions et, dautre part, il a t largement dmontr dans la littrature
conomique que lamlioration de lducation est une condition nces-
saire pour la rduction de la pauvret et des ingalits. En effet, les
investissements programms dans le PMV visent introduire plus de
technologies dans lagriculture marocaine, il savre donc ncessaire
damliorer la formation des agriculteurs et des comptences afin quils
puissent utiliser ces technologies plus efficacement et avoir un rende-
ment plus levs de ces investissements.
Une simulation de laugmentation de 10% de la productivit (qui
sexplique par lamlioration de la formation, plus dutilisation de lem-
ploi qualifi ou bien par ladoption de nouvelles technologies)14 du
secteur agricole conduirait une augmentation de 3,5% de la valeur
ajoute agricole en moyenne annuelle. Le secteur agroindustriel pro-
fiterait davantage et verrait aussi sa valeur ajoute augmente de 12%
en moyenne annuelle suite laugmentation de la production agricole
qui ferait chuter les cots pour le secteur agroindustriel. Le secteur
non agricole (industrie et services) profiterait aussi de cette situation
et connatrait une augmentation de 1% de sa valeur ajoute. Lamlio-
ration de la production du secteur agricole et du secteur agroalimen-
taire conduirait une augmentation de leur capacit dexportation qui
slverait respectivement de plus de 20% pour le premier et de 10%
pour le deuxime.
La concrtisation des objectifs du PMV ncessiterait un effort de
rattrapage considrable auprs des jeunes adultes, hommes et femmes,
en particulier des programmes extra scolaires de formation des adultes.
Ceux-ci devraient prparer des spcialistes susceptibles danimer les
politiques de la qualit, celles du placement sur les marchs nouveaux
mais aussi celles en matire dconomie de leau et dnergies (renou-
velables), et de protection de lenvironnement que les contraintes de
lcologie imposeront de plus en plus.
La prise de conscience accrue de limportance de la formation ne
peut tre pense en dehors du dveloppement global du pays. Cest
difficile dimaginer un Maroc davenir o 45% de la population active
occupe produisent 15% du PIB. Le dveloppement de lagriculture
doit se faire dans un processus dallocation des facteurs de production,
o lagriculture libre de la main-duvre pour aller travailler dans les
autres secteurs. Ce qui renvoie la ncessit dune politique durbani-
sation pour la cration de petits centres urbains assurant la cration
de richesses en dehors de lagriculture.
Evaluation de la stratgie agricole du Maroc (Plan Maroc Vert): Une analyse en quilibre gnral dynamique 315
En outre, repenser la politique agricole dans le cadre dune politique
nationale permettrait une intgration du secteur agricole pour revalo-
riser les autres secteurs non agricoles et redonner aux agriculteurs des
motivations de nouvelles sources de revenu. En effet, le secteur des
industries agroalimentaires reste le premier secteur par excellence
fortes connections avec les activits agricoles. Le tableau 6 met en
exergue le manque gagner du secteur des industries agroalimentaires,
et de lconomie en gnral, suite au recours futur du Maroc aux
importations pour couvrir ses besoins en termes de produits alimen-
taires. Ce manque gagner se chiffrerait presque 1,33 milliards de
DH en moyenne annuelle sur la priode 2008-2020, du fait que la
production agroalimentaire resterait insuffisante pour rpondre la
demande intrieure en ces produits.
INDUSTRIES
AGROALIMENTAIRES PRODUCTION VALEUR AJOUTE IMPORTATIONS
Industrie laitire 251 25 187
Sucre brut 102 24 183
Sucre raffin 412 58 2
Huile de grain brute 133 8 276
Huile de grain raffin 430 24 29
Autres agro-industries 3 553 694 652
Total 4 880 833 1 330
Une autre leon qui ressort de lanalyse des rsultats de nos simu-
lations, cest lamlioration de la production agricole qui dpend de la
volont de promotion des exportations qui dpend, en particulier, de
laccs sur le march europen. En Europe, les bonnes performances
conomiques et agricoles relatives de lEspagne, de la Grce ou encore
de lIrlande doivent beaucoup laccs au march unique europen,
mais aussi la politique agricole commune et au niveau lev des
protections extra-communautaires. Dans ce cadre, en plus de lamlio-
ration de la comptitivit des produits marocains, le renforcement des
ngociations avec UE par le gouvernement, amliorerait forcment la
demande europenne adresse au Maroc. Dans ce sens une simulation
de laugmentation de 10% de cette dernire accroitrait la production
agricole de plus de 430 millions de DH en moyenne annuelle.
316 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
5.Conclusion
La mise en uvre de la stratgie PMV labore par le gouvernement
marocain a engendr, au cours des quatre dernires annes, une am-
lioration de linvestissement dans le secteur agricole, et a permis de
gnrer des effets positifs en termes de valeur ajoute, demploi et
desexportations. Cependant, malgr ces avances, des contraintes
structurelles, dont souffre le secteur agricole depuis des dcennies,
empcheraient la ralisation et la concrtisation des objectifs de la
stratgie, tels quils ressortent des valuations faites lhorizon 2020.
Les bnfices ainsi escompts du PMV, risqueraient de se transformer
en des effets contrasts pour lagriculture marocaine et, partant, pour
lensemble de lconomie et de la socit.
318 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
Il sagit aussi des mcanismes mettre la disposition des agriculteurs
en vue de les orienter vers des pratiques de gestion efficaces des inputs
(eau, pesticides, insecticides, types et nature des cultures et semences,
mcanisation, assolement et techniques de travail de la terre, etc.).
Il est galement ncessaire que les politiques qui signalent les agri-
culteurs sur les cots sociaux des diffrentes ressources naturelles et
des services dcosystmes et de les inciter adopter des mthodes
agricoles qui favorisent la productivit et la diversification des cultures,
des pratiques et des technologies post-rcolte pour rduire les dchets
et la ralisation de meilleurs prix.
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NOTES
1. Directeur de la Prvision et de la Prospective, Haut Commissariat au Plan, Maroc.
2. Professeur en Sciences conomiques, Facult des Sciences Juridiques, conomiques et Sociales
Mekns, Universit Moulay ISMAIL.
3. Doctorant au laboratoire de recherche en Economie Applique, Facult des Sciences Juridiques,
Economiques et Sociales Sal, Universit Mohammed V.
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6. Enqute niveau de vie 2007, HCP.
7. Politique agricole commune de lUnion Europenne.
8. En 1995, une diminution du PIBA de 45% en 1995 a entran une baisse du PIB total de 12,4%.
Parcontre, laugmentation du PIBA de 58% en 1996 a induit un accroissement du PIB total de 14%.
9. Jouve, A-M., op. cit., p. 227.
10. La rpartition des aides par principales utilisations en 2011 a profit raison de 67% au matriel et
lamnagement hydro-agricole et foncier contre 77% en 2010. Cependant, les subventions destines
lintensification de la production animale reprsentent 12% du concours de ltat durant la mme anne.
Alors que les plantations fruitires ont bnfici de 5% des aides.
11. Visant les filires cralire et lgumineuse et couvrant, dans un premier temps, une superficie de
300000 hectares pour atteindre un million ha en 2015.
12. Il sagit de six Agropoles: Mekns, Oriental, Sousse, Gharb, Haouz, et Tadla. Ces centres devraient
permettre au secteur agro-alimentaire de bnficier dconomies dchelle, de rduire les cots, et daug-
menter la valeur ajoute en ayant accs aux meilleures technologies, pratiques, et infrastructures. (BM 2010).
13. Ces projets portent sur une superficie globale de prs de 2.000 ha (soit 5% de la superficie globale
de la 1re tranche). Ils sont situs au niveau de 5 rgions: Gharb-Cherarda-Beni Hsan, Chaouia-Ourdigha,
Marrakech-Tensift-Al Haouz, Oriental et Rabat-Sal-Zemmour-Zar. Les investissements projets au niveau
de ces projets dfaillants portent sur prs de 166 millions de dirhams, soit 4% des investissements globaux
prvus pour cette tranche.
14. Voir prsentation du modle (la productivit globale des facteurs est considre comme exogne,
lemploi dans le modle est dsagrg pour distinguer lemploi qualifi et non qualifi).
322 Assurances et gestion des risques/Insurance and risk management Vol. 83 (3-4)
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