Syndicalisme
Syndicalisme
Syndicalisme
Nous pensons que la négociation collective n'est rien d'autre qu'un processus
décisionnel. Elle a pour objet la fixation concertée d'un ensemble de règles
professionnelles tenant aussi bien à la forme qu'au fond des relations de travail.
Elle est l'œuvre des syndicats.
Il faut souligner l'évolution décisive marquée par la loi n° 97-17 portant nouveau
code du travail. Cette évolution consacre une accentuation de la négociation
collective.
Avec cette nouvelle option, le législateur met en avant la négociation entre les
partenaires sociaux. Il donne plus de chance encore à l'amélioration des
conditions de travail. Il favorise une plus grande prise en considération des
spécificités de l'entreprise.
Mais doit-on conclure, ainsi que certains l'ont déjà affirmé, que c'est parce qu'il a
été constaté un certain essoufflement de la négociation collective ?
• Avant l'indépendance
Avec la fin des années 50, le territoire de l'A.O.F. est quadrillé par un réseau très
dense de conventions collectives (C.C.) :
• Après l'indépendance
En règle générale, ces conventions collectives ont fait l'objet d'extension, pour
être applicables à toutes les entreprises des branches d'activités concernées. Le
résultat, c'est qu'aujourd'hui, au Sénégal, la quasi-totalité des travailleurs sont
couverts par une convention collective, à l'exception toutefois des ouvriers
agricoles et des employés de maison
De plus, ce droit d'expression est protégé par l'alinéa 3 qui indique : « Les
opinions que les travailleurs, quelle que soit leur place dans la hiérarchie
professionnelle, émettent dans l'exercice du droit d'expression ne peuvent
motiver une sanction ou un licenciement ».
Par conséquent, ce droit d'expression est destiné aussi bien au travailleur pris
individuellement qu'aux syndicats.
La grève n'est pas définie par la loi. Mais on peut dire que c'est un arrêt de travail
concerté et collectif de la part des travailleurs pour obtenir la satisfaction de
revendications professionnelles.
La loi n° 61-34 avait en effet prévu plusieurs phases dans le règlement des
conflits de travail : la conciliation, l'arbitrage, le recours à un conseil d'arbitrage.
Ces différentes étapes procédurales avaient pour objet d'éviter le déclenchement
des grèves.
Une telle procédure est écartée au profit de celle prévue par la convention
collective lorsqu'elle existe. En effet, la grève s’emploie en son absence ou en
cas d'échec de celle-ci.
Une deuxième insuffisance se trouve être le vide créé par l'absence de recours à
toute autre instance de règlement du différend dès lors que la conciliation
échoue.
Il s'y ajoute que le préavis est déposé uniquement au niveau des syndicats sans
aucune précision sur la forme du dépôt et les motifs de la grève…
Nous pensons que le préavis doit être déposé auprès de l'employeur ou des
employeurs concernés.
Mais surtout, il faut espérer que dans un avenir proche la procédure ainsi
instituée puisse laisser place également à d'autres mécanismes de «règlement
pacifique» des différends du travail sans que ceux-ci ne remettent en cause le
droit de grève.
De même, tous les 3 ans, dans le mois qui précède l'expiration du mandat des
délégués en exercice, l'élection doit avoir lieu dans l'établissement.
On peut donc dire que les syndicats, lorsqu'ils sont représentés dans l'entreprise,
ont un monopole dans la présentation des listes de candidats délégués du
personnel.
Enfin, les syndicats ont le droit de saisir le tribunal du travail aux fins de
contestations relatives à l'électorat, à l'éligibilité ainsi qu'à la régularité des
opérations électorales.
Il nous faut comprendre la notion et l'objet d'une part et, d'autre part, évoquer la
décision appréciant la représentativité et l'autorité habilitée à cet effet.
C'est ainsi que la notion a été reprise par les législations internes. Elle figure dans
l'article L-85 du code du travail comme elle l'a été dans l'ancien code.
Mais le législateur n’en donne toutefois aucune définition. Il ne dégage que des
critères d'appréciation de la représentativité. L'alinéa 5 de l'article L-85 indique:«
Les éléments d'appréciation comprendront notamment :
Ils ne sont pas exclusifs entre eux en ce qu'il s'agit de critères pouvant être
cumulés.
A notre avis, il y a lieu aussi de préciser que l'énumération n'est pas établie en
termes de hiérarchie. Il s'agirait d'éléments d'égale importance.
L'indépendance doit être comprise par rapport aux relations du syndicat avec les
pouvoirs publics, les employeurs, les autres syndicats et toute force susceptible
de remettre en cause les buts poursuivis légalement par le syndicat.
Certains syndicats ont mis en cause la décision, le caractère fiable des modalités
d'enquête. D'autres estiment préférable l'organisation d' « élections générales »
dans les entreprises. Mais de telles élections ne seraient pas conformes aux
critères dégagés par l'article L-85.
Seul le recours hiérarchique était mentionné. Mais il va sans dire que le recours
pour excès de pouvoir contre une décision expresse émise par le Chef du
gouvernement ou après constatation d'une décision implicite était possible. C'est
parce que le recours pour excès de pouvoir reste toujours ouvert, même sans
texte.
Il s'agit ici d'aborder le problème des limites apportées au droit syndical d'un côté
(I), et, de l'autre, d'analyser le rôle des juridictions dans le respect et la
sauvegarde du droit syndical (II).
Il existe des atteintes expresses apportées au droit syndical en même temps que,
pensons-nous, des limites tenant aux pouvoirs d'autres
Quelles sont les causes de telles atteintes et quelles sont les professions
concernées ?
a) Les causes
Il s'agit là d'un objectif qui se justifie mais qui reste souvent critiqué.
Toute solution peut apparaître arbitraire. Ainsi, d'un pays à un autre, ces
solutions ont différé. Le législateur sénégalais a interdit à certaines catégories de
fonctionnaires toute forme de concertations en vue de cesser le travail. Ce qui
signifie que le droit de grève n'existe pas au profit de ces fonctionnaires et que,
par conséquent, si le droit syndical n'est pas expressément interdit, tout
regroupement en vue de cesser le travail est prohibé. D'ailleurs, l'interdiction du
droit syndical est expressément établi pour quelques catégories de
fonctionnaires.
C'est ce qui justifie que dans les grands corps de l'Etat, les fonctionnaires se
regroupent dans des associations appelées « Amicales » pour défendre des
intérêts professionnels.
b) Professions concernées
Ce sont tout d'abord les articles 7 et 99 du Statut général des fonctionnaires qui
prévoient la possibilité de déroger, dans le cadre des statuts particuliers, à
certaines dispositions du droit commun qui seraient incompatibles avec les
nécessités propres aux fonctions en cause. Mais de manière plus spécifique,
s'agissant des fonctionnaires soumis à des lois spéciales, l'interdiction doit
provenir desdites lois.
• Personnel du chiffre
Personnel du chiffre de tout grade, en activité de service, en position de
détachement ou de disponibilité, en vertu de l'article 5 de la loi n° 83-03 du 28
janvier 1983 portant statut spécial du personnel du chiffre.
Loi n° 87-18 du 3 août 1987 portant statut des Inspecteurs Généraux d'Etat,
article 10. Toutefois, cet article indique uniquement ce qui suit : «Le droit de
grève n'est pas reconnu aux Inspecteurs Généraux d'Etat. Tout fait de grève peut
entraîner des sanctions disciplinaires ».
• Magistrats
Article 10 de la loi n° 84-21 du 02 février 1984 portant statut de la Magistrature.
«Les magistrats, même en position de détachement, n'ont pas le droit d'adhérer
à un parti politique et toute manifestation leur est interdite. Ils ne peuvent ni se
constituer en syndicat, ni exercer le droit de grève ».
• Administrateurs civils
Cet article indique en effet : «En application de l'article 99 du Statut général des
fonctionnaires et en raison du caractère particulier des fonctions qui leur sont
dévolues. . ., les administrateurs civils peuvent être sanctionnés en dehors des
garanties disciplinaires pour toute cessation concertée du service ou tout acte
collectif d'indiscipline ».
a) La réquisition
- Signification
Dans tous les cas, le décret pourra requérir collectivement et anonymement les
travailleurs occupant tout ou partie des emplois prévus par le décret n° 72-017
du 11 janvier 1972.
-Domaine de la réquisition
-Secteur privé
Une autre situation limitant la portée des actions syndicales est le pouvoir de
l'employeur de décider du lock-out.
C'est surtout la doctrine qui a tenté de donner des définitions. On peut retenir
simplement que le lock-out est la décision prise par un employeur de fermer
provisoirement son entreprise.
Ce sont les causes, nous allions dire les mobiles, de la décision de l'employeur
qui sont intéressantes à étudier. Elles constituent, de l'avis des auteurs, les
éléments fondamentaux pouvant permettre d'apprécier le caractère licite ou non
du lock-out.
Par contre, le lock-out de riposte contre des actes prohibés dans le cadre de
l'exercice du droit syndical peut constituer une décision licite, acceptable. Tel
serait le cas par exemple lorsque l'employeur fait face à une occupation des lieux
de travail ou de leurs abords immédiats, actes prohibés expressément par
l'alinéa 4 de l'article L-276 du code du travail.
Ce dernier est appelé à jouer un rôle décisif pour l'effectivité du droit syndical et
sa conciliation avec les intérêts également essentiels de l'entreprise.
Il ne s'agira pas de faire une étude très détaillée mais seulement de montrer
quelques axes essentiels du rôle joué par les juridictions.
La liberté syndicale comme la liberté d'opinion sont garanties aussi bien aux
fonctionnaires qu'aux travailleurs des entreprises privées. Interdiction est faite
notamment de faire état dans son dossier, de même que dans tout autre
document administratif, « des opinions ou activités politiques, syndicales,
religieuses ou philosophiques de l'intéressé ».
Tel est par exemple le considérant de principe du très célèbre arrêt Barel du
Conseil d'Etat français, arrêt d'Assemblée, 28 mai 1954.
Cet arrêt annulant une décision prise en matière politique vaut très certainement
en matière syndicale.
Et le Conseil d'Etat de décider dans l'affaire que n'avait commis aucune faute
disciplinaire le secrétaire général d'un syndicat de fonctionnaires qui avait
protesté en cette qualité, dans une lettre véhémente adressée à son ministre,
contre une mesure disciplinaire prise à l'encontre d'un agent, dès lors qu'il
accomplissait la défense des intérêts professionnels des membres du syndicat.
Ont pu être annulées aussi des décisions abaissant des notes attribuées à des
magistrats, décisions fondées sur leurs activités syndicales, notamment à cause
de déclarations faites à la presse, Conseil d'Etat, Assemblée, 31 juin 1975, Volf et
Exertier, Rec-70 et 74, RDP-1975-84-Note Robert.
Ainsi donc, le juge cherche à faire échapper le dirigeant syndical, dans une large
mesure, aux obligations auxquelles il est tenu en qualité de fonctionnaire ou de
travailleur ordinaire.
Toutefois, il reste prudent et scrute toujours les véritables objectifs poursuivis par
le syndicat. A cet égard, l'arrêt récent et retentissant de la cour de cassation du
10 avril 1998 est clair.
La cour de cassation a jugé illégaux deux syndicats liés au Front National, parti
politique d'"extrême droite française" - Voir journal Le Monde/dimanche 12-lundi
13 avril 1998.
La Haute Juridiction a rejeté ces arguments en décidant que « l'intérêt à agir des
syndicats et de l'employeur n'était pas contesté ».
La Cour de Cassation a cassé la décision de la Cour d'Appel de Montpellier et
renvoyé l'affaire devant le juge d'appel de Toulouse.
Le Conseil d'Etat français a toujours jugé que les emplois supérieurs exigent un
véritable loyalisme. Mais lorsque l'administration veut procéder à une sanction
pour faute, elle doit mettre le titulaire de l'emploi en état de présenter sa
défense.
A cet égard, la décision Teissier, Conseil d'Etat, Ass. 13 mars 1953, reste une
jurisprudence de référence. Monsieur Teissier, directeur du C.N.R.S. français,
était en même temps président d'honneur de l'Union Française Universitaire.
Cette organisation fit circuler, à la fin de 1949, une résolution qui s'élevait contre
des mesures d'expulsion de professeurs polonais enseignant en France. Le
Ministre de l'Education Nationale demanda aux hauts fonctionnaires figurant sur
le papier à en-tête qui portait la résolution s'ils étaient solidaires de cette
manifestation.
M. Teissier répondit que, s'il n'avait pas personnellement pris part à l'élaboration
du document, son opinion sur celui-ci ne relevait que de sa conscience. Le
Ministre insatisfait de cette réponse mit fin aux fonctions de M. Teissier qui alla
se pourvoir contre cette décision. Il fut déchu de son pouvoir, motif pris de ce que
la réponse de M.Teissier n'étant pas satisfaisante, le gouvernement avait
légalement retenu une sanction disciplinaire contre lui.
On pourrait dire que l'appréciation est faite ici au cas par cas.