Grammatica Della Lingua Vallone PDF
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Lorint Hendschel
Rivoeyou et ramîdré pa Djan Cayron et Pablo Saratxaga
2001, 2012
modêye 0.2.12
2
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3
Creûhète f., 1. (fig. 235), syn. creû d’ pårt Dièw, croix de par Dieu, croix figurée sur
le titre de l’alphabet où l’on apprenait à lire aux enfants ; par ext., l’alphabet : si
fèye n’ èst co qu’ al ∼ ; rèvoyî ’ne saquî al ∼ (voy. å b c) [...]. (Haust 1933)
Creûjète s.f., abécédaire. (Hostin 1975)
Croujète f., alphabet, croix de par Dieu. (Deprêtre 1942)
Creûjète n.f., abécédaire, petit livre contenant l’alphabet pour enseigner à lire aux
enfants ; nos vieux abécédaires étaient tous précédés d’une creûjète, une petite
croix, ce qui indiquait que la leçon commençait par le signe de la croix ; par
extension l’alphabet lui-même ; le commencement de quelque chose : i n’ enn’
est nin co al creûjète, il ne sait pas encore lire ; i n’ enn’ est co k’ al creûjète,
il commence à lire. Po z’aprinde li creûjète, / I faleûve bin trwès mwès, / Et po
sawè spèli / Au mwins chî mwès après. (Quinaux). (Pirsoul 1934)
Croejhete [köø :ZEt] f., petite croix f ; petit croisement m ; livre de lecture élémentaire
m, abécédaire m, grammaire f ; i n’ sait nén ddja s’ ∼ : c’est un véritable ignare,
il n’a aucune base. (Bauthière et al. 2009)
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Présentation
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6
de classes de mots (adjectifs, noms, verbes, etc.). Toutefois, à plusieurs endroits, des
préoccupations fonctionnelles rompent cet agencement, ce qui permet de regrouper
des mots qui, quoique n’appartenant pas à la même classe, peuvent jouer des rôles
comparables (p. ex. les introducteurs, les chiffres, les conjonctions de coordination,
etc.).
Du point de vue de la matière étudiée, il est également apparu que si tous les ou-
vrages consultés se présentent comme des « grammaires wallonnes », ce qu’on entend
par « wallon » est parfois tellement différent (témoignages oraux ou littéraires ou. . .
absents ; littérature ancienne ou langue moderne, etc.) qu’une simple accumulation des
données existantes n’était pas possible : il fallait que le champ propre du présent ou-
vrage soit mieux circonscrit (voir ci-dessous « La matière étudiée ») ; il fallait en outre
expliquer en quoi on peut être autorisé à parler « du » wallon pour en faire une gram-
maire (voir Qu’est-ce que le wallon ?, p. 21).
La matière étudiée
Dans plus d’une grammaire, les auteurs se contentent de donner le nom de la langue
à laquelle l’ouvrage est censé s’appliquer (grammaire française, grammaire du wallon
liégeois, grammaire aclote, etc.). Or une grammaire du wallon de Namur s’appuyant
uniquement sur des enregistrements oraux débouche sur une description qui peut être,
sur certains points, très différente d’une grammaire décrivant les textes revus et corrigés
par une association littéraire de la même région.
Une langue, quelle qu’elle soit, n’a de forme concrète que dans une série de « lectes »,
c.-à-d. de variantes, notamment géographiques (dialectes), sociales (sociolectes) et dia-
chroniques.
Cet ouvrage se limite à décrire :
– Les formes écrites de wallon, appelées ici « littérature ». Il faut comprendre litté-
rature dans le sens très large de « texte publié » : non seulement la littérature au
sens propre, mais aussi la bande dessinée, la chanson, des transcriptions d’eth-
notextes, des traductions, des textes non littéraires, etc. Les textes en prose sont
généralement privilégiés : sur bien des points, la poésie aurait pratiquement be-
soin de sa propre grammaire.
Quant au choix des auteurs, volontairement éclectique, il n’était pas seulement
dicté par le caractère « reconnu » de leur œuvre, ni par les qualités littéraires
qui leur sont généralement prêtées. Ce qui a aussi retenu mon attention, c’est la
diffusion des œuvres. On trouvera ainsi, à côté de prosateurs classiques tels que
A. Laloux ou J. Calozet, beaucoup d’auteurs publiés dans des anthologies bien
diffusées (p. ex. Scrîre), des revues, des calendriers, des groupes de rock dont
les CD sont distribués en dehors des circuits wallons habituels, etc. (voir Index
des auteurs, p. 325). L’accent est donc mis sur le wallon comme il se voit, et non
(seulement) tel qu’il devrait être. . .
– Le wallon contemporain : les échantillons littéraires sont essentiellement choisis
dans le siècle qui vient de s’écouler, avec une préférence pour les textes plus
récents. L’un ou l’autre auteur cité a néanmoins produit son œuvre dans les an-
nées 1930. Les très rares cas où des auteurs encore antérieurs sont cités sont
7
Prescription et description
Toute grammaire, au sens de manuel de grammaire, d’exposé de règles, est à la
fois descriptive et prescriptive : elle ne saurait exister si elle ne décrit pas un usage
(fût-ce celui de l’auteur) et elle est prescriptive par raison d’être, dans la mesure où elle
cherche à « guider » le lecteur dans la forêt des mots et de la syntaxe.
Or, contradictoirement, toute langue est d’abord marquée, en superficie, par la di-
versité : comme du sable fin, elle s’écoule entre les doigts quand on veut la saisir, elle
s’éparpille en variantes sans fin et usages contradictoires.
Toute grammaire, comme toute orthographe d’ailleurs, tendra par conséquent à rigi-
difier, rendre discontinus, des usages par nature fluctuants, contradictoires et continus.
Quel est donc le point de vue normatif adopté dans cette grammaire ?
Tout d’abord, notre parti pris de présenter le wallon en entier, de choisir des formes
plutôt littéraires et plutôt contemporaines n’est évidemment pas innocent : une gram-
maire des usages contemporains oraux ou de la langue écrite du 18e siècle guiderait
le lecteur sur d’autres voies... Notre but est de donner à l’utilisateur quelque chose
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time conviction qu’il n’est plus possible, aujourd’hui, d’aimer et de pratiquer le wallon
sans être un tant soit peu familiarisé avec ses principales variantes, tant à l’oral qu’à
l’écrit : la communauté de langue wallonne est maintenant beaucoup plus réduite que
par le passé et les contacts sont heureusement de plus en plus nombreux entre wallono-
phones de régions diverses ; parallèlement, les revues actuelles et les médias modernes
diffusent le wallon au delà des cercles de proximité. Ces deux éléments ne doivent pas
être subis comme une catastrophe (certains allant jusqu’à prétendre « qu’ils préfèrent
voir disparaître le wallon plutôt que de le voir changer ») mais mis à profit comme une
planche de salut ou un tremplin vers l’avenir.
Les exemples inventés sont écrits avec des formes de référence (les exemples lit-
téraires sont toujours cités textuellement) ; les listes de mots (p. ex. d’adverbes, de
conjonctions, etc.) sont classées par rapport à une forme de référence mais toutes les
variantes connues sont citées.
Ce premier tri concerne essentiellement cinq niveaux de langue :
Orthographe
Depuis quelques années, certains animateurs (dont les auteurs de cette grammaire)
remettent en question la bonne adaptation du système de transcription Feller, utilisé de-
puis une centaine d’années, à la vision unitaire et modernisée du wallon qu’ils cherchent
à promouvoir.
Les principales raisons sont les suivantes :
– le système Feller a été mis au point avant la naissance de la linguistique moderne,
à un moment où l’analyse de la structure phonique des langues était purement
phonétique : tous les sons sont « mis à plat » sans qu’apparaisse jamais la struc-
ture de la langue. Des variations phonétiques structuralement non pertinentes
sont ainsi mises sur le même pied que les variations phonologiques. Il est abusif
d’appeler le système Feller « orthographe ». Il s’agit, à proprement parler, d’un
« système de transcription ». Le fait qu’il existe presque autant d’interprétations
du système de transcription Feller que d’associations littéraires, de revues, de
grammairiens et d’auteurs est dû évidemment aux excès du provincialisme wal-
lon, mais aussi à l’absence complète d’une analyse de la structure phonologique
de la langue actuelle.
– le système de transcription Feller s’est bâti sur une rupture complète avec les
traditions graphiques antérieures —variées, il est vrai—, ce qui tend à couper les
Wallons de leur littérature ancienne mais aussi de la compréhension de beaucoup
de toponymes et anthroponymes utilisant ces traditions graphiques anciennes.
– enfin, si le système de transcription Feller est marqué par les techniques prélin-
guistiques de l’époque à laquelle il a été mis au point, il est également marqué
par les conceptions sur les langues qui prévalaient à son époque. Ainsi, si l’on
considère qu’un système graphique est aussi une analyse de la langue, on peut
remarquer que l’analyse graphique d’idiomes tels que le français prend comme
point de départ l’unité de la langue. Les variations se greffent sur cette unité fon-
damentale abstraite que matérialise l’orthographe. Par contre, à travers le sys-
tème de transcription phonétique Feller, le wallon est présenté d’abord comme
une collections de variations (et non de variables ; voir plus loin la discussion de
10
Variantes dialectales
Morphophonologie
S’agissant des variations phonétiques portant sur des morphèmes (c.-à-d. pas des
variations morphologiques au sens propre, lesquelles sont rares en wallon), le traite-
ment est le même que ci-dessus si la variable notée par l’orthographe normalisée ne
rend pas compte de toutes les variantes ; toutefois, si l’accent est plutôt mis sur la re-
présentativité dans le premier cas, la notion de cohérence au sein d’un paradigme sera
souvent déterminante dans la morphophonologie.
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Pour un exposé systématique, voir les différentes sections du chapitre consacré aux
classes de mots, à partir de la page 81.
Syntaxe
En général, les variantes dans ce domaine sont mises sur un même pied et considé-
rées comme équivalentes.
Lexique
Toutes les variantes lexicales sont mises sur le même pied (p. ex. djåzer, cåzer,
pårler et dvizer sont considérés comme des synonymes ; de même mindjî et mougnî
∼ magnî ; niche, yôrd, mannet et måssî, etc.).
Conclusion
Notre préoccupation constante aura été non pas de diminuer ou d’occulter la di-
versité inhérente à toute langue vivante mais bien de l’organiser selon les grands axes
exposés ci-dessus ; nous avons tenté de laisser suffisamment de latitude pour que ce
soient les lecteurs, en dernier ressort, qui bâtissent leur propre grammaire à partir des
matériaux exposés ici.
Enfin, si notre but initial était de réaliser une sorte de synthèse, il faut admettre
que la présente tentative de description synchronique du wallon comme langue est une
idée trop neuve pour que nous prétendions faire autre chose qu’une expérimentation.
Plutôt que des réponses, nous n’avons trouvé que de nouvelles questions. Tant dans
ses aspects techniques (grammaticaux) que sociolinguistiques, ce livre se veut donc
moins, tout compte fait, une conclusion de travaux antérieurs qu’une porte ouverte sur
des travaux futurs.
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– subj. : subjonctif
– subord. : subordination
– subst. : substantif
– sud nam. : sud-namurois, région de Dinant (CW)
– transcr. : transcription
– v. : verbe
– verv. : verviétois (EW)
– ∼ : variantes dialectales phonétiques, ex. : pwate ∼ pwète (porte)
– → : variantes morphologiques, syntaxiques, etc. Ex. : pitit → pitite (petit, -e).
– > : variantes historiques, ex. cial > chal (ici). Signifie : l’ancien cial est devenu
chal.
– ↔ : variantes phonétiques d’un phonème. én [ẽ] ↔ [e] ↔ [Ẽ] ↔ [ı̃]. Signifie : én
peut se prononcer [ẽ], [e], [Ẽ], [ı̃], ou encore toutes les variantes intermédiaires.
– 6= : diffère de, doit être distingué de
Consonnes
Semi-consonnes
19
Chapitre 1
1.1 Géographie
1. Le wallon est une langue régionale romane parlée en Wallonie (sud de la Belgique ; v.
carte p. 295). Elle est ou était également parlée :
– dans une petite partie de la France : « botte de Givet » (nord du département des
Ardennes), plus quelques villages du département du Nord (Cousolre) ;
– dans une petite zone de l’état du Wisconsin, États-Unis (Green Bay), en raison
d’une émigration assez importante au 19e s. ;
– par des résidants wallons à Bruxelles ;
– dans deux ou trois villages du Grand Duché du Luxembourg (Doncols, Sonlez),
où le wallon est maintenant probablement éteint.
D’autres langues régionales sont parlées en Wallonie, en périphérie du domaine wal-
lon :
– le picard (Mons, Ath, Tournai) ;
– le gaumais (Virton) ;
– le champenois (Bohan) ;
– le luxembourgeois (Arlon, Martelange), langue germanique, langue nationale du
Grand Duché de Luxembourg.
Le wallon fait partie de l’ensemble d’oïl (c.-à-d. les langues romanes du nord, dont
la plus connue est le français). Il se distingue des autres langues d’oïl surtout par un
apport germanique important (dans la phonétique, le lexique, la grammaire) mais aussi,
contradictoirement, par un conservatisme phonétique marqué (le wallon est resté assez
proche des évolutions qui se sont déroulées dans le haut moyen âge).
1.2 Histoire
2. Parler d’une « date de naissance » pour le wallon est inapproprié, d’une part évidem-
ment parce que les langues ne naissent pas en une nuit ; mais surtout parce que le
moment de la naissance dépend du point de vue adopté.
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22 CHAPITRE 1. QU’EST-CE QUE LE WALLON ?
Ainsi, d’un strict point de vue linguistique, Louis Remacle (Remacle 1948) a montré
que bon nombre des évolutions que nous considérons aujourd’hui comme typiques du
wallon sont apparues entre les 8e et 12e siècles. Le wallon « était nettement et définiti-
vement individualisé dès 1200 ou dès le début du 13e siècle » (p. 93).
Toutefois, les textes « linguistiques » de l’époque ne mentionnent pas le wallon, alors
qu’ils mentionnent déjà, entre autres, le picard et le lorrain dans le même domaine
linguistique d’oïl. Jusqu’au 15e s., les scribes de nos régions appelleront leur langue
« roman » quand ils voudront la distinguer des autres.
C’est au début du 16e s. que nous trouvons la première attestation du mot « wallon »
au sens linguistique où nous l’entendons aujourd’hui : en 1510 ou 1511, Jean Lemaire
de Belges fait la transition entre « rommand » et « vualon » :
Et ceux cy [les habitants de Nivelles] parlent le vieil langage Gallique que
nous appellons Vualon ou Rommand (. . .). Et de ladite ancienne langue Vua-
lonne, ou Rommande, nous usons en nostre Gaule Belgique : Cestadire en
Haynau, Cambresis, Artois, Namur, Liege, Lorraine, Ardenne et le Rom-
manbrabant, et est beaucoup differente du François, lequel est plus moderne,
et plus gaillart.
Le mot « wallon » acquiert ainsi un sens plus proche de l’actuel : le vernaculaire de la
partie romane des Pays-Bas et du pays de Liège. On peut poser que la période où s’éta-
blit l’hégémonie bourguignonne unificatrice en pays wallon est un moment charnière
de notre histoire linguistique. La cristallisation d’une certaine identité wallonne par op-
position aux régions « thioises » (flamandes) des Pays-Bas consacre le mot « Wallons »
pour désigner nos populations.
De même, un peu plus tard, leur langue vernaculaire est plus nettement ressentie comme
distincte du français central et des autres idiomes d’oïl environnants, ce qui entraîne
l’abandon du mot « roman » au sens vague au profit du mot « wallon » dont l’exten-
sion linguistique est superposée au sens ethnique et politique. C’est aussi l’époque où
le français achève de remplacer le latin dans toutes les fonctions (cf. l’édit de Villers-
Cotterêts, en 1539) ; il s’établit comme langue d’enseignement, il fait l’objet d’une
intense politique de normalisation (La Pléiade) : dans un contexte où cohabitent deux
langues de la même famille, l’une ne peut se définir que contre l’autre. . .
Les environs de l’an 1600 apportent comme une confirmation écrite des évolutions des
représentations au cours des deux siècles antérieurs : c’est à cette époque que s’impose
définitivement le système graphique français en pays wallon (Dees 1985, Lodge 1993).
C’est aussi de cette époque que date, corrélativement, une tradition de textes écrits dans
une langue tâchant de décalquer le vernaculaire oral wallon, alors que la langue écrite
des siècles précédents, la scripta, était une langue composite, typiquement wallonne
mais ne reproduisant pas systématiquement les traits du vernaculaire oral de l’époque
(voir exemples p. 313).
régional s’est répandu partout, au point que 30 à 40% seulement de la population wal-
lonne pratiquaient encore leur langue propre à l’aube du 21e s. (Hendschel 1999), les
proportions variant de 70 à 80% chez les plus de 60 ans à environ 10% chez les moins
de 30 ans. La connaissance passive est beaucoup plus courante : elle irait de 36 à 58%
dans le groupe d’âge où la connaissance active est la plus faible, c.-à-d. chez les jeunes.
Légalement, le wallon est reconnu depuis 1990 par la Fédération Wallonie-Bruxelles
(anciennement Communauté française de Belgique, c.-à-d. l’autorité compétente en
matière culturelle pour la Wallonie dans l’État fédéral belge) comme « langue régionale
endogène » qu’il faut étudier et dont il faut encourager l’utilisation.
Le mouvement culturel wallon repose entre autres sur l’Union culturelle wallonne
(UCW), qui regroupe plus de 200 cercles de théâtre amateur, des groupes d’écrivains,
des comités de promotion du wallon à l’école. Une bonne douzaine de revues paraissent
régulièrement. Il faut aussi citer la Société de langue et de Littérature wallonne (fondée
en 1856), qui promeut la littérature wallonne et l’étude des langues régionales romanes
de Wallonie (surtout dialectologie, étymologie, etc.).
Orthographe et prononciation
25
Chapitre 2
Orthographe et prononciation
2.1 Introduction
5. Un manuel de français ou d’espagnol enseigne « l’orthographe », c.-à-d. la « bonne
façon d’écrire », à l’exclusion de toute autre. Qui décide de ce qu’est la « bonne » façon
d’écrire ? Dans le cas de l’espagnol ou du français, ce sont les Académies, relayées
par l’État, à travers des lois ou le système d’enseignement. Mais les langues telles
que le wallon n’ont pas d’académie officielle, ni d’appareil étatique, ni de système
d’enseignement pour imposer une « bonne » manière d’écrire et stigmatiser toutes les
autres. Rien ne force les gens à écrire d’une certaine façon à l’exclusion de toute autre.
C’est la raison pour laquelle on peut rencontrer plusieurs formes de wallon écrit (voir
quelques exemples à la p. 313), notamment :
– des écrits spontanés, de personnes qui ne connaissent pas les systèmes orthogra-
phiques utilisés en wallon et écrivent donc « comme ils le sentent », souvent en
s’inspirant du français enseigné à l’école ;
– des écrits anciens, où l’on trouve des systèmes personnels, des graphies tradi-
tionnelles (p. ex. xh) ou encore des graphies inspirées du français, du picard, de
l’étymologie, etc. ;
– des écrits utilisant le système de transcription Feller ;
– des écrits en orthographe « normalisée ».
Dans l’immense majorité des cas, les productions littéraires wallonnes utilisent une des
variantes du système de transcription Feller, du nom du philologue qui l’a proposée en
1900 (Feller 1900a, Feller 1900b). Il a été choisi, sur concours, par la Société liégeoise
de Littérature wallonne (aujourd’hui Société de Langue et de Littérature wallonnes),
société la plus influente, qui regroupait les principaux dialectologues et écrivains actifs
en Wallonie. Il était théoriquement conçu pour transcrire toutes les langues régionales
romanes de Wallonie (donc aussi le picard et le gaumais) mais n’est utilisé, en général,
que pour le wallon proprement dit, et beaucoup plus rarement par les écrivains picards
et gaumais.
Son principe de base est le phonétisme, tout en tenant compte de l’histoire de la langue :
quand le phonétisme le permet, les mots retranscrivent aussi certains aspects étymolo-
27
28 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
giques ou « habillent » les mots wallons pour qu’ils ressemblent à leurs équivalents
français.
Le principe de phonétisme implique que le système de transcription Feller n’est pas
une orthographe « normalisée » : s’il y a une différence de prononciation, cette diffé-
rence est aussi notée dans l’écriture. Par exemple, en français, le mot chambre peut être
prononcé, selon les régions, champe, chimbre, cham’breu, etc. Mais partout, on écrit
de la même façon : « chambre ». Dans un système de transcription tel que le système
Feller, toutes les différences de prononciation (y compris les différences phonétiques
et non phonologiques) peuvent être notées si on le désire, par exemple : nin, nén, né,
nîn, ni (ne . . . pas).
L’alphabet
7. Les signes diacritiques utilisés sont les accents aigu (é, É), grave (è, È), rond (å, Å) et
circonflexe (â, Â, ê, Ê, î, Î, ô, Ô, û, Û).
Certaines variantes du système de transcription Feller utilisent aussi : à, À (à, là, dèdjà),
ù (èwoù), ì (ptìt). Mais on écrit le plus souvent la (là), dedja (déjà), a (à), ewou (où). ì
n’est pratiquement jamais utilisé en dehors des ouvrages scientifiques (voir ci-dessous
i).
Dans certains dialectes, on utilise aussi le tréma : ë (lë ptët, le petit ; brab., Bertrix), ö
(röze, rose ; chestr.) ; voir à ces lettres ci-dessous.
2.2. LES LETTRES 29
Les graphèmes
8. L’orthographe normalisée est fondée sur la notion d’une notation de variables , c.-à-d.
des unités abstraites structurant la langue et pouvant se réaliser en différentes variantes.
Ces variantes peuvent être :
– phonétiques : côp (coup) se réalise [ko :], [kÕ], [kU :], etc. (transcriptions phoné-
tiques Feller : côp, cônp, cônp, cöp, coûp, cōp, etc.).
– phonologiques : pexhon se réalise [pESÕ] ou [pEhÕ] (transcriptions phonétiques
Feller : pèchon, pèhon) ;
– dialectales : novea se réalise [nOvja], [nOve :] ou [nOvE :] (transcriptions phoné-
tiques Feller : novia, novê, nové).
Chaque variable a une représentation graphique typique, appelée graphème et utilisée
dans le classement ci-dessous.
Comme dans toute langue écrite, certains sons identiques peuvent apparaître comme
réalisations de variables différentes (p. ex. in [Ẽ] comme réalisation de én et de in).
Proposer un système de variables pour une langue, rendant compte des principales
variantes phonétiques, phonologiques et dialectales, est un exercice forcément quelque
peu arbitraire : la classification présentée ci-dessous n’est donc pas à considérer comme
« le » système des variables du wallon mais comme une des manières possibles de
structurer la plus grande partie de la diversité phonétique observable.
Les lettres précédées d’un astérisque sont des graphies utilisées dans le système de
transcription Feller mais pas dans l’orthographe normalisée.
9. a
a [a]
Exemples : gade (chèvre), il abata (il abattit), vola (voilà), cas (cas), avou (avec), a
(à).
Prononciation : comme en français.
Le son a est parfois réalisée localement par le son [a :] (a long), noté â en transcr. Feller.
Exemple en CW : diâle (diable).
Voir aussi å, ae, an.
* â [a :]
Ce phonème est assez rare en dehors de la réalisation [a :] de å ou de la réalisation [a :]
de a dans certaines régions et dans certains contextes phonétiques, notamment devant
[ö] en nam. : (transcr. Feller) mwârt (mort), pwârter (porter). Voir oi.
Voir a, å, an, oi.
å [O :] ↔ [o :] ↔ [a :]
Exemples : påsse (pâte), å (au), djåzer (parler), malåde (malade), tchåsse (chausse),
cåzer (parler), håsse (hâte), lård (lard), åjhey (facile), i fåt (il faut), tåve (table), må
(mal), rindåve (rentable)
30 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
ae [a] ∼ [E]
Exemples : plaece (place), glaece (glace), passaedje (passage), scrijhaedje (écriture),
saetchî (tirer).
Prononciation : comme a à Charleroi et Namur ; comme è à Liège et en Ardenne (le
plus souvent) ; le suffixe -aedje se prononce -âdje en OW.
Transcr. Feller : écriture phonétique, donc a (place, glace, passadje), â (passâdje) ou è
(plèce, glèce, passèdje), selon la prononciation.
Remarque : ä fut la graphie conseillée par la Commission de Normalisation de la
Langue de l’UCW. ae n’est qu’un équivalent sans tréma. Aujourd’hui, la forme ä a
presque totalement disparu et a été remplacée dans l’usage par ae.
ai [e :] ↔ [E :]
Exemples : mwaisse (maître), i fwait (il fait), aiwe (eau), vaici (ici), afwaire (chose,
affaire), vraiy (vrai)
Cette variable est prononcée un peu plus ouverte en EW, CW et SW ([E]) et un peu plus
fermée en OW ([e]).
Utilisation des variantes graphiques dans le système de transcr. Feller : aî n’est utilisé
que par les auteurs namurois (maîsse, i faît). La tendance est plutôt d’écrire ê en EW et
SW (mêsse, i fêt) et é en OW (mésse, i fét).
1. ALW I, 12 « char », 15 « chausse », 21 « clou », II, 2 « aux ».
2.2. LES LETTRES 31
* aî Voir ai.
an [ã] ↔ [Õ]
Exemples : Djan (Jean), blanc (blanc), divant (avant, devant), cwand (quand), nos l’
dijhans (nous le disons), nos årans (nous aurons).
Prononciation : comme en français.
Théoriquement, le son [ã] s’écrit toujours an et jamais en, ni aon : ampire (empire). En
transcr. Feller, certains auteurs privilégiant l’analogie avec le français utilisent parfois
en : empîre.
Chez les jeunes ou les néo-locuteurs, on constate une tendance de plus en plus marquée
à remplacer les an par des in : kind pour quand (quand), diminder pour dimander
(demander), tchinter pour tchanter (chanter), etc. Ex. lit.
– OW : Fuche bourré pou pogotter / Ou t’amuser ou bé dinser (. . .). (SLUGS, Bir-
thday) [pour danser].
– CW : C’est quind minme pu aujie / Quind t’es ritche d’yèsse lé ! (COMPOST
BINDE, Lépû) [pour quand].
Il existe une tendance à prononcer on en condr. : Djon (Jean). En chestr., il existe un son
intermédiaire, noté ån : djåndu (touché). Il existe une tendance à la dénasalisation en
EW, et surtout à l’est de ce domaine (malm.) : djâbe (jambe). Ces variantes phonétiques
sont notées telles quelles en transc. Feller.
* ån Voir an.
* au Voir å et ô.
10. b
b [b]
Exemples : bén (bien), aboird (abord), betch (bec).
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.
11. c
*c Voir k et s.
32 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
*ç Voir s.
ch [S]
Exemple : chal (ici), cachî après (chercher), rinchinchote (dîner, gueuleton), muchî
(cacher), chife (chiffre), chamo (chameau).
Prononciation : comme en français.
Le son [S] est relativement rare en wallon, sauf comme réalisation de xh, sch et sh .
En dehors de ce cas, il provient d’emprunts au français (chifrer), de formes picardes
(muchî (entrer ; cacher) face à moussî (entrer ; habiller)) ou de cas d’assimilation de
[sj], sporadiquement en EW et OW, de type : (transcr. Feller) cial (arch.) > chal (ici) ;
assiete > achète (assiette), atincion > atinchon (attention), pourcia > pourcha (co-
chon), etc. (voir la section consacrée aux assimilations, p. 59)
On constate actuellement une tendance très nette (au moins en CW, SW et OW) à
remplacer certains [S] (quelle que soit leur origine) par des tch.
En orthographe normalisée, la graphie tch, plus wallonne, sera préférée à ch quand
il s’agit d’emprunts au français et que les deux formes (ch et tch) existent dans le
domaine wallon. On écrira par ex. tchike plutôt que chike, tchance plutôt que chance
ou tchocolåt plutôt que chôcolat.
Ex. lit. :
– OW : Vint côps lès losses l’avît disployi : al douwane, ôzès gardes du trin èy’
asteûre, divant ç’tila qu’ lès atôtcheut. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) [la
forme originelle est atôchî] — Sins rén ratinde, dji m’ èva / Catchî z-après l’ du-
cace (A. GAUDITIAUBOIS, Èvoye Blues, sur le CD compilation Emacralaedje)
[La forme originelle est cachî]
– EW : I rimpliha sès potche di tchôcolat (. . .). (MITTEI, Zanzan, p. 30) [pour chô-
colat/tchocolåt]
– CW : Lès pourcias, c’ n’èst nin dès bièsses rèssèréyes dins dès gayoles po l’s
ècrautchî au pus rade. (Chwès, Libramont, p. 49) [La forme originelle est ècrau-
chî]
– RW : Dj’ a rlevé des mots byin da Roger et d’ ses soçons do Wisconsin :
(. . .) des kinikes : des boubounes, des tchocolåts. (Y. PAQUET, Del poude di vî
tchinisse, sur rifondou.walon.org) — Et rnåder el mer ene sôre di noer brouwet
d’ tchike. (L. MAHIN, Li Rantoele n˚XX, p. XX).
12. d
d [d]
Exemples : dint (dent), wårder (garder), des (des), droet (droit), di (de), dimander
(demander), rindou (rendu)
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.
2.2. LES LETTRES 33
dj [dZ]
Exemples : djin (personne), rodji (rougir), dji (je), radjouter (ajouter), å ådje (âge),
lidjwès (Liégeois).
Prononciation : comme dans les mots d’origine anglaise John, jazz, jeans. En position
finale, voir Assourdissement des consonnes en finale, p. 58.
Remarque : le groupe [dj] + voyelle est souvent prononcé comme un [dZ] : diale
> djâle (diable). Ce trait phonétique est parfois noté. Voir la section consacrée aux
assimilations (p. 59).
Voir j
djn [ññ]
Exemples : on djno (un genou), a Djnape (à Genappe), li djniesse (le genêt).
Prononciation : deus gn à la suite.
Il s’agit en fait de la forme élidée et assimilée de dji+n-. Voir la section consacrée aux
assimilations (p. 59).
Est noté en système de transcr. Feller gn(’)gn (parfois d’gn) : on gngno, a Gngnape, li
gngnèsse.
13. e
e (au début ou à l’intérieur d’un mot) [E]
Exemples : efant (enfant), bedot (mouton), biesse (bête), les (les), pierdant (perdant).
Prononciation : pratiquement toujours è ([E]). D’un point de vue phonologique, noter
systématiquement l’accent grave est pratiquement inutile, puisque la prononciation est
régulière. Ne pas le noter allège considérablement l’aspect visuel de l’orthographe wal-
lonne. Dans les formes de références, une exception est faite pour les morphèmes des
épithètes féminines plurielles antéposées (p. 83) et de la 3e pers. du plur. de l’indicatif
présent (p. 161), voire pour le suffixe -wès. Ex. : bwès, namurwès mais namurwesse.
Transcr. Feller : selon la prononciation, donc èfant ; bèdot ; bièsse ou biêsse (chestr.,
Lesse), lès, pièrdant .
Remarques :
a) Une section particulière revient sur les signes diacritiques, notamment sur le e .
b) En plus des prononciations notées ci-dessus, dans certains mots et certaines régions,
le e interne peut ne pas se prononcer : dji serè est réalisé dji sèrè ou dji srè ; c’ est
pezant est réalisé pèzant ou pzant (Centre) ; ledjîr est réalisé lèdjîr ou ldjîr (ESM) ;
il a metou est réalisé il a mètu, mètou ou mtu (carol.) ; il a semé est réalisé il a sèmè,
sèmé ou smè ; mezeure peut se réaliser mzeure ; boledjî est prononcé bolèdjî ou boldjî.
c) Dans certains emprunts récents au français, il peut exister une hésitation entre la
prononciation é ([e]] et è ([E]) : velo (vélo), telefone (téléphone), culturel (culturel).
NB : Dans ce dernier cas, la forme wallonne originelle est -é, comme dans té (tel), åté
(autel), ké (quel).
d) En transcr. phonétique Feller, il arrive que la lettre « e » soit utilisée pour « eu ». Ex.
lit. :
34 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
e (« muet ») Exemples : gade (chèvre), blame (flamme), rôze (rose), dji cmince (je
commence).
Ce e n’est jamais prononcé, même dans la poésie.
En orthographe rénovée, on trouve ce e « muet » uniquement en fin de mot : rôze (rose),
gade (chèvre).
Dans les cas où le système de transcr. Feller emploie une minute pour marquer la
prononciation d’une fin de mont, on notera un e muet en orthographe normalisée. Voir
p. 69
Dans certaines variantes des transcr. phonétiques Feller, on le trouve aussi :
– Dans les mots, par analogie avec le français : li cmincemint (le commencement),
bièssemint (bêtement) ;
– Dans les mots, à la jointure de certains morphèmes : boketer (être en rut, en parlant
d’une chèvre), nos vikerans (nous vivrons).
Dans les formes de références, il n’est utilisé qu’en position finale. On écrira donc :
rôze, gade, li cminçmint, biesmint, bocter, nos vicrans, etc.
è [E]
Exemples : rwè (roi), lwè (loi), des grandès femes (des grandes femmes).
Prononciation : comme en français. Pour le choix de son emploi voir les paragraphes
consacrés au e ci-avant.
2.2. LES LETTRES 35
é [e]
Exemples : pés (pis), viké (vécu), fé (faire).
Prononciation : comme en français.
Par analogie avec le français, certaines formes verbales à l’infinitif et à la 2e personne
du pluriel sont écrites avec -er et -ez : viker (vivre), rider (glisser), djåzer (parler). . .
vos vikez (vous vivez), vos ridez (vous glissez), vos djåzez (vous parlez). . .
Dans certains dialectes, notamment le sud-nam. et le SW, les é [e] finals des autres dia-
lectes sont systématiquement des è : costè (côté), il a-st-arivè (il est arrivé), etc. C’est
aussi le cas de certains morphèmes verbaux du carol. : vos arivèz (vous arrivez), il a
arivè (il est arrivé ; mais ariver, arriver) ; voir, dans la section consacrée à la conjugai-
son, l’inf. (p. 159) l’ind. pr. (p. 161) et le part. pas. (p. 175).
En ancien wallon, le son é ([e]) était très souvent écrit ei. Ex. :
– 1521 :« Item a copeit ung borsea de fannemen sor lesqueils n’at rin payt. » (Topo-
nymie et documents lexicaux de Lorcé, L. Remacle) [N.B. : borsea : élément d’un
train de bois flotté ; fannemen : une espèce de bois.]
Voir aussi è, ê et én.
*ë Voir i et u.
ea [e :] ↔ [E :] ∼ [ja]
Exemples : bea (beau), novea (nouveau), mantea (manteau).
Prononciation : ia ([ja]) à Charleroi et Namur, ê ou é ([e :] ou [E :]) à Liège et en
Ardenne
Transcr. phonétique Feller : ia ou ê (parfois é ), selon la prononciation : bia, bê ; novia,
novê.
Le suffixe descendant du latin -ellus est noté -ea en orthographe rénovée, comme dans
certains systèmes d’écriture anciens. Voir p. 290. Ex. anciens :
– 1521 :« Item a copeit ung borsea de fannemen sor lesqueils n’at rin payt. » (Topo-
nymie et documents lexicaux de Lorcé, L. Remacle) [N.B. : borsea : élément d’un
train de bois flotté ; fannemen : une espèce de bois. - 1610 : « Le montant ou pos-
tea » (Expressions tautologiques dans l’ancien wallon, E. Renard) - 1775 : fawea
(petit hêtre) (Documents lexicaux extraits des archives scabinales de Roanne (La
Gleize) 1492-1794, L. Remacle).
La graphie ea est encore présente dans quelques noms de personnes wallons, p. ex. :
– Donea (Petit Daniel), Lotea (Petit Lothaire), Sarolea (nom d’origine, hameau de
Sårôlê, a Argenteau), etc.
Quelques exemples de mots écrits avec ea dans l’orthographe rénovée :
– novea (novia ∼ novê) (nouveau), bea (bia ∼ bê) (beau), mantea (mantê ∼ man-
tia), vea (veau) (vê ∼ via), cokea (cokê ∼ cokia), tchapea (tchapê ∼ tchapê),
etc.
* en Voir an. Ce digraphe est utilisé pour an dans certaines associations d’écrivains,
par analogie avec le français.
36 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
eu [œ :] ∼ [ø]
Exemples : leup (loup), dj’ esteu (j’étais), posteure (statue), costeure (coûture).
Prononciation :
a) La graphie normalisée eu se prononce fermée eû [ø :] (comme dans le français
des bœufs) dans tous les cas en EW et SW et la plupart du temps en OW et CW.
b) En OW et CW, la réalisation est ouverte eu [œ] (comme dans le français un bœuf )
dans les mots feu (feu), djeu (jeu), leup (loup) ou le morphème verbal de l’indic. im-
parf. : dj’ esteuve (j’étais) ; par contre, elle est fermée eû [ø :] devant r et dans les cas où
le eu précédait un r qui a disparu : eure (heure), leu (leur), måleur (malheur), coleur
(couleur), tchesseu (chasseur), colebeu (colèbeû : colombophile).
c) Le suffixe -eur(e) est en fait un cas particulier. Il se prononcera de manière géogra-
phiquement très variable :
– EW : -eûre
– EW, CW, SW : -eure
– OW : -ure
– ESM : -ûre
– brab., SW : -êre/-ère.
Ex. lit. :
– RW : Nouk ni m’ a rén dit. . . Mins i n’ faleut waire di compurdixheure. . . (L.
HENDSCHEL, So l’ anuti). Après l’ dictateure, c’ est l’ tice-monde la-djus. (N.
& G. STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 38)
– OW : Quand on wèt voltî, mossieû Jean, gn’a rén qui vos chène dûr ou malaujîle !
(F. Gianolla, Èl Bourdon n˚154, p. 114). [deur : dur]
2. ALW I, 3 « bien », 18 « chien », II, 75 « ne pas ».
2.2. LES LETTRES 37
– CW : (. . .) lès feumes èt lès omes qui d’meurenut dins cès viladjes-là (A. HAU-
WAERT, Li Chwès n˚9, p. 11). [dmeurnut : habitent]
– brab. : (. . .) èt cëtèllale èst co pës sère a-z-avaler quë dè l’ sërale. (J. DE SMET,
On Saunî à paurt, p. 78) [seure : acide] Dins r-on viladje nén lon èri d’ Namêr (E.
LAURENT, Les Cahiers wallons n˚ 41, p. 806) [Nameur : Namur]
– SW : Chake walon apwate ses amantcheures du frâzes (H. JACQUEMIN, Cout-
couloudjoû n˚92-93-94, p. 24) [emantcheure : tournure]
– EW : dji n’årè pus d’ keûre di s’ souwé mouf’tèdje (J. D’INVERNO, Anthologie,
p. XX) [end aveur di keure : n’en avoir cure]
Remarque : ce phonème n’est pas l’équivalent long de [œ]. Seuls certains rares parlers
du SW ont une opposition de longueur entre [œ] et [œ :].
Voir aussi un ([œ̃]).
14. f
f [f]
Exemples : feme (femme), Afrike (Afrique), filozofe (philosophe), fé (faire), feye
(fois, fille), afe (aphte), diferin (différent).
Prononciation : comme en français.
Ce son [f] ne s’écrit jamais ph : foto (photo), afe (aphte). . .
15. g
g(u) [g]
Exemples : gade (chèvre), gueuye (gueule), egzister (exister), gros (gros).
Prononciation et utilisation : comme en français. On écrit gu devant e et i : gueuye
(gueule), guiye (quille). . . En position finale, voir Assourdissement des consonnes en
finale, p. 58.
38 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
En général, le g n’est pas utilisé pour écrire un [Z], sauf chez quelques écrivains attachés
à l’analogie avec le français. Par exemple, le mot ancien djindåme a été remplacé par
un emprunt au français qui est normalement écrit jandâme ; mais on trouvera aussi
gendâ(r)me (et jendâ(r)me).
16. h
h [h] ↔ zéro
Exemples : hoye (charbon), havet (crochet), cahoute, (cahute), hintche (gauche), ahåyant
(intéressant), hamtea (hameau), houkî (appeler), hawe (houe), sohaitî (souhaiter),
hatchî (hacher) .
Prononciation : en EW, comme en anglais [h] ; non prononcé ailleurs mais peut empê-
cher la formation d’un hiatus : li hoye ou li houye (et non ˚l’ oye ; cf. en français les
haricots).
Normalement, dans le système de transcr. Feller, on n’écrit le h que s’il est prononcé,
donc uniquement en EW. Dans certains dictionnaires, on trouve par exemple : ouye ;
avèt ; ca-ute ou ca.ute.
Pourtant, dans le CW et le SW, le [h] est également présent, quoique rarement noté
(du moins en CW), puisqu’il empêche les liaisons : dès havèts et non ˚dès-avèts. Il est
également présent dans une partie de OW (ESM, voir ex. ci-dessous). Dans le reste de
OW, le h initial semble avoir disparu : dès-avèts. Ex. lit. :
2.2. LES LETTRES 39
17. i
i [i] ↔ [I]
Exemples : mi (moi), pitit (petit), li (le, la), dji (je), rivni (revenir).
Prononciation : comme en français, mais presque toujours plus relâché ([I]).
Le brab. et le bouill. prononcent le [i] (et le [y]) de manière très relâchée, ce qui est
noté ë (më, pëtët, lë) dans les transcriptions phonétiques du système Feller. La nuance
intermédiaire (nam., hesb.) est notée ì dans l’ALW : mì (moi), pìtìt (petit). Voir cartes
p. 295.
Devant une consonne sonore (douce), r ou y, il est prononcé long [I :]. Ex. : guiye
(quille), scrire(écrire), tidje (route en terre), Lidje (Liège), tigue (tigre). Voir longueur
des voyelles, p. 56, et î).
Voir aussi i nasal, sous én ; y ;
î [i :]
Exemples : mî (mieux), vî (vieux), pîd (pied), candjî (changer), scrît (écrit), tchåler-
wetî (carolorégien), prumî.
Prononciation : i long.
Le son i long est souvent bref dans des aires dialectales plus ou moins étendues, par
exemple en brab. : pid, vi, candji, prëmi.
40 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
Phonologiquement, tous les dialectes n’opposent pas de manière aussi marquée le /i/ et
le /i :/. Il existe par exemple quelques paires minimales en nam. : soris 6= sorît (souris,
sourit) ; li 6= lî (lui, lu, du v. lire). Elles semblent plus rares en liég., par ex. : mi 6=
mî (moi, mieux). En carol., le i long est la marque de l’infinitif alors que le i bref est
la marque du part. passé dans certains verbes : candjî (changer) mais candji (changé).
voir, dans la section consacrée à la conjugaison, l’inf. (p. 159) l’ind. pr. (p. 161) et le
part. pas. (p. 175).
in [Ẽ]
Exemples : rinde (rendre), dj’ aprind (j’apprends), sovint (souvent), sistinme (sys-
tème), kimint (comment), mwin (main).
Prononciation : comme en français.
Ce son ne s’écrit jamais « ein », « ain », etc. : mwin ou min (main).
Remarques :
a) inne [Ẽn] et inme [Ẽm].
Exemples : tchinne (chêne, chaîne), crinme (crème).
Prononciation : d’abord in puis n ou m, comme en français régional, dans les mots
équivalents.
Variantes : parfois, surtout parmi les écrivains namurois, on écrit tchin.ne, crin.me, pour
bien montrer la prononciation.
b) Le son in [Ẽ] peut être plus ou moins dénasalisé sporadiquement. Il existe p. ex. une
tendance à la dénasalisation à l’est de EW : rinde > rêde. En malm., il n’y a pas du
tout de nasalisation devant une consonne nasale : créme (crème), tchéne (chêne).
Formes de référence : les formes nasalisées, beaucoup plus fréquentes, seront utilisées
devant une consonne nasale et notées sans point : tchinne, rinne, crinme, shijhinme,
etc.
18. j
j [Z]
Exemples : jate (tasse), eponje (éponge), Beljike (Belgique).
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.
Ce son est rare en wallon, sauf comme variante de jh (allophone du [h]). En dehors de
ce cas, il provient souvent d’un emprunt au français ou d’une assimilation de [zj] (voir
p. 59).
On constate une tendance très nette chez les néolocuteurs (au moins en CW, SW et
OW) à remplacer certains [Z] (qu’ils soient empruntés au français ou variante de jh par
des dj : scrijâdje > scrîdjâdje ; plêji > plêdji ; jate > djate. Le même phénomène existe
pour la transformation du ch (emprunté ou allophone de [h]) en tch.
2.2. LES LETTRES 41
jh [h] ↔ [Z]
Exemples : prijhon (prison), nos djhans (nous disons).
Prononciation : h [h] en EW ; j [Z] en CW, SW et OW.
Quelques mots courants :
– prijhon (prîhon ∼ prîjon) (prison), måjhon (mâhon ∼ maujon ∼ mâjon + autres
formes) (maison), åjhey (åhèy ∼ åhî ∼ âjî ∼ aujî + autres formes) (facile), nåjhi
(nåhi ∼ nauji ∼ nâji) (fatigué), vijhén (vijin ∼ vihin) (voisin), tchimijhe (tchi-
mîje ∼ tchimîhe) (chemise), coujhene (coujène ∼ couhène ∼ cûjène) (cuisine),
plaijhant (plêhant ∼ plêjant) (agréable), oujhea (oûhê ∼ oujê) (oiseau), batijhî
(batihî ∼ batijî) (baptiser), dijh (dîh ∼ dîj) (dix), shijh (chîh ∼ chîj) (six) + autres
formes) ; formes dérivées des verbes en -îre, -ûre, -aire : dire (dire) ↔ nos dj-
hans (nos dhans ∼ nos djans) (nous disons) ; taire (taire) ↔ i s’ taijhèt (i s’ têhèt
∼ i s’ têjèt) (ils se taisent) ; distrure (détruire) ↔ vos distrujhoz (vos distrûhoz
∼ vos distrûjoz). . . (vous détruisez), etc.
Dans certains cas, l’EW (soit le liég. proprement dit, soit l’EW en général) a perdu ce
h : gléhe > èglîse (église), alors que le j subsiste dans tous les autres dialectes : èglîje.
De même èle fihèt > èle fèt (elles font) alors que le SW conserve èle fijèt ; scrîheû >
scriyeû (écrivain) ∼ scrîjeû (CW, OW, SW).
Les formes de références utilisées dans cette grammaire sont les formes avec h, notées
jh. 3
19. k
k/c [k]
Exemples : crole (boucle), cwand (quand), viker (vivre), nos vicans (nous vivons),
ki (que), stoumak (estomac), cwè (quoi), cwiter (quitter), cok (coq), otomaticmint
(automatiquement).
Prononciation : comme en français.
3. ALW I, 80 « puiser ».
42 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
Dans les formes de références de cette grammaire, le q n’est pas utilisé : on écrit c
devant a, o, u et les consonnes et k devant i et e, ou en fin de mot.
Le q est utilisé en général par analogie avec des mots français : qwate ou quate (quatre),
quiter ou qwiter (quitter), musique (musique). Ce principe est toujours resté flou et
l’ensemble de mots écrits avec un q est très variable selon les régions et les auteurs. La
Commission de Normalisation de la Langue de l’UCW (Commission de normalisation
du wallon 1992) conseille de ne s’en servir que dans les mots grammaticaux : quî (qui),
qui (que), qwand (quand), qué (quel), qwè (quoi), qwantes (combien) et leurs dérivés :
saquî (quelqu’un), etc.
20. l
l [l]
Exemples : loyî (lier), ele (elle)
Prononciation : comme en français, mais voir remarque à r, ci-dessous.
21. m
m [m]
Exemples : mwin (main), åme (âme).
Prononciation : comme en français.
22. n
n [n]
Exemples : nawe (fainéant), anoyî (attristé).
Prononciation : comme en français.
23. o
o [O]
Exemples : posse (poste), clokî (clocher), soris (souris), oto (auto), ome (homme).
Prononciation : comme dans le français « donne », « sol » (pas comme dans « eau »,
« sot ». . .).
Certains emprunts récents au français sont généralement notés avec un o (oto, otoma-
tike, buro, etc.) alors que les équivalents français ont un (e)au. Ils seront prononcés
soit [o], soit [o :] selon les réalisations locales.
Voir p. 292 pour l’alternance o ∼ ou, dans les mots de type soris (souris), tot (tout),
etc. Voir aussi ô et on.
2.2. LES LETTRES 43
Devant un y, il est prononcé long [o :] la plupart du temps. Ex. : voye (route), oye (oie),
aloye (alouette), croye (craie). Exceptions : poye (poule), oyi (oui). . .
Voir longueur des voyelles, p. 56, et î).
ô [o :] ↔ [Õ] ↔ [U :]
Exemples : rôze (rose), ôte (autre), ôr (or), côp (coup), on pô (un peu), ôre (entendre),
clôre (fermer).
Prononciation : comme dans le français « eau ».
Il existe des réalisations phonétiques plus ou moins nasalisées [Õ] notées rôn ze (brab.),
rônze (Saint-Hubert) ou röze (chestr.) ; il existe aussi des réalisations phonétiques plus
fermées ([U :]) tendant vers roûze (sporadiquement en nam. ; noté tel quel par l’écrivain
J. Guillaume ; noté par un accent plat dans certains ouvrages de l’écrivain É. Gilliard) :
rōze.
Certains écrivains ont parfois utilisé la graphie au par analogie avec le français, p. ex.
aute (autre).
Dans les régions où la lettre ô est prononcée [Õ] (on) ou [U :] (oû), on trouve des gra-
phies comme abauminâbe (abominable) pour bien marquer l’absence de nasalisation
ou de fermeture, p. ex. dans Hostin 1975 ou Léonard .
Dans les régions où l’opposition phonologique entre å et ô n’existe pas, c.-à-d. surtout
en OW, ô sert à écrire le son [o :] dans tous les cas : lôrd (lard), djôzer (parler), môjon
(maison), etc. En CW, l’opposition n’existe pas partout. Néanmoins, traditionnelle-
ment, le premier de ces sons est écrit au (équivalent à å en EW et â en SW) alors que
le deuxième (phonème [o :] dans toute la Wallonie) est écrit ô, même dans les régions
où ces deux phonèmes sont réalisés de manière identique : laurd, djauzer, maujone.
* ö Voir ô.
oi [wa] ou [wE]
Exemples : boird (bord), moirt (mort), moite (morte), ripoizer (reposer)
Prononciation : wa ([wa]) ou wâ ([wa :]) en CW, SW (sauf chestr.), malm. et ouest de
l’OW ; wè ([wE]), wê ([wE :]) ou wé ([we]) en EW (sauf malm.), ôr, ô ou oû, oûr en
OW et chestr.
Transcr. phonétique Feller : selon la prononciation, donc : bwârd, bward, bwérd, bwêrd,
bwèrd, bôrd, boûrd ; mwârt, mwart, mwért, mwêrt, mwèrt, môrt, moûrt ; mwate, mwète,
mô(r)te, moû(r)te, etc.
on [Õ]
Exemples : djondou (touché), son (son), djonne (jeune).
Prononciation : comme en français. Toutefois, il existe une tendance générale à la déna-
salisation en verv. et malm. (djôdu). Certaines régions (Thiérache, chestr.) prononcent
un son intermédiaire tendant vers an ([ã]), parfois noté djandu (Thiérache) ou djåndu
(chestr.) (voir an). Enfin, en verv. et malm., il existe une tendance à la vélarisation (bon
prononcé [bõN]) qui est toutefois rarement notée.
Remarque : onne [õn]. Exemples : djonne (jeune), tronner (trembler). Prononciation :
d’abord on [õ] puis n [n].
Certains auteurs, surtout namurois, écrivent djon.ne, tron.ner, pour éviter toute ambi-
guïté. Cette graphie n’est pas utilisée dans les formes de références.
ou [u]
Exemples : mousse ! (entre !), atouwer (tutoyer).
Prononciation : comme en français.
Devant une consonne sonore (douce), r ou y, il est prononcé long [u :]. Ex. : bouye
(bulle, tâche), boure (bouillir), baloujhe (hanneton), Mouze (la Meuse), nouve (neuve),
court (court). Voir longueur des voyelles, p. 56, et oû.
Voir aussi u et p. 292 pour l’alternance u ∼ ou dans les mots de type touwer (tuer),
coujhene (cuisine), etc., ainsi que dans le suffixe -ou de certains participes passés.
oû [u :]
Exemples : noû (neuf), foû di (hors de), coûte (courte), coûsse (course).
Prononciation : comme un ou, mais long.
Voir aussi ou et u.
24. p
p [p]
Exemples : pire (pierre), aprinde (apprendre), po (pour), prinde (prendre), spotchî
(écraser), tipike (typique).
Prononciation : comme en français.
*
25. q
Voir k.
26. r
r [ö]
Exemples : råyî (arracher), arester (arrêter), boird (bord).
Prononciation : comme en français. La prononciation ancienne était un [r] vibrant api-
cal (c.-à-d. roulé) proche du son [l], ce qui explique certaines hésitations comme berike
∼ belike (lunettes) ou prandjîre ∼ plandjîre (sieste), cérebrå ∼ célebrå (cérébral. Ex.
lit. OW : C’è-st-ène fîve célèbrâle ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 66)), adré ∼ adlé (près
de), etc. Cette prononciation est encore relativement courante chez les locuteurs âgés
ou ayant le wallon comme langue maternelle. La prononciation la plus fréquente ac-
tuellement est la même qu’en français, soit [ö].
Rem. : dans les syllabes fermées de type voy. + r, la voyelle a tendance à s’allonger
et à subir des changements de timbre variés suivant les régions. Ces modifications
subsistent dans de nombreuses voyelles devenues finales suite à une chute généralisée
des r finaux en wallon. Ces r ont le plus systématiquement disparu en OW et CW, alors
que les régions plus conservatrices du CW et de l’est de l’EW ont plus souvent gardé
ce r final : tchèsseû ∼ tchèsseûr (chasseur), djoû ∼ djoûr (jour), cû ∼ cûr (cuir), toû ∼
toûr (tour), tchå ∼ tchår (viande), etc.
27. s
s/ss/ç/c [s]
Exemples : çoula (cela), sûner (suinter), dissu (dessus), atincion (attention).
Prononciation et utilisation : comme en français.
Pour ss, voir Consonnes doubles, p. 57.
46 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
sh [S] ∼ [s]
On trouve cette variable à l’initiale de certains mots : shure (suivre), shijhe (veillée),
shijh (six). La réalisation est ch [S] en OW, CW et certaines régions du SW ; elle est s
[s] dans l’EW et le reste du SW. La transcr. phonétique est sûre, sîze, sîh dans le second
cas et chûre, chîje, chîj dans le premier.
28. t
t [t]
Exemples : tins (temps), atrape (attrape), droete (droite), tåte (tarte, tartine).
Prononciation : comme en français.
La lettre t ne sert jamais à écrire un son [s] : atincion (attention).
tch [Ù]
Exemples : tchant (chant), raetchî (cracher), betch (bec), spotchî (écraser), tchoezi
(choisir).
Prononciation : comme dans l’anglais « chop » ou le français « tchèque ».
Remarque : le groupe [tj] + voyelle est souvent prononcé comme un [Ù] : tièsse >
tchèsse (tête). Ce trait phonétique est parfois noté. Voir la section consacrée aux assi-
milations (p. 59).
5. ALW I, 28 « descendre ».
2.2. LES LETTRES 47
29. u
u [y] ↔ [Y]
Exemples : pus (plus), namurwès (namurois), durêye (durée).
Prononciation : comme en français. Toutefois, de même que pour le [I], le brab. et le
bouill. prononcent « eu » ([@]), de manière très relâchée, ce qui est noté ë (pës, mètë, kë).
Les nuances intermédiaires, prononcées [Y] sont très fréquentes (nam., hesb., Lesse).
Elles sont notées ù dans l’ALW : pùs (plus), mètù (mis). En lg., les finales -une sont
devenues -eune, comme dans leune (lune : lune), comeune (comune : commune), fôr-
teune (fôrtune : fortune).
Voir aussi û.
û [y :]
Exemples : ût (huit), cût (cuit), nûleye (nuage), shûte (suite), påjhûle (tranquille).
Prononciation : comme un u, mais long et tendu.
Opposition avec [y] : cu 6= cût (cul, cuit), yute 6= yût’ (outre, huit), etc.
un [œ̃]
Exemples : brun (brun), djun (juin), comun (commun), pun (pomme), djungue (jungle).
Prononciation : comme en français.
Ce son est encore plus rare qu’en français. Il n’apparaît pratiquement que dans ces
quatre mots (et comun est un gallicisme récent pour comon, djungue étant un néolo-
gisme emprunté au français).
Il est également présent en OW de manière locale dans certains mots. Ex. : un (on :
un), unk ou yun (onk : un), lundi (londi : lundi), prun.neû (pronneu : pleurnicheur).
30. v
v [v]
Exemple : vint (vent), sovint (souvent), divni (devenir), vola (voilà), avou (avec).
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.
31. w
w [w]
Exemples : walon (wallon), want (gant), hawer (aboyer), wesse (guêpe).
Prononciation : comme en français dans « watt ».
48 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
Dans les dialectes ou [h] n’est pas prononcé (c.-à-d. est réalisé par zéro), une semi-
consonne peut le remplacer en position intervocalique : ahan > awan (cabane), cohou-
dri > si cowoudri (se secouer en tous sens), cohossî > cowossî (cahoter), brouheû(r) >
brouweû (brume). Voir h.
Dans un certain nombre de cas, quand le w suit un c ou un m, il n’est prononcé qu’en
EW : cwand (quand : qwant’ ∼ quand), cwate (quatre : qwate ∼ quate), cwårs (argent :
cwårs ∼ caurs), mwaisse (maître : mwêsse ∼ maîsse). Le w est par contre toujours
prononcé dans cwè (quoi), cwerler (tailler la pierre) mwais (mauvais), mwetî (moitié),
mwin (main), mwelon (parpaing). . .
32. x
*
33. x Cette lettre n’est normalement pas utilisée dans le système de transcription Feller.
On écrit : tacsi, paradocse, mais ègzamin (examen), deûs (deux), Brussèle (Bruxelles),
selon la prononciation. Toutefois, certains auteurs utilisent le x dans les mots interna-
tionaux comme taxi, voire, beaucoup plus rarement, quand la prononciation est [gz]
(èxamin).
En orthographe normalisée, on écrira : egzamin (examen), deus (deux), Brussele
(Bruxelles), tacsi (taxi) et paradocse (paradoxe). Toutefois, le x est utilisé dans xh.
34. y
y, i [j]
Exemples : aweye (aiguille), yebe (herbe), tiesse (tête).
Prononciation : comme en français
Remarque : Le son [j] s’écrit i après une consonne, sauf si un autre i suivrait : ancyin
(ancien).
Dans les transcr. Feller, on écrit y ou i au début des mots (ce qui est rare) : yèbe ou ièbe
(herbe), yute ou iute (outre). La deuxième graphie est plutôt utilisée par les auteurs
namurois et l’autre ailleurs.
En wallon, y ne représente jamais la voyelle [i] ; on écrit : on mistére (un mystère),
dj’ î va (j’y vais). . . (voir i).
Dans les dialectes ou [h] n’est pas prononcé (c.-à.-d. se réalise par zéro), une semi-
consonne peut le remplacer en position intervocalique : cahute > cayute (cabane). Voir
h1 .
L’ancien l dit « mouillé » est passé à [j] à des rythmes différents selon les dialectes ;
le [j] est le plus fréquent à l’ouest et le [lj] à l’est : d’ alieûr ∼ d’ ayeûr (d’ailleurs) ;
miliård ∼ miyârd (milliard) ; liârds ∼ yârds (argent), etc.
35. z
z, s [z]
Exemples : zûner (bourdonner), cåzer, djåzer, dvizer (parler), raezer (raser).
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.
En orthographe normalisée, [z] s’écrit toujours z. Dans les transcriptions phonétiques
Feller, l’usage varie selon les auteurs. Certains écrivent un s simple entre deux voyelles
par analogie avec le français : causer ou câser, raser ou rèser.
Evolutions possibles
variable réalisée soit h, soit j selon les dialectes. Toutefois, visuellement, les personnes
prononçant j s’y retrouveraient probablement moins bien.
Dans certains cas, il s’agirait d’une simplification « réelle », en ce sens que, pour beau-
coup de locuteurs, le nombre de cas où un son identique serait écrit de plusieurs ma-
nières se trouverait réduit ; dans d’autres cas, la simplification diminuerait simplement
l’effort d’adaptation initial pour les personnes utilisant déjà l’une des variantes du sys-
tème de transcription Feller.
Mais cela se ferait au prix d’une moins bonne représentativité des différentes variantes
dialectales. Au-delà du problème de la simplicité technique, il s’agit quasiment d’un
choix de société. . .
D’un point de vue purement graphique, il est également possible d’envisager de noter
un accent grave redondant sur le e dans certains cas (p. ex. en syllabe ouverte : èfant,
tèlèfone mais pierdant, biesse, les ou les suffixes -eye ne se prononçant jamais îye :
lèye, parèy, èyet). Enfin, l’utilisation de k et c pour q n’est pas nécessaire à strictement
parler dans l’orthographe normalisée du wallon.
Cette orthographe ayant été utilisée abondamment ces dix dernières années, le point de
vue actuel de ses promoteurs est de la stabiliser. Des changements sont certes possibles
mais il doivent être murement réfléchis car ils impliqueraient de nombreuses adap-
tations aux ouvrages et dictionnaires déjà réalisés (Wikipedia et Wiktionary wallons,
Diccionnaire di Tot l’ Walon [DTW], etc. . .).
2.3. ASPECTS PARTICULIERS : VOCALISME 51
36. De nombreux mots wallons peuvent connaître une forme « pleine » et une forme « éli-
dée ».
Ce sont les mots de type « cons. + voy. instable + cons. » : r(i)prinde (reprendre) ;
p(i)tit (petit) ; d(i)vant (devant, avant) ; s(i)cole (école) ; k(i)mincî (commencer), etc.
37. Dans tous les cas, la règle est simple : l’élision a lieu quand la syllabe à élider suit une
syllabe ouverte (terminée par une voyelle).
– des blonds tchveas (des cheveux blonds) → des noers tchiveas (des cheveux
noirs) ; ene sicole (une école) → li scole (l’école) ; Djan rvént (Jean revient) →
Mareye rivént (Marie revient)
Remarques :
a) Dans la plupart des régions (sauf parfois SW), les y [j] à la fin des mots sont
nettement prononcés. Les mots terminés par -eye (-êye, -éye, -èye) et -iye se terminent
donc par une syllabe fermée, laquelle empêche l’élision du mot qui suit. Dans certaines
régions, le y n’est pas très sensible mais continue à empêcher l’élision du mot suivant,
comme dans cet ex. lit. :
– SW : Pitit monte li rouwe tot seû a wêtant lès rîléyes di tauves (. . .). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 102) [et non lès rîlées d’ tauves].
Enfin, dans certaines régions (malm., bast., chestr.), ce y n’existe pas. La syllabe est
ouverte et le mot suivant s’élide : djoûrnée (pour djournêye, journée), industrîe (pour
industreye , industrie), etc.
Voir aussi, plus loin, la section consacrée à l’emploi de l’apostrophe p. 70.
b) Il existe, dans les régions pratiquant l’épenthèse (EW, CW, OW) (voir ci-dessous
Épenthèse et prosthèse) dans les groupes « s + cons. », une certaine tendance à éviter
l’élision devant les groupes « cons. + w ». Ex. lit. :
– EW : (. . .) i n’aveût là, assiou åtoû d’ lu, dès Farisyins èt dès docteûrs di li lwè
(. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 87) [et non dèl lwè]
52 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
Il arrive aussi, quoique rarement, que les mots en « cons. + w » prennent une voyelle
épenthétique selon la même règle que celle exposée ci-dessus pour les groupes « s +
cons. » :
– one riwède vôye (une route raide) [de rwèd]
Ex. lit. :
– Èt dj’ a dit : « bènureûs l’ ci qu’ vos acsègnîz, Signeûr, èt à quî vos aprindez vosse
liwè po lî adoûci sès måvas djoûs » (. . .). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 103-104)
Épenthèse et élision
38. On distingue habituellement les cas d’élision (riprinde / dji rprind) des cas d’épenthèse
(li scole / ene sicole). Cette distinction se fonde sur l’étymologie : la forme « de base »
dans le premier cas est riprinde ; dans dji rprind, le i tombe (élision) ; on note alors
cette chute par une apostrophe : dji r’prind.
Dans le deuxième cas, la forme de base est scole ; dans nosse sicole, on considère que
le i est en quelque sorte un supplément, étranger au mot.
Cependant, dans le fonctionnement actuel de la langue, il s’agit d’un seul et même
phénomène suivant une seule et même règle. Il semble donc plus économique et plus
logique de ne pas établir de distinction dans l’écriture.
Ce n’est pas seulement pour la beauté de la description que ces « deux » phénomènes
(élision et épenthèse) sont ici assimilés. Ils sont souvent ressentis par les locuteurs
comme un seul et même phénomène ; témoin les graphies inverses assez courantes du
genre :
– EW : (. . .) insi qu’il èst s’crît è lîve des discoûrs dè proféte Isaïe. (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 91). Ici l’auteur considère que la forme pleine est sicrît, élidée en
s’crît.
– CW : On s’clat d’ a (Hostin 1975, 5) [pour sclat] - Ène saqui qui rèyunit cès deûs
condicions-là pout bin s’ mète tot d’ tchûte à-z-aprinde à lîre èt à s’crîre nosse
bia walon. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) [pour scrîre]
Variantes de timbre
39. La voyelle instable la plus courante est un i [I] (CW sauf dans le préfixe c(o)-, majeure
partie de EW, partie de OW et SW) et c’est celle qui est utilisée dans les formes de
références.
Dans la majeure partie du SW (Lesse, chestr., bast.), comme en verv. et en malm., la
voyelle instable n’est pas i mais u [Y] : lu tins (le temps), dju sé (je sais), su vos vnoz
(si vous venez), èle ruprind (elle reprend), cuminçans (commençons), one sucole (une
école), etc.
En bouill. et en brab., la voyelle instable est ë [@] : lë tins, ène sëcole, èle rëprind. . .
Rappelons que dans la plupart des régions, la voyelle instable est prononcée avec un
timbre relâché (voir lettres i, p. 39 et u, p. 47) : il est parfois difficile de décider s’il faut
retranscrire u ou i.
Dans la majeure partie de l’OW, la voyelle d’appui est souvent è.
2.3. ASPECTS PARTICULIERS : VOCALISME 53
Variantes de placement
40. La voyelle qui se glisse entre deux consonnes (dji rprind → ele riprind) est dite
« épenthétique » (CW, EW, SW). La voyelle qui se place devant le groupe consonan-
tique (djè rprind → èlle èrprind) est dite « prosthétique » (OW).
En OW, la voyelle d’appui è ne se glisse pas entre les deux consonne mais, dans certains
cas, devant ces groupes (voy. instable + cons. + cons.) (surtout les mots commençant
par r + cons. ou s + cons.) :
– èlle èrprind (elle erpind : elle reprend), ène èscole (ene escole : une école), etc.
C’est un trait commun entre ce dialecte du wallon et le picard. Dans d’autres cas, la
voyelle d’appui se place entre les deux consonnes (mots commençant par d + cons.),
p. ex. :
– èle dèmeûre (ele dimeure : elle reste), ène pètite (ene pitite : une petite), tapons
’ne dèvîse (tapans ’ne divize : bavardons ensemble), vèni (vini : venir), etc.
Le picard, dans ces derniers cas, placerait la voyelle d’appui devant le groupe conso-
nantique :
– Y-a dés gins timpe elvés (P. MAHIEU, Si t’és d’ichi, p. 10) - Ch’ést tout plein
d’ fleurs d’orache èdsu France (P. MAHIEU, Si t’és d’ichi, p. 59) - L’aveule i n’a
pos peur èds èclites (P. MAHIEU, Si t’és d’ichi, p. 64) - Min perrutcher i cache,
meume éq ch’est in boin cacheux, qu’i péroait. (R. DEBRIE, Eche pikar, p. 123)
[mon coiffeur chasse ; il paraît même que c’est un bon chasseur].
Variantes lexicales
41. Tous les mots en « cons. + i + cons. » (ou variantes de i) ne s’élident pas :
– fignèsse ne s’élide pas en CW mais bien en EW, p. ex. : li fignèsse ou li fgnèsse.
Tous les mots en « s + cons. » ne prennent pas un i épenthétique derrière consonne :
– spéciål ne devient jamais ˚sipéciål.
Voir Degrés de naturalisation, ci-dessous.
Degrés de naturalisation
42. Les dialectes qui pratiquent l’épenthétisme (EW, CW, SW) semblent peu adapter à ce
système les emprunts récents ou mots savants :
– CW : Aviè 1905, Mossieû l’ curè Pirlot a faît remplacè lès trwès vîs-autès d’ bwès
pa dès novias en mârbe, mins d’èn-ôte stîle. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. )
– EW : Li trône, sculté d’ôr à dintèles, åreût fêt l’ fôrteune d’in-impèreûr. (MITTEI,
Zanzan, p. 41) - Li pô qu’ on v’ done, prindez-l’ po grand tchwè, èt çou qu’ a
l’ mons d’ valeûr, riçûvez-l’ po ’ne gråce spéciyåle (. . .). (J. BOSLY, Îmitåcion,
p. 90) - (. . .) ènn’ a dès cis qu’ s’ont avili å pont d’ brutålizer l’s-ôtes d’ine manîre
scandaleûse po l’ consyince di l’ûmånité (. . .) (Dèclaråcion 1, préambule). - I v’fåt
dîre qu’i-n-a dès novês films (. . .) qu’on deût r’loukî avou dès bèrikes spéciåles,
divins dès såles fêtes po çoula. (Djåzans, Osté 2000, p. 2)
54 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
– SW : Francard 1994 cite par ex. spéciâl, spécifyi, spèctake, spéculer, spéculôs’,
spirale, spontané, sprin’t comme formes ne prenant pas de u épenthétique.
Par contre, il existe en OW une tendance à placer un è prosthétique dans ces mots.
L’OW naturalise assez souvent les mots calqués ou empruntés, alors que les autres
dialectes (voyelle épenthétique) naturalisent peu. Ex. lit. :
– OW : Nos trwès soçons boutenut deur, mins l’èstudio cominche à awè bèle ér. (J.
GOFFART, Coquia, p. 20) - Vènèz, dji vos fé goûter l’èspécialité dè l’ maujo... (J.
GOFFART, Coquia, p. 13).
Contre-ex. lit. :
– OW : C’èst nén pou ça, mins l’ djoû qu’on-âra ène stâr come Jean Lefèbvre (. . .)
lès pouyes âront dès dints ! (J. GOFFART, Coquia, p. 12).
Cependant, on constate que certains jeunes auteurs néo-locuteurs ont tendance à réa-
liser cette épenthèse, sans faire des différence entre les mots naturalisés ou non. Ex.
lit. :
– Nos evoyeyes sipeciåles ont stî fé des soçnaedjes omossecsuwels èy ele rivegn-
nut po vs disweler des afwaires a vs fé tronner. (N. & G. STAELENS, Gabriyel
éyet Gabriyel, p. 55)
43. a) Préfixe ki- ∼ co- (∼ cu-) : il s’agit de trois formes du même préfixe avec une
voyelle instable différente selon les régions : ki- en EW et cu- en SW : kitaper (EW)
(∼ cutaper en SW, malm., verv.) → dji ctape. L’équivalent de ce préfixe en CW, une
partie de l’OW et de SW est co-, cotaper (CW), mais ce dernier ne s’élide que dans de
rares mots : èle comince (elle commence) → dji cmince (je commence) ; aler a cfèsse
(aller à la confesse).
Dans la plupart des cas, en CW, il n’y pas élision : dji cotape (je secoue), i comache (il
mélange).
Dans la majeure partie de l’OW, ce préfixe a la forme cou- et ne s’élide jamais : djè
coumache (je mélange), djè coumèle (j’emmêle), djè couminche (je commence). Voir
aussi p. 292.
b) Mots ayant un è dans la forme pleine. Quelques exemples :
– les : dji voe ls efants (je vois les enfants) ou dji voe les efants
– dedja : i tchafeye dedja (il bavarde déjà) mais i scrît ddja (il écrit déjà)
– ele : ele tchante (elle chante) mais cwand ’le tchante (quand elle chante)
– dezîr : nosse dezîr (notre désir) mais on dzîr (un désir)
c) On peut également élider le o de poleur (∼ polu : pouvoir) et de voleur (∼ volu :
vouloir) (en CW et OW) :
– dji poleu conter sor lu ou dji pleu conter sor lu (je pouvais compter sur lui) ; i
volint tertos nd aler ou i vlint tertos nd aler (ils voulaient tous partir)
d) Enfin, le o à l’intérieur de vos (pronom objet indirect) peut également s’élider.
– dji vs el di (je vous le dis).
La forme pleine est vis en EW et vos ailleurs :
2.3. ASPECTS PARTICULIERS : VOCALISME 55
44. L’apostrophe est utilisée pour marquer l’élision d’un monosyllabe grammatical (dji, ti,
li, si, ki, etc.) devant voyelle :
– dji vén (je viens) → dj’ avén (j’arrive) ; ti prinds (tu prends) → t’ aprinds (tu
apprends) ; c’ est l’ oûjhea ki vole (c’est l’oiseau qui vole) → c’ est l’ oûjhea
k’ evole (c’est l’oiseau qui s’envole)
Devant consonnes, les usages sont variés. Il est possible, dans le système de trans-
cription Feller, de calquer systématiquement toutes les élisions de la langue parlée.
L’élision est toutefois un phénomène proprement oral et éminemment variable d’une
personne à l’autre, d’une région à l’autre, d’une phrase à l’autre, d’un débit de phrase
à l’autre. chacun de juger de ce qui est compréhensible et élégant...
On pourra écrire alternativement :
– dji boe d’ l’ aiwe ou dji boe di l’ aiwe (je bois de l’eau) ; cwand ele voet ene sakî
ki l’ ahåye ou cwand ’le voet ’ne sakî k’ l’ ahåye. . . (quand elle voit quelqu’un
qui lui plaît. . .)
Les élisions peuvent être variables. Supposons la phrase française :
– Je me le demande.
Selon les lecteurs, elle sera prononcée
– je m’ le d’mande ou j’ me l’ demande,
mais chacun écrira de la même manière. De même, la phrase wallonne
– i fåt ki dji vinxhe (il faut que je vienne)
peut être prononcée, suivant les locuteurs et les régions,
– i fåt k’ dji vinxhe ou i fåt ki dj’ vinxhe.
Certains auteurs conseillent de noter dans l’écriture toutes les élisions potentielles.
Même sans tenir compte du fait que la langue écrite se doit de noter des choses dif-
férentes de la langue orale (elle se doit d’évoquer des formes, et non de copier le flux
insaisissable de la phonétique), l’écoute d’interviews enregistrées montre que les locu-
teurs sont loin de réaliser en discours toutes les élisions potentielles. Enfin, l’expérience
pédagogique avec les enfants ou des adultes apprenant le wallon montre que les élèves
ont beaucoup de mal, à la lecture, à décoder de trop nombreuses élisions. Du reste,
56 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
Opposition de longueur
45. Il arrive assez souvent que des mots ne se distinguent que par la longueur et le timbre
de la voyelle qu’ils contiennent ; il faut donc noter cette longueur :
– /E/ 6= /E :/ : kesse (question) 6= caisse (caisse)
– /O/ 6= /O :/ : i l’ hosse (il le balance) 6= i l’ hôsse (il le hausse)
– /u/ 6= /u :/ : mousse ! (entre !) 6= Moûze (la Meuse)
– /i/ 6= /i :/ : mi (moi) 6= mî (mieux)
– /y/ 6= /y :/ : lu (lui) 6= lût (luit)
De nombreuses oppositions ne sont telles que dans une aire dialectale particulière :
– /a/ 6= /a :/ : passe (passe) 6= pâsse (pâte) en SW ; mais passe et påsse en EW ou
passe et pausse en CW.
– /y/ 6= /y :/ : cu (cul) 6= cût (cuit) en CW, OW et SW ; mais cou et cût en EW.
– /i/ 6= /i :/ : soris (souris) 6= sorît (sourit) en CW ; mais soris et sorèye en EW.
2.4. ASPECTS PARTICULIERS : CONSONANTISME 57
Il arrive souvent que, d’un dialecte à l’autre, des mots ne diffèrent que par la longueur
d’une voyelle : vôye ∼ voye (route), brût ∼ brut (bruit), oûy ∼ ouy (œil), rade ∼ râde
(vite), traze ∼ trâze (treize), gayole ∼ gayôle (cage), fwart ∼ fwârt (fort), etc.
En orthographe normalisée, les règles suivantes sont observées :
– L’accent circonflexe n’est pas noté pour les voyelles prononcées longues sur les
voyelles i, ou et u quand elles précèdent les consonnes sonores (douce) b, d, g,
dj, jh, v ou z et les consonnes r et y. Ex. : Lidje (Liège), shijhe (veillée), ni nén
mouvter (se taire), livreye (librairie), uzance (usage, coutume), Urope (Europe),
guiye (quille).
– L’accent circonflexe n’est pas noté pour les voyelles prononcées longues sur la
voyelle e quand elle précède les consonnes sonores (douces) b, d, g, dj, jh, v ou z
et la consonne r. Mais elle est notée devant un y. Ex. : zebe (zèbre), guere (guerre)
mais tchantêye (chantée).
– Enfin, l’accent circonflexe ne sera pas noté sur la voyelle o, seulement s’il précède
la consonne y. Dans tous les autres cas il est noté. Ex. : voye (route), soye (scie)
mais môde (mode), côde (code). Il existe cependant des séquences -oy- qui se
prononcent courte. Voir paragraphe consacré au o p. 42.
– Dans de nombreux cas la longueur des voyelles varient d’un accent à l’autre, les
noter sans accent circonflexe facilite donc l’écriture. Ex. : brut (brût ∼ brut), ouy
(oûy ∼ ouy), rade (rade ∼ râde), traze (trâze ∼ traze), gayole (gayôle ∼ gayole).
Nasalisation et dénasalisation
46. Il existe, un peu partout en Wallonie, une hésitation entre dénasalisation et nasalisation
de tous les types de voyelles. Il est parfois difficile de savoir quelle forme a précédé
l’autre. En cas d’hésitation, ce sont les formes apparemment les plus courantes qui sont
utilisées dans les exemples comme formes de référence.
Ex. de dénasalisation : bén > bé (bien) ; djambe > djâbe (jambe), i vénrè > i vêrè (il
viendra), etc.
Ex. de nasalisation : crême > crinme (crème) ; mâ nèt > mannet (malpropre ; la pre-
mière forme est arch.) ; rôze > rôn ze(rose), etc.
– des rotchès vweteures [dE "öOÙE vwE"tø :ö] (des voitures rouges) ; des belès lonkès
droetès vôyes [dE "bElE "lÕkE "döø :tE vo :j].
Ce déplacement d’accent fait que la consonne sonore est prononcée sourde, comme si
elle se trouvait en finale. Dans le système de transcr. Feller, cet assourdissement est
noté : rotchès, lonkès. En orthographe normalisée, celui-ci n’est pas noté. Ex. lit. :
– RW : Neni : des longuès fenès eurêyes avou des påstés, des polets, des rostis,
des spésreyes, des véns tchoezis. . . (L. HENDSCHEL, So l’ anuti, p. 115) [et non
lonkès]
– EW : Nosse mèrite (. . .) ni s’ troûve nin d’vins ’ne masse di doûceûrs èt d’ djôyes,
mins bin pus vite divins lès grantès ponnes èt lès grantès troûblåcions qu’ nos
d’vans supwèrter. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 99) - (. . .) èt l’ bande prinda s’ coûse
èt po lès såvatchès pindêyes èle si tapa è lac (. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 115)
– OW : Dins l’avant-coûr, li long dou mur, i gn’a chîs grantès djusses. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 58)
Exception : dans une partie de l’EW, les adjectifs en -s et -t sonorisent ces consonnes
en cas d’adjonction de -ès : 7
– dès grossès gotes (OW, CW, SW) ∼ dès grozès gotes (EW, fam.) (de grosses
gouttes).
Les assimilations
Quelques types d’assimilation
51. Ne sont signalés ici que les cas d’assimilation les plus clairs, les plus courants et parfois
notés dans les formes écrites. Un phénomène d’assimilation a lieu notamment dans les
cas suivants :
a) Une fois élidés, les mots de type tch(i)vå (cheval), tch(i)vea (cheveux), tch(i)veye
(cheville), tch(i)vuron (chevron), tch(i)volî (chevalier), tch(i)vene (chevesne) peuvent
être prononcés de deux manières : avec des consonnes sonores en EW (assimilation ré-
gressive) ou avec des consonnes sourdes en CW, SW et OW (assimilation progressive).
– on / in tchfau (CW, OW), on tchfâ / tchfau (SW) ∼ on djvå (EW) ; on / in tchfia
(CW, OW), on tchfè (SW) ∼ on djvè (EW)
Cette assimilation est le plus souvent écrite dans la littérature mais ne l’est pas dans les
formes de références utilisées ici : on noer tchivå, on blanc tchvå ; si tchveye n’ est nén
’ne grosse tchiveye.
b) Un autre cas où se produit une assimilation régressive est celui des mots commen-
çant par si- (∼ su-) + cons. sonore ou par un préfixe ki-/co- (∼ cu-) + consonne sonore
dans certains parlers de SW et EW. Si la forme est élidée, le s a tendance à se sonoriser
en [z] et le c a tendance à se sonoriser en [g]. Certains écrivains (p. ex. Calozet) notent
ces assimilations.
– s(i)barer (étonner, effrayer) → dji sbare [zb], qui s’écrit rarement dji zbare ;
s(i)blari (blêmir) → elle est sblareye [zb], qui s’écrit rarement èlle èst zblarîye ;
7. ALW II, 11 : qualificatif féminin pluriel devant le nom.
60 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
C’est encore le même phénomène qui transforme tot d’ chûte en tot d’ tchûte (tout de
suite) (OW).
Rem. : une des formes nam. du verbe dischinde est distchinde, ce qui s’explique par
la forme dichinde qui, une fois élidée, donne i d’chind. Intervient alors le phénomène
expliqué ci-dessus, qui donne i d’tchind. Une nouvelle forme d’infinitif est alors re-
construite à partir de cette forme assimilée : dis-tchinde.
k) Sporadiquement, surtout en EW et OW, [sj] > [S] et [zj] > [Z], comme dans : cial
(arch.) > chal (ici) ; assiete > achète (assiette), atincion > atinchon (attention), pour-
cea > pourcha (cochon), pluzieurs > plujeûrs (plusieurs), troejhinme > trwèzinme,
etc.
52. Les formes de références utilisées ici ne notent aucune de ces assimilations afin de ne
pas atteindre la racine du mot, qui reste donc plus facile à reconnaître, plus facile à
décoder par le lecteur malgré les contextes variés. Ces assimilations peuvent d’ailleurs
connaître des degrés différents selon les régions, les locuteurs, etc.
En règle générale, les écrivains ne notent que le premier de ces phénomènes d’assimi-
lation (a) : li tch’fau et li dj’vå, etc. Le deuxième (b) est beaucoup plus rarement noté :
zbarer. Le cas (i) est noté dans Francard 1994 et par certains écrivains. Le cas (j) est en
général noté.
Enfin, en EW uniquement, les écrivains ont tendance à noter les phénomènes (g) : il
a-st-an’mètou qu’aveût n’mandé po nner çoula.
Toujours en EW, les formes m’ni (∼ vni) et m’nou (∼ vnou) sont fréquentes .
Les autres assimilations ne sont jamais notées.
Cependant, certains mots n’apparaissent que rarement voire jamais sous leur forme
pleine mais quasiment toujours sous leur forme élidée et assimilée. Il s’agit p. ex. des
mots :
– on gngno, de dj(i)no (genou) ; des gngnesses, de dj(i)niesses (des genêts) ; Gn-
gnape, de Dj(i)nape (commune de Genappe) ; Gngnefe, de Dj(i)nefe (deux com-
munes de Jeneffe).
a). Ici, dans les formes de référence, ces lettres de liaisons sont précédées d’un trait
d’union : on-z a.
55. a) La préposition po devient po-z devant les verbes commençant par une voyelle 8 et
les adverbes pronominaux î (y) et è (en) (liaison obligatoire).
Ex. lit. de po + z + verbe commençant par une voyelle :
– EW : Lu priyerèsse (. . .) su fafiya inte lès djins po-z-ariver dusqu’â mwart. (J.-M.
MASSET, Contes, p. 21) - (. . .) zèls ont dès vûdès potches, èt nole çans’ po-z-
atch’ter. (G. FONTAINE, Billets, p. 49) - (. . .) Zanzan, tot djinné asteûre qu’i
n’ saveût k’mint djåzer à on rwè, åreût d’né gros po-z-èsse à cint mèye pîds èrî
d’ là. (MITTEI, Zanzan, p. 7)
– OW : Bén seûr, Mirna aveut chût bagâdje pou-z-aler mon l’Émîr Abdoul Ben
Saya. . . (J. GOFFART, Coquia, p. 10) - (. . .) on r’tireut lès bos pou l’ lèd’mwin
pou-z-awè èn-ouvrî di gnût qu’ nos d’jîs (. . .). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988,
p. 47)
– CW : Vola pouqwè i faut ièsse coradjeûs pou-z-ètèrprinde ène saqwè d’ novia
(. . .). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 11) - Maman, èle èstot todë po bouter tchêr
’mettre : payer cher’ po-z-oyë l’ boune calëté, po-z-oyë dès bounès lokes, pace
quë ça dëréve pus longtimps. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 12).
– RW : Mins avou des baobabs, c’ est tos djeus po-z avu on måleur. (L. HEND-
SCHEL, Li Ptit Prince, p. 18)
b) La préposition pa devient pa-z devant les verbes commençant par une voyelle. Ex.
lit. :
– OW : I finit pa-z-ariver dins ène vile què lî plaîjeut bé. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 61)
– RW : (. . .) ca on finit tofer pa-z esse rapåjhté (. . .) (L. HENDSCHEL, Li Ptit
Prince, p. 83)
c) Les adverbes pronominaux î (∼ i) et è (∼ a, in) sont souvent précédés d’un z après
une voyelle :
Ex. lit. de z + î :
– EW : (. . .) mès tot-z-i pinsant bin, il avéve todi èspèré l’ rèscontrer â toûrnant
d’one cwane du rou (. . .) (J.-M. MASSET, Contes, p. 19) - (. . .) ine vôye rimplèye
d’atrapes qui ratinrît l’ome assez randah po-z-î hèrer s’ narène. . . (MITTEI, Zan-
zan, p. 10)
– SW : (. . .) come i-gn-a lon po z-î arivè ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 38)
– RW : Mins dj’ inmreu esse la si jamwais dji såreu diner on côp d’ espale, sins
trop-z î stitchî mes doegts. (N. & G. STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 28).
Ex. lit. de z + è.
– SW : Qué chance s’i p’lot z-è tumè tote nêt ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 20) -
Adon i pôrè z-è ralè coûtchè (. . .). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 22) - On va co-z-a
fè dès tralalas ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34) - Nè dit-on nin qu’ dins l’ timps,
8. ALW II, 74 (« pour »).
64 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
quand-il alét ôs vèjins d’mandè dès-omes po bate, qu’i n’ nalét jamês z-a kî què
l’ vinr’di ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34)
– CW : Èt ça chone si bon do-z-è rawè onk à l’ mwin. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 15) - Lès minâbes djoûs qu’i n’ lauke nin do ploûre, èt chwache, èt broûs, èt
godis’, èt-z-è r’naudè jusqu’après non.ne (. . .). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
- Oyi, ô, vos ! po-z-è fè l’ fin. Non.na savoz. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19)
- Is s’ont batu avou lès-oûrs’ èt z-è v’nu à coron, r’nièti l’ grote èt z-î baguè
avou leûs djins. (A. HENIN, Scrîre, p. 104) - (. . .) dji m’a dit qui dj’aveûs [sic]
mètu l’ mwin su lès mémwêres d’on soçon da Césâr qu’aurè rovyi do-z-èralè dé
s’ feume. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
– OW : Lès-inwîyes, èles vènît s’ piède dins lès wôtès-yèbes èy’ adon, gn-aveut pus
qu’a s’ bachî pou-z-è rimpli dès banses (. . .). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77)
- Li Bon Dieu lès-aveut mètu dins n-in djardin à n’nén z-è vèy li d’bout (. . .). (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 15)
– RW : D’ alieur, on n’ a pont d’ mousmints, èy ons årè do må a-z è trover ouy.
(N. & G. STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 105)
d) z + è après un impératif :
– CW : Aboute-z-è, Pôl, n’î va nin r’ssatchant (. . .). (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12)
– RW : (. . .) va-z e vey pa ké sint. (L. MAHIN, Eviè Nonne, p. 129)
e) La préposition a (à) peut être suivie d’un z devant un verbe commençant par une
voyelle.
Ex. lit. de la prép. a + z + verbe commençant par une voy.
– SW : To n’as qu’à z-astokè tès wazons avou ç’ pîre-là, tin (. . .). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 19) - V’ m’éz apris a soufri a s’ tâjant (. . .), a z-èsse binâje avu pök,
a in.mè s’ mustiè. (P. JEAN, Causans, p. 11) - I d’jot qu’il ariv’rot bin a lèver les
botes èt a z-èsse ôs satch. (N. ALEXANDRE, Causans, p. 17)
– EW : Èt il a ’nn’ alé, èt il a parvinou a-z-ariver è l’Anglètère. (R. PRIGNEAUX,
Scrîre, p. 185) - Il èst si bon qu’on ’nnè beûreût à-z-atraper l’ hikète. (MITTEI,
Zanzan, p. 29)
– CW : N-a dès tatches quë c’èst malôjë ’difficile’ à-z-oyë djës (ou fou), à royë ’ra-
voir’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 71) - Ène saqui qui rèyunit cès deûs condicions-
là pout bin s’ mète tot d’ tchûte à-z-aprinde à lîre èt à s’crîre nosse bia walon. (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10)
– RW : Mins il a do må a-z awè on côp d’ sipale des otorités. (J. CAYRON, Li
Rantoele n˚57, p. 7)
f) Dans certaines régions, après le pronom sujet on (on), la lettre z n’est plus utilisée :
on a seû (parfois écrit on.n-a seû ou on-n-a seû).
Pour des exemples, voir p. 115, à la section consacrée aux pronoms sujets.
g) La lettre de liaison z s’utilise devant les adverbes pronominaux î et è après des
pronoms objets postposés ou un r indiquant une répétition :
– lê m’ z-è (laisse-m’en) ; alez rz-î (retournez-y).
h) La lettre de liaison z s’utilise aussi entre le déterminant possessif singulier leu (leur)
et un mot commençant par une voyelle. Ex. lit. :
2.5. JOINTURE DES MOTS 65
56. a) Une liaison avec r est surtout entendue en CW, OW et SW avec co, pa, so (∼
su) et po (∼ pou) précédant un mot commençant par une voyelle (liaison facultative)
ou un pronom personnel. Voir la section Emplois des prépositions (p. 220), pour des
exemples de par, por (∼ pour) dissur, dizeûr, sor (∼ sur), etc.
Ex. lit. de cor :
– CW : D’au lon, is lî fyint cor one lintanîye (. . .). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 11)
- S’is n’ ridjètenut nin cor après ç’ daye-ci, c’èst qu’is sont rèvolès po d’ bon. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - I l’ ristrime cor afîye, po Pauque ou à l’ Pinte-
cosse. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19) - Èt cor on-ôte, qui fiot do plonjeû avou
totes sôtes d’ostèyes èt d’amantchûres autoû d’ li ? (A. HENIN, Scrîre, p. 105) -
(. . .) on frotéve cor on p’tët côn p d’ssës dëvant dèl sëtwade (ou d’ lë stwade). (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 78-79)
– SW : Di-l’ cor on côp si t’as d’ l’âme, di-st-i Napolèyon (. . .). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 75)
66 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
st
57. a) Un groupe de liaison st apparaît avec les verbes esse (3e personne et devant voyelle ;
écrit è-st en transcr. Feller, est en orthographe unifiée) et dire (écrit di-st en transcr.
Feller, dit-st en orthographe unifiée) ; c’est le seul cas où st soit généralisé :
– il est on pô malåde (il est un peu malade), dit-st on (dit-on), elle est evoye (elle est
partie), Djan est al copete (Jean est au-dessus)
b) Il existe une tendance à utiliser st également avec les autres personnes du verbe esse
et, surtout en EW, avec les formes du singulier du verbe aveur. Ex. lit. :
– EW : Qwant-èle si dispièrta (. . .), li djonne ome èsteût-st-èvôye po todi (. . .). (J.-
M. WARNIER, Scrîre, p. 227) - Li vint d’orèdje s’a-st-abatou so l’ vî tiyou. (J.-D.
BOUSSART, Limes, p. 23) - Et tot l’ peûpe èsteût-st-åd’ foû èt priyîve à l’eûre di
l’èçins’mint. (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 79)
– OW : (. . .) pou lès mames (. . .), èles-èstît-st-a dalâdje dispû l’éreû. (J.-L. FAU-
CONNIER, Scrîre, p. 76) - (. . .) dji seû-st-èvôye al fabricâcion (. . .). (L. POLLEN,
DTW, t. 16, 1988, p. 54) - (. . .) èy is sont-st-ajants d’ police, di-st-i ! (L. POLLEN,
DTW, t. 16, 1988, p. 55)
– CW : Après, vos l’ sëtwardoz èt on veût ’voit’ bén së lès tatches sont-st-èvônye
’parties’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 72)
– RW : Aurel et Narcisa, on ls a-st atåvlé cial, al troejhinme tåve. (N. & G.
STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 230)
c) En EW surtout, il existe une tendance à utiliser st également après tout verbe terminé
par une voyelle et devant voyelle, voire simplement entre deux voyelles à la jointure
des mots. Ex. lit. :
– EW : Èlle èst come ine mêtrèsse qu’on pout-st-inmer sins trop’ savu poqwè. (G.
FONTAINE, Scrîre, p. 84) - (. . .) dji m’ va-st-achîr inte lès tiyous èt dji sin co
passer come ine saqwè è l’êr. (M. FRISEE, Scrîre, p. 86) - I n’ si va nin lèyî-st-a
dîre ! (J. WARNIER, Scrîre, p. 224) - Si l’ Blanke Dame vis dit qu’ vos n’ polez
må, c’èst qu’èle vis va-st-aspaler èt qu’ vos n’ risquez rin. (J. WARNIER, Scrîre,
p. 226) - (. . .) ca rin n’ sèrè st-impossibe à Diu. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 82) - Mins Marèye wårdéve avou bone sogne totes cès paroles-là, î r’tûzant st-è
s’ coûr. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 87) -(. . .) on vûdrè st-è vosse coûr ine
bone mèseûre bin hoplêye (. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 105) -Il intra st-è
s’ mohone, èt i s’ mèta st-à l’ tåve. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 110) - (. . .) i
2.5. JOINTURE DES MOTS 67
58. a) Dans certains cas, une liaison avec t est obligatoire : quand les pronoms sujets i, ele
et on se trouvent derrière un verbe terminé par une voyelle ou derrière voci et vola :
– a-t i choûté ? (a-t-il écouté) ; ni vola-t i nén qu’ i ratoûne ! (ne voilà-t-il pas qu’il
fait demi-tour !) ; fårè-t i rivni ? (faudra-t-il revenir ?)
b) Dans d’autres, elle est rare et facultative (elle peut être absente ou constituée de st) :
– il a-t arivé (il est arrivé) ou il a-st arivé ou il a arivé.
Ex. lit. :
– EW : Dèdja Babèt’ vosse parinte, lèye ossi, va-t-èsse mame d’on fi è s’ vilèsse
[sic, = vîlèsse] (. . .). (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 82) - Nolu n’ pôrè-t-èsse må
trêtî (. . .) (Dèclaråcion 2, art. 5)
– CW : Miyin va-t-à l’ cariére (. . .) (A. LALOUX, Bêrt, p. 10).
– RW : Et l’ tchessi ki tneut l’ pale, coumint l’ dustaetche-t on ? (L. BAIDJOT &
R. COLIN, Li Rantoele n˚57, p. 17).
59. a) On trouve cette lettre de liaison dans les introducteurs i-n-a (liég.) ou ë-n-a (brab.)
(il y a).
b) A part cet introducteur, la lettre de liaison n est surtout fréquente en malm. et dans
une petite région de l’ESM à cheval sur l’OW et le CW.
Ex. lit. :
– malm. : Su boke, lu Lînâr lu comparéve à-n-on boton d’ rôse. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 6-7) - On pazê, qui s’ monte avou djéne / mine (. . .) a n-one ronde tour
(. . .). (N. PIETKIN, Lu Tchèstê d’ Rénasténe, in Pages d’anthologie wallonne,
p. 20)
– CW (ESM) : I gn-a pont d’ tireûs qui pout moussi d’dins-n’ nin [sic= d’dins-n-in]
cabarèt avou s’ fisik... (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 26)
– OW (ESM) : Di ç’trèvin-là, i fieut pus nwâr qui dins n-in fôr. (E.-J. PIRET, Ex-
traits, p. 7)
c) Cette lettre de liaison est également utilisée en OW après les déterminants possessifs
(p. 104) et démonstratifs (p. 108).
y et w
60. a) On entend la liaison avec y surtout entre un possessif terminé par une voyelle et un
mot commençant par une voyelle :
68 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
– t’t-a fêt ou t-afêt ou tafêt (tout) ; t-afètmint ou tafètmint (complètement, lit. « tout
à fait-ement »)
Ex. lit. :
– OW : Bén tènèz ; dji pinseû taleûre a li ! (H. VAN CUTSEM, Chôse, p. 12), de tot
a l’ eûre, élidée en t’t a l’ eûre.
– RW : Sins conter k’ i faleut des papîs po ttafwait : li farine, li tcherbon, li
souke, li margarene et tot l’ sint-friskin. (L. BAIDJOT, Li Rantoele n˚60, p. 18)
b) Traditionnellement asteure (maintenant ; = a ç’t eûre) est écrit en un mot.
La raison est probablement que le démonstratif interne est ressenti partout comme une
anomalie : en général, il n’est pas utilisé seul mais suivi de ci, la, etc. (voir Les déter-
minants démonstratifs, p. 108), ce qui permet de distinguer asteure et a ç’t eure ci.
Dans les régions où le démonstratif peut effectivement être utilisé seul, il a une autre
forme : a ciste eure.
c) comifåt ou come i fåt (convenable, convenablement ; = « comme il faut »).
La tendance est d’écrire cette locution —adverbiale à l’origine— en un mot, parce
qu’elle fonctionne soit comme adverbe soit comme un adjectif :
– des djins ossu comifåt k’ nozôtes (des gens aussi convenables que nous)
Usage du point
63. Outre son usage normal marquant la fin d’une phrase, le point est parfois utilisé, dans
certaines variantes du système de transcr. Feller, pour désambiguïser certains digraphes
ou faciliter la lecture de certains groupes consonantiques.
a) Entre deux consonnes nasales dont la première marque la nasalisation d’une voyelle :
– djon.ne (jeune), crin.me (crème), etc.
b) Pour éviter la formation d’un digraphe causé par la chute d’un h intervocalique :
– ca.ute pour cahute (cahute), a.an pour ahan (automne)
c) Pour séparer des groupes consonantiques complexes :
– Gn.gnape (ville de Genappe ; orthographe utilisée sur un panneau de signalisa-
tion), pour Djnape .
d) Dans de très rares parlers, il arrive qu’un [j] suive une voyelle nasale, ce qui est noté
par un point :
– pan.y (pain, brab.), qui nos rindan.ye (que nous rendions, Lesse)
70 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
Usage de l’apostrophe
Élision des voyelles internes
64. Dans certaines variantes du système de transcr. Feller, l’apostrophe peut aussi marquer
toutes les élisions internes (très souvent d’un e, i, o, u ou è) :
– dji c’mince, dj’abot’nêye, djè l’s a, dji r’pas’rè, etc.
En orthographe normalisée : dji cmince, dj’ abotnêye, dji ls a, dji rpasrè.
De la même façon que pour l’élision des voyelles, on ne notera pas en orthographe
normalisée l’apostrophe pour clarifier certaines graphies quand il existe un risque de
confusion entre deux phonèmes et un digraphe, sauf dans le cas de c’h. Dans le système
de transcr. Feller, par contre, l’apostrophe ou le e muet sont en général utilisés pour
marquer cette différence.
a) Mots dans lesquels une voyelle non nasalisée est suivie d’un n (afin de distinguer
les cas ou n est utilisé pour nasaliser la voyelle) :
– Walonerèye/Walon’rèye > Walonreye (Wallonie) ; Djèn’vau > Djenvå (commune
de Genval) ; i don’nut > i dinnut (ils donnent)
Le même cas se présente souvent avec les verbes en -aner, -ener, -iner, -oner, -uner
conjugués à l’indicatif futur et au conditionnel :
– nos hin’rans > nos hinrans (nous jetterons) ; dji dman’reu > dji dmanreu (je
resterais), etc.
b) Mots dans lesquels un c peut être suivi d’un c, d’un xh ou d’un h, à cause de l’élision
du préfixe ki-/co- (∼ cu-) :
– dji k’hatche > dji c’hatche (je hache)
c) Mots dans lesquels une séquence « g + n » doit être lue [gn] et non [ñ] :
– adag’ner/adaguener > adagner (couvrir de crasse)
d) Mots dans lesquels deux s entre voyelles doivent être prononcés [ss] et non [s], c.à-d.
quand le préfixe dis- (∼ dus- ∼ dès-) est ajouté à un verbe commençant par un s :
– dis’sotlé > dissotlé [dIssOtle] (désaxé) ; dis’sièrvi > dissiervi [dIssjEövi] (desser-
vir) ; si dis’sêzi > si dissaizi [dIssE :zi] (se dessaisir)
2.6. SIGNES NON ALPHABÉTIQUES 71
– quand un pronom personnel élidé (v’, m’, dj’, l’) suit un verbe ;
– en cas d’élision du mot endè : end, ndè ou nd) ;
– si deux mots élidés se suivent, la première espace n’est pas insécable, mais
bien la deuxième (p. ex. aaaa k’ l’_bbbb mais pas aaaa k’_l’_bbbb) ; le but est
d’éviter les trop longues séquences insécables, vu la fréquence de ces élisions
consécutives en wallon (du moins chez les écrivains qui désirent noter toutes
les élisions possibles ; voir p. 55) ;
– si le mot élidé est lui-même lié au mot qui le précède (p. ex. avec un trait
d’union ou sans espace).
– derrière les consonnes de liaison (-z -n -t -st) suivies d’une espace ;
– entre un verbe terminé par t audible suivi d’un pronom i (p. ex. fåt_i).
Troisième partie
73
Chapitre 3
Le substantif
3.1 Substantivation
68. Certaines parties de discours, locutions ou phrases peuvent être substantivées si elles
sont précédées d’un déterminant :
– Adjectifs : do bleu (du bleu), li malåjhey divins tot çoula (la difficulté ou ce qu’il
y a de difficile dans tout cela). Ex. lit. OW : Pont d’ poûde di riz, pont d’ roudje
à lèpes, pont d’ chichis... ré qu’ dou vraî ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 56-57).
– Participes passés : çoula sint l’ tchamossé (ça sent le moisi), i gn a-st avu do
distrût (il y a eu des destructions), c’ e-st ene fait fé (c’en est une faite sur mesure
[une robe]).
– Participes présents : esse å rpintant (se repentir, regretter).
– Adverbes : on mî (un mieux, une amélioration), dj’ end a beacôp des evôye (j’en
ai beaucoup de mortes [des plantes]). Ex. lit. SW : Èle [nosse sociètè] rikîrt sès
plêjis jusk’ a ddins l’ disfindu ou li d’ triviè, pinsant insi « vikè si vîe tote
ètîre ». (J. BILY, Singuliers 2/98, p. 4).
– Pronoms : on nolu (un moins que rien).
– Verbes : li ddjuner (le petit-déjeuner), li pårler (le dialecte, le parler), esse å
rpinti (être dans le repentir), i s’ touwe å-z ovrer (il se tue à l’ouvrage).
– Locutions : èn ardîre (un défaut), noste avni (notre avenir).
– Phrases : on vas’-ti-rtchåfe (une réprimande), t’ e-st on couraredjî (tu es un
imbécile), on sint-mwais (un « puant »), do sint-bon (du parfum).
3.2 Genre
69. Le genre peut être exprimé par des types lexicaux différents :
– ene vatche (une vache) et on torea ∼ on twa (un taureau) ; li bele-sour (une
belle-sœur) et li sorodje, li bea-fré (le beau-frère) ; ene matante (une tante) et on
mononke (un oncle) ; ene feye (une fille) et on fi (un fils) ; ene båshele (une fille)
et on valet (un garçon) ; ene gade (une chèvre) et on bok (un bouc)
75
76 CHAPITRE 3. LE SUBSTANTIF
-î → -resse :
– on monnî → ene monnresse (meunier, -ière) ; on botikî → ene boticresse (com-
merçant, -e) ; on cinsî → ene cinsresse (fermier, -ière)
-î → -ire
– èn ovrî → ene ovrire (ouvrier, -ière) ; on Bouyounî → ene Bouyounire (Bouillo-
nais, -e) ; on cabartî → ene cabartire (cabaretier, -ière)
-én → -ene
– on vijhén → ene vijhene (voisin, -e) ; on vwezén → ene vwezene (id.) ; on cuzén
→ ene cuzene (cousin, cousine).
Emplois
70. a) Certains substantifs peuvent être masculins en wallon alors que leur équivalent
français (étymologiquement apparenté ou pas) est féminin :
– èn advinia (une devinette ; mais ene advinete) ; èn årmå (une armoire ; mais ene
årmwere) ; on botike (un magasin, une boutique) ; on cazake (une casaque, une
veste) ; on cofteu (une couverture ; mais ene couverte) ; on crestea (une crête) ;
on cwî ou on couyî ou on kilî (une cuiller) ; on dint (une dent) ; on piele (une
perle) ; on pun (une pomme, mais ene peme) ; do spite-a-les-iys (de la poudre
aux yeux ; mais ene sipite, une éclaboussure) ; on ståve (une étable) ; èn ouxh
(une porte ; cf un huis) mais ene poite (une grande porte) ; on visse (une vis), etc.
b) Quelques substantifs féminins en wallon (français masculin) :
– ene air (un air) ; ene aite (un cimetière) ; ene aloumwere ou ene aloumire (un
éclair) ; ene andje (un ange) ; ene angleye (un angle) ; ene apresse (un apprêt,
des préparatifs) ; ene atote ou ene triyonfe (un atout) ; ene båjhe (un baiser) ;
3.2. GENRE 77
ene bouboune (un bonbon) ; ene caramele (un caramel) ; ene cimintire (un ci-
metière) ; ene cope (un couple) ; ene djumele (un jumeau) ; ene elastike (un élas-
tique) ; ene evandjîle (évangile) Ex. lit. EW : (...) l’èvandjîle èst anoncèye ås
pôves (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 109) ; ene marone (un pantalon) ; ene
ongue (un ongle) ; del petrole (du pétrole) ; ene pîssinte (un sentier ; cf sente) ; del
sirôpe (du sirop) ; ene sitouve (un poële ; cf une étuve) ; ene tchuze (un choix) ;
ene usteye (un outil ; mais èn osti) ; del waerglaece (du verglas), etc.
c) Les noms d’arbres sont souvent féminins :
– ene så (un saule), ene få (un hêtre), ene côrîye ou ene côre (un noisetier, mais on
noejhî), ene bôle ou ene beyôle (un bouleau) ; mais on ou ene hesse (un hêtre),
on tchinne (un chêne), on bôlî (un bouleau), etc.
d) Certains substantifs peuvent avoir les deux genres :
– ådje (âge), Noyé (Noël), Tossint (Toussaint), prijhon (prison), ene fwin (une
faim) mais parfois on mwais fwin (une fringale), blé (blé), otobusse (autobus),
tram (tram), tombola (tombola), efant (enfant), amour (amour ; souvent féminin
au pluriel), acî (acier), egzimpe (exemple), toubak (tabac), ene ovraedje ou, plus
souvent, èn ovraedje (un travail), ene ou on ray (un rail), èn ou ene après-nonne
(après-midi), etc.
e) Certains mots ont un sens différent au masculin et au féminin :
– on daegn (une aire) et ene daegn (une campagne ; le monde, la terre en général) ;
ene djin (une personne) mais les djins sont målureus (les gens) ; on live (un
livre ; un lièvre) et ene live (une livre) ; on mantche (un manche) et ene mantche
(une manche) ; on posse (un emploi ; un poste de radio) et ene posse (un bureau
de poste), etc.
f) Les genres peuvent parfois varier suivant les régions ou à l’intérieur d’une même
région. On assiste assez souvent à un remplacement du genre original wallon par le
genre du mot équivalent en français :
Ex. lit. de ouxh (porte) masculin (genre traditionnel dans toute la Wallonie) :
– SW : Do momint (...) qu’ vos n’ fyez pont d’ mau à nolu, saint Pîre vos lêrè intrè
pa l’ grand uche. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 33-34)
– EW : Si dj’aveû co mès sabots todi, dji spiyereû ç’ måheûlé ouh-là. (MITTEI,
Zanzan, p. 25)
Féminin :
– EW : Quéque pârt, bin lons’, (...) on-z-oya claper one ouh. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 10) [sous l’influence du français ; ou s’agit-il simplement d’une faute
de frappe ?]
Ex. lit. de botike (magasin) masculin (genre traditionnel dans toute la Wallonie) :
– SW : (...) il è r’va sins r’passè come lès-autes au botique po bwâre one gote. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 28)
– OW : Quand Fatima va au boutique, Djan r’lît co l’ lète. (J. GOFFART, Coquia,
p. 16)
– CW : Mins “Blaise salaisons”, ci n’èst nin seûlemint on botike. (Chwès, Libra-
mont, p. 44)
Féminin :
78 CHAPITRE 3. LE SUBSTANTIF
3.3 Nombre
Orthographe
71. Ce sont les déterminants et les adjectifs devant le nom qui expriment le nombre.
La marque écrite du pluriel est l’ajout d’un « s » au nom (jamais « x »). Ce « s » ne se
prononce jamais.
– ene djin (une personne) → des djins ; on tchvå (un cheval) → des tchvås ; l’ ouy
(l’œil) → les ouys ; li fizik (le fusil) → les fiziks ; on cayô (un caillou) → des
cayôs.
Dans certaines variantes du système de transcr. Feller, certains écrivains, craignant de
gêner la prononciation, n’ajoutent pas non plus de « s » après une consonne prononcée
non suivie de « e » (mots terminés par « k », « w », « gn », « tch », « dj », « h », « ch »,
etc.) :
– dès oûy, dès fizik, dès ouh, etc.
Remarque : dans les systèmes d’écriture wallons anciens, il était très courant de n’écrire
aucune marque du pluriel pour les substantifs —puisque celle-ci n’existe pas. Cette
règle est encore défendue par Forir dans son dictionnaire de 1866.
Emplois
72. a) Certains noms s’emploient toujours au pluriel :
– des cwårs ou des liårds ou des çanses ou des petôles ou des aidants (de l’ar-
gent) ; des broûs (de la boue ; mais on broû, un bourbier) ; les hårdes (lès hårs
∼ lès hâdes) (les vêtements) ; des berikes (des lunettes) ; des courreyes ou des
coratreyes (de l’agitation, des démarches inutiles) ; des dondinnes (des caprices,
des fantaisies) ; des gobeyes (des guenilles) ; des kekesses (des questions impor-
tunes) ; les lokes (les vêtements, l’habillement) ; des mezômenes (des manières ;
commissions secrètes) ; des mizeres (des détritus), etc.
3.3. NOMBRE 79
L’adjectif qualificatif
4.1 Genre
73. La marque écrite du féminin est souvent -e. Ce -e montre que des consonnes muettes
au masculin sont prononcées au féminin, ou que des voyelles nasales au masculin sont
dénasalisées au féminin :
– clair → claire (clair, -e) ; grand → grande (grand, -e) ; berdelåd → berdelåde
(bavard, -e) ; disgostant → disgostante (dégoûtant, -e) ; fén → fene (fin, -e)
81
82 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF
– on djinti ovrî (un ouvrier actif) → ene djinteye travayeuse (une travailleuse
active) ; li tins est candjî (le temps est changé) → l’ airaedje est candjeye (l’at-
mosphère est changée) ; l’ årmå est rnetyî (l’armoire est nettoyée) → l’ årmwere
est rnetieye (id.) ; li tchant est fini (le chant est fini) → li tchanson est fineye (la
chanson est finie)
Autre variante à malm., Bastogne : djinti (inv. en genre).
e) Adjectifs et participes en -ou (EW, bast. ; ∼ -u ailleurs) font -owe :
– on bossou ome (un homme bossu) → ene bossowe feme (une femme bossue)
– on longou clå (un long clou) → ene longowe ponte (un long clou)
Variantes : malm. et Bastogne : bossou (inv. en genre). Condr. et Hesb. : bossou →
bossouwe. Hesb. et Famenne : bossou → bossouye. Nam. : bossu → bosseuwe. Brab. :
bossu → bossèwe. Sud nam., carol. : bossu → bossuwe. Centre, chestr. et Lesse : bossu
→ bossûye.
f) Les adjectifs en -eu(s) font -euse :
– meyeu (meilleur) → meyeuse (parfois meyeu ou meyeute) (meilleure) ; nintieus
(rachitique) → nintieuse
g) Les adjectifs en -î font -ire (∼ -îre) :
– prumî → prumire (premier, -ière) ; ovrî → ovrire (ouvrier, -ière)
Variantes à Namur : prumî ∼ prumêre ; en brab. : prëmî, prëmëne. OW : preumî,
preumiére.
h) Les adjectifs en -in font -inne :
– contin → continne (content, -e) ; plin → plinne (plein, -e) ; londjin → londjinne
(lent, -e) ; enocin → enocinne (innocent, -e).
Variantes en OW : -in → -ène : contène, plène, etc.
i) Les adjectifs en -e sont invariables en genre :
– mwaisse (principal, -e), såvaedje (sauvage), biesse (bête).
j) Quelques autres cas :
– bea → bele (beau, belle) ; novea → novele (nouveau, -elle) (∼ rare en SW :
novale) ; blanc → blanke (blanc, blanche) (∼ chestr., Lesse : blantche) ; franc
→ franke (franc, franche) (∼ chestr., Lesse : frantche) ; bleu → bleuwe (bleu,
-e) (∼ bleuve ; brab. blouwe ; EW bleuse) ; court (∼ coûrt) → coûte (court, -e) ;
lourd (∼ loûrd) → loude (∼ loûde) (maladroit, -e) ; cron → crombe (tordu, -e) ;
doûs → doûce (doux, douce) ; flamind → flaminde (∼ flamindje (flamand, -e) ;
fô → fole (fou, folle) ; sô → sôle (saoul, saoule) ; foirt → foite (∼ OW : fôrte)
(fort, -e) ; moirt → moite (∼ OW : môrte) (mort, -e) ; måva → måle (mauvais,
-e) ; moya → moyale ou mouwê → mouwale (muet, muette) ; noû → nouve (∼
noûve) (neuf, neuve) ; principå → principåle (principale, -e) ; rossea → rossete
(roux, rousse) ; tot seu → tote seule (seul, -e) ; vert → vete (vert, -e) ; vî → vîye
(vieux, vieille) (∼ EW : vèye, vîle ; malm. vîhe).
Autres variantes régionales : Quelques adjectifs en -r de l’OW font -rte : meur →
meurte (mûr, -e) ; dur → durte (dur, -e), etc.
4.2. NOMBRE 83
4.2 Nombre
75. a) Au masculin pluriel, les adjectifs et participes prennent -s ; ce -s est prononcé devant
voyelle (liaison) :
– on mwais pwin (un mauvais pain) → des mwais omes (dès mwês-omes) (de mau-
vais maris) ; li grand ouxh (la grande porte) → les grands ouxhs (les grandes
portes)
b) Les adjectifs féminins pluriels placés devant le nom prennent la terminaison -ès :
– ene boune taye (une bonne tartine) → deus bounès tayes (deux bonnes tartines) ;
ene bele moto (une belle moto) → des belès motos (de belles motos) ; ene bele
pitite djin (une belle petite personne) → des belès ptitès djins (de belles petites
personnes)
Le -s est prononcé devant une voyelle.
Cette terminaison ne change pas la prononciation de la dernière consonne : celle-ci
se prononce assourdie (voir Assourdissement des consonnes sonores finales, p. 47),
comme si elle se trouvait en finale : dès tèripès afêres.
Variantes
Variante en SW : La règle de l’accord du féminin pluriel est en voie de disparition
dans la majeure partie du SW. En bast., par exemple, elle ne subsiste plus que dans des
expressions figées : blanc Noyé, vetès Påkes (Noël blanc, Pâques vertes). Voir aussi,
ci-dessous, quelques exemples de cette terminaison chez Calozet (fam., nord du SW).
En malm. cette règle n’existe pas pour les adjectifs et participes passés en -é, -i et -ou
parce que ces adjectifs sont invariables en genre dans cette région : dès djintis båcèles.
En liég., le -s final d’un adjectif peut se sonoriser ([z]) devant le morphème -ès. Ex.
lit. :
– EW : A ç’moumint chal qui n’s-avans pôr on minisse dès bazès scoles qui n’fêt
nole astème å walon, on n’pout-èsse qui d’acwérd avou L. S. (...) (Djåzans, Osté
2000, p. 14) - Vola k’ Colas avise dès frizès crotes du lapin cusèm’tés âs pîs dès
djotes (S. FONTAINE, Colas, p. 4).
Exemples
Ex. lit. :
– EW : (...) adon, on pôve admirer sès bèlès coleûrs. (J.-M. MASSET, Contes, p. 9) -
(...) lu k’avéve vikî duspô dès lonkès-ânées, tot rawârdant one sacwè. (J.-M. MAS-
SET, Contes, p. 19) - Èlle èsteût bin divant cès grozès rôyes qui sont fêtes po lèyî
passer lès djins (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 17) - L’iviér n’a portant mostré
qu’on moumint sès blankès grawes. (...) Li tins dès rotchès narènes n’èst nin co
tot-a fêt riv’nou. Ni mètez portant nin trop lon vosse norèt, vos tchôdès mousseûres
èt vos hôtès tchåsses (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 22) - Èlle a sès galants, mon-
coeûr dès lonkès pôrminådes, avou l’ vint qui v’ fêt dès tchifes totès rodjes, djusse
come dès pomes di souke. (G. FONTAINE, Scrîre, p. 84) - [on spågne-måye]
84 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF
du pête avou dès bèlès bleûsès-imådjes tot-åtou. (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96) -
Mins dju m’ sovins qu’ènn’ aveût dès-ôtes, c’èsteût dès rondès boules du cûte tére,
bronâtes come lès-anciênès pignales å cafè (...). (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96)
- Ine blanc-mwète loumîre qu’aveût ponne dè trawer lès mahurés cwårês, ridéve
so lès gris meûrs, li gris årmå, lès grîsès tchèyîres èt lès må rafacêyès ployeûres
d’on gris papî qui racovréve li tåve. (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113) - (...)
li lècê d’ Notru-Dame, si hêtî, avou totes sès mamêyès p’titès mins qui ratindèt po
flori èt po rambômer. (R. VAN DAMME, Scrîre, p. 216) - (...) sondjîz tot bone-
mint à l’ passion dè Cris’, arèstez vol’tîs vos oûys so sès sintès plåyes. (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 69) - Mins nolu n’ a l’ pouvwér di tofér djouwi à s’ manîre di cès
dîvènès djôyes-là (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 88)
– CW : I l’a trossi tot gaîy. Avou dès courotes, dès nwârès craussès courotes qui
glètint è s’-t-anète plin s’ cô. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - (...) on n’ saurè
jamaîs ci qu’on pout bin tchiketè avou dès parèyès man.nètès bièsses. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 20) - Pa dès fwârt mwaîjès routes plin.nes di laudjès wâr-
bêres èwou qu’ lès rûwes dès tchaurs moussenut jusqu’au mouyou, Césâr arive
o l’ Swisse. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179) - (...) dès coutès t’mîjes avou dès p’tëtès
mantches (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 13-14) - (...) on boutéve dès deûzyin-
mès lokes (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 20) - Dj’aî vèyu passè dins l’ viladje
lès premêrès-autos. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 7-8)
– OW : Et mi, dji seû ci pou vîr lès p’titès feumes du boul’vârd... (J. GOFFART,
Coquia, p. 5) - Amed ! Vî soçon, vos-avèz toudi dès bounès-idéyes ! (J. GOFFART,
Coquia, p. 10) - Fôt r’lavér sès man.nètès loques an famîye. (Ch. TOMBEUR,
Ch’napans, p. 28) - Il-âreut stî bunôje, leû curé, d’ vîr dès si bèlès mécaniques
(...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77) - Is sondjît d’dja ôzès roûwes di fro-
mâdje qu’is-ârît inflè avou dès parèyès bièsses (...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre,
p. 77) - Mindjèz, mès-èfants, gn-a ré d’ tél pou s’ rimète dès fôrtès fatigues ! (J.-L.
FAUCONNIER, Scrîre, p. 77) - Ô, lès bèlès gades ! (W. BAL, Fauves, p. 5)
– SW : Li Sorcîre a dit tot ça tot bê doûcemint, di s’ grêye vwès qui sôrt’ di sès finès
lèpes (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 34) - A grantès-ascoujèyes, Pitit monte
après là (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 36).
Les participes passés utilisés comme adjectifs prennent la même terminaison. Ex. lit. :
– EW : (...) on crèvé bol di sope al crolêye djote ou ås må cûtès féves, ine porbolowe
crompîre (...). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
Il arrive que les adverbes foirt (∼ fwârt, fwart, fwért, fwêrt, fwèrt, fôrt, foûrt) (très) et
tot (∼ tout) (tout) prennent eux aussi cette finale. Ex. lit. :
– EW : Èlle a sès galants, mon-coeûr dès lonkès pôrminådes, avou l’ vint qui v’ fêt
dès tchifes totès rodjes, djusse come dès pomes di souke. (G. FONTAINE, Scrîre,
p. 84) - (...) il èsteût si k’tapé avou sès pîds d’hås èt sès bagues totès k’pleûtèyes.
(MITTEI, Zanzan, p. 31) - Chaskeun’ a l’ dreût d’èsse ètindou d’ine minme ma-
nîre, divant tot l’monde èt sins totès fêtès-îdèyes (...) (Dèclaråcion 2, art. 10)
Il arrive que certains déterminants numéraux subissent également la force d’attraction
de cette finale. Ex. lit. d’accord avec un numéral :
– EW : Grîse dèl ponne, dèl dilouhe qui, so l’ trèvins d’ cinquès longuès-annêyes,
lès lodjeûs avît fêt leû payèle. (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
4.3. PLACE 85
L’accord au masculin est beaucoup plus rare, mais se produit parfois, surtout dans la
langue parlée dans néolocuteurs, par hypercorrectisme. En voici un ex. lit. :
– EW : Quénès sots rîmês ! (J.-M. MASSET, Contes, p. 21)
4.3 Place
Adjectif + substantif
76. L’adjectif qualificatif et le participe passé employé comme tel 1 se placent très souvent
devant le nom qu’ils qualifient, surtout pour les adjectifs de couleur et de forme, et les
adjectifs de une ou deux syllabes :
– ene noere vweteure (une voiture noire) ; ene froede djournêye (une froide jour-
née) ; li gôtche mwin (la main gauche) ; on foirt ome (un homme fort) ; des ronds
ouys (des yeux ronds) ; del claire aiwe (de l’eau claire) ; ene tinre pea (une peau
tendre) ; on djinti valet (un gentil garçon) ; des beas rodjes canadas (de belles
pommes de terre rouges) ; on bea ptit net manaedje (une belle petite maison
propre) ; c’ esteut ayir li pus froede djournêye (c’était hier la journée la plus
froide).
Ex. lit. avec adjectifs de couleur :
– OW : Sins balziner, lès deûs tchots lyî ont moustrè in blanc papî avou dès bleûwès
lètes èy’ ène contrèmasse di cachèts (...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) -
V’là ’ne grosse nwère oto [sic = ôto] qui s’arète pa d’vant l’ méso (...). (W. BAL,
Fauves, p. 10) - Li timps dè l’ dîre, li Ciel s’a disployi come ène grande bleuwe
couvèrte qui n’aureut pont s’ sinzeû. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 8)
– EW : (...) one crompîre, pik’té d’ baryolés ploumes du ritchâs (S. FONTAINE,
Colas, p. 4) - One bèle djin d’one trinténe d’ânées, avou dès neûrs tchuvès èt
on fin vizèdje come cis dès Sintes-Vièrdjes (...) (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) -
Dji n’èsteû vormint nin ’ne plêhante kipagnèye : dès neûrès-idèyes si k’boutît
è m’ tièsse. (M. FRISEE, Scrîre, p. 85) - [On spågne-måye] du pête avou dès
bèlès bleûsès-imådjes tot-åtou. (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96) - Ine blanc-mwète
loumîre qu’aveût ponne dè trawer lès mahurés cwårês, ridéve so lès gris meûrs,
li gris årmå, lès grîsès tchèyîres èt lès må rafacêyès ployeûres d’on gris papî qui
racovréve li tåve. (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113) - Une tote simpe fosse,
avou dès bloncs cayås (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185) - Å d’zeûr dè doré
tiér, mayeté d’ pihètes-è-lét / On plope su drèsse tot seû (...). (A. SOUGNEZ,
Scrîre, p. 204)
– SW : Li bone êwe (...), rêwe lès-yèbes èt lès vèrts moss’rês. (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 20) - (...) avou ça, one jate di nwâr cafè èt v’là l’ sopè d’à Guagite èt d’à
Pitit. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 28) - Gn-avét a l’intrée ène cuvèle du mèlasse
a costè d’î tounê d’ nwar savon. (G. MOUZON, Causans, p. 33) - Mês ç’ n’èst nin
one tchèmîje jâsmin, don ça. C’è-st-one blantche tchèmîje. (Ch. BENTZ, Coradje,
p. 73) - I sant contints d’ vèy leû gamin ki coûrt âtoûr dol mâjon dins sa ptite
roudje cote dè lin.ne... (M. GEORGES, Singuliers, 2/1998, p. 7) - Dj’ ê sondjé
1. ALW II, 11 : qualificatif féminin pluriel devant le nom.
86 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF
Substantif + adjectif
77. Dans les cas suivants, l’épithète se place après le substantif.
88 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF
mèt s’ mwin dreûte dissus s’ tièsse èt wête (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 105)
- (...) on-z-a trimpè dès draps d’ mwin dins d’ l’êwe freûde (...) (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 42) - (...) èt lès bês pèchons dorès, tapinès di p’tits pwints rodjes, si
k’twardint (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 66) - (...) èle fajét dîj eûres èt bouvét
ène goulée d’ cafè boulant. (C. CULOT, Causans, p. 49) - (...) c’èst honteûs dè
v’nu à mèsse dins on-ètat parèy ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 36) - Dj’ê voci on
r’méde tèribe qui f’rè fonde vosse grache come dè l’ivièr â solê. (Ch. BENTZ,
Coradje, p. 65)
– OW : (...) nos-avons li tére di cultûre, nos-avons l’ârzîye, li sâbe vêrt (...). (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50) - Ès’ dos ît fris’ brun avou ’ne grande tatche
blanke su sès flancs. (W. BAL, Fauves, p. 6) - I va pûjî dins l’ pusse à l’eûwe clére
ayu ç’ qu’i ramouyeut s’ front sins roye. (W. BAL, Fauves, p. 11)
– CW : (...) lès places lès pës man.nètes, c’èst l’ col èt lès pougnèts ’poignets’. (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 23) - N’avot dès pës clérs ’clairs’ èt dès cës qu’avin’ on
r’flèt vèt’ ’vert’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 47)
– EW : Li vî sotê lès èvoya djusse dè costé contråve. (MITTEI, Zanzan, p. 28)
Usage flottant
78. L’ordre ADJECTIF + SUBSTANTIF est souvent considéré comme la règle et l’ordre
SUBSTANTIF + ADJECTIF comme l’exception. L’usage est cependant loin d’être
uniforme et les exceptions connaissent elles-mêmes leurs propres exceptions, dans cer-
taines expressions éventuellement hypercorrectes telles que les suivantes. Ex. lit. :
– EW : (...) lès pîds qu’ tos lès sotês vinît r’horbi è sègne di lwèyåls sudjèt. (MITTEI,
Zanzan, p. 41) - Li rwèyåle vôye dè l’ Sinte Creûs. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 93)
– OW : (...) vos-avîz l’ér di nos catchî ène saqwè... come si ça s’reut in s’crèt pro-
djèt ? (J. GOFFART, Coquia, p. 13)
– CW : On sét qui l’ fédéral Gouvernemint vôreûve fer bachî l’ producsion d’ pour-
cias di 20% (...). (Chwès, Libramont, p. 9)
Il arrive que des adj. de provenance ou de nationalité soient antéposés :
– EW : Lu walone tchanson du m’ payis (titre d’une chanson verv. sur des paroles
de Henri Bragard et une musique de Max Michel)
– CW : - Lès Walons Scrîjeûs d’ après l’ Banbwès (association littéraire) - (...) sins
rovî l’ trûte, nosse walone vedète qu’èst todi l’ binv’nue su nost’ assiète (Chwès,
Libramont, p. 5). De même : Roman Payis, nom courant de la province du Brabant
wallon.
La comparaison de deux traductions différentes de la « Déclaration universelle des
droits de l’homme » (Dèclaråcion 1 & 2) met bien en évidence certaines hésitations
pour les adjectifs savants. Comparons :
– Dans certains cas, les deux textes postposent l’adjectif : Nåcions Ûnèyes, dèclarå-
cion univèrséle.
– Dans certains cas, les deux textes divergent : li jènèråle assimblêye (Dèclaråcion
1) ∼ l’ assimblêye jènèråle (Dèclaråcion 2).
– La Dèclaråcion 2 a li vèye culturéle mais dès cruwélès ponnes.
– La Dèclaråcion 1 a li progrès sociål mais lès comeunès valeûrs.
90 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF
– Quant à l’adj. naturél, il est utilisé dans les deux positions dans la Dèclaråcion 1 :
lès dreûts naturéls ∼ lès naturélès lîbèrtés.
Position et sens
4.4 Emploi
Adjectifs indiquant un résultat
80. L’adjectif est souvent utilisé en tant qu’adverbe pour indiquer un résultat (voir aussi la
section consacrée aux adjectifs et aux adverbes, p. 212) :
– il a viké vî (il a vécu vieux) ; i s’ ovréve moirt (il se tuait à l’ouvrage ; lit. « il se
travaillait mort ») ; ele si coreut sote après lu (elle lui courrait après à s’en rendre
folle ; lit. « elle se courrait folle après lui ») ; si rire malåde (se rendre malade de
rire)
Ex. lit. :
– EW : Li coquemâre si sofeule mwète po l’ bûze... (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
Autres cas d’utilisation d’adjectifs comme adverbes :
– OW : Nos trwès soçons boutenut deur, mins l’èstudio cominche à awè bèle ér. (J.
GOFFART, Coquia, p. 20) - Djan aveut tapè djusse. (J. GOFFART, Coquia, p. 23)
– SW : (...) a vèyant sclairi, l’ bîsteû n’ vêrè nin sûr bauk’tè par ci. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 36) - (...) c’èst dès grands diâles qui sont moussès tot blancs (...). (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 23) - Lès p’tits-afants avint l’êr d’eune momîe éjipsiène,
mês il avint chûr pus tchöd. (M. LEDENT, Causans, p. 45) - C’èst probâbe po
qu’on vèye mî s’ novê tchèpê ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 36) - Ça îrè sûr brâmint
mî què vos n’ sondjèz ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 39)
– CW : Mâria ! I s’î aveut mètu dès molons plin. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
4.4. EMPLOI 91
Comparatif d’infériorité avec moens (mons ∼ mwins’) ou, dans les phrases négatives,
nén si : l’ efant est moens nozé (l’enfant est moins mignon), l’ efant n’ est nén si nozé
(id.)
Ex. lit. :
– OW : In p’tit ome a ossi mau sès rins pou fouyî ; pourtant, pour li, l’ têre n’èst nén
si basse. (P. FAULX, Limes, p. 37)
– CW : (...) quand dji su è-igni, i m’ chone qui dj’ su tot-ossi grand qu’on-ote. (A.
LALOUX, Bêrt, p. 11)
En malm. on’tot si :
– EW : Il [on balon] èsteût on’tot si hôt qu’one môye du foûr, mès nin si gros,
naturél’mint... (J.-M. MASSET, Contes, p. 9)
Superlatifs relatifs
84. a) On emploie les comparatifs précédés d’un article défini, d’un déterminant possessif
ou de la préposition di :
– c’ est zels les pus beas (c’est eux les plus beaux) ; li moens boune (la moins
bonne) ; mi pus grand plaijhi (mon plus grand plaisir) ; çou k’ i gn a d’ pus
åjhey (ce qu’il y a de plus facile)
: b) On utilise parfois des locutions comportant un adjectif ou un adverbe renforcé par
(di) tot si / ses pus ou di si pus + adjectif.
– i coreut d’ tot ses pus roed (il courait aussi vite que possible) ; criyîz tot vos pus
foirt (criez le plus fort possible)
Ex. lit. :
– OW : Et l’ pus noû solia d’ tous lès timps s’a mis à lûre di sès pus bèles (...). (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 8)
c) On utilise aussi la locution å / al pus + adj. ou adv. Ex. lit. :
– OW : (...) c’èst pa choûrchîyes qu’Il y-a spaurdu dès fleûrs, toutes au pus bèles èt
qui sinteneut si bon ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 8)
Superlatif absolu
85. a) Il est exprimé grâce à des adverbes comme :
– elle est foirt sipitante (elle est très pétillante) ; elle est mo nåjheye (elle est très
fatiguée) ; elle est hodêye å dla (elle est excessivement fatiguée) ; elle est scranse
jamwais parey (id.) ; dji so pår frexh (je suis complètement mouillé) ; elle est
foû mwaijhe (elle est extrêmement fâchée) ; t’ es tot frexh (tu es tout mouillé)
Et aussi : t(o)tafwaitmint (tout à fait), t(o)tafwait (id.), completmint (complètement),
carapmint (excessivement), etc...
Variantes : foirt ∼ fwârt (CW, OW), fwart (malm.), fwért (liég.), fwêrt (verv.), fwèrt
(sporadiquement, EW), fôrt et foûrt (OW) ; tot ∼ tout (OW, partie de SW) ; mo ∼ mou
(partie de SW) ; jamwais ∼ jamês, -és (en général).
b) Certains adjectifs employés comme adverbes peuvent également marquer un degré
superlatif :
4.4. EMPLOI 93
– on fameus laid tchén (un chien fameusement laid) ; ene assoteye grande måjhon
(une maison incroyablement grande) ; on bea vî côp (un fameux coup) ; on sacré
måssî tins (un temps vraiment mauvais) ; ene rude bele biesse (une fort belle
bête) ; il est moirt sicrans (il est épuisé) ; il est noer nåjhi (il est épuisé) ; t’ es
fén sot (tu es tout à fait fou) ; il est percé sot (il est complètement fou) ; t’ es crevé
plin (tu es ivre mort)
c) Certains adjectifs ou adverbes peuvent être redoublés en tout ou en partie pour
exprimer un superlatif :
– tene (mince) → tetene (très mince) ; i n’ est nén grand grand (il n’est pas très
grand)
Ex. lit. :
– CW : (...) a-t-i toûrnè autoû, li Skèwe, à l’ sôrtîye di mèsse, èt raflatè, fè do plaplat
(...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19) - (...) cand c’èstot po laver al mwin, on
nèl lêyive ’ne la laissait’ ni tchôfer fwârt, fwârt po qu’on soyëche ’sût’ ténre sès
mwins d’dins. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 67)
Les formes pés et pire, mî et meyeu (OW) s’emploient souvent l’une pour l’autre :
– li pés d’ tot ou li pire di tot, c’ est ki dj’ a må mes djambes (le pis de tout, c’est
que j’ai mal aux jambes) ; i våt mî nd aler ou i våt meyeu nd aler (il vaut mieux
partir)
Ex. lit. :
– OW : Rén du tout, après l’ sirop, si èle nè va né mèyeû, èm’ fîye dîra çu qu’èle
voûra (...) (Ch. TOMBEUR, Ch’napans, p. 27)
Variantes : mî ∼ mieu (OW) ; pés ∼ pîs (OW) ; pô ∼ pôk ; bråmint ∼ branmint (OW).
Todi
87. L’adverbe todi (toujours) s’utilise avec les comparatifs pus et moens (mons ∼ mwins’)
dans le sens « de plus en plus » ou « de moins en moins » :
94 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF
– djel voe todi pus voltî (je l’aime de plus en plus) ; i dvént todi pus cawiasse (il
devient de plus en plus raide)
Ex. lit. :
– SW : I vèyot todi d’ pus a pus voltî lès Ma-tantes (...). (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 131)
– CW : Lalîye diveneut todi pus cawiasse on djoû qu’ l’ôte (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 16) - Lès molons èstint todi à d’ pus. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
- Quand on-z-a passè lès trinte ans, on-z-èst todi mwins’ ènondè on djoû qu’ l’ôte
po satchi à l’ cwade avou l’ confrérîye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 26)
– EW : I fêt todi pus tchôd... (MITTEI, Zanzan, p. 22) - (...) il ont dit leû vol’té dè
fé tot (...) po mète è plèce dès todi mèyeûzès condicions dè viker divins ’ne lîbèrté
todi pus grande ; (Dèclaråcion 2, Préambule) - (...) il è-st-important d’ècorèdjî
totes lès nåcions a s’aconter todi mîs eune l’ôte. (Dèclaråcion 1, préambule)
Variante : toudi (OW, malm., partie de SW).
Chapitre 5
Les déterminants
singulier li djoû
li djournêye
l’ ome
pluriel les djoûs
les djournêyes
les omes
Formes régionales
95
96 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS
Formes locales
Emplois
89. a) Le wallon (sauf le SW) ne fait pas la différence entre masculin et féminin, ni au
singulier, ni au pluriel : li trén (le train), li tåve (la table). Cependant, la s’agglutine
dans les articles contractés en SW comme ailleurs (voir articles contractés, p. 101).
b) a l’, da l’, so l’ (∼ su l’) e l’ (∼ è l’ ∼ o l’), pa l’, po l’ (∼ pou l’), dè l’ (∼ do l’ ∼
du l’) peuvent se lier dans l’écriture devant une consonne :
– dji m’ va al fiesse (je vais à la fête) ; li tåte dal kimere (la tarte / la tartine de la
femme) ; li live est sol tåve (le livre est sur la table) ; dj’ a vnou pal bwès (je suis
venu par le bois) ; li bistoke est pol mame (le cadeau est pour la mère) ; dji boe
del bire (je bois de la bière).
c) Certains mots s’emploient sans article, surtout :
– les noms de rivière : Mouze est bele (la Meuse est belle), Sambe (la Sambre),
l’ aiwe di Lesse (la Lesse), l’ aiwe d’ Oûte (l’Ourthe)... Ex. lit. :
SW : (...) pu, lauvau, Inson qui s’ kitwârd èt qui s’astaudje dizos lès huréyes a
fyant dès grossès gofes (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 79)
CW : Èwou ç’ qu’èle s’a passè, li bataye des Nèrvyins ? Li long d’ Sambe, bin
sûr ! (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
EW : Di d’ là èco, on veût passer lès batês so Moûse, lès r’morqueûrs qui hoûlèt èt
qu’ bahèt leû tch’minêye tot-z-arivant â pont (...). (J. DUSART, DW, t. 14, 1986,
p. 90)
– le mot tere (terre) : dins tere ou e tere (dans la terre), å raeze di tere (à ras de la
terre). . . Ex. lit. :
SW : (...) on loûrdê quo-lî a pris su l’ pavéye èt quol a djostè a têre... (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 114)
EW : C’èst po çoula qu’i vikèt d’zos tère. (MITTEI, Zanzan, p. 8).
OW : (...) lès bièsses ont arivè come si èles sôrtént d’tère. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 9).
Contre-ex. lit. :
CW : (...) po ni que l’ kë (ou fond) dèl banse djonde ’touche’ lë têre. (J.-J. GA-
ZIAUX, Lessive, p. 32).
– dans les expressions : aler a messe (aller à la messe), dire messe (célébrer la
messe), siervi messe (servir la messe), aler a vepes (aller aux vêpres), etc. Ex.
lit. :
SW : Li prèmî dîmègne di mêy, après vèpes, po pazê dol Comène, Pitit rotot bin
guéy pa-drî s’ moman (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 78) - (...) il è rîrè tos
lès dîmègnes divant grand-mèsse èt i r’vêrè après vèpes po z-alè aus tchamps. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 79) - Èt l’ dîmègne, cand on mousséve foû d’ mèsse,
i pléve riwêtou tos lès pîds (...). - (R. DEDOYARD, Scrîre, p. 56) - Al soûrtie
d’ mèsse. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34)
CW : Après mèsse oudôbin après non.ne, ils ènn’alint avou leûs parints èmon leûs
grands-parints (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 44)
– dans de nombreux compléments directs figés : aveur fwin (avoir faim), serer
botike (fermer le magasin), tini botike (tenir boutique), leyî ouve (arrêter de tra-
vailler), fé voye eshonne (cheminer ensemble), aveur fwait djournêye (avoir ter-
miné sa journée)...
– quand un nom est utilisé comme attribut : il est pourcea po djåzer (il est grossier
quand il parle) ; i n’ est nén tchén d’ ses cwårs (il n’est pas chiche de son argent) ;
i n’ irè nén sôdår (il ne fera pas son service militaire) ; i vnént cinsîs (ils arrivèrent
pour s’établir comme fermiers) ; esse borguimwaisse (être bourgmestre). . .
– dans des proverbes et expressions : contintmint passe ritchesse (contentement
passe richesse) ; boere cekes et toneas (boire cercles et tonneaux, = boire beau-
coup). . .
– dans des imprécations : diâle m’ evole ! (que le diable m’emporte !). . .
– dans des locutions adverbiales : dvant tins dvant eure (prématurément), djaler a
pire finde (geler à pierre fendre). . .
– devant des noms en apostrophe : merci, camaeråde (merci, l’ami), arvey, cuzene
(au revoir, cousine). . .
– devant des compléments du nom à valeur d’adjectif : èn anea d’ ôr (un anneau en
or). . .
– devant les noms exprimant une division du temps : dji vén londi (je viens lundi),
il est meynute (il est minuit). . .
– après soeye-t i répété : soeye-t i sogne, soeye-t i ewaeråcion... (soit peur, soit
surprise, ...). . .
– parfois devant des noms de saints. Ex. lit. :
SW : Li djoû saint Stiène, i va quêre sès noches (...). (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 70) - (...) il è pindèt one aute (...) à costè do bouquèt sètchi qu’on va quêre
tos l’s-ans aus r’mwadjes, al porcèssion saint Monon. (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 124)
CW : A l’ swite do côrtèje rilijieûs vint l’ drapia Sint-Pîre, qu’èst r’mètu à l’èglîje
jusqu’au londemwin au matin. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 31)
– dans des énumérations littéraires ou non : ome, feme, efants, tot l’ tchetin !
(homme, femme, enfants et tout le fourbi !). Ex. lit. :
SW : Nosse sociètè ni vèt pus ki randmint, sous, pouvwâr, oneûrs. (J. BILY, Sin-
guliers, 2/1998, p. 5) - Corti, maujon, pachi, c’èst là qu’ Pitit va passer l’ pus
gros hagnon di s’ vîye (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 121) - Sins sondjè quu
Canète duvrit ratinde, m’ tchin è angoufrè truques èt cruchons (...). (L. HECTOR,
98 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS
Causans, p. 13)
CW : Lès minâbes djoûs qu’i n’ lauke nin do ploûre, èt chwache, èt broûs, èt
godis’, èt-z-è r’naudè jusqu’après non.ne (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
– parfois entre la chose possédée et le possesseur, si celui-ci est un être animé. Ex.
lit. :
OW : Li p’tit roussia, vijin dèl maujo Bubule... (E. LEMPEREUR, Tièsses pèléyes,
El Bourdon 477, 6/1995, p. 9)
– dans tote djoû (toute la journée) et tote nute (toute la nuit).
– dans des généralisations. Ex. lit. :
SW : Il ont cauzè dêréyes èt bièsses, èt Pitit astot bin r’pwèzè quand il a d’chindu
dol male. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 87)
EW : Si vite qu’ènn’ont l’adje, ome èt feume, di tot l’ minme quéle race, nacionå-
lité ou r’lidjon, ont l’ dreût di s’marier èt dè fonder ’ne famile. (...) (Dèclaråcion
2, art. 16)
d) Inversement, le wallon peut utiliser un article quand le français ne l’utilise pas ou
plus :
– très fréquemment devant les noms propres de personnes ou d’animaux : Ex. lit. :
EW : Lu Lînâr èsteût on pô hêgue. (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) - I d’vinve aprin-
dice amon l’ Djôzèf Bordèt, l’ talieûr. (J.-M. MASSET, Contes, p. 7) - Ôh ! fåt pâr
assoti, di-st-èle lu Marie ! (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204).
OW : Ça n’ mi plét wêre di r’trouver l’ Fatima ! (J. GOFFART, Coquia, p. 25) -
Més n’ faleut nin asprouver dè l’ fé tourminter, l’ Grisète (...). (W. BAL, Fauves,
p. 6) - Dis qu’ dj’ènn’ ai suwè iène di tch’mîje ! di-st-i l’ Piêre (...). (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 59).
CW : On d’djeut ossi qui l’Oscâr Antwane aveut ètèrè brâmint dès caurs au pîd
da onk dès cinq vîs tchin.nes, addé èwoù qui l’ Croyon a s’ câriêre. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 13) - Èt, on bia djoû, is ont ècoradjî li Djan-Pîre a stinde si produc-
sion (...). Li feume do Henri Baiwir nos a conté qui s’t-ome tûze todi à one saqwè
di novia dè l’ nét. (Chwès, Libramont, p. 40-41)
– souvent devant les noms de pays : i rvént del France (il revient de France). Ex.
lit. :
EW : Après-avu fêt tot çou qu’is d’vît fer (...), ènnè ralît èl Galilêye, è leû vèye di
Nazarèt. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 89)
– dans diverses expressions : vinoz al tåve (viens à table). Ex. lit. :
EW : Deûs potèts d’ jèrâniyom’, pindous â tchinâ dol houbète, toumît a l’ tère.
(J.-M. Masset, Contes, p. 6) - Il intra st-è s’ mohone, èt i s’ mèta st-à l’ tåve. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 110).
OW : Oyi, Cheikh, c’èst l’ vré. (J. GOFFART, Coquia, p. 28)
e) L’article défini peut être utilisé dans un sens exclamatif surtout si le nom est suivi
d’une proposition relative :
– les bounès biokes ki vos avoz ! (quelles bonnes prunes vous avez !).
Ex. lit. :
– CW : Â ! lès bièsses di djins qu’i-gn-a vêci ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21).
SW : Lès bonès vôtes qu’on fait ç’ djoû-là po sopè dins totes lès maujons ! (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 71)
5.2. LES ARTICLES INDÉFINIS 99
singulier on trén
èn efant
ene vweteure
pluriel des tréns
des efants
des vweteures
Formes élidées : dji voe ’ne vweteure, dji voe ’n efant, bråmint ds efants.
Les formes ’n, ’ne ne sont normalement pas écrites en orthographe normalisée (on ècrit
donc èn, ene, l’élision se faisant, ou pas, à l’oral). Ces formes s’utilisent néanmoins à
l’écrit en poèsie, pour fixer le nombre de pieds.
Formes régionales
Formes locales
Malm., Ardenne, fam. : on trin, on-èfant, one vwèture. Condr. et hesb. : un trin, un-
èfant, une vwèture. Lesse : in trin, èn-èfant, ène vwèture. Niv. : in trin, inn-infant, inne
vwèture. Chestr. : î trin, ène vwèture.
Emplois
91. a) L’article indéfini est presque systématiquement utilisé devant un attribut, quand on
parle d’une personne :
– t’ est on malén ! (tu es malin !) ; c’ esteut ene viye (elle était vieille) ; c’ est ene
biesse (il est bête)
b) L’article indéfini n’est pas utilisé dans certaines expressions généralisantes. Ex. lit. :
– SW : Mais c’èst lwagn’rîye do sondjè z-avèr l’êwe por mi tot seû !... (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 18)
– OW : Cè n’èst qu’ flotchêres èt ronches èt, su l’ costè, ’ne djonne tâye à n’ sawè
s’in dèscramyî... (W. BAL, Fauves, p. 12)
Formes régionales
Formes locales
Liég., hesb., brab. : dè vin. Malm., sud nam., bast., fam. : dol bîre. Sporadiquement SW
et OW : dou vén, doul bîre. Lesse, chestr. : du vin, dul bîre.
Emplois
93. a) L’article partitif n’existe pas au singulier devant une voyelle :
– dji boe di l’ aiwe (je bois de l’eau)
b) On utilise l’article partitif devant un nom, un adjectif suivi d’un nom ou un pronom :
– des foitès djins (de fortes personnes) ; i fåreut des ôtes (il en faudrait d’autres) ;
del måle bire (de la mauvaise bière)
c) Avec une négation, l’article partitif devient pont di et pupont di (OW, CW) (voir
aussi la négation, p. 272).
– dji n’ a pont d’ aiwe (je n’ai pas d’eau) ; dji n’ a pupont d’ aiwe (je n’ai plus
d’eau)
Alternativement, comme en EW, on peut utiliser la négation normale suivie d’un article
partitif (voir aussi nou, nole, p. 110) :
– i n’ magne nén del tchå (il ne mange pas de viande) ; i n’ ont nén des çanses (il
n’ont pas d’argent)
d) Articles employés avec les verbes fé, ovrer, bouter, travayî :
– i fwait do lourd (il fait semblant d’être maladroit, de ne pas comprendre) ; i boute
do tcherpetî (il travaille comme charpentier) ; ele fwait del biesse (elle feint d’être
bête)
Ex. lit. :
– CW : I travayeut do spincieû. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15) - Èt cor on-ôte,
qui fiot do plonjeû avou totes sôtes d’ostèyes èt d’amantchûres autoû d’ li ? (A.
HENIN, Scrîre, p. 105)
e) On emploie un article partitif avec les adverbes de quantité (voir cette section, p. 9.3,
pour des renseignements plus complets) :
– bråmint del såce (beaucoup de sauce) ; tot plin do pwin (beaucoup de pain) ;
merci bråmint des côps (merci beaucoup) ; i gn a waire del bire (il n’y a pas
beaucoup de bière) ; il a dit beacôp des vraiyes (il a dit beaucoup de choses
vraies)
Variantes
Emplois
95. a) Les contractions de a + les en ås, de di + les en des et de pa + li et les en på, pås
et påzès sont facultatives :
– dji dvize a les efants (je parle aux enfants) ; dj’ a vnou pal ∼ pol viyaedje (je
suis venu par le village) ; i m’ a tiré l’ cou foû d’ les strons (il m’a tiré d’un
mauvais pas ; lit. « le cul hors de la merde »)
La tournure non contractée a les est surtout utilisée en niv., en malm. et au Centre. La
tournure non contractée di les est surtout utilisée en verv.
b) Sont également facultatives toutes les formes en -ès :
– dji djåze åzès ∼ ås djins (je parle aux gens) ; c’ est l’ tchén dåzès ∼ des vijhéns
(c’est le chien des voisins) ; vos vénroz påzès ∼ pa les pîssintes (vous viendrez
par les sentiers) ; i gn a nolu ezès ∼ dins ou dvins les måjhons (il n’y a personne
dans les maisons)
Contrairement à ce que laisserait supposer leur forme ressemblant à celle d’un adjectif
féminin pluriel antéposé (p. 83), les formes dåzès, åzès, påzès, ezès s’utilisent aussi
bien devant un nom masculin pluriel que devant un nom féminin pluriel.
Ex. lit. de ezès :
– malm. : Èle [one vôye] ralôye lès d’morances, coûrt lu long do Claptanru, mine
èzès tchans, duhind vè l’ passèdje du l’ Brissante-êwe (S. FONTAINE, Colas, p. 3)
- (...) ni méme lu vint èzès-âbes so Lîvrimont. (J.-M. MASSET, Contes, p. 10) - (...)
lu solo lûhéve po l’ fignèsse, dès paliètes d’ôr dansît èzès rêyons. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 21)
Ex. lit. de åzès ∼ azès :
– Malm. : I f’zéve li bâbe azès mèyeûrs fizik dol vèye. (J.-M. MASSET, Contes,
p. 14)
– OW : Djan fét s’ discoûrs su sès prodjèts, tout en rèspondant tènawète auzès quès-
tions dès-omes politikes... (J. GOFFART, Coquia, p. 14) - Vint côps lès losses l’avît
disployi : al douwane, ôzès gardes du trin èy’ asteûre, divant ç’tila qu’ lès atôt-
cheut. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) - Nos cominch’rons aveu lès bulokes,
no qu’on done ô-z-ès grossès prones. (Ch. TOMBEUR, Ch’napans, p. 34) - (...) li
mârdi i n’ vèneut né pace qu’il aleut r’wétî ôzès tchèrètes ô martchî (...). (L. POL-
LEN, DW, t. 16, 1988, p. 45) - Sayèz in pau d’dîre aus-ès dômèstiques èt aus-ès
mèskènes qui Talitha è-st-ène arnauje ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 65)
– CW : Lès pîssintes d’ombrîye èt d’aîreû / S’adouverin.n’ djusqu’ausès nûléyes /
(...). (A. BACQ, Scrîre, p. 20) - Il èst disfindu, si on n’ vout nin ièsse sôrtu dès
rangs, di tirè ôtrumint èt ôte paut qu’ausès dèchârjes èt feus d’ file. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 26)
Ex. lit. på, pås, påzès :
– OW : L’ome lès-a pris pô brès an d’visant pôjêr’mint (...). (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 76) - Ni s’reut ce nén vo tchèyôde djônèsse / Qui s’ ritan’reut pauzès
mwés timps ? (...) Ou n’ s’reut ce nén dèl poussiêre di transe / Choufléye paus-
anoyes dès mwés djoûs ? (H. HAAS, Scrîre, p. 99) - Dj’é mau dins lès pârtchès
di m’ vikâdje cafougni / pauzès vints d’ toutes lès cougnes, pauzès rapitach’rîyes.
104 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS
(R. STAINIER, Scrîre, p. 207) - Ni wèt-on nén dès djins / Qui sont st-èmacralés
pau z-ès tchim-boum d’ Afrique ? (H. PETREZ, Fauves IV, p. 49)
– CW : Oneûr aus-ètranjêr’ ! Dji comince paus Romains ! (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
- Dins dès télès condicions, pou nos-ôtes, Walons, il èst pus qu’ timps di r’prinde
li twa pauzès cwanes (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) - Quand lès sôdârs sont
rassasyis, tot l’ côrtèje è va pau Wazia pou-z-arivè au pont d’ Furnaux. (J. FIE-
VEZ, Bièmeréye, p. 31) - [One langue] C’è-st-on moyin d’ fé conèche sès-idéyes
à d’s-ôtes è s’ sièrvant d’ mots ou d’ sines qui sont compris paus mimbes d’on
groupe di djins (...) (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
– SW : C’minçans pôs tout p’tits-afants. (M. LEDENT, Causans, p. 45) - Tantée
pâ djâle. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 92) - In viadje (...) / Ravôtié p’ôs coûtères du
swâye û d’ canadas / Èt p’ôs vèrts cafloris pachis. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98,
p. 11)
Voir la section consacrée aux prépositions pour des exemples d’utilisation de da, då,
dal, etc. (p. 222).
c) Les contractions del et al sont facultatives devant un mot élidé :
– i rvént del sicole ou i rvént d’ li scole (il revient de l’école)
Ex. lit. :
– CW : Lès vîyès djins n’ côzin’ jamês d’ tissu, c’èstot d’ lë stofe. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 10) - (...) èle wêtive à lë stuve po fé dè fè ’elle surveillait le poêle pour
faire du feu’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 28) - Dj’aléve implë ’emplir’ l’ tchudêre
al pompe dë lë scole (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 44).
d) Si la majeure partie du SW distingue un article masc. lu de l’article fém. la, ce la
s’agglutine régulièrement dans les articles contractés (sauf en chestr.), comme dans les
autres dialectes :
– Ex. a + la → al : aler al dicâce (aller à la fête du village), su mète al tâve (se
mettre à table).
– Ex. do + la → dol : la cote dol gamine (la jupe de la gamine), on rwêtot la
porcèssion dol fignèsse (on regardait la procession de la fenêtre)
– Ex. o + la → ol : t’ as mètou trop d’ sé ol sope (tu as mis trop de sel dans la soupe)
Voici des formes types utilisant une voyelle d’appui postconsonantique, de timbre i
et sans distinction de genre, c.-à-d. correspondant aux variantes dialectales les plus
fréquentes.
Dans ces formes types, la variation devant voyelle n’est marquée que dans noste, voste,
leû-z. Toutefois, un phénomène de liaison (non noté ici) intervient pour toutes les
formes devant voyelle. 5
possesseur
singulier
1e pers. 2e pers. 3e pers.
possédé sing. + cons. mi mame ti mame si mame
+ voy. mi efant ti efant si efant
plur. + cons. mes mames tes mames ses mames
+ voy. mes efants tes efants ses efants
possesseur
pluriel
1e pers. 2e pers. 3e pers.
possédé sing. + cons. nosse mame vosse mame leu mame
+ voy. (masc.) nost efant vost efant leu-z efant
+ voy. (fem.) noste accion voste accion leu-z accion
plur. + cons. nos mames vos mames leus mames
+ voy. nos efants vos efants leus efants
Formes régionales
Nam. : sing., formes élidées : c’ èst s’t-èfant. Localement :c’ èst m’ èfant, t’ èfant.
Carol. : sing., formes pleines : èm maujo, èt’ maujo, ès’ maujo ; èm’n-èfant, èt’n-èfant,
ès’n-èfant - sing., formes élidées : c’ èst m’n-èfant, c’ èst t’n-èfant, c’ èst s’n-èfant -
plur. : vo maujo, no maujo ; vo-n èfant, no-n èfant, leû-n èfant.
Lesse : sing., formes pleines : mu trin, tu trin, su trin ; ma maujon, ta maujon, sa
maujon ; c’ èst ma maujon, c’ èst ta maujon, c’ èst sa maujon - plur. : nôs maujons, vôs
maujons ; nôs-afants, vôs-afants
Emplois
97. a) Le wallon se sert très souvent d’un déterminant possessif pour désigner une partie
du corps :
5. ALW II, 47 et 48 (« mon »), 52 (« notre »), 55 (« leur »).
106 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS
– dj’ a må m’ tiesse (j’ai mal à la tête) ; dj’ a froed mes doets (j’ai froid aux
doigts) ; il a ’ne sacwè e s’ mwin (il a quelque chose en main) ; i poite on saetch
so si spale (il porte un sac à l’épaule) ; dj’ a må (d’) mi stoumak (j’ai mal à
l’estomac)
Ex. lit. :
– OW : Nin dandji dè cassér s’ tièsse pour trouvér d’s-istwâre à scrîre (...). (Josée
SPINOSA-MATHOT, El minme lingâdje pou tèrtous, El Bourdon 477, 6/1995,
p. 6) - Ène miète, c’èst wére di chôse, mins c’è-st-ène saqwè poul cé qui groûle
di sès boyas. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) - À m’n-avis, dji n’ d’é pus pou
longtimps : èm’ feume vént d’ s’ach’ter ène brouche pou lâver s’ dos. (P. FAULX,
Limes, p. 37) - Choutèz là, Mossieû Goret, vos n’ mi vèyouz né avou in kèpi su
m’ tièsse ! (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 55)
– EW : Å rés, li bwète di peûs qui s’ troûve so-l’ rèyon, qwand ine saquî l’ prind è
s’ min po-l’ mète è-l’ tchèrète, ci n’èst pus da tot l’ monde (...). (G. FONTAINE,
Billets, p. 11) - Un-an å long, il a sèré s’ pougn è s’ potche (...). (R. PRIGNEAUX,
Scrîre, p. 185) - L’Ortense, lèy, a co bin sûr må d’ sès dints... (A. SOUGNEZ,
Scrîre, p. 204) - Èt vol’la qu’ènnè va tot måva, brèyant come s’on lî aveût råyî ’ne
plome di s’ cou. (J. WARNIER, Scrîre, p. 226) - I n’aveût là in’ ome qu’ aveût
s’ dreûte main souwêye. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 102)
– SW : (...) pu i frote sès mwins one conte l’ôte. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 21) -
(...) li Rossê a arivè a scole avou on grand tchapê d’ papî qu’il a mètu su s’ tièsse
po fé rîre lès-autes (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 64-65) - (...) li p’tit Jésus
qui stind sès brès (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 69) - I ’nn’ avét tél’mint s’ la
hènète qu’i lêchét nalè sa tièsse su la spale da Marîe qu’astét a costè d’ lu ! (Ch.
BENTZ, Coradje, p. 36)
– CW : (...) rin d’ mèyeû (...) po lès porias su sès mwins, cor au pés dès vatches,
di-st-on. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - Lès draps d’ mwin à carôs qu’on
(r’)frotéve sès mwins ’essuies-mains’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 16) - (...) fa-
léve së bouter së sès deûs n’gnos èt s’abachi ’se baisser’ fwârt (...). (J.-J. GA-
ZIAUX, Lessive, p. 45)
C’est cependant loin d’être systématiquement le cas. Ex. lit. de l’emploi d’un article
défini :
– EW : Èle li mèta l’ min so lu spale. (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) - I s’ passa l’ drî
du s’ min so l’ boke. [les deux formes cohabitent ici dans une seule phrase] (J.-
M. MASSET, Contes, p. 8) - Èle veût (...) in-aveûle (...), avou lès-oûy tot grand
drovous so s’ monde da lu. (G. FONTAINE, Billets, p. 19) - Li vî mêsse rotéve
poudrî zèls, li tièsse è bahète. (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186) - Bardaf’ ! Faléve
co bin qu’ çoula lî atoume so lès rins ! (J. WARNIER, Scrîre, p. 224)
– SW : Avou s’ pê d’ gade su l’ dos, one hawe su li spale, Pitit d’ mon l’ Sorcîre
(...) è va après l’ Tonbwè po hapè l’êwe. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 18) - Ay,
dist-i, pace qui dj’avo freûd lès pîds... (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 48) - Dju v’
ruwè avu l’ tchèplèt a l’ min (...) quand èm’ frére è mori si djon.ne. (P. JEAN,
Causans, p. 11) - Èl vî Noré èst si crasseûs qu’i bwârit l’êwe qu’i s’ lâve lès
pîds ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34) - Li vèritè nos-a fêt tèribleumint mô l’ keûr.
(J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4) - Sotnu pa dzos lès brès, i put sayè d’ rotè. (M.
5.5. LES DÉTERMINANTS POSSESSIFS 107
– i sont leu troes (ou zels troes ou a troes) (ils sont trois) ; leu cwantes sont i ?
(combien sont-ils ?) ; i sont leu-z assez (ils sont suffisamment nombreux)
Ex. lit. :
– EW : Lès scolîs èstît leûs tot plin po r’çûre leûs pris. (Djåzans, Osté 2000, p. 3)
Formes élidées c’ est ç’ valet la, c’ est ç’ båshele la (ou c’ est cisse båshele la, sans
élision) c’ est ç’t ome la (ou c’ est cist ome la, sans élision), c’ est ç’te afwaire la (ou
c’ est ciste afwaire la, sans élision).
Formes régionales
liég.
Devant cons. Devant voy.
Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. ci valèt cisse båcèle cist-ome ciste afwaire
Plur. cès valèts cès båcèles cès-omes cès-afêres
nam.
Devant cons. Devant voy.
Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. ci valèt ci bauchèle cit-ome cite afêre
Plur. cès valèts cès bauchèles cès-omes cès-afêres
carol.
Devant cons. Devant voy .
Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. èç’ valèt èç’ bauchèle èç’n ome èç’n afére
Plur. cès valèts cès bauchèles cès-omes cès-aféres
6. ALW II, 56 (« ce »), 57 et 58 (« cette »).
5.7. LES DÉTERMINANTS INDÉFINIS 109
Formes élidées devant voyelles : c’ èst ç’n ome la, c’ èst ç’n afére la.
bast.
Devant cons. Devant voy.
Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. çu valèt çusse bwêçale çust-ome çuste afêre
Plur. cès valèts cès bwêçales cès-omes cès-afêres
Emplois
99. a) Le plus souvent, les déterminants démonstratifs sont utilisés avec les adverbes ci ∼
chal ∼ vola (proximité) et la (éloignement) :
– cisse cahute ci ou cisse cahute chal ou cisse cahute vola (cette cabane-ci)
L’adv. de lieu est utilisé même si le nom est qualifié par un adj. Ex. lit. :
– CW : Cès dérins timps-ci, lès djins ont racminci à cachi après li bon pwin (...)
(Chwès, Libramont, p. 54)
Les adv. de lieu sont parfois supprimé, surtout en EW et dans la langue écrite, ou encore
dans des clichés ou des exclamations :
– ciste anêye, dji frè di m’ mî (cette année, je ferai de mon mieux) ; cist ome est
coupåbe (cet homme est coupable) ; louke on pô ces tchåpwinnes ! (regarde un
peu ces grives !)
Ex. lit. :
– CW : A tos cès djon.nes-omes, tos lès Bièmèrwès polenut leû-z-adrèssi leûs pus
sincères fèlicitacions. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 32)
– EW :(...) on pout-èsse fîr d’on tèyåte walon capåbe dè fé dès spèctåkes di cisse
cålité. (Djåzans, Osté 2000, p. 4)
– SW : Lès moncês qu’i gn-a d’ cès vîyès lètes, di cès vîs papîs, qu’on z-a brûlè
pa bans’léyes o corti dès Ma-tantes quand on z-a yu minè l’ dêrainne di zèles al
cimintiére ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 132)
On les supprime également dans certaines expressions :
– onk di ces cwate (maténs) (un de ces quatre, un jour où l’autre) ; onk di ces djoûs
(un de ces jours)
b) Les expressions m’n ome et mes omes sont souvent utilisées avec une valeur de
démonstratif (même éventuellement quand on ne parle pas d’ « hommes »). Ex. lit. :
– OW : Mès-omes, is-avît fét lès pôrts dins l’ bèsogne (...). (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 76)
– tchaeke (∼ chake) (chaque) : tchaeke efant doet vni (chaque enfant doit venir)
– certin, -inne (certain, -e) : certinnès båsheles estént la (certaines jeunes filles
étaient là)
– d’ åcun, d’ åkeune (certains, -es) : d’ åkeunès cmeres (certaines femmes)
– mwint (maints, beaucoup) : mwints côps (souvent, maintes fois) ; mwintès djins
vnèt (beaucoup de gens viennent)
– kéke (quelque) : kékès crapådes djouwént (quelques petites filles jouaient). Ex.
lit. :
EW : (...) bin sovint, après quéquès-eûres passêyes tot roûviant s’ vindjince, èle
droûve sès longs deûts d’ glèce èt l’ome ritroûve li sorîre (...). (G. FONTAINE,
Scrîre, p. 84) - (...) on n’è måy al djôye qwand c’èst qu’on s’ prind ’ne bone fèssêye
ou quéquès pådjes a scrîre. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224)
– tos, tot, tote (tous, tout, -e, -es) : tos les liårds (tout l’argent) ; tote li ritchesse
(toute la richesse). Voir ex. lit. plus bas.
– nou, nole (aucun, -e) : i gn a nou scolî al fiesse (il n’y a aucun écolier à la fête) ; i
gn a nou risse (il n’y a aucun risque). Variantes : nu, nule (CW) ; nu, neule (OW).
– sacwant, -e (quelques ; plusieurs) (∼ saquant) : dj’ a vnou sacwants côps (je
suis venu quelques / plusieurs fois). Rem. : sacwants tend à ne plus varier en
genre chez certains auteurs (donc à ne pas prendre le morphème -ès) Ex. lit. :
EW : Cwand qu’il avéve cwité one cinse, là qu’il avéve magnî one tchèv’nèye
tot bèvant sacwantès gotes (...). (J.-M. MASSET, Contes, p. 15) - (...) i v’ sèrè
possibe (...) di r’sinti saqwantès fèyes dè l’ djôye è fond d’ voste åme. (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 71)
OW : Djan èt Fatima ont stî ach’ter saquantès plaques... (J. GOFFART, Coquia,
p. 21) - (...) il aveut v’nu ô monde dins-ène cinse, li ètou, mins i t’neut tél’mint a
lieû fé rastènu saquants-aféres qui lès-ârît scapè... (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre,
p. 77)
– pluzieurs (plusieurs) : i nos fårè pluzieurs djoûs (il nous faudra plusieurs jours)
– tot l’ minme (li) ké (n’importe quel). Ex. lit. :
EW : L’ èsclavadje di tote sôrt, tot come dè fé martchî dès-èsclåves di tot l’ minme
quéle manîre, sont disfindous. (Dèclaråcion 2, art. 4) - Chaskeun’a ossi l’ dreût
d’ cwiter tot l’ minme qué payîs, minme li sonk (...) (Dèclaråcion 1, art. 13)
Emplois
101. a) La plupart de ces déterminants peuvent prendre la finale -ès devant un mot féminin
pluriel, comme les adjectifs, sauf pluzieurs, ainsi que tchaeke et nou, nole qui se
construisent avec le singulier ; sacwant ne prend pas non plus cette finale dans quelques
régions :
– c’ est totès mintes (ce ne sont que des mensonges)
b) Les déterminants tot, tote, tos, totès peuvent être utilisés, dans certains cas, direc-
tement devant un nom, un groupe nominal ou un pronom :
– tote nute (toute la nuit, tout au long de la nuit) ; tote djoû (toute la journée) ; tote
shijhe (pendant toute la soirée) ; tote divant-nonne (toute la matinée) ; tote voye
(pendant tout le trajet) ; tos nozôtes (nous tous)
5.7. LES DÉTERMINANTS INDÉFINIS 111
Ex. lit. :
– CW : Totès cines qu’on-z-aureut co fé l’ monseû avou. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 20) - Taîjoz-vos, alèz, is sont tos djon.nes èchone. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 28) - Tos vîs bidons do timps passé ! (R. CLINIAS, Scrîre, p. 47) - C’èstot tos-
afêres novias por zèles ’toutes nouveautés pour elles’ ! (J.-J. GAZIAUX, Lessive,
p. 49)
– OW : (...) come l’èfant, pou s’ mèyeû camarâde, va pougnî dins s’ trésor, dè ca-
câyes, dins l’ bwèsse à vîs sôdârts, à mastoques à flotches èt à tous vîs clicotias
qu’on wèt si voltî. (W. BAL, Fauves, p. 11) - I va foûch’ner dins l’ potia d’ sès
ancyins djeus ayu ç’ què sès babûses tapint dès rflèts come toutès djasses. (W.
BAL, Fauves, p. 11)
– EW : (...) si lès sotês n’ont qu’ tos nôbes sintumints, lès-omes ni sont nin fêts dèl
minme påsse. (MITTEI, Zanzan, p. 44) - Qui vèyez-v’ åtoû d’ vos si ç’ n’ èst qu’ to-
tès tromperèyes ? (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 100) - Après, tot porminant s’ loukeûre
so tos zèls, i dèrit a l’ome : « Sitin t’ main. » (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 103)
– SW : Là co bin qu’ ç’astot quausu toute valêye jusqu’à Pwès. (L. MAHIN, Bauke
1, p. 57)
Tot peut être utilisé devant un déterminant + un nom :
– tote li samwinne (toute la semaine) ; tote mi veye (toute ma vie)
Il peut être utilisé avec un nom de lieu :
– tot Nameur esteut la (tout Namur était là)
Il peut être utilisé devant un nom, sans article, au sens de « n’importe quel ». Ex. lit. :
– EW : Li ci qu’ inme Jèzus (...), qu’ èst lîbe di tot’ amoûr disfindou n’ a rin qu’ èl
ratinse po s’ toûrner dè costé dè bon Diu. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 70)
Enfin, il peut être utilisé devant un pronom ou un adverbe :
– dji pudrè tot kî vos vôroz (je prendrai toute personne que vous souhaiterez, n’im-
porte qui) ; tot cwand vos vnîz (chaque fois que vous veniez) ; i va tot wice k’ on
vout (il va partout où on veut) ; i l’ shût tot la k’ elle è va (il la suit partout où elle
va)
Ex. lit. :
– Tot quî è-st-acusé d’ine måcule deût-èsse tinou po ènocint d’ çou qu’on lî r’proche
disqu’a tant qu’i seûye rik’nohou coupåbe (...) (Dèclaråcion 2, art. 11) - Chaskeun’
a l’dreût d’aler tot wice qu’i vout d’vins ’n-Etat (...) (Dèclaråcion 2, art. 12)
c) Tot, tote, tos, totès peuvent être utilisés au sens de « ne. . .que ». Il n’y a pas d’article
devant le nom.
– c’ est tot bwès (ce n’est que du bois) ; c’ est tos bwès (ce ne sont que des bois) ;
ti fwais totès (ou tot) biestreyes (tu ne fais que des bêtises) ; c’ est tos schinons
(c’est entièrement construit avec des lamelles de coudrier)
Ex. lit. :
– OW : (...) come l’èfant, pou s’ mèyeû camarâde, va pougnî dins s’ trésor, dè ca-
câyes, dins l’ bwèsse à vîs sôdârts, à mastoques à flotches èt à tous vîs clicotias
qu’on wèt si voltî. (W. BAL, Fauves, p. 11)
– SW : Mais c’èst là totès grandeûs, èn’no ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 138) - Là
co bin qu’ ç’astot quausu toute valêye jusqu’à Pwès. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 57)
112 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS
– EW : (...) si lès sotês n’ont qu’ tos nôbes sintumints, lès-omes ni sont nin fêts dèl
minme påsse. (MITTEI, Zanzan, p. 44)
masculin féminin
singulier ké tchestea ? kén ome ? kéne tåve ? kéne afwaire ?
pluriel kés tchesteas ? kés ome ? kénès tåves ? kénès afwaires ?
Autres formes
kél et kéle : en concurrence avec kén et kéne en EW, exclusivement en OW. Aussi liskél
en liég.
Autre déterminant interrogatif :
– cwante : cwantes feyes vos el fårè-t i dire ? (combien de fois faudra-t-il vous le
dire ?) ; cwantre ans av’ ? (quel âge avez-vous ?)
Emplois
103. a) Les formes masculines sont souvent utilisées au lieu des formes féminines (surtout
en OW, CW et SW) :
– ké novele ? (quelle nouvelle ?) ; ké bele cote ! ou kéne bele cote ! (quelle belle
robe !)
Ex. lit. :
– Qué chance s’i p’lot z-è tumè tote nêt ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 20) - Quée
bone bésse ! (L. HECTOR, Causans, p. 13) - Qué bèle ôto ! (Ch. BENTZ, Coradje,
p. 66)
– OW : Qué drole d’idéye ! (W. BAL, Fauves, p. 11) - Qués voyes ! (W. BAL, Fauves,
p. 12)
b) Les déterminants interrogatifs et exclamatifs peuvent être précédés d’un autre dé-
terminant :
– li ké djoû avoz vnou ? (quel jour êtes-vous venu ?) ; les kénès belès pemes !
(quelles belles pommes !) ; vosse ké est çk’ il a pris ? (lequel des vôtres a-t-il
pris ?) ; des kés solés est çki ti vous ? (quel genre de souliers désires-tu ?)
Ex. lit. :
– CW : Èle vineut su s’t-uch, veûy li qué trayin qu’ c’èsteut (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 12) - Lès quénès mariminces ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25)
7. ALW II 63 et 64 (« quel »), 65 (« quelle »).
5.8. LES DÉTERMINANTS INTERROGATIFS ET EXCLAMATIFS 113
Les pronoms
Autres formes
Verv., malm., basse Ardenne : dju côpe, tu côpes.
Verv., Bertrix : ile, ille : ile n’ a rén (= èle n’ a rén) ; ille a one saqwè (= elle a ene
sacwè). Ces formes étaient beaucoup plus répandues anciennement. On avait donc ce
paradigme :
masc. fém.
devant cons. devant voy. devant cons. devant voy.
sing. i vike il arive ile vike (auj. ele vike) ille arive (auj. elle arive)
plur. i vikèt il arivèt ile vikèt (auj. ele vikèt) ille arivèt (auj. èlle arivèt)
1. ALW II, 12 (« je »), 16 (« tu »), 21 (« nous »), 24 (« vous »), 31 (« il, ils »), 32 (« elle, elles »).
115
116 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
Emplois
105. a) À la 3e personne (singulier et pluriel), le wallon a des formes identiques : i et ele
devant consonne et il et elle devant voyelle. Seule la terminaison du verbe permet de
distinguer la personne grammaticale :
– il aroufele (il surgit) ∼ il arouflèt (ils surgissent)
Toutefois, sous l’influence du français, on entend de plus en plus souvent les formes
francisées ele au singulier et is et eles au pluriel : 2
– il aroufele (il surgit) ∼ is-arouflèt (ils surgissent)
Voici une série d’exemples et de contre-exemples pour chaque région :
Ex. lit. il au pluriel devant voyelle :
– SW : Il ont cauzè dêréyes èt bièsses, èt Pitit astot bin r’pwèzè quand il a d’chindu
dol male. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 87) - Il astièt biè tranquiles [les singlès] :
an n’avot ni l’ drwat d’ lalè a l’ tchèsse ! (A.-M. MERTUS, Causans, p. 35) - Lès
p’tits-afants avint l’êr d’eune momîe éjipsiène, mês il avint chûr pus tchöd. (M.
LEDENT, Causans, p. 45)
– EW : Portant, il èstît leû bråmint la d’vins, treûs ou qwate mèyes di feumes èt
d’omes (...). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
– OW : (...) quand il ont stî bons à vinde, lès cras pourchas d’alint tchêr. (W. BAL,
Fauves, p. 9)
Contre-ex. lit. is au pluriel devant voyelle :
– CW : Is-ont yeû twârt, c’èst sovint là qu’ lès vîs... (R. CLINIAS, Scrîre, p. 47)
– OW : Mès-omes, is-avît fé lès pôrt dins l’ bèsogne (...). (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 76) - Lès-omes qu’ont tètè leû cigare rimoucheneut lès preumîs : is-ont
d’djà l’ gozî sètch. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 59)
– EW : Pîre qui ça : il avût fêt èmontchî dès fors où ç’ qu’on ’nn’ a broûlé dès
milions pace qu’is-èstîne jwifs. (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185)
– SW : Dj’ê fêt çu qu’i-z-ant dit al lète (...). (Ch. BENTZ, Coradje, p. 40)
Ex. lit. elle au singulier devant voyelle :
– SW : Èlle alume li witche (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 39) - Pont d’étikète,
èlle èstint sul moncê d’ solès k’i riss’mèléve. (R. DEDOYARD, Scrîre, p. 56) - (...)
èlle avét bin à sès pîds on nwar solè d’on costè èt on roudje dè l’oûte costè ! Vos
vèyèz l’ tâblô di d’ ci, quand èlle è montè tote l’alée po nalè al comugnon ! (Ch.
BENTZ, Coradje, p. 35)
– EW : Èlle èst come ine mêtrèsse qu’on pout-st-inmer sins trop’ savu poqwè. (G.
FONTAINE, Scrîre, p. 84)
Contre-ex. lit. ele au singulier devant voyelle :
2. ALW II, 31 (« ils »), 32 (« elle »).
6.1. LES PRONOMS PERSONNELS SUJETS DEVANT LE VERBE 117
– EW : Après çoula, èle ala pwarter s’ vènin ôte pârt. (J.-M. MASSET, Contes,
p. 17)
– OW : Djè seû d’acôrd avou vo propôsicion, Djan ! Èle èst boune ! (J. GOFFART,
Coquia, p. 20) - Èle a rach’tè ’ne djèni, èle a luwè saquants bonîs d’ saurts dè
comune èt co in boukèt à fèner dins lès près. (W. BAL, Fauves, p. 9) - Èle aleut
aler a l’abîye di Maredsous. (Emile LEMPEREUR, Tièsses pèléyes, El Bourdon
477, 6/1995, p. 9) - Ele a douze ans. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 64)
– SW : Quand èle vèyét qu’èle avét sa tchêrdje, èle fajét dîj eûres (...). (C. CULOT,
Causans, p. 49) - Quand-èle astét djon.ne, èle savét su r’drèssè. (Ch. BENTZ,
Coradje, p. 35)
Ex. lit. elle au pluriel devant voyelle :
– SW : (...) èlle ont dol rècinéye di paudrome po fére do té quand on-z-a dès botons
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 123)
– EW : Qwinze djoûs qu’èlle avît d’monou la, sins rin fé d’ôte qui dè loukî lès-ôtès
feumes (...). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
Contre-ex. lit. eles au pluriel devant voyelle :
– OW : (...) pou lès mames (...), èles-èstît-st-a dalâdje dispû l’éreû. (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 76)
– CW : (...) vo-l’-là arètè pa dès bosses télemint wôtes qu’èles ont l’aîr di sièrvu di
stançon au stwèlî. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
– SW : Crwayant qu’ l’uniån fât la förce, èles ant volu qu’dîj-neuf çant sèptante-
cinq seûche l’anée d’ la fame (...). (D. HENRARD, Causans, p. 7)
b) De même, la forme wallonne originelle du pronom on devant voyelle est on-z. 3
Cependant, sous l’influence du français, ce pronom est souvent remplacé par on. Les
deux formes restent également fréquentes.
Ex. lit. on-z devant voyelle :
– OW : Dj’é dècidè m’ papa à vos-ach’ter l’ min.me auto qui l’ cène qu’on-z-a spot-
chî... (J. GOFFART, Coquia, p. 6) - Lès djoûs ont passè télmint râde qu’on-z-èst dî-
mince qu’on n’ sè d-a nin apèrceû. (W. BAL, Fauves, p. 10) - I parètreut qu’on-z-a
r’trouvè in biyèt dins lès guènîyes du noyi. (Emile LEMPEREUR, Tièsses pèléyes,
El Bourdon 477, 6/1995, p. 9) - Èt dj’ vos prîye di crwêre qui quand-on-z-aveut
fini s’ djournéye, qu’on p’leut bé raler. (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 47) - Si
on-z-aleut prinde l’aîr ène miète, di-st-èle en clignant l’ouy à s’ cousène ! (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 57)
– EW : On-z-oyéve lès côps d’ piyoche dusqu’à là (...) (MASSET, Contes, p. 5) -
(...) li guêre èstût fête èt on-z-avût rètchèssî lès-Alemands è leû payis. (R. PRI-
GNEAUX, Scrîre, p. 186)
– SW : On n’ son’rè pont d’ transe quand on-z-îrè quêre lès mwârts ni quand on-
z-îrè al cimintiére (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 50) - Quand an-z-intrét chéz
lu, ça sintét la chûve èt l’ cûr, èt toudi ène pitite odeûr du goute... (G. MOUZON,
Causans, p. 15) - Quand on z-è volu cumincé [sic], i manquot èn-ome. (E. GILLET,
Causans, p. 17) - On-z-atindét on roûlmint ki deurét djoûr èt nut’. (M. GEORGES,
Singuliers 2/98, p. 10)
3. ALW II, 46 (« on »).
118 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
– CW : Mon Diè todi ! on-z-a tortos sès miséres (...). (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 13) - Mins cand on-z-a c’minci à-z-oyë... (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 21) -
I faut s’î mète cwârps èt âme èt nin lachi d’ène simèle do timps qu’on-z-aprind.
(J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) - S’on-z-èst huké po n’ nin fé passer sès-idéyes,
qwè-ce qu’on faît là ? (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 19)
Contre-ex. lit. on devant voyelle :
– EW : (...) on èst todi pus ritche d’ine ègzpéryince (...). (G. FONTAINE, Billets,
p. 50) - (...) qwand on-a vrêmint trop’ di ponne, qwand on-è-st-al dilouhe (...).
(J.-M. WARNIER, Scrîre, p. 227)
– CW : Ci sèmedi-là (...), on-aleûve vinde lès meûbes do vî Miyin. (R. CLINIAS,
Scrîre, p. 47) - Si l’ passadje à l’an 2000 n’a nin amwinrné çu qu’on aveûve anoncî
(...) (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4) [Mais un peu plus loin : (...)
po fé sawè (...) aus tècniciens qu’on-z-aleûve comincî.]
– OW : (...) on n’ divét né èn-ome pace qu’on-a d’sèrtè li scole (...). (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 76) - I faut télcôp branmint d’ corâdje pou r’conèche qu’on-a peû.
(P. FAULX, Limes, p. 37)
– SW : I n’astot ni quèstiån d’a trâre ène vintin.ne, pace qu’an-î passot vite deûs-
eûres. (N. ALEXANDRE, Causans, p. 17) - On.n-ôrit dit qu’il astét fêt a m’seure
por lèy. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 37)
c) À la 2e personne, le wallon utilise beaucoup plus fréquemment la forme vos que la
forme ti, presque toujours jugée familière, voire grossière. Voir ces quelques commen-
taires sur la politesse en wallon (p. 283).
d) Le SW se sert de la première personne dju aussi bien au singulier qu’au pluriel :
– dju tchante (je chante) et dju tchantans pour nos tchantans (nous chantons)
Cette forme subsiste aussi, à l’état de trace, en OW. Voici la seule attestation repérée
jusqu’à présent dans la littérature. Ex. lit. :
– OW : (...) Adam èst vraîmint l’ portraît dou bon Dieu. Il èst s’n-èfant ossi. Pou
ène tchance, è v’là iène, qui v’s-aléz m’ dîre ! Mais n’ l’avons-dje nén ètou, ossi
lontins qu’ no-n-âme n’èst nén man.nète ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 12)
e) Voir aussi quelques remarques sur la disparition des pronoms personnels sujets dans
certains contextes, ci-dessous.
Formes de référence
Autres formes
107. Comme dans les langues romanes du sud (espagnol, catalan, occitan, etc.), le wallon
peut se passer du pronom sujet ; la finale du verbe suffit à indiquer le sujet. Ce phéno-
mène est toutefois moins systématique que dans les langues romanes méditerranéennes.
Il ne se produit que dans certains cas :
a) ti disparaît systématiquement dans les phrases interrogatives et exclamatives ; le
morphème (la terminaison) -s au bout du verbe se fait alors entendre : 5
– ass co sacwants liårds ? (as-tu encore un peu d’argent ?) ; direuss bén eyu çk’ il
est co evoye ! (dirais-tu bien où il est encore parti !) ; iress a Lidje onk di ces
djoûs ? (iras-tu à Liège un de ces jours ?)
Ex. lit. :
– SW : Sés-s’ bin çu qu’ to f’rès, m’ fi ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 85) - Ây, qwè
vous-se ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 20)
– CW : (...) veus’ qui l’ toûrnéye qui vint, ci sereut li côp qui bouche ? (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 12) - As’ dèdja vèyu mîs qu’ ça, ç’ côp-ci ? (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 20) - Vous’ wadji qu’ dji sês bin quî qu’ c’èst ? (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 24) - Ni pus ni mwins’ n’è freus’, si t’èsteus è s’ place, veus’ ! (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 28)
– EW : Pokwè r’loukes-tu l’ fistou di s’trin qu’èst-è l’oûy’ di t’ fré, èt n’ veûs-se
nin l’ soûmî qu’èst-à ti-oûy’ ? Ou bin k’mint pousse dîre à t’ fré : Fré, lê-m’ bodjî
l’ fistou di s’trin (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 106)
La disparition du pronom ti n’est possible qu’aux modes indicatif et conditionnel.
b) i / ele : le pronom de la 3e personne du singulier peut disparaître (facultatif) avec
les verbes faleur (falloir), valeur (valoir) et parete (paraître), comme en français :
– våt mî ndè rire (mieux vaut en rire) ; fåreut vni pus timpe, li côp ki vént (la pro-
chaine fois, il faudrait venir plus tôt) ; fåt-st araedjî ! (merde alors !) ; paretreut
k’ il est foû ritche (il paraîtrait qu’il est immensément riche)
Ex. lit. :
5. ALW II, 18 (« veux-tu »).
120 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
– SW : Parèt qu’i nn’ a pus po lontins èt on-z-a apwartè on p’tit valèt à Gaguite
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 41) - (...) il a d’vant lès-oûy çu qu’ lî faut po
fére sit-ôrmonak. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 112)
– CW : Faleûve lë vudi èt froter lès clapes (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 40)
- I m’ chone qui c’èst pâr là qu’ faut comincî. (R. VIROUX, Novèles, 46/2000,
p. 19) - E bén, dijoz, faut r’conèxhe qui l’ bon Diè n’ vos a nén gâté. (J. SCHOO-
VAERTS, Rabulèts)
– EW : Ôh ! fåt pâr assoti, di-st-èle lu Marie ! (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204) -
Bardaf’ ! Faléve co bin qu’ çoula lî atoume so lès rins ! (J. WARNIER, Scrîre,
p. 224) - Èl fåt apicî on pârèy, èl fåt mostrer ås camarådes. (J. WARNIER, Scrîre,
p. 224)
– OW : Més n’ faleut nin asprouver dè l’ fé tourminter, l’ Grisète (...). (W. BAL,
Fauves, p. 6)
Le pronom i peut disparaître aussi dans les phrases commençant par end, gn a, gn end
a, èl ou elzès :
– gn a di l’ adîre (ou i gn a di l’ adîre ; il y a une différence) ; di l’ aiwe, gn end a
pupont ou gn a pupont (ou i gn a pupont ; de l’eau, il n’y en a plus) ; end a ki
vénront, end a ki n’ vénront nén ou gn end a. . . (certains viendront, certains ne
viendront pas) ; end a minti (ou il end a. . . ; il en a menti) ; endè vout nén (ou i
n’ è. . . ; il n’en veut pas) ; èl fåt fé sins waister (il faut le faire sans traîner)
Ex. lit. :
– EW : N’a nin onk qui motihîve (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186) - Ènnè
va pace qu’i n’ vout nin èsse pûni. (J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - Ennè troûve
bråmint qui qwèrèt sès ric’fwérts, mins pô d’ amateûrs di sès mizéres (...). (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 91) - I d’héve å [sic, = ås] hopês d’ djins qui v’nît po qu’ èl-
zès batiyasse : « Race di vipéres (...). » (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 91) - Et
s’ drèssant, èl’ tchèssît foû dè l’ vèye (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 95)
[sujet : lès djins qu’ èstît èl sinagogue] - Si vite qu’ènn’ont l’adje, ome èt feume,
di tot l’ minme quéle race, nacionålité ou r’lidjon, ont l’ dreût di s’marier èt dè
fonder ’ne famile. (...) (Dèclaråcion 2, art. 16)
– SW : Faut-i qu’ gn-oye do mwês qui rôle avau l’ payis ! (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 92)
Il peut disparaître (surtout en EW) après les conjonctions de subordination k’ et s’ :
– i fåt k’ ovrexhe (il faut qu’ils / elles travaillent)
Ex. lit. :
– EW : L’afêre s’adjincena mîs qu’ n’èl pinséve (...). (MITTEI, Zanzan, p. 12) - Du
là qu’èsteût, on-z-âreût dit lès treûs côps qu’on bouhe duvant d’ lèver l’ teûye po
k’mincî one piéce du tèyâte. (J.-M. MASSET, Contes, p. 21) - Come on n’ divreût
nin roûvî, qwand c’èst qu’atake a r’lignî, tos lès cis qu’on a vèyou è marmêce
(...). (G. FONTAINE, Billets, p. 50) - A-t-i ’ne saquî so l’ tére qui n’ voreût nin
vol’tîs avu l’ ric’fwért èt l’ djôye di l’ èsprit s’ èl poléve tofêr trover. (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 88)
Ailleurs qu’en EW, le pronom i peut disparaître surtout devant fé clair, fé noer, fé
meyeu, etc. Ex. lit. :
– CW : (...) on n’ ratindéve ni qu’ fiëche nwêr. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 49)
6.2. LES PRONOMS PERSONNELS SUJETS APRÈS LE VERBE (PHRASES EXCLAMATIVES OU INTERROGATIVE
– av’ sitî sol martchî ? = avoz vs sitî ou avoz stî (es-tu allé au marché ?) ; sav’ bén
çou ki c’ est d’ ene copiutrece ? ou s’oz bén çou ki c’ est d’ ene copiutrece ? =
savoz vs bén ou savoz bén. . . (sais-tu ce qu’est un ordinateur ?) ; ’nez m’ vosse
mwin = dinez m’ vosse mwin (donne-moi la main) ; n’ oz rén oyou ? = n’ avoz
vs rén oyou ? (n’avez-vous rien entendu ?)
Ex. lit. :
– CW : N’oz ’vous n’avez’ qu’à bén wêti ’regarder’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive,
p. 31)
d) Nos : après le verbe, le pronom nos peut tomber également (en niv., p. ex.), mais
c’est beaucoup moins fréquent :
– tchantréns ? (chanterions-nous ?) ; tchantans ene air ? (chantons-nous un air ?)
mi dji m’ voe
ti dji t’ voe
èl / li djel voe ; moman l’ voet
nos dji nos voe ; dji nos a veyou ou dji ns a
veyou
vos ∼ vis dji vos voe ou dji vs voe ; dji vos a veyou
ou dji vs a veyou
elzès / les djelzès voe ou dji les voe ; djels a veyou
ou dji les a veyou ; moman les a veyou ou
moman ls a veyou
Autres formes
ol (fam.) pour èl : djol veu.
Sporadiquement, l’ est géminé entre voyelles. Ex. lit. :
– OW : Quand Piêre ît djambot, i ll’ aureut ap’lè « Princèsse », i s’aureut yeû
d’mandè si c’ît ène imâdje tél’mint qu’èle ît bèle... (W. BAL, Fauves, p. 10-11)
Le pronom endè
109. Les deux principaux types pour ce pronom sont ènnè (CW, EW ; ou anna en bast.) ou
dè (OW ; din par endroits). 8 La forme normalisée proposée est endè, qui permet les
deux prononciations et est proche de la forme étymologique latine inde.
7. ALW II, 13 (« me »), 25 (« vous »), 36 (« les »).
8. ALW II, 40 (« en »), 41 (« il en »), 42 (« j’en »), 43 (« -m’en »).
6.3. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS DIRECTS DEVANT LE VERBE 123
Autres formes
Emplois
110. a) Les pronoms èl et elzès sont utilisés principalement après les mots d’une seule
syllabe élidés ; ils peuvent s’agglutiner dans l’orthographe aux mots dji, ti, mi, si, ki,
di :
– djel prind (je le prends) (la forme écrite dj’ èl existe aussi ; pour la forme écrite
djè l’ voir ci-dessous, p. 128) ; djelzès prind (je les prends) ; tel vous (tu le veux) ;
telzès ∼ ti les vous (∼ tè lès vous) (tu les veux ; pour la forme tè, voir ci-dessous,
p. 128) ; i sel dimande (il se le demande) ; i selzès ∼ s’ les dmandèt (ils se les
demandent) ; c’ est mi kel prind (c’est moi qui le prends) ; c’ est mi kelzès ∼
k’ lès prind (∼ què lès prind) (c’est moi qui les prends) ; rind mel (rends-le
moi) ; rind melzès ∼ rind m’ lès (rends-les moi) ; si n’s èl veyans (si nous le
voyons) ; si v’s èl veyoz (si vous le voyez)
Les pronoms li et les sont utilisés dans les autres cas, en concurrence avec les formes
précédentes :
– Tchåle li dmande ∼ èl dimande (Charles le demande) ; Tchåle les dmande ∼
elzès dmande (Charles les demande) ; Djan l’ prind ∼ Djan èl prind (Jean le
prend) ; Djan les a ou Djan l’s a (Jean les a) ; si nos l’ veyans (si nous le voyons) ;
si nos les veyans (si nous les voyons) ; si vos l’ veyoz (si vous le voyez) ; si vos
les veyoz (si vous les voyez) ; vosse mame l’ a veyou (votre mère l’a vu) ; vosse
mame les a veyou (votre mère les a vu)
Cependant, l’usage est flottant, et les contre-exemples nombreux :
– li prumî d’ avri, li coucou èl dit (le premier avril, le coucou l’annonce) ; dji l’ a
pierdou (je l’ai perdue)
Ex. lit. :
– SW : Fine di mon l’ sèdje-dame ol pwate come on trézôr dins sès deûs brès (...)
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 51) - (...) c’èst dès côps qu’ lès cosaques olzî ont fait
avou leû fuzik, qui lès Ma-tantes racontèt. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 120)
– CW : Avou s’ coûte nwâre baube pa-t’t-avau s’ visadje èt sès grands brès stitchis
dins s’ marone, tot l’ monde ol ricrindot. (A. HENIN, Scrîre, p. 105)
124 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
p. 204) - Nos n’ l’alans nin lèyî souwer èvôye ! (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204) -
Èl fåt apicî on pârèy, èl fåt mostrer ås camarådes. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224)
- Adon, l’ comeune l’a bin volou wårder, inte deûs tèris’, por lèy tote seûle. (J.-D.
BOUSSART, Limes, p. 23)
– OW : Wââh ! ... Nos l’alons sayî tout d’ chûte ! (J. GOFFART, Coquia, p. 17)
- Combén d’ timps-ce qu’i faureut co d’vant d’ l’aler r’trouver ? (J. GOFFART,
Coquia, p. 23) - Si in djoû t’è trouves in parèy... fais-mè l’ sawè, djè l’iraî vèy !
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 15) - Il aveut bé promis à Marîye dè l’ vèni r’vèy di
timps-in-timps (...). (E.-J. PIRET, Extraits, p. 54)
– SW : Djol va dîre à moman ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 75). Chez Calozet, on
trouve aussi cette construction dans deux comptines, c.-à-d. dans un état de langue
probablement figé sinon archaïque : Dj’ê one pouye à-z-acovè / Et l’ vèchau mol
vout stronnè... (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 61) - Nosse mèskène ni sét dansè /
Nosse vaurlèt nol sét minè. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 61) - Li mèssadjî l’a v’lu
prinde su s’ vwèture a passant d’lé li (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 86) - Lès
jandârmes ol vêront quêre, motôt, po l’ mète al gayôle, s’i cause. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 93)
– CW : (...) on l’ pout bin lèyi tot seû o l’ maujon avou l’ boûsse o ridant à mitan
à craye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 22) - Djè l’ vou bin crwêre, ça é ! (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 24) - Si Miyin l’aveûve sitî trover pus rwèd, i dit qu’ li...
(R. CLINIAS, Scrîre, p. 47) - On trèvudive ’transvasait’ l’êwe fou dèl tëne avou
dès sèyas èt on l’aléve vudi dins l’ chavia. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 72-73)
- Tot ç’ qu’on ’nn a ritenu, c’èst qu’on pleûve fé one saqwè (...) s’on l’ vleûve
vraîmint ! (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 19)
Contre-ex. lit. :
– EW : Cwand qu’i vôve lu hèrer è s’ boke [on deût], i l’ manka èt s’ frota l’ song
si lès lèpes. (J.-M. MASSET, Contes, p. 8)
– SW : Â ! Si dj’ p’lo l’avèr à méye-nêt ! sondje-t-i. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 18)
- I n’èst nin quèstion d’ alè l’ kî d’vant ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 39)
– OW : Pourtant, l’ côp qu’ lès deûs tchots ont v’nu l’uker ètou, ça n’a né stî ta-
fèt’mint l’ min.me (...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77) - (...) èt qu’on n’ sét
né aler l’ qwé à cause qu’i-gn-a dèl cwérèle (...). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988,
p. 50)
– CW : Faleûve lë vudi èt froter lès clapes (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 40)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec si :
– EW : (...) mins èle n’èsteût måy sûre qui l’ôto qu’arivéve s’aléve arèster po-l’
lèyî passer, lèye. (G. FONTAINE, Billets, p. 17) - I n’ si va nin lèyî-st-a dîre ! (J.
WARNIER, Scrîre, p. 224) - (...) i s’ fåt aler achîr (...) å pîd dèl pîre Hèyna èt fé
lès cwanses di s’èdwèrmi. (J.-M. WARNIER, Scrîre, p. 227) - I n’a qu’on sotê qui
s’ pout mostrer å djoû (...). (MITTEI, Zanzan, p. 8) - I n’ fêt ni clér ni spès mins
clér assez po n’ si trèbouhî so rin... (MITTEI, Zanzan, p. 14) - (...) èt dji n’ sé nin
çou qui s’ pout co pruzinter so m’ vôye. (MITTEI, Zanzan, p. 21) - Divins ’ne téle
dilouhe i n’ si deût nin lèyî djus ni dézèspèrer (...). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 83)
- On n’ si pout prévaleûr d’ on tél dreût s’on-èst porsuvou po des fêtes cléremint
provés (...) (Dèclaråcion 1, art. 14)
126 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
– CW : Ci n’èsteut nin l’ome à s’alè stitchi o culot daus-ôtes. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 17) - I s’ vineut assîre o l’ maujon, po dîre bondjou. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 18) - A qwè s’ faut-i co fiyi ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21) - Èlle
ènn’ aveut mètu qu’ deûs, quand li p’tit aveut yeû l’ quintos’, qu’èle passeut lès
nêts po l’ cocheûre à timps quand i n’ si saveut rawè d’one bîle. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 26)
– SW : A s’ dimandè s’i s’ pléve sièrvou d’ tot ça. (R. DEDOYARD, Scrîre, p. 56)
- Pou c’mècer, lès tchèrieûs su d’vint arandjer pou-z-ariver avou deûs û qu’ c’èst
trwâs tchèrêyes su l’ min.me djoûr. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 57)
– OW : Çu qu’èst sûr èt cèrtin, c’èst qu’in bia djoû, l’ diâle, (...) s’a stî racwètiyi
dins lès couches dou peumî disfindu. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 17)
Contre -ex. lit. :
– EW : Cisse fîe, i n’ man’ça nin d’aler s’ taper ol Wâtche. (J.-M. MASSET, Contes,
p. 13) - (...) mutwèt come s’èle vôreut s’ winner disqu’a leû-z-åme (...) (G. FON-
TAINE, Billets, p. 69-70)
– SW : (...) èlle a sot’ni l’ tièsse dol pauve fème d’à Pitit qui n’ savot s’è ravèr
èt qui somadjot come on-èfant. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 54) - (...) lès vôyes
afroyéyes dol fontainne, doû-ç’ qu’on vore sins p’lu s’ rat’ni dissus l’ vèrglas
lûjant ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 67) - (...) il è stî su r’mète a l’ cadje. (L.
HECTOR, Causans, p. 13)
– OW : Lès-inwîyes, èles vènît s’ piède dins lès wôtès-yèbes èy’ adon, gn-aveut pus
qu’a s’ bachî pou-z-è rimpli dès banses (...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77)
- Goret v’neut s’ pourmwin.ner tous lès djous à tch’vô (...). (L. POLLEN, DTW, t.
16, 1988, p. 55)
– CW : Ene saqui qui rèyunit cès deûs condicions-là pout bin s’ mète tot d’ tchûte
à-z-aprinde à lîre èt à s’crîre nosse bia walon. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) -
Dins l’ timps, c’èsteûve li chèf d’èquipe (li brigadier) qui tapeûve lès trwès côps
po fé sawè aus djins qu’i faleûve si taîre (...) (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12,
9/2000, p. 4)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec nos :
Aucun pour le moment !
Contre-ex. lit. :
– CW : Saqwants-anéyes divant qui l’ bon Diè n’avôye si Fi su l’ tére, Jules Césâr
paut’ di Rome po v’nu nos-ataquè. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179) - Mins pou ça, nos
duvans nos r’pwartè aus rensègnemints da Mossieû Djosèf Roland. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 31)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec vos :
– EW : Vinez Madame, dji v’ va êdî a trivièrser, dinez-m’ vosse cabas, djèl va pwèr-
ter, ci sèrè pus-åhèye. (G. FONTAINE, Billets, p. 17) - Si l’ Blanke Dame vis dit
qu’ vos n’ polez må, c’èst qu’èle vis va-st-aspaler èt qu’ vos n’ risquez rin. (J.
WARNIER, Scrîre, p. 226)
– CW : Vos v’s-aloz d’abôrd djokè, dandjereûs ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12)
Contre-ex. lit. :
– SW : Èt djè n’ voûri nin v’s-aspétchè dè travayè. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 40)
– EW : Mès, i fât v’ sognî. (J.-M. MASSET, Contes, p. 8)
6.3. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS DIRECTS DEVANT LE VERBE 127
– OW : Bé, i-gn-a èn-ome doci qui voureut bé vos vèy. (L. POLLEN, DTW, t. 16,
1988, p. 57)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec les ∼ elzès :
– EW : (...) on l’s-a mètou l’ 27 d’avri, on l’s-è d’vrè råyî å bout d’ nonante djoûs
(...). (R. VAN DAMME, Scrîre, p. 216) - Èt i faléve one finte assôrtêye po lès
poleûr lèyî règuiner è spåyemåye. (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96) - Et on lingadje
qui vout viker, s’i lî måke dès mots, i lès deût fé, ca on n’ pout nin tofér toûrner
åtoû dès mots abstraits po l’dîre è walon. (Djåzans, Osté 2000, p. 14)
Contre-ex.
– SW : Comint fât-i lès prinre, Docteûr ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 65) - (...) i fâreut
lès chayè on pô, â d’vant dol grosse dôye, èt lès riss’mèlè. (R. DEDOYARD,
Scrîre, p. 56)
– OW : (...) èt tout s’ téjeut, tout s’ rapaujeut pou n’ nin lès sbarter. (W. BAL,
Fauves, p. 7) - Gn’a là dès-ârbes à n’sawè lès compter. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 12)
– CW : (...) lès fisik (...) s’ront r’mètus dins l’ Maujo comunale, èyu ç’ qui lès tireûs
pôront lès r’prinde li londemwin à chîj-eûres au matin. (J. FIEVEZ, Bièmeréye,
p. 26)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec è, endè :
– CW : (...) pace quë lès lénçous, on ’nn’ arot soyë bouter qu’onk al fîye ’su mettre
qu’un à la fois’ avou deûs, trwès p’tëtès lokes. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 76).
Contre-ex. :
– EW : Volez-v’ ènnè sèpi l’ cåse ? (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 104)
En l’absence de sujet, le pronom se place régulièrement devant l’auxiliaire (surtout en
EW) mais peut aussi apparaître derrière.
Ex. lit. de construction SUJET ZÉRO + PRONOM + VERBE :
– èl fåt vni cweri (il faut venir la chercher)
Ex. lit. de construction SUJET ZÉRO + VERBE + PRONOM :
– CW : (...) faléve së bouter së sès deûs n’gnos èt s’abachi ’se baisser’ fwârt (...).
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 45) - (...) ça fêt qu’ faleûve lès fé r’dëskinde ’redes-
cendre’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 62)
c) Dans un groupe prépositionnel, le pronom complément peut aussi se placer devant
un adverbe (p. ex. une négation) portant sur un infinitif :
– po nel nén fé (pour ne pas le faire) ; manîre di n’ si nén rescontrer (de manière
à ne pas se rencontrer)
Ex. lit. :
– CW : Po l’ bin sawè, djè l’ dimanderè cor à Djâque di Vèdrin, quand djè l’ vièrè
à l’ fôre. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 24)
– EW : Si vosse coûr èst lîbe di tot d’zîr disfindou, ci sèrè åhèye por vos di v’ todi
bin c’dûre. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 74) - Ni v’s èl’s aprôpriyîz nin [lès paroles dè
Cris’] po v’ sotemint complêre (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 103)
Contre-ex. lit. :
– EW : Qu’ i prèye adon po qu’ èle rivinse, qu’ i louke a s’ sogne èt qu’ i ric’nohe
si mizére po n’ nin l’ ripiède. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 90).
128 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
d) Les groupes dj’ èl, m’ èl, t’ èl, s’ èl, k’ èl, dj’ èlzès, m’ èlzès, t’ èlzès, s’ èlzès,
qu’ èlzès, dj’ èlz, t’èlz, m’ èlz, s’ èlz, qu’ èlz peuvent être écrits en un mot : djel, mel,
tel, sel, kel, djelzès, telzès, djelz, etc.
Variantes pour djèl, etc. Fam., bast. : djol, tol, mol, etc. : dju tol di (je te le dis). Lesse :
djul, tul, mul, etc. : dju tul di (je te le dis).
e) Dans le CW (sauf le nord) et le nord du SW, les formes données ci-dessus (djel, mel,
etc.) s’utilisent aussi devant voyelle, alors qu’ailleurs, elles ne s’utilisent que devant
consonne : 9
– dji l’ a pierdou ∼ djèl a pièrdu (je l’ai perdue)
– ti l’ as ∼ tèl as (tu le dis)
– c’ est lu ki l’ ôt ∼ c’ èst li quèl ôt (c’est lui qui l’ entend)
En CW, ces formes sont le plus souvent écrites : djè l’ a pièrdu, tè l’ as, c’ èst li què
l’ ôt. La règle enseignée est que les pronoms en i prennent un è, devant un pronom de
la 3e personne. La différence avec l’usage des autres dialectes est purement graphique.
D’où aussi, par analogie, devant consonne : i sè l’ dimande (pour i sel dimande ; il se
le demande), dji mè l’ va vèy (pour dji mel va vey ; je vais le voir).
Par contre, la différence n’est pas simplement graphique dans les formes : djè lès prind
(pour djelzès prind ∼ dji les prind ; je les prends) et djè lî va dner (pour dji lî va
dner ; je vais (le/la) lui donner).
f) Si le pronom endè est accompagné d’un autre pronom objet, c’est celui-ci qui pré-
cède celui-là. Ex. lit. :
– EW : Inmez-l’ èt fez v’s-è on bon camaråde (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 80)
Autres formes
Niv. : lèyîz m’ fé ou lèyîz mè fé (laissez-moi faire).
9. ALW II, 35 (« je le »), 36 (« je les »).
10. ALW II, 14 (« -moi), 19 (« -toi »), 22 (« -nous »), 26 (« -vous »), 33 (« -le (-la) », 34 (« -le moi », 43
(« -m’en »).
6.5. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS INDIRECTS 129
Autres formes
Malm. : dju n’ vus djâze nin. ESM : i leû dîra (il leur dira). Centre : mè, li, nous, vous,
lieû : èle mè fét mau (elle me fait mal) ; pèrdez-li sès liârds (prenez-lui son argent) ; i
lieû dîrè (il leur dira). Nam. lèzî= lèzeû : djè lzeû a dit. SW : vos n’ mu dvoz rin ; èle tu
dmande âk ; olzî. Ex. lit. : Li radje ol’zî a montè o cwar... (J. BILY, Singuliers, 2/1998,
p. 4).
Le pronom î
113. – dj’ î tûze (j’y pense)
Variante : i (malm.).
Emplois
Pronoms personnels objets !Indirects !Emplois
114. a) L(e)zî n’est jamais utilisé après un mot d’une syllabe élidé ; elzî peut être utilisé
dans tous les cas ; elzî peut s’agglutiner aux mots dji, mi, ti, si, ki :
– djelzî cåze (je leur parle) ; telzî cåzes (tu leur parles) ; c’ est mi kelzî scrote leus
tchikes (c’est moi qui leur vole leurs bonbons) ; si mame lezî cåze (sa mère leur
parle) ; Djan lzî cåze (Jean leur parle).
Ex. lit. :
– EW : Ci fourit ’ne bèle brèyåde qwand Plat-d’-Djote èlzî raconta l’ quinte (...).
(MITTEI, Zanzan, p. 28)
b) Le pronom î remplace presque toujours lî et lezî après endè :
11. ALW II, 25 (« vous »), 37 (« lui »), 38 (« leur »).
130 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
– dj’ end î apoite (je lui en apporte) ; dj’ end î dôrè (ou dji lî endè dôrè) (je le lui
en donnerai)
c) L’indéfini è se place après lî et lzî :
– dinez lî è (donnez-en lui) ; dinez lzî è (donnez-en leur)
d) Les indéfinis î et è peuvent être précédés d’un z de liaison après des pronoms objets
postposés ou un r indiquant une répétition :
– dène mu-z è (donne-m’en) ; lai m’-z è (laisse-m’en) ; minez m’-z î (conduisez-y
moi) ; alez-rz î co (retournez-y encore) ; va-rz è ! (vas-t’en !)
e) Après le verbe, on a toujours d’abord le complément d’objet indirect puis le com-
plément d’objet direct (contrairement au français, dans lequel on a l’un ou l’autre ordre
selon les cas) :
– dinez mel (donnez-le moi) ; dijhoz nos l’ (dites-le-nous)
f) Les pronoms lî / lezî peuvent être un objet indirect :
– dji lî rind çu ki dji doe (je lui rends ce que je dois)
Ils peuvent aussi être à la fois un objet direct et indirect masculin ou féminin, singulier
ou pluriel :
– dji lî rind (je le lui rends, je la lui rends, je les lui rends)
g) Comme le pronom direct, le pronom indirect se place normalement après le sujet :
– nos lzî dnans (nous le leur donnons) ; nos lzî alans dner (nous allons le leur
donner)
Mais ici aussi, on observe une tendance à suivre le même ordre des mots qu’en fran-
çais :
– nos alans lzî dner (nous allons le leur donner)
Ex. lit. de la construction SUJET + PRONOM + VERBE.
– OW : Djan, dji m’ vos va fé apruster ène tchambe... (J. GOFFART, Coquia, p. 9)
- L’émir ratindeut, ènondé à l’idéye di sawè ç’ qui Djan lî aleut propôser... (J.
GOFFART, Coquia, p. 14)
– CW : Divant do r’fè l’ nuk avou on parèy, on lî aureut d’vu dîre, à Lalîye (...). (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 14) - Ayi mins, vos n’ lî saurîz fè bwâre one gote. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 22) - C’èst po ça, qu’ audjoûrdu, dji m’ vos va causer
d’ôte tchôse. (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4)
– EW : Li ci qui m’ vout scrîre èl pout todi fé. (Djåzans, p. 16, 9/95) - Èt l’ mêsse qui
m’ va d’mander mès treûs cints rôyes qui sont todi à fé... (MITTEI, Zanzan, p. 3)
- Dji v’ va d’ner l’ clé dè pus grand dès s’crèts. (MITTEI, Zanzan, p. 10) - Çoula
m’ va coster tchîr : dji v’s-a lèyî èvoler. (MITTEI, Zanzan, p. 27) - Tote li glwére,
tot l’ oneûr qui vos lî polez fer sont st åd’vins d’ vos-minme (...). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 68) - (...) c’èst l’rik’nohance dè-l’dignité qu’èst l’prôpe di tos lès-
omes èt dès dreûts égâls qu’ils ont èt qu’on n’èlzi pout mèskeure ; (Dèclaråcion 2,
Préambule) - On lî pout minme tèlèfoner å 999.99.99 (Djåzans, Osté 2000, p. 10)
– SW : (...) dji v’ pou bin promète k’ i n’ ont nin ôrdè leû linwe è leû tache ! Li radje
ol’zî a montè o cwar (...). Èt dîre ki ç’ rossê tchin la, ki n’ vôt nin on côp d’ pîd
dins s’ p..., k’ i m’ fêt mô côzè, i nos va co costè dès miyons ! (J. BILY, Singuliers,
2/1998, p. 4-5).
Contre-ex. lit. :
6.5. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS INDIRECTS 131
– SW : Djè n’ poûri v’ la mostrè, ca èlle èst d’dé la costîre, qui dwat la racoûrti
on poû. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 94) - (...) prèt’ à vorè su l’ ci qu’ vêrè lî r’hapè
l’êwe (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 21) - Dju n’ sârâ v’ bayè bécöp d’ cadôs.
(P. JEAN, Causans, p. 11)
– OW : Dji n’é pupont d’auto, rintrèz, dji va vos-èspliker... (J. GOFFART, Coquia,
p. 3) - (...) c’è-st-in monseû asteûre, on n’ôj’reut pus li dîre « no p’tit ». (W. BAL,
Fauves, p. 10) - À Blaréfosse... dji va vos dîre, c’èst rola qu’on-a gangni l’ pus di
liârds (...). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 51) -Ti pous mi d’mander n’impôrtè
qwè, ti s’ras toudi acôrdè. (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 55)
– EW : Èt minme s’ i n’ voléve n’ èlzî n’ner nou ric’fwért, ènnè dîrît todis ote-
tant d’ bin (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 91) - (...) dji n’ wèzéve vis-èl dimander.
(MITTEI, Zanzan, p. 8) - (...) leûs dreûts égåls, qu’on n’ såreût ’lzî mèskeûre (...)
(Dèclaråcion 1, préambule)
Ex. lit. de la construction SUJET + î + VERBE (î est pronom ou adverbe) :
– EW : Dj’ô bin qui l’ bon Diu èsteût là èt qu’il î aléve dimorer (...). (G. FONTAINE,
Billets, p. 16) - (...) mins i-n-a tot l’ minme ine saqwè qu’ nos djônes-acteûrs î pôrît
tûzer po leû bin - èt po l’plêzîr dè public (...). (Djåzans, Osté 2000, p. 14-15)
– CW : I s’î faut trouvè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 14) - (...) vos-î alez oyu one
tchèréye di grossiéretés ! (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 18)
Contre-ex. :
– CW : Ô, ayi ça ! vos p’lîz bin ’nn’î causè d’ machine èt d’ moteûr. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 13)
– OW : (...) on ’nn-aveut qu’ pou deûs-eûres, mins faleut i aler quand’ min.me. (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 49)
Ex. lit. de la construction SUJET + è/endè + VERBE (endè est pronom ou adverbe) :
– CW : Onk qu’a trop d’ caurs, qu’i n’è sêt pus qwè fè (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 13) - I n’ m’è faut nin co causè au pére, dès tchandèles. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 26)
Contre-ex. :
– OW : Cè n’èst qu’ flotchêres èt ronches èt, su l’ costè, ’ne djonne tâye à n’ sawè
s’in dèscramyî... (W. BAL, Fauves, p. 12) - I faut m’è dîre di pus qu’ ça ! (J.
GOFFART, Coquia, p. 5)
– SW : On va co-z-a fè dès tralalas ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34) - Qué chance s’i
p’lot z-è tumè tote nêt ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 20)
h) Le pronom indirect est utilisé dans diverses tournures indiquant un intérêt du locu-
teur envers l’action :
– li tchvå lî a filé evôye (le cheval lui a échappé) ; dj’ aveu l’ coûr qui m’ bateut
on bea côp (le cœur me battait fort) ; dji m’ ti lî va tchåssî ene tchofe (je m’en
vais te lui flanquer une gifle) ; dji n’ ti sai tot cwè (je ne sais quoi)
Ex. lit. :
– EW : Djondant d’on potê, l’ rou [dol bèrwète] li hipa djus èt i s’ mèta à djurer.
(Masset, Contes, p. 5) - (...) du hisse d’aveûr co ’ne fîe l’ tchèsse qui li findéve, i
s’ promèta d’i sondjî on-ôte djoûr. (J.-M. MASSET, Contes, p. 14)
– OW : (...) èle vos aveut ’ne nwère roye t’ au d’dèlon d’ s’èskègne èt sès chabots
ètou astint nwêrs. (W. BAL, Fauves, p. 5) - Après çoulà, I vos roûle ène quatrène
132 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
di gros boudins : deûs grands pou fér lès djambes, deûs p’tits pou fér lès bras.
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 11)
– CW : Èt i t’ vint brokè dins lès gobîyes èt o l’ gayole dau vî Tofe, come onk qui
s’ mètreut seûlemint à mwin.nadje. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 22) - Qu’èst-ce
qu’i m’ caye, don, qu’i n’ rivint nin ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 28)
i) Il est également très utilisé avec les verbes falu et aler (indiquant un futur proche) :
– dji m’ va coûtchî (je vais dormir) ; i n’ vos fåt nén plorer (il ne faut pas pleurer)
Ex. lit. :
– OW : I nos faura sondjî à l’inaugurâcion. (J. GOFFART, Coquia, p. 21) - Alèz, dji
m’ va d’meurer asto d’ vous in quârt d’eûre, èl timps qu’ vos fuchîje pus franke !
(J. GOFFART, Coquia, p. 22)
– EW : Mins, moncheû l’ sotê, dji n’a nin l’ tins d’aprinde. I m’ fåt djouwer ! (MIT-
TEI, Zanzan, p. 6) - Mins vola, i m’èl faléve qwiter al fin dèl sîze. (M. FRISEE,
Scrîre, p. 85)
– CW : Ca, nom d’ tot-ute ! i mè l’ faut veûy rarivè l’ prumî. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 29) - C’èst po ça, qu’ audjoûrdu, dji m’ vos va causer d’ôte tchôse.
(BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4)
Formes de référence
12. ALW II, 15 (« toi »), 20 (« nous »), 23 (« vous »), 27 (« lui »), 28 (« elle »), 29 (« eux »), 30 (« elles »).
6.6. LES PRONOMS PERSONNELS TONIQUES (APRÈS PRÉPOSITION, APPOSÉS OU ATTRIBUTS)133
Autres formes
Emplois
116. a) Tous ces pronoms peuvent être renforcés par l’adverbe minme (même) :
– mi minme, dji n’ î creyeu nén (moi-même, je n’y croyais pas) ; c’ est vos-ôtes
minme ki l’ a dit (c’est vous-mêmes qui l’avez dit)
b) À propos de ti, voir la section consacrée à la politesse en wallon, p. 283.
c) tes-ôtes est une forme servant au tutoiement collectif.
d) On utilise souvent un pronom pour exprimer une collectivité :
– nos estans nos beacôp (nous sommes nombreux) ; vos n’ estoz vos waire (vous
n’êtes pas nombreux) ; i sont zels troes (ou leus troes ou a troes) (ils sont à trois)
Ex. lit. :
– SW : Come i sont zèls assè, Célèstine a dit à Pitit d’alè s’ ripwèzè, pace qu’i d’vot
z-èsse réduit (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 95)
– CW : On-z-a tortos sès miséres. Èt l’ pètche, c’èst qu’on n’ sint, mi chaque, qui lès
sènes. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - (...) èt après tot, i n’èsteut pus qu’ li à
134 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
r’pache. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16) - Zèls deûs l’ man, en causant, c’èsteut
co : Nosse pitit. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25) - Come d’èfèt, c’èst Mossieû
l’ curè Mèdot qu’a dècidè li tot seû d’èspètchi lès mârcheûs di v’nu à l’ pôrcèssion
(...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 25)
e) Vos peut être utilisé pour apostropher :
– Vos laids poûris ! (bande de sales pourris !)
Ex. lit. :
– CW : Vos p’tits mau-onteûs saqwès qui v’s-èstoz ! (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12)
f) Les pronoms toniques peuvent occasionnellement servir de sujet :
– Mi, djel aveu avizé. Leye ni veyeut rén. (Moi, je l’avais aperçu. Elle ne voyait
rien)
Ex. lit. :
– OW : Li [li bon Dieu ] saveut bén çu qui manqueut à l’ome : ène compagnîye (...).
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 14)
– EW : Tos l’s ôtes si r’sètcherît-is èrî d’ vos, lu n’ vis lêrè nin là (...). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 80)
mi dji m’ rilouke
ti ti t’ riloukes
si i s’ rilouke
nos nos nos rloukans
vos vos vos rloukîz
si i si rloukèt
13.
6.8. LES PRONOMS POSSESSIFS 135
Autres formes
Namur, Charleroi : li (pour lu). Malm., verv., bast. si (pour su) : i su rloukèt ou i
s’ riloukèt. Brab. : së (pour si).
Charleroi : i n’ sè mousse pus (il ne se montre plus) ; èl blé ès’ vind tchêr ou èl blé
s’ vind tchêr (le blé se vend cher) ; i s’èrwête (il se regarde) ; yeûs’ (pour zels) : quand
on a leû môjo da yeûs’ (quand on a sa maison à soi)
SW : zês, zous (pour zels) ; zoules / zoles (pour zeles).
Utilisation
Place : voir les exemples donnés dans la section Pronoms objets directs (p. 108) ou
indirects (p. 112).
li minne
li tinne
li sinne
li nosse
li vosse
li leûr ou leû zèls
– cisse tchåssete la, c’ est da minne ; eyèt l’ solé ciddé, c’ est l’ minne eto (cette
chaussette est à moi, et ce soulier-ci est à moi aussi)
Variantes régionales
14. ALW II, 49 (« le mien »), 50 (« le sien »), 51 (« la mienne »), 53 (« le nôtre »), 54 (« la nôtre »).
136 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
Autres formes
Niv., masc. : èl myin, èl tyin, èl syin, èl note, èl vote, èl leûr ; fém. : èl miène, èl tiène,
èl siène, èl note, èl vote, èl leûr.
Emploi
119. a) Dans beaucoup de régions, les formes féminines sont utilisées dans tous les cas.
b) Le pronom peut parfois être précédé d’un adjectif. Ex. lit. :
– SW : Jusqu’à quand faurè-t-i qu’ lès pauves nosses si parçuvinche qui leûs vîs
parints ont fait pakèt avou l’ diâle ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 33)
Formes régionales
Liég. :
sing. plur.
masc. ci-chal, ci-la cès-chal, cès-la
fém. cisse-chal, cisse-la(le) cèsses-chal, cèsses-la(le)
Nam. :
sing. plur.
masc. cit-ci, cit-la ou çtici, çtila cèt-ci, cèt-la ; çtèci, çtèla
fém. cit-cile, cit-lale ou citèlci(le), citèlla(le) cèt-cile, cèt-lale ; cètèlci(le), cètèlla(le) ;
çtèlci(le) ; çtèlla(le)
Carol. :
sing. plur.
masc. cit-ci, cit-la ou èçtici, èçtila cèt-ci, cèt-la ; èçtèci, èçtèla
fém. çticile, çtilale çtèlcile, çtèllale ou èçtèlci, èçtèlla
15. ALW II, 56 (« ce »), 57 (« cette »).
6.9. LES PRONOMS DÉMONSTRATIFS 137
Bast. :
sing. plur.
masc. ci-ci, ci-la cès-ci, cès-la
fém. cèle-ci, cèle-la cès-ci, cès-la
Autres formes
Autres variantes en EW, masc. : ci-voci, cès-voci ; fém. : ci-volale, cès-volale. Nord
de SW, fém. : ci-cile, ci-lale, cès-cile, cès-lale. esse : çut-la ou çutia ou ç(u)tiale ou
ç(u)te-lale.
ciène ; lès cyins, lès ciènes. Bast. : lu ci, la ci ; lès cis (inv. en genre). Chestr. : lu cé, la
cé ; lès cés, lès cés (le genre est inv. mais parfois distingué dans l’orthographe : lu cé,
la cée ; lès cés, lès cées).
Emploi
125. a) On emploie souvent les locutions m’n ome et mes omes (originaires de l’OW) avec
une valeur de pronoms démonstratifs :
– waitîz on pô m’n ome (regardez un peu celui-là) ; po kî ç’ k’ i s’ prind, on, m’n
ome ? (pour qui se prend-il, celui-là ?)
b) Les démonstratifs çoula ou ça peuvent signifier « pour cela », « quant à cela » :
– vos avoz råjhon, çoula (sur ce sujet, vous avez raison) ; ça, dji n’ è sai rén (je ne
sais rien à ce sujet)
c) Le pronom démonstratif ci/cene est, dans la plupart des régions, précédé d’un dé-
terminant défini. Ex. lit. :
– EW : (...) måleûr å ci qui vinreût prinde ine saqwè divins l’ tchèrète d’in-ôte (...).
(G. FONTAINE, Billets, p. 12)
– SW : Èt qués djambons, hin, valèt ? Brâmint pus gros qu’ lès cis d’ mon Hoton !
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 99) - Lès grands, lès cés d’ douze a quinze ans, avièt
môj’nè î saké « radeau » (...). (B. MAQUET, Causans, p. 41) - C’èst l’ ci dol sâle
dè bin. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 67)
– CW : On djoû, lès cis d’èmon l’ djârdinî batint o l’ grègne (...). (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 12)
Dans certaines régions (malm., Stavelot), il peut être utilisé seul. Ex. lit. :
– EW : Il avéve invité lès wazins d’ manèdje, èt cès d’ corti ossu. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 9) - On lî aprinda à aler à dj’vô, à tirer, à nêvi èt à saluwer cès qu’èstît
pus hôt qu’ lu. (J.-M. MASSET, Contes, p. 11)
d) Les formes ci et cene peuvent être précédées d’un article partitif ; ils correspondent
parfois à un pronom indéfini (« en ») en français :
– dj’ end a del cene d’ amon Zîré (j’en ai de chez Désiré [de la peinture]) ; c’ est
come des cis di dvant l’ guere (cela ressemble à ceux qui se faisaient avant guerre)
Ex. lit. :
– CW : Dj’î r’passerè (...) bwâre one jate di noû cafè. Do ci à deûs trèssons, s’apinse
lèye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25)
e) Les locutions des cis k’ i gn a ou des cenes k’ i gn a sont utilisées au sens de
l’indéfini « certain, -e » :
– des cis k’ i gn a n’ vénront nén (certains ne viendront pas)
f) L’expression fé li ci ki ou fé li cene ki (lit. faire celui / celle qui) signifie « faire
semblant de » :
– i fwait l’ ci ki n’ ôt nén (il fait semblant de ne pas entendre)
6.10. LES PRONOMS INTERROGATIFS ET EXCLAMATIFS 139
Autres formes
OW, EW : kék /kéle (pour kék / kéne). EW : liské, liskéne, etc. (pour li kék). Aussi : li
ké (pour li kék).
kî (qui) 22
– kî ( ç’) (k’) a vnou ? (qui est venu ?) ; kî est ç’ li maisse ? (qui est le maître ?) ;
a kî est ç’ ki vos nd avoz ? ou a kî ç’ ki vos nd avoz ? ou a kî nd avoz ? (à qui
vous adressez-vous ?)
Ex. lit. :
– OW : Marîye li choûte, li boutche au laudje, sins dire in mot ; mais quî nos dira
çu qu’èle pinse ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 55)
cwant’ (combien)
– li cwant’ do moes estans n’ ? (le quantième sommes-nous ?)
Ex. lit. :
– SW : (...) Pâpuchin l’ fyeû d’ volètes, Jacob li goyurlî, èt quant’ ainsi ! (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 133)
cwantrinme (combientième)
– li cwantrinme do moes estans n’ ? (le quantième sommes-nous ?)
k(i)bén (combien) (∼ k(i)bin (EW) ∼ c(u)bin (SW) ∼ combin ∼ combén (CW, OW))
– li cbén do moes estans n’ ? (le quantième sommes-nous ?)
Emplois
La forme kék / kéne peut être précédée d’articles ou d’articles contractés :
– do kék est ç’ k’ il est kestion ? (duquel est-il question ?) ; avou l’ kéne avoz dvizé ?
(avec laquelle avez-vous parlé ?)
Voir aussi la section consacrée à la phrase interrogative, p. 270.
Autres formes
OW : kè : bièsse kè dj’ sû ! (bête que je suis !) ; l’ ome kè nos dè dvizons (l’homme dont
nous parlons). SW, verv. malm. : ku : l’ ome ku dju ddjo (l’homme dont je parlais).
Brab., bouill. : kë.
22. ALW II, 68 (« qui »).
6.11. LES PRONOMS RELATIFS 141
Exemples
– c’ est mi ki vént (c’est moi qui viens) ; l’ ome ki dji n’ a nén veyou (l’homme
que je n’ai pas vu) ; l’ ome ki dji cåze (di lu) (l’homme dont je parle) ; l’ ome ki
dj’ è cåze (l’homme dont je parle) ; c’ e-st èn ome k’ e-st a pîds dschås (c’est
un homme, lequel est pieds nus) ; c’ e-st èn ome k’ i s’ è fåt dmefyî (c’est un
homme dont il faut se méfier) ; vola onk ki ses pîds sont trop grands (en voilà
un dont les pieds sont trop grands) ; i gn a des djins ki tot lzî fwait må (il y a
des gens à qui tout fait mal/envie) ; c’ est yåk ki dj’ a fwait on ideyå avou (c’est
une chose avec laquelle j’ai fait un idéal) ; c’ est totès afwaires k’ on s’ dimande
s’ on n’ sondje nén (ce sont des choses à propos desquelles on se demande si l’on
ne rêve pas) ; li pazea k’ on maredéve å boird (le chemin au bord duquel nous
dînions) ; li ci k’ on bateut por lu, c’ esteut on drole (celui pour qui on battait,
c’était un bizarre)
Ex. lit. :
– One di mès matantes, qu’èsteut costri, l’aveut côpé [one sitofe] èt cosu. (H. MAT-
TERNE, Richot, p. 2).
qu’èst-ce po in-ome don l’ ci qu’ on ’nnè raconte dès s’faîtes. (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 118) [Quel genre d’homme est-ce, celui à propos de qui l’on raconte
/ dont on dit des choses pareilles ?] - (...) saqwants chèrvices di sôcièté qu’ on n’
s’ è pout passer. (Dèclaråcion 1, art. 25)
Ex. lit. de ki + déterminant possessif, équivalant au français « dont » :
– CW : (...) i lûtche, i guédîye : onk qui sès pièces vont d’abôrd ièsse trop jusses, èt
chètelè aus costeures (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17) - I t’neut canetia o
l’ maujon da Tofe Lariviêre, qu’on-z-aveut ètèrè cinq djoûs d’vant èt qu’ sès-èfants
èstint lodjis tortos. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
– OW : Ène miète, c’èst wére di chôse, mins c’è-st-ène saqwè poul cé qui groûle
di sès boyas. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) - Dj’é stî a scole (...) à Chichi
Potal, l’instituteûr qui sès parints, c’estît lès Grégoire (...). (L. POLLEN, DW, t.
16, 1988, p. 44)
– SW : (...) èt motôt z-alè al guêre èt d’morè stindu dins lès tchamps, come tos lès
cis qu’on r’troûve leûs-ochês à costè dès grands sâbes arunis (...). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 84) - Dj’ ê sondjé a in viadje, ku dju n’ dîrê nin s’ nom (...). (J.-P.
CLIP, Singuliers 2/98, p. 11).
Ex. lit. de ki + pronom indirect, équivalant en français à préposition + « qui » ou « le-
quel » :
– CW : I-gn-a dès si mwaîjès djins, qui tot l’zî faît mau. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 16) [à qui tout fait mal ; peut être aussi considéré comme une subordonnée
comparative : il y a des gens tellement mauvais que tout leur fait mal] - (...) one
comôde en tchin.ne, qu’i lî mankeûve on pîd èt on bokèt d’ moulure (...) (R. CLI-
NIAS, Scrîre, p. 47) - Dj’a d’s obligâcion qu’ dji n’ pou nin î chaper. (Novèles,
46/2000, p. 16)
– EW : Ottant d’ bouhî so ’n-ågne qui [sic = qu’i] n’ lî plêt nin d’avanci ! (MITTEI,
Zanzan, p. 17) - (...) mins i-n-a tot l’ minme ine saqwè qu’ nos djônes-acteûrs î
pôrît tûzer po leû bin - èt po l’plêzîr dè public (...). (Djåzans, Osté 2000, p. 14-15)
Ex. lit. de ki + préposition rejetée en fin de proposition relative, équivalant, en français
à préposition + « lequel, laquelle, lesquels, lesquelles » :
– OW : (...) ç’ qui vos pinsèz vîr voltî, c’è-st-ène vwès, au posse, ène saqwè qu’ vos-
avèz fét èn-idèyâl avou... (J. GOFFART, Coquia, p. 28) - (...) dji travayeu ô carè
pou satchî lès tchôrs wors dèl câje qu’on mèteut s’ mwin pa côps didins (...). (L.
POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 44)
– CW : (...) co bin on d’méy mète di tchèrbon èt deûs môyes di fagots qu’on n’aveut
nin co pris autoû. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 22) - Fiér, li Nès’, d’atèlè one
grosse Poulète qui Djâque aveut ruvenu d’ Ciney avou, on djoû d’ fôre. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 27) - N-a dès tissus qu’ ça mousse ’pénètre’ dëpës d’dins,
qu’on n’ sét ni oyë lès tatches fou (ou djës). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23) -
Vêcë, nos-ôntes, tot près d’ l’angâr, i-n-avot on p’tët pré qu’ lès bièsses n’alin’ ni
d’ssës (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 80-81)
– SW : An face, dès piles d’assiètes èt dès jates a fleûrs dû ç’ qu’i gn-avét scrît
d’sus : « Amour », « Estime », « Amitié » (...). (G. MOUZON, Causans, p. 33 [ici,
le pronom relatif est dû (voir plus bas), mais le fonctionnement est le même].
– EW : [Lès djins qu’ èstît èl sinagogue] èl minît disk’a l’ copète dè l’ montagne qui
6.11. LES PRONOMS RELATIFS 143
leû vèye èsteût båtèye dissus po l’ taper a l’ valêye. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 96)
Ex. lit. de ki seul équivalant, en français à préposition + « lequel, laquelle, lesquels,
lesquelles » :
– EW : Nèni, mins dj’a trové divins on catalôgue insi, dès saqwès qu’on s’ dimande
si on n’ sondje nin ! (G. FONTAINE, Billets, p. 51) [« à propos desquelles », ou
bien s’agit-il ici d’une subordination : « des choses telles, qu’on se demande... » ?]
- (...) ca po v’ rinde, on v’ chèvrè avou l’ mèseûre qui v’s’ avez mès’ré. (Dj. MI-
GNOLET, Evandjîles, p. 105) [avec laquelle] - I vèyît Jésus, èt trovît l’ome qui
lès démons èstît sôrtis assious a sès pîds, bin moussî èt plin d’ bon sins’. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 115) [duquel étaient sortis les démons]
– SW : Vo-nnè-là-t-i one di môde qu’on pout lèyi nn’alè sès vatches dins tos lès
près (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 127) [selon laquelle] -Èl vî Noré èst si
crasseûs qu’i bwârit l’êwe qu’i s’ lâve lès pîds ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34)
[avec laquelle]
– OW : Èt Piêre-dou-Chabotî èrwéteut s’ gade ène miyète come ène bièsse asôr-
cèléye, come èl dérène dès gades d’ôr dou payis à lumerotes què s’ mârène lî
raconteut al chîje. (W. BAL, Fauves, p. 8)
– CW : Lès mouchwès d’ potches ’mouchoirs de poche’, lès draps d’ mwin qu’on
r’frote lès bëdons ’essuies de vaisselle’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 13) [avec
lesquels] - On boutéve (...) minme lë tchôndêre ’chaudière’ qu’on fiéve tchôfer
l’êwe (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 40-41) [dans laquelle] - Cand on-n-avot
dès bëdons rimplës - lès bassënes èt lès tchôn dêres qu’on ’dans lesquelles on’
lavéve - on lès rintréve dins lès batëmints. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 41) - N-
a dès tatches quë c’èst malôjë ’difficile’ à-z-oyë djës (ou fou), à royë ’ravoir’.
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 71) - Dipus, ils s’ègadjenut à tirè l’ sauvlon èt lès
cayaus brut’ qu’i gn-a dandji pou bâti l’èglîje. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 19)
[« nécessaires à la construction de l’église »] - Li côrtèje rilijieûs chût l’ Mârche
ène miète pa-drî dins l’ min.me ôrde qu’il èst paurti. (J. FIEVEZ, Bièmeréye,
p. 31) [dans lequel]
Ex. lit. de ki + prép. + pron. pers. équivalant, en français à préposition + « lequel,
laquelle, lesquels, lesquelles » :
– SW : Mês gn-avot ink, lu cé qu’on batot pou li, qui n’ v’lot nin. (N. ALEXANDRE,
Causans, p. 17)
Ex. de ki seul équivalant au français « comme ».
– OW : Alôrs, nos-avîs li roussète, qu’on d’jeut (...). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988,
p. 49)
Ex. de ki seul équivalant au français prép. + « quoi » :
– EW : Qu’ i n’ acwède nole valeûr à çou qu’ on z î poreût fé grand astème (...). (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 92) [...à ce à quoi l’on pourrait...]
Relatives de temps
Ex. lit. :
– EW : Et on djoû qu’il èstût divins on p’tit pôrt di l’Ecosse (...) il a stou touwé avou
bråmint d’ sès camarådes. (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185-186) - Å moumint qu’i
pinséve si spiyî l’ tièsse disconte li rotche, i fêt on tèribe tchouk è l’êwe. (MITTEI,
Zanzan, p. 24) (...) vos n’ årez nou r’pwès qui l’ djoû qu’ vos n’ ferez pus qu’ onc
avou l’ Cris’. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 69) - Ci prumî r’çins-mint-là s’ fa å timp
[sic] qu’ Quirinus kimandéve li Sirie. (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 85-86)
– SW : Avou Pauque, vo-r’-ci l’ saison qu’on d’lache lès vatches po z-alè aus
tchamps. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 124)
– CW : Lès minâbes djoûs qu’i n’ lauke nin do ploûre, èt chwache, èt broûs, èt
godis’, èt-z-è r’naudè jusqu’après non.ne (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
- Au momint qu’is [lès vias] ont on an, on lès amèdéye èt on lès r’mèt è l’pature.
(Chwès, Libramont, p. 49)
On peut utiliser aussi la ki (EW). Ex. lit. :
– EW : I foûrit on tins la qu’ l’ovrî poléve dîre å djusse quî c’èsteût qu’èsteût mêsse
dè djeû (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 23)
Certains auteurs (EW) emploient aussi wice. Ex. lit. :
– EW : C’èst-ine gråce qui l’ Signeûr m’a fait, li djoû wice qu’i m’a loukî po rafacer
m’ honte avå lès omes. (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 81) - (...) on n’è-l’ pôrè puni
pus fwèrt qu’i n’ l’åreût stu å moumint wice qui l’afêre s’a passé. (Dèclaråcion 2,
art. 11)
Relatives de lieu
BAL, Fauves, p. 5) - R’mârquèz bén qu’ène sadju qu’i faut bén pèser sès mots,
i-gn-a jamés pont d’ balance à pôrtéye. (P. FAULX, Limes, p. 37)
– EW : Ine hôte bårîre qu’èsteût scrît so ’ne plantche : ’Berta Werk - Wohnlager’
(...). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
Ex. lit. de ki + groupe nominal sujet, équivalant, en français à un groupe nominal suivi
de « duquel, de laquelle », etc. :
– OW : (...) gn-a in trô dins l’ bos d’ Tchèslèt qui pèrsône n’a jamés seû diskinde
dins l’ fond (...). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50)
Ex. lit. de ki + pronom î :
– EW : [Dès feumes] qui s’ cwèrît mizére po-z-èsse li prumîre å batch qui treûs
d’ zèls s’î d’vît laver divant dè poleûr candjî d’êwe (...). (J. HOUBART-HOUGE,
Scrîre, p. 113)
Ex. lit. de ki + pronom è/endè :
– OW : Pace qu’i-gn-a co ène place rola qui dj’ conè qu’i-gn-a co quéze mètes di
spès (...). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50) [ici, le pronom è est agglutiné
dans gn]
Ex. lit. de la ki comme pronom relatif de lieu.
– EW : Èle l’a vèyou ’nn’ aler vè Wèris’, la qu’ gripéve li Mont Pèlé (...). (J.-M.
WARNIER, Scrîre, p. 227) - Li ci qu’aviséve èsse li caporål gripa so l’ tonê là
qu’èsteût Zanzan. (MITTEI, Zanzan, p. 29)
– CW : On n’ sêt jamaîs di quî qu’on pout awè dandji, là, one saquî. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 17)
g) Certains adverbes de lieu (ewou, wice, la, dû, eyu. . .) peuvent également jouer le
rôle de pronoms relatifs :
– li viyaedje ewou ç’ ki dji va ; li viyaedje eyu ç’ ki dji va ; li viyaedje wice ki dji
va ; li viyaedje la ki dji va (le village où je vais)
Ex. lit. :
– CW : One vîye tchawète, qui stitche todi s’ nèz èwoù qu’on tchin ni mètreut nin
s’ quèwe. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - Pa dès fwârt mwaîjès routes plin.nes
di laudjès wârbêres èwou qu’ lès rûwes dès tchaurs moussenut jusqu’au mouyou,
Césâr arive o l’ Swisse. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
– EW : (...) li bièsse s’èvole po l’ bon, vè l’ copète d’on grand tchinne, la wice
qui l’ pitit n’èl såreût nin sûre. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224) - Alez-è por là,
c’èst totès bômes abann’nêyes wice qu’il î passe råremint ’ne saquî. (MITTEI,
Zanzan, p. 27) - Chaskeun’ a l’dreût d’aler tot wice qu’i vout d’vins ’n-Etat (...)
(Dèclaråcion 2, art. 12)
– OW : I va pûjî dins l’ pusse à l’eûwe clére ayu ç’ qu’i ramouyeut s’ front sins
roye. (W. BAL, Fauves, p. 11) - (...) maîs l’èspwâr di r’vèy si popa si onête èt
si amitieû..., sès waîbes èyu qu’on s’agrance di s’ risèrer autoû dè l’ tâbe quand
l’ crassèt è-st-alumè... (E.-J. PIRET, Extraits, p. 63).
– SW : (...) il avèt sti apicè la bwasse dè cigâres adû kè l’ chayteû racloûjét su blêrô,
su savon èt s’ rèzwa. (M. GEORGES, Singuliers 2/98, p. 9).
h) Come peut également servir de pronom relatif. Ex. lit. : [ ?]
– SW : Ça fait qui « fi d’ sorcîre », come on l’avot maltraitè, ç’ n’astot nin à cause
di s’ moman ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 130)
i) En plus des constructions données ci dessus, il arrive rarement que certains auteurs
calquent les structures françaises du type prép. + liké et variantes. Ces constructions ne
sont en général pas admises dans les cercles littéraires. Ex. lit. :
– CW : A drwèt’ do ri, s’èlève doûcètemint ène coline d’ssu l’ quéne èst bâtîye nost’
èglîje, avou nos mwârts autoû. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 6) [ou : qui noste eglîje
èst bâtîye dissu,... ]
Notamment, le pronom dont est parfois emprunté.
minme (même)
– li minme k’ îr (la même qu’hier) ; ça rvént å minme (ça revient au même)
onk / yene (un, une ; quelqu’un) (∼ OW, SW : yink / yène ; liég. : onk / eune ; nam. :
onk / one ; Florennes : unk, yunne)
– dj’ a veyou onk ki passéve (j’ai vu quelqu’un qui passait) ; dj’ a vnou avou yene
di Dinant (je suis venu avec quelqu’un, une femme de Dinant) ; onk fijheut ’ne
sacwè eyèt l’ ôte fijheut ôte tchwè (l’un faisait quelque chose et l’autre faisait
autre chose) ; gn aveut nén yene divins l’ måjhon (il n’y en avait aucune dans la
maison) ; gn a onk di zels ki boet (l’un d’entre eux boit)
Ex. lit. :
– EW : N’a nin onk qui motihîve, nin onk qui sondjîve à fé dès-èguignes à s’ ca-
maråde (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186)
– CW : Èt i t’ vins brokè dins lès gobîyes èt o l’ gayole dau vî Tofe, come onk qui
s’ mètreut seûlemint à mwin.nadje. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 22)
ôte (autre)
– les ôtes l’ årint fwait (les autres l’auraient fait) ; c’ est po tos vos-ôtes (c’est pour
vous-autres tous)
pluzieurs (plusieurs)
– gn a pluzieurs ki n’ volèt nén (plusieurs refusent)
Ex. lit. :
– EW : Plusieûrs di sès dissipes èt ’ne grande flouhe alît-st-avou lu. (Dj. MIGNO-
LET, Evandjîles, p. 108)
rén (rien)
– i gn a rén a fé (il n’y a rien à faire) ; i n’ vos fåt nén dmorer a rén (il ne faut pas
que vous restiez inactif) ; ça toûne a rén (c’est en déliquescence) ; vos n’ î sårîz
rén fé (vous ne pouvez rien y faire) ; ci n’ est nén rén (ce n’est pas rien)
Ex. lit. :
– CW : Rin n’ nos r’tint, rin n’ nos ratind. (L. HENDSCHEL, Ridadje)
tertos, tertotes (tous, toutes) (∼ CW, malm. : tortos ; liég. : turtos ; OW : tèrtous ;
Lesse : tourtous).
– i s’ dispiertèt tertos, ele si reweyèt tertotes (ils se réveillent tous, elles se ré-
veillent toutes)
Ex. lit. :
– EW : Turtos sont so-l’minme pîd po d’vant li lwè èt turtos ont dreût d’èsse protéjés
dè-l’ minme manîre pa li lwè. (Dèclaråcion 2, art. 7)
Rem. : anciennement, tertos pouvait aussi servir de déterminant : tertotes les djins
ont vnou.
tot (tout)
– tot va bén (tout va bien)
Emplois
129. a) Divers syntagmes verbaux ou nominaux figés ont une fonction de pronom indéfini :
– kéke onk (SW : kékin) : kéke onk a soné por vos (quelqu’un vous a téléphoné)
– des cis / cenes k’ i gn a (certain(e)s). Ex. lit. :
CW : (...) ça vos disgostéyereut bin do ièsse bon avou dès cis qu’i-gn-a. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 18)
– gn a des cis / cenes (certain(e)s)
– n’ impôrtè kî (n’importe qui), n’ impôrtè cwè (n’importe quoi), n’ impôrte eyu
(n’importe où), etc. Ex. lit. :
OW : Quant-in djârdin èst bén sogni, èyèt prîs a timps, c’èst come n’importeu
qwè : i n’faut pus wére di chôse pou l’ir’mète d’èquére. (H. VAN CUTSEM,
Chôse, p. 12)
150 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
– kî ki ç’ seuye (qui que ce soit), cwè ki ç’ seuye (quoi que ce soit), etc. Ex. lit. :
EW : Vos ’nnè r’lêrez tot-plin s’ vos n’nez dè l’ valeûr à qwè qui ç’ seûy so l’ tére.
(J. BOSLY, Imitåcion, p. 77) - Vos adjihez don sotemint si v’ mètez vosse confiyince
ou vosse djôye divins quî qui ç’ seûy, såf divins lu. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 82)
– tot l’ minme kî, tot l’ minme cwè (n’importe qui, n’importe quoi), etc. Ex. lit. :
EW : Rin di tot çou qui s’ troûve divins cisse Dèclaråcion-chal ni pout d’ner a
tûzer d’in-Etat ou d’ine sakî, qu’il a l’dreût dè fé tot l’minme qwè qui pôreût mète
a må lès dreûts èt lès lîbertès qu’î sont rachous. (Dèclaråcion 2, art. 30)
– bon Diè sait cwè / wice / cwand. . . (Dieu sait quoi / où / quand...)
– ôte tchwè ou ôte tchôze (autre chose), pô d’ tchwè (peu de chose)...
– tot l’ monde (tout le monde)
b) Les adverbes de degré peuvent être utilisés comme pronoms :
– i nd a fwait bråmint por mi (il en a fait beaucoup pour moi) ; bråmint n’ ont
nén vnou (beaucoup ne sont pas venus) ; i n’ avint waire a fé (il n’avaient guère
à faire) ; dji n’ a nén avou assez (je n’ai pas eu assez) ; elle aveut d’ pus a dîre
a mi k’ a lu (elle avait plus à dire à moi qu’à lui) ; i n’ a nén råvlé ostant k’ il
esperéve (il n’a pas amassé autant qu’il espérait) ; ele vike avou pô (elle vit de
peu) ; i gn a trop’ ki s’ ont leyî emacraler (il y en a trop qui se sont laissé berner)
Ex. lit. :
– EW : I n’a wêre di candjî oûy avou lès scoles (...). (Djåzans, Osté 2000, p. 3)
c) Certains substantifs ont une fonction de pronom indéfini :
– ene sakî (quelqu’un)
– ene sacwè (quelque chose)
– ene sadju (OW) ou ene sawice (EW) ou ene sawouce (rare, CW) (quelque part)
– on té / ene téle (un tel / une telle)
Ene sakî peut être utilisé au sens de mi, par atténuation polie (voir La politesse en
wallon, p. 283).
Le mot sacwè forme le plus souvent un groupe avec ene, mais peut aussi être utilisé
librement (comme un « vrai » substantif) au sens de « chose » :
– des bounès sacwès a mindjî (de bonnes choses à manger)
– Ex. lit. OW : Gn-a dès saqwès insi qu’on piêrd an routant, qu’on roublîye an
viquant. (W. BAL, Fauves, p. 13)
– CW : Vos p’tits mau-onteûs saqwès qui v’s-èstoz ! (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12)
– EW : I n a ’ne masse di saqwès qui v’ displêhèt èt qui v’ fèt sovint dès mås d’ tièsse
(...). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 71)
De même, le mot sakî, le plus souvent utilisé dans ene sakî, équivalant à l’indéfini
français « quelqu’un », peut parfois être détaché et fonctionner librement. Ex. lit. :
– OW : Nos [li bon Dieu] alons fér (...) ène saquî qui Nos racheune come deûs
goutes d’êwe (...). A ç’ saquî-là, nos donerons pus qui l’ vîye dou côrps : il aura
l’ vîye dè l’âme, çu qui vaut bran.mint mia ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 10) [ici,
saquî a le sens de « un être »].
d) Dans certaines régions (malm.) tos / totes sont utilisés comme synonymes de tertos
/tertotes (cette forme était plus répandue anciennement) :
6.12. LES PRONOMS INDÉFINIS 151
– nos nd îrans nos tos ou nos nd îrans nos-ôtes tertos (nous partirons tous) ; vos
vénroz vos tos ou vos vénroz vos-ôtes tertos (vous viendrez tous) ; divins totes
zeles ou divins zeles tertotes (parmi elles) ; i djhint tos ki. . . ou, plus couram-
ment, i djhint tertos qui. . . (tous disaient que. . .)
e) Employé comme sujet, tertos est souvent remplacé par un pronom sujet et rejeté en
fin de proposition :
– tertotes ont vnou ou elle ont vnou tertotes (toutes sont venues ou elles sont
toutes venues)
f) Le pronom åk (quelque chose) peut se combiner avec les adverbes pus, waire et
beacôp :
– les cinsîs n’ ont waire åk siconte des tchevreus (les fermiers n’ont pas grand
chose à reprocher aux chevreuils)
Ex. lit. :
– SW : C’èst bin damadje qu’ i gn è nin d’ pus yauk quu ça (...) (L. MAHIN, Bauke
1, p. 19)
g) Les expressions n-on l’ ôte ou onk l’ ôte sont utilisées au sens de « l’un l’autre ».
– nos estins a cwate a costé d’ n-on l’ ôte ou nos estins a cwate a costé onk di
l’ ôte (nous étions à quatre l’un à côté de l’autre)
Il arrive aussi qu’on utilise la même tournure qu’en français (l’) onk + prép. + l’ ôte.
Ex. lit. :
– CW : Mins i l’zî faleut bin vikè : is s’ont brostè n-on l’ôte o l’ place (...). (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
– OW : (...) on lès sinteut èy’ on tourneut à ça d’ l’une l’ôte (...). (L. POLLEN, DTW,
t. 16, 1988, p. 51) - (...) on-èsteut à quate à costè yin d’ l’ôte èyèt on s’édeut yin
l’ôte ! (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 57)
– EW : Is ravisèt dès èfants assious so ’ne plèce, èt qui s’ dihèt l’onk à l’ôte : (...).
(Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 110) - (...) çou qu’èlzès deût miner a s’kidûre
onk’ po l’ôte tot come dès frés. (Dèclaråcion 2, art. 1)
152 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
Chapitre 7
153
154 CHAPITRE 7. LES CHIFFRES ET LES NOMBRES
22 vint-deus
23 vint-troes
24 vint-cwate
25 vint-cénk
26 vint-chîjh
27 vint-set
28 vint-hût
29 vint-noûv
30 trinte
40 cwarante (∼ carante)
50 céncwante (∼ cincante)
60 swessante
70 septante
80 cwatrè-vint (∼ catrè-vint)
90 nonante
100 cint
1 000 000 milion (∼ miyon, carol.)
1000 meye (∼ mile)
1 000 000 000 miliård (∼ miyârd)
Emploi
131. a) Devant un mot d’une syllabe commençant par une voyelle, cwate (∼ cate) devient
cwatre (∼ catre) :
– cwatre omes, cwatre ous (quatre hommes, quatre œufs).
De même, devant un mot d’une syllabe commençant par une voyelle, catwaze (∼ ca-
tôze) devient :
– catwarze omes (quatorze hommes).
b) Dans la plupart des dialectes, on ne prononce pas les consonnes finales de shîjh,
dîjh, hût et vint quand ces numéraux sont utilisés comme déterminants et suivis d’une
consonne :
– shîjh bateas (prononcé sî ou chî ou, plus rarement chîj, sîh) (six bateaux) ; dîjh
fignesses (prononcé dî ou, plus rarement, dîj, dîh) (dix fenêtres) ; dj’ a veyou hût
djins (prononcé û, yû mais brab. yut’ djins) mais i gn aveut hût (prononcé yût, ût’,
etc.)
Cette alternance est identique à celle du français. L’orthographe normalisée, comme
l’orthographe française, ne note pas cette alternance ; dans le système de transcr. pho-
nétique Feller le fait généralement.
c) Certains cardinaux peuvent s’employer avec la lettre de liaison z devant voyelle. Il
s’agit de cwate, set, hût, vint et cint :
– inte cwate-z ouys (entre quatre yeux) ; les set-z ôtes (les sept autres) ; gn a hût-
z åbes (huit arbres) ; il estint noûv-z efants (ils étaient neuf enfants) ; vint-z åbes
(vingt arbres) ; i gn aveut cint-z omes (il y avait cent hommes)
7.2. LES ORDINAUX 155
Autres formes
Nam. parfois suffixe -yin.me à côté de -inme) : deûzyinme, trwèzyinme, etc. dérin, dé-
rène.
Liég. : prumîr.
Brab. : prëmi, prëmëne.
Carol. : preume, preumî, puis terminaisons en -yème : deûzième, twèzième, etc. dérin,
dérène.
Bast. : purmî, puis terminaison en -ime : deûzime, trwazime, etc. dièrin, dièrinne.
– ci n’ esteut k’ ene fleur avårla (il y a avait énormément de fleurs, les fleurs étaient
si nombreuses qu’elles semblaient n’en former qu’une) ; ci n’ esteût k’ ene plåye
di tot s’ coir (il était couvert de plaies)
b) L’approximation s’indique en ajoutant le suffixe -inne (∼ OW : -ène ; malm. -éne)
à un nombre :
– ene deuzinne (une paire), ene troezinne (environ trois), ene cwatrinne (environ
quatre), ene cénkinne (environ cinq), ene shîjhinne (environ six), ene setinne
(environ sept), ene hutinne (une huitaine), ene noûvinne, ene dîjhinne. . . on cint
ou ene cintinne (une centaine), on meye (∼ on mile) (un millier)
Ex. lit. :
– OW : Après çoulà, I vos roûle ène quatrène di gros boudins : deûs grands pou fér
lès djambes, deûs p’tits pou fér lès bras. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 11)
c) On cint peut s’utiliser pour ene cintinne. On meye (∼ mile) signifie « un millier ».
Ex. lit. :
– EW : Enn’a-t-i fêt fusilier ossi dès cints èt dès cints djins. (R. PRIGNEAUX,
Scrîre, p. 185)
– OW : I gn’a d’çoulà dès mile èt dès mile ans, gn’aveut pont d’Tère, pont d’ârbes,
pont d’fleûrs, pont d’mouchons, pont d’pèchons, pont d’bièsses, pont d’djins. (E.-
J. PIRET, Extraits, p. 7)
d) L’approximation s’indique aussi par des chiffres accolés :
– deûs troes (deux ou trois), troes cwate (trois ou quatre), cénk shîjh (cinq ou six),
etc.
Ex. lit. :
– CW : Lès pids n’alin’ ni jësk’ô fond ; n-avot co sèt’, yu çantëmètes. (J.-J. GA-
ZIAUX, Lessive, p. 36) - (...) pace quë lès lénçous, on ’nn’ arot soyë bouter qu’onk
al fîye ’su mettre qu’un à la fois’ avou deûs, trwès p’tëtès lokes. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 76)
– OW : Cénq’ chîs cints mètes pus lon, au bôrd dè l’ mér, Jésus (...) veut v’ni di
s’ costè èn-ome bé r’nipè (...). (E.-J. PIRET, Extraits, p. 67)
e) Avec des adverbes et des prépositions :
– dins ou divins les 200, åtoû di 200, vè ou aviè ou dèviè les 200, a pô près 200,
inviron 200, 200 ou avårla (environ 200) ; 30 èt des ans, 30 ans eyèt co (d’) pus,
di pus di 30 ans (plus de 30 ans) ; i n’ est nén a l’ après di 200 francs (il n’est
pas à 200 francs près)
f) Certains nombres ont en eux-mêmes la valeur d’une grande quantité approximative :
– djel a veyou trinte-shîjh côps ; djel a veyou co traze côps ; djel a veyou (co)
cint feyes (je l’ai vu trente-six fois, de nombreuses fois)
Ex. lit. :
– EW : L’arèdjèye bièsse rataque ci bièsse di djeû-la co traze èt co traze côps. (J.
WARNIER, Scrîre, p. 224) - Èt Zanzan ’nnè rala, si r’toûrnant co traze fèyes po
fé balter s’ min come sègne d’adiè à s’ vî camaråde... (MITTEI, Zanzan, p. 11)
– SW : (...) èt s’ caraco, qu’a stî r’lavè èt rapîcetè co trâze èt co trâze côps, a pris
l’ coleûr d’on ciél dès pus bês djoûs d’èstè. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 133)
7.4. ARITHMÉTIQUE FONDAMENTALE 157
Les verbes
8.1 L’infinitif
138. Cinq modèles de verbes réguliers sont présentés ici suivant leur terminaison à l’infi-
nitif. Les autres verbes peuvent former de petits groupes ou sont souvent irréguliers.
Ils font l’objet de pages particulières. À plus d’un égard, cette répartition est arbi-
traire : dans certaines régions, les verbes des trois premiers groupes se distinguent peu ;
dans d’autres, des verbes rassemblés ici dans une même catégorie ont des paradigmes
distincts. C’est pourquoi il ne faut pas considérer les verbes qui suivent comme des
catégories dans lesquelles entreraient tous les autres, mais plutôt comme des modèles
courants.
Modèle tchanter
139. Il s’agit des verbes en -er : tchanter (chanter), viker (vivre), pinser (penser). . .
Variantes
Modèle candjî
140. Il s’agit des verbes en -î : candjî (changer), bodjî (bouger), flayî (frapper). . .
1. ALW I, 77 (« porter »), 80 (« puiser »), 89 (« scier »), II, 76 (« acheter »), 78 (« coucher »).
159
160 CHAPITRE 8. LES VERBES
Variantes
Modèle netyî
141. Il s’agit des verbes en -yî : netyî (nettoyer), s(i)tudyî (étudier), bwestyî (boiter), mawyî
(mâcher). . .
Variantes
Modèle fini
142. Verbes en -i : fini (finir), pårti (partager), flåwi (faiblir), rimpli (remplir). . .
Variantes
Brab. : fënë.
Modèle mete
143. Verbes en -e : code (cueillir), mete (mettre), dîre (dire), s(i)påde (répandre). . .
Il existe une tendance sporadique à utiliser des verbes dépourvus de toute marque de
l’infinitif.
– sinte pour sinti ; abache pour abaxhî ; tape pour taper ; wåde pour wårder ; pwate
pour poirter ; rawåde pour rawårder ; paye pour payî, etc.
Cette tendance est relativement plus forte en bast. et en malm.
8.2. L’INDICATIF PRÉSENT 161
dji tchant-e
ti tchant-es
i tchant-e
nos tchant-ans
vos tchant-ez
i tchant-èt
Formes régionales
Autres formes
Autres variantes : en EW, certains verbes des premier et deuxième groupes peuvent
prendre une finale sonore -êye au singulier au lieu d’un -e muet : barloker → dji barloke
ou dji barlokêye (je vacille).
dji candj-e
ti candj-es
i candj-e
nos candj-ans
vos candj-îz
i candj-èt
Formes régionales
Autres formes
Comme dans le groupe précédent, la 2e personne du pluriel utilise -îz dans les formes
de référence, comme en EW et CW. 5
dji net-eye
ti net-eyes
i net-eye
nos net-ians
vos net-yîz
i net-ièt
Formes régionales
Autres formes
dji fini
ti fini-s
i fini-t
nos finixh-ans
vos finixh-oz
i finixh-èt
Formes régionales
Autres formes
148. La principale variable est que la consonne du radical se prononce au sing. dans certains
verbes en EW.
dji met
ti met-s
i met
nos met-ans
vos met-oz
i met-èt
8.3. L’INDICATIF FUTUR 165
Formes régionales
Autres formes
Formes de référence
149. Ce temps est construit sur la forme de la 1e personne du présent de l’indicatif présent.
Les finales sont identiques pour tous les groupes. Les désinences types présentées ici
sont celles de l’EW et du CW. Pour la 2e personne du pluriel, la désinence -oz est celle
du CW, du nord du SW et de l’est de l’EW. 7
dji tchant-rè
ti tchant-rès
i tchant-rè
nos tchant-rans
vos tchant-roz
i tchant-ront
7. ALW II, 105 (« je dirai »), 106 (« il sera »), 107 (« vous aurez »).
166 CHAPITRE 8. LES VERBES
Formes régionales
Autres formes
8. ALW II, 108 (« il passait »), 109 (« j’étais »), 110 (« nous savions »), 111 (« vous veniez »), 112 (« ils
devaient »).
8.4. L’INDICATIF IMPARFAIT 167
dji tchant-éve
ti tchant-éves
i tchant-éve
nos tchant-éns
vos tchant-îz
i tchant-ént
Formes régionales
Autres formes
151. Les désinences de type -îve sont utilisées au singulier avec les verbes en -î.
168 CHAPITRE 8. LES VERBES
dji candj-îve
ti candj-îves
i candj-îve
nos candj-éns
vos candj-îz
i candj-ént
Autres formes
Seul le liég. et une partie du brab. ont des formes spéciales, uniquement au singulier,
pour les verbes de ce modèle : dji candjîve, ti candjîves, i candjîve. Brab. : dji candjive,
ti candjives, i candjive. . .
Pour le pluriel et les autres variantes : voir modèle tchanter.
dji met-eu
ti met-eus
i met-eut
nos met-éns
vos met-îz
i met-ént
Autres formes
Seul le liég. et le brab. ont des formes spéciales, uniquement au singulier, pour les
verbes de ce modèle (ce sont les mêmes que pour les verbes du modèle tchanter) : dji
mètéve, ti mètéves, i mètéve.
Pour le pluriel et les autres variantes : voir modèle tchanter.
En liég., les verbes plaire (plaire) et taire (taire) ont, au singulier, des finales en -îve :
dji plêhîve, i s’ têhîve.
En liég., les verbes auxiliaires ont, au singulier, des finales en -eû : dj’ aveû, t’ aveûs,
il aveût ; dj’ èsteû, t’ èsteûs, il èsteût.
8.5. L’INDICATIF PASSÉ SIMPLE 169
dji tchant-a
ti tchant-as
i tchant-a
nos tchant-îs
vos tchant-îz
i tchant-ît
Autres types de verbes : ti candjas, ele netia, nos finixhîs, dji meta. . .
Autres formes
En bordure ouest et sud de l’EW, le passé simple singulier se conjugue avec la finale
-i : dji tchanti, to bodjis, i mètit, etc. A l’est du malm. subsiste une flexion particulière
-ont pour la 3e pers. du plur. : i tchantont (ils chantèrent)
Variantes
a) Tous les verbes peuvent se conjuguer régulièrement avec la racine du participe
présent et les terminaisons reprises ci-dessus. Néanmoins, pour certains verbes, les
formes régulières cohabitent avec des formes irrégulières :
– dji djha (je dis) ou dji deri
– dj’ esta (je fus) ou dji fouri ou dji fou
– dj’ ava (j’eus) ou dj’ ouri ou dj’ ou
b) Au singulier, le malm. a pour de nombreux verbes des finales en -ve :
– i vola (il voulut) ou i vôve
– ele vina (elle vint) ou ele vénve
– dji divna (je devins) ou dji dvénve
– on pola (on put) ou on pôve
En ancien wallon, ces formes en -ve s’étendaient jusqu’en namurois ; au 17e s.,
elles existaient encore dans la région liégeoise. Les textes liégeois de cette époque
font d’ailleurs apparaître les trois formes régulières : -a, -i et -ve.
Emploi
154. a) Ce temps n’est plus vivant qu’en EW. Anciennement, il existait également ailleurs :
en CW, par exemple, on le trouve encore dans des textes du 19e siècle. Mais à présent,
il est toujours remplacé par le passé composé en OW, CW et SW. Il existe encore
sporadiquement en SW.
9. ALW II, 114 (« il tomba »).
170 CHAPITRE 8. LES VERBES
b) En liég., les finales du passé simple pluriel sont identiques aux finales de l’imparfait
pluriel.
ki dji tchant-e
ki ti tchant-es
k’ i tchant-e
ki nos tchant-anxhe
ki vos tchant-éxhe
k’ i tchant-exhe
Formes régionales
10. ALW II, 115 (« qu’il vienne »), 116 (« que ça finisse »), 117 (« que nous rendions »), 118 (« que vous
finissiez »), 119 (« qu’elles gèlent »), 120 (« que j’aie »), 121 (« qu’ils soient »).
8.7. LE SUBJONCTIF IMPARFAIT 171
Autres formes
EW : nos tchantanhe (partout sauf liég.) ou nos tchantonhe (condr.) ; vos tchantéhe
(verv., hesb.) ou vos tchantohe (malm., Ardenne) ; i tchantèhe (partout sauf liég.).
Liég. : les verbes du modèle mète prennent souvent une finale caractéristique en -se :
dji vou qu’ i rèsponse (je veux qu’il réponde).
CW : i tchantnèche (brab.).
Brab. : les verbes du modèle fini et mète prennent souvent une finale caractéristique en
-ye : ë fôt quë djë finîye, qu’ ë dëstén.ye (qu’il déteigne), etc.
OW : Charleroi (en plus des formes de ci-dessus) : nos tchantîche, vos tchantîche, i
tchantîche.
Centre : nos cantisse, vos cantisse, i canttè.
Niv. : nos tchantonche, vos tchantiche / -isse, i tchantonche.
Entre Charleroi et le Centre : nos tchante, vos tchante, i tchante.
ESM : nos tchantinche, vos tchantîche, i tchantinche - ESM : vos tchantèche.
Verbes du modèle fini : què d’ finichisse (Centre), qu’i finisse (niv.).
SW : chestr. : dju tchante ou dju tchanteûche ou dju tchantiche, to tchantes ou to tchan-
teûches ou to tchantiches, i tchante ou i tchanteûche ou i tchantiche, dju tchantinche,
vos tchantîche, i tchantinche ou i tchantièche.
Fam. : nos tchantanche, vos tchantéche ou vos tchantoche.
Emploi
156. a) Peut être employé seul dans une phrase marquant un ordre, un souhait :
– k’ on n’ mi cåze pus d’ leye ! (qu’on ne me parle plus d’elle !) ; seuye-t i dit
sins v’ blessî, vos estoz on fameus londjin ! (soit dit sans vous blesser, vous êtes
fameusement lent !)
– Ex. lit. EW : Qu’ i s’ dèye qu’ après l’ iviér, vo-r’chal l’ osté (. . .). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 83)
b) Peut être employé dans diverses subordonnées, p. ex. d’hypothèse (voir p. 243 ; voir
aussi La concordance des temps, p. 8.14).
Ex. lit. :
– Chaskeun’, seûy-t-i ome ou feume, pout fé valeûr tos lès dreûts èt totes lès lîbèrtés
(. . .) (Dèclaråcion 2, art. 2) [Ici, on peut envisager de traduire : « Chacun, qu’il soit
homme ou femme. . . », plutôt que de considérer seûye-t i. . . ou comme une conj.
de coord.].
en tout cas pas réservé à la langue écrite et n’est pas ressenti comme bizarre dans une
conversation normale.
Les formes types présentées ici sont celles qui dérivent du passé simple, complétées par
la marque la plus fréquente du subjonctif, soit xh (ch ∼ h). Elles sont plutôt typiques
de l’EW ; au pluriel, par contre, ce sont des formes largement utilisées partout.
Les désinences sont identiques pour tous les verbes. 11
Formes de référence
ki dji tchant-axhe
ki ti tchant-axhes
k’ i tchant-axhe
ki nos tchant-énxhe
ki vos tchant-îxhe
k’ i tchant-énxhe
Formes régionales
Autres formes
EW, liég. : qui nos tchantahîse, qui vos tchantahîse, qu’ i tchantahîse.
CW, brab. : djë tchantëche, nos tchantëchine.
OW : què djè tchantiche (niv.), què djè tchanteûche.
Variantes
Les formes du subjonctif imparfait dérivent directement de celles de l’indicatif passé
simple. Comme il existe des couples forme régulière / forme irrégulière à l’indicatif
passé simple, il existe de tels couples au subjonctif imparfait :
– i faleut ki dji derisse ou ki dji dijhaxhe (il fallait que je dise / dît)
– i faleut ki dj’ estaxhe ou ki dji fouxhe (∼ fuche) ou fourixhe (∼ fouriche) (il
fallait que je sois / fût)
11. ALW II, 122 (« qu’il fût »).
8.8. LE CONDITIONNEL PRÉSENT 173
– i faleut ki dj’ euxhe ou ki dj’ avaxhe ou ki dj’ ouxhe (∼ uche) (il fallait que j’aie
/ eusse)
Emploi
158. a) Dans une subordonnée, il marque une antériorité par rapport à un moment passé (v.
concordance des temps, p. 179).
b) Il peut être utilisé seul comme irréel du passé :
– i n’ ouxhe pus gripé so èn åbe po tot l’ ôr do monde (il ne serait plus grimpé
sur un arbre pour tout l’or du monde)
c) Il peut être utilisé dans une subordonnée d’hypothèse, après un si (surtout en EW).
Ex. lit. :
– EW : S’on avasse avu sogne, è francès, dè djouwer Ionesco d’vant ’ne pougnêye
di djins, i n’ sèreût nin oûy on classique. (M. SLANGEN, Djåzans, p. 1, 9/95)
(Si l’on avait eu peur, en français, de jouer Ionesco devant une poignée de gens,
aujourd’hui, il ne serait pas un classique).
dji tchant-reu
ti tchant-reus
i tchant-reut
nos tchant-réns
vos tchant-rîz
i tchant-rént
Formes régionales
Autres formes
Emploi
160. a) Employé seul, le conditionnel a une valeur de supposition, d’hypothèse :
– i ploût a saeyeas, on n’ tchesreut nén on tchén a l’ ouxh (il pleut à seaux, on ne
chasserait pas un chien dehors) ; dji dmandreu l’ dobe k’ i m’ l’ acatrént co (je
demanderais le double qu’ils me l’achèteraient quand même)
Ex. lit. :
– EW : Tos l’s ôtes si r’sètcherît-is èrî d’ vos, lu n’ vis lêrè nin là (. . .). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 80)
b) Le conditionnel employé seul, peut aussi marquer un désir :
– Ex. lit. CW : Dji sèreus voltî saqwants-eûres pus vî. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 27)
c) Utilisé ici dans une formule toute faite, avec valeur d’irréel :
– Ex. lit. CW : Dji dôreu tot ç’ qui ç’ sèreut po sèpe one pitite saqwè. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 27)
d) Dans ni sereut ç’ ki (ne serait-ce que, ne fût-ce que) :
– Ex. lit. EW : (. . .) mins qwand Jèzus v’ dit n’ sèreût-ç’ qu’ ine seûle parole, vos
r’sintez ’ne grande djôye. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 81)
Autres formes
Emploi
162. L’impératif peut être répété afin de marquer le caractère intense et répétitif de l’action :
– Avou leye, c’ est todi frote et frote ! (= elle n’arrête pas de nettoyer)
Emploi
164. a) Le gérondif se construit avec le participe présent précédé de e, a, tot, e tot ou tot
e:
– i racontéve çoula tot djipant (il racontait cela en riant)
Ex. lit. :
– CW : [One langue] C’è-st-on moyin d’ fé conèche sès-idéyes à d’s-ôtes è s’ sièr-
vant d’ mots ou d’ sines qui sont compris paus mimbes d’on groupe di djins (. . .)
(R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
Sous l’influence du français, on utilise aussi la forme an.
Tot peut s’élider en t’t, voire se réduire à t- (voir p. 209).
b) Le participe présent du verbe esse (estant parfois d’ estant) est utilisé au sens
« quand », « à l’époque où » :
– estant efant, dj’ aléve sovint al trake avou m’ pa (quand j’étais enfant, j’allais
souvent à la chasse avec mon père) ; dji l’ a veyou estant sol soû (je l’ai vu alors
que j’étais sur le seuil)
est présentée ici comme forme type : elle est aujourd’hui beaucoup moins courante que
les formes en -u (CW, OW, SW) mais représente une évolution (ou plutôt une absence
d’évolution) originale et typique du wallon.
Pour la même raison, la forme -eye est présentée comme forme de référence pour le
participe passé féminin des verbes en -î. Comme c’est la forme masculine de Liège qui
est donnée comme forme type du masculin, c’est aussi la forme liégeoise -owe qui est
donnée comme forme type pour le féminin, quoiqu’elle soit moins courante que -uwe
et sa variante -euwe. 14
tchant-é / -eye candj-î / -eye net-yî / -ieye fini / -eye met-ou / -owe
Formes régionales
Autres formes
b) L’auxiliaire est toujours aveur (même dans les cas où, en français, on aurait l’auxi-
liaire être) :
– elle a toumé (elle est tombée) ; il aveut vnou (il était venu) ; il a morou dvant-ir
(il est mort avant-hier) ; dji m’ a bén plait (je me suis bien plu) ; ça s’ a csemé
(cela s’est répandu)
Ex. lit. :
– SW : Lès pus arèdjès s’ôrint ktwardu l’ rèslî si on l’s-éve vlu choûtè. (J. BILY,
Singuliers, 2/1998, p. 4)
– EW : Et come ine grande flouhe s’aveût rassonlé, èt qu’on-z-acoréve foû dès vèyes
vèrs lu, Jésus dèrit ’ne fåve. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 112)
– OW : (. . .) lès bièsses ont arivè come si èles sôrtént d’tère. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 9) - Gn’aveut ni scole ni Maîsse di scole quand il a v’nu su l’ Têre. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 12) - Çu qu’èst sûr èt cèrtin, c’èst qu’in bia djoû, l’ diâle, (. . .) s’a stî
racwètiyi dins lès couches dou peumî disfindu. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 17)
– A on momint, lès bâtimints di Nameur ont div’nu trop strwèts. (Chwès, Libramont,
p. 53)
Sous l’influence du français, il existe une tendance à remplacer l’auxiliaire aveur par
l’auxiliaire esse dans les cas où le français utilise l’auxiliaire être. Ces tournures sont
encore le plus souvent considérées comme fautives :
– dji m’ so bén plait (je me suis bien amusé) pour dji m’ a bén plait ; il est moirt
an 1950 (il est mort en 1950) pour il a morou e 1950
Ex. lit. :
– OW : Mam’zèle Chôse è-st-arivéye dimèrer roci, mon di s’ mononke, tout d’chûde
après qu’il a stî veuf. (H. VAN CUTSEM, Chôse, p. 11)
c) Une phrase utilisant un participe passé employé avec l’auxiliaire esse est pourtant
possible ; il s’agit toujours d’un verbe de mouvement ; la phrase dénote toujours le
résultat présent d’une action passée :
– il est tcheyou (il est par terre) et il a tcheyou (il est tombé) ; il a morou ayir (il
est mort hier) et il est moirt (je constate maintenant qu’il est mort) ; il est vnou
(le voilà) et il a vnou (il vint)
d) Le participe passé employé avec aveur est toujours invariable (alors qu’il s’accorde,
en français, avec le complément d’objet direct qui le précède) :
– les biokes ki dj’ a mougnî (les prunes que j’ai mangées) ; djels a veyou (je les ai
vues)
Ex. lit. :
– EW : L’istwêre, insi k’ Colas m’ l’a conté, vinrè, bâbe-a-bâbe, après lès présin-
tacions. (S. FONTAINE, Colas, p. 1) - C’èst-ine gråce qui l’ Signeûr m’a fait,
178 CHAPITRE 8. LES VERBES
li djoû wice qu’i m’a loukî po rafacer m’ honte avå lès omes. (J. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 81)
– OW : Simone, si djon.ne feume, èst téle qui l’ Bon Dieu l’a faît. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 56)
Emploi
167. a) Le conditionnel passé composé seul à une valeur d’irréel du présent :
– il åreut stî binåjhe, di vey çoula (il aurait été heureux de voir ça)
b) L’indicatif futur antérieur utilisé seul à une valeur d’hypothèse.
Ex. lit. :
– CW : On djoû, qu’i r’lèveut aus bricoles ou au bac à lumiére, il aurè soflè l’ gârde,
pwis èvôye aus cint diâles èt co pus lon. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 23). [Un
jour qu’il braconnait aux pièges ou au bac à lumière, il aura tué le garde-chasse et
puis, en route, au cent diables !]
– EW : Dju vou bin wadjî qu’ c’èst l’ grosse Fifine qu’årè fêt d’ sès-êrs. . . (A.
SOUGNEZ, Scrîre, p. 204) [Je veux bien parier que c’est la grosse Séraphine qui
aura fait de ses airs]
Emploi
169. a) La valeur normale d’un temps surcomposé est de marquer une antériorité par rap-
port à un autre moment (voir La concordance des temps, p. 179). Ex. lit. :
– SW : Lès moncês qu’i gn-a d’ cès vîyès lètes, di cès vîs papîs, qu’on z-a brûlè
pa bans’léyes o corti dès Ma-tantes quand on z-a yu minè l’ dêrainne di zèles al
cimintiére ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 132)
– CW : Quand il a yeû scafyi si prumîre trintche, il a longtimps massyi èt r’massyi si
dérène goléye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17) - ç’a sti p’ôjë ’plus facile’ cand
on-n-a yë bouté one pompe dëssës l’ cëtèrne. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 45)
8.14. LA CONCORDANCE DES TEMPS 179
Simultanéité et postériorité
Ex. lit. :
– OW : Nos vos donerans dès blancs-mouchîs / Pou qui l’ frèdeû n’ seûche vos picî.
(H. PETREZ, Fauves IV, p. 14-15)
– EW : Tos l’s ôtes si r’sètcherît-is èrî d’ vos, lu n’ vis lêrè nin là èt n’ pèrmètrè måy
qui vos pèrihéz’. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 80)
Ex. lit. :
– SW : (. . .) èle s’arète, ritire li mètche avou one èpingue po qui l’ flame vaye pus
reû. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 31)
– EW : I n’ fåt nin qui cès bôrias-là gågnèche li guêre ! (R. PRIGNEAUX, Scrîre,
p. 185) - Rawårdez qu’ vosse papa seûye chal ! (MITTEI, Zanzan, p. 11) - I fåt
bin, vôye non vôye, qui vos qwitéz’ on djoû tot l’ monde. (J. BOSLY, Imitåcion,
p. 80)
– OW : Dji vous qu’fèye clér ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 7) - (. . .) dji n’ mèrite pus
qu’ vos m’ lomèche vo fi. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 63)
180 CHAPITRE 8. LES VERBES
Antériorité
Inchoatif (commencer à)
173. – elle apougne a-z ovrer (elle commence à travailler) ; il atake a ploure (il com-
mence à pleuvoir) ; i s’ a peté a tchoûler (il s’est mis à pleurer) ; i s’ a metou a
boerler (il s’est mis à hurler) ; i cmince a danser (il commence à danser), etc.
Changement d’état
174. Le wallon peut exprimer le changement d’état d’une personne en utilisant avec un pro-
nom réfléchi un verbe normalement non réfléchi ; ce verbe est suivi d’un complément
d’objet ou d’un adverbe (ou adjectif utilisé comme adverbe) :
184 CHAPITRE 8. LES VERBES
– si cori les djambes foû do cou (courir à toutes jambes, lit. se courir les jambes
hors du derrière) ; s’ ovrer moirt (se tuer à l’ouvrage, lit. se travailler mort) ; dji
m’ a corou moirt après lu (je me suis épuisé à le poursuivre, lit. je me suis couru
mort après lui) ; i s’ a foumyî evoye (il s’est tué en fumant, lit. il s’est fumé parti) ;
i n’ si fåt nén studyî malåde (il ne faut pas se rendre malade à force d’étudier, lit.
il ne faut pas s’étudier malade)
Ex. lit. :
– EW : Li coquemâre si sofeule mwète po l’ bûze. . . (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
Passé récent
175. Le passé récent s’exprime par vini di / do (∼ dè, du) :
– i vént di passer (il vient de passer) ; i vént do passer
Futur proche
176. a) Le futur proche s’exprime par les verbes aler :
– dj’ alans nd aler (nous allons partir)
b) Il peut s’exprimer par le verbe voleur (fait incertain) :
– i vout ploure (on dirait qu’il va pleuvoir, le temps est à la pluie)
c) Il peut s’exprimer par les locutions esse po, esse sol pî di, esse sol pont di (être sur
le point de) :
– nos estins po pårti (nous étions sur le point de partir) ; vos estoz sol pî d’ evoler
(vous êtes sur le point de vous envoler)
– Ex. lit. EW : Mins on centurion aveût on chèrviteûr malåde qu’èsteût so l’ pont
dè mori (. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 107)
Complément d’agent
178. Le complément d’agent est introduit par di ou pa (∼ liég. : par) (ou leurs allomorphes
pal, på, påzès et do, des) :
– dj’ a stî veyou pa les ∼ pås ∼ påzès ∼ des djindåres (j’ai été vu par les gen-
darmes) ; elle åreut-st avou stî tchanteye des cmeres (elle eut été chantée par les
femmes) ; ele serè dite di nosse man (elle sera dite par ma mère)
8.17. AVEUR 185
Accord
179. Le participe passé employé avec esse s’accorde avec le sujet :
– ele serè co seur disputeye di s’ mame (elle sera sûrement encore engueulée par
sa mère)
Un emploi particulier
180. A remarquer, cette construction passive (entre parenthèses) dont je n’ai trouvé qu’un
seul exemple :
– Ex. lit. CW : On nos-a mostré ’montré’ (ou n’avans sti mostréyes) comint ç’ quë
nos d’vin’ fé po lâver. (GAZIAUX, Lessive, p. 6).
8.17 Aveur
Formes de référence
181. Formes les plus courantes : 15
15. ALW II, 82 (« avoir »), 83 (« eu »), 92 (« j’ai »), 95 (« nous avons »), 102 (« vous avez »), 107 (« vous
aurez »), 113 (« j’aurais »), 120 (« que j’aie »).
186 CHAPITRE 8. LES VERBES
Variantes en EW
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Liég. subj. imp. En plus des formes ci-dessus : dj’ avahe, etc. ou dj’ eûrihe, etc. ou
dj’ eûhe, etc.
8.17. AVEUR 187
Nam. : awè
Variantes en CW
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : oyu, oyë, yë (brab.)
Ind. imp. : dj’ avo ou dj’ aveû (brab.)
Cond. pr. : dj’ aro ou dj’ areû (brab.)
Subj. pr. : dj’ eûye (nam.)
Part. pas. : oyu (brab.)
188 CHAPITRE 8. LES VERBES
Carol. : awè
Variantes en OW
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : avwêr (niv.) ou avoû (Centre)
Ind. fut. : dj’ âré, t’ âras, il âra, etc. (Genappe)
Cond. pr. : dj’ âreu, t’ âreus, il âreut, nos âreune, vos ârîz, is âreune (Genappe)
Subj. pr. : dj’ eûsse (Centre)
Imp. pr. : eûche, eûchons, eûchîz (niv.)
Bast. : avèr
Variantes en SW
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : awèr (Lesse), avwâr (chestr.)
Ind. pr. : dj’ ans [= nos avans] (Lesse, chestr.), vos av (fam.), vos ôz (chestr., Lesse), il
ant (chestr.)
Ind. imp. : dj’ éve, t’ éves, il éve (fam.)
Subj. pr. : dj’ ûche, dj’ oyinche, vos-oyîche, il oyinche (Lesse) ; dj’ avîche ou dj’ aveûche
(chestr.)
Part. pas. : yu (fam.), oyu (chestr.)
8.18 Esse
Formes de référence
182. Formes les plus fréquentes : 16
16. ALW II, 84 (« être »), 85 (« été »), 93 (« je suis »), 96 (« nous sommes »), 103 (« vous êtes »), 106 (« il
sera »), 109 (« j’étais »), 121 (« qu’il soit »), 122 (« qu’il fût »).
190 CHAPITRE 8. LES VERBES
Liég. : èsse
Variantes en EW
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Ind. passé simple : dji fou, ti fous, i fout ou dji fouri, ti fouris, i fourit.
Subj. imp. : dji fouh ou dji fourih ou dj’ èstahe ou dji sèyasse.
Part. pas. : s(i)tou (condr.), s(u)tou (malm.).
Nam. : yèsse
Variantes en CW
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : oyu, oyë
Ind. imp. : dj’èsto ou dj’èsteû (brab.)
Subj. imp. : dj’èstëche (brab.)
Part. pas. : s(ë)ti (brab.)
192 CHAPITRE 8. LES VERBES
Carol. : yèsse
Variantes en OW
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Ind. pr. : djè sû, djè seû (ESM) ; nos-astons (partout)
Ind. imp. : nos astine. . . ou nos stine, vos stîz, i stine (niv.) ; nos asteune, vos astîz, is
asteune (Genappe)
Ind. fut. : djè s(â)ré ou djè sèré, etc.
Cond. : djè sèreu, etc.
Subj. imp. : dji seûche (niv.)
Imp. pr. : seûche ou fuche (niv.)
Part. pas. : sté (Centre, niv.)
8.19. LES VERBES RÉGULIÈREMENT IRRÉGULIERS 193
Bast. : sèye
Variantes en SW
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : yèsse
Ind. pr. : dju si (Lesse) ; dj’ astans (Lesse) ou dju sans (Lesse, chestr.) ; i sant (chestr.)
Subj. pr. : dju soye ; dju soyinche (Lesse, fam.) ou dju seûche ( ?)
Part. pr. : s(u)tu (chestr.)
˚mostre, dji ˚shofle, dji ˚tcherdje, dji ˚doirme, dj’ ˚intre, etc.), ce qui n’est pas permis
par la phonologie de la langue. Les temps concernés sont l’indicatif présent singulier, le
subjonctif présent singulier, l’impératif présent singulier, l’indicatif futur et le conditionnel présent.
Trois solutions existent alors :
– L’insertion d’une voyelle épenthétique entre les deux consonnes finales (le plus
souvent e) ;
– Le remplacement de la terminaison « zéro » par une terminaison réelle (le plus
souvent -êye ou -eye) ;
– La simplification du groupe consonantique final (chute d’une des deux consonnes).
Les verbes dont le radical se termine par consonne + -rer, -ler ou -ner intercalent une
voyelle épenthétique è (nam. et liég. devant l), eû (liég. devant r), eu (verv. devant l), i
(bast., dans certains verbes) ou u (SW) entre les deux consonnes. La forme de référénce
est e dans tous les cas :
– mostrer (montrer) : dji mostere ( ∼ dji mostère, -ure, -eûre), dji mosterrè, dji
mosterreu, ki dji mostere, mostere ! ; shofler (souffler) : dji shofele, dji sho-
felrè, dji shofelreu, ki dji shofele, shofele ! ; cûtner (cuisiner) : dji cûtene, dji
cûtenrè, dji cûtenreu, ki dji cûtene, cûtene !
Mais aux personnes et aux temps non cités ci-dessus, les formes sont régulières :
– nos mostrans, dji mostréve, dji mostra, ki nos mostranxhe, mostrans. . . ; nos
shoflans, dji shofléve, dji shofla, ki dji shoflaxhe, shoflans, shoflé. . .
Les verbes en consonne + -ter, -ler, -ner, -der, -ker changent leur finale -e (muette) en
-êye [prononciation : éye, êye, èye] :
– disfoyter (effeuiller) : dji disfoytêye, nos disfoytans, dji disfoytêyrè, nos disfoy-
têyrans, dji disfoytêyreu, nos disfoytêyréns, ki dji disfoytêye, ki nos disfoytan-
xhe, disfoytêye lu
C’est également le cas, entre autres, pour les verbes : djonnler (mettre bas), abwesner
(formatter), abotner (boutonner), brozder (broder), werker (trimer). . .
Remarque : en EW, de nombreux verbes réguliers des deux premiers groupes peuvent
prendre une finale -êye, comme s’ils étaient irréguliers : barloker (osciller) :
– barloker (pendiller ; vaciller) → dji barloke ou dji barlokêye ; ecoraedjî (encou-
rager) → dj’ ecoraedje ou dj’ècorèdjêye
C’est le cas aussi, entre autres, pour les verbes : spårgnî (épargner), tårdjî (tarder),
tcherdjî (charger), sôrti (sortir), doirmi (dormir), siervi (servir), poirter (porter), a-
coirder (accorder), coster (coûter), xhorbi (∼ horbi ∼ choûrbu) (frotter ; dji xhoûbe). . .
Les verbes en -ster perdent leur t :
– coster → ça cosse ; egzister → dj’ egzisse.
Remarques
aler (aller)
Formes de réf. : aler : dji va, nos alans, i vont ; dj’ a stî ; dj’ irè ; ki dji våye.
196 CHAPITRE 8. LES VERBES
Liég. aler : dji va, nos-alans, i vont, dj’ a stu. Fut. simple : dj’ îrè. Subj. pr. : dji våye.
Nam. aler : dji va, nos-alans, i vont, dj’ a stî. Fut. simple : dj’ îrè. Subj. pr. : dji vaye.
Bast. aler : dju va, dju vons, vos-aloz, i vont ; dj’ ê stî. Fut. simple : dj’ îrê. Subj. pr. :
dju vache.
Carol. daler : dji va, nos dalons, dj’ é stî. Fut. simple : djè dîré. Subj. pr. : dji voye.
Le participe du verbe aler est, partout en Wallonie, identique à celui du verbe esse.
Autres variantes :
– Inf. : naler (chestr.), laler (chestr.)
ashir (asseoir)
Ce verbe a une bouble conjugaison. Formes de réf. (1ere forme) : dj’ ashî, nos ashi-
dans ; dj’ a-st ashid ; dj’ ashirè ; ki dj’ ashide. Formes de réf. (2e forme) : dj’ ashî,
nos ashians ; dj’ a-st ashiou ; dj’ ashirè ; ki dj’ ashîxhe.
Bast. : dj’ assî, i s’ assiant, assî. Fut. simple : i s’ assîrè. Subj. pr. : dj’ assîche.
Principales variantes : achîr (sporadiquement, dans tous les dialectes) ; liég. : part. pas.
assiou
boere (boire)
Formes de réf. : dji boe, nos boevans, dj’ a boevou ; dji boerè ; ki dji boeve.
Liég. beûre : i beût, i buvèt ; il a bu. Fut. simple : i beûrè. Subj. prés. : i beûse.
Nam. bwêre : i bwèt, i bwèvnut ; il a bwèvu. Fut. simple : i bwèrè. Subj. prés. : i bwève.
Bast. bware : i bwat, i bovant ; il è bovou. Fut. simple : i bwârè. Subj. pr. : i bwave.
Carol. bwêre : dji bwè, i bwèvneut ; il a bu.
croere (croire)
Formes de réf. : dji croe, nos croeyans ; dj’ a croeyou ; dji croerè. ki dji croeye.
Liég. creûre : dji creû, i crèyèt, il ont crèyou ∼ creû. Fut. simple : i creûrè. Subj. prés. :
i creûse.
Nam. crwêre : i crwèt, i crwèynut, il a crwèyu. Fut. simple : i crwèrè. Subj. prés. : i
crwèye.
Bast. crère : i crèt, i crèyant, il è crèyou. Fut. simple : i crèyrè. Subj. prés. : i crèye -
fam. : dj’a creû.
Carol. - niv. : cwêre, djè cwè, nos cwèyans, dj’a creû
cweri (chercher)
Formes de réf. : dji cwir, nos cwerans ; dj’ a cwerou ; i cwirrè ; ki dji cwire.
Liég. cwèri : i cwîrt, i cwèrèt, il a cwèrou. Fut. simple : i cwîrrè. Subj. prés. : i cwîre.
Bast. : kèri ∼ kî : i kîrt, i kèrant, il è kèri. Fut. simple : i kîrrè. Subj. prés. : i kîre.
Principales variantes :
8.20. QUELQUES VERBES IRRÉGULIERS 197
– Inf. cwèru (SW), cwêre, cwê (CW, SW), ké (OW), kére, kèru (Lesse)
– En CW et OW, ne s’utilise qu’à l’infinitif et avec aler : dji m’ va cwêre ène saqwè.
d(i)ner (donner)
Formes de réf. : dji dene, nos d(i)nans ; dj’ a d(i)né ; dji dinrè ; ki dji dene.
Liég. : d(i)ner : i dine, i d(i)nèt, il ont d(i)né. Fut. simple : dji donrè. Subj. prés. : i dine.
Nam. : d(o)ner : i done, i don’nut, il ont d(o)né. Fut. simple : i dôrè. Subj. prés. : i
done.
Bast. d(è)ner : i dène, i d(è)nant, il è d(è)né. Fut. simple : i dèn’rè ∼ dinrè. Subj. prés. :
i dène.
Carol. : d(o)ner : i done, i don’neut, il ont d(o)nè. Fut. simple : i dôrè. Subj. prés. : i
done.
dire (dire)
Formes de réf. : dji di, nos dijhans ; dj’ a dit ; dji dirè ; ki dji dijhe.
Liég. dîre : i dit, i dhèt, il ont dit. Fut. simple : i dîrè. Subj. prés. : i dèye.
Nam. : dîre : i dit, nos djans (le plus souvent écrit nos d’djans), i dîjnut, il ont dit. Fut.
simple : i dîrè. Subj. prés. : i dîye.
Bast. : dîre : i dit, i d(i)jant, il è dit. Fut. simple : i dîrè. Subj. prés. : i dîche.
Carol. : dîre : i dit, nos djons (le plus souvent écrit nos d’djons), i dîjneut, il ont dit.
Fut. simple : i dîra. Subj. prés. : i dîye.
Principales variantes :
– Ind. pas. : i d(i)ha ou i dèrit
– niv. : djè di, nos dizons, dj’ a dit ; què djè disse, què nos dizonche
d(i)veur (devoir)
Formes de réf. : dji doe, nos d(i)vans ; dj’ a d(i)vou ; dji d(u)vrè ; ki dj’ doeve ou
duxhe
Liég. d(i)veûr : i deût, i d(i)vèt, il ont d(i)vou. Fut. simple : i deûrè ; Subj. prés. : dji
deûse ( ?).
Nam. d(i)vu : i dwèt, i dwèvnut, il ont d(i)vu. Fut. simple : i duvront. Subj. prés. : dji
dwève.
Bast. : i dèt, i d(u)vant, il è d(u)vou. Fut. simple : i deûrè. Subj. prés. : i d(u)vuche.
Carol. : d(i)vu : i dwèt, i dwèvneut, il ont d(i)vu. Fut. simple : i duvront. Subj. prés. : ?
Principales variantes :
– Lesse : dju do, nos d(u)vans, dj’ê d(u)vu. Subj. pr. : ku dju duche
198 CHAPITRE 8. LES VERBES
doirmi (dormir)
Formes de réf. : dji doime, nos doirmans ; dj’ a doirmou ; dji doimrè ; ki dji doime.
Liég. dwèrmi : i dwème, i dwèrmèt, il ont dwèrmou. Fut. simple : i dwèmrè. Subj. prés. :
i dwème.
Nam. : dwârmu : i dwâme, i dwâm’nut, il ont dwârmu. Fut. simple : i dwâmrè. Subj.
prés. : i dwâme.
Bast. : dwarmi : i dwame (arch.) ∼ i dwart, i dwarmant, il è dwarmi ∼ dwarmou. Fut.
simple : i dwamrè. Subj. prés. : i dwame.
Carol. : dôrmi : i dôrt, i dôm’neut, il ont dôrmi. Fut. simple : . Subj. prés. : ?
Principales variantes - Inf. : dârmu (CW).
faleur (falloir)
fé (faire)
Formes de réf. : dji fwai, nos f(i)jhans ; il ont fwait ; dji frè ; ki dji fwaixhe.
Liég. fé : i fêt, i fèt, il a fêt. Fut. simple : i frè. Subj. prés. : i fêsse.
Nam. fé : i fêt, nos fians, i fêynut, il a fêt. Fut. simple : i frè. Subj. prés. : i fêye.
Carol. fé : dji fé, nos fions, i fêynut ; dj’a fét. Ind. imp. : i fèyeut. Fut. simple : i fra.
Subj. prés. : djè fèye
Bast. fé : i fêt, i f(è)jant, il è fêt. Fut. simple : i f(è)rè. Subj. prés. : i fèye, dju f(è)jinche.
Principales variantes :
– brab. : nos fians ou nos fëjans
– niv. : fé, djè fé, nos fèzons, dj’é fét
– SW : fére, i fêt, dju f(i)jans, i fant (chestr.) ; dj’a fwêt. Subj. pr. : quu dju fwêche
k(i)noxhe (connaître)
Formes de réf. : dji k(i)noxhe, nos k(i)noxhans ; dj’ a k(i)noxhou ; dji k(i)noxhrè ;
ki dji k(i)noxhe.
Liég. : k(i)nohe : i cnohe (le plus souvent écrit k’nohe), nos cnohans (k’nohans), il a
cnohou (k’nohou). Fut. simple : i cnohrè (k’noh’rè).
Nam. conèche : i conèt, nos con’chans, il a conu. Fut. simple : i conèchrè. Subj. prés. :
i conèche.
Bast. c(u)nuchi : i cnuche, i cnuchant, il è cnuchi. Fut. simple : i cnuchrè. Subj. prés. :
i cnuche.
8.20. QUELQUES VERBES IRRÉGULIERS 199
leyî (laisser)
Formes de réf. : dji lai, nos leyans ; dj’ a leyî ; nos lairans ; ki dji laiye ou laixhe.
Liég. lèyî
Nam. lèyî : dji lêye, nos lèyans, i lêynut ; il a lèyî. Fut. simple : i lêrè. Subj. prés. : i
lêye.
Bast. lêssi : i lêsse, i lêssant, il è lêssi. Fut. simple : i lêsrè. Subj. prés. : i lêsse.
Carol. lèyî, dji lèye, nos lèyons, dj’é lèyi.
Principales variantes : - Lesse : lêre, dju lê, dju lèyans, dj’ê lê.
lure (luire)
lére (lire)
Formes de réf. : dji lé, nos lijhans ; dj’ a léjhou ; dji lirè ; ki dji léjhe.
Liég. lére : i lét, i léhèt, il ont léhou. Fut. simple : i léront. Subj. prés. : léhe ( ?)
Nam. lîre : i lît, i lîjnut, il ont lî. Fut. simple : i lîront. Subj. prés. : i lîje.
Bast. lîre : i lît, i lîjant, il è lît ∼ lîjou. Fut. simple : i lîrè. Subj. prés. : i lîche.
Carol. lîre : i lît, i lîjneut, il ont lî. Fut. simple : i lîront. Subj. prés. : i lîje.
minti (mentir)
Formes de réf. : dji min, nos mintans ; dj’ a minti ; dji mintirè ; ki dji minte.
Liég. : ?
Nam. minti : dji min ∼ dji minti, i mintnut ∼ mintichnut, il a minti. Fut. simple : i
mintirè. Subj. prés. : i minte ∼ i mintiche.
Bast. minti : i mint’, i mintant, il è minti. Fut. simple : i mintîrè. Subj. prés. : i minte.
Carol.
mori (mourir)
Formes de réf. : dji mour, nos morans ; dj’ a morou ; dji mourrè ; ki dji moure.
Liég. mori : i moûrt, i morèt, il ont morou. Fut. simple : i moûrrè. Subj. prés. : i moûre.
Nam. moru : i môrt, i môrnut, il ont moru. Fut. simple : i môrrè. Subj. prés. : i môre.
200 CHAPITRE 8. LES VERBES
Bast. mori : i moûrt, i morant, il è mori. Fut. simple : i moûrrè. Subj. prés. : i moûre.
Carol.
Principales variantes : - Ind. prés. : dju mûr (Lesse).
p(o)leur (pouvoir)
Formes de réf. : dji pou, nos p(o)lans ; dj’ a p(o)lou ; dji pôrè ; ki dji poye.
Liég. p(o)leûr : i pout, i p(o)lèt, il a p(o)lou. Futur simple : i pôrè. Subj. prés : ?
Nam. p(o)lu : i pout, i p(o)lnut, il a p(o)lu. Futur simple : i pôrè. Subj. prés : i pôye.
Bast. plèr : i pout, i plant, il è plou. Futur simple : i poûrè. Subj. prés : i pluche.
Carol. p(o)lu : i pout, i p(o)lneut, il a p(o)lu. Futur simple : i pôrè. Subj. prés : i pôye.
Principales variantes :
– niv. : povu / polu : djè pu, nos povons / polons, dj’é pu. Ind. fut. : dji poûré. Subj.
pr. : què djè puche.
– Lesse subj. pr. : quu dju puche
prinde (prendre)
rire (rire)
Formes de réf. : dji reye, nos riyans ; dj’ a rî ; dji reyrè ; ki dji reye.
Liég. rîre : i rèy, i riyèt, il ont rî. Fut. simple : i rèyrè. Subj. prés. : i rèye.
Nam. rîre : i rît, nos riyans, i rîynut, il a rî. Fut. simple : i rîrè. Subj. prés. : i rîye.
Bast. rîre : i rît, i riyant, il è rî. Fut. simple : i rîrè. Subj. prés. : i rîche.
Carol. rîre : i rît, nos riyons, i rîyneut, il a rî. Fut. simple : i rîrè. Subj. prés. : i rîye.
8.20. QUELQUES VERBES IRRÉGULIERS 201
saveur (savoir)
Formes de réf. : dji sai, nos savans ; dj’ a savou ; dji sårè ; ki dji seuxhe.
Liég. saveûr ∼ sèpi : i sét, i savèt ∼ i sèpèt, il a savou. Fut. simple : i sårè. Subj. prés. :.
Nam. sawè : i sét, i savnut, il a seû. Fut. simple : i sårè. Subj. prés. : i seûche.
Bast. savèr : i sét, i savant, il è savou. Fut. simple : i sârè. Subj. prés. : i savuche.
Carol. sawè : dji sé, nos savons, dj’ é seû.
Principales variantes :
– Brab. : sawè, djë sé, nos savans, dj’a soyë
– Niv. : savwêr, djè sé, nos savons, dj’é seû. Ind. fut. : dji sâré
– Lesse : sawèr
shure (suivre)
Formes de réf. : dji shû, nos shuvans ; dj’ a shuvou ; dji shurè ; ki dji shuve.
Liég. sûre : dji sû, nos sûvans, dj’a sûvou ; subj. : qui dji sûse.
Nam. sîre : dji sî, nos siyans, dj’a sî.
Bast. sûre : i sût, i sûjant, il è sû ∼ sûjou (arch.). Fut. simple : i sûrè. Subj. prés. : i
sûche.
Carol. chûre : dji chû, nos chûvons ou chuwons, dj’ é chû.
tchaire (tomber)
Formes de réf. : dji tchai, nos tcheyans ; dj’ a tcheyou ; dji tchairè ; ki dji tchaiye.
Nam. tchêr : dji tchê, nos tchèyans, i tchêynut ; il a tchèyu. Fut. simple : i tchêrè. Subj.
prés. : i tchêye.
Carol. tchér ou tchèy : dji tché, nos tchèyons, dj’ é tcheû.
t(i)ni (tenir)
Formes de réf. : dji tén, nos t(i)nans ; dj’ a t(i)nou ; dji ténrè ; ki dji tegne.
Liég. t(i)ni : i tint, i t(i)nèt ; il a t(i)nou. Fut. simple : i tinrè. Subj. prés. : i tinse.
Nam. t(i)nu : i tint, nos t(i)nans, i tègn’nut. Fut. simple : i têrè. Subj. : i tègne.
Bast. t(è)ni : i tint, i t(è)nant, il è t(è)ni ∼ t(è)nou. Fut. simple : i tinrè. Sub. prés. : i
tègne.
Carol. t(è)ni : i tént, nos t(è)nons, dj’ é t(è)nu.
Niv., subj. pr. : què djè tiène.
Brab. : ténre, djë tén, nos tnans, i tënnèt.
valeur (valoir)
Formes de réf. : dji vå, nos valans ; dj’ a valou ; dji vårè.
Liég. valeûr : i våt, i valèt ; i a valou. Fut. simple : i vårè. Subj. prés. :.
202 CHAPITRE 8. LES VERBES
Nam. : valu : i vaut, i valnut ; i a valu. Fut. simple : i vaurè. Subj. prés. :.
Bast. valèr : i vât, i valant, il è valou. Fut. simple : i vârè. Subj. prés. : i valuche.
Carol. : valu : i vaut, i valneut ; i a valu. Fut. simple : i vaurè. Subj. prés. :.
vey (voir)
Formes de réf. : dji voe, nos voeyans ; dj’ a voeyou ; dji voerè ; ki dji voeye.
Liég. vèy ∼ vèyî : i veût, i vèyèt ; il a vèyou. Fut. simple : i veûrè. Subj. prés. : i veûse.
Nam. vèy ∼ veûy ∼ vôy : i vwèt ∼ i veut ∼ i vèt, i vèynut ; il a vèyu. Fut. simple : i
vièrè. Subj. prés. : i vèye.
Bast. vèy : i vèt, i v(è)yant, il è v(è)you. Fut. simple : i vièrè. Subj. prés. : i vèye.
Carol. vîr : dji vwè ∼ wè, nos vwèyons ∼ wèyons, dj’a vu ∼ veû.
Niv. : vîr, djè wè, nos viyons, dj’é vu. Ind. fut. : djè vîré. Subj. pr. : què djè vwèye.
Lesse : véy, dju wè, dju wèyans, dj’ê veû. Cond. : dju wêrins. Subj. pr. : quu dju wèche.
v(i)ni (venir)
Formes de réf. : dji vén, nos v(i)nans ; dj’ a v(i)nou ; dji vénrè ; ki dji vegne.
Liég. v(i)ni ∼ mni : i vint, i v(i)nèt ; il a v(i)nou ∼ mnou. Fut. simple : i vinrè. Subj.
prés. : i vinse.
Nam. v(i)nu : i vint, nos v(i)nans, i vègn’nut ; il a v(i)nu. Fut. simple : i vêrè. Subj.
prés. : i vègne.
Bast. v(è)ni : i vint, i v(è)nant, il è v(è)ni ∼ v(è)nou. Fut. simple : i vinrè. Subj. prés. : i
vègne.
Carol. v(è)ni : i vént, nos v(è)nons, i vègn’neut ; il a v(è)nu. Fut. simple : i vêra. Subj.
prés. : i vègne.
v(o)leur (vouloir)
V. p(o)leur.
Principales variantes : - niv., inf. : voulwêr. Subj. pr. : què djè voliche.
Chapitre 9
Les adverbes
203
204 CHAPITRE 9. LES ADVERBES
Emplois
187. a) Les adverbes djus, foû, hute et evoye peuvent être employés avec beaucoup de
verbes. Ils en modifient le sens un peu comme les particules séparables des langues
germaniques :
– Exemple avec taper (jeter) :
– taper : dji tape li bale (je lance la balle)
– taper foû : on tape foû ki dji so bièsse (on raconte que je suis bête) ; li
djouweu tape ene cåte foû (le joueur écarte une carte)
– taper hute : li djouweu tape li bale hute (le joueur lance la balle trop loin)
– taper evoye : tape ci vî cayèt la evoye, don ! (jette donc ce vieux machin)
– Exemple avec vorer (se précipiter) :
– il a voré evoye k’ on tchén n’ åreut nén levé s’ cawe (il a déguerpi en moins
de temps qu’il faut pour le dire, lit. en moins de temps qu’il en faut à un chien
pour lever la queue)
– il a voré foû k’ on tchén n’ åreut nén lèvé s’ cawe (il s’est précipité au-
dehors en mois de temps qu’il faut pour le dire)
Dans certains cas, ces adverbes peuvent se placer devant ou derrière le complément
objet :
– screper on boket d’ tchår evoye (gratter un morceau de viande pour l’enlever) ;
il ont tcheryî evoye troes begnons d’ brikayons (ils ont emporté trois chariots
de débris)
Ex. lit. :
– EW taper foû : On n’a jamês savou quî qu’avéve tapé l’ brut foû. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 1) - vini foû : (...) c’èsteût l’ djoû wice qui Madelinne s’a mètou è lét po
’nnè pus v’ni foû. (M. FRISEE, Scrîre, p. 85) - fé souwer èvôye : Nos n’ l’alans
nin lèyî souwer èvôye ! (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
– CW avu djus : Ni moyén d’oyë lès crôches djës ’en bas’ d’ sès këlotes ! (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 22) - avu foû : Èt avou dèl frwède êwe, vos n’ sariz yë dèl
crôche ’graisse’ fou, don. Èt one tatche... vos n’ sariz yë one tatche djës al frwède
êwe, don. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 56) - vûdî èvôye : Cand on-n-avot fêt dè
lâver totes sès lokes, on vudive së man.nète sav’nêye èvôn ye. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 79)
Les locutions èsse foû et èsse hute signifient « être fini » :
Ex. lit. :
– EW : Cwand l’ tchap’lèt sèrè foû, èle ènnè rîrè è s’ mâhon (...). (J.-M. MASSET,
Contes, p. 22)
– OW : Més, quand l’ séson dès fréjes asteut woute èt co l’ cène dès breuwes, gn-
aveut lès frambôjes (...). (W. BAL, Fauves, p. 7-8)
b) De nombreux adverbes de lieu peuvent servir de prépositions : å dzeu di, pa dvant,
foû di...
206 CHAPITRE 9. LES ADVERBES
Emplois
189. a) Les adverbes fén (∼ fî), pêrcé, poûri, roed et tot (∼ tout) s’accordent en genre :
– il est fén sot (il est tout à fait fou), elle est fene sote (elle est tout à fait folle) ;
i sont tot frexhs (ils sont tout mouillés), ele sont tote frexhes (elles sont toutes
mouillées) ; il est percé amoureus (il est fou amoureux), elle perceye amoureuse
(elle est folle amoureuse) ; ene tote bele måjhon (une très belle maison) ; nos
avans des totès ptitès crompîres (nous avons de toutes petites pommes de terre)
Ex. lit. :
– OW : (...) dès mouchons d’ toutes lès couleûrs tchantént come dès vraîs dis-
tchin.nès, dè l’ fine piquète dou djoû jusqu’à solia coûtchant. (E.-J. PIRET, Ex-
traits, p. 16)
Ce sont en réalité des adjectifs utilisés comme adverbes, sur lesquels nous revenons
plus loin.
b) L’adverbe tot utilisé avec un verbe a le sens de « avoir fini » :
– il a tot mindjî s’ sope (il a fini de manger sa soupe) ; as’ tot fwait ? (as-tu
terminé ?) ; dj’ a cåzu tot råyî mes canadas (j’ai presque fini d’arracher mes
pommes de terre)
c) Adverbe tot signifiant « entièrement » après un verbe :
– dji tronne tote (je tremble) ; elle è va tote (elle tremble comme une feuille ou elle
perd connaissance)
Ex. lit.
– EW : A ’ne creûhelêye, il ode ine saqwè qu’èl ravigurêye tot. (MITTEI, Zanzan,
p. 28)
d) Les adverbes trop, pus, pô et mons (∼ mwins’) utilisés avec un nom peuvent être
précédés de la préposition di :
– dj’ a del farene di trop ou dj’ a (di) trop d’ farene (j’ai trop de farine) ; dj’ a
del bîre di pus ou dj’ a di pus di bîre, pus’ di bîre (j’ai plus de bière) ; dj’ a del
farene di pô ou dj’a (di) pô d’ farene (j’ai (trop) peu de farine) ; dj’ a del farene
di mons ou dj’ a mons d’ farene (j’ai moins de farine)
Variantes :
La consonne finale des adverbes trop et pus se prononce en EW : dj’ a pus’ di bîre,
dj’ a trop’ di farène.
Brab. : l’adv. pus s’élide : Ex. lit. : C’èstot p’ôjë ’plus facile’ (...). (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 38)
Avec un adjectif, la construction est normale :
– il est trop cût (il est trop cuit) ; il est pus cût (il est plus cuit) ; il est mons cût (il
est moins cuit) ; il est pô cût (il est trop peu cuit)
Avec l’adjectif pus, on construit les locutions todi d’ pus ou todi pus’ :
– i brait todi d’ pus, todi pus’ (il crie / pleure de plus en plus)
208 CHAPITRE 9. LES ADVERBES
årans tot plén des efants (nous aurons beaucoup d’enfants) ; il a vnou bén des
côps (il est venu bien des fois) ; il a bea-z èt bén des çanses (il a énormément
d’argent)
Ex. lit. :
– SW : Sondjez on pô : tant dès novèles èssonne (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 41-
42) - Lès prumîs tins, èlle a yu on pô do tracas. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 56) -
Dès lès grosses cinses, qui trayant brâmèt dès vatches, il ach’tant î « caroussèl ».
(N. ALEXANDRE, Causans, p. 17) - Li dvise « Résiste et mords » a rivnu su bin
dès lèpes... (J. BILY, Singuliers 2/1998, p. 4) - ... il ant brâmint d’ l’ ouvradje. (M.
GEORGES, Singuliers, 2/1998, p. 7) - (...) c’èst brâmint du timps du spaurnié ; èt
l’ timps cousse tchîr, là, asteûre. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 71)
– OW : (...) mins pou l’ rèyaliser, i nos faura bran.mint dès caurs... (J. GOFFART,
Coquia, p. 10) - Tout ça, èt dj’è rouvîye, c’èst l’ planète di bran.mint dès-omes.
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 18) - R’fuser ène ofe faite d’in si bon coeûr, c’aureut stî
fér bran.mint dèl pwène au cousin (...). (E.-J. PIRET, Extraits, p. 56)
– CW : Bran.mint dès Walons d’audjoûrdu lî toûnenut pourtant l’ dos (...). Maîs pou-
z-arivè a fè ène saqwè d’ come i faut, il èst rèquis d’awè bran.mint do coradje èt
co d’ volontè. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) - ... èt co bin d’s ôtes pwisk’on dwèt
è trover [des piscicultures] one cinkantin.ne. (Chwès, Libramont, p. 5) - L’abîye
a stî distrûte come bramint [sic = brâmint] d’s ôtes. (Chwès, Libramont, p. 68)
Toutefois, avec certains adverbes, l’usage est hésitant :
– so pô d’ tins (en peu de temps) ; on pô del coide ∼ di coide (un peu de corde) ;
beacôp des efants ∼ d’ efants (beaucoup d’enfants) ; il a vnou tant des côps ∼
di côps (il est venu si souvent) ; kimint fijhèt i po-z avu ostant del tchance ?
(comment s’y prennent-ils pour avoir tant de chance ?)
Ex. lit. :
– EW : I convèrtih’rè bråh’mint d’ èfants d’ Israël å Signeûr leû Diu. (J. MI-
GNOLET, Evandjîles, p. 80) - [Ène vrêye blanke dame] Qui pout fé tot plin
d’èstchantêyès-afêres, qui pout minme rinde lès djins ureûs ? (J. WARNIER, Scrîre,
p. 225)
– CW : Dji vos sowaîte branmint d’ suksès po vos pîces èt po vos-ôtes èto. (BA-
TISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4) - Tos lès deûs donenut brâmint d’ vi-
tamines, èt wêre di calorîyes. (Chwès, Libramont, p. 31)
Avec les adverbes k(i)bén (∼ combin, cubin), waire et trop, on utilise plus fréquem-
ment la préposition di qu’un article partitif.
g) grand et plén peuvent être employés adverbialement :
– gn a nén grand bezogne pol moumint (il n’y a pas beaucoup de travail pour le
moment) ; il est grand tins qu’ i vinxhe (il est grand temps qu’il vienne) ; i gn a
des djins plén l’ måjhon (il y a des gens plein la maison) ; i gn a tot plén (il y en
a tout plein)
h) L’adverbe tot peut s’élider en t’t mais aussi se réduire à t- :
– li buftek esteut t’t ossi deur ki do cûr ou t-ossi deur ki do cûr (le beefsteak était
aussi dur que du cuir) ; i gn a t-ostant k’ ayîr (il y en a tout autant qu’hier)
Ex. lit. :
210 CHAPITRE 9. LES ADVERBES
– OW : (...) èle si mèt à l’ place di s’ djintîye cousène qui, t’-à l’eûre, va s’ trouver
à l’afront. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 57)
– SW : Firmin mousse à l’ maujon a courant èt i dit t’a tanflant : (...). (L. MAHIN,
Bauke 1, p. 69)
Certains adverbes ou locutions adverbiales précédés de l’adverbe t- s’écrivent parfois
en un mot :
– gn aveut des djoûdjoûwes pattavå l’ plaece ou t-avå l’ plaece (il y avait des
jouets dans toute la pièce) ; il a ståré ttafwait (il a tout fait tomber) ; nos rvénrans
ttaleure (nous reviendrons tout à l’heure)
Emplois
191. a) L’adverbe voltî employé avec un verbe a la même valeur que les expressions inmer
+ infinitif ou ni nén inmer + infinitif (aimer / ne pas aimer) :
– i tchante voltî (il aime chanter) ; i n’ danse nén voltî (il n’aime pas danser) ; dji
vs voe voltî (je vous aime)
Ex. lit. :
9.5. LES ADVERBES EXCLAMATIFS ET INTERROGATIFS 211
– CW : Èt gn-a dès cis qui djoûwenut voltî avou l’ coutia. (A. LALOUX, Lès So-
çons, p. 22) - Dji sèreus voltî saqwants-eûres pus vî. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 27) - Ca, ’l’ome au avèt’, qu’on-z-è causot voltî po nos sbarè, c’èstot li, c’èstot
l’ Chalè Batisse. (A. HENIN, Scrîre, p. 105)
b) L’adverbe bén employé avec un verbe a la même valeur que le verbe savu + infinitif.
– i bagne bén (il sait nager)
Ex. lit. :
– SW : (...) lès cis do minme âdje lîjint djà bin, mais li n’è sôrtot nin. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 62)
c) En EW, må devient mål devant un v. commençant par une voyelle :
– c’e-st on må aclevé ou on mål aclevé (un mal élevé)
– douvént nel voet on pus ? (pourquoi, pour quelle raison ne le voit-on plus ?)
Ex. lit. :
– EW : D’ou-vint m’èst-i acwèrdé qui l’ mére di m’ Signeûr vinse ad’lé mi ? (J.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 82)
Emplois
192. a) L’adverbe pocwè est également souvent utilisé pour la cause au lieu de douvént :
– poqwè n’ av’ nén vnou ? (pourquoi n’êtes-vous pas venue ?)
Ex. lit.
– Èt poqwè-ç’ qu’on m’a rit’ni on sou, mi ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 74) [pour
douvént]
b) Les adverbes interrogatifs k(i)bén, cwand, wice, eyu, ewou, du peuvent être pré-
cédés d’une préposition :
– a cbén va-t i l’ boure e botike ? (combien coûte le beurre au magasin ?) ; di
d’ wice vinoz vs ? (d’où venez-vous ?) ; dispû cwand l’ a-t on rasseré ? (de-
puis quand l’a-t-on enfermé) ; di cwantre omes avoz vs dandjî ? (de combien
d’hommes avez-vous besoin ?)
c) Les adverbes wice et ewou peuvent s’abréger en w devant une voyelle :
– w e-st ele, don ? (où est-elle donc ?)
d) Les adverbes k(i)bén et pocwè peuvent parfois être remplacés par ki :
– ki gn a-t i d’ djins, a vosse chenant ? (combien y a-t-il de personnes à votre
avis ?) ; ki n’ alez vs å medcén, paret ? (mais pourquoi donc n’allez-vous pas
chez le médecin ?)
Ex. lit. :
– SW : Â ! qui n’ p’lez dîre vrai, alez ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 138)
– EW : (...) quu n’ va-t-èle one bone fèye su lès fé råyî don ! (A. SOUGNEZ, Scrîre,
p. 204)
Voir aussi la section consacrée à la phrase interrogative, p. 270.
petant noû (c’est tout neuf) ; ele tchante djusse (elle chante juste) ; i djåze tot
hôt (il parle tout haut) ; èn ou frisse ponou (un œuf récemment pondu) ; sinti bon
(sentir bon) ; vey dobe (voir double) ; tcheryî droet (se conduire correctement) ;
c’ e-st emantchî solide (c’est assemblé solidement) ; i s’ codûjhèt drole (ils se
conduisent bizarrement) ; ça deurrè seur ene dimeye eure (ça durera sûrement
une demi heure) ; il est blanc moussî (il est vêtu de blanc)
Ex. lit. :
– OW : N’ vos cheune-t-i né qu’is-avént tchik’nè jusse ? (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 60) ; I gn’a la-d’dins dès-ostis frapant noûs : (...) . (E.-J. PIRET, Extraits, p. 13) ;
Rén qu’ pou ène sacrè fayé peume, nos v’là condânès come Adam à nanchi dou
matin au nût. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 18)
– EW : Qui [sic, = quî] sèrè-t-i bin cist-èfant-là ? Ca sûr li main dè Signeûr èsteût
avou lu. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 84)
– CW : Ene mam’sèle abiyîye roudje avou in mantia dè l’ min.me couleûr, pwate ène
pètite statûwe (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 30) ; Nén pus gro [sic = gros] qu’ li
p’tit dwèt d’ène apurdisse faufileuse, èt co. . . dji conte laudje (J. SCHOOVAERTS,
Rabulèts).
– SW : Èt i gn-avot dès côpeûs d’ boûsse griblé lès tch’mins, sés’, du ç’ timps-là.
(L. MAHIN, Bauke 1, p. 55)
Les prépositions
215
216 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS
n’a pas la même origine que djusk’ a. C’est une contraction de di ci k’ a. Djusk’ a
peut se contracter en j’k’ a ou sk’ a. Ex. lit. :
OW : Vos l’ sûrèz insi s’qu’à dmwin au matin. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 65)
– durant (durant). Ex. lit.
OW : Djan fét achîr Mirna (...) èt lî fé anoncer l’ tite (...) èt ça, durant ène diméye
eûre. (J. GOFFART, Coquia, p. 21).
SW : Dj’ê bin pris cinq kilos deurant l’ dèrnî mwès. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 64).
EW : (...) l’Esprit l’ tchôka [Jésus] è dézèrt èt durant quarante djoûs, li démon
l’ tèm’ta. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 94)
– i gn a (il y a ) : i gn a cwatre ans (il y a quatre ans)
– inte ∼ ètur (∼ atur, ètèr, intèr) (entre) : inte deus eyèt troes eures (entre deux et
trois heures)
– par (par). Uniquement dans on côp par moes, etc.
– passé (plus de, passé) : passé deus eures (plus de deux heures)
– so (∼ su) (en, pendant) : so deus djoûs d’ tins (en deux jours), so l’ anuti (le
soir). Voir emplois.
– tins di ou do tins di (pendant, à l’époque de) : (do) tins des condjîs (pendant les
congés), do tins di m’ grand-mére (à l’époque de ma grand-mère). Ex. lit. :
OW : (...) c’ èst li qu’ètèrtént s’ djârdin dispû dès razans, come i l’ fèyeut d’djà
d’ayeûr, timps du vî mononke, ès’n-ancyin contrè-mésse di quant ç’ qu’i travayeut
a Solvay. (H. VAN CUTSEM, Chôse, p. 11)
– tot’ k’ a (jusqu’à) : tot’ k’ a l’ anneye ki vént ! (à l’année prochaine)
– vè / dèviè / aviè (vers) : deviè ene eure, vè ene eure (vers une heure). Voir em-
plois. Ex. lit. OW : Li canada qu’on plante aviè l’mwès d’mârs’ poûrit è tère.
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 7)
– voci, vola, la (voici, voilà) : voci deus eures (il y a deux heures), vola / la troes
ans (voilà trois ans). Ex. lit. :
CW : C’è-st-one tote djon.ne soce : elle a skèpyi volà nin dèdjà trwès ans. (Chwès,
Libramont, p. 39)
– disconte ∼ sconte (contre) : vos alez disconte mes ideyes (vous vous opposez à
mes idées). Ex. lit. :
EW : (...) fwèrci l’ome a s’ chèrvi dèl rèvole come dièrin mwèyin disconte di
l’abus dèl pouhance èt d’ l’assèrvih’mint (...) (Dèclaråcion 1, préambule) - (...) i
n’ såreût-èsse quèstion d’ profiter d’ cès dreûts èt d’ cès lîbertés po-z-aler disconte
lès-îdèyes èt les grandès régues dès Nåcions-Unèyes. (Dèclaråcion 1, art. 29)
– contraire a (contrairement à). Ex. lit. OW : Nos alons fé (...) ène saquî qui,
contraire aus-ès bièsses, routera su deûs djambes faîtes au moule (...) (E.-J. PI-
RET, Extraits, p. 10).
– cweki (à part). Ex. lit. EW : Qwèqu’ ça, mi p’tite bodène èst r’pahowe. (MITTEI,
Zanzan, p. 30)
– an (en ; préposition empruntée au français et utilisée dans des expressions) : si
mete an route (se mettre en route) ; di pére an fi (de père en fils). Voir emplois,
ci-dessous.
– come (comme) : elle a-st avu come on toûbion (elle a eu une sorte de vertige)
– (di) peu di (de peur de) + VERBE : tinoz vos comufåt, peu do tchair (tiens-toi
convenablement, de peur de tomber). Ex. lit. :
EW : Loukîz di n’ nin toumer è lèç, sogne di v’ fé prinde èt d’ pèri. (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 69)
– peu di ou sogne di (en cas de, de peur de) + NOM : metoz ’ne echerpe, peu d’ on
froed (mets une écharpe, de peur d’attraper un rhume). Ex. lit. :
SW : Purdez one crosse peû d’on mwês fwin, di-st-èle Gaguite (...) (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 30)
– a l’ après di (près) : a l’ après d’ rén, dj’ esteu touwé (à un rien près, j’étais tué)
– a ∼ è (en) : collectivité : viker a ∼ è soce (vivre en société) ; si mete a ∼ è
manaedje (se mettre en ménage) ; toûrner a poûssîres (devenir poussière)
– da, dal, då, dås, dåzès (de, à ; indique l’appartenance ou la provenance) : c’ est
les tchéns då cinsî (ce sont les chiens du fermier) ; vola l’ noûve cote dal båshele
(voilà la nouvelle robe de la jeune fille) ; c’ est da mi (cela m’appartient). Voir
emplois (ci-dessous) et les articles contractés (p. 101).
– fåte di (faute de). Ex. lit. :
EW : Fåte dè k’nohe èt d’ rèspècter lès dreûts d’ l’ome, ènn’ a dès cis qu’ s’ont
avili å pont d’ brutålizer l’ s-ôtes (...) (Dèclaråcion 1, préambule)
– djusk’ a (voire, même, jusqu’à). Ex. lit. :
CW : (...) mins n-avot ossë d’ dîj èt j’k’à dès cës d’ kénze këlos. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 47)
– do (comme) : ovrer do taeyeu (travailler comme bûcheron). Voir articles partitifs
(p. 100).
– a môde di (comme, tel, en guise de) : il aveut on noret a môde di tchapea (il
avait un mouchoir en guise de chapeau)
– sins (sans)
– swè dizant di (sous prétexte de). Ex. lit. :
EW : Nouk ni pout-èsse mètou al torteûre, såvadjmint maltrêtî èt avili, swè-dîzant
dèl pûni. (Dèclaråcion 1, art. 5)
– mågré (malgré)
– avou (avec) : vinoz avou mi (venez avec moi) ; i n’ est nén djinti avou ses efants
220 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS
(il n’est pas gentil envers ses enfants) ; dji rvénrè avou l’ dierin trin (je reviendrai
par le dernier train) ; avou s’emploie très souvent après une apostrophe : t’ e-st on
grandiveus avou, sais’ ! (tu es un fameux vaniteux !)
– sorlon (selon)
– s’ apinse (a) (selon, suivant, d’après)
– ôrmi (hormis). Ex. lit. :
CW : (...) Arnold de Ville a ègadji s’ fîye pa in tèstamint en l’èspétchant di s’ ma-
riè, ôrmi avou èn-ome di fwârt wôte nôblèsse. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 16)
– po (pour) : dji n’ so nén pol pexhon (je n’aime pas beaucoup le poisson) ; por
mi, il est sô (à mon avis, il est saoul). Voir emplois.
– po (espèce de) : vinoz bouter, vos po on feneyant (viens travailler, espèce de
fainéant). Voir emplois (ci-dessous).
– po (quant à). Ex. lit. :
OW : (...) pou lès mames (...), èles-èstît-st-a dalâdje dispû l’éreû. (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 76). Voir emplois (ci-dessous).
– po çu k’ (end) est di (quant à, pour ce qui est de). Ex. lit. :
EW : Tos lès-omes vinèt-st-å monde lîbes, èt so-l’minme pîd po çou qu’ènn’ èst
d’leû dignité èt d’ leûs dreûts. (Dèclaråcion 2, art. 1) - Tot l’ monde deût poleûr fé
dès-ètudes, èt çoula gråtis’, dè mons po çou qu’ èst dès bassès scoles. (Dèclaråcion
1, art. 26)
– ki (sauf) : tertos ki l’ Djan (tous sauf Jean) ; les oûjhês, on n’ les cnoxhe waire,
ki les oûjhês mougneus d’ tchår (les oiseaux, on ne les connaît pas beaucoup,
sauf les rapaces)
– rapoirt a (par rapport à) (∼ rapôrt). Ex. lit. :
EW : Di pus’ nolu n’deût påti dè-l’condicion di s’patrèye rapôrt ås-ôtes payis (...)
(Dèclaråcion 2, art. )
– såf (sauf)
– tant k’ a (quant à) : tant k’ a mi, dji vénrè (quant à moi, je viendrai)
– estô di (au lieu de) : soriyoz estô di braire (souriez au lieu de pleurez)
– a pus ki ou å pus ki (sauf) : il avint vnou tèrtos a pus qui l’ Olivî (ils étaient
tous venus, sauf Olivier). Ex. lit. :
EW : Arivé è l’ mohone, i n’ lèya intrer pèrsone avou lu, å pus qui Pîre, Djåque èt
Dj’han (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 117)
– evèr (par rapport à)
Sans compter d’innombrables locutions comme :
– å mitan di (au milieu de), a costé di (à côté de), a foice di (à force de), al / èl
plaece di (au lieu de), å moumint di (au moment de), å dfait di (quant à, au sujet
de, à propos de), etc.
Après
198. a) Après peut indiquer un rapport de temps :
– après l’ awousse (après la moisson)
b) de lieu :
– i gn aveut ’ne tchinne après tchaeke pale (il y avait une chaîne pendue à chaque
pale)
c) de direction concrète :
– après Châlerwè (aux environs de Charleroi) ; i betche après troes eures (il est
presque, près de trois heures) ; après nos-ôtes (chez nous)
d) de direction abstraite : attente, demande, intérêt, hostilité... :
– dimander après ’ne sakî (demander quelqu’un) ; cachî après åk (chercher quelque
chose) ; ratinde après ’ne sakî (attendre quelqu’un) ; wwaitî après ’ne sacwè
(chercher quelque chose) ; ni nén si rtoûrner après ’ne sacwè (ne pas se préoc-
cuper de quelque chose) ; i n’ tire gote après s’ mame (il ne ressemble pas du tout
à sa mère) ; il e-st aredjî après leye (il est fou d’elle) ; il e-st abôminåbe après
l’ peket (il ne peut se passer de genièvre) ; il est mwais après mi (il est fâché sur
moi) ; les djins sont sots après les cayets did dins l’ tins (les gens sont fous des
objets anciens) ; esse curieus après åk (être curieux de qch)
Di
201. a) Cette préposition est utilisée devant les noms de mois dans les dates :
– li dîjh di décimbe (le dix décembre)
b) Elle introduit des compléments indiquant une position du corps :
– d’ astampé (debout) ; d’ ascropou (en position accroupie)
Ex. lit. :
– SW : (...) d’assîs su dès tchèrîyes. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 44) - Çu qu’il
a ruminè Bourlouf a ramassant sès pépés d’à gngnos, on n’ saurot s’è fére one
idéye ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 94)
– CW : D’awè tofêr travayi d’assît su l’ chame, on n’ saureut crwêre come on-z-a
sès gngnos tot rwèds (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16)
– OW : Audjoûrdu, d’achîd èt ben râde di coûtchî, dji r’wè tous lès cens èt toutes
lès cènes qui dj’é rèscontrè su m’ tchumin. (B. GENAUX, Scrîre, p. 87) - Piêre,
d’ascroupi, coudeut, rauv’leut, sins pu rlèver s’ tièsse (...). (W. BAL, Fauves, p. 7)
c) Elle est utilisée devant les adjectifs qualificatifs (ou les participes) attributs d’un
nom complément :
– avu on pîd di stoirtchî (avoir un pied foulé)
Ex. lit.
– CW : Pus d’ vingt bonès camusoles di pinduwes (...). (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 19-20) - C’est l’ prumi pas ou , putôt, one ascraûchie dë faite. (E. ETIENNE,
Brabant, p. 90)
– EW : Mins qu’a-t-i d’arivé, parèt... (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
d) Pour indiquer le matériel :
– èn ouxh di tchinne (une porte en chêne) ; ene tåve di plastike (une table en plas-
tique)
Ex. lit. :
– SW : (...) èlle a bê l’ ravôtyè dins one couvêrte di lainne, nin moyin dol rachandi
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 39) - (...) lès flames a bambyant mètint dès
tatches d’ôr su lès cwîves (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 130) - Tos lès clâs
èstint dins lès bwèsses di cârtron, strindouyes one conte l’ôte. (R. DEDOYARD,
Scrîre, p. 56) - Lès-afants avint dès grosses tchôsses du lin.ne (...). (M. LEDENT,
Causans, p. 45) - I sant contints d’ vèy leû gamin ki coûrt âtoûr dol mâjon dins sa
ptite roudje cote dè lin.ne... (M. GEORGES, Singuliers, 2/1998, p. 7).
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 225
– CW : (...) on cisia, on goria, on lét d’ blanc bwès... èt co... èt co... (R. CLINIAS,
Scrîre, p. 47) - ça fondeûve tot douç’mint, on l’ dëlêyive ’délayait’ an l’ fiant aler
’en le remuant’ avou s’ mwin ou avou on couyi ’une cuillère’ d’ bwès (...). (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 66)
On utilise aussi an dans ce contexte (voir ci-dessous, p. 227).
e) Devant un nom, dans un groupe du nom introduit par un déterminant démonstratif
ou possessif. Ex. lit. :
– EW : L’arèdjèye bièsse rataque ci bièsse di djeû-la co traze èt co traze côps. (J.
WARNIER, Scrîre, p. 224)
– CW : Insi, di-st-i, qu’on causeut gade (...), on djoû, au matin, li nosse di gade
s’aprète po biquetè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 23)
f) Dans la locution esse di signifiant « s’agir » ou « être » :
– cwè ç’ ki c’ est d’ ça ? (de quoi s’agit-il ?)
Ex. lit. :
– OW : Qu’èst-ce qui c’èst d’ cès djins-là ? (J. GOFFART, Coquia, p. 3)
– SW : (...) èt pu, do scrîre çu qu’on-z-a oyu racontè, come si ç’astot d’ l’èvanjîle.
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 137)
– CW : C’èst rin, don, d’ ça ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 20)
g) Avec les pronoms è / endè et onk / yene (tournure emphatique) :
– vos nd estoz onk di såvadje ! (vous en êtes un violent !) ; il end a-st avu yene
di broke ! (il en a subi un échec !) ; il è fwait yene di tchaleur ! (il en fait une
chaleur)
h) Et aussi dans :
– c’ est di m’ fåte (c’est ma faute) ; ene pîce d’ èn ake (une pièce en un acte) ; est
ç’ di bon ? (est-ce sincère ?) ; est ç’ di vraiy ? (est-ce vrai ?), etc.
Did
202. La préposition diest très souvent redoublée en did devant des prépositions ou des ad-
verbes commençant par une consonne :
– i vnèt did vè Vîsâm (ils viennent des environs de Vielsam) ; les djins did ci (les
gens d’ici) ; did cwè v’ melez v’ ? (de quoi vous mêlez-vous ?) ; c’ e-st on parint
did lon (c’est un parent éloigné) ; les djins did dins l’ tins (les gens du passé) ;
did la, nos erîrans so Bertrès (de là, nous retournerons vers Bertrix) ; rilouke
did pus près (regarde de plus près) ; i magne did tot (il mange de tout)
Ex. lit. :
– EW : Du-d’-cwè va-dj’ vikî, mi ? (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) - (...) qui vèyez-v’
di d’ la al copète ? (J. WARNIER, Scrîre, p. 225)
– SW : (...) pace qu’on lès-ôt di-d’-lon quand tot èst paujîre dol nêt. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 35) - (...) à quéques côps d’ fuzik di-d’-doû-ç’ qu’il èst, il a avizè
one grande blaméye. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 36) - Ç’astot lès vîs di-d’-là qui
tchantint lès dêrainnès priyéres avou Monsieû l’aumonier. (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 138) - Pou nous-aprinre a mindjè du d’ tout, a nous neûri sins manière
226 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS
(...). (P. JEAN, Causans, p. 11) - (...) lès comèrçant d’ô Tchèstê fajièt dès-afêres
èt lès camelots ossi qui vindièt du d’ tout (...). (G. LEJEUNE, Causans, p. 29) -
Vos vèyèz ça dè d’ ci (...). (Ch. BENTZ, Coradje, p. 35) - Vènus dè d’ lôn, lès
Romins / A Freûs dèdja s’instalint. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 79) - I fât vèy come
on m’ rèwête dè d’ tos costès ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 83) - Li radje ol’zî a
montè o cwar, èle sunéve di d’ partout. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4).
– CW : Li curè di d’ vélà, n’èst-ce nin Djâque li Pèruquî qu’on l’ lome ? (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 12) - Vos-èstoz co do vî timps, dandjereû ! vos-ôtes, lès
djins di d’ pâr ci. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 20) - Di d’ là, on-z-a bin vuwe tot
drwèt quausu jusqu’à su l’ bati. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27) - (...) i n’ sét nin
qui nosse walon d’asteûre èt l’ latin di d’ dins l’ timps sôt’nut do min.me tonia !
(J. PIRSON, Scrîre, p. 179) - A l’ sôrtîye do pachi sint-Nicolas, tot l’ côrtèje si
r’trouve ècheune èt à paurti di d’ vêci, i r’prind lès rûwes do viladje. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 31) - Tot ça vint di d’ fwârt lon (...). (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚
12, 9/2000, p. 4)
– OW : Èle a fét dou nouvia cafè, èstî quer (...) dins l’ drèsse, èl sèrvice à cafè dè
d’ quand ’l’ s’a mâriè. (W. BAL, Fauves, p. 11)
Ex. lit. de did devant un pron. pers. :
– CW : Lès lokes quë v’ tërez dë d’ vos, ça èst crôs ’gras’, don. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 56)
E, el
203. E (dans le, masculin) et el (dans la, féminin) sont aussi des articles contractés :
– e trén = dins l’ / divins l’ trén (dans le train) ; el gregne = dins / divins l’ gregne
(dans la grange)
Certaines régions de SW tendent à confondre o (= e, dins li) et å (= a li). Dans tous les
ex. lit. suivants, les autres dialectes auraient utilisé å :
– SW : (...) c’èst mi qui tchwèzich’rè po qu’i n’ manque rin o p’tit. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 49) - C’ènn’a stî assè, èt l’ gamin o tchapê d’ papî a stî batizè
« l’ Rossê Napolèyon » (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 65) - Zîré, dist-i l’ cinsî
o dômèstique, alez mète li vèra a l’uche do stauve (...). (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 88) - Po-z-a rèv’nu o mariadje dè leû comére, nè v’ sone-t-i nin qu’il ant l’êr
mot prèssès ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 35)
Cette confusion existe aussi en SW en dehors des régions ou o et å sont phonétiquement
proches, c.-à-d. dans les régions où l’on utilise ou. Ex. lit. :
– Du l’ôte dès costés, ç’ côp-là, i s’ racousine ou Borkin (...) (L. MAHIN, Bauke 1,
p. 19)
Divant, avant
204. a) Divant peut être préposition de lieu (devant) ou de temps (avant) ; dans le premier
cas, on utilise souvent (surtout en OW et CW) la forme pa dvant pour éviter une
éventuelle confusion :
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 227
– dj’a-st arivé dvant lu mins i s’ a vnou mete (pa) dvant mi (je suis arrivé avant
lui mais il s’est mis devant moi)
b) On constate une tendance à remplacer divant (avant), préposition de temps, par
avant, surtout en OW. Ex. lit. :
– OW : Dîs munutes avant l’rècrèyâcion, i luve in dwèt èyèt d’mande s’i faut doner
a bwâre ausès fleûrs (Emile LEMPEREUR, Tièsses pèléyes, El Bourdon 477,
6/1995, p. 9) - Quand m’ toûr vénra, pourvu qui dji n’ piède nén l’ tièsse èt qui dji
m’ souvène, avant d’ rider dins lès vîyès foûyes, du timps qu’ dj’èsteu co gamin
(...). (B. GENAUX, Scrîre, p. 87) - (...) pace qui, avant di r’ssatchî l’eûwe dola,
i-gn-aveut yin qui diskindeut dins l’ fond (...). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988,
p. 49)
Pa, par
a) La préposition pa est peu utilisée en EW. Elle n’apparaît que sous la forme par,
notamment pour introduire un complément d’agent (au lieu de di). (Pour introduire un
complément de lieu, l’EW utilise po là où les autres dialectes utilisent pa.) Ex. lit. :
– EW : Bèni seûye-t-i l’ Signeûr (...) pace qu’il a visité èt rach’té s’ peûpe (...) insi
qu’i l’a promètou par li vwè d’ sès sints (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 84)
b) Ailleurs, la forme de la préposition est pa (sauf dans un environnement où elle prend
un -r, voir p. 228) :
– dj’a vnou pa Nameur (je suis venu par Namur) ; djel a-st aprins pa nosse pa (je
l’ai appris par mon père)
c) Dans certaines locutions adverbiales, on a toujours par :
– ene feye par djoû, par moes, par an (une fois par jour, par mois, par an)
Rem. : jamais ˚pa djoû, ˚pa moes, ˚pa an ; par contre pa samwinne (par semaine) est
fréquent. On utilise aussi ene feye li djoû, ene feye tos l’s ans, etc.
– par après (par la suite)
– par la (par là) et par ci (par ici) (syn. EW : por la, por chal)
– par nut (la nuit, pendant la nuit, en OW) (syn. del nut, tins del nut, å nut)
An, è
205. La préposition an (en) est empruntée au français et surtout utilisée dans des expressions
figées (elles-mêmes souvent empruntées) :
– l’ afwaire an kestion (l’affaire en question) ; si mete an régue (se mettre en
règle) ; an definitive (en définitive) ; di pére an fi (de père en fils) ; an frôde
(en fraude) ; tchanter an keur (chanter en chœur) ; èn etermint an muzike (un
enterrement en musique) ; on saeyea an zinc (un seau en zinc) pour on saeyea
d’ zinc ; an ivier (en hiver) pour è l’ ivier ou di l’ ivier
On constate une tendance à remplacer è ou d’autres prépositions par an là où le français
utilise en :
– an tchantant pour è tchantant (en chantant) ; an avant pour èn avant (en avant) ;
an 1997 pour è 1997 (en 1997)
228 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS
Ex. lit. :
– OW : Ça fét qu’an pô d’ timps, c’èst come s’on l’âreut toudi conu. (H. VAN
CUTSEM, Chôse, p. 12) [ou : so pô d’ tins]
– CW : En 1943, do trèvint do Noyé, on raconteûve citèle-ci : (...). (Novèles, 46/2000,
p. 3)
Devant un nom de matière, an est utilisé aussi bien que di. Ex. lit. :
– CW : (...) il avin’ one grosse boleûse an keûve ’cuivre’ qu’on tchôfeûve pa-d’zos.
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 62) - C’è-st-on baston en bwès qu’on tape lès trwès
côps avou, d’vant d’ comincî. (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4) -
(...) on batimint en pîres d’agauche (...) (A. LALOUX, Bêrt, p. 10)
– SW : Lès pièces dès cink francs astint an.n-ârdjint. (M. GEORGES, Singuliers,
2/1998, p. 7).
Di ... po
207. a) Po (∼ OW, SW : pou, OW, Lesse, chestr.) (et di) sont utilisés pour interroger sur la
qualité ou la nature d’une chose :
– k’ est ç’ ki c’ est d’ ça po ’ne fleur ? (qu’est-ce que c’est que cette fleur ?) ; k’ est
ç’ ki c’ est d’ ça (po ’ne afwaire ?) (qu’est-ce que c’est ?) ; ki fijhint i co d’ ôte
po åk ? (que faisaient-ils d’autre ?) ; k’ est ç’ po onk ? (quel genre d’homme est-
ce ?) ; k’ aveut i po on tchaepea ? (quel genre de chapeau avait-il ?) ; k’ a-t i
vnou po des djins (quel genre de personnes sont-elles venues ?) ; k’ est ç’ po di
l’ angrais, çoula ? (de quelle sorte d’engrais s’agit-il ?)
Ex. lit. OW :
– Qwè-ce qui c’èst d’ ça pou ène asmala ? (J. GOFFART, Coquia, p. 3)
le même contexte, on trouve aussi normalement : dizeur, dizor, dissur, åtoûr, ver et
avår.
– dji n’ a pont di liârds sor mi (je n’ai pas d’argent sur moi) ; dji n’ a nén on franc
por twè (je n’ai pas un franc pour toi) ; djel a savu par lu (je l’ai su par lui)
Ex. lit. de po (∼ pou) devenant por (∼ pour) :
– SW : Mais c’èst lwagn’rîye do sondjè z-avèr l’êwe por mi tot seû !... (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 18) - D’abôrd, i nos faut dîre brâmint dès pâtèrs por zèls (...).
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 49) - Il aud’rè ça au fond di s’ coeûr por li tot seû
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 93) - Mèrci pou l’ lîve d’ la vîe qu’ v’éz douvri
pour mi. (P. JEAN, Causans, p. 11) - On.n-ôrit dit qu’il astét fêt a m’seure por lèy.
(Ch. BENTZ, Coradje, p. 37)
– CW : S’i conecheut lès paroles, i s’è sièvereut por li, l’ prumî, dandjereû. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - L’ome èt l’ tchin fyint paurt di frères : on bokèt
por mi, onk por twè ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 18) - Por mi, i d’morot d’ l’ôte
costè d’ l’êwe drî lès cladjots. (A. HENIN, Scrîre, p. 105) - C’èst bin damadje,
nin seûlemint pour zèls, mins ossi pou nosse bia èt vî walon (...). (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 10)
– EW : Li vîye d’un-ome ni comptéve nin por lu ! (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185)
- C’èst por vos, c’èst por nos qu’il a d’né s’ vîye (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre,
p. 186) - Adon, l’ comeune l’a bin volou wårder, inte deûs tèris’, por lèy tote
seûle. (J.-D. BOUSSART, Limes, p. 23) - Tot f’zant on novê costume por lu-
méme, i s’aporcèwa qu’i li faléve pus du stofe. (J.-M. MASSET, Contes, p. 17)
- (...) dj’aveû stu l’ prumî a trover qui l’ prîhon èsteût co bin trop pô por lu. (G.
FONTAINE, Billets, p. 48)
– OW : Pwîs ètou, paç’què s’ keûr avèt tokè pour léye... (W. BAL, Fauves, p. 11) -
Èst-ce qu’on pout fé ène saqwè pour vous ? (J. GOFFART, Coquia, p. 2) - In p’tit
ome a ossi mau sès rins pou fouyî ; pourtant, pour li, l’ têre n’èst nén si basse.
(P. FAULX, Limes, p. 37) - Come Jésus aleut chûre lès-autes, Marîye li satche pa
l’ mantche èt, pour li tout seû, li choufèle à l’orèye : (...). (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 57)
Ex. lit. de so (∼ su) devenant sor (∼ sur) :
– OW : Dji compte sur vous pou cominchî l’ preumiêre èmission... (J. GOFFART,
Coquia, p. 21)
– EW : (...) èt l’ Saint-Esprit èsteût sor lu. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 88)
Ex. lit. de dissu devenant dissur :
– OW : (...) èle aveut s’ maniêre à léye dè rculer èt pwîs dè s’ dârer d’sur vous an
sukant, qu’èle aureut fét peû à in gros tchin d’ vatche. (W. BAL, Fauves, p. 6)
– CW : (...) l’ôte [di gamin], avou ène pia d’ bèrbis d’ssur li, riprésinte Sint-Djan-
Batisse. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 30)
Ex. lit. de dizo devenant dizor :
– CW : C’èst po ça, on mètéve one loke à r’lok’ter d’zor lë ’une serpillière en des-
sous de soi’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 22)
Ex. lit. de vè devenant ver :
– EW : Et come ine grande flouhe s’aveût rassonlé, èt qu’on-z-acoréve foû dès vèyes
vèrs lu, Jésus dèrit ’ne fåve. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 112)
230 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS
Devant un verbe commençant par une voyelle, ainsi que devant les adverbes î (y) et è /
endè (en), po devient po-z.
Ex. lit. :
– CW : Maîs pou-z-arivè a fè ène saqwè d’ come i faut, il èst rèquis d’awè bran.mint
do coradje èt co d’ volontè. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10)
Voir aussi le hiatus (p. 63).
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 231
Sens réfléchi
210. Dans un sens réfléchi, on trouvera les tournures onk + prép. + l’ ôte ou prép. + n-on
l’ ôte :
– rotez pa drî n-on l’ ôte ou rotez onk pa drî l’ ôte (marchez l’un derrière l’autre) ;
i travayèt po n-on l’ ôte ou i travayèt onk po l’ ôte (ils travaillent l’un pour
l’autre)
Ex. lit. :
– SW : Di conuchances qu’il astint l’an passè, vo-lès-là duv’nus dès camarâdes
èt, onk dilé l’aute, à djok là-haut su li d’vant dol male, il è vont a copinant. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 108) - Tos lès clâs èstint dins lès bwèsses di cârtron,
strindouyes one conte l’ôte. (R. DEDOYARD, Scrîre, p. 56)
Verbes et prépositions
211. Certains verbes se construisent avec une préposition. Le lien entre le verbe et la pré-
position est si fort que cette préposition peut demeurer même si le verbe n’a pas de
complément :
– i n’ a nén volou vni avou (il n’a pas voulu nous accompagner) ; nos frans bén
sins (on s’en passera bien) ; cache après, d’ abôrd ! (cherche-le donc !) ; i gn
aveut des cådes di pindous après (des cadres y étaient pendus)
Ex. lit. :
– EW : Tunoz vosse deût d’vins. (J.-M. MASSET, Contes, p. 9) - C’èst damadje ku
nos n’ sèrans nin là po fé avou, hê, vî ? (J.-M. MASSET, Contes, p. 12)
– CW : I tchiketeut pâremint d’ trop autoû. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15) -
È s’place, one saqwè d’ si virlitche [do pèket], dji m’aureu médyi avou pa en
d’dins. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13)
– SW : (...) tot çoula so ’ne clére nape avou dès-oûhês brodés d’sus. (A. SOUGNEZ,
Scrîre, p. 204) - Dj’îri dwârmu avou ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 83)
Chapitre 11
Les conjonctions de
coordination
Ajout
– èt ∼ eyèt (et) 1 , èt ∼ eyèt co (et encore), èt ∼ eyèt ossi (et aussi), eyèt ∼ èt minme
(et même), èt pu (et puis), èt pu co (et de plus) ; insi ki (ainsi que) ; ostant qui
(autant que) (∼ ottant, liég.) ; di pus ∼ di pus’ (de plus)
Ex. lit.
– CW : Nos momans èt nos grands-momans, insi qui nos sint curès î ont tron.nè
d’ frèd è l’iviêr... (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 6) - Ambicieûs ostant qu’intèlijent,
Arnold de Ville a ègadji s’ fîye pa in tèstamint (...) (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 16)
- Dipus, ils s’ègadjenut à tirè l’ sauvlon èt lès cayaus brut’ qu’i gn-a dandji pou
bâti l’èglîje. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 19)
– EW : Di pus’ nolu n’ deût påti dè-l’condicion di s’patrèye rapôrt ås-ôtes payis
(...) (Dèclaråcion 2, art. )
– èt si (et) entre deux verbes : il èst malåde èt s’ vôreût-i bén moussî foû (il est
malade et il voudrait sortir) ; purdoz l’ ôto èt s’ l’ alez mète è gårèdje (prends la
voiture et va la mettre au garage).
Ex. lit. de la conjonction èt si :
– SW : Purdez one crosse peû d’on mwês fwin, di-st-èle Gaguite èt s’ ni ruv’nez nin
trop taurd. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 30) - (...) èle l’a covru come on-èfant èt
1. ALW II, 71 (« et »).
233
234 CHAPITRE 11. LES CONJONCTIONS DE COORDINATION
s’ lî a r’tchaufè one jate di lècê. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 39) - Lès fèmes one
après l’aute ont apicè l’ pauke èt s’ont stramè dès grossès gotes di bènite êwe (...)
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 46) - Is mètint la brantche su in blokê, èt s’ bouchint
d’ssus avu come ène makète. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 37)
– EW : (...) vos rèscontrez ’ne saquî èt s’ fåreût-i co qu’ vos sèpése çou qu’èlle èst.
(J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - Alez-è å lådje èt s’ tapez vos hènas po pèhi. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 98)
Alternative
– ou (brab., SW aussi : u, û) (ou) 2 , ou minme (ou même), ou bén (ou bien), oudô-
ben (ou bien), ou bén ki (ou), oudôbén ki, ou co bén (ou bien) ou k’ c’ est (ou
alors), oudon, oudon ki, oudon k’ c’ est (ou alors)
– ni . . .ni (ni . . .ni)
– seuye-t i . . .seuye-t i (∼ soye-t i) (soit ... soit), swet ... swet (soit)
– nén pus ... ki (pas plus ... que)
Ex. lit.
– CW : Done-mu m’ pupe qu’èst là, su l’ tchiminéye, va, Lalîye, ou dôbin i m’ faurè
co r’tchaussi mès savates po m’ drèssi. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15) - Is
n’ sayenut nin d’ prouver qui l’ Walon è-st-on patwès, nu qui l’ Francès è-st-
one « langue supérieûre » pace qu’is n’ saurin.n’ prouver nu onk nu l’ôte. (R.
VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 18)
– SW : (...) si skiron (...) toûrnot autoû di s’ cô, ou bin qu’i l’ siyot come on p’tit
tchin (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 82) - (...) i fait sès d’vwârs do mî qu’i
pout, soye-t-i ad’lé s’ moman qui fîye, soye-t-i ad’lé s’ mârène Gèlique (...). (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 67) - Lès-omes sont vôyes ôs tchamps, ûcobin k’ c’ è-st-
ou bwès. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 11) - Èst-ç’ qu’on pèlot su l’ aube drèssé
ûdonbin qu’ on l’ foutot djus duvant du c’mècer ? (L. MAHIN, Bauke 1, p. 37).
– EW : Zanzan n’ènn’ aveût ni l’ volté ni l’ fwèce. (MITTEI, Zanzan, p. 14) - Çoula
arive co sovint mins s’ fåt-i bin rik’nohe qui l’åbe ni lî rèspond måy, seûy-t-i qu’il
èst grandiveûs ou seûy-t-i qu’il èst soûrdô. (J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - Mins,
nin pus’ lès-andjes qui lès-ouhês ni tchantèt è walon. (Eli Michel, Djåzans, p. 5,
9/95) - Chaskeun’ èst lîbe d’ aveûr dè bin, seûye-t-i d’a sonk tot seû, seûye-t-i è
comunôté. (Dèclaråcion 1, art. 17)
– OW : Gn’aveut ni scole ni Maîsse di scole quand il a v’nu su l’ Têre. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 12)
Comparaison
– come (comme), ossi bén ki (aussi bien que), ostant ki (autant que) : c’ est por lu
ossi bén k’ por mi (c’est pour moi aussi bien que pour lui)
Succession
– pu (puis) (∼ pwis), èt pu (et puis), adon (ensuite), adon-pwis (puis, ensuite),
alôrs (alors, ensuite)
Opposition
– mins (mais) (∼ OW, SW : més) 3 , mins si (mais), mins ossi (mais aussi), portant
(pourtant), seulmint (cependant, seulement), mins nerén (cependant, toutefois,
néanmoins), mågré tot (malgré tout, cependant), mågré ça (cependant), mins
non pus (toutefois, néanmoins), ci côp la (par contre, au contraire, en revanche),
èt si (et pourtant)
Ex. lit. :
– SW : (...) dji n’ sondjo nin à vos si vite èt s’ dj’î sondjo, ca dj’ê dit m’ tchap’lèt
à mèsse (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 92-93) [c’est le èt s’ qui dénote une
opposition, pas le ca) - Du l’ôte dès costés, ç’ côp-là, i s’ racousine ou Borkin (...)
(L. MAHIN, Bauke 1, p. 19)
– EW : çoula arive co sovint mins s’ fåt-i bin rik’nohe qui l’åbe ni lî rèspond måy,
seûy-t-i qu’il èst grandiveûs ou seûy-t-i qu’il èst soûrdô. (J. WARNIER, Scrîre,
p. 225)
Conséquence
– d’ alieur (d’ailleurs), insi (ainsi), ossi (aussi), eto (aussi) (∼ OW : ètou), ça fwait
ki (par conséquent, c’est pourquoi), do côp (en conséquence) : i n’ s’ a nén dis-
piertè, èt do côp il a stî tårdou (il ne s’est réveillé et par conséquent, il a été en
retard), adon (donc), don (donc), tantia (ainsi), ciete (certes).
Ex. lit. :
– EW : Don, å k’mincemint dè monde, qwand l’ bon Diu crèya Adam, i crèya ossu
lès sotês. (MITTEI, Zanzan, p. 8) - Ciète, dji n’a qu’à brêre, mins dji n’a pus
qu’« Lou » èt « Wi » (...). (MITTEI, Zanzan, p. 21) - Vos adjihez don sotemint si
v’ mètez vosse confiyince ou vosse djôye divins quî qui ç’ seûy, såf divins lu. (J.
BOSLY, Imitåcion, p. 82)
– CW : Tantia, ossi rate passéye li môde do tant pavè lès routes, li p’tit Skèwe a stî
l’ prumî qu’on-z-a rèvoyi d’à l’ câriére. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
– SW : D’alieûrs, il astot bin v’nu d’ tortos (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 65) -
Ossi, il avot dès camarâdes po z-alè randachè on pô tot costè (...). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 65)
Mise en garde
– sinon (sinon), ou sinon (ou), sins cwè (sans quoi), ôtrumint (autrement) : taij-
hoz v’, ôtrumint vos seroz pûni (taisez-vous ou vous serez puni), ca ôtrumint
(sinon), ca adon (sinon)
3. ALW II, 73 (« mais »).
236 CHAPITRE 11. LES CONJONCTIONS DE COORDINATION
Cause
– ca (car)
Ex. lit. :
– SW : Dj’a rîrans, Coralîe. Ca t’t-a l’eûre, i-gn-ôrè co dès môvêses linwes qui
dîrant qu’on côse èt qu’on côse... (Ch. BENTZ, Coradje, p. 37)
– EW : D’ åbitude, ine tèm’tåcion qui v’s arive èst l’ sègne d’ on ric’fwért qui sût,
ca l’ ric’fwért dè Cîr èst promètou ås cis qu’ ont stu c’picîs d’ tèm’tåcions. (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 87)
– OW : Marîye li choûte, li boutche au laudje, sins dire in mot ; mais quî nos dira
çu qu’èle pinse ? Ca èle veut lon, l’ pôve moman... (E.-J. PIRET, Extraits, p. 55)
Divers
– d’ alieur (d’ailleurs), do mons (∼ mwins’) (du moins), c’ e-st a dîre (c’est-à-dire).
Ex. lit. :
– EW : Si v’ supwèrtez d’ bon coûr d’ èsse çou qu’ vos èstez, ç’ è-st-à-dîre in’ ome
qui deût sofri èt mori, i v’s îrè d’ on côp mîs èt vos troûverez l’ påye. (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 98)
Chapitre 12
Les conjonctions de
subordination
12.1 Le temps
213. Liste non exhaustive de quelques conjonctions (ou locutions conjonctives) de subordi-
nation introduisant des propositions circonstancielles de temps. Sauf indication contraire,
ces conjonctions appellent, dans la proposition subordonnée, l’indicatif en cas de si-
multanéité ou postériorité, et le subjonctif en cas d’antériorité :
– (a) tchaeke côp ki (∼ chake) (chaque fois que)
– adon ki (au moment où, alors que). Ex. lit. :
EW : Tot v’nant foû d’ cisse catèdrâle, adon qui lès sèt-eûres sonît, dji r’tapa on
côp d’oûy so-l’ pancarte (...) (G. FONTAINE, Billets, p. 15)
– a tot côp ki (chaque fois que). Ex. lit. :
EW : A tot côp qu’ l’èfant potche, li påvion ènnè va (...). (J. WARNIER, Scrîre,
p. 224)
– a fwait ki ou a mezeure ki ou fwait-a-mezeure ki ou fwait-a-fwait ki (à mesure
que)
– alôrs ki (alors que)
– å moumint ki (au moment où)
– a pårti do moumint ki (à partir du moment où)
– a ponne ki (∼ pwinne, pwène, pône) (à peine que) : a ponne k’ elle a-st avu
mindjî, elle end a nd alé (à peine a-t-elle eu fini de manger qu’elle est partie). Ex.
lit. :
EW : ’On va sèrer’ nos d’ha l’ome, a pon.ne qui nos-aprèpîs. (G. FONTAINE,
Billets, p. 15)
– après ki (après que). Ex. lit. :
EW : Après qu’i fourit v’nou foû dè l’ sinagogue, Jésus intra st-è l’ mohone da
Simon. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 97).
OW : Mam’zèle Chôse è-st-arivéye dimèrer roci, mon di s’ mononke, tout d’chûde
237
238 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION
po ènocint d’ çou qu’on lî r’proche disqu’a tant qu’i seûye rik’nohou coupåbe (...)
(Dèclaråcion 2, art. 11).
– do tins ki ou tins ki ou dismetant ki ou sol tins ki ou tot fant ki ou di ç’ tins ki
ou li tins ki (pendant que). Ex. lit. :
SW : Tins qui v’ dîrez l’ tchap’lèt, dj’îrê fére li cafè a nosse maujon (...) (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 46) - Justin n’ è jamês rouviè non pus k’ il astét assîs conte lu
meur dol mâjon (...), èl tins k’ leû mére fouyét èt grâlét l’ courti. (M. GEORGES,
Singuliers 2/98, p. 10)
CW : One pitite charogne qui vos clawerè à l’ bodène, dosmètant qu’ vos causeroz
avou Cadîye (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21) - (...) maman lès r’passéve
’lavait la deuxième fois’ dë ç’ timps ’pendant’ qu’on tournéve lë deûzyinme ma-
chëne. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 28) - I faut s’î mète cwârps èt âme èt n’ nin
lachi d’ène simèle do timps qu’on-z-aprind. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 11)
OW : Qwè ç’ qui vos mindjîz, tins qu’ vos travayîz ? (L. POLLEN, DTW, t. 16,
1988, p. 52) - Contunuwons, l’timps qu’Nos y-èstons, di-st-i l’ Grand Maîsse ! (E.-
J. PIRET, Extraits, p. 7) - Timps què djè r’wéte lès tchaussètes, djè m’ fé r’bourér
(...). (Ch. TOMBEUR, Ch’napans, p. 28)
EW : Li qwinzin-ne [sic : inme] an-nêye dè ringne di l’Ampèreûr Tibêre, tot fant
qu’ Ponce Pilåte èsteût gouvèrneûr dèl Djudêye (...), li parole dè Signeûr si fa st-
oyî (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 90) - Li sèmeû ala sèmer si s’mince ; èt
dismètant qu’i sèméve, ine pårtèye touma l’ long dè l’ vôye (...). (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 112)
– ki (pendant que, alors que). Ex. lit. :
SW : I d’junot avou l’ cinsî, qui lès coqs kimincint à tchantè, èt aye èvôye après
Arlon a courant (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 85)
CW : Lès minâbes djoûs (...) qu’on dut alumè l’ quinquèt qu’i n’èst co pont d’eûre,
li Skèwe croufieut o culot, dins lès cotes da Lalîye. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 15) - Il a apici one deûzin.me marinde qu’i choneut qu’on nè l’ waîteut nin. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 17) - On n’ rotéve ’circulait’ ni qu’on pouwéve ! (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 26)
OW : S’i gn-a saquants pansârds dins l’ binde, pinse-t-èle, nos-aurons ène bèle
broke qui [sic, = qu’i] n’ s’ra né taurd ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 57)
– on côp ki (une fois que). Ex. lit. :
SW : Dû ç’ qu’i mètint lès scwâces in côp qu’èlles astint à vôye ? (L. MAHIN,
Bauke 1, p. 55)
– ossi lontins ki (aussi longtemps que). Ex. lit. :
CW : Ossi longtimps qui lès scrîjeûs walons vôront fè r’ssôrtu li lingadje di leû
viladje, nos duvans bin crwêre, come l’a dit J. Collot : « Po lîre li walon, i faut
ièsse capâbe. » (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 11)
OW : Pou ène tchance, è v’là iène, qui v’s-aléz m’ dîre ! Mais n’ l’avons-dje nén
ètou, ossi lontins qu’ no-n-âme n’èst nén man.nète ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 12)
– cwand (quand)
– cwand (c’ est) ki (lorsque). Ex. lit. :
EW : Cwand c’èst qu’on v’néve foû dèl gåre, i faléve co monter so on camion (...).
(J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113) - (...) on n’èst måy al djôye qwand c’èst
qu’on s’ prind ’ne bone fèssêye ou quéquès pådjes a scrîre. (J. WARNIER, Scrîre,
240 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION
p. 224)
SW : Adon, quand quu l’ vagon astot fin plin, lu trin l’ mon.not èdû ç’ qu’ i gn-avot
dès molins à chwâches. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 57)
– terchedon ki (jusqu’à ce que) : terchedon ki n’s årans tot fwait (jusqu’à ce que
nous ayons fini)
– tot côp ki (à chaque fois que). Ex. lit. :
EW : C’èst djustumint çou qui m’ mame dit à m’ papa tot côp qu’ dj’a fêt l’ mèt-
chant. (MITTEI, Zanzan, p. 10)
– tot ratindant ki (en attendant que) + subjonctif
vos ahèsses, di téle manîre qui v’ n’ årez pus dandjî d’ rawårder l’ sécoûrs dès
omes. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 68) - (...) sacwants [ont] rabahî èt brutålizé l’s-ôtes
d’ine téle manîre qui l’consyince di l’ûmanité ènn’a stu révoltêye ; (Dèclaråcion
2, Préambule) - Avec subj. présent : Èt, å vrêy, vos n’ î parvinrez nin si s’ gråce
ni v’s î assètche nin d’ abôrd di téle manîre qui, après aveûr fêt tchèsse-manèdje
åd’vins d’ vosse coûr, vos n’ fez’ qu’ onc vos tot seû avou lu tot seû. (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 83) - (...) on s’ deût arindjî d’ manîre a ç’ qui lès dreûts èt lès lîbèrtés
chal divant prôclamés sèyèsse bin rèspèctés. (Dèclaråcion 1, art. 28)
– di manîre ki (de sorte que) + indicatif présent. Ex. lit.
EW : (...) ås-ôtes, il [li mistére dè rwèyôme di Diu] èst-anoncî d’vins dès fåves,
di manîre qui tot vèyant i n’ vèyèt nin, èt qu’ tot-z-oyant, i n’ comprindèt nin. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 112)
– (di) peu ki, di pawe ki, (di) sogne ki (de peur que) + subjonctif ou conditionnel.
Ex. lit.
OW : Il a rmouchî sès grawes peû qui l’ pîre ni soumadje (...). (H. PETREZ,
Fauves IV, p. 11)
EW avec le subjonctif : (...) èle vis prindront d’vins leûs mains di sogne qui vosse
pîd ni s’ trèbouhe disconte ine pîre. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 94)
EW avec le subjonctif puis le conditionnel : Insi, qui ci n’ seûy nin Moyîse qui
m’ djåse, mins bin vos, Signeûr mon Diu (...), sogne qui dji n’ moûre èt qu’ dji
m’ troûve télefèye sins mèrite (...), sogne qui vos n’ mi r’protcherîz d’aveûr oyou
vos c’mandemints èt di n’ nin l’s aveûr hoûtés (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 102-
103)
– po ki (pour que) + subjonctif. Ex. lit. :
SW : Poqwè ç’ què v’ n’oûz nin brouyè vost-ome po qu’i v’ paye on mantê d’ vison
come nos-oûtes ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 83)
OW : Nos vos donerans dès blancs-mouchîs / Pou qui l’ frèdeû n’ seûche vos
picî. (H. PETREZ, Fauves IV, p. 14-15) - (...) èt co lès stwales qu’Il î a sèmè
pa pougnîyes pou qu’on vêye clér quand l’ solia sèreut coûtchi. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 8)
EW : Hay, åme fidéle, aprèstez vosse coûr à r’çûre on si bon camaråde po qu’il åy
bon di v’ni d’lé vos èt min.me di d’morer avou vos. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 68)
- (...) done po t’ riwèrihèdje çou qu’ Moïse a dit dè d’ner, po qu’ çoula chève
di proûve. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 99) - [Ine] rik’nohance di cès dreûts
èt d’cès lîbertés-la, po qu’i sèyèsse mètous èn-alèdje po d’bon tot avå l’monde,
ot’tant po lès populåcions dès-Etats Mambes zèls minmes qui po lès cisses dès
téres qui sont d’zos leû k’dûhance. (Dèclaråcion 2, Préambule)
– po n’ nén ki (pour que ... ne ... pas) + subjonctif : po n’ nén qu’ il ervåye (pour
qu’il ne retourne pas)
– di téle sôrt ki (de sorte que). Ex. lit. :
EW : Tos lès cis qu’ovrèt on l’ dreût d’èsse payis d’ téle sôrt qu’il åyèsse assez po
viker èt po fé viker leû famile (...) (Dèclaråcion 2, art. 23)
12.3. HYPOTHÈSE, CONDITION 243
Emplois
215. La conjonction ki seule, éventuellement après une comparaison, peut signifier « à tel
point que », « de sorte que ». Ex. lit. :
– SW : Èle travaye come one bièsse, qu’èle n’è min.me pus l’ timps d’ s’acay’tè on
poû quand-èle dwat-z-a nalè. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 35) [à tel point que]
– OW : (...) èle aveut s’ maniêre à léye dè rculer èt pwîs dè s’ dârer d’sur vous an
sukant, qu’èle aureut fét peû à in gros tchin d’ vatche. (W. BAL, Fauves, p. 6) -
Lès djoûs ont passè télmint râde qu’on-z-èst dîmince qu’on n’ sè d-a nin apèrceû.
(W. BAL, Fauves, p. 10) [même cas que la phrase précédente ; on pourrait avoir :
On-z-èst dîmince qu’on n’ sè d-a nin apèrceû]
– CW : Onk qu’a trop d’ caurs, qu’i n’è sêt pus qwè fè (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 13) [= quelqu’un qui a trop d’argent, (à un point tel) qu’il ne sait plus
quoi en faire ; l’auteur aurait aussi bien pu écrire ... ki n’è sêt pus qwè fè ; on aurait
alors une relative dont l’antécédent est onk, quelqu’un ]
– EW : (...) èt tot l’ monde riyéve, tchantéve, tchawîve, potchîve èt s’ quihinéve
qu’on s’åreût crèyou à l’ fièsse di Djus-d’la po l’ djoû dè bê bouquèt. (MITTEI,
Zanzan, p. 43)
CW : On fiéve on câré avou lès lokes, à mwins qu’ë-n-arot yë dèl flate ’bouse’ !
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 81) - Après mèsse oudôbin après non.ne, ils ènn’alint
avou leûs parints èmon leûs grands-parints (...), pou-z-î lîre leûs complumints, à
mwins qu’i lès aurint yeû èvoyi pa l’ posse. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 44)
EW : A mons qu’ ci n’ sèreût l’ proféte Kisétomîquinôte ! (MITTEI, Zanzan, p. 30)
OW : (...) quand èle ni tchante né, èle danse, à mwins qu’èle ni f’reut lès deûs d’in
côp, çu qu’arive co sovint. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 64)
– a pus ki (à moins que / de) + infinitif ou subjonctif : li meûr ni ténrè nén, a pus
ki d’ l’astoker / a pus qu’ nos l’ astokanche (ce mur ne tiendra pas, à moins que
nous l’étançonnions)
– a supôzer ki (à supposer que) + subjonctif ou conditionnel
– ca bén ki ou co bén (minme) ki (lors même que, même si) + conditionnel : ca
bén k’ dji sereu ritche, dji vikreu come asteure (lors même que je serais riche,
je vivrais comme aujourd’hui)
– come (comme si). Ex. lit. :
CW : Lès djakètes ’jaquettes’ : c’èstot come sèrot ’si c’était’ one bloûse d’asteûre
(...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 15)
– d’ abôrd ki (du moment que) + indicatif
– d’ astcheyance ki (au cas où). Ex. lit. :
CW : I n’a aurdè qu’one pitite makète èt l’ grètwè ; d’astchèyance qu’on l’aureut
co ukè po maketè aus pîres. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16)
– d’ azård si (si jamais) + indicatif
– di hisse ki (de peur que). Ex. lit. :
EW : Tot l’ monde rat’na si alône du hisse ku l’ flame dol èponje nu l’ mètahe è
feû. (J.-M. MASSET, Contes, p. 9)
– dins l’ cas ki ou (si) an cas (ki) (au cas où) + conditionnel. Ex. lit. :
CW : Come ça, on ’nn’ a dès nous an cas on ’nn’ arot dandji ’besoin’, s’on sèrot
malade ou n’importe. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 18)
EW : Si an cas qu’ i-n-åreût ’ne pèrsécussion, on a todi l’ dreût d’ cwèri a s’ ahou-
ter èt di s’ sêwer a l’ ètrindjîr (...) (Dèclaråcion 1, art. 14)
– (di) peu ki (de peur que) + conditionnel. Ex. lit. :
SW : Vos-îrez bin mon Maxi a passant (...), peû qu’i n’ son’rint l’ transe dimwin
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 45-46)
CW : Peû qu’ lès vèjins d’en face ni s’aurint d’mandè ci qu’i cwèsieut insi, Djâque
a faît chonance do ’nn’ alè foû do viyadje. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 28)
– do moumint ki (du moment que). Ex. lit. :
SW : (...) ca ç’ n’astot nin on brèyau : do momint qu’il avot à mougnè à tins, i
n’ tchûlot nin. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 57-58)
EW : (...) ca dè moumint qu’ èl supwète di bon coûr [ci-là qu’è-st-acåblé], tot
l’ pwès di s’ doleûr divint ’ne confiyince è solåcièdje dè bon Diu (...). (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 96) - Dè moumint qu’ine saquî èst rik’nohowe come mambe dèl
sôcièté, èle pout prétinde al sécurité sociåle. (...) (Dèclaråcion 1, art. 22)
– doulmint ki (à condition que, du moment que)
– a pårti do moumint ki ( à partir du moment où) + indicatif
– minme si (même si) + indicatif ou conditionnel
– minme ki (même si) + conditionnel
12.3. HYPOTHÈSE, CONDITION 245
– por ostant ki (pour autant que, dans la mesure où) : il est d’ acoird por ostant ki
ça nel disrindje nén (il est d’accord dans la mesure où ça ne le dérange pas)
– po si pa des côps (au cas où, dans l’éventualité où)
– pourvu ki ou porveu ki (pourvu que) + subjonctif
– s(i) (si) + indicatif ou conditionnel : s’ i vént, nos djowrans echene (s’il vient,
nous jouerons ensemble - éventualité) ; s’ i vénreut, nos djowrins echene (s’il
venait, nous jouerions ensemble - supposition). Ex. lit. :
OW : Et s’ nos mèténs in Cièl pa-d’zeûs çoulà ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 7)
– såf si ou i gn a jamwais ki si (sauf si) : dji v’ vénrè vey, i gn a jamwais ki s’ i
ploûreut (je vendrai vous voir, sauf s’il pleut)
– seuye-t i . . .seuye-t i ou swet ki . . .swet ki (soit que) : swet k’ il esteut sô, swet
k’ il a stî asblouwi, i s’ a fwait rvierser pa ’ne oto (soit qu’il était ivre, soit qu’il
a été ébloui, il s’est fait renverser par une voiture)
Emplois
217. a) Dans une proposition subordonnée d’hypothèse introduite par si, le wallon peut
utiliser un conditionnel présent, un indicatif imparfait ou encore un subjonctif imparfait
:
– si dj’ åreu des cårs, dj’ end îreu ou si dj’ aveu. . . ou si dj’ avaxhe . . . (si j’avais
de l’argent, je partirais)
Ex. lit. de si + conditionnel :
– OW : S’i gn-âreut qu’ mi, dji f’reus ça ètou (...) (J. GOFFART, Coquia, p. 4) -
(...) vos-avîz l’ér di nos catchî ène saqwè... come si ça s’reut in s’crèt prodjèt ?
(J. GOFFART, Coquia, p. 13) - (...) il-èsteut fiér come si ç’ âreut stî li qu’aveut
r’montè toutes lès bèrlines qui barlondjît su leûs câbes (...). (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 77) - ça fét qu’an pô d’ timps, c’èst come s’on l’âreut toudi conu. (H.
VAN CUTSEM, Chôse, p. 12)
– EW : (...) come si vos pôrîz magnî dès-oûy çou qu’ lès pratiques ont d’vins leû
tchèrète (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 11) - On n’ pout marier in-ome èt ’ne
feume s’ i n’ sèrît nin d’acwèrd. (Dèclaråcion 1, art. 16)
– SW : (...) èt i nn’ aurdèt on cochê si on nn’ aurot dandjî por on malaude ou por on
mwârt. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 124) - Èt lès djins ni srint nin tout piêrdus /
S’ i wêrint dvant leûs-oûys leû vèjin qui mûrrot. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 12)
– CW : (...) si lès rèspon’sâbes d’adon aurint v’lu s’ocupè sérieûsemint d’ l’afaîre,
asteûre, nosse chére Walonîye aureut tot ç’ qu’i gn-a dandji pour nos-ôtes sawè
lutè à ârmes-égâles (...) (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 9) - Si vos vôrîz one pîce ou
l’ôte à lîre, vos p’loz todi d’mander à A.B. di vos l’èvoyî (...). (BATISSE, Li P’tite
Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4)
Certains considèrent l’emploi de l’indicatif imparfait comme fautif et dû à une in-
fluence du français. Cependant, cette concordance est très courante. Ex. lit. de si +
indic. imparf. :
– OW : (...) c’èst dèl pwène, dè l’anôye, come si l’ vîye esteut pèsante a pôrter. Yun
a dès-ouys trisses come in djoû d’ plouve, èn-ôte a l’ér’ pèneûs come s’il aureut fé
djène wit’ djoûs (...) (J. SPINOZA-MATHOT, El minme lingâdje pou tèrtous, El
246 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION
Bourdon 477, 6/1995) [ici, les deux modes sont utilisés à une phrase de distance]
- (...) èle l’aveut vrémint satchi dins l’ bo, come si èle aveut stî in tchin qui sint ’ne
sacwè. (W. BAL, Fauves, p. 6) - Et s’ nos mèténs in Cièl pa-d’zeûs çoulà ? (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 7)
– SW : Â ! Si dj’ p’lo l’avèr a méye-nêt ! sondje-t-i. (J. CALOZET, Pitit d’ mon
lès Ma-tantes, p. 18) - C’èst come si on s’avot d’né l’ mot : gn-avot-i dès djins
èt dès djins à l’atèr’mint ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 51) - Si vos savîz come
ça s’ pwate bin ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 83) - Lès pus arèdjès s’ôrint ktwardu
l’ rèslî si on l’s-éve vlu choûtè. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4)
– CW : Qué novèle si l’ curè lî aveut tchèyu su l’ bosse ! (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12) - Èle s’a r’coutchi è s’ lèt èt r’porsîre si vôye en fiant l’ sodwârmant come s’i
gn-avot rin yu. (A. HENIN, Scrîre, p. 104) - C’èst come ça qu’ lès Romains pôront
(...) trèvautchi tote li Swisse en fiant rôlè d’vant zèls, come s’is djouwin.n’ au cèke,
lès fromadjes di gruyère qu’is bribin.n’ dins lès cinses. (J. PIRSON, Scrîre, p. 180)
– EW : Si dj’atakéve a vûdî l’êwe, pinse nosse Marie (...). (A. SOUGNEZ, Scrîre,
p. 204) - Èt vol’la qu’ènnè va tot måva, brèyant come s’on lî aveût råyî ’ne plome
di s’ cou. (J. WARNIER, Scrîre, p. 226) - Si dj’aveû co mès sabots todi, dji spiye-
reû ç’ måheûlé ouh-là. (MITTEI, Zanzan, p. 25) - Si v’ sûvîz l’ dreûte vôye, si v’s
èstîz bin distètchî d’ tot, vos n’ rissètcherît [sic, = îz] qu’ avantèdje èt profit. (J.
BOSLY, Imitåcion, p. 71) - Pôve robète, si t’aveûs stou tchîr è bwès, tu vik’reûs
co. (S. FONTAINE, Colas, p. 4)
L’indicatif imparfait n’est pratiquement utilisé qu’en EW dans ce contexte. Ex. lit. :
– EW : S’on avasse avu sogne, è francès, dè djouwer Ionesco d’vant ’ne pougnêye
di djins, i n’ sèreût nin oûy on classique. (M. SLANGEN, Djåzans, p. 1, 9/95)
b) Une proposition subordonnée d’hypothèse ou de condition peut être exprimée par
le conditionnel et introduite par ki si la proposition principale contient elle-même un
verbe conditionnel :
– li diâle mousreut k’ on n’ motireut nén co (le diable entrerait qu’on ne bronche-
rait même pas ou même si le diable entrait, on ne broncherait pas)
c) Le CW utilise le conditionnel après des verbes comme waitî ki, vey ki (imaginer
que). Ex. lit. :
– CW : Vèyoz qui, di d’ vêlà pad’zeûs, onk dès sints disfreut ci qu’ l’ôte aureut
èmantchi por nos ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25) - Si l’ pa aveut co sès-ouy di
vingt-ans, waîte bin qu’i l’s-adouyereut quét’fîye brokè, zèls trwès, bwâre li dérène
jate divant do ralè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27-28) - Veus’, su ç’ timps-là,
qu’i sèreut dèdja addé l’ man. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 28)
– adon ki (alors que) : i n’ mi rwaite pus, adon ki dj’ a tant fwait por lu (il ne me
regarde plus alors que j’ai tant fait pour lui). Ex. lit. :
EW : C’èsteût si drole du faleûr ènn’ aler insi adon qu’on ratind co one sacwè.
(J.-M. MASSET, Contes, p. 19) - Adon qu’ dès Walons trovèt, ou ont trové a r’dîre
si sovint so nos scriyeûs, il èst tot l’ minme plêhant dè vèyî qu’on Prix Nobel
åye sicrît çoula so onk dès nosses ! (Djåzans, p. 14, 9/95) - Oûy, adon qu’ çoula
d’vreût-èsse li påye (...) vo-l’-la co pûni. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224) - Hèpé-Jou
ni m’ lêrè nin mori insi adon qui l’ voyèdje dizos tére èst si près d’èsse bin vite
fini... (MITTEI, Zanzan, p. 21).
N.B. : cette conjonction fréquente est encore considérée comme calque du français
« alors que » par certains, qui préfèrent les équivalents å rgard ki, sol tins ki, etc.
– alôrs ki (alors que). Ex. lit. :
SW : La ptite rosse (...) avét tot d’ on coûp criyè k’ lès-Almands arivint, alôrs’ k’ i
gn avét pèrsone s’ la route. (M. GEORGES, Singuliers 2/98, p. 9)
– a pårt ki (sauf que) : ça va bén, a pårt ki dj’ a må mes pîds (ça va bien, sauf
que j’ai mal aux pieds)
– bén ki (bien que). Ex. lit. CW :
Bin, qui ç’ seûye da mi, c’èst rate qui l’ charogne îreut cheûre sès pates ôte paut.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 18)
– ca bén ki (quand bien même) + conditionnel ou subjonctif : ca bén k’ il åreut
fwait del grande air. . . (quand bien même il y aurait eu beaucoup de vent...) ; ca
bén ki ç’ seuye lu. . . (quand bien même ce serait lui...)
– ca bén ki (quoique, même si) + indic.. Ex. lit. :
SW : (...) Lès mwêchès novèles, ca-bin qu’on s’î ratind, ça fait todi mau. (J. CA-
LOZET, Ma-tantes, p. 106) - Is ’nn’ aurint atrapé yène, du ratoûrnêye (...), ca bin
qu’ ç’ astot dèdjà dès grands fwârts djon.nês. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 55)
– co(r) bén ki (encore que, bien que) + conditionnel ou subjonctif. Ex. lit. :
OW : Ene mamezèle toûrnikéve autoû d’in gros solia / Qui, core ben qu’astoké,
klinçait s’ tièsse après tère. (H. PETREZ, Fauves IV, p. 129)
SW : Èt co bin k’ c’ èst k’ i l’ têrint bin, / C’est nin po djouwer a dès djeûs
d’ tirlibibi. / Èt co bin ku ç’ soye du leûs-âdjes, / C’èst nin dès-aradjés pou nn-
aler gangner dès sous fû du viadje. (J.P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 11)
– cwand (quand) + conditionnel. Ex. lit. :
SW : V’ wêtréz d’ passè on djoûr dol sèmin.ne al môjon, quand cè n’ s’rit qu’one
minute, èl tins d’ côsè on poû a bouvant one jate dè bon cafè. (Ch. BENTZ, Co-
radje, p. 37)
CW : (...) il a moussi o l’ coujène, à l’ grande cinse ; veûy après one miète
d’ovradje, quand ci n’ sèreut qu’ po mès dints. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17)
– cwèki (quoique). Ex. lit. :
OW : Qwèqu’ dins sès-oûys on wèt rlûre dès spites d’alumwères. (H. PETREZ,
Fauves IV, p. 11)
– ki (quoique ; alors que) : ki, dji n’ è vôreu nén fé on vraiy (quoique je ne pré-
tende pas que ce soit vrai). Ex. lit. :
248 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION
SW : On-avot drwat d’ pèler lès cés qu’ astint su s’ paurtadje du vîrée (...). Quu,
pa dès côps, on-è f’jot co ène paurt û deûs d’ pus (...). (L. MAHIN, Bauke 1, p. 31)
CW : Sovint, nos-avans plusieûrs mots, qui l’ Francès n’ ’nn a qu’onk : (...) (R.
VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9) - Qui, dins l’ timps, on z-aveûve si plêji à mou-
gnî one trintche di bon pwin (...) (Chwès, Libramont, p. 54)
– cwite a çou ki (quitte à ce que) + subjonctif
– ecor ki (encore que, malgré que). Ex.. lit. ancien :
OW : (...) Djan, toudi planté come in soûdârd au posse, / ècor k’i tchét dèl nîve
yèt dès grijas su s’ bosse. (M. RENARD, Djan d’ Nivèles, vers 23-24)
– mågré ki (malgré que) + indicatif ou subjonctif. Ex. lit. :
EW : Mågré qu’i seûye fwért sûtî, il èst l’ dièrin è scole. (MITTEI, Zanzan, p. 1)
CW : Pou lès djon.nès djins, çoci è-st-ène ôte istwêre, maugrè qui pour zèles, come
d’alieûr pou nos-ôtes tortos, li parintéye dimère tofêr li parintéye. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 44)
OW : Jésus r’waîte à s’ monte èt maugrè qu’I s’amuse come in bossu, I s’astampe
tout d’ène traque èt l’s-autes fèyeneut come Li... (E.-J. PIRET, Extraits, p. 59)
– minme si ou minme ki (même si) + indicatif ou conditionnel. Ex. lit. :
SW : C’ èst bin pou ça k’ i sont tourtous parints èsan.ne / Min.me ku ç’ n’ èst k’ al
catrime boutnîre. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 12)
– minme ki (quand bien même) + conditionnel : c’ e-st insi ki ça îrè, minme ki ti
n’ vôreus nén (cela se passera ainsi, quand bien même tu ne le voudrais pas)
– portant ki (alors que) : dj’ a veyou deus taessons è l’ ivier, portant k’ on dit
k’ i n’ rexhèt nén ås nîves (j’ai vu deux blaireaux en hiver, alors qu’on affirme
qu’ils ne sortent pas à la saison des neiges)
– sol tins ki (alors que). Ex. lit. :
EW : Lu costé avou l’ pompe bagnéve ol loumîre so l’ timps ku lu d’vant èsteût
télemint neûr qu’on vèyéve à hate lès deûs montées d’ grés. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 9) Li monde promèt’ dès tchîtchèyes qui passèt (...), so l’ tins qu’ mi,
dji promèt’ lès pus grands bins qui n’ finihront måy (...). (J. BOSLY, Îmitåcion,
p. 104)
– tot fant ki (alors que). Ex. lit. :
EW : Èle avéve lès deûs pîds bin plantés so l’ tère, to f’zant ku l’ Lînâr, lu, a avou
tote su vèye, lu tchèsse èzès steûles. (J.-M. MASSET, Contes, p. 6)
12.5 Comparaison
Quelques formes de référence
220. Liste non exhaustive de quelques conjonctions (ou locutions conjonctives) de compa-
raison introduisant des propositions circonstancielles de comparaison. Sauf indication
contraire, ces conjonctions appellent l’indicatif dans la proposition subordonnée. Voir
aussi les phrases corrélatives (p. 279).
– come (comme, ce que) : vos froz come i dîront (vous ferez ce qu’il vous com-
manderont). Ex. lit. :
CW : Dji sês bin come èle tchike si djeu, mi, Dolîye. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 25)
– mons ... ki (∼ mwins’) (moins ... que)
– ostant ki (autant que). Ex. lit. :
EW : [Ine] rik’nohance di cès dreûts èt d’cès lîbertés-la, po qu’i sèyèsse mètous
èn-alèdje po d’bon tot avå l’monde, ot’tant po lès populåcions dès-Etats Mambes
zèls minmes qui po lès cisses dès téres qui sont d’zos leû k’dûhance. (Dèclaråcion
2, Préambule)
– di pus ki ∼ pus’ ki (plus que)
– labele si ... ki (à plus forte raison) : labele si v’s årîz stî la k’ on-z åreût rî (à plus
forte raison, c’est seulement si vous aviez été là qu’on aurait ri)
– ossi ... ki (aussi ... que) ou si ... ki (dans les phrases négatives) : i n’ est nén si
foirt k’ il a l’ air (il n’est pas aussi fort qu’il en a l’air). Ex. lit. :
EW : Èlle sont ossi freûdes qui dèl glèce. (MITTEI, Zanzan, p. 19)
– pus rade ki ou putôt ki ou pus vite ki (plutôt que) + infinitif ou subjonctif : nos
lî dmandrans del fé, pus rade ki del fé nos-ôtes-minmes (nous lui demanderons
de le faire, plutôt que de le faire nous-mêmes). Ex. lit. :
SW : Pus vite qui do côzè d’ maltrêtance, a rèprimè, bin sûr, i fôt èdukè al bintrê-
tance. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 6)
– shûvant ki (selon que)
– télmint ki (tellement). Ex. lit. :
CW : Sès lokes drèss’nèt d’ mëzéres ’tiennent debout, rigides à cause de la crasse’,
tél’mint qu’èles sont man.nètes. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23)
EW : Dj’a målåhèye di v’s ètinde télemint qu’ vosse vwès ’nnè va. (MITTEI,
Zanzan, p. 7)
– parey ki (comme si) + conditionnel. Ex. lit. :
CW : Lalîye diveneut todi pus cawiasse on djoû qu’ l’ôte ; tot parèy qu’on lî aureut
makè on côp d’ djusse. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16)
– tél ki (telle que). Ex. lit. :
EW : Lès mêsses dèl nåcion ni d’vèt leû pouvwér qu’al vol’té dè peûpe, téle qu’èle
12.6. LES PROPOSITIONS CORRÉLATIVES 251
Emplois
222. En wallon, la subordonnée corrélative peut se mettre au conditionnel s’il y a comparai-
son (cf. le genre dans la subordonnée d’hypothèse) .
– Ex. lit. OW : Donèz-m’ ène "Baf" s’i vous plaît, Mam’zèle ! crîye-t-i ossi fôrt qu’il
aureut dit : hôwe ! à sès tch’faus. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 61)
252 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION
Chapitre 13
Les introducteurs
Cette section n’est pas consacrée à une catégorie grammaticale bien précise mais à une
série de mots, de locutions, d’expressions ayant pour fonction d’introduire des phrases.
253
254 CHAPITRE 13. LES INTRODUCTEURS
co ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 93) - Mês nè v’la-t-i nin la mére qui lî rèspond :
’Bin, mèts la vète, va !’ (Ch. BENTZ, Coradje, p. 35)
– EW : Målureûsemint, al fin d’l’annêye, ni vola-t-i nin qui l’prumî d’ may tome on
mårdi ! (Djåzans, Osté 2000, p. 13)
c) i gn a (i-n-a, liég., brab. ; il a, Centre, niv.). I gn a est la forme « dans presque tout
le domaine wallon » (Limes 1992, 109). 1
– gn a l’ tchén ki hawe (le chien aboie ; il y a le chien qui aboie)
Ex. lit. OW :
– Vos-èstèz tout drole ! Gn-a ène saqwè qui n’ toûne nen rond ? (J. GOFFART, Co-
quia, p. 22)
– SW : Li ci qu’a l’êwe dissus s’ prè li sèm’di à méye-nêt, gn’a nolu qui waz’rot lî
r’hapè (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 19)
Le wallon emploie très souvent des introducteurs suivis d’une proposition relative :
– gn a on tchaet ki vént pesteler nosse corti (un chat vient piétiner notre potager,
ou il y a un chat qui...)
Le gn a peut être sous-entendu :
– on tchèt ki vént pesteler nosse corti (un chat vient piétiner notre potager, ou il y
a un chat qui...)
Le pronom relatif ki peut également être sous-entendu :
– gn a l’ tins candje (le temps change)
Ex. lit. :
– OW : Va-z-è, sint mwé, a cause di ti, gn’a l’ bwèsson pûwe. (...) Et quand i n-
n’ont ben yeû leû sau / Gn’a l’eûw èstéve come du bigau. (H. PETREZ, Fauves
IV, p. 117).
– CW : Ôdjoûrdë, dj’a lâvé mès lokes èt n-a mès lokes vont ben souwer ’sécher’ !
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 9)
d) c’ est :
– c’ est mi k’ est maisse (c’est moi qui suis le maître)
Ex. lit.
– SW : Come lès grands, i va a matines, èt c’èst qu’i n’ dwâm’ nin su s’ banc, parit !
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 70) - Ç’ n’èst nin qu’i gn’avot pont d’ fiyate à zês,
mais i pôrint l’ vinde motôt (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 100)
– CW : S’is n’ ridjètenut nin cor après ç’ daye-ci, c’èst qu’is sont rèvolès po d’ bon.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12)
– OW : C’èst qui l’ curè, i v’yeut voltî tout ç’ qu’èsteut noû (...). (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 77)
La locution c’ est est invariable.
– c’ est des djins (ce sont des personnes)
– Ex. lit. CW : C’èst sès fréres què l’avint carotè dins on-èritadje. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 13) - (...) lès places lès pës man.nètes, c’èst l’ col èt lès pougnèts
’poignets’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23)
Remarque : c’ est était variable anciennement. Ex. lit. ancien :
1. ALW II, 44 (« il y a »), 45 (« il n’y en a »).
13.1. INTRODUCTEURS ESSENTIELS 255
– Ci sont totès costindjes qu’ i fât mète âtoû d’ zèles (ce ne sont que dépenses à leur
consacrer) dans un texte des environs de 1600.
e) est ç’ ki sert à introduire les interrogations (voir La phrase interrogative, p. 270).
f) di-st i, di-st ele peuvent se placer en début de phrase, pour indiquer que l’on s’ap-
prête à citer des paroles d’autrui :
– di-st i l’ maisse : « Ti n’ divreus nén vni » (le maître a dit : Tu ne devrais pas venir ;
je cite le maître : ...)
g) vîve, vivåt, hay po (vive)
– vîve nos-ôtes eyèt les tchéns d’ tcherete ! (lit. « vive nous et les chiens de char-
rettes ! »)
Ex. lit.
– EW : On t’ va fé brêre Hay, hay pol djoû, l’ djoû qui l’ houyîre va sèrer l’ouh (G.
CABAY, Balzin’rèye) - Vivat po nosse rwè Hèpé-Kou ! (MITTEI, Zanzan, p. 45)
h) a, å
– a mwin ! (attention [à tes mains] !) ; å feu ! (au feu !)
i) sobayî (∼ sabayî, subayî, sabaye...) (je me demande). Ex. lit. :
– SW : Sabaye çu qu’éPitit aurè stî atrapè po z-èsse si vite yute ? (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 46) - Sabaye comint-ç’ qu’i pôrot raquitè lès djambons d’ mon cès
djins-là ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 94) - Sabaye si Monsieû l’ curè pinse ossi
qui dj’ su on voleûr (...) ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 105)
– OW : Sabayi s’Dj’alumeus l’solia ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 8)
didins m’ loye-cô ! (H. PETREZ, Fauves IV, p. 43) - Trwès peumes, ène gaye,
saquants reûjins : èt vo-le-la rassasyi. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 13)
– CW : Tins, vo-l’-là, tins, t’ sucète, nawe qui t’ès. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
- Vo-l’-là dîj eûres. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 26) - (...) vo-l’-là arètè pa dès
bosses télemint wôtes qu’èles ont l’aîr di sièrvu di stançon au stwèlî. (J. PIRSON,
Scrîre, p. 179) - Li p’tit ri (...) vint rjonde [sic] nos premérès maujons (...) en
dijant : vom’ ci. (J. FIVEZ, Bièmeréye, p. 6).
– EW : Oûy, adon qu’ çoula d’vreût-èsse li påye (...) vo-l’-la co pûni. (J. WARNIER,
Scrîre, p. 224) - Vo-m’la tot seû d’vins ’ne sipèheûr di cåve... (MITTEI, Zanzan,
p. 4) - Aha, dji comprind, vo-m’chal tot près dèl couhène dès sotês (...). (MITTEI,
Zanzan, p. 22) - Qu’ i s’ dèye qu’ après l’ iviér, vo-r’chal l’ osté (...). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 83)
On observe souvent une tendance à imiter la construction française :
– les vla pour vo les la (les voilà)
Ex. lit. :
– OW : Nos v’là èvôye pou deûs-eûres èchène... (J. GOFFART, Coquia, p. 4) - Mi
qu’a toudi révè d’in bia djon.ne tchaufeû, mi v’là sièrvûwe ! (J. GOFFART, Co-
quia, p. 17) - Pou ène tchance, è v’là iène, qui v’s-aléz m’ dîre. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 12)
– SW : Èt pûs dju m’anonde su l’ vèlo, èt mu v’la vouy pa drî lu. (A. LAMBERT,
Causans, p. 31) - Èt pûs la vl’a qui s’ rumèt an route... (A. LAMBERT, Causans,
p. 31) - Èt nous v’la vouy, fèls tous lès trwas come dès tigneûs. (A.-M. MERTUS,
Causans, p. 35) - A v’la assèz ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 91) - Â bin lès vla totes,
la. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4).
Dans certaines régions (malm.), la négation ni se place également entre les deux élé-
ments vo et la :
– vo nel la-t i nén co ’ne feye ! (est-ce que ce n’est pas encore une fois lui !)
13.2 Locutions
224. Certains adverbes suivis de ki ou si ou di forment des expressions introductives.
– aparanmint ki (apparemment que)
– asseuré ki (bien sûr que). Ex. lit. :
OW : (...) is n’ârît pont d’ bias-uniformes pou fé djiper lès couméres, mins asseûrè
qu’is r’vérît avou dès fés solés èy’ in tchapia-chone. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre,
p. 76)
– alabouneure di (c’est une bonne idée de, c’est bien de). Ex. lit. :
SW : A la bone eûre, dist-èle, d’avèr apwartè li squiron avou vos ! (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 79)
– atincion ki (prenez garde au fait que) : atincion k’ i n’ vos dmeure pus waire di
tins po studyî (fais attention : il ne te reste plus beaucoup de temps pour étudier)
– ây ê ây ki (évidemment que)
– bén astcheyou ki (heureusement que) : bén astchèyou por nos ki l’ tchampete
n’ a nén sondjî pus lon (heureusement pour nous que le garde-champêtre n’a pas
13.2. LOCUTIONS 257
13.3 Phrases
225. Certaines propositions entières sont figées et ne servent plus qu’à en introduire une
autre en l’atténuant, en insistant, en la relativisant, en introduisant un rapport causal,
etc.
– c’ est nén po ça, mins... : c’ est nén po ça, mins t’ as-st avu del tchance del
avu, ti pa (on peut dire que tu as eu de la chance de l’avoir, ton père). Ex. lit. :
OW : C’èst nén pou ça, mins l’ djoû qu’on-âra ène stâr come Jean Lefèbvre (...)
lès pouyes âront dès dints ! (J. GOFFART, Coquia, p. 12)
– i n’ fåt nén dmander si... : i n’ fåt nén dmander s’ il a-st avu dandjî d’ poûs-
sants po-z avu s’ plaece (inutile de dire qu’il a eu besoin de pistons pour avoir
son emploi). Ex. lit. :
CW : I n’ faut nin d’mandè qué côp qu’ ç’a stî po l’ coeûr d’à Pitit (...). (J. CA-
LOZET, Ma-tantes, p. 106) - I n’ faut nin d’mandè si s’ moman a stî al dicauce
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 111)
– c’ est çou k’ on pout dîre... : c’ est çou k’ on pout dîre avu l’ compas dins
l’ ouy (c’est avoir un compas dans l’œil, comme on dit)
– ça fwait ki (alors, ainsi, donc). Ex. lit. :
SW : Ça fait qui lès biches vont brostè l’ grain, ainsi ? di-st-èle Gaguite (...) (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 28-29) - Ça fait qu’ djol lum’rans Jean-Batisse come
13.3. PHRASES 259
Autres formes
261
262 CHAPITRE 14. LES MOTS PHRASES
14.3 Onomatopées
228. Elle servent souvent de base à de riches familles lexicales. Voici quelques exemples :
– cloup ou gloup (plouf) : bruit de qch qui tombe dans l’eau. Dérivés : cloup(t)er,
gloupter (tomber dans l’eau).
14.3. ONOMATOPÉES 263
– haw (waf, wouf, wou) : aboiement d’un chien. Quelques dérivés : hawer (aboyer),
hawa, hawaedje (aboiement), hawåd, haweu (aboyeur ; gueulard), hawreye (concert
d’aboiements), hawter (japper).
– zaf (bruit d’une gifle). Dérivé : ene zafe (une gifle).
– rouf (mouvement rapide). Dérivés : rouf-rouf (rapidement, impétueusement), ene
roufe (une gifle), on rouf-tot-djus (un sauvage), roufler (se ruer), on rouflåd
(un impétueux), ene rouflåde, -åxhe, -eye (ruée ; bousculade ; bagarre, rixe), on
rouflis’ (ruée ; bousculade ; bagarre, rixe ; étourdi, qui bouscule tout).
– boe (meuh, cri de la vache). Dérivés : boerler (meugler ; brailler), boerlåd (celui
qui beugle ; braillard), boerlaedje (meuglement), boelreye (concert de meugle-
ments).
– gnouf gnouf (bruit que fait le porc en mangeant). Dérivés : gnoufter (faire du
bruit en manger), gnouftåd (personne qui fait du bruit en mangeant).
– tchip ou tchîp ou tchirip (oiseau qui pépie). Dérivés : tchîpter, tchiripter (piau-
ler, pépier), tchîptaedje, tchîptreye (pépiement).
– cwâk (croâ, cri du corbeau ; aussi coassement de la grenouille). Dérivés : cwâk(t)er,
cwâk(t)aedje ; ene cwâke (une corneille) ; cwâkler (coasser), cwâkreye, cwâkel-
reye.
– pegn ou pign ou pingn (boum, pan, vlan ; bruit d’un coup violent). Dérivés : pin-
gnter (résonner bruyamment ; frapper violemment), pingnî (frapper violemment),
pingneye (correction).
– berdaf, bardaf (patatras, bruit de chute soudaine).
– puf ou âtch (pouah ; onom. marquant le dégoût)
– way (aïe ; onom. marquant la douleur)
264 CHAPITRE 14. LES MOTS PHRASES
Quatrième partie
La phrase
265
Chapitre 15
La phrase
267
268 CHAPITRE 15. LA PHRASE
– CW : (...) rin d’ mèyeû (...) po lès porias su sès mwins, cor au pés dès vatches,
di-st-on. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - « Nosse Michél », dijeut-èle, si man.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 14) - C’èst dins lès âdes qui dj’ su l’ pus minâbe,
a-t-i tûzè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17)
– EW : Si dj’atakéve a vûdî l’êwe, pinse nosse Marie (...). (A. SOUGNEZ, Scrîre,
p. 204) - C’èst çou qu’i vint dè dîre mi sonle-t-i. (J. WARNIER, Scrîre, p. 225)
- Quî fièstêye-t-on ? dimande li vîle Catrène. (J.-D. BOUSSART, Limes, p. 23) -
Nos-avans fé çou qu’ nos polîs, d’héve-dju. (Djåzans, Osté 2000, p. 3)
– OW : Wétîz-m’, ramadjnu-t-is, / Li boulome du tchèron (...). (H. PETREZ, Fauves
IV, p. 27) - Doûcemint, mon parent !, rèspond Jésus : vos-avèz ène bèle puce si vos
crèyèz qui nos n’èstons qu’ nous-deûs m’ moman. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 56)
- S’i gn-a saquants pansârds dins l’ binde, pinse-t-èle, nos-aurons ène bèle broke
qui [sic, = qu’i] n’ s’ra né taurd ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 57) - Vos m’ fèyèz ène
rude pwène, mi fi, lî rèspond s’ popa. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 61)
d) dans des exclamations. Ex. lit. :
– EW : Èt ’nnè pôreut-on co prinde, dès-ègzimpes. (G. FONTAINE, Billets, p. 11)
- Enn’a-t-i fêt fusilier ossi dès cints èt dès cints djins. (R. PRIGNEAUX, Scrîre,
p. 185) - (...) quu n’ va-t-èle one bone fèye su lès fé råyî, don ! (A. SOUGNEZ,
Scrîre, p. 204)
– SW : C’èst come si on s’avot d’né l’ mot : gn-avot-i dès djins èt dès djins à
l’atèr’mint ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 51) - Ènn’ a-t-i drovu dès bawètes, Pitit,
quand l’ mèssadjî lî a contè l’ dêrainne paskéye d’à Bourlouf ! (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 108)
– CW : Ènn’a-t-i dauborè dès sôtes su s’ tièsse. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) -
(...) a-t-i toûrnè autoû, li Skèwe, à l’ sôrtîye di mèsse, èt raflatè, fè do plaplat (...).
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19)
e) dans certaines exclamations stéréotypées :
– vasse-t i come i vout ! (advienne que pourra !)
f) dans des corrélations avec pus et mons (∼ mwins’). Ex. lit. :
– EW : Li djône feume saya bin d’ l’apåh’ter mins, pus’ djåzéve-t-èle èt pus’ li
vîle feume si rèssèréve-t-èle po-drî s’ pawoureûse mène. (G. FONTAINE, Billets,
p. 17) - Èt pus’ ratake-t-i, pus’ l’èfant vîre-t-i po l’avu. (J. WARNIER, Scrîre,
p. 224) - (...) èt pus grand èsteût l’ dandjî, pus d’ coûr aveût-i po l’aprèpi. (MIT-
TEI, Zanzan, p. 3) - Et mons djåse-t-on on lingadje, mons d’vint-on capåbe dèl fé.
(Djåzans, Osté 2000, p. 3)
– CW : Ni pus ni mwins’ n’è freus’, si t’èsteus è s’ place, veus’ ! (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 28)
g) dans des propositions relatives introduites par la qui. Ex. lit. :
– EW : Èle l’a vèyou ’nn’ aler vè Wèris’, la qu’ gripéve li Mont Pèlé (...). (J.-M.
WARNIER, Scrîre, p. 227) - Li ci qu’aviséve èsse li caporål gripa so l’ tonê là
qu’èsteût Zanzan. (MITTEI, Zanzan, p. 29)
Contre-ex. lit. :
– È mitan, dreût d’vant, lu porfonde vôye (. . .) ki monte lu wèrhê dusc-a l’ Sâvadje
mèlé la k’ lès Grands bwès c’mincèt. (S. FONTAINE, Colas, p. 3)
270 CHAPITRE 15. LA PHRASE
– Ex. lit. avec inversion OW : Comint n’aî-dje nén sondji à ça pus râte ! (E.-J. PI-
RET, Extraits, p. 7)
Dans ce cas, les pronoms sujets changent de forme (voir les pronoms personnels sujets
postposés, p. 118).
Enfin, on peut introduire la phrase par est ç’ ki :
– i vnèt → est ç’ k’ i vnèt ?
b) La phrase interrogative peut être introduite par un mot interrogatif (déterminant,
pronom, adverbe) suivi d’une inversion ou de ki, est ç’ ki ou ç’ ki (après voyelle) :
– ewou dmorèt i ? (où habitent-ils ?)
– ewou ç’ k’ i dmorèt ? (id.)
– do kéke e-st i kestion ? (duquel est-il question ?)
– do kéke est ç’ k’ il est kestion ? (id.)
– cwand ç’ ki vos vnoz ? (quand venez-vous ?)
– kénès djins est ç’ k’ il ont veyou ? (quelles personnes ont-ils vues ?)
c) Le sujet d’une phrase interrogative introduite par un mot interrogatif seul (donc non
accompagné de ç’ ki) est le plus souvent un pronom. Le cas échéant, le sujet réel est le
plus souvent rappelé par un pronom.
– ewou dmorèt i ces efants la ? (où habitent ces enfants ?) [ou ewou ç’ ki ces efants
la dmorèt ? mais pas ˚ewou dmorèt ces efants ?]
– cwand l’ ivier kimince-t i ? (quand commence l’hiver ?) [ou cwand ç’ ki l’ ivier
kimince ? mais pas ˚cwand cmince l’ ivier ?]
Ex. lit. :
– EW : Qwand ’nn’ îrè-t-i, l’ lumeçon ? Va-t-i ponre ou cover ? (MITTEI, Zanzan,
p. 20) - Wice èst-èle li sôrtèye ? (MITTEI, Zanzan, p. 27)
Contre-ex. lit. :
– EW dans une interr. indir. : Si cist-ome-là èsteût proféte, i såreût d’ quéle sôr èst
l’ feume qui l’ aduse (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 110)
– i n’ rote pus tot droet (il ne marche plus tout droit) ; i n’ rote nén voltî (il n’aime
pas marcher)
c) Les adverbes ni. . . nou (masculin) (∼ nu) et ni. . . nole (féminin) (∼ nule, neule,
noule) sont employés avec un nom comptable et signifient « ne. . . pas de » ou, plus pré-
cisément, « ne. . . aucun ». Leur sens est donc légèrement différent de pont et pupont,
qui peuvent s’utiliser avec n’importe quelle espèce de nom et signifient « ne. . . pas de »
ou « ne. . . plus de » :
– dji n’ a nole assiete è m’ dresse (je n’ai aucune assiette dans mon armoire) ; dji
n’ a pus nou lîve (je n’ai plus aucun livre)
Ex. lit. :
– EW : On-z-ouhe dit one djin qui n’avéve nou coûr. (J.-M. MASSET, Contes, p. 22)
- Mins ni v’ fez don nou må d’ tièsse ! (J. WARNIER, Scrîre, p. 226)
– CW : Mins nu moyin do d’meurè rasta. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27)
Variantes
puch (Lesse) (pour pupont) : i gn aveut puch d’ êwe dins les bîs d’ rêwadje (il n’y avait
plus d’eau dans les canaux d’irrigation)
– i n’ pinsreut nén minme a dîre bondjoû (il ne penserait même pas à dire bon-
jour). Ex. lit. :
EW : Zanzan èsteût si amaké qu’i n’ sondjîve nin minme à s’ såver. (MITTEI,
Zanzan, p. 18)
Emplois
235. a) ni disparaît devant endè :
– dj’ endè vou nén (je n’en veux pas)
– Ex. lit. CW : Èlle ènn’ aveut mètu qu’ deûs, quand li p’tit aveut yeû l’ quintos’ (...)
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 26) - Nos-ôn tes, on ’nn’ a jamês ach’té qu’on côn p
(...) (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 12)
– OW : (...) èn-n’è faut-i nen / Dès pus avancîyes pou moustrer li tchmen ? (H.
PETREZ, Fauves IV, p. 51)
– EW : Li mêsse ènnè riv’néve nin. (MITTEI, Zanzan, p. 12) - (...) lès dreûts d’l’ome
divèt-èsse protéjés d’on rèdjime di dreût di téle sôrt qui l’ome ènn’arive nin a
l’rèvole (...) (Dèclaråcion 2, Préambule)
b) L’adverbe de négation est ni seul avec les verbes savu (∼ sawè(r)) (savoir, pouvoir)
et oizu (oser) (∼ wèzeûr, ôzu...) utilisés comme auxiliaires, c.-à-d. devant un infinitif.
Ex. lit. avec oizu :
– SW : [I] n’ waze dîre qu’ i v’not fére do feû avaur-ci (...) (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 37) - La poûve, èle nu wasét boudji d’on dwat ! (Ch. BENTZ, Coradje,
p. 36)
– EW : (...) on z èst télemint nawe qu’ on n’ wèse kimincî l’ pus lèdjîr dès ovrèdjes.
(J. BOSLY, Îmitåcion, p. 104)
Ex. lit. avec savu :
– SW : (...) po fére cheûre lès transènes (...) qu’on n’avot sèpu avurè au fin coron dès
brantches (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 66) - An n’ sarét chouflè èt co mindjè
d’ la farine. (Proverbes, Causans, p. 49) - I n’ faut jamais rauyè lès-aubes quand
i sont trop vîs : i n’ saurint r’prinde séve nule pau. (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 136)
– CW : Dji n’ saveus quausu m’è sièrvu [do mocwè d’ potche]. . . (H. MATTERNE,
Richot, p. 2) - Mwints côps, au bon timps, quand-i r’ligne à blame èt qu’ lès nîves
dè l’Ardène fièt créche lès-êwes à make, li trau d’ Belvaux ni sait tot bwâre à fait.
(A. HENIN, Scrîre, p. 104) - (...) djë n’aro soyë ramasser ’récolter’ d’ l’êwe dë
plêve (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 43-44) - Come dji n’ saro m’achîde po
n’d’alé à l’ culotte / Dji m’ va padrî les ayes quind i m’ faut ponre one crote.
(COMPOST BINDE, Martin au Congo)
– OW : Dj’é trwès piles di tére dissu l’ plateû qui dji n’ sé vinde, di-dje ! (L. POL-
LEN, DTW, t. 16, 1988, p. 55) - Gn’a là dès-ârbes à n’sawè lès compter. (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 12)
– EW : Mins Erôde li tétraque oya djåzer d’ tot çou qu’ Jésus féve, èt i n’ saveût
qwè tûzer (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 118)
Cette règle est très courante mais pas systématique. Ex. lit. de savu avec la double
négation ni . . . nén.
15.4. REJET DE LA PRÉPOSITION OU DE L’ADVERBE 275
– OW : (...) èt qu’on n’ sét né aler l’ cwé à cause qu’i-gn-a dèl cwérèle (...) (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50)
– CW : N-a dès tissus qu’ ça mousse ’penètre’ dëpës d’dins, qu’on n’ sét ni oyë lès
tatches fou (ou djës). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23)
– EW : On n’ sét vèye lu cawe d’one sâvadje bièsse sins s’ saye du l’apici. (S.
FONTAINE, Colas, p. 3)
C’est aussi le cas, plus rarement, avec polu (pouvoir) (∼ poleûr...). Ex. lit.
– OW : (...) lès déréyes di ç’ cougne la, ça n’ pout vwèyadjî. (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 76)
– EW : Mins come il èsteût v’nou foû, i n’èlzî poléve djåzer, èt i comprindît qu’il
aveût avu ’ne vûzion è Tampe (...) (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 80).
Le verbe k(i)noxhe (connaître) peut aussi, dans certaines régions de EW, être utilisé
avec ni seul. Ex. lit. :
– EW : Hitlêr ? Dji nè l’ kinoche ! (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 207)
c) ni peut disparaître dans c’ est nén :
– c’ èst nén mi ou ci n’ èst nén mi (ce n’est pas moi) ; c’ èst nén possibe ou ci n’ èst
nén possibe (ce n’est pas possible)
Ceci est le seul cas ou ni disparaît régulièrement (quoique non systématiquement).
Dans tous les autres contextes, ni se maintient, alors qu’il disparaît presque toujours en
français parlé.
d) ni disparaît parfois dans po nén. Ex. lit. :
– CW : Djë përdéve më tchudêre po prinde tote l’êwe à on côn p, po ni d’vë tchèri ô
sèya, ? ! (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 44) - I n’èvoyenu pont d’ caute / po nin fé
djalous les otes. (COMPOST BINDE, Un con trop loin)
– Contre-ex : EW : Mi-minme, dji vou èsse blanc moussî po n’ nin fé tètche. (MIT-
TEI, Zanzan, p. 37)
236. Dans certains cas, le wallon rejette une préposition ou un adverbe en fin de proposition.
C’est surtout le cas dans des propositions infinitives de but. Ex. lit. :
– EW : (...) qwand i s’adjihéve du vûdî li spåyemåye, i faléve intrer l’ lame d’on
coutê è l’ héve po fé arider lès pèces foû. (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96)
C’est également le cas dans les propositions relatives :
– vola li cmére qui dj’ a vnou avou (voici la femme avec laquelle je suis venu)
Ex. lit. :
– CW : N-a dès tissus qu’ ça mousse ’penètre’ dëpës d’dins, qu’on n’ sét ni oyë lès
tatches fou (ou djës). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23)
– SW : Lès pês arivint co avu dès bokèts d’ poûrîye tchaure qui pindint après. (L.
MAHIN, Bauke 1, p. 69)
276 CHAPITRE 15. LA PHRASE
Accord du verbe
237. Si le pronom relatif est sujet, le verbe de la proposition relative peut toujours se mettre
à la 3e personne du singulier :
– c’ est twè ki vindrè ti årmwere (c’est toi qui vendras ton armoire) ; vos ôtes
k’ est si målureuses (vous qui êtes si malheureuses)
Ex. lit. :
– CW : Mi qui n’ v’leut pont di tch’fau ! â bin di ç’ côp-ci ! (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 29)
– EW : (...) is m’ prézintèt dès lètes, mins ç’ èst vos qui m’ ènnè done li sins (...) (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 102)
Contre-ex. :
– EW : Ureûs vos autes qui plorez, ca vos rèyrez. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 103)
Sauf si l’antécédent est un pronom personnel 3e personne du pluriel ; le verbe de la
relative peut alors se mettre également à la 3e personne du pluriel :
– c’ est zels l’ ont vnou ou c’ est zels k’ a vnou (ce sont eux qui sont venus)
Ex. lit. :
– CW : Dins tos lès cas, i gn-a qu’ zias qui savenut bin ç’ qu’il ont à fè (...). (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 27)
Il arrive aussi que le verbe de la relative se mette à la troisième personne du pluriel si
l’antécédent est au pluriel (quelle que soit la personne) :
– c’ est nos ôtes k’ ont vnou (c’est nous qui sommes venus)
Ex. lit. :
– CW : (...) c’èstot nos-ôntes à deûs quë tournin’ lë machëne. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 27)
Mode du verbe
238. Le verbe de la relative peut être au mode indicatif (fait réel) :
– ele nos a dit ene fåve ki n’s a bén plait (elle nous a raconté une histoire qui nous
a bien plu)
Ex. lit. :
– Tot quî qu’ oûveûre deût lèver l’ salêre qui lî r’vint èt qu’ deût lî pèrmète, lu èt
s’ famile, dè miner l’ vicårèye d’ine onête djint. (Dèclaråcion 1, art. 23)
Il peut aussi se mettre au mode conditionnel (éventualité) :
– ele nos a dit ene fåve ki t’ åreut bén plait (elle nous a raconté une histoire qui
t’aurais plu)
15.6. LES PROPOSITIONS INFINITIVES 277
Ex. lit. :
– OW : Li timps dè l’ dîre, li Ciel s’a disployi come ène grande bleuwe couvèrte qui
n’aureut pont s’ sinzeû. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 8)
– EW : Tos lès-omes sont égåls divant li lwè, qu’èlzès deût protéjer, sins nole pré-
fèrince po onk ou po l’ôte, çou qu’ sèreût contrêre al prézinte Déclaråcion (...)
(Dèclaråcion 1, art. 7)
Il peut enfin se mettre au mode subjonctif (fait voulu ou pensé) :
– racontez nos ene fåve ki nos fwaixhe rîre (racontez-nous une histoire qui nous
fasse rire) ; i fåt ’ne tere ki n’ seuye ni trop setche ni trop crowe (il faut une
terre qui ne soit ni trop sèche ni trop humide)
Ex. lit. :
– EW : Dji r’çû d’ bon coûr ine gråce qui m’ rinse pus sûti (...). (J. BOSLY, Îmitå-
cion, p. 89) - Tot l’monde a parèlièmint l’ dreût d’ plêtî s’ cåse divant on tribunål
qui seûye lîbe èt sins parti-pris. (Dèclaråcion 1, art. 10)
Phrases exclamatives
239. Dans les phrases exclamatives, le wallon peut faire suivre le nom antécédent d’une
proposition relative (alors que le français ne le fait pas) :
– kéne narène k’ il a ! (quel nez il a !)
– ké poûri tins k’ i fwait ! (quel sale temps il fait !)
’verte’ èt pouwer ’puer’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 41) - (...) on r’toune lès
potches èt lès cheûre (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 54)
– EW : C’èst por vos, c’èst por nos qu’il a d’né s’ vîye : po qu’ vos n’ vikéche nin
èsclåves, po qu’ tot l’ monde pinse çou qu’i vout èt poleû dîre çou qu’i pinse. (R.
PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186)
Certains cercles littéraires et écrivains (surtout en CW) ont transformé cette option en
règle alors que la langue parlée est loin d’utiliser systématiquement cette construction.
En EW et en SW, cette option existe également (Limes 1992, 80), quoique certains
écrivains estiment qu’elle est plutôt typique du CW, peut-être en raison même de sa
surutilisation par les écrivains de dialecte CW.
– CW : Èt frotè, frotè bin come-u-faut plin s’ cayau. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12)
– EW : Èt pôr pinser vèy a tot moumint on sotê amoussî foû di s’ nahe ! (MITTEI,
Zanzan, p. 4)
281
Chapitre 16
Variation stylistique : la
politesse en wallon
Emploi de la 1e personne
248. Il arrive assez souvent que la première personne (mi) ne soit évoquée qu’indirectement.
On utilise parfois le possessif nosse pour mi (voir plus bas). Un autre moyen d’atténuer
l’utilisation de mi est de la faire suivre de l’expression di-st i l’ fô (comme dit le fou) :
– ces cayets la, ci n’ est nén por mi, di-st i l’ fô (ces trucs-là, ce n’est pas pour moi,
« comme dit le fou »)
Il arrive aussi qu’on emploie ene sakî (quelqu’un) pour exprimer la 1e personne :
– on l’ sait bén, la, ene sakî (on le sait, quelqu’un ; comprendre : je le sais)
283
284 CHAPITRE 16. VARIATION STYLISTIQUE : LA POLITESSE EN WALLON
– nosse pa est fayé (mon père est malade) ; bondjoû, nosse man ! (bonjour ma-
man) ; nosse dame (madame)
Ex. lit. :
– CW : C’èst nin l’ cafè qu’èst mwês, nosse pa, c’èst l’êwe qu’i gn-a d’ trop. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 26)
L’art de la litote
250. Et si la manière de s’exprimer dans une langue nous apprenait quelque chose sur l’es-
prit, la culture d’un peuple ? Je vous laisse répondre par vous-même à cette importante
question qui procure aux linguistes (variétés Ethno linguisticus et Socio linguisticus)
des frissons de bonheur et d’inépuisables sujets de controverse... Pour alimenter vos
réflexions, je propose ici une petite comparaison.
Là où l’anglais dit I love you, le français Je t’aime et l’espagnol Te quiero, le wallon
dit Dji v’ voe volti.
Que signifient ces expressions ? Les deux premières impliquent une activité cérébrale
(aimer, to love). L’expression espagnole dénote un hardi mouvement de désir, de pos-
session (littéralement je te veux). L’expression wallonne signifie littéralement je te vois
volontiers ou J’aime te voir. Faut-il comprendre de là que les Wallons et les Wallonnes
sont tous de grands timides, d’indécrottables pudiques qui n’osent trop exprimer leurs
sentiments directement et cèdent aux charmes discrets de la litote romantique ? Je vous
laisse décider...
« Merci » « De rien ! »
252. « Merci » se dit aujourd’hui merci. Anciennement ( ?), la formule traditionnelle était :
gråces. Certains écrivains souhaitent la réintroduire, avec un certain succès. Ce gråces
ressemble fort aux mots utilisés dans les langues latines du sud : grazie, gracias, grà-
cies, etc. La réponse traditionnelle est : (i gn a) rén avou ça (équivalant au français
« de rien »).
« A vos souhaits ! »
253. La formule de bénédiction traditionnelle à quelqu’un qui éternue est : benisse ! Dans
le langage utilisé pour parler aux petits enfants, fé benisse signifie stierni (éternuer).
285
« Bonjour ! » « Au revoir ! »
254. Voici quelques manières de dire bonjour, par ordre décroissant de solennité :
– Diè wåde ! Formule archaïsante. Littéralement : « Dieu (vous) garde ! »
– Bondjoû ! Formule parfaitement neutre, la plus utilisée.
– A ! Équivaut à peu près à « salut ». Elle est souvent suivie d’une désignation de
personnes : A, Djan ! A, mes djins ! A, les ovrîs !
Il existe de très nombreuses formules de politesse pour se dire au revoir. En voici
quelques unes :
– Arvèy ! (∼ arveûy, arvôy, arvîr, arvwêr. . .). Une formule parfaitement neutre.
– Ada ! (salut !). Formule peut-être un peu plus familière.
– Djusk’ a ! (salut !, lit. « jusqu’à »). Peut-être encore plus courante que la précé-
dente.
– Come on-z a dit ! (salut !, lit. « comme on a dit », « comme convenu »). S’utilise
très souvent. . . même quand on a rien dit du tout.
Évidemment, il existe aussi toute une série d’expressions dénotant le moment auquel
on espère se revoir : a dmwin (∼ dmin) (à demain), al samwinne ! (à la semaine
prochaine), djusk’ a li ptite samwinne !, a l’ anneye ki vént, a onk di ces cwate, etc.
287
288CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
257. Exemples :
Phonétique
– Existence d’un son [X] comme réalisation de /h/ : à l’est de l’EW uniquement.
Morphologie :
– Existence d’un article défini féminin : au sud du SW uniquement (v. carte p. 295).
Variantes présentes dans une partie du domaine linguistique wallon, sans corres-
pondance avec les quatre grands dialectes
258. Exemples :
Phonétique
– Absence d’opposition /I/ versus /Y/ et neutralisation en /@/ (ex. lë ptët a vnë) : pré-
sent dans une partie du CW (brab.) et du SW (Bertrix), dans deux aires séparées.
– Non diphtongaison de l’équivalent du français oi (comme dans « toit », « mois »,
« je dois » ; ex. tectum > teût, teut, tût, tèt) plutôt que diphtongaison (twèt, twat) :
couvre l’EW, le nord de SW, le sud de CW et le sud de l’OW (v. carte p. 295).
– Morphologie verbale, 2e personne du pluriel en -oz (ex. : vos èstoz) : couvre, dans
sa plus grande extension, tout le CW, le nord du SW et l’est de EW (v. carte
p. 295).
– Morphologie verbale, 3e personne du pluriel en -èt (ex. i vikèt) : couvre tout le
EW, la moitié est du CW, le nord du SW et le sud du OW (v. carte p. 295).
– Voyelles d’appui [Y] vs [I]. [Y] est présente dans la majeure partie du SW et dans
tout l’est de l’EW (v. carte p. 295).
Phonologie
– Distinction entre én (ou în) et in : dans le nord de la Wallonie en général (nord de
l’OW et du SW et nord-est de l’EW) (v. carte p. 295).
259. Exemples :
– Évolution du suffixe latin -ellum > -ia (CW et OW) ou -ê (EW et SW) (v. carte
p. 295).
– Évolution des groupes or et os en une diphtongue (wa, wâ, wè, wê, wé) plutôt que
conservation : couvre EW, CW, une grande partie de SW et empiète sur OW (v.
carte p. 295).
Ceci signifie que dans de nombreux cas, les quatre grands dialectes wallons de sont pas
délimités par des traits propres mais par un recoupement de traits partagés avec divers
autres dialectes. Il existe aussi des cas où les variantes correspondent approximative-
ment aux quatre groupes dialectaux.
17.2. QUELQUES ÉVOLUTIONS PHONÉTIQUES DIVERGENTES 289
Correspondants du français « o + r »
L’évolution typique du wallon, présente dans tout le domaine, quoique avec une in-
tensité moindre (selon les mots) en OW et une partie du SW est une diphtongaison
d’ailleurs connue dans de nombreuses autres langues romanes. Il existe deux types de
diphtongaison, l’une basée sur la voyelle a et l’autre sur è.
Les formes types choisies ici sont celles en wa, présente en CW, SW, l’est de l’EW et
l’OW (quand il y a diphtongaison dans cette région).
Exemples : bwârd (bord), fwate (forte), pwarter (porter).
Autres formes diphtonguées : bwérd, bwèrd, bwêrd ; fwète ; pwèrter.
Autres formes, non diphtonguées : bôrd, boûrd ; fôrt, foûrt ; pôrter, poûrter.
Voir : Limes, 73 ; ALW I, 5 « borgne », 77 « porter » ; carte p. 295.
Correspondants du français « o + s »
L’évolution de ce groupe est exactement parallèle à celle de or (ci-dessus), quoique
assez souvent sur une aire plus réduite. Les formes privilégiées sont les mêmes.
290CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
Voyelle caduque
La voyelle caduque de loin la plus fréquente est [I], notée i. Elle est systématiquement
utilisée ici - sauf dans les rares cas où la voyelle caduque n’est jamais e, ou seulement
dans de rares parlers.
Exemples : riprinde (reprendre), sicole (école), kimincî (commencer).
Voir Limes 74 ; ALW I, 54 « le », II, 12 « je », 13 « me », 39 « se », 47 « mon », 56
« ce », 57 « cette » ; carte p. 295.
Groupe « cw »
L’évolution typique du wallon est la conservation des groupes cw. Toutefois, ces formes
sont en recul : presque systématiquement conservées en EW, elles ne le sont que ra-
rement en OW. Le CW avait encore cwand au siècle dernier mais utilise aujourd’hui
cand. Les groupes cw sont conservés comme formes types.
Exemples : cwand (quand), sacwè (quelque chose), scwére (équerre), cwèri (chercher).
Autres formes : cand, sakè, skére, kére ou kèru, etc.
Voir ALW I, 36 « équerre ».
Exemples : freûd (froid), i veût (il voit), seû (soif), teût (toit).
Autres formes non diphtonguées : freud, frûd, frèd ; i veût, i vèt ; seu, sû, sè ; teut, tût,
tèt.
Autres formes, diphtonguées : f(r)wèd, frwad ; i (v)wèt, vwat ; swè, swa ; twèt, twat.
Voir Limes 73 ; ALW I, 45 « froid », 100 « il voit », IV, 6 « toit » ; carte p. 295.
Labiale + w
Il existe en CW, OW et une partie de SW un tendance à insérer un w après les consonnes
labiales. Les formes types utilisées ici suivent cette tendance typique du wallon par
rapport à ses voisins romans.
Exemples : fwin (faim), samwinne (semaine), dimwin (demain), jamwês, i fwêt (il fait).
Autres formes : fin, saminne, dimin.
Voir ALW I, 39 « faim », 68 « pain », 69 « peine » (+ dénasalisation), 90 « semaine »,
97 (« veine »), III, 50 (« demain ») ; carte p. 295.
Équivalents du français « a »
Il existe une alternance [E] ∼ [a]. La fréquence des [E] est la plus élevée en SW, suivi
de EW, CW et OW, dans cet ordre : tchapia en OW et CW, tchapê en EW mais tchèpê
en SW (chapeau) ; tchat en OW et tchèt ailleurs (chat) ; bras en OW et brès ou brès’
ailleurs (bras) ; tchèpèle en SW et tchapèle ailleurs (chapelle), etc.
Les formes types choisies ici utilisent un è, connu partout (quoique dans une mesure
moindre en OW) et caractéristique du wallon.
Voir ALW I, 10 « chanvre », 13 « charpentier », 14 « chasseur », 47 « glace », 49
« hache », 81 « regain », 88 « sac », IV, 2 « château », etc.
292CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
Équivalents du français « ou »
Dans de nombreux mots, l’OW et une partie de SW ont un ou là où l’EW, le CW
(généralement) et le reste de SW ont un o. Les formes de référence sont celles qui ont
un o, plus courantes et caractéristiques du wallon.
Exemples : soris (souris), po (pour), tot (tout).
Autres formes : souris, pou, tout.
Voir cartes p. 295 ; ALW I, 6 (« bouteille »), 23 (« couture »), 46 (« genou »), 64
(« mouche »), II, 20 et 22 (« nous »), 23 (« vous »), 74 (« pour »), 88 (« montre »),
etc.
Équivalents du français « u »
Il existe une alternance ou ∼ u. L’EW, le bast. et le fam. ont souvent ou [u] (mètou,
mis, touwer, tuer, noûlêye ou nûlêye, nuage, cou, cul, couhène, cuisine) là où l’OW et
le reste du SW ont le plus souvent u [Y] : mètu, tuwer, nûléye, cu, cûjène ou cûjine ; le
nam. et le hesb. présentent un mélange des deux formes : mètu, cu, nûléye mais touwer,
coûjène, etc.
Les formes de référence choisies sont les formes avec ou, cette évolution étant la plus
répandue et la plus caractéristique du wallon.
Remarques générales
a) De nombreuses autres alternances moins marquantes ou plus locales ne sont pas
évoquées ici : p. ex. -ène ∼-ine comme dans farène ∼ farine (OW) (farine) ; oû ∼ û
(SW) comme dans noû ∼ nû (neuf), etc.
b) Aucun choix de formes types n’est fait quand les formes divergent de manière
peu ou pas systématique ou plus que superficiellement : pan ∼ pwin (pain) ; magnî ∼
mougnî (manger ; considérés comme synonymes de mindjî) ; vonne ∼ vwinne (veine),
etc.
17.3. CARACTÉRISTIQUES DES QUATRE PRINCIPAUX GROUPES DIALECTAUX293
Phonologie
– Existence du phonème /h/, réalisé [h], [ç] ou [X] selon les contextes et les régions.
Il peut avoir deux origines :
– germanique : ex. hoye (houille), haye (haie), etc. (qui correspond à zéro ou un
hiatus ailleurs).
– « h secondaire » résultant de groupes tels que c intervocalique devant e et i, sc +
voyelle, (s)sy, ty, x intervocalique, etc. qui ont évolué en ch ou j dans le reste de la
Wallonie : plêhant (∼ plêjant, plaisant), home (∼ chome, chume, écume), cråhe
(∼ cråche, graisse), måhon (∼ måjon, maison), poûhî (∼ poûjî, puiser), etc.
Phonétique
– Maintien du [u :] long latin, p. ex. dans le morphème du participe passé masc. :
pièrdou (perdu), mètou (mis), etc. Les autres dialectes wallons ont un [y] : pièrdu,
mètu.
À noter : ce trait a disparu du CW relativement récemment et reste présent en bast.
(SW).
– Le suffixe latin -aticu > -èdje : passèdje (passage), viyèdje (village), etc. Ce trait
existe aussi en bast. (SW). Les autres dialectes wallons ont -adje (SW, CW) ou
-âdje (OW).
– Les groupes os et or > wè, wê, wé (selon les régions et/ou les environnements) :
fwért ∼ fwêrt ∼ fwèrt (fort), fwète (forte). Une partie de EW (malm.) a wa (fwart
ou fwârt et fwate), comme le CW et une partie de SW (v. carte p. 295).
Morphologie
– Subsistance du passé simple. Le passé simple existe à l’état de traces en SW voire
en CW, d’où il a disparu récemment.
Lexique
Quelques mots courants sont propres à l’EW : norèt (mouchoir), måssî (sale), solo
(soleil), etc.
294CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
Sud-wallon
262. Ce dialecte est surtout caractérisé par :
– une fragmentation dialectale plus grande qu’en EW et CW ;
– des traits qui, pris individuellement, sont partagés avec d’autres dialectes mais ne
se rencontrent tous que dans cette région.
Phonétique
– os et or donnent une diphtongue wa, comme en CW, ou sont conservés, comme
en OW (v. carte p. 295).
– voyelle d’appui [Y] (aussi dans EW et sporadiquement ailleurs). Ce trait était beau-
coup plus répandu anciennement (au moins jusqu’à Liège). L’expansion de [I]
comme voyelle d’appui est récente (v. carte p. 295).
Morphologie
– existence d’un article défini féminin la dans une partie du SW (v. carte p. 295).
– la forme dju est utilisée pour la 1e pers., que ce soit au singulier ou au pluriel : dju
mindje, dju mindjans (v. carte p. 295).
– 3e personne du pluriel en -ant ou -at dans une partie du domaine (v. carte p. 295).
Lexique
Quelques mots typiques : (y)åk (quelque chose), èrsè, èrso. . . (hier), niche (sale), c(u)châde,
k(i)chaude. . . (ortie), skiron (écureuil), etc.
Ouest-wallon
263. Ce dialecte est surtout caractérisé par :
– une fragmentation dialectale plus grande qu’en EW et CW ;
– des traits qui, pris individuellement, sont partagés avec d’autres dialectes mais ne
se rencontrent tous que dans cette région ;
– L’équivalent du français ou est généralement un ou (o ailleurs), comme dans une
partie du SW (v. carte p. 295).
– La voyelle d’appui est souvent prosthétique à l’ouest du domaine (p. 52).
Phonétique
– os et or sont le plus souvent conservés (v. carte p. 295).
– ou pour o.
Morphologie
– L’article défini est èl (v. carte p. 295).
17.4. CARTES 295
Centre-wallon
264. Ce dialecte est probablement le plus difficile à caractériser : il est central et en contact
géographique avec tous les autres ; il est dès lors difficile de trouver un trait qui lui soit
réellement propre. Ainsi, les caractéristiques citées dans Limes I (1992) sont partagées
avec le SW et l’OW, voire plus fréquentes dans ces deux derniers dialectes :
– insertion d’un w entre une consonne labiale et les voyelles è et in, comme dans
mwin (main), pwin (pain), pwinne (peine). Le SW et l’OW connaissent ce trait
dans des cas où le CW ne le connaît pas : fwêt (fait), jamwês (jamais) (v. carte
p. 295) ;
– le chute du pronom vos est caractéristique également de l’OW et du SW (v. carte
p. 295) : vlèz ’ne jate di cafè ?
Du point de vue phonétique, le CW partage ses caractéristiques avec ses voisins :
– tantôt avec l’OW. P. ex. -îye dans des mots comme vîye, industrîye, etc., alors que
l’EW a -èye (v. carte p. 295) ;
– tantôt avec l’EW. P. ex. le maintien du o dans des mots comme tot, botèye, vos,
gngno, etc. (v. carte p. 295) ;
– tantôt avec le SW, p. ex. l’évolution de os et or en wa dans des mots comme fwârt,
twade, ripwazer, etc. (v. carte p. 295).
Dans d’autres cas, les variantes connues dans les dialectes contigus se partagent le
CW :
– préfixe k(i)- à l’est (comme en EW) jusqu’à la Meuse : kimincî, kitaper ;
– 3e pers. plur. en -èt à l’est (comme en EW) jusqu’à la Meuse : i vikèt, i tchantèt ;
– 3e pers. plur. en -nut à l’ouest (comme en OW) : i viknut, i tchantnut.
Traits particuliers en morphologie :
– morphème c(o)- (EW : k(i)- ou c(u)- ; SW : généralement c(u)- ; OW : générale-
ment cou-) : c(o)mincî, c(o)fèsse ;
– terminaison -eûve (< -ebam) à l’imparfait et au cond. en nam. : i vikeûve, dji tchan-
treûve.
Du point de vue lexical, des mots « typiques » d’autres régions cohabitent assez fré-
quemment, p. ex., toumer et tchêr (tomber ; Hostin 1975), mougnî et mindjî (manger),
måy et jamês (jamais), quéke fîye èt mutwè (Hostin 1975) , etc. Il est difficile de trouver
un type lexical qui soit vraiment propre au CW : mannèt (sale ; partagé avec la majeure
partie de l’OW), canada (pomme de terre ; idem).
17.4 Cartes
265. Les cartes ci-après n’illustrent pas les traits définitoires du wallon par rapport à ses
voisins (picard, gaumais) ou au français, mais bien quelques-unes des principales va-
riations internes au domaine wallon. Elles sont toutes inspirées de l’Atlas linguistique
de la Wallonie mais présentées sous une forme simplifiée. Seules les variantes concer-
nant le domaine wallon proprement dit sont mentionnées.
296CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
Auve
Lîdje
At’ Warème
Tournai Nivèle Okgnî/Lë Noû Lovin
Sougnî Moûse Vèrvî
Hu Êwe di Vèsse
Inne Èl Louviére
Nameur Mâmdî
Escaut Châlèrwè
Mons
Dinant
Mautche Êwe d’ Oûte
Walon’rèye Al Vile
Êwe di Lèsse
Seumwas
Arel
Vièrtan
17.4. CARTES
B
297
298CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
F IGURE 17.3 – Dialecte est-wallon (d’après ALW I, 64 « mouche », I, 71 « perdu », I,
77 « porter », I, 99 « village », II, 114 « il tomba »).
2
5
1
4
2 1
5
3 4
17.4. CARTES
F IGURE 17.4 – Prononciations de å, comme dans tchår, tchåsse, etc. (d’après ALW I,
B C
A
C
B
A
C
Prononciation de å, type tchår, tchåsse
A - â: tchâr, tchâsse A
B - å: tchår, tchåsse
C - au: tchaur, tchausse C
299
300CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
F IGURE 17.5 – Articles définis singuliers et présence du phonème /@/ (d’après ALW I,
54 : « le (article) »)
B
C
A2
A
A2
A2: de type lë
A1: de type li
B: de type èl
17.4. CARTES
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A
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301
302CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
B
303
304CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
C
A
D
B
C − −ant (i vikant)
Morphème verbal
D − −at (i vikat)
A − −èt (i vikèt)
17.4. CARTES 305
F IGURE 17.10 – Répartition des allophones [ẽ] ↔ [e] ↔ [Ẽ] ↔ [ı̃] (d’après ALW I, 3
« bien »)
B
B
E
D
A
B
B
A
C
Type bén
D - bègn
B - bén
A - bin
C - bîn
E - biè
306CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
B
A
17.4. CARTES
F IGURE 17.12 – Évolution de or et os (d’après ALW I, 67 « oser », I, 77 « porter », I, 5
D C
B
B
A
Diphtongaison de os et or
B
A − Type wè: wèzeûr, pwèrter, bwègne
B − Type wè: wazu, pwarter, bwagne C
C − pwarter, bwagne (mais pas wazu)
D − bwagne (mais pas pwarter ni wazu)
307
308CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
F IGURE 17.13 – Insertion d’un w après consonne labiale (d’après ALW I, 90 « se-
maine », I, 97 « veine », I, 69 « peine »)
B
B
B
A
B
17.4. CARTES
F IGURE 17.14 – Équivalents du français -i(ll)e (d’après ALW I, 98 « vie », I, 1 « ai-
B B 1
C
A
Équivalents du français−i(ll)e :
type −èye, −êye ou −îye, −îe
A − awèye, vèye
B − awèye mais vîye
C − vèye mais awîye
309
310CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
C
A
AC
Équivalents du français ou
C − Zone mixte
17.4. CARTES 311
F IGURE 17.16 – Équivalents du français nous (d’après ALW II, 21 « nous »)
B
A
B
A
A
B
B
A − Présent, type
B − Absent, type
Chapitre 18
Variation de l’écriture
Version originale
266. Recipe [= prindez] I setin de canfre d’ongnon de lis, de mastik, de blain d’espain, de
vis argent et doutant [= dous tant, deûs côps ostant] de du saïn de maia, d’ole d’olive,
d’ole d’amandes et de siwe de bok. Blechiies [= blessîz, broyîz] tot ensonle seins fowe
se facijs un ungement. Chis garira totes maladijes de furs le cors. Por estinde le fowe
de saint Anthone u atre fowe, prendeis de roges floures de crussodes ki soient couloutes
en secce teins, devant l’ascencion a crous. Se facijs del ewe et moilhies eins un beal
passteal et sel meteis sor le fowe et se bove li malades III kilhirs a mi joure tant qu’j
soit weris.
Notes :
– Recipe : mot latin signifiant « prends » dans les ordonnances médicales.
– « e » caduc = aujourd’hui « u » ou « ë » (de = du, le = lu).
– « u » se lisait « ou » (du saïn = doûs sayin)
– Un emprunt français intéressant : garira (guérira) à comparer à la forme wallonne
apparaissant plus bas : weris (guéris).
– Facijs (faites), qui apparaît deux fois, pourraît être une forme de subjonctif (fas-
siez) ne correspondant plus à aucune forme moderne (fésse, fioche, fuzohe, fi-
joche. . .) mais pouvant représenter un ancien ˚fahîz ( ?).
– atre (= âte) est l’ancienne forme de ôte ; elle existe encore sporadiquement à
l’extrême est de la Wallonie, qui a conservé le plus grand nombre de formes ar-
chaïques.
– Les « r » finaux n’étaient pas encore tombés : por > po ; sor > so ; kilîr > kilî ;
djoûr > djoû.
– Le déterminant oun, qui n’existe plus auj. qu’en bast. était beaucoup plus répandu
anciennement (jusque Liège au moins).
313
314 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE
En orthographe moderne
En français
267. Item l’an mille IIIIc IIIIxx et XIII, lu II jour d’awoist, c’est aparoy duvan nous, doiin et
cappit, Johan du Rahir, lu cessulen de no cestey, et Johan du Xhoch, le qué dit cessulen
at pri en nomme du soin frére dumorrant à My lu demme du My apartunant à nous lu
stut du VI et ceskon an por VI moy du spet, voir k’i doit avoir lu prumir an sen rin a
paii et at paii L eidant du beveregz, voir k’i doit trowé I moy du spet del prumir anné
et I moy del derin anné.
En orthographe actuelle
Item l’ an 1493, lu 2e djoû(r) d’ awousse, s’ est aparou duvant nos, doyén èt tchapite,
Johan du Rahîr, lu tcheslin du nosse tchestea, èt Johan du Xhos, lu ké dit tcheslin a
pris è nom du sin fré(re) dumorant a Mî lu déme du Mî apartunant a nos, lu stut’ du VI
[ans] èt tchaescon an po(r) VI moy du speate, [voir] k’ i doet aveur lu prumîr an sins
rén a payî, èt a payî 50 aidants du bevraedje, [voir] k’ i doet trover 1 moy du speate
del prumîr anné èt 1 moy du speate del dérinne anné.
315
Traduction française
Item, l’an 1493, le 2e jour d’août, est apparu devant nous, doyen et chapitre, Johan de
Rahier, le châtelain de notre château, et Johan de Xhos [village près de Barvaux], lequel
dit châtelain a pris au nom du sien frère demeurant à My [village près de Barvaux] la
dîme de My appartenant à nous, le bail de 6 ans et chaque année pour 6 muids [ancienne
mesure de capacité] d’épeautre, étant entendu qu’il doit avoir la première année sans
rien à payer, et payer 50 aidants de boisson, étant entendu qu’il doit trouver 1 muid
d’épeautre de la première année et 1 muid d’épeautre de la dernière année.
Source : Remacle 1948
Orthographe actuelle
Sonèt lîdjwès
 minisse. Xhoûtez dai Mounseu l’ prédicant, / Ni pârlez nin tant conte les monnes ; /
Ca vos frîz dîre qui l’ diâle vis monne / Come ounk di ses apârtinants.
Vos estez oun grand afaxhant / Après les béns di nos tchenonnes : / Mins po v’ dîre tot
çou k’ i m’ è sonne, / Vos porpôs sont porpôs d’ brigand :
316 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE
Si vos euxhîz shût li scriteure, / Èt bén wârdé li lwè d’ nateure, / Vos euxhîz acwerou
boun brut,
Mins cwè ? dîre âs djins des indjeures / Èt les spiter di vos rnârdeures / Ci sont vos
ouves èt vos beas fruts.
F. Houbiet Ora, Mèneû d’ Lîdje
Traduction française
Sonnet liégeois. Au Ministre. Écoutez donc Monsieur le prédicateur, / Ne parlez pas
tant contre les moines ; / Car vous feriez dire que le diable vous mène / Comme un de
ses possédés. [de ses appartenants] / Vous voulez mettre le grappin [Vous êtes un grand
cupide après] / Sur les biens de nos chanoines : / Mais pour vous dire (tout) ce qu’il me
semble / Vos propos sont propos de brigand : / Si vous eussiez suivi l’écriture / Et bien
conservé la loi naturelle [de nature], / Vous eussiez acquis bonne renommée [bruit], /
Mais quoi ? dire aux gens des injures / Et les éclabousser de vos vomissements / Ce
sont vos œuvres et vos beaux fruits.
Signature : F. Hubert Ora [Frère] mineur de Liège.
Source : Haust 1979
Orthographe actuelle
Li langue nâcionâle.
[...] On curé d’ viyaedje a prétchî / Bén longmint a grand messe ; / Les payîzans n’ ont
fait k’ bâyî / Divant s’ purlôdje francesse ; / I n’ ont rén ritnou di s’ siermon, / Rén
compris di s’ morâle : / – Monsieu l’ prétcheu, prétchîz walon : / C’ est leu langue
nâcionâle. [...] Xhoûtez plaitî cist avocât / Ki fait des si grands djesses ; / I pinse, avou
ses gros macâs / Pârler bén l’ langue francesse ; / Tos ses cûrs èt s’ bastâd djârgon /
Fèt rîre li tribunâl. / – Binamé ome, pârlez walon ; / C’ est vosse langue nâcionâle.
Traduction française
Écritures spontanées
270. L’orthographe Feller ne disposant pas d’un appareil scolaire et légal qui en répande
(voire en impose) l’usage, il arrive souvent que l’on rencontre des textes écrits dans un
système graphique spontané, c.-à-d., en réalité obéissant à un double mouvement de
référence au français dans certains cas ou, au contraire, de démarcation volontaire par
rapport au français. Voici quelques exemples de textes de ce genre :
– Al copette (en haut, au sommet ; sur le mur d’une maison). En orthographe Feller :
copète (par de consonne double si elle n’est pas prononcée double).
– Li viye cinse (la vieille ferme ; nom d’un restaurant). En orthographe Feller : vîye.
Toute voyelle longue est marquée par un accent circonflexe, même dans les cas
(comme ici) où l’opposition voyelle longue versus voyelle brève est neutralisée.
– Li bia bouquet (le beau bouquet ; magasin d’un fleuriste). En orthographe Feller :
bouquèt ou boukèt, car le son è est toujours écrit è, même dans les cas où, par
référence à l’orthographe française, aucune ambiguïté n’existe quant à la pronon-
ciation.
– L I S ’ CRIJEUX WALLON L OUIS L OISEAU (1858-1923) A D ’ MÈRÉ DINS C ’ MAU -
JONE CI SAQUANTS ANNÉES DI S ’ VIQUÉRIE . (L’écrivain wallon Louis Loiseau
a habité dans cette maison quelques années de sa vie). À remarquer : l’impression
que scrîjeû est la forme élidée de sicrîjeû (v. épenthèse et prothèse p. 52) ; le l
doublé de wallon pour walon ; à noter aussi l’absence de notation du [j] dans les
terminaisons de anéye et vikêrîye, soit que ce [j] est peu sensible, soit qu’il est
ressenti comme un trait non essentiel (purement phonétique) - il peut cependant
avoir son importance en empêchant l’élision du mot qui suit (v. y à la fin des mots,
p. 51).
318 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE
– Al plat pir (à la pierre plate ; nom d’une maison). En orthographe Feller, les e en
fin de mot sont notés par analogie avec le français : al plate pîre. Ici, on a probable-
ment cherché à accentuer l’écart avec le français ou à donner une représentation
« phonétique » du wallon.
– 1925 - L I D ’ JOU DEL ST SYLVESSE MOUSE A VNU JUSQU ’ A CI (le jour de la
St Sylvestre, la Meuse est venue jusqu’ici). Il était courant, avant Feller, de noter
[dZ] par un d’j. Anciennement, la notation la plus fréquente était simplement j. À
noter aussi que le [I] est aujourd’hui systématiquement noté i : Silvèsse.
Le rfondou walon
271. Depuis une dizaine d’années, un groupe d’animateurs et d’écrivains tente de réévaluer
le système de transcription Feller : celui-ci ayant été fait par des dialectologues et pour
des dialectologues, avant que la linguistique et ses outils s’établissent comme science
moderne, obéissant à une vision fragmentée du wallon, visant davantage la protection
d’un patrimoine littéraire patoisant ou l’étude dialectologique que la promotion d’une
langue moderne, est-elle bien adaptée à une vision plus unitaire et plus moderne de
notre langue ? Diverses propositions de rénovation ont été lancées qui tournent toutes
autour d’une même idée centrale : l’orthographe n’est pas faite pour reproduire à l’écrit
toutes les variations —par définition innombrable— de la langue parlée, mais bien pour
donner une image plus fixe et plus unitaire de la langue wallonne. Ces tentatives de
rénovation de l’orthographe sont donc aussi indissociables d’un projet concernant le
statut de la langue : promouvoir une orthographe non phonétique, c’est aussi défendre
une certaine idée du wallon comme langue une, au-delà des différences de surface, et
comme langue porteuse d’un projet d’avenir.
Ces projets —quelle que soit leur qualité technique intrinsèque — ont jusqu’à présent
suscité quelques polémiques mais aussi un intérêt certain chez des personnes générale-
ment plus jeunes, souvent des néolocuteurs.
Il faut insister sur le fait que si la rénovation de l’orthographe est l’élément le plus
visible et la plus discuté du rfondou walon, elle n’est que le dessus de l’iceberg d’un
projet renaissantiste bien plus profond.
Notation du son h
Les dialectes est-wallons se distinguent des autres par l’existence dans leur système
phonologique du son /h/. Ce h correspondant à quatre évolutions différentes dans les
319
(nous disons) ; taire (taire) : i s’ taijhèt (i s’ têhèt, i s’ têjèt) (ils se taisent) ; dis-
trure (détruire) : vos distrujhoz (vos distrûhoz, vos distrûjoz...) (vous détruisez) ;
etc.
d) le h secondaire équivalent à ch dans le CW et le SW et à sk dans l’OW est noté
sch. Voir p. 46. Il s’agit d’un digraphe utilisé occasionnellement dans les écritures
anciennes, quoiqu’on trouve plus souvent xh (voir exemples ci dessus). Les mots dans
lequel ce trigraphe est utilisé sont relativement rares. Ex. :
– dischinde (dihinde, dichinde, diskinde + autres formes) (descendre), scheure (heûre,
cheûre, skeûre) (secouer), schoûter (choûter, hoûter) et aschouter (achoûter, as-
couter) (écouter), schaper (chaper, scaper) (échapper), schåle (håle, chaule, scôle)
(échelle), schirer, dischirer, coschirer (chirer, skirer, hirer) (déchirer)...
Variable a ∼ è
Variable wa ∼ wè ∼ ô
Variable eû ∼ wè
Variable îy ∼ èy
Simplification
Dans d’autres cas, les innovations proposées visent à réduire le nombre de signes dia-
critiques utilisés dans l’orthographe wallonne.
a) La plupart des utilisateurs de l’orthographe rénovée notent peu d’accents sur le e à
l’intérieur de mots, celui-ci étant presque toujours prononcé è [Ẽ]. Voir p. 33. Ex. :
– finiesse (fenêtre ; pour fignèsse), les (les ; pour lès), berwete (brouette ; pour bèrwète),
mete (mettre ; pour mète).
b) La graphie ê est souvent remplacée par ai, comme dans certaines variantes de l’or-
thographe Feller. Voir p. 34. Ex. :
– aiwe (eau ; pour êwe), plaire (plaire ; pour plêre).
c) De même, les accents circonflexes sont souvent évités là où leur rendement phono-
logique est faible, voire nul, notamment dans les syllabes fermées terminées par y et w.
Ex. :
– voye (vôye ∼ voye) (route).
d) les accents circonflexes sont aussi non notés pour les voyelles autres que o devant
une consonne sonore (b, d, dj, g, j, jh, v, z) ou un r :
– Lidje (Lîdje) (Liège).
e) Enfin, les accents circonflexes sont évités sur les voyelles qui peuvent être longues
ou brèves selon les dialectes :
– rade (râde ∼ rade) (vite), nute (nut’ ∼ nût) (nuit), etc.
Autres remarques
a) Dans l’orthographe rénovée, le q n’est plus du tout utilisé, comme c’est d’ailleurs
le cas dans certaines variantes de l’orthographe Feller : ki (que), cwand (quand). Voir
p. 41.
b) Comme dans ce livre, å est utilisé pour rendre compte des variantes å [O :], au [o :]
et â [a :] : tåve (table), cåve (cave). Voir p. 29.
322 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE
c) Comme dans ce livre, én est utilisé pour rendre compte des variantes én [ẽ], é [e] (le
même que le précédent, mais dénasalisé), in [Ẽ] et î-n [ı̃] : bén (bien), rén (rien). Voir
p. 36.
Sixième partie
Annexes
323
325
Revues
Djåzans walon (Liège).
Les Dépêches de Wallonie (Charleroi).
Singuliers (Bastogne).
Coutcouloudjoû.
Èl Bourdon (Charleroi).
DW = Les Dialectes de Wallonie. Société de Langue et de Littérature wallonnes. Liège.
Les Cahiers wallons (Namur).
Li P’tite Gazète (Namur).
Li Chwès (Namur).
Li Rantoele (toute la Wallonie, édité à Neufchâteau).
Auteurs
Alexandre N., dans Causans.
Bacq A., dans Scrîre.
Baidjot L., dans Li Rantoele.
Bal W. 1956 : Fauves dèl Tâye-aus-Fréjes èt contes dou Tiène-al-Bîje. Société de
Langue et de Littérature wallonne. Liège.
Bentz Ch. 1988 : Coradje ! Musée de la Parole au Pays de Bastogne.
Bily J., dans Singuliers.
Bosly J. 1963 : L’îmitåcion d’ Jèzus-Cris. Rachowe è walon lîdjwès d’après De Imita-
tione Christi d’ à Thomas A. Kempis. Éd. J. Duculot. Gembloux.
326
Historique
– 2001-06-11 : Modêye 0.2, Lorint Hendschel, Première publication de la Gram-
maire sous la licence GFDL.
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331
332
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dans la liste des Sections Invariables de la mention de licence de ce travail mélangé.
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dans les divers documents originaux, afin de constituer une unique section intitulée
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as verbatim copying in other respects.
If the required texts for either cover are too voluminous to fit legibly, you should put
the first ones listed (as many as fit reasonably) on the actual cover, and continue the
rest onto adjacent pages.
If you publish or distribute Opaque copies of the Document numbering more than 100,
you must either include a machine-readable Transparent copy along with each Opaque
copy, or state in or with each Opaque copy a publicly-accessible computer-network
location containing a complete Transparent copy of the Document, free of added ma-
terial, which the general network-using public has access to download anonymously
at no charge using public-standard network protocols. If you use the latter option, you
must take reasonably prudent steps, when you begin distribution of Opaque copies in
quantity, to ensure that this Transparent copy will remain thus accessible at the sta-
ted location until at least one year after the last time you distribute an Opaque copy
(directly or through your agents or retailers) of that edition to the public.
It is requested, but not required, that you contact the authors of the Document well
before redistributing any large number of copies, to give them a chance to provide you
with an updated version of the Document.
Modifications
You may copy and distribute a Modified Version of the Document under the conditions
of sections 2 and 3 above, provided that you release the Modified Version under pre-
cisely this License, with the Modified Version filling the role of the Document, thus
licensing distribution and modification of the Modified Version to whoever possesses a
copy of it. In addition, you must do these things in the Modified Version :
342
– Use in the Title Page (and on the covers, if any) a title distinct from that of the
Document, and from those of previous versions (which should, if there were any,
be listed in the History section of the Document). You may use the same title as a
previous version if the original publisher of that version gives permission.
– List on the Title Page, as authors, one or more persons or entities responsible for
authorship of the modifications in the Modified Version, together with at least five
of the principal authors of the Document (all of its principal authors, if it has less
than five).
– State on the Title page the name of the publisher of the Modified Version, as the
publisher.
– Preserve all the copyright notices of the Document.
– Add an appropriate copyright notice for your modifications adjacent to the other
copyright notices.
– Include, immediately after the copyright notices, a license notice giving the public
permission to use the Modified Version under the terms of this License, in the
form shown in the Addendum below.
– Preserve in that license notice the full lists of Invariant Sections and required Cover
Texts given in the Document’s license notice.
– Include an unaltered copy of this License.
– Preserve the section entitled “History”, and its title, and add to it an item stating at
least the title, year, new authors, and publisher of the Modified Version as given on
the Title Page. If there is no section entitled “History” in the Document, create one
stating the title, year, authors, and publisher of the Document as given on its Title
Page, then add an item describing the Modified Version as stated in the previous
sentence.
– Preserve the network location, if any, given in the Document for public access to
a Transparent copy of the Document, and likewise the network locations given in
the Document for previous versions it was based on. These may be placed in the
“History” section. You may omit a network location for a work that was published
at least four years before the Document itself, or if the original publisher of the
version it refers to gives permission.
– In any section entitled “Acknowledgements” or “Dedications”, preserve the sec-
tion’s title, and preserve in the section all the substance and tone of each of the
contributor acknowledgements and/or dedications given therein.
– Preserve all the Invariant Sections of the Document, unaltered in their text and in
their titles. Section numbers or the equivalent are not considered part of the section
titles.
– Delete any section entitled “Endorsements”. Such a section may not be included
in the Modified Version.
– Do not retitle any existing section as “Endorsements” or to conflict in title with
any Invariant Section.
If the Modified Version includes new front-matter sections or appendices that qualify
as Secondary Sections and contain no material copied from the Document, you may at
your option designate some or all of these sections as invariant. To do this, add their
titles to the list of Invariant Sections in the Modified Version’s license notice. These
343
Combining Documents
You may combine the Document with other documents released under this License,
under the terms defined in section 4 above for modified versions, provided that you
include in the combination all of the Invariant Sections of all of the original documents,
unmodified, and list them all as Invariant Sections of your combined work in its license
notice.
The combined work need only contain one copy of this License, and multiple identical
Invariant Sections may be replaced with a single copy. If there are multiple Invariant
Sections with the same name but different contents, make the title of each such section
unique by adding at the end of it, in parentheses, the name of the original author or
publisher of that section if known, or else a unique number. Make the same adjustment
to the section titles in the list of Invariant Sections in the license notice of the combined
work.
In the combination, you must combine any sections entitled “History” in the various
original documents, forming one section entitled “History” ; likewise combine any sec-
tions entitled “Acknowledgements”, and any sections entitled “Dedications”. You must
delete all sections entitled “Endorsements.”
Collections of Documents
You may make a collection consisting of the Document and other documents released
under this License, and replace the individual copies of this License in the various
documents with a single copy that is included in the collection, provided that you follow
the rules of this License for verbatim copying of each of the documents in all other
respects.
344
You may extract a single document from such a collection, and distribute it individually
under this License, provided you insert a copy of this License into the extracted docu-
ment, and follow this License in all other respects regarding verbatim copying of that
document.
A compilation of the Document or its derivatives with other separate and independent
documents or works, in or on a volume of a storage or distribution medium, does not
as a whole count as a Modified Version of the Document, provided no compilation
copyright is claimed for the compilation. Such a compilation is called an “aggregate”,
and this License does not apply to the other self-contained works thus compiled with
the Document, on account of their being thus compiled, if they are not themselves
derivative works of the Document.
If the Cover Text requirement of section 3 is applicable to these copies of the Docu-
ment, then if the Document is less than one quarter of the entire aggregate, the Docu-
ment’s Cover Texts may be placed on covers that surround only the Document within
the aggregate. Otherwise they must appear on covers around the whole aggregate.
Translation
Translation is considered a kind of modification, so you may distribute translations of
the Document under the terms of section 4. Replacing Invariant Sections with trans-
lations requires special permission from their copyright holders, but you may include
translations of some or all Invariant Sections in addition to the original versions of
these Invariant Sections. You may include a translation of this License provided that
you also include the original English version of this License. In case of a disagreement
between the translation and the original English version of this License, the original
English version will prevail.
Termination
You may not copy, modify, sublicense, or distribute the Document except as expressly
provided for under this License. Any other attempt to copy, modify, sublicense or dis-
tribute the Document is void, and will automatically terminate your rights under this
License. However, parties who have received copies, or rights, from you under this
License will not have their licenses terminated so long as such parties remain in full
compliance.
345
346
INDEX 347
w (lettre de liaison), 60
Références
351
352 RÉFÉRENCES
II Orthographe et prononciation 25
2 Orthographe et prononciation 27
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Les lettres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 Aspects particuliers : vocalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.4 Aspects particuliers : consonantisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.5 Jointure des mots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.6 Signes non alphabétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4 L’adjectif qualificatif 81
4.1 Genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2 Nombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.3 Place . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.4 Emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
353
354 TABLE DES MATIÈRES
5 Les déterminants 95
5.1 Les articles définis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.2 Les articles indéfinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.3 Les articles partitifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.4 Les articles contractés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
5.5 Les déterminants possessifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.6 Les déterminants démonstratifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
5.7 Les déterminants indéfinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
5.8 Les déterminants interrogatifs et exclamatifs . . . . . . . . . . . . . . 112
IV La phrase 265
15 La phrase 267
15.1 Ordre des mots et inversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267
15.2 La phrase interrogative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270
15.3 La phrase négative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
15.4 Rejet de la préposition ou de l’adverbe . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
15.5 La proposition relative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
15.6 Les propositions infinitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
15.7 La phrase comparative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
15.8 La phrase impersonnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
15.9 La phrase averbale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280
VI Annexes 323
Liste des auteurs cités dans les exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325
Sacwants berdelaedjes divant do disteler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 329
Historique des versions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330
Traduction française de la licence GFDL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331
GNU Free Documentation License . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339
Index 346
Bibliographie 352