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Dispositif de Lutte Contre Le Blanchiment de Capitaux Et Le Financement Du Terrorisme Dans L UEMOA

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LE DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT

DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


DANS L'UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE
OUEST AFRICAINE (UEMOA)

IMPRIMERIE BCEAO

2005 janvier 2005

Avenue Abdoulaye Fadiga


BP 3108 - Dakar - Sénégal
www.bceao.int
LE DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT
DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME
DANS LES ETATS MEMBRES DE L'UEMOA

2005
SOMMAIRE

INTRODUCTION ...................................................................................5

I - PRESENTATION DU DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX


ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME DANS L'UEMOA ....................................... 7
1 - Dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux ......................................9

2 - Dispositif de lutte contre le financement du terrorisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

II - TEXTES LEGAUX ET REGLEMENTAIRES RELATIFS A LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT


DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME DANS L'UEMOA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1 - Directive N° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de


capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA ........................................... 13
2 - Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux
dans les Etats membres de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

3 - Décret-cadre portant création, organisation et fonctionnement


d'une cellule nationale de traitement des informations financières ...................... 60
4 - Règlement n° 14/2002/CM/UEMOA relatif au gel des fonds et
autres ressources financières dans le cadre de la lutte contre
le financement du terrorisme dans les Etats membres de l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

5 - Décision n° 06/2003/CM/UEMOA relative à la liste des personnes, entités


ou organismes visés par le gel des fonds et autres ressources financières
dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme
dans les Etats membres de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

6 - Décision N° 04/2004/CM/UEMOA portant modification de la Décision


N° 06/2003/CM/UEMOA du 26 juin 2003 relative à la liste des personnes, entités
ou organismes visés par le gel des fonds et autres ressources financières,
dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme
dans les Etats membres de l’UEMOA, signée le 5 juillet 2004 ............................. 68

ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Annexe 1 : Liste des textes adoptés au plan communautaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

Annexe 2 : Références des textes adoptés par les Etats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 3


INTRODUCTION

L E DISPOSITIF de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement


du terrorisme dans les Etats membres de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) est constitué d'un ensemble de
textes législatifs et réglementaires approuvés par les Instances communautaires,
insérés ou en cours d'intégration dans l'ordre juridique interne des Etats. Il vient
renforcer les mesures de protection de l'intégrité du système financier de
l'Union, contenues dans les textes réglementaires régissant les opérations
bancaires et financières, notamment la loi bancaire, le règlement portant sur
les relations financières extérieures, etc.

Ce dispositif comporte deux volets qui se complètent, l'un sur la lutte anti-blan-
chiment et l'autre relatif à la lutte contre le financement du terrorisme.

Le présent document décrit les principales caractéristiques du dispositif et


recense les textes légaux et réglementaires approuvés. Il se veut un outil de
référence à la disposition des professionnels et de toute autre personne
désireuse de s'informer sur le sujet.

Ce document de référence sera actualisé périodiquement. A cet égard, les


observations et suggestions permettant d'en améliorer le contenu sont
bienvenues.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 5


I PRESENTATION DU DISPOSITIF DE
LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT
DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT
DU TERRORISME DANS L'UEMOA

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 7


Présentation du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans l’UEMOA

1 - Dispositif de la lutte contre le blanchiment de capitaux

Le dispositif anti-blanchiment de l'UEMOA a pour fondement la loi uniforme relative à la


lutte contre le blanchiment de capitaux, approuvée par le Conseil des Ministres de l’Union
Monétaire Ouest Africaine (UMOA) le 20 mars 2003 à Ouagadougou. Cette loi est une
transposition de la Directive N° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment
de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA, adoptée par le Conseil des Ministres de
l’UEMOA, lors de sa session du 19 septembre 2002 à Cotonou.

La loi uniforme institue un cadre juridique permettant de prévenir l’utilisation des circuits
économiques et financiers à des fins de recyclage de capitaux d’origine illicite. Son champ
d’application couvre toute personne physique ou morale, qui dans le cadre de sa profession,
réalise, contrôle ou conseille des opérations entraînant des dépôts, des échanges, des place-
ments, des conversions ou tous mouvements de capitaux. Il s’agit aussi bien des organismes
intervenant dans le secteur financier que non financier, notamment les membres des profes-
sions juridiques pour certaines de leurs activités, les transporteurs de fonds, les marchands
d’articles de grande valeur et les établissements de jeux.

Au titre de la prévention du blanchiment, la loi uniforme définit les modalités d’identifi-


cation, par les assujettis, de leur clientèle (habituelle et occasionnelle) et les conditions de
conservation des pièces justificatives des opérations effectuées. En outre, elle prévoit des
dispositions régissant la mise en place par les organismes financiers, de programmes internes
de prévention, pour mieux détecter les opérations de blanchiment.

Les modalités de détection des opérations de blanchiment ont été organisées, ainsi que
les procédures de déclaration de soupçons relatives aux opérations douteuses. En outre, le
régime de la responsabilité incombant aux assujettis et à l’Etat ainsi que la levée du secret
professionnel dans le cadre des investigations liées au blanchiment de capitaux sont conte-
nus dans la loi. Par ailleurs, il est prévu l’institution, dans chaque Etat membre de l’Union, d’une
Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) dont les travaux d’inves-
tigations devraient permettre de passer de la présomption aux soupçons et à la saisine éven-
tuelle des autorités judiciaires.

Au plan des actions coercitives, la loi uniforme prévoit des sanctions administratives et
pénales applicables aux personnes physiques et morales, ainsi que des mesures conservatoi-
res susceptibles d'être prises par le juge d’instruction. Il s’agit, notamment de la saisie ou la
confiscation des biens en relation avec l’infraction de blanchiment. A cet égard, le quantum
des sanctions retenu participe de la volonté d’assurer une répression sévère de l’acte de
blanchiment, tout en lui conservant son caractère correctionnel dans l’ensemble des Etats
membres de l’UEMOA, de manière à impulser une véritable coopération en matière judiciaire.

Un titre a été spécialement consacré à la coopération internationale, afin de favoriser


la concertation et les actions communes des Etats membres de l’Union, en développant

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 9


Présentation du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans l’UEMOA

l’entraide répressive communautaire et internationale. A cet égard, l’espace constitué des


huit Etats membres de l’UEMOA est considéré comme un seul et même territoire, notamment
pour l’application de la loi uniforme. Cette mesure vise à permettre d’organiser plus efficace-
ment les procédures judiciaires déjà entamées ou simplement projetées, de telle sorte que les
poursuites y afférentes soient effectivement exercées dans l’Etat membre le mieux placé. En
matière d’entraide judiciaire, des mécanismes destinés à faciliter la coopération dans les
enquêtes ont été mis en place, permettant notamment la communication de renseigne-
ments et de preuve d’un Etat membre à un autre, ainsi que l’accomplissement d’opérations
d’investigation. Les conditions de l’extradition ont été définies de manière à assouplir les pro-
cédures requises. Par ailleurs, il est autorisé de la façon la plus large possible, la confiscation
des avoirs criminels.

Sur la base des dernières informations disponibles, la loi uniforme a été adoptée et pro-
mulguée en Guinée Bissau, au Niger et au Sénégal, au cours de l'année 2004. En outre, au
Sénégal et au Niger, les décrets portant création de la CENTIF ont été signés, respectivement
le 18 août 2004 et le 20 octobre 2004, et les structures participant aux Cellules ont désigné leurs
représentants. Dans les autres Etats, le processus d'insertion du projet dans leur ordre juridique
interne se poursuit.

2 - Dispositif de lutte contre le financement du terrorisme

Dans l'attente de la mise en place prochaine d'une législation spécifique sur le finance-
ment du terrorisme, le Règlement N° 14/2002/CM/UEMOA relatif au gel des fonds dans le
cadre de la lutte contre le financement du terrorisme au sein de l’UEMOA a été adopté par
le Conseil des Ministres de l'Union le 19 Septembre 2002.

Ce Règlement cadre permet de rendre exécutoires les Décisions de gel de fonds prises
par le Comité des Sanctions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, sur la base de la liste
actualisée des personnes et entités visées, établie par ce Comité.

Conformément aux dispositions du Règlement, le Conseil des Ministres de l'UEMOA a


pris, le 26 juin 2003 à Dakar, la première Décision N° 06/2003/CM/UEMOA, afin de rendre opé-
rationnelles dans l’Union, les mesures de gel de fonds prises par le Comité des Sanctions du
Conseil de Sécurité des Nations Unies, en application notamment de la Résolution N° 1267
adoptée en 1999. Les dispositions du règlement permettent de prendre en compte les modi-
fications apportées périodiquement par le Comité des Sanctions à la liste de personnes visées
par ces mesures de gel des fonds.

Les travaux sont en cours pour doter les Etats membres de l'Union d'une législation spé-
cifique destinée à incriminer et réprimer le financement du terrorisme.

10 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


II TEXTES LEGAUX ET REGLEMENTAIRES
RELATIFS A LA LUTTE CONTRE LE
BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE
FINANCEMENT DU TERRORISME
DANS L’UEMOA

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 11


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

DIRECTIVE N° 07/2002/CM/UEMOA Auteur : Toute personne qui participe


RELATIVE A LA LUTTE CONTRE LE à la commission d’un crime ou d’un délit,
en quelque qualité que ce soit.
BLANCHIMENT DE CAPITAUX DANS
LES ETATS MEMBRES DE L’UNION Autorités de contrôle : Les autorités
ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST nationales ou communautaires de l’UEMOA
AFRICAINE (UEMOA) habilitées, en vertu d’une loi ou d’une
réglementation, à contrôler les personnes
physiques et morales.

LE CONSEIL DES MINISTRES Autorités publiques : Les administra-


DE L’UNION ECONOMIQUE ET tions des Etats membres et des collectivités
MONETAIRE OUEST AFRICAINE (UEMOA) locales de l’Union, ainsi que leurs établisse-
ments publics.
Vu le Traité du 10 janvier 1994 insti-
tuant l’Union Economique et Monétaire Ayant droit économique : Le mandant,
Ouest Africaine (UEMOA), notamment en c’est-à-dire la personne pour le compte de
ses articles 6, 7, 16, 21, 42, 43, 97, 98 et 113 ; laquelle le mandataire agit ou pour le
compte de laquelle l’opération est réalisée.
Vu le Traité du 14 novembre 1973
BCEAO ou Banque Centrale : La
constituant l’Union Monétaire Ouest
Banque Centrale des Etats de l’Afrique de
Africaine (UMOA), notamment en son arti-
l’Ouest.
cle 22 ;
Biens : Tous les types d’avoirs, corpo-
Sur proposition conjointe de la
rels ou incorporels, meubles ou immeubles,
Commission de l’UEMOA et de la BCEAO ;
tangibles ou intangibles, fongibles ou non
fongibles ainsi que les actes juridiques ou
Après avis du Comité des Experts
documents attestant la propriété de ces
Statutaire en date du 13 septembre 2002 ;
avoirs ou des droits y relatifs.
ADOPTE LA DIRECTIVE DONT LA TENEUR SUIT :
CENTIF : La Cellule Nationale de
Traitement des Informations Financières
TITRE PRELIMINAIRE : DEFINITIONS instituée dans chaque Etat membre.

Confiscation : Dépossession définiti-


Article premier - Terminologie ve de biens sur décision d’une juridiction,
d’une autorité de contrôle ou de toute
Au sens de la présente Directive, on
autorité compétente.
entend par :
Etat membre : L’Etat-partie au Traité
Acteurs du Marché Financier Régional :
de l’Union Economique et Monétaire Ouest
la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières
Africaine.
(BRVM), le Dépositaire Central/Banque de
Règlement, les Sociétés de Gestion et Etat tiers : Tout Etat autre qu’un Etat
d’Intermédiation, les Sociétés de Gestion membre.
de Patrimoine, les Conseils en investisse-
ments boursiers, les Apporteurs d’affaires et Infraction d’origine : Tout crime ou
les Démarcheurs. délit au sens de la législation nationale de

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 13


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

chaque Etat membre, même commis sur le UMOA : L’Union Monétaire Ouest
territoire d’un autre Etat membre ou sur Africaine.
celui d’un Etat tiers, ayant permis à son
Union : L’Union Economique et
auteur de se procurer des biens ou des
Monétaire Ouest Africaine.
revenus.
Article 2 - Définition du blanchiment
OPCVM : Organismes de Placement
de capitaux
Collectif en Valeurs Mobilières.
Au sens de la présente Directive, le
Organismes financiers : Sont dési-
blanchiment de capitaux est défini comme
gnés sous le nom d’organismes financiers :
l’infraction constituée par un ou plusieurs
- les banques et établissements finan- des agissements énumérés ci-après, com-
ciers ; mis intentionnellement, à savoir :

- les Services financiers des Postes, - la conversion, le transfert ou la mani-


ainsi que les Caisses de Dépôts et pulation de biens, dont l’auteur sait
Consignations ou les organismes qui qu’ils proviennent d’un crime ou
en tiennent lieu, des Etats membres ; d’un délit, tels que définis par les
législations nationales des Etats
- les Sociétés d’assurance et de réas-
membres ou d’une participation à
surance, les courtiers d’assurance et
ce crime ou délit, dans le but de dis-
de réassurance ;
simuler ou de déguiser l’origine illicite
- les institutions mutualistes ou coopé- desdits biens ou d’aider toute per-
ratives d’épargne et de crédit, ainsi sonne impliquée dans la commission
que les structures ou organisations de ce crime ou délit à échapper
non constituées sous forme mutualis- aux conséquences judiciaires de ses
te ou coopérative et ayant pour actes ;
objet la collecte de l’épargne et/ ou
- la dissimulation, le déguisement de
l’octroi de crédit ;
la nature, de l’origine, de l’emplace-
- la Bourse Régionale des Valeurs ment, de la disposition, du mouve-
Mobilières, le Dépositaire ment ou de la propriété réels de
Central/Banque de Règlement, les biens ou de droits y relatifs dont l’au-
Sociétés de Gestion et teur sait qu’ils proviennent d’un
d’Intermédiation, les Sociétés de crime ou d’un délit, tels que définis
Gestion de Patrimoine ; par les législations nationales des
Etats membres ou d’une participa-
- les OPCVM (Organismes de tion à ce crime ou délit ;
Placement Collectif en Valeurs
Mobilières) ; - l’acquisition, la détention ou l’utilisa-
tion de biens dont l’auteur sait, au
- les Entreprises d’Investissement à moment de la réception desdits
Capital Fixe ; biens, qu’ils proviennent d’un crime
ou d’un délit, tels que définis par les
- les Agréés de change manuel.
législations nationales des Etats
UEMOA : L’Union Economique et membres ou d’une participation à
Monétaire Ouest Africaine. ce crime ou délit.

14 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Il y a blanchiment de capitaux, caires de l’Union à des fins de recyclage de


même si les faits qui sont à l’origine de l’ac- capitaux ou de tous autres biens d’origine
quisition, de la détention et du transfert des illicite.
biens à blanchir, sont commis sur le territoire
d’un autre Etat membre ou sur celui d’un Article 5 - Champ d’application de
Etat tiers. la Directive

Article 3 - Entente, association, Les dispositions des titres II et III de la


tentative de complicité présente Directive sont applicables à toute
en vue du blanchiment personne physique ou morale qui, dans le
de capitaux cadre de sa profession, réalise, contrôle ou
conseille des opérations entraînant des
Constitue également une infraction dépôts, des échanges, des placements,
de blanchiment de capitaux, l’entente ou des conversions ou tous autres mouvements
la participation à une association en vue de de capitaux ou de tous autres biens, à
la commission d’un fait constitutif de blan- savoir :
chiment de capitaux, l’association pour
commettre ledit fait, les tentatives de le per- a) les Trésors Publics des Etats membres ;
pétrer, l’aide, l’incitation ou le conseil à une
personne physique ou morale en vue de b) la BCEAO ;

l’exécuter ou d’en faciliter l’exécution.


c) les organismes financiers ;
Sauf si l’infraction d’origine a fait l’ob-
jet d’une loi d’amnistie, il y a blanchiment d) les membres des professions juri-
de capitaux même : diques indépendantes lorsqu’ils
représentent ou assistent des
- si l’auteur des crimes ou délits n’a clients en dehors de toute procé-
été ni poursuivi ni condamné ; dure judiciaire, notamment dans le
cadre des activités suivantes :
- s’il manque une condition pour agir
en justice à la suite desdits crimes ou . achat et vente de biens, d’entre-
délits. prises commerciales ou de fonds
de commerce,

. manipulation d’argent, de titres


TITRE PREMIER : ou d’autres actifs appartenant au
DISPOSITIONS GENERALES client,

Article 4 - Objet de la Directive . ouverture ou gestion de comptes


bancaires, d’épargne ou de titres,
La présente Directive a pour objet de
définir le cadre juridique relatif à la lutte . constitution, gestion ou direction
contre le blanchiment de capitaux dans les de sociétés, de fiducies ou de
Etats membres, afin de prévenir l’utilisation structures similaires, exécution
des circuits économiques, financiers et ban- d’autres opérations financières ;

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 15


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

e) les autres assujettis, notamment : valeurs ou bons, attribuer un coffre ou établir


avec eux toutes autres relations d’affaires.
. les Apporteurs d’affaires aux
organismes financiers ; La vérification de l’identité d’une per-
sonne physique est opérée par la présenta-
. les Commissaires aux comptes ; tion d’une carte d’identité nationale ou de
tout document officiel original en tenant
. les Agents immobiliers ;
lieu, en cours de validité, et comportant
. les marchands d’articles de gran- une photographie, dont il est pris une copie.
de valeur, tels que les objets d’art La vérification de son adresse professionnel-
(tableaux, masques notamment), le et domiciliaire est effectuée par la pré-
pierres et métaux précieux ; sentation de tout document de nature à en
rapporter la preuve. S’il s’agit d’une person-
. les transporteurs de fonds ; ne physique commerçante, cette dernière
est tenue de fournir, en outre, toute pièce
. les gérants, propriétaires et direc- attestant de son immatriculation au
teurs de casinos et d’établisse- Registre du Commerce et du Crédit
ments de jeux, y compris les Mobilier.
loteries nationales ;
L’identification d’une personne mora-
. les agences de voyage. le ou d’une succursale est effectuée par la
production d’une part de l’original, l’expé-
TITRE II : dition ou la copie certifiée conforme, de
DE LA PREVENTION DU tout acte ou extrait du Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier, attestant
BLANCHIMENT DE CAPITAUX
notamment de sa forme juridique, de son
siège social et, d’autre part, des pouvoirs
Article 6 - Respect de la des personnes agissant en son nom.
réglementation
Les organismes financiers s’assurent,
des changes
dans les mêmes conditions que celles fixées
Les opérations de change, mouve- à l’alinéa 2 du présent article, de l’identité
ments de capitaux et règlements de toute et de l’adresse véritables des responsables,
nature dans l’UEMOA ou entre un Etat employés et mandataires agissant pour le
membre et un Etat tiers, doivent s’effectuer compte d’autrui. Ces derniers doivent, à
conformément aux dispositions de la régle- leur tour, produire les pièces attestant
mentation des changes en vigueur dans d’une part, de la délégation de pouvoir ou
l’Union. du mandat qui leur a été accordé et, d’au-
tre part, de l’identité et de l’adresse de
l’ayant droit économique.
Article 7 - Identification des clients par
les organismes financiers Dans le cas des opérations financières
à distance, les organismes financiers procè-
Les organismes financiers doivent dent à l’identification des personnes phy-
s’assurer de l’identité et de l’adresse de siques, conformément aux principes
leurs clients avant de leur ouvrir un compte, énoncés à l’annexe de la présente
prendre en garde notamment des titres, Directive.

16 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Article 8 - Identification des clients Article 10 - Surveillance particulière


occasionnels par les de certaines opérations
organismes financiers
Doivent faire l’objet d’un examen
L’identification des clients occasion- particulier de la part des personnes visées à
nels s’effectue dans les conditions prévues l’article 5 :
aux alinéas 2 et 3 de l’article 7, pour toute
- tout paiement en espèces ou par
opération portant sur une somme en espè-
titre au porteur d’une somme d’ar-
ces égale ou supérieure à cinq millions
gent, effectué dans des conditions
(5.000.000) de francs CFA ou dont la contre-
normales, dont le montant unitaire
valeur en franc CFA équivaut ou excède ce
ou total est égal ou supérieur à cin-
montant.
quante millions (50.000.000) de
francs CFA ;
Il en est de même en cas de répéti-
tion d’opérations distinctes pour un mon-
- toute opération portant sur une
tant individuel inférieur à celui prévu à
somme égale ou supérieure à dix
l’alinéa précédent ou lorsque la provenan-
millions (10.000.000) de francs CFA
ce licite des capitaux n’est pas certaine. effectuée dans des conditions inha-
bituelles de complexité et/ou ne
Article 9 - Identification de l’ayant
paraissant pas avoir de justification
droit économique par les économique ou d’objet licite.
organismes financiers
Dans les cas susvisés, ces personnes
Au cas où le client n’agirait pas pour sont tenues de se renseigner auprès du
son propre compte, l’organisme financier client, et/ou par tous autres moyens, sur l’o-
se renseigne par tous moyens sur l’identité rigine et la destination des sommes d’ar-
de la personne pour le compte de laquelle gent en cause, ainsi que sur l’objet de la
il agit. transaction et l’identité des personnes impli-
quées, conformément aux dispositions des
Après vérification, si le doute persiste
alinéas 2, 3 et 5 de l’article 7. Les caractéris-
sur l’identité de l’ayant droit économique,
tiques principales de l’opération, l’identité
l’organisme financier procède à la déclara-
du donneur d’ordre et du bénéficiaire, le
tion de soupçon visée à l’article 26 auprès
cas échéant, celle des acteurs de l’opéra-
de la Cellule Nationale de Traitement des
tion sont consignées dans un registre confi-
Informations Financières instituée à l’article
dentiel, en vue de procéder à des
16, dans les conditions fixées à l’article 27. rapprochements, en cas de besoin.

Aucun client ne peut invoquer le sec-


ret professionnel pour refuser de communi- Article 11 - Conservation des pièces
quer l’identité de l’ayant droit économique. et documents par les
organismes financiers
Les organismes financiers ne sont pas
soumis aux obligations d’identification pré- Sans préjudice des dispositions édic-
vues aux trois alinéas précédents lorsque le tant des obligations plus contraignantes, les
client est un organisme financier, soumis à organismes financiers conservent pendant
la présente Directive. une durée de dix (10) ans à compter de la

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 17


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

clôture de leurs comptes ou de la cessation dre, mandataires, ayants droit éco-


de leurs relations avec leurs clients habituels nomiques ;
ou occasionnels, les pièces et documents
- le traitement des transactions
relatifs à leur identité. Ils doivent également
suspectes ;
conserver les pièces et documents relatifs
aux opérations qu’ils ont effectuées pen- - la désignation de responsables inter-
dant dix (10) ans à compter de la fin de nes chargés de l’application des
l’exercice au cours duquel les opérations programmes de lutte contre le blan-
ont été réalisées. chiment de capitaux ;

- la formation continue du personnel ;


Article 12 - Communication des
pièces et documents - la mise en place d’un dispositif de
contrôle interne de l’application et
Les pièces et documents relatifs aux
de l’efficacité des mesures adop-
obligations d’identification prévues aux arti-
tées dans le cadre de la présente
cles 7, 8, 9, 10 et 15 et dont la conservation
Directive.
est mentionnée à l’article 11, sont commu-
niqués, sur leur demande, par les personnes Les Autorités de contrôle pourront,
visées à l’article 5, aux autorités judiciaires, dans leurs domaines de compétences
aux agents de l’Etat chargés de la détec- respectifs, en cas de besoin, préciser le
tion et de la répression des infractions liées contenu et les modalités d’application des
au blanchiment de capitaux, agissant dans programmes de prévention du blanchi-
le cadre d’un mandat judiciaire, aux autori- ment de capitaux. Elles effectueront, le cas
tés de contrôle, ainsi qu’à la CENTIF. échéant, des investigations sur place afin
Cette obligation a pour but de per- de vérifier la bonne application de ces pro-
mettre la reconstitution de l’ensemble des grammes.
transactions réalisées par une personne
physique ou morale et qui sont liées à une
Article 14 - Change manuel
opération ayant fait l’objet d’une déclara- Les agréés de change manuel doi-
tion de soupçon visée à l’article 26 ou dont vent, à l’instar des banques, accorder une
les caractéristiques ont été consignées sur attention particulière aux opérations pour
le registre confidentiel prévu à l’article 10 lesquelles aucune limite réglementaire n’est
alinéa 2. imposée et qui pourraient être effectuées
aux fins de blanchiment de capitaux, dès
Article 13 - Programmes internes de
lors que leur montant atteint cinq millions
lutte contre le blanchiment
(5.000.000) de francs CFA.
de capitaux au sein des
organismes financiers Article 15 - Casinos et
établissements de jeux
Les organismes financiers sont tenus
d’élaborer des programmes harmonisés de Les gérants, propriétaires et directeurs
prévention du blanchiment de capitaux. de casinos et établissements de jeux sont
Ces programmes comprennent, notam- tenus aux obligations ci-après :
ment :
- justifier auprès de l’autorité
- la centralisation des informations sur publique, dès la date de demande
l’identité des clients, donneurs d’or- d’autorisation d’ouverture, de l’ori-

18 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

gine licite des fonds nécessaires à la TITRE III :


création de l’établissement ; DE LA DETECTION DU
- s’assurer de l’identité, par la présen- BLANCHIMENT DE CAPITAUX
tation d’une carte d’identité natio-
nale ou de tout document officiel Article 16 - Création de la CENTIF
original en tenant lieu, en cours de
validité, et comportant une photo- Chaque Etat membre institue par
décret ou un acte de portée équivalente,
graphie dont il est pris une copie,
une Cellule Nationale de Traitement des
des joueurs qui achètent, apportent
Informations Financières (CENTIF), placée
ou échangent des jetons ou des
sous la tutelle du Ministre chargé des
plaques de jeux pour une somme
Finances.
supérieure ou égale à un million
(1.000.000) de francs CFA ou dont la
Article 17 - Attributions de la CENTIF
contre-valeur est supérieure ou
égale à cette somme ; La CENTIF est un Service Administratif
- consigner sur un registre spécial, doté de l’autonomie financière et d’un
pouvoir de décision autonome sur les
dans l’ordre chronologique, toutes
matières relevant de sa compétence. Sa
les opérations visées à l’alinéa pré-
mission est de recueillir et de traiter le rensei-
cédent, leur nature et leur montant
gnement financier sur les circuits de blan-
avec indication des noms et pré-
chiment de l’argent.
noms des joueurs, ainsi que du
numéro du document d’identité A ce titre, elle :
présenté, et conserver ledit registre
- est chargée notamment de rece-
pendant dix (10) ans après la der-
voir, d’analyser et de traiter les ren-
nière opération enregistrée ;
seignements propres à établir
- consigner dans l’ordre chronolo- l’origine des transactions ou la natu-
gique, tous transferts de fonds effec- re des opérations faisant l’objet de
tués entre casinos et établissements déclarations de soupçons auxquel-
de jeux sur un registre spécial et les sont astreintes les personnes assu-
conserver ledit registre pendant dix jetties ;
(10) ans après la dernière opération
- reçoit également toutes autres infor-
enregistrée.
mations utiles, nécessaires à l’ac-
Dans le cas où le casino ou l’établisse- complissement de sa mission,
ment de jeux serait contrôlé par une per- notamment celles communiquées
par les Autorités de contrôle, ainsi
sonne morale possédant plusieurs filiales, les
que les officiers de police judiciaire ;
jetons de jeux doivent identifier la filiale par
laquelle ils sont émis. En aucun cas, des - peut demander la communication,
jetons de jeux émis par une filiale ne peu- par les assujettis ainsi que par toute
vent être remboursés par une autre filiale, personne physique ou morale, d’in-
que celle-ci soit située dans le même Etat, formations détenues par eux et sus-
dans un autre Etat membre de l’Union ou ceptibles de permettre d’enrichir les
dans un Etat tiers. déclarations de soupçons ;

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 19


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

- effectue ou fait réaliser des études - un chargé d’enquêtes, Inspecteur


périodiques sur l’évolution des tech- des Services des Douanes, détaché
niques utilisées aux fins du blanchi- par le Ministère chargé des Finances ;
ment de capitaux au niveau du
territoire national. - un chargé d’enquêtes, Officier de
Police Judiciaire, détaché par le
Elle émet des avis sur la mise en Ministère chargé de la Sécurité ou
œuvre de la politique de l’Etat en matière par le Ministère de tutelle.
de lutte contre le blanchiment de capitaux.
Les membres de la CENTIF exercent
A ce titre, elle propose toutes réformes
leurs fonctions, à titre permanent, pour une
nécessaires au renforcement de l’efficacité
durée de trois ans, renouvelable une fois.
de la lutte contre le blanchiment de capi-
taux.
Article 19 - Des correspondants de
La CENTIF élabore des rapports pério- la CENTIF
diques (au moins une fois par trimestre) et
Dans l’exercice de ses attributions, la
un rapport annuel qui analysent l’évolution
CENTIF peut recourir à des correspondants
des activités de lutte contre le blanchiment
au sein des Services de la Police, de la
de capitaux au plan national et internatio-
Gendarmerie, des Douanes ainsi que des
nal, et procède à l’évaluation des déclara-
Services Judiciaires de l’Etat et de tout
tions recueillies. Ces rapports sont soumis au
autre Service dont le concours est jugé
Ministre chargé des Finances.
nécessaire dans le cadre de la lutte contre
le blanchiment de capitaux.
Article 18 - Composition
de la CENTIF Les correspondants identifiés sont
désignés ès qualité par arrêté de leur
La CENTIF est composée de six (6) per- Ministre de tutelle. Ils collaborent avec la
sonnes, à savoir : CENTIF dans le cadre de l’exercice de ses
- un haut fonctionnaire issu, soit de la attributions.
Direction des Douanes, soit de la
Direction du Trésor, soit de la Article 20 - Confidentialité
Direction des Impôts, ayant rang de
Directeur d’Administration centrale, Les membres et les correspondants
détaché par le Ministère chargé des de la CENTIF prêtent serment avant d’entrer
Finances. Il assure la présidence de en fonction. Ils sont tenus au respect du sec-
la CENTIF ; ret des informations recueillies qui ne pour-
ront être utilisées à d’autres fins que celles
- un magistrat spécialisé dans les
prévues par la présente Directive.
questions financières, détaché par
le Ministère chargé de la Justice ;
Article 21 - Organisation
- un haut fonctionnaire de la Police
et fonctionnement
Judiciaire, détaché par le Ministère
de la CENTIF
chargé de la Sécurité ou par le
Ministère de tutelle ; Le décret instituant la CENTIF précise-
- un représentant de la BCEAO assu- ra le statut, l’organisation et les modalités
rant le secrétariat de la CENTIF ; de financement de la CENTIF.

20 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Un Règlement Intérieur, approuvé par de traiter les déclarations de soupçons,


le Ministre chargé des Finances, fixera les lorsque ces derniers sont soumis à des obli-
règles de fonctionnement interne de la gations analogues de secret.
CENTIF.
La conclusion d’accords entre une
CENTIF et un Service de renseignement
Article 22 - Financement de d’un Etat tiers nécessite l’autorisation pré-
la CENTIF alable du Ministre chargé des Finances de
l’Etat membre concerné.
Les ressources de la CENTIF provien-
nent notamment des apports consentis par Article 25 - Rôle assigné à la
chaque Etat membre, les Institutions de BCEAO
l’UEMOA et des partenaires au développe-
ment. La BCEAO a pour rôle de favoriser la
coopération entre les CENTIF. A ce titre, elle
Article 23 - Relations entre les cellules est chargée d’harmoniser les actions des
de renseignements CENTIF dans le cadre de la lutte contre le
financiers des Etats blanchiment de capitaux et d’établir une

membres synthèse des informations provenant des


rapports élaborés par ces dernières. La
La CENTIF est tenue de : BCEAO participe, avec les CENTIF, aux
réunions des instances internationales trai-
- communiquer, à la demande dûment
tant des questions relatives à la lutte contre
motivée d’une CENTIF d’un Etat
membre dans le cadre d’une enquê- le blanchiment de capitaux.

te, toutes informations et données La synthèse établie par le Siège de la


relatives aux investigations entrepri- BCEAO est communiquée aux CENTIF des
ses à la suite d’une déclaration de Etats membres de l’Union, en vue d’alimen-
soupçons au niveau national ; ter leurs bases de données. Elle servira de
support à un rapport périodique destiné à
- transmettre les rapports périodiques
l’information du Conseil des Ministres de
(trimestriels et annuels) détaillés sur
l’Union sur l’évolution de la lutte contre le
ses activités au Siège de la BCEAO,
blanchiment de capitaux.
chargé de réaliser la synthèse des
rapports des CENTIF aux fins de l’in- Une version de ces rapports pério-
formation du Conseil des Ministres diques sera élaborée pour l’information du
de l’UEMOA. public et des assujettis aux déclarations de
soupçons.
Article 24 - Relations entre les
CENTIF et les services Article 26 - Obligation de déclaration
de renseignements des opérations suspectes
financiers des Etats tiers
Les personnes visées à l’article 5 sont
Les CENTIF peuvent, sous réserve de tenues de déclarer à la CENTIF, dans les
réciprocité, échanger des informations conditions fixées par la présente Directive
avec les services de renseignements finan- et selon un modèle de déclaration fixé par
ciers des Etats tiers chargés de recevoir et arrêté du Ministre chargé des Finances :

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 21


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

- les sommes d’argent et tous autres morales visées à l’article 5 à la CENTIF par
biens qui sont en leur possession, tout moyen laissant trace écrite. Les décla-
lorsque ceux-ci pourraient provenir rations faites téléphoniquement ou par tout
du blanchiment de capitaux ; moyen électronique doivent être confir-
mées par écrit dans un délai de quarante-
- les opérations qui portent sur des
huit heures. Ces déclarations indiquent,
biens lorsque celles-ci pourraient
notamment suivant le cas :
s’inscrire dans un processus de blan-
chiment de capitaux ; - les raisons pour lesquelles l’opération

- les sommes d’argent et tous autres a déjà été exécutée ;


biens qui sont en leur possession, - le délai dans lequel l’opération
lorsque ceux-ci, suspectés d’être suspecte doit être exécutée.
destinés au financement du terroris-
me, paraissent provenir de la réali- Article 28 - Traitement des déclarations
sation d’opérations se rapportant et opposition à l’exécution
au blanchiment. des opérations
Les préposés des personnes susvisées La CENTIF accuse réception de toute
sont tenus d’informer immédiatement leurs déclaration de soupçon écrite. Elle traite et
dirigeants de ces mêmes opérations, dès analyse immédiatement les informations
qu’ils en ont connaissance. recueillies et procède, le cas échéant, à
Les personnes physiques et morales des demandes de renseignements complé-
précitées ont l’obligation de déclarer à la mentaires auprès du déclarant ainsi que de
CENTIF les opérations ainsi réalisées, même toute autorité publique et/ou de contrôle.
s’il a été impossible de surseoir à leur exécu- A titre exceptionnel, la CENTIF peut,
tion ou s’il est apparu, postérieurement à la sur la base d’informations graves, concor-
réalisation de l’opération, que celle-ci por- dantes et fiables en sa possession, faire
tait sur des sommes d’argent et tous autres opposition à l’exécution de ladite opéra-
biens, d’origine suspecte.
tion avant l’expiration du délai d’exécution
Ces déclarations sont confidentielles mentionné par le déclarant. Cette opposi-
et ne peuvent être communiquées au pro- tion est notifiée à ce dernier par écrit et fait
priétaire des sommes ou à l’auteur des opé- obstacle à l’exécution de l’opération pen-
rations. dant une durée qui ne peut excéder qua-
rante-huit heures.
Toute information de nature à modi-
fier l’appréciation portée par la personne A défaut d’opposition ou si, au terme
physique ou morale lors de la déclaration et du délai de quarante-huit heures, aucune
tendant à renforcer le soupçon ou à l’infir- décision du juge d’instruction, n’est parve-
mer, doit être, sans délai, portée à la nue au déclarant, celui-ci peut exécuter
connaissance de la CENTIF. l’opération.

Article 27 - Transmission de la Article 29 - Suites données aux


déclaration à la CENTIF déclarations
Les déclarations de soupçons sont Lorsque les opérations mettent en évi-
transmises par les personnes physiques et dence des faits susceptibles de constituer

22 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

l’infraction de blanchiment de capitaux, la ve du caractère délictueux des faits à l’ori-


CENTIF transmet un rapport sur ces faits au gine de la déclaration n’est pas rapportée
Procureur de la République qui saisit immé- ou si ces faits ont été amnistiés ou ont
diatement le juge d’instruction. Ce rapport entraîné une décision de non-lieu, de relaxe
est accompagné de toutes pièces utiles, à ou d’acquittement.
l’exception de la déclaration de soupçon.
L’identité du préposé à la déclaration ne Article 31 - Responsabilité de l’Etat
doit pas figurer dans ledit rapport. du fait des déclarations
La CENTIF avisera en temps opportun de soupçons faites de
les assujettis aux déclarations de soupçons bonne foi
des conclusions de ses investigations.
La responsabilité de tout dommage
causé aux personnes et découlant directe-
Article 30 - Exemption de
ment d’une déclaration de soupçon faite
responsabilité du fait
de bonne foi, mais qui néanmoins, s’est
des déclarations de
avérée inexacte, incombe à l’Etat.
soupçons faites de
bonne foi
Article 32 - Exemption de
Les personnes ou les dirigeants et pré- responsabilité du fait de
posés des personnes visées à l’article 5 qui, l’exécution de certaines
de bonne foi, ont transmis des informations opérations
ou effectué toute déclaration, conformé-
ment aux dispositions de la présente Lorsqu’une opération suspecte a été
Directive, sont exempts de toutes sanctions exécutée, et sauf collusion frauduleuse
pour violation du secret professionnel. avec le ou les auteurs du blanchiment,

Aucune action en responsabilité civile aucune poursuite pénale du chef de blan-


ou pénale ne peut être intentée, ni aucune chiment ne peut être engagée à l’encont-
sanction professionnelle prononcée contre re de l’une des personnes visées à l’article
les personnes ou les dirigeants et préposés 5, leurs dirigeants ou préposés, si la déclara-
des personnes visées à l’article 5 ayant agi tion de soupçon a été faite conformément
dans les mêmes conditions que celles pré- aux dispositions de la présente Directive.
vues à l’alinéa précédent, même si des
décisions de justice rendues sur la base des Il en est de même lorsqu’une person-
déclarations visées dans ce même alinéa ne visée à l’article 5 a effectué une opéra-
n’ont donné lieu à aucune condamnation. tion à la demande des autorités judiciaires,
En outre, aucune action en responsa- des agents de l’Etat chargés de la détec-
bilité civile ou pénale ne peut être intentée tion et de la répression des infractions liées
contre les personnes visées à l’alinéa précé- au blanchiment de capitaux, agissant dans
dent du fait des dommages matériels et/ou le cadre d’un mandat judiciaire ou de la
moraux qui pourraient résulter du blocage CENTIF.
d’une opération en vertu des dispositions
de l’article 28. Article 33 - Mesures d’investigation

Les dispositions du présent article Afin d’établir la preuve de l’infraction


s’appliquent de plein droit, même si la preu- d’origine et la preuve des infractions pré-

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 23


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

vues à la présente Directive, le juge d’ins- par les agents de l’Etat chargés de la
truction peut ordonner, conformément à la détection et de la répression des infractions
loi, pour une durée déterminée, sans que le liées au blanchiment de capitaux.
secret professionnel puisse lui être opposé,
diverses actions, notamment :

- la mise sous surveillance des comp- TITRE IV :


tes bancaires et des comptes assimi-
lés aux comptes bancaires, lorsque
DES MESURES COERCITIVES
des indices sérieux permettent de
suspecter qu’ils sont utilisés ou sus- Article 35 - Mesures conservatoires
ceptibles d’être utilisés pour des
opérations en rapport avec l’infrac- Le juge d’instruction peut prescrire
tion d’origine ou des infractions pré- des mesures conservatoires, conformément
vues à la présente Directive ;
à la loi en ordonnant, aux frais de l’Etat,
- l’accès à des systèmes, réseaux et notamment la saisie ou la confiscation des
serveurs informatiques utilisés ou sus-
biens en relation avec l’infraction objet de
ceptibles d’être utilisés par des per-
l’enquête et tous éléments de nature à per-
sonnes contre lesquelles existent des
indices sérieux de participation à mettre de les identifier, ainsi que le gel des
l’infraction d’origine ou aux infrac- sommes d’argent et opérations financières
tions prévues par la présente portant sur lesdits biens.
Directive ;

- la communication d’actes authen- La mainlevée de ces mesures peut


tiques ou sous seing privé, de docu- être ordonnée par le juge d’instruction dans
ments bancaires, financiers et les conditions prévues par la loi.
commerciaux.

Il peut également ordonner la saisie Article 36 - Obligation pour les Etats de


des actes et documents susmentionnés. prendre les dispositions
Article 34 - Levée du secret législatives relatives à la
professionnel répression des infractions
Nonobstant toutes dispositions législa- liées au blanchiment de
tives ou réglementaires contraires, le secret capitaux
professionnel ne peut être invoqué par les
personnes visées à l’article 5 pour refuser de Les Etats membres sont tenus de pren-
fournir les informations aux autorités de dre, dans le délai prévu à l’article 42, les
contrôle, ainsi qu’à la CENTIF ou de procé- dispositions législatives relatives d’une part,
der aux déclarations prévues par la présen- aux sanctions pénales applicables à toute
te Directive. Il en est de même en ce qui personne physique ou morale ayant com-
concerne les informations requises dans le mis une infraction de blanchiment de capi-
cadre d’une enquête portant sur des faits taux et d’autre part, aux mesures de
de blanchiment, ordonnée par le juge confiscation des sommes d’argent et tous
d’instruction ou effectuée sous son contrôle, autres biens, objet de ladite infraction.

24 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Article 37 - Incrimination de certains e) communiqué aux autorités judiciai-


actes imputables aux res ou aux fonctionnaires compétents

personnes physiques et pour constater les infractions d’ori-


gine et subséquentes des actes et
morales
documents visés à l’article 33, qu’ils
Dans les mêmes conditions que celles savaient falsifiés ou erronés ;
visées à l’article 36, chaque Etat membre
de l’UEMOA est tenu de prendre les disposi- f) communiqué des renseignements
tions législatives afférentes aux sanctions ou documents à des personnes aut-
pénales applicables d’une part, aux per- res que celles visées à l’article 12 ;
sonnes morales autres que l’Etat, pour le
g) omis de procéder à la déclaration
compte ou au bénéfice desquelles une
infraction subséquente a été commise par de soupçon prévue à l’article 26,
l’un de ses organes ou représentants et alors que les circonstances ame-
d’autre part, aux personnes et dirigeants ou naient à déduire que les sommes
préposés des personnes physiques ou mora- d’argent pouvaient provenir
les visées à l’article 5, lorsque ces derniers d’une infraction de blanchiment
auront de capitaux telle que définie à
l’article 2 et 3 ;
* d’une part, intentionnellement :
* d’autre part, non intentionnellement :
a) fait au propriétaire des sommes ou
à l’auteur des opérations visées à h) omis de faire la déclaration de
l’article 5, des révélations sur la soupçons prévue à l’article 26 ;
déclaration qu’ils sont tenus de
faire ou sur les suites qui lui ont été i) contrevenu aux dispositions des arti-
réservées ; cles 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 14, 15 et 26.

b) détruit ou soustrait des pièces ou Article 38 - Obligations spécifiques


documents relatifs aux obligations des Autorités de contrôle
d’identification visées aux articles
Lorsque l’Autorité de contrôle constate
7, 8, 9, 10 et 15, dont la conserva-
que, par suite d’un grave défaut de vigilan-
tion est prévue par l’article 11 de la ce ou d’une carence dans l’organisation
présente Directive ; de ses procédures internes, la personne
physique ou morale visée à l’article 5 a omis
c) réalisé ou tenté de réaliser sous une
de faire la déclaration de soupçon prévue
fausse identité l’une des opérations
à l’article 29 ou, d’une manière générale,
visées aux articles 5 à 10, 14 et 15 ;
méconnu l’une des obligations qui lui sont
d) informé par tous moyens la ou les assignées par la présente Directive, l’autori-
personnes visées par l’enquête té de contrôle engage à son encontre, une
menée pour des faits de blanchi- procédure sur le fondement des textes qui

ment de capitaux dont ils auront les régissent.

eu connaissance en raison de leur Elle en avise en outre la CENTIF, ainsi


profession ou de leurs fonctions ; que le Procureur de la République.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 25


Directive n° 07/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

TITRE V : coopération internationale destinée à


développer l’entraide judiciaire entre les
DE LA COOPERATION
Etats, tant au niveau régional qu’au plan
INTERNATIONALE international, seront précisées dans la loi
uniforme dérivée de la Directive, ainsi que
Article 39 - Entraide judiciaire
par toute norme adéquate de droit interne.
Les Etats membres doivent promou-
voir, mettre en œuvre et renforcer une TITRE VI : DISPOSITIONS FINALES
dynamique de coopération internationale
et d'entraide judiciaire entre les Etats, afin
Article 42 - Obligation de transposition
de garantir l'efficacité de leur lutte contre le
blanchiment de capitaux. Les Etats membres doivent adopter
au plus tard six mois à compter de la date
Cette entraide consiste notamment
de signature de la présente Directive, les
en la recherche de preuves et en l'exécu-
textes uniformes relatifs à la lutte contre le
tion de mesures de contraintes, en particu-
blanchiment des capitaux.
lier lorsque les infractions résultant
d'opérations susceptibles d'être qualifiées
de blanchiment de capitaux présentent un Article 43 - Suivi de l’exécution
caractère international.
La Commission de l’UEMOA et la
Article 40 - Mesures en vue du BCEAO sont chargées du suivi de l’applica-
renforcement de la tion de la présente Directive.
coopération internationale
Article 44 - Modification
Les Etats membres sont tenus de pren-
dre les dispositions nécessaires, en vue de La présente Directive peut être modi-
coopérer dans la mesure la plus large possi- fiée par le Conseil des Ministres de l’UEMOA,
ble au niveau communautaire, et avec les à l’initiative de la BCEAO, sur proposition
autres Etats, à l’échelle internationale, aux conjointe de la Commission de l’UEMOA et
fins d'échange d'informations, d'investiga- de la BCEAO.
tions et de procédures visant les mesures
conservatoires, ainsi que la confiscation des
Article 45 - Entrée en vigueur
instruments et produits liés au blanchiment
de capitaux, aux fins d'extradition et d'assis- La présente Directive qui entre en
tance technique mutuelle. vigueur à compter de sa date de signature,
sera publiée au Bulletin Officiel de l’Union.
Article 41 - Conditions et modalités
de la coopération Fait à Cotonou, le 19 septembre 2002.

internationale
Pour le Conseil des Ministres,
Les modalités pratiques et les condi- Le Président
tions concrètes de mise en œuvre de la Kossi ASSIMAIDOU

26 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

LOI UNIFORME tée le 15 décembre 2000 à Palerme (Italie),


la Directive du Conseil de l’Union
RELATIVE A LA LUTTE CONTRE
Européenne du 4 décembre 2001, modi-
LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX
fiant la Directive du 10 juin 1991 invitant les
DANS LES ETATS MEMBRES DE Etats membres de l’Union Européenne à
L’UNION ECONOMIQUE ET modifier leur droit national afin de prévenir
MONETAIRE OUEST AFRICAINE l’utilisation du système financier aux fins du
(UEMOA) blanchiment. Il s’y ajoute d’autres instru-
ments internationaux, principalement la
Déclaration de Bâle de 1988, formulée par
EXPOSE DES MOTIFS
le Comité des règles et pratiques de contrô-
Au cours de la dernière décennie, le le des opérations bancaires de la Banque
phénomène du blanchiment de capitaux a des Règlements Internationaux (BRI) et les
fait l’objet d’une mobilisation sans précé- quarante recommandations du Groupe
dent de la communauté internationale. d’Action Financière sur le blanchiment de
Cette mobilisation résulte, à la fois d’une capitaux (GAFI), créé en 1989 au sommet
constatation du phénomène et d’un mou- du Groupe de Sept (G7) à Paris par les pays
vement général de prise de conscience membres de l’Organisation de Coopération
des menaces graves qu’il engendre. pour le Développement Economique
(OCDE). Ces recommandations, qui consti-
En effet, face aux conséquences dés- tuent aujourd’hui le cadre de référence sur
astreuses qu’entraînent les activités des lequel s’appuient les institutions financières
organisations criminelles sur les économies internationales, notamment celles de
des pays développés, la lutte contre le Bretton Woods, pour apprécier les efforts
blanchiment de capitaux est apparue des Etats en matière de lutte contre le blan-
comme une nécessité impérieuse. La straté- chiment de capitaux, s’articulent autour
gie adoptée à cet égard fut globale en rai- des trois principaux axes ci-après :
son du caractère transnational de l’activité
du blanchiment. - l’harmonisation législative : il s’agit
pour les Etats, d’insérer dans leur
La détermination de la communauté législation, l’infraction liée au blan-
internationale a conduit à l’élaboration chiment de capitaux. A cet effet,
d’un cadre normatif international, qui a une harmonisation des concepts est
établi les principes et les bases d’une poli- recherchée, afin que la coopération
tique collective et cohérente de lutte cont- judiciaire internationale puisse fonc-
re le blanchiment de capitaux. Ce cadre tionner avec le maximum d’efficaci-
comprend notamment la Convention des té ;
Nations Unies contre le trafic illicite de stu- - la collaboration entre les Pouvoirs
péfiants et de substances psychotropes, publics, les Autorités monétaires, le
adoptée à Vienne le 19 décembre 1988, la monde financier et les professions et
Convention du Conseil de l’Europe du 08 catégories d’entreprises qui exer-
novembre 1990 relative au blanchiment, au cent des activités particulièrement
dépistage, à la saisie et à la confiscation vulnérables au blanchiment de
des produits du crime, la Convention des capitaux. Elle repose principalement
Nations Unies sur le crime organisé, adop- sur l’organisation de la déclaration,

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 27


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

par les assujettis, des opérations régionales, le Conseil des Ministres de


suspectes, complexes, inhabituelles l’Union Economique et Monétaire Ouest
ou de montant élevé, cette décla- Africaine (UEMOA) a adopté, le 19 septem-
ration devant s’appuyer sur la bre 2002, une Directive relative à la lutte
connaissance approfondie, par les- contre le blanchiment des capitaux,
dits assujettis, de leur clientèle et de conformément aux articles 42, 43 et 61 du
la nature de leurs activités ; Traité de l’UEMOA. Ce texte communautai-

- la coopération internationale : le re de droit dérivé, fait obligation aux Etats

blanchiment de capitaux étant un membres de l’UEMOA d’édicter au plan

phénomène mondial, la solution à national, dans un délai de six mois, les textes

ce problème ne peut être que glo- législatifs et réglementaires relatifs à la lutte

bale. En conséquence, la coopéra- contre le blanchiment des capitaux. A cet

tion doit s’intensifier entre les Etats effet, la BCEAO propose pour adoption, au

dans le cadre de conventions bilaté- Conseil des Ministres de l’Union Monétaire

rales ou multilatérales. Ouest Africaine (UMOA), un projet de loi


uniforme y relatif, conformément aux dispo-
Au niveau sous-régional, les actions sitions de l’article 22 du Traité du 14 novem-
engagées au sein de la Communauté bre 1973 constituant l’UMOA.
Economique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) se sont traduites par la I - OBJECTIFS POURSUIVIS
création, le 3 novembre 2000, du Groupe
Intergouvernemental d’Action contre le Dans le contexte international et
Blanchiment de l’Argent en Afrique régional rappelé ci-dessus, la mise en place
(GIABA), chargé de promouvoir les législa- d’une législation nationale de lutte contre
tions anti-blanchiment et de faciliter la le blanchiment de capitaux se justifie pour
coordination des activités des Etats memb- les raisons spécifiques ci-après :
res de la CEDEAO dans ce domaine.
- Au plan moral, l’influence des orga-
Par ailleurs, lors de leur réunion tenue nisations criminelles peut affaiblir le
en avril 2001 à Abidjan, les Ministres des tissu social et miner les valeurs indivi-
Finances et les Gouverneurs des banques duelles et collectives ;

centrales des pays membres de la Zone


- Au plan politique, l’opération de
Franc ont affirmé solennellement leur volon- blanchiment permet aux détenteurs
té de se doter, dès l’année 2002, d’une de capitaux d’origine illicite d’infilt-
législation contre le blanchiment de capi- rer les systèmes démocratiques,
taux. Ils ont souligné que la lutte contre le grâce à la corruption, afin d’obtenir
blanchiment et la délinquance écono- une protection pour leurs activités
mique et financière était une clé de la sta- délictueuses. Il constitue donc une
bilité internationale et ont décidé de menace pour l’ordre public et les
renforcer leur action pour combattre les cir- valeurs républicaines ;
cuits de financement du terrorisme.
- Au plan économique, grâce aux
En adéquation avec les initiatives sus- importantes ressources financières
visées et conformément aux recommanda- dont ils disposent, les blanchisseurs
tions des instances internationales et d’argent sont en mesure d’acquérir

28 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

des pans entiers des économies. Ils ment de capitaux y a été incriminé, de
faussent, de ce fait, le fonctionne- même que l’entente, l’association ainsi que
ment normal des marchés, en la tentative de complicité y relatives.
instaurant notamment une concur-
rence déloyale ; Au Titre II, intitulé "De la prévention du
blanchiment de capitaux" (articles 6 à 15),
- Au plan financier, l’utilisation des les modalités d’identification, par les orga-
établissements de crédit à des fins nismes financiers, de leur clientèle (habituel-
de blanchiment peut entamer la le et occasionnelle) et les conditions de
réputation et la crédibilité des conservation des pièces justificatives des
banques et établissements financiers opérations effectuées ont été définies, de
et provoquer, en conséquence, leur même que les dispositions relatives à la mise
déstabilisation et, in fine, des crises en place, par les organismes financiers, de
systémiques. programmes internes de prévention, pour
mieux détecter les opérations de blanchi-
ment.
II - STRUCTURE ET CONTENU
DE LA LOI Au Titre III, intitulé "De la détection du
blanchiment de capitaux" (articles 16 à 34),
Structurée en six (06) titres, la présente
les modalités de détection des opérations
loi institue un cadre juridique permettant de
de blanchiment, ainsi que les procédures
prévenir l’utilisation des circuits écono- de déclaration de soupçons relatives aux
miques à des fins de recyclage de capitaux opérations suspectes ont été organisées.
d’origine illicite. De même, le régime de la responsabilité
incombant aux assujettis et à l’Etat, ainsi
Dérivées de la Directive relative à la
que la levée du secret professionnel dans le
lutte contre le blanchiment de capitaux
cadre des investigations liées au blanchi-
dans les Etats membres de l’UEMOA, les
ment de capitaux ont été prévus. Par
dispositions de cette loi s’appliquent à toute
ailleurs, ce Titre prévoit l’institution d’une
personne physique ou morale, qui dans le
Cellule Nationale de Traitement des
cadre de sa profession, réalise, contrôle ou
Informations Financières (CENTIF).
conseille des opérations entraînant des
dépôts, des échanges, des placements, La CENTIF est une structure perma-
des conversions ou tous mouvements de nente, composée de six (6) membres, dont
capitaux. Il s’agit aussi bien des organismes un représentant de la BCEAO assurant son
intervenant dans le secteur financier que secrétariat et deux chargés d’enquêtes. Les
non financier, notamment les membres des membres de la CENTIF exercent leurs fonc-
professions juridiques pour certaines de leurs tions, à titre permanent, pour une période
activités, les transporteurs de fonds, les mar- de trois ans renouvelable une fois. La CEN-
chands d’articles de grande valeur, les éta- TIF, dans le cadre de l’exercice de ses attri-
blissements de jeux. butions, s’appuiera sur un réseau de
correspondants désignés ès qualité par
Le Titre Préliminaire et le Titre I traitent arrêté de leur Ministre de tutelle au sein des
de la définition du blanchiment de capi- différents services de l’Etat impliqués dans
taux, des principaux termes utilisés et des la lutte contre le blanchiment de capitaux
dispositions générales (objectif et champ (Police, Gendarmerie, Douanes, Services
d’application). En particulier, le blanchi- Judiciaires de l’Etat).

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 29


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Le Siège de la BCEAO assurera la caractère correctionnel dans l’ensemble


coordination des activités des CENTIF au des Etats membres de l’UEMOA de manière
niveau communautaire. Le Siège de la à favoriser une véritable coopération inter-
Banque Centrale sera également chargé nationale en matière judiciaire. S’agissant
de la centralisation et de la synthèse des notamment de la peine privative de liberté,
rapports périodiques établis par les CENTIF. il a été tenu compte dans la détermination
Le rapport de synthèse, produit au moins du minimum et du maximum de la sanction,
une fois l’an, est destiné à l’information du des législations nationales existantes en
Conseil des Ministres de l’Union sur l’évolu- matière de blanchiment des biens prove-
tion de la lutte contre le blanchiment de nant du trafic de stupéfiants, applicables
capitaux dans l’UEMOA. A travers ces rap- dans la majorité des Etats membres de
ports, la BCEAO pourra proposer des orien- l’UEMOA (Bénin, Burkina, Niger, Sénégal et
tations susceptibles de favoriser les Togo).
échanges d’informations, la coopération
entre les CENTIF et la coordination de leurs En ce qui concerne l’amende, il a été
actions. fait référence à un taux mobile permettant
de faire dépendre le montant maximal, de
Le Titre IV, intitulé "Des mesures coerci- paramètres concrets significatifs, tels que la
tives" (articles 35 à 45), prévoit les disposi- valeur des fonds ou des biens, laquelle peut
tions relatives aux sanctions administratives être aisément déterminée.
et pénales applicables aux personnes phy-
Certains agissements liés à l’acte de
siques et morales, ainsi qu’aux mesures
blanchiment ont été également incriminés.
conservatoires que le juge d’instruction est
Il s’agit, notamment des révélations sur la
habilité à prescrire, conformément à la loi. Il
déclaration de soupçons ou sur les suites qui
s’agit, notamment de la saisie ou la confis-
lui ont été réservées, faites à l’auteur de l’in-
cation des biens en relation avec l’infrac-
fraction. Toutefois, la sanction y relative est
tion de blanchiment.
moins lourde que celle se rapportant à l’in-
fraction de blanchiment.
S’agissant des sanctions applicables
aux personnes physiques, l’infraction de
L’ensemble des sanctions se rappor-
blanchiment de capitaux a été érigée en tant à l’infraction de blanchiment et aux
délit et punie d’un emprisonnement de 3 à agissements y relatifs peut être assorti de
7 ans. Il s’y ajoute le paiement d’une amen- peines complémentaires telles que l’inter-
de égale au triple de la valeur des biens ou diction de séjour ou l’interdiction des droits
des fonds sur lesquels ont porté les opéra- civiques, civils et de famille pour une durée
tions de blanchiment. Les mêmes peines variable.
sont applicables en matière d’entente,
d’association, de complicité en vue de la En matière de circonstances aggra-
commission d’un fait constitutif de ladite vantes de l’acte de blanchiment, la nature
infraction. de l’infraction d’origine a été prise en
compte dans la détermination de la sanc-
Le choix de ces peines est justifié par tion. Ainsi, lorsque l’infraction d’origine est
la nécessité d’assurer une répression sévère punie d’une peine privative de liberté
de l’acte de blanchiment, conformément d’une durée supérieure à celle de l’empri-
aux tendances actuelles observées au plan sonnement encouru à raison de l’infraction
international, tout en lui conservant son de blanchiment de capitaux, la sanction

30 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

est égale à la peine attachée à l’infraction développant l’entraide répressive commu-


d’origine dont son auteur a eu connaissance. nautaire et internationale.

A l’inverse, un régime d’exemption et Dans cette perspective, les disposi-


d’atténuation a été prévu, lorsque la personne, tions y relatives s’inspirent des principes fon-
auteur ou complice de l’infraction de blan- damentaux définis par les principales
chiment, ayant révélé l’existence de celle- Conventions internationales auxquelles est
ci, permet d’identifier les autres personnes partie la quasi-totalité des Etats membres
en cause et d’éviter sa réalisation. de l’Union. Il s’agit, notamment de :

S’agissant des personnes morales, - la Convention de coopération en


l’affirmation du principe de leur responsabi- matière de justice, signée à
lité pénale pour cause de blanchiment Antananarivo, le 12 septembre 1961 ;
constitue un élément déterminant dans l’ef-
- la Convention des Nations Unies, du
ficacité de la lutte contre ce fléau dans la
20 décembre 1988, contre le trafic
grande majorité des Etats membres de
illicite de stupéfiants et substances
l’UEMOA.
psychotropes ;

Un titre V a été spécialement consa- - la Convention A/P du 1er juillet 1992


cré à la coopération internationale. En relative à l’entraide judiciaire en
effet, la mise en place d’une stratégie mon- matière pénale de la Communauté
diale de lutte contre le blanchiment de Economique des Etats de l’Afrique
capitaux est le corollaire indispensable de l’Ouest (CEDEAO), signée à
d’une politique criminelle nationale effica- Dakar, le 29 juillet 1992 ;
ce. Elle implique l’élaboration d’un cadre
- la Convention d’extradition A/P1 de
normatif international ayant pour objet de
la Communauté Economique des
poser les principes et les bases juridiques
Etats de l’Afrique de l’Ouest, signée
d’une politique criminelle collective et
à Abuja, le 06 août 1994 ;
cohérente en la matière. L’objectif visé est
de promouvoir, coordonner et organiser les - la Convention des Nations Unies sur
politiques nationales de lutte contre le blan- le crime organisé, adoptée le 15
chiment de capitaux. Car, la dimension décembre 2000 à Palerme.
internationale du phénomène du blanchi-
ment impose aux Etats de réviser leurs règles Outre la compétence internationale,
de compétence (en instituant une compé- l’entraide judiciaire (articles 53 à 70) et l’ex-
tence quasi universelle) et de collaborer tradition (articles 71 à 75) constituent les
activement avec les autres Etats, afin de principaux piliers de la coopération interna-
lever tous les obstacles aux poursuites liés, tionale. L’idée de base, qui sous-tend les
notamment aux conflits de compétence, à propositions y relatives, s’exprime dans le
la mobilité des délinquants et à la dispersion principe fondamental de la compétence
des éléments de preuve. internationale, établi à l’article 46. L’une
des conséquences de ce principe consiste
Subdivisé en quatre (04) chapitres, le à considérer l’espace communautaire
titre V est composé de trente (30) articles constitué des huit Etats membres de
(articles 46 à 75). Ses dispositions visent à l’UEMOA comme un seul et même territoire,
favoriser la concertation et les actions com- notamment pour l’application de la loi uni-
munes des Etats membres de l’Union, en forme. Il en résulte la possibilité pour toute

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 31


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

juridiction d’un Etat membre de juger les Le Conseil des Ministres de L’Union
personnes arrêtées, dès lors que l’infraction Monétaire Ouest Africaine (UMOA)
de blanchiment est commise dans les limi-
tes du territoire communautaire de l’Union. Vu le Traité du 14 novembre 1973
constituant l’Union Monétaire Ouest
L’un des éléments de base du principe Africaine (UMOA), notamment en son arti-
de la compétence internationale est le cle 22 ;
transfert des poursuites, prévu à l’article 47.
Vu la Directive n° 07/2002/CM/UEMOA
Cette mesure vise à permettre d’organiser
plus efficacement les procédures judiciaires du 19 septembre 2002 relative à la lutte
déjà entamées ou simplement projetées, contre le blanchiment de capitaux dans les
de telle sorte que les poursuites y afférentes Etats membres de l’Union Economique et
soient effectivement exercées dans l’Etat Monétaire Ouest Africaine (UEMOA),
membre le mieux placé. notamment en ses articles 36, 37, 39, 40, 41,
42 et 43 ;
En matière d’entraide judiciaire, des
mécanismes destinés à faciliter la coopéra- Sur proposition de la Banque Centrale
tion dans les enquêtes relatives au blanchi- des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ;
ment de capitaux ont été mis en place. Les Adopte la Loi Uniforme dont la teneur
dispositions y relatives permettent, par suit :
ailleurs, la communication de renseigne-
ments et de preuve d’un Etat membre à un
autre, ainsi que l’accomplissement d’opé-
rations d’investigation. En outre, elles visent
TITRE PRELIMINAIRE : DEFINITIONS
à conférer une valeur aux jugements rendus
sur toute l’étendue du territoire communau-
taire de l’UEMOA pour permettre l’exécu- Article premier - Terminologie
tion dans chaque Etat membre des
Au sens de la présente loi, on entend
décisions rendues en matière répressive
dans les autres Etats membres. par :

Dans le domaine de l’extradition, les - Acteurs du Marché Financier


dispositions de l’article 71 ont défini les Régional : La Bourse Régionale des
conditions y relatives, tandis que l’article 72 Valeurs Mobilières (BRVM), le
organise l’assouplissement des procédures Dépositaire Central/Banque de
d’extradition, au regard du régime de droit Règlement, les Sociétés de Gestion
commun. Du point de vue de la neutralisa- et d’Intermédiation, les Sociétés de
tion des profits illicites, il est autorisé de la Gestion de Patrimoine, les Conseils
manière la plus large possible, la confisca- en investissements boursiers, les
tion des avoirs criminels au profit de l’Etat Apporteurs d’affaires et les
dans lequel celle-ci a eu lieu. En outre, Démarcheurs.
d’autres dispositions (article 64) instaurent, à
l’égard de l’Etat requis, l’obligation d’or- - Auteur : Toute personne qui partici-
donner, sur demande de l’Etat requérant, pe à la commission d’un crime ou
toute mesure provisoire permettant la d’un délit, en quelque qualité que
conservation des biens frauduleux. ce soit.

Enfin, un titre VI énonce les disposi- - Autorités de contrôle : Les autorités


tions finales du projet de la présente loi. nationales ou communautaires de

32 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

l’UEMOA habilitées, en vertu d’une - Confiscation : Dépossession défini-


loi ou d’une réglementation, à tive de biens, sur décision d’une juri-
contrôler les personnes physiques et diction compétente, d’une autorité
morales. de contrôle ou de toute autorité
- Autorités publiques : Les administra- compétente.
tions nationales et celles des collec-
tivités locales de l’Union, ainsi que - Etat membre : L’Etat-partie au Traité
leurs établissements publics. de l’Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine.
- Autorité compétente : Organe qui,
en vertu d’une loi ou d’une régle- - Etat tiers : Tout Etat autre qu’un Etat
mentation, est habilité à accomplir membre.
ou à ordonner les actes ou les mesu-
res prévus par la présente loi. - Infraction d’origine : Tout crime ou

- Autorité judiciaire : Organe habilité, délit au sens de la loi, même commis


en vertu d’une loi ou d’une régle- sur le territoire d’un autre Etat mem-
mentation, à accomplir des actes bre ou sur celui d’un Etat tiers, ayant
de poursuite ou d’instruction ou à permis à son auteur de se procurer
rendre des décisions de justice. des biens ou des revenus.

- Autorité de poursuite : Organe qui, - OPCVM : Organismes de Placement


en vertu d’une loi ou d’une régle-
Collectif en Valeurs Mobilières.
mentation, est investi, même si c’est
à titre occasionnel, de la mission - Organismes financiers : Sont dési-
d’exercer l’action pour l’application gnés sous le nom d’organismes
d’une peine. financiers :
- Ayant droit économique : Le man-
dant, c’est-à-dire la personne pour
. les banques et établissements finan-

le compte de laquelle le mandatai- ciers ;


re agit ou pour le compte de laquel-
. les Services financiers des Postes,
le l’opération est réalisée.
ainsi que les Caisses de Dépôts et
- BCEAO ou Banque Centrale : La Consignations ou les organismes qui
Banque Centrale des Etats de en tiennent lieu, des Etats membres ;
l’Afrique de l’Ouest.

- Biens : Tous les types d’avoirs, cor-


. les Sociétés d’assurance et de réas-

porels ou incorporels, meubles ou surance, les courtiers d’assurance et


immeubles, tangibles ou intangibles, de réassurance ;
fongibles ou non fongibles, ainsi que
. les institutions mutualistes ou coopé-
les actes juridiques ou documents
ratives d’épargne et de crédit, ainsi
attestant la propriété de ces avoirs
que les structures ou organisations
ou des droits y relatifs.
non constituées sous forme mutualis-
- CENTIF : La Cellule Nationale de te ou coopérative et ayant pour
Traitement des Informations objet la collecte de l’épargne et/ou
Financières. l’octroi de crédit ;

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 33


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

. la Bourse Régionale des Valeurs biens ou de droits y relatifs dont l’au-


Mobilières, le Dépositaire Central/ teur sait qu’ils proviennent d’un
Banque de Règlement, les Sociétés crime ou d’un délit, tels que définis
de Gestion et d’Intermédiation, les par les législations nationales des
Sociétés de Gestion de Patrimoine ; Etats membres ou d’une participa-
tion à ce crime ou délit ;
. les OPCVM ;
- l’acquisition, la détention ou l’utilisa-
. les Entreprises d’Investissement à tion de biens dont l’auteur sait, au
Capital Fixe ; moment de la réception desdits
biens, qu’ils proviennent d’un crime
. les Agréés de change manuel. ou d’un délit ou d’une participation
à ce crime ou délit.
- UEMOA : L’Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine. Il y a blanchiment de capitaux,
même si les faits qui sont à l’origine de l’ac-
- UMOA : L’Union Monétaire Ouest
quisition, de la détention et du transfert des
Africaine.
biens à blanchir, sont commis sur le territoire
d’un autre Etat membre ou sur celui d’un
- Union : L’Union Economique et
Etat tiers.
Monétaire Ouest Africaine.

Article 2 - Définition du blanchiment Article 3 - Entente, association,


de capitaux tentative de complicité
en vue du blanchiment
Au sens de la présente loi, le blanchi- de capitaux
ment de capitaux est défini comme l’infrac-
tion constituée par un ou plusieurs des Constitue également une infraction
agissements énumérés ci-après, commis de blanchiment de capitaux, l’entente ou
intentionnellement, à savoir : la participation à une association en vue de
la commission d’un fait constitutif de blan-
- la conversion, le transfert ou la mani- chiment de capitaux, l’association pour
pulation de biens, dont l’auteur sait commettre ledit fait, les tentatives de le per-
qu’ils proviennent d’un crime ou pétrer, l’aide, l’incitation ou le conseil à une
d’un délit ou d’une participation à
personne physique ou morale, en vue de
ce crime ou délit, dans le but de dis-
l’exécuter ou d’en faciliter l’exécution.
simuler ou de déguiser l’origine illicite
desdits biens ou d’aider toute per- Sauf si l’infraction d’origine a fait l’ob-
sonne impliquée dans la commission jet d’une loi d’amnistie, il y a blanchiment
de ce crime ou délit à échapper de capitaux même :
aux conséquences judiciaires de ses
actes ; - si l’auteur des crimes ou délits n’a
été ni poursuivi ni condamné ;
- la dissimulation, le déguisement de
la nature, de l’origine, de l’emplace- - s’il manque une condition pour agir
ment, de la disposition, du mouve- en justice à la suite desdits crimes ou
ment ou de la propriété réels de délits.

34 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

TITRE PREMIER : dure judiciaire, notamment dans le


DISPOSITIONS GENERALES cadre des activités suivantes :

. achat et vente de biens, d’entrepri-


CHAPITRE UNIQUE : ses commerciales ou de fonds de
Objet et champ d’application commerce,
de la loi
. manipulation d’argent, de titres ou
d’autres actifs appartenant au
Article 4 - Objet de la loi
client,
La présente loi a pour objet de définir
le cadre juridique relatif à la lutte contre le
. ouverture ou gestion de comptes
bancaires, d’épargne ou de titres,
blanchiment de capitaux au (nom du pays
qui adopte la loi), afin de prévenir l’utilisa-
. constitution, gestion ou direction de
tion des circuits économiques, financiers et
sociétés, de fiducies ou de structures
bancaires de l’Union à des fins de recycla-
similaires, exécution d’autres opéra-
ge de capitaux ou de tous autres biens d’o-
tions financières ;
rigine illicite.

e) les autres assujettis, notamment :


Article 5 - Champ d’application de
la loi . les Apporteurs d’affaires aux orga-
nismes financiers ;
Les dispositions des titres II et III de la
présente loi sont applicables à toute per- . les Commissaires aux comptes ;
sonne physique ou morale qui, dans le
cadre de sa profession, réalise, contrôle ou . les Agents immobiliers ;
conseille des opérations entraînant des
. les marchands d’articles de grande
dépôts, des échanges, des placements,
valeur, tels que les objets d’art
des conversions ou tous autres mouvements
(tableaux, masques notamment),
de capitaux ou de tous autres biens, à
pierres et métaux précieux ;
savoir :

a) le Trésor Public ; . les transporteurs de fonds ;

b) la BCEAO ; . les propriétaires, directeurs et gérants,


de casinos et d’établissements de
c) les organismes financiers ; jeux, y compris les loteries nationales ;

d) les membres des professions juri- . les agences de voyage ;


diques indépendantes, lorsqu’ils
représentent ou assistent des . les Organisations Non Gouverne-
clients en dehors de toute procé- mentales (ONG).

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 35


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

TITRE II : Registre du Commerce et du Crédit


DE LA PREVENTION DU Mobilier.

BLANCHIMENT DE CAPITAUX L’identification d’une personne mora-


le ou d’une succursale est effectuée par la
CHAPITRE I : production, d’une part, de l’original, l’expé-
De la réglementation des changes dition ou la copie certifiée conforme, de
tout acte ou extrait du Registre du
Article 6 - Respect de Commerce et du Crédit Mobilier, attestant
notamment de sa forme juridique, de son
la réglementation des
siège social et, d’autre part, des pouvoirs
changes
des personnes agissant en son nom.
Les opérations de change, mouve-
Les organismes financiers s’assurent,
ments de capitaux et règlements de toute
dans les mêmes conditions que celles fixées
nature avec un Etat tiers doivent s’effectuer
à l’alinéa 2 du présent article, de l’identité
conformément aux dispositions de la régle-
et de l’adresse véritables des responsables,
mentation des changes en vigueur.
employés et mandataires agissant pour le
compte d’autrui. Ces derniers doivent, à
CHAPITRE II : leur tour, produire les pièces attestant,
Mesures d’identification d’une part, de la délégation de pouvoir ou
du mandat qui leur a été accordé et, d’au-
Article 7 - Identification des clients par tre part, de l’identité et de l’adresse de
les organismes financiers l’ayant droit économique.

Les organismes financiers doivent Dans le cas des opérations financières


s’assurer de l’identité et de l’adresse de à distance, les organismes financiers procè-
leurs clients avant de leur ouvrir un compte, dent à l’identification des personnes phy-
prendre en garde, notamment des titres, siques, conformément aux principes
valeurs ou bons, attribuer un coffre ou éta- énoncés à l’annexe de la présente loi.
blir avec eux toutes autres relations d’affai-
res. Article 8 - Identification des clients
occasionnels par les
La vérification de l’identité d’une per-
organismes financiers
sonne physique est opérée par la présenta-
tion d’une carte d’identité nationale ou de L’identification des clients occasion-
tout document officiel original en tenant nels s’effectue dans les conditions prévues
lieu, en cours de validité, et comportant aux alinéas 2 et 3 de l’article 7, pour toute
une photographie, dont il est pris une copie. opération portant sur une somme en espè-
La vérification de son adresse professionnel- ces égale ou supérieure à cinq millions
le et domiciliaire est effectuée par la pré- (5.000.000) de francs CFA ou dont la contre-
sentation de tout document de nature à en valeur en franc CFA équivaut ou excède ce
rapporter la preuve. S’il s’agit d’une person- montant.
ne physique commerçante, cette dernière
est tenue de fournir, en outre, toute pièce Il en est de même en cas de répétition
attestant de son immatriculation au d’opérations distinctes pour un montant

36 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

individuel inférieur à celui prévu à l’alinéa - toute opération portant sur une
précédent ou lorsque la provenance licite somme égale ou supérieure à dix millions
des capitaux n’est pas certaine. (10.000.000) de francs CFA, effectuée dans
des conditions inhabituelles de complexité
Article 9 - Identification de l’ayant et/ou ne paraissant pas avoir de justifica-
tion économique ou d’objet licite.
droit économique par les
organismes financiers Dans les cas visés à l’alinéa précé-
dent, ces personnes sont tenues de se ren-
Au cas où le client n’agirait pas pour
seigner auprès du client, et/ou par tous
son propre compte, l’organisme financier
autres moyens, sur l’origine et la destination
se renseigne par tous moyens sur l’identité
des sommes d’argent en cause, ainsi que
de la personne pour le compte de laquelle
sur l’objet de la transaction et l’identité des
il agit.
personnes impliquées, conformément aux

Après vérification, si le doute persiste dispositions des alinéas 2, 3 et 5 de l’article


7. Les caractéristiques principales de l’opé-
sur l’identité de l’ayant droit économique,
ration, l’identité du donneur d’ordre et du
l’organisme financier procède à la déclara-
bénéficiaire, le cas échéant, celle des
tion de soupçon visée à l’article 26 auprès
acteurs de l’opération sont consignées
de la Cellule Nationale de Traitement des
dans un registre confidentiel, en vue de pro-
Informations Financières instituée à l’article
céder à des rapprochements, en cas de
16, dans les conditions fixées à l’article 27.
besoin.
Aucun client ne peut invoquer le sec-
ret professionnel pour refuser de communi-
quer l’identité de l’ayant droit économique.
CHAPITRE III : Conservation et
Les organismes financiers ne sont pas communication des documents
soumis aux obligations d’identification pré-
vues aux trois alinéas précédents, lorsque le Article 11 - Conservation des pièces
client est un organisme financier, soumis à et documents par les
la présente loi. organismes financiers

Sans préjudice des dispositions édic-


Article 10 - Surveillance particulière
tant des obligations plus contraignantes, les
de certaines opérations
organismes financiers conservent pendant
Doivent faire l’objet d’un examen une durée de dix (10) ans, à compter de la
particulier de la part des personnes visées à clôture de leurs comptes ou de la cessation
l’article 5 : de leurs relations avec leurs clients habituels
ou occasionnels, les pièces et documents
- tout paiement en espèces ou par relatifs à leur identité. Ils doivent également
titre au porteur d’une somme d’argent, conserver les pièces et documents relatifs
effectué dans des conditions normales, aux opérations qu’ils ont effectuées pen-
dont le montant unitaire ou total est égal ou dant dix (10) ans à compter de la fin de
supérieur à cinquante millions (50.000.000) l’exercice au cours duquel les opérations
de francs CFA ; ont été réalisées.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 37


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Article 12 - Communication des grammes de lutte contre le blanchi-


pièces et documents ment de capitaux ;

Les pièces et documents relatifs aux - la formation continue du personnel ;


obligations d’identification prévues aux arti-
- la mise en place d’un dispositif de
cles 7, 8, 9, 10 et 15 et dont la conservation
contrôle interne de l’application et
est mentionnée à l’article 11, sont commu-
de l’efficacité des mesures adop-
niqués, sur leur demande, par les personnes
tées dans le cadre de la présente loi.
visées à l’article 5, aux autorités judiciaires,
aux agents de l’Etat chargés de la détec-
Les Autorités de contrôle pourront,
tion et de la répression des infractions liées
dans leurs domaines de compétences
au blanchiment de capitaux, agissant dans
respectifs, en cas de besoin, préciser le
le cadre d’un mandat judiciaire, aux autori-
contenu et les modalités d’application des
tés de contrôle, ainsi qu’à la CENTIF.
programmes de prévention du blanchi-
Cette obligation a pour but de per- ment de capitaux. Elles effectueront, le cas
mettre la reconstitution de l’ensemble des échéant, des investigations sur place afin
transactions réalisées par une personne de vérifier la bonne application de ces pro-
physique ou morale et qui sont liées à une grammes.
opération ayant fait l’objet d’une déclara-
tion de soupçon visée à l’article 26 ou dont CHAPITRE IV :
les caractéristiques ont été consignées sur Dispositions applicables à certaines
le registre confidentiel prévu à l’article 10 opérations particulières
alinéa 2.
Article 14 - Change manuel
Article 13 - Programmes internes
Les agréés de change manuel doi-
de lutte contre le vent, à l’instar des banques, accorder une
blanchiment de attention particulière aux opérations pour
capitaux au sein des lesquelles aucune limite réglementaire n’est
organismes financiers imposée et qui pourraient être effectuées
aux fins de blanchiment de capitaux, dès
Les organismes financiers sont tenus
lors que leur montant atteint cinq millions
d’élaborer des programmes harmonisés de
(5.000.000) de francs CFA.
prévention du blanchiment de capitaux.
Ces programmes comprennent, notam-
Article 15 - Casinos et établissements
ment :
de jeux
- la centralisation des informations sur
Les gérants, propriétaires et directeurs
l’identité des clients, donneurs d’or-
de casinos et établissements de jeux sont
dre, mandataires, ayants droit éco-
tenus aux obligations ci-après :
nomiques ;
- justifier auprès de l’autorité
- le traitement des transactions
publique, dès la date de demande
suspectes ;
d’autorisation d’ouverture, de l’origi-
- la désignation de responsables inter- ne licite des fonds nécessaires à la
nes chargés de l’application des pro- création de l’établissement ;

38 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

- s’assurer de l’identité, par la présen- TITRE III :


tation d’une carte d’identité natio- DE LA DETECTION
nale ou de tout document officiel DU BLANCHIMENT DE CAPITAUX
original en tenant lieu, en cours de
validité, et comportant une photo- CHAPITRE I :
graphie dont il est pris une copie,
De la Cellule Nationale de
des joueurs qui achètent, apportent
Traitement des Informations
ou échangent des jetons ou des
Financières
plaques de jeux pour une somme
supérieure ou égale à un million Article 16 - Création de la CENTIF
(1.000.000) de francs CFA ou dont la
Il est institué par décret (ou un acte
contre-valeur est supérieure ou
de portée équivalente en ce qui concerne
égale à cette somme ; la Guinée-Bissau), une Cellule Nationale de
Traitement des Informations Financières
- consigner sur un registre spécial,
(CENTIF), placée sous la tutelle du Ministre
dans l’ordre chronologique, toutes
chargé des Finances.
les opérations visées à l’alinéa pré-
cédent, leur nature et leur montant Article 17 - Attributions de la CENTIF
avec indication des noms et pré- La CENTIF est un Service Administratif,
noms des joueurs, ainsi que du doté de l’autonomie financière et d’un
numéro du document d’identité pouvoir de décision autonome sur les
présenté, et conserver ledit registre matières relevant de sa compétence. Sa
pendant dix (10) ans après la derniè- mission est de recueillir et de traiter le rensei-
re opération enregistrée ; gnement financier sur les circuits de blan-
chiment de capitaux.
- consigner dans l’ordre chronolo-
A ce titre, elle :
gique, tous transferts de fonds effec-
tués entre casinos et établissements - est chargée, notamment de rece-
de jeux sur un registre spécial et voir, d’analyser et de traiter les ren-
conserver ledit registre pendant dix seignements propres à établir
(10) ans après la dernière opération l’origine des transactions ou la natu-

enregistrée. re des opérations faisant l’objet de


déclarations de soupçons auxquel-
Dans le cas où le casino ou l’établisse- les sont astreintes les personnes assu-
ment de jeux serait contrôlé par une per- jetties ;
sonne morale possédant plusieurs filiales, les - reçoit également toutes autres infor-
jetons de jeux doivent identifier la filiale par mations utiles, nécessaires à l’ac-
laquelle ils sont émis. En aucun cas, des complissement de sa mission,
jetons de jeux émis par une filiale ne peu- notamment celles communiquées
vent être remboursés par une autre filiale, par les Autorités de contrôle, ainsi
que celle-ci soit située sur le territoire natio- que les officiers de police judiciaire ;
nal, dans un autre Etat membre de l’Union - peut demander la communication,
ou dans un Etat tiers. par les assujettis, ainsi que par toute

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 39


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

personne physique ou morale, d’in- - un (01) haut fonctionnaire de la


formations détenues par eux et sus- Police Judiciaire, détaché par le
ceptibles de permettre d’enrichir les Ministère chargé de la Sécurité (ou
déclarations de soupçons ; par le Ministère de tutelle en ce qui
concerne la Guinée-Bissau) ;
- effectue ou fait réaliser des études
périodiques sur l’évolution des tech- - un (01) représentant de la BCEAO,
niques utilisées aux fins du blanchi- assurant le secrétariat de la CENTIF ;
ment de capitaux au niveau du
territoire national. - un (01) chargé d’enquêtes,
Inspecteur des Services des
Elle émet des avis sur la mise en Douanes, détaché par le Ministère
œuvre de la politique de l’Etat en matière chargé des Finances ;
de lutte contre le blanchiment de capitaux.
- un (01) chargé d’enquêtes, Officier
A ce titre, elle propose toutes réformes
de Police Judiciaire, détaché par le
nécessaires au renforcement de l’efficacité
Ministère chargé de la Sécurité (ou
de la lutte contre le blanchiment de capi-
par le Ministère de tutelle en ce qui
taux.
concerne la Guinée-Bissau).
La CENTIF élabore des rapports pério-
Les membres de la CENTIF exercent
diques (au moins une fois par trimestre) et
leurs fonctions, à titre permanent, pour une
un rapport annuel, qui analysent l’évolution
durée de trois (03) ans, renouvelable une
des activités de lutte contre le blanchiment
fois.
de capitaux au plan national et internatio-
nal, et procède à l’évaluation des déclara-
Article 19 - Des correspondants de
tions recueillies. Ces rapports sont soumis au
Ministre chargé des Finances. la CENTIF

Dans l’exercice de ses attributions, la


Article 18 - Composition CENTIF peut recourir à des correspondants
de la CENTIF au sein des Services de la Police, de la
Gendarmerie, des Douanes, ainsi que des
La CENTIF est composée de six (6) Services Judiciaires de l’Etat et de tout
membres, à savoir : autre Service dont le concours est jugé
nécessaire dans le cadre de la lutte contre
- un (01) haut fonctionnaire issu, soit
le blanchiment de capitaux.
de la Direction des Douanes, soit de
la Direction du Trésor, soit de la Les correspondants identifiés sont
Direction des Impôts, ayant rang de désignés ès qualité par arrêté de leur
Directeur d’Administration centrale, Ministre de tutelle. Ils collaborent avec la
détaché par le Ministère chargé des CENTIF dans le cadre de l’exercice de ses
Finances. Il assure la présidence de attributions.
la CENTIF ;
Article 20 - Confidentialité
- un (01) magistrat spécialisé dans les
questions financières, détaché par Les membres et les correspondants
le Ministère chargé de la Justice ; de la CENTIF prêtent serment avant d’entrer

40 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

en fonction. Ils sont tenus au respect du sec- réaliser la synthèse des rapports des CENTIF
ret des informations recueillies, qui ne pour- aux fins de l’information du Conseil des
ront être utilisées à d’autres fins que celles Ministres de l’UEMOA.
prévues par la présente loi.
Article 24 - Relations entre la
Article 21 - Organisation et CENTIF et les services
fonctionnement de renseignements
de la CENTIF financiers des Etats tiers
Le décret (ou l’acte de portée équi- La CENTIF peut, sous réserve de réci-
valente en ce qui concerne la Guinée- procité, échanger des informations avec les
Bissau) instituant la CENTIF précise le statut, services de renseignements financiers des
l’organisation et les modalités de finance- Etats tiers, chargés de recevoir et de traiter
ment de la CENTIF.
les déclarations de soupçons, lorsque ces
derniers sont soumis à des obligations ana-
Un Règlement Intérieur, approuvé par
logues de secret professionnel.
le Ministre chargé des Finances, fixe les
règles de fonctionnement interne de la
La conclusion d’accords entre la
CENTIF.
CENTIF et un Service de renseignement
d’un Etat tiers nécessite l’autorisation pré-
Article 22 - Financement alable du Ministre chargé des Finances.
de la CENTIF

Les ressources de la CENTIF provien-


Article 25 - Rôle assigné à la
nent, notamment des apports consentis par BCEAO
l’Etat, les Institutions de l’UEMOA et des par-
La BCEAO a pour rôle de favoriser la
tenaires au développement.
coopération entre les CENTIF. A ce titre, elle
est chargée de coordonner les actions des
Article 23 - Relations entre les cellules
CENTIF dans le cadre de la lutte contre le
de renseignements blanchiment de capitaux et d’établir une
financiers des Etats synthèse des informations provenant des
membres de l’UEMOA rapports élaborés par ces dernières. La
BCEAO participe, avec les CENTIF, aux
La CENTIF est tenue de :
réunions des instances internationales trai-
- communiquer, à la demande tant des questions relatives à la lutte contre
dûment motivée d’une CENTIF d’un Etat le blanchiment de capitaux.
membre de l’UEMOA, dans le cadre d’une
La synthèse établie par le Siège de la
enquête, toutes informations et données
BCEAO est communiquée aux CENTIF des
relatives aux investigations entreprises à la
Etats membres de l’Union, en vue d’alimen-
suite d’une déclaration de soupçons au
niveau national ; ter leurs bases de données. Elle servira de
support à un rapport périodique destiné à
- transmettre les rapports périodiques l’information du Conseil des Ministres de
(trimestriels et annuels) détaillés sur ses acti- l’Union sur l’évolution de la lutte contre le
vités au Siège de la BCEAO, chargé de blanchiment de capitaux.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 41


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Une version de ces rapports pério- Ces déclarations sont confidentielles


diques sera élaborée pour l’information du et ne peuvent être communiquées au pro-
public et des assujettis aux déclarations de priétaire des sommes ou à l’auteur des opé-
soupçons. rations.

CHAPITRE II : Toute information de nature à modi-


fier l’appréciation portée par la personne
Des déclarations portant
physique ou morale lors de la déclaration et
sur les opérations suspectes
tendant à renforcer le soupçon ou à l’infir-
mer, doit être, sans délai, portée à la
Article 26 - Obligation de déclaration
connaissance de la CENTIF.
des opérations suspectes
Aucune déclaration effectuée
Les personnes visées à l’article 5 sont
auprès d’une autorité en application d’un
tenues de déclarer à la CENTIF, dans les
conditions fixées par la présente loi et selon texte autre que la présente loi, ne peut
un modèle de déclaration fixé par arrêté du avoir pour effet, de dispenser les personnes
Ministre chargé des Finances : visées à l’article 5 de l’exécution de l’obli-
gation de déclaration prévue par le présent
- les sommes d’argent et tous autres
article.
biens qui sont en leur possession,
lorsque ceux-ci pourraient provenir
du blanchiment de capitaux ; Article 27 - Transmission de la
- les opérations qui portent sur des déclaration à la CENTIF
biens, lorsque celles-ci pourraient Les déclarations de soupçons sont
s’inscrire dans un processus de blan-
transmises par les personnes physiques et
chiment de capitaux ;
morales visées à l’article 5 à la CENTIF par
- les sommes d’argent et tous autres tout moyen laissant trace écrite. Les décla-
biens qui sont en leur possession, rations faites téléphoniquement ou par tout
lorsque ceux-ci, suspectés d’être moyen électronique doivent être confir-
destinés au financement du terroris- mées par écrit dans un délai de quarante-
me, paraissent provenir de la réalisa- huit (48) heures. Ces déclarations indiquent,
tion d’opérations se rapportant au
notamment suivant le cas :
blanchiment de capitaux.
- les raisons pour lesquelles l’opération
Les préposés des personnes susvisées
a déjà été exécutée ;
sont tenus d’informer immédiatement leurs
dirigeants de ces mêmes opérations, dès - le délai dans lequel l’opération
qu’ils en ont connaissance. suspecte doit être exécutée.
Les personnes physiques et morales
précitées ont l’obligation de déclarer à la Article 28 - Traitement des
CENTIF les opérations ainsi réalisées, même déclarations transmises à
s’il a été impossible de surseoir à leur exécu-
la CENTIF et opposition à
tion ou s’il est apparu, postérieurement à la
l’exécution des opérations
réalisation de l’opération, que celle-ci por-
tait sur des sommes d’argent et tous autres La CENTIF accuse réception de toute
biens, d’origine suspecte. déclaration de soupçon écrite. Elle traite et

42 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

analyse immédiatement les informations Article 30 - Exemption de


recueillies et procède, le cas échéant, à responsabilité du fait
des demandes de renseignements complé- des déclarations de
mentaires auprès du déclarant, ainsi que de soupçons faites de
toute autorité publique et/ou de contrôle.
bonne foi
A titre exceptionnel, la CENTIF peut, Les personnes ou les dirigeants et pré-
sur la base d’informations graves, concor- posés des personnes visées à l’article 5 qui,
dantes et fiables en sa possession, faire de bonne foi, ont transmis des informations
ou effectué toute déclaration, conformé-
opposition à l’exécution de ladite opéra-
ment aux dispositions de la présente loi, sont
tion avant l’expiration du délai d’exécution exempts de toutes sanctions pour violation
mentionné par le déclarant. Cette opposi- du secret professionnel.
tion est notifiée à ce dernier par écrit et fait Aucune action en responsabilité civile
obstacle à l’exécution de l’opération pen- ou pénale ne peut être intentée, ni aucune
dant une durée qui ne peut excéder qua- sanction professionnelle prononcée contre
les personnes ou les dirigeants et préposés
rante-huit (48) heures.
des personnes visées à l’article 5 ayant agi
A défaut d’opposition ou si, au terme dans les mêmes conditions que celles pré-
vues à l’alinéa précédent, même si des
du délai de quarante-huit (48) heures,
décisions de justice rendues sur la base des
aucune décision du juge d’instruction n’est
déclarations visées dans ce même alinéa
parvenue au déclarant, celui-ci peut exé- n’ont donné lieu à aucune condamnation.
cuter l’opération. En outre, aucune action en responsa-
bilité civile ou pénale ne peut être intentée
Article 29 - Suites données aux contre les personnes visées à l’alinéa précé-
déclarations de soupçons dent du fait des dommages matériels et/ou
moraux qui pourraient résulter du blocage
Lorsque les opérations mettent en évi- d’une opération en vertu des dispositions
de l’article 28.
dence des faits susceptibles de constituer
l’infraction de blanchiment de capitaux, la Les dispositions du présent article
s’appliquent de plein droit, même si la preu-
CENTIF transmet un rapport sur ces faits au
ve du caractère délictueux des faits à l’ori-
Procureur de la République, qui saisit immé- gine de la déclaration n’est pas rapportée
diatement le juge d’instruction. Ce rapport ou si ces faits ont été amnistiés ou ont
est accompagné de toutes pièces utiles, à entraîné une décision de non-lieu, de relaxe
ou d’acquittement.
l’exception de la déclaration de soupçon.
L’identité du préposé à la déclaration ne Article 31 - Responsabilité de l’Etat
doit pas figurer dans ledit rapport qui fait foi du fait des déclarations
jusqu’à preuve du contraire. de soupçons faites de
bonne foi
La CENTIF avisera, en temps oppor-
La responsabilité de tout dommage
tun, les assujettis aux déclarations de soup-
causé aux personnes et découlant directe-
çons des conclusions de ses investigations. ment d’une déclaration de soupçon faite

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 43


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

de bonne foi, mais qui s’est, néanmoins, des indices sérieux permettent de
avérée inexacte, incombe à l’Etat. suspecter qu’ils sont utilisés ou sus-
ceptibles d’être utilisés pour des opé-
Article 32 - Exemption de rations en rapport avec l’infraction
responsabilité du fait de d’origine ou des infractions prévues
l’exécution de certaines par la présente loi ;
opérations - l’accès à des systèmes, réseaux et
Lorsqu’une opération suspecte a été serveurs informatiques utilisés ou sus-
exécutée, et sauf collusion frauduleuse ceptibles d’être utilisés par des per-
avec le ou les auteurs du blanchiment, sonnes contre lesquelles existent des
aucune poursuite pénale du chef de blan- indices sérieux de participation à
chiment ne peut être engagée à l’encont- l’infraction d’origine ou aux infrac-
re de l’une des personnes visées à l’article tions prévues par la présente loi ;
5, leurs dirigeants ou préposés, si la déclara-
- la communication d’actes authen-
tion de soupçon a été faite conformément
tiques ou sous seing privé, de docu-
aux dispositions de la présente loi.
ments bancaires, financiers et
Il en est de même lorsqu’une person- commerciaux.
ne visée à l’article 5 a effectué une opéra-
tion à la demande des autorités judiciaires, Il peut également ordonner la saisie
des agents de l’Etat chargés de la détec- des actes et documents susmentionnés.
tion et de la répression des infractions liées
au blanchiment de capitaux, agissant dans Article 34 - Levée du secret
le cadre d’un mandat judiciaire ou de la professionnel
CENTIF.
Nonobstant toutes dispositions législa-
CHAPITRE III : tives ou réglementaires contraires, le secret
De la recherche de preuves professionnel ne peut être invoqué par les
Article 33 - Mesures d’investigation personnes visées à l’article 5 pour refuser de
fournir les informations aux autorités de
Afin d’établir la preuve de l’infraction
contrôle, ainsi qu’à la CENTIF ou de procé-
d’origine et la preuve des infractions liées
der aux déclarations prévues par la présen-
au blanchiment de capitaux, le juge d’ins-
te loi. Il en est de même en ce qui concerne
truction peut ordonner, conformément à la
les informations requises dans le cadre
loi, pour une durée déterminée, sans que le
d’une enquête portant sur des faits de blan-
secret professionnel puisse lui être opposé,
chiment, ordonnée par le juge d’instruction
diverses actions, notamment :
ou effectuée sous son contrôle, par les
- la mise sous surveillance des comp- agents de l’Etat chargés de la détection et
tes bancaires et des comptes assimi- de la répression des infractions liées au
lés aux comptes bancaires, lorsque blanchiment de capitaux.

44 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

TITRE IV : CHAPITRE III :


DES MESURES COERCITIVES Des peines applicables

CHAPITRE I : Article 37 - Sanctions pénales


Des sanctions administratives applicables aux
et disciplinaires personnes physiques

Les personnes physiques coupables


Article 35 - Sanctions administratives d’une infraction de blanchiment de capi-
et disciplinaires taux, sont punies d’un emprisonnement de
trois (3) à sept (7) ans et d’une amende
Lorsque, par suite, soit d'un grave égale au triple de la valeur des biens ou des
défaut de vigilance, soit d'une carence fonds sur lesquels ont porté les opérations
dans l'organisation de ses procédures inter- de blanchiment.
nes de contrôle, une personne visée à l’arti-
La tentative de blanchiment est punie
cle 5 a méconnu les obligations que lui
des mêmes peines.
imposent le titre II et les articles 26 et 27 de
la présente loi, l'Autorité de contrôle ayant
pouvoir disciplinaire peut agir d’office dans Article 38 - Sanctions pénales
les conditions prévues par les textes législa- applicables à l’entente,
tifs et réglementaires spécifiques en l’association, la complicité
vigueur. en vue du blanchiment
de capitaux
Elle en avise en outre la CENTIF, ainsi
que le Procureur de la République. L’entente ou la participation à une
association en vue de la commission d’un
CHAPITRE II : fait constitutif de blanchiment de capitaux,
l’association pour commettre ledit fait, l’ai-
Des mesures conservatoires
de, l’incitation ou le conseil à une personne
physique ou morale, en vue de l’exécuter
Article 36 - Mesures conservatoires ou d’en faciliter l’exécution sont punies des

Le juge d’instruction peut prescrire mêmes peines prévues à l’article 37.


des mesures conservatoires, conformément
à la loi en ordonnant, aux frais de l’Etat, Article 39 - Circonstances
notamment la saisie ou la confiscation des aggravantes
biens en relation avec l’infraction, objet de
l’enquête et tous les éléments de nature à 1 - Les peines prévues à l’article 37
permettre de les identifier, ainsi que le gel sont portées au double :
des sommes d’argent et opérations finan-
- lorsque l’infraction de blanchiment
cières portant sur lesdits biens.
de capitaux est commise de façon
La mainlevée de ces mesures peut habituelle ou en utilisant les facilités
être ordonnée par le juge d’instruction dans que procure l’exercice d’une activi-
les conditions prévues par la loi. té professionnelle ;

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 45


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

- lorsque l’auteur de l’infraction est en 2 - détruit ou soustrait des pièces ou


état de récidive ; dans ce cas, les documents relatifs aux obligations
condamnations prononcées à l’é- d’identification visées aux articles
tranger sont prises en compte pour 7, 8, 9, 10 et 15, dont la conserva-
établir la récidive ; tion est prévue par l’article 11 de la
présente loi ;
- lorsque l’infraction de blanchiment
est commise en bande organisée. 3 - réalisé ou tenté de réaliser sous
une fausse identité l’une des opé-
2 - Lorsque le crime ou le délit dont
rations visées aux articles 5 à 10, 14
proviennent les biens ou les som-
et 15 de la présente loi ;
mes d’argent sur lesquels a porté
l’infraction de blanchiment est 4 - informé par tous moyens la ou les
puni d’une peine privative de liber- personnes visées par l’enquête
té d’une durée supérieure à celle menée pour les faits de blanchi-
de l’emprisonnement encouru en ment de capitaux dont ils auront
application de l’article 37, le blan- eu connaissance, en raison de leur
chiment est puni des peines atta- profession ou de leurs fonctions ;
chées à l’infraction d’origine dont
son auteur a eu connaissance et, si 5 - communiqué aux autorités judi-
cette infraction est accompagnée ciaires ou aux fonctionnaires com-
de circonstances aggravantes, pétents pour constater les
des peines attachées aux seules infractions d’origine et subséquen-
circonstances dont il a eu connais- tes des actes et documents visés à
sance. l’article 33 de la présente loi, qu’ils
savent falsifiés ou erronés ;

Article 40 - Sanctions pénales de 6 - communiqué des renseignements


certains agissements ou documents à des personnes
liés au blanchiment autres que celles visées à l’article
12 de la présente loi ;
Sont punis d’un emprisonnement de
six (6) mois à deux (2) ans et d’une amende 7 - omis de procéder à la déclaration
de cent mille (100.000) à un million cinq de soupçons, prévue à l’article 26,
cent mille (1.500.000) francs CFA ou de alors que les circonstances ame-
l’une de ces deux (02) peines seulement, les naient à déduire que les sommes
personnes et dirigeants ou préposés des d’argent pouvaient provenir d’une
personnes physiques ou morales visées à infraction de blanchiment de
l’article 5, lorsque ces derniers auront inten- capitaux telle que définie aux arti-
tionnellement : cles 2 et 3.

1 - fait au propriétaire des sommes ou Sont punis d’une amende de cin-


à l’auteur des opérations visées à quante mille (50.000) à sept cent cinquante
l’article 5, des révélations sur la mille (750.000) francs CFA, les personnes et
déclaration qu’ils sont tenus de dirigeants ou préposés des personnes phy-
faire ou sur les suites qui lui ont été siques ou morales visées à l’article 5, lorsque
réservées ; ces derniers auront non intentionnellement :

46 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

- omis de faire la déclaration de soup- à l’occasion de laquelle l’infrac-


çons, prévue à l’article 26 de la pré- tion a été commise et interdiction
sente loi ; d’exercer une fonction publique ;

- contrevenu aux dispositions des arti- 7 - l’interdiction d’émettre des chèques


cles 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 14, 15 et 26 autres que ceux qui permettent le
de la présente loi. retrait de fonds par le tireur auprès
du tiré ou ceux qui sont certifiés et
Article 41 - Sanctions pénales d’utiliser des cartes de paiement
complémentaires pendant trois (3) à six (6) ans ;
facultatives applicables
8 - l’interdiction de détenir ou de por-
aux personnes physiques
ter une arme soumise à autorisa-
Les personnes physiques coupables tion pendant trois (3) à six (6) ans ;
des infractions définies aux articles 37, 38, 39
9 - la confiscation de tout ou partie
et 40 peuvent également encourir les pei-
des biens d’origine licite du
nes complémentaires suivantes :
condamné ;
1 - l’interdiction définitive du territoire
10 - la confiscation du bien ou de la
national ou pour une durée de un
chose qui a servi ou était destinée
(1) à cinq (5) ans contre tout étran-
à commettre l’infraction ou de la
ger condamné ;
chose qui en est le produit, à l’ex-
2 - l’interdiction de séjour pour une ception des objets susceptibles
durée de un (1) à cinq (5) ans dans de restitution.
certaines circonscriptions adminis-
tratives (à désigner par l’Etat qui CHAPITRE IV :
adopte la loi uniforme ) ; De la responsabilité pénale
3 - l’interdiction de quitter le territoire des personnes morales
national et le retrait du passeport
pour une durée de six (6) mois à Article 42 - Sanctions pénales
trois (3) ans ; applicables aux
personnes morales
4 - l’interdiction des droits civiques,
civils et de famille pour une durée Les personnes morales autres que
de six (6) mois à trois (3) ans; l’Etat, pour le compte ou au bénéfice des-
quelles une infraction de blanchiment de
5 - l’interdiction de conduire des
capitaux ou l’une des infractions prévues
engins à moteurs terrestres, marins
par la présente loi a été commise par l’un
et aériens et le retrait des permis
ou licences pour une durée de de ses organes ou représentants, sont

trois (3) à six (6) ans ; punies d’une amende d’un taux égal au
quintuple de celles encourues par les per-
6 - l’interdiction définitive ou pour une sonnes physiques, sans préjudice de la
durée de trois (3) à six (6) ans condamnation de ces dernières comme
d’exercer la profession ou l’activité auteurs ou complices des mêmes faits.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 47


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Les personnes morales, autres que L’Autorité de contrôle compétente,


l’Etat, peuvent, en outre, être condamnées saisie par le Procureur de la République de
à l’une ou plusieurs des peines suivantes : toute poursuite engagée contre un organis-
me financier, peut prendre les sanctions
1 - l’exclusion des marchés publics, à appropriées, conformément aux textes
titre définitif ou pour une durée de législatifs et réglementaires spécifiques en
cinq (05) ans au plus ; vigueur.

2 - la confiscation du bien qui a servi


ou était destiné à commettre l’in- CHAPITRE V :
fraction ou du bien qui en est le Des causes d’exemption et
produit ; d’atténuation des sanctions pénales
3 - le placement sous surveillance
judiciaire pour une durée de cinq Article 43 - Causes d’exemption de
(5) ans au plus ; sanctions pénales

4 - l’interdiction, à titre définitif, ou Toute personne coupable, d’une


pour une durée de cinq (05) ans part, de participation à une association ou
au plus, d’exercer directement ou à une entente, en vue de commettre l’une
indirectement une ou plusieurs des infractions prévues aux articles 37, 38,
activités professionnelles ou socia- 39, 40 et 41 et, d’autre part, d’aide, d’inci-
les à l’occasion de laquelle l’in- tation ou de conseil à une personne phy-
fraction a été commise ; sique ou morale en vue de les exécuter ou
d’en faciliter l’exécution, est exemptée de
5 - la fermeture définitive ou pour une
sanctions pénales si, ayant révélé l’existen-
durée de cinq (05) ans au plus, des
ce de cette entente, association, aide ou
établissements ou de l’un des éta-
conseil à l’autorité judiciaire, elle permet
blissements de l’entreprise ayant
ainsi, d’une part, d’identifier les autres per-
servi à commettre les faits incrimi-
sonnes en cause et, d’autre part, d’éviter la
nés ;
réalisation de l’infraction.
6 - la dissolution, lorsqu’elles ont été
créées pour commettre les faits Article 44 - Causes d’atténuation
incriminés ; des sanctions pénales
7 - l’affichage de la décision pronon-
Les peines encourues par toute per-
cée ou la diffusion de celle-ci par
sonne, auteur ou complice de l’une des
la presse écrite ou par tout moyen
infractions énumérées aux articles 37, 38, 39,
de communication audiovisuelle,
40 et 41 qui, avant toute poursuite, permet
aux frais de la personne morale
ou facilite l’identification des autres coupa-
condamnée.
bles ou après l’engagement des poursuites,
Les sanctions prévues aux points 3, 4, permet ou facilite l’arrestation de ceux-ci,
5, 6 et 7 du second alinéa du présent arti- sont réduites de moitié. En outre, ladite per-
cle, ne sont pas applicables aux organismes sonne est exemptée de l’amende et, le cas
financiers relevant d’une Autorité de échéant, des mesures accessoires et peines
contrôle disposant d’un pouvoir disciplinaire. complémentaires facultatives.

48 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

CHAPITRE VI : situé dans l’un des Etats membres de


Des peines complémentaires l’UEMOA.

obligatoires Elles peuvent également connaître


des mêmes infractions commises dans un
Article 45 - Confiscation obligatoire Etat tiers, dès lors qu’une convention inter-
des produits tirés du nationale leur donne compétence.
blanchiment
CHAPITRE II :
Dans tous les cas de condamnation
Transfert des poursuites
pour infraction de blanchiment de capitaux
ou de tentative, les tribunaux ordonnent la
confiscation au profit du Trésor Public, des Article 47 - Demande de transfert
produits tirés de l’infraction, des biens mobi- de poursuite
liers ou immobiliers dans lesquels ces pro-
Lorsque l’autorité de poursuite d’un
duits sont transformés ou convertis et, à
autre Etat membre de l’UEMOA estime,
concurrence de leur valeur, des biens
pour quelque cause que ce soit, que l’exer-
acquis légitimement auxquels lesdits pro-
cice des poursuites ou la continuation des
duits sont mêlés, ainsi que des revenus et
poursuites qu’elle a déjà entamées se heur-
autres avantages tirés de ces produits, des
te à des obstacles majeurs et qu’une pro-
biens en lesquels ils sont transformés ou
cédure pénale adéquate est possible sur le
investis ou des biens auxquels ils sont mêlés
territoire national elle peut demander à
à quelque personne que ces produits et ces
l’autorité judiciaire compétente d’accom-
biens appartiennent, à moins que leur pro-
plir les actes nécessaires contre l’auteur
priétaire n’établisse qu’il ignore leur origine
présumé.
frauduleuse.

Les dispositions de l’alinéa précédent


s’appliquent également, lorsque la deman-
TITRE V :
de émane d’une autorité d’un Etat tiers, et
DE LA COOPERATION
que les règles en vigueur dans cet Etat
INTERNATIONALE autorisent l’autorité de poursuite nationale
à introduire une demande tendant aux
CHAPITRE I : mêmes fins.
De la compétence internationale
La demande de transfert de poursuite
Article 46 - Infractions commises en est accompagnée des documents, pièces,
dehors du territoire dossiers, objets et informations en posses-
sion de l’autorité de poursuite de l’Etat
national
requérant.
Les juridictions nationales sont com-
pétentes pour connaître des infractions pré- Article 48 - Refus d’exercice des
vues par la présente loi, commises par toute poursuites
personne physique ou morale, quelle que
soit sa nationalité ou la localisation de son L’autorité judiciaire compétente ne
siège, même en dehors du territoire natio- peut donner suite à la demande de trans-
nal, dès lors que le lieu de commission est fert des poursuites émanant de l’autorité

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 49


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

compétente de l’Etat requérant si, à la prendre toutes mesures conservatoires, y


date de l’envoi de la demande, la pres- compris de détention provisoire et de saisie
cription de l’action publique est acquise compatible avec la législation nationale.
selon la loi de cet Etat ou si une action diri-
gée contre la personne concernée a déjà
abouti à une décision définitive. CHAPITRE III : Entraide judiciaire

Article 49 - Sort des actes accomplis Article 53 - Modalités de l’entraide


dans l’Etat requérant judiciaire
avant le transfert des
A la requête d’un Etat membre de
poursuites l’UEMOA, les demandes d’entraide se rap-
portant aux infractions prévues aux articles
Pour autant qu’il soit compatible
37 à 40 sont exécutées, conformément aux
avec la législation en vigueur, tout acte
principes définis par les articles 54 à 70.
régulièrement accompli aux fins de poursui-
tes ou pour les besoins de la procédure sur Les dispositions de l’alinéa précédent
le territoire de l’Etat requérant aura la sont applicables aux demandes émanant
même valeur que s’il avait été accompli sur d’un Etat tiers, lorsque la législation de cet
le territoire national. Etat fait obligation à celui-ci de donner
suite aux demandes de même nature éma-
Article 50 - Information de l’Etat nant de l’autorité compétente.

requérant L’entraide peut, notamment inclure :

L’autorité judiciaire compétente infor- - le recueil de témoignages ou de


me l’autorité de poursuite de l’Etat requé- dépositions ;
rant de la décision prise ou rendue à l’issue
de la procédure. A cette fin, elle lui trans- - la fourniture d’une aide pour la mise
met copie de toute décision passée en à disposition des autorités judiciaires
force de chose jugée. de l’Etat requérant de personnes
détenues ou d’autres personnes,
aux fins de témoignage ou d’aide
Article 51 - Avis donné à la personne
dans la conduite de l’enquête ;
poursuivie
- la remise de documents judiciaires ;
L’autorité judiciaire compétente avise
la personne concernée qu’une demande a - les perquisitions et les saisies ;
été présentée à son égard et recueille les
arguments qu’elle estime opportuns de - l’examen d’objets et de lieux ;
faire valoir avant qu’une décision ne soit
- la fourniture de renseignements et
prise.
de pièces à conviction ;

Article 52 - Mesures conservatoires - la fourniture des originaux ou de


copies certifiées conformes de dos-
L’autorité judiciaire compétente siers et documents pertinents, y
peut, à la demande de l’Etat requérant, compris de relevés bancaires, de

50 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

pièces comptables, de registres i) toute autre information nécessaire


montrant le fonctionnement d’une pour la bonne exécution de la
entreprise ou ses activités commer- demande.
ciales.
Article 55 - Des refus d’exécution
Article 54 - Contenu de la demande de la demande
d’entraide judiciaire d’entraide judiciaire

Toute demande d’entraide judiciaire La demande d’entraide judiciaire ne

adressée à l’autorité compétente est faite peut être refusée que :

par écrit. Elle comporte :


- si elle n’émane pas d’une autorité
compétente selon la législation du
a) le nom de l’autorité qui sollicite la
pays requérant ou si elle n’a pas été
mesure ;
transmise régulièrement ;
b) le nom de l’autorité compétente
- si son exécution risque de porter
et de l’autorité chargée de l’en-
atteinte à l’ordre public, à la souve-
quête ou de la procédure aux-
raineté, à la sécurité ou aux princi-
quelles se rapporte la demande ;
pes fondamentaux du droit ;
c) l’indication de la mesure sollicitée ;
- si les faits sur lesquels elle porte font
d) un exposé des faits constitutifs de l’objet de poursuites pénales ou ont
l’infraction et des dispositions légis- déjà fait l’objet d’une décision de
latives applicables, sauf si la justice définitive sur le territoire natio-
demande a pour seul objet la remi- nal ;
se d’actes de procédure ou de
- si des mesures sollicitées ou toutes
décisions judiciaires ;
autres mesures ayant des effets ana-
e) tous éléments connus permettant logues, ne sont pas autorisées ou ne
l’identification de la ou des person- sont pas applicables à l’infraction
nes concernées et, notamment l’é- visée dans la demande, en vertu de
tat civil, la nationalité, l’adresse et la législation en vigueur ;
la profession ;
- si les mesures demandées ne peu-
f) tous renseignements nécessaires vent être prononcées ou exécutées
pour localiser les instruments, res- pour cause de prescription de l’in-
sources ou biens visés ; fraction de blanchiment, en vertu
de la législation en vigueur ou de la
g) un exposé détaillé de toute procé- loi de l’Etat requérant ;
dure ou demande particulière que
l’Etat requérant souhaite voir suivre - si la décision dont l’exécution est
ou exécuter ; demandée n’est pas exécutoire
selon la législation en vigueur ;
h) l’indication du délai dans lequel
l’Etat requérant souhaiterait voir - si la décision étrangère a été pro-
exécuter la demande ; noncée dans des conditions n’of-

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 51


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

frant pas de garanties suffisantes au législation en vigueur, à moins que l’autori-


regard des droits de la défense ; té compétente de l’Etat requérant n’ait
demandé qu’il soit procédé selon une
- s’il y a de sérieuses raisons de penser
forme particulière compatible avec cette
que les mesures demandées ou la
législation.
décision sollicitée ne visent la per-
sonne concernée qu’en raison de sa Un magistrat ou un fonctionnaire
race, de sa religion, de sa nationali- délégué par l’autorité compétente de
té, de son origine ethnique, de ses
l’Etat requérant peut assister à l’exécution
opinions politiques, de son sexe ou
des mesures selon qu’elles sont effectuées
de son statut.
par un magistrat ou par un fonctionnaire.
Le secret professionnel ne peut être
invoqué pour refuser d’exécuter la deman- S’il y a lieu, les autorités judiciaires ou
de. policières de (nom du pays qui adopte la loi
uniforme) peuvent accomplir, en collabo-
Le ministère public peut interjeter
ration avec les autorités d’autres Etats
appel de la décision de refus d’exécution
membres de l’Union, des actes d’enquête
rendue par une juridiction dans les (à préci-
ou d’instruction.
ser le pays qui adopte la loi) jours qui suivent
cette décision.
Article 58 - Remise d’actes de
Le gouvernement de … (nom du pays procédure et de
qui adopte la loi uniforme) communique décisions judiciaires
sans délai à l’Etat requérant les motifs du
refus d’exécution de sa demande. Lorsque la demande d’entraide a
pour objet la remise d’actes de procédure
Article 56 - Secret sur la demande et/ou de décisions judiciaires, elle devra
d’entraide judiciaire comprendre, outre les indications prévues à
l’article 54, le descriptif des actes ou déci-
L’autorité compétente maintient le
sions visés.
secret sur la demande d’entraide judiciaire,
sur sa teneur et les pièces produites, ainsi L’autorité compétente procède à la
que le fait même de l’entraide. remise des actes de procédure et de déci-
sions judiciaires qui lui seront envoyés à
S’il n’est pas possible d’exécuter ladi-
cette fin par l’Etat requérant.
te demande sans divulguer le secret, l’auto-
rité compétente en informe l’Etat Cette remise peut être effectuée par
requérant, qui décidera, dans ce cas, s’il simple transmission de l’acte ou de la déci-
maintient la demande. sion au destinataire. Si l’autorité compéten-
te de l’Etat requérant en fait expressément
Article 57 - Demande de mesures la demande, la remise est effectuée dans

d’enquête et d’instruction une des formes prévues par la législation en


vigueur pour les significations analogues ou
Les mesures d’enquête et d’instruc- dans une forme spéciale compatible avec
tion sont exécutées conformément à la cette législation.

52 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

La preuve de la remise se fait au Aucune sanction, ni mesure de


moyen d’un récépissé daté et signé par le contrainte ne peuvent être appliquées au
destinataire ou d’une déclaration de l’au- témoin qui refuse de déférer à une deman-
torité compétente constatant le fait, la de tendant à obtenir sa comparution.
forme et la date de la remise. Le document
établi pour constituer la preuve de la remi- Article 60 - La comparution de
se est immédiatement transmis à l’Etat personnes détenues
requérant.
Si, dans une poursuite exercée du
Si la remise n’a pu se faire, l’autorité chef de l’une des infractions visées dans la
compétente en fait connaître immédiate- présente loi, la comparution personnelle
ment le motif à l’Etat requérant. d’un témoin détenu sur le territoire national
est jugée nécessaire, l’autorité compéten-
La demande de remise d’un docu-
te, saisie d’une demande adressée directe-
ment requérant la comparution d’une per-
ment au parquet compétent, procédera
sonne doit être effectuée au plus tard
au transfert de l’intéressé.
soixante (60) jours avant la date de compa-
rution.
Néanmoins, il ne sera donné suite à la
demande que si l’autorité compétente de
Article 59 - La comparution des l’Etat requérant s’engage à maintenir en
témoins non détenus détention la personne transférée aussi long-
temps que la peine qui lui a été infligée par
Si, dans une poursuite exercée du les juridictions nationales compétentes ne
chef des infractions visées dans la présente sera pas entièrement purgée et à le ren-
loi, la comparution personnelle d’un témoin voyer en état de détention à l’issue de la
résidant sur le territoire national est jugée procédure ou plus tôt si sa présence cesse
nécessaire par les autorités judiciaires d’un d’être nécessaire.
Etat étranger, l’autorité compétente, saisie
d’une demande transmise par la voie diplo-
Article 61 - Casier judiciaire
matique, l’engage à se rendre à l’invitation
qui lui est adressée. Lorsque des poursuites sont exercées
par une juridiction d’un Etat membre de
La demande tendant à obtenir la
l’UEMOA du chef de l’une des infractions
comparution du témoin comporte, outre les
visées par la présente loi, le parquet de la
indications prévues par l’article 54, les élé-
dite juridiction peut obtenir directement des
ments d’identification du témoin.
autorités compétentes nationales un extrait
Néanmoins, la demande n’est reçue du casier judiciaire et tous renseignements
et transmise qu’à la double condition que relatifs à la personne poursuivie.
le témoin ne sera ni poursuivi ni détenu pour
des faits ou des condamnations, antérieurs Les dispositions de l’alinéa précédent

à sa comparution et qu’il ne sera pas obli- sont applicables lorsque les poursuites sont
gé, sans son consentement, de témoigner exercées par une juridiction d’un Etat tiers
dans une procédure ou de prêter son et que cet Etat réserve le même traitement
concours à une enquête sans rapport avec aux demandes de même nature émanant
la demande d’entraide. des juridictions nationales compétentes.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 53


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Article 62 - Demande de trouve sur le territoire national, l’autorité


perquisition et de saisie compétente peut effectuer des investiga-
tions dont les résultats seront communiqués
Lorsque la demande d’entraide a à l’autorité compétente de l’Etat requé-
pour objet l’exécution de mesures de per- rant.
quisitions, et de saisies pour recueillir des
pièces à conviction, l’autorité compétente A cet effet, l’autorité compétente
y donne droit, dans une mesure compatible prend toutes les dispositions nécessaires
avec la législation en vigueur et à condition pour remonter à la source des avoirs,
que les mesures sollicitées ne portent pas enquêter sur les opérations financières
atteinte aux droits des tiers de bonne foi. appropriées et recueillir tous autres rensei-
gnements ou témoignages de nature à
Article 63 - Demande de faciliter le placement sous main de justice
confiscation des produits de l’infraction.

Lorsque la demande d’entraide judi- Lorsque les investigations prévues à


ciaire a pour objet une décision ordonnant l’alinéa premier du présent article aboutis-
une confiscation, la juridiction compétente sent à des résultats positifs, l’autorité com-
statue sur saisine de l’autorité compétente pétente prend, sur demande de l’autorité
de l’Etat requérant.
compétente de l’Etat requérant, toute
mesure propre à prévenir la négociation, la
La décision de confiscation doit viser
cession ou l’aliénation des produits visés en
un bien, constituant le produit ou l’instru-
attendant une décision définitive de la juri-
ment de l’une des infractions visées par la
présente loi, et se trouvant sur le territoire diction compétente de l’Etat requérant.

national ou consister en l’obligation de


Toute demande tendant à obtenir les
payer une somme d’argent correspondant
mesures visées dans le présent article doit
à la valeur de ce bien.
énoncer, outre les indications prévues à

Il ne peut être donné suite à une l’article 54, les raisons qui portent l’autorité

demande tendant à obtenir une décision compétente de l’Etat requérant à croire


de confiscation si une telle décision a pour que les produits ou les instruments des
effet de porter atteinte aux droits légale- infractions se trouvent sur son territoire, ainsi
ment constitués au profit des tiers sur les que les renseignements permettant de les
biens visés en application de la loi. localiser.

Article 64 - Demande de mesures Article 65 - Effet de la décision de


conservatoires aux fins confiscation prononcée
de préparer une à l’étranger
confiscation
Dans la mesure compatible avec la
Lorsque la demande d’entraide a législation en vigueur, l’autorité compéten-
pour objet de rechercher le produit des te donne effet à toute décision de justice
infractions visées dans la présente loi qui se définitive de saisie ou de confiscation des

54 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

produits des infractions visées dans la pré- le territoire national, à la demande des
sente loi émanant d’une juridiction d’un autorités compétentes de cet Etat.
Etat membre de l’UEMOA.
Les dispositions de l’alinéa précédent
Les dispositions de l’alinéa précédent s’appliquent aux condamnations pronon-
s’appliquent aux décisions émanant des cées par les juridictions d’un Etat tiers,
juridictions d’un Etat tiers, lorsque cet Etat lorsque cet Etat réserve le même traitement
réserve le même traitement aux décisions aux condamnations prononcées par les juri-
émanant des juridictions nationales compé- dictions nationales.
tentes.
Article 68 - Modalités d’exécution
Nonobstant les dispositions des deux
alinéas précédents, l’exécution des déci- Les décisions de condamnation pro-
sions émanant de l’étranger ne peut avoir noncées à l’étranger sont exécutées
pour effet de porter atteinte aux droits léga- conformément à la législation en vigueur.
lement constitués sur les biens visés au profit
des tiers, en application de la loi. Cette
Article 69 - Arrêt de l’exécution
règle ne fait pas obstacle à l’application
des dispositions des décisions étrangères Il est mis fin à l’exécution lorsqu’en rai-
relatives aux droits des tiers, sauf si ceux-ci son d’une décision ou d’un acte de procé-
n’ont pas été mis à même de faire valoir dure émanant de l’Etat qui a prononcé la
leurs droits devant la juridiction compétente sanction, celle-ci perd son caractère exé-
de l’Etat étranger dans des conditions ana- cutoire.
logues à celles prévues par la loi en vigueur.

Article 70 - Refus d’exécution


Article 66 - Sort des biens
confisqués La demande d’exécution de la
condamnation prononcée à l’étranger est
L’Etat jouit du pouvoir de disposition rejetée si la peine est prescrite au regard de
sur les biens confisqués sur son territoire à la la loi de l’Etat requérant.
demande d’autorités étrangères, à moins
qu’un accord conclu avec le gouverne-
Chapitre IV : Extradition
ment requérant n’en décide autrement.

Article 71 - Conditions de
Article 67 - Demande d’exécution
l’extradition
des décisions rendues
à l’étranger Sont sujets à l’extradition :

Les condamnations à des peines pri- - les individus poursuivis pour les
vatives de liberté, à des amendes et confis- infractions visées par la présente loi
cations, ainsi qu’à des déchéances quelle que soit la durée de la peine
prononcées pour les infractions visées par la encourue sur le territoire national ;
présente loi, par une décision définitive
émanant d’une juridiction d’un Etat memb- - les individus qui, pour des infractions
re de l’UEMOA, peuvent être exécutées sur visées par la présente loi, sont

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 55


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

condamnés définitivement par les lent insuffisantes pour permettre une déci-
tribunaux de l’Etat requérant, sans sion, l’Etat demande le complément d’in-
qu’il soit nécessaire de tenir compte formations nécessaires et pourra fixer un
de la peine prononcée. délai de quinze (15) jours pour l’obtention
de ces informations, à moins que ce délai
Il n’est pas dérogé aux règles de droit ne soit incompatible avec la nature de l’af-
commun de l’extradition, notamment celles faire.
relatives à la double incrimination.
Article 74 - Arrestation provisoire

Article 72 - Procédure simplifiée En cas d’urgence, l’autorité compé-


tente de l’Etat requérant, peut demander
Lorsque la demande d’extradition l’arrestation provisoire de l’individu recher-
concerne une personne ayant commis ché, en attendant la présentation d’une
l’une des infractions prévues par la présen- demande d’extradition ; il est statué sur
te loi, elle est adressée directement au cette demande, conformément à la légis-
Procureur Général compétent de l’Etat lation en vigueur.
requis, avec ampliation, pour information,
au Ministre chargé de la Justice. La demande d’arrestation provisoire
indique l’existence d’une des pièces visées
Elle est accompagnée : à l’article 72 et précise l’intention d’envoyer

- de l’original ou de l’expédition une demande d’extradition ; elle mention-


authentique, soit d’une décision de ne l’infraction pour laquelle l’extradition est
condamnation exécutoire, soit d’un demandée, le temps et le lieu où elle a été
mandat d’arrêt ou de tout autre commise, la peine qui est ou peut être
acte ayant la même force, délivré encourue ou qui a été prononcée, le lieu
dans les formes prescrites par la loi où se trouve l’individu recherché s’il est
de l’Etat requérant et portant l’indi- connu, ainsi que, dans la mesure du possi-
cation précise du temps, du lieu et
ble, le signalement de celui-ci.
des circonstances des faits constitu-
tifs de l’infraction et de leur qualifi- La demande d’arrestation provisoire
cation ; est transmise aux autorités compétentes,
- d’une copie certifiée conforme des soit par voie diplomatique, soit directement
dispositions légales applicables par voie postale ou télégraphique, soit par
avec l’indication de la peine encou- l’organisation internationale de Police crimi-
rue ; nelle, soit par tout autre moyen laissant une
trace écrite ou admis par la législation en
- d’un document comportant un
signalement aussi précis que possi- vigueur de l’Etat.
ble de l’individu réclamé, ainsi que L’autorité compétente est informée,
tous autres renseignements de natu-
sans délai, de la suite donnée à sa deman-
re à déterminer son identité, sa
de.
nationalité et l’endroit où il se trouve.
L’arrestation provisoire prend fin si,
Article 73 - Complément dans le délai de vingt (20) jours, l’autorité
d’information compétente n’a pas été saisie de la
Lorsque les informations communi- demande d’extradition et des pièces men-
quées par l’autorité compétente se révè- tionnées à l’article 72.

56 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

Toutefois, la mise en liberté provisoire Si elle l’estime nécessaire pour une


est possible à tout moment, sauf pour l’au- procédure pénale, l’autorité compétente,
torité compétente à prendre toute mesure peut retenir temporairement les objets saisis.
qu’elle estimera nécessaire en vue d’éviter
la fuite de la personne poursuivie. Elle peut, en les transmettant, se réser-
ver la faculté d’en demander le retour pour
La mise en liberté provisoire ne fait
le même motif, en s'obligeant à les ren-
pas obstacle à une nouvelle arrestation et à
voyer dès que faire se peut.
l’extradition si la demande d’extradition
parvient ultérieurement.

Article 75 - Remise d’objets


Lorsqu’il y a lieu à extradition, tous les
objets susceptibles de servir de pièces à TITRE VI :
conviction ou provenant de l’infraction et DISPOSITIONS FINALES
trouvés en la possession de l’individu récla-
mé au moment de son arrestation ou Article 76 - Information de l’Autorité
découverts ultérieurement sont saisis et de contrôle des poursuites
remis à l’autorité compétente de l’Etat
engagées contre les
requérant, à sa demande.
assujettis sous sa tutelle
Cette remise peut être effectuée
Le Procureur de la République avise
même si l’extradition ne peut s’accomplir
toute Autorité de contrôle compétente des
par suite de l’évasion ou de la mort de l’in-
poursuites engagées contre les assujettis
dividu réclamé.
sous sa tutelle, en application des disposi-
tions de la présente loi.
Sont, toutefois, réservés les droits que
les tiers auraient acquis sur lesdits objets qui
devront, si de tels droits existent, être rendus Article 77 - Entrée en vigueur
le plus tôt possible et sans frais à l’Etat
La présente loi entre en vigueur……..
requis, à l’issue des procédures exercées
dans l’Etat requérant. Fait à ……….., le………………..

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 57


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

ANNEXE a) L'identification directe est effec-


tuée par la succursale ou le bureau
MODALITES D’IDENTIFICATION de représentation de l'organisme
DES CLIENTS (PERSONNES PHYSIQUES) financier contractant qui est le plus
PAR LES ORGANISMES FINANCIERS proche du client.
DANS LE CAS D'OPERATIONS
b) Dans les cas où l'identification est
FINANCIERES A DISTANCE
effectuée sans contact direct
avec le client :
Dans le cadre de la lutte contre le
blanchiment de capitaux, les procédures - la fourniture d'une copie du docu-
d'identification mises en œuvre par les ment d'identité officiel du client ou
organismes financiers, pour les opérations du numéro du document d'identité
financières à distance, doivent être confor- officiel, est exigée. Une attention
mes aux principes suivants : spéciale est accordée à la vérifica-
tion de l'adresse du client lorsque
1. Les procédures doivent assurer une celle-ci est indiquée sur le document
identification appropriée du client ; d'identité (par exemple en envoyant
les pièces afférentes à l'opération à
2. Les procédures peuvent être appli-
l'adresse du client sous pli recom-
quées à condition qu'aucun motif
mandé, avec avis de réception) ;
raisonnable ne laisse penser que le
contact direct (face à face) est - le premier paiement afférent à l'opé-
évité afin de dissimuler l'identité ration doit être effectué par l'inter-
véritable du client et qu'aucun médiaire d'un compte ouvert au
blanchiment de capitaux ne soit nom du client auprès d'un établisse-
suspecté ; ment de crédit situé dans l’espace
UEMOA. Les Etats membres peuvent
3. Les procédures ne doivent pas être
autoriser les paiements réalisés par
appliquées aux opérations impli-
l'intermédiaire d'établissements de
quant l'emploi d'espèces ;
crédit de bonne réputation établis
4. Les procédures de contrôle internes dans des pays tiers qui appliquent
visées à l'article 7 de la loi uniforme des normes anti-blanchiment équi-
relative à la lutte contre le blanchi- valentes ;
ment de capitaux dans les Etats
- l'organisme financier contractant
membres de l’UEMOA doivent tenir
doit soigneusement vérifier que l'i-
spécialement compte des opéra-
dentité du titulaire du compte par
tions à distance ;
l'intermédiaire duquel le paiement
5. Dans le cas où la contrepartie est réalisé correspond effectivement
de l'organisme financier réalisant à celle du client, telle qu'indiquée
l'opération (organisme financier dans le document d'identité (ou
contractant) serait un client, établie à partir du numéro d'identifi-
l'identification peut être effectuée cation). En cas de doute sur ce
en recourant aux procédures sui- point, l'organisme financier contrac-
vantes : tant doit contacter l'établissement

58 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA

de crédit auprès duquel le compte té de sa contrepartie auprès des


est ouvert afin de confirmer l'identité autorités de contrôle du pays tiers
du titulaire du compte. S'il subsiste concerné. L'organisme financier
encore un doute, il conviendra d'exi- est également tenu de prendre
ger de cet établissement de crédit "des mesures raisonnables" en vue
un certificat attestant de l'identité d'obtenir des informations sur le
du titulaire du compte et confirmant client de sa contrepartie, à savoir
qu'il a été dûment procédé à l'iden- le bénéficiaire effectif de l'opéra-
tification et que les informations qui y tion, conformément à l’article 9 ali-
sont relatives ont été enregistrées, néa 1er de la loi uniforme relative à
conformément à la présente loi. la lutte contre le blanchiment de
capitaux dans les Etats membres
6. Dans le cas où la contrepartie de de l’UEMOA. Ces "mesures raison-
l'organisme financier contractant nables" peuvent se limiter - lorsque
serait un autre établissement agis- le pays de la contrepartie applique
sant pour le compte d'un client : des obligations d'identification
équivalentes - à demander le nom
a) lorsque la contrepartie est située et l'adresse du client, mais il peut y
dans l’Union, l'identification du avoir lieu, lorsque ces obligations
client par l'organisme financier ne sont pas équivalentes, d'exiger
contractant n'est pas requise, de la contrepartie un certificat
conformément à l’article 9 alinéa 4 confirmant que l'identité du client
de la loi uniforme relative à la lutte a été dûment vérifiée et enregis-
contre le blanchiment de capitaux trée.
dans les Etats membres de
l’UEMOA ; 7. Les procédures susmentionnées
sont sans préjudice de l'emploi
b) lorsque la contrepartie est située
d'autres méthodes qui, de l'avis des
hors de l’Union, l'organisme finan-
autorités compétentes, pourraient
cier doit vérifier son identité en
offrir des garanties équivalentes en
consultant un annuaire financier
fiable. En cas de doute à cet matière d'identification dans le
égard, l'organisme financier doit cadre d'opérations financières à
demander confirmation de l'identi- distance.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 59


Décret (cadre) portant création, organisation et fonctionnement d’une cellule nationale de traitement des informations financières

DECRET (CADRE) PORTANT d’un pouvoir de décision autonome sur les


CREATION, ORGANISATION ET matières relevant de ses attributions, en
FONCTIONNEMENT D’UNE CELLULE vertu des dispositions de l’article 17 de la loi
uniforme n°…, du…, relative à la lutte cont-
NATIONALE DE TRAITEMENT
re le blanchiment de capitaux dans les
DES INFORMATIONS FINANCIERES
Etats membres de l’UEMOA.

Le Président de la (ou du)………(indi- Article 3


quer le nom du pays concerné)
En vertu des dispositions de l’article 17
Vu la Constitution, notamment en ses de la loi uniforme n°…, du…, relative à la
articles………………….…. lutte contre le blanchiment de capitaux
dans les Etats membres de l’UEMOA, la
Vu le Traité du 14 novembre 1973
CENTIF a notamment pour mission de rece-
instituant l’Union Monétaire Ouest Africaine
voir, d’analyser et de traiter les renseigne-
(UMOA) ;
ments propres à établir l’origine des
Vu le Traité du 10 janvier 1994 portant transactions ou la nature des opérations fai-
création de l’Union Economique et sant l’objet de déclarations de soupçons
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ; auxquelles sont astreintes les personnes
physiques et morales assujetties.
Vu la Directive n° 07/2002/CM/UEMOA,
du 19 septembre 2002, relative à la lutte La CENTIF reçoit également toutes
contre le blanchiment de capitaux dans les autres informations utiles, nécessaires à l’ac-
Etats membres de l’UEMOA ; complissement de sa mission, notamment
celles communiquées par les Autorités de
Vu la loi uniforme n°…, du…, relative contrôle, ainsi que les officiers de police
à la lutte contre le blanchiment de capi- judiciaire.
taux dans les Etats membres de l’UEMOA ;
Elle peut demander la communica-
Sur le rapport du Ministre chargé des tion, par les assujettis ainsi que par toute
Finances ; personne physique ou morale, d’informa-
tions détenues par eux et susceptibles de
Le Conseil des Ministres entendu, permettre d’enrichir les déclarations de
soupçons.

DECRETE La CENTIF effectue ou fait réaliser des


études périodiques sur l’évolution des tech-
Article premier niques utilisées aux fins du blanchiment de
capitaux au niveau du territoire national.
En application des dispositions de l’ar-
ticle 16 de la loi uniforme n°…, du…, relative Elle émet des avis sur la mise en
à la lutte contre le blanchiment de capi- œuvre de la politique de l’Etat en matière
taux dans les Etats membres de l’Union de lutte contre le blanchiment de capitaux.
Economique et Monétaire Ouest Africaine A ce titre, elle propose toutes réformes
(UEMOA), il est créé une Cellule Nationale nécessaires au renforcement de l’efficacité
de Traitement des Informations Financières de la lutte contre le blanchiment de capi-
(CENTIF). taux.

Article 2 Article 4
La CENTIF est un service administratif Conformément aux dispositions de
doté de l’autonomie financière, ainsi que l’article 18 de la loi uniforme n°…, du…, rela-

60 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Décret (cadre) portant création, organisation et fonctionnement d’une cellule nationale de traitement des informations financières

tive à la lutte contre le blanchiment de tionnaires de l’Etat perçoivent, outre leurs


capitaux dans les Etats membres de salaires, une indemnité mensuelle de fonc-
l’UEMOA, le fonctionnement de la CENTIF tion, dont le montant est fixé par arrêté du
est assuré par un effectif de six (06) memb- Ministre chargé des Finances.
res, nommés par décret, à savoir :
Article 7
. un (01) haut fonctionnaire issu soit
de la Direction des Douanes, soit de Dans l’exercice de ses attributions, la
la Direction du Trésor, soit de la CENTIF peut recourir à des correspondants
Direction des Impôts, ayant rang de au sein des Services de la Police, de la
Directeur d’Administration centrale, Gendarmerie, des Douanes ainsi que des
détaché par le Ministère chargé des Services Judiciaires de l’Etat et de tout
Finances. Il assure la présidence de autre Service dont le concours est jugé
la CENTIF ; nécessaire dans le cadre de la lutte contre
le blanchiment de capitaux.
. un (01) magistrat spécialisé dans les
questions financières, détaché par Les correspondants identifiés sont
le Ministère chargé de la Justice ; désignés ès qualité par arrêté de leur Minis-
tre de tutelle. Ils collaborent avec la CENTIF
. un (01) haut fonctionnaire de la
dans le cadre de la mise en œuvre d’ac-
Police Judiciaire, détaché par le
tions de lutte contre le blanchiment de
Ministère chargé de la Sécurité (ou
capitaux, notamment dans le domaine de
par le Ministère de tutelle en ce qui
concerne la Guinée-Bissau) ; la collecte des renseignements financiers. Ils
sont tenus au respect du secret des infor-
. un (01) représentant de la BCEAO mations recueillies dans l’exercice de leurs
assurant le Secrétariat de la CENTIF ; fonctions, même après la cessation de cel-
. un (01) chargé d’enquêtes, les-ci.
Inspecteur des Services des
Article 8
Douanes, détaché par le Ministère
chargé des Finances ; Les membres et les correspondants
de la CENTIF prêtent serment avant d’entrer
. un (01) chargé d’enquêtes, Officier
en fonction.
de Police Judiciaire, détaché par le
Ministère chargé de la Sécurité (ou
Article 9
par le Ministère de tutelle en ce qui
concerne la Guinée-Bissau).
Les membres et les correspondants
Article 5 de la CENTIF sont tenus au respect du sec-
ret des informations recueillies dans l’exerci-
Les membres de la CENTIF exercent ce de leurs fonctions, même après la
leurs fonctions, à titre permanent, pour une
cessation de celles-ci.
durée de trois (03) ans, renouvelable une
fois. En tout état de cause, ces informa-
tions ne pourront être utilisées à d’autres fins
Article 6
que celles prévues par loi uniforme relative
Pendant toute la durée de leur fonc- à la lutte contre le blanchiment de capi-
tion au sein de la CENTIF, les membres fonc- taux.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 61


Décret (cadre) portant création, organisation et fonctionnement d’une cellule nationale de traitement des informations financières

Article 10 Article 12

Dans le respect des lois et règlements La CENTIF peut, sous réserve de réci-
en vigueur sur la protection de la vie privée, procité, échanger des informations avec les
la CENTIF a spécialement en charge de services de renseignements financiers des
créer et de faire fonctionner une banque Etats tiers chargés de recevoir et de traiter
de données contenant toutes informations les déclarations de soupçons, lorsque ces
utiles concernant les déclarations de soup- derniers sont soumis à des obligations ana-
çons prévues par la loi uniforme n°…, du…, logues de secret professionnel.
relative à la lutte contre le blanchiment de
capitaux dans les Etats membres de La conclusion d’accords entre la
l’UEMOA. CENTIF et un Service de renseignement
d’un Etat tiers nécessite l’autorisation pré-
Ces informations sont mises à jour et
alable du Ministre chargé des Finances.
organisées de manière à optimiser les
recherches permettant d’étayer les soup-
Article 13
çons ou de les lever.

Article 11 En vertu des dispositions de l’article 22


de la loi uniforme n°…, du…, relative à la
Conformément aux dispositions de lutte contre le blanchiment de capitaux
l’article 23 de la loi n°…, du …, relative à la dans les Etats membres de l’UEMOA, les res-
lutte contre le blanchiment de capitaux sources de la CENTIF proviennent d’une
dans les Etats membres de l’UEMOA, la dotation de l’Etat, complétée par des
CENTIF est tenue de : apports des Institutions de l’UEMOA et des
- communiquer, à la demande partenaires au développement.
dûment motivée d’une CENTIF d’un Etat
Le Ministre chargé des Finances
membre de l’UEMOA dans le cadre d’une
approuve le budget de fonctionnement de
enquête, toutes informations et données
la CENTIF.
relatives aux investigations entreprises à la
suite d’une déclaration de soupçons au
niveau national ; Article 14

- transmettre périodiquement (trimes- Un Règlement Intérieur, approuvé par


triellement et annuellement) des rapports le Ministre chargé des Finances, fixe les
détaillés sur ses activités au Siège de la règles de fonctionnement interne de la
BCEAO, chargé de réaliser la synthèse des CENTIF.
rapports des CENTIF aux fins de l’information
du Conseil des Ministres de l’UEMOA. Article 15
La CENTIF élabore des rapports trimes-
Le Ministre chargé des Finances est
triels et un rapport annuel qui analysent l’é-
chargé de l’application du présent décret
volution des activités de lutte contre le
qui sera publié au Journal Officiel de la (ou
blanchiment de capitaux au plan national
du)…(Préciser le nom du pays concerné ).
et international, et procède à l’évaluation
des déclarations recueillies. Ces rapports
sont soumis au Ministre chargé des
Fait à……………., le………………..
Finances.

62 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Règlement n° 14/2002/CM/UEMOA relatif au gel des fonds et autres ressources financières

REGLEMENT N° 14/2002/CM/UEMOA BCEAO ou Banque Centrale : La


RELATIF AU GEL DES FONDS ET AUTRES Banque Centrale des Etats de l’Afrique de
RESSOURCES FINANCIERES DANS l’Ouest.
LE CADRE DE LA LUTTE CONTRE LE
FINANCEMENT DU TERRORISME DANS Comité des sanctions : Le comité
LES ETATS MEMBRES DE L’UNION institué par la résolution n° 1267 (1999) du
ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST Conseil de sécurité des Nations Unies.
AFRICAINE (UEMOA)
Conseil de Sécurité : Le Conseil de
Sécurité des Nations Unies.
LE CONSEIL DES MINISTRES DE L’UNION
ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST Etat membre : L’Etat-partie au Traité
de l’Union Economique et Monétaire Ouest
AFRICAINE (UEMOA)
Africaine.
Vu le Traité du 10 janvier 1994 consti-
Fonds et autres ressources financières :
tuant l’Union Economique et Monétaire
tous les actifs financiers et avantages éco-
Ouest Africaine (UEMOA), notamment en
nomiques de quelque nature que ce soit, y
ses articles 6, 7, 16, 21, 42, 43, 97, 98 et 113 ;
compris, mais pas exclusivement, le numé-
raire, les chèques, les créances en numérai-
Vu le Traité du 14 novembre 1973
re, les traites, les ordres de paiement et
constituant l’Union Monétaire Ouest
autres instruments de paiement, les dépôts
Africaine (UMOA), notamment en son arti-
auprès des banques et établissements
cle 22 ;
financiers, les soldes en comptes, les créan-
Sur proposition conjointe de la ces et les titres de créances, les titres négo-
ciés et les instruments de la dette,
Commission de l’UEMOA et de la BCEAO ;
notamment les actions et autres titres de
Après avis du Comité des Experts participation, les certificats de titres, les obli-
Statutaire en date du 13 septembre 2002 ; gations, les billets à ordre, les warrants, les
titres non gagés, les contrats sur produits
Considérant les Résolutions n°1267 dérivés, les intérêts, les dividendes ou autres
(1999) et n°1373 (2001) du Conseil de revenus d’actifs ou plus-values perçus sur
Sécurité de l’Organisation des Nations Unies ; des actifs, le crédit, le droit à compensa-
tion, les garanties, les garanties de bonne
EDICTE LE REGLEMENT DONT LA TENEUR SUIT : exécution ou autres engagements finan-
ciers, les lettres de crédit, les connaisse-
Article premier - Terminologie ments, les contrats de vente, tout
document attestant la détention de parts
Au sens du présent Règlement, on d’un fonds ou de ressources financières et
entend par : tout autre instrument de financement à
l’exportation.
Conseil des Ministres : Conseil des
Ministres de l’Union Economique et Gel des fonds : Toute action visant à
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). empêcher tout mouvement, transfert,
modification, utilisation ou manipulation de
Commission Bancaire : Commission fonds qui aurait pour conséquence un
Bancaire de l’UMOA. changement de leur volume, de leur montant,

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 63


Règlement n° 14/2002/CM/UEMOA relatif au gel des fonds et autres ressources financières

de leur localisation, de leur propriété, de Article 4 - Conditions d’application


leur possession, de leur nature, de leur desti- des mesures de gel des
nation ou toute autre modification qui pour-
fonds et autres ressour-
rait en permettre l’utilisation, notamment la
gestion de portefeuille.
ces financières

Tous les fonds et autres ressources


Loi portant Réglementation Bancaire :
financières appartenant à toute personne
Loi portant Réglementation Bancaire, appli-
physique ou morale, toute entité ou tout
cable dans les Etats membres de l’UMOA.
organisme désigné par le Comité des sanc-
UEMOA : L’Union Economique et tions, sont gelés.

Monétaire Ouest Africaine.


A cet effet, le Conseil des Ministres
UMOA : L’Union Monétaire Ouest arrête la liste des personnes, entités et orga-
nismes dont les fonds doivent être gelés.
Africaine.

Union : L’Union Economique et Pendant toute la durée de la mesure


de suspension, ces fonds ou autres ressour-
Monétaire Ouest Africaine.
ces financières ne doivent pas être mis,
directement ou indirectement, à la disposi-
Article 2 - Objet du Règlement
tion ni utilisés au bénéfice des personnes,
Le présent Règlement a pour objet de des entités ou des organismes visés à l’ali-
fixer les règles relatives au gel des fonds et néa premier.
autres ressources financières, dans les Etats
Les alinéas 1 et 2 ne s’appliquent pas
membres, par les personnes visées à l’article aux fonds et ressources financières faisant
3, en application de la Résolution n° 1267 l’objet d’une dérogation accordée par le
(1999) du Conseil de Sécurité des Nations Comité des sanctions. Ces dérogations
Unies, afin de prévenir l’utilisation des cir- peuvent être obtenues par l’intermédiaire
cuits bancaires et financiers de l’Union à de la Banque Centrale.
des fins de financement d’actes de terroris-
me. Article 5 - Obligation d’information
et de coopération
Article 3 - Champ d’application du
Règlement Les banques et établissements finan-
ciers visés à l’article 3 ci-dessus, sont tenus,
Les dispositions du présent Règlement dès qu’ils en ont connaissance, de fournir
sont applicables aux banques et établisse- immédiatement à la Banque Centrale et à
ments financiers, au sens de la loi portant la Commission Bancaire, toute information
réglementation bancaire, exerçant leur de nature à favoriser le respect du présent
activité sur le territoire des Etats membres Règlement, notamment en ce qui concer-
de l’UEMOA, quels que soient leur statut juri- ne les fonds et ressources financières gelés
conformément à l’article 4.
dique, le lieu de leur siège social ou de leur
principal établissement et la nationalité des Ils coopèrent avec la Banque
propriétaires de leur capital social ou de Centrale et la Commission Bancaire afin de
leurs dirigeants. vérifier, le cas échéant, cette information.

64 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Règlement n° 14/2002/CM/UEMOA relatif au gel des fonds et autres ressources financières

Toute information fournie ou reçue La BCEAO et la Commission Bancaire


conformément au présent article, ne peut sont chargées du suivi de l’application du
être utilisée à d’autres fins que celles pré- présent Règlement.
vues par le présent Règlement.
Article 9 - Modifications du
Article 6 - Levée du secret Règlement
professionnel
Le présent Règlement peut être modi-
Nonobstant toutes dispositions législa- fié par le Conseil des Ministres de l’UEMOA,
à l’initiative de la BCEAO, sur proposition
tives ou réglementaires contraires, le secret
conjointe de la Commission de l’UEMOA et
professionnel ne peut être invoqué par les
de la BCEAO.
banques et établissements financiers, pour
refuser de fournir à la Banque Centrale et à Entre deux sessions du Conseil des
la Commission Bancaire, les informations Ministres, le Président du Conseil des
visées à l’article 5 du présent Règlement. Ministres est habilité, sur proposition du
Gouverneur de la BCEAO, à modifier ou
compléter la liste des personnes, entités et
Article 7 - Sanctions
organismes dont les fonds doivent être
La violation des dispositions du pré- gelés, sur le fondement des décisions du
sent Règlement entraîne notamment l’ap- Conseil de Sécurité des Nations Unies ou du
Comité des sanctions. Les mesures conser-
plication des sanctions prévues à l’article 52
vatoires prises par le Président du Conseil
de la loi portant réglementation bancaire,
des Ministres sont soumises pour approba-
en particulier celles relatives au non-respect
tion au prochain Conseil des Ministres.
des dispositions des articles 42 et 45 de ladi-
te loi, et ce, sans préjudice des sanctions
Article 10 - Entrée en vigueur du
administratives ou disciplinaires prévues par
Règlement
la Convention portant création de la
Commission Bancaire en date du 24 avril Le présent Règlement qui entre en
1990. vigueur à compter de sa date de signature,
sera publié au Bulletin Officiel de l’Union.
Article 8 - Suivi de l’application du
Règlement Fait à Ouagadougou, le 19 septembre 2002

Le présent Règlement s’applique, Pour le Conseil des Ministres,


nonobstant l’existence de droits conférés
Le Président
ou d’obligations imposées en vertu de tout
accord international, tout contrat conclu
ou toutes autorisations ou permis accordés
avant son entrée en vigueur. Kossi ASSIMAIDOU

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 65


Décision n° 06/2003/CM/UEMOA relative à la liste des personnes, entités ou organismes visés par le gel des fonds

DECISION N° 06/2003/CM/UEMOA DECIDE :


RELATIVE A LA LISTE DES PERSONNES,
ENTITES OU ORGANISMES VISES Article premier
PAR LE GEL DES FONDS ET AUTRES
La présente Décision a pour objet de
RESSOURCES FINANCIERES DANS LE
mettre en œuvre, dans les Etats membres
CADRE DE LA LUTTE CONTRE LE
de l’Union Economique et Monétaire Ouest
FINANCEMENT DU TERRORISME DANS
Africaine (UEMOA), les mesures de gels de
LES ETATS MEMBRES DE L’UNION
fonds et autres ressources financières prises
ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST
par le Comité des Sanctions du Conseil de
AFRICAINE (UEMOA)
Sécurité des Nations Unies, en application
LE CONSEIL DES MINISTRES DE L’UNION notamment des résolutions n° 1267 (1999) et
ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST n° 1373 (2001) du Conseil de Sécurité.

AFRICAINE (UEMOA)
Article 2
Vu le Traité du 10 janvier 1994 consti-
tuant l’Union Economique et Monétaire En application des dispositions de l’ar-
Ouest Africaine (UEMOA), notamment en ticle 4 du Règlement n° 14/2002/CM/
ses articles 6, 7, 16, 21, 42, 43, 97, 98 et 113 ; UEMOA du 19 septembre 2002, est annexée
à la présente Décision, dont elle fait partie
Vu le Traité du 14 novembre 1973
intégrante, la liste des personnes, entités ou
constituant l’Union Monétaire Ouest
organismes visés par le gel des fonds et aut-
Africaine (UMOA), notamment en son arti-
cle 22 ; res ressources financières dans le cadre de
la lutte contre le financement du terrorisme
Vu le Règlement n° 14/2002/CM/UEMOA dans les Etats membres de l’UEMOA.
du 19 septembre 2002 relatif au gel des
fonds et autres ressources financières dans Cette liste a été arrêtée le 1er avril
le cadre de la lutte contre le financement 2003 par le Comité des Sanctions du Conseil
du terrorisme dans les Etats membres de
de Sécurité des Nations Unies, en applica-
l’UEMOA, notamment en son article 4 ;
tion notamment des résolutions visées à l’ar-
ticle premier.
Considérant les résolutions n°1267
(1999) et n° 1373 (2001) du Conseil de
Sécurité de l’Organisation des Nations Unies ; Article 3

Sur proposition conjointe de la La présente Décision peut être modi-


Commission de l’UEMOA et de la BCEAO ; fiée par le Conseil des Ministres de l’UEMOA,
à l’initiative de la BCEAO, sur proposition
Vu l’avis, en date du 20 juin 2003, du conjointe de la Commission de l’UEMOA et
Comité des Experts Statutaire ; de la BCEAO.

66 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Décision n° 06/2003/CM/UEMOA relative à la liste des personnes, entités ou organismes visés par le gel des fonds

En vertu de l’article 9 alinéa 2 du Article 4


Règlement N° 14/2002/CM/UEMOA, du 19
septembre 2002, entre deux sessions du La BCEAO et la Commission Bancaire
Conseil des Ministres, le Président du Conseil de l’UMOA sont chargées du suivi de l’ap-
des Ministres est habilité, sur proposition du plication de la présente Décision.

Gouverneur de la BCEAO, à modifier ou


Article 5
compléter la liste des personnes, entités ou
organismes dont les fonds doivent être
La présente Décision, qui entre en
gelés, conformément aux décisions du vigueur à compter de sa date de signature,
Conseil de Sécurité des Nations Unies ou du sera publiée au Bulletin Officiel de l’Union.
Comité des Sanctions.

Fait à Dakar, le 26 juin 2003


Les mesures conservatoires, prises par
le Président du Conseil des Ministres, sont Pour le Conseil des Ministres,
soumises pour approbation au prochain La Présidente

Conseil des Ministres. Madame Ayawovi Demba TIGNOKPA

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 67


Décision n° 04/2004/CM/UEMOA portant modification de la décision n° 06/2003/CM/UEMOA du 26 juin 2003

DECISION N°04/2004/CM/UEMOA Sur proposition conjointe de la


PORTANT MODIFICATION DE Commission de l'UEMOA et de la BCEAO ;
LA DECISION N° 06/2003/CM/UEMOA
Vu l'avis, en date du 25 juin 2004, du
DU 26 JUIN 2003 RELATIVE A LA LISTE Comité des Experts Statutaire ;
DES PERSONNES, ENTITES OU
ORGANISMES VISES PAR LE GEL DECIDE:
DES FONDS ET AUTRES RESSOURCES
FINANCIERES DANS LE CADRE DE Article premier
LA LUTTE CONTRE LE FINANCEMENT La présente Décision a pour objet de
DU TERRORISME DANS LES ETATS MEMBRES modifier la Décision n° 06/2003/CM/UEMOA
DE L'UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE du 26 juin 2003 relative à la liste des person-
OUEST AFRICAINE (UEMOA) nes, entités ou organismes visés par le gel
des fonds et autres ressources financières
dans le cadre de la lutte contre le finance-
LE CONSEIL DES MINISTRES DE L'UNION
ment du terrorisme dans les Etats membres
ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST
de l'UEMOA, destinée à mettre en œuvre
AFRICAINE (UEMOA) les mesures de gels de fonds et autres res-
sources financières prises par le Comité des
Vu le Traité du 10 janvier 1994 consti-
Sanctions du Conseil de Sécurité des
tuant l'Union Economique et Monétaire
Nations Unies, en application notamment
Ouest Africaine (UEMOA), notamment en
des résolutions n° 1267 (1999) et n° 1373
ses articles 6, 7, 16, 21, 42, 43, 97, 98 et 113 ;
(2001) du Conseil de Sécurité.
Vu le Traité du 14 novembre 1973
constituant l'Union Monétaire Ouest Article 2
Africaine (UMOA), notamment en son arti-
cle 22 ; En application des dispositions de
l'article 4 du Règlement n°14/2002/CM/
Vu le Règlement n° 14/2002/CM/UEMOA UEMOA du 19 septembre 2002, est annexée
du 19 septembre 2002 relatif au gel des à la présente Décision, dont elle fait partie
fonds et autres ressources financières dans intégrante, la liste des personnes, entités ou
le cadre de la lutte contre le financement organismes visés par le gel des fonds et aut-
du terrorisme dans les Etats membres de res ressources financières telle qu'arrêtée, le
l'UEMOA, notamment en son article 4 ; 11 mai 2004, par le Comité des Sanctions du
Conseil de Sécurité des Nations Unies,
Vu la Décision n° 06/2003/CM/UEMOA conformément à ses résolutions n° 1267
du 26 juin 2003 relative à la liste des person- (1999) et n° 1373 (2001).
nes, entités ou organismes visés par le gel
des fonds et autres ressources financières La présente liste annule et remplace
dans le cadre de la lutte contre le finance- la précédente, annexée à la Décision n°
ment du terrorisme dans les Etats membres 06/2003/CM/UEMOA du 26 juin 2003.
de l'UEMOA, notamment en son article 3 ;
Article 3
Considérant les résolutions n° 1267 (1999)
et n° 1373 (2001) du Conseil de Sécurité de La présente Décision peut être modi-
l'Organisation des Nations Unies ; fiée par le Conseil des Ministres de l'UEMOA,

68 DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Décision n° 04/2004/CM/UEMOA portant modification de la décision n° 06/2003/CM/UEMOA du 26 juin 2003

à l'initiative de la BCEAO, sur proposition soumises pour approbation au prochain


conjointe de la Commission de l'UEMOA et Conseil des Ministres.
de la BCEAO.
Article 4
En vertu de l'article 9 alinéa 2 du
La BCEAO et la Commission Bancaire
Règlement n° 14/2002/CM/UEMOA, du 19
de l'UMOA sont chargées du suivi de l'appli-
septembre 2002, entre deux sessions du
cation de la présente Décision.
Conseil des Ministres, le Président du Conseil
des Ministres est habilité, sur proposition du Article 5
Gouverneur de la BCEAO, à modifier ou
La présente Décision, qui entre en
compléter la liste des personnes, entités ou
vigueur à compter de sa date de signature,
organismes dont les fonds doivent être
sera publiée au Bulletin Officiel de l'Union.
gelés, conformément aux décisions du
Conseil de Sécurité des Nations Unies ou du
Comité des Sanctions. Fait à Dakar, le 05 juillet 2004

Les mesures conservatoires, prises par Pour le Conseil des Ministres, Le Président

le Président du Conseil des Ministres, sont Grégoire LAOUROU

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 69


ANNEXES

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 71


ANNEXE I : LISTE DES TEXTES 4 - Décision N° 06/2003/CM/UEMOA
ADOPTES AU PLAN COMMUNAUTAIRE relative à la liste des personnes,
entités ou organismes visés par le
1 - Directive N° 07/2002/CM/UEMOA gel des fonds et autres ressources
relative à la lutte contre le blanchi- financières dans le cadre de la
ment de capitaux dans les Etats lutte contre le financement du ter-
membres de l’UEMOA, adoptée le rorisme dans les Etats membres de
19 septembre 2002. l’UEMOA, signée le 26 juin 2003.

2 - Loi uniforme relative à la lutte 5 - Décision N°04/2004/CM/UEMOA


contre le blanchiment de capitaux portant modification de la Décision
dans les Etats membres de
N° 06/2003/CM/UEMOA relative à
l’UEMOA, adoptée le 20 mars 2003.
la liste des personnes, entités ou
3 - Règlement N° 14/2002/CM/UEMOA organismes visés par le gel des
relatif au gel des fonds dans le fonds et autres ressources financiè-
cadre de la lutte contre le finance- res, dans le cadre de la lutte cont-
ment du terrorisme au sein de re le financement du terrorisme
l’UEMOA, adopté le 19 septembre dans les Etats membres de
2002. l’UEMOA, signée le 5 juillet 2004.

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME 73


ANNEXE II : REFERENCES DES TEXTES ADOPTES PAR LES ETATS

LIBELLES DES TEXTES CADRES BENIN BURKINA CÔTE D'IVOIRE GUINEE-BISSAU

Loi uniforme relative à la lutte contre le Loi N° 04/2004 du 2 novembre 2004


blanchiment de capitaux dans les Etats relative à la lutte contre le blanchiment
Non encore adoptée Non encore adoptée Non encore adoptée
membres de l'Union Economique et de capitaux
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)

Décret portant création de la Cellule


Nationale de Traitement des Informations
Non encore signé Non encore signé Non encore signé Non encore signé
Financière (CENTIF)

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


Décret portant nomination des membres Non encore signé Non encore signé Non encore signé Non encore signé
de la Cellule Nationale de Traitement des
Informations Financières

75
76
ANNEXE II : REFERENCES DES TEXTES ADOPTES PAR LES ETATS (suite)

LIBELLES DES TEXTES CADRES MALI NIGER SENEGAL TOGO

Loi uniforme relative à la lutte contre le Loi N°2004-041 du 8 juin 2004 portant Loi N°2004-09 du 06 février
blanchiment de capitaux dans les Etats sur la lutte contre le blanchiment de 2004 relative à la lutte contre le
Non encore adoptée Non encore adoptée
membres de l'Union Economique et capitaux blanchiment de capitaux
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)

Décret N° 2004-262/PRN/MEF/F du Décret N° 2004-1150 du 18


14 septembre 2004 portant création, août 2004 portant création,
Décret portant création de la Cellule
organisation et fonctionnement d'une organisation et fonctionnement
Nationale de Traitement des Informations
Non encore signé Cellule Nationale de Traitement des d'une Cellule Nationale de Non encore signé
Financière (CENTIF)
Informations Financière (CENTIF) Traitement des Informations
Financière (CENTIF)

Décret portant nomination des membres Décret N° 2004-330/PRN/MEF/F du Décret N°2005-58 du 13 janvier
Non encore signé
de la Cellule Nationale de Traitement des 20 octobre 2004 portant nomination 2005 portant nomination du
Non encore signé
Informations Financières des membres de la Cellule Nationale Président de la CENTIF
de Traitement des Informations
Financière

DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME


ACHEVÉ D’IMPRIMER SUR LES PRESSES
DE L’IMPRIMERIE DE LA BCEAO
SEPTEMBRE 2005
LE DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT
DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME
DANS L'UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE
OUEST AFRICAINE (UEMOA)

IMPRIMERIE BCEAO

2005 janvier 2005

Avenue Abdoulaye Fadiga


BP 3108 - Dakar - Sénégal
www.bceao.int

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