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Colloque européen « Construire avec les sons » - 17/18 mars 2005

Appel d’offre de recherche

Expérimentation / Réalisation
« À L’ÉCOUTE DE L’HÔPITAL »
Assistance publique / Hôpitaux de Paris

« L’objectif est avant tout l’information et la formation sur les relations usages / normes /
conception »

Préambule

Le projet présenté par l’AP / HP, dans sa volonté d’humaniser l’Hôpital, propose d’optimiser la
qualité sonore des espaces hospitaliers pour améliorer la qualité de vie et les conditions
d’hébergement des patients de façon à favoriser le déroulement de leur thérapie et de leurs
soins.

Optimiser la qualité sonore des espaces vécus quotidiennement à l’hôpital, c’est :

- élargir le répertoire des nuisances sonores,


- explorer les pistes de leur maîtrise voire de leur suppression,
- proposer un environnement sonore élargi par l‘expérimentation de dispositifs conçus par les
professionnels du bâtiment sous visa du maître d’ouvrage.

Objet de la réflexion

Cette réflexion a pour objet de présenter les fondements de la conception architecturale


sonore pour le milieu hospitalier

Elle est développée comme suit.

1 • Pour la gestion de l’ensemble du process d’exploration, de conception et de réalisation, les


concepteurs ont fait appel à des partenaires aux disciplines complémentaires.

2 • Une enquête sociologique réalisée sur plusieurs terrains a permis de qualifier les situations
sonores spécifiques et à l’aide d’une présentation monographique des résultats d’orienter
l’élaboration de la conception architecturale

3 • Élaboration d’un programme sonore détaillé

4 • Interprétation et transcriptions architecturales graphiques

1 - Pluridisciplinarité de l’équipe

Autour de l’A.P. / H.P., maître d’Ouvrage,


mandataire et commanditaire, qui fournit le programme fonctionnel et technique, les
objectifs fondamentaux, les normes, usages et enquêtes spécifiques,

l’équipe réunit :
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- Martine LEROUX et Jean-Luc BARDYN, sociologues,


chargés de l’enquête sociologique

- BCDE Architecture, Anne Reychman et Laurent Debrix, architectes,


pour l’interprétation architecturale, la conception générale et la maîtrise d’œuvre

- l’Atelier de scénographie Rossen IVANOV, Rossen IVANOV, scénographe,


pour la conception des ambiances sensibles

- Jean Marc ABRAMOVITCH, acousticien


pour la configuration des espaces sonores et le choix des matériaux

- LAFARGE PLÂTRES, industriel représenté par Alain BIRAULT, responsable développement,


pour la réalisation des parois acoustiques.

Plusieurs réunions de travail ont eu lieu dans les locaux du PUCA et à l’AP / HP pour définir la
méthodologie à développer et la stratégie de l’équipe.

L’AP / HP présente plusieurs terrains d’enquête choisi pour leur représentativité et leur variété.

L’attention de l’AP / HP est attirée par l’équipe sur la nécessité de retenir au plus vite un site
pour l’expérimentation.

2 • Enquête sociologique

• Martine LEROUX et Jean-Luc BARDYN, sociologues, ont réalisé l’enquête sociologique à


BRETONNEAU en Juin 2002 et à BICHAT en Octobre 2002.
Ce travail est exposé dans le recueil déposé par les sociologues au PUCA en Août 2003 sous le
titre

« À l’écoute de l’Hôpital, Enquête sociologique »

En milieu hospitalier les investigations concernant le domaine sonore sont quasi inexistantes.
Comment concevoir sans préalablement connaître le milieu et les objectifs ?

Le positionnement de l’expérimentation est situé dans les services des personnes âgées,
gériatrie et longs séjours, services où se pose la question du passage de l’expression des
ambiances à leur conception.
Typologie des usagers concernés : les patients, le personnel médical, les visiteurs.

L’enquête s’est déroulée sur trois terrains d’enquête

- l’hôpital gériatrique BRETONNEAU, à structure horizontale, réhabilité en Juillet 2003

- l’hôpital BICHAT dans ses pavillons affectés aux soins de longue durée et aux soins de suite
et de réadaptation

- l’hôpital BICHAT, au service de gériatrie aiguë situé au 14 ème étage de l’IGH.

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Deux méthodes sont appliquées :

- celle dite des parcours commentés adaptée à l’approche de la perception in situ sur un
parcours s’effectuant de l’extérieur de l’hôpital vers un service de soins

- les entretiens sur écoute réactivée pour recueillir les réactions des usagers à l’écoute des
sons de leur propre environnement.

Pour fournir aux concepteurs des informations exploitables sur l’environnement sonore, les
sociologues ont présentés plusieurs grilles d’observations et d’interprétation :

- un vocabulaire qui renvoie aux descriptions architecturales et sonores ; par exemple


- l’émergence
- le rétrécissement
- l’expansion
- la compression,… de sons vocaux ou techniques.

- un répertoire détaillé des enjeux paradoxaux des ambiances sonores enregistrées sur les
parcours développant les contradictions émergentes de l’enquête telles que
-
- séparer-relier l’hôpital à la Ville
- apaiser-animer les services hospitaliers

• En Avril 2003, au cours de l’enquête sociologique, l’équipe de conception, architectes et


scénographe, a remis un premier rapport intitulé

Interprétations et concepts de base élaborés à partir des enquêtes sociologiques sur les
perceptions sonores.

qui développe la série de paradoxes et de contradictions apparus au fil de l’enquête.


Ces réflexions portent à la fois sur les dimensions d’espace et de temps vécues en milieu
hospitalier et font apparaître la notion de progression guidée au travers d’un parcours choisi en
fonction des événements temporels.

Chaque partenaire a pris connaissance du dossier d’enquête d’Août 2003 et une réunion de
synthèse a entériné la validité de l’enquête sur la qualité des informations enregistrées et sur la
pertinence des orientations proposées.

L’équipe de conception disposait des éléments adaptés à l’analyse des données et à la


formulation du programme sonore.

3 • Élaboration d’un programme sonore détaillé

Préalable

Traditionnellement le travail du concepteur est de matérialiser sur plans le programme


fonctionnel du maître d’ouvrage conformément aux normes, lois et règles de l’art établies et ce
en concordance avec les critères économiques préalablement fixés.

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À ces prescriptions fondamentales s’ajoutent dans l’élaboration des bâtiments publics les
incidences sociales et politiques correspondant aux valeurs de l’époque.
La construction réalisée doit répondre à l’usage et à l’image commandées.

Les critères environnementaux dictés par les nouveaux enjeux de la démarche H.Q.E.
commencent à être pris en compte dans l’élaboration des programmes hospitaliers. Les
exigences
d’économie d’énergies, de durabilité et de coût global répondent à la volonté de
responsabilisation du citoyen vis à vis de son milieu écologique.

La conception architecturale sensorielle prend en compte le visuel pour l’éclairement diurne et


protection solaire, éclairage intérieur et mise en lumière des espaces et façades extérieurs.

Dans le domaine acoustique seule l’isolation phonique interne des bâtiments, la qualité
acoustique des matériaux des parois, l’affaiblissement acoustique de certains équipements sont
pris en compte, souvent par respect des normes. Et bien que l’hôpital soit considéré comme
zone de silence, des nuisances sonores nombreuses gênent les malades et le personnel
soignant.

Élaborer une « architecture sonore « c’est penser « son » lors de la conception au même titre
que l’on peut penser fonctionnel, environnemental.

La conception d’une architecture sonore passe prioritairement par les prescriptions d’un
programme spécifique détaillé au même titre que celui du domaine fonctionnel.

Ce programme a pour objectif de mettre en valeur les demandes des usagers pour un confort
sonore interne et externe des espaces hospitaliers concernés à partir des attentes sous jacentes
des usagers.

Programme sonore détaillé

Quels enseignements tirer de l’analyse des situations sonores dans chaque espace exploré ?
Quels principes architecturaux ou gestionnaires sont à mettre en œuvre ?

Le rapport des sociologues énonce clairement les éléments constitutifs de ce programme sonore
sous forme de fiches récapitulatives, d’enjeux pour la conception, des enjeux paradoxaux et d’
émergences fortes.
Le chapitre De l’acoustique à l’esthétique synthétise l’ensemble de l’étude et s’adresse autant
aux concepteurs qu’à l’acousticien.

Fiches récapitulatives : elles ressaisissent l’analyse pour en tirer les éléments destinés au projet.

Chaque fiche décline, à partir de la description succincte des ambiances, les caractéristiques
des espaces développés dans chacune des rubriques suivantes
- ambiances sonores rencontrées
- perception / appréciation
- production / gestion
- sociabilité
- rapport à l’environnement
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Elle ajoute une catégorie : le rapport à l’environnement pour qualifier la position des acteurs
dans la situation sonore considérée
- degré d’activité ou de passivité
- tendance à faire corps avec l’ambiance sonore ou au contraire prise de distance…

Il s’agit d’exprimer l’actualisation du rapport à l’environnement dans une situation précise.

Enjeux leur énonciation est tournée vers le projet ; ils peuvent relever de la conception
architecturale comme de la gestion des pratiques ; ils sont primordiaux.

1 • Les espaces extérieurs


- marquer la frontière entre la ville et le monde clos de l’hôpital offrir un espace de protection B/ 1
- un espace relié à la ville favoriser la porosité entre les espaces extérieurs et l’accueil B/ 1
- naturalisation sans artifices des sons des espaces extérieurs concevoir l’écoute localisée B/ 1
- importance des espaces extérieurs développer leur rôle phonique et aéraulique C/ 1

2 – Sas
- coupure avec l’environnement urbain marquer le passage d’un univers à l’autre A/ 1

3 – Hall
- « ça ne fait pas hôpital » échapper aux représentations classiques, à l’archétype A/ 1
- alterner repos / animation transformer ponctuellement les espaces pour certaines écoutes B/ 1
- réverbération discrète révélatrice d’un espace public animé offrir la « juste » réverbération B/ 1
- le hall : entre extérieur et intérieur humaniser le hall en évitant l’effet hall de gare C/ 1

4 – Accès aux services, distribution


- le facteur sonore crée la « vie » maintenir la dynamique sonore propice à l’ambiance du lieu A/ 1
- à la recherche d’un équilibre sonore gérer le fond sonore et contrôler des sources A/ 2
- messages surabondants dans les ascenseurs alléger l’ambiance sonore intérieure C/ 1

5 – Salle de repas
- gestion sonore concilier les désirs sonores de chacun dans un espace ouvert A/ 3
- salle à manger / office utilisation de matériel et de matériaux absorbants B/ 2
gestion temporelle des activités sans nuisances sonores B/ 2
- diversifier les espaces sonores création de niches acoustiques, de pare sons B/ 2

6 – Espaces détente
- rapport volume spatial / ambiance fragmenter les grands volumes, favoriser la matité B/ 3
- surveillance sonore proposer des dispositifs innovants pour les chambres B/ 3
- gestion sonore assurer la maîtrise de l’émission / réception du son de la télévision B/ 3
- en amont prévoir les emplacements destinés à l’installation électro-acoustique B/ 3
réaliser l’isolation phonique maximale d’une chambre « à vivre » B/ 3
- des intermèdes musicaux détente sonore souhaitée C/ 2

7 – Chambres
- en amont favoriser la maîtrise de la propagation des sources sonores A/ 3
étudier la possibilité d’offrir des chambres isolées tout en étant ouvertes ? A/ 3
- limiter les émergences sonores favoriser la quiétude au milieu des activités A/ 4

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- limites de la surveillance sonore des chambres confirmer la validité de l’audibilité B/ 4
étudier la possibilité d’offrir des portes ouvertes / fermées ? B/ 4
- ouverture / fermeture des portes de chambre surveillance sonore à traiter C/ 3

Rappel des sites étudiés


A/ 1 BRETONNEAU, le parcours de la rue jusqu’aux maisonnées -
A/ 2 BRETONNEAU, le repas
A/ 3 BRETONNEAU, l’après-midi
A/ 4 BRETONNEAU, endormissement

B/ 1 BICHAT – Pavillons, le parcours du parvis jusqu’aux unités


B/ 2 BICHAT – Pavillons, le repas
B/ 3 BICHAT – Pavillons, l’après-midi
B/ 4 BICHAT – Pavillons, endormissement

C/ 1 BICHAT- étage 14, Service de gériatrie aiguë, le parcours du parvis jusqu’au service
C/ 2 BICHAT- étage 14, Service de gériatrie aiguë, l’après-midi
C/ 3 BICHAT- étage 14, Service de gériatrie aiguë, endormissement

Enjeux paradoxaux les paramètres d’enrichissement du programme

L’hôpital et la Ville séparer – relier

Séparer
Faire oublier la rue, estomper le drone urbain
Créer un espace de protection vis à vis des sources sonores douloureuses
Relier
Contribuer au passage d’un univers à l’autre
Eviter le repli de l’hôpital sur lui-même
Bruit de fond accepté
Orienter l’écoute vers les sons de la « nature »
Utiliser les sons fondamentaux pour sensorialiser ces espaces de transition
Intégrer des signes annonciateurs de l’hôpital

Le rapport à l’espace urbain doit être progressif et offrir le choix de l’intensité du contact sonore
souhaité avec l’agitation urbaine.

Rappeler l’animation de la Ville dans le volume d’accueil mais en maîtriser l’acoustique pour
adoucir les ambiances sonores et accompagner la transition vers les services internes calmes.

L’espace d’accueil doit rester un lieu de contact et offrir les informations sur la Ville, la publicité
et les petits commerces de bouche et de presse. Cette activité doit être modérée par un
agencement préservant l’intimité dans une ambiance sonore feutrée.
S’éloigner résolument de la référence « c’est l’hôpital ».

Les services hospitaliers apaiser – animer

Apaiser
Indispensable ambiance calme, détendue, apaisante
Favoriser voire procurer le calme moral apparenté à la sérénité
Permettre la quiétude pour les périodes de repos diurnes et « l’enveloppement » la nuit

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Animer
Conserver mais maîtriser les sources sonores qui engendrent le fond sonore ordinaire et
souvent confus des sonnettes, fermetures de porte, déplacements d’objet, chocs de matériel,
bruits de vaisselle, téléviseurs, pas, voix etc…

Émergences fortes

Elles affectent la perception, elles sont inévitables, elles perturbent profondément l’affecte des
usagers.
Ce sont
Les plaintes et les cris des malades en période de crise aiguëe
Les appels exacerbés voire les altercations entre patients
La voix des soignants pour pallier à la surdité des personnes âgées
La gestuelle sonore liée aux services de nettoyage ou de distribution des repas.

Répertoriées, elles feront l’objet de traitements spécifiques. Les matériaux et matériels ont un
rôle important à jouer pour l’absorption et l’amortissement des bruits.

De l’acoustique à l’architecture

L’écoute réactivée montre que la conscience des sons perçus par les usagers est très subjective
mais l’analyse globale permet d’énoncer des orientations capables de répondre aux enjeux
sonores de la vie hospitalière.

Les qualités recherchées devront être obtenues par un travail sur la configuration spatiale, les
parois, les matériaux acoustiques performants

- isolation–protection intervention sur les formes et les enveloppes


Qualités recherchées tranquillité voire silence
communicabilité
intimité
clarté sonore

- réverbération-confort intervention sur les parois


Qualités recherchées homogénéité
recentrement
confidentialité
intelligibilité

- diversification - dispositifs intervention sur les dispositifs techniques


Qualités recherchées polyfonctionnalité potentielle
diversification spatio-temporelle des ambiances

- création-concept intervention élargie aux cinq sens par les dispositifs techniques
Qualités recherchées cohérence des différents facteurs sensoriels des ambiances architecturales
distraction, échappement de l’univers hospitalier

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4 • Interprétation et transcription architecturale graphique

Interprétation des données

L’interprétation est axée sur la volonté d’humaniser la vie à l’hôpital.

Après lecture de l’enquête, la prise en considération des desiderata des usagers passifs /
naturels qui perçoivent les sons engendrés par les activités fonctionnelles et ceux des usagers
actifs / artificiels demandeurs de sons issus d’équipements d’agrément a permis de répertorier
les usages décrétés / imposés et les usages pratiqués / souhaités.

Cette analyse, sur des résultats partiels, a dégagé des axes forts sur la perception des
ambiances sonores et sur celle de la sonorité des espaces.

Ce travail commun entre les architectes et le scénographe a produit une pré-étude formalisée en
Avril 2003 sous forme de note écrite et d’une série de croquis, documents, photos, esquisses
graphiques, etc…

Le rapport d’enquête final a confirmé que les usagers percevaient clairement les caractéristiques
spatiales et sonores des différents espaces usuels de la pratique hospitalière mais qu’ils en
occultaient souvent volontairement les aspects négatifs. Leurs attentes inespérées ne
demandaient qu’à être prises en compte.

• Les concepteurs développent l’aspect paradoxal du « séjour » à l’hôpital qui se déroule au sein
d’une succession d’espaces communs et/ou privatifs accueillant des activités communautaires
et/ou intimes.

Les espaces seront plurifonctionnels


mais chaque espace doit présenter une variété d’ambiances sonores en plus de celle
correspondant à son usage fonctionnel primordial.

Garder la pleine autonomie de chaque type d’ambiance sonore exprimée.


Par exemple, la chambre = remise en question de l’utilité de la porte de chambre ouverte ou
fermée mais dont l’espace privatif et intime est à préserver,…

• Le scénographe s’attache à l’enrichissement de la vie rythmée par des actes répétitifs par des
événements temporaires distrayants et inattendus. Il propose des expressions architecturales
exploratoires dégagées de tout schéma fonctionnel hospitalier et fondées sur la perception
sensorielle des couleurs, matières, lumières, odeurs,… aptes à introduire dans les espaces
l’image, l’action, l’éphémère, le virtuel, le vivant. Il présente des solutions plastiques qui
laissent le malade intervenir, personnaliser et investir les lieux.

• L’acousticien traite le contrôle de l’ambiance sonore pour en maîtriser les nuisances et pour
favoriser l’écoute d’équipements musicaux d’agrément ou de surveillance ( situations sonores
contiguës ou juxtaposées, contrastes, artifices naturels,…). Contrôler la mixité des sons et
assurer la meilleure qualité de réception pour chacun des usagers sont essentiels.

Par exemple, la mixité des sons dans un même volume peut être gérée de 2 façons :
- par le changement des activités dans le temps pour un même espace
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- en tenant compte de la priorité d’un usage dominant ancré dans le fonctionnel pour l’adapter,
le domestiquer ( installation de la télévision dans la Salle à Manger, remise en question de
l’utilité de la porte de chambre ouverte et fermée )

• Conjointement à la conception, l’industriel collecte tous les matériaux et dispositifs nécessaires


à la réalisation du projet et étudie les solutions techniques cohérentes et financièrement
compatibles.

Transcription architecturale graphique

Pour Mémoire :
- plus le programme est détaillé, plus la conception en est l’expression exacte
- la connaissance globale du programme est indispensable pour concevoir globalement
- innover c’est faire table rase de toutes les idées reçues. L’expérience professionnelle permet
de transcrire et de visualiser des concepts, l’oubli volontaire permet de libérer la créativité et de
proposer d’autres volumes avec d’autres ambiances.

La transcription architecturale s’articule sur

1 - la perception de l’espace hospitalier comme un parcours continu et contrasté, une


progression spatiale et sonore, depuis la ville jusqu’à la chambre, du plus urbain au plus intime.

2 – la nécessité d’un ou de plusieurs espaces de rencontres et d’événements collectifs


distrayants ( pour oublier la rigueur des soins personnels )

1 – De la Ville aux services hospitaliers

l’espace extérieur de transition sera un jardin « naturel »

Ce jardin naturel apporte des valeurs sensibles positives au promeneur. Il fonctionne en


progression, propose des lieux d’intimité, il est l’élément naturel de l’hôpital.

- la progression sonore obtenue par la longueur du cheminement, par la modification de


la densité végétale, par une accentuation sonore « naturelle », comme une liaison douce.

- la progression végétale accompagne la précédente. La végétation enveloppe le


promeneur de sons liés à la nature et se densifie de hautes tiges vers l’entrée du bâtiment. Il
s’agit de réveiller la perception sensorielle de la personne.

- les lieux d’intimité disséminés dans la végétation abritent des conversations, des
repas, des rêveries. Ils permettent de « changer d’air », de se reposer et de se détendre en
milieu naturel dans des niches végétales, derrière des écrans acoustiques ou des masques
sonores.

- l’élément « vivant » de l’hôpital par ses qualités « naturelles »

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Les plantes accompagnent le déroulement des saisons. Le vent, les oiseaux, l’eau des bassins
émettent une multitude de sources sonores qui masquent les bruits de la Ville et sont autant de
références aux sons naturels.
La présence d’un Jardin d’hiver peut-être approprié sur certains sites. Ses qualités sonores
seront alors particulièrement étudiées.

le Sas

- la coupure sonore
Le Sas est la limite réelle d’entrée dans l’hôpital. La spécificité de son ambiance sonore est
symbolique mais aussi indispensable.
- sa configuration spatiale est précise : une certaine épaisseur pour percevoir le lieu,
- l’apport de couleurs, lumière et odeurs accentuera l’effet de matité nécessaire
- la transparence des parois est souhaitée pour le confort visuel. L’aspect sécurité est à
préserver.

le hall : une “juste“ réverbération et une dynamique sonore

Le hall est le dernier espace public avant les services hospitaliers proprement dits. Il est encore
relié à la ville :
• par sa position (le premier espace intérieur après le sas)
• par ses activités ou fonctions multiples (boutiques, cafétéria, accueil…)
• par ses usagers (n’importe qui peut entrer dans le hall sans avoir à justifier sa présence. La
rencontre avec les patients peut se faire dans le hall sans pénétrer dans les services…)

Par son statut d’espace public, il se caractérise par un effet de réverbération, mais il sera
nécessairement modéré et contenu de façon à dégager une ambiance calme et feutrée (espace
contenant). Ceci permettra l’émergence de certains sons connus et rassurants créant une
ambiance diversifiée (conversations, bruit des pas, sons liés au café…) et assurant une
dynamique sonore.

• cette ambiance calme et feutrée peut être traitée :


£ par les parois et les plafonds (réverbération faible, “juste“ réverbération,
rapport matité/réverbération),
£ le traitement des sols est primordial pour aménager des espaces dans
l’espace, conduire des cheminements et reconnaître différents sons liés à
la marche sur différents matériaux (éviter la matité artificielle).
£ le volume lui-même doit contribuer à l’effet modéré de
réverbération (étude pointue avec l’acousticien)
£ l’aménagement a une importance psychologique importante : ne
pas remplir tout l’espace, laisser des zones vides, une certaine clarté et
lisibilité par rapport à la densité.

Le caractère impersonnel et réverbérant d’un hall contribuant à l’effet d’anonymat, est mal
ressenti par les utilisateurs qui “l’accusent de faire hôpital“.
Outre l’échelle du volume et son aménagement, la faible réverbération, les matériaux et la
présence d’éléments sonores familiers et évocateurs favorisent le “bien vécu“ du hall.

• la dynamique sonore s’entretient par des activités, des éléments vivants, évoquant
positivement la ville (programmation) ou qui accentuent le lien avec celle-ci.

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£ créations d’ambiances spécifiques et thématiques plus ou moins
localisées (réflexion sur des éléments de jardins publics, horloge… et bien
sûr les boutiques). Donner un sens au lieu.

réverbération et confort : intelligibilité - communicabilité


création et concept : distraction - cohérence des facteurs sensoriels

L’ascenseur

L’ascenseur a un statut particulier.


C’est un lieu transitoire dans lequel les usagers sont dans l’attente de la sortie.
De nombreux écrits ou réflexions ont été faits sur ce lieu qui existe dans toutes les institutions
administratives et domestiques et qui engendre le même état chez les utilisateurs.

La sensation de malaise et d’incommunicabilité est souvent traitée par une sonorisation musicale
ou des messages d’annonce (rappels de consignes, signalétiques des différents étages…).
£ l’ambiance sonore des ascenseurs ne doit pas être trop pesante, trop
chargée : attention à l’effet “Grande surface commerciale“.
£ le traitement visuel de cet espace (parois transparentes, présence d’une
vidéo…) permet à l’usager de “s’échapper“.

Les dessertes des services hospitaliers

On peut emprunter des couloirs ou des espaces de desserte avant d’entrer dans les services
hospitaliers.

Dans ce cas, le traitement sonore de ces espaces de transition s’apparente au traitement du


hall :
£ équilibre entre réverbération et matité, sachant que les matériaux de
sols, suivant l’emplacement de cette desserte dans l’organigramme
général, peuvent répondre plus strictement à des règles d’entretien et
d’hygiène hospitalières.

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L'HOPITAL ET LA VILLE : SEPARER - RELIER

l'espace extérieur de transition : un jardin naturel


progression sonore et végétale
intimité sonore pour le repos et la détente rapport matité/réverbération :
les sons vivants de la “nature“ pour les sols, parois, plafonds

cafétéria, boutiques, horloge…

jardin d'hiver
;;;;
;;;;
vers les services

;;;;

HOPITAL
VILLE

le sas : un effet de coupure sonore


vers les services

ambiances spécifiques - thématiques


le vent une ambiance calme et feutrée
le hall : une “juste réverbération
masque sonore : l'eau et une dynamique sonore
niches végétales les arbres

opposition des sources sonores

2 - Des services hospitaliers à la chambre

LES SERVICES HOSPITALIERS : APAISER - ANIMER

Dès que l’on pénètre dans les services hospitaliers (voir étude de portes) la qualité des
ambiances sonores se pose en termes de conciliation entre apaisement et animation.

Les espaces fonctionnels courants concernés par ce paradoxe sont les suivants, sachant qu’ils
peuvent être séparés ou regroupés, fermés ou ouverts :
• la salle à manger
• le salon ou coin détente
• le coin télévision
• la cuisine et/ou l’office

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• les espaces de dessertes des chambres, qui ne sont pas forcément et uniquement des
couloirs.

L’apaisement : une ambiance calme nuancée

L’apaisement est caractérisé par une ambiance calme qui se teinte de nuances et de sens
différents. Face aux sons induits ou provoqués, il correspond à une pratique, une activité dans
un lieu plutôt que dans un autre, une présence individuelle ou groupée des patients et des
soignants :

• sérénité activité discrète et présence humaine peu importante


• quiétude tranquillité, enveloppement, rassemblement et assoupissement des patients
dans un lieu unique permettant une surveillance et une coordination par les soignants
• vacuité ennui, effet de perdition, solitude, coupure avec autrui
• calme par défaut calme précaire en opposition à l’émergence sonore incontrôlable des
patients
• silence calme souhaité (en opposition aux bruits de pas, voix et mouvements dans la
cuisine).

L’animation : les émergences

L’animation provient de différentes sources sonores provoquées ou non.

• Les émergences sont répertoriées et peuvent être traitées au cas par cas.

• les cris sont les émergences sonores les plus difficiles à supporter par les autres.
£ s’ils sont répétés ou continus : les patients bruyants peuvent s’installer
dans un lieu (par exemple la chambre) isolé phonétiquement qui limite la
propagation sonore.
£ s’ils sont ponctuels : les patients peuvent s’installer dans des dispositifs
liés à la “sérénité“ (voir plus loin)

• les bruits de forte intensité liés à la gestuelle sonore de la préparation des repas
existent plus particulièrement lorsque la cuisine est ouverte.

Elle peut être soit totalement ouverte comme un bar (Bretonneau)


£ réflexion sur les matériaux absorbants, sur les écrans acoustiques tels
que retombées de plafonds…
Elle peut avoir une porte laissée ouverte pour des facilités de circulation des personnes
£ réflexion sur la création d’un sas ou d’un passe-plat avec matériaux
absorbants et volumétrie appropriée + transparence visuelle …

isolation et protection : tranquillité – clarté sonore

La clarté et le niveau sonore à atteindre vont contribuer à améliorer l’écoute de la télévision et de


la musique. L’amplification sera moindre, car leur son aura moins à couvrir les autres sons.

• l’usage de la télévision doit s’assimiler à un usage cinématographique, c’est-à-dire que


la télévision doit se situer dans un espace spécifique répondant à des exigences :

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£ localisation et orientation du son afin de permettre une meilleure écoute
à moindre intensité et limiter la propagation. Eviter de traiter la télévision
comme un objet sonore.
£ intégration dans une paroi (et/ou plafond) de forme et de matériaux
particuliers
£ étude du mobilier à placer : accueillir quelques personnes ou de
nombreuses personnes (étude de la dimension exacte, mobilité, fauteuils)
£ étude de la luminosité extérieure à différentes heures et de l’éclairage
artificiel.
£ création d’une ambiance sonore et visuelle liée au spectacle, mais qui
reste conviviale (à l’inverse de la salle de cinéma qui, par son obscurité,
individualise le spectateur)

diversification et dispositifs : poly fonctionnalité potentielle - diversification spatio-


temporelle des ambiances

• la musique peut être écoutée individuellement et/ou avec 2 /3 personnes) avec plaisir.
Si elle est écoutée collectivement, elle participe au fond sonore d’animations programmées.

Les dispositifs qui l’accompagnent doivent être soignés de façon à éviter une propagation
gênante pour les autres usagers :

£ sonorisation ponctuelle, localisation et orientation


£ choix de l’écoute ou diffusion d’un programme commun : créer une radio
“locale“ de l’hôpital : faire raconter l’histoire d’une vie - radio thématique…
£ niches d’écoute : intégration dans une paroi de forme et de matériaux
particuliers, intégration dans un plafond de forme et de matériaux
particuliers (coupoles), dans du mobilier (mobilité)
£ étude de l’ergonomie (hauteur d’écoute, assise ou emplacement pour 1,
2 ou 3 personnes)

diversification et dispositifs : diversification spatio-temporelle des ambiances

Enfin deux sources sonores émergentes liées aux pratiques et à leur évolution ne dépendent
pas directement de notre étude :

• la signalétique : étude et recherche “musicale“ à effectuer sur le timbre et le mélange de


timbres des bip (de préférence aux sonnettes)
£ un relais visuel (tableau lumineux) lorsque le personnel est en salle de
soins et/ou de détente pourrait remplacer les signaux sonores. Ceci
permettrait une respiration sonore d’un élément répétitif.

• l’intensité des voix des soignants vis-à-vis des patients est un comportement propre
aux pratiques hospitalières
£ qui ne dépendent pas de l’architecture (incontrôlable dans le temps et
l’espace) mais des personnes. Gestion à contrôler.

• le choix des programmes de télévision et surtout de la musique doit être exercé


également par les patients

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£ réflexion au niveau du personnel ou sophistication technique de la
diffusion sonore.

L’apaisement et l’animation : une clarté sonore dans le mélange sonore

Comme nous l’avons vu, les émergences sonores dans ces lieux collectifs peuvent être mieux
maîtrisées, au cas par cas, par des aménagements spécifiques : localisation, configuration des
espaces et propagation des sources, ou une redéfinition des pratiques sonores.
Cependant le seul fait de regrouper les personnes (soignants, patients et éventuellement
visiteurs) engendre un mélange sonore.

Le mélange sonore ordinaire est décrit par les soignants comme l’ambiance sonore type de
l’hôpital.
C’est une juxtaposition de sons liée aux différents espaces fonctionnels mentionnés (espaces,
personnes, activités) et aux émergences énumérées ci-dessous.
Il prend “une forme métabolique“ et se caractérise par un état en perpétuelle transition, instable,
avec une grande difficulté à nommer ce qui est le fond et la figure sonores.
Il prend un aspect négatif et dépasse le taux de tolérance lorsqu’il a un haut niveau sonore et
devient confus jusqu’à la “cacophonie“.

Ce mélange, pour être agréable et contribuer à la vie sociale (animer), doit être d’un niveau
sonore suffisamment “faible“ et suffisamment clair (OPP : confusion) pour :

• permettre l’émergence de différentes ambiances calmes évoquées plus haut.


D’une manière générale, devront répondre à la clarté et à la qualité du niveau sonore souhaité :

£ les matériaux absorbants, diminuant le temps de réverbération


£ le traitement des volumes (travail sur la configuration).

isolation et protection : clarté sonore - tranquillité, voire silence

La configuration spatiale a une grande importance puisque, plus les espaces sont ouverts et
proches ou mélangés les uns aux autres, plus le mélange sonore existe naturellement.

La solution spatiale qui consiste à :

· séparer chaque activité dans un espace fermé facilite la gestion des dispositions
acoustiques (séparer les sources sonores, maîtriser les franchissements, séparer les personnes
dans le temps suivant les demandes et les activités…). Dans ce cas, la gestion de l’ouverture
des portes (problème à résoudre pour les chambres) reste posée.

Cependant, la demande de fluidité spatiale, de coordination et de surveillance, et la tendance à


“l’humanisation“ (maisonnées…) laisse penser qu’il faudrait plutôt :

· grouper les espaces fonctionnels totalement ou partiellement.

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Dans les 2 cas avec des degrés différents, il s’agit de

· concilier les différents usages des acteurs en présences : apaisement et


animation, en considérant que l’apaisement est à inclure au sein de l’animation.
Si l’on reprend en détail les différentes nuances de calme et si on leur attribue une situation et
une configuration spatiale, on peut caractériser les volumes et définir un certain nombre de
prescriptions :

• sérénité : présence humaine peu importante. Nécessaire également pour les visiteurs
s’ils ne vont pas dans la chambre.
£ recoin, alcôve (cloisonnement bas) à l’écart d’un volume entier,
revêtement mural, mise à distance

• quiétude (enveloppement) : rassemblement des patients dans un lieu unique permettant


une surveillance et une coordination par les soignants
£ dispositif technique ponctuel (plutôt en plafond : voir coupoles) laissant
totalement passer le regard (éviter les poteaux et les cloisons), mais
permettant une ambiance sonore spécifique d’isolation dans le volume
situé sous ce dispositif (micro-espace dans l’espace). Ce dispositif
concerne particulièrement la salle à manger et le salon, et dans certains
cas les espaces de dessertes des chambres.
£ penser au revêtement des meubles (caoutchouc…)

diversification et dispositifs : poly fonctionnalité potentielle – diversification spatio-


temporelle des ambiances

• vacuité : ennui, solitude, coupure avec autrui


£ voir le § animation programmée, l’aléatoire

• calme par défaut : calme précaire en opposition à l’émergence sonore incontrôlable des
patients
£ pas de prescriptions particulières

• silence : en opposition aux bruits de pas, voix et mouvements dans la cuisine


£ aménagements spécifiques pour la cuisine, revêtement de sol, penser à
du mobilier fixe type siège de façon à éviter les bruits de déplacement
(dans le sens de démontable, mais “encastré“ dans l’architecture)

L’animation et l’apaisement programmés

Les évènements sonores et le fond sonore relèvent tous deux de la gestion sonore programmée
par les soignants. Ils se situent à part dans l’ambiance sonore hospitalière car ils peuvent être
interrompus.

Ils rythment le temps de l’hôpital pour les patients et les soignants, et demandent une certaine
finesse pour atteindre un équilibre entre répétitivité et évènementiel.

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• les évènements sonores


Il s’agit d’évènements musicaux éphémères liés à la fête et destinés à revitaliser le groupe de
patients. C’est l’occasion d’une certaine convivialité qui sollicite l’esprit de curiosité et de
découverte (nouvelles musiques) et la mémoire (musiques connues).
De plus, par leur intensité musicale, ils sollicitent également le corps (“pulsation“).

Les évènements sonores ne demandent pas une architecture sonore spécifique, la qualité
d’écoute n’est pas particulièrement requise face à l’esprit de la fête :
£ une bonne source sonore
£ un volume architectural suffisamment vaste pour accueillir l’ensemble
du groupe.
£ si un espace “musique“ est à créer (événements type concert - chorale),
il serait sans doute plus convivial de l’imaginer dans le hall afin de regrouper
les services

Ils peuvent être accompagnés d’aménagements ponctuels destinés à changer “le décor“ et
l’ordinaire de façon à accentuer l’événement :
£ mobilité : cloisonnement amovible, mobilier dépliable (changement
d’ambiance). Voir la musique (niches d’écoute) ou le silence (mobilier
démontable)
£ rôle de la lumière colorée (changement de teinte)
£ rôle de l’éclairement diversifié des parois, sols, plafonds.

création et concept : distraction – échappement de l’univers hospitalier – cohérence des


différents facteurs sensoriels des ambiances architecturales
la stabilité et l’aléatoire

• le fond sonore
Le fait de mettre un fond musical fait partie d’une attitude de société.
La qualité de ce fond sonore qui joue un rôle d’apaisement, d’accompagnement et de détente
est ressentie s’il y a effet de contraste : la permanence du fond sonore le banalise.

Les prescriptions déjà évoquées :


£ des micro-espaces dans l’espace, sonorisation ponctuelle, niches
d’écoute… permettent au patient de choisir un fond sonore ou rien.
£ le choix du type d’écoute ou la diffusion d’un programme commun
(plage musicale adaptée aux types de patients) dépend de la
sophistication apportée au réseau de diffusion.

création et concept : échappement de l’univers hospitalier


la stabilité et l’aléatoire

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LES SERVICES HOSPITALIERS : APAISER - ANIMER

émergences : la préparation des repas


cuisine fermée
sas : matériaux absorbants quiétude :
+ transparence visuelle coupoles de calme
CHAMBRES
cuisine ouverte
écran acoustique

quiétude : silence :
repas coupoles de calme siège intégré
repas recoin intégré
cuisine

cuisine
ascenseur

repas
office

CHAMBRES
HALL

détente

salon
alcôve recoin
écoute
recoin

niche d'écoute
émergences : les cris

CHAMBRES sérénité émergences : la TV


sérénité espace spécifique
pour la télévision
émergences : la musique émergences : la musique
mobilier d'écoute “cloches“ d'écoute

les dessertes : équilibre entre matité et réverbération

l'apaisement et l'animation : une clarté sonore dans le mélange sonore


mélange sonore ordinaire : matériaux absorbants - traitement des volumes
apaisement : micro-espaces dans l'espace - dispositifs ponctuels
animation : micro-espaces dans l'espace - dispositifs ponctuels

3 - De la chambre à la ville
APAISER - ANIMER
SEPARER - RELIER

Apaiser - animer : le franchissement de la chambre

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La chambre est le lieu le plus intime des services hospitaliers, mais il reste en rapport avec les
espaces collectifs car la porte est souvent ouverte. L’enjeu est de ne pas accentuer le handicap
et la solitude tout en permettant le repos.

Suivant le type de configuration hospitalière, la chambre est en relation directe avec ces espaces
collectifs à forte densité sonore (Bretonneau : chambre et salle à manger /cuisine, tour Bichat :
chambre et salle à manger) ou en relation indirecte par les couloirs de desserte (pavillons
Bichat)

La demande de mise en relation chambre - espaces collectifs dépend à la fois du patient et du


soignant.
La difficulté tient du fait que les deux protagonistes doivent être d’accord au même moment pour
effectuer cette mise en relation :
- le patient veut se reposer et le soignant veut le surveiller
- le patient veut participer à la vie collective depuis sa chambre, mais il est trop bruyant pour les
autres patients

Il est remarquable de noter que dans cette situation particulière où le patient est dans sa
chambre, l’écoute prime sur le visuel :
- le patient ne veut pas se sentir seul et est à l’écoute de la vie (de l’hôpital), même s’il n’a pas
de relations visuelles.
- le soignant est à l’écoute du bien-être du patient (la quiétude de l’un peut devenir inquiétude de
l’autre) et en situation de surveillance sonore.

De toute façon, intimité et apaisement l’emportent sur l’animation : quiétude et silence sont les
propos attachés à la chambre. L’animation demandée n’est pas celle des espaces collectifs
(plaintes des patients donnant directement sur la salle à manger), c’est une animation douce,
une ambiance sonore vivante.

• isolation acoustique
Le rapport chambre / espaces mitoyens se pose dans tous les cas en termes d’isolation
acoustique. D’ailleurs les réglementations acoustiques le demandent : murs séparatifs, fenêtre…

isolation et protection : tranquillité, voire silence - intimité

Mais l’efficacité de l’isolation acoustique n’est réelle que dans un volume clos par des parois
performantes. Si l’une des parois est ouverte, l’isolation ne fonctionne plus avec efficacité.

Afin de répondre aux exigences d’apaisement et d’animation douce, deux configurations sont
envisageables : la sonorisation et la coupure sonore.

• la sonorisation d’appel
£ isolation acoustique performante et totale de l’espace chambre
£ conserver la porte fermée en période de repos
£ surveillance médicale par un système de sonorisation, activé par
le soignant

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£ surveillance visuelle par un vitrage dans la porte
(dimensionnement panoramique, “le coup d’œil“, le patient ne doit pas être
vu par tous) occultation possible (éclairement, éblouissement)

Lorsque le patient ne se repose pas, la porte ouverte met en relation les espaces par l’ambiance
sonore et visuelle (position du lit par rapport à la vue)
L’isolation des chambres les unes par rapport aux autres permet de préserver une intimité entre
patients.
Cette configuration a l’avantage d’être claire. Les problèmes liés à une bonne isolation
acoustique sont connus (la performance est à définir avec les partenaires). La sonorisation peut
être simple, le coût global est à étudier. Elle est contraire aux pratiques hospitalières actuelles.
Elle doit être pratiquée avec des règles déontologiques précises.

• la coupure sonore
£ isolation acoustique pour les murs séparatifs
£ porte ouverte, fermée exceptionnellement (usage actuel), sans
qualités acoustiques particulières
£ franchissement de la chambre par un sas avec effet de coupure
(rétrécissement, matité) : étude de la position du lit et de la fenêtre
(matériau réverbérant) de façon à atténuer les sons provenant de la
chambre (confort vis-à-vis des autres patients), tout en permettant la
surveillance sonore. L’épaisseur du sas devrait être utilisée en y intégrant
des fonctions particulières (rangement, banc…).
£ relation visuelle permanente (possibilité d’entrouvrir la porte pour
diminuer la relation visuelle)

Cette configuration a l’avantage de ne pas perturber les habitudes et usages du personnel (mais
contraire à la déontologie, à la réglementation). Cependant elle demande une étude très fine de
la qualité acoustique du sas et de la chambre, ainsi que de la position des sources sonores. Elle
ne résout pas le problème du repos total des patients.

Pour définir et étudier la relation exacte chambre - services, il faudra considérer les qualités
sonores de ces services : s’ils sont traités en fonction des exigences définies ci-dessus le
mélange et les émergences sonores seront plus maîtrisés et donc la thématique “porte ouverte“
sera différente.

Apaiser : l’ambiance sonore des chambres

L’ambiance sonore dans les chambres doit favoriser plusieurs activités : d’abord se reposer, puis
séjourner, discuter, regarder par la fenêtre, regarder par la porte, regarder la télévision, écouter
de la musique…

• les sources sonores peuvent se répertorier facilement car peu de gens fréquentent la
chambre en même temps :
• la voix du patient, éventuellement les cris
• les voix des soignants et parfois des visiteurs
• le son de la télévision
• la diffusion musicale
• les bruits d’équipements (ventilation, robinetterie…)

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• la fermeture de la porte
• les bruits extérieurs venant de la fenêtre…

£ les voix : acoustique “contenante“ mais pas éteinte, éviter une


trop grande matité (effet d’isolement)
£ le son de la télévision : bonne distance et bonne orientation à
trouver par rapport au lit et au fauteuil de façon à ne pas être obligé
d’augmenter l’intensité sonore, étude du matériau de la paroi située face
aux hauts-parleurs
£ la musique : penser éventuellement à un dispositif de diffusion, couplé
avec le bandeau tête de lit
£ les bruits d’équipements : maîtrise de l’intensité et des
emplacements, réglage et position des grilles de ventilation…
£ la fermeture de la porte : joint absorbant
£ les bruits extérieurs venant de la fenêtre : isolation acoustique

isolation et protection : intimité - tranquillité, voire silence


réverbération et confort : confidentialité - homogénéité

D’autres facteurs vont contribuer fortement au confort, tout en ayant une répercussion sur le
sonore car c’est le lieu le plus personnalisé de l’hôpital et qui se rapproche le plus de sa propre
maison.

Si la fonctionnalité est évidente par rapport aux circulations et la salle de bains, elle doit être plus
pointue et sensible sur d’autres critères :

• le rapport à la vue
£ depuis le lit (il y a souvent un mur vide…)
£ par la fenêtre (en général allège haute et de côté par rapport au lit…)
£ au plafond (la qualité du plafond et ses matériaux…)
£ distance par rapport à la télévision (ni trop près, ni trop loin)
£ l’éclairage artificiel (efficace, mais aussi doux et intime, familier…)
£ l’occultation de l’éclairage naturel (soleil et nuit)
£ l’aspect du lit qui devient un objet très personnel (penser à la
table de nuit)

• le rapport au toucher
£ la qualité des matériaux (hygiène, entretien, mais aussi matériau
naturel, familier)

• le rapport aux odeurs


£ les odeurs de médicaments
£ les odeurs de salle de bains (mémoire…)

• le rapport aux objets personnels


£ présenter et regarder ses objets personnels (mobilier avec étagères,
accrocher au mur sans détériorer les parois…)

création et concept : cohérence des différents facteurs sensoriels des ambiances


architecturales

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Séparer - relier : la chambre vers la ville

La chambre est un monde intérieur d’intimité.

Mais le rapport avec l’extérieur existe. Il s’effectue par des éléments artificiels ou concrets :

• la télévision et la radio
• le personnel soignant et les visiteurs

• la fenêtre

l’intérieur et l’extérieur

La fenêtre est une liaison avec la ville.


C’est une liaison visuelle, sonore, odorante et tactile.

Son emplacement, sa dimension, la hauteur de son allège, son occultation, les matériaux et
l’aménagement qui l’entourent, la vue et l’orientation qu’elle offre ont une importance.

La liaison sonore directe sur la ville est mal ressentie car trop agressive.
La liaison sonore indirecte par un jardin défini un environnement sonore “naturel“ positif déjà
abordé en début d’analyse.

£ le jardin, espace extérieur de transition


£ le jardin intérieur (cour, patio, véranda…)

l’artificiel et le naturel

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LA CHAMBRE : APAISER - ANIMER


SEPARER - RELIER

apaiser : l'ambiance sonore des chambres


les voix : acoustique “contenante“ mais pas éteinte
le son de la télévison et de la musique : maîtrise de l'emplacement et diffusion
les bruits d'équipements : maîtrise de l'intensité par réglage et position
la fermeture de la porte : joint absorbant
les bruits extérieurs : isolation
SERVICES HOSPITALIERS

LA VILLE
rapport à la vue
rapport au toucher
rapport aux odeurs
rapport aux objets personnels
le franchissement de la chambre

la chambre vers la ville


apaiser - animer :

séparer - relier :

sas avec effet


de coupure
isolation par les parois jardin de transition
jardin intérieur

surveillance par un
système de sonorisation
la fenêtre

le choix de 2 configurations
la sonorisation d'appel
la coupure sonore

4 – D’autres espaces

Certains services hospitaliers offrent des fonctions complémentaires aux fonctions courantes
précédemment définies.
Ces fonctions sont soit incluses dans des espaces connus, soit le prolongement de ces espaces,
soit dans un espace réservé :

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• espace “tendresse“ : lecture
• tisanerie
• jardin d’hiver
• espace pour déjeuner à l’extérieur
• espace de rencontre avec la famille - visites
• espace “musique“ pour les soignants…

à développer en fonction du site d’expérimentation proposé par le maître d’ouvrage.


D’ores et déjà plusieurs scénarios sont envisagés car il y a plusieurs types de terrains
d’expérimentation potentiels.

Nous évaluerons la pertinence de leur étude fonctionnelle et sonore et de leur rapport avec les
autres espaces.

Pour Mémoire

• BCDE Architecture, architectes, l’Atelier de scénographie Rossen IVANOV, scénographe, et


l’industriel LAFARGE PLÂTRES ont remis en Octobre 2003 le document intitulé

Rapport d’étude élaboré à partir de l’enquête sociologique, Analyse globale phase 1

Ce document présente les premières interprétations et prescriptions architecturales sonores des


résultats de l’enquête sociologique appliqués à chaque famille d’espaces liée au parcours et
caractérisée par un des paradoxes dévoilés précédemment.
Il a servi de source à la réflexion proposée au Séminaire.

Conclusion

La prise en compte du facteur sonore dans un tel projet modifie profondément le processus de la
conception architecturale du domaine hospitalier.
L’étude a porté sur les qualités sonores attendues par les usagers et donc supposées meilleures
pour la thérapie sans remettre en cause la fonctionnalité des lieux, leur surfaces, leurs
équipements qui sont pour l’ensemble indispensables à l’activité thérapeutique.

- les sociologues doivent intervenir en amont sur chaque site pour révéler les demandes des
usagers et orienter l’élaboration du programme sonore en fonction des situations sonores
spécifiques à l’architecture de l’établissement.
Lorsque le site définitif d’expérimentation sera choisi, il sera nécessaire de vérifier la cohérence
des axes de conception issus de l’enquête avec la configuration spatiale et les usages
hospitaliers qui lui sont propres.

La définition précise du programme sonore passe par ce travail primordial.

- les concepteurs doivent faire face à des doubles contraintes pour traiter les paradoxes des
enjeux révélés par l’enquête.
L’équilibre des choix déterminera la cohérence du concept architectural.
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D’autre part, il ne s’agit plus de traiter uniquement l’aspect fonctionnel, normatif et technique de
la construction, mais d’intégrer des paramètres sensoriels majeurs en acoustique (
réverbération, matité, résonance,…) au même titre que ceux pris en compte dans le domaine
visuel (éclairement, luminosité, chaleur,…)
Les paramètres sonores essentiels pour ce travail seront accentués par des effets de couleurs et
de lumières

Certains dispositifs sont à inventer, à expérimenter, à valider s’ils sont pertinents pour leur
reproductibilité.

- le maître d’ouvrage doit accepter la remise en cause de la pratique sélective des espaces.

Il doit accepter une plus grande interpénétration des activités et des ambiances. La multiplication
des situations sonores et leur superposition entraîneront un enrichissement des formes, des
matériaux et des dispositifs techniques et une modification des usages.
Le personnel hospitalier sera également sollicité par le changement de certaines pratiques.

BCDE Architecture, le 10 Juin 2004

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