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Grammatica Della Lingua Vallone PDF

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Li Croejhete Walone

Contribution à une grammaire de la langue


wallonne

Lorint Hendschel
Rivoeyou et ramîdré pa Djan Cayron et Pablo Saratxaga

2001, 2012
modêye 0.2.12
2

Copyright c 2001, 2012 Lorint Hendschel, Djan Cayron et Pablo Saratxaga.


lorintHendschel@skynet.be, jean.cayron@gmail.com, pablo@walon.org

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Invariåve ; pont di Tecse di Prumire Coviete ni di Cwatrinme Coviete. Ene copeye del
Licinse si trove el seccion « GNU Free Documentation License ».
3

Creûhète f., 1. (fig. 235), syn. creû d’ pårt Dièw, croix de par Dieu, croix figurée sur
le titre de l’alphabet où l’on apprenait à lire aux enfants ; par ext., l’alphabet : si
fèye n’ èst co qu’ al ∼ ; rèvoyî ’ne saquî al ∼ (voy. å b c) [...]. (Haust 1933)
Creûjète s.f., abécédaire. (Hostin 1975)
Croujète f., alphabet, croix de par Dieu. (Deprêtre 1942)
Creûjète n.f., abécédaire, petit livre contenant l’alphabet pour enseigner à lire aux
enfants ; nos vieux abécédaires étaient tous précédés d’une creûjète, une petite
croix, ce qui indiquait que la leçon commençait par le signe de la croix ; par
extension l’alphabet lui-même ; le commencement de quelque chose : i n’ enn’
est nin co al creûjète, il ne sait pas encore lire ; i n’ enn’ est co k’ al creûjète,
il commence à lire. Po z’aprinde li creûjète, / I faleûve bin trwès mwès, / Et po
sawè spèli / Au mwins chî mwès après. (Quinaux). (Pirsoul 1934)
Croejhete [köø :ZEt] f., petite croix f ; petit croisement m ; livre de lecture élémentaire
m, abécédaire m, grammaire f ; i n’ sait nén ddja s’ ∼ : c’est un véritable ignare,
il n’a aucune base. (Bauthière et al. 2009)
4
Présentation

Le présent ouvrage constitue la deuxième édition de la « Croejhete walone » de


Lorent Hendschel, publiée sur internet en 2001. Les auteurs ayant réalisé cette deuxième
version ont tenté d’adapter cet ouvrage de référence, fondateur de la normalisation du
wallon aux évolutions et recherches ayant eu lieu au cours de cette dernière décennie,
tout en restant fidèle à l’original. Que Lorent Hendschel soit remercié pour ce travail
inestimable qu’il a offert aux wallons d’aujourd’hui et de demain
Plusieurs grammaires wallonnes ont déjà été publiées : ouvrages de type « ma-
nuels » ou « précis » (notamment Bastin 1965, Bertrand 1962, Coppens 1959, Fabry
1951, Léonard 1952, Viroux sd, etc.), études morphologiques (notamment Bastin 1909,
Grignard 1908), sans oublier les parties grammaticales des cours de wallon publiés
entre autres par les comités « Walon è scole » dans toutes les régions et enfin les an-
nexes morphologiques et syntaxiques plus ou moins étendues à glaner dans les mo-
nographies dialectales voire certains ouvrages littéraires. Les ouvrages de L. Remacle
(Remacle 1952, Remacle 1956, Remacle 1960) doivent être mis à part pour leur am-
pleur, leur richesse et leur exigence méthodologique.
Le présent ouvrage se veut plutôt de type « manuel » mais il a quelques traits ori-
ginaux. Par rapport aux ouvrages existants, sa première particularité est de tenter une
description du wallon et non d’un de ses dialectes en particulier. La deuxième est de
tenter une description qui soit ouvertement fondée, pour l’essentiel (mais pas exclusi-
vement), sur une forme précise de la langue : la littérature wallonne contemporaine.
Le troisième but fixé est de penser autrement l’opposition à mon sens souvent factice
entre grammaire « prescriptive » et grammaire « normative ». Enfin, un effort a été fait
pour éclaircir les nombreux a priori, trop souvent passés sous silence, qui sous-tendent
toujours ce genre d’ouvrage.

Du cumul à l’harmonisation : vers un premier tri des


formes
Ce travail a commencé par une « simple » accumulation des données exposées dans
les grammaires déjà publiées. Il s’est évidemment avéré nécessaire d’harmoniser autant
que possible la terminologie utilisée et d’uniformiser la répartition de la matière en
différents thèmes.
La répartition utilisée ici est très classique et fondée essentiellement sur la notion

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de classes de mots (adjectifs, noms, verbes, etc.). Toutefois, à plusieurs endroits, des
préoccupations fonctionnelles rompent cet agencement, ce qui permet de regrouper
des mots qui, quoique n’appartenant pas à la même classe, peuvent jouer des rôles
comparables (p. ex. les introducteurs, les chiffres, les conjonctions de coordination,
etc.).
Du point de vue de la matière étudiée, il est également apparu que si tous les ou-
vrages consultés se présentent comme des « grammaires wallonnes », ce qu’on entend
par « wallon » est parfois tellement différent (témoignages oraux ou littéraires ou. . .
absents ; littérature ancienne ou langue moderne, etc.) qu’une simple accumulation des
données existantes n’était pas possible : il fallait que le champ propre du présent ou-
vrage soit mieux circonscrit (voir ci-dessous « La matière étudiée ») ; il fallait en outre
expliquer en quoi on peut être autorisé à parler « du » wallon pour en faire une gram-
maire (voir Qu’est-ce que le wallon ?, p. 21).

La matière étudiée
Dans plus d’une grammaire, les auteurs se contentent de donner le nom de la langue
à laquelle l’ouvrage est censé s’appliquer (grammaire française, grammaire du wallon
liégeois, grammaire aclote, etc.). Or une grammaire du wallon de Namur s’appuyant
uniquement sur des enregistrements oraux débouche sur une description qui peut être,
sur certains points, très différente d’une grammaire décrivant les textes revus et corrigés
par une association littéraire de la même région.
Une langue, quelle qu’elle soit, n’a de forme concrète que dans une série de « lectes »,
c.-à-d. de variantes, notamment géographiques (dialectes), sociales (sociolectes) et dia-
chroniques.
Cet ouvrage se limite à décrire :
– Les formes écrites de wallon, appelées ici « littérature ». Il faut comprendre litté-
rature dans le sens très large de « texte publié » : non seulement la littérature au
sens propre, mais aussi la bande dessinée, la chanson, des transcriptions d’eth-
notextes, des traductions, des textes non littéraires, etc. Les textes en prose sont
généralement privilégiés : sur bien des points, la poésie aurait pratiquement be-
soin de sa propre grammaire.
Quant au choix des auteurs, volontairement éclectique, il n’était pas seulement
dicté par le caractère « reconnu » de leur œuvre, ni par les qualités littéraires
qui leur sont généralement prêtées. Ce qui a aussi retenu mon attention, c’est la
diffusion des œuvres. On trouvera ainsi, à côté de prosateurs classiques tels que
A. Laloux ou J. Calozet, beaucoup d’auteurs publiés dans des anthologies bien
diffusées (p. ex. Scrîre), des revues, des calendriers, des groupes de rock dont
les CD sont distribués en dehors des circuits wallons habituels, etc. (voir Index
des auteurs, p. 325). L’accent est donc mis sur le wallon comme il se voit, et non
(seulement) tel qu’il devrait être. . .
– Le wallon contemporain : les échantillons littéraires sont essentiellement choisis
dans le siècle qui vient de s’écouler, avec une préférence pour les textes plus
récents. L’un ou l’autre auteur cité a néanmoins produit son œuvre dans les an-
nées 1930. Les très rares cas où des auteurs encore antérieurs sont cités sont
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nettement distingués. À l’édition originale, des exemples récents repris dans la


littérature de ce début de 21e, souvent en orthographe normalisée, ont été ajoutés.
Ils témoignent de l’évolution encore en cours de la langue wallonne.
– Toutes les variantes géographiques ou dialectales. Une indexation des variantes
est toutefois nécessaire pour organiser la matière. Le plus souvent, les formes
sont réparties en « formes de référence » ou formes types (voir plus bas), « formes
régionales » (c.-à-d. celles de quatre dialectes jugés représentatifs : Liège pour
l’est-wallon, Namur pour le centre-wallon, Charleroi pour l’ouest-wallon et Bas-
togne pour le sud-wallon) et des « formes locales » qui reprennent toutes les
autres formes connues de l’auteur.
Cette délimitation de la matière n’est pas absolue : des exemples sont parfois tirés
de la poésie, de la littérature ancienne, d’échantillons oraux, d’autres langues régionales
ou du français à des fins de comparaison, etc.
En outre, en plus des exemples littéraires, de nombreux exemples forgés sont utili-
sés (tous ceux qui ne sont pas précédés de la mention explicite « Ex. lit. »). Ils sont de
l’auteur ou repris d’autres grammaires, et apparaissent quand la littérature n’offrait pas
d’exemple, ou pas d’exemple clair et concis, d’un aspect grammatical déterminé.
À partir du moment où la matière était circonscrite et où les exemples concrets
ont commencé à s’accumuler, des contradictions sont apparues dans certains cas avec
certaines descriptions existantes : soit elles s’appuyaient sur des exemples forgés qui
ne correspondaient pas au matériel offert par la littérature, soit elles s’appuyaient sur
des exemples réels mais appartenant à d’autres usages quelquefois en contradiction
avec l’usage littéraire, soit elles généralisaient au wallon entier des règles qui ne sont
valables que dans une région particulière, etc.
En outre —et ceci ne surprendra certainement personne— la matière littéraire elle-
même offre dans certains cas une diversité d’usages.
Il fallait donc déterminer comment organiser ces contradictions normatives et cette
diversité descriptive.

Prescription et description
Toute grammaire, au sens de manuel de grammaire, d’exposé de règles, est à la
fois descriptive et prescriptive : elle ne saurait exister si elle ne décrit pas un usage
(fût-ce celui de l’auteur) et elle est prescriptive par raison d’être, dans la mesure où elle
cherche à « guider » le lecteur dans la forêt des mots et de la syntaxe.
Or, contradictoirement, toute langue est d’abord marquée, en superficie, par la di-
versité : comme du sable fin, elle s’écoule entre les doigts quand on veut la saisir, elle
s’éparpille en variantes sans fin et usages contradictoires.
Toute grammaire, comme toute orthographe d’ailleurs, tendra par conséquent à rigi-
difier, rendre discontinus, des usages par nature fluctuants, contradictoires et continus.
Quel est donc le point de vue normatif adopté dans cette grammaire ?
Tout d’abord, notre parti pris de présenter le wallon en entier, de choisir des formes
plutôt littéraires et plutôt contemporaines n’est évidemment pas innocent : une gram-
maire des usages contemporains oraux ou de la langue écrite du 18e siècle guiderait
le lecteur sur d’autres voies... Notre but est de donner à l’utilisateur quelque chose
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d’utilisable ici et maintenant, passivement ou activement, en se fondant sur des usages


vivants et en faisant le pari avoué que, malgré la situation difficile que connaît le wallon
actuellement, quelque chose sera transmis aux générations montantes.
Pour le reste, le lecteur constatera que, dans bien des cas, les « exemples litté-
raires » (les seuls qui seraient repris dans bien des grammaires) sont assortis de « contre-
exemples littéraires » et que, là où les usages sont contradictoires, nous ne nous sommes
pas sentis en droit de dire que telle variété est préférable à une autre.
Évidemment, on pourrait toujours dire que l’ordre de la présentation des exemples
et les appellations « exemples » et « contre » exemples sont significatifs. . . Néanmoins,
nous estimons que notre rôle est d’exposer et de clarifier la variété des formes exis-
tantes. Au lecteur de faire ses choix en cette matière, de même que parmi les différentes
formes dialectales ; ce qui nous amène à expliquer une autre classification utilisée tout
au long de cet ouvrage : la répartition en formes de référence, formes régionales et
formes locales.

Formes de référence, régionales et locales


Formes de référence
Le but de départ étant de présenter une grammaire valable —pour l’essentiel—
pour toute la communauté sociolinguistique wallonne, il faut forcément poser une unité
sous-jacente à la diversité observable. Dans beaucoup de langues, la question de la
variété à décrire ne se pose même pas et n’est pas expliquée. Dans d’autres cas, une
variante géographique, sociologique ou historique est explicitement privilégiée.
Il y a là un problème certes pratique (comment présenter la matière) mais surtout
idéologique : considérer qu’un ensemble de « lectes » forme en théorie une langue est
une chose ; donner forme concrète à cette langue forcément abstraite et considérer les
« lectes » comme des réalisations particulières de la langue en est une autre.
Chez nous, un tel travail fut pour la première fois entrepris explicitement à l’échelle
de la communauté sociolinguistique wallonne tout entière au travers de la première
version de cet ouvrage —quoique de nombreuses propositions aient été faites dans ce
sens au cours des dix dernières années qui la précédèrent. Cette première tentative fut
forcément partiellement arbitraire et l’auteur ne chercha nulle part à se défendre de
cette accusation fondamentale, qui pourrait d’ailleurs être adressée, dans une mesure
plus ou moins grande, à n’importe quelle grammaire.
Donner corps au wallon (que ce soit à une échelle régionale ou à l’échelle wallonne)
implique forcément de fixer ce qui est mouvant et de découper ce qui est continuum.
Étant donné l’absence de tradition chez nous en ce domaine, la présente tentative doit
être considérée comme une première approche qui, à défaut d’être idéologiquement
correcte, a au moins l’avantage pratique de permettre la classification des variétés ob-
servées. Le but n’est cependant pas seulement d’aider à la classification des formes
existantes mais aussi de progresser vers l’établissement d’une langue plus unifiée dans
la graphie (un wallon « type » ou « de référence » ou « moyen » ou « normalisé » ou
« rfondou », comme on voudra), pouvant être utilisée dans les fonctions où une telle
forme de langue est et sera nécessaire à la vie du wallon. Nous avons en outre l’in-
9

time conviction qu’il n’est plus possible, aujourd’hui, d’aimer et de pratiquer le wallon
sans être un tant soit peu familiarisé avec ses principales variantes, tant à l’oral qu’à
l’écrit : la communauté de langue wallonne est maintenant beaucoup plus réduite que
par le passé et les contacts sont heureusement de plus en plus nombreux entre wallono-
phones de régions diverses ; parallèlement, les revues actuelles et les médias modernes
diffusent le wallon au delà des cercles de proximité. Ces deux éléments ne doivent pas
être subis comme une catastrophe (certains allant jusqu’à prétendre « qu’ils préfèrent
voir disparaître le wallon plutôt que de le voir changer ») mais mis à profit comme une
planche de salut ou un tremplin vers l’avenir.
Les exemples inventés sont écrits avec des formes de référence (les exemples lit-
téraires sont toujours cités textuellement) ; les listes de mots (p. ex. d’adverbes, de
conjonctions, etc.) sont classées par rapport à une forme de référence mais toutes les
variantes connues sont citées.
Ce premier tri concerne essentiellement cinq niveaux de langue :

Orthographe
Depuis quelques années, certains animateurs (dont les auteurs de cette grammaire)
remettent en question la bonne adaptation du système de transcription Feller, utilisé de-
puis une centaine d’années, à la vision unitaire et modernisée du wallon qu’ils cherchent
à promouvoir.
Les principales raisons sont les suivantes :
– le système Feller a été mis au point avant la naissance de la linguistique moderne,
à un moment où l’analyse de la structure phonique des langues était purement
phonétique : tous les sons sont « mis à plat » sans qu’apparaisse jamais la struc-
ture de la langue. Des variations phonétiques structuralement non pertinentes
sont ainsi mises sur le même pied que les variations phonologiques. Il est abusif
d’appeler le système Feller « orthographe ». Il s’agit, à proprement parler, d’un
« système de transcription ». Le fait qu’il existe presque autant d’interprétations
du système de transcription Feller que d’associations littéraires, de revues, de
grammairiens et d’auteurs est dû évidemment aux excès du provincialisme wal-
lon, mais aussi à l’absence complète d’une analyse de la structure phonologique
de la langue actuelle.
– le système de transcription Feller s’est bâti sur une rupture complète avec les
traditions graphiques antérieures —variées, il est vrai—, ce qui tend à couper les
Wallons de leur littérature ancienne mais aussi de la compréhension de beaucoup
de toponymes et anthroponymes utilisant ces traditions graphiques anciennes.
– enfin, si le système de transcription Feller est marqué par les techniques prélin-
guistiques de l’époque à laquelle il a été mis au point, il est également marqué
par les conceptions sur les langues qui prévalaient à son époque. Ainsi, si l’on
considère qu’un système graphique est aussi une analyse de la langue, on peut
remarquer que l’analyse graphique d’idiomes tels que le français prend comme
point de départ l’unité de la langue. Les variations se greffent sur cette unité fon-
damentale abstraite que matérialise l’orthographe. Par contre, à travers le sys-
tème de transcription phonétique Feller, le wallon est présenté d’abord comme
une collections de variations (et non de variables ; voir plus loin la discussion de
10

la notion de « variable »). Ici, c’est l’unité qui est abstraite.


Au contraire, l’orthographe des langues européennes modernes, régionales ou
officielles (français ou breton, anglais ou scots, occitan ou italien) et l’ortho-
graphe normalisée utilisée ici dans les formes de référence sont des notations
de variables abstraites. Celles-ci se réalisent ensuite en variantes (qu’elles soient
phonétiques, phonologiques ou dialectales). Ceci est une manière compliquée de
dire qu’un mot écrit peut toujours se prononcer de plusieurs manières différentes.
Ce qu’une orthographe doit écrire, ce ne sont pas ces manières différentes, mais
bien l’unité fondamentale et invariable du mot.
Un premier choix s’imposait donc : celui d’utiliser et de systématiser l’orthographe
rénovée élaborée depuis une dixaine d’années par la Commission Langue de l’Union
culturelle wallonne (Commission de normalisation du wallon 2000), quelques associa-
tions et quelques animateurs (voir notamment Mahin 1995).
Précisons immédiatement que cette orthographe n’est pas utilisée en opposition aux
systèmes de transcription des différents dialectes mais bien en complémentarité :
– dans cette grammaire, l’orthographe rénovée sert à écrire les formes de réfé-
rences et les exemples inventés. Les exemples littéraires sont écrits dans la gra-
phie de l’auteur, quelle qu’elle soit. Les caractères gras sont généralement uti-
lisés pour les textes écrits en orthographe normalisée, alors que les caractères
italiques sont utilisés pour les textes écrits dans les différentes variantes du sys-
tème de transcription Feller.
– L’orthographe normalisée étant elle-même en constante évolution, les exemples
littéraires normalisés de la fin du 20e s. et ceux d’aujourd’hui n’utilise pas néces-
sairement exactement la même orthographe. Afin de ne pas perturber le lecteur,
nous mettrons en caractères gras et italiques dans les exemples littéraires en
écriture normalisée ou en « rfondant walon » (système de transcription intermé-
diaire entre l’orthographe normalisée et le système Feller) les mots orthographiés
autrement qu’actuellement, selon d’anciennes règles ou selon le choix de l’au-
teur ;
– dans le fonctionnement réel de la langue, un système permettant de retranscrire
les parlers, tel que le sytème Feller, a son utilité pour les dialectologues, les
écrivains privilégiant la notation d’un parler, etc.
Pour un exposé systématique de l’orthographe normalisée et de ses différences avec
le sytème de transcription Feller, voir p. 29.

Variantes phonétiques et phonologiques

L’orthographe normalisée présentée ici permet de rendre compte de plusieurs va-


riantes phonétiques à partir d’un seul phonème ayant une représentation graphique ty-
pique. La plupart des sous-systèmes phonologiques sont par conséquent représentés :
l’orthographe intègre ainsi le [h] occidental ou encore la nasale [ẽ] couvrant le nord du
domaine linguistique wallon.
Pour un exposé systématique, voir p. 29.
11

Variantes dialectales

L’inventaire des variantes dialectales phonétiques du wallon (et corrélativement le


choix éventuel de formes de référence) ne se limite pas à la phonologie et à la liste des
réalisations phonétiques particulières des phonèmes.
Il faut aussi rendre compte de certaines évolutions phonétiques historiques diver-
gentes.
L’orthographe normalisée proposée ici permet de rendre compte de nombre de va-
riables dans ce domaine. Si le système de transcription Feller était utilisé, il serait diffi-
cile de justifier pourquoi novia pourrait être une forme de référence par rapport à novê,
ou le contraire. Grâce à l’utilisation d’une forme écrite novea —d’ailleurs attestée dans
le wallon écrit ancien (voir p. 35)— la forme de référence écrite émerge d’elle-même
et autorise toutes les réalisations existantes dans les dialectes. De même, la forme de
référence écrite passaedje couvre les réalisations passèdje, passâdje et passadje ; la
forme de référence écrite troes couvre les réalisations trwès et treûs, etc.
L’orthographe normalisée ne permet toutefois pas de rendre compte de toutes les
variantes dues à des divergences dialectales. Dans ces cas, il arrive très souvent que la
forme écrite en orthographe normalisée soit nettement plus fréquente que les autres :
p. ex., dans le cas de troes, les réalisations treûs et trwès couvrent pratiquement tout le
domaine wallon. Les réalisations twès et trwâs sont nettement plus rares.
Dans d’autres cas, nous avons privilégié les formes qui nous semblent préserver le
mieux l’originalité du wallon au sein des autres langues romanes. Ce dernier critère
doit être distingué du purisme gratuit, qui consisterait à privilégier systématiquement
les formes qui sembleraient les plus exotiques. L’idée est plutôt de mettre en évidence
des formes qui, quoique éventuellement moins répandues que d’autres, sont le plus
conformes aux évolutions phonétiques propres au wallon et connues dans tout le do-
maine linguistique, quoique parfois de manière sporadique.
Il peut aussi arriver que des formes minoritaires soient choisies parce qu’elles s’in-
sèrent dans un paradigme qui permettra de représenter les principales variantes pré-
sentes (voir p. ex. les articles indéfinis). Le but n’est pas l’originalité à tout prix mais
la représentation des principaux traits caractéristiques de tous les dialectes contempo-
rains.
Il faut toutefois noter que l’orthographe normalisée permet, dans la plupart des
cas, de représenter pratiquement toutes les réalisations possibles de l’ensemble des
variables qui constituent la langue wallonne.
Pour un exposé systématique, voir p. 289.

Morphophonologie

S’agissant des variations phonétiques portant sur des morphèmes (c.-à-d. pas des
variations morphologiques au sens propre, lesquelles sont rares en wallon), le traite-
ment est le même que ci-dessus si la variable notée par l’orthographe normalisée ne
rend pas compte de toutes les variantes ; toutefois, si l’accent est plutôt mis sur la re-
présentativité dans le premier cas, la notion de cohérence au sein d’un paradigme sera
souvent déterminante dans la morphophonologie.
12

Pour un exposé systématique, voir les différentes sections du chapitre consacré aux
classes de mots, à partir de la page 81.

Syntaxe
En général, les variantes dans ce domaine sont mises sur un même pied et considé-
rées comme équivalentes.

Lexique
Toutes les variantes lexicales sont mises sur le même pied (p. ex. djåzer, cåzer,
pårler et dvizer sont considérés comme des synonymes ; de même mindjî et mougnî
∼ magnî ; niche, yôrd, mannet et måssî, etc.).

Formes régionales et locales


Il eût été possible de ne distinguer que des formes de référence et des formes
« autres ». Ce serait faire fi de la réalité : une langue est d’abord un fait sociologique
et le fait est que la communauté sociolinguistique wallonne est fortement structurée
autour de centres régionaux assurant la vie culturelle autour de cercles littéraires, de
troupes de théâtre, d’auteurs influents, de cours du soir et de matériaux écrits localisés
(dictionnaires, grammaires, revues, etc.).
J’ai donc, à chaque fois que c’était possible, exposé clairement les formes de quatre
centres jugés représentatifs et correspondant aux quatre grandes variantes géographiques
de la langue :
– Liège pour l’est-wallon ;
– Namur pour le centre-wallon ;
– Charleroi pour l’ouest-wallon ;
– Bastogne pour le sud-wallon.
Ces formes régionales sont notées dans le système de transcription Feller, comme
c’est le cas habituellement dans la production écrite wallonne contemporaine. On pour-
rait tout aussi bien écrire ces formes régionales en othographe normalisée, ce qui consti-
tuerait peut-être un intéressant stade intermédiaire entre les transcriptions phonétiques
sans cohérence généralement utilisées actuellement et une véritable langue wallonne
unifiée. Cette posibilité reste ouverte si le besoin s’en fait sentir. Cette pratique est
d’ailleurs utilisée par certains auteurs depuis quelques années sous le terme de « rfon-
dant walon » (en référence au « rfondou walon » dénomination wallonne de l’ortho-
graphe normalisée dont il est question plus haut).
Utiliser le système de transcription Feller pour noter les formes régionales impose
de faire un choix parmi les variantes présentes dans la production écrite contemporaine,
dans laquelle on trouve de très nombreux doublets comme fêt et faît, i fôt et i faut, ki
et qui, etc. En général, ce sont les usages les plus fréquents qui sont retenus comme
formes de référence.
Dans l’un ou l’autre cas, des options minoritaires ou plus récentes ont été privi-
légiées (voir par ex. notation de l’élision et de l’épenthèse, p. 52) dans la mesure où
13

elles me semblaient mieux correspondre à la réalité phonologique ou parce qu’elles se


conformaient mieux à la graphie normalisée (p. ex. graphie du [k]).
Pour la sélection des formes représentatives de chaque dialecte, le choix des villes
de Liège et Namur s’imposait dans leur région respective : elles en occupent le centre,
géographiquement et linguistiquement, et elles en constituent les principaux pôles d’ac-
tivité wallonne, sans vouloir négliger le rôle important que jouent d’autres centres tels
que Malmedy à l’est.
On dit souvent des deux autres dialectes (ouest et sud) qu’ils sont plus fragmen-
tés linguistiquement ; ils ne le sont, à mon avis, ni plus ni moins que les autres. Ce
qui rend le choix d’un dialecte représentatif pour ces zones plus difficile, ce sont des
considérations sociolinguistiques plus que dialectologiques : couvrant une zone d’ha-
bitats plus clairsemée, le dialecte sud est venu à la littérature plus tard que les autres et
a disposé de matériaux écrits (dictionnaires, grammaires, littérature) plus tard que les
autres. Le choix de Bastogne est surtout dicté par l’existence d’un très riche diction-
naire (Francard 1994) et d’autres matériaux écrits ; en outre, il est bien représentatif de
quelques-uns des traits propres au dialecte sud. Cependant, il est aussi marqué par des
évolutions très locales.
Pour l’ouest, il existe d’autres centres régionaux d’activité wallonne que Charleroi :
La Louvière et la région du Centre, p. ex., viennent immédiatement à l’esprit. Le choix
de la région de Charleroi est motivé par une vie culturelle intense et l’importance dé-
mographique de la métropole. En outre, Charleroi et ses environs sont linguistiquement
représentatifs de la plupart des sous-dialectes de l’ouest-wallon. Enfin, on peut aussi
soupçonner que la manière dont le wallon y évolue actuellement ne fait que préfigurer
des évolutions qui se répandront demain dans une zone beaucoup plus large. . . Ce sera
peut-être l’objet d’autres recherches.

Conclusion

Notre préoccupation constante aura été non pas de diminuer ou d’occulter la di-
versité inhérente à toute langue vivante mais bien de l’organiser selon les grands axes
exposés ci-dessus ; nous avons tenté de laisser suffisamment de latitude pour que ce
soient les lecteurs, en dernier ressort, qui bâtissent leur propre grammaire à partir des
matériaux exposés ici.
Enfin, si notre but initial était de réaliser une sorte de synthèse, il faut admettre
que la présente tentative de description synchronique du wallon comme langue est une
idée trop neuve pour que nous prétendions faire autre chose qu’une expérimentation.
Plutôt que des réponses, nous n’avons trouvé que de nouvelles questions. Tant dans
ses aspects techniques (grammaticaux) que sociolinguistiques, ce livre se veut donc
moins, tout compte fait, une conclusion de travaux antérieurs qu’une porte ouverte sur
des travaux futurs.
14

Abréviations et signes utilisés


– CW : dialecte centre-wallon (Namur, Wavre, Dinant, basse Sambre, Condroz
namurois, centre et est du Brabant wallon, est de l’Entre-Sambre-et-Meuse).
– EW : dialecte est-wallon (Liège, Waremme, Huy, Verviers, Malmedy, Spa, Condroz
liégeois).
– OW : dialecte ouest-wallon (Charleroi, La Louvière, Nivelles, ouest du Brabant
wallon, Entre-Sambre-et-Meuse).
– SW : dialecte sud-wallon (Bastogne, Saint-Hubert, Marche, Bouillon, Neufchâ-
teau).
– RW : orthographe wallonne normalisée (rifondou walon) ; utilisé dans les exemples
littéraires pour indiquer un texte en orthographe normalisée sans indication spé-
cifique du dialecte.
– adj. : adjectif
– adv. : adverbe
– bast. : bastognard (SW)
– bouill. : bouillonais (SW)
– brab. : brabançon (CW)
– carol. : carolorégien, région de Charleroi (OW)
– Centre : région de La Louvière (OW)
– chestr. : chestrolais (SW)
– cond. : conditionnel
– condr. : condruzien (EW ou CW)
– conj. : conjonction
– contre-ex. : contre-exemple
– coord. : coordination
– dét. : déterminant
– ESM : Entre-Sambre-et-Meuse (OW)
– ex. : exemple
– ex. lit. : exemple littéraire
– fam. : famennois (SW)
– hesb. : hesbignon (EW)
– imp. : imparfait
– ind. : indicatif
– inf. : infinitif
– Lesse : haute Lesse (SW)
– liég. : liégeois (EW)
– malm. : malmédien (EW)
– nam. : namurois (CW)
– niv. : nivellois (OW)
– part. : participe
– pas. : passé
– pr. : présent
– prép. : préposition
– pron. : pronom
– qual. : qualificatif
15

– subj. : subjonctif
– subord. : subordination
– subst. : substantif
– sud nam. : sud-namurois, région de Dinant (CW)
– transcr. : transcription
– v. : verbe
– verv. : verviétois (EW)
– ∼ : variantes dialectales phonétiques, ex. : pwate ∼ pwète (porte)
– → : variantes morphologiques, syntaxiques, etc. Ex. : pitit → pitite (petit, -e).
– > : variantes historiques, ex. cial > chal (ici). Signifie : l’ancien cial est devenu
chal.
– ↔ : variantes phonétiques d’un phonème. én [ẽ] ↔ [e] ↔ [Ẽ] ↔ [ı̃]. Signifie : én
peut se prononcer [ẽ], [e], [Ẽ], [ı̃], ou encore toutes les variantes intermédiaires.
– 6= : diffère de, doit être distingué de

Les localisations n’impliquent pas nécessairement que la forme concernée soit la


seule utilisée à cet endroit, ni que cette forme ne soit utilisée qu’à cet endroit.
16

Alphabet phonétique international (API)


Voyelles

API Wallon Français Remarques


[i] pitit (petit) petit
[e] lét (lit) chanté
[E] èfant (efant : enfant) pelle
[a] il abata (il abatit) ami
[O] soris (souris) sol
[u] mousse (entre) bout
[I] pitit (petit) (pronon- [i] relâché
ciation normale)
[y] pus (plus) plus
[Y] pus (plus) (pronon- [y] relâché
ciation normale)
[œ] feume (feme : meuble
femme)
[@] pëtët (pitit : petit) le
(réalisation locale de
[I] et [Y])
[i :] mî (mieux) pire (en français de
Wallonie)
[y :] cût (cuit) pur (en français de
Wallonie)
[ø :] eûre (eure : heure) voeux
[E :] êwe (aiwe : eau) fête (en français de
Wallonie)
[a :] diâle (diale : diable) pâte (en français de
Wallonie)
[O :] påsse (pâte) (pronon- Anglais : law (loi)
ciation liégeoise)
[o :] rôze (rose) eau, saule
[U :] rôze, roûze (rose) Intermédiaire entre
(réalisation locale de [o :] et [u :]
[o :])
[u :] Moûze (la Meuse) il pousse (en français
de Wallonie)
[ı̃] bî-n, bîn (bien) (réali- i nasal
sation locale de [ẽ])
[Ẽ] rinde (rendre) main
[ẽ] bén (bien) é nasal
[ã] Djan (Jean) Jean
[Õ] Djån (Jean) (réalisa- Intermédiaire entre
tion locale de [ã]) [ã] et [Õ]
[Õ] djonde (toucher) son
[œ̃] djun (juin) brun
17

Consonnes

API Wallon Français Remarques


[b] bén (bien) bien
[p] pîre (pierre) pierre
[d] dint (dent) dent
[t] tins (temps) temps
[g] gade (chêvre) garçon
[k] viker (vivre) quand
[v] vint (vent) vent
[f] foye (feuille) feuille
[z] zûner (bourdonner) zéro
[s] sûner (suinter) sale
[dZ] djins (gens) jazz
[Ù] tchén (chien) tchèque
[Z] jate (djate : tasse) jatte
[S] chal (ici) chatte
[h] pèhon (pexhon :
poisson)
[ç] ouh (ouxh : porte) Allemand : ich
(réalisation de [h])
[X] hyâle (schåle : Allemand : Bach
échelle) (réalisation
de [h])
[n] Nameur (Namur) Namur
[m] meur (meur : mur) mur
[ñ] gnognot (bébé) agneau
[N] bong (bon : bon) parking
(réalisation locale)
[l] låme (miel) larme
[ö] råyî (arracher) rendre
[r] råyî (arracher) (réali-
sation roulée de [ö])

Semi-consonnes

API Wallon Français Remarques


[j] yebe (herbe), lavêye yeux, paille, pied
(lavée), piede
(perdre)
[w] walon (wallon), aiwe oui, joua
(eau)
18
Première partie

Qu’est-ce que le wallon ?

19
Chapitre 1

Qu’est-ce que le wallon ?

1.1 Géographie
1. Le wallon est une langue régionale romane parlée en Wallonie (sud de la Belgique ; v.
carte p. 295). Elle est ou était également parlée :
– dans une petite partie de la France : « botte de Givet » (nord du département des
Ardennes), plus quelques villages du département du Nord (Cousolre) ;
– dans une petite zone de l’état du Wisconsin, États-Unis (Green Bay), en raison
d’une émigration assez importante au 19e s. ;
– par des résidants wallons à Bruxelles ;
– dans deux ou trois villages du Grand Duché du Luxembourg (Doncols, Sonlez),
où le wallon est maintenant probablement éteint.
D’autres langues régionales sont parlées en Wallonie, en périphérie du domaine wal-
lon :
– le picard (Mons, Ath, Tournai) ;
– le gaumais (Virton) ;
– le champenois (Bohan) ;
– le luxembourgeois (Arlon, Martelange), langue germanique, langue nationale du
Grand Duché de Luxembourg.
Le wallon fait partie de l’ensemble d’oïl (c.-à-d. les langues romanes du nord, dont
la plus connue est le français). Il se distingue des autres langues d’oïl surtout par un
apport germanique important (dans la phonétique, le lexique, la grammaire) mais aussi,
contradictoirement, par un conservatisme phonétique marqué (le wallon est resté assez
proche des évolutions qui se sont déroulées dans le haut moyen âge).

1.2 Histoire
2. Parler d’une « date de naissance » pour le wallon est inapproprié, d’une part évidem-
ment parce que les langues ne naissent pas en une nuit ; mais surtout parce que le
moment de la naissance dépend du point de vue adopté.

21
22 CHAPITRE 1. QU’EST-CE QUE LE WALLON ?

Ainsi, d’un strict point de vue linguistique, Louis Remacle (Remacle 1948) a montré
que bon nombre des évolutions que nous considérons aujourd’hui comme typiques du
wallon sont apparues entre les 8e et 12e siècles. Le wallon « était nettement et définiti-
vement individualisé dès 1200 ou dès le début du 13e siècle » (p. 93).
Toutefois, les textes « linguistiques » de l’époque ne mentionnent pas le wallon, alors
qu’ils mentionnent déjà, entre autres, le picard et le lorrain dans le même domaine
linguistique d’oïl. Jusqu’au 15e s., les scribes de nos régions appelleront leur langue
« roman » quand ils voudront la distinguer des autres.
C’est au début du 16e s. que nous trouvons la première attestation du mot « wallon »
au sens linguistique où nous l’entendons aujourd’hui : en 1510 ou 1511, Jean Lemaire
de Belges fait la transition entre « rommand » et « vualon » :
Et ceux cy [les habitants de Nivelles] parlent le vieil langage Gallique que
nous appellons Vualon ou Rommand (. . .). Et de ladite ancienne langue Vua-
lonne, ou Rommande, nous usons en nostre Gaule Belgique : Cestadire en
Haynau, Cambresis, Artois, Namur, Liege, Lorraine, Ardenne et le Rom-
manbrabant, et est beaucoup differente du François, lequel est plus moderne,
et plus gaillart.
Le mot « wallon » acquiert ainsi un sens plus proche de l’actuel : le vernaculaire de la
partie romane des Pays-Bas et du pays de Liège. On peut poser que la période où s’éta-
blit l’hégémonie bourguignonne unificatrice en pays wallon est un moment charnière
de notre histoire linguistique. La cristallisation d’une certaine identité wallonne par op-
position aux régions « thioises » (flamandes) des Pays-Bas consacre le mot « Wallons »
pour désigner nos populations.
De même, un peu plus tard, leur langue vernaculaire est plus nettement ressentie comme
distincte du français central et des autres idiomes d’oïl environnants, ce qui entraîne
l’abandon du mot « roman » au sens vague au profit du mot « wallon » dont l’exten-
sion linguistique est superposée au sens ethnique et politique. C’est aussi l’époque où
le français achève de remplacer le latin dans toutes les fonctions (cf. l’édit de Villers-
Cotterêts, en 1539) ; il s’établit comme langue d’enseignement, il fait l’objet d’une
intense politique de normalisation (La Pléiade) : dans un contexte où cohabitent deux
langues de la même famille, l’une ne peut se définir que contre l’autre. . .
Les environs de l’an 1600 apportent comme une confirmation écrite des évolutions des
représentations au cours des deux siècles antérieurs : c’est à cette époque que s’impose
définitivement le système graphique français en pays wallon (Dees 1985, Lodge 1993).
C’est aussi de cette époque que date, corrélativement, une tradition de textes écrits dans
une langue tâchant de décalquer le vernaculaire oral wallon, alors que la langue écrite
des siècles précédents, la scripta, était une langue composite, typiquement wallonne
mais ne reproduisant pas systématiquement les traits du vernaculaire oral de l’époque
(voir exemples p. 313).

1.3 Aspects sociolinguistiques


3. Le wallon a été la langue prédominante du peuple wallon jusqu’au début du vingtième
siècle, quoique la connaissance passive du français était courante. Depuis, le français
1.4. QU’APPELLE-T-ON « LE WALLON » DANS CETTE GRAMMAIRE ? 23

régional s’est répandu partout, au point que 30 à 40% seulement de la population wal-
lonne pratiquaient encore leur langue propre à l’aube du 21e s. (Hendschel 1999), les
proportions variant de 70 à 80% chez les plus de 60 ans à environ 10% chez les moins
de 30 ans. La connaissance passive est beaucoup plus courante : elle irait de 36 à 58%
dans le groupe d’âge où la connaissance active est la plus faible, c.-à-d. chez les jeunes.
Légalement, le wallon est reconnu depuis 1990 par la Fédération Wallonie-Bruxelles
(anciennement Communauté française de Belgique, c.-à-d. l’autorité compétente en
matière culturelle pour la Wallonie dans l’État fédéral belge) comme « langue régionale
endogène » qu’il faut étudier et dont il faut encourager l’utilisation.
Le mouvement culturel wallon repose entre autres sur l’Union culturelle wallonne
(UCW), qui regroupe plus de 200 cercles de théâtre amateur, des groupes d’écrivains,
des comités de promotion du wallon à l’école. Une bonne douzaine de revues paraissent
régulièrement. Il faut aussi citer la Société de langue et de Littérature wallonne (fondée
en 1856), qui promeut la littérature wallonne et l’étude des langues régionales romanes
de Wallonie (surtout dialectologie, étymologie, etc.).

1.4 Qu’appelle-t-on « le wallon » dans cette grammaire ?


4. Pour ce qui concerne cette grammaire, nous appelons « wallon » un ensemble d’usages
linguistiques :
– appelés « wallons » par leurs locuteurs (conscience linguistique) ;
– définis comme « wallons » au cours du vingtième et vingt-et-unième siècle par les
recherches (surtout diachroniques) de l’école de dialectologie wallonne ;
– partageant certaines caractéristiques contemporaines (synchroniques) qui les dis-
tinguent collectivement des autres idiomes ;
– décrits comme « wallons » par les ouvrages métalinguistiques (grammaires, dic-
tionnaires...) parus à ce jour (voir bibliographie) ;
– utilisés dans ce qui se présente comme de la littérature « wallonne ».
Certains de ces critères peuvent être en porte-à-faux : ainsi, des locuteurs affirment en-
core (quoique moins qu’auparavant) parler « wallon » là où les dialectologues voient du
picard ou du gaumais ; certains locuteurs affirment parler « wallon » là où une définition
restrictive (dialectologique, puriste. . .) verrait du « français régional » wallonnisé.
Dans le premier cas, nous avons utilisé nous-même une définition relativement étroite
excluant les parlers plutôt picards et gaumais parlés au-delà de La Louvière (ouest) et
au sud de la forêt ardennaise ; en revanche, dans le deuxième cas, cette grammaire se
veut ouverte à des formes parfois condamnées au nom d’une définition plus restrictive
de ce qui est ou n’est pas wallon. D’un point de vue dialectologique également, les
limites entre le wallon et les langues d’oïl voisines sont relativement floues : certains
traits considérés comme picards se trouvent dans des parlers de la région de Charleroi
(p. ex. muchî pour moussî), alors que certains traits tenus pour wallons se retrouvent
dans le picard de Wallonie (p. ex. la diphtongaison dans biète ou la conservation du s
dans (è)spène. . .). Enfin, cette grammaire s’intéresse surtout au wallon contemporain
et ignore presque complètement les usages anciens (conscience des locuteurs, dialec-
tologie, littérature. . .).
24 CHAPITRE 1. QU’EST-CE QUE LE WALLON ?

L’appellation unitaire « wallon » se justifie, à notre sens, par la concordance générale


entre ces divers critères : malgré des divergences de détails, ils circonscrivent tous,
selon des points de vue différents, un même objet. La présente grammaire est une
tentative de description de cet objet.
Deuxième partie

Orthographe et prononciation

25
Chapitre 2

Orthographe et prononciation

2.1 Introduction
5. Un manuel de français ou d’espagnol enseigne « l’orthographe », c.-à-d. la « bonne
façon d’écrire », à l’exclusion de toute autre. Qui décide de ce qu’est la « bonne » façon
d’écrire ? Dans le cas de l’espagnol ou du français, ce sont les Académies, relayées
par l’État, à travers des lois ou le système d’enseignement. Mais les langues telles
que le wallon n’ont pas d’académie officielle, ni d’appareil étatique, ni de système
d’enseignement pour imposer une « bonne » manière d’écrire et stigmatiser toutes les
autres. Rien ne force les gens à écrire d’une certaine façon à l’exclusion de toute autre.
C’est la raison pour laquelle on peut rencontrer plusieurs formes de wallon écrit (voir
quelques exemples à la p. 313), notamment :
– des écrits spontanés, de personnes qui ne connaissent pas les systèmes orthogra-
phiques utilisés en wallon et écrivent donc « comme ils le sentent », souvent en
s’inspirant du français enseigné à l’école ;
– des écrits anciens, où l’on trouve des systèmes personnels, des graphies tradi-
tionnelles (p. ex. xh) ou encore des graphies inspirées du français, du picard, de
l’étymologie, etc. ;
– des écrits utilisant le système de transcription Feller ;
– des écrits en orthographe « normalisée ».
Dans l’immense majorité des cas, les productions littéraires wallonnes utilisent une des
variantes du système de transcription Feller, du nom du philologue qui l’a proposée en
1900 (Feller 1900a, Feller 1900b). Il a été choisi, sur concours, par la Société liégeoise
de Littérature wallonne (aujourd’hui Société de Langue et de Littérature wallonnes),
société la plus influente, qui regroupait les principaux dialectologues et écrivains actifs
en Wallonie. Il était théoriquement conçu pour transcrire toutes les langues régionales
romanes de Wallonie (donc aussi le picard et le gaumais) mais n’est utilisé, en général,
que pour le wallon proprement dit, et beaucoup plus rarement par les écrivains picards
et gaumais.
Son principe de base est le phonétisme, tout en tenant compte de l’histoire de la langue :
quand le phonétisme le permet, les mots retranscrivent aussi certains aspects étymolo-

27
28 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

giques ou « habillent » les mots wallons pour qu’ils ressemblent à leurs équivalents
français.
Le principe de phonétisme implique que le système de transcription Feller n’est pas
une orthographe « normalisée » : s’il y a une différence de prononciation, cette diffé-
rence est aussi notée dans l’écriture. Par exemple, en français, le mot chambre peut être
prononcé, selon les régions, champe, chimbre, cham’breu, etc. Mais partout, on écrit
de la même façon : « chambre ». Dans un système de transcription tel que le système
Feller, toutes les différences de prononciation (y compris les différences phonétiques
et non phonologiques) peuvent être notées si on le désire, par exemple : nin, nén, né,
nîn, ni (ne . . . pas).

2.2 Les lettres

L’alphabet

6. L’alphabet de l’orthographe wallonne comprend 26 lettres, les mêmes qu’en français :


a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, y, z.
Le nom des lettres est le même qu’en français, sauf w qui s’appelle wé (anciennement
doble u) et y qui s’appelle î grek ou yod.
Remarques :
a) Le q n’est pas utilisé dans certaines variantes du système de transcription Feller, ni
dans l’orthographe normalisée. Il est remplacé par k ou c selon les cas : ki ou qui (que),
cwand ou qwand, cand ou quand (quand), pratike ou pratique (pratique, client), etc.
Voir ci-dessous k.
b) Le x n’est normalement pas utilisé dans le système de retranscription Feller. Par
contre, il l’est en orthographe rénovée. Voir ci-dessous x.
c) Certaines variantes de l’orthographe Feller utilisent un n en exposant pour noter un
i nasalisé (bîn, bien, rîn, dans le Centre et en niv.) ou un o mi-nasalisé (rônze, rose, cônp,
coup, èvônye, parti en brab.).

Les signes diacritiques

7. Les signes diacritiques utilisés sont les accents aigu (é, É), grave (è, È), rond (å, Å) et
circonflexe (â, Â, ê, Ê, î, Î, ô, Ô, û, Û).
Certaines variantes du système de transcription Feller utilisent aussi : à, À (à, là, dèdjà),
ù (èwoù), ì (ptìt). Mais on écrit le plus souvent la (là), dedja (déjà), a (à), ewou (où). ì
n’est pratiquement jamais utilisé en dehors des ouvrages scientifiques (voir ci-dessous
i).
Dans certains dialectes, on utilise aussi le tréma : ë (lë ptët, le petit ; brab., Bertrix), ö
(röze, rose ; chestr.) ; voir à ces lettres ci-dessous.
2.2. LES LETTRES 29

Les graphèmes
8. L’orthographe normalisée est fondée sur la notion d’une notation de variables , c.-à-d.
des unités abstraites structurant la langue et pouvant se réaliser en différentes variantes.
Ces variantes peuvent être :
– phonétiques : côp (coup) se réalise [ko :], [kÕ], [kU :], etc. (transcriptions phoné-
tiques Feller : côp, cônp, cônp, cöp, coûp, cōp, etc.).
– phonologiques : pexhon se réalise [pESÕ] ou [pEhÕ] (transcriptions phonétiques
Feller : pèchon, pèhon) ;
– dialectales : novea se réalise [nOvja], [nOve :] ou [nOvE :] (transcriptions phoné-
tiques Feller : novia, novê, nové).
Chaque variable a une représentation graphique typique, appelée graphème et utilisée
dans le classement ci-dessous.
Comme dans toute langue écrite, certains sons identiques peuvent apparaître comme
réalisations de variables différentes (p. ex. in [Ẽ] comme réalisation de én et de in).
Proposer un système de variables pour une langue, rendant compte des principales
variantes phonétiques, phonologiques et dialectales, est un exercice forcément quelque
peu arbitraire : la classification présentée ci-dessous n’est donc pas à considérer comme
« le » système des variables du wallon mais comme une des manières possibles de
structurer la plus grande partie de la diversité phonétique observable.
Les lettres précédées d’un astérisque sont des graphies utilisées dans le système de
transcription Feller mais pas dans l’orthographe normalisée.

9. a

a [a]
Exemples : gade (chèvre), il abata (il abattit), vola (voilà), cas (cas), avou (avec), a
(à).
Prononciation : comme en français.
Le son a est parfois réalisée localement par le son [a :] (a long), noté â en transcr. Feller.
Exemple en CW : diâle (diable).
Voir aussi å, ae, an.

* â [a :]
Ce phonème est assez rare en dehors de la réalisation [a :] de å ou de la réalisation [a :]
de a dans certaines régions et dans certains contextes phonétiques, notamment devant
[ö] en nam. : (transcr. Feller) mwârt (mort), pwârter (porter). Voir oi.
Voir a, å, an, oi.

å [O :] ↔ [o :] ↔ [a :]
Exemples : påsse (pâte), å (au), djåzer (parler), malåde (malade), tchåsse (chausse),
cåzer (parler), håsse (hâte), lård (lard), åjhey (facile), i fåt (il faut), tåve (table), må
(mal), rindåve (rentable)
30 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

Réalisations et transcr. Feller :


– CW : son [o :] écrit au : pausse, au, djauzer.
– OW : son [o :] souvent écrit ô : pôsse, ô, djôzer.
– SW : sons [o :] ou [a :] écrits au et â, respectivement, parfois å pour les deux
réalisations : pausse, pâsse ; au, â ; djauzer, djâzer.
– EW : son [O :] ou [a :] écrits å ou â, respectivement, parfois å pour les deux réali-
sations : påsse, pâsse ; å, â ; djåzer, djâzer.
Utilisée d’abord en région liégeoise pour noter un son intermédiaire entre [a :] et [o :],
comme dans l’anglais law, la lettre å est aussi assez fréquemment utilisée en dehors du
liégeois pour noter des mots comme lård (lard), djåzer (parler), cåzer (parler), tåte
(tarte, tartine), påsse (pâte), qui sont identiques dans toute la Wallonie, si ce n’est que
le å se prononce comme ô ou au (français eau) dans la plupart des régions (laurd,
djauzer, cauzer, taute, pausse ou lôrd, djôzer, côzer, tôte, pôsse, etc.), comme â dans
certaines régions ardennaises et à Seraing (lârd, djâzer, câzer, tâte, pâsse, etc.) ou avec
un son intermédiaire en liégeois.
Outre ces prononciations, en SW, CW et OW, cette lettre est généralement prononcée â
(ou plus rarement ô) dans les suffixes récemment empruntés au français : abôminåcion
(horreur), capåbe (capable), etc.
Formes de référence : dans cette grammaire, on utilisera systématiquement å pour re-
présenter ce phonème wallon qui peut se prononcer â, ô ou entre les deux selon les
régions. 1 Voir cartes p. 295.

ae [a] ∼ [E]
Exemples : plaece (place), glaece (glace), passaedje (passage), scrijhaedje (écriture),
saetchî (tirer).
Prononciation : comme a à Charleroi et Namur ; comme è à Liège et en Ardenne (le
plus souvent) ; le suffixe -aedje se prononce -âdje en OW.
Transcr. Feller : écriture phonétique, donc a (place, glace, passadje), â (passâdje) ou è
(plèce, glèce, passèdje), selon la prononciation.
Remarque : ä fut la graphie conseillée par la Commission de Normalisation de la
Langue de l’UCW. ae n’est qu’un équivalent sans tréma. Aujourd’hui, la forme ä a
presque totalement disparu et a été remplacée dans l’usage par ae.

ai [e :] ↔ [E :]
Exemples : mwaisse (maître), i fwait (il fait), aiwe (eau), vaici (ici), afwaire (chose,
affaire), vraiy (vrai)
Cette variable est prononcée un peu plus ouverte en EW, CW et SW ([E]) et un peu plus
fermée en OW ([e]).
Utilisation des variantes graphiques dans le système de transcr. Feller : aî n’est utilisé
que par les auteurs namurois (maîsse, i faît). La tendance est plutôt d’écrire ê en EW et
SW (mêsse, i fêt) et é en OW (mésse, i fét).
1. ALW I, 12 « char », 15 « chausse », 21 « clou », II, 2 « aux ».
2.2. LES LETTRES 31

Forme de référence : dans cette grammaire, nous utiliserons systématiquement ai, ce


qui permet de diminuer considérablement le nombre de signes diacritiques.
Opposition avec [E] : kesse ∼ caisse (question, caisse), esse ∼ aisse (être, âtre), etc.

* aî Voir ai.

an [ã] ↔ [Õ]
Exemples : Djan (Jean), blanc (blanc), divant (avant, devant), cwand (quand), nos l’
dijhans (nous le disons), nos årans (nous aurons).
Prononciation : comme en français.
Théoriquement, le son [ã] s’écrit toujours an et jamais en, ni aon : ampire (empire). En
transcr. Feller, certains auteurs privilégiant l’analogie avec le français utilisent parfois
en : empîre.
Chez les jeunes ou les néo-locuteurs, on constate une tendance de plus en plus marquée
à remplacer les an par des in : kind pour quand (quand), diminder pour dimander
(demander), tchinter pour tchanter (chanter), etc. Ex. lit.
– OW : Fuche bourré pou pogotter / Ou t’amuser ou bé dinser (. . .). (SLUGS, Bir-
thday) [pour danser].
– CW : C’est quind minme pu aujie / Quind t’es ritche d’yèsse lé ! (COMPOST
BINDE, Lépû) [pour quand].
Il existe une tendance à prononcer on en condr. : Djon (Jean). En chestr., il existe un son
intermédiaire, noté ån : djåndu (touché). Il existe une tendance à la dénasalisation en
EW, et surtout à l’est de ce domaine (malm.) : djâbe (jambe). Ces variantes phonétiques
sont notées telles quelles en transc. Feller.

* ån Voir an.

* au Voir å et ô.

10. b

b [b]
Exemples : bén (bien), aboird (abord), betch (bec).
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.

11. c

*c Voir k et s.
32 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

*ç Voir s.

ch [S]
Exemple : chal (ici), cachî après (chercher), rinchinchote (dîner, gueuleton), muchî
(cacher), chife (chiffre), chamo (chameau).
Prononciation : comme en français.
Le son [S] est relativement rare en wallon, sauf comme réalisation de xh, sch et sh .
En dehors de ce cas, il provient d’emprunts au français (chifrer), de formes picardes
(muchî (entrer ; cacher) face à moussî (entrer ; habiller)) ou de cas d’assimilation de
[sj], sporadiquement en EW et OW, de type : (transcr. Feller) cial (arch.) > chal (ici) ;
assiete > achète (assiette), atincion > atinchon (attention), pourcia > pourcha (co-
chon), etc. (voir la section consacrée aux assimilations, p. 59)
On constate actuellement une tendance très nette (au moins en CW, SW et OW) à
remplacer certains [S] (quelle que soit leur origine) par des tch.
En orthographe normalisée, la graphie tch, plus wallonne, sera préférée à ch quand
il s’agit d’emprunts au français et que les deux formes (ch et tch) existent dans le
domaine wallon. On écrira par ex. tchike plutôt que chike, tchance plutôt que chance
ou tchocolåt plutôt que chôcolat.
Ex. lit. :
– OW : Vint côps lès losses l’avît disployi : al douwane, ôzès gardes du trin èy’
asteûre, divant ç’tila qu’ lès atôtcheut. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) [la
forme originelle est atôchî] — Sins rén ratinde, dji m’ èva / Catchî z-après l’ du-
cace (A. GAUDITIAUBOIS, Èvoye Blues, sur le CD compilation Emacralaedje)
[La forme originelle est cachî]
– EW : I rimpliha sès potche di tchôcolat (. . .). (MITTEI, Zanzan, p. 30) [pour chô-
colat/tchocolåt]
– CW : Lès pourcias, c’ n’èst nin dès bièsses rèssèréyes dins dès gayoles po l’s
ècrautchî au pus rade. (Chwès, Libramont, p. 49) [La forme originelle est ècrau-
chî]
– RW : Dj’ a rlevé des mots byin da Roger et d’ ses soçons do Wisconsin :
(. . .) des kinikes : des boubounes, des tchocolåts. (Y. PAQUET, Del poude di vî
tchinisse, sur rifondou.walon.org) — Et rnåder el mer ene sôre di noer brouwet
d’ tchike. (L. MAHIN, Li Rantoele n˚XX, p. XX).

12. d

d [d]
Exemples : dint (dent), wårder (garder), des (des), droet (droit), di (de), dimander
(demander), rindou (rendu)
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.
2.2. LES LETTRES 33

dj [dZ]
Exemples : djin (personne), rodji (rougir), dji (je), radjouter (ajouter), å ådje (âge),
lidjwès (Liégeois).
Prononciation : comme dans les mots d’origine anglaise John, jazz, jeans. En position
finale, voir Assourdissement des consonnes en finale, p. 58.
Remarque : le groupe [dj] + voyelle est souvent prononcé comme un [dZ] : diale
> djâle (diable). Ce trait phonétique est parfois noté. Voir la section consacrée aux
assimilations (p. 59).
Voir j

djn [ññ]
Exemples : on djno (un genou), a Djnape (à Genappe), li djniesse (le genêt).
Prononciation : deus gn à la suite.
Il s’agit en fait de la forme élidée et assimilée de dji+n-. Voir la section consacrée aux
assimilations (p. 59).
Est noté en système de transcr. Feller gn(’)gn (parfois d’gn) : on gngno, a Gngnape, li
gngnèsse.

13. e
e (au début ou à l’intérieur d’un mot) [E]
Exemples : efant (enfant), bedot (mouton), biesse (bête), les (les), pierdant (perdant).
Prononciation : pratiquement toujours è ([E]). D’un point de vue phonologique, noter
systématiquement l’accent grave est pratiquement inutile, puisque la prononciation est
régulière. Ne pas le noter allège considérablement l’aspect visuel de l’orthographe wal-
lonne. Dans les formes de références, une exception est faite pour les morphèmes des
épithètes féminines plurielles antéposées (p. 83) et de la 3e pers. du plur. de l’indicatif
présent (p. 161), voire pour le suffixe -wès. Ex. : bwès, namurwès mais namurwesse.
Transcr. Feller : selon la prononciation, donc èfant ; bèdot ; bièsse ou biêsse (chestr.,
Lesse), lès, pièrdant .
Remarques :
a) Une section particulière revient sur les signes diacritiques, notamment sur le e .
b) En plus des prononciations notées ci-dessus, dans certains mots et certaines régions,
le e interne peut ne pas se prononcer : dji serè est réalisé dji sèrè ou dji srè ; c’ est
pezant est réalisé pèzant ou pzant (Centre) ; ledjîr est réalisé lèdjîr ou ldjîr (ESM) ;
il a metou est réalisé il a mètu, mètou ou mtu (carol.) ; il a semé est réalisé il a sèmè,
sèmé ou smè ; mezeure peut se réaliser mzeure ; boledjî est prononcé bolèdjî ou boldjî.
c) Dans certains emprunts récents au français, il peut exister une hésitation entre la
prononciation é ([e]] et è ([E]) : velo (vélo), telefone (téléphone), culturel (culturel).
NB : Dans ce dernier cas, la forme wallonne originelle est -é, comme dans té (tel), åté
(autel), ké (quel).
d) En transcr. phonétique Feller, il arrive que la lettre « e » soit utilisée pour « eu ». Ex.
lit. :
34 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

– EW : (. . .) (èco bin qu’i n’aveût nou streût réglemint po çoula !) (. . .) (Djåzans,


Osté 2000, p. 5)
– OW : Dj’aî vèyu passè dins l’ viladje lès premêrès-autos. (J. FIEVEZ, Bièmeréye,
p. 7-8)
C’est surtout le cas dans les emprunts qui s’écrivent normalement régleumint (règle-
ment), meunu (menu), breuton (breton), etc. Dans certains cas, des formes wallonnisées
existent concurremment, p. ex. réglumint, burton .
e) Le mot feme, prononcé avec un [œ] (feume) en lg., nam. et carol. est une sorte
d’anomalie. On ne trouve la fème qu’en Ardenne.
f) Devant r [ö], le e (E) a tendance a subir diverses évolutions phonétiques : fermeture
en lg. (transcr. Feller : espwér, espoir) ; nasalisation dans la région de Saint-Hubert
(transcr. Feller : Sint-Ubinrt, Saint-Hubert) ; ouverture, allongement, etc.
g) Devant une consonne sonore (douce) ou y, il est prononcé long [E :]. Ex. : zebe
(zèbre). Voir longueur des voyelles, p. 56.
h) Enfin, le suffixe -ene représente en orthographe normalisée le suffixe -ine (OW,
CW) ou -ène (EW). Il se réalise également dans certaines régions sous les formes -ëne
ou eune. P. ex. mene (mine), bressene (brasserie), viermene (vermine).
Voir aussi a, ai et in (è nasal). Voir aussi p. 291 pour l’alternance è ∼ a, de type braes
(brès ∼ bras) (bras), glaece (glèce ∼ glace ) (glace), etc.
Voir aussi ey(e).

e (« muet ») Exemples : gade (chèvre), blame (flamme), rôze (rose), dji cmince (je
commence).
Ce e n’est jamais prononcé, même dans la poésie.
En orthographe rénovée, on trouve ce e « muet » uniquement en fin de mot : rôze (rose),
gade (chèvre).
Dans les cas où le système de transcr. Feller emploie une minute pour marquer la
prononciation d’une fin de mont, on notera un e muet en orthographe normalisée. Voir
p. 69
Dans certaines variantes des transcr. phonétiques Feller, on le trouve aussi :
– Dans les mots, par analogie avec le français : li cmincemint (le commencement),
bièssemint (bêtement) ;
– Dans les mots, à la jointure de certains morphèmes : boketer (être en rut, en parlant
d’une chèvre), nos vikerans (nous vivrons).
Dans les formes de références, il n’est utilisé qu’en position finale. On écrira donc :
rôze, gade, li cminçmint, biesmint, bocter, nos vicrans, etc.

è [E]
Exemples : rwè (roi), lwè (loi), des grandès femes (des grandes femmes).
Prononciation : comme en français. Pour le choix de son emploi voir les paragraphes
consacrés au e ci-avant.
2.2. LES LETTRES 35

é [e]
Exemples : pés (pis), viké (vécu), fé (faire).
Prononciation : comme en français.
Par analogie avec le français, certaines formes verbales à l’infinitif et à la 2e personne
du pluriel sont écrites avec -er et -ez : viker (vivre), rider (glisser), djåzer (parler). . .
vos vikez (vous vivez), vos ridez (vous glissez), vos djåzez (vous parlez). . .
Dans certains dialectes, notamment le sud-nam. et le SW, les é [e] finals des autres dia-
lectes sont systématiquement des è : costè (côté), il a-st-arivè (il est arrivé), etc. C’est
aussi le cas de certains morphèmes verbaux du carol. : vos arivèz (vous arrivez), il a
arivè (il est arrivé ; mais ariver, arriver) ; voir, dans la section consacrée à la conjugai-
son, l’inf. (p. 159) l’ind. pr. (p. 161) et le part. pas. (p. 175).
En ancien wallon, le son é ([e]) était très souvent écrit ei. Ex. :
– 1521 :« Item a copeit ung borsea de fannemen sor lesqueils n’at rin payt. » (Topo-
nymie et documents lexicaux de Lorcé, L. Remacle) [N.B. : borsea : élément d’un
train de bois flotté ; fannemen : une espèce de bois.]
Voir aussi è, ê et én.

*ë Voir i et u.

ea [e :] ↔ [E :] ∼ [ja]
Exemples : bea (beau), novea (nouveau), mantea (manteau).
Prononciation : ia ([ja]) à Charleroi et Namur, ê ou é ([e :] ou [E :]) à Liège et en
Ardenne
Transcr. phonétique Feller : ia ou ê (parfois é ), selon la prononciation : bia, bê ; novia,
novê.
Le suffixe descendant du latin -ellus est noté -ea en orthographe rénovée, comme dans
certains systèmes d’écriture anciens. Voir p. 290. Ex. anciens :
– 1521 :« Item a copeit ung borsea de fannemen sor lesqueils n’at rin payt. » (Topo-
nymie et documents lexicaux de Lorcé, L. Remacle) [N.B. : borsea : élément d’un
train de bois flotté ; fannemen : une espèce de bois. - 1610 : « Le montant ou pos-
tea » (Expressions tautologiques dans l’ancien wallon, E. Renard) - 1775 : fawea
(petit hêtre) (Documents lexicaux extraits des archives scabinales de Roanne (La
Gleize) 1492-1794, L. Remacle).
La graphie ea est encore présente dans quelques noms de personnes wallons, p. ex. :
– Donea (Petit Daniel), Lotea (Petit Lothaire), Sarolea (nom d’origine, hameau de
Sårôlê, a Argenteau), etc.
Quelques exemples de mots écrits avec ea dans l’orthographe rénovée :
– novea (novia ∼ novê) (nouveau), bea (bia ∼ bê) (beau), mantea (mantê ∼ man-
tia), vea (veau) (vê ∼ via), cokea (cokê ∼ cokia), tchapea (tchapê ∼ tchapê),
etc.

* en Voir an. Ce digraphe est utilisé pour an dans certaines associations d’écrivains,
par analogie avec le français.
36 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

én [ẽ] ↔ [e] ↔ [Ẽ] ↔ [ı̃]


Exemples : bén (bien), rén (rien), tchén (chien).
Variantes et transcr. phonétique Feller :
– carol., verv., brab. : son [ẽ] (é nasal) écrit én : bén, rén, tchén.
– nam., liég., ESM, etc. : son [Ẽ] écrit in : bin, rin, tchin.
– carol. : son [e] écrit é : bé, ré, tché.
– Centre, niv. : son [ı̃] (i nasal) écrit în ou î-n ou în : bî-n, rî-n, tchî-n.
– hesb. : ègn (bègn).
Remarques :
a) Dans les régions où existe le phonème én ([ẽ]), le groupe des mots contenant ce
son peut être plus ou moins large (p. ex. l’indicatif imparfait pluriel de types -éns ne
recouvre pas toute la région où existe le son én ; voir p. 166).
b) Le chestr. est le seul dialecte à ne pas avoir une voyelle nasale dans certains de ces
mots. Les mots équivalents ont souvent iè : biè pour bén .
Le son [ẽ] peut être plus ou moins dénasalisé, dans les régions où il est connu. Il se
confond alors avec un é [e] : (transcr. Feller) bé, tché, ré.
Forme de référence : dans cette grammaire, nous utiliserons systématiquement la gra-
phie én pour tous ces mots. Voir cartes p. 295. 2

eu [œ :] ∼ [ø]
Exemples : leup (loup), dj’ esteu (j’étais), posteure (statue), costeure (coûture).
Prononciation :
a) La graphie normalisée eu se prononce fermée eû [ø :] (comme dans le français
des bœufs) dans tous les cas en EW et SW et la plupart du temps en OW et CW.
b) En OW et CW, la réalisation est ouverte eu [œ] (comme dans le français un bœuf )
dans les mots feu (feu), djeu (jeu), leup (loup) ou le morphème verbal de l’indic. im-
parf. : dj’ esteuve (j’étais) ; par contre, elle est fermée eû [ø :] devant r et dans les cas où
le eu précédait un r qui a disparu : eure (heure), leu (leur), måleur (malheur), coleur
(couleur), tchesseu (chasseur), colebeu (colèbeû : colombophile).
c) Le suffixe -eur(e) est en fait un cas particulier. Il se prononcera de manière géogra-
phiquement très variable :
– EW : -eûre
– EW, CW, SW : -eure
– OW : -ure
– ESM : -ûre
– brab., SW : -êre/-ère.
Ex. lit. :
– RW : Nouk ni m’ a rén dit. . . Mins i n’ faleut waire di compurdixheure. . . (L.
HENDSCHEL, So l’ anuti). Après l’ dictateure, c’ est l’ tice-monde la-djus. (N.
& G. STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 38)
– OW : Quand on wèt voltî, mossieû Jean, gn’a rén qui vos chène dûr ou malaujîle !
(F. Gianolla, Èl Bourdon n˚154, p. 114). [deur : dur]
2. ALW I, 3 « bien », 18 « chien », II, 75 « ne pas ».
2.2. LES LETTRES 37

– CW : (. . .) lès feumes èt lès omes qui d’meurenut dins cès viladjes-là (A. HAU-
WAERT, Li Chwès n˚9, p. 11). [dmeurnut : habitent]
– brab. : (. . .) èt cëtèllale èst co pës sère a-z-avaler quë dè l’ sërale. (J. DE SMET,
On Saunî à paurt, p. 78) [seure : acide] Dins r-on viladje nén lon èri d’ Namêr (E.
LAURENT, Les Cahiers wallons n˚ 41, p. 806) [Nameur : Namur]
– SW : Chake walon apwate ses amantcheures du frâzes (H. JACQUEMIN, Cout-
couloudjoû n˚92-93-94, p. 24) [emantcheure : tournure]
– EW : dji n’årè pus d’ keûre di s’ souwé mouf’tèdje (J. D’INVERNO, Anthologie,
p. XX) [end aveur di keure : n’en avoir cure]
Remarque : ce phonème n’est pas l’équivalent long de [œ]. Seuls certains rares parlers
du SW ont une opposition de longueur entre [œ] et [œ :].
Voir aussi un ([œ̃]).

ey [Ej] ∼ [E :j] ∼ [i :j] ∼ [i :]


Exemples : åjhey (facile), industreye (industrie), ene feye (une fois).
Prononciation : èy ([Ej]) ou êy ([E :j]) en EW et à Bastogne ; généralement îy ([i :j])
ailleurs ; î ([i :]) en chestr. et Lesse.
Transcr. phonétique Feller : selon la prononciation, donc : aujîy, åhèy, åhî, ôjî, auji,
etc. ; industrèye, -êye, industrîye, -îe.
Remarques :
– Cette graphie ne se trouve, en général que dans le suffixe -eye ; à part dans åjhey,
elle correspond au français -ie.
– dans feye , ey se prononce [Ej] (ou [E :j]) partout sauf en OW : fèye ∼ fîye.
– ey se prononce parfois -èy partout, notamment dans les mots suivants : leye (elle),
parey (pareil), heyî (quêter), meynute (minuit), ey (et), eyet (et), emey (parmi),
deyesse (déesse), leyî (laisser).

14. f

f [f]
Exemples : feme (femme), Afrike (Afrique), filozofe (philosophe), fé (faire), feye
(fois, fille), afe (aphte), diferin (différent).
Prononciation : comme en français.
Ce son [f] ne s’écrit jamais ph : foto (photo), afe (aphte). . .

15. g

g(u) [g]
Exemples : gade (chèvre), gueuye (gueule), egzister (exister), gros (gros).
Prononciation et utilisation : comme en français. On écrit gu devant e et i : gueuye
(gueule), guiye (quille). . . En position finale, voir Assourdissement des consonnes en
finale, p. 58.
38 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

En général, le g n’est pas utilisé pour écrire un [Z], sauf chez quelques écrivains attachés
à l’analogie avec le français. Par exemple, le mot ancien djindåme a été remplacé par
un emprunt au français qui est normalement écrit jandâme ; mais on trouvera aussi
gendâ(r)me (et jendâ(r)me).

gn, ny, ni [ñ]


Exemples : finiesse (fenêtre), pogn (poing), i gn a (il y a), wangnî (gagner), cogne
(forme).
Prononciation : comme en français.
On écrit parfois ni en fonction de l’étymologie ou selon l’analogie avec le français :
fènièsse.
Formes de références : le son [ñ] sera noté gn. Exception : le son [ñ] sera écrit ny quand
le suffixe verbal -yî ou le suffixe nominal -yin suit un radical terminé par n : comunyî
(communier), Iranyin (Iranien). Il sera écrit ni dans finiesse, djiniesse (genêt), nier
(nerf), oniesse (honnête).
Dans de rares mots, une séquence « g + n » doit se prononcer [gn] et non [ñ]. On peut
alors placer une apostrophe entre les deux lettres : dag’ner (1. recouvrir de graisse
noire ; 2. appliquer une matière épaisse et visqueuse ; 3. souiller, salir en collant - mot
attesté au moins en bast. et brab.) ; i bag’nut (ils déménagent). Une autre solution cou-
rante, dans certaines variantes du système de transcr. Feller, est d’écrire daguener, i
baguenut. En orthographe normalisée, cette séquence n’est pas retranscrite différem-
ment : dagner, i bagnut. Ex. lit. :
– RW : (. . .) dipus d’ 15.000 Walons (. . .) bagnut foû d’ leu payis (. . .). (J. CAY-
RON, Li Rantoele n˚57, p. 6)
– CW : (. . .) kand on s’ rend conte ki branmint dès djins k’ on a conxhu baguenut
po l’ dêrén côp ? (J. SCHOOVAERTS, Rabulèts 2003 p. 15)

16. h

h [h] ↔ zéro
Exemples : hoye (charbon), havet (crochet), cahoute, (cahute), hintche (gauche), ahåyant
(intéressant), hamtea (hameau), houkî (appeler), hawe (houe), sohaitî (souhaiter),
hatchî (hacher) .
Prononciation : en EW, comme en anglais [h] ; non prononcé ailleurs mais peut empê-
cher la formation d’un hiatus : li hoye ou li houye (et non ˚l’ oye ; cf. en français les
haricots).
Normalement, dans le système de transcr. Feller, on n’écrit le h que s’il est prononcé,
donc uniquement en EW. Dans certains dictionnaires, on trouve par exemple : ouye ;
avèt ; ca-ute ou ca.ute.
Pourtant, dans le CW et le SW, le [h] est également présent, quoique rarement noté
(du moins en CW), puisqu’il empêche les liaisons : dès havèts et non ˚dès-avèts. Il est
également présent dans une partie de OW (ESM, voir ex. ci-dessous). Dans le reste de
OW, le h initial semble avoir disparu : dès-avèts. Ex. lit. :
2.2. LES LETTRES 39

– CW : I n’a aurdè qu’one pitite makète èt l’ grètwè ; d’astchèyance qu’on l’aureut


co ukè po maketè aus pîres. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16) [dans ce contexte,
en CW, on devrait normalement avoir cor si ukè commençait par une voyelle. Le
souvenir du h maintient la forme co] - C’èst dins lès âdes qui dj’ su l’ pus minâbe,
a-t-i tûzè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 18) [et non lès-âdes] - Ène miète pa-drî,
li sèrdjant sapeûr qui pwate li massûwe, èpwis sès sapeûrs avou leû atche. (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 29) [et non leû-z-atche]
– OW : (. . .) l’osti s’apèle li awia (. . .). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 47) [et non
l’awia] - C’ét in p’tit vilâdje, in ametia. (. J. SPINOSA-MATHOT, Contes, p. 5) [et
non èn-ametia] - Et come is-ariveneut al cinse, i uke in dômèstique qui kèrtcheut
l’ancène (. . .). (E.-J. PIRET, Extraits, p. 64) [et non il uke] - Arthur BALLE, dans
sa Contribution au dictionnaire du parler de Cerfontaine (Liège 1963), distingue
les mots commençant par un h empêchant la liaison.
Dans les régions où le [h] n’est pas ou plus prononcé, entre deux voyelles, il peut être
remplacé, dans la prononciation, par une semi-consonne : cahute > cayute (cabane) ;
ahan > awan (automne) ; couhatchî > couwatchî (hacher menu) ; sohêtî > sowêtî (sou-
haiter).
Formes de référence : dans cette grammaire, le h est utilisé tel quel quand il existe dans
toute la Wallonie (soit il se prononce, soit il empêche l’hiatus, soit il est remplacé par
y ou w) : on houyeu, ene cahoute, on havet.
Les h étymologiques écrits en français (histoire, homme, théâtre, etc.) ne le sont jamais
en wallon : istwere, ome, teyåte, etc.

17. i

i [i] ↔ [I]
Exemples : mi (moi), pitit (petit), li (le, la), dji (je), rivni (revenir).
Prononciation : comme en français, mais presque toujours plus relâché ([I]).
Le brab. et le bouill. prononcent le [i] (et le [y]) de manière très relâchée, ce qui est
noté ë (më, pëtët, lë) dans les transcriptions phonétiques du système Feller. La nuance
intermédiaire (nam., hesb.) est notée ì dans l’ALW : mì (moi), pìtìt (petit). Voir cartes
p. 295.
Devant une consonne sonore (douce), r ou y, il est prononcé long [I :]. Ex. : guiye
(quille), scrire(écrire), tidje (route en terre), Lidje (Liège), tigue (tigre). Voir longueur
des voyelles, p. 56, et î).
Voir aussi i nasal, sous én ; y ;

î [i :]
Exemples : mî (mieux), vî (vieux), pîd (pied), candjî (changer), scrît (écrit), tchåler-
wetî (carolorégien), prumî.
Prononciation : i long.
Le son i long est souvent bref dans des aires dialectales plus ou moins étendues, par
exemple en brab. : pid, vi, candji, prëmi.
40 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

Phonologiquement, tous les dialectes n’opposent pas de manière aussi marquée le /i/ et
le /i :/. Il existe par exemple quelques paires minimales en nam. : soris 6= sorît (souris,
sourit) ; li 6= lî (lui, lu, du v. lire). Elles semblent plus rares en liég., par ex. : mi 6=
mî (moi, mieux). En carol., le i long est la marque de l’infinitif alors que le i bref est
la marque du part. passé dans certains verbes : candjî (changer) mais candji (changé).
voir, dans la section consacrée à la conjugaison, l’inf. (p. 159) l’ind. pr. (p. 161) et le
part. pas. (p. 175).

in [Ẽ]
Exemples : rinde (rendre), dj’ aprind (j’apprends), sovint (souvent), sistinme (sys-
tème), kimint (comment), mwin (main).
Prononciation : comme en français.
Ce son ne s’écrit jamais « ein », « ain », etc. : mwin ou min (main).
Remarques :
a) inne [Ẽn] et inme [Ẽm].
Exemples : tchinne (chêne, chaîne), crinme (crème).
Prononciation : d’abord in puis n ou m, comme en français régional, dans les mots
équivalents.
Variantes : parfois, surtout parmi les écrivains namurois, on écrit tchin.ne, crin.me, pour
bien montrer la prononciation.
b) Le son in [Ẽ] peut être plus ou moins dénasalisé sporadiquement. Il existe p. ex. une
tendance à la dénasalisation à l’est de EW : rinde > rêde. En malm., il n’y a pas du
tout de nasalisation devant une consonne nasale : créme (crème), tchéne (chêne).
Formes de référence : les formes nasalisées, beaucoup plus fréquentes, seront utilisées
devant une consonne nasale et notées sans point : tchinne, rinne, crinme, shijhinme,
etc.

* î-n Voir én.

18. j

j [Z]
Exemples : jate (tasse), eponje (éponge), Beljike (Belgique).
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.
Ce son est rare en wallon, sauf comme variante de jh (allophone du [h]). En dehors de
ce cas, il provient souvent d’un emprunt au français ou d’une assimilation de [zj] (voir
p. 59).
On constate une tendance très nette chez les néolocuteurs (au moins en CW, SW et
OW) à remplacer certains [Z] (qu’ils soient empruntés au français ou variante de jh par
des dj : scrijâdje > scrîdjâdje ; plêji > plêdji ; jate > djate. Le même phénomène existe
pour la transformation du ch (emprunté ou allophone de [h]) en tch.
2.2. LES LETTRES 41

En orthographe normalisée, la graphie dj, plus wallonne, sera préférée à j quand il


s’agit d’emprunts au (ou d’influence du) français et que les deux formes (j et dj) existent
dans le domaine wallon. On écrira par ex. djate plutôt que jate (tasse), djun plutôt que
jun. Ex. lit. :
– OW : Scrîdjâdjes dès Bourdoneûs (4e de couverture de la revue El Bourdon, p. ex.
n˚ 480, 11/1995) [la forme normale serait scrîjâdje].
– CW : (nam.) : Frimé est leu seule relidjon. (COMPOST BINDE, Un con trop loin)
[pour rèlijion].
– RW : Dji n’ sai si l’ Estat bedje et l’ Redjon walone mi dinront ene medaye
(. . .) (L. MAHIN, Li batreye des cwates vints). – C’ est avou ç’ cafeu la et deus
djates k’ Alex li va dispierter. (N. & G. STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel,
p. 136).

jh [h] ↔ [Z]
Exemples : prijhon (prison), nos djhans (nous disons).
Prononciation : h [h] en EW ; j [Z] en CW, SW et OW.
Quelques mots courants :
– prijhon (prîhon ∼ prîjon) (prison), måjhon (mâhon ∼ maujon ∼ mâjon + autres
formes) (maison), åjhey (åhèy ∼ åhî ∼ âjî ∼ aujî + autres formes) (facile), nåjhi
(nåhi ∼ nauji ∼ nâji) (fatigué), vijhén (vijin ∼ vihin) (voisin), tchimijhe (tchi-
mîje ∼ tchimîhe) (chemise), coujhene (coujène ∼ couhène ∼ cûjène) (cuisine),
plaijhant (plêhant ∼ plêjant) (agréable), oujhea (oûhê ∼ oujê) (oiseau), batijhî
(batihî ∼ batijî) (baptiser), dijh (dîh ∼ dîj) (dix), shijh (chîh ∼ chîj) (six) + autres
formes) ; formes dérivées des verbes en -îre, -ûre, -aire : dire (dire) ↔ nos dj-
hans (nos dhans ∼ nos djans) (nous disons) ; taire (taire) ↔ i s’ taijhèt (i s’ têhèt
∼ i s’ têjèt) (ils se taisent) ; distrure (détruire) ↔ vos distrujhoz (vos distrûhoz
∼ vos distrûjoz). . . (vous détruisez), etc.
Dans certains cas, l’EW (soit le liég. proprement dit, soit l’EW en général) a perdu ce
h : gléhe > èglîse (église), alors que le j subsiste dans tous les autres dialectes : èglîje.
De même èle fihèt > èle fèt (elles font) alors que le SW conserve èle fijèt ; scrîheû >
scriyeû (écrivain) ∼ scrîjeû (CW, OW, SW).
Les formes de références utilisées dans cette grammaire sont les formes avec h, notées
jh. 3

19. k

k/c [k]
Exemples : crole (boucle), cwand (quand), viker (vivre), nos vicans (nous vivons),
ki (que), stoumak (estomac), cwè (quoi), cwiter (quitter), cok (coq), otomaticmint
(automatiquement).
Prononciation : comme en français.
3. ALW I, 80 « puiser ».
42 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

Dans les formes de références de cette grammaire, le q n’est pas utilisé : on écrit c
devant a, o, u et les consonnes et k devant i et e, ou en fin de mot.
Le q est utilisé en général par analogie avec des mots français : qwate ou quate (quatre),
quiter ou qwiter (quitter), musique (musique). Ce principe est toujours resté flou et
l’ensemble de mots écrits avec un q est très variable selon les régions et les auteurs. La
Commission de Normalisation de la Langue de l’UCW (Commission de normalisation
du wallon 1992) conseille de ne s’en servir que dans les mots grammaticaux : quî (qui),
qui (que), qwand (quand), qué (quel), qwè (quoi), qwantes (combien) et leurs dérivés :
saquî (quelqu’un), etc.

20. l

l [l]
Exemples : loyî (lier), ele (elle)
Prononciation : comme en français, mais voir remarque à r, ci-dessous.

21. m

m [m]
Exemples : mwin (main), åme (âme).
Prononciation : comme en français.

22. n

n [n]
Exemples : nawe (fainéant), anoyî (attristé).
Prononciation : comme en français.

23. o

o [O]
Exemples : posse (poste), clokî (clocher), soris (souris), oto (auto), ome (homme).
Prononciation : comme dans le français « donne », « sol » (pas comme dans « eau »,
« sot ». . .).
Certains emprunts récents au français sont généralement notés avec un o (oto, otoma-
tike, buro, etc.) alors que les équivalents français ont un (e)au. Ils seront prononcés
soit [o], soit [o :] selon les réalisations locales.
Voir p. 292 pour l’alternance o ∼ ou, dans les mots de type soris (souris), tot (tout),
etc. Voir aussi ô et on.
2.2. LES LETTRES 43

Devant un y, il est prononcé long [o :] la plupart du temps. Ex. : voye (route), oye (oie),
aloye (alouette), croye (craie). Exceptions : poye (poule), oyi (oui). . .
Voir longueur des voyelles, p. 56, et î).

ô [o :] ↔ [Õ] ↔ [U :]
Exemples : rôze (rose), ôte (autre), ôr (or), côp (coup), on pô (un peu), ôre (entendre),
clôre (fermer).
Prononciation : comme dans le français « eau ».
Il existe des réalisations phonétiques plus ou moins nasalisées [Õ] notées rôn ze (brab.),
rônze (Saint-Hubert) ou röze (chestr.) ; il existe aussi des réalisations phonétiques plus
fermées ([U :]) tendant vers roûze (sporadiquement en nam. ; noté tel quel par l’écrivain
J. Guillaume ; noté par un accent plat dans certains ouvrages de l’écrivain É. Gilliard) :
rōze.
Certains écrivains ont parfois utilisé la graphie au par analogie avec le français, p. ex.
aute (autre).
Dans les régions où la lettre ô est prononcée [Õ] (on) ou [U :] (oû), on trouve des gra-
phies comme abauminâbe (abominable) pour bien marquer l’absence de nasalisation
ou de fermeture, p. ex. dans Hostin 1975 ou Léonard .
Dans les régions où l’opposition phonologique entre å et ô n’existe pas, c.-à-d. surtout
en OW, ô sert à écrire le son [o :] dans tous les cas : lôrd (lard), djôzer (parler), môjon
(maison), etc. En CW, l’opposition n’existe pas partout. Néanmoins, traditionnelle-
ment, le premier de ces sons est écrit au (équivalent à å en EW et â en SW) alors que
le deuxième (phonème [o :] dans toute la Wallonie) est écrit ô, même dans les régions
où ces deux phonèmes sont réalisés de manière identique : laurd, djauzer, maujone.

* ö Voir ô.

oe [wE] ∼ [ø] ∼ [E] ∼ [œ]


Exemples : toet (toit), doet (doigt), moes (mois), poere (poire), boere (boire), stoele
(étoile)
Prononciation : eû ([ø :]) (comme dans le français « mieux ») en EW et certaines régions
du SW ; wè ([wE]) à Namur et Charleroi ; eu ([œ]) (comme dans le français « œuf ») en
Entre-Sambre-et-Meuse, en Ardenne, en sud-nam. et ailleurs ; è ([E]) en Ardenne ; oû
dans le Centre ; wa en chestr., etc.
Transcr. phonétique Feller : selon la prononciation, donc : teût, teut, tèt, twèt, toût,
twat ; deût, deut, dèt, dwèt, doût, dwat ; meûs, mwès ; peûre, pwêre, pwère, pwâre ;
beûre, bwêre, bwère, bwâre ; steûle, stwèle, stwale. . .
Remarque : cette graphie est empruntée aux écrivains du 19e s. Elle permet de rendre
compte des monophtongues proprement wallonnes comme des diphtongues apparen-
tées au français. Une autre manière de procéder, proposée par la Commission de Nor-
malisation de la Langue de l’UCW, est de ne pas choisir une graphie unifiante, mais de
choisir des formes de référence différentes selon les cas.
44 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

oen [wẼ] ∼ [Õ]


Exemples : poenne (peine), moens (moins) moenne (mène, moine), avoenne (avoine),
voenne (veine).
Généralement suivi de -ne.
Prononciation 4 :
– on en EW et SW : pon.ne, mons, von.ne ;
– win en CW : pwin.ne, mwins’, (v)win.ne ;
– wè, wê, in ou win en OW : pwène, pinne ; (v)wène, (v)win.ne, vinne ; mwins’,.

oi [wa] ou [wE]
Exemples : boird (bord), moirt (mort), moite (morte), ripoizer (reposer)
Prononciation : wa ([wa]) ou wâ ([wa :]) en CW, SW (sauf chestr.), malm. et ouest de
l’OW ; wè ([wE]), wê ([wE :]) ou wé ([we]) en EW (sauf malm.), ôr, ô ou oû, oûr en
OW et chestr.
Transcr. phonétique Feller : selon la prononciation, donc : bwârd, bward, bwérd, bwêrd,
bwèrd, bôrd, boûrd ; mwârt, mwart, mwért, mwêrt, mwèrt, môrt, moûrt ; mwate, mwète,
mô(r)te, moû(r)te, etc.

on [Õ]
Exemples : djondou (touché), son (son), djonne (jeune).
Prononciation : comme en français. Toutefois, il existe une tendance générale à la déna-
salisation en verv. et malm. (djôdu). Certaines régions (Thiérache, chestr.) prononcent
un son intermédiaire tendant vers an ([ã]), parfois noté djandu (Thiérache) ou djåndu
(chestr.) (voir an). Enfin, en verv. et malm., il existe une tendance à la vélarisation (bon
prononcé [bõN]) qui est toutefois rarement notée.
Remarque : onne [õn]. Exemples : djonne (jeune), tronner (trembler). Prononciation :
d’abord on [õ] puis n [n].
Certains auteurs, surtout namurois, écrivent djon.ne, tron.ner, pour éviter toute ambi-
guïté. Cette graphie n’est pas utilisée dans les formes de références.

ou [u]
Exemples : mousse ! (entre !), atouwer (tutoyer).
Prononciation : comme en français.
Devant une consonne sonore (douce), r ou y, il est prononcé long [u :]. Ex. : bouye
(bulle, tâche), boure (bouillir), baloujhe (hanneton), Mouze (la Meuse), nouve (neuve),
court (court). Voir longueur des voyelles, p. 56, et oû.
Voir aussi u et p. 292 pour l’alternance u ∼ ou dans les mots de type touwer (tuer),
coujhene (cuisine), etc., ainsi que dans le suffixe -ou de certains participes passés.

4. ALW I, 69 « peine » et 97 « veine ».


2.2. LES LETTRES 45

oû [u :]
Exemples : noû (neuf), foû di (hors de), coûte (courte), coûsse (course).
Prononciation : comme un ou, mais long.
Voir aussi ou et u.

24. p
p [p]
Exemples : pire (pierre), aprinde (apprendre), po (pour), prinde (prendre), spotchî
(écraser), tipike (typique).
Prononciation : comme en français.

*
25. q
Voir k.

26. r
r [ö]
Exemples : råyî (arracher), arester (arrêter), boird (bord).
Prononciation : comme en français. La prononciation ancienne était un [r] vibrant api-
cal (c.-à-d. roulé) proche du son [l], ce qui explique certaines hésitations comme berike
∼ belike (lunettes) ou prandjîre ∼ plandjîre (sieste), cérebrå ∼ célebrå (cérébral. Ex.
lit. OW : C’è-st-ène fîve célèbrâle ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 66)), adré ∼ adlé (près
de), etc. Cette prononciation est encore relativement courante chez les locuteurs âgés
ou ayant le wallon comme langue maternelle. La prononciation la plus fréquente ac-
tuellement est la même qu’en français, soit [ö].
Rem. : dans les syllabes fermées de type voy. + r, la voyelle a tendance à s’allonger
et à subir des changements de timbre variés suivant les régions. Ces modifications
subsistent dans de nombreuses voyelles devenues finales suite à une chute généralisée
des r finaux en wallon. Ces r ont le plus systématiquement disparu en OW et CW, alors
que les régions plus conservatrices du CW et de l’est de l’EW ont plus souvent gardé
ce r final : tchèsseû ∼ tchèsseûr (chasseur), djoû ∼ djoûr (jour), cû ∼ cûr (cuir), toû ∼
toûr (tour), tchå ∼ tchår (viande), etc.

27. s
s/ss/ç/c [s]
Exemples : çoula (cela), sûner (suinter), dissu (dessus), atincion (attention).
Prononciation et utilisation : comme en français.
Pour ss, voir Consonnes doubles, p. 57.
46 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

sch [h] ↔ [S] ↔ [ç] ↔ [X] ∼ [sk]


Exemples : scheure (secouer), dischinde + autres formes (descendre), schåle (échelle),
schirer (déchirer), schaper (sauver), scheter (casser).
Prononciations : h [h] en EW ; ch [S] en CW et SW, parfois OW. En OW et parfois
ailleurs, les mots de cette série ont une séquence sk [sk] : skeûre, diskinde ∼ dèskinde,
iscôle, ascouter, scaper, skirer, skèter, etc. 5
Dans le système de transcription phonétique Feller, la graphie hy est uniquement uti-
lisée en malm. pour noter la prononciation constrictive palatale ([X] de ce phonème :
dihyinde, hyâle.
Les mots de cette série sont assez rares, les principaux étant cités ici. Ce son ne se
trouve pratiquement qu’à l’initiale, sauf si un préfixe s’ajoute à la racine du mot :
kischeure (secouer violemment), dischirer (déchirer), rischaper (sauver de nouveau),
etc.
En wallon ancien, les mots de cette série étaient souvent écrits avec xh (p. ex. xhure,
xhale, etc.). Le graphème sch est proposé ici pour faciliter la reconnaissance de la
prononciation [sk] de l’OW.

sh [S] ∼ [s]
On trouve cette variable à l’initiale de certains mots : shure (suivre), shijhe (veillée),
shijh (six). La réalisation est ch [S] en OW, CW et certaines régions du SW ; elle est s
[s] dans l’EW et le reste du SW. La transcr. phonétique est sûre, sîze, sîh dans le second
cas et chûre, chîje, chîj dans le premier.

28. t

t [t]
Exemples : tins (temps), atrape (attrape), droete (droite), tåte (tarte, tartine).
Prononciation : comme en français.
La lettre t ne sert jamais à écrire un son [s] : atincion (attention).

tch [Ù]
Exemples : tchant (chant), raetchî (cracher), betch (bec), spotchî (écraser), tchoezi
(choisir).
Prononciation : comme dans l’anglais « chop » ou le français « tchèque ».
Remarque : le groupe [tj] + voyelle est souvent prononcé comme un [Ù] : tièsse >
tchèsse (tête). Ce trait phonétique est parfois noté. Voir la section consacrée aux assi-
milations (p. 59).

5. ALW I, 28 « descendre ».
2.2. LES LETTRES 47

29. u

u [y] ↔ [Y]
Exemples : pus (plus), namurwès (namurois), durêye (durée).
Prononciation : comme en français. Toutefois, de même que pour le [I], le brab. et le
bouill. prononcent « eu » ([@]), de manière très relâchée, ce qui est noté ë (pës, mètë, kë).
Les nuances intermédiaires, prononcées [Y] sont très fréquentes (nam., hesb., Lesse).
Elles sont notées ù dans l’ALW : pùs (plus), mètù (mis). En lg., les finales -une sont
devenues -eune, comme dans leune (lune : lune), comeune (comune : commune), fôr-
teune (fôrtune : fortune).
Voir aussi û.

û [y :]
Exemples : ût (huit), cût (cuit), nûleye (nuage), shûte (suite), påjhûle (tranquille).
Prononciation : comme un u, mais long et tendu.
Opposition avec [y] : cu 6= cût (cul, cuit), yute 6= yût’ (outre, huit), etc.

un [œ̃]
Exemples : brun (brun), djun (juin), comun (commun), pun (pomme), djungue (jungle).
Prononciation : comme en français.
Ce son est encore plus rare qu’en français. Il n’apparaît pratiquement que dans ces
quatre mots (et comun est un gallicisme récent pour comon, djungue étant un néolo-
gisme emprunté au français).
Il est également présent en OW de manière locale dans certains mots. Ex. : un (on :
un), unk ou yun (onk : un), lundi (londi : lundi), prun.neû (pronneu : pleurnicheur).

30. v

v [v]
Exemple : vint (vent), sovint (souvent), divni (devenir), vola (voilà), avou (avec).
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.

31. w

w [w]
Exemples : walon (wallon), want (gant), hawer (aboyer), wesse (guêpe).
Prononciation : comme en français dans « watt ».
48 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

Dans les dialectes ou [h] n’est pas prononcé (c.-à-d. est réalisé par zéro), une semi-
consonne peut le remplacer en position intervocalique : ahan > awan (cabane), cohou-
dri > si cowoudri (se secouer en tous sens), cohossî > cowossî (cahoter), brouheû(r) >
brouweû (brume). Voir h.
Dans un certain nombre de cas, quand le w suit un c ou un m, il n’est prononcé qu’en
EW : cwand (quand : qwant’ ∼ quand), cwate (quatre : qwate ∼ quate), cwårs (argent :
cwårs ∼ caurs), mwaisse (maître : mwêsse ∼ maîsse). Le w est par contre toujours
prononcé dans cwè (quoi), cwerler (tailler la pierre) mwais (mauvais), mwetî (moitié),
mwin (main), mwelon (parpaing). . .

32. x

*
33. x Cette lettre n’est normalement pas utilisée dans le système de transcription Feller.
On écrit : tacsi, paradocse, mais ègzamin (examen), deûs (deux), Brussèle (Bruxelles),
selon la prononciation. Toutefois, certains auteurs utilisent le x dans les mots interna-
tionaux comme taxi, voire, beaucoup plus rarement, quand la prononciation est [gz]
(èxamin).
En orthographe normalisée, on écrira : egzamin (examen), deus (deux), Brussele
(Bruxelles), tacsi (taxi) et paradocse (paradoxe). Toutefois, le x est utilisé dans xh.

xh [S] ↔ [h] ∼ [ç] ∼ [X]


Exemples : pexhon (poisson), ouxh (porte), finixhans (finissons).
Prononciation 6 :
– EW : h [h]. Il aura tendance à se prononcer comme le ich-Laute allemand [ç]
(consonne fricative palatale sourde, prononcée comme la lettre g en néérlandais
de flandre) en fin de mot (ouxh, moxhe). Il est prononcé de façon encore plusieurs
sonnore dans le malm. comme le ach-Laute allemand [X] (consonne fricative uvu-
laire sourde).
– CW, OW, SW : ch [S].
Quelques mots courants écrits avec xh en orthographe normalisée :
– pexhon (pèchon ∼ pèhon) (poisson), baxhî (bachî ∼ bahî) (baisser), bouxhî
(bouchî ∼ bouhî) (frapper), moxhe (mohe ∼ moche ∼ mouche) (mouche), ouxh
(ouh ∼ uch ∼ ouch) (porte), ronxhe (ronhe ∼ ronche) (ronce), coixhî (cwachî ∼
cwahî) (blesser), pixhî (pihî ∼ pichî) (pisser), coxhe (cohe ∼ coche ∼ couche)
(branche), laxhe (lache ∼ lahe) (laisse), etc. ; formes dérivées des verbes en -i :
i finixhèt (i finichèt ∼ i finihèt) (ils finissent) ; mode subjonctif : i fåt qu’ vos
vnoxhe (vnohe ∼ vnoche) + autres formes (il faut que vous veniez). . .

6. ALW I, 22 « connaître », 76 « poisson », 84 « ronce », II, 116 « finisse », 117 « rendions ».


2.2. LES LETTRES 49

34. y

y, i [j]
Exemples : aweye (aiguille), yebe (herbe), tiesse (tête).
Prononciation : comme en français
Remarque : Le son [j] s’écrit i après une consonne, sauf si un autre i suivrait : ancyin
(ancien).
Dans les transcr. Feller, on écrit y ou i au début des mots (ce qui est rare) : yèbe ou ièbe
(herbe), yute ou iute (outre). La deuxième graphie est plutôt utilisée par les auteurs
namurois et l’autre ailleurs.
En wallon, y ne représente jamais la voyelle [i] ; on écrit : on mistére (un mystère),
dj’ î va (j’y vais). . . (voir i).
Dans les dialectes ou [h] n’est pas prononcé (c.-à.-d. se réalise par zéro), une semi-
consonne peut le remplacer en position intervocalique : cahute > cayute (cabane). Voir
h1 .
L’ancien l dit « mouillé » est passé à [j] à des rythmes différents selon les dialectes ;
le [j] est le plus fréquent à l’ouest et le [lj] à l’est : d’ alieûr ∼ d’ ayeûr (d’ailleurs) ;
miliård ∼ miyârd (milliard) ; liârds ∼ yârds (argent), etc.

35. z

z, s [z]
Exemples : zûner (bourdonner), cåzer, djåzer, dvizer (parler), raezer (raser).
Prononciation : comme en français. En position finale, voir Assourdissement des consonnes
en finale, p. 58.
En orthographe normalisée, [z] s’écrit toujours z. Dans les transcriptions phonétiques
Feller, l’usage varie selon les auteurs. Certains écrivent un s simple entre deux voyelles
par analogie avec le français : causer ou câser, raser ou rèser.

Evolutions possibles

Le système de variables présenté ci-dessus n’est probablement pas définitif. Il se veut


une synthèse des travaux menés par la Commission Langue de l’UCW et par la Com-
mission normalisation de Li Rantoele ainsi que des travaux diffusés notamment par
Lucyin Mahin (réf.) et Li Rantoele. Certains points pourraient encore évoluer.
Ainsi, d’autres graphèmes ont été proposés pour couvrir d’autres variables, p. ex. :
– ai pour é ∼ è ∼ ê en référence à l’éthymologie, comme dans paire (père), saimdi
(samedi), mair (mer), etc. ;
– u pour u ∼ ou, comme dans u (ou), bû (bœuf), etc.
A l’inverse, des simplifications du système sont posibles : ainsi, on pourrait légitime-
ment avancer que le graphème jh est phonologiquement inutile ; il serait possible de
simplifier le système en le remplaçant par h : dès lors, tout h interne représenterait cette
50 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

variable réalisée soit h, soit j selon les dialectes. Toutefois, visuellement, les personnes
prononçant j s’y retrouveraient probablement moins bien.

Un autre axe de simplification possible est de privilégier certaines formes dialectales


de manière à supprimer un graphème du système. Il serait alors possible de supprimer
le oe en écrivant eu, représentant une évolution plus proprement wallonne que wè. De
même, on pourrait supprimer le graphème sh et écrire s, qui représente une évolution
souvent majoritaire et témoignant d’une évolution plus régulière. Le graphème sch
pourrait lui aussi être supprimé si l’on écrit xheure (secouer), xhåle (échelle), comme
anciennement — en négligeant ainsi la réalisation sk, plus picarde que wallonne, il
est vrai. Enfin, le « nouveau » graphème oi pourrait être supprimé au profit de wae
(p. ex. fwaert, fwaece), qui s’insère régulièrement dans le système pour représenter les
variantes fwart ∼ fwért mais représente moins bien les variantes fôrt ∼ foûrt, moins
typiques du wallon. Enfin, le graphème oen pourrait être abandonné au profit de de on,
plus typiquement wallon.

L’orthographe normalisée s’en trouverait assez considérablement simplifiée : par rap-


port au système de transcription Feller, il n’y aurait plus que quatre graphèmes nou-
veaux (ae, ea, ey, xh) au lieu de dix (les mêmes et jh, sch, sh, oe, eon, oi). Il faut
entendre « nouveau » par rapport au système de transcription Feller, non par rapport
aux systèmes graphiques wallons utilisés pendants les siècles précédents.

Dans certains cas, il s’agirait d’une simplification « réelle », en ce sens que, pour beau-
coup de locuteurs, le nombre de cas où un son identique serait écrit de plusieurs ma-
nières se trouverait réduit ; dans d’autres cas, la simplification diminuerait simplement
l’effort d’adaptation initial pour les personnes utilisant déjà l’une des variantes du sys-
tème de transcription Feller.

Mais cela se ferait au prix d’une moins bonne représentativité des différentes variantes
dialectales. Au-delà du problème de la simplicité technique, il s’agit quasiment d’un
choix de société. . .

D’un point de vue purement graphique, il est également possible d’envisager de noter
un accent grave redondant sur le e dans certains cas (p. ex. en syllabe ouverte : èfant,
tèlèfone mais pierdant, biesse, les ou les suffixes -eye ne se prononçant jamais îye :
lèye, parèy, èyet). Enfin, l’utilisation de k et c pour q n’est pas nécessaire à strictement
parler dans l’orthographe normalisée du wallon.

Cette orthographe ayant été utilisée abondamment ces dix dernières années, le point de
vue actuel de ses promoteurs est de la stabiliser. Des changements sont certes possibles
mais il doivent être murement réfléchis car ils impliqueraient de nombreuses adap-
tations aux ouvrages et dictionnaires déjà réalisés (Wikipedia et Wiktionary wallons,
Diccionnaire di Tot l’ Walon [DTW], etc. . .).
2.3. ASPECTS PARTICULIERS : VOCALISME 51

2.3 Aspects particuliers : vocalisme


Voyelles instables
Type r(i)prinde, s(i)cole

36. De nombreux mots wallons peuvent connaître une forme « pleine » et une forme « éli-
dée ».
Ce sont les mots de type « cons. + voy. instable + cons. » : r(i)prinde (reprendre) ;
p(i)tit (petit) ; d(i)vant (devant, avant) ; s(i)cole (école) ; k(i)mincî (commencer), etc.

Forme pleine Forme élidée


ele riprind (elle reprend) dji rprind (je reprends)
divant lu (avant lui) pa dvant lu (devant lui)
ene sicole (une école) li scole (l’école)
nosse pitit (notre petit) li ptit (le petit)
on noer tchivå (un cheval noir) on blanc tchvå / djvå (un cheval blanc)
ele kitape (elle gaspille) i ctape (il gaspille)
Mareye dischind (Marie descend) Lorint dschind (Laurent descend)

Quand faut-il élider ?

37. Dans tous les cas, la règle est simple : l’élision a lieu quand la syllabe à élider suit une
syllabe ouverte (terminée par une voyelle).
– des blonds tchveas (des cheveux blonds) → des noers tchiveas (des cheveux
noirs) ; ene sicole (une école) → li scole (l’école) ; Djan rvént (Jean revient) →
Mareye rivént (Marie revient)
Remarques :
a) Dans la plupart des régions (sauf parfois SW), les y [j] à la fin des mots sont
nettement prononcés. Les mots terminés par -eye (-êye, -éye, -èye) et -iye se terminent
donc par une syllabe fermée, laquelle empêche l’élision du mot qui suit. Dans certaines
régions, le y n’est pas très sensible mais continue à empêcher l’élision du mot suivant,
comme dans cet ex. lit. :
– SW : Pitit monte li rouwe tot seû a wêtant lès rîléyes di tauves (. . .). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 102) [et non lès rîlées d’ tauves].
Enfin, dans certaines régions (malm., bast., chestr.), ce y n’existe pas. La syllabe est
ouverte et le mot suivant s’élide : djoûrnée (pour djournêye, journée), industrîe (pour
industreye , industrie), etc.
Voir aussi, plus loin, la section consacrée à l’emploi de l’apostrophe p. 70.
b) Il existe, dans les régions pratiquant l’épenthèse (EW, CW, OW) (voir ci-dessous
Épenthèse et prosthèse) dans les groupes « s + cons. », une certaine tendance à éviter
l’élision devant les groupes « cons. + w ». Ex. lit. :
– EW : (. . .) i n’aveût là, assiou åtoû d’ lu, dès Farisyins èt dès docteûrs di li lwè
(. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 87) [et non dèl lwè]
52 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

Il arrive aussi, quoique rarement, que les mots en « cons. + w » prennent une voyelle
épenthétique selon la même règle que celle exposée ci-dessus pour les groupes « s +
cons. » :
– one riwède vôye (une route raide) [de rwèd]
Ex. lit. :
– Èt dj’ a dit : « bènureûs l’ ci qu’ vos acsègnîz, Signeûr, èt à quî vos aprindez vosse
liwè po lî adoûci sès måvas djoûs » (. . .). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 103-104)

Épenthèse et élision

38. On distingue habituellement les cas d’élision (riprinde / dji rprind) des cas d’épenthèse
(li scole / ene sicole). Cette distinction se fonde sur l’étymologie : la forme « de base »
dans le premier cas est riprinde ; dans dji rprind, le i tombe (élision) ; on note alors
cette chute par une apostrophe : dji r’prind.
Dans le deuxième cas, la forme de base est scole ; dans nosse sicole, on considère que
le i est en quelque sorte un supplément, étranger au mot.
Cependant, dans le fonctionnement actuel de la langue, il s’agit d’un seul et même
phénomène suivant une seule et même règle. Il semble donc plus économique et plus
logique de ne pas établir de distinction dans l’écriture.
Ce n’est pas seulement pour la beauté de la description que ces « deux » phénomènes
(élision et épenthèse) sont ici assimilés. Ils sont souvent ressentis par les locuteurs
comme un seul et même phénomène ; témoin les graphies inverses assez courantes du
genre :
– EW : (. . .) insi qu’il èst s’crît è lîve des discoûrs dè proféte Isaïe. (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 91). Ici l’auteur considère que la forme pleine est sicrît, élidée en
s’crît.
– CW : On s’clat d’ a (Hostin 1975, 5) [pour sclat] - Ène saqui qui rèyunit cès deûs
condicions-là pout bin s’ mète tot d’ tchûte à-z-aprinde à lîre èt à s’crîre nosse
bia walon. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) [pour scrîre]

Variantes de timbre

39. La voyelle instable la plus courante est un i [I] (CW sauf dans le préfixe c(o)-, majeure
partie de EW, partie de OW et SW) et c’est celle qui est utilisée dans les formes de
références.
Dans la majeure partie du SW (Lesse, chestr., bast.), comme en verv. et en malm., la
voyelle instable n’est pas i mais u [Y] : lu tins (le temps), dju sé (je sais), su vos vnoz
(si vous venez), èle ruprind (elle reprend), cuminçans (commençons), one sucole (une
école), etc.
En bouill. et en brab., la voyelle instable est ë [@] : lë tins, ène sëcole, èle rëprind. . .
Rappelons que dans la plupart des régions, la voyelle instable est prononcée avec un
timbre relâché (voir lettres i, p. 39 et u, p. 47) : il est parfois difficile de décider s’il faut
retranscrire u ou i.
Dans la majeure partie de l’OW, la voyelle d’appui est souvent è.
2.3. ASPECTS PARTICULIERS : VOCALISME 53

Variantes de placement

40. La voyelle qui se glisse entre deux consonnes (dji rprind → ele riprind) est dite
« épenthétique » (CW, EW, SW). La voyelle qui se place devant le groupe consonan-
tique (djè rprind → èlle èrprind) est dite « prosthétique » (OW).
En OW, la voyelle d’appui è ne se glisse pas entre les deux consonne mais, dans certains
cas, devant ces groupes (voy. instable + cons. + cons.) (surtout les mots commençant
par r + cons. ou s + cons.) :
– èlle èrprind (elle erpind : elle reprend), ène èscole (ene escole : une école), etc.
C’est un trait commun entre ce dialecte du wallon et le picard. Dans d’autres cas, la
voyelle d’appui se place entre les deux consonnes (mots commençant par d + cons.),
p. ex. :
– èle dèmeûre (ele dimeure : elle reste), ène pètite (ene pitite : une petite), tapons
’ne dèvîse (tapans ’ne divize : bavardons ensemble), vèni (vini : venir), etc.
Le picard, dans ces derniers cas, placerait la voyelle d’appui devant le groupe conso-
nantique :
– Y-a dés gins timpe elvés (P. MAHIEU, Si t’és d’ichi, p. 10) - Ch’ést tout plein
d’ fleurs d’orache èdsu France (P. MAHIEU, Si t’és d’ichi, p. 59) - L’aveule i n’a
pos peur èds èclites (P. MAHIEU, Si t’és d’ichi, p. 64) - Min perrutcher i cache,
meume éq ch’est in boin cacheux, qu’i péroait. (R. DEBRIE, Eche pikar, p. 123)
[mon coiffeur chasse ; il paraît même que c’est un bon chasseur].

Variantes lexicales

41. Tous les mots en « cons. + i + cons. » (ou variantes de i) ne s’élident pas :
– fignèsse ne s’élide pas en CW mais bien en EW, p. ex. : li fignèsse ou li fgnèsse.
Tous les mots en « s + cons. » ne prennent pas un i épenthétique derrière consonne :
– spéciål ne devient jamais ˚sipéciål.
Voir Degrés de naturalisation, ci-dessous.

Degrés de naturalisation

42. Les dialectes qui pratiquent l’épenthétisme (EW, CW, SW) semblent peu adapter à ce
système les emprunts récents ou mots savants :
– CW : Aviè 1905, Mossieû l’ curè Pirlot a faît remplacè lès trwès vîs-autès d’ bwès
pa dès novias en mârbe, mins d’èn-ôte stîle. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. )
– EW : Li trône, sculté d’ôr à dintèles, åreût fêt l’ fôrteune d’in-impèreûr. (MITTEI,
Zanzan, p. 41) - Li pô qu’ on v’ done, prindez-l’ po grand tchwè, èt çou qu’ a
l’ mons d’ valeûr, riçûvez-l’ po ’ne gråce spéciyåle (. . .). (J. BOSLY, Îmitåcion,
p. 90) - (. . .) ènn’ a dès cis qu’ s’ont avili å pont d’ brutålizer l’s-ôtes d’ine manîre
scandaleûse po l’ consyince di l’ûmånité (. . .) (Dèclaråcion 1, préambule). - I v’fåt
dîre qu’i-n-a dès novês films (. . .) qu’on deût r’loukî avou dès bèrikes spéciåles,
divins dès såles fêtes po çoula. (Djåzans, Osté 2000, p. 2)
54 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

– SW : Francard 1994 cite par ex. spéciâl, spécifyi, spèctake, spéculer, spéculôs’,
spirale, spontané, sprin’t comme formes ne prenant pas de u épenthétique.
Par contre, il existe en OW une tendance à placer un è prosthétique dans ces mots.
L’OW naturalise assez souvent les mots calqués ou empruntés, alors que les autres
dialectes (voyelle épenthétique) naturalisent peu. Ex. lit. :
– OW : Nos trwès soçons boutenut deur, mins l’èstudio cominche à awè bèle ér. (J.
GOFFART, Coquia, p. 20) - Vènèz, dji vos fé goûter l’èspécialité dè l’ maujo... (J.
GOFFART, Coquia, p. 13).
Contre-ex. lit. :
– OW : C’èst nén pou ça, mins l’ djoû qu’on-âra ène stâr come Jean Lefèbvre (. . .)
lès pouyes âront dès dints ! (J. GOFFART, Coquia, p. 12).
Cependant, on constate que certains jeunes auteurs néo-locuteurs ont tendance à réa-
liser cette épenthèse, sans faire des différence entre les mots naturalisés ou non. Ex.
lit. :
– Nos evoyeyes sipeciåles ont stî fé des soçnaedjes omossecsuwels èy ele rivegn-
nut po vs disweler des afwaires a vs fé tronner. (N. & G. STAELENS, Gabriyel
éyet Gabriyel, p. 55)

Autres mots élidables

43. a) Préfixe ki- ∼ co- (∼ cu-) : il s’agit de trois formes du même préfixe avec une
voyelle instable différente selon les régions : ki- en EW et cu- en SW : kitaper (EW)
(∼ cutaper en SW, malm., verv.) → dji ctape. L’équivalent de ce préfixe en CW, une
partie de l’OW et de SW est co-, cotaper (CW), mais ce dernier ne s’élide que dans de
rares mots : èle comince (elle commence) → dji cmince (je commence) ; aler a cfèsse
(aller à la confesse).
Dans la plupart des cas, en CW, il n’y pas élision : dji cotape (je secoue), i comache (il
mélange).
Dans la majeure partie de l’OW, ce préfixe a la forme cou- et ne s’élide jamais : djè
coumache (je mélange), djè coumèle (j’emmêle), djè couminche (je commence). Voir
aussi p. 292.
b) Mots ayant un è dans la forme pleine. Quelques exemples :
– les : dji voe ls efants (je vois les enfants) ou dji voe les efants
– dedja : i tchafeye dedja (il bavarde déjà) mais i scrît ddja (il écrit déjà)
– ele : ele tchante (elle chante) mais cwand ’le tchante (quand elle chante)
– dezîr : nosse dezîr (notre désir) mais on dzîr (un désir)
c) On peut également élider le o de poleur (∼ polu : pouvoir) et de voleur (∼ volu :
vouloir) (en CW et OW) :
– dji poleu conter sor lu ou dji pleu conter sor lu (je pouvais compter sur lui) ; i
volint tertos nd aler ou i vlint tertos nd aler (ils voulaient tous partir)
d) Enfin, le o à l’intérieur de vos (pronom objet indirect) peut également s’élider.
– dji vs el di (je vous le dis).
La forme pleine est vis en EW et vos ailleurs :
2.3. ASPECTS PARTICULIERS : VOCALISME 55

– èle vis a d’ cès ouys ! (elle vous a de ces yeux !)


e) Tous les pronoms personnels sujets peuvent également s’élider (p. 115).
f) L’adverbe pronominal endè (ènnè ∼ dè : en) s’élide également (p. 122).
g) Le préfixe di- ou du- (EW) est normalement élidé : dihinde → dji dhind (je des-
cends). Cependant, dans de nombreux cas, seul l’EW à un préfixe di- (cohabitant avec
dis-) alors que les autres parlers ont un dis- ∼ dès- ∼ dus- non élidable : disteler (∼
dèstèler ∼ dustèler ∼ d(i)tèler ∼ dutèler : dételer), disterer (∼ dèstèrer ∼ dustèrer ∼
d(i)tèrer ∼ dutèrer : déterrer), distoûrner (∼ dèstoûrner sim dustoûrner ∼ d(i)toûrner
∼ dutoûrner : détourner) , etc.

Élision des clitiques


Monosyllabes grammaticaux

44. L’apostrophe est utilisée pour marquer l’élision d’un monosyllabe grammatical (dji, ti,
li, si, ki, etc.) devant voyelle :
– dji vén (je viens) → dj’ avén (j’arrive) ; ti prinds (tu prends) → t’ aprinds (tu
apprends) ; c’ est l’ oûjhea ki vole (c’est l’oiseau qui vole) → c’ est l’ oûjhea
k’ evole (c’est l’oiseau qui s’envole)
Devant consonnes, les usages sont variés. Il est possible, dans le système de trans-
cription Feller, de calquer systématiquement toutes les élisions de la langue parlée.
L’élision est toutefois un phénomène proprement oral et éminemment variable d’une
personne à l’autre, d’une région à l’autre, d’une phrase à l’autre, d’un débit de phrase
à l’autre. chacun de juger de ce qui est compréhensible et élégant...
On pourra écrire alternativement :
– dji boe d’ l’ aiwe ou dji boe di l’ aiwe (je bois de l’eau) ; cwand ele voet ene sakî
ki l’ ahåye ou cwand ’le voet ’ne sakî k’ l’ ahåye. . . (quand elle voit quelqu’un
qui lui plaît. . .)
Les élisions peuvent être variables. Supposons la phrase française :
– Je me le demande.
Selon les lecteurs, elle sera prononcée
– je m’ le d’mande ou j’ me l’ demande,
mais chacun écrira de la même manière. De même, la phrase wallonne
– i fåt ki dji vinxhe (il faut que je vienne)
peut être prononcée, suivant les locuteurs et les régions,
– i fåt k’ dji vinxhe ou i fåt ki dj’ vinxhe.
Certains auteurs conseillent de noter dans l’écriture toutes les élisions potentielles.
Même sans tenir compte du fait que la langue écrite se doit de noter des choses dif-
férentes de la langue orale (elle se doit d’évoquer des formes, et non de copier le flux
insaisissable de la phonétique), l’écoute d’interviews enregistrées montre que les locu-
teurs sont loin de réaliser en discours toutes les élisions potentielles. Enfin, l’expérience
pédagogique avec les enfants ou des adultes apprenant le wallon montre que les élèves
ont beaucoup de mal, à la lecture, à décoder de trop nombreuses élisions. Du reste,
56 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

de nombreux auteurs évitent de noter systématiquement les élisions afin d’améliorer la


lisibilité. Ex. lit. :
– CW : One vîye tchawète, qui stitche todi s’ nèz èwoù qu’on tchin ni mètreut nin
s’ quèwe. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - (. . .) veus’ qui l’ toûrnéye qui vint,
ci sereut li côp qui bouche ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - Quand il a yeû
scafyi si prumîre trintche, il a longtimps massyi èt r’massyi si dérène goléye. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 17) - Iût djoû après, èle fieut li pus bia gadot dau
monde. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 23) - I n’aureut nin falu rimète d’è causè
tot d’ swîte. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 24) - Èt r’causè di nosse djon.ne timps.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25) - Di ç’ sôte di djins-là, dj’avans conu l’ dérin à
Han divant l’ guêre. (A. HENIN, Scrîre, p. 104) - (. . .) i n’ sét nin qui nosse walon
d’asteûre èt l’ latin di d’ dins l’ timps sôt’nut do min.me tonia ! (J. PIRSON, Scrîre,
p. 179) - Abruticus’ !, di-st-i à on vî centurion qui rûjeûve si coutia dissu l’ rûwe
dol tchèrète (. . .). (J. PIRSON, Scrîre, p. 180)
– EW : (. . .) qwand i n’ lêt nin sor lèy di qwè lî mète li feû divins lès vonnes. (G.
FONTAINE, Scrîre, p. 84) - I n’ fåt nin qui cès bôrias-là gågnèche li guêre ! (R.
PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185) - (. . .) por zèls, lès djotes èt lès rôzîs ni s’ont wêre
mostré midones. (J. RODE, Scrîre, p. 189) - (. . .) dji n’ vèyéve pus qu’on bokèt
d’ pègnon, avou li p’tite finièsse dè teût di neûrès panes (. . .). (R. VAN DAMME,
Scrîre, p. 216) - C’èsteût çoula qui dji cwitéve tot r’prindant m’ vôye (. . .). (R.
VAN DAMME, Scrîre, p. 216) - On pô sôs di tant d’êr, di tant d’ sinteûrs, di tant
d’ plèce ! (J. WARNIER, Scrîre, p. 224) - Èt a ’n-oûhê, vos-avez dèdja djåzé a
’n-oûhê ? (J. WARNIER, Scrîre, p. 226)
– OW : Quand m’ toûr vénra, pourvu qui dji n’ piède nén l’ tièsse èt qui dji m’ sou-
vène, avant d’ rider dins lès vîyès foûyes, du timps qu’ dj’èsteu co gamin èt qui
dji m’ fèyeu rider, a plène dè volume, du d’zeûs du tèri d’Apauméye (. . .). (B.
GENAUX, Scrîre, p. 87)
– RW : C’ est li grosse måjhone k’ a skepyî e 2003 cwand Interbrew a ratchté li
bresseu braezilî AmBev. (L. MAHIN, Rantoele n˚36, p. 4)

Opposition de longueur

45. Il arrive assez souvent que des mots ne se distinguent que par la longueur et le timbre
de la voyelle qu’ils contiennent ; il faut donc noter cette longueur :
– /E/ 6= /E :/ : kesse (question) 6= caisse (caisse)
– /O/ 6= /O :/ : i l’ hosse (il le balance) 6= i l’ hôsse (il le hausse)
– /u/ 6= /u :/ : mousse ! (entre !) 6= Moûze (la Meuse)
– /i/ 6= /i :/ : mi (moi) 6= mî (mieux)
– /y/ 6= /y :/ : lu (lui) 6= lût (luit)
De nombreuses oppositions ne sont telles que dans une aire dialectale particulière :
– /a/ 6= /a :/ : passe (passe) 6= pâsse (pâte) en SW ; mais passe et påsse en EW ou
passe et pausse en CW.
– /y/ 6= /y :/ : cu (cul) 6= cût (cuit) en CW, OW et SW ; mais cou et cût en EW.
– /i/ 6= /i :/ : soris (souris) 6= sorît (sourit) en CW ; mais soris et sorèye en EW.
2.4. ASPECTS PARTICULIERS : CONSONANTISME 57

Il arrive souvent que, d’un dialecte à l’autre, des mots ne diffèrent que par la longueur
d’une voyelle : vôye ∼ voye (route), brût ∼ brut (bruit), oûy ∼ ouy (œil), rade ∼ râde
(vite), traze ∼ trâze (treize), gayole ∼ gayôle (cage), fwart ∼ fwârt (fort), etc.
En orthographe normalisée, les règles suivantes sont observées :
– L’accent circonflexe n’est pas noté pour les voyelles prononcées longues sur les
voyelles i, ou et u quand elles précèdent les consonnes sonores (douce) b, d, g,
dj, jh, v ou z et les consonnes r et y. Ex. : Lidje (Liège), shijhe (veillée), ni nén
mouvter (se taire), livreye (librairie), uzance (usage, coutume), Urope (Europe),
guiye (quille).
– L’accent circonflexe n’est pas noté pour les voyelles prononcées longues sur la
voyelle e quand elle précède les consonnes sonores (douces) b, d, g, dj, jh, v ou z
et la consonne r. Mais elle est notée devant un y. Ex. : zebe (zèbre), guere (guerre)
mais tchantêye (chantée).
– Enfin, l’accent circonflexe ne sera pas noté sur la voyelle o, seulement s’il précède
la consonne y. Dans tous les autres cas il est noté. Ex. : voye (route), soye (scie)
mais môde (mode), côde (code). Il existe cependant des séquences -oy- qui se
prononcent courte. Voir paragraphe consacré au o p. 42.
– Dans de nombreux cas la longueur des voyelles varient d’un accent à l’autre, les
noter sans accent circonflexe facilite donc l’écriture. Ex. : brut (brût ∼ brut), ouy
(oûy ∼ ouy), rade (rade ∼ râde), traze (trâze ∼ traze), gayole (gayôle ∼ gayole).

Nasalisation et dénasalisation
46. Il existe, un peu partout en Wallonie, une hésitation entre dénasalisation et nasalisation
de tous les types de voyelles. Il est parfois difficile de savoir quelle forme a précédé
l’autre. En cas d’hésitation, ce sont les formes apparemment les plus courantes qui sont
utilisées dans les exemples comme formes de référence.
Ex. de dénasalisation : bén > bé (bien) ; djambe > djâbe (jambe), i vénrè > i vêrè (il
viendra), etc.
Ex. de nasalisation : crême > crinme (crème) ; mâ nèt > mannet (malpropre ; la pre-
mière forme est arch.) ; rôze > rôn ze(rose), etc.

2.4 Aspects particuliers : consonantisme


Consonnes doubles
47. Les consonnes ne sont écrites deux fois que si elles se prononcent réellement allongées,
ce qui est très rare.
Donc on a : ome (homme), soner (∼ souner) (sonner).
Mais : elle a (elle a), dji tirrè (je tirerai), ciddé (ici).
Dans des mots comme dissu (dessus) ou djonne (jeune), une seule consonne est pro-
noncée, respectivement s et n. Voir onn, inn (p. 44, 40).
Pour les cas ou deux s doivent réellement être prononcés [ss] (p. ex. dissotler, dis-
siervi), voir Désambiguïsation des digraphes, p. 70.
58 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

Assourdissement des consonnes en finale


48. Les consonnes sonores (b, d, g, dj, z) sont toujours assourdies en finale, c.-à-d. pronon-
cées comme p, t, k, tch, s respectivement :
– båbe [bO :p] ou [bo :p] ou [ba :p] (barbe)
– gade [gat] (chèvre)
– figue [fi :k] (figue)
– rodje [öOÙ] (rouge) se prononce comme rotche (roche)
– dji tuze [ty :s] (je réfléchi)
La même logique s’applique à la réalisation j du graphème jh qui sera prononcée ch en
finale. Dans le domaine où elle est réalisée h elle sera tantôt prononcée h (ou [ç]/[X]),
tantôt s (principalement dans le suffixe -ijhe) :
– ceréjhe [sEöe :S] ou [sEöe :h] (cerise)
– rujhe [öy :S] ou [öy :s] (ennui)
– eglijhe [Egli :S] ou [Egli :s] (église)
Exceptions :
a) Certaines consonnes sont assourdies en position non finale, par assimilation régres-
sive (p. 59) ou devant le morphème -ès des épithètes féminines plurielles antéposées
(p. 83).
b) Dans certains parlers (EW uniquement), le -s final d’un adjectif devient [z] devant
un nom commençant par une voyelle :
– ine cråsse eûrêye ou cråze eûrêye (un bon repas) ; ine grosse arègne ou groze
arègne (une grosse araignée).
Le même phénomène peut se produire devant le morphème -ès des épithètes féminines
plurielles antéposées (p. 83).
c) Normalement, le trait phonétique d’assourdissement des consonnes sonores n’est
pas noté. Toutefois, dans certaines variantes du système de transcription Feller, le s
final est écrit « -se » par analogie avec le français : ène rôse (pour ene rôze, une rose),
Moûse (pour Mouze, la Meuse), dji tûse (pour dji tuze, je réfléchis).

Simplification des groupes consonantiques en finale


49. Les Wallons simplifient systématiquement les groupes consonantiques complexes en
finale. C’est ainsi que les mots ressemblant au français ou empruntés au français sont
souvent simplifiés à la finale :
– bate (battre), pilasse (pilastre), sôcialisse (socialisme ou socialiste), etc.
Ceci a d’importantes conséquences pour la morphologie des verbes régulièrement irré-
guliers (p. 193).

Aspects phonétiques des adjectifs féminins pluriel antéposés


50. Comme dans toutes les autres langues d’oïl, l’accent tombe en wallon sur la dernière
syllabe ; il est à peine sensible et porte d’ailleurs plutôt sur les groupes de mots.
Il existe toutefois un cas où l’accent tombe sur l’avant-dernière syllabe : quand les
épithètes féminines plurielles antéposées prennent la finale -ès (voir L’Adjectif, p. 83) :
2.4. ASPECTS PARTICULIERS : CONSONANTISME 59

– des rotchès vweteures [dE "öOÙE vwE"tø :ö] (des voitures rouges) ; des belès lonkès
droetès vôyes [dE "bElE "lÕkE "döø :tE vo :j].
Ce déplacement d’accent fait que la consonne sonore est prononcée sourde, comme si
elle se trouvait en finale. Dans le système de transcr. Feller, cet assourdissement est
noté : rotchès, lonkès. En orthographe normalisée, celui-ci n’est pas noté. Ex. lit. :
– RW : Neni : des longuès fenès eurêyes avou des påstés, des polets, des rostis,
des spésreyes, des véns tchoezis. . . (L. HENDSCHEL, So l’ anuti, p. 115) [et non
lonkès]
– EW : Nosse mèrite (. . .) ni s’ troûve nin d’vins ’ne masse di doûceûrs èt d’ djôyes,
mins bin pus vite divins lès grantès ponnes èt lès grantès troûblåcions qu’ nos
d’vans supwèrter. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 99) - (. . .) èt l’ bande prinda s’ coûse
èt po lès såvatchès pindêyes èle si tapa è lac (. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 115)
– OW : Dins l’avant-coûr, li long dou mur, i gn’a chîs grantès djusses. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 58)
Exception : dans une partie de l’EW, les adjectifs en -s et -t sonorisent ces consonnes
en cas d’adjonction de -ès : 7
– dès grossès gotes (OW, CW, SW) ∼ dès grozès gotes (EW, fam.) (de grosses
gouttes).

Les assimilations
Quelques types d’assimilation

51. Ne sont signalés ici que les cas d’assimilation les plus clairs, les plus courants et parfois
notés dans les formes écrites. Un phénomène d’assimilation a lieu notamment dans les
cas suivants :
a) Une fois élidés, les mots de type tch(i)vå (cheval), tch(i)vea (cheveux), tch(i)veye
(cheville), tch(i)vuron (chevron), tch(i)volî (chevalier), tch(i)vene (chevesne) peuvent
être prononcés de deux manières : avec des consonnes sonores en EW (assimilation ré-
gressive) ou avec des consonnes sourdes en CW, SW et OW (assimilation progressive).
– on / in tchfau (CW, OW), on tchfâ / tchfau (SW) ∼ on djvå (EW) ; on / in tchfia
(CW, OW), on tchfè (SW) ∼ on djvè (EW)
Cette assimilation est le plus souvent écrite dans la littérature mais ne l’est pas dans les
formes de références utilisées ici : on noer tchivå, on blanc tchvå ; si tchveye n’ est nén
’ne grosse tchiveye.
b) Un autre cas où se produit une assimilation régressive est celui des mots commen-
çant par si- (∼ su-) + cons. sonore ou par un préfixe ki-/co- (∼ cu-) + consonne sonore
dans certains parlers de SW et EW. Si la forme est élidée, le s a tendance à se sonoriser
en [z] et le c a tendance à se sonoriser en [g]. Certains écrivains (p. ex. Calozet) notent
ces assimilations.
– s(i)barer (étonner, effrayer) → dji sbare [zb], qui s’écrit rarement dji zbare ;
s(i)blari (blêmir) → elle est sblareye [zb], qui s’écrit rarement èlle èst zblarîye ;
7. ALW II, 11 : qualificatif féminin pluriel devant le nom.
60 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

s(i)goter (s’égoutter) → ça sgote [zb], qui s’écrit rarement ça zgote ; k(i)dure


(conduire) → dji cdû [gd], qui s’écrit rarement dji gdû.
Le même phénomène se produit, p. ex., dans les dérivés du mot sgur [zg] (d’aplomb,
affermi), forme élidée de s(i)gur : d’ asgur [zg] (stable, d’aplomb), asguri [zg] (stabi-
liser, affermir, consolider), rasguri [zg] (raffermir, renforcer), etc.
c) Les mots commençant par dis-, ras- suivis d’une consonne sonore, sont également
assimilés en [diz] et [öaz] dans la prononciation :
– disbaler (déballer) [dIzbale], rasgoter (vider jusqu’à la dernière goutte) [öazgOte].
d) Certaines finales de radicaux suivies des suffixes -ter (verbes), -mint (adverbes),
-nut (verbes conjugués en CW et OW). La dernière consonne du radical, étymologi-
quement sonore, est assourdie :
– havter (accrocher, de havet, crochet) [(h)afte], nivter (neiger légèrement, de nive,
neige) [ni :fte].
e) Même phénomène avec les adverbes en -bmint, -djmint, -dmint, -gmint, -vmint :
– dobmint (doublement) [dOpmẼ] ; såvadjmint (sauvagement) [sO :vaÙmẼ] ; tchôd-
mint (chaudement) [Ùo :tmẼ] ; nayivmint (naïvement) [najifmẼ].
Exception : les adverbes en -zmint ne sont pas touchés par l’assimilation : coraedjeuz-
mint (courageusement) [kOöEdZøzmẼ].
f) Même phénomène dans certains mots simples :
– abcès [apsE], medcén [mEtsẼ] ∼ [mEtse], subtil [sYptIl], etc.
g) Dans les séquences d + consonne nasale, le d est nasalisé en n :
– admete [anmEt] (admettre), etindmint [EtẼnmẼ] (entendement), fondmint [fÕnmẼ]
(fondement), ridmander [öInmãde] (redemander), c’ est po dner [sEpOnne] (c’est
pour donner), c’ est dmwin [sEnmwẼ] (c’est demain), etc.
h) Séquence v + consonne nasale (dans certaines régions de EW seulement) :
– il a vnou [mnu] (il est venu) ; i fåt vni [mnI] (il faut venir).
i) Les séquences [tj] et [dj] + voyelle tendent à se prononcer comme les affriquées [Ù]
et [dZ] :
– diale > djâle (diable) ; tiesse > tchèsse (tête) ; vos rnetyîz > vos rnètchîz (vous
nettoyez).
Ex. lit. :
– EW : Adon, l’ djâle lî dêrit [sic, = dèrit] (. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 94)
– OW : Mon Djeu Dolfine (. . .) (Ch. TOMBEUR, Ch’napans, p. 26)
j) Les séquences [tS] + voyelle et [dZ] + voyelle dues à une élision tendent à produire un
[Ù] ou un [dZ] géminés. Le cas le plus fréquent est dans l’élision de certaines formes du
verbe dire : nos dijhans, une fois élidé, devient nos ddjans ([nOddZã]), le plus souvent
écrit tel quel (ou avec apostrophe : nos d’djans). Ce genre d’assimilation n’est possible
qu’en CW, EW et SW (puisque [S] et [Z] équivalent à [h] dans le système phonologique
de l’EW).
Le même phénomène se produit en cas d’élision du préfixe d(is)- devant un monème
commençant pas [S] : dischås > a pîd dschås, qui donne a pîds d’tchaus (pieds nus)
en CW.
2.5. JOINTURE DES MOTS 61

C’est encore le même phénomène qui transforme tot d’ chûte en tot d’ tchûte (tout de
suite) (OW).
Rem. : une des formes nam. du verbe dischinde est distchinde, ce qui s’explique par
la forme dichinde qui, une fois élidée, donne i d’chind. Intervient alors le phénomène
expliqué ci-dessus, qui donne i d’tchind. Une nouvelle forme d’infinitif est alors re-
construite à partir de cette forme assimilée : dis-tchinde.
k) Sporadiquement, surtout en EW et OW, [sj] > [S] et [zj] > [Z], comme dans : cial
(arch.) > chal (ici) ; assiete > achète (assiette), atincion > atinchon (attention), pour-
cea > pourcha (cochon), pluzieurs > plujeûrs (plusieurs), troejhinme > trwèzinme,
etc.

Quand noter ces assimilations ?

52. Les formes de références utilisées ici ne notent aucune de ces assimilations afin de ne
pas atteindre la racine du mot, qui reste donc plus facile à reconnaître, plus facile à
décoder par le lecteur malgré les contextes variés. Ces assimilations peuvent d’ailleurs
connaître des degrés différents selon les régions, les locuteurs, etc.
En règle générale, les écrivains ne notent que le premier de ces phénomènes d’assimi-
lation (a) : li tch’fau et li dj’vå, etc. Le deuxième (b) est beaucoup plus rarement noté :
zbarer. Le cas (i) est noté dans Francard 1994 et par certains écrivains. Le cas (j) est en
général noté.
Enfin, en EW uniquement, les écrivains ont tendance à noter les phénomènes (g) : il
a-st-an’mètou qu’aveût n’mandé po nner çoula.
Toujours en EW, les formes m’ni (∼ vni) et m’nou (∼ vnou) sont fréquentes .
Les autres assimilations ne sont jamais notées.
Cependant, certains mots n’apparaissent que rarement voire jamais sous leur forme
pleine mais quasiment toujours sous leur forme élidée et assimilée. Il s’agit p. ex. des
mots :
– on gngno, de dj(i)no (genou) ; des gngnesses, de dj(i)niesses (des genêts) ; Gn-
gnape, de Dj(i)nape (commune de Genappe) ; Gngnefe, de Dj(i)nefe (deux com-
munes de Jeneffe).

2.5 Jointure des mots


Les liaisons
53. Dans le système de transcription Feller, il est possible d’utiliser systématiquement le
trait d’union pour noter toutes les liaisons de la chaîne parlée :
– lès-ôtes-èfants (les autres enfants) ; dès-adawiantès-afêres (des choses séduisantes).
Certains auteurs évitent de recourir systématiquement aux traits d’union de liaison,
alors que d’autres recommandent leur utilisation dans tous les cas.
Ex. lit. :
62 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

– OW : L’œuvre de Willy BAL Fauves dèl Tâye-aus-Fréjes èt Contes dou Tiène-al-


Bîje évite toutes les liaisons entre articles pluriels et mots commençant par une
voyelle. Le texte s’en trouve visuellement très allégé.
– CW : dans Su lès tiènes (traduction wallonne de Colline, de Jean GIONO), l’écri-
vain Émile GILLIARD dit renoncer à utiliser ce type de liaison après on (p. 143).
– EW : Jean BOSLY, dans son Îmitåcion d’ Jèzu-Cris (traduction wallonne de De
Imitatione Christi, Thomas A. KEMPIS) évite les liaisons après déterminants plu-
riels, p. ex. : Ç’èst lu qui qwirrè tot çou qu’ i v’ fåt, qui v’ donrè à pont totes vos
ahèsses, di téle manîre qui v’ n’ årez pus dandjî d’ rawårder l’ sécoûrs dès omes.
(J. BOSLY, Îmitåcion, p. 68) [normalement : vos-ahèsses, dès-omes]
– SW : Joël THIRY, utilisant un certain nombre de rèlges de l’orthographe normali-
sée tout en notant l’accent en système de transcr. Feller, évite de noter la plupart
des liaisons, sauf en cas de comblement d’un hiatus, p. ex. : Éle sèpéve k’ i lî fôreût
dîj a doze eûres po-z-arivè a dèstinâcion (J. THIRY, Doze fèmes, p. 23).
Dans cette grammaire, les formes de références n’utilisent pas le trait d’union pour
marquer une liaison : le lecteur n’hésitera jamais à prononcer lès-èfants en lisant les
efants (les enfants), forme visuellement plus légère. Ex. lit. :
– RW : C’ est èn alaedje, la, ça. (L. MAHIN, Eviè Nonne, p. 129) [plutôt que
C’ e-st-èn-alaedje].
Dans certains cas, les liaisons ne se font pas dans toutes les régions dans les mêmes
contextes. Il est donc préférable de ne pas les noter systématiquement. Voici quelques
cas de liaisons remarquables, en ce sens que d’autres régions ou d’autres auteurs ne les
feraient pas.
Ex. lit. :
– EW : Aloz-à l’ police. (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) - Â k’mince, i li ènn’ èsteût
du n’ pus-èsse à l’êr (. . .). (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) - Èt Marie s’assîd è
s’ fauteûy, après-aveûr tchèv’né è s’ feû èt d’pleûtî l’ cwène dèl nape, tot passant.
(A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204) - Oûy, adon qu’ çoula d’vreût-èsse li påye (. . .)
vo-l’-la co pûni. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224) - Qwant-èle si dispièrta (. . .), li
djonne ome èsteût-st-èvôye po todi (. . .). (J.-M. WARNIER, Scrîre, p. 227)
– OW : Qwè ç’ qui vos v’lez fé dins-in trin ? (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76)
- (. . .) pou lès mames (. . .), èles-èstît-st-a dalâdje dispû l’éreû. (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 76) - (. . .) is-ont l’vè l’ dache, sins-ène mastoke, avou ’n’ adrèsse
su leûs fameûs papîs. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77)
– SW : Quand-i s’ lès lâve ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34) - Vos p’lèz-a pârlè ! (Ch.
BENTZ, Coradje, p. 94)

Le hiatus et son comblement


54. Les hiatus qui pourraient apparaître dans la chaîne parlée sont souvent comblés à l’aide
de nombreuses lettres de liaison d’origine étymologique ou analogique, entre les mots
comme à l’intérieur de ceux-ci.
Dans la littérature, elles sont généralement encadrées de traits d’union (on-z-a) (parfois
aussi, elles apparaissent suivies d’un trait d’union on z-a, ou encore détachée : on z
2.5. JOINTURE DES MOTS 63

a). Ici, dans les formes de référence, ces lettres de liaisons sont précédées d’un trait
d’union : on-z a.

55. a) La préposition po devient po-z devant les verbes commençant par une voyelle 8 et
les adverbes pronominaux î (y) et è (en) (liaison obligatoire).
Ex. lit. de po + z + verbe commençant par une voyelle :
– EW : Lu priyerèsse (. . .) su fafiya inte lès djins po-z-ariver dusqu’â mwart. (J.-M.
MASSET, Contes, p. 21) - (. . .) zèls ont dès vûdès potches, èt nole çans’ po-z-
atch’ter. (G. FONTAINE, Billets, p. 49) - (. . .) Zanzan, tot djinné asteûre qu’i
n’ saveût k’mint djåzer à on rwè, åreût d’né gros po-z-èsse à cint mèye pîds èrî
d’ là. (MITTEI, Zanzan, p. 7)
– OW : Bén seûr, Mirna aveut chût bagâdje pou-z-aler mon l’Émîr Abdoul Ben
Saya. . . (J. GOFFART, Coquia, p. 10) - (. . .) on r’tireut lès bos pou l’ lèd’mwin
pou-z-awè èn-ouvrî di gnût qu’ nos d’jîs (. . .). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988,
p. 47)
– CW : Vola pouqwè i faut ièsse coradjeûs pou-z-ètèrprinde ène saqwè d’ novia
(. . .). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 11) - Maman, èle èstot todë po bouter tchêr
’mettre : payer cher’ po-z-oyë l’ boune calëté, po-z-oyë dès bounès lokes, pace
quë ça dëréve pus longtimps. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 12).
– RW : Mins avou des baobabs, c’ est tos djeus po-z avu on måleur. (L. HEND-
SCHEL, Li Ptit Prince, p. 18)
b) La préposition pa devient pa-z devant les verbes commençant par une voyelle. Ex.
lit. :
– OW : I finit pa-z-ariver dins ène vile què lî plaîjeut bé. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 61)
– RW : (. . .) ca on finit tofer pa-z esse rapåjhté (. . .) (L. HENDSCHEL, Li Ptit
Prince, p. 83)
c) Les adverbes pronominaux î (∼ i) et è (∼ a, in) sont souvent précédés d’un z après
une voyelle :
Ex. lit. de z + î :
– EW : (. . .) mès tot-z-i pinsant bin, il avéve todi èspèré l’ rèscontrer â toûrnant
d’one cwane du rou (. . .) (J.-M. MASSET, Contes, p. 19) - (. . .) ine vôye rimplèye
d’atrapes qui ratinrît l’ome assez randah po-z-î hèrer s’ narène. . . (MITTEI, Zan-
zan, p. 10)
– SW : (. . .) come i-gn-a lon po z-î arivè ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 38)
– RW : Mins dj’ inmreu esse la si jamwais dji såreu diner on côp d’ espale, sins
trop-z î stitchî mes doegts. (N. & G. STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 28).
Ex. lit. de z + è.
– SW : Qué chance s’i p’lot z-è tumè tote nêt ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 20) -
Adon i pôrè z-è ralè coûtchè (. . .). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 22) - On va co-z-a
fè dès tralalas ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34) - Nè dit-on nin qu’ dins l’ timps,
8. ALW II, 74 (« pour »).
64 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

quand-il alét ôs vèjins d’mandè dès-omes po bate, qu’i n’ nalét jamês z-a kî què
l’ vinr’di ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34)
– CW : Èt ça chone si bon do-z-è rawè onk à l’ mwin. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 15) - Lès minâbes djoûs qu’i n’ lauke nin do ploûre, èt chwache, èt broûs, èt
godis’, èt-z-è r’naudè jusqu’après non.ne (. . .). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
- Oyi, ô, vos ! po-z-è fè l’ fin. Non.na savoz. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19)
- Is s’ont batu avou lès-oûrs’ èt z-è v’nu à coron, r’nièti l’ grote èt z-î baguè
avou leûs djins. (A. HENIN, Scrîre, p. 104) - (. . .) dji m’a dit qui dj’aveûs [sic]
mètu l’ mwin su lès mémwêres d’on soçon da Césâr qu’aurè rovyi do-z-èralè dé
s’ feume. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
– OW : Lès-inwîyes, èles vènît s’ piède dins lès wôtès-yèbes èy’ adon, gn-aveut pus
qu’a s’ bachî pou-z-è rimpli dès banses (. . .). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77)
- Li Bon Dieu lès-aveut mètu dins n-in djardin à n’nén z-è vèy li d’bout (. . .). (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 15)
– RW : D’ alieur, on n’ a pont d’ mousmints, èy ons årè do må a-z è trover ouy.
(N. & G. STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 105)
d) z + è après un impératif :
– CW : Aboute-z-è, Pôl, n’î va nin r’ssatchant (. . .). (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12)
– RW : (. . .) va-z e vey pa ké sint. (L. MAHIN, Eviè Nonne, p. 129)
e) La préposition a (à) peut être suivie d’un z devant un verbe commençant par une
voyelle.
Ex. lit. de la prép. a + z + verbe commençant par une voy.
– SW : To n’as qu’à z-astokè tès wazons avou ç’ pîre-là, tin (. . .). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 19) - V’ m’éz apris a soufri a s’ tâjant (. . .), a z-èsse binâje avu pök,
a in.mè s’ mustiè. (P. JEAN, Causans, p. 11) - I d’jot qu’il ariv’rot bin a lèver les
botes èt a z-èsse ôs satch. (N. ALEXANDRE, Causans, p. 17)
– EW : Èt il a ’nn’ alé, èt il a parvinou a-z-ariver è l’Anglètère. (R. PRIGNEAUX,
Scrîre, p. 185) - Il èst si bon qu’on ’nnè beûreût à-z-atraper l’ hikète. (MITTEI,
Zanzan, p. 29)
– CW : N-a dès tatches quë c’èst malôjë ’difficile’ à-z-oyë djës (ou fou), à royë ’ra-
voir’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 71) - Ène saqui qui rèyunit cès deûs condicions-
là pout bin s’ mète tot d’ tchûte à-z-aprinde à lîre èt à s’crîre nosse bia walon. (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10)
– RW : Mins il a do må a-z awè on côp d’ sipale des otorités. (J. CAYRON, Li
Rantoele n˚57, p. 7)
f) Dans certaines régions, après le pronom sujet on (on), la lettre z n’est plus utilisée :
on a seû (parfois écrit on.n-a seû ou on-n-a seû).
Pour des exemples, voir p. 115, à la section consacrée aux pronoms sujets.
g) La lettre de liaison z s’utilise devant les adverbes pronominaux î et è après des
pronoms objets postposés ou un r indiquant une répétition :
– lê m’ z-è (laisse-m’en) ; alez rz-î (retournez-y).
h) La lettre de liaison z s’utilise aussi entre le déterminant possessif singulier leu (leur)
et un mot commençant par une voyelle. Ex. lit. :
2.5. JOINTURE DES MOTS 65

– EW : Dès canotes èt dès colons prindèt leû-z-ènondêye... (J.-D. BOUSSART,


Limes, p. 23) - (. . .) sins rin fé d’ôte qui d’aler treûs fèyes li djoû, qwèri leû-z-
amagnî al cantine (. . .). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
– RW : S’ i sont bén ramonés, les volcans broûlèt a leu-z åjhe, sins hikets, i
n’ petèt nén. (L. HENDSCHEL, Li Ptit Prince, p. 31)
i) En malm., la lettre de liaison z s’utilise aussi entre le pronom personnel sujet i (il)
et l’adverbe pronominal î (∼ i) (y). Ex. lit. :
– EW : I-z-i pinséve tot l’ long do djoûr. (J.-M. MASSET, Contes, p. 14)
j) La lettre de liaison z s’utilise aussi avec des chiffres (p. 153).
k) Ex. lit. d’un z de liaison dans d’autres contextes :
– SW : (. . .) ca c’èst bin lon volà qu’i faut z-alè r’hapè l’êwe. (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 22) - Comint z-avèr li tins long avou l’ovradje qu’i-gn-avot ? (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 80) - (. . .) i batèt leû copine a fumant èt a z-afouwant lès cis
qu’intrèt. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 25) - A z-intrant a gôtche, ç’astét l’ cafè.
(G. MOUZON, Causans, p. 33) - P’tit z-à p’tit, on-z-a fait copinè l’ lodjeû (. . .).
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 89)
– EW : (. . .) et [sic, = èt] vos n’ divez nin esse trop z anoyeûs s’ i v’ fêt d’ tins-in tins
dè l’ ponne (. . .). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 68) - Il a r’vièrsé lès grands dju d’ leû
trône èt-z-a-t-i èlèvé lès p’tits. (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 83) - Qwè-z-èst-ce
po ’ne parole ? (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 97) - (. . .) lès-omes sèront lîbes
dè djåser èt dè creûre, tot-z-èstant d’halés dè-l’sogne èt dè-l’mizére ; (Dèclaråcion
2, Préambule)
– OW : Djè lyî z’é d’né ène boutèye dè sirop (. . .) ça li-z a fé du bén (. . .). (Ch.
TOMBEUR, Ch’napans, p. 9)
– CW : Si nos v’lans mougnî dè l’ bone tchau d’ pourcia, i faureûve z-è fer d’ pus
dins lès cinses, avou nos tradicions d’ aclèvadje. (Chwès, Libramont, p. 9) - Ça
n’a nén manqué, il a fini pa s’ fé calindjî po z-outrâdjes ausès bounès meurses. (J.
SCHOOVAERTS, Rabulèts)

56. a) Une liaison avec r est surtout entendue en CW, OW et SW avec co, pa, so (∼
su) et po (∼ pou) précédant un mot commençant par une voyelle (liaison facultative)
ou un pronom personnel. Voir la section Emplois des prépositions (p. 220), pour des
exemples de par, por (∼ pour) dissur, dizeûr, sor (∼ sur), etc.
Ex. lit. de cor :
– CW : D’au lon, is lî fyint cor one lintanîye (. . .). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 11)
- S’is n’ ridjètenut nin cor après ç’ daye-ci, c’èst qu’is sont rèvolès po d’ bon. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - I l’ ristrime cor afîye, po Pauque ou à l’ Pinte-
cosse. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19) - Èt cor on-ôte, qui fiot do plonjeû avou
totes sôtes d’ostèyes èt d’amantchûres autoû d’ li ? (A. HENIN, Scrîre, p. 105) -
(. . .) on frotéve cor on p’tët côn p d’ssës dëvant dèl sëtwade (ou d’ lë stwade). (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 78-79)
– SW : Di-l’ cor on côp si t’as d’ l’âme, di-st-i Napolèyon (. . .). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 75)
66 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

– OW : T’auras co l’ pupe èt l’ toubac’ di rawète, èt bén sovint, c’èst cor avou


l’ rawète qui t’auras l’ pus d’ plaîji. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 14)
– RW : Asteure. . ., dit-st i cor on côp (. . .) ! (L. HENDSCHEL, So l’ anuti)
b) Autres ex. lit. d’utilisation d’un son de liaison r.
– OW : (. . .) dji micheu djusqu’à-r-la dins l’ nîve (. . .). (L. POLLEN, DTW, t. 16,
1988, p. 52)
– SW : Dèpûs quéque-r-anées, dins nosse payis, gn-è pus d’ivêr. (J.-C. RIGAUX,
Singuliers, 1996/1, p. 9)
– CW : Dins r-on viladje nén lon èri d’ Namêr, i gn-avot on brâve vî mêsse di scole
(. . .). (E. LAURENT, Anthologie, p. 345).

st

57. a) Un groupe de liaison st apparaît avec les verbes esse (3e personne et devant voyelle ;
écrit è-st en transcr. Feller, est en orthographe unifiée) et dire (écrit di-st en transcr.
Feller, dit-st en orthographe unifiée) ; c’est le seul cas où st soit généralisé :
– il est on pô malåde (il est un peu malade), dit-st on (dit-on), elle est evoye (elle est
partie), Djan est al copete (Jean est au-dessus)
b) Il existe une tendance à utiliser st également avec les autres personnes du verbe esse
et, surtout en EW, avec les formes du singulier du verbe aveur. Ex. lit. :
– EW : Qwant-èle si dispièrta (. . .), li djonne ome èsteût-st-èvôye po todi (. . .). (J.-
M. WARNIER, Scrîre, p. 227) - Li vint d’orèdje s’a-st-abatou so l’ vî tiyou. (J.-D.
BOUSSART, Limes, p. 23) - Et tot l’ peûpe èsteût-st-åd’ foû èt priyîve à l’eûre di
l’èçins’mint. (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 79)
– OW : (. . .) pou lès mames (. . .), èles-èstît-st-a dalâdje dispû l’éreû. (J.-L. FAU-
CONNIER, Scrîre, p. 76) - (. . .) dji seû-st-èvôye al fabricâcion (. . .). (L. POLLEN,
DTW, t. 16, 1988, p. 54) - (. . .) èy is sont-st-ajants d’ police, di-st-i ! (L. POLLEN,
DTW, t. 16, 1988, p. 55)
– CW : Après, vos l’ sëtwardoz èt on veût ’voit’ bén së lès tatches sont-st-èvônye
’parties’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 72)
– RW : Aurel et Narcisa, on ls a-st atåvlé cial, al troejhinme tåve. (N. & G.
STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 230)
c) En EW surtout, il existe une tendance à utiliser st également après tout verbe terminé
par une voyelle et devant voyelle, voire simplement entre deux voyelles à la jointure
des mots. Ex. lit. :
– EW : Èlle èst come ine mêtrèsse qu’on pout-st-inmer sins trop’ savu poqwè. (G.
FONTAINE, Scrîre, p. 84) - (. . .) dji m’ va-st-achîr inte lès tiyous èt dji sin co
passer come ine saqwè è l’êr. (M. FRISEE, Scrîre, p. 86) - I n’ si va nin lèyî-st-a
dîre ! (J. WARNIER, Scrîre, p. 224) - Si l’ Blanke Dame vis dit qu’ vos n’ polez
må, c’èst qu’èle vis va-st-aspaler èt qu’ vos n’ risquez rin. (J. WARNIER, Scrîre,
p. 226) - (. . .) ca rin n’ sèrè st-impossibe à Diu. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 82) - Mins Marèye wårdéve avou bone sogne totes cès paroles-là, î r’tûzant st-è
s’ coûr. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 87) -(. . .) on vûdrè st-è vosse coûr ine
bone mèseûre bin hoplêye (. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 105) -Il intra st-è
s’ mohone, èt i s’ mèta st-à l’ tåve. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 110) - (. . .) i
2.5. JOINTURE DES MOTS 67

fåt-st-apreume qu’on rèdjime di dreût garantih lès dreûts d’ l’ome ; (Dèclaråcion


1, préambule)
– OW : Et vèle-la st’èvoye a dadâye. (H. PETREZ, Fauves IV, p. 19)
– RW : Mins vos såroz ki ces tecses la sont sovint-st eplaidîs, come li scrijheu(se)
les a-st ortografyî (. . .). (L. MAHIN, Li Rantoele n˚60)

58. a) Dans certains cas, une liaison avec t est obligatoire : quand les pronoms sujets i, ele
et on se trouvent derrière un verbe terminé par une voyelle ou derrière voci et vola :
– a-t i choûté ? (a-t-il écouté) ; ni vola-t i nén qu’ i ratoûne ! (ne voilà-t-il pas qu’il
fait demi-tour !) ; fårè-t i rivni ? (faudra-t-il revenir ?)
b) Dans d’autres, elle est rare et facultative (elle peut être absente ou constituée de st) :
– il a-t arivé (il est arrivé) ou il a-st arivé ou il a arivé.
Ex. lit. :
– EW : Dèdja Babèt’ vosse parinte, lèye ossi, va-t-èsse mame d’on fi è s’ vilèsse
[sic, = vîlèsse] (. . .). (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 82) - Nolu n’ pôrè-t-èsse må
trêtî (. . .) (Dèclaråcion 2, art. 5)
– CW : Miyin va-t-à l’ cariére (. . .) (A. LALOUX, Bêrt, p. 10).
– RW : Et l’ tchessi ki tneut l’ pale, coumint l’ dustaetche-t on ? (L. BAIDJOT &
R. COLIN, Li Rantoele n˚57, p. 17).

59. a) On trouve cette lettre de liaison dans les introducteurs i-n-a (liég.) ou ë-n-a (brab.)
(il y a).
b) A part cet introducteur, la lettre de liaison n est surtout fréquente en malm. et dans
une petite région de l’ESM à cheval sur l’OW et le CW.
Ex. lit. :
– malm. : Su boke, lu Lînâr lu comparéve à-n-on boton d’ rôse. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 6-7) - On pazê, qui s’ monte avou djéne / mine (. . .) a n-one ronde tour
(. . .). (N. PIETKIN, Lu Tchèstê d’ Rénasténe, in Pages d’anthologie wallonne,
p. 20)
– CW (ESM) : I gn-a pont d’ tireûs qui pout moussi d’dins-n’ nin [sic= d’dins-n-in]
cabarèt avou s’ fisik... (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 26)
– OW (ESM) : Di ç’trèvin-là, i fieut pus nwâr qui dins n-in fôr. (E.-J. PIRET, Ex-
traits, p. 7)
c) Cette lettre de liaison est également utilisée en OW après les déterminants possessifs
(p. 104) et démonstratifs (p. 108).

y et w

60. a) On entend la liaison avec y surtout entre un possessif terminé par une voyelle et un
mot commençant par une voyelle :
68 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

– c’ èst mi-y èfant (c’est mon enfant)


Ex. lit. dans d’autres contextes :
– CW : On p’tit rètassè y-ome, qu’aveut stî a tch’fau su on tonia. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 21)
– OW : Vos djur’rîz d’ l’ôr su vo-y-imadje, / Tél saquants fleûrs vos bustokant. (R.
GROSJEAN, Scrîre, p. 96)
Cette liaison n’est pas notée dans les formes de référence : on ptit ome (un petit
homme), c’ èst mi èfant (c’est mon enfant).
b) À l’intérieur des mots également, des lettres de liaisons (w et y) viennent presque
toujours s’intercaler entre deux voyelles :
– on teyåte (un théâtre), on liyon (un lion).
c) Enfin, des h intervocaliques peuvent, dans les régions où ils ne se prononcent pas,
être remplacés par un y ou un w de liaison :
– ahesses > a.èsses, a-èsses, ayèsses (équipement) ; ahan > a.an, a-an, awan (au-
tomne) ; kihatchî > coatchî, cowatchî, couwatchî (hacher menu)

La segmentation des mots


61. Il existe des cas où la segmentation des mots n’est pas fixée dans le système de transcr.
Feller, les usages variant selon les auteurs et les régions.
a) Les clitiques (surtout les articles définis élidés et les pronoms objets de la 3e per-
sonne élidés) peuvent être soit détachés, soit accolés à certains pronoms ou prépositions
qui les précèdent, soit, plus rarement, liés au mot qui précède par un trait d’union :
– à l’, à-l’, al’ ou al (à le, à la) ; djè l’, djèl ou djè-l’ (je le, je la) ; so l’, sol, sol’ ou
so-l’ (sur le, sur la)
Ex. lit. :
– EW : (. . .) po k’dûre nos pas sol’ vôye dè l’ påy’. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 85)
– CW : Èlle è-st-al fièsse, Sins cû ni tièsse ! (J. DESMET, non publié)
Dans les formes de références utilisées ici, la tendance est plutôt d’accoler ces cli-
tiques : al, djel, sol, etc. Mais il est toujours possible d’écrire les formes non accolées :
a l’, dji l’, dj’ el, so l’, etc. Ex. lit. en RW :
– Avec accolement : Les bales cachèt après mi, djelzès sins tourner (. . .). (L.
HENDSCHEL, So l’ anuti).
– Sans accolement : A poenne ki l’ solea s’ a coukî so l’ viyaedje di Văleni, e
Transilvaneye, ki l’ pitit Gabriel Maier a shoflé ses shijh tchandeles. (N. & G.
STAELENS, Gabriyel éyet Gabriyel, p. 6)
En ce qui concerne les pronoms postposés, le clitique est ou n’est pas séparé du mot
qui précède par un trait d’union : dihoz-m’ ou dihoz m’ (dites-moi), qwè-ç’ di ça ? ou
qwè ç’ di ça ? (qu’est-ce que c’est que ça ?), etc.
Dans les formes de référence proposées ici, les pronoms clitiques postposés sont écrits
sans trait d’union : dijhoz m’. . . cwè ç’ ki c’ est di ça, etc.
L’usage écrit fluctue également quand l’adverbe tot est élidé ou réduit à t dans certaines
locutions :
2.6. SIGNES NON ALPHABÉTIQUES 69

– t’t-a fêt ou t-afêt ou tafêt (tout) ; t-afètmint ou tafètmint (complètement, lit. « tout
à fait-ement »)
Ex. lit. :
– OW : Bén tènèz ; dji pinseû taleûre a li ! (H. VAN CUTSEM, Chôse, p. 12), de tot
a l’ eûre, élidée en t’t a l’ eûre.
– RW : Sins conter k’ i faleut des papîs po ttafwait : li farine, li tcherbon, li
souke, li margarene et tot l’ sint-friskin. (L. BAIDJOT, Li Rantoele n˚60, p. 18)
b) Traditionnellement asteure (maintenant ; = a ç’t eûre) est écrit en un mot.
La raison est probablement que le démonstratif interne est ressenti partout comme une
anomalie : en général, il n’est pas utilisé seul mais suivi de ci, la, etc. (voir Les déter-
minants démonstratifs, p. 108), ce qui permet de distinguer asteure et a ç’t eure ci.
Dans les régions où le démonstratif peut effectivement être utilisé seul, il a une autre
forme : a ciste eure.
c) comifåt ou come i fåt (convenable, convenablement ; = « comme il faut »).
La tendance est d’écrire cette locution —adverbiale à l’origine— en un mot, parce
qu’elle fonctionne soit comme adverbe soit comme un adjectif :
– des djins ossu comifåt k’ nozôtes (des gens aussi convenables que nous)

2.6 Signes non alphabétiques


Usage de la minute
62. La minute (ou apostrophe, sur une machine à écrire ou dans un traitement de texte)
au bout d’un mot indique que la dernière consonne de ce mot est bien prononcée,
contrairement à ce que laisserait supposer l’analogie avec le français ou avec d’autres
mots wallons. En orthographe normalisée on remplacera cette minute par un e muet ou
en doublant la consonne. Ex. : awous’ > awousse (août) ; as’ fwin ? > ass fwin ? (as-tu
faim ?) ; prèt’/près’ > presse (prêt).

Usage du point
63. Outre son usage normal marquant la fin d’une phrase, le point est parfois utilisé, dans
certaines variantes du système de transcr. Feller, pour désambiguïser certains digraphes
ou faciliter la lecture de certains groupes consonantiques.
a) Entre deux consonnes nasales dont la première marque la nasalisation d’une voyelle :
– djon.ne (jeune), crin.me (crème), etc.
b) Pour éviter la formation d’un digraphe causé par la chute d’un h intervocalique :
– ca.ute pour cahute (cahute), a.an pour ahan (automne)
c) Pour séparer des groupes consonantiques complexes :
– Gn.gnape (ville de Genappe ; orthographe utilisée sur un panneau de signalisa-
tion), pour Djnape .
d) Dans de très rares parlers, il arrive qu’un [j] suive une voyelle nasale, ce qui est noté
par un point :
– pan.y (pain, brab.), qui nos rindan.ye (que nous rendions, Lesse)
70 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

Usage de l’apostrophe
Élision des voyelles internes

64. Dans certaines variantes du système de transcr. Feller, l’apostrophe peut aussi marquer
toutes les élisions internes (très souvent d’un e, i, o, u ou è) :
– dji c’mince, dj’abot’nêye, djè l’s a, dji r’pas’rè, etc.
En orthographe normalisée : dji cmince, dj’ abotnêye, dji ls a, dji rpasrè.

Équivalent du « e muet » français

65. Dans certaines variantes du système de transcription Feller et en orthographe normali-


sée, la lettre e sans accent équivalant à un « e muet » français n’est pas utilisée à l’in-
térieur des mots et elle n’est pas remplacée par une apostrophe : télmint (∼ tél’mint ∼
télemint) (tellement) ; doûçmint (∼ doûç’mint ∼ doûcemint) (doucement) ; dji pasreu
(∼ dji pas’reû ∼ dji passereû (je passerais) ; havter (∼ hav’ter ∼ haveter) (accrocher).
Dans ces derniers cas, le e est noté par analogie avec le français ; cependant, en fran-
çais, dans certaines conditions, cette lettre se prononce ; en wallon, elle n’existe tout
simplement pas.

Désambiguïsation des digraphes

De la même façon que pour l’élision des voyelles, on ne notera pas en orthographe
normalisée l’apostrophe pour clarifier certaines graphies quand il existe un risque de
confusion entre deux phonèmes et un digraphe, sauf dans le cas de c’h. Dans le système
de transcr. Feller, par contre, l’apostrophe ou le e muet sont en général utilisés pour
marquer cette différence.
a) Mots dans lesquels une voyelle non nasalisée est suivie d’un n (afin de distinguer
les cas ou n est utilisé pour nasaliser la voyelle) :
– Walonerèye/Walon’rèye > Walonreye (Wallonie) ; Djèn’vau > Djenvå (commune
de Genval) ; i don’nut > i dinnut (ils donnent)
Le même cas se présente souvent avec les verbes en -aner, -ener, -iner, -oner, -uner
conjugués à l’indicatif futur et au conditionnel :
– nos hin’rans > nos hinrans (nous jetterons) ; dji dman’reu > dji dmanreu (je
resterais), etc.
b) Mots dans lesquels un c peut être suivi d’un c, d’un xh ou d’un h, à cause de l’élision
du préfixe ki-/co- (∼ cu-) :
– dji k’hatche > dji c’hatche (je hache)
c) Mots dans lesquels une séquence « g + n » doit être lue [gn] et non [ñ] :
– adag’ner/adaguener > adagner (couvrir de crasse)
d) Mots dans lesquels deux s entre voyelles doivent être prononcés [ss] et non [s], c.à-d.
quand le préfixe dis- (∼ dus- ∼ dès-) est ajouté à un verbe commençant par un s :
– dis’sotlé > dissotlé [dIssOtle] (désaxé) ; dis’sièrvi > dissiervi [dIssjEövi] (desser-
vir) ; si dis’sêzi > si dissaizi [dIssE :zi] (se dessaisir)
2.6. SIGNES NON ALPHABÉTIQUES 71

Usage du trait d’union

66. En orthographe normalisée


– Dans les mots composés : on fås-vizaedje (un masque).
– Entre une lettre ou un groupe de lettres de liaison et le mot qui précède : i sont-
st evoye (ils sont partis), v. p. 61.
– Éventuellement dans les noms de nombres , entre les dizaines et les unités :
swessante-troes (soixante-trois), v. p. 153.
– Éventuellement quand un pronom tonique est suivi de ôtes ou minme : nos-ôtes,
lu-minme, v. p. 132.

Dans le système de transcription Feller

En plus des cas ci-dessus, le trait d’union est utilisé :


– Dans les liaisons à la jointure des mots : lès-ôtes-èfants (voir 2.5).
– Entre une lettre ou un groupe de lettres de liaison, le mot qui précède et le mot qui
suit : i sont-st-èvôye (ils sont partis), v. p. 61.
– Chez certains auteurs, il est utilisé pour éviter la formation d’un digraphe résultant
de la chute d’un h intervocalique : ca-ute pour cahute (cahute), mè-in pour mehin
(incommodité, problème)
– Entre un verbe et un pronom personnel sujet ou objet élidé ou le démonstratif ç’ :
dihoz-l’ (dites-le) ; qwand-ç’ qui vos vnoz ? (quand est-ce que vous venez ?).

Remarques sur la typographie


67. Je n’ai pas connaissance de l’existence d’un manuel de typographie wallonne. Toute-
fois, les conventions utilisées dans les revues wallonnes soucieuses de la qualité de la
présentation sont relativement uniformes.
Par défaut, les conventions utilisées ici et en général dans les ouvrages wallons sont les
mêmes qu’en français, notamment en ce qui concerne les espaces devant et derrière les
points-virgules, double points, points d’interrogations, etc. De même, les citations sont
le plus souvent encadrées de chevrons (« . . . »).
Les spécificités de l’orthographe wallonne appellent cependant quelques remarques :
a) On laisse le plus souvent une espace quand un monosyllabe (dji, ti, ki...) est élidé
devant une consonne :
– i fåt ki dj’_vénxhe (il faut que je vienne).
On peut également noter une espace dans tous les cas d’élision.
– l’_åbe d’_ene veye (l’arbre d’une ville)
b) À titre indicatif, dans cette grammaire, une espace insécable est utilisée dans les cas
suivants :
– après le premier mot d’une phrase s’il s’agit d’un mot d’une lettre (I, A, Å, Â, Ô. . .)
– après les apostrophes suivies d’une espace, sauf :
– quand il s’agit en réalité de « minutes » (voir p. 69) ;
72 CHAPITRE 2. ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION

– quand un pronom personnel élidé (v’, m’, dj’, l’) suit un verbe ;
– en cas d’élision du mot endè : end, ndè ou nd) ;
– si deux mots élidés se suivent, la première espace n’est pas insécable, mais
bien la deuxième (p. ex. aaaa k’ l’_bbbb mais pas aaaa k’_l’_bbbb) ; le but est
d’éviter les trop longues séquences insécables, vu la fréquence de ces élisions
consécutives en wallon (du moins chez les écrivains qui désirent noter toutes
les élisions possibles ; voir p. 55) ;
– si le mot élidé est lui-même lié au mot qui le précède (p. ex. avec un trait
d’union ou sans espace).
– derrière les consonnes de liaison (-z -n -t -st) suivies d’une espace ;
– entre un verbe terminé par t audible suivi d’un pronom i (p. ex. fåt_i).
Troisième partie

Les classes de mots

73
Chapitre 3

Le substantif

3.1 Substantivation
68. Certaines parties de discours, locutions ou phrases peuvent être substantivées si elles
sont précédées d’un déterminant :
– Adjectifs : do bleu (du bleu), li malåjhey divins tot çoula (la difficulté ou ce qu’il
y a de difficile dans tout cela). Ex. lit. OW : Pont d’ poûde di riz, pont d’ roudje
à lèpes, pont d’ chichis... ré qu’ dou vraî ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 56-57).
– Participes passés : çoula sint l’ tchamossé (ça sent le moisi), i gn a-st avu do
distrût (il y a eu des destructions), c’ e-st ene fait fé (c’en est une faite sur mesure
[une robe]).
– Participes présents : esse å rpintant (se repentir, regretter).
– Adverbes : on mî (un mieux, une amélioration), dj’ end a beacôp des evôye (j’en
ai beaucoup de mortes [des plantes]). Ex. lit. SW : Èle [nosse sociètè] rikîrt sès
plêjis jusk’ a ddins l’ disfindu ou li d’ triviè, pinsant insi « vikè si vîe tote
ètîre ». (J. BILY, Singuliers 2/98, p. 4).
– Pronoms : on nolu (un moins que rien).
– Verbes : li ddjuner (le petit-déjeuner), li pårler (le dialecte, le parler), esse å
rpinti (être dans le repentir), i s’ touwe å-z ovrer (il se tue à l’ouvrage).
– Locutions : èn ardîre (un défaut), noste avni (notre avenir).
– Phrases : on vas’-ti-rtchåfe (une réprimande), t’ e-st on couraredjî (tu es un
imbécile), on sint-mwais (un « puant »), do sint-bon (du parfum).

3.2 Genre
69. Le genre peut être exprimé par des types lexicaux différents :
– ene vatche (une vache) et on torea ∼ on twa (un taureau) ; li bele-sour (une
belle-sœur) et li sorodje, li bea-fré (le beau-frère) ; ene matante (une tante) et on
mononke (un oncle) ; ene feye (une fille) et on fi (un fils) ; ene båshele (une fille)
et on valet (un garçon) ; ene gade (une chèvre) et on bok (un bouc)

75
76 CHAPITRE 3. LE SUBSTANTIF

Ou par des périphrases :


– on måle d’ agaece (une pie mâle), ene frumele canari (un canari femelle).
Certains féminins se forment simplement par l’ajout d’un e à la forme écrite du mas-
culin :
– on berdelåd → ene berdelåde (bavard, -e) ; li sot → li sote (fou, folle)
Le genre peut également être exprimé par la terminaison :

-î → -resse :
– on monnî → ene monnresse (meunier, -ière) ; on botikî → ene boticresse (com-
merçant, -e) ; on cinsî → ene cinsresse (fermier, -ière)

-î → -ire
– èn ovrî → ene ovrire (ouvrier, -ière) ; on Bouyounî → ene Bouyounire (Bouillo-
nais, -e) ; on cabartî → ene cabartire (cabaretier, -ière)

-eu(r) → -euse (-resse)


– on tchanteu → ene tchanteuse (chanteur, -euse) ; on neveu → ene neveuse (ne-
veu, nièce) ; on voleu → ene voleuse ou ene volresse (voleur, -euse) ; on rvindjeu
→ ene rivindjeuse ou ene rivindjresse (vengeur).

-én → -ene
– on vijhén → ene vijhene (voisin, -e) ; on vwezén → ene vwezene (id.) ; on cuzén
→ ene cuzene (cousin, cousine).

Emplois
70. a) Certains substantifs peuvent être masculins en wallon alors que leur équivalent
français (étymologiquement apparenté ou pas) est féminin :
– èn advinia (une devinette ; mais ene advinete) ; èn årmå (une armoire ; mais ene
årmwere) ; on botike (un magasin, une boutique) ; on cazake (une casaque, une
veste) ; on cofteu (une couverture ; mais ene couverte) ; on crestea (une crête) ;
on cwî ou on couyî ou on kilî (une cuiller) ; on dint (une dent) ; on piele (une
perle) ; on pun (une pomme, mais ene peme) ; do spite-a-les-iys (de la poudre
aux yeux ; mais ene sipite, une éclaboussure) ; on ståve (une étable) ; èn ouxh
(une porte ; cf un huis) mais ene poite (une grande porte) ; on visse (une vis), etc.
b) Quelques substantifs féminins en wallon (français masculin) :
– ene air (un air) ; ene aite (un cimetière) ; ene aloumwere ou ene aloumire (un
éclair) ; ene andje (un ange) ; ene angleye (un angle) ; ene apresse (un apprêt,
des préparatifs) ; ene atote ou ene triyonfe (un atout) ; ene båjhe (un baiser) ;
3.2. GENRE 77

ene bouboune (un bonbon) ; ene caramele (un caramel) ; ene cimintire (un ci-
metière) ; ene cope (un couple) ; ene djumele (un jumeau) ; ene elastike (un élas-
tique) ; ene evandjîle (évangile) Ex. lit. EW : (...) l’èvandjîle èst anoncèye ås
pôves (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 109) ; ene marone (un pantalon) ; ene
ongue (un ongle) ; del petrole (du pétrole) ; ene pîssinte (un sentier ; cf sente) ; del
sirôpe (du sirop) ; ene sitouve (un poële ; cf une étuve) ; ene tchuze (un choix) ;
ene usteye (un outil ; mais èn osti) ; del waerglaece (du verglas), etc.
c) Les noms d’arbres sont souvent féminins :
– ene så (un saule), ene få (un hêtre), ene côrîye ou ene côre (un noisetier, mais on
noejhî), ene bôle ou ene beyôle (un bouleau) ; mais on ou ene hesse (un hêtre),
on tchinne (un chêne), on bôlî (un bouleau), etc.
d) Certains substantifs peuvent avoir les deux genres :
– ådje (âge), Noyé (Noël), Tossint (Toussaint), prijhon (prison), ene fwin (une
faim) mais parfois on mwais fwin (une fringale), blé (blé), otobusse (autobus),
tram (tram), tombola (tombola), efant (enfant), amour (amour ; souvent féminin
au pluriel), acî (acier), egzimpe (exemple), toubak (tabac), ene ovraedje ou, plus
souvent, èn ovraedje (un travail), ene ou on ray (un rail), èn ou ene après-nonne
(après-midi), etc.
e) Certains mots ont un sens différent au masculin et au féminin :
– on daegn (une aire) et ene daegn (une campagne ; le monde, la terre en général) ;
ene djin (une personne) mais les djins sont målureus (les gens) ; on live (un
livre ; un lièvre) et ene live (une livre) ; on mantche (un manche) et ene mantche
(une manche) ; on posse (un emploi ; un poste de radio) et ene posse (un bureau
de poste), etc.
f) Les genres peuvent parfois varier suivant les régions ou à l’intérieur d’une même
région. On assiste assez souvent à un remplacement du genre original wallon par le
genre du mot équivalent en français :
Ex. lit. de ouxh (porte) masculin (genre traditionnel dans toute la Wallonie) :
– SW : Do momint (...) qu’ vos n’ fyez pont d’ mau à nolu, saint Pîre vos lêrè intrè
pa l’ grand uche. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 33-34)
– EW : Si dj’aveû co mès sabots todi, dji spiyereû ç’ måheûlé ouh-là. (MITTEI,
Zanzan, p. 25)
Féminin :
– EW : Quéque pârt, bin lons’, (...) on-z-oya claper one ouh. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 10) [sous l’influence du français ; ou s’agit-il simplement d’une faute
de frappe ?]
Ex. lit. de botike (magasin) masculin (genre traditionnel dans toute la Wallonie) :
– SW : (...) il è r’va sins r’passè come lès-autes au botique po bwâre one gote. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 28)
– OW : Quand Fatima va au boutique, Djan r’lît co l’ lète. (J. GOFFART, Coquia,
p. 16)
– CW : Mins “Blaise salaisons”, ci n’èst nin seûlemint on botike. (Chwès, Libra-
mont, p. 44)
Féminin :
78 CHAPITRE 3. LE SUBSTANTIF

– EW : Il avît drovi (...) one botike du bwasson èt d’ totes sôrts du martchandîhes,


qu’èsteût bin acalandée. (J.-M. MASSET, Contes, p. 15)
– SW : Gn-avét qu’ène boutique ou viladje. (G. MOUZON, Causans, p. 33)
– OW : (...) dès boutiques sitoupéyes pa lès pratiques, dès cafeus avou dès fènièsses
qui t’nît toute li d’vanture, dès tchôrs a quate tchuvôs, dès bègnons, dès vélos !
(J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77)
– CW : Après chîj mwès d’ gayole, a pwin.ne rèchu foû, l’ vola tot drwèt èvoye d’ in
randon à l’ botique. (J. SCHOOVAERTS, Rabulèts)
Ex. lit. de cimintire (cimetière) féminin :
– SW : Dès ruv’nants, à la bone eûre o Tonbwè, pace qu’i gn-avot là one vîye
cimintiére (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 30)
Masculin :
– EW : Et lès p’tits scolîs on ’nn’ alé foû dè ç’mitiére, deûs à deûs (...). (R. PRI-
GNEAUX, Scrîre, p. 186)

3.3 Nombre
Orthographe
71. Ce sont les déterminants et les adjectifs devant le nom qui expriment le nombre.
La marque écrite du pluriel est l’ajout d’un « s » au nom (jamais « x »). Ce « s » ne se
prononce jamais.
– ene djin (une personne) → des djins ; on tchvå (un cheval) → des tchvås ; l’ ouy
(l’œil) → les ouys ; li fizik (le fusil) → les fiziks ; on cayô (un caillou) → des
cayôs.
Dans certaines variantes du système de transcr. Feller, certains écrivains, craignant de
gêner la prononciation, n’ajoutent pas non plus de « s » après une consonne prononcée
non suivie de « e » (mots terminés par « k », « w », « gn », « tch », « dj », « h », « ch »,
etc.) :
– dès oûy, dès fizik, dès ouh, etc.
Remarque : dans les systèmes d’écriture wallons anciens, il était très courant de n’écrire
aucune marque du pluriel pour les substantifs —puisque celle-ci n’existe pas. Cette
règle est encore défendue par Forir dans son dictionnaire de 1866.

Emplois
72. a) Certains noms s’emploient toujours au pluriel :
– des cwårs ou des liårds ou des çanses ou des petôles ou des aidants (de l’ar-
gent) ; des broûs (de la boue ; mais on broû, un bourbier) ; les hårdes (lès hårs
∼ lès hâdes) (les vêtements) ; des berikes (des lunettes) ; des courreyes ou des
coratreyes (de l’agitation, des démarches inutiles) ; des dondinnes (des caprices,
des fantaisies) ; des gobeyes (des guenilles) ; des kekesses (des questions impor-
tunes) ; les lokes (les vêtements, l’habillement) ; des mezômenes (des manières ;
commissions secrètes) ; des mizeres (des détritus), etc.
3.3. NOMBRE 79

b) Plusieurs noms de maladies s’emploient toujours au pluriel :


– les poketes (la variole) ; les rodjetes ou les rodjeus ou les rovioûles (la rougeole) ;
les boufletes (les oreillons) ; les poketes volantes (la varicelle). Mais : li djaenisse
(jaunisse), li coûtrece d’ alinne (l’asthme), etc.
c) Certains noms s’emploient toujours au singulier (pluriel en français) :
– ene cizete (des ciseaux) ; ene tricoijhe (des tenailles) ; ene cizaye (des cisailles) ;
ene djermale (des jumeaux), etc.
80 CHAPITRE 3. LE SUBSTANTIF
Chapitre 4

L’adjectif qualificatif

4.1 Genre
73. La marque écrite du féminin est souvent -e. Ce -e montre que des consonnes muettes
au masculin sont prononcées au féminin, ou que des voyelles nasales au masculin sont
dénasalisées au féminin :
– clair → claire (clair, -e) ; grand → grande (grand, -e) ; berdelåd → berdelåde
(bavard, -e) ; disgostant → disgostante (dégoûtant, -e) ; fén → fene (fin, -e)

Quelques formes particulières


74. a) Les adjectifs et participes passés en -is et -ais forment leur féminin en -ijhe (↔ -îje
ou -îhe) et -aijhe (↔ -êje ou -éje ou êhe) :
– il est gris (il est gris) → elle est grijhe (elle est grise)
– on mwais stofé (un mauvais fromage) → ene mwaijhe cassete (un mauvais fro-
mage)
Variantes à Liège, en Ardenne : gris → grîze
b) Les adjectifs en -s redoublent celui-ci au féminin :
– do spès papî (du papier épais) → ene sipesse fouye (une feuille épaisse) ; on gros
gamén (un gros enfant) → ene grosse båcele (une grosse jeune fille) ; on lîve
francès (un livre français) → ene veye francesse (une ville française)
c) Les adjectifs et participes en -é (∼ -è, carol., SW) font -êye (↔ -éye SW, OW et
CW ↔ -êye en EW ; ∼ -èye sporadiquement) :
– il est fayé (il est fichu) → elle est fayêye (elle est fichue) ; il est schapé (il est
sauvé) → elle est schapêye (elle est sauvée)
Autre variante à malm., Bastogne : fayé (inv. en genre).
d) Les adjectifs et participes en -î et -i font -eye (↔ -èye en EW et -îye en OW, CW,
SW) :

81
82 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF

– on djinti ovrî (un ouvrier actif) → ene djinteye travayeuse (une travailleuse
active) ; li tins est candjî (le temps est changé) → l’ airaedje est candjeye (l’at-
mosphère est changée) ; l’ årmå est rnetyî (l’armoire est nettoyée) → l’ årmwere
est rnetieye (id.) ; li tchant est fini (le chant est fini) → li tchanson est fineye (la
chanson est finie)
Autre variante à malm., Bastogne : djinti (inv. en genre).
e) Adjectifs et participes en -ou (EW, bast. ; ∼ -u ailleurs) font -owe :
– on bossou ome (un homme bossu) → ene bossowe feme (une femme bossue)
– on longou clå (un long clou) → ene longowe ponte (un long clou)
Variantes : malm. et Bastogne : bossou (inv. en genre). Condr. et Hesb. : bossou →
bossouwe. Hesb. et Famenne : bossou → bossouye. Nam. : bossu → bosseuwe. Brab. :
bossu → bossèwe. Sud nam., carol. : bossu → bossuwe. Centre, chestr. et Lesse : bossu
→ bossûye.
f) Les adjectifs en -eu(s) font -euse :
– meyeu (meilleur) → meyeuse (parfois meyeu ou meyeute) (meilleure) ; nintieus
(rachitique) → nintieuse
g) Les adjectifs en -î font -ire (∼ -îre) :
– prumî → prumire (premier, -ière) ; ovrî → ovrire (ouvrier, -ière)
Variantes à Namur : prumî ∼ prumêre ; en brab. : prëmî, prëmëne. OW : preumî,
preumiére.
h) Les adjectifs en -in font -inne :
– contin → continne (content, -e) ; plin → plinne (plein, -e) ; londjin → londjinne
(lent, -e) ; enocin → enocinne (innocent, -e).
Variantes en OW : -in → -ène : contène, plène, etc.
i) Les adjectifs en -e sont invariables en genre :
– mwaisse (principal, -e), såvaedje (sauvage), biesse (bête).
j) Quelques autres cas :
– bea → bele (beau, belle) ; novea → novele (nouveau, -elle) (∼ rare en SW :
novale) ; blanc → blanke (blanc, blanche) (∼ chestr., Lesse : blantche) ; franc
→ franke (franc, franche) (∼ chestr., Lesse : frantche) ; bleu → bleuwe (bleu,
-e) (∼ bleuve ; brab. blouwe ; EW bleuse) ; court (∼ coûrt) → coûte (court, -e) ;
lourd (∼ loûrd) → loude (∼ loûde) (maladroit, -e) ; cron → crombe (tordu, -e) ;
doûs → doûce (doux, douce) ; flamind → flaminde (∼ flamindje (flamand, -e) ;
fô → fole (fou, folle) ; sô → sôle (saoul, saoule) ; foirt → foite (∼ OW : fôrte)
(fort, -e) ; moirt → moite (∼ OW : môrte) (mort, -e) ; måva → måle (mauvais,
-e) ; moya → moyale ou mouwê → mouwale (muet, muette) ; noû → nouve (∼
noûve) (neuf, neuve) ; principå → principåle (principale, -e) ; rossea → rossete
(roux, rousse) ; tot seu → tote seule (seul, -e) ; vert → vete (vert, -e) ; vî → vîye
(vieux, vieille) (∼ EW : vèye, vîle ; malm. vîhe).
Autres variantes régionales : Quelques adjectifs en -r de l’OW font -rte : meur →
meurte (mûr, -e) ; dur → durte (dur, -e), etc.
4.2. NOMBRE 83

4.2 Nombre
75. a) Au masculin pluriel, les adjectifs et participes prennent -s ; ce -s est prononcé devant
voyelle (liaison) :
– on mwais pwin (un mauvais pain) → des mwais omes (dès mwês-omes) (de mau-
vais maris) ; li grand ouxh (la grande porte) → les grands ouxhs (les grandes
portes)
b) Les adjectifs féminins pluriels placés devant le nom prennent la terminaison -ès :
– ene boune taye (une bonne tartine) → deus bounès tayes (deux bonnes tartines) ;
ene bele moto (une belle moto) → des belès motos (de belles motos) ; ene bele
pitite djin (une belle petite personne) → des belès ptitès djins (de belles petites
personnes)
Le -s est prononcé devant une voyelle.
Cette terminaison ne change pas la prononciation de la dernière consonne : celle-ci
se prononce assourdie (voir Assourdissement des consonnes sonores finales, p. 47),
comme si elle se trouvait en finale : dès tèripès afêres.

Variantes
Variante en SW : La règle de l’accord du féminin pluriel est en voie de disparition
dans la majeure partie du SW. En bast., par exemple, elle ne subsiste plus que dans des
expressions figées : blanc Noyé, vetès Påkes (Noël blanc, Pâques vertes). Voir aussi,
ci-dessous, quelques exemples de cette terminaison chez Calozet (fam., nord du SW).
En malm. cette règle n’existe pas pour les adjectifs et participes passés en -é, -i et -ou
parce que ces adjectifs sont invariables en genre dans cette région : dès djintis båcèles.
En liég., le -s final d’un adjectif peut se sonoriser ([z]) devant le morphème -ès. Ex.
lit. :
– EW : A ç’moumint chal qui n’s-avans pôr on minisse dès bazès scoles qui n’fêt
nole astème å walon, on n’pout-èsse qui d’acwérd avou L. S. (...) (Djåzans, Osté
2000, p. 14) - Vola k’ Colas avise dès frizès crotes du lapin cusèm’tés âs pîs dès
djotes (S. FONTAINE, Colas, p. 4).

Exemples
Ex. lit. :
– EW : (...) adon, on pôve admirer sès bèlès coleûrs. (J.-M. MASSET, Contes, p. 9) -
(...) lu k’avéve vikî duspô dès lonkès-ânées, tot rawârdant one sacwè. (J.-M. MAS-
SET, Contes, p. 19) - Èlle èsteût bin divant cès grozès rôyes qui sont fêtes po lèyî
passer lès djins (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 17) - L’iviér n’a portant mostré
qu’on moumint sès blankès grawes. (...) Li tins dès rotchès narènes n’èst nin co
tot-a fêt riv’nou. Ni mètez portant nin trop lon vosse norèt, vos tchôdès mousseûres
èt vos hôtès tchåsses (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 22) - Èlle a sès galants, mon-
coeûr dès lonkès pôrminådes, avou l’ vint qui v’ fêt dès tchifes totès rodjes, djusse
come dès pomes di souke. (G. FONTAINE, Scrîre, p. 84) - [on spågne-måye]
84 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF

du pête avou dès bèlès bleûsès-imådjes tot-åtou. (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96) -
Mins dju m’ sovins qu’ènn’ aveût dès-ôtes, c’èsteût dès rondès boules du cûte tére,
bronâtes come lès-anciênès pignales å cafè (...). (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96)
- Ine blanc-mwète loumîre qu’aveût ponne dè trawer lès mahurés cwårês, ridéve
so lès gris meûrs, li gris årmå, lès grîsès tchèyîres èt lès må rafacêyès ployeûres
d’on gris papî qui racovréve li tåve. (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113) - (...)
li lècê d’ Notru-Dame, si hêtî, avou totes sès mamêyès p’titès mins qui ratindèt po
flori èt po rambômer. (R. VAN DAMME, Scrîre, p. 216) - (...) sondjîz tot bone-
mint à l’ passion dè Cris’, arèstez vol’tîs vos oûys so sès sintès plåyes. (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 69) - Mins nolu n’ a l’ pouvwér di tofér djouwi à s’ manîre di cès
dîvènès djôyes-là (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 88)
– CW : I l’a trossi tot gaîy. Avou dès courotes, dès nwârès craussès courotes qui
glètint è s’-t-anète plin s’ cô. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - (...) on n’ saurè
jamaîs ci qu’on pout bin tchiketè avou dès parèyès man.nètès bièsses. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 20) - Pa dès fwârt mwaîjès routes plin.nes di laudjès wâr-
bêres èwou qu’ lès rûwes dès tchaurs moussenut jusqu’au mouyou, Césâr arive
o l’ Swisse. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179) - (...) dès coutès t’mîjes avou dès p’tëtès
mantches (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 13-14) - (...) on boutéve dès deûzyin-
mès lokes (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 20) - Dj’aî vèyu passè dins l’ viladje
lès premêrès-autos. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 7-8)
– OW : Et mi, dji seû ci pou vîr lès p’titès feumes du boul’vârd... (J. GOFFART,
Coquia, p. 5) - Amed ! Vî soçon, vos-avèz toudi dès bounès-idéyes ! (J. GOFFART,
Coquia, p. 10) - Fôt r’lavér sès man.nètès loques an famîye. (Ch. TOMBEUR,
Ch’napans, p. 28) - Il-âreut stî bunôje, leû curé, d’ vîr dès si bèlès mécaniques
(...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77) - Is sondjît d’dja ôzès roûwes di fro-
mâdje qu’is-ârît inflè avou dès parèyès bièsses (...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre,
p. 77) - Mindjèz, mès-èfants, gn-a ré d’ tél pou s’ rimète dès fôrtès fatigues ! (J.-L.
FAUCONNIER, Scrîre, p. 77) - Ô, lès bèlès gades ! (W. BAL, Fauves, p. 5)
– SW : Li Sorcîre a dit tot ça tot bê doûcemint, di s’ grêye vwès qui sôrt’ di sès finès
lèpes (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 34) - A grantès-ascoujèyes, Pitit monte
après là (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 36).
Les participes passés utilisés comme adjectifs prennent la même terminaison. Ex. lit. :
– EW : (...) on crèvé bol di sope al crolêye djote ou ås må cûtès féves, ine porbolowe
crompîre (...). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
Il arrive que les adverbes foirt (∼ fwârt, fwart, fwért, fwêrt, fwèrt, fôrt, foûrt) (très) et
tot (∼ tout) (tout) prennent eux aussi cette finale. Ex. lit. :
– EW : Èlle a sès galants, mon-coeûr dès lonkès pôrminådes, avou l’ vint qui v’ fêt
dès tchifes totès rodjes, djusse come dès pomes di souke. (G. FONTAINE, Scrîre,
p. 84) - (...) il èsteût si k’tapé avou sès pîds d’hås èt sès bagues totès k’pleûtèyes.
(MITTEI, Zanzan, p. 31) - Chaskeun’ a l’ dreût d’èsse ètindou d’ine minme ma-
nîre, divant tot l’monde èt sins totès fêtès-îdèyes (...) (Dèclaråcion 2, art. 10)
Il arrive que certains déterminants numéraux subissent également la force d’attraction
de cette finale. Ex. lit. d’accord avec un numéral :
– EW : Grîse dèl ponne, dèl dilouhe qui, so l’ trèvins d’ cinquès longuès-annêyes,
lès lodjeûs avît fêt leû payèle. (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
4.3. PLACE 85

L’accord au masculin est beaucoup plus rare, mais se produit parfois, surtout dans la
langue parlée dans néolocuteurs, par hypercorrectisme. En voici un ex. lit. :
– EW : Quénès sots rîmês ! (J.-M. MASSET, Contes, p. 21)

4.3 Place
Adjectif + substantif
76. L’adjectif qualificatif et le participe passé employé comme tel 1 se placent très souvent
devant le nom qu’ils qualifient, surtout pour les adjectifs de couleur et de forme, et les
adjectifs de une ou deux syllabes :
– ene noere vweteure (une voiture noire) ; ene froede djournêye (une froide jour-
née) ; li gôtche mwin (la main gauche) ; on foirt ome (un homme fort) ; des ronds
ouys (des yeux ronds) ; del claire aiwe (de l’eau claire) ; ene tinre pea (une peau
tendre) ; on djinti valet (un gentil garçon) ; des beas rodjes canadas (de belles
pommes de terre rouges) ; on bea ptit net manaedje (une belle petite maison
propre) ; c’ esteut ayir li pus froede djournêye (c’était hier la journée la plus
froide).
Ex. lit. avec adjectifs de couleur :
– OW : Sins balziner, lès deûs tchots lyî ont moustrè in blanc papî avou dès bleûwès
lètes èy’ ène contrèmasse di cachèts (...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) -
V’là ’ne grosse nwère oto [sic = ôto] qui s’arète pa d’vant l’ méso (...). (W. BAL,
Fauves, p. 10) - Li timps dè l’ dîre, li Ciel s’a disployi come ène grande bleuwe
couvèrte qui n’aureut pont s’ sinzeû. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 8)
– EW : (...) one crompîre, pik’té d’ baryolés ploumes du ritchâs (S. FONTAINE,
Colas, p. 4) - One bèle djin d’one trinténe d’ânées, avou dès neûrs tchuvès èt
on fin vizèdje come cis dès Sintes-Vièrdjes (...) (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) -
Dji n’èsteû vormint nin ’ne plêhante kipagnèye : dès neûrès-idèyes si k’boutît
è m’ tièsse. (M. FRISEE, Scrîre, p. 85) - [On spågne-måye] du pête avou dès
bèlès bleûsès-imådjes tot-åtou. (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96) - Ine blanc-mwète
loumîre qu’aveût ponne dè trawer lès mahurés cwårês, ridéve so lès gris meûrs,
li gris årmå, lès grîsès tchèyîres èt lès må rafacêyès ployeûres d’on gris papî qui
racovréve li tåve. (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113) - Une tote simpe fosse,
avou dès bloncs cayås (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185) - Å d’zeûr dè doré
tiér, mayeté d’ pihètes-è-lét / On plope su drèsse tot seû (...). (A. SOUGNEZ,
Scrîre, p. 204)
– SW : Li bone êwe (...), rêwe lès-yèbes èt lès vèrts moss’rês. (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 20) - (...) avou ça, one jate di nwâr cafè èt v’là l’ sopè d’à Guagite èt d’à
Pitit. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 28) - Gn-avét a l’intrée ène cuvèle du mèlasse
a costè d’î tounê d’ nwar savon. (G. MOUZON, Causans, p. 33) - Mês ç’ n’èst nin
one tchèmîje jâsmin, don ça. C’è-st-one blantche tchèmîje. (Ch. BENTZ, Coradje,
p. 73) - I sant contints d’ vèy leû gamin ki coûrt âtoûr dol mâjon dins sa ptite
roudje cote dè lin.ne... (M. GEORGES, Singuliers, 2/1998, p. 7) - Dj’ ê sondjé
1. ALW II, 11 : qualificatif féminin pluriel devant le nom.
86 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF

a in viadje (...) / Ravôtié p’ ôs coûtères du swâye û d’ canadas / Èt p’ ôs vèrts


cafloris pachis. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 11)
– CW : Â ! èlle a cor on p’tit rossia tchin. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21) -
Avou s’ coûte nwâre baube pa-t’t-avau s’ visadje èt sès grands brès stitchis dins
s’ marone, tot l’ monde ol ricrindot. (A. HENIN, Scrîre, p. 105) - (...) on l’ passéve
co bén ’litt. encore bien : parfois’ avou one blanke loke (...). (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 42) - Dji strumeus ci djoû-là on bia gris d’vantrin à blancs pwès. (H.
MATTERNE, Richot, p. 2)
Ex. lit. avec adjectifs de forme :
– SW : A s’assyant o culot dissus one basse tchèrîye (...), èle dimande à s’ bèle-fèye
(...) doû-ç’ qui Pitit èst vôye. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 31) - Li Sorcîre a dit
tot ça tot bê doûcemint, di s’ grêye vwès qui sôrt’ di sès finès lèpes rassèréyes inte
si grand minton èt s’ bètchu nè (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 34) - Mâria !
qué bê gros valèt ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 52) - Il avot sayè do fére li Na-
polèyon qu’il avot vèyu (...) imprimè au fond d’one chate assiète. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 64) - Jamais l’ vatchî d’ Nauwinne n’avot vèyu on s’-fait colosse :
on grand laudje cwâr su dès grantès guèrdéyes. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 87)
– CW : Vîye ouprâle ! Grand laîd sbara ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - On
p’tit rètassè y-ome, qu’aveut stî a tch’fau su on tonia. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 21) - One grosse grande indjole, come one pitite maujon. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 23) - On p’tit grêy ome a d’tchindu dèl bagnole, one malète bauyant
d’zos s’ brès. (R. CLINIAS, Scrîre, p. 48)
– OW : (...) spirous dins-ène roûwe, pèchons dins-in rond bocâl. (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 77) - Lauvau, dins lès spèssès tièstures dès tchinnes, dès pidjons
monsauds fyint roucoutoucoû. (W. BAL, Fauves, p. 7)
– EW : Ine pitite cwårêye plèce, deûs léts mètous onk dizeû l’ôte. (J. HOUBART-
HOUGE, Scrîre, p. 113) - Ine blanc-mwète loumîre qu’aveût ponne dè trawer
lès mahurés cwårês, ridéve so lès gris meûrs, li gris årmå, lès grîsès tchèyîres èt
lès må rafacêyès ployeûres d’on gris papî qui racovréve li tåve. (J. HOUBART-
HOUGE, Scrîre, p. 113) - Marie a hågnî s’ bê chèrvice, lès tasses à fleûrs, lès fins
kilîs, lès fortchètes à mitchots... (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
Ex. lit. avec d’autres adjectifs :
– SW : (...) i bwèt, i bwèt dol freûde êwe. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 38) - Toute
l’anêye, çu n’ èst k’ ène dicôce / Avu dès dmis èt du crôs lôrd. (J.-P. CLIP, Singu-
liers 2/98, p. 12) - Avou l’ bolante êwe do for, on lès raze [deûs couchèts], pus on
lès vûde èt on lès cônpe a deûs. (E. PECHEUR, Singuliers 2/98, p. 13)
– CW : Li bènite êwe î èst quét’fîye pus fwate. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12) -
(...) onk qui clèpe èt l’ôte rote à rwède djambe. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) -
One parèye pîce, on-z-è faît sès bias djoûs (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19)
- I m’ chone (...) / qui ça vaureûve tos lès richots pièrdus / Dins l’ morant sauvlon
d’ mès djoûrnéyes. (A. BACQ, Scrîre, p. 20) - On boutéve dès tonias ou dès tënes
’cuvelles’ dëzos l’ colwêre, ou bén dès (...) prôn pes bëdons ’récipients’ (...). (J.-
J. GAZIAUX, Lessive, p. 40-41) - (...) n-a dès côn ps, cand on boutéve dèl trop
tchônde êwe, quë dins l’ fond, n-avot one clape quë vôn sséve ’une douve bombait’
(...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 77) - Quand faut d’alè vôter / Dji n’ wè ré dèl
4.3. PLACE 87

goche mwin (...). (COMPOST BINDE, Blues around ze clokes) - Li mêgue : 0%


di craussès matiéres. (Chwès, Libramont, p. 14) - . . . choufler dins l’ cu d’ ène
ètike rin.nète po sayî di l’ fé pèter ? (J. SCHOOVAERTS, Rabulèts)
– OW : Lès vènéyes di vé, lès crayas d’ leûs-ouys èt dès stokéyes di nwârs tchivias
avît ratirè in grand vî ome. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) - Gn-aveut l’ pé-
trâle, chamarèye nwâre, vêrt èt blanc ; li roudje, li fine tére pou fé lès vâses. (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 49) - Intrèz don bwâre ène goute èt ène jate di
tchaud cafè ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 54)
– EW : Qwand èle rissére sès brès’ di frudeûr so l’ målavisé pôrmineû, i n’ lî
d’meûre pus qu’à s’ rimète ås cis qu’èl vont r’kwèri. (G. FONTAINE, Scrîre,
p. 84) - (...) l’ome ritroûve li sorîre (...) divant ’ne blamêye di bwès, ine jate di
tchôd cafè, ine bone gote di pèkèt èt ’ne rude cråsse fricassêye. (G. FONTAINE,
Scrîre, p. 84) - Dji n’èsteû vormint nin ’ne plêhante kipagnèye : dès neûrès-idèyes
si k’boutît è m’ tièsse. (M. FRISEE, Scrîre, p. 85) - Mins dju m’ sovins qu’ènn’
aveût dès-ôtes, c’èsteût dès rondès boules du cûte tére, bronâtes come lès-anciênès
pignales å cafè (...). (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96) - Une tote simpe fosse, avou
dès bloncs cayås (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185) - L’arèdjèye bièsse ra-
taque ci bièsse di djeû-la co traze èt co traze côps. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224)
- [Ène vrêye blanke dame] Qui pout fé tot plin d’èstchantêyès-afêres, qui pout
minme rinde lès djins ureûs ? (J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - L’åbe, li dièrin, on
lêd vî hêpieûs tiyou, c’è-st-on pô l’apoticåre dè payîs (...). (J.-D. BOUSSART,
Limes, p. 23) - I-n-a djustumint divins on rècoulis’ ine riguilite di vûs tonês...
(MITTEI, Zanzan, p. 29) - Quén’ awoureûs moumint qwand Jèzus v’ houke po
r’horbi vos låmes (...). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 80) - (...) mizéricôr qui nos våt
l’ visite dè Lèvant Solo ad’hindou d’la hôt. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 85)
L’adjectif accompagné d’un comparatif ou d’un superlatif (p. 91) se place normalement
devant l’adjectif, si celui-ci doit lui-même être utilisé devant le nom :
– on trop foirt ome (un homme trop fort) ; c’ esteut ir li pus froede djournêye
(c’était hier la journée la plus froide)
Ex. lit. :
– CW : (...) n-a dès côn ps, cand on boutéve dèl trop tchôn de êwe, quë dins l’ fond, n-
avot one clape quë vôn sséve ’une douve bombait’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive,
p. 77) - (...) avou one pate, on n’ sét fé one ossi fine bèsogne qu’avou one mwin.
(R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
– EW : (...) il ont dit leû vol’té dè fé tot (...) po mète è plèce dès todi mèyeûzès condi-
cions dè viker divins ’ne lîbèrté todi plus grande ; (Dèclaråcion 2, Préambule)
Contre-ex. lit. :
– CW : C’èsteut do l’ lumiére (...) qui r’glaticheut su l’ vôye fine blanke. (A. LA-
LOUX, Bêrt, p. 9)
– EW : Lès manèdjes s’assièt so on r’plat pus sètche do bwèrd do claptant ru. (S.
FONTAINE, Colas, p. 3)

Substantif + adjectif
77. Dans les cas suivants, l’épithète se place après le substantif.
88 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF

a) Dans les expressions empruntées au français ou comprenant des adjectifs emprun-


tés, savants ou rares :
– li fiesse nåcionåle (la fête nationale), on pris aboirdåve (un prix abordable), des
fleurs artificieles (des fleurs artificielles)
Ex. lit. :
– SW : Djo-lî ê d’nè l’absolucion jènèrâle (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 42) -
(...) ça lî fyot piède por on bokèt si mine come on procès-verbâl. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 69)
– CW : Aurdè one bièsse inutile quand on n’ènn’ a nin dèdja assèz por li. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 18) - Èt d’ tès-in timps, on nè savot yë ô marché nwâr.
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 48) - Chirurgie esthétique / Dji m’ rèpèteûve ça /
Come ène formule magique (...). (COMPOST BINDE, Lepû) - Ç’asteut l’ maîsse
di scole pou lès gamins, èt lès soeûrs pou lès fîyes qui fyint lès copîyes au tablau
nwârt [sic, = nwâr]. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 44) - Is n’ sayenut nin d’ prou-
ver qui l’ Walon è-st-on patwès, nu qui l’ Francès è-st-one « langue supérieûre »
pace qu’is n’ saurin.n’ prouver nu onk nu l’ôte. (R. VIROUX, Novèles, 46/2000,
p. 18) - (...) po mostrer qui l’ monder rural candje tos lès djoûs po div’nu mèyeû.
(Chwès, Libramont, p. 3)
– OW : Gn’a nén qu’lès bièsses qu’ont dès-idéyes barokes. (H. PETREZ, Fauves
IV, p. 117) - C’è-st-ène fîve célèbrâle ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 66)
– EW : Jésus, rimpli d’ l’Esprit-Saint, riv’na dè Jourdain (...). (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 94) - Et on lingadje qui vout viker, s’i lî måke dès mots, i lès deût fé,
ca on n’ pout nin tofér toûrner åtoû dès mots abstraits po l’dîre è walon. (Djåzans,
Osté 2000, p. 14) - Istwêre veûre avou dès fâs noms d’vins on dècôr truké. (S.
FONTAINE, Colas, p. 1)
b) Les adjectifs de couleurs coordonnés :
– on drapea noer eyet rodje (un drapeau noir et rouge).
Ex. lit. :
– CW : Tortos avou leû bia vantrin blanc garni d’ rubans bleuw èt roudjes. (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 29)
c) Les adjectifs de provenance ou de nationalité :
– ene tchanson lidjwesse (une chanson liégeoise), li peupe itålyin (le peuple ita-
lien).
Voir toutefois une remarque sur certains adjectifs de nationalité, p. 89.
d) Des adjectifs violemment affectifs :
– il a on må teribe ou on teribe må (il a des douleurs terribles).
e) Quelques expressions :
– a pîs dschås (pieds nus), li samwinne passêye (la semaine passée).
f) La tendance à l’antéposition est plus forte en EW qu’ailleurs. Dans les exemples
suivants, l’adjectif aurait pu se placer avant le substantif (avec dans certains cas une
nuance différente). Ex. lit. :
– SW : (...) inte lès tchap’lèts glumiants dès-ous d’ rainne, i bwèt (...) (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 38) - (...) on prind one pènéye dins l’ bwèsse rilûjante d’à Marîye
Gloriète (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 96) - (...) i s’ ridrèsse conte li montant,
4.3. PLACE 89

mèt s’ mwin dreûte dissus s’ tièsse èt wête (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 105)
- (...) on-z-a trimpè dès draps d’ mwin dins d’ l’êwe freûde (...) (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 42) - (...) èt lès bês pèchons dorès, tapinès di p’tits pwints rodjes, si
k’twardint (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 66) - (...) èle fajét dîj eûres èt bouvét
ène goulée d’ cafè boulant. (C. CULOT, Causans, p. 49) - (...) c’èst honteûs dè
v’nu à mèsse dins on-ètat parèy ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 36) - Dj’ê voci on
r’méde tèribe qui f’rè fonde vosse grache come dè l’ivièr â solê. (Ch. BENTZ,
Coradje, p. 65)
– OW : (...) nos-avons li tére di cultûre, nos-avons l’ârzîye, li sâbe vêrt (...). (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50) - Ès’ dos ît fris’ brun avou ’ne grande tatche
blanke su sès flancs. (W. BAL, Fauves, p. 6) - I va pûjî dins l’ pusse à l’eûwe clére
ayu ç’ qu’i ramouyeut s’ front sins roye. (W. BAL, Fauves, p. 11)
– CW : (...) lès places lès pës man.nètes, c’èst l’ col èt lès pougnèts ’poignets’. (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 23) - N’avot dès pës clérs ’clairs’ èt dès cës qu’avin’ on
r’flèt vèt’ ’vert’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 47)
– EW : Li vî sotê lès èvoya djusse dè costé contråve. (MITTEI, Zanzan, p. 28)

Usage flottant
78. L’ordre ADJECTIF + SUBSTANTIF est souvent considéré comme la règle et l’ordre
SUBSTANTIF + ADJECTIF comme l’exception. L’usage est cependant loin d’être
uniforme et les exceptions connaissent elles-mêmes leurs propres exceptions, dans cer-
taines expressions éventuellement hypercorrectes telles que les suivantes. Ex. lit. :
– EW : (...) lès pîds qu’ tos lès sotês vinît r’horbi è sègne di lwèyåls sudjèt. (MITTEI,
Zanzan, p. 41) - Li rwèyåle vôye dè l’ Sinte Creûs. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 93)
– OW : (...) vos-avîz l’ér di nos catchî ène saqwè... come si ça s’reut in s’crèt pro-
djèt ? (J. GOFFART, Coquia, p. 13)
– CW : On sét qui l’ fédéral Gouvernemint vôreûve fer bachî l’ producsion d’ pour-
cias di 20% (...). (Chwès, Libramont, p. 9)
Il arrive que des adj. de provenance ou de nationalité soient antéposés :
– EW : Lu walone tchanson du m’ payis (titre d’une chanson verv. sur des paroles
de Henri Bragard et une musique de Max Michel)
– CW : - Lès Walons Scrîjeûs d’ après l’ Banbwès (association littéraire) - (...) sins
rovî l’ trûte, nosse walone vedète qu’èst todi l’ binv’nue su nost’ assiète (Chwès,
Libramont, p. 5). De même : Roman Payis, nom courant de la province du Brabant
wallon.
La comparaison de deux traductions différentes de la « Déclaration universelle des
droits de l’homme » (Dèclaråcion 1 & 2) met bien en évidence certaines hésitations
pour les adjectifs savants. Comparons :
– Dans certains cas, les deux textes postposent l’adjectif : Nåcions Ûnèyes, dèclarå-
cion univèrséle.
– Dans certains cas, les deux textes divergent : li jènèråle assimblêye (Dèclaråcion
1) ∼ l’ assimblêye jènèråle (Dèclaråcion 2).
– La Dèclaråcion 2 a li vèye culturéle mais dès cruwélès ponnes.
– La Dèclaråcion 1 a li progrès sociål mais lès comeunès valeûrs.
90 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF

– Quant à l’adj. naturél, il est utilisé dans les deux positions dans la Dèclaråcion 1 :
lès dreûts naturéls ∼ lès naturélès lîbèrtés.

Position et sens

79. La position de l’adjectif permet de distinguer certaines nuances de sens. L’adjectif


postposé a le sens d’une relative :
– il a s’ måssî pantalon (il a son pantalon sale, mais il en a d’autres qu’il pourrait
mettre) ∼ il a s’ pantalon måssî (son pantalon est sale) ; i boet s’ tchôd laecea (il
boit son laid [qui est] chaud) ∼ i boet s’ laecea tchôd (il boit son laid chaud [et
non froid])
Ex. lit. :
– OW : Lès-omes qu’ont tètè leû cigare rimoucheneut lès preumîs : is-ont d’djà
l’ gozî sètch. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 59)
– EW : Istwêre veûre avou dès fâs noms d’vins on dècôr truké. (S. FONTAINE,
Colas, p. 1) [Veûre istwêre signifierait que ce qui va être raconté est vraiment une
histoire, alors que Istwêre veûre signifie que la teneur de l’histoire est vraie. La
nuance est la même en français.]

4.4 Emploi
Adjectifs indiquant un résultat

80. L’adjectif est souvent utilisé en tant qu’adverbe pour indiquer un résultat (voir aussi la
section consacrée aux adjectifs et aux adverbes, p. 212) :
– il a viké vî (il a vécu vieux) ; i s’ ovréve moirt (il se tuait à l’ouvrage ; lit. « il se
travaillait mort ») ; ele si coreut sote après lu (elle lui courrait après à s’en rendre
folle ; lit. « elle se courrait folle après lui ») ; si rire malåde (se rendre malade de
rire)
Ex. lit. :
– EW : Li coquemâre si sofeule mwète po l’ bûze... (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
Autres cas d’utilisation d’adjectifs comme adverbes :
– OW : Nos trwès soçons boutenut deur, mins l’èstudio cominche à awè bèle ér. (J.
GOFFART, Coquia, p. 20) - Djan aveut tapè djusse. (J. GOFFART, Coquia, p. 23)
– SW : (...) a vèyant sclairi, l’ bîsteû n’ vêrè nin sûr bauk’tè par ci. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 36) - (...) c’èst dès grands diâles qui sont moussès tot blancs (...). (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 23) - Lès p’tits-afants avint l’êr d’eune momîe éjipsiène,
mês il avint chûr pus tchöd. (M. LEDENT, Causans, p. 45) - C’èst probâbe po
qu’on vèye mî s’ novê tchèpê ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 36) - Ça îrè sûr brâmint
mî què vos n’ sondjèz ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 39)
– CW : Mâria ! I s’î aveut mètu dès molons plin. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
4.4. EMPLOI 91

Adjectifs employés avec aveur et fé


81. À noter l’emploi des adjectifs avec les verbes aveur (∼ awè) (avoir) et fé (faire) :
– i fwait åjhey roter vaici (il est facile de marcher ici) ; i fwait tchir viker (la vie
est chère) ; dj’ a bon (je me sens bien) ; on-z a målåjhey di s’ fé comprinde
(il nous est difficile de nous faire comprendre) ; on-z a meyeu si rpoizer ou di
s’ ripoizer ki do travayî (on préfère se reposer que de travailler) ; fé do malén
(faire le malin) ; fé del biesse (faire l’idiot) ; i fjhèt do sot (ils font les fous)
Ex. lit. :
– SW : A vèyant li p’tit Jean-Batisse qu’avot bon (...), ça lî fyot piède por on bokèt
si mine come on procès-verbâl. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 69)
– CW : Co saqwantes qui frint bon sins tant, s’is n’avint nin one tchétchéye ou l’ôte.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13)
– OW : (...) i fieut dur viker pou lès p’titès djins èt lès èfants dès p’titès djins com-
prind’neut djonnes qu’i lyeû faut ravaler leûs rèves dè deûs mastoques au gros
sou... (W. BAL, Fauves, p. 9)
– EW : Dj’a målåhèye di v’s ètinde télemint qu’ vosse vwès ’nnè va. (MITTEI,
Zanzan, p. 7) - Vos-årez bin-åhèye di v’ racoviér. (MITTEI, Zanzan, p. 27) - Sins
camaråde, on n’ a nin bon d’ viker (...). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 82)

Expression des mesures


82. Un adjectif employé seul avec un nombre (ou un groupe, un adverbe exprimant un
nombre) peut exprimer une mesure :
– les waesses fijhèt leu nid djusk’ a on mete fond (les guêpes font leur nid jusqu’à
un mètre de profondeur) ; li tchambe est shijh metes lådje (la chambre a six
mètres de largeur) ; ene måjhon ût metes longue (une maison de huit mètres de
long) ; gn aveut deus cintimetes sipès d’ moirtî (il y avait une épaisseur de deux
centimètres de mortier) ; i gn a troes doets spès (il y en a une épaisseur de trois
doigts) ; il est ça grand (il est grand ainsi)
Ex. lit. :
– SW : (...) c’èst bin par là qu’i ’nn’ a ’nn’ alè ; i-gn-a one diméye eûre lon. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 35)
– CW : Dji sèreus voltî saqwants-eûres pus vî. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27) -
(...) n-a dèl chëme ça ôn t ! (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 78)
– OW : (...) dji r’monteu dès téres di quéze mètes bas dins-in saya an zinc (...). (L.
POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 45) - O Sègneûr ! Eûchèz pitiè d’in maleureûs popa
qui n’a qu’ène pètite fîye èt qu’acourt di trwès-eûres lon pou v’ni Vos trouver
paç’qu’èle va mori ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 67)

Les degrés de comparaison


83. Comparatif de supériorité avec pus : il est pus bea (il est plus beau)
Comparatif d’égalité avec ossu : il e-st ossu malén (il est aussi intelligent)
92 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF

Comparatif d’infériorité avec moens (mons ∼ mwins’) ou, dans les phrases négatives,
nén si : l’ efant est moens nozé (l’enfant est moins mignon), l’ efant n’ est nén si nozé
(id.)
Ex. lit. :
– OW : In p’tit ome a ossi mau sès rins pou fouyî ; pourtant, pour li, l’ têre n’èst nén
si basse. (P. FAULX, Limes, p. 37)
– CW : (...) quand dji su è-igni, i m’ chone qui dj’ su tot-ossi grand qu’on-ote. (A.
LALOUX, Bêrt, p. 11)
En malm. on’tot si :
– EW : Il [on balon] èsteût on’tot si hôt qu’one môye du foûr, mès nin si gros,
naturél’mint... (J.-M. MASSET, Contes, p. 9)

Superlatifs relatifs
84. a) On emploie les comparatifs précédés d’un article défini, d’un déterminant possessif
ou de la préposition di :
– c’ est zels les pus beas (c’est eux les plus beaux) ; li moens boune (la moins
bonne) ; mi pus grand plaijhi (mon plus grand plaisir) ; çou k’ i gn a d’ pus
åjhey (ce qu’il y a de plus facile)
: b) On utilise parfois des locutions comportant un adjectif ou un adverbe renforcé par
(di) tot si / ses pus ou di si pus + adjectif.
– i coreut d’ tot ses pus roed (il courait aussi vite que possible) ; criyîz tot vos pus
foirt (criez le plus fort possible)
Ex. lit. :
– OW : Et l’ pus noû solia d’ tous lès timps s’a mis à lûre di sès pus bèles (...). (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 8)
c) On utilise aussi la locution å / al pus + adj. ou adv. Ex. lit. :
– OW : (...) c’èst pa choûrchîyes qu’Il y-a spaurdu dès fleûrs, toutes au pus bèles èt
qui sinteneut si bon ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 8)

Superlatif absolu
85. a) Il est exprimé grâce à des adverbes comme :
– elle est foirt sipitante (elle est très pétillante) ; elle est mo nåjheye (elle est très
fatiguée) ; elle est hodêye å dla (elle est excessivement fatiguée) ; elle est scranse
jamwais parey (id.) ; dji so pår frexh (je suis complètement mouillé) ; elle est
foû mwaijhe (elle est extrêmement fâchée) ; t’ es tot frexh (tu es tout mouillé)
Et aussi : t(o)tafwaitmint (tout à fait), t(o)tafwait (id.), completmint (complètement),
carapmint (excessivement), etc...
Variantes : foirt ∼ fwârt (CW, OW), fwart (malm.), fwért (liég.), fwêrt (verv.), fwèrt
(sporadiquement, EW), fôrt et foûrt (OW) ; tot ∼ tout (OW, partie de SW) ; mo ∼ mou
(partie de SW) ; jamwais ∼ jamês, -és (en général).
b) Certains adjectifs employés comme adverbes peuvent également marquer un degré
superlatif :
4.4. EMPLOI 93

– on fameus laid tchén (un chien fameusement laid) ; ene assoteye grande måjhon
(une maison incroyablement grande) ; on bea vî côp (un fameux coup) ; on sacré
måssî tins (un temps vraiment mauvais) ; ene rude bele biesse (une fort belle
bête) ; il est moirt sicrans (il est épuisé) ; il est noer nåjhi (il est épuisé) ; t’ es
fén sot (tu es tout à fait fou) ; il est percé sot (il est complètement fou) ; t’ es crevé
plin (tu es ivre mort)
c) Certains adjectifs ou adverbes peuvent être redoublés en tout ou en partie pour
exprimer un superlatif :
– tene (mince) → tetene (très mince) ; i n’ est nén grand grand (il n’est pas très
grand)
Ex. lit. :
– CW : (...) a-t-i toûrnè autoû, li Skèwe, à l’ sôrtîye di mèsse, èt raflatè, fè do plaplat
(...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19) - (...) cand c’èstot po laver al mwin, on
nèl lêyive ’ne la laissait’ ni tchôfer fwârt, fwârt po qu’on soyëche ’sût’ ténre sès
mwins d’dins. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 67)

Superlatifs et comparatifs de forme particulière (adjectifs et adverbes)


86. Tableau :
bén (bien) mî (EW, SW) (∼ mia li mî (∼ li mia), li
OW, CW), meyeu meyeu
(OW)
bon (bon) meyeu (meilleur) li meyeu
må (mal) pés (pis) li pés
mwais ou måva pire, peyeu (pire) li pire
(mauvais)
pô (peu) moens (mons ∼ li moens (li mons ∼
mwins’) (moins) li mwins’
bråmint ou beacôp di pus ou pus’ (plus) li pus
(beaucoup)

Les formes pés et pire, mî et meyeu (OW) s’emploient souvent l’une pour l’autre :
– li pés d’ tot ou li pire di tot, c’ est ki dj’ a må mes djambes (le pis de tout, c’est
que j’ai mal aux jambes) ; i våt mî nd aler ou i våt meyeu nd aler (il vaut mieux
partir)
Ex. lit. :
– OW : Rén du tout, après l’ sirop, si èle nè va né mèyeû, èm’ fîye dîra çu qu’èle
voûra (...) (Ch. TOMBEUR, Ch’napans, p. 27)
Variantes : mî ∼ mieu (OW) ; pés ∼ pîs (OW) ; pô ∼ pôk ; bråmint ∼ branmint (OW).

Todi
87. L’adverbe todi (toujours) s’utilise avec les comparatifs pus et moens (mons ∼ mwins’)
dans le sens « de plus en plus » ou « de moins en moins » :
94 CHAPITRE 4. L’ADJECTIF QUALIFICATIF

– djel voe todi pus voltî (je l’aime de plus en plus) ; i dvént todi pus cawiasse (il
devient de plus en plus raide)
Ex. lit. :
– SW : I vèyot todi d’ pus a pus voltî lès Ma-tantes (...). (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 131)
– CW : Lalîye diveneut todi pus cawiasse on djoû qu’ l’ôte (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 16) - Lès molons èstint todi à d’ pus. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
- Quand on-z-a passè lès trinte ans, on-z-èst todi mwins’ ènondè on djoû qu’ l’ôte
po satchi à l’ cwade avou l’ confrérîye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 26)
– EW : I fêt todi pus tchôd... (MITTEI, Zanzan, p. 22) - (...) il ont dit leû vol’té dè
fé tot (...) po mète è plèce dès todi mèyeûzès condicions dè viker divins ’ne lîbèrté
todi pus grande ; (Dèclaråcion 2, Préambule) - (...) il è-st-important d’ècorèdjî
totes lès nåcions a s’aconter todi mîs eune l’ôte. (Dèclaråcion 1, préambule)
Variante : toudi (OW, malm., partie de SW).
Chapitre 5

Les déterminants

5.1 Les articles définis


Formes de référence
88. Les principales variables sont la place de la voyelle d’appui (avant la consonne en
OW, après ailleurs) et le timbre de cette voyelle (v. carte p. 295). Les formes les plus
fréquentes sont celles avec une voyelle d’appui postérieure et de timbre /i/. Les formes
du pluriel sont partout identiques. 1

singulier li djoû
li djournêye
l’ ome
pluriel les djoûs
les djournêyes
les omes

Formes élidées : dji voe l’ djoû, dji voe ls efants.

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


singulier li djoû li djoû èl djoû lu djoûr
li djoûrnêye li djoûrnéye èl djoûrnéye la djoûrnée
l’ ome l’ ome l’ ome l’ ome
pluriel lès djoûs lès djoûs lès djoûs lès djoûrs
lès djoûrnêyes lès djoûrnéyes lès djoûrnéyes lès djoûrnées
lès-omes lès-omes lès-omes lès-omes

1. ALW I, 54 (« le »), II, 1 (« la »).

95
96 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

Formes locales

Malm., verv., basse Ardenne : lu djoû, lu djoûrnée. Brab. : lë djoû, lë djoûrnéye.


Bouillon : lë djoûr, la djoûrnée.
Remarque : la majeure partie du SW (sauf fam.) distingue un article singulier féminin :
la cinse (la ferme) et un article singulier masculin : lu lîve (le livre).

Emplois

89. a) Le wallon (sauf le SW) ne fait pas la différence entre masculin et féminin, ni au
singulier, ni au pluriel : li trén (le train), li tåve (la table). Cependant, la s’agglutine
dans les articles contractés en SW comme ailleurs (voir articles contractés, p. 101).
b) a l’, da l’, so l’ (∼ su l’) e l’ (∼ è l’ ∼ o l’), pa l’, po l’ (∼ pou l’), dè l’ (∼ do l’ ∼
du l’) peuvent se lier dans l’écriture devant une consonne :
– dji m’ va al fiesse (je vais à la fête) ; li tåte dal kimere (la tarte / la tartine de la
femme) ; li live est sol tåve (le livre est sur la table) ; dj’ a vnou pal bwès (je suis
venu par le bois) ; li bistoke est pol mame (le cadeau est pour la mère) ; dji boe
del bire (je bois de la bière).
c) Certains mots s’emploient sans article, surtout :
– les noms de rivière : Mouze est bele (la Meuse est belle), Sambe (la Sambre),
l’ aiwe di Lesse (la Lesse), l’ aiwe d’ Oûte (l’Ourthe)... Ex. lit. :
SW : (...) pu, lauvau, Inson qui s’ kitwârd èt qui s’astaudje dizos lès huréyes a
fyant dès grossès gofes (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 79)
CW : Èwou ç’ qu’èle s’a passè, li bataye des Nèrvyins ? Li long d’ Sambe, bin
sûr ! (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
EW : Di d’ là èco, on veût passer lès batês so Moûse, lès r’morqueûrs qui hoûlèt èt
qu’ bahèt leû tch’minêye tot-z-arivant â pont (...). (J. DUSART, DW, t. 14, 1986,
p. 90)
– le mot tere (terre) : dins tere ou e tere (dans la terre), å raeze di tere (à ras de la
terre). . . Ex. lit. :
SW : (...) on loûrdê quo-lî a pris su l’ pavéye èt quol a djostè a têre... (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 114)
EW : C’èst po çoula qu’i vikèt d’zos tère. (MITTEI, Zanzan, p. 8).
OW : (...) lès bièsses ont arivè come si èles sôrtént d’tère. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 9).
Contre-ex. lit. :
CW : (...) po ni que l’ kë (ou fond) dèl banse djonde ’touche’ lë têre. (J.-J. GA-
ZIAUX, Lessive, p. 32).

Par contre, on note l’expression al tere (par terre). Ex. lit. :


EW : Deûs potèts d’ jèrâniyom’, pindous â tchinâ dol houbète, toumît a l’ tère.
(J.-M. MASSET, Contes, p. 6)
CW : (...) l’êwe dëmëréve pace quë l’ loke n’èstot ni al têre. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 81)
5.1. LES ARTICLES DÉFINIS 97

– dans les expressions : aler a messe (aller à la messe), dire messe (célébrer la
messe), siervi messe (servir la messe), aler a vepes (aller aux vêpres), etc. Ex.
lit. :
SW : Li prèmî dîmègne di mêy, après vèpes, po pazê dol Comène, Pitit rotot bin
guéy pa-drî s’ moman (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 78) - (...) il è rîrè tos
lès dîmègnes divant grand-mèsse èt i r’vêrè après vèpes po z-alè aus tchamps. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 79) - Èt l’ dîmègne, cand on mousséve foû d’ mèsse,
i pléve riwêtou tos lès pîds (...). - (R. DEDOYARD, Scrîre, p. 56) - Al soûrtie
d’ mèsse. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34)
CW : Après mèsse oudôbin après non.ne, ils ènn’alint avou leûs parints èmon leûs
grands-parints (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 44)
– dans de nombreux compléments directs figés : aveur fwin (avoir faim), serer
botike (fermer le magasin), tini botike (tenir boutique), leyî ouve (arrêter de tra-
vailler), fé voye eshonne (cheminer ensemble), aveur fwait djournêye (avoir ter-
miné sa journée)...
– quand un nom est utilisé comme attribut : il est pourcea po djåzer (il est grossier
quand il parle) ; i n’ est nén tchén d’ ses cwårs (il n’est pas chiche de son argent) ;
i n’ irè nén sôdår (il ne fera pas son service militaire) ; i vnént cinsîs (ils arrivèrent
pour s’établir comme fermiers) ; esse borguimwaisse (être bourgmestre). . .
– dans des proverbes et expressions : contintmint passe ritchesse (contentement
passe richesse) ; boere cekes et toneas (boire cercles et tonneaux, = boire beau-
coup). . .
– dans des imprécations : diâle m’ evole ! (que le diable m’emporte !). . .
– dans des locutions adverbiales : dvant tins dvant eure (prématurément), djaler a
pire finde (geler à pierre fendre). . .
– devant des noms en apostrophe : merci, camaeråde (merci, l’ami), arvey, cuzene
(au revoir, cousine). . .
– devant des compléments du nom à valeur d’adjectif : èn anea d’ ôr (un anneau en
or). . .
– devant les noms exprimant une division du temps : dji vén londi (je viens lundi),
il est meynute (il est minuit). . .
– après soeye-t i répété : soeye-t i sogne, soeye-t i ewaeråcion... (soit peur, soit
surprise, ...). . .
– parfois devant des noms de saints. Ex. lit. :
SW : Li djoû saint Stiène, i va quêre sès noches (...). (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 70) - (...) il è pindèt one aute (...) à costè do bouquèt sètchi qu’on va quêre
tos l’s-ans aus r’mwadjes, al porcèssion saint Monon. (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 124)
CW : A l’ swite do côrtèje rilijieûs vint l’ drapia Sint-Pîre, qu’èst r’mètu à l’èglîje
jusqu’au londemwin au matin. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 31)
– dans des énumérations littéraires ou non : ome, feme, efants, tot l’ tchetin !
(homme, femme, enfants et tout le fourbi !). Ex. lit. :
SW : Nosse sociètè ni vèt pus ki randmint, sous, pouvwâr, oneûrs. (J. BILY, Sin-
guliers, 2/1998, p. 5) - Corti, maujon, pachi, c’èst là qu’ Pitit va passer l’ pus
gros hagnon di s’ vîye (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 121) - Sins sondjè quu
Canète duvrit ratinde, m’ tchin è angoufrè truques èt cruchons (...). (L. HECTOR,
98 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

Causans, p. 13)
CW : Lès minâbes djoûs qu’i n’ lauke nin do ploûre, èt chwache, èt broûs, èt
godis’, èt-z-è r’naudè jusqu’après non.ne (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
– parfois entre la chose possédée et le possesseur, si celui-ci est un être animé. Ex.
lit. :
OW : Li p’tit roussia, vijin dèl maujo Bubule... (E. LEMPEREUR, Tièsses pèléyes,
El Bourdon 477, 6/1995, p. 9)
– dans tote djoû (toute la journée) et tote nute (toute la nuit).
– dans des généralisations. Ex. lit. :
SW : Il ont cauzè dêréyes èt bièsses, èt Pitit astot bin r’pwèzè quand il a d’chindu
dol male. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 87)
EW : Si vite qu’ènn’ont l’adje, ome èt feume, di tot l’ minme quéle race, nacionå-
lité ou r’lidjon, ont l’ dreût di s’marier èt dè fonder ’ne famile. (...) (Dèclaråcion
2, art. 16)
d) Inversement, le wallon peut utiliser un article quand le français ne l’utilise pas ou
plus :
– très fréquemment devant les noms propres de personnes ou d’animaux : Ex. lit. :
EW : Lu Lînâr èsteût on pô hêgue. (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) - I d’vinve aprin-
dice amon l’ Djôzèf Bordèt, l’ talieûr. (J.-M. MASSET, Contes, p. 7) - Ôh ! fåt pâr
assoti, di-st-èle lu Marie ! (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204).
OW : Ça n’ mi plét wêre di r’trouver l’ Fatima ! (J. GOFFART, Coquia, p. 25) -
Més n’ faleut nin asprouver dè l’ fé tourminter, l’ Grisète (...). (W. BAL, Fauves,
p. 6) - Dis qu’ dj’ènn’ ai suwè iène di tch’mîje ! di-st-i l’ Piêre (...). (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 59).
CW : On d’djeut ossi qui l’Oscâr Antwane aveut ètèrè brâmint dès caurs au pîd
da onk dès cinq vîs tchin.nes, addé èwoù qui l’ Croyon a s’ câriêre. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 13) - Èt, on bia djoû, is ont ècoradjî li Djan-Pîre a stinde si produc-
sion (...). Li feume do Henri Baiwir nos a conté qui s’t-ome tûze todi à one saqwè
di novia dè l’ nét. (Chwès, Libramont, p. 40-41)
– souvent devant les noms de pays : i rvént del France (il revient de France). Ex.
lit. :
EW : Après-avu fêt tot çou qu’is d’vît fer (...), ènnè ralît èl Galilêye, è leû vèye di
Nazarèt. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 89)
– dans diverses expressions : vinoz al tåve (viens à table). Ex. lit. :
EW : Deûs potèts d’ jèrâniyom’, pindous â tchinâ dol houbète, toumît a l’ tère.
(J.-M. Masset, Contes, p. 6) - Il intra st-è s’ mohone, èt i s’ mèta st-à l’ tåve. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 110).
OW : Oyi, Cheikh, c’èst l’ vré. (J. GOFFART, Coquia, p. 28)
e) L’article défini peut être utilisé dans un sens exclamatif surtout si le nom est suivi
d’une proposition relative :
– les bounès biokes ki vos avoz ! (quelles bonnes prunes vous avez !).
Ex. lit. :
– CW : Â ! lès bièsses di djins qu’i-gn-a vêci ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21).
SW : Lès bonès vôtes qu’on fait ç’ djoû-là po sopè dins totes lès maujons ! (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 71)
5.2. LES ARTICLES INDÉFINIS 99

f) Certaines expressions empruntées au français s’utilisent parfois avec l’article fémi-


nin singulier français la. Ex. lit. :
SW : Pitit astot contint, come si ç’ avot stî li la cause. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 93).
CW : N-a dès cës qu’ pouw’nèt come la raje ’très fort’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive,
p. 25).
OW : Come o dit : ’C’èst la vîye du monde !...’ (B. GENAUX, Scrîre, p. 87) - (...) Goret,
il a prîs dèl tére pace qui dji lyî aveut sôvè « la » vîye. (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988,
p. 55).

5.2 Les articles indéfinis


Formes de référence
90. L’article indéfini masculin est « généralement on dans tout le domaine wallon » (Limes
1992, 101) (CW, partie de SW et EW). Au féminin, le CW et une grande partie du SW
ont one. De même, « le domaine liégeois a le plus souvent one, forme la plus courante
en Wallonie. » (Limes 1992, 101)
Néanmoins, les formes types ci-dessous utilisent ene, article présent dans une grande
partie des domaines OW et SW. La forme masculine devant voyelle est le plus sou-
vent la même (dans la prononciation) que la forme féminine. Le système type présenté
ci-dessous représente ainsi les principales variantes présentes dans le domaine linguis-
tique.
Les formes du pluriel sont partout identiques. 2

singulier on trén
èn efant
ene vweteure
pluriel des tréns
des efants
des vweteures

Formes élidées : dji voe ’ne vweteure, dji voe ’n efant, bråmint ds efants.
Les formes ’n, ’ne ne sont normalement pas écrites en orthographe normalisée (on ècrit
donc èn, ene, l’élision se faisant, ou pas, à l’oral). Ces formes s’utilisent néanmoins à
l’écrit en poèsie, pour fixer le nombre de pieds.

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


singulier on trin on trin in trén ou / on trin
in- èfant on- èfant èn- èfant oun- afant / on- èfant
ine vwèteûre one vwèture ène vwèture oune vwature / one vwèture
pluriel dès trins dès trins dès tréns dès trins
2. ALW I, 96 (« un »), II, 10 (« une »).
100 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

Formes locales

Malm., Ardenne, fam. : on trin, on-èfant, one vwèture. Condr. et hesb. : un trin, un-
èfant, une vwèture. Lesse : in trin, èn-èfant, ène vwèture. Niv. : in trin, inn-infant, inne
vwèture. Chestr. : î trin, ène vwèture.

Emplois

91. a) L’article indéfini est presque systématiquement utilisé devant un attribut, quand on
parle d’une personne :
– t’ est on malén ! (tu es malin !) ; c’ esteut ene viye (elle était vieille) ; c’ est ene
biesse (il est bête)
b) L’article indéfini n’est pas utilisé dans certaines expressions généralisantes. Ex. lit. :
– SW : Mais c’èst lwagn’rîye do sondjè z-avèr l’êwe por mi tot seû !... (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 18)
– OW : Cè n’èst qu’ flotchêres èt ronches èt, su l’ costè, ’ne djonne tâye à n’ sawè
s’in dèscramyî... (W. BAL, Fauves, p. 12)

5.3 Les articles partitifs


Formes de référence
92. La forme la plus fréquente au masculin est do (majeure partie de CW ; partie de SW et
EW). Dè est caractéristique de l’EW, du nord du CW et du SW. Les formes du et dou
se répartissent le reste du SW et de l’OW. Au féminin, la forme del est utilisée en EW,
CW et OW. En SW, la forme la plus courante est dol, mais on trouve aussi doul, dil,
dul. 3

masculin singulier do vén


féminin singulier del bire
masculin et féminin pluriel des tomates, des oûs

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


masculin singulier dè vin do vin du vén do vin
féminin singulier dèl bîre dèl bîre dèl bîre dol bîre
masculin et féminin pluriel dès tomates dès tomates dès tomates dès tomates
dès-oûs dès-ous dès-ous dès-oûs

3. ALW II, 3 (« du »), 4 (« de la »).


5.4. LES ARTICLES CONTRACTÉS 101

Formes locales

Liég., hesb., brab. : dè vin. Malm., sud nam., bast., fam. : dol bîre. Sporadiquement SW
et OW : dou vén, doul bîre. Lesse, chestr. : du vin, dul bîre.

Emplois
93. a) L’article partitif n’existe pas au singulier devant une voyelle :
– dji boe di l’ aiwe (je bois de l’eau)
b) On utilise l’article partitif devant un nom, un adjectif suivi d’un nom ou un pronom :
– des foitès djins (de fortes personnes) ; i fåreut des ôtes (il en faudrait d’autres) ;
del måle bire (de la mauvaise bière)
c) Avec une négation, l’article partitif devient pont di et pupont di (OW, CW) (voir
aussi la négation, p. 272).
– dji n’ a pont d’ aiwe (je n’ai pas d’eau) ; dji n’ a pupont d’ aiwe (je n’ai plus
d’eau)
Alternativement, comme en EW, on peut utiliser la négation normale suivie d’un article
partitif (voir aussi nou, nole, p. 110) :
– i n’ magne nén del tchå (il ne mange pas de viande) ; i n’ ont nén des çanses (il
n’ont pas d’argent)
d) Articles employés avec les verbes fé, ovrer, bouter, travayî :
– i fwait do lourd (il fait semblant d’être maladroit, de ne pas comprendre) ; i boute
do tcherpetî (il travaille comme charpentier) ; ele fwait del biesse (elle feint d’être
bête)
Ex. lit. :
– CW : I travayeut do spincieû. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15) - Èt cor on-ôte,
qui fiot do plonjeû avou totes sôtes d’ostèyes èt d’amantchûres autoû d’ li ? (A.
HENIN, Scrîre, p. 105)
e) On emploie un article partitif avec les adverbes de quantité (voir cette section, p. 9.3,
pour des renseignements plus complets) :
– bråmint del såce (beaucoup de sauce) ; tot plin do pwin (beaucoup de pain) ;
merci bråmint des côps (merci beaucoup) ; i gn a waire del bire (il n’y a pas
beaucoup de bière) ; il a dit beacôp des vraiyes (il a dit beaucoup de choses
vraies)

5.4 Les articles contractés


Formes de référence
94. L’article contracté est un article défini agglutiné avec une préposition. En wallon, il
sont particulièrement nombreux. 4
4. ALW II, 2 (« aux »), 3 (« du »), 4 (« de la »), 5 (« dans le »), 6 (« par le »), 7 (« par les »).
102 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

a + li å, al masculin : dji m’ va å bwès (je vais au


bois) ; féminin : dji m’ va al cinse (je vais
à la ferme)
a + les ås ou åzès ∼ azès dji djåze ås djins, ås efants (je parle aux
gens, aux enfants) ou dji djåze åzès djins,
åzès efants (je parle aux gens, aux enfants)
di + li do, del masculin : li voye do bwès (la route du
bois) ; féminin : li toet del måjhon (le toit
de la maison)
di + les des li tchanson des oujheas (la chanson des oi-
seaux)
di + a + li då, dal masculin : li bik då scolî (le stylo de l’éco-
lier) ; féminin : li cote dal båshele (la jupe
de la fille)
di + a + les dås ou dåzès c’ est l’ tchén dås vijhéns ou c’ est
l’ tchén dåzès vijhéns (c’est le chien des
voisins)
pa + li på (masc.), pal (masc. et fém.) dj’ a vnou på viyaedje (je suis venu par
le village) ; dj’ a vnou pal pîssinte (je suis
venu par le sentier)
pa + les pås (masc.), påzès (masc. et fém.) ç’ a stî tchoezi pås efants (ça a été choisi
par les enfants) ; vos vénroz påzès pîs-
sintes (vous viendrez par les sentiers)
e ou dins + li e, el masculin : metoz l’ e ridant (mettez-la
dans le tiroir) ; féminin : metoz l’ el dresse
(mettez-la dans l’armoire)
e ou dins + les ezès ou inzès i gn a nolu ezès måjhons (il n’y a per-
sonne dans les maisons)

Variantes

Équivalents de e : o (sud namurois, Ardennes), ou (sporadiquement, ouest et Ardennes).


Équivalent de del : dil (Houffalize, SW). Ex. lit. : (...) po djâzer dil Sinte Vièrje, [il]
î mètéve tot s’ keûr. / Tins dil guère, di d’ lâdje èt lon, lès djins î acorint (...). (M.
LEONARD, Singuliers 2/98, p. 17).
Inzès et ezès sont des formes devenues rares ; elles sont vivantes en malm. (èzès) et
subsistent dans des toponymes comme Inzemont (= Inzès Monts, dans les monts).
Brab. : tendance à utiliser les formes féminines al et del même devant des noms mas-
culins. Ex. lit. brab. :(...) së l’ bôn rd dèl tonia (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 36) -
(...) lès pids toumin’ fou dèl trô, pa-d’zeû. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 39) - Lès lokes
dëmërin’ dins l’ boladje ’eau de cuisson’ tote lë nêt jësk’ à l’ land’mwin ô matén (...)
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 63)
En EW, po a le même sens que pa dans les autres dialectes : dj’ a vnou pol viyèdje, po
Vèrvî (je suis venu par le village, par Verviers), prindez l’ pol brès’ (prenez-le par le
bras), etc.
5.4. LES ARTICLES CONTRACTÉS 103

Emplois
95. a) Les contractions de a + les en ås, de di + les en des et de pa + li et les en på, pås
et påzès sont facultatives :
– dji dvize a les efants (je parle aux enfants) ; dj’ a vnou pal ∼ pol viyaedje (je
suis venu par le village) ; i m’ a tiré l’ cou foû d’ les strons (il m’a tiré d’un
mauvais pas ; lit. « le cul hors de la merde »)
La tournure non contractée a les est surtout utilisée en niv., en malm. et au Centre. La
tournure non contractée di les est surtout utilisée en verv.
b) Sont également facultatives toutes les formes en -ès :
– dji djåze åzès ∼ ås djins (je parle aux gens) ; c’ est l’ tchén dåzès ∼ des vijhéns
(c’est le chien des voisins) ; vos vénroz påzès ∼ pa les pîssintes (vous viendrez
par les sentiers) ; i gn a nolu ezès ∼ dins ou dvins les måjhons (il n’y a personne
dans les maisons)
Contrairement à ce que laisserait supposer leur forme ressemblant à celle d’un adjectif
féminin pluriel antéposé (p. 83), les formes dåzès, åzès, påzès, ezès s’utilisent aussi
bien devant un nom masculin pluriel que devant un nom féminin pluriel.
Ex. lit. de ezès :
– malm. : Èle [one vôye] ralôye lès d’morances, coûrt lu long do Claptanru, mine
èzès tchans, duhind vè l’ passèdje du l’ Brissante-êwe (S. FONTAINE, Colas, p. 3)
- (...) ni méme lu vint èzès-âbes so Lîvrimont. (J.-M. MASSET, Contes, p. 10) - (...)
lu solo lûhéve po l’ fignèsse, dès paliètes d’ôr dansît èzès rêyons. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 21)
Ex. lit. de åzès ∼ azès :
– Malm. : I f’zéve li bâbe azès mèyeûrs fizik dol vèye. (J.-M. MASSET, Contes,
p. 14)
– OW : Djan fét s’ discoûrs su sès prodjèts, tout en rèspondant tènawète auzès quès-
tions dès-omes politikes... (J. GOFFART, Coquia, p. 14) - Vint côps lès losses l’avît
disployi : al douwane, ôzès gardes du trin èy’ asteûre, divant ç’tila qu’ lès atôt-
cheut. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) - Nos cominch’rons aveu lès bulokes,
no qu’on done ô-z-ès grossès prones. (Ch. TOMBEUR, Ch’napans, p. 34) - (...) li
mârdi i n’ vèneut né pace qu’il aleut r’wétî ôzès tchèrètes ô martchî (...). (L. POL-
LEN, DW, t. 16, 1988, p. 45) - Sayèz in pau d’dîre aus-ès dômèstiques èt aus-ès
mèskènes qui Talitha è-st-ène arnauje ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 65)
– CW : Lès pîssintes d’ombrîye èt d’aîreû / S’adouverin.n’ djusqu’ausès nûléyes /
(...). (A. BACQ, Scrîre, p. 20) - Il èst disfindu, si on n’ vout nin ièsse sôrtu dès
rangs, di tirè ôtrumint èt ôte paut qu’ausès dèchârjes èt feus d’ file. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 26)
Ex. lit. på, pås, påzès :
– OW : L’ome lès-a pris pô brès an d’visant pôjêr’mint (...). (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 76) - Ni s’reut ce nén vo tchèyôde djônèsse / Qui s’ ritan’reut pauzès
mwés timps ? (...) Ou n’ s’reut ce nén dèl poussiêre di transe / Choufléye paus-
anoyes dès mwés djoûs ? (H. HAAS, Scrîre, p. 99) - Dj’é mau dins lès pârtchès
di m’ vikâdje cafougni / pauzès vints d’ toutes lès cougnes, pauzès rapitach’rîyes.
104 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

(R. STAINIER, Scrîre, p. 207) - Ni wèt-on nén dès djins / Qui sont st-èmacralés
pau z-ès tchim-boum d’ Afrique ? (H. PETREZ, Fauves IV, p. 49)
– CW : Oneûr aus-ètranjêr’ ! Dji comince paus Romains ! (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
- Dins dès télès condicions, pou nos-ôtes, Walons, il èst pus qu’ timps di r’prinde
li twa pauzès cwanes (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) - Quand lès sôdârs sont
rassasyis, tot l’ côrtèje è va pau Wazia pou-z-arivè au pont d’ Furnaux. (J. FIE-
VEZ, Bièmeréye, p. 31) - [One langue] C’è-st-on moyin d’ fé conèche sès-idéyes
à d’s-ôtes è s’ sièrvant d’ mots ou d’ sines qui sont compris paus mimbes d’on
groupe di djins (...) (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
– SW : C’minçans pôs tout p’tits-afants. (M. LEDENT, Causans, p. 45) - Tantée
pâ djâle. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 92) - In viadje (...) / Ravôtié p’ôs coûtères du
swâye û d’ canadas / Èt p’ôs vèrts cafloris pachis. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98,
p. 11)
Voir la section consacrée aux prépositions pour des exemples d’utilisation de da, då,
dal, etc. (p. 222).
c) Les contractions del et al sont facultatives devant un mot élidé :
– i rvént del sicole ou i rvént d’ li scole (il revient de l’école)
Ex. lit. :
– CW : Lès vîyès djins n’ côzin’ jamês d’ tissu, c’èstot d’ lë stofe. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 10) - (...) èle wêtive à lë stuve po fé dè fè ’elle surveillait le poêle pour
faire du feu’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 28) - Dj’aléve implë ’emplir’ l’ tchudêre
al pompe dë lë scole (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 44).
d) Si la majeure partie du SW distingue un article masc. lu de l’article fém. la, ce la
s’agglutine régulièrement dans les articles contractés (sauf en chestr.), comme dans les
autres dialectes :
– Ex. a + la → al : aler al dicâce (aller à la fête du village), su mète al tâve (se
mettre à table).
– Ex. do + la → dol : la cote dol gamine (la jupe de la gamine), on rwêtot la
porcèssion dol fignèsse (on regardait la procession de la fenêtre)
– Ex. o + la → ol : t’ as mètou trop d’ sé ol sope (tu as mis trop de sel dans la soupe)

5.5 Les déterminants possessifs


Formes de référence
96. En wallon, les déterminants possessifs varient en fonction du possesseur (personne et
nombre). Il n’y a pas de distinction de genre pour la chose possédée (sauf en SW, voir
ci-dessous). En outre, le déterminant varie selon le contexte phonétique. Ces variations
sont notées dans le système de transcription Feller.
Les principales variantes dialectales sont dues soit à la place de la voyelle d’appui
dans les formes pleines (devant en OW, derrière ailleurs), soit au timbre de la voyelle
d’appui, soit encore à la présence (SW) ou à l’absence (ailleurs) d’une distinction de
genre pour la chose possédée au singulier.
5.5. LES DÉTERMINANTS POSSESSIFS 105

Voici des formes types utilisant une voyelle d’appui postconsonantique, de timbre i
et sans distinction de genre, c.-à-d. correspondant aux variantes dialectales les plus
fréquentes.
Dans ces formes types, la variation devant voyelle n’est marquée que dans noste, voste,
leû-z. Toutefois, un phénomène de liaison (non noté ici) intervient pour toutes les
formes devant voyelle. 5

possesseur
singulier
1e pers. 2e pers. 3e pers.
possédé sing. + cons. mi mame ti mame si mame
+ voy. mi efant ti efant si efant
plur. + cons. mes mames tes mames ses mames
+ voy. mes efants tes efants ses efants

possesseur
pluriel
1e pers. 2e pers. 3e pers.
possédé sing. + cons. nosse mame vosse mame leu mame
+ voy. (masc.) nost efant vost efant leu-z efant
+ voy. (fem.) noste accion voste accion leu-z accion
plur. + cons. nos mames vos mames leus mames
+ voy. nos efants vos efants leus efants

Formes élidées : c’ est m’ mame, c’ est t’ mame, c’ est s’ mame.


De plus en orthographe normalisée sont aussi incluses les formes occidentales prosthè-
tiques èm, èt, ès ( sim mi, ti, si), dont la consonne finale est prononcée) ; ainsi que les
formes occidentales courtes no, vo ( sim nosse, nost, noste ; vosse, vost, noste)

Formes régionales

Nam. : sing., formes élidées : c’ èst s’t-èfant. Localement :c’ èst m’ èfant, t’ èfant.
Carol. : sing., formes pleines : èm maujo, èt’ maujo, ès’ maujo ; èm’n-èfant, èt’n-èfant,
ès’n-èfant - sing., formes élidées : c’ èst m’n-èfant, c’ èst t’n-èfant, c’ èst s’n-èfant -
plur. : vo maujo, no maujo ; vo-n èfant, no-n èfant, leû-n èfant.
Lesse : sing., formes pleines : mu trin, tu trin, su trin ; ma maujon, ta maujon, sa
maujon ; c’ èst ma maujon, c’ èst ta maujon, c’ èst sa maujon - plur. : nôs maujons, vôs
maujons ; nôs-afants, vôs-afants

Emplois
97. a) Le wallon se sert très souvent d’un déterminant possessif pour désigner une partie
du corps :
5. ALW II, 47 et 48 (« mon »), 52 (« notre »), 55 (« leur »).
106 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

– dj’ a må m’ tiesse (j’ai mal à la tête) ; dj’ a froed mes doets (j’ai froid aux
doigts) ; il a ’ne sacwè e s’ mwin (il a quelque chose en main) ; i poite on saetch
so si spale (il porte un sac à l’épaule) ; dj’ a må (d’) mi stoumak (j’ai mal à
l’estomac)
Ex. lit. :
– OW : Nin dandji dè cassér s’ tièsse pour trouvér d’s-istwâre à scrîre (...). (Josée
SPINOSA-MATHOT, El minme lingâdje pou tèrtous, El Bourdon 477, 6/1995,
p. 6) - Ène miète, c’èst wére di chôse, mins c’è-st-ène saqwè poul cé qui groûle
di sès boyas. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) - À m’n-avis, dji n’ d’é pus pou
longtimps : èm’ feume vént d’ s’ach’ter ène brouche pou lâver s’ dos. (P. FAULX,
Limes, p. 37) - Choutèz là, Mossieû Goret, vos n’ mi vèyouz né avou in kèpi su
m’ tièsse ! (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 55)
– EW : Å rés, li bwète di peûs qui s’ troûve so-l’ rèyon, qwand ine saquî l’ prind è
s’ min po-l’ mète è-l’ tchèrète, ci n’èst pus da tot l’ monde (...). (G. FONTAINE,
Billets, p. 11) - Un-an å long, il a sèré s’ pougn è s’ potche (...). (R. PRIGNEAUX,
Scrîre, p. 185) - L’Ortense, lèy, a co bin sûr må d’ sès dints... (A. SOUGNEZ,
Scrîre, p. 204) - Èt vol’la qu’ènnè va tot måva, brèyant come s’on lî aveût råyî ’ne
plome di s’ cou. (J. WARNIER, Scrîre, p. 226) - I n’aveût là in’ ome qu’ aveût
s’ dreûte main souwêye. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 102)
– SW : (...) pu i frote sès mwins one conte l’ôte. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 21) -
(...) li Rossê a arivè a scole avou on grand tchapê d’ papî qu’il a mètu su s’ tièsse
po fé rîre lès-autes (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 64-65) - (...) li p’tit Jésus
qui stind sès brès (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 69) - I ’nn’ avét tél’mint s’ la
hènète qu’i lêchét nalè sa tièsse su la spale da Marîe qu’astét a costè d’ lu ! (Ch.
BENTZ, Coradje, p. 36)
– CW : (...) rin d’ mèyeû (...) po lès porias su sès mwins, cor au pés dès vatches,
di-st-on. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - Lès draps d’ mwin à carôs qu’on
(r’)frotéve sès mwins ’essuies-mains’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 16) - (...) fa-
léve së bouter së sès deûs n’gnos èt s’abachi ’se baisser’ fwârt (...). (J.-J. GA-
ZIAUX, Lessive, p. 45)
C’est cependant loin d’être systématiquement le cas. Ex. lit. de l’emploi d’un article
défini :
– EW : Èle li mèta l’ min so lu spale. (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) - I s’ passa l’ drî
du s’ min so l’ boke. [les deux formes cohabitent ici dans une seule phrase] (J.-
M. MASSET, Contes, p. 8) - Èle veût (...) in-aveûle (...), avou lès-oûy tot grand
drovous so s’ monde da lu. (G. FONTAINE, Billets, p. 19) - Li vî mêsse rotéve
poudrî zèls, li tièsse è bahète. (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186) - Bardaf’ ! Faléve
co bin qu’ çoula lî atoume so lès rins ! (J. WARNIER, Scrîre, p. 224)
– SW : Avou s’ pê d’ gade su l’ dos, one hawe su li spale, Pitit d’ mon l’ Sorcîre
(...) è va après l’ Tonbwè po hapè l’êwe. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 18) - Ay,
dist-i, pace qui dj’avo freûd lès pîds... (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 48) - Dju v’
ruwè avu l’ tchèplèt a l’ min (...) quand èm’ frére è mori si djon.ne. (P. JEAN,
Causans, p. 11) - Èl vî Noré èst si crasseûs qu’i bwârit l’êwe qu’i s’ lâve lès
pîds ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34) - Li vèritè nos-a fêt tèribleumint mô l’ keûr.
(J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4) - Sotnu pa dzos lès brès, i put sayè d’ rotè. (M.
5.5. LES DÉTERMINANTS POSSESSIFS 107

GEORGES, Singuliers, 2/1998, p. 7) - C’ èst todi deûs k’ i n’ ont nin u, di-st-i l’ vî


pârin ki fumèt l’ pipe, lu keûde asployè sol bâre dol plate bûze (E. PECHEUR,
Singuliers, 2/1998, p. 14).
– CW : Il a bin d’meurè quinze djoû avou l’ pîd su l’ cossin. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 21) - (...) dji m’a dit qui dj’aveûs [sic] mètu l’ mwin su lès mémwêres
d’on soçon da Césâr qu’aurè rovyi do-z-èralè dé s’ feume. (J. PIRSON, Scrîre,
p. 179)
– OW : Is d’mèrît la, banôles sul qué dèl gâre, lès pîds dins l’ plouve, li tièsse dins
lès feumêres qui l’ bîje riclatcheut fèlmint. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76)
b) Parfois leu peut remplacer si dans un sens réfléchi :
– aveur må leu tiesse ou s’ tiesse (avoir mal à la tête) ; riletchî leus doets ou ses
doets (se lécher les doigts)
c) On utilise parfois nosse pour mi, pour marquer le respect, la déférence ou l’affec-
tion :
– nosse pa est fayé (mon père est malade) ; bondjoû, nosse man ! (bonjour ma-
man) ; nosse dame (madame)
Ex. lit. :
– SW : Ç’astot toudi nosse pére qu’î lalot. (A.-M. MERTUS, Causans, p. 35)
– CW : C’èst nin l’ cafè qu’èst mwês, nosse pa, c’èst l’êwe qu’i gn-a d’ trop. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 26)
d) Le déterminant possessif est parfois utilisé dans des locutions superlatives compor-
tant un adjectif ou un adverbe renforcé par (di) tot :
– il coreut d’ tot ses pus roed (il courait aussi vite que possible) ; criyîz tot vos pus
foirt (criez le plus fort possible)
e) Les déterminants possessifs français (parfois légèrement wallonisés) sont utilisés
dans certaines expressions stéréotypées :
– mon Diu ! (mon Dieu) ; ké novele, mon parant ? ou mon ami ? ou mon cadet ?
(quelle nouvelle, l’ami ?) ; ma frike ou ma fwè (ma foi) ; Notru-Dame (Notre
Dame). Nosse dame existe, mais avec un autre sens (« madame ») ; Note Signeur
(notre Seigneur). Ex. lit. :
EW : Note Signeûr dit : « Li rwèyôme di Dièw è-st’ å-d’vins d’ vos-ôtes. » (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 67). Nosse Signeûr existe aussi (du moins certains le pré-
tendent).
Quelques mots wallons contiennent, étymologiquement, un article possessif français ;
celui-ci n’est plus ressenti comme tel et s’est fondu dans le mot :
– ene matante (une tante), on mononke (un oncle), ene monkeur (une fiancée,
bonne amie), ene masseur ou ene macherseur (ou encore ene seur) (une sœur,
une religieuse), vosse mon-pére (votre père), vosse mon-frére (votre frère).
f) Comme avec tous les pronoms personnels, les formes du pluriel (vos, vost, voste,
vosse, etc.) sont beaucoup plus utilisées que les formes du singulier, considérée comme
familières, voire grossières. Voir quelques commentaires sur la politesse en wallon,
p. 283.
g) Le possessif leu est parfois utilisé dans l’expression d’une quantité (surtout en EW) :
108 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

– i sont leu troes (ou zels troes ou a troes) (ils sont trois) ; leu cwantes sont i ?
(combien sont-ils ?) ; i sont leu-z assez (ils sont suffisamment nombreux)
Ex. lit. :
– EW : Lès scolîs èstît leûs tot plin po r’çûre leûs pris. (Djåzans, Osté 2000, p. 3)

5.6 Les déterminants démonstratifs


Formes de référence
98. Les déterminants démonstratifs varient en fonction du nombre et de l’environnement
phonétique. En outre, en EW et SW, ils varient également en fonction du genre au
singulier (en OW et CW, une variation de genre purement graphique est généralement
utilisée). Voici des formes types variant en genre et utilisant la voyelle i. 6

Devant cons. Devant voy.


Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. ci valet cisse båshele cist ome ciste afwaire
Plur. ces valets ces båsheles ces omes ces afwaires

Formes élidées c’ est ç’ valet la, c’ est ç’ båshele la (ou c’ est cisse båshele la, sans
élision) c’ est ç’t ome la (ou c’ est cist ome la, sans élision), c’ est ç’te afwaire la (ou
c’ est ciste afwaire la, sans élision).

Formes régionales

liég.
Devant cons. Devant voy.
Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. ci valèt cisse båcèle cist-ome ciste afwaire
Plur. cès valèts cès båcèles cès-omes cès-afêres

nam.
Devant cons. Devant voy.
Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. ci valèt ci bauchèle cit-ome cite afêre
Plur. cès valèts cès bauchèles cès-omes cès-afêres

carol.
Devant cons. Devant voy .
Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. èç’ valèt èç’ bauchèle èç’n ome èç’n afére
Plur. cès valèts cès bauchèles cès-omes cès-aféres
6. ALW II, 56 (« ce »), 57 et 58 (« cette »).
5.7. LES DÉTERMINANTS INDÉFINIS 109

Formes élidées devant voyelles : c’ èst ç’n ome la, c’ èst ç’n afére la.

bast.
Devant cons. Devant voy.
Masc. Fém. Masc. Fém.
Sing. çu valèt çusse bwêçale çust-ome çuste afêre
Plur. cès valèts cès bwêçales cès-omes cès-afêres

Emplois
99. a) Le plus souvent, les déterminants démonstratifs sont utilisés avec les adverbes ci ∼
chal ∼ vola (proximité) et la (éloignement) :
– cisse cahute ci ou cisse cahute chal ou cisse cahute vola (cette cabane-ci)
L’adv. de lieu est utilisé même si le nom est qualifié par un adj. Ex. lit. :
– CW : Cès dérins timps-ci, lès djins ont racminci à cachi après li bon pwin (...)
(Chwès, Libramont, p. 54)
Les adv. de lieu sont parfois supprimé, surtout en EW et dans la langue écrite, ou encore
dans des clichés ou des exclamations :
– ciste anêye, dji frè di m’ mî (cette année, je ferai de mon mieux) ; cist ome est
coupåbe (cet homme est coupable) ; louke on pô ces tchåpwinnes ! (regarde un
peu ces grives !)
Ex. lit. :
– CW : A tos cès djon.nes-omes, tos lès Bièmèrwès polenut leû-z-adrèssi leûs pus
sincères fèlicitacions. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 32)
– EW :(...) on pout-èsse fîr d’on tèyåte walon capåbe dè fé dès spèctåkes di cisse
cålité. (Djåzans, Osté 2000, p. 4)
– SW : Lès moncês qu’i gn-a d’ cès vîyès lètes, di cès vîs papîs, qu’on z-a brûlè
pa bans’léyes o corti dès Ma-tantes quand on z-a yu minè l’ dêrainne di zèles al
cimintiére ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 132)
On les supprime également dans certaines expressions :
– onk di ces cwate (maténs) (un de ces quatre, un jour où l’autre) ; onk di ces djoûs
(un de ces jours)
b) Les expressions m’n ome et mes omes sont souvent utilisées avec une valeur de
démonstratif (même éventuellement quand on ne parle pas d’ « hommes »). Ex. lit. :
– OW : Mès-omes, is-avît fét lès pôrts dins l’ bèsogne (...). (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 76)

5.7 Les déterminants indéfinis


Formes de référence
100. Liste non exhaustive :
110 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

– tchaeke (∼ chake) (chaque) : tchaeke efant doet vni (chaque enfant doit venir)
– certin, -inne (certain, -e) : certinnès båsheles estént la (certaines jeunes filles
étaient là)
– d’ åcun, d’ åkeune (certains, -es) : d’ åkeunès cmeres (certaines femmes)
– mwint (maints, beaucoup) : mwints côps (souvent, maintes fois) ; mwintès djins
vnèt (beaucoup de gens viennent)
– kéke (quelque) : kékès crapådes djouwént (quelques petites filles jouaient). Ex.
lit. :
EW : (...) bin sovint, après quéquès-eûres passêyes tot roûviant s’ vindjince, èle
droûve sès longs deûts d’ glèce èt l’ome ritroûve li sorîre (...). (G. FONTAINE,
Scrîre, p. 84) - (...) on n’è måy al djôye qwand c’èst qu’on s’ prind ’ne bone fèssêye
ou quéquès pådjes a scrîre. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224)
– tos, tot, tote (tous, tout, -e, -es) : tos les liårds (tout l’argent) ; tote li ritchesse
(toute la richesse). Voir ex. lit. plus bas.
– nou, nole (aucun, -e) : i gn a nou scolî al fiesse (il n’y a aucun écolier à la fête) ; i
gn a nou risse (il n’y a aucun risque). Variantes : nu, nule (CW) ; nu, neule (OW).
– sacwant, -e (quelques ; plusieurs) (∼ saquant) : dj’ a vnou sacwants côps (je
suis venu quelques / plusieurs fois). Rem. : sacwants tend à ne plus varier en
genre chez certains auteurs (donc à ne pas prendre le morphème -ès) Ex. lit. :
EW : Cwand qu’il avéve cwité one cinse, là qu’il avéve magnî one tchèv’nèye
tot bèvant sacwantès gotes (...). (J.-M. MASSET, Contes, p. 15) - (...) i v’ sèrè
possibe (...) di r’sinti saqwantès fèyes dè l’ djôye è fond d’ voste åme. (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 71)
OW : Djan èt Fatima ont stî ach’ter saquantès plaques... (J. GOFFART, Coquia,
p. 21) - (...) il aveut v’nu ô monde dins-ène cinse, li ètou, mins i t’neut tél’mint a
lieû fé rastènu saquants-aféres qui lès-ârît scapè... (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre,
p. 77)
– pluzieurs (plusieurs) : i nos fårè pluzieurs djoûs (il nous faudra plusieurs jours)
– tot l’ minme (li) ké (n’importe quel). Ex. lit. :
EW : L’ èsclavadje di tote sôrt, tot come dè fé martchî dès-èsclåves di tot l’ minme
quéle manîre, sont disfindous. (Dèclaråcion 2, art. 4) - Chaskeun’a ossi l’ dreût
d’ cwiter tot l’ minme qué payîs, minme li sonk (...) (Dèclaråcion 1, art. 13)

Emplois
101. a) La plupart de ces déterminants peuvent prendre la finale -ès devant un mot féminin
pluriel, comme les adjectifs, sauf pluzieurs, ainsi que tchaeke et nou, nole qui se
construisent avec le singulier ; sacwant ne prend pas non plus cette finale dans quelques
régions :
– c’ est totès mintes (ce ne sont que des mensonges)
b) Les déterminants tot, tote, tos, totès peuvent être utilisés, dans certains cas, direc-
tement devant un nom, un groupe nominal ou un pronom :
– tote nute (toute la nuit, tout au long de la nuit) ; tote djoû (toute la journée) ; tote
shijhe (pendant toute la soirée) ; tote divant-nonne (toute la matinée) ; tote voye
(pendant tout le trajet) ; tos nozôtes (nous tous)
5.7. LES DÉTERMINANTS INDÉFINIS 111

Ex. lit. :
– CW : Totès cines qu’on-z-aureut co fé l’ monseû avou. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 20) - Taîjoz-vos, alèz, is sont tos djon.nes èchone. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 28) - Tos vîs bidons do timps passé ! (R. CLINIAS, Scrîre, p. 47) - C’èstot tos-
afêres novias por zèles ’toutes nouveautés pour elles’ ! (J.-J. GAZIAUX, Lessive,
p. 49)
– OW : (...) come l’èfant, pou s’ mèyeû camarâde, va pougnî dins s’ trésor, dè ca-
câyes, dins l’ bwèsse à vîs sôdârts, à mastoques à flotches èt à tous vîs clicotias
qu’on wèt si voltî. (W. BAL, Fauves, p. 11) - I va foûch’ner dins l’ potia d’ sès
ancyins djeus ayu ç’ què sès babûses tapint dès rflèts come toutès djasses. (W.
BAL, Fauves, p. 11)
– EW : (...) si lès sotês n’ont qu’ tos nôbes sintumints, lès-omes ni sont nin fêts dèl
minme påsse. (MITTEI, Zanzan, p. 44) - Qui vèyez-v’ åtoû d’ vos si ç’ n’ èst qu’ to-
tès tromperèyes ? (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 100) - Après, tot porminant s’ loukeûre
so tos zèls, i dèrit a l’ome : « Sitin t’ main. » (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 103)
– SW : Là co bin qu’ ç’astot quausu toute valêye jusqu’à Pwès. (L. MAHIN, Bauke
1, p. 57)
Tot peut être utilisé devant un déterminant + un nom :
– tote li samwinne (toute la semaine) ; tote mi veye (toute ma vie)
Il peut être utilisé avec un nom de lieu :
– tot Nameur esteut la (tout Namur était là)
Il peut être utilisé devant un nom, sans article, au sens de « n’importe quel ». Ex. lit. :
– EW : Li ci qu’ inme Jèzus (...), qu’ èst lîbe di tot’ amoûr disfindou n’ a rin qu’ èl
ratinse po s’ toûrner dè costé dè bon Diu. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 70)
Enfin, il peut être utilisé devant un pronom ou un adverbe :
– dji pudrè tot kî vos vôroz (je prendrai toute personne que vous souhaiterez, n’im-
porte qui) ; tot cwand vos vnîz (chaque fois que vous veniez) ; i va tot wice k’ on
vout (il va partout où on veut) ; i l’ shût tot la k’ elle è va (il la suit partout où elle
va)
Ex. lit. :
– Tot quî è-st-acusé d’ine måcule deût-èsse tinou po ènocint d’ çou qu’on lî r’proche
disqu’a tant qu’i seûye rik’nohou coupåbe (...) (Dèclaråcion 2, art. 11) - Chaskeun’
a l’dreût d’aler tot wice qu’i vout d’vins ’n-Etat (...) (Dèclaråcion 2, art. 12)
c) Tot, tote, tos, totès peuvent être utilisés au sens de « ne. . .que ». Il n’y a pas d’article
devant le nom.
– c’ est tot bwès (ce n’est que du bois) ; c’ est tos bwès (ce ne sont que des bois) ;
ti fwais totès (ou tot) biestreyes (tu ne fais que des bêtises) ; c’ est tos schinons
(c’est entièrement construit avec des lamelles de coudrier)
Ex. lit. :
– OW : (...) come l’èfant, pou s’ mèyeû camarâde, va pougnî dins s’ trésor, dè ca-
câyes, dins l’ bwèsse à vîs sôdârts, à mastoques à flotches èt à tous vîs clicotias
qu’on wèt si voltî. (W. BAL, Fauves, p. 11)
– SW : Mais c’èst là totès grandeûs, èn’no ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 138) - Là
co bin qu’ ç’astot quausu toute valêye jusqu’à Pwès. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 57)
112 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS

– EW : (...) si lès sotês n’ont qu’ tos nôbes sintumints, lès-omes ni sont nin fêts dèl
minme påsse. (MITTEI, Zanzan, p. 44)

5.8 Les déterminants interrogatifs et exclamatifs


Formes de référence
102. Formes les plus courantes : 7

masculin féminin
singulier ké tchestea ? kén ome ? kéne tåve ? kéne afwaire ?
pluriel kés tchesteas ? kés ome ? kénès tåves ? kénès afwaires ?

Autres formes

kél et kéle : en concurrence avec kén et kéne en EW, exclusivement en OW. Aussi liskél
en liég.
Autre déterminant interrogatif :
– cwante : cwantes feyes vos el fårè-t i dire ? (combien de fois faudra-t-il vous le
dire ?) ; cwantre ans av’ ? (quel âge avez-vous ?)

Emplois
103. a) Les formes masculines sont souvent utilisées au lieu des formes féminines (surtout
en OW, CW et SW) :
– ké novele ? (quelle nouvelle ?) ; ké bele cote ! ou kéne bele cote ! (quelle belle
robe !)
Ex. lit. :
– Qué chance s’i p’lot z-è tumè tote nêt ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 20) - Quée
bone bésse ! (L. HECTOR, Causans, p. 13) - Qué bèle ôto ! (Ch. BENTZ, Coradje,
p. 66)
– OW : Qué drole d’idéye ! (W. BAL, Fauves, p. 11) - Qués voyes ! (W. BAL, Fauves,
p. 12)
b) Les déterminants interrogatifs et exclamatifs peuvent être précédés d’un autre dé-
terminant :
– li ké djoû avoz vnou ? (quel jour êtes-vous venu ?) ; les kénès belès pemes !
(quelles belles pommes !) ; vosse ké est çk’ il a pris ? (lequel des vôtres a-t-il
pris ?) ; des kés solés est çki ti vous ? (quel genre de souliers désires-tu ?)
Ex. lit. :
– CW : Èle vineut su s’t-uch, veûy li qué trayin qu’ c’èsteut (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 12) - Lès quénès mariminces ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25)
7. ALW II 63 et 64 (« quel »), 65 (« quelle »).
5.8. LES DÉTERMINANTS INTERROGATIFS ET EXCLAMATIFS 113

c) L’exclamatif est parfois suivi d’un article partitif. Ex. lit. :


– OW : Qué dès fous rîres avou li... (J. GOFFART, Coquia, p. 12)
d) L’interrogatif cwante (combien) devient cwantre devant un monosyllabe commen-
çant par une voyelle :
– cwantre ans av’ ? (quel âge avez-vous ?)
Voir aussi la section consacrée à la phrase interrogative, p. 270.
114 CHAPITRE 5. LES DÉTERMINANTS
Chapitre 6

Les pronoms

6.1 Les pronoms personnels sujets devant le verbe


Formes de référence
104. La principale variable concerne la voyelle caduque des deux premières personnes. Voici
des formes types utilisant la voyelle i : 1

devant consonne devant voyelle formes élidées


dji tchante dj’ eplôye ki dj’ tchante
ti tchantes t’ eplôyes si t’ tchantes
i tchante il eplôye cwand ’l a fwin
ele tchante elle eplôye qwand ’lle a fwin ; cwand ’le toumrè
on tchante on-z eplôye
nos tchantans nos eployans eyèt n’ tchantans ; si n’s eployans ; si n’ eployans
vos tchantez vos eployîz qwand v’ tchantez ; si v’s eployîz ; z- avoz froed
i tchantèt il eployèt cwand ’l arivèt
ele tchantèt elle eployèt cwand ’le tchantèt ; cwand ’lle arivèt

Autres formes
Verv., malm., basse Ardenne : dju côpe, tu côpes.
Verv., Bertrix : ile, ille : ile n’ a rén (= èle n’ a rén) ; ille a one saqwè (= elle a ene
sacwè). Ces formes étaient beaucoup plus répandues anciennement. On avait donc ce
paradigme :

masc. fém.
devant cons. devant voy. devant cons. devant voy.
sing. i vike il arive ile vike (auj. ele vike) ille arive (auj. elle arive)
plur. i vikèt il arivèt ile vikèt (auj. ele vikèt) ille arivèt (auj. èlle arivèt)
1. ALW II, 12 (« je »), 16 (« tu »), 21 (« nous »), 24 (« vous »), 31 (« il, ils »), 32 (« elle, elles »).

115
116 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

Verv. : i (pour il, même devant voy.) : i arivèt pour il arivèt.


Brab. : djë côpe, të côpes, ë côpe, ël a, èle a, ë côpnut, ël ont.
Basse Ardenne : dju (pour nos) : dju côpans. Voir cartes p. 295.
Fam. : to (pour ti).

Emplois
105. a) À la 3e personne (singulier et pluriel), le wallon a des formes identiques : i et ele
devant consonne et il et elle devant voyelle. Seule la terminaison du verbe permet de
distinguer la personne grammaticale :
– il aroufele (il surgit) ∼ il arouflèt (ils surgissent)
Toutefois, sous l’influence du français, on entend de plus en plus souvent les formes
francisées ele au singulier et is et eles au pluriel : 2
– il aroufele (il surgit) ∼ is-arouflèt (ils surgissent)
Voici une série d’exemples et de contre-exemples pour chaque région :
Ex. lit. il au pluriel devant voyelle :
– SW : Il ont cauzè dêréyes èt bièsses, èt Pitit astot bin r’pwèzè quand il a d’chindu
dol male. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 87) - Il astièt biè tranquiles [les singlès] :
an n’avot ni l’ drwat d’ lalè a l’ tchèsse ! (A.-M. MERTUS, Causans, p. 35) - Lès
p’tits-afants avint l’êr d’eune momîe éjipsiène, mês il avint chûr pus tchöd. (M.
LEDENT, Causans, p. 45)
– EW : Portant, il èstît leû bråmint la d’vins, treûs ou qwate mèyes di feumes èt
d’omes (...). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
– OW : (...) quand il ont stî bons à vinde, lès cras pourchas d’alint tchêr. (W. BAL,
Fauves, p. 9)
Contre-ex. lit. is au pluriel devant voyelle :
– CW : Is-ont yeû twârt, c’èst sovint là qu’ lès vîs... (R. CLINIAS, Scrîre, p. 47)
– OW : Mès-omes, is-avît fé lès pôrt dins l’ bèsogne (...). (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 76) - Lès-omes qu’ont tètè leû cigare rimoucheneut lès preumîs : is-ont
d’djà l’ gozî sètch. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 59)
– EW : Pîre qui ça : il avût fêt èmontchî dès fors où ç’ qu’on ’nn’ a broûlé dès
milions pace qu’is-èstîne jwifs. (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185)
– SW : Dj’ê fêt çu qu’i-z-ant dit al lète (...). (Ch. BENTZ, Coradje, p. 40)
Ex. lit. elle au singulier devant voyelle :
– SW : Èlle alume li witche (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 39) - Pont d’étikète,
èlle èstint sul moncê d’ solès k’i riss’mèléve. (R. DEDOYARD, Scrîre, p. 56) - (...)
èlle avét bin à sès pîds on nwar solè d’on costè èt on roudje dè l’oûte costè ! Vos
vèyèz l’ tâblô di d’ ci, quand èlle è montè tote l’alée po nalè al comugnon ! (Ch.
BENTZ, Coradje, p. 35)
– EW : Èlle èst come ine mêtrèsse qu’on pout-st-inmer sins trop’ savu poqwè. (G.
FONTAINE, Scrîre, p. 84)
Contre-ex. lit. ele au singulier devant voyelle :
2. ALW II, 31 (« ils »), 32 (« elle »).
6.1. LES PRONOMS PERSONNELS SUJETS DEVANT LE VERBE 117

– EW : Après çoula, èle ala pwarter s’ vènin ôte pârt. (J.-M. MASSET, Contes,
p. 17)
– OW : Djè seû d’acôrd avou vo propôsicion, Djan ! Èle èst boune ! (J. GOFFART,
Coquia, p. 20) - Èle a rach’tè ’ne djèni, èle a luwè saquants bonîs d’ saurts dè
comune èt co in boukèt à fèner dins lès près. (W. BAL, Fauves, p. 9) - Èle aleut
aler a l’abîye di Maredsous. (Emile LEMPEREUR, Tièsses pèléyes, El Bourdon
477, 6/1995, p. 9) - Ele a douze ans. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 64)
– SW : Quand èle vèyét qu’èle avét sa tchêrdje, èle fajét dîj eûres (...). (C. CULOT,
Causans, p. 49) - Quand-èle astét djon.ne, èle savét su r’drèssè. (Ch. BENTZ,
Coradje, p. 35)
Ex. lit. elle au pluriel devant voyelle :
– SW : (...) èlle ont dol rècinéye di paudrome po fére do té quand on-z-a dès botons
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 123)
– EW : Qwinze djoûs qu’èlle avît d’monou la, sins rin fé d’ôte qui dè loukî lès-ôtès
feumes (...). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
Contre-ex. lit. eles au pluriel devant voyelle :
– OW : (...) pou lès mames (...), èles-èstît-st-a dalâdje dispû l’éreû. (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 76)
– CW : (...) vo-l’-là arètè pa dès bosses télemint wôtes qu’èles ont l’aîr di sièrvu di
stançon au stwèlî. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
– SW : Crwayant qu’ l’uniån fât la förce, èles ant volu qu’dîj-neuf çant sèptante-
cinq seûche l’anée d’ la fame (...). (D. HENRARD, Causans, p. 7)
b) De même, la forme wallonne originelle du pronom on devant voyelle est on-z. 3
Cependant, sous l’influence du français, ce pronom est souvent remplacé par on. Les
deux formes restent également fréquentes.
Ex. lit. on-z devant voyelle :
– OW : Dj’é dècidè m’ papa à vos-ach’ter l’ min.me auto qui l’ cène qu’on-z-a spot-
chî... (J. GOFFART, Coquia, p. 6) - Lès djoûs ont passè télmint râde qu’on-z-èst dî-
mince qu’on n’ sè d-a nin apèrceû. (W. BAL, Fauves, p. 10) - I parètreut qu’on-z-a
r’trouvè in biyèt dins lès guènîyes du noyi. (Emile LEMPEREUR, Tièsses pèléyes,
El Bourdon 477, 6/1995, p. 9) - Èt dj’ vos prîye di crwêre qui quand-on-z-aveut
fini s’ djournéye, qu’on p’leut bé raler. (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 47) - Si
on-z-aleut prinde l’aîr ène miète, di-st-èle en clignant l’ouy à s’ cousène ! (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 57)
– EW : On-z-oyéve lès côps d’ piyoche dusqu’à là (...) (MASSET, Contes, p. 5) -
(...) li guêre èstût fête èt on-z-avût rètchèssî lès-Alemands è leû payis. (R. PRI-
GNEAUX, Scrîre, p. 186)
– SW : On n’ son’rè pont d’ transe quand on-z-îrè quêre lès mwârts ni quand on-
z-îrè al cimintiére (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 50) - Quand an-z-intrét chéz
lu, ça sintét la chûve èt l’ cûr, èt toudi ène pitite odeûr du goute... (G. MOUZON,
Causans, p. 15) - Quand on z-è volu cumincé [sic], i manquot èn-ome. (E. GILLET,
Causans, p. 17) - On-z-atindét on roûlmint ki deurét djoûr èt nut’. (M. GEORGES,
Singuliers 2/98, p. 10)
3. ALW II, 46 (« on »).
118 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

– CW : Mon Diè todi ! on-z-a tortos sès miséres (...). (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 13) - Mins cand on-z-a c’minci à-z-oyë... (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 21) -
I faut s’î mète cwârps èt âme èt nin lachi d’ène simèle do timps qu’on-z-aprind.
(J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) - S’on-z-èst huké po n’ nin fé passer sès-idéyes,
qwè-ce qu’on faît là ? (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 19)
Contre-ex. lit. on devant voyelle :
– EW : (...) on èst todi pus ritche d’ine ègzpéryince (...). (G. FONTAINE, Billets,
p. 50) - (...) qwand on-a vrêmint trop’ di ponne, qwand on-è-st-al dilouhe (...).
(J.-M. WARNIER, Scrîre, p. 227)
– CW : Ci sèmedi-là (...), on-aleûve vinde lès meûbes do vî Miyin. (R. CLINIAS,
Scrîre, p. 47) - Si l’ passadje à l’an 2000 n’a nin amwinrné çu qu’on aveûve anoncî
(...) (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4) [Mais un peu plus loin : (...)
po fé sawè (...) aus tècniciens qu’on-z-aleûve comincî.]
– OW : (...) on n’ divét né èn-ome pace qu’on-a d’sèrtè li scole (...). (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 76) - I faut télcôp branmint d’ corâdje pou r’conèche qu’on-a peû.
(P. FAULX, Limes, p. 37)
– SW : I n’astot ni quèstiån d’a trâre ène vintin.ne, pace qu’an-î passot vite deûs-
eûres. (N. ALEXANDRE, Causans, p. 17) - On.n-ôrit dit qu’il astét fêt a m’seure
por lèy. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 37)
c) À la 2e personne, le wallon utilise beaucoup plus fréquemment la forme vos que la
forme ti, presque toujours jugée familière, voire grossière. Voir ces quelques commen-
taires sur la politesse en wallon (p. 283).
d) Le SW se sert de la première personne dju aussi bien au singulier qu’au pluriel :
– dju tchante (je chante) et dju tchantans pour nos tchantans (nous chantons)
Cette forme subsiste aussi, à l’état de trace, en OW. Voici la seule attestation repérée
jusqu’à présent dans la littérature. Ex. lit. :
– OW : (...) Adam èst vraîmint l’ portraît dou bon Dieu. Il èst s’n-èfant ossi. Pou
ène tchance, è v’là iène, qui v’s-aléz m’ dîre ! Mais n’ l’avons-dje nén ètou, ossi
lontins qu’ no-n-âme n’èst nén man.nète ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 12)
e) Voir aussi quelques remarques sur la disparition des pronoms personnels sujets dans
certains contextes, ci-dessous.

6.2 Les pronoms personnels sujets après le verbe (phrases


exclamatives ou interrogatives)

Formes de référence

106. Formes les plus courantes : 4

4. ALW II, 17 et 18 (« -tu »).


6.2. LES PRONOMS PERSONNELS SUJETS APRÈS LE VERBE (PHRASES EXCLAMATIVES OU INTERROGATIVE

après voyelle après consonne


a dj’ pinse dju
as’ pinses tu
a-t i, a-t èle, a-t on pinse-t i, pinse-t èle, pinse-t on
avans n’ ; pinsans n’
avoz v’ ou avoz ; pinsez v’ ou pinsez
ont èle ; pinsèt èle

Autres formes

Liège, après voy. : a ddju. Nivelles : après voy. : é dju.

Emplois : disparition du pronom sujet

107. Comme dans les langues romanes du sud (espagnol, catalan, occitan, etc.), le wallon
peut se passer du pronom sujet ; la finale du verbe suffit à indiquer le sujet. Ce phéno-
mène est toutefois moins systématique que dans les langues romanes méditerranéennes.
Il ne se produit que dans certains cas :
a) ti disparaît systématiquement dans les phrases interrogatives et exclamatives ; le
morphème (la terminaison) -s au bout du verbe se fait alors entendre : 5
– ass co sacwants liårds ? (as-tu encore un peu d’argent ?) ; direuss bén eyu çk’ il
est co evoye ! (dirais-tu bien où il est encore parti !) ; iress a Lidje onk di ces
djoûs ? (iras-tu à Liège un de ces jours ?)
Ex. lit. :
– SW : Sés-s’ bin çu qu’ to f’rès, m’ fi ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 85) - Ây, qwè
vous-se ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 20)
– CW : (...) veus’ qui l’ toûrnéye qui vint, ci sereut li côp qui bouche ? (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 12) - As’ dèdja vèyu mîs qu’ ça, ç’ côp-ci ? (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 20) - Vous’ wadji qu’ dji sês bin quî qu’ c’èst ? (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 24) - Ni pus ni mwins’ n’è freus’, si t’èsteus è s’ place, veus’ ! (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 28)
– EW : Pokwè r’loukes-tu l’ fistou di s’trin qu’èst-è l’oûy’ di t’ fré, èt n’ veûs-se
nin l’ soûmî qu’èst-à ti-oûy’ ? Ou bin k’mint pousse dîre à t’ fré : Fré, lê-m’ bodjî
l’ fistou di s’trin (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 106)
La disparition du pronom ti n’est possible qu’aux modes indicatif et conditionnel.
b) i / ele : le pronom de la 3e personne du singulier peut disparaître (facultatif) avec
les verbes faleur (falloir), valeur (valoir) et parete (paraître), comme en français :
– våt mî ndè rire (mieux vaut en rire) ; fåreut vni pus timpe, li côp ki vént (la pro-
chaine fois, il faudrait venir plus tôt) ; fåt-st araedjî ! (merde alors !) ; paretreut
k’ il est foû ritche (il paraîtrait qu’il est immensément riche)
Ex. lit. :
5. ALW II, 18 (« veux-tu »).
120 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

– SW : Parèt qu’i nn’ a pus po lontins èt on-z-a apwartè on p’tit valèt à Gaguite
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 41) - (...) il a d’vant lès-oûy çu qu’ lî faut po
fére sit-ôrmonak. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 112)
– CW : Faleûve lë vudi èt froter lès clapes (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 40)
- I m’ chone qui c’èst pâr là qu’ faut comincî. (R. VIROUX, Novèles, 46/2000,
p. 19) - E bén, dijoz, faut r’conèxhe qui l’ bon Diè n’ vos a nén gâté. (J. SCHOO-
VAERTS, Rabulèts)
– EW : Ôh ! fåt pâr assoti, di-st-èle lu Marie ! (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204) -
Bardaf’ ! Faléve co bin qu’ çoula lî atoume so lès rins ! (J. WARNIER, Scrîre,
p. 224) - Èl fåt apicî on pârèy, èl fåt mostrer ås camarådes. (J. WARNIER, Scrîre,
p. 224)
– OW : Més n’ faleut nin asprouver dè l’ fé tourminter, l’ Grisète (...). (W. BAL,
Fauves, p. 6)
Le pronom i peut disparaître aussi dans les phrases commençant par end, gn a, gn end
a, èl ou elzès :
– gn a di l’ adîre (ou i gn a di l’ adîre ; il y a une différence) ; di l’ aiwe, gn end a
pupont ou gn a pupont (ou i gn a pupont ; de l’eau, il n’y en a plus) ; end a ki
vénront, end a ki n’ vénront nén ou gn end a. . . (certains viendront, certains ne
viendront pas) ; end a minti (ou il end a. . . ; il en a menti) ; endè vout nén (ou i
n’ è. . . ; il n’en veut pas) ; èl fåt fé sins waister (il faut le faire sans traîner)
Ex. lit. :
– EW : N’a nin onk qui motihîve (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186) - Ènnè
va pace qu’i n’ vout nin èsse pûni. (J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - Ennè troûve
bråmint qui qwèrèt sès ric’fwérts, mins pô d’ amateûrs di sès mizéres (...). (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 91) - I d’héve å [sic, = ås] hopês d’ djins qui v’nît po qu’ èl-
zès batiyasse : « Race di vipéres (...). » (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 91) - Et
s’ drèssant, èl’ tchèssît foû dè l’ vèye (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 95)
[sujet : lès djins qu’ èstît èl sinagogue] - Si vite qu’ènn’ont l’adje, ome èt feume,
di tot l’ minme quéle race, nacionålité ou r’lidjon, ont l’ dreût di s’marier èt dè
fonder ’ne famile. (...) (Dèclaråcion 2, art. 16)
– SW : Faut-i qu’ gn-oye do mwês qui rôle avau l’ payis ! (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 92)
Il peut disparaître (surtout en EW) après les conjonctions de subordination k’ et s’ :
– i fåt k’ ovrexhe (il faut qu’ils / elles travaillent)
Ex. lit. :
– EW : L’afêre s’adjincena mîs qu’ n’èl pinséve (...). (MITTEI, Zanzan, p. 12) - Du
là qu’èsteût, on-z-âreût dit lès treûs côps qu’on bouhe duvant d’ lèver l’ teûye po
k’mincî one piéce du tèyâte. (J.-M. MASSET, Contes, p. 21) - Come on n’ divreût
nin roûvî, qwand c’èst qu’atake a r’lignî, tos lès cis qu’on a vèyou è marmêce
(...). (G. FONTAINE, Billets, p. 50) - A-t-i ’ne saquî so l’ tére qui n’ voreût nin
vol’tîs avu l’ ric’fwért èt l’ djôye di l’ èsprit s’ èl poléve tofêr trover. (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 88)
Ailleurs qu’en EW, le pronom i peut disparaître surtout devant fé clair, fé noer, fé
meyeu, etc. Ex. lit. :
– CW : (...) on n’ ratindéve ni qu’ fiëche nwêr. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 49)
6.2. LES PRONOMS PERSONNELS SUJETS APRÈS LE VERBE (PHRASES EXCLAMATIVES OU INTERROGATIVE

– OW : Dji vous qu’fèye clér ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 7)


Il peut disparaître après la conjonction de coordination et si (en EW et SW) :
– ele mougnît et s’ rivnît d’ on côp (elles mangèrent et revinrent immédiatement)
Il peut disparaître dans une proposition coordonnée utilisant un infinitif substitut (voir
p. 240) :
– vos mougnroz èt rivni do côp (vous mangerez et vous reviendrez immédiatement)
Il peut disparaître après cwand (quand) (surtout en EW). Ex. lit. :
– EW : Cwand fout d’zeû lès vèvîs ou d’zeû l’ pêrîre, il [on balon] èsteût duv’ni
pus p’tit qu’on dé à keûze. (J.-M. MASSET, Contes, p. 9) - Cwand [Modèsse] fout
ètèré, lu Lînar fuza one rou d’ pus’ tot f’zant s’ toûr du vèye. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 17)
– CW : Lès vîyès djins, cand s’abiyin’ ’s’habillaient : s’endimanchaient’, il èstin’
todë an nwêr. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 18)
Autres cas, ex. lit. :
– CW : N’èst nin ralé pus timpe po ça ! (R. CLINIAS, Scrîre, p. 47) -
– EW : Èt pwis n’èst nin co trop tård po vèy li grande mèrvèye (...). (MITTEI,
Zanzan, p. 30) - Ariva co bin qu’deûs djins dè minme viyèdje dinahîse deûs nos
difèrints. (Djåzans, Osté 2000, p. 2) - Avise qui çoula deût chèrvi ås familes qui
tûzèt a leûs condjîs... (Djåzans, Osté 2000, p. 13)
c) Vos : après le verbe (donc dans une phrase interrogative ou exclamative), à la
deuxième personne du pluriel, le pronom disparaît systématiquement (surtout en en
OW, CW et SW) ; la terminaison -ez, -îz ou -oz et le contexte suffisent à indiquer la
personne. Voir cartes p. 295. 6
– voloz ’ne djate di cafè ? (veux-tu / voulez-vous une tasse de café ?) ; tchan-
troz ’ne pitite tchanson po m’ fiesse ? (chanteras-tu une petite chanson pour ma
fête ?) ; dirîz bén shijh côps. . . ? (peux-tu répéter six fois. . . ?)
Ex. lit. :
– SW : « Avez tchaud ? » d’mande-t-èle (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 39) -
Waz’rè-t-on bin nn’alè wayè, pinsez ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 41) - Ça va
todis ? : : Bin, savèz la ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34) - Poqwè astèz v’nu ? (Ch.
BENTZ, Coradje, p. 68)
– CW : C’èst l’âdje, don, ça, Oscar. Qu’î frîz ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 11) -
N’aurîz nin faît tot parèy, vos, è s’ place ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 14)
– EW : A ç’ moumint-là, vèyeûz, i-n-avût è l’Alemagne un-ome qui s’avût rindou
mêsse (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185)
– OW :(...) vos avèz bin là ’ne bèle gade. Èn’ mè l’ vindrîz nin ? (W. BAL, Fauves,
p. 8) - Qwè vléz ! (W. BAL, Fauves, p. 13) - (...) i m’a d’mandè : « Qui èstôz ? »
(L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 55) - Estèz malâde, mi p’tite ? (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 65)
La disparition du pronom vos n’est possible qu’aux modes indicatif et conditionnel.
Le pronom vos peut disparaître, de même que la terminaison, avec les verbes saveur
(savoir) et aveur (avoir) (surtout en EW). Avec les verbes diner (donner) et aveur
(avoir), c’est la première syllabe qui peut tomber.
6. (« voulez-vous »).
122 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

– av’ sitî sol martchî ? = avoz vs sitî ou avoz stî (es-tu allé au marché ?) ; sav’ bén
çou ki c’ est d’ ene copiutrece ? ou s’oz bén çou ki c’ est d’ ene copiutrece ? =
savoz vs bén ou savoz bén. . . (sais-tu ce qu’est un ordinateur ?) ; ’nez m’ vosse
mwin = dinez m’ vosse mwin (donne-moi la main) ; n’ oz rén oyou ? = n’ avoz
vs rén oyou ? (n’avez-vous rien entendu ?)
Ex. lit. :
– CW : N’oz ’vous n’avez’ qu’à bén wêti ’regarder’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive,
p. 31)
d) Nos : après le verbe, le pronom nos peut tomber également (en niv., p. ex.), mais
c’est beaucoup moins fréquent :
– tchantréns ? (chanterions-nous ?) ; tchantans ene air ? (chantons-nous un air ?)

6.3 Les pronoms personnels objets directs devant le verbe


Formes de référence
108. La principale variable est le timbre de la voyelle caduque dans les formes pleines du
singulier. Voici des formes types utilisant la voyelle i : 7

mi dji m’ voe
ti dji t’ voe
èl / li djel voe ; moman l’ voet
nos dji nos voe ; dji nos a veyou ou dji ns a
veyou
vos ∼ vis dji vos voe ou dji vs voe ; dji vos a veyou
ou dji vs a veyou
elzès / les djelzès voe ou dji les voe ; djels a veyou
ou dji les a veyou ; moman les a veyou ou
moman ls a veyou

Autres formes
ol (fam.) pour èl : djol veu.
Sporadiquement, l’ est géminé entre voyelles. Ex. lit. :
– OW : Quand Piêre ît djambot, i ll’ aureut ap’lè « Princèsse », i s’aureut yeû
d’mandè si c’ît ène imâdje tél’mint qu’èle ît bèle... (W. BAL, Fauves, p. 10-11)

Le pronom endè
109. Les deux principaux types pour ce pronom sont ènnè (CW, EW ; ou anna en bast.) ou
dè (OW ; din par endroits). 8 La forme normalisée proposée est endè, qui permet les
deux prononciations et est proche de la forme étymologique latine inde.
7. ALW II, 13 (« me »), 25 (« vous »), 36 (« les »).
8. ALW II, 40 (« en »), 41 (« il en »), 42 (« j’en »), 43 (« -m’en »).
6.3. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS DIRECTS DEVANT LE VERBE 123

Usage de la forme type normalisée endè (v= voyelle ; c= consonne ; P= pronom) :


– cPc : Djåke è vout ou Djåke endè vout (Jacques en veut)
– cPv : Djåke end a (Jacques en a)
– vPc : Djan ndè vout, Djan è vout (Jean en veut)
– vPv : Djan nd a (Jean en a)

Autres formes

Brab. : Djan nè vout.


Carol. après cons. : Djâke è vout ou Djâke dè vout, Djâke d-a ; après cons. : Djan d-a,
Djan d-è vout.
Centre, après cons. : Djâke d-in vut, Djâke d-a ; après voy. : Djan d-in vut, Djan d-a.
Bastogne après cons. : Djâke anna vut ou Djâke a vut, Djâke ann’ a.

Emplois
110. a) Les pronoms èl et elzès sont utilisés principalement après les mots d’une seule
syllabe élidés ; ils peuvent s’agglutiner dans l’orthographe aux mots dji, ti, mi, si, ki,
di :
– djel prind (je le prends) (la forme écrite dj’ èl existe aussi ; pour la forme écrite
djè l’ voir ci-dessous, p. 128) ; djelzès prind (je les prends) ; tel vous (tu le veux) ;
telzès ∼ ti les vous (∼ tè lès vous) (tu les veux ; pour la forme tè, voir ci-dessous,
p. 128) ; i sel dimande (il se le demande) ; i selzès ∼ s’ les dmandèt (ils se les
demandent) ; c’ est mi kel prind (c’est moi qui le prends) ; c’ est mi kelzès ∼
k’ lès prind (∼ què lès prind) (c’est moi qui les prends) ; rind mel (rends-le
moi) ; rind melzès ∼ rind m’ lès (rends-les moi) ; si n’s èl veyans (si nous le
voyons) ; si v’s èl veyoz (si vous le voyez)
Les pronoms li et les sont utilisés dans les autres cas, en concurrence avec les formes
précédentes :
– Tchåle li dmande ∼ èl dimande (Charles le demande) ; Tchåle les dmande ∼
elzès dmande (Charles les demande) ; Djan l’ prind ∼ Djan èl prind (Jean le
prend) ; Djan les a ou Djan l’s a (Jean les a) ; si nos l’ veyans (si nous le voyons) ;
si nos les veyans (si nous les voyons) ; si vos l’ veyoz (si vous le voyez) ; si vos
les veyoz (si vous les voyez) ; vosse mame l’ a veyou (votre mère l’a vu) ; vosse
mame les a veyou (votre mère les a vu)
Cependant, l’usage est flottant, et les contre-exemples nombreux :
– li prumî d’ avri, li coucou èl dit (le premier avril, le coucou l’annonce) ; dji l’ a
pierdou (je l’ai perdue)
Ex. lit. :
– SW : Fine di mon l’ sèdje-dame ol pwate come on trézôr dins sès deûs brès (...)
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 51) - (...) c’èst dès côps qu’ lès cosaques olzî ont fait
avou leû fuzik, qui lès Ma-tantes racontèt. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 120)
– CW : Avou s’ coûte nwâre baube pa-t’t-avau s’ visadje èt sès grands brès stitchis
dins s’ marone, tot l’ monde ol ricrindot. (A. HENIN, Scrîre, p. 105)
124 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

– EW : A ponne èst-i riv’nou, è brébådes, qui s’ mame èl manecèye. (MITTEI,


Zanzan, p. 1)
b) Le pronom complément direct se place le plus souvent entre le sujet et le verbe,
donc avant l’auxiliaire quand plusieurs verbes se suivent :
– djel va vey (je vais le voir) ; i mel vout dîre (il veut me le dire) ; ele si va stinde
ene gote (elle va s’étendre un instant) ; si vos l’ divoz avu (si vous devez l’avoir) ;
dji m’ lî va dîre (je vais lui dire)
C’est aussi le cas, dans certaines régions, quand l’infinitif est séparé de l’auxiliaire par
une préposition ou un adverbe :
– çu k’ on nos vént d’ promète (ce qu’on vient de nous promettre)
Cependant, à cause de l’influence du français, on entend souvent le pronom déplacé
entre l’auxiliaire et le verbe :
– dji va l’ vey pour djel va vey (je vais le voir) ; i vout mel prinde pour i mel vout
prinde (il veut me le prendre) ; nos alans lî dner pour nos lî alans dner (nous
allons le lui donner)
Ces constructions, encore souvent considérées comme fautives, sont de plus en plus
fréquentes. L’EW a le plus tendance a conserver la construction originelle SUJET +
PRONOM + VERBE.
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec mi :
– SW : Vos m’alèz fè moru ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 65)
– CW : (...) èt n-a one saki quë m’ vënéve êdi po lès r’pwârter à m’ môjone. (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 44) - Dji m’ pou rècrèster pus fwart qui vos. (J. SCHOO-
VAERTS, Rabulèts)
– EW : (...) i-n-årè ’ne årmêye di sotês qui m’ vinront r’qwèri. (MITTEI, Zanzan,
p. 9) - I m’ va spater conte li pareûse. (MITTEI, Zanzan, p. 23)
Contre-ex. :
– SW : Èst ç’ què djè pu m’assîr on poû ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 40) - On n’ vôrot
m’agadjè nule pau, li,... fi d’ sorcîre ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 76)
– EW : Èt qui d’vèt-i pinser m’ mame èt m’ papa di n’ nin m’ vèyî rintrer ? (MITTEI,
Zanzan, p. 28)
– OW : I gn’aveut rén du tout, qui v’s-aléz m’ dîre ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 7)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec ti :
– OW : Si fét, ti vas prinde mi fusik èt m’ carnassiêre èt ti vas t’aler catchî (...). (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 58) [la construction ti t’ va aler catchî aurait été
possible également].
– CW : Djë t’ vou bén crwêre (...) ! (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 78)
Contre-ex. :
– OW : Dji m’ va t’ fér ène surprîje. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 14)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec li ∼ èl :
– EW : Po l’ gonfler [on balon], i l’ fala t’ni avou one péce duzeû l’ tchèm’nî. (J.-
M. MASSET, Contes, p. 9) - (...) vos n’avez qu’a l’alez dîre a Jean Haust qui
l’a mètou è s’ dicsionêre. (G. FONTAINE, Billets, p. 14) - Lu cafè, frisse molou,
rawåde qu’on tape dussus l’ tchaude êwe qu’èl deût bagnî. (A. SOUGNEZ, Scrîre,
6.3. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS DIRECTS DEVANT LE VERBE 125

p. 204) - Nos n’ l’alans nin lèyî souwer èvôye ! (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204) -
Èl fåt apicî on pârèy, èl fåt mostrer ås camarådes. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224)
- Adon, l’ comeune l’a bin volou wårder, inte deûs tèris’, por lèy tote seûle. (J.-D.
BOUSSART, Limes, p. 23)
– OW : Wââh ! ... Nos l’alons sayî tout d’ chûte ! (J. GOFFART, Coquia, p. 17)
- Combén d’ timps-ce qu’i faureut co d’vant d’ l’aler r’trouver ? (J. GOFFART,
Coquia, p. 23) - Si in djoû t’è trouves in parèy... fais-mè l’ sawè, djè l’iraî vèy !
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 15) - Il aveut bé promis à Marîye dè l’ vèni r’vèy di
timps-in-timps (...). (E.-J. PIRET, Extraits, p. 54)
– SW : Djol va dîre à moman ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 75). Chez Calozet, on
trouve aussi cette construction dans deux comptines, c.-à-d. dans un état de langue
probablement figé sinon archaïque : Dj’ê one pouye à-z-acovè / Et l’ vèchau mol
vout stronnè... (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 61) - Nosse mèskène ni sét dansè /
Nosse vaurlèt nol sét minè. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 61) - Li mèssadjî l’a v’lu
prinde su s’ vwèture a passant d’lé li (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 86) - Lès
jandârmes ol vêront quêre, motôt, po l’ mète al gayôle, s’i cause. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 93)
– CW : (...) on l’ pout bin lèyi tot seû o l’ maujon avou l’ boûsse o ridant à mitan
à craye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 22) - Djè l’ vou bin crwêre, ça é ! (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 24) - Si Miyin l’aveûve sitî trover pus rwèd, i dit qu’ li...
(R. CLINIAS, Scrîre, p. 47) - On trèvudive ’transvasait’ l’êwe fou dèl tëne avou
dès sèyas èt on l’aléve vudi dins l’ chavia. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 72-73)
- Tot ç’ qu’on ’nn a ritenu, c’èst qu’on pleûve fé one saqwè (...) s’on l’ vleûve
vraîmint ! (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 19)
Contre-ex. lit. :
– EW : Cwand qu’i vôve lu hèrer è s’ boke [on deût], i l’ manka èt s’ frota l’ song
si lès lèpes. (J.-M. MASSET, Contes, p. 8)
– SW : Â ! Si dj’ p’lo l’avèr à méye-nêt ! sondje-t-i. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 18)
- I n’èst nin quèstion d’ alè l’ kî d’vant ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 39)
– OW : Pourtant, l’ côp qu’ lès deûs tchots ont v’nu l’uker ètou, ça n’a né stî ta-
fèt’mint l’ min.me (...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77) - (...) èt qu’on n’ sét
né aler l’ qwé à cause qu’i-gn-a dèl cwérèle (...). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988,
p. 50)
– CW : Faleûve lë vudi èt froter lès clapes (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 40)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec si :
– EW : (...) mins èle n’èsteût måy sûre qui l’ôto qu’arivéve s’aléve arèster po-l’
lèyî passer, lèye. (G. FONTAINE, Billets, p. 17) - I n’ si va nin lèyî-st-a dîre ! (J.
WARNIER, Scrîre, p. 224) - (...) i s’ fåt aler achîr (...) å pîd dèl pîre Hèyna èt fé
lès cwanses di s’èdwèrmi. (J.-M. WARNIER, Scrîre, p. 227) - I n’a qu’on sotê qui
s’ pout mostrer å djoû (...). (MITTEI, Zanzan, p. 8) - I n’ fêt ni clér ni spès mins
clér assez po n’ si trèbouhî so rin... (MITTEI, Zanzan, p. 14) - (...) èt dji n’ sé nin
çou qui s’ pout co pruzinter so m’ vôye. (MITTEI, Zanzan, p. 21) - Divins ’ne téle
dilouhe i n’ si deût nin lèyî djus ni dézèspèrer (...). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 83)
- On n’ si pout prévaleûr d’ on tél dreût s’on-èst porsuvou po des fêtes cléremint
provés (...) (Dèclaråcion 1, art. 14)
126 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

– CW : Ci n’èsteut nin l’ome à s’alè stitchi o culot daus-ôtes. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 17) - I s’ vineut assîre o l’ maujon, po dîre bondjou. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 18) - A qwè s’ faut-i co fiyi ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21) - Èlle
ènn’ aveut mètu qu’ deûs, quand li p’tit aveut yeû l’ quintos’, qu’èle passeut lès
nêts po l’ cocheûre à timps quand i n’ si saveut rawè d’one bîle. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 26)
– SW : A s’ dimandè s’i s’ pléve sièrvou d’ tot ça. (R. DEDOYARD, Scrîre, p. 56)
- Pou c’mècer, lès tchèrieûs su d’vint arandjer pou-z-ariver avou deûs û qu’ c’èst
trwâs tchèrêyes su l’ min.me djoûr. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 57)
– OW : Çu qu’èst sûr èt cèrtin, c’èst qu’in bia djoû, l’ diâle, (...) s’a stî racwètiyi
dins lès couches dou peumî disfindu. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 17)
Contre -ex. lit. :
– EW : Cisse fîe, i n’ man’ça nin d’aler s’ taper ol Wâtche. (J.-M. MASSET, Contes,
p. 13) - (...) mutwèt come s’èle vôreut s’ winner disqu’a leû-z-åme (...) (G. FON-
TAINE, Billets, p. 69-70)
– SW : (...) èlle a sot’ni l’ tièsse dol pauve fème d’à Pitit qui n’ savot s’è ravèr
èt qui somadjot come on-èfant. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 54) - (...) lès vôyes
afroyéyes dol fontainne, doû-ç’ qu’on vore sins p’lu s’ rat’ni dissus l’ vèrglas
lûjant ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 67) - (...) il è stî su r’mète a l’ cadje. (L.
HECTOR, Causans, p. 13)
– OW : Lès-inwîyes, èles vènît s’ piède dins lès wôtès-yèbes èy’ adon, gn-aveut pus
qu’a s’ bachî pou-z-è rimpli dès banses (...). (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77)
- Goret v’neut s’ pourmwin.ner tous lès djous à tch’vô (...). (L. POLLEN, DTW, t.
16, 1988, p. 55)
– CW : Ene saqui qui rèyunit cès deûs condicions-là pout bin s’ mète tot d’ tchûte
à-z-aprinde à lîre èt à s’crîre nosse bia walon. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) -
Dins l’ timps, c’èsteûve li chèf d’èquipe (li brigadier) qui tapeûve lès trwès côps
po fé sawè aus djins qu’i faleûve si taîre (...) (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12,
9/2000, p. 4)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec nos :
Aucun pour le moment !
Contre-ex. lit. :
– CW : Saqwants-anéyes divant qui l’ bon Diè n’avôye si Fi su l’ tére, Jules Césâr
paut’ di Rome po v’nu nos-ataquè. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179) - Mins pou ça, nos
duvans nos r’pwartè aus rensègnemints da Mossieû Djosèf Roland. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 31)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec vos :
– EW : Vinez Madame, dji v’ va êdî a trivièrser, dinez-m’ vosse cabas, djèl va pwèr-
ter, ci sèrè pus-åhèye. (G. FONTAINE, Billets, p. 17) - Si l’ Blanke Dame vis dit
qu’ vos n’ polez må, c’èst qu’èle vis va-st-aspaler èt qu’ vos n’ risquez rin. (J.
WARNIER, Scrîre, p. 226)
– CW : Vos v’s-aloz d’abôrd djokè, dandjereûs ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12)
Contre-ex. lit. :
– SW : Èt djè n’ voûri nin v’s-aspétchè dè travayè. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 40)
– EW : Mès, i fât v’ sognî. (J.-M. MASSET, Contes, p. 8)
6.3. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS DIRECTS DEVANT LE VERBE 127

– OW : Bé, i-gn-a èn-ome doci qui voureut bé vos vèy. (L. POLLEN, DTW, t. 16,
1988, p. 57)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec les ∼ elzès :
– EW : (...) on l’s-a mètou l’ 27 d’avri, on l’s-è d’vrè råyî å bout d’ nonante djoûs
(...). (R. VAN DAMME, Scrîre, p. 216) - Èt i faléve one finte assôrtêye po lès
poleûr lèyî règuiner è spåyemåye. (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96) - Et on lingadje
qui vout viker, s’i lî måke dès mots, i lès deût fé, ca on n’ pout nin tofér toûrner
åtoû dès mots abstraits po l’dîre è walon. (Djåzans, Osté 2000, p. 14)
Contre-ex.
– SW : Comint fât-i lès prinre, Docteûr ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 65) - (...) i fâreut
lès chayè on pô, â d’vant dol grosse dôye, èt lès riss’mèlè. (R. DEDOYARD,
Scrîre, p. 56)
– OW : (...) èt tout s’ téjeut, tout s’ rapaujeut pou n’ nin lès sbarter. (W. BAL,
Fauves, p. 7) - Gn’a là dès-ârbes à n’sawè lès compter. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 12)
– CW : (...) lès fisik (...) s’ront r’mètus dins l’ Maujo comunale, èyu ç’ qui lès tireûs
pôront lès r’prinde li londemwin à chîj-eûres au matin. (J. FIEVEZ, Bièmeréye,
p. 26)
Ex. lit. de construction SUJET + PRONOM + VERBES avec è, endè :
– CW : (...) pace quë lès lénçous, on ’nn’ arot soyë bouter qu’onk al fîye ’su mettre
qu’un à la fois’ avou deûs, trwès p’tëtès lokes. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 76).
Contre-ex. :
– EW : Volez-v’ ènnè sèpi l’ cåse ? (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 104)
En l’absence de sujet, le pronom se place régulièrement devant l’auxiliaire (surtout en
EW) mais peut aussi apparaître derrière.
Ex. lit. de construction SUJET ZÉRO + PRONOM + VERBE :
– èl fåt vni cweri (il faut venir la chercher)
Ex. lit. de construction SUJET ZÉRO + VERBE + PRONOM :
– CW : (...) faléve së bouter së sès deûs n’gnos èt s’abachi ’se baisser’ fwârt (...).
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 45) - (...) ça fêt qu’ faleûve lès fé r’dëskinde ’redes-
cendre’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 62)
c) Dans un groupe prépositionnel, le pronom complément peut aussi se placer devant
un adverbe (p. ex. une négation) portant sur un infinitif :
– po nel nén fé (pour ne pas le faire) ; manîre di n’ si nén rescontrer (de manière
à ne pas se rencontrer)
Ex. lit. :
– CW : Po l’ bin sawè, djè l’ dimanderè cor à Djâque di Vèdrin, quand djè l’ vièrè
à l’ fôre. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 24)
– EW : Si vosse coûr èst lîbe di tot d’zîr disfindou, ci sèrè åhèye por vos di v’ todi
bin c’dûre. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 74) - Ni v’s èl’s aprôpriyîz nin [lès paroles dè
Cris’] po v’ sotemint complêre (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 103)
Contre-ex. lit. :
– EW : Qu’ i prèye adon po qu’ èle rivinse, qu’ i louke a s’ sogne èt qu’ i ric’nohe
si mizére po n’ nin l’ ripiède. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 90).
128 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

d) Les groupes dj’ èl, m’ èl, t’ èl, s’ èl, k’ èl, dj’ èlzès, m’ èlzès, t’ èlzès, s’ èlzès,
qu’ èlzès, dj’ èlz, t’èlz, m’ èlz, s’ èlz, qu’ èlz peuvent être écrits en un mot : djel, mel,
tel, sel, kel, djelzès, telzès, djelz, etc.
Variantes pour djèl, etc. Fam., bast. : djol, tol, mol, etc. : dju tol di (je te le dis). Lesse :
djul, tul, mul, etc. : dju tul di (je te le dis).
e) Dans le CW (sauf le nord) et le nord du SW, les formes données ci-dessus (djel, mel,
etc.) s’utilisent aussi devant voyelle, alors qu’ailleurs, elles ne s’utilisent que devant
consonne : 9
– dji l’ a pierdou ∼ djèl a pièrdu (je l’ai perdue)
– ti l’ as ∼ tèl as (tu le dis)
– c’ est lu ki l’ ôt ∼ c’ èst li quèl ôt (c’est lui qui l’ entend)
En CW, ces formes sont le plus souvent écrites : djè l’ a pièrdu, tè l’ as, c’ èst li què
l’ ôt. La règle enseignée est que les pronoms en i prennent un è, devant un pronom de
la 3e personne. La différence avec l’usage des autres dialectes est purement graphique.
D’où aussi, par analogie, devant consonne : i sè l’ dimande (pour i sel dimande ; il se
le demande), dji mè l’ va vèy (pour dji mel va vey ; je vais le voir).
Par contre, la différence n’est pas simplement graphique dans les formes : djè lès prind
(pour djelzès prind ∼ dji les prind ; je les prends) et djè lî va dner (pour dji lî va
dner ; je vais (le/la) lui donner).
f) Si le pronom endè est accompagné d’un autre pronom objet, c’est celui-ci qui pré-
cède celui-là. Ex. lit. :
– EW : Inmez-l’ èt fez v’s-è on bon camaråde (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 80)

6.4 Les pronoms personnels objets directs ou indirects


postposés au verbe
Formes de référence
111. Formes les plus courantes : 10

après consonnes après voyelles


mareye mu (épouse-moi) dijhoz m’ ene sacwè (dis-moi quelque chose)
coûtche tu (couche-toi) téns t’ coe (reste coi)
coûtche lu (couche-le) atchtez l’ (achetez-le)
amine nos (amène-nous) codûjhoz nos (conduisez-nous)
bodjîz v’ ou bodjîz vos (bougez-vous)
rôle les (roule-les) bodjîz les (bougez-les)

Autres formes
Niv. : lèyîz m’ fé ou lèyîz mè fé (laissez-moi faire).
9. ALW II, 35 (« je le »), 36 (« je les »).
10. ALW II, 14 (« -moi), 19 (« -toi »), 22 (« -nous »), 26 (« -vous »), 33 (« -le (-la) », 34 (« -le moi », 43
(« -m’en »).
6.5. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS INDIRECTS 129

6.5 Les pronoms personnels objets indirects


Formes de référence
112. Formes les plus courantes : 11

mi i m’ dimande ; si mame mi dmande


ti i t’ dimande ; si mame ti dmande
lî i lî dmande
nos i nos dmande ; i nos a dmandé ou i n’s a
dmandé
vos ∼ vis i vos dmande ; dji v’ dimande ; i vos a
dmandé ou i v’s a dmandé ; dji n’ vos ∼
vis dmande rén
èlzî / l(è)zî djelzî dmande ; i lzî dmande ; si mame lèzî
dmande

Autres formes

Malm. : dju n’ vus djâze nin. ESM : i leû dîra (il leur dira). Centre : mè, li, nous, vous,
lieû : èle mè fét mau (elle me fait mal) ; pèrdez-li sès liârds (prenez-lui son argent) ; i
lieû dîrè (il leur dira). Nam. lèzî= lèzeû : djè lzeû a dit. SW : vos n’ mu dvoz rin ; èle tu
dmande âk ; olzî. Ex. lit. : Li radje ol’zî a montè o cwar... (J. BILY, Singuliers, 2/1998,
p. 4).

Le pronom î
113. – dj’ î tûze (j’y pense)
Variante : i (malm.).

Emplois
Pronoms personnels objets !Indirects !Emplois
114. a) L(e)zî n’est jamais utilisé après un mot d’une syllabe élidé ; elzî peut être utilisé
dans tous les cas ; elzî peut s’agglutiner aux mots dji, mi, ti, si, ki :
– djelzî cåze (je leur parle) ; telzî cåzes (tu leur parles) ; c’ est mi kelzî scrote leus
tchikes (c’est moi qui leur vole leurs bonbons) ; si mame lezî cåze (sa mère leur
parle) ; Djan lzî cåze (Jean leur parle).
Ex. lit. :
– EW : Ci fourit ’ne bèle brèyåde qwand Plat-d’-Djote èlzî raconta l’ quinte (...).
(MITTEI, Zanzan, p. 28)
b) Le pronom î remplace presque toujours lî et lezî après endè :
11. ALW II, 25 (« vous »), 37 (« lui »), 38 (« leur »).
130 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

– dj’ end î apoite (je lui en apporte) ; dj’ end î dôrè (ou dji lî endè dôrè) (je le lui
en donnerai)
c) L’indéfini è se place après lî et lzî :
– dinez lî è (donnez-en lui) ; dinez lzî è (donnez-en leur)
d) Les indéfinis î et è peuvent être précédés d’un z de liaison après des pronoms objets
postposés ou un r indiquant une répétition :
– dène mu-z è (donne-m’en) ; lai m’-z è (laisse-m’en) ; minez m’-z î (conduisez-y
moi) ; alez-rz î co (retournez-y encore) ; va-rz è ! (vas-t’en !)
e) Après le verbe, on a toujours d’abord le complément d’objet indirect puis le com-
plément d’objet direct (contrairement au français, dans lequel on a l’un ou l’autre ordre
selon les cas) :
– dinez mel (donnez-le moi) ; dijhoz nos l’ (dites-le-nous)
f) Les pronoms lî / lezî peuvent être un objet indirect :
– dji lî rind çu ki dji doe (je lui rends ce que je dois)
Ils peuvent aussi être à la fois un objet direct et indirect masculin ou féminin, singulier
ou pluriel :
– dji lî rind (je le lui rends, je la lui rends, je les lui rends)
g) Comme le pronom direct, le pronom indirect se place normalement après le sujet :
– nos lzî dnans (nous le leur donnons) ; nos lzî alans dner (nous allons le leur
donner)
Mais ici aussi, on observe une tendance à suivre le même ordre des mots qu’en fran-
çais :
– nos alans lzî dner (nous allons le leur donner)
Ex. lit. de la construction SUJET + PRONOM + VERBE.
– OW : Djan, dji m’ vos va fé apruster ène tchambe... (J. GOFFART, Coquia, p. 9)
- L’émir ratindeut, ènondé à l’idéye di sawè ç’ qui Djan lî aleut propôser... (J.
GOFFART, Coquia, p. 14)
– CW : Divant do r’fè l’ nuk avou on parèy, on lî aureut d’vu dîre, à Lalîye (...). (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 14) - Ayi mins, vos n’ lî saurîz fè bwâre one gote. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 22) - C’èst po ça, qu’ audjoûrdu, dji m’ vos va causer
d’ôte tchôse. (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4)
– EW : Li ci qui m’ vout scrîre èl pout todi fé. (Djåzans, p. 16, 9/95) - Èt l’ mêsse qui
m’ va d’mander mès treûs cints rôyes qui sont todi à fé... (MITTEI, Zanzan, p. 3)
- Dji v’ va d’ner l’ clé dè pus grand dès s’crèts. (MITTEI, Zanzan, p. 10) - Çoula
m’ va coster tchîr : dji v’s-a lèyî èvoler. (MITTEI, Zanzan, p. 27) - Tote li glwére,
tot l’ oneûr qui vos lî polez fer sont st åd’vins d’ vos-minme (...). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 68) - (...) c’èst l’rik’nohance dè-l’dignité qu’èst l’prôpe di tos lès-
omes èt dès dreûts égâls qu’ils ont èt qu’on n’èlzi pout mèskeure ; (Dèclaråcion 2,
Préambule) - On lî pout minme tèlèfoner å 999.99.99 (Djåzans, Osté 2000, p. 10)
– SW : (...) dji v’ pou bin promète k’ i n’ ont nin ôrdè leû linwe è leû tache ! Li radje
ol’zî a montè o cwar (...). Èt dîre ki ç’ rossê tchin la, ki n’ vôt nin on côp d’ pîd
dins s’ p..., k’ i m’ fêt mô côzè, i nos va co costè dès miyons ! (J. BILY, Singuliers,
2/1998, p. 4-5).
Contre-ex. lit. :
6.5. LES PRONOMS PERSONNELS OBJETS INDIRECTS 131

– SW : Djè n’ poûri v’ la mostrè, ca èlle èst d’dé la costîre, qui dwat la racoûrti
on poû. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 94) - (...) prèt’ à vorè su l’ ci qu’ vêrè lî r’hapè
l’êwe (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 21) - Dju n’ sârâ v’ bayè bécöp d’ cadôs.
(P. JEAN, Causans, p. 11)
– OW : Dji n’é pupont d’auto, rintrèz, dji va vos-èspliker... (J. GOFFART, Coquia,
p. 3) - (...) c’è-st-in monseû asteûre, on n’ôj’reut pus li dîre « no p’tit ». (W. BAL,
Fauves, p. 10) - À Blaréfosse... dji va vos dîre, c’èst rola qu’on-a gangni l’ pus di
liârds (...). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 51) -Ti pous mi d’mander n’impôrtè
qwè, ti s’ras toudi acôrdè. (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 55)
– EW : Èt minme s’ i n’ voléve n’ èlzî n’ner nou ric’fwért, ènnè dîrît todis ote-
tant d’ bin (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 91) - (...) dji n’ wèzéve vis-èl dimander.
(MITTEI, Zanzan, p. 8) - (...) leûs dreûts égåls, qu’on n’ såreût ’lzî mèskeûre (...)
(Dèclaråcion 1, préambule)
Ex. lit. de la construction SUJET + î + VERBE (î est pronom ou adverbe) :
– EW : Dj’ô bin qui l’ bon Diu èsteût là èt qu’il î aléve dimorer (...). (G. FONTAINE,
Billets, p. 16) - (...) mins i-n-a tot l’ minme ine saqwè qu’ nos djônes-acteûrs î pôrît
tûzer po leû bin - èt po l’plêzîr dè public (...). (Djåzans, Osté 2000, p. 14-15)
– CW : I s’î faut trouvè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 14) - (...) vos-î alez oyu one
tchèréye di grossiéretés ! (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 18)
Contre-ex. :
– CW : Ô, ayi ça ! vos p’lîz bin ’nn’î causè d’ machine èt d’ moteûr. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 13)
– OW : (...) on ’nn-aveut qu’ pou deûs-eûres, mins faleut i aler quand’ min.me. (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 49)
Ex. lit. de la construction SUJET + è/endè + VERBE (endè est pronom ou adverbe) :
– CW : Onk qu’a trop d’ caurs, qu’i n’è sêt pus qwè fè (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 13) - I n’ m’è faut nin co causè au pére, dès tchandèles. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 26)
Contre-ex. :
– OW : Cè n’èst qu’ flotchêres èt ronches èt, su l’ costè, ’ne djonne tâye à n’ sawè
s’in dèscramyî... (W. BAL, Fauves, p. 12) - I faut m’è dîre di pus qu’ ça ! (J.
GOFFART, Coquia, p. 5)
– SW : On va co-z-a fè dès tralalas ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34) - Qué chance s’i
p’lot z-è tumè tote nêt ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 20)
h) Le pronom indirect est utilisé dans diverses tournures indiquant un intérêt du locu-
teur envers l’action :
– li tchvå lî a filé evôye (le cheval lui a échappé) ; dj’ aveu l’ coûr qui m’ bateut
on bea côp (le cœur me battait fort) ; dji m’ ti lî va tchåssî ene tchofe (je m’en
vais te lui flanquer une gifle) ; dji n’ ti sai tot cwè (je ne sais quoi)
Ex. lit. :
– EW : Djondant d’on potê, l’ rou [dol bèrwète] li hipa djus èt i s’ mèta à djurer.
(Masset, Contes, p. 5) - (...) du hisse d’aveûr co ’ne fîe l’ tchèsse qui li findéve, i
s’ promèta d’i sondjî on-ôte djoûr. (J.-M. MASSET, Contes, p. 14)
– OW : (...) èle vos aveut ’ne nwère roye t’ au d’dèlon d’ s’èskègne èt sès chabots
ètou astint nwêrs. (W. BAL, Fauves, p. 5) - Après çoulà, I vos roûle ène quatrène
132 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

di gros boudins : deûs grands pou fér lès djambes, deûs p’tits pou fér lès bras.
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 11)
– CW : Èt i t’ vint brokè dins lès gobîyes èt o l’ gayole dau vî Tofe, come onk qui
s’ mètreut seûlemint à mwin.nadje. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 22) - Qu’èst-ce
qu’i m’ caye, don, qu’i n’ rivint nin ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 28)

i) Il est également très utilisé avec les verbes falu et aler (indiquant un futur proche) :

– dji m’ va coûtchî (je vais dormir) ; i n’ vos fåt nén plorer (il ne faut pas pleurer)

Ex. lit. :

– OW : I nos faura sondjî à l’inaugurâcion. (J. GOFFART, Coquia, p. 21) - Alèz, dji
m’ va d’meurer asto d’ vous in quârt d’eûre, èl timps qu’ vos fuchîje pus franke !
(J. GOFFART, Coquia, p. 22)
– EW : Mins, moncheû l’ sotê, dji n’a nin l’ tins d’aprinde. I m’ fåt djouwer ! (MIT-
TEI, Zanzan, p. 6) - Mins vola, i m’èl faléve qwiter al fin dèl sîze. (M. FRISEE,
Scrîre, p. 85)
– CW : Ca, nom d’ tot-ute ! i mè l’ faut veûy rarivè l’ prumî. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 29) - C’èst po ça, qu’ audjoûrdu, dji m’ vos va causer d’ôte tchôse.
(BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4)

6.6 Les pronoms personnels toniques (après préposi-


tion, apposés ou attributs)

Formes de référence

115. Formes les plus courantes : 12

12. ALW II, 15 (« toi »), 20 (« nous »), 23 (« vous »), 27 (« lui »), 28 (« elle »), 29 (« eux »), 30 (« elles »).
6.6. LES PRONOMS PERSONNELS TONIQUES (APRÈS PRÉPOSITION, APPOSÉS OU ATTRIBUTS)133

mi ci lîve la, c’ est da mi (ce livre est à moi) ;


mi, djel vou bén (moi, je le veux bien)
ti ci pwin la, c’ est por ti (ce pain est pour
toi) ; ti, taijhe tu (toi, tais-toi)
twè i cåze di twè (il parle de toi) ; twè, ti n’ as
rén a dîre (toi, tu n’as rien à dire)
lu dji so mwais après lu (je suis fâché sur lui) ;
lu, il e-st evôye (lui, il est parti)
leye dji cache après leye (je la cherche) ; leye,
ele n’ inme nén l’ pwin (elle, elle n’aime
pas le pain)
nos (-ôtes) véns avou nos (viens avec nous) ; nos-ôtes,
on-z erva (nous, on s’en va)
vos (-ôtes) nos frans come vos (nous ferons comme
vous) ; vos-ôtes ossu (vous aussi)
ti-z ôtes ou tes ôtes vos n’ compurdoz rén, ti-z ôtes (vous
autres, vous ne comprenez rien)
zels nos n’ arivrans nén djusk’ a zels (nous n’ar-
riverons pas jusqu’à eux)
zeles ashîdans nos dlé zeles (asseyons-nous près
d’elles)

Autres formes

Namur, Charleroi : li pour lu.


OW : mi, li, yèle ∼ lèye, nous û ∼ nos, vous ∼ vos, yeûs’ ∼ zèls ∼ zias : avè yèle (avec
elle) ; yeûs’, is-ont toudi rézon (eux, ils ont toujours raison).
SW : c’ èst pour zês ∼ zous ; zoules ∼ zoles.

Emplois
116. a) Tous ces pronoms peuvent être renforcés par l’adverbe minme (même) :
– mi minme, dji n’ î creyeu nén (moi-même, je n’y croyais pas) ; c’ est vos-ôtes
minme ki l’ a dit (c’est vous-mêmes qui l’avez dit)
b) À propos de ti, voir la section consacrée à la politesse en wallon, p. 283.
c) tes-ôtes est une forme servant au tutoiement collectif.
d) On utilise souvent un pronom pour exprimer une collectivité :
– nos estans nos beacôp (nous sommes nombreux) ; vos n’ estoz vos waire (vous
n’êtes pas nombreux) ; i sont zels troes (ou leus troes ou a troes) (ils sont à trois)
Ex. lit. :
– SW : Come i sont zèls assè, Célèstine a dit à Pitit d’alè s’ ripwèzè, pace qu’i d’vot
z-èsse réduit (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 95)
– CW : On-z-a tortos sès miséres. Èt l’ pètche, c’èst qu’on n’ sint, mi chaque, qui lès
sènes. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - (...) èt après tot, i n’èsteut pus qu’ li à
134 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

r’pache. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16) - Zèls deûs l’ man, en causant, c’èsteut
co : Nosse pitit. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25) - Come d’èfèt, c’èst Mossieû
l’ curè Mèdot qu’a dècidè li tot seû d’èspètchi lès mârcheûs di v’nu à l’ pôrcèssion
(...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 25)
e) Vos peut être utilisé pour apostropher :
– Vos laids poûris ! (bande de sales pourris !)
Ex. lit. :
– CW : Vos p’tits mau-onteûs saqwès qui v’s-èstoz ! (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12)
f) Les pronoms toniques peuvent occasionnellement servir de sujet :
– Mi, djel aveu avizé. Leye ni veyeut rén. (Moi, je l’avais aperçu. Elle ne voyait
rien)
Ex. lit. :
– OW : Li [li bon Dieu ] saveut bén çu qui manqueut à l’ome : ène compagnîye (...).
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 14)
– EW : Tos l’s ôtes si r’sètcherît-is èrî d’ vos, lu n’ vis lêrè nin là (...). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 80)

6.7 Les pronoms personnels réfléchis


Formes de référence
117. a) Le pronom réfléchi complément après une préposition (fr. soi), est lu (∼ li) ou, plus
rarement, zzls (ou variantes, voir p. 6.6) : 13
– on n’ vike ki por lu (on ne vit que pour soi) ; i l’ fåt fé lu minme (il faut le faire
soi-même) ; on-z a sovint mezåjhe d’ on pus ptit qu’ lu (on a souvent besoin
d’un plus petit que soi) ; cwand on-z a leu måjhon da zels (quand on a sa maison
à soi)
Ex. lit. :
– OW : (...) mins on ’nn’ aveut pa côps quarante èt i faleut co monter al poulîye, on
satcheut li minme (...). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 45)
– CW : Aurdè one bièsse inutile quand on n’ènn’ a nin dèdja assèz por li. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 18) - (...) one loke d’à lë ’à soi’ qu’on lavéve à pôrt ’à
part’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 31)
b) Dans les autres emplois, les pronoms réfléchis sont identiques aux pronoms objets
directs, sauf à la troisième personne si :

mi dji m’ rilouke
ti ti t’ riloukes
si i s’ rilouke
nos nos nos rloukans
vos vos vos rloukîz
si i si rloukèt
13.
6.8. LES PRONOMS POSSESSIFS 135

Autres formes
Namur, Charleroi : li (pour lu). Malm., verv., bast. si (pour su) : i su rloukèt ou i
s’ riloukèt. Brab. : së (pour si).
Charleroi : i n’ sè mousse pus (il ne se montre plus) ; èl blé ès’ vind tchêr ou èl blé
s’ vind tchêr (le blé se vend cher) ; i s’èrwête (il se regarde) ; yeûs’ (pour zels) : quand
on a leû môjo da yeûs’ (quand on a sa maison à soi)
SW : zês, zous (pour zels) ; zoules / zoles (pour zeles).

Utilisation
Place : voir les exemples donnés dans la section Pronoms objets directs (p. 108) ou
indirects (p. 112).

6.8 Les pronoms possessifs


Formes de référence
118. Dans la plupart des régions, les formes féminines de type minne ont supplanté les
formes masculines au singulier (de type mink, c.-à-d. min + le suffixe pronominal wal-
lon -k) .
Les variantes sont très nombreuses : minne, mène, meune, mîne, etc. 14

li minne
li tinne
li sinne
li nosse
li vosse
li leûr ou leû zèls

– cisse tchåssete la, c’ est da minne ; eyèt l’ solé ciddé, c’ est l’ minne eto (cette
chaussette est à moi, et ce soulier-ci est à moi aussi)

Variantes régionales

liég. nam. carol. bast.


masc. fém. masc. fém. masc. fém.
li meune li mink ou li mène li mène èl ménk èl mène lu mîne la mîne
li tonk / teune li tink ou li tène li tène èl ténk èl tène lu tîne la tîne
li sonk / seune li sink ou li sène li sène èl sénk èl sène lu sîne la sîne
li vosse li vosse li vosse èl nowe èl nowe lu nosse la vosse
li nosse li nosse li nosse èl vowe èl vowe lu vosse la nosse
li leûr li leûr li leûr èl leûr èl leûr lu leûr la leûr

14. ALW II, 49 (« le mien »), 50 (« le sien »), 51 (« la mienne »), 53 (« le nôtre »), 54 (« la nôtre »).
136 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

Autres formes
Niv., masc. : èl myin, èl tyin, èl syin, èl note, èl vote, èl leûr ; fém. : èl miène, èl tiène,
èl siène, èl note, èl vote, èl leûr.

Emploi
119. a) Dans beaucoup de régions, les formes féminines sont utilisées dans tous les cas.
b) Le pronom peut parfois être précédé d’un adjectif. Ex. lit. :
– SW : Jusqu’à quand faurè-t-i qu’ lès pauves nosses si parçuvinche qui leûs vîs
parints ont fait pakèt avou l’ diâle ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 33)

6.9 Les pronoms démonstratifs


Formes de référence
120. Les pronoms démonstratifs varient en genre et en nombre. La variable de genre peut
affecter non seulement le pronom en EW et SW (ci ∼ cisse) mais aussi l’adverbe dans
toutes les régions (ci ∼ cile et la ∼ lale). Voici des formes types tenant compte de
toutes ces variations : 15
sing. plur.
masculin ci-ci ou ci-chal ; ci-la ces-ci ou ces-chal ; ces-la
féminin cisse-cile ou cisse-chal ; cisse-lale cisses-cile ou cisses-chal ; cesses-lale

Formes régionales
Liég. :

sing. plur.
masc. ci-chal, ci-la cès-chal, cès-la
fém. cisse-chal, cisse-la(le) cèsses-chal, cèsses-la(le)

Nam. :
sing. plur.
masc. cit-ci, cit-la ou çtici, çtila cèt-ci, cèt-la ; çtèci, çtèla
fém. cit-cile, cit-lale ou citèlci(le), citèlla(le) cèt-cile, cèt-lale ; cètèlci(le), cètèlla(le) ;
çtèlci(le) ; çtèlla(le)

Carol. :
sing. plur.
masc. cit-ci, cit-la ou èçtici, èçtila cèt-ci, cèt-la ; èçtèci, èçtèla
fém. çticile, çtilale çtèlcile, çtèllale ou èçtèlci, èçtèlla
15. ALW II, 56 (« ce »), 57 (« cette »).
6.9. LES PRONOMS DÉMONSTRATIFS 137

Bast. :
sing. plur.
masc. ci-ci, ci-la cès-ci, cès-la
fém. cèle-ci, cèle-la cès-ci, cès-la

Autres formes

Autres variantes en EW, masc. : ci-voci, cès-voci ; fém. : ci-volale, cès-volale. Nord
de SW, fém. : ci-cile, ci-lale, cès-cile, cès-lale. esse : çut-la ou çutia ou ç(u)tiale ou
ç(u)te-lale.

Autres pronoms démonstratifs

121. Le pronom démonstratif sujet de esse (être) est ci : 16


– ci n’ est nén bén (ce n’est pas bien) ; est ç’ lu ? (est-ce lui) ; c’ est lu (c’est lui).
Variantes pour ci : Malm., verv., SW : çu n’ èst nin lu. Brab. : cë n’ èst nén lu. Carol. :
èç’ n’èst nén li ou cè n’èst nén li ou ç’ n’èst nén li.
122. Les formes neutres du pronom démonstratif sont ça, çouci (∼ nam. çoci, çola ; malm.
çou-voci, çou-vola) ou çouchal et çoula :
– ça est bon (cela est bon) ; c’ est po çoula k’ i n’ a nén vnou (c’est pour cela qu’il
n’est pas venu) ; çouci ou çouchal, c’ est del boune bîre (ceci, c’est de la bonne
bière)
123. Comme antécédent d’un pronom relatif, le pronom démonstratif est çou (EW) (∼ ci,
CW ; èç’, sud de l’OW ; çu, SW, OW). 17
– dji m’ dimande çou k’ i vout (je me demande ce qu’il veut) ; dji compurdeu tot
çou k’ i m’ dijheut (je comprenais tout ce qu’il me disait)
124. Le pronom démonstratif suivi d’un complément prépositionnel ou d’une proposition
relative est ci (masculin) ou cene (féminin) : 18
– li ci ki vout vni, li cene ki vout vni (celui qui veut venir, celle...) ; les cis ki volèt
vni, les cenes ki volèt vni (ceux qui veulent venir, celles...) ; dj’ a rescontré l’ ci
ki dji ratindeu après (j’ai rencontré celui que j’attendais) ; dj’ a rescontré les cis
ki dji ratindeu après (j’ai rencontré ceux que j’attendais) ; dj’ a rescontré l’ cene
ki t’ endè cåzéves (j’ai rencontré celle dont tu parlais) ; dj’ a rescontré les cenes
ki t’ endè cåzéves (j’ai rencontré celles dont tu parlais) ; c’ est les cenes ki dj’ a
veyou (ce sont celles que j’ai vues) ; les cis do Tchestea (ceux de Neufchâteau)
Variantes :
Liège et nord de SW : li ci, lès cis ; li cisse, lès cisses. Malm. : ci, cisse ; cès, cèsses
(sans article ; voir ci-dessous Emploi (c)). Nam. : li cia, lès cias ; li cine, lès cines.
Brab. : lë cë ; lès cës. Carol. : èl cén, lès céns ; èl cène, lès cènes. Niv. : èl cyin, èl
16. ALW II, 62 (« ce »).
17. ALW II, 61 (« ce »).
18. ALW II, 59 (« celui qui »), 60 (« celle qui »).
138 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

ciène ; lès cyins, lès ciènes. Bast. : lu ci, la ci ; lès cis (inv. en genre). Chestr. : lu cé, la
cé ; lès cés, lès cés (le genre est inv. mais parfois distingué dans l’orthographe : lu cé,
la cée ; lès cés, lès cées).

Emploi

125. a) On emploie souvent les locutions m’n ome et mes omes (originaires de l’OW) avec
une valeur de pronoms démonstratifs :
– waitîz on pô m’n ome (regardez un peu celui-là) ; po kî ç’ k’ i s’ prind, on, m’n
ome ? (pour qui se prend-il, celui-là ?)
b) Les démonstratifs çoula ou ça peuvent signifier « pour cela », « quant à cela » :
– vos avoz råjhon, çoula (sur ce sujet, vous avez raison) ; ça, dji n’ è sai rén (je ne
sais rien à ce sujet)
c) Le pronom démonstratif ci/cene est, dans la plupart des régions, précédé d’un dé-
terminant défini. Ex. lit. :
– EW : (...) måleûr å ci qui vinreût prinde ine saqwè divins l’ tchèrète d’in-ôte (...).
(G. FONTAINE, Billets, p. 12)
– SW : Èt qués djambons, hin, valèt ? Brâmint pus gros qu’ lès cis d’ mon Hoton !
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 99) - Lès grands, lès cés d’ douze a quinze ans, avièt
môj’nè î saké « radeau » (...). (B. MAQUET, Causans, p. 41) - C’èst l’ ci dol sâle
dè bin. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 67)
– CW : On djoû, lès cis d’èmon l’ djârdinî batint o l’ grègne (...). (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 12)
Dans certaines régions (malm., Stavelot), il peut être utilisé seul. Ex. lit. :
– EW : Il avéve invité lès wazins d’ manèdje, èt cès d’ corti ossu. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 9) - On lî aprinda à aler à dj’vô, à tirer, à nêvi èt à saluwer cès qu’èstît
pus hôt qu’ lu. (J.-M. MASSET, Contes, p. 11)
d) Les formes ci et cene peuvent être précédées d’un article partitif ; ils correspondent
parfois à un pronom indéfini (« en ») en français :
– dj’ end a del cene d’ amon Zîré (j’en ai de chez Désiré [de la peinture]) ; c’ est
come des cis di dvant l’ guere (cela ressemble à ceux qui se faisaient avant guerre)
Ex. lit. :
– CW : Dj’î r’passerè (...) bwâre one jate di noû cafè. Do ci à deûs trèssons, s’apinse
lèye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25)
e) Les locutions des cis k’ i gn a ou des cenes k’ i gn a sont utilisées au sens de
l’indéfini « certain, -e » :
– des cis k’ i gn a n’ vénront nén (certains ne viendront pas)
f) L’expression fé li ci ki ou fé li cene ki (lit. faire celui / celle qui) signifie « faire
semblant de » :
– i fwait l’ ci ki n’ ôt nén (il fait semblant de ne pas entendre)
6.10. LES PRONOMS INTERROGATIFS ET EXCLAMATIFS 139

6.10 Les pronoms interrogatifs et exclamatifs


Formes de référence
ké / kéne (quel, quelle) (∼ ké SW, partie de EW et OW). 19
126. – dji m’ dimande les kéks k’ ont vnou (je me demande lesquels sont venus) ; ås
kénes avoz v’ dit çoula ? (auxquelles avez-vous dit cela ?)
Ex. lit. :
– CW : Si dj’aveus bin seû liquék d’aube, i s’ pout bin. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 14)

Autres formes

OW, EW : kék /kéle (pour kék / kéne). EW : liské, liskéne, etc. (pour li kék). Aussi : li
ké (pour li kék).

cwè (que, quoi) (∼ kè) 20


– cwè djhoz ? (que dites-vous ?) ; dji m’ dimande bén cwè ç’ k’ i voleut (je me
demande ce qu’il voulait) ; di cwè v’ mèlez v’ ? (de quoi vous mêlez-vous ?) ; a
cwè sondjîz v’ ? (à quoi pensez-vous ?) ; li fleur di cwè est ç’ çoula ? (de quoi
est-ce la fleur ?)
Ex. lit. :
– SW : Hê, Pitit ! qwè-ç’ qu’on vint fére par ci, taurd come il èst ? (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 36) - Dj’ê pièrdu mi tch’vau dins l’ bwès, dist-i Pitit, qui n’ sét qwè
rèsponde (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 37) - Ây, qwè vous-se ? (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 20) - Qwè ç’ què v’ voûrîz ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 72)
– OW : Qwè-ce qui vos payèz, la d’ssus ? (J. GOFFART, Coquia, p. 15) - Qwè ç’ qui
vos v’lez fé dins-in trin ? (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) - Qwè fér, à ç’t-
eûre ? Qwè fér ? (E.-J. PIRET, Extraits, 62)
– CW : S’on-z-èst huké po n’ nin fé passer sès-idéyes, qwè-ce qu’on faît là ? (R.
VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 19) - Qwè vloz qui dj’ fêye avou c’ fistu là ? (J.
SCHOOVAERTS, Rabulèts)

ki (que, qui) (∼ kè, ku) 21


– k’ est çk’ a vnou ? (qui est venu ?) ; k’ est çki vos djhoz ? (que dites-vous ?) ; ki
voloz vs ? (que voulez-vous ?) ; ki vs fåt i ? (que vous faut-il ?)
Ex. lit. :
– EW : Ku sé-dj’, mi ? (J.-M. MASSET, Contes, p. 11) - Èt qui d’vèt-i pinser
m’ mame èt m’ papa di n’ nin m’ vèyî rintrer ? (MITTEI, Zanzan, p. 28)

19. ALW II, 66 (« lequel »), 67 (« laquelle »).


20. ALW II, 70 (« que »).
21. ALW II, 70 (« que »).
140 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

kî (qui) 22
– kî ( ç’) (k’) a vnou ? (qui est venu ?) ; kî est ç’ li maisse ? (qui est le maître ?) ;
a kî est ç’ ki vos nd avoz ? ou a kî ç’ ki vos nd avoz ? ou a kî nd avoz ? (à qui
vous adressez-vous ?)
Ex. lit. :
– OW : Marîye li choûte, li boutche au laudje, sins dire in mot ; mais quî nos dira
çu qu’èle pinse ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 55)

cwant’ (combien)
– li cwant’ do moes estans n’ ? (le quantième sommes-nous ?)
Ex. lit. :
– SW : (...) Pâpuchin l’ fyeû d’ volètes, Jacob li goyurlî, èt quant’ ainsi ! (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 133)

cwantrinme (combientième)
– li cwantrinme do moes estans n’ ? (le quantième sommes-nous ?)

k(i)bén (combien) (∼ k(i)bin (EW) ∼ c(u)bin (SW) ∼ combin ∼ combén (CW, OW))
– li cbén do moes estans n’ ? (le quantième sommes-nous ?)

Emplois
La forme kék / kéne peut être précédée d’articles ou d’articles contractés :
– do kék est ç’ k’ il est kestion ? (duquel est-il question ?) ; avou l’ kéne avoz dvizé ?
(avec laquelle avez-vous parlé ?)
Voir aussi la section consacrée à la phrase interrogative, p. 270.

6.11 Les pronoms relatifs


127. Pour les problèmes d’accord et de mode, voir aussi La proposition relative (p. 276).

Formes de référence et emploi


a) Le pronom relatif wallon le plus utilisé est ki.

Autres formes

OW : kè : bièsse kè dj’ sû ! (bête que je suis !) ; l’ ome kè nos dè dvizons (l’homme dont
nous parlons). SW, verv. malm. : ku : l’ ome ku dju ddjo (l’homme dont je parlais).
Brab., bouill. : kë.
22. ALW II, 68 (« qui »).
6.11. LES PRONOMS RELATIFS 141

Exemples
– c’ est mi ki vént (c’est moi qui viens) ; l’ ome ki dji n’ a nén veyou (l’homme
que je n’ai pas vu) ; l’ ome ki dji cåze (di lu) (l’homme dont je parle) ; l’ ome ki
dj’ è cåze (l’homme dont je parle) ; c’ e-st èn ome k’ e-st a pîds dschås (c’est
un homme, lequel est pieds nus) ; c’ e-st èn ome k’ i s’ è fåt dmefyî (c’est un
homme dont il faut se méfier) ; vola onk ki ses pîds sont trop grands (en voilà
un dont les pieds sont trop grands) ; i gn a des djins ki tot lzî fwait må (il y a
des gens à qui tout fait mal/envie) ; c’ est yåk ki dj’ a fwait on ideyå avou (c’est
une chose avec laquelle j’ai fait un idéal) ; c’ est totès afwaires k’ on s’ dimande
s’ on n’ sondje nén (ce sont des choses à propos desquelles on se demande si l’on
ne rêve pas) ; li pazea k’ on maredéve å boird (le chemin au bord duquel nous
dînions) ; li ci k’ on bateut por lu, c’ esteut on drole (celui pour qui on battait,
c’était un bizarre)
Ex. lit. :
– One di mès matantes, qu’èsteut costri, l’aveut côpé [one sitofe] èt cosu. (H. MAT-
TERNE, Richot, p. 2).

Équivalents du français « dont »


b) Ex. lit. de ki seul équivalant au français « dont » :
– SW : Por mi, dist-i l’ Gros, çu qu’ dj’auro l’ pus peû, c’èst dès loups-garous.
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 47-48) - Vormint, dji vêrè avou m’ saupe dimwin
po z-alè quêre (...) dès fotches èt dès pièces qui dj’aurê dandjî. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 128)
– CW : Ci n’èst nin l’ cafè qu’èst mwês, nosse pa, c’èst l’êwe qu’i gn-a d’ trop. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 26) - Li fin goût dès pèkèts Radermacher provint ossi
dè l’ qualité di l’èwe qu’on s’ siève po lès fer. (Chwès, Libramont, p. 60)
– EW : Grîse dèl ponne, dèl dilouhe qui, so l’ trèvins d’ cinquès longuès-annêyes,
lès lodjeûs avît fêt leû payèle. (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113) - Adon,
Hépé-jou djåza co dèl manîre qu’on s’î prindéve po loumer lès rwès (...). (MIT-
TEI, Zanzan, p. 9) - Dèdja Babèt’ vosse parinte, lèye ossi, va-t-èsse mame d’on
fi è s’ vilèsse [sic, = vîlèsse], lèye qu’on d’héve qu’èle ni poléve èsse mére. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 82) - Et si vos prustez å ci qui vos èspèrez r’çûre,
vis ènnè sårè-t-on gré ? (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 105) - Et li d’vwér dè
tribunål, ci sèrè [di] (...) djudjî si l’ acuzé èst coupåbe ou ènocint di çou qu’on
l’ amète. (Dèclaråcion 1, art. 10)
– OW : N’èst-ce nén paç’qui t’as mougni l’ peume qui Dj’t-aveus disfindu ? (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 17) [dont je t’avais défendu [de manger]]
Ex. lit. de ki + è/endè équivalant au français « dont » :
– CW : (...) Raze n’audereut nin on-ome qu’i s’è faut d’mèfyi. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 22) -Ca, ’l’ome au avèt’, qu’on-z-è causot voltî po nos sbarè, c’èstot li,
c’èstot l’ Chalè Batisse. (A. HENIN, Scrîre, p. 105) - (...) dès fris’ frûts qu’on z’è
fêt dè l’ puréye à l’ séson (...) (Chwès, Libramont, p. 39)
– EW : Mins poleûr viker è påye avou lès cis qui sont deûrs (...), ç’ èst l’ fêt d’ in’
ome qu’ on ’nnè deût dîre tot-plin dè bin. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 73) - (...)
142 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

qu’èst-ce po in-ome don l’ ci qu’ on ’nnè raconte dès s’faîtes. (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 118) [Quel genre d’homme est-ce, celui à propos de qui l’on raconte
/ dont on dit des choses pareilles ?] - (...) saqwants chèrvices di sôcièté qu’ on n’
s’ è pout passer. (Dèclaråcion 1, art. 25)
Ex. lit. de ki + déterminant possessif, équivalant au français « dont » :
– CW : (...) i lûtche, i guédîye : onk qui sès pièces vont d’abôrd ièsse trop jusses, èt
chètelè aus costeures (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17) - I t’neut canetia o
l’ maujon da Tofe Lariviêre, qu’on-z-aveut ètèrè cinq djoûs d’vant èt qu’ sès-èfants
èstint lodjis tortos. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
– OW : Ène miète, c’èst wére di chôse, mins c’è-st-ène saqwè poul cé qui groûle
di sès boyas. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 76) - Dj’é stî a scole (...) à Chichi
Potal, l’instituteûr qui sès parints, c’estît lès Grégoire (...). (L. POLLEN, DW, t.
16, 1988, p. 44)
– SW : (...) èt motôt z-alè al guêre èt d’morè stindu dins lès tchamps, come tos lès
cis qu’on r’troûve leûs-ochês à costè dès grands sâbes arunis (...). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 84) - Dj’ ê sondjé a in viadje, ku dju n’ dîrê nin s’ nom (...). (J.-P.
CLIP, Singuliers 2/98, p. 11).
Ex. lit. de ki + pronom indirect, équivalant en français à préposition + « qui » ou « le-
quel » :
– CW : I-gn-a dès si mwaîjès djins, qui tot l’zî faît mau. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 16) [à qui tout fait mal ; peut être aussi considéré comme une subordonnée
comparative : il y a des gens tellement mauvais que tout leur fait mal] - (...) one
comôde en tchin.ne, qu’i lî mankeûve on pîd èt on bokèt d’ moulure (...) (R. CLI-
NIAS, Scrîre, p. 47) - Dj’a d’s obligâcion qu’ dji n’ pou nin î chaper. (Novèles,
46/2000, p. 16)
– EW : Ottant d’ bouhî so ’n-ågne qui [sic = qu’i] n’ lî plêt nin d’avanci ! (MITTEI,
Zanzan, p. 17) - (...) mins i-n-a tot l’ minme ine saqwè qu’ nos djônes-acteûrs î
pôrît tûzer po leû bin - èt po l’plêzîr dè public (...). (Djåzans, Osté 2000, p. 14-15)
Ex. lit. de ki + préposition rejetée en fin de proposition relative, équivalant, en français
à préposition + « lequel, laquelle, lesquels, lesquelles » :
– OW : (...) ç’ qui vos pinsèz vîr voltî, c’è-st-ène vwès, au posse, ène saqwè qu’ vos-
avèz fét èn-idèyâl avou... (J. GOFFART, Coquia, p. 28) - (...) dji travayeu ô carè
pou satchî lès tchôrs wors dèl câje qu’on mèteut s’ mwin pa côps didins (...). (L.
POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 44)
– CW : (...) co bin on d’méy mète di tchèrbon èt deûs môyes di fagots qu’on n’aveut
nin co pris autoû. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 22) - Fiér, li Nès’, d’atèlè one
grosse Poulète qui Djâque aveut ruvenu d’ Ciney avou, on djoû d’ fôre. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 27) - N-a dès tissus qu’ ça mousse ’pénètre’ dëpës d’dins,
qu’on n’ sét ni oyë lès tatches fou (ou djës). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23) -
Vêcë, nos-ôntes, tot près d’ l’angâr, i-n-avot on p’tët pré qu’ lès bièsses n’alin’ ni
d’ssës (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 80-81)
– SW : An face, dès piles d’assiètes èt dès jates a fleûrs dû ç’ qu’i gn-avét scrît
d’sus : « Amour », « Estime », « Amitié » (...). (G. MOUZON, Causans, p. 33 [ici,
le pronom relatif est dû (voir plus bas), mais le fonctionnement est le même].
– EW : [Lès djins qu’ èstît èl sinagogue] èl minît disk’a l’ copète dè l’ montagne qui
6.11. LES PRONOMS RELATIFS 143

leû vèye èsteût båtèye dissus po l’ taper a l’ valêye. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 96)
Ex. lit. de ki seul équivalant, en français à préposition + « lequel, laquelle, lesquels,
lesquelles » :
– EW : Nèni, mins dj’a trové divins on catalôgue insi, dès saqwès qu’on s’ dimande
si on n’ sondje nin ! (G. FONTAINE, Billets, p. 51) [« à propos desquelles », ou
bien s’agit-il ici d’une subordination : « des choses telles, qu’on se demande... » ?]
- (...) ca po v’ rinde, on v’ chèvrè avou l’ mèseûre qui v’s’ avez mès’ré. (Dj. MI-
GNOLET, Evandjîles, p. 105) [avec laquelle] - I vèyît Jésus, èt trovît l’ome qui
lès démons èstît sôrtis assious a sès pîds, bin moussî èt plin d’ bon sins’. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 115) [duquel étaient sortis les démons]
– SW : Vo-nnè-là-t-i one di môde qu’on pout lèyi nn’alè sès vatches dins tos lès
près (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 127) [selon laquelle] -Èl vî Noré èst si
crasseûs qu’i bwârit l’êwe qu’i s’ lâve lès pîds ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 34)
[avec laquelle]
– OW : Èt Piêre-dou-Chabotî èrwéteut s’ gade ène miyète come ène bièsse asôr-
cèléye, come èl dérène dès gades d’ôr dou payis à lumerotes què s’ mârène lî
raconteut al chîje. (W. BAL, Fauves, p. 8)
– CW : Lès mouchwès d’ potches ’mouchoirs de poche’, lès draps d’ mwin qu’on
r’frote lès bëdons ’essuies de vaisselle’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 13) [avec
lesquels] - On boutéve (...) minme lë tchôndêre ’chaudière’ qu’on fiéve tchôfer
l’êwe (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 40-41) [dans laquelle] - Cand on-n-avot
dès bëdons rimplës - lès bassënes èt lès tchôn dêres qu’on ’dans lesquelles on’
lavéve - on lès rintréve dins lès batëmints. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 41) - N-
a dès tatches quë c’èst malôjë ’difficile’ à-z-oyë djës (ou fou), à royë ’ravoir’.
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 71) - Dipus, ils s’ègadjenut à tirè l’ sauvlon èt lès
cayaus brut’ qu’i gn-a dandji pou bâti l’èglîje. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 19)
[« nécessaires à la construction de l’église »] - Li côrtèje rilijieûs chût l’ Mârche
ène miète pa-drî dins l’ min.me ôrde qu’il èst paurti. (J. FIEVEZ, Bièmeréye,
p. 31) [dans lequel]
Ex. lit. de ki + prép. + pron. pers. équivalant, en français à préposition + « lequel,
laquelle, lesquels, lesquelles » :
– SW : Mês gn-avot ink, lu cé qu’on batot pou li, qui n’ v’lot nin. (N. ALEXANDRE,
Causans, p. 17)
Ex. de ki seul équivalant au français « comme ».
– OW : Alôrs, nos-avîs li roussète, qu’on d’jeut (...). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988,
p. 49)
Ex. de ki seul équivalant au français prép. + « quoi » :
– EW : Qu’ i n’ acwède nole valeûr à çou qu’ on z î poreût fé grand astème (...). (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 92) [...à ce à quoi l’on pourrait...]

Relatives de temps

c) Une proposition relative de temps s’exprime avec ki :


– li djoû k’ il a tant ploût (le jour où il a tant plu)
144 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

Ex. lit. :
– EW : Et on djoû qu’il èstût divins on p’tit pôrt di l’Ecosse (...) il a stou touwé avou
bråmint d’ sès camarådes. (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185-186) - Å moumint qu’i
pinséve si spiyî l’ tièsse disconte li rotche, i fêt on tèribe tchouk è l’êwe. (MITTEI,
Zanzan, p. 24) (...) vos n’ årez nou r’pwès qui l’ djoû qu’ vos n’ ferez pus qu’ onc
avou l’ Cris’. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 69) - Ci prumî r’çins-mint-là s’ fa å timp
[sic] qu’ Quirinus kimandéve li Sirie. (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 85-86)
– SW : Avou Pauque, vo-r’-ci l’ saison qu’on d’lache lès vatches po z-alè aus
tchamps. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 124)
– CW : Lès minâbes djoûs qu’i n’ lauke nin do ploûre, èt chwache, èt broûs, èt
godis’, èt-z-è r’naudè jusqu’après non.ne (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
- Au momint qu’is [lès vias] ont on an, on lès amèdéye èt on lès r’mèt è l’pature.
(Chwès, Libramont, p. 49)
On peut utiliser aussi la ki (EW). Ex. lit. :
– EW : I foûrit on tins la qu’ l’ovrî poléve dîre å djusse quî c’èsteût qu’èsteût mêsse
dè djeû (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 23)
Certains auteurs (EW) emploient aussi wice. Ex. lit. :
– EW : C’èst-ine gråce qui l’ Signeûr m’a fait, li djoû wice qu’i m’a loukî po rafacer
m’ honte avå lès omes. (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 81) - (...) on n’è-l’ pôrè puni
pus fwèrt qu’i n’ l’åreût stu å moumint wice qui l’afêre s’a passé. (Dèclaråcion 2,
art. 11)

Relatives de lieu

d) Une proposition relative de lieu s’exprime avec ki seul ou la ki ou ki + les adverbes


de lieu î ou è / endè ou encore avec ki + une préposition de lieu rejetée en fin de
proposition (et éventuellement suivie d’un groupe nominal) :
– li måjhon ki v’s è sôrtoz (la maison dont vous sortez) ; li viyaedje ki dj’ î va (le
village où je vais) ; les caisses ki les riketes sont dvins (les caisses où se trouvent
les rebuts) ; on meur k’ on-z etind cåzer å dtruviè, ça n’ våt rén (un mur à
travers lequel on entend parler, ça ne vaut rien) ; on trô k’ nouk n’ a måy savou
didchinde dins l’ fond (un trou au fond duquel personne n’est jamais parvenu à
descendre) ; li batch k’ i s’ î fåt laver (le bac dans lequel il faut se laver) ; i gripa
sol tiene la k’ esteut l’ eglîjhe (il grimpa sur la colline où se trouvait l’église)
Ex. lit. de ki utilisé seul pour rendre une notion de lieu équivalant, en français, à « où »
ou « dans lequel, par lequel », etc.
– CW : (...) èt lès laîdès d’chindéyes, qu’i s’ faut ratenu tot l’ timps, qu’on-z-a
l’ gros dès djambes tot nukè èt adeuri. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25) - (...)
one monte tote èrignîye qui lès eûres èstin.n’ mârquéyes avou dès chifes romains !
(J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
– OW : (...) né dandji d’ router dès-eûres d’asto dins lès voyes di têre, quasumint
dès chavéyes, dins dès payis d’ sôvâdjes, qui lès djins vos t’nît a gougne avou
leûs-ouys sipitants, dès payis qu’on buveut du vé qu’èdagleut lès vèrkins èt lès
tièsses. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre, p. 77) - (...) sès djoûs passint come on toûne
lès pâdjes d’in nouvia cayè, qu’i gn-a rin d’ brouzè, ni tatche ni crabotia. (W.
6.11. LES PRONOMS RELATIFS 145

BAL, Fauves, p. 5) - R’mârquèz bén qu’ène sadju qu’i faut bén pèser sès mots,
i-gn-a jamés pont d’ balance à pôrtéye. (P. FAULX, Limes, p. 37)
– EW : Ine hôte bårîre qu’èsteût scrît so ’ne plantche : ’Berta Werk - Wohnlager’
(...). (J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113)
Ex. lit. de ki + groupe nominal sujet, équivalant, en français à un groupe nominal suivi
de « duquel, de laquelle », etc. :
– OW : (...) gn-a in trô dins l’ bos d’ Tchèslèt qui pèrsône n’a jamés seû diskinde
dins l’ fond (...). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50)
Ex. lit. de ki + pronom î :
– EW : [Dès feumes] qui s’ cwèrît mizére po-z-èsse li prumîre å batch qui treûs
d’ zèls s’î d’vît laver divant dè poleûr candjî d’êwe (...). (J. HOUBART-HOUGE,
Scrîre, p. 113)
Ex. lit. de ki + pronom è/endè :
– OW : Pace qu’i-gn-a co ène place rola qui dj’ conè qu’i-gn-a co quéze mètes di
spès (...). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50) [ici, le pronom è est agglutiné
dans gn]
Ex. lit. de la ki comme pronom relatif de lieu.
– EW : Èle l’a vèyou ’nn’ aler vè Wèris’, la qu’ gripéve li Mont Pèlé (...). (J.-M.
WARNIER, Scrîre, p. 227) - Li ci qu’aviséve èsse li caporål gripa so l’ tonê là
qu’èsteût Zanzan. (MITTEI, Zanzan, p. 29)

Autres pronoms relatifs

e) Le mot cwè peut également être un pronom relatif :


– i n’ ont nén d’ cwè mindjî (il n’ont pas de quoi manger) ; vola di cwè k’ i rtoûne
(voilà de quoi il retourne) ; cwè k’ on deye, dj’ end a d’ keure (quoi qu’on dise,
je m’en moque) ; on n’ sårè måy cwè ndè fé (on ne saura jamais qu’en faire)
Ex. lit. :
– EW : Tos lès cis qu’ovrèt on l’ dreût d’èsse payis d’ téle sôrt qu’il åyèsse assez
po viker èt po fé viker leû famile, sins qwè èlzî r’vinrè dè toucher d’ine manîre ou
d’ine ôte, ine sacwè d’ pus’ qui çou qu’ gågnèt. (Dèclaråcion 2, art. 23)
f) Le mot kî peut également être un pronom relatif :
– dji n’ blasrè nén po kî ki ç’ seuye (je ne céderai devant qui que ce soit) ; tot kî
vénrè d’ vosse pårt serè bénvnou (tout ceux qui viendront de votre part seront
bienvenus) ; dji n’ sai kî ki m’ tént del foute a l’ ouxh (je ne sais ce qui me
retient de le foutre dehors) ; loukîz a kî ç’ ki vos pårlez (faites attention à qui
vous parlez) ; l’ ome di kî k’ dji dvize (l’homme de qui je parle) ; l’ ome a kî
k’ dji dvize (l’homme auquel, à qui je parle)
Ex. lit. :
– EW : I k’nohéve (...) disconte di quî qu’i s’ divéve bate ou avou quî qu’i d’véve
djåzer po fé valeûr çou qu’i voléve. (G. FONTAINE, Billets, p. 23) - (...) aprindez
vos-minme à z abann’ner, po l’ amoûr di Diu, on camaråde qui v’s inmez bin èt
à quî qu’ vos t’nez tot plin (...). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 85) - Done à quî qui
t’ dimande (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 105).
146 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

– CW : On n’ sêt jamaîs di quî qu’on pout awè dandji, là, one saquî. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 17)
g) Certains adverbes de lieu (ewou, wice, la, dû, eyu. . .) peuvent également jouer le
rôle de pronoms relatifs :
– li viyaedje ewou ç’ ki dji va ; li viyaedje eyu ç’ ki dji va ; li viyaedje wice ki dji
va ; li viyaedje la ki dji va (le village où je vais)
Ex. lit. :
– CW : One vîye tchawète, qui stitche todi s’ nèz èwoù qu’on tchin ni mètreut nin
s’ quèwe. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - Pa dès fwârt mwaîjès routes plin.nes
di laudjès wârbêres èwou qu’ lès rûwes dès tchaurs moussenut jusqu’au mouyou,
Césâr arive o l’ Swisse. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
– EW : (...) li bièsse s’èvole po l’ bon, vè l’ copète d’on grand tchinne, la wice
qui l’ pitit n’èl såreût nin sûre. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224) - Alez-è por là,
c’èst totès bômes abann’nêyes wice qu’il î passe råremint ’ne saquî. (MITTEI,
Zanzan, p. 27) - Chaskeun’ a l’dreût d’aler tot wice qu’i vout d’vins ’n-Etat (...)
(Dèclaråcion 2, art. 12)
– OW : I va pûjî dins l’ pusse à l’eûwe clére ayu ç’ qu’i ramouyeut s’ front sins
roye. (W. BAL, Fauves, p. 11) - (...) maîs l’èspwâr di r’vèy si popa si onête èt
si amitieû..., sès waîbes èyu qu’on s’agrance di s’ risèrer autoû dè l’ tâbe quand
l’ crassèt è-st-alumè... (E.-J. PIRET, Extraits, p. 63).
– SW : (...) il avèt sti apicè la bwasse dè cigâres adû kè l’ chayteû racloûjét su blêrô,
su savon èt s’ rèzwa. (M. GEORGES, Singuliers 2/98, p. 9).
h) Come peut également servir de pronom relatif. Ex. lit. : [ ?]
– SW : Ça fait qui « fi d’ sorcîre », come on l’avot maltraitè, ç’ n’astot nin à cause
di s’ moman ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 130)
i) En plus des constructions données ci dessus, il arrive rarement que certains auteurs
calquent les structures françaises du type prép. + liké et variantes. Ces constructions ne
sont en général pas admises dans les cercles littéraires. Ex. lit. :
– CW : A drwèt’ do ri, s’èlève doûcètemint ène coline d’ssu l’ quéne èst bâtîye nost’
èglîje, avou nos mwârts autoû. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 6) [ou : qui noste eglîje
èst bâtîye dissu,... ]
Notamment, le pronom dont est parfois emprunté.

6.12 Les pronoms indéfinis

Liste non exhaustive de quelques formes de référence


åk (∼ yåk) (quelque chose)
128. – gn a åk ki n’ va nén (quelque chose ne va pas)

certin, certinne (certain, certaine)


– certinnes n’ ont nén vnou (certaines ne sont pas venues)
6.12. LES PRONOMS INDÉFINIS 147

d’ åcuns, d’ åkeunes (d’aucun, d’aucune)


– po d’ åkeunes, i gn a rén d’ trop bea (pour certaines, rien n’est trop beau)

minme (même)
– li minme k’ îr (la même qu’hier) ; ça rvént å minme (ça revient au même)

mwint’ (beaucoup, lit. maint)


– gn a mwint’, des films (il y en a beaucoup, des films)

nolu (personne) (∼ nèlu, noulu)


– dji n’ a veyou nolu (je n’ai vu personne).

nouk / nole (aucun, -e) (∼ nu / nule ou neule)


– des cmeres, gn aveut nole (des femmes, il n’y en avait pas)

nouk (personne) (∼ nuk)


– gn aveut nouk (il n’y avait personne)

onk / yene (un, une ; quelqu’un) (∼ OW, SW : yink / yène ; liég. : onk / eune ; nam. :
onk / one ; Florennes : unk, yunne)
– dj’ a veyou onk ki passéve (j’ai vu quelqu’un qui passait) ; dj’ a vnou avou yene
di Dinant (je suis venu avec quelqu’un, une femme de Dinant) ; onk fijheut ’ne
sacwè eyèt l’ ôte fijheut ôte tchwè (l’un faisait quelque chose et l’autre faisait
autre chose) ; gn aveut nén yene divins l’ måjhon (il n’y en avait aucune dans la
maison) ; gn a onk di zels ki boet (l’un d’entre eux boit)
Ex. lit. :
– EW : N’a nin onk qui motihîve, nin onk qui sondjîve à fé dès-èguignes à s’ ca-
maråde (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186)
– CW : Èt i t’ vins brokè dins lès gobîyes èt o l’ gayole dau vî Tofe, come onk qui
s’ mètreut seûlemint à mwin.nadje. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 22)

ôte (autre)
– les ôtes l’ årint fwait (les autres l’auraient fait) ; c’ est po tos vos-ôtes (c’est pour
vous-autres tous)

persone (personne) (nam. : pèrsonne)


– persone ni sait bagnî (personne ne sait nager)
148 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

pluzieurs (plusieurs)
– gn a pluzieurs ki n’ volèt nén (plusieurs refusent)
Ex. lit. :
– EW : Plusieûrs di sès dissipes èt ’ne grande flouhe alît-st-avou lu. (Dj. MIGNO-
LET, Evandjîles, p. 108)

pont (aucun, -e) ou nén onk / nén yene.


Ex. lit. :
– SW : (...) gn’a dandj’reûs pont qui vôrot d’ li o viyadje (...). (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 127) - I n’ sant nin ritches, amo l’ chayteû, i n’ ant vrêmint pont dès
facilitès d’asteûre... (M. GEORGES, Singuliers, 2/1988, p. 7).
– CW : On ’nn a causé su l’ côp, mins dispûs, gn-a pont ieû d’ candjemint à l’ TV.
(R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 18)

rén (rien)
– i gn a rén a fé (il n’y a rien à faire) ; i n’ vos fåt nén dmorer a rén (il ne faut pas
que vous restiez inactif) ; ça toûne a rén (c’est en déliquescence) ; vos n’ î sårîz
rén fé (vous ne pouvez rien y faire) ; ci n’ est nén rén (ce n’est pas rien)
Ex. lit. :
– CW : Rin n’ nos r’tint, rin n’ nos ratind. (L. HENDSCHEL, Ridadje)

sacwantes (quelques-uns, plusieurs, certains)


– gn a sacwantes k’ ont vnou (certains / plusieurs sont venus) ; end a-t i leyî sac-
wantes ? (en a-t-il laissé quelques unes ?)
Ex. lit. :
– CW : Co saqwantes qui frint bon sins tant, s’is n’avint nin one tchétchéye ou l’ôte.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13)

tamwints (beaucoup, maints)


– gn aveut ddja tamwints, des djins èl såle (il y en avait beaucoup, des gens dans
la salle, maints)

tchaeke (chacun, -e) (∼ chake, OW, CW, EW)


– tchaeke a s’ toûr (chacun son tour) ; alez tchaeke di vosse costé (allez chacun de
votre côté)
Ex. lit. :
– CW : Cand dj’èsto p’tëte, djë montéve sër on banc po toûrner avou maman, on
satchive ’tirait’ chake d’on costé. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 76)
6.12. LES PRONOMS INDÉFINIS 149

tchaeconk, -ene (chacun, -e) (∼ tchèkin, SW ; chakin, -ène, OW ; chaskeun, liég.)


– tchaekonk eyèt tchaekène divèt tchanter (chacun et chacune doivent chanter)
Ex. lit. :
– EW : Chaskeun’ a l’ dreût d’ s’aler plinde èt d’èsse ètindou po d’ bon dè-l’ justice
compétinte di s’payis (...) (Dèclaråcion 2, art. 8)

tertos, tertotes (tous, toutes) (∼ CW, malm. : tortos ; liég. : turtos ; OW : tèrtous ;
Lesse : tourtous).
– i s’ dispiertèt tertos, ele si reweyèt tertotes (ils se réveillent tous, elles se ré-
veillent toutes)
Ex. lit. :
– EW : Turtos sont so-l’minme pîd po d’vant li lwè èt turtos ont dreût d’èsse protéjés
dè-l’ minme manîre pa li lwè. (Dèclaråcion 2, art. 7)
Rem. : anciennement, tertos pouvait aussi servir de déterminant : tertotes les djins
ont vnou.

tos / totes (tous, toutes)


– elle ont totes vinou (elles sont toutes venues)

tot (tout)
– tot va bén (tout va bien)

totafwait (tout) (∼ totafêt)


– totafwait rote cou dzeu cou dzo (tout va mal) ; totafwait esteut edjalé (tout était
gelé)
Ex. lit. :
– SW : (...) la vouye duvant nosse môjån r’lûjét d’ vèrglas èt t’t-a-fêt astét adjalè.
(A. LAMBERT, Causans, p. 31) - (...) dins l’ timps, on ’nnè fwaît avu t’tafwaît,
dès pèloûs, min.me avu dès-ochês. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 37)

Emplois
129. a) Divers syntagmes verbaux ou nominaux figés ont une fonction de pronom indéfini :
– kéke onk (SW : kékin) : kéke onk a soné por vos (quelqu’un vous a téléphoné)
– des cis / cenes k’ i gn a (certain(e)s). Ex. lit. :
CW : (...) ça vos disgostéyereut bin do ièsse bon avou dès cis qu’i-gn-a. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 18)
– gn a des cis / cenes (certain(e)s)
– n’ impôrtè kî (n’importe qui), n’ impôrtè cwè (n’importe quoi), n’ impôrte eyu
(n’importe où), etc. Ex. lit. :
OW : Quant-in djârdin èst bén sogni, èyèt prîs a timps, c’èst come n’importeu
qwè : i n’faut pus wére di chôse pou l’ir’mète d’èquére. (H. VAN CUTSEM,
Chôse, p. 12)
150 CHAPITRE 6. LES PRONOMS

– kî ki ç’ seuye (qui que ce soit), cwè ki ç’ seuye (quoi que ce soit), etc. Ex. lit. :
EW : Vos ’nnè r’lêrez tot-plin s’ vos n’nez dè l’ valeûr à qwè qui ç’ seûy so l’ tére.
(J. BOSLY, Imitåcion, p. 77) - Vos adjihez don sotemint si v’ mètez vosse confiyince
ou vosse djôye divins quî qui ç’ seûy, såf divins lu. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 82)
– tot l’ minme kî, tot l’ minme cwè (n’importe qui, n’importe quoi), etc. Ex. lit. :
EW : Rin di tot çou qui s’ troûve divins cisse Dèclaråcion-chal ni pout d’ner a
tûzer d’in-Etat ou d’ine sakî, qu’il a l’dreût dè fé tot l’minme qwè qui pôreût mète
a må lès dreûts èt lès lîbertès qu’î sont rachous. (Dèclaråcion 2, art. 30)
– bon Diè sait cwè / wice / cwand. . . (Dieu sait quoi / où / quand...)
– ôte tchwè ou ôte tchôze (autre chose), pô d’ tchwè (peu de chose)...
– tot l’ monde (tout le monde)
b) Les adverbes de degré peuvent être utilisés comme pronoms :
– i nd a fwait bråmint por mi (il en a fait beaucoup pour moi) ; bråmint n’ ont
nén vnou (beaucoup ne sont pas venus) ; i n’ avint waire a fé (il n’avaient guère
à faire) ; dji n’ a nén avou assez (je n’ai pas eu assez) ; elle aveut d’ pus a dîre
a mi k’ a lu (elle avait plus à dire à moi qu’à lui) ; i n’ a nén råvlé ostant k’ il
esperéve (il n’a pas amassé autant qu’il espérait) ; ele vike avou pô (elle vit de
peu) ; i gn a trop’ ki s’ ont leyî emacraler (il y en a trop qui se sont laissé berner)
Ex. lit. :
– EW : I n’a wêre di candjî oûy avou lès scoles (...). (Djåzans, Osté 2000, p. 3)
c) Certains substantifs ont une fonction de pronom indéfini :
– ene sakî (quelqu’un)
– ene sacwè (quelque chose)
– ene sadju (OW) ou ene sawice (EW) ou ene sawouce (rare, CW) (quelque part)
– on té / ene téle (un tel / une telle)
Ene sakî peut être utilisé au sens de mi, par atténuation polie (voir La politesse en
wallon, p. 283).
Le mot sacwè forme le plus souvent un groupe avec ene, mais peut aussi être utilisé
librement (comme un « vrai » substantif) au sens de « chose » :
– des bounès sacwès a mindjî (de bonnes choses à manger)
– Ex. lit. OW : Gn-a dès saqwès insi qu’on piêrd an routant, qu’on roublîye an
viquant. (W. BAL, Fauves, p. 13)
– CW : Vos p’tits mau-onteûs saqwès qui v’s-èstoz ! (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12)
– EW : I n a ’ne masse di saqwès qui v’ displêhèt èt qui v’ fèt sovint dès mås d’ tièsse
(...). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 71)
De même, le mot sakî, le plus souvent utilisé dans ene sakî, équivalant à l’indéfini
français « quelqu’un », peut parfois être détaché et fonctionner librement. Ex. lit. :
– OW : Nos [li bon Dieu] alons fér (...) ène saquî qui Nos racheune come deûs
goutes d’êwe (...). A ç’ saquî-là, nos donerons pus qui l’ vîye dou côrps : il aura
l’ vîye dè l’âme, çu qui vaut bran.mint mia ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 10) [ici,
saquî a le sens de « un être »].
d) Dans certaines régions (malm.) tos / totes sont utilisés comme synonymes de tertos
/tertotes (cette forme était plus répandue anciennement) :
6.12. LES PRONOMS INDÉFINIS 151

– nos nd îrans nos tos ou nos nd îrans nos-ôtes tertos (nous partirons tous) ; vos
vénroz vos tos ou vos vénroz vos-ôtes tertos (vous viendrez tous) ; divins totes
zeles ou divins zeles tertotes (parmi elles) ; i djhint tos ki. . . ou, plus couram-
ment, i djhint tertos qui. . . (tous disaient que. . .)
e) Employé comme sujet, tertos est souvent remplacé par un pronom sujet et rejeté en
fin de proposition :
– tertotes ont vnou ou elle ont vnou tertotes (toutes sont venues ou elles sont
toutes venues)
f) Le pronom åk (quelque chose) peut se combiner avec les adverbes pus, waire et
beacôp :
– les cinsîs n’ ont waire åk siconte des tchevreus (les fermiers n’ont pas grand
chose à reprocher aux chevreuils)
Ex. lit. :
– SW : C’èst bin damadje qu’ i gn è nin d’ pus yauk quu ça (...) (L. MAHIN, Bauke
1, p. 19)
g) Les expressions n-on l’ ôte ou onk l’ ôte sont utilisées au sens de « l’un l’autre ».
– nos estins a cwate a costé d’ n-on l’ ôte ou nos estins a cwate a costé onk di
l’ ôte (nous étions à quatre l’un à côté de l’autre)
Il arrive aussi qu’on utilise la même tournure qu’en français (l’) onk + prép. + l’ ôte.
Ex. lit. :
– CW : Mins i l’zî faleut bin vikè : is s’ont brostè n-on l’ôte o l’ place (...). (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
– OW : (...) on lès sinteut èy’ on tourneut à ça d’ l’une l’ôte (...). (L. POLLEN, DTW,
t. 16, 1988, p. 51) - (...) on-èsteut à quate à costè yin d’ l’ôte èyèt on s’édeut yin
l’ôte ! (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 57)
– EW : Is ravisèt dès èfants assious so ’ne plèce, èt qui s’ dihèt l’onk à l’ôte : (...).
(Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 110) - (...) çou qu’èlzès deût miner a s’kidûre
onk’ po l’ôte tot come dès frés. (Dèclaråcion 2, art. 1)
152 CHAPITRE 6. LES PRONOMS
Chapitre 7

Les chiffres et les nombres

7.1 Les cardinaux


Formes
130. 0 zérô
1 onk / one (∼ onk / eune (liég.) ; yink / yène (carol.) ; ouk / oune (bast.) ; yun / yeune
(nivel.))
2 deus. (∼ deûs devient deûs’ dans l’expression : deûs’ treûs en liég.).
3 troes (∼ twès (carol.), trwas, trwâs (SW), treûs’ (liég.)).
4 cwate (∼ cate).
5 cénk
6 shîjh (∼ chi (brab.)).
7 set
8 hût (∼ yu (brab.) ; wit’ (OW))
9 noûv (neuf (OW))
10 dîjh
11 onze
12 doze (∼ douze (carol.))
13 traze (∼ trêze)
14 catoize (liég.) (∼ catôze (nam.) ; catoûze (nivel.))
15 cwinze (∼ kinze (CW) ; kinje (nivel.)).
16 saze (∼) sêze)
17 dîjh-set
18 dîjh-hût
19 dîjh-noûv
20 vint
21 vint-onk (∼ vint-yonk (CW) ; vint-èt-yun (nivel.))

153
154 CHAPITRE 7. LES CHIFFRES ET LES NOMBRES

22 vint-deus
23 vint-troes
24 vint-cwate
25 vint-cénk
26 vint-chîjh
27 vint-set
28 vint-hût
29 vint-noûv
30 trinte
40 cwarante (∼ carante)
50 céncwante (∼ cincante)
60 swessante
70 septante
80 cwatrè-vint (∼ catrè-vint)
90 nonante
100 cint
1 000 000 milion (∼ miyon, carol.)
1000 meye (∼ mile)
1 000 000 000 miliård (∼ miyârd)

Emploi
131. a) Devant un mot d’une syllabe commençant par une voyelle, cwate (∼ cate) devient
cwatre (∼ catre) :
– cwatre omes, cwatre ous (quatre hommes, quatre œufs).
De même, devant un mot d’une syllabe commençant par une voyelle, catwaze (∼ ca-
tôze) devient :
– catwarze omes (quatorze hommes).
b) Dans la plupart des dialectes, on ne prononce pas les consonnes finales de shîjh,
dîjh, hût et vint quand ces numéraux sont utilisés comme déterminants et suivis d’une
consonne :
– shîjh bateas (prononcé sî ou chî ou, plus rarement chîj, sîh) (six bateaux) ; dîjh
fignesses (prononcé dî ou, plus rarement, dîj, dîh) (dix fenêtres) ; dj’ a veyou hût
djins (prononcé û, yû mais brab. yut’ djins) mais i gn aveut hût (prononcé yût, ût’,
etc.)
Cette alternance est identique à celle du français. L’orthographe normalisée, comme
l’orthographe française, ne note pas cette alternance ; dans le système de transcr. pho-
nétique Feller le fait généralement.
c) Certains cardinaux peuvent s’employer avec la lettre de liaison z devant voyelle. Il
s’agit de cwate, set, hût, vint et cint :
– inte cwate-z ouys (entre quatre yeux) ; les set-z ôtes (les sept autres) ; gn a hût-
z åbes (huit arbres) ; il estint noûv-z efants (ils étaient neuf enfants) ; vint-z åbes
(vingt arbres) ; i gn aveut cint-z omes (il y avait cent hommes)
7.2. LES ORDINAUX 155

d) Devant une voyelle, noûv peut se prononcer noûf ou noûv :


– noûv aviyons (noûf aviyons ou noûv aviyons) (neuf avions).
abc La conjonction èt s’utilise uniquement après cint (sauf dans certaines régions de
OW) :
– céncwante-onk (cinquante et un) ; cint èt onk (cent un) ; cwate cint (èt) vint-
deus (quatre-cent vingt-deux) ; deus meye cénk cint (èt) septante-troes (2573)
e) Il est possible (mais rare) de continuer la numérotation par cint même au-delà de
1900 :
– vint-chîjh cint (2600)
f) Comptage par vingt. Ex. lit. :
– SW : Dol vèspréye, li Frère a arivè au Sartê avou sès grands coutês ravôtyès dins
s’ bleûw divantrin, po touwè l’ crauchî qui pèzot bin doze vints (...). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 98) [traduction de l’édition originale : ... qui pesait bien 240 livres.]

7.2 Les ordinaux


Formes de référence
132. 1î prumî / prumîre
Puis, ajouter le suffixe -inme aux cardinaux de référence (ce qui implique parfois de
petites modifications orthographiques) :
2e deuzinme ; 3e troezinme ; 4e cwatrinme ; 5e cénkinme ; 6e chîjhinme ; 7e se-
tinme ; 8e hûtinme ; 9e noûvinme ; 10e dîjhinme ; 11e onzinme ; 12e dozinme ;
13e trazinme ; 14e catwarzinme ; 15e cwénzinme ; 16e sazinme ; 17e di-setinme ;
18e dijh-hûtinme ; 19e dijh-noûvinme ; 20e vintinme ; 21e vint-yoninme ; 22e vint-
deuzinme ; 23e vint-troezinme ; 30e trintinme ; 40e cwarantinme ; 50e céncan-
tinme ; 60e swessantinme ; 70e septantinme ; 80e cwatrè-vintinme ; 90e nonan-
tinme ; 100e cintinme ; dierin, dierinne.

Autres formes
Nam. parfois suffixe -yin.me à côté de -inme) : deûzyinme, trwèzyinme, etc. dérin, dé-
rène.
Liég. : prumîr.
Brab. : prëmi, prëmëne.
Carol. : preume, preumî, puis terminaisons en -yème : deûzième, twèzième, etc. dérin,
dérène.
Bast. : purmî, puis terminaison en -ime : deûzime, trwazime, etc. dièrin, dièrinne.

7.3 Nombres collectifs approximatifs


133. a) Le déterminant ene (ou variantes) peut indiquer une grande quantité formant col-
lectivité :
156 CHAPITRE 7. LES CHIFFRES ET LES NOMBRES

– ci n’ esteut k’ ene fleur avårla (il y a avait énormément de fleurs, les fleurs étaient
si nombreuses qu’elles semblaient n’en former qu’une) ; ci n’ esteût k’ ene plåye
di tot s’ coir (il était couvert de plaies)
b) L’approximation s’indique en ajoutant le suffixe -inne (∼ OW : -ène ; malm. -éne)
à un nombre :
– ene deuzinne (une paire), ene troezinne (environ trois), ene cwatrinne (environ
quatre), ene cénkinne (environ cinq), ene shîjhinne (environ six), ene setinne
(environ sept), ene hutinne (une huitaine), ene noûvinne, ene dîjhinne. . . on cint
ou ene cintinne (une centaine), on meye (∼ on mile) (un millier)
Ex. lit. :
– OW : Après çoulà, I vos roûle ène quatrène di gros boudins : deûs grands pou fér
lès djambes, deûs p’tits pou fér lès bras. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 11)
c) On cint peut s’utiliser pour ene cintinne. On meye (∼ mile) signifie « un millier ».
Ex. lit. :
– EW : Enn’a-t-i fêt fusilier ossi dès cints èt dès cints djins. (R. PRIGNEAUX,
Scrîre, p. 185)
– OW : I gn’a d’çoulà dès mile èt dès mile ans, gn’aveut pont d’Tère, pont d’ârbes,
pont d’fleûrs, pont d’mouchons, pont d’pèchons, pont d’bièsses, pont d’djins. (E.-
J. PIRET, Extraits, p. 7)
d) L’approximation s’indique aussi par des chiffres accolés :
– deûs troes (deux ou trois), troes cwate (trois ou quatre), cénk shîjh (cinq ou six),
etc.
Ex. lit. :
– CW : Lès pids n’alin’ ni jësk’ô fond ; n-avot co sèt’, yu çantëmètes. (J.-J. GA-
ZIAUX, Lessive, p. 36) - (...) pace quë lès lénçous, on ’nn’ arot soyë bouter qu’onk
al fîye ’su mettre qu’un à la fois’ avou deûs, trwès p’tëtès lokes. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 76)
– OW : Cénq’ chîs cints mètes pus lon, au bôrd dè l’ mér, Jésus (...) veut v’ni di
s’ costè èn-ome bé r’nipè (...). (E.-J. PIRET, Extraits, p. 67)
e) Avec des adverbes et des prépositions :
– dins ou divins les 200, åtoû di 200, vè ou aviè ou dèviè les 200, a pô près 200,
inviron 200, 200 ou avårla (environ 200) ; 30 èt des ans, 30 ans eyèt co (d’) pus,
di pus di 30 ans (plus de 30 ans) ; i n’ est nén a l’ après di 200 francs (il n’est
pas à 200 francs près)
f) Certains nombres ont en eux-mêmes la valeur d’une grande quantité approximative :
– djel a veyou trinte-shîjh côps ; djel a veyou co traze côps ; djel a veyou (co)
cint feyes (je l’ai vu trente-six fois, de nombreuses fois)
Ex. lit. :
– EW : L’arèdjèye bièsse rataque ci bièsse di djeû-la co traze èt co traze côps. (J.
WARNIER, Scrîre, p. 224) - Èt Zanzan ’nnè rala, si r’toûrnant co traze fèyes po
fé balter s’ min come sègne d’adiè à s’ vî camaråde... (MITTEI, Zanzan, p. 11)
– SW : (...) èt s’ caraco, qu’a stî r’lavè èt rapîcetè co trâze èt co trâze côps, a pris
l’ coleûr d’on ciél dès pus bês djoûs d’èstè. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 133)
7.4. ARITHMÉTIQUE FONDAMENTALE 157

– CW : Dins l’ timps, on n’avot ni trinte-chi ’36 : beaucoup de’ bëdons : on n’èstot


ni monté ’équipé’ come asteûre. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 33)
g) Au contraire, les chiffres troes et cwate indiquent une quantité approximative mais
peu importante :
– nos pelrans troes truks (nous pèlerons trois pommes de terre) ; il a toumé troes
gotes (il est tombé trois gouttes)
Ex. lit. :
– CW : Djë n’a qu’ cate ’quatre’ lokes à lâver, i n’ më fôt ni branmint dè brouwèt
(...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 31)

7.4 Arithmétique fondamentale


134. a) L’égalité ou le résultat (1+1=2) :
– onk èt onk fijhèt deus ; onk èt onk, c’ est deus ; onk èt onk, çoula ou ça fwait
deus
b) L’addition s’exprime avec èt, eyèt (1+1=2) :
– onk èt onk fijhèt deus (un plus un égal deux)
c) La soustraction s’exprime avec mons (∼ mwins’) ou di ou foû di (6 - 3=3) :
– shîjh mons troes, ça fwait troes ; troes d’ shîjh, ça fwait troes ; troes foû
d’ shîjh, ça fwait troes
d) La multiplication s’exprime avec côp ou feye (3 x 3=9) :
– troes côps ou feyes troes, ça fwait noûv (trois fois trois égal neuf)
Substantifs indiquant une multiplication : li dobe (le double), li tripe ou troes côps
ostant (le triple), cwate côps ostant (le quadruple), cénk côps ostant (le quintuple),
etc.
e) La division s’exprime avec le verbe pårti è (diviser en) (9/3=3) :
– noûv pårti è troes, ça fwait troes
Substantifs indiquant une division : li mitan (la moitié), li tîsse (le tiers), li cwårt (le
quart), li cénkinme (le cinquième), li shîjhinme (le sixième), etc.
f) Les fractions sont exprimées comme suit :
– 1/2 : on dmey, ene mitan, ene mwetey
– 1/3 : on tîsse
– 1/4 : on cwårt
– 2/5 : deus cénkinmes
– 1/6 : on shîjhinme, on dmey tîsse
– 4/7 : cwate setinmes
g) Les pourcentages (porcintaedjes) se disent å cint ou do cint. Ex. lit.
– CW : Come vos l’ vèyoz, ça distchaît bran.mint pousqui pa rapôrt à dîjnoûf cint
vingt, i gn-a quatrè-vingt èt iunk abitants d’ mwins’, ci qui faît douze èt quatrè-
vingts do cint (12,80%). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 14)
h) L’exemple ci-dessus montre que les décimales peuvent être exprimées par èt. Elles
peuvent aussi ne pas être exprimées :
– shîjh céncante (6,50)
158 CHAPITRE 7. LES CHIFFRES ET LES NOMBRES

7.5 Les heures


135. 8.00 : il est hût eures
8.01 : il est hût eures yene
8.05 : il est hût eures (èt) cénk ou cénk munutes après hût eures
8.15 : il est hût eures èt cwårt ou on cwårt ou on cwårt d’ eure après hût eures
8.20 : il est hût eures vint ou vint munutes après hût eures
8.30 : il est hût eures èt dmeye ou li dmeye di noûv
8.35 : il est hût eures trinte-cénk ou vint-cénk munutes po troes eures ou hût eures
èt dmeye èt cénk ou hût eures trinte-cénk
8.42 : il est hût eures cwarante-deus
8.45 : il est noûv eures mons (∼ mwins) l’ cwårt ou li cwårt di noûv eures ou cwårt
po noûv ou on cwårt d’ eure po / divant noûv eures ou hût eures cwarante-cénk
8.55 : il est noûv eures mons (∼ mwins) cénk ou cénk munutes po / divant noûv
eures ou hût eure cénkante-cénk
12.00 : doze eures ou midi ou nonne
14.00 : deus eures di l’ après-nonne ou . . . après l’ dîner ou . . . di l’ après l’ dîner
00.00 : meye-nut ou doze eures al nut ∼ å nut ∼ par nut
8.00 : hût eures å matén
20.00 : hût eures al ∼ å nut
= 3.00 : a troes eures petant ∼ tapant (à trois heures pile)
± 3.00 : sol côp di troes eures (sur le coup de trois heures) ; vè les troes eures ou aviè
(les) troes eures ou deviè (les) troes eures (vers trois heures)
< 3.00 : i betche a ou après troes eures (il est près de trois heures)
> 3.00 : passé troes eures ou troes eures passé (trois heures passé)

7.6 Les dates


136. Dans les dates, les noms de mois sont précédés de la préposition di :
– 1/1/1999 : li prumî di djanvîr meye noûv cint nonante noûv ; 18/11 : li dîjh-hût
di nôvimbe ; 12/8 : li doze d’ awousse
Ex. lit. :
– CW : Estraît do Mémwêr Justificatif scrît à Bièmeréye li 28 d’awous’ 1874. (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 26)

7.7 Autres emplois spéciaux


137. Certains numéraux peuvent être utilisés comme substantifs avec un sens particulier :
– ene troezinne : une tierce (aux cartes) ; ene noûvinne : une neuvaine ; on cénk :
une déchirure dans un vêtement (en forme de V)
Chapitre 8

Les verbes

8.1 L’infinitif
138. Cinq modèles de verbes réguliers sont présentés ici suivant leur terminaison à l’infi-
nitif. Les autres verbes peuvent former de petits groupes ou sont souvent irréguliers.
Ils font l’objet de pages particulières. À plus d’un égard, cette répartition est arbi-
traire : dans certaines régions, les verbes des trois premiers groupes se distinguent peu ;
dans d’autres, des verbes rassemblés ici dans une même catégorie ont des paradigmes
distincts. C’est pourquoi il ne faut pas considérer les verbes qui suivent comme des
catégories dans lesquelles entreraient tous les autres, mais plutôt comme des modèles
courants.

Modèle tchanter
139. Il s’agit des verbes en -er : tchanter (chanter), viker (vivre), pinser (penser). . .

Variantes

SW, sud nam. : tchantè, vikè, pinsè, etc.


Certaines régions de l’OW et l’extrême est de la Wallonie (malm., Vielsam) présentent
une tendance plus grande à avoir une terminaison -î pour des verbes qui, ailleurs, ont
une terminaison -er : vikî (pour viker ; vivre) ; djåzî (pour djåzer ; parler) ; choûtî (pour
schoûter ; écouter ; attendre), etc. 1

Modèle candjî
140. Il s’agit des verbes en -î : candjî (changer), bodjî (bouger), flayî (frapper). . .

1. ALW I, 77 (« porter »), 80 (« puiser »), 89 (« scier »), II, 76 (« acheter »), 78 (« coucher »).

159
160 CHAPITRE 8. LES VERBES

Variantes

Brab., sud nam., fam. : candji.


Bast. : tchindjer.
Variantes en SW : tchindjè (chestr.), tchindji (bast.), candji (fam.)

Modèle netyî

141. Il s’agit des verbes en -yî : netyî (nettoyer), s(i)tudyî (étudier), bwestyî (boiter), mawyî
(mâcher). . .

Variantes

Liég. (parfois nam., brab.) : nètî.


Sud nam. : nètyi.
brab. : nèti.
Bast., fam. : nètier ; chestr. : nètiè.

Modèle fini

142. Verbes en -i : fini (finir), pårti (partager), flåwi (faiblir), rimpli (remplir). . .

Variantes

Brab. : fënë.

Modèle mete

143. Verbes en -e : code (cueillir), mete (mettre), dîre (dire), s(i)påde (répandre). . .

Autres variantes concernant tous les infinitifs

Il existe une tendance sporadique à utiliser des verbes dépourvus de toute marque de
l’infinitif.
– sinte pour sinti ; abache pour abaxhî ; tape pour taper ; wåde pour wårder ; pwate
pour poirter ; rawåde pour rawårder ; paye pour payî, etc.
Cette tendance est relativement plus forte en bast. et en malm.
8.2. L’INDICATIF PRÉSENT 161

8.2 L’indicatif présent


Modèle tchanter, formes de références
144. Les variantes concernent les personnes du pluriel. À la 1e personne, -ans est la dé-
sinence utilisée en SW, CW et EW (sauf condr.). 2 À la 2e personne du pluriel, 3 les
principales désinences (-ez, -îz et -oz) sont connues pratiquement partout, mais uti-
lisées avec des verbes différents. Les formes types présentées ici sont employées en
fonction des formes de l’infinitif : -ez avec les verbes en -er, -îz avec les verbes en -î,
et -oz avec les autres verbes (v. carte, p. 295). À la 3e personne du pluriel, la forme -èt
est la seule qui soit utilisée dans les quatres dialectes. Les formes de type -nut, -nèt,
-neut sont typiques d’une partie du CW et de l’OW ; les formes de type -ant et -at sont
propres à une partie du SW (voir cartes p. 295). 4

dji tchant-e
ti tchant-es
i tchant-e
nos tchant-ans
vos tchant-ez
i tchant-èt

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji tchant-e dji tchant-e dji tchant-e dju tchant-e
ti tchant-es ti tchant-es ti tchant-es tu tchant-es
i tchant-e i tchant-e i tchant-e i tchant-e
nos tchant-ans nos tchant-ans nos tchant-ons dju tchant-ans
vos tchant-ez vos tchant-ez vos tchant-èz vos tchant-oz
i tchant-èt i tchant-nut i tchant-neut i tchant-ant

Autres formes

EW : nos tchantons (hesb., condr.) ; vos tchantoz (malm.).


CW : vos tchantoz (sud nam.) ; i tchantnèt (brab.) ou i tchantèt (est).
OW : vos tchantez (niv., Genappe) ; i tchantont (niv., Givet) ou i tchantneut (ESM) ou
i tchantèt (Thiérache), i canttè (Centre).
SW : vos tchantèz (Lesse, chestr.) ou vos tchantez (Lesse, fam.) ; i tchantèt (Lesse,
fam.) ou i tchantat (Bouill., Lesse).
2. sommes »).
3. ALW II, 97 (« vous vous levez »), 98 (« pesez-moi »), 99 (« abaissez »), 100 (« vous venez »), 101
(« voulez-vous »).
4. ALW II, 104 (« ils valent »).
162 CHAPITRE 8. LES VERBES

Autres variantes : en EW, certains verbes des premier et deuxième groupes peuvent
prendre une finale sonore -êye au singulier au lieu d’un -e muet : barloker → dji barloke
ou dji barlokêye (je vacille).

Modèle candjî, formes de références


145. La seule différence avec le groupe précédent est à la 2e personne du pluriel, qui utilise
-îz dans les formes de référence, comme en EW et CW.

dji candj-e
ti candj-es
i candj-e
nos candj-ans
vos candj-îz
i candj-èt

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji candj-e dji candj-e dji candj-e dju tchindj-e
ti candj-es ti candj-es ti candj-es tu tchindj-es
i candj-e i candj-e i candj-e i tchindj-e
nos candj-ans nos candj-ans nos candj-ons dju tchindj-ans
vos candj-îz vos candj-îz vos candj-èz vos tchindj-oz
i candj-èt i candj-nut i candj-neut i tchindj-ant

Autres formes

EW : nos candjons (hesb., condr.) ; vos candjoz (malm.).


CW : vos candjoz (sud nam.) ; i candjnèt (brab.) ou i candjèt (est).
OW : vos candjîz (niv., Genappe) ; i candjont (niv., Givet) ou i candjneut (ESM) ou i
candjtè (Centre) ou i candjèt (Thiérache).
SW : vos tchindjèz (Lesse, chestr.) ou vos tchindjez (Lesse, fam.) ou vos candjîz (fam.) ;
i tchindjèt (Lesse, fam.) ou i tchindjat (Lesse, Bouill.).
Autres variantes : en EW, certains verbes des premier et deuxième groupes peuvent
prendre une finale sonore -êye au singulier au lieu d’un -e muet : ècorèdjî → dj’èco-
rèdje ou dj’ècorèdjêye (j’encourage).

Modèle netyî, formes de référence


146. Au singulier, la forme -îye (CW, OW, SW) est plus fréquente que -èye (EW). La graphie
normalisée -eye est plus proche de la seconde mais évoque les deux prononciations.
8.2. L’INDICATIF PRÉSENT 163

Comme dans le groupe précédent, la 2e personne du pluriel utilise -îz dans les formes
de référence, comme en EW et CW. 5

dji net-eye
ti net-eyes
i net-eye
nos net-ians
vos net-yîz
i net-ièt

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji nèt-èye dji nèt-îye dji nèt-îye dju nèt-îe
ti nèt-èyes ti nèt-îyes ti nèt-îyes tu nèt-îes
i nèt-èye i nèt-îye i nèt-îye i nèt-îe
nos nèt-ians nos nèt-ians nos nèt-ions dju nèt-ians
vos nèt-yîz vos nèt-yîz vos nèt-ièz vos nèt-ioz
i nèt-ièt i nèt-îynut i nèt-îyneut i nèt-iant

Autres formes

EW : dji nètîye (condr.) ; nos nètions (hesb., condr.).


Malm. : dju nètih, ti nètih, i nètih, nos nètians, vos nètioz, i nètièt.
CW : vos nètioz (sud nam.) ; i nètîynèt (brab.) ou i nètièt (est).
Brab. aussi : dji nète. . .
OW : vos nètyîz (niv.) ; i nètiont (niv., Givet) ou i nètîyneut (ESM) ou i nètîytè (Centre)
ou i nètièt (Thiérache).
Niv. : la plupart des verbes en -yî se conjuguent comme tinkyî (tendre) : dji tinkèye, nos
tinkians, vos tinkyîz ; certains autres verbes se conjuguent comme èstudyî (étudier) : djè
studîye, nos studions, vos studyîz.
SW : vos nètièz (Lesse, chestr.) ou vos nètiez (Lesse, fam.) ou vos nètyîz (fam.) ; i nètièt
(Lesse, fam.) ou i nètiat (Lesse, Bouill.).

Modèle fini, formes de référence


147. Au singulier, la principale variable est la présence ou non d’un « h secondaire », noté
xh en orthographe normalisée (et réalisé [h], [X], [ç] ou [S] selon les régions) typique
de l’EW et du nord du SW. 6 Au pluriel, il est partout réalisé.
5. ALW II, 90 (« il charrie »).
6. ALW II, 91 (« je remplis »).
164 CHAPITRE 8. LES VERBES

dji fini
ti fini-s
i fini-t
nos finixh-ans
vos finixh-oz
i finixh-èt

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji fini-h dji fini dji fini dju fini
ti fini-h ti fini-s ti fini-s tu fini-s
i fini-h i fini-t i fini-t i fini-t
nos fini-h-ans nos fini-ch-ans nos fini-ch-ons dju fini-ch-ans
vos fini-h-ez vos fini-ch-oz vos fini-ch-èz vos fini-ch-oz
i fini-h-èt i fini-ch-nut i fini-ch-neut i fini-ch-ant

Autres formes

EW : nos finihons (condr., hesb.) ; vos finihoz (malm.).


CW : i finichnèt (brab.).
OW : vos finichez (niv.) ; i finichneut (ESM) ou i finichont (niv., Givet) ou i finistè
(Centre), i finichèt (Thiérache).
SW : vos finichèz (Lesse, chestr.) ou vos finichez (Lesse, fam.) ; i finichèt (Lesse, fam.)
ou i finichat (Lesse, bouill.).

Modèle mete, formes de référence

148. La principale variable est que la consonne du radical se prononce au sing. dans certains
verbes en EW.

dji met
ti met-s
i met
nos met-ans
vos met-oz
i met-èt
8.3. L’INDICATIF FUTUR 165

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji mèt’ dji mèt dji mèt dju mèt
ti mèt’ ti mèt-s ti mèt-s tu mèt-s
i mèt’ i mèt i mèt i mèt
nos mèt-ans nos mèt-ans nos mèt-ons dju mèt-ans
vos mèt-ez vos mèt-oz vos mèt-èz vos mèt-oz
i mèt-èt i mèt-nut i mèt-neut i mèt-ant

Autres formes

EW : nos mètons (condr., hesb.) ; vos mètoz (malm.).


CW : i mètnèt (brab.), i mètèt (est).
OW : vos mètez (niv.) ; i mèttè (Centre) ou i mètneut (ESM) ou i mètont (niv., Givet).
SW : vos mètèz (Lesse, chestr.) ou vos mètez (Lesse, fam.) ; i mètat (Lesse, bouill.), i
mètèt (Lesse, fam.).

8.3 L’indicatif futur

Formes de référence

149. Ce temps est construit sur la forme de la 1e personne du présent de l’indicatif présent.
Les finales sont identiques pour tous les groupes. Les désinences types présentées ici
sont celles de l’EW et du CW. Pour la 2e personne du pluriel, la désinence -oz est celle
du CW, du nord du SW et de l’est de l’EW. 7

dji tchant-rè
ti tchant-rès
i tchant-rè
nos tchant-rans
vos tchant-roz
i tchant-ront

7. ALW II, 105 (« je dirai »), 106 (« il sera »), 107 (« vous aurez »).
166 CHAPITRE 8. LES VERBES

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji tchant-rè dji tchant-rè dji tchant-ré dju tchant-rê
ti tchant-rès ti tchant-rès ti tchant-ras tu tchant-rès
i tchant-rè i tchant-rè i tchant-ra i tchant-rè
nos tchant-rans nos tchant-rans nos tchant-rons dju tchant-rans
vos tchant-rez vos tchant-roz vos tchant-rèz vos tchant-roz
i tchant-ront i tchant-ront i tchant-ront i tchant-rant

Autres formes

EW : dju tchantri (uniquement 1e pers., Robertville, Faymonville) ; nos tchantrons


(hesb., condr.) ; vos tchantroz (malm.) ou vos tchantrèz (condr.).
OW : vos tchantrez (niv.).
SW : dju tchantré (partout sauf bast.) ; vos tchantrèz (Lesse, chestr.) ou vos tchantrez
(Lesse, fam.) ; i tchantront ( ?).
Autres variantes : le dialecte est, comme les autres variétés, bâtit le futur simple sur la
1e pers. de l’indicatif présent. Celle-ci étant différente en est-wallon pour les verbes de
type fini, le quatrième groupe se construit différemment : dji finihrè, ti finihrès, i finihrè,
nos finihrans (-rons, condr.), vos finihrez (-roz, malm.), i finihront. Des formes équiva-
lentes subsistent aussi sporadiquement (et parfois dans un état de langue archaïque) en
SW, en bordure du domaine est : dju finichrê, to finichrès, i finichrè, dju finichrans, vos
finichroz, i finichrant (bast.) ou dju finîrê, dju finîrans, etc.

8.4 L’indicatif imparfait

150. Ce temps est construit sur la racine du participe présent.


Au singulier, il existe deux groupes de formes : celles qui dérivent du latin -abam sont
utilisées en EW, CW et le nord du SW (-éve,- îve, -eûve ; cette dernière n’est connue
qu’en CW) et celles qui dérivent du latin -ebam, utilisées partout : -eû, -eu, -o, -û, etc.
Les formes de référence suggérées ici représentent les formes dérivées de -abam avec
les verbes de types tchanter (-éve), candjî, netyî (-îve) et les formes les plus courantes
dérivant de -ebam (-eu) (réalisé [ø] ou [œ]) pour tous les autres verbes.
Aux 1re et 3e personnes du pluriel, il existe deux types de formes : avec un -n final
dans le nord du domaine wallon (-în’, -in’, etc.) ou -ins ∼ -îs en EW, SW, le sud du
CW et de l’OW. Ce sont ces dernières qui sont présentées ici comme formes types. 8

8. ALW II, 108 (« il passait »), 109 (« j’étais »), 110 (« nous savions »), 111 (« vous veniez »), 112 (« ils
devaient »).
8.4. L’INDICATIF IMPARFAIT 167

Modèle tchanter, formes de référence

dji tchant-éve
ti tchant-éves
i tchant-éve
nos tchant-éns
vos tchant-îz
i tchant-ént

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji tchant-éve dji tchant-eûve dji tchant-eu dju tchant-o
ti tchant-éves ti tchant-eûves ti tchant-eus tu tchant-os
i tchant-éve i tchant-eûve i tchant-eut i tchant-ot
nos tchant-îs nos tchant-inne nos tchant-ins dju tchant-ins
vos tchant-îz vos tchant-îz vos tchant-îz vos tchant-îz
i tchant-ît i tchant-inne i tchant-int i tchant-int

Autres formes

EW : pluriel en condr. et Ardenne : nos tchantins, vos tchantîz, i tchantint - pluriel en


hesb. : nos tchantîne ∼ -ine, vos tchantîz, i tchantîne ∼ -ine.
CW : brab. comme en nam. ou dji tchantéve, nos tchantine ∼ -îne, vos tchantiz, i
tchantine ∼ -îne
Sud nam. : nos tchantins, vos tchantîz, i tchantint.
OW, sing. en niv. et Centre : djè tchantoû - pluriel au Centre : nos cantine, vos cantîz, i
cantin’tè - pluriel en niv. : nos tchantîne, vos tchantiz, i tchantîne - pluriel aux environs
de Charleroi (en plus des formes ci-dessus) : nos tchantîs, vos tchantîz, i tchantît - plu-
riel en ESM (en plus des formes de référence) : nos tchanténs, vos tchantîz, i tchantént
- pluriel en Thiérache : nos tchantés, vos tchantéz, i tchantét - pluriel à Genappe : nos
tchanteune, vos tchantîz, i tchanteune- autres pluriels : nos tchantuns (Philippeville).
SW : chestr. (en plus des formes de référence) : dju tchanté, dju tchantiès, vos tchantiez,
i tchantièt - autres formes : dju tchantéve (fam.) ou dju tchanteû (nord de SW) ou dju
tchantû (Vielsam).

Modèles candjî et netyî, formes de référence

151. Les désinences de type -îve sont utilisées au singulier avec les verbes en -î.
168 CHAPITRE 8. LES VERBES

dji candj-îve
ti candj-îves
i candj-îve
nos candj-éns
vos candj-îz
i candj-ént

Autres formes

Seul le liég. et une partie du brab. ont des formes spéciales, uniquement au singulier,
pour les verbes de ce modèle : dji candjîve, ti candjîves, i candjîve. Brab. : dji candjive,
ti candjives, i candjive. . .
Pour le pluriel et les autres variantes : voir modèle tchanter.

Tous les autres verbes, formes de référence


152. Des terminaisons issues du latin -ebam sont utilisées partout, soit exclusivement, soit
en concurrence avec -éve, -îve, -eûve selon le type de verbe. Parmi les désinences issues
de -ebam, les plus courantes sont -eû (EW) et -eu (CW, OW) ; la forme de référence est
eu, permettant ces deux dernières réalisations.

dji met-eu
ti met-eus
i met-eut
nos met-éns
vos met-îz
i met-ént

Autres formes

Seul le liég. et le brab. ont des formes spéciales, uniquement au singulier, pour les
verbes de ce modèle (ce sont les mêmes que pour les verbes du modèle tchanter) : dji
mètéve, ti mètéves, i mètéve.
Pour le pluriel et les autres variantes : voir modèle tchanter.
En liég., les verbes plaire (plaire) et taire (taire) ont, au singulier, des finales en -îve :
dji plêhîve, i s’ têhîve.
En liég., les verbes auxiliaires ont, au singulier, des finales en -eû : dj’ aveû, t’ aveûs,
il aveût ; dj’ èsteû, t’ èsteûs, il èsteût.
8.5. L’INDICATIF PASSÉ SIMPLE 169

8.5 L’indicatif passé simple


Formes de référence
153. Les finales sont identiques pour tous les groupes de verbes. 9

dji tchant-a
ti tchant-as
i tchant-a
nos tchant-îs
vos tchant-îz
i tchant-ît

Autres types de verbes : ti candjas, ele netia, nos finixhîs, dji meta. . .

Autres formes

En bordure ouest et sud de l’EW, le passé simple singulier se conjugue avec la finale
-i : dji tchanti, to bodjis, i mètit, etc. A l’est du malm. subsiste une flexion particulière
-ont pour la 3e pers. du plur. : i tchantont (ils chantèrent)

Variantes
a) Tous les verbes peuvent se conjuguer régulièrement avec la racine du participe
présent et les terminaisons reprises ci-dessus. Néanmoins, pour certains verbes, les
formes régulières cohabitent avec des formes irrégulières :
– dji djha (je dis) ou dji deri
– dj’ esta (je fus) ou dji fouri ou dji fou
– dj’ ava (j’eus) ou dj’ ouri ou dj’ ou
b) Au singulier, le malm. a pour de nombreux verbes des finales en -ve :
– i vola (il voulut) ou i vôve
– ele vina (elle vint) ou ele vénve
– dji divna (je devins) ou dji dvénve
– on pola (on put) ou on pôve
En ancien wallon, ces formes en -ve s’étendaient jusqu’en namurois ; au 17e s.,
elles existaient encore dans la région liégeoise. Les textes liégeois de cette époque
font d’ailleurs apparaître les trois formes régulières : -a, -i et -ve.

Emploi
154. a) Ce temps n’est plus vivant qu’en EW. Anciennement, il existait également ailleurs :
en CW, par exemple, on le trouve encore dans des textes du 19e siècle. Mais à présent,
il est toujours remplacé par le passé composé en OW, CW et SW. Il existe encore
sporadiquement en SW.
9. ALW II, 114 (« il tomba »).
170 CHAPITRE 8. LES VERBES

b) En liég., les finales du passé simple pluriel sont identiques aux finales de l’imparfait
pluriel.

8.6 Le subjonctif présent


Formes de référence
155. Au pluriel, le principal type de terminaison est celui qui adjoint une marque « h se-
condaire » (notée xh en orthographe normalisée, pour les prononciations [h] ↔ [S] ↔
[ç] ↔ [X]) du subjonctif aux désinences de l’indicatif présent. La marque du subjonctif
est s dans les environs de Liège. Elle est parfois y : ki nos rindanxhe ∼ rindanche ∼
rindanhe ∼ rindanse ∼ rindan.ye.
En SW, les terminaisons du pluriel équivalent souvent à celles du subjonctif imparfait
dans les autres dialectes.
Les finales sont identiques pour tous les groupes de verbes. 10

ki dji tchant-e
ki ti tchant-es
k’ i tchant-e
ki nos tchant-anxhe
ki vos tchant-éxhe
k’ i tchant-exhe

Le suffixe de la 2e personne du pluriel change suivant le modèle de verbes : -éxhe,


-îxhe, -oxhe (repondant aux suffixes -ez, -îz, -oz du présent de l’indicatif).
Les verbes du modèle fini sont réguliers et ont les mêmes terminaisons de référence
que les autres, mais il sont réexposés ici afin de montrer clairement les terminaisons
du pluriel : ki dji finixhe, ti finixhes, i finixhe, nos finixhanxhe (prononciation : fini-
hanhe, finichanche, etc.), vos finixhoxhe (prononciation : finihohe, finichoche, etc.), i
finixhexhe (prononciation : finichèche, finihèhe, etc.).

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji tchante dji tchante dji tchante dju tchante
ti tchantes ti tchantes ti tchantes tu tchantes
i tchante i tchante i tchante i tchante
nos tchantanse nos tchantanche nos tchantonche dju tchantinche
vos tchantése vos tchantoche vos tchantîche vos tchantîche
i tchantèse i tchantnuche i tchantneuche i tchantinche

10. ALW II, 115 (« qu’il vienne »), 116 (« que ça finisse »), 117 (« que nous rendions »), 118 (« que vous
finissiez »), 119 (« qu’elles gèlent »), 120 (« que j’aie »), 121 (« qu’ils soient »).
8.7. LE SUBJONCTIF IMPARFAIT 171

Autres formes

EW : nos tchantanhe (partout sauf liég.) ou nos tchantonhe (condr.) ; vos tchantéhe
(verv., hesb.) ou vos tchantohe (malm., Ardenne) ; i tchantèhe (partout sauf liég.).
Liég. : les verbes du modèle mète prennent souvent une finale caractéristique en -se :
dji vou qu’ i rèsponse (je veux qu’il réponde).
CW : i tchantnèche (brab.).
Brab. : les verbes du modèle fini et mète prennent souvent une finale caractéristique en
-ye : ë fôt quë djë finîye, qu’ ë dëstén.ye (qu’il déteigne), etc.
OW : Charleroi (en plus des formes de ci-dessus) : nos tchantîche, vos tchantîche, i
tchantîche.
Centre : nos cantisse, vos cantisse, i canttè.
Niv. : nos tchantonche, vos tchantiche / -isse, i tchantonche.
Entre Charleroi et le Centre : nos tchante, vos tchante, i tchante.
ESM : nos tchantinche, vos tchantîche, i tchantinche - ESM : vos tchantèche.
Verbes du modèle fini : què d’ finichisse (Centre), qu’i finisse (niv.).
SW : chestr. : dju tchante ou dju tchanteûche ou dju tchantiche, to tchantes ou to tchan-
teûches ou to tchantiches, i tchante ou i tchanteûche ou i tchantiche, dju tchantinche,
vos tchantîche, i tchantinche ou i tchantièche.
Fam. : nos tchantanche, vos tchantéche ou vos tchantoche.

Emploi
156. a) Peut être employé seul dans une phrase marquant un ordre, un souhait :
– k’ on n’ mi cåze pus d’ leye ! (qu’on ne me parle plus d’elle !) ; seuye-t i dit
sins v’ blessî, vos estoz on fameus londjin ! (soit dit sans vous blesser, vous êtes
fameusement lent !)
– Ex. lit. EW : Qu’ i s’ dèye qu’ après l’ iviér, vo-r’chal l’ osté (. . .). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 83)
b) Peut être employé dans diverses subordonnées, p. ex. d’hypothèse (voir p. 243 ; voir
aussi La concordance des temps, p. 8.14).
Ex. lit. :
– Chaskeun’, seûy-t-i ome ou feume, pout fé valeûr tos lès dreûts èt totes lès lîbèrtés
(. . .) (Dèclaråcion 2, art. 2) [Ici, on peut envisager de traduire : « Chacun, qu’il soit
homme ou femme. . . », plutôt que de considérer seûye-t i. . . ou comme une conj.
de coord.].

8.7 Le subjonctif imparfait


157. Quoiqu’en perte de vitesse dans la langue parlée, le subjonctif imparfait est encore bien
utilisé, surtout en EW et dans une moindre mesure ailleurs (en niv. « il est d’un usage
fort restreint », Coppens 1959). Contrairement au subjonctif imparfait français, il n’est
172 CHAPITRE 8. LES VERBES

en tout cas pas réservé à la langue écrite et n’est pas ressenti comme bizarre dans une
conversation normale.
Les formes types présentées ici sont celles qui dérivent du passé simple, complétées par
la marque la plus fréquente du subjonctif, soit xh (ch ∼ h). Elles sont plutôt typiques
de l’EW ; au pluriel, par contre, ce sont des formes largement utilisées partout.
Les désinences sont identiques pour tous les verbes. 11

Formes de référence

ki dji tchant-axhe
ki ti tchant-axhes
k’ i tchant-axhe
ki nos tchant-énxhe
ki vos tchant-îxhe
k’ i tchant-énxhe

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji tchantasse dji tchantîche dji tchantiche dju tchantuche
ti tchantasses ti tchantîches ti tchantiches tu tchantuches
i tchantasse i tchantîche i tchantiche i tchantuche
nos tchantahîs nos tchantinche nos tchantinche dju tchantinche
vos tchantahîz vos tchantîche vos tchantîche vos tchantîche
i tchantahît i tchantinche i tchantinche i tchantinche

Autres formes

EW, liég. : qui nos tchantahîse, qui vos tchantahîse, qu’ i tchantahîse.
CW, brab. : djë tchantëche, nos tchantëchine.
OW : què djè tchantiche (niv.), què djè tchanteûche.

Variantes
Les formes du subjonctif imparfait dérivent directement de celles de l’indicatif passé
simple. Comme il existe des couples forme régulière / forme irrégulière à l’indicatif
passé simple, il existe de tels couples au subjonctif imparfait :
– i faleut ki dji derisse ou ki dji dijhaxhe (il fallait que je dise / dît)
– i faleut ki dj’ estaxhe ou ki dji fouxhe (∼ fuche) ou fourixhe (∼ fouriche) (il
fallait que je sois / fût)
11. ALW II, 122 (« qu’il fût »).
8.8. LE CONDITIONNEL PRÉSENT 173

– i faleut ki dj’ euxhe ou ki dj’ avaxhe ou ki dj’ ouxhe (∼ uche) (il fallait que j’aie
/ eusse)

Emploi
158. a) Dans une subordonnée, il marque une antériorité par rapport à un moment passé (v.
concordance des temps, p. 179).
b) Il peut être utilisé seul comme irréel du passé :
– i n’ ouxhe pus gripé so èn åbe po tot l’ ôr do monde (il ne serait plus grimpé
sur un arbre pour tout l’or du monde)
c) Il peut être utilisé dans une subordonnée d’hypothèse, après un si (surtout en EW).
Ex. lit. :
– EW : S’on avasse avu sogne, è francès, dè djouwer Ionesco d’vant ’ne pougnêye
di djins, i n’ sèreût nin oûy on classique. (M. SLANGEN, Djåzans, p. 1, 9/95)
(Si l’on avait eu peur, en français, de jouer Ionesco devant une poignée de gens,
aujourd’hui, il ne serait pas un classique).

8.8 Le conditionnel présent


Formes de référence
159. Les formes de référence sont identiques pour tous les groupe de verbes. Les formes -eû
(EW sauf condr., nord du SW, une partie de l’ESM) et -eu (sud-nam., partie du SW)
sont nettement plus courantes. Seul le nam. a dans ce cas une forme en -ve (-reûve). 12

dji tchant-reu
ti tchant-reus
i tchant-reut
nos tchant-réns
vos tchant-rîz
i tchant-rént

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


dji tchant-reû dji tchant-reûve dji tchant-reu dju tchant-ro
ti tchant-reûs ti tchant-reûves ti tchant-reus to tchant-ros
i tchant-reût i tchant-reûve i tchant-reut i tchant-rot
nos tchant-rîs nos tchant-rinne nos tchant-rins dju tchant-rins
vos tchant-rîz vos tchant-rîz vos tchant-rîz vos tchant-rîz
i tchant-rît i tchant-rinne i tchant-rint i tchant-rint

12. ALW II, 113 (« j’aurais »).


174 CHAPITRE 8. LES VERBES

Autres formes

EW : dji tchantrû ∼ -ru (condr., hesb.) ; nos tchantrine ; i tchantrine (hesb.).


CW : brab. : djë tchantro, nos tchantrine, vos tchantriz, i tchantrine
Basse-Sambre : dji tchantréve. . .
Sud nam. : dji tchantreu, nos tchantrins, vos tchantrîz, i tchantrint.
OW : Centre, niv. : djè tchantrou, nos tchantrine, vos tchantrîz, i tchantrine. - plur. à
Genappe : nos tchantreune, vos tchantrîz, i tchantreune
SW : chestr. : dju tchantri, tu tchantris, i tchantrit.

Emploi
160. a) Employé seul, le conditionnel a une valeur de supposition, d’hypothèse :
– i ploût a saeyeas, on n’ tchesreut nén on tchén a l’ ouxh (il pleut à seaux, on ne
chasserait pas un chien dehors) ; dji dmandreu l’ dobe k’ i m’ l’ acatrént co (je
demanderais le double qu’ils me l’achèteraient quand même)
Ex. lit. :
– EW : Tos l’s ôtes si r’sètcherît-is èrî d’ vos, lu n’ vis lêrè nin là (. . .). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 80)
b) Le conditionnel employé seul, peut aussi marquer un désir :
– Ex. lit. CW : Dji sèreus voltî saqwants-eûres pus vî. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 27)
c) Utilisé ici dans une formule toute faite, avec valeur d’irréel :
– Ex. lit. CW : Dji dôreu tot ç’ qui ç’ sèreut po sèpe one pitite saqwè. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 27)
d) Dans ni sereut ç’ ki (ne serait-ce que, ne fût-ce que) :
– Ex. lit. EW : (. . .) mins qwand Jèzus v’ dit n’ sèreût-ç’ qu’ ine seûle parole, vos
r’sintez ’ne grande djôye. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 81)

8.9 L’impératif présent


Formes de référence
161. Les formes de référence de l’impératif sont identiques aux formes correspondantes de
l’indicatif présent —si ce n’est que la deuxième personne du singulier ne prend jamais
de -s. 13

tchant-e candj-e net-eye fini met


tchant-ans candj-ans net-ians fini-xh-ans met-ans
tchant-ez candj-îz net-yîz fini-xh-oz met-oz

13. ALW II, 98 (« pesez-moi »), 99 (« abaissez »).


8.10. LE PARTICIPE PRÉSENT 175

Autres formes

Voir personnes équivalentes de l’indicatif présent.


Brab. : tchantans ! = tchantannes ! et candjannes, nètiannes, finichannes, mètannes. . .

Emploi
162. L’impératif peut être répété afin de marquer le caractère intense et répétitif de l’action :
– Avou leye, c’ est todi frote et frote ! (= elle n’arrête pas de nettoyer)

8.10 Le participe présent


Formes de référence
163. Il se marque par la finale -ant :

tchant-ant candj-ant net-iant fini-xh-ant met-ant

Emploi
164. a) Le gérondif se construit avec le participe présent précédé de e, a, tot, e tot ou tot
e:
– i racontéve çoula tot djipant (il racontait cela en riant)
Ex. lit. :
– CW : [One langue] C’è-st-on moyin d’ fé conèche sès-idéyes à d’s-ôtes è s’ sièr-
vant d’ mots ou d’ sines qui sont compris paus mimbes d’on groupe di djins (. . .)
(R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
Sous l’influence du français, on utilise aussi la forme an.
Tot peut s’élider en t’t, voire se réduire à t- (voir p. 209).
b) Le participe présent du verbe esse (estant parfois d’ estant) est utilisé au sens
« quand », « à l’époque où » :
– estant efant, dj’ aléve sovint al trake avou m’ pa (quand j’étais enfant, j’allais
souvent à la chasse avec mon père) ; dji l’ a veyou estant sol soû (je l’ai vu alors
que j’étais sur le seuil)

8.11 Le participe passé


Formes de référence
165. Masculin : les formes types du participe passé des verbes en -er et -(y)î sont en général
identiques (à l’oral) à celles de l’infinitif : seule une partie de l’OW distingue l’infinitif
en [e] et [i :] du participe passé en [E] et [i]. La désinence du participe passé en -ou (EW)
176 CHAPITRE 8. LES VERBES

est présentée ici comme forme type : elle est aujourd’hui beaucoup moins courante que
les formes en -u (CW, OW, SW) mais représente une évolution (ou plutôt une absence
d’évolution) originale et typique du wallon.
Pour la même raison, la forme -eye est présentée comme forme de référence pour le
participe passé féminin des verbes en -î. Comme c’est la forme masculine de Liège qui
est donnée comme forme type du masculin, c’est aussi la forme liégeoise -owe qui est
donnée comme forme type pour le féminin, quoiqu’elle soit moins courante que -uwe
et sa variante -euwe. 14

tchant-é / -eye candj-î / -eye net-yî / -ieye fini / -eye met-ou / -owe

Formes régionales

liég. nam. carol. bast.


tchanté, -êye tchanté, -éye tchantè, -éye tchanté
candjî, -èye candjî, -îye candji, -îye tchindji
nètî,-ièye nètyî, -îye nètyi, -yîye rovyi
fini, -èye fini, -îye fini, -îye fini
mètou, -owe mètu, -euwe mètu, -uwe mètou

Autres formes

Malm. p.p. inv. : candji, nètyi, mètou.


Condr. : candjî -îye ; nètî nètîye.
Hesb. : mètu -ûye.
Verv. : mètou -awe.
Brab. : tchanté -êye ; candji -îye ; nèti -îye ; fënë -îye ; mètë mètèwe ∼ mètoûwe.
Sud. nam : tchantè -éye ; candji -îye ; nètyi -yîye ; mètu -uwe
Centre : batu batûye [mète est irr.]
Chestr. : tchantè, candji ∼ -î, tchindjè ∼ -é.
Lesse : mètu -ûye.
Fam. : mètou -ouye.
Houffalize : mètoû.

8.12 Les temps composés


Construction
166. a) On les bâtit toujours avec l’auxiliaire aveur, awè (avoir) ou ses variantes (avu,
aveûr, oyu, etc. Voir p. 185) et le participe passé :
14. trouée »), 79 (« couchée »).
8.12. LES TEMPS COMPOSÉS 177

indicatif passé composé il a mindjî


indicatif plus-que-parfait il aveut mindjî
indicatif passé simple composé il ava mindjî
indicatif futur antérieur il årè mindjî
conditionnel passé composé il åreut mindjî
subjonctif passé composé k’ il åye mindjî
subjonctif plus-que-parfait k’ il åyaxhe mindjî

b) L’auxiliaire est toujours aveur (même dans les cas où, en français, on aurait l’auxi-
liaire être) :
– elle a toumé (elle est tombée) ; il aveut vnou (il était venu) ; il a morou dvant-ir
(il est mort avant-hier) ; dji m’ a bén plait (je me suis bien plu) ; ça s’ a csemé
(cela s’est répandu)
Ex. lit. :
– SW : Lès pus arèdjès s’ôrint ktwardu l’ rèslî si on l’s-éve vlu choûtè. (J. BILY,
Singuliers, 2/1998, p. 4)
– EW : Et come ine grande flouhe s’aveût rassonlé, èt qu’on-z-acoréve foû dès vèyes
vèrs lu, Jésus dèrit ’ne fåve. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 112)
– OW : (. . .) lès bièsses ont arivè come si èles sôrtént d’tère. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 9) - Gn’aveut ni scole ni Maîsse di scole quand il a v’nu su l’ Têre. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 12) - Çu qu’èst sûr èt cèrtin, c’èst qu’in bia djoû, l’ diâle, (. . .) s’a stî
racwètiyi dins lès couches dou peumî disfindu. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 17)
– A on momint, lès bâtimints di Nameur ont div’nu trop strwèts. (Chwès, Libramont,
p. 53)
Sous l’influence du français, il existe une tendance à remplacer l’auxiliaire aveur par
l’auxiliaire esse dans les cas où le français utilise l’auxiliaire être. Ces tournures sont
encore le plus souvent considérées comme fautives :
– dji m’ so bén plait (je me suis bien amusé) pour dji m’ a bén plait ; il est moirt
an 1950 (il est mort en 1950) pour il a morou e 1950
Ex. lit. :
– OW : Mam’zèle Chôse è-st-arivéye dimèrer roci, mon di s’ mononke, tout d’chûde
après qu’il a stî veuf. (H. VAN CUTSEM, Chôse, p. 11)
c) Une phrase utilisant un participe passé employé avec l’auxiliaire esse est pourtant
possible ; il s’agit toujours d’un verbe de mouvement ; la phrase dénote toujours le
résultat présent d’une action passée :
– il est tcheyou (il est par terre) et il a tcheyou (il est tombé) ; il a morou ayir (il
est mort hier) et il est moirt (je constate maintenant qu’il est mort) ; il est vnou
(le voilà) et il a vnou (il vint)
d) Le participe passé employé avec aveur est toujours invariable (alors qu’il s’accorde,
en français, avec le complément d’objet direct qui le précède) :
– les biokes ki dj’ a mougnî (les prunes que j’ai mangées) ; djels a veyou (je les ai
vues)
Ex. lit. :
– EW : L’istwêre, insi k’ Colas m’ l’a conté, vinrè, bâbe-a-bâbe, après lès présin-
tacions. (S. FONTAINE, Colas, p. 1) - C’èst-ine gråce qui l’ Signeûr m’a fait,
178 CHAPITRE 8. LES VERBES

li djoû wice qu’i m’a loukî po rafacer m’ honte avå lès omes. (J. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 81)
– OW : Simone, si djon.ne feume, èst téle qui l’ Bon Dieu l’a faît. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 56)

Emploi
167. a) Le conditionnel passé composé seul à une valeur d’irréel du présent :
– il åreut stî binåjhe, di vey çoula (il aurait été heureux de voir ça)
b) L’indicatif futur antérieur utilisé seul à une valeur d’hypothèse.
Ex. lit. :
– CW : On djoû, qu’i r’lèveut aus bricoles ou au bac à lumiére, il aurè soflè l’ gârde,
pwis èvôye aus cint diâles èt co pus lon. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 23). [Un
jour qu’il braconnait aux pièges ou au bac à lumière, il aura tué le garde-chasse et
puis, en route, au cent diables !]
– EW : Dju vou bin wadjî qu’ c’èst l’ grosse Fifine qu’årè fêt d’ sès-êrs. . . (A.
SOUGNEZ, Scrîre, p. 204) [Je veux bien parier que c’est la grosse Séraphine qui
aura fait de ses airs]

8.13 Les temps surcomposés


Construction
168. Les temps surcomposés sont construits avec un temps composé de l’auxiliaire aveur et
le participe passé :

indicatif passé surcomposé dj’ a-st avou tchanté


indicatif plus-que-parfait surcomposé dj’ aveu-st avou tchanté
indicatif passé simple surcomposé dj’ ava-st avou tchanté
indicatif futur antérieur surcomposé dj’ årè-st avou tchanté
conditionnel passé surcomposé dj’ åreu-st avou tchanté
subjonctif passé surcomposé ki dj’ åye avou tchanté
subjonctif plus-que-parfait surcomposé ki dj’ åyaxhe avou tchanté

Emploi
169. a) La valeur normale d’un temps surcomposé est de marquer une antériorité par rap-
port à un autre moment (voir La concordance des temps, p. 179). Ex. lit. :
– SW : Lès moncês qu’i gn-a d’ cès vîyès lètes, di cès vîs papîs, qu’on z-a brûlè
pa bans’léyes o corti dès Ma-tantes quand on z-a yu minè l’ dêrainne di zèles al
cimintiére ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 132)
– CW : Quand il a yeû scafyi si prumîre trintche, il a longtimps massyi èt r’massyi si
dérène goléye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17) - ç’a sti p’ôjë ’plus facile’ cand
on-n-a yë bouté one pompe dëssës l’ cëtèrne. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 45)
8.14. LA CONCORDANCE DES TEMPS 179

– OW : Mais, su no Boule, i gn’aveut nén co l’mitan d’faît ; ç’n’èsteut qu’in vrai


wachis’ (. . .). Ossi a-t-i bén râte yeû faît di r’mète l’afère en orde. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 8)
b) Le conditionnel passé surcomposé seul a une valeur d’irréel du passé.
Ex. lit. :
– OW : Quand Piêre ît djambot, i ll’ aureut ap’lè « Princèsse », i s’aureut yeû
d’mandè si c’ît ène imâdje tél’mint qu’èle ît bèle. . . (W. BAL, Fauves, p. 10-11)

8.14 La concordance des temps


En général, les règles sont beaucoup moins rigides qu’en français, du moins dans son
usage écrit littéraire.

Simultanéité et postériorité

170. Quand il y a simultanéité ou postériorité par rapport à la proposition principale, la


concordance des temps se fait comme suit :

indicatif futur subjonctif présent


i fårè k’ i vénxhe

Ex. lit. :
– OW : Nos vos donerans dès blancs-mouchîs / Pou qui l’ frèdeû n’ seûche vos picî.
(H. PETREZ, Fauves IV, p. 14-15)
– EW : Tos l’s ôtes si r’sètcherît-is èrî d’ vos, lu n’ vis lêrè nin là èt n’ pèrmètrè måy
qui vos pèrihéz’. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 80)

indicatif ou impératif présent subjonctif présent


i fåt k’ i vénxhe

Ex. lit. :
– SW : (. . .) èle s’arète, ritire li mètche avou one èpingue po qui l’ flame vaye pus
reû. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 31)
– EW : I n’ fåt nin qui cès bôrias-là gågnèche li guêre ! (R. PRIGNEAUX, Scrîre,
p. 185) - Rawårdez qu’ vosse papa seûye chal ! (MITTEI, Zanzan, p. 11) - I fåt
bin, vôye non vôye, qui vos qwitéz’ on djoû tot l’ monde. (J. BOSLY, Imitåcion,
p. 80)
– OW : Dji vous qu’fèye clér ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 7) - (. . .) dji n’ mèrite pus
qu’ vos m’ lomèche vo fi. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 63)
180 CHAPITRE 8. LES VERBES

indicatif passé subjonctif présent


subjonctif imparfait
(futur du passé)
(subjonctif plus-que-parfait)
i faleut k’ i vénxhe
k’ i vnaxhe

Ex. lit. avec subj. présent :


– SW : Seûl’mèt, come i falot biè qu’i mindjîche, i v’nît r’toûnè lès tchamps d’ cram-
bîres (. . .). (A.-M. MERTUS, Causans, p. 35) [la finale -iche est bien celle du
subjonctif présent en chestr., même si elle est identique à la finale du subjonctif
imparfait de référence] - Lès-Almands avint intèrdit k’ on nouricheûche lès pour-
cês avu dès trukes. (M. GEORGES, Singuliers 2/1998, p. 8).
– OW : (. . .) i faleut qui li d’bout d’vène ossi mince qui l’ mitan dèl couche (. . .). (L.
POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 51) - (. . .) alôrs, quand l’ bèrwète èsteut plin.ne, i
faleut qu’ dji l’ mwin.ne al pile, ô tch’mwin (. . .). (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988,
p. 45)
– EW : C’èst por vos, c’èst por nos qu’il a d’né s’ vîye : po qu’ vos n’ vikéche nin
èsclåves, po qu’ tot l’ monde pinse çou qu’i vout èt poleû dîre çou qu’i pinse. (R.
PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186)
– CW : I m’a falu bouchî lontimps à l’uche èt qu’dji lî dijîje bén wôt mi p’tit nom po
qu’èle mi d’ouvriche l’uch. (J. SCHOOVAERTS, Viker [Traduction d’un extrait
de San Antonio]).
Ex. lit. avec subj. imparfait :
– EW : Tot l’ monde rat’na si alône du hisse ku l’ flame dol èponje nu l’ mètahe è
feû. (J.-M. MASSET, Contes, p. 9) - (. . .) poqwè a-t-i falou qu’èle vèyasse vol’tî on
pôve pitit djouweû d’ vièrlète ? (J.-M. WARNIER, Scrîre, p. 227) - Ci fourit don
avou confiyince qu’i rawårda qui l’ôte riv’nasse a lu. (MITTEI, Zanzan, p. 6) - Et
i d’mandît (. . .) kimint qui [sic, = qu’i] voléve qu’on lès loumasse. (Dj. MIGNO-
LET, Evandjîles, p. 84) - Ariva co bin qu’deûs djins dè minme viyèdje dinahîse
deûs nos difèrints. (Djåzans, Osté 2000, p. 2)
– OW [dans la région de Charleroi, les formes du subjonctif imparfait tendent à se
substituer aux formes du subjonctif présent ; il est donc difficile ici de coller une
étiquette sur les temps utilisés] : (. . .) on monteut tèrtous li pus râde possibe pou
kèrdjî l’ tchôr pou qu’i ’nn’ alîche (. . .). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 48) -
C’ èst pou çoulà qu’Il a v’lu qu’tout fuche prèt’ pou quand l’ome î vêreut. (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 9) [cet auteur utilise seûye pour le subj. présent (voir ex. plus
bas) ; donc, ici, fuche est bien un subj. imparf.]
– CW : (. . .) on sèréve bén po qu’ ça n’ boudjëche ni. (J.-J. GAZIAUX, Lessive,
p. 36) - (. . .) faleûve qu’èle èstëche bén prôn pe, bén clére (. . .). (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 42) - (. . .) mins on l’a ètèré dë peû qu’èle n’èdjalëche ’on l’a enter-
rée de peur qu’elle ne gelât’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 44) - Èt l’ pârin aveut
r’montè sès pantalons po qu’on vèyuche bin sès clérès tchaussètes (. . .). (A. LA-
LOUX, Bêrt, p. 8) - Li 16 di jun, l’ « Comunauté dîye Francèse » a adjincené
on raploû au Tèyâte di Nameur po d’mander qui Gouvêrnèmint Bèlje vôtiche li
8.14. LA CONCORDANCE DES TEMPS 181

« Charte des langues régionales endogènes ». (R. VIROUX, Novèles, 46/2000,


p. 18)
Ex. lit. avec subj. plus-que-parfait :
– EW : Li mêsse ènnè riv’néve nin. I lî d’na on bon pwint, li prumî qu’ Zanzan eûrih
måy gangnî ! (MITTEI, Zanzan, p. 12)
On peut aussi utiliser le conditionnel là où le français utiliserait un subjonctif. Ex. lit. :
– SW : (. . .) il avot peû qu’ sès bièsses, qu’i vèyot si voltî, n’ sèrint k’tchèsséyes èt
qui s’ ramplaçant sèrot trop dèr avou zèles. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 117)

conditionnel présent conditionnel présent


subjonctif imparfait
subjonctif présent
i fåreut k’ i vénxhe
k’ i vnaxhe
k’ i vénreut

Ex. lit. avec subj. présent :


– EW : (. . .) vos rèscontrez ’ne saquî èt s’ fåreût-i co qu’ vos sèpése çou qu’èlle èst.
(J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - Quî vôrîz-v’ qui ç’ seûye ? (J. WARNIER, Scrîre,
p. 226)
– CW : Quand i ’nn’ îrè avou lès cis di s’t-âdje, vos n’ vôrîz nin qu’i seûye mwins’
qui l’s-ôtes, dandjereû. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 29) - Qu’aurîz co v’lu qu’il
eûche, don, l’ vî Miyin ! (R. CLINIAS, Scrîre, p. 47)
Ex. lit. avec subj. imparfait :
– EW : Noulu n’ li aveût jamês apris à prinde lu vèye téle qu’èle èst èt nin téle qu’on
vôreut qu’èle fouhe. (J.-M. MASSET, Contes, p. 13) - (. . .) i sèreût foû timps qu’i
’nnè ralasse ad’lé l’s-ôtes. (J. WARNIER, Scrîre, p. 226)
Ex. lit. avec cond. présent :
– SW : Qué guignon ! Dji vôro qui l’ diâle vêrot quêre leûs patrimwinnes dol Mi-
nîre !. . . (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 29)
– EW : I dit sovint çou qu’ i n’ divreût nin dîre èt roûvèye çou qu’ ci sèreût bråmint
mîs qu’ i fereût. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 73)
– OW : Non fé, djè voûreu qu’ vos m’ don’rîz n’ saqwè (. . .) (Ch. TOMBEUR,
Ch’napans, p. 25)

conditionnel passé subjonctif présent


conditionnel passé
i fåreut k’ i vénxhe
k’ i vnaxhe
k’ il åreut vnou
182 CHAPITRE 8. LES VERBES

Antériorité

171. Quand il y a antériorité par rapport à la proposition principale, la concordance des


temps se fait comme suit :

indicatif futur subjonctif passé composé


i fårè k’ il åye vinou

indicatif présent subjonctif passé composé


i fåt k’ il åye vinou

indicatif passé subjonctif passé composé


subjonctif présent
subjonctif plus-que-parfait
i fåleut k’ il åye vinou
k’ il åyaxhe vinou

Ex. lit. avec subj. plus-que-parfait :


– CW : I n’ faléve ni qu’ lès vatches avëchin’ sëti ’eussent été’ d’dins yut’ djous
d’vant, par ègzimpe ! (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 80)
– EW : Mins si rate qui Babèt’ eûrit oyou l’ salutåçion d’ Marèye, l’èfant qu’èle
pwèrtéve fruziha d’vins lèye (. . .). (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 82)
Cas particulier d’une subordonnée d’hypothèse au conditionnel marquant une antério-
rité par rapport à un moment passé :
– CW : Après mèsse oudôbin après non.ne, ils ènn’alint avou leûs parints èmon
leûs grands-parints (. . .), pou-z-î lîre leûs complumints, à mwins qu’i lès aurint
yeû èvoyi pa l’ posse. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 44)
Ex. lit. avec subj. prés. :
– OW : Divant qu’i gn’eûche ène saqwè, li bon Dieu èsteut tout mér seû. (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 7)

conditionnel présent conditionnel passé composé


subjonctif passé composé
subjonctif imparfait
i fåreut k’ il åreut vnou
k’ il åye vinou
k’ il åyaxhe vinou
8.15. L’ASPECT (LOCUTIONS VERBALES) 183

conditionnel passé conditionnel passé surcomposé


subjonctif passé (sur)composé
subjonctif plus-que-parfait
il åreut falou k’ il åreut-st avu vnou
k’ il åye vinou
k’ il åye avou vnou
k’ il åyaxhe vinou

Ex. lit. avec subj. passé composé :


– EW : Il åreût cint fèyes mîs valou por mi qui l’ mêsse m’åye pèté so m’ cou tot
nou. (MITTEI, Zanzan, p. 4).

8.15 L’aspect (locutions verbales)


Duratif (être en train de)
172. L’action en cours peut s’exprimer par esse ki + verbe conjugué ou esse a + infinitif :
– il esteut k’ i tuzéve (il était en train de réfléchir) ; elle est tofer k’ ele tchante
(elle est tout le temps en train de chanter) ; il esteut a tuzer (il était en train de
réfléchir)
Le verbe de la subordonnée peut s’accorder avec le sujet répété de la proposition princi-
pale (il s’agit alors d’une proposition circonstancielle), mais il peut aussi rester invaria-
blement à la troisième personne du singulier (il s’agit alors d’une proposition relative) :
– nos estans todi ki rôle avå les tchamps ; nos estans todi k’ nos rôlans avå les
tchamps (nous sommes sans cesse en train d’errer dans la campagne)
On utilise aussi très largement l’expression esse e trin di / do (ou a trin, SW ; an trin) :
– nos estans todi e trin do rôler avå les tchamps
Ex. lit. :
– SW : Ké plêji po on-afant dè vèy (. . .) dès biches ki sant a trin d’ mougnè lès
salâdes do courti, jusse conte la mâjon ! (M. GEORGES, Singuliers 2/1998, p. 8).
– EW : (. . .) l’intèrèt po lès lingadjes come lès nosses è-st-an trin dè crèhe (. . .)
(Djåzans, Osté 2000, p. 8)

Inchoatif (commencer à)
173. – elle apougne a-z ovrer (elle commence à travailler) ; il atake a ploure (il com-
mence à pleuvoir) ; i s’ a peté a tchoûler (il s’est mis à pleurer) ; i s’ a metou a
boerler (il s’est mis à hurler) ; i cmince a danser (il commence à danser), etc.

Changement d’état
174. Le wallon peut exprimer le changement d’état d’une personne en utilisant avec un pro-
nom réfléchi un verbe normalement non réfléchi ; ce verbe est suivi d’un complément
d’objet ou d’un adverbe (ou adjectif utilisé comme adverbe) :
184 CHAPITRE 8. LES VERBES

– si cori les djambes foû do cou (courir à toutes jambes, lit. se courir les jambes
hors du derrière) ; s’ ovrer moirt (se tuer à l’ouvrage, lit. se travailler mort) ; dji
m’ a corou moirt après lu (je me suis épuisé à le poursuivre, lit. je me suis couru
mort après lui) ; i s’ a foumyî evoye (il s’est tué en fumant, lit. il s’est fumé parti) ;
i n’ si fåt nén studyî malåde (il ne faut pas se rendre malade à force d’étudier, lit.
il ne faut pas s’étudier malade)
Ex. lit. :
– EW : Li coquemâre si sofeule mwète po l’ bûze. . . (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)

Passé récent
175. Le passé récent s’exprime par vini di / do (∼ dè, du) :
– i vént di passer (il vient de passer) ; i vént do passer

Futur proche
176. a) Le futur proche s’exprime par les verbes aler :
– dj’ alans nd aler (nous allons partir)
b) Il peut s’exprimer par le verbe voleur (fait incertain) :
– i vout ploure (on dirait qu’il va pleuvoir, le temps est à la pluie)
c) Il peut s’exprimer par les locutions esse po, esse sol pî di, esse sol pont di (être sur
le point de) :
– nos estins po pårti (nous étions sur le point de partir) ; vos estoz sol pî d’ evoler
(vous êtes sur le point de vous envoler)
– Ex. lit. EW : Mins on centurion aveût on chèrviteûr malåde qu’èsteût so l’ pont
dè mori (. . .). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 107)

8.16 La voix passive


Auxiliaire
177. La voix passive se forme avec l’auxiliaire esse :
– dj’ a veyou (j’ai vu) → dj’ a stî veyou (j’ai été vu) ; elle åreut-st avou tchanté
(elle eut chanté) → elle åreut-st avou stî tchanteye (elle eut été chantée) ; ele
dirè (elle dira) → ele serè dite (elle sera dite)

Complément d’agent
178. Le complément d’agent est introduit par di ou pa (∼ liég. : par) (ou leurs allomorphes
pal, på, påzès et do, des) :
– dj’ a stî veyou pa les ∼ pås ∼ påzès ∼ des djindåres (j’ai été vu par les gen-
darmes) ; elle åreut-st avou stî tchanteye des cmeres (elle eut été chantée par les
femmes) ; ele serè dite di nosse man (elle sera dite par ma mère)
8.17. AVEUR 185

Ex. lit. de complément d’agent introduit par pa :


– CW : Li bârdaquin èst pwartè pa quate omes. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 30) -
(. . .) li feu èst comandè pau ci qu’è-st-à l’oneûr. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 35)
- [One langue] C’è-st-on moyin d’ fé conèche sès-idéyes à d’s-ôtes è s’ sièrvant
d’ mots ou d’ sines qui sont compris paus mimbes d’on groupe di djins (. . .) (R.
VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
– EW : Turtos sont so-l’minme pîd po d’vant li lwè èt turtos ont dreût d’èsse protéjés
dè-l’ minme manîre pa li lwè. (Dèclaråcion 2, art. 7)
Ex. lit. de complément d’agent introduit par di :
– EW : Å sîhin-me meûs, l’andje Gabriyèl fourit èvoyèye dè bon Diu èn’ ine vèye dè
l’ Galilêye loumêye Nazaret’ (. . .). (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 81)

Accord
179. Le participe passé employé avec esse s’accorde avec le sujet :
– ele serè co seur disputeye di s’ mame (elle sera sûrement encore engueulée par
sa mère)

Un emploi particulier
180. A remarquer, cette construction passive (entre parenthèses) dont je n’ai trouvé qu’un
seul exemple :
– Ex. lit. CW : On nos-a mostré ’montré’ (ou n’avans sti mostréyes) comint ç’ quë
nos d’vin’ fé po lâver. (GAZIAUX, Lessive, p. 6).

8.17 Aveur
Formes de référence
181. Formes les plus courantes : 15

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dj’ a dj’ årè dj’ aveu dj’ ava
t’ as t’ årès t’ aveus t’ avas
il a il årè il aveut il ava
nos avans nos årans nos avéns nos avîs
vos avoz vos åroz vos avîz vos avîz
il ont il åront il avént il avît

15. ALW II, 82 (« avoir »), 83 (« eu »), 92 (« j’ai »), 95 (« nous avons »), 102 (« vous avez »), 107 (« vous
aurez »), 113 (« j’aurais »), 120 (« que j’aie »).
186 CHAPITRE 8. LES VERBES

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dj’ åye dj’ avaxhe dj’ åreu
t’ åyes t’ avaxhes t’ åreus
il åye il avaxhe il åreut
nos åyanxhe nos avénxhe nos åréns
vos åyoxhe vos avîxhe vos årîz
il åyexhe il avénxhe il årént

Impératif Participe passé Participe présent


åye avou avant
åyans
åyoz

Liég. : aveûr ∼ avu

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dj’ a dj’ årè dj’ aveû dj’ ava
t’ as t’ årès t’ aveûs t’ avas
il a il årè il aveût il ava
nos-avans nos-årans nos-avîs nos-avîs
vos-avez vos-årez vos-avîz vos-avîz
il ont il åront il avît il avît

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dj’ åye dj’ avasse dj’ åreû
t’ åyes t’ avasses t’ åreûs
il åye il avasse il åreût
nos-åyanse nos-avahîse nos-årîs
vos-åyîse vos-avahîse vos-årîz
il åyèsse il avahîse il årît

Impératif Participe passé Participe présent


åye avou avant
åyans ∼ åyans’
åyez ∼ åyéz’

Variantes en EW

Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Liég. subj. imp. En plus des formes ci-dessus : dj’ avahe, etc. ou dj’ eûrihe, etc. ou
dj’ eûhe, etc.
8.17. AVEUR 187

- Inf. : aveûr (verv., malm.)


- Ind. pr. : vos-av (condr., malm., Ardenne)
- Part. pas. : awou (hesb.), yu (condr.), oyou (verv.)

Nam. : awè

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dj’ a dj’ aurè dj’ aveûve
t’ as t’ aurès t’ aveûves
il a il aurè il aveûve
nos-avans nos-aurans nos-avinne
vos-avoz vos-auroz vos-avîz
il ont il auront il avinne

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dj’ eûche dj’ eûchîche dj’ aureûve
t’ eûches t’ eûchîches t’ aureûves
il eûche il eûchîche il aureûve
nos-eûchanche nos-eûchinche nos-aurinne
vos-eûchoche vos-eûchîche vos-aurîz
il eûchnuche il eûchinche il aurinne

Impératifs Participe passé Participe présent


eûche eûchant yeû
eûchans
eûchoche

Variantes en CW

Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : oyu, oyë, yë (brab.)
Ind. imp. : dj’ avo ou dj’ aveû (brab.)
Cond. pr. : dj’ aro ou dj’ areû (brab.)
Subj. pr. : dj’ eûye (nam.)
Part. pas. : oyu (brab.)
188 CHAPITRE 8. LES VERBES

Carol. : awè

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dj’ é dj’ auré dj’ aveu
t’ as t’ auras t’ aveus
il a il aura il aveut
nos-avons nos-aurons nos-avins
vos-avèz vos-aurèz vos-avîz
il ont il auront il avint

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dj’ eûche dj’ aureu
t’ eûches t’ aureus
il eûche il aureut
nos-eûchonche nos-aurins
vos-eûchèche vos-aurîz
il eûchneuche il aurint

Impératif Participe passé Participe présent


uchant yeû

Variantes en OW

Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : avwêr (niv.) ou avoû (Centre)
Ind. fut. : dj’ âré, t’ âras, il âra, etc. (Genappe)
Cond. pr. : dj’ âreu, t’ âreus, il âreut, nos âreune, vos ârîz, is âreune (Genappe)
Subj. pr. : dj’ eûsse (Centre)
Imp. pr. : eûche, eûchons, eûchîz (niv.)

Bast. : avèr

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dj’ ê dj’ ârê dj’ avo
t’ ès t’ ârès t’ avos
il è il ârè il avot
dj’ ons dj’ ârans dj’ avins
vos-avoz vos-âroz vos-avîz
il ont il ârant il avint
8.18. ESSE 189

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


qui dj’ aye dj’ avuche dj’ âro
t’ ayes t’ avuches t’ âros
il aye il avuche il ârot
dj’ avinche dj’ avinche nos-ârins
vos-avîche vos-avîche vos-ârîz
il avinche il avinche il ârint

Impératif Participe passé Participe présent


aye avou
ayans
ayoz

Variantes en SW

Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : awèr (Lesse), avwâr (chestr.)
Ind. pr. : dj’ ans [= nos avans] (Lesse, chestr.), vos av (fam.), vos ôz (chestr., Lesse), il
ant (chestr.)
Ind. imp. : dj’ éve, t’ éves, il éve (fam.)
Subj. pr. : dj’ ûche, dj’ oyinche, vos-oyîche, il oyinche (Lesse) ; dj’ avîche ou dj’ aveûche
(chestr.)
Part. pas. : yu (fam.), oyu (chestr.)

8.18 Esse
Formes de référence
182. Formes les plus fréquentes : 16

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dji so dji serè dj’ esteu dj’ esta
t’ es ti serès t’ esteus t’ estas
il est i serè il esteut il esta
nos estans nos serans nos esténs nos estîs
vos estoz vos seroz vos estîz vos estîz
i sont i seront il estént il estît

16. ALW II, 84 (« être »), 85 (« été »), 93 (« je suis »), 96 (« nous sommes »), 103 (« vous êtes »), 106 (« il
sera »), 109 (« j’étais »), 121 (« qu’il soit »), 122 (« qu’il fût »).
190 CHAPITRE 8. LES VERBES

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dji soeye dji fouxhe dji sereû
ti soeyes ti fouxhes ti sereus
i soeye i fouxhe i sereut
nos soeyanxhe nos fouxhénxhe nos seréns
vos soeyoxhe vos fouxhîxhe vos serîz
i soeyexhe i fouxhénxhe i serént

Impératif Participe passé Participe présent


soeye s(i)tî estant
soeyans
soeyoz

Autres types pour l’indicatif imparfait


– dj’ î, t’ îs, il ît (E.S.M.)
– dj’ êre, t’ êres, il êre, dj’ êrins, vos êrîz, il êrint (Lesse, chestr.)

Liég. : èsse

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dji so dji sèrè dj’ èsteû dj’ èsta
t’ ès ti sèrès t’ èsteûs t’ èstas
il èst i sèrè il èsteût il èsta
nos-èstans nos sèrans nos-èstîs nos-èstîs
vos-èstez vos sèrez vos-èstîz vos-èstîz
i sont i sèront il èstît il èstît

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dji seûye dj’ èstasse dji sèreû
ti seûyes t’ èstasses ti sèreûs
i seûye il èstasse i sèreût
nos sèyanse nos-èstahîse nos sèrîs
vos sèyîse vos-èstahîse vos sèrîz
i sèyèsse il èstahîse i sèrît

Impératif Participe passé Participe présent


seûye s(i)tu èstant
sèyans ∼ sèyans’
sèyez ∼ sèyez’ ∼ sèyîz
8.18. ESSE 191

Variantes en EW

Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Ind. passé simple : dji fou, ti fous, i fout ou dji fouri, ti fouris, i fourit.
Subj. imp. : dji fouh ou dji fourih ou dj’ èstahe ou dji sèyasse.
Part. pas. : s(i)tou (condr.), s(u)tou (malm.).

Nam. : yèsse

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dji so dji sèrè dj’ èsteûve
t’ ès ti sèrès t’ èsteûves
il èst i sèrè il èsteûve
nos-èstans nos sèrans nos-èstinne
vos-èstoz vos sèroz vos-èstîz
i sont i sèront il èstinne

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dji seûye dji fuche dji sèreûve
ti seûyes ti fuches ti sèreûves
i seûye i fuche i sèreûve
nos seûyanche nos fuchinche nos sèrinne
vos seûyoche vos fuchoche vos sèrîz
i seûynuche i fuchinche i sèrinne

Impératif Participe passé Participe présent


seûye s(i)tî èstant
seûyans
seûyoz

Variantes en CW

Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : oyu, oyë
Ind. imp. : dj’èsto ou dj’èsteû (brab.)
Subj. imp. : dj’èstëche (brab.)
Part. pas. : s(ë)ti (brab.)
192 CHAPITRE 8. LES VERBES

Carol. : yèsse

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dji su dji sré dj’ èsteu
t’ ès ti sras t’ èsteus
il èst i sra il èsteut
nos-èstons nos srons nos-èstîs
vos-èstèz vos srèz vos-èstîz
i sont i sront il èstît

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dji fuche dji sreu
ti fuches ti sreus
i fuche i sreut
nos fuchîche nos srîs
vos fuchîche vos srîz
i fuchîche i srît

Impératif Participe passé Participe présent


(è)stî èstant

Variantes en OW

Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Ind. pr. : djè sû, djè seû (ESM) ; nos-astons (partout)
Ind. imp. : nos astine. . . ou nos stine, vos stîz, i stine (niv.) ; nos asteune, vos astîz, is
asteune (Genappe)
Ind. fut. : djè s(â)ré ou djè sèré, etc.
Cond. : djè sèreu, etc.
Subj. imp. : dji seûche (niv.)
Imp. pr. : seûche ou fuche (niv.)
Part. pas. : sté (Centre, niv.)
8.19. LES VERBES RÉGULIÈREMENT IRRÉGULIERS 193

Bast. : sèye

Indicatif présent Indicatif futur Indicatif imparfait Indicatif passé


dju sû dju s(è)rê dj’ asto
t’ ès tu s(è)rès t’ astos
il èst i s(è)rè il astot
dju sons dju s(è)rans dj’ astins
vos-astoz vos s(è)roz vos-astîz
i sont i s(è)rant il astint

Subjonctif présent Subjonctif imparfait Conditionnel présent


dju sèye dj’ astuche dju s(è)ro
tu sèyes t’ astuches tu s(è)ros
i sèye il astuche i s(è)rot
dj’ astinche dj’ astinche dju s(è)rins
vos-astîche vos-astîche vos s(è)rîz
il astinche il astinche i s(è)rint

Impératif Participe passé Participe présent


sèye ∼ astuche s(u)tî èstant
astinche
astîche

Variantes en SW

Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).
Inf. : yèsse
Ind. pr. : dju si (Lesse) ; dj’ astans (Lesse) ou dju sans (Lesse, chestr.) ; i sant (chestr.)
Subj. pr. : dju soye ; dju soyinche (Lesse, fam.) ou dju seûche ( ?)
Part. pr. : s(u)tu (chestr.)

8.19 Les verbes régulièrement irréguliers


Verbes dont le radical se termine par deux consonnes
183. Les verbes dont le radical se termine par deux consonnes au moins (ex. : mostr-
er, shofl-er, tcherdj-î, doirm-i, intr-er, etc.) sont régulièrement irréguliers. 17 À tous
les temps et à toutes les personnes marqués par une finale « zéro » (souvent indi-
quée par un -e dans l’écriture), ces formes se termineraient par deux consonnes (dji
17. ALW II, 87 (« il enfle »), 88 (« montre »), 89 (« prête-moi »).
194 CHAPITRE 8. LES VERBES

˚mostre, dji ˚shofle, dji ˚tcherdje, dji ˚doirme, dj’ ˚intre, etc.), ce qui n’est pas permis
par la phonologie de la langue. Les temps concernés sont l’indicatif présent singulier, le
subjonctif présent singulier, l’impératif présent singulier, l’indicatif futur et le conditionnel présent.
Trois solutions existent alors :
– L’insertion d’une voyelle épenthétique entre les deux consonnes finales (le plus
souvent e) ;
– Le remplacement de la terminaison « zéro » par une terminaison réelle (le plus
souvent -êye ou -eye) ;
– La simplification du groupe consonantique final (chute d’une des deux consonnes).

Insertion d’une voyelle épenthétique

Les verbes dont le radical se termine par consonne + -rer, -ler ou -ner intercalent une
voyelle épenthétique è (nam. et liég. devant l), eû (liég. devant r), eu (verv. devant l), i
(bast., dans certains verbes) ou u (SW) entre les deux consonnes. La forme de référénce
est e dans tous les cas :
– mostrer (montrer) : dji mostere ( ∼ dji mostère, -ure, -eûre), dji mosterrè, dji
mosterreu, ki dji mostere, mostere ! ; shofler (souffler) : dji shofele, dji sho-
felrè, dji shofelreu, ki dji shofele, shofele ! ; cûtner (cuisiner) : dji cûtene, dji
cûtenrè, dji cûtenreu, ki dji cûtene, cûtene !
Mais aux personnes et aux temps non cités ci-dessus, les formes sont régulières :
– nos mostrans, dji mostréve, dji mostra, ki nos mostranxhe, mostrans. . . ; nos
shoflans, dji shofléve, dji shofla, ki dji shoflaxhe, shoflans, shoflé. . .

Utilisation d’une finale « non zéro »

Les verbes en consonne + -ter, -ler, -ner, -der, -ker changent leur finale -e (muette) en
-êye [prononciation : éye, êye, èye] :
– disfoyter (effeuiller) : dji disfoytêye, nos disfoytans, dji disfoytêyrè, nos disfoy-
têyrans, dji disfoytêyreu, nos disfoytêyréns, ki dji disfoytêye, ki nos disfoytan-
xhe, disfoytêye lu
C’est également le cas, entre autres, pour les verbes : djonnler (mettre bas), abwesner
(formatter), abotner (boutonner), brozder (broder), werker (trimer). . .
Remarque : en EW, de nombreux verbes réguliers des deux premiers groupes peuvent
prendre une finale -êye, comme s’ils étaient irréguliers : barloker (osciller) :
– barloker (pendiller ; vaciller) → dji barloke ou dji barlokêye ; ecoraedjî (encou-
rager) → dj’ ecoraedje ou dj’ècorèdjêye

Simplification du groupe consonantique final

Les verbes en -rter, -rner, -rder ou -rb- perdent leur r :


– dispierter (réveiller) : dji dispiete, dji dispietrè, ki ti dispietes. . . ; wårder (gar-
der) : dji wåde, ele wådrè, nos wådréns. . . ; apoirter (apporter) : dj’ apoite, elle
apoitreut, apoite mel. . . ; tourner (tourner) : dji toûne, nos toûnrans.
8.20. QUELQUES VERBES IRRÉGULIERS 195

C’est le cas aussi, entre autres, pour les verbes : spårgnî (épargner), tårdjî (tarder),
tcherdjî (charger), sôrti (sortir), doirmi (dormir), siervi (servir), poirter (porter), a-
coirder (accorder), coster (coûter), xhorbi (∼ horbi ∼ choûrbu) (frotter ; dji xhoûbe). . .
Les verbes en -ster perdent leur t :
– coster → ça cosse ; egzister → dj’ egzisse.

Remarques

a) Certains rares verbes de ce type sont réguliers dans certaines régions :


bast. : bôrner → i bôrne.
Centre : warder → du warde.
Certains suivent les règles ci-dessus mais peuvent être réguliers dans certains contextes
phoniques :
– bast. : infèster → il infèsse mais qqf. infèste devant voy.
b) De très nombreux verbes peuvent connaître deux voire trois formes, soit dans la
même région, soit dans des régions différentes :
– pårler (parler) : dji påle, dji pårlêye, dji parole ; mostrer (montrer) : dji mostere
(∼ mosteûre, mosture) ou dji mosse ; intrer (entrer) : dj’ intere (∼ inteûre, inture)
ou dj’ inte ; rescontrer (rencontrer) : dji rescontere ou dji resconte ; cûtner
(mijoter) : ele cûtnêye ou ele cûtene ; canlter (bavarder) : i canltêye ou i canlete ;
dispierter (réveiller) : dji dispiete ou dji dispiertêye ; coster (coûter) : ça cosse
ou ça costêye ; fiester (fêter) : dji fiesse ou dji fiestêye ; wårder (garder) : dji
wåde ou dji wårdêye ; aprester (apprêter) : dj’ apresse ou dj’ aprestêye ; risker
(risquer) : dji risse ou dji riskêye ; ovrer (travailler) : dj’ overe (∼ oûveure ∼
ovère) ou dj’ ovrêye ; egzister (exister) : dj’ egzistêye ou dj’ egzisse ; pruster
(prêter) : dji prustêye ou dji prusse ; etc.
Il semblerait que la solution « simplification du groupe consonantique final » (ça cosse,
dji dispiete, dj’ egzisse) soit plutôt favorisée en OW alors que les autres régions privi-
légieraient plutôt l’utilisation d’une terminaison réelle -êye (ça costêye, dj’ egzistêye).

8.20 Quelques verbes irréguliers


184. Tous les verbes irréguliers ne sont pas cités dans cette section et il est plus que probable
que toutes les variantes dialectales ne sont pas citées ou, quand elles le sont, ne sont
pas localisées avec précision.
La liste qui suit est donc donnée à titre indicatif ; elle présente quelques types courants
d’irrégularités sans souci d’exhaustivité.
Seules les variantes affectant le radical sont citées ; pour les variantes concernant la
terminaison, voir la conjugaison régulière (p. 159).

aler (aller)

Formes de réf. : aler : dji va, nos alans, i vont ; dj’ a stî ; dj’ irè ; ki dji våye.
196 CHAPITRE 8. LES VERBES

Liég. aler : dji va, nos-alans, i vont, dj’ a stu. Fut. simple : dj’ îrè. Subj. pr. : dji våye.
Nam. aler : dji va, nos-alans, i vont, dj’ a stî. Fut. simple : dj’ îrè. Subj. pr. : dji vaye.
Bast. aler : dju va, dju vons, vos-aloz, i vont ; dj’ ê stî. Fut. simple : dj’ îrê. Subj. pr. :
dju vache.
Carol. daler : dji va, nos dalons, dj’ é stî. Fut. simple : djè dîré. Subj. pr. : dji voye.
Le participe du verbe aler est, partout en Wallonie, identique à celui du verbe esse.
Autres variantes :
– Inf. : naler (chestr.), laler (chestr.)

ashir (asseoir)

Ce verbe a une bouble conjugaison. Formes de réf. (1ere forme) : dj’ ashî, nos ashi-
dans ; dj’ a-st ashid ; dj’ ashirè ; ki dj’ ashide. Formes de réf. (2e forme) : dj’ ashî,
nos ashians ; dj’ a-st ashiou ; dj’ ashirè ; ki dj’ ashîxhe.
Bast. : dj’ assî, i s’ assiant, assî. Fut. simple : i s’ assîrè. Subj. pr. : dj’ assîche.
Principales variantes : achîr (sporadiquement, dans tous les dialectes) ; liég. : part. pas.
assiou

boere (boire)

Formes de réf. : dji boe, nos boevans, dj’ a boevou ; dji boerè ; ki dji boeve.
Liég. beûre : i beût, i buvèt ; il a bu. Fut. simple : i beûrè. Subj. prés. : i beûse.
Nam. bwêre : i bwèt, i bwèvnut ; il a bwèvu. Fut. simple : i bwèrè. Subj. prés. : i bwève.
Bast. bware : i bwat, i bovant ; il è bovou. Fut. simple : i bwârè. Subj. pr. : i bwave.
Carol. bwêre : dji bwè, i bwèvneut ; il a bu.

croere (croire)

Formes de réf. : dji croe, nos croeyans ; dj’ a croeyou ; dji croerè. ki dji croeye.
Liég. creûre : dji creû, i crèyèt, il ont crèyou ∼ creû. Fut. simple : i creûrè. Subj. prés. :
i creûse.
Nam. crwêre : i crwèt, i crwèynut, il a crwèyu. Fut. simple : i crwèrè. Subj. prés. : i
crwèye.
Bast. crère : i crèt, i crèyant, il è crèyou. Fut. simple : i crèyrè. Subj. prés. : i crèye -
fam. : dj’a creû.
Carol. - niv. : cwêre, djè cwè, nos cwèyans, dj’a creû

cweri (chercher)

Formes de réf. : dji cwir, nos cwerans ; dj’ a cwerou ; i cwirrè ; ki dji cwire.
Liég. cwèri : i cwîrt, i cwèrèt, il a cwèrou. Fut. simple : i cwîrrè. Subj. prés. : i cwîre.
Bast. : kèri ∼ kî : i kîrt, i kèrant, il è kèri. Fut. simple : i kîrrè. Subj. prés. : i kîre.
Principales variantes :
8.20. QUELQUES VERBES IRRÉGULIERS 197

– Inf. cwèru (SW), cwêre, cwê (CW, SW), ké (OW), kére, kèru (Lesse)
– En CW et OW, ne s’utilise qu’à l’infinitif et avec aler : dji m’ va cwêre ène saqwè.

d(i)ner (donner)

Formes de réf. : dji dene, nos d(i)nans ; dj’ a d(i)né ; dji dinrè ; ki dji dene.
Liég. : d(i)ner : i dine, i d(i)nèt, il ont d(i)né. Fut. simple : dji donrè. Subj. prés. : i dine.
Nam. : d(o)ner : i done, i don’nut, il ont d(o)né. Fut. simple : i dôrè. Subj. prés. : i
done.
Bast. d(è)ner : i dène, i d(è)nant, il è d(è)né. Fut. simple : i dèn’rè ∼ dinrè. Subj. prés. :
i dène.
Carol. : d(o)ner : i done, i don’neut, il ont d(o)nè. Fut. simple : i dôrè. Subj. prés. : i
done.

dire (dire)

Formes de réf. : dji di, nos dijhans ; dj’ a dit ; dji dirè ; ki dji dijhe.
Liég. dîre : i dit, i dhèt, il ont dit. Fut. simple : i dîrè. Subj. prés. : i dèye.
Nam. : dîre : i dit, nos djans (le plus souvent écrit nos d’djans), i dîjnut, il ont dit. Fut.
simple : i dîrè. Subj. prés. : i dîye.
Bast. : dîre : i dit, i d(i)jant, il è dit. Fut. simple : i dîrè. Subj. prés. : i dîche.
Carol. : dîre : i dit, nos djons (le plus souvent écrit nos d’djons), i dîjneut, il ont dit.
Fut. simple : i dîra. Subj. prés. : i dîye.
Principales variantes :
– Ind. pas. : i d(i)ha ou i dèrit
– niv. : djè di, nos dizons, dj’ a dit ; què djè disse, què nos dizonche

d(i)veur (devoir)

Formes de réf. : dji doe, nos d(i)vans ; dj’ a d(i)vou ; dji d(u)vrè ; ki dj’ doeve ou
duxhe
Liég. d(i)veûr : i deût, i d(i)vèt, il ont d(i)vou. Fut. simple : i deûrè ; Subj. prés. : dji
deûse ( ?).
Nam. d(i)vu : i dwèt, i dwèvnut, il ont d(i)vu. Fut. simple : i duvront. Subj. prés. : dji
dwève.
Bast. : i dèt, i d(u)vant, il è d(u)vou. Fut. simple : i deûrè. Subj. prés. : i d(u)vuche.
Carol. : d(i)vu : i dwèt, i dwèvneut, il ont d(i)vu. Fut. simple : i duvront. Subj. prés. : ?
Principales variantes :
– Lesse : dju do, nos d(u)vans, dj’ê d(u)vu. Subj. pr. : ku dju duche
198 CHAPITRE 8. LES VERBES

doirmi (dormir)

Formes de réf. : dji doime, nos doirmans ; dj’ a doirmou ; dji doimrè ; ki dji doime.
Liég. dwèrmi : i dwème, i dwèrmèt, il ont dwèrmou. Fut. simple : i dwèmrè. Subj. prés. :
i dwème.
Nam. : dwârmu : i dwâme, i dwâm’nut, il ont dwârmu. Fut. simple : i dwâmrè. Subj.
prés. : i dwâme.
Bast. : dwarmi : i dwame (arch.) ∼ i dwart, i dwarmant, il è dwarmi ∼ dwarmou. Fut.
simple : i dwamrè. Subj. prés. : i dwame.
Carol. : dôrmi : i dôrt, i dôm’neut, il ont dôrmi. Fut. simple : . Subj. prés. : ?
Principales variantes - Inf. : dârmu (CW).

faleur (falloir)

Formes de réf. : i fåt ; il a falou ; i fårè ; k’ i fåye.


Liég. faleûr : i fåt, il a falou. Fut. simple : i fårè. Subj. prés. : ?
Nam. falu : i faut, il a falu. Fut. simple : i faurè. Subj. prés. : ?
Bast. falèr : i fât, il è falou. Fut. simple : i fârè. Subj. prés. : i faluche.
Carol. falu : i faut, il a falu. Fut. simple : i faurè. Subj. prés. : ?
Principales variantes : - brab. : falë.

fé (faire)

Formes de réf. : dji fwai, nos f(i)jhans ; il ont fwait ; dji frè ; ki dji fwaixhe.
Liég. fé : i fêt, i fèt, il a fêt. Fut. simple : i frè. Subj. prés. : i fêsse.
Nam. fé : i fêt, nos fians, i fêynut, il a fêt. Fut. simple : i frè. Subj. prés. : i fêye.
Carol. fé : dji fé, nos fions, i fêynut ; dj’a fét. Ind. imp. : i fèyeut. Fut. simple : i fra.
Subj. prés. : djè fèye
Bast. fé : i fêt, i f(è)jant, il è fêt. Fut. simple : i f(è)rè. Subj. prés. : i fèye, dju f(è)jinche.
Principales variantes :
– brab. : nos fians ou nos fëjans
– niv. : fé, djè fé, nos fèzons, dj’é fét
– SW : fére, i fêt, dju f(i)jans, i fant (chestr.) ; dj’a fwêt. Subj. pr. : quu dju fwêche

k(i)noxhe (connaître)

Formes de réf. : dji k(i)noxhe, nos k(i)noxhans ; dj’ a k(i)noxhou ; dji k(i)noxhrè ;
ki dji k(i)noxhe.
Liég. : k(i)nohe : i cnohe (le plus souvent écrit k’nohe), nos cnohans (k’nohans), il a
cnohou (k’nohou). Fut. simple : i cnohrè (k’noh’rè).
Nam. conèche : i conèt, nos con’chans, il a conu. Fut. simple : i conèchrè. Subj. prés. :
i conèche.
Bast. c(u)nuchi : i cnuche, i cnuchant, il è cnuchi. Fut. simple : i cnuchrè. Subj. prés. :
i cnuche.
8.20. QUELQUES VERBES IRRÉGULIERS 199

Carol. conèche : dji conè, dji conètrè.


Niv. : counète, dji counè, coun(è)chant, coneû.

leyî (laisser)

Formes de réf. : dji lai, nos leyans ; dj’ a leyî ; nos lairans ; ki dji laiye ou laixhe.
Liég. lèyî
Nam. lèyî : dji lêye, nos lèyans, i lêynut ; il a lèyî. Fut. simple : i lêrè. Subj. prés. : i
lêye.
Bast. lêssi : i lêsse, i lêssant, il è lêssi. Fut. simple : i lêsrè. Subj. prés. : i lêsse.
Carol. lèyî, dji lèye, nos lèyons, dj’é lèyi.
Principales variantes : - Lesse : lêre, dju lê, dju lèyans, dj’ê lê.

lure (luire)

Formes de réf. : i lût, i lujhèt ; i lurè ; il a lût ; k’ i lujhe.


Liég. lûre : i lût, i lûhèt, il a lût. Fut. simple : i lûrè. Subj. prés. : lûse ( ?).
Nam. lûre : i lût, i lûjnut, il a lût. Fut. simple : i lûrè. Subj. prés. : lûje.
Bast. lûre : i lût, i lûjant, il è lût. Fut. simple : i lûrè. Subj. prés. : i lûche.
Carol. lûre : i lût, i lûjneut, il a lût. Fut. simple : i lûra. Subj. prés. : ?

lére (lire)

Formes de réf. : dji lé, nos lijhans ; dj’ a léjhou ; dji lirè ; ki dji léjhe.
Liég. lére : i lét, i léhèt, il ont léhou. Fut. simple : i léront. Subj. prés. : léhe ( ?)
Nam. lîre : i lît, i lîjnut, il ont lî. Fut. simple : i lîront. Subj. prés. : i lîje.
Bast. lîre : i lît, i lîjant, il è lît ∼ lîjou. Fut. simple : i lîrè. Subj. prés. : i lîche.
Carol. lîre : i lît, i lîjneut, il ont lî. Fut. simple : i lîront. Subj. prés. : i lîje.

minti (mentir)

Formes de réf. : dji min, nos mintans ; dj’ a minti ; dji mintirè ; ki dji minte.
Liég. : ?
Nam. minti : dji min ∼ dji minti, i mintnut ∼ mintichnut, il a minti. Fut. simple : i
mintirè. Subj. prés. : i minte ∼ i mintiche.
Bast. minti : i mint’, i mintant, il è minti. Fut. simple : i mintîrè. Subj. prés. : i minte.
Carol.

mori (mourir)

Formes de réf. : dji mour, nos morans ; dj’ a morou ; dji mourrè ; ki dji moure.
Liég. mori : i moûrt, i morèt, il ont morou. Fut. simple : i moûrrè. Subj. prés. : i moûre.
Nam. moru : i môrt, i môrnut, il ont moru. Fut. simple : i môrrè. Subj. prés. : i môre.
200 CHAPITRE 8. LES VERBES

Bast. mori : i moûrt, i morant, il è mori. Fut. simple : i moûrrè. Subj. prés. : i moûre.
Carol.
Principales variantes : - Ind. prés. : dju mûr (Lesse).

p(o)leur (pouvoir)

Formes de réf. : dji pou, nos p(o)lans ; dj’ a p(o)lou ; dji pôrè ; ki dji poye.
Liég. p(o)leûr : i pout, i p(o)lèt, il a p(o)lou. Futur simple : i pôrè. Subj. prés : ?
Nam. p(o)lu : i pout, i p(o)lnut, il a p(o)lu. Futur simple : i pôrè. Subj. prés : i pôye.
Bast. plèr : i pout, i plant, il è plou. Futur simple : i poûrè. Subj. prés : i pluche.
Carol. p(o)lu : i pout, i p(o)lneut, il a p(o)lu. Futur simple : i pôrè. Subj. prés : i pôye.
Principales variantes :
– niv. : povu / polu : djè pu, nos povons / polons, dj’é pu. Ind. fut. : dji poûré. Subj.
pr. : què djè puche.
– Lesse subj. pr. : quu dju puche

prinde (prendre)

Ce verbe a une double conjugaison.


Formes de réf. (1ere forme) : dji prind, nos prindans ; dj’ a prindou ; dji prindrè ;
ki dji prinde ou prinjhe. Formes de réf. (2e forme) : dji prind, nos purdans ; dj’ a
prins ; dji pudrè ; ki dji prinde ou pregne.
Liég. prinde : i prind, i prindèt, il ont prindou. Fut. simple : i prindrè. Subj. prés. : i
prinse.
Nam. prinde : i prind, nos purdant, i pudnut, il ont pris. Fut. simple : i pudrè. Subj.
prés. : i prègne.
Bast. prinde : i prind, i purdant, il è pris. Fut. simple : i prindrè. Subj. prés. : i prègne.
Carol. prinde : dji prind, nos pèrdons, i pudnut, il a pris.
Principales variantes :
– SW : prinde (chestr. : prinre), dju prind, dju purnans, dj’ê pris.
– Brab. : prinde, djë prind, nos përdans, ë pënnèt, dj’ a prins.

rire (rire)

Formes de réf. : dji reye, nos riyans ; dj’ a rî ; dji reyrè ; ki dji reye.
Liég. rîre : i rèy, i riyèt, il ont rî. Fut. simple : i rèyrè. Subj. prés. : i rèye.
Nam. rîre : i rît, nos riyans, i rîynut, il a rî. Fut. simple : i rîrè. Subj. prés. : i rîye.
Bast. rîre : i rît, i riyant, il è rî. Fut. simple : i rîrè. Subj. prés. : i rîche.
Carol. rîre : i rît, nos riyons, i rîyneut, il a rî. Fut. simple : i rîrè. Subj. prés. : i rîye.
8.20. QUELQUES VERBES IRRÉGULIERS 201

saveur (savoir)

Formes de réf. : dji sai, nos savans ; dj’ a savou ; dji sårè ; ki dji seuxhe.
Liég. saveûr ∼ sèpi : i sét, i savèt ∼ i sèpèt, il a savou. Fut. simple : i sårè. Subj. prés. :.
Nam. sawè : i sét, i savnut, il a seû. Fut. simple : i sårè. Subj. prés. : i seûche.
Bast. savèr : i sét, i savant, il è savou. Fut. simple : i sârè. Subj. prés. : i savuche.
Carol. sawè : dji sé, nos savons, dj’ é seû.
Principales variantes :
– Brab. : sawè, djë sé, nos savans, dj’a soyë
– Niv. : savwêr, djè sé, nos savons, dj’é seû. Ind. fut. : dji sâré
– Lesse : sawèr

shure (suivre)

Formes de réf. : dji shû, nos shuvans ; dj’ a shuvou ; dji shurè ; ki dji shuve.
Liég. sûre : dji sû, nos sûvans, dj’a sûvou ; subj. : qui dji sûse.
Nam. sîre : dji sî, nos siyans, dj’a sî.
Bast. sûre : i sût, i sûjant, il è sû ∼ sûjou (arch.). Fut. simple : i sûrè. Subj. prés. : i
sûche.
Carol. chûre : dji chû, nos chûvons ou chuwons, dj’ é chû.

tchaire (tomber)

Formes de réf. : dji tchai, nos tcheyans ; dj’ a tcheyou ; dji tchairè ; ki dji tchaiye.
Nam. tchêr : dji tchê, nos tchèyans, i tchêynut ; il a tchèyu. Fut. simple : i tchêrè. Subj.
prés. : i tchêye.
Carol. tchér ou tchèy : dji tché, nos tchèyons, dj’ é tcheû.

t(i)ni (tenir)

Formes de réf. : dji tén, nos t(i)nans ; dj’ a t(i)nou ; dji ténrè ; ki dji tegne.
Liég. t(i)ni : i tint, i t(i)nèt ; il a t(i)nou. Fut. simple : i tinrè. Subj. prés. : i tinse.
Nam. t(i)nu : i tint, nos t(i)nans, i tègn’nut. Fut. simple : i têrè. Subj. : i tègne.
Bast. t(è)ni : i tint, i t(è)nant, il è t(è)ni ∼ t(è)nou. Fut. simple : i tinrè. Sub. prés. : i
tègne.
Carol. t(è)ni : i tént, nos t(è)nons, dj’ é t(è)nu.
Niv., subj. pr. : què djè tiène.
Brab. : ténre, djë tén, nos tnans, i tënnèt.

valeur (valoir)

Formes de réf. : dji vå, nos valans ; dj’ a valou ; dji vårè.
Liég. valeûr : i våt, i valèt ; i a valou. Fut. simple : i vårè. Subj. prés. :.
202 CHAPITRE 8. LES VERBES

Nam. : valu : i vaut, i valnut ; i a valu. Fut. simple : i vaurè. Subj. prés. :.
Bast. valèr : i vât, i valant, il è valou. Fut. simple : i vârè. Subj. prés. : i valuche.
Carol. : valu : i vaut, i valneut ; i a valu. Fut. simple : i vaurè. Subj. prés. :.

vey (voir)

Formes de réf. : dji voe, nos voeyans ; dj’ a voeyou ; dji voerè ; ki dji voeye.
Liég. vèy ∼ vèyî : i veût, i vèyèt ; il a vèyou. Fut. simple : i veûrè. Subj. prés. : i veûse.
Nam. vèy ∼ veûy ∼ vôy : i vwèt ∼ i veut ∼ i vèt, i vèynut ; il a vèyu. Fut. simple : i
vièrè. Subj. prés. : i vèye.
Bast. vèy : i vèt, i v(è)yant, il è v(è)you. Fut. simple : i vièrè. Subj. prés. : i vèye.
Carol. vîr : dji vwè ∼ wè, nos vwèyons ∼ wèyons, dj’a vu ∼ veû.
Niv. : vîr, djè wè, nos viyons, dj’é vu. Ind. fut. : djè vîré. Subj. pr. : què djè vwèye.
Lesse : véy, dju wè, dju wèyans, dj’ê veû. Cond. : dju wêrins. Subj. pr. : quu dju wèche.

v(i)ni (venir)

Formes de réf. : dji vén, nos v(i)nans ; dj’ a v(i)nou ; dji vénrè ; ki dji vegne.
Liég. v(i)ni ∼ mni : i vint, i v(i)nèt ; il a v(i)nou ∼ mnou. Fut. simple : i vinrè. Subj.
prés. : i vinse.
Nam. v(i)nu : i vint, nos v(i)nans, i vègn’nut ; il a v(i)nu. Fut. simple : i vêrè. Subj.
prés. : i vègne.
Bast. v(è)ni : i vint, i v(è)nant, il è v(è)ni ∼ v(è)nou. Fut. simple : i vinrè. Subj. prés. : i
vègne.
Carol. v(è)ni : i vént, nos v(è)nons, i vègn’neut ; il a v(è)nu. Fut. simple : i vêra. Subj.
prés. : i vègne.

v(o)leur (vouloir)

V. p(o)leur.
Principales variantes : - niv., inf. : voulwêr. Subj. pr. : què djè voliche.
Chapitre 9

Les adverbes

9.1 Les adverbes de temps


Quelques formes de référence
185. Liste non exhaustive d’adverbes et de locutions adverbiales de temps sous leur forme
de référence.
– a l’ åbitude (d’habitude) - å côp (en même temps) - a fwait (∼ a fêt) (à me-
sure, au fur-et-à-mesure) - a feyes (parfois) (∼ a fîyes) - a mezeure (à mesure,
au fur-et-à-mesure) - å rés’ d’ oûy (à partir d’aujourd’hui) - a tins (à temps) -
a tins a eure (régulièrement, à temps) - ådjoûrdu (aujourd’hui) - adon (alors, à
ce moment) - adon (ensuite) - adon-pwis (puis, ensuite) - ancyinnmint (ancien-
nement) - anfin (enfin) - après (après) - après côp (après coup) - après-dmwin
(après demain) - apreume (d’abord) - asteure (maintenant) - ayîr ou îr (hier)
(∼ èyîr) - bén rade (bientôt) (∼ râde) - bén vite (bientôt) - béntôt (bientôt) - ci
côp la (ensuite) - co (encore) - co bén (parfois) - co rade (bientôt) (∼ râde) - co
todi (encore) (∼ toudi) - co vite (bientôt) - cwand (∼ cand) (quand) - d’ åbitude
(d’habitude) (∼ d’ abutude) - d’ abôrd (bientôt) : i serè d’ abôrd set eures (il
sera bientôt sept heures) ; c’ est po d’ abôrd (c’est pour bientôt) - d’ avance (au-
paravant) - då côp (en même temps) - do côp (soudain) - do côp (tout de suite,
immédiatement) - d’ on plin côp (soudain) - sol côp (de suite, immédiatement)
(∼ sul côp) - tot d’ on côp (tout à coup) (∼ tout) - d(e)dja ou dja (déjà) - des
côps (parfois) - des côps k’ i gn a (parfois) - dierinn’mint (dernièrement, récem-
ment) (∼ dérèn’mint) - dimwin (demain) (∼ dimin) - dispôy (depuis) (∼ dispeûy,
dispû, d(u)pû, etc.) - di tins-in-tins (de temps en temps) - d(i)vant (avant) (∼
dèvant, duvant) - d(i)vant-ersè (avant-hier) - d(i)vant-îr (avant-hier) - d(i)vant
waire (sous peu) - djamåy (jamais) - djoûrmåy (continuellement) - djoûr-èt-
djoûrmåy (continuellement) - eco (encore) - enawaire (tout à l’heure [dans le
passé]) ∼ anawêre, lanawêre) - enut (aujourd’hui) (∼ ènêt, aneût, anut) - ersè
(hier) (∼ èrso) - eturtins (entre-temps) (∼ intritins) - fwait-a-fwait (à mesure,
au fur-et-à-mesure) - fwait-a-mezeure (à mesure, au fur-et-à-mesure) - techer-

203
204 CHAPITRE 9. LES ADVERBES

don (entre-temps) - jamwais (∼ jamês) (jamais) - lonmint (longtemps) - lontins


(longtemps) - matén (tôt) - måy (jamais) - mwints côps (souvent) - ossi rade
(aussitôt) - ossi vite (aussitôt) - oûy (aujourd’hui) - pa (des) côps ou gn a des
côps (parfois) - po fini (enfin) - pol moumint (pour le moment) (∼ momint) -
prumîrmint (premièrement) - rårmint (rarement) - si rade (aussitôt) (∼ râde)
- sovint (souvent) (∼ souvint) - susmetant (entre-temps) - tård (tard) - tél côp
(parfois) - téle feye (parfois) - timpe (tôt) - tofer (toujours) (∼ toufêr) - t(o)t a
l’ eure (tout à l’heure) - tot d’ shûte (tout de suite) (∼ tot d’ swîte) - tot rade
(bientôt ou tout à l’heure) - toit (tôt) - yeure (tôt)...

9.2 Les adverbes de lieu


:

Quelques formes de référence


186. Liste non exhaustive
– å d’ foû (à l’extérieur) - å dvins (au dedans, à l’intérieur) (∼ å ddins) - å dzo (au
dessous) - al copete (au sommet) - alieur (ailleurs) - al valeye (en bas) - an dfoû
(à l’extérieur) - an dvins (au dedans, à l’intérieur) - å dzeu (au dessus) - a pårt (à
part) - asto (contre, près) - åtoû (autour) - avårci (de ce côté-ci, dans les alentours)
- avårla (de ce côté-là, dans les alentours) - chal (ici) - chal èt la (ci et là) - ci
(ici) - ciddé (ici) - di cresse (de côté) - dissu (dessus) - di t’t åtoû (tout autour) :
i l’ faleut waranti di t’t åtoû (il fallait le protéger sur toute sa circonférence) -
d(i)vant (devant) - d(i)vins (dedans, à l’intérieur) - d(i)zeu (au-dessus) - d(i)zo
(au-dessous) - djondant (à côté) - djus (en bas) - don ci don la (par ci par là) -
drî (derrière) - droci (ici) - drola (là, là-bas) - du (où) (∼ dû, adû, èdû...) - èn
avant (en avant) - èn erî (en arrière) - etur (entre) (∼ atur, ètèr, intèr) - erî (en
arrière) - evoye (parti) (∼ voye) - ewou (où) (∼ wou) - eyu (où) (∼ ayu, yu) - foû
(dehors) - håre èt hote (à gauche et à droite) - hute (outre) (∼ yute, oute, houte)
- inte (entre) - kéke påt (quelque part) - la (là) - laddé (là, là-bas) - la dzeu (là-
dessus) - la dzo (là-dessous) - låvå (là-bas, au loin) - lon (loin) - lon erî (loin)
- n’ impôrte eyu, n’ impôrte ewou, n’ impôrtu wice (n’importe où) - nole påt
(nulle part) (∼ nule) - nulvâr (nulle part) - ôte påt (ailleurs) - pa drî (derrière) -
pa dvant (devant) - pa dzeu (au-dessus) - pa dzo (au-dessous) - pa pa drî (par
derrière) - pa pa dvant (par devant) - pa pa dzeu (par au-dessus) - pa pa dzo (par
au-dessous) - pa tot costé (partout) - pattavå (tot) (partout) - pavårci (dans les
environs) - pavårla (par là, dans les environs, de ce côté) - plic ploc (par ci par là)
- po drî (par derrière) - po dvant (par devant) - po dzeu (par au-dessus) - po dzo
(par en-dessous) - tot avå (partout) - tot costé (partout) - tot l’ minme eyu, wice,
ewou (n’importe où) - vaila (là, là-bas) - vaici (ici) - - voci (ici) - vola (là, ici) -
wice (où)...
9.2. LES ADVERBES DE LIEU 205

Emplois

187. a) Les adverbes djus, foû, hute et evoye peuvent être employés avec beaucoup de
verbes. Ils en modifient le sens un peu comme les particules séparables des langues
germaniques :
– Exemple avec taper (jeter) :
– taper : dji tape li bale (je lance la balle)
– taper foû : on tape foû ki dji so bièsse (on raconte que je suis bête) ; li
djouweu tape ene cåte foû (le joueur écarte une carte)
– taper hute : li djouweu tape li bale hute (le joueur lance la balle trop loin)
– taper evoye : tape ci vî cayèt la evoye, don ! (jette donc ce vieux machin)
– Exemple avec vorer (se précipiter) :
– il a voré evoye k’ on tchén n’ åreut nén levé s’ cawe (il a déguerpi en moins
de temps qu’il faut pour le dire, lit. en moins de temps qu’il en faut à un chien
pour lever la queue)
– il a voré foû k’ on tchén n’ åreut nén lèvé s’ cawe (il s’est précipité au-
dehors en mois de temps qu’il faut pour le dire)
Dans certains cas, ces adverbes peuvent se placer devant ou derrière le complément
objet :
– screper on boket d’ tchår evoye (gratter un morceau de viande pour l’enlever) ;
il ont tcheryî evoye troes begnons d’ brikayons (ils ont emporté trois chariots
de débris)
Ex. lit. :
– EW taper foû : On n’a jamês savou quî qu’avéve tapé l’ brut foû. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 1) - vini foû : (...) c’èsteût l’ djoû wice qui Madelinne s’a mètou è lét po
’nnè pus v’ni foû. (M. FRISEE, Scrîre, p. 85) - fé souwer èvôye : Nos n’ l’alans
nin lèyî souwer èvôye ! (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
– CW avu djus : Ni moyén d’oyë lès crôches djës ’en bas’ d’ sès këlotes ! (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 22) - avu foû : Èt avou dèl frwède êwe, vos n’ sariz yë dèl
crôche ’graisse’ fou, don. Èt one tatche... vos n’ sariz yë one tatche djës al frwède
êwe, don. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 56) - vûdî èvôye : Cand on-n-avot fêt dè
lâver totes sès lokes, on vudive së man.nète sav’nêye èvôn ye. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 79)
Les locutions èsse foû et èsse hute signifient « être fini » :
Ex. lit. :
– EW : Cwand l’ tchap’lèt sèrè foû, èle ènnè rîrè è s’ mâhon (...). (J.-M. MASSET,
Contes, p. 22)
– OW : Més, quand l’ séson dès fréjes asteut woute èt co l’ cène dès breuwes, gn-
aveut lès frambôjes (...). (W. BAL, Fauves, p. 7-8)
b) De nombreux adverbes de lieu peuvent servir de prépositions : å dzeu di, pa dvant,
foû di...
206 CHAPITRE 9. LES ADVERBES

9.3 Les adverbes de quantité et intensité


Quelques formes de référence
188. Liste non exhaustive d’adverbes et de locutions adverbiales de quantité et intensité :
– å dla (à l’excès) : elle est hodeye å dla (elle est extrêmement fatiguée) - assez
(assez) : elle est grande assez (elle est assez grande) - bén (bien) (∼ byin) : c’ est
bén bea (c’est bien beau) - carapmint (complètement) - beacôp (beaucoup) -
bråmint (beaucoup) (∼ branmint, brinmint) - cåzu (presque) (∼ cåzî) : il est cåzu
troes eures (il est près de trois heures) - cåzumint (∼ cåzîmint) (quasiment) - ça
ou çoula (∼ çola) (autant) : dj’ end årè çoula d’ pus (j’en aurai d’autant plus) - il
est ça grand (il est grand ainsi) - elle årè ça pus åjhey (ce sera d’autant plus facile
pour elle) - co (même) : les djins n’ årint nén co vindou leû tchamp po ène gade
d’ ôr (les gens n’auraient pas vendu leur champ même pour tout l’or du monde) -
co (assez) : çoula arive co sovint (cela arrive assez souvent) - come (comme) : dji
so come nåjhi (je suis comme fatigué) - completmint (complètement) - d’ abôrd
(presque) : i serè d’ abôrd troes eures (il est près de trois heures) - etîrmint
(entièrement) : elle a stî t-etîrmint rmetowe a noû (elle a été entièrement remise
à neuf) - eto (aussi) (∼ ètou) - fén (tout) (∼ fî) : t’ es fén sot (tu es tout à fait
fou) - foû (extrêmement) : elle est foû mwaijhe (elle est extrêmement fâchée)
- foirt (très, fort) : elle est foirt nåjheye (elle est très fatiguée, fort fatiguée) -
gote (pas du tout) : i n’ est gote sicrans (il n’est pas du tout fatigué) - hute di
(supérieurement) (∼ oute, woute, houte, yute). Ex. lit. : [Il èstént] dreûts come
dès-I, bias come lès-Anges, oute di maléns èt gaîyes come dès pénsons. (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 15) - jamwais (parey) (à l’excès) : elle est hodeye jamwais
parey (elle est extrêmement fatiguée) - ki (combien) : ki vs fåt i d’ çanses ?
(combien d’argent vous faut-il ?) - masse (très) : i n’ est nén masse ritche (il
n’est pas très riche) - mo (∼ mou) (très, fort) : elle est mo nåjheye (elle est très
fatiguée, fort fatiguée) - mons (moins) (∼ mwins’) - ossi (aussi) - ostant (autant)
(∼ ottant, liég.) - ôtrumint (autrement) : i sont-st ôtrumint pus ritches qui vos
(ils sont beaucoup plus riches que vous) - pår (entièrement, complétement) : dji
so pår frexh (∼ pôr) (je suis tout à fait trempé) - percé (tout à fait) : il est percé
sot (il est tout à fait fou). Ex. lit. OW : C’èst l’ campagne, i fét percé bon. (H.
PETREZ, Fauves IV, p. 51) - po dîre (pratiquement) : i gn a jamwais pont avu
po dîre (il n’y en a pratiquement jamais eu) - pô (peu, trop peu) : ci pwin la est
pô cût (ce pain est peu / trop peu cuit) - di pus ∼ pus’ (plus) - si (si) : dj’ aveu
si håsse do rintrer ! (j’étais si pressée de rentrer) - si tant (tant, autant) : dji
n’ saveu nén qu’ ça costéve si tant (je ne savais pas que cela coûtait autant) -
si télmint (tant, tellement) - surtout ∼ so tot (surtout) - tafetmint (tout à fait)
- tant (tant) - télmint ou si télmint ou tant si télmint (tellement) - tot (∼ tout)
(tout) devant un adj. : t’ es tot frexh (tu es tout mouillé) ; ele mouwe tote (elle est
toute saisie) ; devant un adv. Ex. lit. OW : Jusse divant li, gn’a ène pètite baraque
tout nouvèlemint bâtîye. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 13) - t(o)t a l’ eure (presque) :
on n’ aveut nén t’t a l’ eure li tins di rprinde alonne (on n’avait presque pas le
temps de reprendre haleine) - tot plén (beaucoup) - trop (trop) : li tchår est trop
cûte (la viande est trop cuite) ; nos serans nos trop (nous serons trop nombreux)
9.3. LES ADVERBES DE QUANTITÉ ET INTENSITÉ 207

- waire (guère) : i n’ est waire efoufyî (il n’est guère excité)

Emplois
189. a) Les adverbes fén (∼ fî), pêrcé, poûri, roed et tot (∼ tout) s’accordent en genre :
– il est fén sot (il est tout à fait fou), elle est fene sote (elle est tout à fait folle) ;
i sont tot frexhs (ils sont tout mouillés), ele sont tote frexhes (elles sont toutes
mouillées) ; il est percé amoureus (il est fou amoureux), elle perceye amoureuse
(elle est folle amoureuse) ; ene tote bele måjhon (une très belle maison) ; nos
avans des totès ptitès crompîres (nous avons de toutes petites pommes de terre)
Ex. lit. :
– OW : (...) dès mouchons d’ toutes lès couleûrs tchantént come dès vraîs dis-
tchin.nès, dè l’ fine piquète dou djoû jusqu’à solia coûtchant. (E.-J. PIRET, Ex-
traits, p. 16)
Ce sont en réalité des adjectifs utilisés comme adverbes, sur lesquels nous revenons
plus loin.
b) L’adverbe tot utilisé avec un verbe a le sens de « avoir fini » :
– il a tot mindjî s’ sope (il a fini de manger sa soupe) ; as’ tot fwait ? (as-tu
terminé ?) ; dj’ a cåzu tot råyî mes canadas (j’ai presque fini d’arracher mes
pommes de terre)
c) Adverbe tot signifiant « entièrement » après un verbe :
– dji tronne tote (je tremble) ; elle è va tote (elle tremble comme une feuille ou elle
perd connaissance)
Ex. lit.
– EW : A ’ne creûhelêye, il ode ine saqwè qu’èl ravigurêye tot. (MITTEI, Zanzan,
p. 28)
d) Les adverbes trop, pus, pô et mons (∼ mwins’) utilisés avec un nom peuvent être
précédés de la préposition di :
– dj’ a del farene di trop ou dj’ a (di) trop d’ farene (j’ai trop de farine) ; dj’ a
del bîre di pus ou dj’ a di pus di bîre, pus’ di bîre (j’ai plus de bière) ; dj’ a del
farene di pô ou dj’a (di) pô d’ farene (j’ai (trop) peu de farine) ; dj’ a del farene
di mons ou dj’ a mons d’ farene (j’ai moins de farine)
Variantes :
La consonne finale des adverbes trop et pus se prononce en EW : dj’ a pus’ di bîre,
dj’ a trop’ di farène.
Brab. : l’adv. pus s’élide : Ex. lit. : C’èstot p’ôjë ’plus facile’ (...). (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 38)
Avec un adjectif, la construction est normale :
– il est trop cût (il est trop cuit) ; il est pus cût (il est plus cuit) ; il est mons cût (il
est moins cuit) ; il est pô cût (il est trop peu cuit)
Avec l’adjectif pus, on construit les locutions todi d’ pus ou todi pus’ :
– i brait todi d’ pus, todi pus’ (il crie / pleure de plus en plus)
208 CHAPITRE 9. LES ADVERBES

e) L’adverbe assez employé avec un adjectif ou un nom peut se placer devant ou


derrière celui-ci, mais le sens est différent. Devant, le sens est « relativement », « plus
ou moins » :
– elle e-st assez vîye (elle est plus ou moins vieille).
Ex. lit. :
– CW : (...) ë faléve assez lontimps po qu’ ça fondëche, cès crëstôs-là. (J.-J. GA-
ZIAUX, Lessive, p. 55) - [One langue] C’è-st-on moyin d’ fé conèche sès-idéyes
à d’s-ôtes è s’ sièrvant d’ mots ou d’ sines qui sont compris paus mimbes d’on
groupe di djins èt qu’è-st-âssez difèrint d’on-ôte moyin dè l’ min.me sôte, qu’ on
lome one langue èto. (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
– OW : Ele (...) viqueut rèssèréye, avou s’mononke qu’a d’mèrè cor assèz lontimps,
malas’nè, dins s’culot. (H. VAN CUTSEM, Chôse, p. 12)
Derrière, le sens est « suffisamment » :
– elle est vîye assez (elle est suffisamment vieille)
Ex. lit.
– OW : Pèrdèz l’ boune dècision, vos-èstèz grand assez ! (J. GOFFART, Coquia,
p. 6)
– CW : Bin binauje, on-ome, subayi, l’Oscâr Antwâne ; quand il a stî vî assèz po fè
on mwârt (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13)
– SW : D’èn-ôte costè, c’èst facile du dère quu la tchâr n’èst ni cûte assè û la
soupe trop salée (...). (D. HENRARD, Causans, p. 7) - Cand mès fréres ont stî
grands assè po travayè tot seûs o for, i lès lèyèt tirè leû plan (...). (E. PECHEUR,
Singuliers 2/98, p. 13)
On peut également le trouver derrière le nom avec le premier sens. Ex. lit. :
– CW : Et asto [do viladje], sès bwès, co spès assèz, avou leûs tchin.nes èt leûs
fayèmîs... (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 8)
Il arrive aussi qu’assez (au sens de « suffisamment ») se trouve devant l’adjectif, ce qui
est généralement considéré comme un francisme. Ex. lit. :
– EW : Dji so vosse chèrviteûr, dinez-m’ li gråce d’ èsse assez sûti po comprinde
çou qu’ vos l’ dihez. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 101).
Avec un verbe ou un nom, assez se place derrière ; le nom est précédé d’un article
partitif :
– il a nadjî assez (il a assez nagé) ; dj’ a veyou des djins assez (j’ai vu assez de
monde) ; dj’ a boevou del bîre assez (j’ai bu assez de bière)
Ex. lit. :
– CW : (...) dji nè l’ saureus dîre dès côps assèz, one èmantchûre dau diâle, do ièsse
pèlè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - Auwe, là, ç’ côp-ci, dj’a dès canadas
assèz d’ pèlès. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16)
– EW : Vos-avez dès toûrs assez è vosse sètch po çoula ! (MITTEI, Zanzan, p. 10)
f) Les adverbes bråmint, télmint, tot plén, tant, bén, etc. utilisés avec un nom sont
suivis d’un article partitif :
– il a côpé bråmint do bwès (il a coupé beaucoup de bois) ; li pårlî a veyou télmint
des djins k’ il est fornåhi (l’avocat a vu tellement de monde qu’il est épuisé) ; nos
9.3. LES ADVERBES DE QUANTITÉ ET INTENSITÉ 209

årans tot plén des efants (nous aurons beaucoup d’enfants) ; il a vnou bén des
côps (il est venu bien des fois) ; il a bea-z èt bén des çanses (il a énormément
d’argent)
Ex. lit. :
– SW : Sondjez on pô : tant dès novèles èssonne (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 41-
42) - Lès prumîs tins, èlle a yu on pô do tracas. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 56) -
Dès lès grosses cinses, qui trayant brâmèt dès vatches, il ach’tant î « caroussèl ».
(N. ALEXANDRE, Causans, p. 17) - Li dvise « Résiste et mords » a rivnu su bin
dès lèpes... (J. BILY, Singuliers 2/1998, p. 4) - ... il ant brâmint d’ l’ ouvradje. (M.
GEORGES, Singuliers, 2/1998, p. 7) - (...) c’èst brâmint du timps du spaurnié ; èt
l’ timps cousse tchîr, là, asteûre. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 71)
– OW : (...) mins pou l’ rèyaliser, i nos faura bran.mint dès caurs... (J. GOFFART,
Coquia, p. 10) - Tout ça, èt dj’è rouvîye, c’èst l’ planète di bran.mint dès-omes.
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 18) - R’fuser ène ofe faite d’in si bon coeûr, c’aureut stî
fér bran.mint dèl pwène au cousin (...). (E.-J. PIRET, Extraits, p. 56)
– CW : Bran.mint dès Walons d’audjoûrdu lî toûnenut pourtant l’ dos (...). Maîs pou-
z-arivè a fè ène saqwè d’ come i faut, il èst rèquis d’awè bran.mint do coradje èt
co d’ volontè. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10) - ... èt co bin d’s ôtes pwisk’on dwèt
è trover [des piscicultures] one cinkantin.ne. (Chwès, Libramont, p. 5) - L’abîye
a stî distrûte come bramint [sic = brâmint] d’s ôtes. (Chwès, Libramont, p. 68)
Toutefois, avec certains adverbes, l’usage est hésitant :
– so pô d’ tins (en peu de temps) ; on pô del coide ∼ di coide (un peu de corde) ;
beacôp des efants ∼ d’ efants (beaucoup d’enfants) ; il a vnou tant des côps ∼
di côps (il est venu si souvent) ; kimint fijhèt i po-z avu ostant del tchance ?
(comment s’y prennent-ils pour avoir tant de chance ?)
Ex. lit. :
– EW : I convèrtih’rè bråh’mint d’ èfants d’ Israël å Signeûr leû Diu. (J. MI-
GNOLET, Evandjîles, p. 80) - [Ène vrêye blanke dame] Qui pout fé tot plin
d’èstchantêyès-afêres, qui pout minme rinde lès djins ureûs ? (J. WARNIER, Scrîre,
p. 225)
– CW : Dji vos sowaîte branmint d’ suksès po vos pîces èt po vos-ôtes èto. (BA-
TISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4) - Tos lès deûs donenut brâmint d’ vi-
tamines, èt wêre di calorîyes. (Chwès, Libramont, p. 31)
Avec les adverbes k(i)bén (∼ combin, cubin), waire et trop, on utilise plus fréquem-
ment la préposition di qu’un article partitif.
g) grand et plén peuvent être employés adverbialement :
– gn a nén grand bezogne pol moumint (il n’y a pas beaucoup de travail pour le
moment) ; il est grand tins qu’ i vinxhe (il est grand temps qu’il vienne) ; i gn a
des djins plén l’ måjhon (il y a des gens plein la maison) ; i gn a tot plén (il y en
a tout plein)
h) L’adverbe tot peut s’élider en t’t mais aussi se réduire à t- :
– li buftek esteut t’t ossi deur ki do cûr ou t-ossi deur ki do cûr (le beefsteak était
aussi dur que du cuir) ; i gn a t-ostant k’ ayîr (il y en a tout autant qu’hier)
Ex. lit. :
210 CHAPITRE 9. LES ADVERBES

– OW : (...) èle si mèt à l’ place di s’ djintîye cousène qui, t’-à l’eûre, va s’ trouver
à l’afront. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 57)
– SW : Firmin mousse à l’ maujon a courant èt i dit t’a tanflant : (...). (L. MAHIN,
Bauke 1, p. 69)
Certains adverbes ou locutions adverbiales précédés de l’adverbe t- s’écrivent parfois
en un mot :
– gn aveut des djoûdjoûwes pattavå l’ plaece ou t-avå l’ plaece (il y avait des
jouets dans toute la pièce) ; il a ståré ttafwait (il a tout fait tomber) ; nos rvénrans
ttaleure (nous reviendrons tout à l’heure)

9.4 Les adverbes de manière


Quelques formes de référence
190. Liste non exhaustive d’adverbes et de locutions adverbiales de manière :
– a grands côps (rapidement) : on fene a grands côps (on avance rapidement dans
la fenaison) -bén (bien) - conte (contre) - comufåt (convenablement) - d(e)dja ∼
dja (même) : ele ni peze nén ddja 50 kulos (elle ne pèse même pas 50 kg) - dîrek
(directement) - di tote foice (absolument) : i voleut doirmi d’ tote foice (il voulait
absolument dormir) - d’ on plin côp (brusquement) - di bea (fameusement). Ex.
lit. SW : Ça flaméve di bê. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4) - echene (ensemble)
(∼ èchone, achène, acheune, etc.) ou essonle (∼ èssanne, èssonne, assone, etc.) -
esprès ou par esprès ou èn esprès (exprès) - inla (ainsi) - insi (ainsi) - må (mal)
- mî (mieux) (∼ mia, mieu, mèyeû) - pés (pis) - pîre (pire) - po d’ bon ou po do
bon (réellement) - rade (vite, rapidement) (∼ râde) - radmint (vite, rapidement)
- roed (vite, rapidement) - todi (en tout cas) (∼ toudi) : ça n’ frè todi pont d’ må
(en tout cas, ça ne fera pas de tort) - tot l’ minme (de toute façon) - vitmint (vite)
- voltî (∼ chestr : vlètî) (volontiers)
Adverbes en -mint :
– felmint (fortement) ; biesmint (bêtement) ; diålmint ou diåldumint (diablement,
incroyablement) ; ôtrumint (autrement), etc.
Locutions :
– a djin (convenablement) ; a catchete (en cachette) ; d’ astampé (debout), etc.
Adjectif employés comme adverbes : voir Adjectifs indiquant un résultat, p. 90, et
Adjectifs utilisés comme adverbe, p. 212.

Emplois
191. a) L’adverbe voltî employé avec un verbe a la même valeur que les expressions inmer
+ infinitif ou ni nén inmer + infinitif (aimer / ne pas aimer) :
– i tchante voltî (il aime chanter) ; i n’ danse nén voltî (il n’aime pas danser) ; dji
vs voe voltî (je vous aime)
Ex. lit. :
9.5. LES ADVERBES EXCLAMATIFS ET INTERROGATIFS 211

– CW : Èt gn-a dès cis qui djoûwenut voltî avou l’ coutia. (A. LALOUX, Lès So-
çons, p. 22) - Dji sèreus voltî saqwants-eûres pus vî. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 27) - Ca, ’l’ome au avèt’, qu’on-z-è causot voltî po nos sbarè, c’èstot li, c’èstot
l’ Chalè Batisse. (A. HENIN, Scrîre, p. 105)
b) L’adverbe bén employé avec un verbe a la même valeur que le verbe savu + infinitif.
– i bagne bén (il sait nager)
Ex. lit. :
– SW : (...) lès cis do minme âdje lîjint djà bin, mais li n’è sôrtot nin. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 62)
c) En EW, må devient mål devant un v. commençant par une voyelle :
– c’e-st on må aclevé ou on mål aclevé (un mal élevé)

9.5 Les adverbes exclamatifs et interrogatifs


Adverbes exclamatifs : formes de référence
– ki : k’ il est bea ! (qu’il est beau !) (∼ OW : què ; SW, verv. malm. : quu)
– come : come vos tchantez bén ! (comme vous chantez bien !)

Adverbes interrogatifs : formes de référence


Lieu :
– eyu estoz ? (où êtes-vous ?) (plutôt OW) (∼ ayu, yu)
– wice estoz ? (plutôt EW)
– ewou estoz vs ? (plutôt CW)
– du estoz vs ? (plutôt SW) (∼ adû, dû...)
Temps :
– cwand rvénrè-t i ? (quand reviendra-t-il ?) (∼ ailleurs qu’en EW : cand)
Quantité :
– kibén d’ djins ? (combien de personnes ?) ( sim SW, verv., malm. : c(u)bin ; OW,
CW : combin, -én)
– cwant’ av’ di tchvås ? (combien avez-vous de chevaux ?) ; nos cwantes serans
n’ ? (combien serons-nous ?)
Manière :
– kimint ç’ k’ i doime ? (comment dort-il ?) (∼ SW, verv., malm. : c(u)mint ; OW,
CW : comint)
Ex. lit. :
– SW : (...) on wêrè d’djà moutè in pô mî come on vike. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 19)
But :
– pocwè ç’ k’ i va sol martchî ? (pourquoi va-t-il au marché ?) (∼ OW : poucwè,
poukè)
Cause :
212 CHAPITRE 9. LES ADVERBES

– douvént nel voet on pus ? (pourquoi, pour quelle raison ne le voit-on plus ?)
Ex. lit. :
– EW : D’ou-vint m’èst-i acwèrdé qui l’ mére di m’ Signeûr vinse ad’lé mi ? (J.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 82)

Emplois
192. a) L’adverbe pocwè est également souvent utilisé pour la cause au lieu de douvént :
– poqwè n’ av’ nén vnou ? (pourquoi n’êtes-vous pas venue ?)
Ex. lit.
– Èt poqwè-ç’ qu’on m’a rit’ni on sou, mi ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 74) [pour
douvént]
b) Les adverbes interrogatifs k(i)bén, cwand, wice, eyu, ewou, du peuvent être pré-
cédés d’une préposition :
– a cbén va-t i l’ boure e botike ? (combien coûte le beurre au magasin ?) ; di
d’ wice vinoz vs ? (d’où venez-vous ?) ; dispû cwand l’ a-t on rasseré ? (de-
puis quand l’a-t-on enfermé) ; di cwantre omes avoz vs dandjî ? (de combien
d’hommes avez-vous besoin ?)
c) Les adverbes wice et ewou peuvent s’abréger en w devant une voyelle :
– w e-st ele, don ? (où est-elle donc ?)
d) Les adverbes k(i)bén et pocwè peuvent parfois être remplacés par ki :
– ki gn a-t i d’ djins, a vosse chenant ? (combien y a-t-il de personnes à votre
avis ?) ; ki n’ alez vs å medcén, paret ? (mais pourquoi donc n’allez-vous pas
chez le médecin ?)
Ex. lit. :
– SW : Â ! qui n’ p’lez dîre vrai, alez ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 138)
– EW : (...) quu n’ va-t-èle one bone fèye su lès fé råyî don ! (A. SOUGNEZ, Scrîre,
p. 204)
Voir aussi la section consacrée à la phrase interrogative, p. 270.

9.6 Adverbes et adjectifs


193. a) Certains adverbes peuvent s’utiliser comme adjectifs :
– l’ ome vaila (cet homme-là) ; li tåvlea vaici (ce tableau-ci) ; èn åbe insi (un arbre
pareil) ; ene usteye esprès (un outil adéquat)
Ex. lit. :
– OW : Quî sèreut-ce bé à dès-eûres insi ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 56)
b) Certains adjectifs peuvent être utilisés comme adverbes (voir aussi la section consa-
crée aux adverbes d’intensité, p. 209) :
– vey clair (voir clair, être perspicace) ; djåzer crås (parler gauloisement) ; i nîve
metchant (il neige méchamment) ; i djåzet vî (ils parlent de manière archaïque) ; i
gn a spès (il y en a une bonne épaisseur) ; il est moirt sicrans (il est épuisé) ; c’ est
9.7. LES ADVERBES DE NÉGATIONS 213

petant noû (c’est tout neuf) ; ele tchante djusse (elle chante juste) ; i djåze tot
hôt (il parle tout haut) ; èn ou frisse ponou (un œuf récemment pondu) ; sinti bon
(sentir bon) ; vey dobe (voir double) ; tcheryî droet (se conduire correctement) ;
c’ e-st emantchî solide (c’est assemblé solidement) ; i s’ codûjhèt drole (ils se
conduisent bizarrement) ; ça deurrè seur ene dimeye eure (ça durera sûrement
une demi heure) ; il est blanc moussî (il est vêtu de blanc)
Ex. lit. :
– OW : N’ vos cheune-t-i né qu’is-avént tchik’nè jusse ? (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 60) ; I gn’a la-d’dins dès-ostis frapant noûs : (...) . (E.-J. PIRET, Extraits, p. 13) ;
Rén qu’ pou ène sacrè fayé peume, nos v’là condânès come Adam à nanchi dou
matin au nût. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 18)
– EW : Qui [sic, = quî] sèrè-t-i bin cist-èfant-là ? Ca sûr li main dè Signeûr èsteût
avou lu. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 84)
– CW : Ene mam’sèle abiyîye roudje avou in mantia dè l’ min.me couleûr, pwate ène
pètite statûwe (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 30) ; Nén pus gro [sic = gros] qu’ li
p’tit dwèt d’ène apurdisse faufileuse, èt co. . . dji conte laudje (J. SCHOOVAERTS,
Rabulèts).
– SW : Èt i gn-avot dès côpeûs d’ boûsse griblé lès tch’mins, sés’, du ç’ timps-là.
(L. MAHIN, Bauke 1, p. 55)

9.7 Les adverbes de négations


Voir : La phrase négative, p. 272.
214 CHAPITRE 9. LES ADVERBES
Chapitre 10

Les prépositions

10.1 Prépositions de temps


194. Petite liste non exhaustive de prépositions et de locutions prépositives de temps :
– a (à, lors de, pendant) : a deus eures (à deux heures), å raploû (lors de la réunion),
a l’ awousse (au mois d’août), a pårti d’ oûy (à partir d’aujourd’hui), å dbout
d’ troes djoûs (au bout de trois jours), å coron d’ troes djoûs (id.), a m’ toûr
(à mon tour), ås prumîrès djaleyes (aux premières gelées). Voir emplois (ci-
dessous) et l’article contracté (p. 101).
– å long ou asto ou d’ asto ou di rote, è rote, èn è rote (durant, pendant, d’affilée)
postposés : troes moes å long (pendant trois mois), troes moes asto, troes moes
d’ rote, è rote, èn è rote (trois mois d’affilée). Ex. lit. :
CW : (...) one novèle caute d’ identité qui dès miles èt dès miles djins vont discou-
viè quate djoûs au long (...) (Chwès, Libramont, p. 3)
– après (après). Voir emplois (ci-dessous).
– di, do (∼ du, dou), del (∼ dol, dul, doul) (en, pendant) : del campagne (pendant
la bonne saison), di l’ esté (pendant l’été), di ç’ tins la (en ce temps-là), sondjî
del nut (rêver (pendant) la nuit). Voir emplois (ci-dessous) et l’article contracté
(p. 101).Voir emplois et l’article contracté.
– di (∼ dè, du) (depuis) : di ç’ tins la (depuis cette époque), di ç’ djoû la (depuis
ce jour-là)
– è (en) : è l’ivier (en hiver). Voir emplois (ci-dessous).
– dins et divins (dans) : dins troes djoûs (dans trois jours)
– dispû (∼ dispôy, dispeûy, d(u)pû, etc.) (depuis) : dispû 1945 (depuis 1945)
– d(i)vant (avant) (∼ d(è)vant, d(u)vant) : i vénrè dvant doze eures (il viendra
avant midi), divant l’ esté (avant l’été). Voir emplois.
– do cotoû di (vers, aux environs de) : do cotoû do Noyé (aux environs de la Noël)
– do trevint di (à l’époque de). Ex. lit. :
CW : En 1943, do trèvint do Noyé, on raconteûve citèle-ci : (. . .). (Novèles,
46/2000, p. 3)
– djusk’ a et disk’ a (jusque). Cette deuxième préposition (utilisée plutôt en EW)

215
216 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

n’a pas la même origine que djusk’ a. C’est une contraction de di ci k’ a. Djusk’ a
peut se contracter en j’k’ a ou sk’ a. Ex. lit. :
OW : Vos l’ sûrèz insi s’qu’à dmwin au matin. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 65)
– durant (durant). Ex. lit.
OW : Djan fét achîr Mirna (...) èt lî fé anoncer l’ tite (...) èt ça, durant ène diméye
eûre. (J. GOFFART, Coquia, p. 21).
SW : Dj’ê bin pris cinq kilos deurant l’ dèrnî mwès. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 64).
EW : (...) l’Esprit l’ tchôka [Jésus] è dézèrt èt durant quarante djoûs, li démon
l’ tèm’ta. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 94)
– i gn a (il y a ) : i gn a cwatre ans (il y a quatre ans)
– inte ∼ ètur (∼ atur, ètèr, intèr) (entre) : inte deus eyèt troes eures (entre deux et
trois heures)
– par (par). Uniquement dans on côp par moes, etc.
– passé (plus de, passé) : passé deus eures (plus de deux heures)
– so (∼ su) (en, pendant) : so deus djoûs d’ tins (en deux jours), so l’ anuti (le
soir). Voir emplois.
– tins di ou do tins di (pendant, à l’époque de) : (do) tins des condjîs (pendant les
congés), do tins di m’ grand-mére (à l’époque de ma grand-mère). Ex. lit. :
OW : (...) c’ èst li qu’ètèrtént s’ djârdin dispû dès razans, come i l’ fèyeut d’djà
d’ayeûr, timps du vî mononke, ès’n-ancyin contrè-mésse di quant ç’ qu’i travayeut
a Solvay. (H. VAN CUTSEM, Chôse, p. 11)
– tot’ k’ a (jusqu’à) : tot’ k’ a l’ anneye ki vént ! (à l’année prochaine)
– vè / dèviè / aviè (vers) : deviè ene eure, vè ene eure (vers une heure). Voir em-
plois. Ex. lit. OW : Li canada qu’on plante aviè l’mwès d’mârs’ poûrit è tère.
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 7)
– voci, vola, la (voici, voilà) : voci deus eures (il y a deux heures), vola / la troes
ans (voilà trois ans). Ex. lit. :
CW : C’è-st-one tote djon.ne soce : elle a skèpyi volà nin dèdjà trwès ans. (Chwès,
Libramont, p. 39)

10.2 Prépositions de lieu


195. Petite liste non exhaustive de prépositions et de locutions prépositives de lieu :
– a, å, al... (à) : a Nameur (à Namur), å martchî (au marché), al tere (par terre), å
cwefeu (chez le coiffeur) ; intrer a l’ eglîjhe (entrer dans l’église) ; si coûtchî al
tere (se coucher par terre) ; aler å docteur (courir chez le médecin). Voir emplois
(ci-dessous) et les articles contractés (p. 101).
– amon (chez) (∼ OW, sud-nam. : mon ; nam. èmon ; carol. : mon di) : amon m’ mo-
nonke (chez mon oncle)
– après (chez, aux environs de) : après nos-ôtes (chez nous), i dmeure après Li-
brômont (il habite dans les environs de Libramont). Voir emplois (ci-dessous).
– après (en direction de, vers) : li trin rôle après l’ Louviére (le train roule vers
La Louvière) ; il e-st aredjî après l’ peket (il est fou du genièvre). Voir emplois
(ci-dessous). Ex. lit. :
OW : Ene mamezèle toûrnikéve autoû d’in gros solia / Qui, core ben qu’astoké,
10.2. PRÉPOSITIONS DE LIEU 217

klinçait s’ tièsse après tère. (H. PETREZ, Fauves IV, p. 129)


– après (sur, à) : pinde on cåde après on meur (pendre un cadre à un mur) ; ateler
’ne biesse après èn aenea (attacher un animal à un anneau). Voir emplois (voir
ci-dessous).
– å rés’ di (à ras, au bord de). Ex. lit. :
SW : Lu royê atur nous-ôtes èt zês, c’è-st-ou rés’ du payis d’ Libraumont. (L.
MAHIN, Bauke 1, p. 19)
– asto di (près de, contre) : asto do meur (contre le mur)
– åtoû (di) (∼ åtoûr, âtoûr) ou alintoûr di (autour) : åtoû del måjhon (autour de
la maison) ; n’ alez nén åtoû del boesse (ne tripotez pas la boîte) ; dj’ a des mås
alintoûr di m’ boke (j’ai des maux autour de la bouche)
– avå (dans, à travers) : avå les tchamps (dans, par les champs) ; tot avå ou t-avå
l’ veye (par, à travers, dans la ville). Voir emplois (ci-dessous).
– pa t’t avå (partout dans, à travers) : pa t’t avå l’ viyaedje (à travers le village)
– dé, d(i)lé, adlé, addé (près de, chez) : dilé mi, addé mi, adlé mi, dé mi (près de
moi, chez moi)
– dins, d(i)dins, d(i)vins (dans) : didins l’ fabrike (dans l’usine), i n’ a rén dins
ses pîds (il n’a rien aux pieds, il est pieds nus) ; dji m’ di dins ∼ dvins mi-minme
(je me dis en moi-même) ; dji m’ î cnoxhe divins ∼ dins les åbussons (je m’y
connais en champignons) ; au sens de « parmi » ou « chez » : Ex. lit. :
OW : Twè, m’fi, di-st-i l’bon Dieu [au Pièrot], t’îras dins lès Walons avou l’agace.
(E.-J. PIRET, Extraits, p. 9)
– dissu (sur) : dissu l’ pazea (sur le chemin). Voir emplois (ci-dessous).
– di t’t åtoû di (autour de)
– d(i)vant, pa ∼ po dvant, å dvant di (devant) : pa dvant l’ vevî (devant l’étang).
Ex. lit. :
OW : Jusse divant li, gn’a ène pètite baraque tout nouvèlemint bâtîye. (E.-J. PI-
RET, Extraits, p. 13)
– d(i)zeu, pa ∼ po dzeu, å dzeu di (au-dessus de) : å dzeu di l’ åbe (au dessus de
l’arbre)
– d(i)zo, pa ∼ po dzo, å dzo (sous, en dessous de) : pa dzo l’ lîve (sous le livre)
– djondant (di) (contre, tout près de) : djondant l’ grand bwès (tout près de la
forêt)
– djus di (en bas de) : djus di l’ åbe (en bas de l’arbre)
– drî, pa ∼ po drî, å drî di (derrière) : drî l’ cahute ou pa drî l’ cahute ou po drî
l’ cahute (derrière la cabane)
– è (dans), èn devant une voyelle : l’ oûjhê tchante èn on purnalî (l’oiseau chante
dans un prunellier) ; è m’ mwin (dans ma main) ; si mete è s’ lét (se mettre au
lit) ; i l’ veyeut è ses pinseyes (il la voyait dans ses pensées) ; il ont tapé tot èn
on moncea (il ont tout jeté en tas)
– erî di, lon erî di (loin de, à l’écart de) : erî del sitoûve (loin de la cuisinière)
– foû di (hors) : foû del måjhon (hors de la maison)
– inte ∼ etur (entre) (∼ fam., OW : intèr ; SW : atur) : inte ∼ etur les deus ouxhs
(entre les deux portes) ; nos estans chal inte di nos-ôtes (nous sommes entre
nous). Ex. lit. :
EW : Leû rêzon èt leû consyince èlzî fèt on d’vwér di s’ kidûre inte di zèls come
218 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

dès frés. (Dèclaråcion 1, art. 1)


– è (SW, sud nam. : o ; sporadiquement, SW, OW : ou) (dans le), èl (∼ SW, sud
nam. : ol) (dans la) : è tchestea (dans le château) ; èl måjhon (dans la maison).
Voir emplois (ci-dessous) et les articles contractés (p. 101).
– po (par). Ex. lit. :
CW : (...) èt on l’ rëfrote on ôn te côn p an r’cominçant po l’ôn te costé. (J.-J. GA-
ZIAUX, Lessive, p. 72)
EW : I n’ mi d’meûre pus qu’à prinde li boûf... c’èst-à-dîre li lumeçon po lès
cwènes. (MITTEI, Zanzan, p. 20) - Alez-è por là, c’èst totès bômes abann’nêyes
(...). (MITTEI, Zanzan, p. 27) - (...) èt ’ne clapante îdêye lî passa po l’ tièsse.
(MITTEI, Zanzan, p. 35)
– pa, pal, på, påzès (par) : pal bwès (par le bois). Voir aussi l’article contracté
(p. 101).
– passé (passé) : passé Vervî (passé Verviers)
– sconte di / disconte (contre) ou conte : sconte do meur (contre le mur). Ex. lit. :
EW : (...) lès flots ont rouflés disconte cisse mohone-là, èt i n’ l’ont polou fé bodjî
(...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 106) - Chaskeun’ a l’ dreût (...) d’èsse assûré
disconte li chômèdje. (Dèclaråcion 2, art. 23).
– so (OW, CW, SW : su) (sur) : sol voye (sur la route) ; sol martchî (au marché) ; i
dmane so on cårtî (il habite dans un appartement) ; elle est djalote so s’ soûr (elle
est jalouse de sa sœur) ; i vike so ses rintes (il vit de ses rentes) ; li maisse end a
todi sor mi (le maître me harcèle) ; dji so måva sor vos (je suis fâché sur vous) ; li
novele est sol gazete (la nouvelle est dans le journal). Voir emplois (ci-dessous).
– hute di (∼ CW, OW : yute ; EW : (h)oute) (outre, plus loin que) : hute di Hu (plus
loin que Huy)
– vè, aviè, diviè (vers, aux environs de) : il oya les pas d’ ene sakî ki vneut vè
l’ ouxh (il entendit les pas de quelqu’un qui se dirigeait vers la porte). Voir emplois
(ci-dessous).

10.3 Prépositions diverses


196. Petite liste non exhaustive de prépositions et de locutions prépositives diverses :
– afîs’ di (afin de) : afîs’ di s’ restchåfer, i s’ aprepia del sitoûve (afin de se ré-
chauffer, il s’approcha du poêle)
– al longue di (à force de) : al longue del rifroter, ti l’ as-st alouwé (à force de la
frotter, tu l’as usée)
– (a) cåze di (à cause de) : cåze di vos, li båshele a stî pûneye (à cause de toi, la
petite fille a été punie). Ex. lit. :
EW : (...) mins i n’ polît ariver disk’a lu a cåse dèl’ flouhe. (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 113) - Ossi n’ a-t-on nou dreût d’èl toûrmèter cåse di sès-îdèyes
(...) (Dèclaråcion 1, art. 19)
– atot (avec, jusqu’au 19e s.) : vinoz atot mi (venez avec moi). Aujourd’hui avou.
– conte (di) (contre) : dji fwai çoula conte coûr (je le fais à contre-cœur). Ex. lit.
EW : I fåt qu’ in’ ome si bate bråmint èt lontins conte di lu-minme divant d’ aprinde
à z èsse tot-à-fêt mêsse di lu-minme. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 85)
10.3. PRÉPOSITIONS DIVERSES 219

– disconte ∼ sconte (contre) : vos alez disconte mes ideyes (vous vous opposez à
mes idées). Ex. lit. :
EW : (...) fwèrci l’ome a s’ chèrvi dèl rèvole come dièrin mwèyin disconte di
l’abus dèl pouhance èt d’ l’assèrvih’mint (...) (Dèclaråcion 1, préambule) - (...) i
n’ såreût-èsse quèstion d’ profiter d’ cès dreûts èt d’ cès lîbertés po-z-aler disconte
lès-îdèyes èt les grandès régues dès Nåcions-Unèyes. (Dèclaråcion 1, art. 29)
– contraire a (contrairement à). Ex. lit. OW : Nos alons fé (...) ène saquî qui,
contraire aus-ès bièsses, routera su deûs djambes faîtes au moule (...) (E.-J. PI-
RET, Extraits, p. 10).
– cweki (à part). Ex. lit. EW : Qwèqu’ ça, mi p’tite bodène èst r’pahowe. (MITTEI,
Zanzan, p. 30)
– an (en ; préposition empruntée au français et utilisée dans des expressions) : si
mete an route (se mettre en route) ; di pére an fi (de père en fils). Voir emplois,
ci-dessous.
– come (comme) : elle a-st avu come on toûbion (elle a eu une sorte de vertige)
– (di) peu di (de peur de) + VERBE : tinoz vos comufåt, peu do tchair (tiens-toi
convenablement, de peur de tomber). Ex. lit. :
EW : Loukîz di n’ nin toumer è lèç, sogne di v’ fé prinde èt d’ pèri. (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 69)
– peu di ou sogne di (en cas de, de peur de) + NOM : metoz ’ne echerpe, peu d’ on
froed (mets une écharpe, de peur d’attraper un rhume). Ex. lit. :
SW : Purdez one crosse peû d’on mwês fwin, di-st-èle Gaguite (...) (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 30)
– a l’ après di (près) : a l’ après d’ rén, dj’ esteu touwé (à un rien près, j’étais tué)
– a ∼ è (en) : collectivité : viker a ∼ è soce (vivre en société) ; si mete a ∼ è
manaedje (se mettre en ménage) ; toûrner a poûssîres (devenir poussière)
– da, dal, då, dås, dåzès (de, à ; indique l’appartenance ou la provenance) : c’ est
les tchéns då cinsî (ce sont les chiens du fermier) ; vola l’ noûve cote dal båshele
(voilà la nouvelle robe de la jeune fille) ; c’ est da mi (cela m’appartient). Voir
emplois (ci-dessous) et les articles contractés (p. 101).
– fåte di (faute de). Ex. lit. :
EW : Fåte dè k’nohe èt d’ rèspècter lès dreûts d’ l’ome, ènn’ a dès cis qu’ s’ont
avili å pont d’ brutålizer l’ s-ôtes (...) (Dèclaråcion 1, préambule)
– djusk’ a (voire, même, jusqu’à). Ex. lit. :
CW : (...) mins n-avot ossë d’ dîj èt j’k’à dès cës d’ kénze këlos. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 47)
– do (comme) : ovrer do taeyeu (travailler comme bûcheron). Voir articles partitifs
(p. 100).
– a môde di (comme, tel, en guise de) : il aveut on noret a môde di tchapea (il
avait un mouchoir en guise de chapeau)
– sins (sans)
– swè dizant di (sous prétexte de). Ex. lit. :
EW : Nouk ni pout-èsse mètou al torteûre, såvadjmint maltrêtî èt avili, swè-dîzant
dèl pûni. (Dèclaråcion 1, art. 5)
– mågré (malgré)
– avou (avec) : vinoz avou mi (venez avec moi) ; i n’ est nén djinti avou ses efants
220 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

(il n’est pas gentil envers ses enfants) ; dji rvénrè avou l’ dierin trin (je reviendrai
par le dernier train) ; avou s’emploie très souvent après une apostrophe : t’ e-st on
grandiveus avou, sais’ ! (tu es un fameux vaniteux !)
– sorlon (selon)
– s’ apinse (a) (selon, suivant, d’après)
– ôrmi (hormis). Ex. lit. :
CW : (...) Arnold de Ville a ègadji s’ fîye pa in tèstamint en l’èspétchant di s’ ma-
riè, ôrmi avou èn-ome di fwârt wôte nôblèsse. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 16)
– po (pour) : dji n’ so nén pol pexhon (je n’aime pas beaucoup le poisson) ; por
mi, il est sô (à mon avis, il est saoul). Voir emplois.
– po (espèce de) : vinoz bouter, vos po on feneyant (viens travailler, espèce de
fainéant). Voir emplois (ci-dessous).
– po (quant à). Ex. lit. :
OW : (...) pou lès mames (...), èles-èstît-st-a dalâdje dispû l’éreû. (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 76). Voir emplois (ci-dessous).
– po çu k’ (end) est di (quant à, pour ce qui est de). Ex. lit. :
EW : Tos lès-omes vinèt-st-å monde lîbes, èt so-l’minme pîd po çou qu’ènn’ èst
d’leû dignité èt d’ leûs dreûts. (Dèclaråcion 2, art. 1) - Tot l’ monde deût poleûr fé
dès-ètudes, èt çoula gråtis’, dè mons po çou qu’ èst dès bassès scoles. (Dèclaråcion
1, art. 26)
– ki (sauf) : tertos ki l’ Djan (tous sauf Jean) ; les oûjhês, on n’ les cnoxhe waire,
ki les oûjhês mougneus d’ tchår (les oiseaux, on ne les connaît pas beaucoup,
sauf les rapaces)
– rapoirt a (par rapport à) (∼ rapôrt). Ex. lit. :
EW : Di pus’ nolu n’deût påti dè-l’condicion di s’patrèye rapôrt ås-ôtes payis (...)
(Dèclaråcion 2, art. )
– såf (sauf)
– tant k’ a (quant à) : tant k’ a mi, dji vénrè (quant à moi, je viendrai)
– estô di (au lieu de) : soriyoz estô di braire (souriez au lieu de pleurez)
– a pus ki ou å pus ki (sauf) : il avint vnou tèrtos a pus qui l’ Olivî (ils étaient
tous venus, sauf Olivier). Ex. lit. :
EW : Arivé è l’ mohone, i n’ lèya intrer pèrsone avou lu, å pus qui Pîre, Djåque èt
Dj’han (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 117)
– evèr (par rapport à)
Sans compter d’innombrables locutions comme :
– å mitan di (au milieu de), a costé di (à côté de), a foice di (à force de), al / èl
plaece di (au lieu de), å moumint di (au moment de), å dfait di (quant à, au sujet
de, à propos de), etc.

10.4 Remarques sur l’emploi de certaines prépositions


A, al, å, ås...
197. a) La préposition a peut indiquer un lieu :
– a Nameur (à Namur)
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 221

b) Elle peut signifier « chez ». Ex. lit. :


– SW : (...) rascontrè aus sôdârds dès laids mèchants Rossês come li ci do viyadje
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 84) - Nè dit-on nin qu’ dins l’ timps, quand-il
alét ôs vèjins d’mandè dès-omes po bate, qu’i n’ nalét jamês z-a kî què l’ vinr’di ?
(Ch. BENTZ, Coradje, p. 34)
– CW : W’îreus-dje à l’ costri, é mi ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19)
– EW : Dju r’îrè å bol’djî d’min... (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
– OW : Djôsèf è-st-èvoye tapér n’ dèvise ô farmacyin. (Ch. TOMBEUR, Ch’napans,
p. 9)
c) Elle peut indiquer un temps :
– a dmwin (à demain) ; al samwinne (la semaine prochaine) ; a l’ ahan (en au-
tomne)
d) une saison :
– ås djaeyes (à la saison des noix) ; al nîve ou ås nîves (pendant la saison d’ennei-
gement)
e) une disposition, une manière :
– a fligotes (en lambeaux) ; a monceas (en tas) ; a craheas (carbonisé, lit. « en es-
carbilles »)
Ex. lit. :
– CW : Lès mouchwès ’mouchoirs’ qu’on loyive ’liait’ së s’ dos, à cwane ’coin’.
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 17) - Quand on-z-èst bèvu, savoz, èt dismantchi,
qu’on-z-èst li p’tit en s’apougnant ; on maye à bièsse. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 22) - Ôtemint, en sintant qu’ ça rastind, lès stacheûs ènn’ îrint co bin à ikèts, en
soyant. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 23)
f) La préposition a, ås est utilisée afin de conférer au verbe un emploi plus général que
son emploi transitif normal (en OW, souvent a invariable).
– code on pun (cueillir une pomme) ; code les puns (cueillir les pommes, ces
pommes-là) ; code ås puns (faire la cueillette des pommes)
De même :
– råyî ås canadas (arracher les pommes de terre, faire l’arrachage des pommes de
terre) ; tcheryî a l’ ansene (conduire le fumier au champ) ; end aler ås comissions
(aller faire ses emplettes) ; aler ås muguets (faire la cueillette du muguet) ; aler å
bwès (aller chercher du bois) ; fonde å fier (faire la fonte du fer) ; boere å peket
(boire du genièvre)
Ex. lit. :
– CW : (...) on s’ siève co bin do l’ ligne do coucou élèctrique qu’amine à l’èstâcion
lès bèrlines po tchèrdji à trin. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 14)
– OW : Tint [sic ; = tins] qui l’ sendje cache a pûs su s’ dos, / Mârtin n’ sét s’èspétchî
di mûzener a Bruno (...). (H. PETREZ, Fauves IV, p. 57)
– EW : (...) il ariva qu’ tot passant êmé lès tchamps d’ blé, sès discipes råyît ås pôtes
èt lès magnît après lès avu k’toûrné è leûs mains. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 102)
g) La préposition a ou è indique une manière. Ex. lit. :
222 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

– CW : Gn-aveûve qui l’ jènèrâl èt saqwants wôts-gradès qu’on mwinrneûve à tchè-


rète. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179)
– OW : Sès diplomes, sès lîves, sès afêres qui sont-st-a plin dalâdje, lès bias saluts
qu’on lyi fét, lès liârds... (W. BAL, Fauves, p. 13)
– EW : Dji sèrè k’tèyî a tot p’tits bokèts. (MITTEI, Zanzan, p. 21) - Li trône, sculté
d’ôr à dintèles, åreût fêt l’ fôrteune d’in-impèreûr. (MITTEI, Zanzan, p. 41)
h) Une quantité. Ex. lit. :
– CW : Adon, il è r’tchôke à pougnîyes. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 23)
i) Devant un infinitif dans une phrase négative, il indique une impossibilité.
– i n’ est nén a rpaxhe (il est impossible de le contenter, il a un appétit féroce)
Ex. lit. :
– SW : Lès-omes, gn’a nin onk à m’ fére crankiè ; dji n’ê peû qu’ dès ruv’nants. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 21)
– OW : Gn-a pus in vêrt diâle à s’i rconète. (W. BAL, Fauves, p. 12)
– EW : (...) li bon Diu, lu tot seû, èst dègne d’ on tél amoûr èt pèrsone n’ è-st’ à
r’mète à lu. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 83)
j) Autres emplois de la préposition a :
– a m’ toûr a djåzer (à mon tour de parler) ; a l’ oneur di ké sint ? (en l’honneur
de quel saint ?) (ou è l’oneur. . .)
Voir aussi les articles contractés (p. 101).

Après
198. a) Après peut indiquer un rapport de temps :
– après l’ awousse (après la moisson)
b) de lieu :
– i gn aveut ’ne tchinne après tchaeke pale (il y avait une chaîne pendue à chaque
pale)
c) de direction concrète :
– après Châlerwè (aux environs de Charleroi) ; i betche après troes eures (il est
presque, près de trois heures) ; après nos-ôtes (chez nous)
d) de direction abstraite : attente, demande, intérêt, hostilité... :
– dimander après ’ne sakî (demander quelqu’un) ; cachî après åk (chercher quelque
chose) ; ratinde après ’ne sakî (attendre quelqu’un) ; wwaitî après ’ne sacwè
(chercher quelque chose) ; ni nén si rtoûrner après ’ne sacwè (ne pas se préoc-
cuper de quelque chose) ; i n’ tire gote après s’ mame (il ne ressemble pas du tout
à sa mère) ; il e-st aredjî après leye (il est fou d’elle) ; il e-st abôminåbe après
l’ peket (il ne peut se passer de genièvre) ; il est mwais après mi (il est fâché sur
moi) ; les djins sont sots après les cayets did dins l’ tins (les gens sont fous des
objets anciens) ; esse curieus après åk (être curieux de qch)

Da, dal, då, dås...


199. a) da, då, dal, dås,... marquent une appartenance ou une origine.
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 223

Ex. lit. d’appartenance :


– EW : Å rés, li bwète di peûs qui s’ troûve so-l’ rèyon (...), ci n’èst pus da tot
l’ monde, c’èst da lèye (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 11) - Il avût tchoûkî è
l’ tièsse d’ås-Ålemands qui c’èstût dès djins qui valîne di pus qui l’s-ôtes. (R.
PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185) - Lès prumirès prises d’a Colas, valèt-èles lu pon.ne
d’èsse contés (...) ? (S. FONTAINE, Colas, p. 4)
– SW : Lès gotes di cassis’ machéyes avou lès pintes d’on cabarèt à l’aute ont rodji
lès massales d’à Pitit (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 103) - Èt tot ça po lès
mouss’mints da Madame. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 94)
– CW : Dol crache dau sabotî d’ Soréye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - On
d’djeut ossi qui l’Oscâr Antwane aveut ètèrè brâmint dès caurs au pîd da onk
dès cinq vîs tchin.nes, addé èwoù qui l’ Croyon a s’ câriêre. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 13) - Ci n’èsteut nin l’ome à s’alè stitchi o culot daus-ôtes. (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 17) - (...) dji m’a dit qui dj’aveûs [sic] mètu l’ mwin su lès
mémwêres d’on soçon da Césâr qu’aurè rovyi do-z-èralè dé s’ feume. (J. PIRSON,
Scrîre, p. 179) - Fè d’ l’èlvadje ? Qu’éne oreûr ! L’êwe ni sèreut pus da tortos ni
lès trûtes non pus. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 6) - Li tchèstia èt totes lès-ôtès
propiètès ont seû ièsse rachetéyes pa l’aumonier dau duc, Mossieû l’abé Lecomte
(...) (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 17) - (...) Jules Donot, qu’èst l’ prumî manjour dà
l’ mârche. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 30)
Ex. lit. d’origine :
– SW : (...) Pitit, tot pinneûs, rapougne cor on côp l’ vôye d’au Sartê a sondjant
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 105)
– CW : D’au lon, is lî fyint cor one lintanîye (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 11)
- I scrèpeut l’ bûre d’aus grossès tâtes qu’on lî d’neut aus cinses. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 13) - L’ome èt l’ tchin fyint paurt di frères : on bokèt por mi,
onk por twè ! da l’étâte di bûre qu’il aveut r’cheû âre èt ote. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 18) - Da l’ingléye do bâtimint, il avise li noûve route di Dinant, après
l’ toûrnant, addé l’ Vète Vôye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 28) - (...) on frotéve
sès mwins avou ça cand on r’vënéve d’ôs bièsses ’du bétail’. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 26)
– EW : Ridohiant dè l’ vèrité èt dè l’ glwére qui vint d’ å Cîr, is n’ riqwèrèt nin lès
sotès glwéres dè monde. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 90)
b) Après la préposition da on utilise soit un pronom personnel complément (CW, OW)
soit un pronom possessif (EW, SW) :
– ci lîve la, c’ est da mi ou da minne (ce livre m’appartient) ; totes ces ritchesses
la sont da sinne ou da lu (toutes ces richesses sont à lui, lui appartiennent)
Ex. lit. avec pronom personnel :
– CW : (...) one loke d’à lë ’à soi’ qu’on lavéve à pôrt ’à part’ (...). (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 31)
Ex. lit. avec pronom possessif :
– EW : Avou on p’tit mot da vosse ? Haye, djans, ni v’ fez nin tant hêrî ! (MITTEI,
Zanzan, p. 9)
– SW : (...) il ont ossi on causadje fwârt da leûr. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 19)
Voir aussi les articles contractés (p. 101).
224 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

Di, do, del


200. Di, do, del peuvent avoit une valeur de temps :
– del samwinne (pendant la semaine, cette semaine) ; di l’ esté (en été) ; do matén
(ce matin) ; di ç’ djoû la (à partir de ce jour-là)
Ex. lit. :
– OW : (...) dji r’vêraî dè l’ djoûrnêye. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 66)
Voir aussi les articles contractés (p. 101).

Di
201. a) Cette préposition est utilisée devant les noms de mois dans les dates :
– li dîjh di décimbe (le dix décembre)
b) Elle introduit des compléments indiquant une position du corps :
– d’ astampé (debout) ; d’ ascropou (en position accroupie)
Ex. lit. :
– SW : (...) d’assîs su dès tchèrîyes. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 44) - Çu qu’il
a ruminè Bourlouf a ramassant sès pépés d’à gngnos, on n’ saurot s’è fére one
idéye ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 94)
– CW : D’awè tofêr travayi d’assît su l’ chame, on n’ saureut crwêre come on-z-a
sès gngnos tot rwèds (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16)
– OW : Audjoûrdu, d’achîd èt ben râde di coûtchî, dji r’wè tous lès cens èt toutes
lès cènes qui dj’é rèscontrè su m’ tchumin. (B. GENAUX, Scrîre, p. 87) - Piêre,
d’ascroupi, coudeut, rauv’leut, sins pu rlèver s’ tièsse (...). (W. BAL, Fauves, p. 7)
c) Elle est utilisée devant les adjectifs qualificatifs (ou les participes) attributs d’un
nom complément :
– avu on pîd di stoirtchî (avoir un pied foulé)
Ex. lit.
– CW : Pus d’ vingt bonès camusoles di pinduwes (...). (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 19-20) - C’est l’ prumi pas ou , putôt, one ascraûchie dë faite. (E. ETIENNE,
Brabant, p. 90)
– EW : Mins qu’a-t-i d’arivé, parèt... (A. SOUGNEZ, Scrîre, p. 204)
d) Pour indiquer le matériel :
– èn ouxh di tchinne (une porte en chêne) ; ene tåve di plastike (une table en plas-
tique)
Ex. lit. :
– SW : (...) èlle a bê l’ ravôtyè dins one couvêrte di lainne, nin moyin dol rachandi
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 39) - (...) lès flames a bambyant mètint dès
tatches d’ôr su lès cwîves (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 130) - Tos lès clâs
èstint dins lès bwèsses di cârtron, strindouyes one conte l’ôte. (R. DEDOYARD,
Scrîre, p. 56) - Lès-afants avint dès grosses tchôsses du lin.ne (...). (M. LEDENT,
Causans, p. 45) - I sant contints d’ vèy leû gamin ki coûrt âtoûr dol mâjon dins sa
ptite roudje cote dè lin.ne... (M. GEORGES, Singuliers, 2/1998, p. 7).
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 225

– CW : (...) on cisia, on goria, on lét d’ blanc bwès... èt co... èt co... (R. CLINIAS,
Scrîre, p. 47) - ça fondeûve tot douç’mint, on l’ dëlêyive ’délayait’ an l’ fiant aler
’en le remuant’ avou s’ mwin ou avou on couyi ’une cuillère’ d’ bwès (...). (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 66)
On utilise aussi an dans ce contexte (voir ci-dessous, p. 227).
e) Devant un nom, dans un groupe du nom introduit par un déterminant démonstratif
ou possessif. Ex. lit. :
– EW : L’arèdjèye bièsse rataque ci bièsse di djeû-la co traze èt co traze côps. (J.
WARNIER, Scrîre, p. 224)
– CW : Insi, di-st-i, qu’on causeut gade (...), on djoû, au matin, li nosse di gade
s’aprète po biquetè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 23)
f) Dans la locution esse di signifiant « s’agir » ou « être » :
– cwè ç’ ki c’ est d’ ça ? (de quoi s’agit-il ?)
Ex. lit. :
– OW : Qu’èst-ce qui c’èst d’ cès djins-là ? (J. GOFFART, Coquia, p. 3)
– SW : (...) èt pu, do scrîre çu qu’on-z-a oyu racontè, come si ç’astot d’ l’èvanjîle.
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 137)
– CW : C’èst rin, don, d’ ça ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 20)
g) Avec les pronoms è / endè et onk / yene (tournure emphatique) :
– vos nd estoz onk di såvadje ! (vous en êtes un violent !) ; il end a-st avu yene
di broke ! (il en a subi un échec !) ; il è fwait yene di tchaleur ! (il en fait une
chaleur)
h) Et aussi dans :
– c’ est di m’ fåte (c’est ma faute) ; ene pîce d’ èn ake (une pièce en un acte) ; est
ç’ di bon ? (est-ce sincère ?) ; est ç’ di vraiy ? (est-ce vrai ?), etc.

Did
202. La préposition diest très souvent redoublée en did devant des prépositions ou des ad-
verbes commençant par une consonne :
– i vnèt did vè Vîsâm (ils viennent des environs de Vielsam) ; les djins did ci (les
gens d’ici) ; did cwè v’ melez v’ ? (de quoi vous mêlez-vous ?) ; c’ e-st on parint
did lon (c’est un parent éloigné) ; les djins did dins l’ tins (les gens du passé) ;
did la, nos erîrans so Bertrès (de là, nous retournerons vers Bertrix) ; rilouke
did pus près (regarde de plus près) ; i magne did tot (il mange de tout)
Ex. lit. :
– EW : Du-d’-cwè va-dj’ vikî, mi ? (J.-M. MASSET, Contes, p. 6) - (...) qui vèyez-v’
di d’ la al copète ? (J. WARNIER, Scrîre, p. 225)
– SW : (...) pace qu’on lès-ôt di-d’-lon quand tot èst paujîre dol nêt. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 35) - (...) à quéques côps d’ fuzik di-d’-doû-ç’ qu’il èst, il a avizè
one grande blaméye. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 36) - Ç’astot lès vîs di-d’-là qui
tchantint lès dêrainnès priyéres avou Monsieû l’aumonier. (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 138) - Pou nous-aprinre a mindjè du d’ tout, a nous neûri sins manière
226 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

(...). (P. JEAN, Causans, p. 11) - (...) lès comèrçant d’ô Tchèstê fajièt dès-afêres
èt lès camelots ossi qui vindièt du d’ tout (...). (G. LEJEUNE, Causans, p. 29) -
Vos vèyèz ça dè d’ ci (...). (Ch. BENTZ, Coradje, p. 35) - Vènus dè d’ lôn, lès
Romins / A Freûs dèdja s’instalint. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 79) - I fât vèy come
on m’ rèwête dè d’ tos costès ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 83) - Li radje ol’zî a
montè o cwar, èle sunéve di d’ partout. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4).
– CW : Li curè di d’ vélà, n’èst-ce nin Djâque li Pèruquî qu’on l’ lome ? (A. LA-
LOUX, Lès Soçons, p. 12) - Vos-èstoz co do vî timps, dandjereû ! vos-ôtes, lès
djins di d’ pâr ci. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 20) - Di d’ là, on-z-a bin vuwe tot
drwèt quausu jusqu’à su l’ bati. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27) - (...) i n’ sét nin
qui nosse walon d’asteûre èt l’ latin di d’ dins l’ timps sôt’nut do min.me tonia !
(J. PIRSON, Scrîre, p. 179) - A l’ sôrtîye do pachi sint-Nicolas, tot l’ côrtèje si
r’trouve ècheune èt à paurti di d’ vêci, i r’prind lès rûwes do viladje. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 31) - Tot ça vint di d’ fwârt lon (...). (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚
12, 9/2000, p. 4)
– OW : Èle a fét dou nouvia cafè, èstî quer (...) dins l’ drèsse, èl sèrvice à cafè dè
d’ quand ’l’ s’a mâriè. (W. BAL, Fauves, p. 11)
Ex. lit. de did devant un pron. pers. :
– CW : Lès lokes quë v’ tërez dë d’ vos, ça èst crôs ’gras’, don. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 56)

E, el
203. E (dans le, masculin) et el (dans la, féminin) sont aussi des articles contractés :
– e trén = dins l’ / divins l’ trén (dans le train) ; el gregne = dins / divins l’ gregne
(dans la grange)
Certaines régions de SW tendent à confondre o (= e, dins li) et å (= a li). Dans tous les
ex. lit. suivants, les autres dialectes auraient utilisé å :
– SW : (...) c’èst mi qui tchwèzich’rè po qu’i n’ manque rin o p’tit. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 49) - C’ènn’a stî assè, èt l’ gamin o tchapê d’ papî a stî batizè
« l’ Rossê Napolèyon » (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 65) - Zîré, dist-i l’ cinsî
o dômèstique, alez mète li vèra a l’uche do stauve (...). (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 88) - Po-z-a rèv’nu o mariadje dè leû comére, nè v’ sone-t-i nin qu’il ant l’êr
mot prèssès ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 35)
Cette confusion existe aussi en SW en dehors des régions ou o et å sont phonétiquement
proches, c.-à-d. dans les régions où l’on utilise ou. Ex. lit. :
– Du l’ôte dès costés, ç’ côp-là, i s’ racousine ou Borkin (...) (L. MAHIN, Bauke 1,
p. 19)

Divant, avant
204. a) Divant peut être préposition de lieu (devant) ou de temps (avant) ; dans le premier
cas, on utilise souvent (surtout en OW et CW) la forme pa dvant pour éviter une
éventuelle confusion :
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 227

– dj’a-st arivé dvant lu mins i s’ a vnou mete (pa) dvant mi (je suis arrivé avant
lui mais il s’est mis devant moi)
b) On constate une tendance à remplacer divant (avant), préposition de temps, par
avant, surtout en OW. Ex. lit. :
– OW : Dîs munutes avant l’rècrèyâcion, i luve in dwèt èyèt d’mande s’i faut doner
a bwâre ausès fleûrs (Emile LEMPEREUR, Tièsses pèléyes, El Bourdon 477,
6/1995, p. 9) - Quand m’ toûr vénra, pourvu qui dji n’ piède nén l’ tièsse èt qui dji
m’ souvène, avant d’ rider dins lès vîyès foûyes, du timps qu’ dj’èsteu co gamin
(...). (B. GENAUX, Scrîre, p. 87) - (...) pace qui, avant di r’ssatchî l’eûwe dola,
i-gn-aveut yin qui diskindeut dins l’ fond (...). (L. POLLEN, DTW, t. 16, 1988,
p. 49)

Pa, par
a) La préposition pa est peu utilisée en EW. Elle n’apparaît que sous la forme par,
notamment pour introduire un complément d’agent (au lieu de di). (Pour introduire un
complément de lieu, l’EW utilise po là où les autres dialectes utilisent pa.) Ex. lit. :
– EW : Bèni seûye-t-i l’ Signeûr (...) pace qu’il a visité èt rach’té s’ peûpe (...) insi
qu’i l’a promètou par li vwè d’ sès sints (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 84)
b) Ailleurs, la forme de la préposition est pa (sauf dans un environnement où elle prend
un -r, voir p. 228) :
– dj’a vnou pa Nameur (je suis venu par Namur) ; djel a-st aprins pa nosse pa (je
l’ai appris par mon père)
c) Dans certaines locutions adverbiales, on a toujours par :
– ene feye par djoû, par moes, par an (une fois par jour, par mois, par an)
Rem. : jamais ˚pa djoû, ˚pa moes, ˚pa an ; par contre pa samwinne (par semaine) est
fréquent. On utilise aussi ene feye li djoû, ene feye tos l’s ans, etc.
– par après (par la suite)
– par la (par là) et par ci (par ici) (syn. EW : por la, por chal)
– par nut (la nuit, pendant la nuit, en OW) (syn. del nut, tins del nut, å nut)

An, è
205. La préposition an (en) est empruntée au français et surtout utilisée dans des expressions
figées (elles-mêmes souvent empruntées) :
– l’ afwaire an kestion (l’affaire en question) ; si mete an régue (se mettre en
règle) ; an definitive (en définitive) ; di pére an fi (de père en fils) ; an frôde
(en fraude) ; tchanter an keur (chanter en chœur) ; èn etermint an muzike (un
enterrement en musique) ; on saeyea an zinc (un seau en zinc) pour on saeyea
d’ zinc ; an ivier (en hiver) pour è l’ ivier ou di l’ ivier
On constate une tendance à remplacer è ou d’autres prépositions par an là où le français
utilise en :
– an tchantant pour è tchantant (en chantant) ; an avant pour èn avant (en avant) ;
an 1997 pour è 1997 (en 1997)
228 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

Ex. lit. :
– OW : Ça fét qu’an pô d’ timps, c’èst come s’on l’âreut toudi conu. (H. VAN
CUTSEM, Chôse, p. 12) [ou : so pô d’ tins]
– CW : En 1943, do trèvint do Noyé, on raconteûve citèle-ci : (...). (Novèles, 46/2000,
p. 3)
Devant un nom de matière, an est utilisé aussi bien que di. Ex. lit. :
– CW : (...) il avin’ one grosse boleûse an keûve ’cuivre’ qu’on tchôfeûve pa-d’zos.
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 62) - C’è-st-on baston en bwès qu’on tape lès trwès
côps avou, d’vant d’ comincî. (BATISSE, Li P’tite Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4) -
(...) on batimint en pîres d’agauche (...) (A. LALOUX, Bêrt, p. 10)
– SW : Lès pièces dès cink francs astint an.n-ârdjint. (M. GEORGES, Singuliers,
2/1998, p. 7).

Di, do, å + infinitif


206. a) Devant un infinitif, on utilise les prépositions di, do (∼ liég., brab. dè) ou å.
Ex. lit. de do devant infinitif :
– SW : Jean-Batisse n’avot fait qu’ do sognè s’ moman èt sès-êréyes do corti. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 117)
– CW : Divant do r’fè l’ nuk avou on parèy, on lî aureut d’vu dîre, à Lalîye (...). (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 14)
Ex. lit. de å devant infinitif :
– SW : Pitit avot todi sondjè qu’il astot mwins’ qui l’s-autes au n’ nin z-avèr yu on
papa come tos sès camarâdes di scole. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 131)
Voir aussi les articles contractés (p. 101).

Di ... po
207. a) Po (∼ OW, SW : pou, OW, Lesse, chestr.) (et di) sont utilisés pour interroger sur la
qualité ou la nature d’une chose :
– k’ est ç’ ki c’ est d’ ça po ’ne fleur ? (qu’est-ce que c’est que cette fleur ?) ; k’ est
ç’ ki c’ est d’ ça (po ’ne afwaire ?) (qu’est-ce que c’est ?) ; ki fijhint i co d’ ôte
po åk ? (que faisaient-ils d’autre ?) ; k’ est ç’ po onk ? (quel genre d’homme est-
ce ?) ; k’ aveut i po on tchaepea ? (quel genre de chapeau avait-il ?) ; k’ a-t i
vnou po des djins (quel genre de personnes sont-elles venues ?) ; k’ est ç’ po di
l’ angrais, çoula ? (de quelle sorte d’engrais s’agit-il ?)
Ex. lit. OW :
– Qwè-ce qui c’èst d’ ça pou ène asmala ? (J. GOFFART, Coquia, p. 3)

Changement de forme des prépositions


Adjonction d’un r : por, par, sor, dissur, dizeur, dizor. . .

208. ab So (∼ OW, CW, SW : su), pa et po (∼ OW, SW : pou) , deviennent sor (∼ sur),


par et por (∼ pour) devant un pronom personnel employé seul (sans adverbe). Dans
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 229

le même contexte, on trouve aussi normalement : dizeur, dizor, dissur, åtoûr, ver et
avår.
– dji n’ a pont di liârds sor mi (je n’ai pas d’argent sur moi) ; dji n’ a nén on franc
por twè (je n’ai pas un franc pour toi) ; djel a savu par lu (je l’ai su par lui)
Ex. lit. de po (∼ pou) devenant por (∼ pour) :
– SW : Mais c’èst lwagn’rîye do sondjè z-avèr l’êwe por mi tot seû !... (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 18) - D’abôrd, i nos faut dîre brâmint dès pâtèrs por zèls (...).
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 49) - Il aud’rè ça au fond di s’ coeûr por li tot seû
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 93) - Mèrci pou l’ lîve d’ la vîe qu’ v’éz douvri
pour mi. (P. JEAN, Causans, p. 11) - On.n-ôrit dit qu’il astét fêt a m’seure por lèy.
(Ch. BENTZ, Coradje, p. 37)
– CW : S’i conecheut lès paroles, i s’è sièvereut por li, l’ prumî, dandjereû. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - L’ome èt l’ tchin fyint paurt di frères : on bokèt
por mi, onk por twè ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 18) - Por mi, i d’morot d’ l’ôte
costè d’ l’êwe drî lès cladjots. (A. HENIN, Scrîre, p. 105) - C’èst bin damadje,
nin seûlemint pour zèls, mins ossi pou nosse bia èt vî walon (...). (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 10)
– EW : Li vîye d’un-ome ni comptéve nin por lu ! (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 185)
- C’èst por vos, c’èst por nos qu’il a d’né s’ vîye (...). (R. PRIGNEAUX, Scrîre,
p. 186) - Adon, l’ comeune l’a bin volou wårder, inte deûs tèris’, por lèy tote
seûle. (J.-D. BOUSSART, Limes, p. 23) - Tot f’zant on novê costume por lu-
méme, i s’aporcèwa qu’i li faléve pus du stofe. (J.-M. MASSET, Contes, p. 17)
- (...) dj’aveû stu l’ prumî a trover qui l’ prîhon èsteût co bin trop pô por lu. (G.
FONTAINE, Billets, p. 48)
– OW : Pwîs ètou, paç’què s’ keûr avèt tokè pour léye... (W. BAL, Fauves, p. 11) -
Èst-ce qu’on pout fé ène saqwè pour vous ? (J. GOFFART, Coquia, p. 2) - In p’tit
ome a ossi mau sès rins pou fouyî ; pourtant, pour li, l’ têre n’èst nén si basse.
(P. FAULX, Limes, p. 37) - Come Jésus aleut chûre lès-autes, Marîye li satche pa
l’ mantche èt, pour li tout seû, li choufèle à l’orèye : (...). (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 57)
Ex. lit. de so (∼ su) devenant sor (∼ sur) :
– OW : Dji compte sur vous pou cominchî l’ preumiêre èmission... (J. GOFFART,
Coquia, p. 21)
– EW : (...) èt l’ Saint-Esprit èsteût sor lu. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 88)
Ex. lit. de dissu devenant dissur :
– OW : (...) èle aveut s’ maniêre à léye dè rculer èt pwîs dè s’ dârer d’sur vous an
sukant, qu’èle aureut fét peû à in gros tchin d’ vatche. (W. BAL, Fauves, p. 6)
– CW : (...) l’ôte [di gamin], avou ène pia d’ bèrbis d’ssur li, riprésinte Sint-Djan-
Batisse. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 30)
Ex. lit. de dizo devenant dizor :
– CW : C’èst po ça, on mètéve one loke à r’lok’ter d’zor lë ’une serpillière en des-
sous de soi’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 22)
Ex. lit. de vè devenant ver :
– EW : Et come ine grande flouhe s’aveût rassonlé, èt qu’on-z-acoréve foû dès vèyes
vèrs lu, Jésus dèrit ’ne fåve. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 112)
230 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

Devant un pronom accompagné d’un adverbe, la préposition ne change pas de forme.


Ex. lit. :
– EW : Mins lès cis qu’ inmèt Jèzus po lu-minme èt nin po leû prôpe ric’fwért (...).
(J. BOSLY, Îmitåcion, p. 91)
b) Les formes por (∼ pour), par, dissur et sor (∼ sur) sont aussi assez courantes
devant tout mot commençant par une voyelle (liaison facultative), surtout en CW et
SW. L’adverbe co subit le même traitement et devient cor (voir p. Lettres de liaison,
p. 65).
Ex. lit. de por (∼ pour) :
– CW : Pwis i d’meureut voltî su li stauve por one tchétchéye. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 15) - Li prumî à fè, c’è-st-on martchi por on lite avou sès-ostèyes. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 16) - (...) ë savot ç’ qu’ë d’véve mète a peû près por on
këlo (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 47)
– SW : Anfin, i wêt’rè d’ fére por on mèyeû... (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 94)
Ex. lit. de sor (∼ sur) :
– CW : Cand dj’èsto p’tëte, djë montéve sër on banc po toûrner avou maman (...).
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 76)
Ex. lit. de par :
– SW : Pitit raconte lès toûrs di si skiron (...) qu’a yu, pauve bièsse, lès rins crokè par
one marcote (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 101) - C’è-st-one novèle vikêrîye
qui k’mince par on novê batème (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 63)
Ex. lit. de dissur :
– CW : One pènêye, c’èst dè tissu qu’èst ployi ’plié’ è deûs èt qu’on toune dëssër on
cârton. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 10)
c) Pa, po, avå et vè deviennent respectivement par, por, avår et ver devant ci (ici) et
la (là) :
– par ci (par ici), por la (par là), avårci (par ici, dans les environs), ver la (vers là).
Ex. lit. :
– EW : Lès lapins s’aminèt por la. (S. FONTAINE, Colas, p. 4)
Avårci et avårla sont souvent écrits en un mot (Léonard 1987) mais peuvent aussi se
voir avec un trait d’union (avår-chal, avår-la dans Haust 1933) ou encore en deux mots
(avâr la dans Francard 1994 ; avaur la dans Carlier 1985).

Adjonction d’un « z » à po (∼ pou) : po-z

Devant un verbe commençant par une voyelle, ainsi que devant les adverbes î (y) et è /
endè (en), po devient po-z.
Ex. lit. :
– CW : Maîs pou-z-arivè a fè ène saqwè d’ come i faut, il èst rèquis d’awè bran.mint
do coradje èt co d’ volontè. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10)
Voir aussi le hiatus (p. 63).
10.4. REMARQUES SUR L’EMPLOI DE CERTAINES PRÉPOSITIONS 231

Elision de po (∼ pou) et so (∼ su)

Dans certains dialectes (malm., verv.), po s’élide en p’ et so s’élide en s’ devant une


voyelle (l’adverbe co subit le même sort). Ex. lit. :
– EW : Dji m’ va c’on pô d’mani chal. (M. FRISEE, Scrîre, p. 85) - (...) on tchèr-
djéve dès meûbes s’on tchâr. (J.-M. MASSET, Contes, p. 20) - Dj’î tûzéve îr tot
r’toumant s’on spåyemåye, quu dj’a wårdé dji n’ såreû dîre å djusse poqwè. (R.
GROSJEAN, Scrîre, p. 96) - D’â long on l’ prindreût [one creû] p’on potô indi-
cateûr (...). (S. FONTAINE, Colas, p. 3)
En SW, la préposition so (∼ su) s’élide aussi, facultativement, devant consonne :
– s’ la lune = sol leune (sur la lune)
– Ex. lit. SW : La ptite rosse (...) avét tot d’ on coûp criyè k’ lès-Almands arivint,
alôrs’ k’ i gn avét pèrsone s’ la route. Sa poûve mére avét vorè su la pèzante
casrole dè fonte èt avét couru la catchè a guèrnî. (M. GEORGES, Singuliers 2/98,
p. 9)

Deux prépositions consécutives


209. Il est très courant en wallon que deux prépositions (voire plus) se succèdent, surtout
quand la deuxième introduit un complément de lieu ou de temps. Dans de nombreux
cas, le français utiliserait d’autres tournures. Ex. lit. :
– SW : Come mi, cès djins-là n’ sèrèt jamais leûs-uche po dol nêt... (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 92) [« pour pendant la nuit »] - (...) pu, il a dit à r’vèy à s’ moman
quol a raminè jusqu’à su l’uche a lî criyant : « A dîmègne, èn’no, m’ fi ? » (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 104) [« jusque sur la porte »]] - (...) dj’astins vèjin avou
mon Gèlique (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 134) [« avec chez Angélique »]
– CW : Tant qu’is passint d’vant mon l’ grande Natalîye. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 11-12) [« devant chez Nathalie »] - (...) pate à pate, Oscâr bouteut tot doûcète-
mint li pwate d’è l’èglîje. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12) [« de dans l’église »] -
C’è-st-one po dol samwin.ne qui dj’ vôreus bin. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19)
[« pour pendant la semaine »] - I m’ faurè saye d’î ièsse divant qu’èle ni r’brèsse
por à quatre eûres seûlemint. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25) [« pour à quatre
heures »] - Èt po quand l’ raupin a stî po quitè d’au maîsse, Djâque (...) ènn’ a dis-
candji deûs [des boûs] por on tch’fau. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27) [« pour
partir d’aux maîtres », voir da, ci-dessus] - Lès roufions ni sont nin co passè por
è scole dol vèspréye. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27) [« pour à l’école »] - Di
d’ là, on-z-a bin vuwe tot drwèt quausu jusqu’à su l’ bati. (A. LALOUX, Lès So-
çons, p. 27) [« jusqu’à sur le bâti »] - En tot tûzant à cès vîyès caribondin.nes-là,
Djâque plonceneut aviè autoû do l’ maujon. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 29)
[« vers autour de la maison »] - Gusse passe tofèr devant [sic] mon Chôse. (E.
ETIENNE, Brabant , p. 90) [« devant chez Chose »] - Po dèl nêt ’pour la nuit’, i
mètéve todë one nète tchëmîje (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 25) [« pour pen-
dant la nuit »] - (...) on tëréve lès lokes fou por aviè ’aux environs de’ doze eûres
èt on lès stwardéve ’tordait’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 58) [« pour aux
environs de midi »]
232 CHAPITRE 10. LES PRÉPOSITIONS

– EW : Toûrner åtoû èt m’ flûtchî po so l’ costé... Impossibe ! (MITTEI, Zanzan,


p. 17) [« par sur le côté »] - Il aveût li stoumak’ qui groûléve ca i n’aveût rin
magnî dispôye å dîné. (MITTEI, Zanzan, p. 28) [« pour à dîner »] - (...) ca nosse
pîtieûse vèye di so l’ tére ridohe di mizére (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 96) [« de
sur »]

Sens réfléchi
210. Dans un sens réfléchi, on trouvera les tournures onk + prép. + l’ ôte ou prép. + n-on
l’ ôte :
– rotez pa drî n-on l’ ôte ou rotez onk pa drî l’ ôte (marchez l’un derrière l’autre) ;
i travayèt po n-on l’ ôte ou i travayèt onk po l’ ôte (ils travaillent l’un pour
l’autre)
Ex. lit. :
– SW : Di conuchances qu’il astint l’an passè, vo-lès-là duv’nus dès camarâdes
èt, onk dilé l’aute, à djok là-haut su li d’vant dol male, il è vont a copinant. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 108) - Tos lès clâs èstint dins lès bwèsses di cârtron,
strindouyes one conte l’ôte. (R. DEDOYARD, Scrîre, p. 56)

Verbes et prépositions
211. Certains verbes se construisent avec une préposition. Le lien entre le verbe et la pré-
position est si fort que cette préposition peut demeurer même si le verbe n’a pas de
complément :
– i n’ a nén volou vni avou (il n’a pas voulu nous accompagner) ; nos frans bén
sins (on s’en passera bien) ; cache après, d’ abôrd ! (cherche-le donc !) ; i gn
aveut des cådes di pindous après (des cadres y étaient pendus)
Ex. lit. :
– EW : Tunoz vosse deût d’vins. (J.-M. MASSET, Contes, p. 9) - C’èst damadje ku
nos n’ sèrans nin là po fé avou, hê, vî ? (J.-M. MASSET, Contes, p. 12)
– CW : I tchiketeut pâremint d’ trop autoû. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15) -
È s’place, one saqwè d’ si virlitche [do pèket], dji m’aureu médyi avou pa en
d’dins. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13)
– SW : (...) tot çoula so ’ne clére nape avou dès-oûhês brodés d’sus. (A. SOUGNEZ,
Scrîre, p. 204) - Dj’îri dwârmu avou ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 83)
Chapitre 11

Les conjonctions de
coordination

11.1 Quelques conjonctions et locutions conjonctives


212. Liste non exhaustive de conjonctions et de locutions conjonctives de coordination. Sont
repris également des mots appartenant à d’autres classes mais pouvant jouer le rôle de
conjonctions de coordination.

Ajout
– èt ∼ eyèt (et) 1 , èt ∼ eyèt co (et encore), èt ∼ eyèt ossi (et aussi), eyèt ∼ èt minme
(et même), èt pu (et puis), èt pu co (et de plus) ; insi ki (ainsi que) ; ostant qui
(autant que) (∼ ottant, liég.) ; di pus ∼ di pus’ (de plus)
Ex. lit.
– CW : Nos momans èt nos grands-momans, insi qui nos sint curès î ont tron.nè
d’ frèd è l’iviêr... (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 6) - Ambicieûs ostant qu’intèlijent,
Arnold de Ville a ègadji s’ fîye pa in tèstamint (...) (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 16)
- Dipus, ils s’ègadjenut à tirè l’ sauvlon èt lès cayaus brut’ qu’i gn-a dandji pou
bâti l’èglîje. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 19)
– EW : Di pus’ nolu n’ deût påti dè-l’condicion di s’patrèye rapôrt ås-ôtes payis
(...) (Dèclaråcion 2, art. )
– èt si (et) entre deux verbes : il èst malåde èt s’ vôreût-i bén moussî foû (il est
malade et il voudrait sortir) ; purdoz l’ ôto èt s’ l’ alez mète è gårèdje (prends la
voiture et va la mettre au garage).
Ex. lit. de la conjonction èt si :
– SW : Purdez one crosse peû d’on mwês fwin, di-st-èle Gaguite èt s’ ni ruv’nez nin
trop taurd. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 30) - (...) èle l’a covru come on-èfant èt
1. ALW II, 71 (« et »).

233
234 CHAPITRE 11. LES CONJONCTIONS DE COORDINATION

s’ lî a r’tchaufè one jate di lècê. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 39) - Lès fèmes one
après l’aute ont apicè l’ pauke èt s’ont stramè dès grossès gotes di bènite êwe (...)
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 46) - Is mètint la brantche su in blokê, èt s’ bouchint
d’ssus avu come ène makète. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 37)
– EW : (...) vos rèscontrez ’ne saquî èt s’ fåreût-i co qu’ vos sèpése çou qu’èlle èst.
(J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - Alez-è å lådje èt s’ tapez vos hènas po pèhi. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 98)

Alternative
– ou (brab., SW aussi : u, û) (ou) 2 , ou minme (ou même), ou bén (ou bien), oudô-
ben (ou bien), ou bén ki (ou), oudôbén ki, ou co bén (ou bien) ou k’ c’ est (ou
alors), oudon, oudon ki, oudon k’ c’ est (ou alors)
– ni . . .ni (ni . . .ni)
– seuye-t i . . .seuye-t i (∼ soye-t i) (soit ... soit), swet ... swet (soit)
– nén pus ... ki (pas plus ... que)
Ex. lit.
– CW : Done-mu m’ pupe qu’èst là, su l’ tchiminéye, va, Lalîye, ou dôbin i m’ faurè
co r’tchaussi mès savates po m’ drèssi. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15) - Is
n’ sayenut nin d’ prouver qui l’ Walon è-st-on patwès, nu qui l’ Francès è-st-
one « langue supérieûre » pace qu’is n’ saurin.n’ prouver nu onk nu l’ôte. (R.
VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 18)
– SW : (...) si skiron (...) toûrnot autoû di s’ cô, ou bin qu’i l’ siyot come on p’tit
tchin (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 82) - (...) i fait sès d’vwârs do mî qu’i
pout, soye-t-i ad’lé s’ moman qui fîye, soye-t-i ad’lé s’ mârène Gèlique (...). (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 67) - Lès-omes sont vôyes ôs tchamps, ûcobin k’ c’ è-st-
ou bwès. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 11) - Èst-ç’ qu’on pèlot su l’ aube drèssé
ûdonbin qu’ on l’ foutot djus duvant du c’mècer ? (L. MAHIN, Bauke 1, p. 37).
– EW : Zanzan n’ènn’ aveût ni l’ volté ni l’ fwèce. (MITTEI, Zanzan, p. 14) - Çoula
arive co sovint mins s’ fåt-i bin rik’nohe qui l’åbe ni lî rèspond måy, seûy-t-i qu’il
èst grandiveûs ou seûy-t-i qu’il èst soûrdô. (J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - Mins,
nin pus’ lès-andjes qui lès-ouhês ni tchantèt è walon. (Eli Michel, Djåzans, p. 5,
9/95) - Chaskeun’ èst lîbe d’ aveûr dè bin, seûye-t-i d’a sonk tot seû, seûye-t-i è
comunôté. (Dèclaråcion 1, art. 17)
– OW : Gn’aveut ni scole ni Maîsse di scole quand il a v’nu su l’ Têre. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 12)

Comparaison
– come (comme), ossi bén ki (aussi bien que), ostant ki (autant que) : c’ est por lu
ossi bén k’ por mi (c’est pour moi aussi bien que pour lui)

2. ALW II, 72 (« ou »).


11.1. QUELQUES CONJONCTIONS ET LOCUTIONS CONJONCTIVES 235

Succession
– pu (puis) (∼ pwis), èt pu (et puis), adon (ensuite), adon-pwis (puis, ensuite),
alôrs (alors, ensuite)

Opposition
– mins (mais) (∼ OW, SW : més) 3 , mins si (mais), mins ossi (mais aussi), portant
(pourtant), seulmint (cependant, seulement), mins nerén (cependant, toutefois,
néanmoins), mågré tot (malgré tout, cependant), mågré ça (cependant), mins
non pus (toutefois, néanmoins), ci côp la (par contre, au contraire, en revanche),
èt si (et pourtant)
Ex. lit. :
– SW : (...) dji n’ sondjo nin à vos si vite èt s’ dj’î sondjo, ca dj’ê dit m’ tchap’lèt
à mèsse (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 92-93) [c’est le èt s’ qui dénote une
opposition, pas le ca) - Du l’ôte dès costés, ç’ côp-là, i s’ racousine ou Borkin (...)
(L. MAHIN, Bauke 1, p. 19)
– EW : çoula arive co sovint mins s’ fåt-i bin rik’nohe qui l’åbe ni lî rèspond måy,
seûy-t-i qu’il èst grandiveûs ou seûy-t-i qu’il èst soûrdô. (J. WARNIER, Scrîre,
p. 225)

Conséquence
– d’ alieur (d’ailleurs), insi (ainsi), ossi (aussi), eto (aussi) (∼ OW : ètou), ça fwait
ki (par conséquent, c’est pourquoi), do côp (en conséquence) : i n’ s’ a nén dis-
piertè, èt do côp il a stî tårdou (il ne s’est réveillé et par conséquent, il a été en
retard), adon (donc), don (donc), tantia (ainsi), ciete (certes).
Ex. lit. :
– EW : Don, å k’mincemint dè monde, qwand l’ bon Diu crèya Adam, i crèya ossu
lès sotês. (MITTEI, Zanzan, p. 8) - Ciète, dji n’a qu’à brêre, mins dji n’a pus
qu’« Lou » èt « Wi » (...). (MITTEI, Zanzan, p. 21) - Vos adjihez don sotemint si
v’ mètez vosse confiyince ou vosse djôye divins quî qui ç’ seûy, såf divins lu. (J.
BOSLY, Imitåcion, p. 82)
– CW : Tantia, ossi rate passéye li môde do tant pavè lès routes, li p’tit Skèwe a stî
l’ prumî qu’on-z-a rèvoyi d’à l’ câriére. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
– SW : D’alieûrs, il astot bin v’nu d’ tortos (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 65) -
Ossi, il avot dès camarâdes po z-alè randachè on pô tot costè (...). (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 65)

Mise en garde
– sinon (sinon), ou sinon (ou), sins cwè (sans quoi), ôtrumint (autrement) : taij-
hoz v’, ôtrumint vos seroz pûni (taisez-vous ou vous serez puni), ca ôtrumint
(sinon), ca adon (sinon)
3. ALW II, 73 (« mais »).
236 CHAPITRE 11. LES CONJONCTIONS DE COORDINATION

Cause
– ca (car)
Ex. lit. :
– SW : Dj’a rîrans, Coralîe. Ca t’t-a l’eûre, i-gn-ôrè co dès môvêses linwes qui
dîrant qu’on côse èt qu’on côse... (Ch. BENTZ, Coradje, p. 37)
– EW : D’ åbitude, ine tèm’tåcion qui v’s arive èst l’ sègne d’ on ric’fwért qui sût,
ca l’ ric’fwért dè Cîr èst promètou ås cis qu’ ont stu c’picîs d’ tèm’tåcions. (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 87)
– OW : Marîye li choûte, li boutche au laudje, sins dire in mot ; mais quî nos dira
çu qu’èle pinse ? Ca èle veut lon, l’ pôve moman... (E.-J. PIRET, Extraits, p. 55)

Divers
– d’ alieur (d’ailleurs), do mons (∼ mwins’) (du moins), c’ e-st a dîre (c’est-à-dire).
Ex. lit. :
– EW : Si v’ supwèrtez d’ bon coûr d’ èsse çou qu’ vos èstez, ç’ è-st-à-dîre in’ ome
qui deût sofri èt mori, i v’s îrè d’ on côp mîs èt vos troûverez l’ påye. (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 98)
Chapitre 12

Les conjonctions de
subordination

12.1 Le temps
213. Liste non exhaustive de quelques conjonctions (ou locutions conjonctives) de subordi-
nation introduisant des propositions circonstancielles de temps. Sauf indication contraire,
ces conjonctions appellent, dans la proposition subordonnée, l’indicatif en cas de si-
multanéité ou postériorité, et le subjonctif en cas d’antériorité :
– (a) tchaeke côp ki (∼ chake) (chaque fois que)
– adon ki (au moment où, alors que). Ex. lit. :
EW : Tot v’nant foû d’ cisse catèdrâle, adon qui lès sèt-eûres sonît, dji r’tapa on
côp d’oûy so-l’ pancarte (...) (G. FONTAINE, Billets, p. 15)
– a tot côp ki (chaque fois que). Ex. lit. :
EW : A tot côp qu’ l’èfant potche, li påvion ènnè va (...). (J. WARNIER, Scrîre,
p. 224)
– a fwait ki ou a mezeure ki ou fwait-a-mezeure ki ou fwait-a-fwait ki (à mesure
que)
– alôrs ki (alors que)
– å moumint ki (au moment où)
– a pårti do moumint ki (à partir du moment où)
– a ponne ki (∼ pwinne, pwène, pône) (à peine que) : a ponne k’ elle a-st avu
mindjî, elle end a nd alé (à peine a-t-elle eu fini de manger qu’elle est partie). Ex.
lit. :
EW : ’On va sèrer’ nos d’ha l’ome, a pon.ne qui nos-aprèpîs. (G. FONTAINE,
Billets, p. 15)
– après ki (après que). Ex. lit. :
EW : Après qu’i fourit v’nou foû dè l’ sinagogue, Jésus intra st-è l’ mohone da
Simon. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 97).
OW : Mam’zèle Chôse è-st-arivéye dimèrer roci, mon di s’ mononke, tout d’chûde

237
238 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

après qu’il a stî veuf. (H. VAN CUTSEM, Chôse, p. 11)


– asteure ki (maintenant que)
– come (comme) : i sôrta come dji rintréve (il sortit comme je rentrais)
– d’ abôrd ki ou ossi rade ki ou si rade ki ou si vite ki ou do côp ki ou tot d’ shûte
ki ou si tôt ki (dès que). Ex. lit. :
CW : Ossi rate qu’il oyeut ramechi l’ catrîye dins lès maujons èt mète li tauve po
dînè... (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12) - (...) ossi rate qu’on-èst scrans, on dit
qu’on n’a s’ sô èt adon i gn-a pus rin qui toûne bin rond. (J. FIEVEZ, Bièmeréye,
p. 11).
EW : Mins si rate qui Babèt’ eûrit oyou l’ salutåçion d’ Marèye, l’èfant qu’èle
pwèrtéve fruziha d’vins lèye (...). (J. MIGNOLET, Evandjîles, p. 82) - Si vite
qu’il eûrit aporçu Jésus, i tapa dès èclameûres (...). (Dj. MIGNOLET, Evand-
jîles, p. 113) - Si vite qu’ènn’ont l’adje, ome èt feume, di tot l’ minme quéle race,
nacionålité ou r’lidjon, ont l’ dreût di s’marier èt dè fonder ’ne famile. (...) (Dè-
claråcion 2, art. 16)
– ossi rade (dès) + participe passé : ossi rade rintré, il ala coûtchî (dès qu’il fut
rentré, il alla dormir).
Ex. lit. CW : Ossi rate li bènèdicsion faîte, lès mârcheûs fiyint ène dèchârje è
l’oneûr di Sint-Pîre (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 27) - Ossi rate rarivè, Miyin
tchicote o djârdin. (A. LALOUX, Bêrt, p. 10). Rem. : à ma connaissance, ossi
rade ne peut pas servir de préposition (cf. français : « Dès son arrivée, ... »).
– dispû ki (depuis que) (∼ dispôy, dispeûy, nam. ; d(u)pû, SW)
– d(i)vant ki (avant que) (∼ d(è)vant, d(u)vant) + subjonctif. divant est parfois
remplacé par avant (voir Emploi des prépositions p. 220) : fijhans l’ divant qu’ i
n’ vinxhe (faisons-le avant qu’il vienne). Ex. lit. :
CW : Saqwants-anéyes divant qui l’ bon Diè n’avôye si Fi su l’ tére, Jules Césâr
paut’ di Rome po v’nu nos-ataquè. (J. PIRSON, Scrîre, p. 179).
EW : (...) i fourit loumé Jézus, nom qu’ l’ andje lî aveût d’né avant qu’i n’eûhe
pris vèye è sein di s’ mére. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 87).
OW : Divant qu’i gn’eûche ène saqwè, li bon Dieu èsteut tout mér seû. (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 7)
– do côp ki (dès que)
– djusk’ a ç’ ki ou djusk’ a tant ki ou tant ki ou disk’ a tant ki (+ subj.) (jusqu’à
ce que). Ex. lit. :
SW : Èt lès-omes copinèt ainsi jusqu’à trant qu’ lès fèmes ont stî ruv’noûyes. (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 48) - Èle duvot rak’mincè jusqu’à trant qu’èle tumot
jusse... (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 61) - ça deurét dès djoûrs èt dès djoûrs qu’a
tant qu’èle p’lét z-a stikè s’ la p’tite traveûre. (C. CULOT, Causans, p. 49)
CW : Po c’minci, on vudive ’vidait’ dèl frwède êwe jësk’à tant qu’ totes lès lokes
èstin’ fënes frèches ’toutes mouillées’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 55)
OW : Dins l’ wazon, èle mûzeut d’qu’à tant qu’èle aveut trouvè ’ne bousséye à
s’ gout. (W. BAL, Fauves, p. 6)
EW : Dji brê après vos, Signeûr mon Diu, èt dji v’ holerè tant qu’ vos m’ åyîz’
oyou. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 86) - Divins tot l’ minme quèle [sic, = quéle ]
mohone qui v’ sèyéze, dimonez-i disk’a tant qu’ vos qwitése cisse plèce-là. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 117) - Tot quî è-st-acusé d’ine måcule deût-èsse tinou
12.1. LE TEMPS 239

po ènocint d’ çou qu’on lî r’proche disqu’a tant qu’i seûye rik’nohou coupåbe (...)
(Dèclaråcion 2, art. 11).
– do tins ki ou tins ki ou dismetant ki ou sol tins ki ou tot fant ki ou di ç’ tins ki
ou li tins ki (pendant que). Ex. lit. :
SW : Tins qui v’ dîrez l’ tchap’lèt, dj’îrê fére li cafè a nosse maujon (...) (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 46) - Justin n’ è jamês rouviè non pus k’ il astét assîs conte lu
meur dol mâjon (...), èl tins k’ leû mére fouyét èt grâlét l’ courti. (M. GEORGES,
Singuliers 2/98, p. 10)
CW : One pitite charogne qui vos clawerè à l’ bodène, dosmètant qu’ vos causeroz
avou Cadîye (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 21) - (...) maman lès r’passéve
’lavait la deuxième fois’ dë ç’ timps ’pendant’ qu’on tournéve lë deûzyinme ma-
chëne. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 28) - I faut s’î mète cwârps èt âme èt n’ nin
lachi d’ène simèle do timps qu’on-z-aprind. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 11)
OW : Qwè ç’ qui vos mindjîz, tins qu’ vos travayîz ? (L. POLLEN, DTW, t. 16,
1988, p. 52) - Contunuwons, l’timps qu’Nos y-èstons, di-st-i l’ Grand Maîsse ! (E.-
J. PIRET, Extraits, p. 7) - Timps què djè r’wéte lès tchaussètes, djè m’ fé r’bourér
(...). (Ch. TOMBEUR, Ch’napans, p. 28)
EW : Li qwinzin-ne [sic : inme] an-nêye dè ringne di l’Ampèreûr Tibêre, tot fant
qu’ Ponce Pilåte èsteût gouvèrneûr dèl Djudêye (...), li parole dè Signeûr si fa st-
oyî (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 90) - Li sèmeû ala sèmer si s’mince ; èt
dismètant qu’i sèméve, ine pårtèye touma l’ long dè l’ vôye (...). (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 112)
– ki (pendant que, alors que). Ex. lit. :
SW : I d’junot avou l’ cinsî, qui lès coqs kimincint à tchantè, èt aye èvôye après
Arlon a courant (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 85)
CW : Lès minâbes djoûs (...) qu’on dut alumè l’ quinquèt qu’i n’èst co pont d’eûre,
li Skèwe croufieut o culot, dins lès cotes da Lalîye. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 15) - Il a apici one deûzin.me marinde qu’i choneut qu’on nè l’ waîteut nin. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 17) - On n’ rotéve ’circulait’ ni qu’on pouwéve ! (J.-J.
GAZIAUX, Lessive, p. 26)
OW : S’i gn-a saquants pansârds dins l’ binde, pinse-t-èle, nos-aurons ène bèle
broke qui [sic, = qu’i] n’ s’ra né taurd ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 57)
– on côp ki (une fois que). Ex. lit. :
SW : Dû ç’ qu’i mètint lès scwâces in côp qu’èlles astint à vôye ? (L. MAHIN,
Bauke 1, p. 55)
– ossi lontins ki (aussi longtemps que). Ex. lit. :
CW : Ossi longtimps qui lès scrîjeûs walons vôront fè r’ssôrtu li lingadje di leû
viladje, nos duvans bin crwêre, come l’a dit J. Collot : « Po lîre li walon, i faut
ièsse capâbe. » (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 11)
OW : Pou ène tchance, è v’là iène, qui v’s-aléz m’ dîre ! Mais n’ l’avons-dje nén
ètou, ossi lontins qu’ no-n-âme n’èst nén man.nète ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 12)
– cwand (quand)
– cwand (c’ est) ki (lorsque). Ex. lit. :
EW : Cwand c’èst qu’on v’néve foû dèl gåre, i faléve co monter so on camion (...).
(J. HOUBART-HOUGE, Scrîre, p. 113) - (...) on n’èst måy al djôye qwand c’èst
qu’on s’ prind ’ne bone fèssêye ou quéquès pådjes a scrîre. (J. WARNIER, Scrîre,
240 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

p. 224)
SW : Adon, quand quu l’ vagon astot fin plin, lu trin l’ mon.not èdû ç’ qu’ i gn-avot
dès molins à chwâches. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 57)
– terchedon ki (jusqu’à ce que) : terchedon ki n’s årans tot fwait (jusqu’à ce que
nous ayons fini)
– tot côp ki (à chaque fois que). Ex. lit. :
EW : C’èst djustumint çou qui m’ mame dit à m’ papa tot côp qu’ dj’a fêt l’ mèt-
chant. (MITTEI, Zanzan, p. 10)
– tot ratindant ki (en attendant que) + subjonctif

12.2 Cause, but, conséquence, manière


Quelques formes de référence
214. Liste non exhaustive de quelques conjonctions (ou locutions conjonctives) de subor-
dination introduisant des propositions circonstancielles de cause, but et conséquence.
Sauf indication contraire, ces conjonctions appellent l’indicatif dans la proposition su-
bordonnée :
– a cåze ki (parce que). Ex. lit. :
OW : (...) èt qu’on n’ sét né aler l’ qwé à cause qu’i-gn-a dèl cwérèle (...). (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50)
– adon ki (puisque). Ex. lit. :
EW : Adon qu’on-z-a frawetiné, qu’on ric’mince li vôtèdje. (MITTEI, Zanzan,
p. 45)
– come (comme) : come il esteut tårdou, i sont-st evoye sins lu (comme il était en
retard, ils sont partis sans lui)
– d’ abôrd ki (puisque, dans la mesure où) Ex. lit. :
SW : Èt pouqwè qu’ on n’ va pus pèler aus tchènês asteûre, d’abôrd qu’on fwait
co toudi dès bons solés (...). (L. MAHIN, Bauke 1, p. 71)
– do moumint ki (du moment que)
– d’ ostant (pus) ki ou pår ki (∼ pôr) (d’autant que, d’autant plus que)
– ki (de manière que) + conditionnel : ele nadje pa dzo l’ aiwe ki ti nel såreût
vey (elle nage sous l’eau, de manière que tu ne pourrais pas la voir). Voir ex. lit.
ci-dessous.
– (la) co bén ki (heureusement que)
– insi ki (ainsi que). Ex. lit. :
EW : L’istwêre, insi k’ Colas m’ l’a conté, vinrè, bâbe-a-bâbe, après lès présinta-
cions. (S. FONTAINE, Colas, p. 1)
– la ki (parce que). Ex. lit. :
EW : Dji n’ djèmihéve nin d’ må mins là qu’on rwè deût mori so s’ trône èt nin
bièssemint d’zos lès rècènes d’in-åbe. (MITTEI, Zanzan, p. 7)
– minme ki (à un point tel que). Ex. lit. :
CW : I gn-a co d’pus qui sont honteûs d’ leû lingadje min.me qu’ils-èspêtchenut
leûs-èfants di causè walon. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10)
– pace ki (parce que)
12.2. CAUSE, BUT, CONSÉQUENCE, MANIÈRE 241

– puski (puisque) (∼ pwiski en général)


– po ki ou po çu ki (puisque) (∼ ESM : pou ç’ qui). Ex. lit. :
OW : Et on pout dîre qui pou ène dicauce, ç’a stî ène dicauce,... pousq’on z-è
cause cor audjoûrdu... (E.-J. PIRET, Extraits, p. 64)
– surtout ki (surtout que). Ex. lit. :
SW : (...) i n’ s’a nin fait priyè, surtout qu’i savot bin qu’on-z-alot cauzè d’ mon
Hoton. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 95)
– télmint ki (tellement) : èle n’ a nén moti, télmint qu’ èlle aveut pawe (elle n’a rien
dit, tellement elle avait peur). Ex. lit. :
SW : ...sa ptite roudje cote dè lin.ne k’ èst tote dèstindûe télmint k’ i piche dèdins.
(M. GEORGES, Singuliers, 2/1998, p. 7)
CW : (...) télemint qu’is n’ sont nin sûrs di zèls, is critikenut lès-ôtès langues è
d’djant dès grossès bièstrîyes (...). (R. VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
– veyanmint ki (vu que, étant donné que). Ex. lit. :
CW : (...) dès cias qui n’ conèchenut qu’one langue lî inventenut dès quâlités,
qu’is n’ saurin.n’ prouver, vèyantmint qu’is nè l’ saurin.n’ rimète à d’s ôtes. (R.
VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9)
– å pont ki (au point que)
– a tél pont ki (à tel point que)
– si bén ki (si bien que). Ex. lit. :
SW : (...) Pitit a rèspondu qu’i valot mî qu’il è vaye à pîd, si bin qu’il a arivè à
Arlon tot d’choflè. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 86)
– tantia ki (si bien que). Ex. lit. :
CW : Tantia qu’on djoû, aviè l’ dînè, Cadîye vout douviè on satchot d’ sé. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 21)
– sins ki (sans que) + subjonctif. Ex. lit. :
EW : (...) l’Efant Jésus d’mona à l’ vèye sins qu’ sès parints l’åyîsse rimarqué.
(Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 89) - Chaskeun’ pout prétinde a tos lès dreûts èt a
totes lès lîbèrtés (...) sins qu’on prinse astème, par ègzimpe, a s’ race, a s’ coleûr,
a s’ nateûre d’ome ou d’feume (...) (Dèclaråcion 1, art. 2)
– afîs’ ki (afin que) + subjonctif. Ex. lit. :
EW : (...) li bon Diu done si ric’fwért ås fîs ç’ qui l’ ome seûy pus corèdjeûs po
supwèrter sès rabrouhes (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 87) - (...) afîs’ qui totes lès
djins èt totes lès sôciètés, tot-z-avant tofér cisse Dèclaråcion èl tièsse, si fwèrci-
hèsse (...) dè fé crèhe li rèspèt d’ cès dreûts èt lîbèrtés (...) (Dèclaråcion 1, préam-
bule)
– di façon (a ç’) ki (de façon à ce que) + subjonctif
– di (téle) manîre (a ç’) ki (de manière à ce que) + subjonctif ou indicatif futur. Ex.
lit.
CW : (...) Danton a ôrdonè à s’ cocher di rèmoûre ène ruwe di s’cariole di maniére
à rastaurdji st-arivéye. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 16) - (...) l’adjudant faît tos
lès comandemints qu’i gn-a dandji pou lès libèrè di maniére à ç’ qui lês [sic]
mârcheûs polenut ’nnalè bwâre in p’tit côp (...) (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 32)
[NB : l’indicatif polenut est inhabituel dans ce contexte ; on attendrait plutôt le
subjonctif polnuche]
EW avec ind. : ç’èst lu qui qwirrè tot çou qu’ i v’ fåt, qui v’ donrè à pont totes
242 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

vos ahèsses, di téle manîre qui v’ n’ årez pus dandjî d’ rawårder l’ sécoûrs dès
omes. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 68) - (...) sacwants [ont] rabahî èt brutålizé l’s-ôtes
d’ine téle manîre qui l’consyince di l’ûmanité ènn’a stu révoltêye ; (Dèclaråcion
2, Préambule) - Avec subj. présent : Èt, å vrêy, vos n’ î parvinrez nin si s’ gråce
ni v’s î assètche nin d’ abôrd di téle manîre qui, après aveûr fêt tchèsse-manèdje
åd’vins d’ vosse coûr, vos n’ fez’ qu’ onc vos tot seû avou lu tot seû. (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 83) - (...) on s’ deût arindjî d’ manîre a ç’ qui lès dreûts èt lès lîbèrtés
chal divant prôclamés sèyèsse bin rèspèctés. (Dèclaråcion 1, art. 28)
– di manîre ki (de sorte que) + indicatif présent. Ex. lit.
EW : (...) ås-ôtes, il [li mistére dè rwèyôme di Diu] èst-anoncî d’vins dès fåves,
di manîre qui tot vèyant i n’ vèyèt nin, èt qu’ tot-z-oyant, i n’ comprindèt nin. (Dj.
MIGNOLET, Evandjîles, p. 112)
– (di) peu ki, di pawe ki, (di) sogne ki (de peur que) + subjonctif ou conditionnel.
Ex. lit.
OW : Il a rmouchî sès grawes peû qui l’ pîre ni soumadje (...). (H. PETREZ,
Fauves IV, p. 11)
EW avec le subjonctif : (...) èle vis prindront d’vins leûs mains di sogne qui vosse
pîd ni s’ trèbouhe disconte ine pîre. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 94)
EW avec le subjonctif puis le conditionnel : Insi, qui ci n’ seûy nin Moyîse qui
m’ djåse, mins bin vos, Signeûr mon Diu (...), sogne qui dji n’ moûre èt qu’ dji
m’ troûve télefèye sins mèrite (...), sogne qui vos n’ mi r’protcherîz d’aveûr oyou
vos c’mandemints èt di n’ nin l’s aveûr hoûtés (...). (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 102-
103)
– po ki (pour que) + subjonctif. Ex. lit. :
SW : Poqwè ç’ què v’ n’oûz nin brouyè vost-ome po qu’i v’ paye on mantê d’ vison
come nos-oûtes ? (Ch. BENTZ, Coradje, p. 83)
OW : Nos vos donerans dès blancs-mouchîs / Pou qui l’ frèdeû n’ seûche vos
picî. (H. PETREZ, Fauves IV, p. 14-15) - (...) èt co lès stwales qu’Il î a sèmè
pa pougnîyes pou qu’on vêye clér quand l’ solia sèreut coûtchi. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 8)
EW : Hay, åme fidéle, aprèstez vosse coûr à r’çûre on si bon camaråde po qu’il åy
bon di v’ni d’lé vos èt min.me di d’morer avou vos. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 68)
- (...) done po t’ riwèrihèdje çou qu’ Moïse a dit dè d’ner, po qu’ çoula chève
di proûve. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 99) - [Ine] rik’nohance di cès dreûts
èt d’cès lîbertés-la, po qu’i sèyèsse mètous èn-alèdje po d’bon tot avå l’monde,
ot’tant po lès populåcions dès-Etats Mambes zèls minmes qui po lès cisses dès
téres qui sont d’zos leû k’dûhance. (Dèclaråcion 2, Préambule)
– po n’ nén ki (pour que ... ne ... pas) + subjonctif : po n’ nén qu’ il ervåye (pour
qu’il ne retourne pas)
– di téle sôrt ki (de sorte que). Ex. lit. :
EW : Tos lès cis qu’ovrèt on l’ dreût d’èsse payis d’ téle sôrt qu’il åyèsse assez po
viker èt po fé viker leû famile (...) (Dèclaråcion 2, art. 23)
12.3. HYPOTHÈSE, CONDITION 243

Emplois
215. La conjonction ki seule, éventuellement après une comparaison, peut signifier « à tel
point que », « de sorte que ». Ex. lit. :
– SW : Èle travaye come one bièsse, qu’èle n’è min.me pus l’ timps d’ s’acay’tè on
poû quand-èle dwat-z-a nalè. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 35) [à tel point que]
– OW : (...) èle aveut s’ maniêre à léye dè rculer èt pwîs dè s’ dârer d’sur vous an
sukant, qu’èle aureut fét peû à in gros tchin d’ vatche. (W. BAL, Fauves, p. 6) -
Lès djoûs ont passè télmint râde qu’on-z-èst dîmince qu’on n’ sè d-a nin apèrceû.
(W. BAL, Fauves, p. 10) [même cas que la phrase précédente ; on pourrait avoir :
On-z-èst dîmince qu’on n’ sè d-a nin apèrceû]
– CW : Onk qu’a trop d’ caurs, qu’i n’è sêt pus qwè fè (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 13) [= quelqu’un qui a trop d’argent, (à un point tel) qu’il ne sait plus
quoi en faire ; l’auteur aurait aussi bien pu écrire ... ki n’è sêt pus qwè fè ; on aurait
alors une relative dont l’antécédent est onk, quelqu’un ]
– EW : (...) èt tot l’ monde riyéve, tchantéve, tchawîve, potchîve èt s’ quihinéve
qu’on s’åreût crèyou à l’ fièsse di Djus-d’la po l’ djoû dè bê bouquèt. (MITTEI,
Zanzan, p. 43)

12.3 Hypothèse, condition


Quelques formes de référence
216. Liste non exhaustive de quelques conjonctions (ou locutions conjonctives) de subordi-
nation introduisant des propositions circonstancielles d’hypothèse ou de condition :
– å cas ki ou dins l’ cas ki ou mwint côp ki (au cas où) + conditionnel
– a condicion ki, so condiction ki (à condition que) + subjonctif. Ex. lit. :
CW : (...) lès jendâmes duvint dès [sic, = lès ; lès mârcheûs qu’astint trop sôs]
mète dins l’ premêre ran d’ pourcia rèscontréye à condicion qu’èle fûche wîde èt
prôpe. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 35)
EW : Çou qu’ dj’ a promètou, djè l’ donrè, dji tinrè m’ parole à condicion qu’ ine
saquî d’meûre djoûrmåy fidéle divins mi-amoûr. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 105) -
Tot quî è-st-acuzé d’on dèlit deût-èsse supôzé ènocint disqu’a tant qu’il åye situ
publiquemint djudjî èt rik’nohou coupåbe d’après li lwè èt so condicion qu’ il åye
situ tot-a fêt lîbe di s’ disfinde. (Dèclaråcion 1, art. 11)
– adon ki (alors que)
– a mons ki (∼ mwins) (à moins que) + subjonctif ou conditionnel. Ex. lit. avec
subj. :
CW : A mwins qui l’ ci què l’s-a distèrè n’eûye bin yeû sogne do taîre si linwe. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 14)
EW : (...) a mons qui v’ n’avîse dès kêsses å violon come Tchitchète, adon v’ ra-
coûrciriz vosse vôye dèl mitan. (MITTEI, Zanzan, p. 33) - Et s’ fåt-i co qu’ chas-
keun’ si pôye rètrôk’ler po vôter sècrètemint, a mons qu’ on-imådjine ine ôte
manîre dè rèspècter parèlièmint l’ lîbèrté dè vôtant. (Dèclaråcion 1, art. 21)
Ex. lit. avec cond. :
244 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

CW : On fiéve on câré avou lès lokes, à mwins qu’ë-n-arot yë dèl flate ’bouse’ !
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 81) - Après mèsse oudôbin après non.ne, ils ènn’alint
avou leûs parints èmon leûs grands-parints (...), pou-z-î lîre leûs complumints, à
mwins qu’i lès aurint yeû èvoyi pa l’ posse. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 44)
EW : A mons qu’ ci n’ sèreût l’ proféte Kisétomîquinôte ! (MITTEI, Zanzan, p. 30)
OW : (...) quand èle ni tchante né, èle danse, à mwins qu’èle ni f’reut lès deûs d’in
côp, çu qu’arive co sovint. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 64)
– a pus ki (à moins que / de) + infinitif ou subjonctif : li meûr ni ténrè nén, a pus
ki d’ l’astoker / a pus qu’ nos l’ astokanche (ce mur ne tiendra pas, à moins que
nous l’étançonnions)
– a supôzer ki (à supposer que) + subjonctif ou conditionnel
– ca bén ki ou co bén (minme) ki (lors même que, même si) + conditionnel : ca
bén k’ dji sereu ritche, dji vikreu come asteure (lors même que je serais riche,
je vivrais comme aujourd’hui)
– come (comme si). Ex. lit. :
CW : Lès djakètes ’jaquettes’ : c’èstot come sèrot ’si c’était’ one bloûse d’asteûre
(...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 15)
– d’ abôrd ki (du moment que) + indicatif
– d’ astcheyance ki (au cas où). Ex. lit. :
CW : I n’a aurdè qu’one pitite makète èt l’ grètwè ; d’astchèyance qu’on l’aureut
co ukè po maketè aus pîres. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16)
– d’ azård si (si jamais) + indicatif
– di hisse ki (de peur que). Ex. lit. :
EW : Tot l’ monde rat’na si alône du hisse ku l’ flame dol èponje nu l’ mètahe è
feû. (J.-M. MASSET, Contes, p. 9)
– dins l’ cas ki ou (si) an cas (ki) (au cas où) + conditionnel. Ex. lit. :
CW : Come ça, on ’nn’ a dès nous an cas on ’nn’ arot dandji ’besoin’, s’on sèrot
malade ou n’importe. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 18)
EW : Si an cas qu’ i-n-åreût ’ne pèrsécussion, on a todi l’ dreût d’ cwèri a s’ ahou-
ter èt di s’ sêwer a l’ ètrindjîr (...) (Dèclaråcion 1, art. 14)
– (di) peu ki (de peur que) + conditionnel. Ex. lit. :
SW : Vos-îrez bin mon Maxi a passant (...), peû qu’i n’ son’rint l’ transe dimwin
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 45-46)
CW : Peû qu’ lès vèjins d’en face ni s’aurint d’mandè ci qu’i cwèsieut insi, Djâque
a faît chonance do ’nn’ alè foû do viyadje. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 28)
– do moumint ki (du moment que). Ex. lit. :
SW : (...) ca ç’ n’astot nin on brèyau : do momint qu’il avot à mougnè à tins, i
n’ tchûlot nin. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 57-58)
EW : (...) ca dè moumint qu’ èl supwète di bon coûr [ci-là qu’è-st-acåblé], tot
l’ pwès di s’ doleûr divint ’ne confiyince è solåcièdje dè bon Diu (...). (J. BOSLY,
Îmitåcion, p. 96) - Dè moumint qu’ine saquî èst rik’nohowe come mambe dèl
sôcièté, èle pout prétinde al sécurité sociåle. (...) (Dèclaråcion 1, art. 22)
– doulmint ki (à condition que, du moment que)
– a pårti do moumint ki ( à partir du moment où) + indicatif
– minme si (même si) + indicatif ou conditionnel
– minme ki (même si) + conditionnel
12.3. HYPOTHÈSE, CONDITION 245

– por ostant ki (pour autant que, dans la mesure où) : il est d’ acoird por ostant ki
ça nel disrindje nén (il est d’accord dans la mesure où ça ne le dérange pas)
– po si pa des côps (au cas où, dans l’éventualité où)
– pourvu ki ou porveu ki (pourvu que) + subjonctif
– s(i) (si) + indicatif ou conditionnel : s’ i vént, nos djowrans echene (s’il vient,
nous jouerons ensemble - éventualité) ; s’ i vénreut, nos djowrins echene (s’il
venait, nous jouerions ensemble - supposition). Ex. lit. :
OW : Et s’ nos mèténs in Cièl pa-d’zeûs çoulà ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 7)
– såf si ou i gn a jamwais ki si (sauf si) : dji v’ vénrè vey, i gn a jamwais ki s’ i
ploûreut (je vendrai vous voir, sauf s’il pleut)
– seuye-t i . . .seuye-t i ou swet ki . . .swet ki (soit que) : swet k’ il esteut sô, swet
k’ il a stî asblouwi, i s’ a fwait rvierser pa ’ne oto (soit qu’il était ivre, soit qu’il
a été ébloui, il s’est fait renverser par une voiture)

Emplois
217. a) Dans une proposition subordonnée d’hypothèse introduite par si, le wallon peut
utiliser un conditionnel présent, un indicatif imparfait ou encore un subjonctif imparfait
:
– si dj’ åreu des cårs, dj’ end îreu ou si dj’ aveu. . . ou si dj’ avaxhe . . . (si j’avais
de l’argent, je partirais)
Ex. lit. de si + conditionnel :
– OW : S’i gn-âreut qu’ mi, dji f’reus ça ètou (...) (J. GOFFART, Coquia, p. 4) -
(...) vos-avîz l’ér di nos catchî ène saqwè... come si ça s’reut in s’crèt prodjèt ?
(J. GOFFART, Coquia, p. 13) - (...) il-èsteut fiér come si ç’ âreut stî li qu’aveut
r’montè toutes lès bèrlines qui barlondjît su leûs câbes (...). (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 77) - ça fét qu’an pô d’ timps, c’èst come s’on l’âreut toudi conu. (H.
VAN CUTSEM, Chôse, p. 12)
– EW : (...) come si vos pôrîz magnî dès-oûy çou qu’ lès pratiques ont d’vins leû
tchèrète (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 11) - On n’ pout marier in-ome èt ’ne
feume s’ i n’ sèrît nin d’acwèrd. (Dèclaråcion 1, art. 16)
– SW : (...) èt i nn’ aurdèt on cochê si on nn’ aurot dandjî por on malaude ou por on
mwârt. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 124) - Èt lès djins ni srint nin tout piêrdus /
S’ i wêrint dvant leûs-oûys leû vèjin qui mûrrot. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 12)
– CW : (...) si lès rèspon’sâbes d’adon aurint v’lu s’ocupè sérieûsemint d’ l’afaîre,
asteûre, nosse chére Walonîye aureut tot ç’ qu’i gn-a dandji pour nos-ôtes sawè
lutè à ârmes-égâles (...) (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 9) - Si vos vôrîz one pîce ou
l’ôte à lîre, vos p’loz todi d’mander à A.B. di vos l’èvoyî (...). (BATISSE, Li P’tite
Gazète, n˚ 12, 9/2000, p. 4)
Certains considèrent l’emploi de l’indicatif imparfait comme fautif et dû à une in-
fluence du français. Cependant, cette concordance est très courante. Ex. lit. de si +
indic. imparf. :
– OW : (...) c’èst dèl pwène, dè l’anôye, come si l’ vîye esteut pèsante a pôrter. Yun
a dès-ouys trisses come in djoû d’ plouve, èn-ôte a l’ér’ pèneûs come s’il aureut fé
djène wit’ djoûs (...) (J. SPINOZA-MATHOT, El minme lingâdje pou tèrtous, El
246 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

Bourdon 477, 6/1995) [ici, les deux modes sont utilisés à une phrase de distance]
- (...) èle l’aveut vrémint satchi dins l’ bo, come si èle aveut stî in tchin qui sint ’ne
sacwè. (W. BAL, Fauves, p. 6) - Et s’ nos mèténs in Cièl pa-d’zeûs çoulà ? (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 7)
– SW : Â ! Si dj’ p’lo l’avèr a méye-nêt ! sondje-t-i. (J. CALOZET, Pitit d’ mon
lès Ma-tantes, p. 18) - C’èst come si on s’avot d’né l’ mot : gn-avot-i dès djins
èt dès djins à l’atèr’mint ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 51) - Si vos savîz come
ça s’ pwate bin ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 83) - Lès pus arèdjès s’ôrint ktwardu
l’ rèslî si on l’s-éve vlu choûtè. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4)
– CW : Qué novèle si l’ curè lî aveut tchèyu su l’ bosse ! (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12) - Èle s’a r’coutchi è s’ lèt èt r’porsîre si vôye en fiant l’ sodwârmant come s’i
gn-avot rin yu. (A. HENIN, Scrîre, p. 104) - C’èst come ça qu’ lès Romains pôront
(...) trèvautchi tote li Swisse en fiant rôlè d’vant zèls, come s’is djouwin.n’ au cèke,
lès fromadjes di gruyère qu’is bribin.n’ dins lès cinses. (J. PIRSON, Scrîre, p. 180)
– EW : Si dj’atakéve a vûdî l’êwe, pinse nosse Marie (...). (A. SOUGNEZ, Scrîre,
p. 204) - Èt vol’la qu’ènnè va tot måva, brèyant come s’on lî aveût råyî ’ne plome
di s’ cou. (J. WARNIER, Scrîre, p. 226) - Si dj’aveû co mès sabots todi, dji spiye-
reû ç’ måheûlé ouh-là. (MITTEI, Zanzan, p. 25) - Si v’ sûvîz l’ dreûte vôye, si v’s
èstîz bin distètchî d’ tot, vos n’ rissètcherît [sic, = îz] qu’ avantèdje èt profit. (J.
BOSLY, Imitåcion, p. 71) - Pôve robète, si t’aveûs stou tchîr è bwès, tu vik’reûs
co. (S. FONTAINE, Colas, p. 4)
L’indicatif imparfait n’est pratiquement utilisé qu’en EW dans ce contexte. Ex. lit. :
– EW : S’on avasse avu sogne, è francès, dè djouwer Ionesco d’vant ’ne pougnêye
di djins, i n’ sèreût nin oûy on classique. (M. SLANGEN, Djåzans, p. 1, 9/95)
b) Une proposition subordonnée d’hypothèse ou de condition peut être exprimée par
le conditionnel et introduite par ki si la proposition principale contient elle-même un
verbe conditionnel :
– li diâle mousreut k’ on n’ motireut nén co (le diable entrerait qu’on ne bronche-
rait même pas ou même si le diable entrait, on ne broncherait pas)
c) Le CW utilise le conditionnel après des verbes comme waitî ki, vey ki (imaginer
que). Ex. lit. :
– CW : Vèyoz qui, di d’ vêlà pad’zeûs, onk dès sints disfreut ci qu’ l’ôte aureut
èmantchi por nos ? (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 25) - Si l’ pa aveut co sès-ouy di
vingt-ans, waîte bin qu’i l’s-adouyereut quét’fîye brokè, zèls trwès, bwâre li dérène
jate divant do ralè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27-28) - Veus’, su ç’ timps-là,
qu’i sèreut dèdja addé l’ man. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 28)

12.4 Opposition, concession


Conjonctions ou locutions conjonctives proprement dites : quelques
formes de référence
218. Liste non exhaustive de quelques conjonctions (ou locutions conjonctives) d’opposi-
tion ou de concession introduisant des propositions circonstancielles d’opposition ou
12.4. OPPOSITION, CONCESSION 247

de concession. Sauf indication contraire, ces conjonctions appellent l’indicatif dans la


proposition subordonnée :

– adon ki (alors que) : i n’ mi rwaite pus, adon ki dj’ a tant fwait por lu (il ne me
regarde plus alors que j’ai tant fait pour lui). Ex. lit. :
EW : C’èsteût si drole du faleûr ènn’ aler insi adon qu’on ratind co one sacwè.
(J.-M. MASSET, Contes, p. 19) - Adon qu’ dès Walons trovèt, ou ont trové a r’dîre
si sovint so nos scriyeûs, il èst tot l’ minme plêhant dè vèyî qu’on Prix Nobel
åye sicrît çoula so onk dès nosses ! (Djåzans, p. 14, 9/95) - Oûy, adon qu’ çoula
d’vreût-èsse li påye (...) vo-l’-la co pûni. (J. WARNIER, Scrîre, p. 224) - Hèpé-Jou
ni m’ lêrè nin mori insi adon qui l’ voyèdje dizos tére èst si près d’èsse bin vite
fini... (MITTEI, Zanzan, p. 21).
N.B. : cette conjonction fréquente est encore considérée comme calque du français
« alors que » par certains, qui préfèrent les équivalents å rgard ki, sol tins ki, etc.
– alôrs ki (alors que). Ex. lit. :
SW : La ptite rosse (...) avét tot d’ on coûp criyè k’ lès-Almands arivint, alôrs’ k’ i
gn avét pèrsone s’ la route. (M. GEORGES, Singuliers 2/98, p. 9)
– a pårt ki (sauf que) : ça va bén, a pårt ki dj’ a må mes pîds (ça va bien, sauf
que j’ai mal aux pieds)
– bén ki (bien que). Ex. lit. CW :
Bin, qui ç’ seûye da mi, c’èst rate qui l’ charogne îreut cheûre sès pates ôte paut.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 18)
– ca bén ki (quand bien même) + conditionnel ou subjonctif : ca bén k’ il åreut
fwait del grande air. . . (quand bien même il y aurait eu beaucoup de vent...) ; ca
bén ki ç’ seuye lu. . . (quand bien même ce serait lui...)
– ca bén ki (quoique, même si) + indic.. Ex. lit. :
SW : (...) Lès mwêchès novèles, ca-bin qu’on s’î ratind, ça fait todi mau. (J. CA-
LOZET, Ma-tantes, p. 106) - Is ’nn’ aurint atrapé yène, du ratoûrnêye (...), ca bin
qu’ ç’ astot dèdjà dès grands fwârts djon.nês. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 55)
– co(r) bén ki (encore que, bien que) + conditionnel ou subjonctif. Ex. lit. :
OW : Ene mamezèle toûrnikéve autoû d’in gros solia / Qui, core ben qu’astoké,
klinçait s’ tièsse après tère. (H. PETREZ, Fauves IV, p. 129)
SW : Èt co bin k’ c’ èst k’ i l’ têrint bin, / C’est nin po djouwer a dès djeûs
d’ tirlibibi. / Èt co bin ku ç’ soye du leûs-âdjes, / C’èst nin dès-aradjés pou nn-
aler gangner dès sous fû du viadje. (J.P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 11)
– cwand (quand) + conditionnel. Ex. lit. :
SW : V’ wêtréz d’ passè on djoûr dol sèmin.ne al môjon, quand cè n’ s’rit qu’one
minute, èl tins d’ côsè on poû a bouvant one jate dè bon cafè. (Ch. BENTZ, Co-
radje, p. 37)
CW : (...) il a moussi o l’ coujène, à l’ grande cinse ; veûy après one miète
d’ovradje, quand ci n’ sèreut qu’ po mès dints. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17)
– cwèki (quoique). Ex. lit. :
OW : Qwèqu’ dins sès-oûys on wèt rlûre dès spites d’alumwères. (H. PETREZ,
Fauves IV, p. 11)
– ki (quoique ; alors que) : ki, dji n’ è vôreu nén fé on vraiy (quoique je ne pré-
tende pas que ce soit vrai). Ex. lit. :
248 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

SW : On-avot drwat d’ pèler lès cés qu’ astint su s’ paurtadje du vîrée (...). Quu,
pa dès côps, on-è f’jot co ène paurt û deûs d’ pus (...). (L. MAHIN, Bauke 1, p. 31)
CW : Sovint, nos-avans plusieûrs mots, qui l’ Francès n’ ’nn a qu’onk : (...) (R.
VIROUX, Novèles, 46/2000, p. 9) - Qui, dins l’ timps, on z-aveûve si plêji à mou-
gnî one trintche di bon pwin (...) (Chwès, Libramont, p. 54)
– cwite a çou ki (quitte à ce que) + subjonctif
– ecor ki (encore que, malgré que). Ex.. lit. ancien :
OW : (...) Djan, toudi planté come in soûdârd au posse, / ècor k’i tchét dèl nîve
yèt dès grijas su s’ bosse. (M. RENARD, Djan d’ Nivèles, vers 23-24)
– mågré ki (malgré que) + indicatif ou subjonctif. Ex. lit. :
EW : Mågré qu’i seûye fwért sûtî, il èst l’ dièrin è scole. (MITTEI, Zanzan, p. 1)
CW : Pou lès djon.nès djins, çoci è-st-ène ôte istwêre, maugrè qui pour zèles, come
d’alieûr pou nos-ôtes tortos, li parintéye dimère tofêr li parintéye. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 44)
OW : Jésus r’waîte à s’ monte èt maugrè qu’I s’amuse come in bossu, I s’astampe
tout d’ène traque èt l’s-autes fèyeneut come Li... (E.-J. PIRET, Extraits, p. 59)
– minme si ou minme ki (même si) + indicatif ou conditionnel. Ex. lit. :
SW : C’ èst bin pou ça k’ i sont tourtous parints èsan.ne / Min.me ku ç’ n’ èst k’ al
catrime boutnîre. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98, p. 12)
– minme ki (quand bien même) + conditionnel : c’ e-st insi ki ça îrè, minme ki ti
n’ vôreus nén (cela se passera ainsi, quand bien même tu ne le voudrais pas)
– portant ki (alors que) : dj’ a veyou deus taessons è l’ ivier, portant k’ on dit
k’ i n’ rexhèt nén ås nîves (j’ai vu deux blaireaux en hiver, alors qu’on affirme
qu’ils ne sortent pas à la saison des neiges)
– sol tins ki (alors que). Ex. lit. :
EW : Lu costé avou l’ pompe bagnéve ol loumîre so l’ timps ku lu d’vant èsteût
télemint neûr qu’on vèyéve à hate lès deûs montées d’ grés. (J.-M. MASSET,
Contes, p. 9) Li monde promèt’ dès tchîtchèyes qui passèt (...), so l’ tins qu’ mi,
dji promèt’ lès pus grands bins qui n’ finihront måy (...). (J. BOSLY, Îmitåcion,
p. 104)
– tot fant ki (alors que). Ex. lit. :
EW : Èle avéve lès deûs pîds bin plantés so l’ tère, to f’zant ku l’ Lînâr, lu, a avou
tote su vèye, lu tchèsse èzès steûles. (J.-M. MASSET, Contes, p. 6)

Propositions concessives exprimant un fait variable


219. Les équivalents d’une proposition subordonnée de concession exprimant un fait va-
riable en français sont :
a) avec un adjectif ou un adverbe (français : si... que..., aussi... que..., quelque... que...,
tout... que..., pour... que...) :
– si. . . ki ou ossi. . . ki (quel que, aussi ... que) + adjectif et subjonctif ou indicatif :
il arive tofer å coron di si ovraedje, ossi deur k’ i seuye ou ossi deur seuye-t i
(il parvient toujours à achever son travail, aussi pénible soit-il / quelle qu’en soit
la difficulté). Ex. lit. :
SW : (...) on n’ pout nin tot l’ minme lèyi ç’ fème-là tote seûle su l’ plantche, si
12.4. OPPOSITION, CONCESSION 249

sorcîre qu’èlle oye sitî. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 41)


EW : Zanzan, si pô pawoureûs qu’i seûye, èst-è-mar’mêce ! (MITTEI, Zanzan,
p. 4)
CW : (...) së vi ’vieux’ qu’ ça èstot, ça dëstendéve co. (J.-J. GAZIAUX, Lessive,
p. 53)
– si ... seuye-t i (si ... soit-il). Ex. lit. :
EW : (...) ossu s’ creût-i [ci-là qu’è-st-acåblé] mîs inmé dè bon Diu là qu’ il a
polou supwèrter por lu pus d’ mås, si grands sèyèsse-t-is. (J. BOSLY, Îmitåcion,
p. 96)
– tot ... ki (tout ... que). Ex. lit. :
OW : Tout Rwè dè l’ Crèyâcion qu’il èst (...) / Il è-st-aloyî a l’ min.me tchin.ne
(...). (H. PETREZ, Fauves IV, p. 57)
EW : Insi Hèpé-Jou, tot mwért qu’il èst, vint à m’ sécoûrs come i l’a promètou.
(MITTEI, Zanzan, p. 15) - Chaskeun’ deût-èsse lîbe dè r’ cwèri sès dreûts d’vant
l’djustice, tot wice qui ç’ seûye. (Dèclaråcion 1, art. 6)
CW : (...) tot gauyelè, tot ratchutchu qu’il èst, c’è-st-on fwârt ovrî (...). (A. LA-
LOUX, Bêrt, p. 10)
b) avec un nom précédé du déterminant quelque (de quelque pays qu’il vienne...) :
– ki + VERBE au subj. + di n’ impôrte (li) ké ou di tot l’ minme (li) ké... : k’ i mete
tot l’ minme li kéne marone, il a l’ air må egayolé (quelque pantalon qu’il mette,
il a l’air mal habillé). Ex. lit. :
CW : (...) mins ci n’èst nin vêci qui faut [= qu’i faut] v’lu staurè cès vîyès furdin.nes-
là, qu’èles vègnenuche di n’impôrte qué costè. (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 26-27)
[= de quelque côté qu’elles viennent]
Rem. : donc, pour exprimer ce genre de concession, le wallon n’utilise pas la su-
bordination mais une phrase injonctive introduite par ki ; le verbe au subjonctif est
suivi d’un complément dont la base est introduite par les déterminants indéfinis
n’impôrte (li) qué ou tot l’ minme (li) qué.
– prép. + tot l minme (li) ké + nom + ki ou prép. + kéne + nom + ki. Ex. lit. :
EW : Divins tot l’ minme quèle [sic, = quéle ] mohone qui v’ sèyéze, dimonez-i
disk’a tant qu’ vos qwitése cisse plèce-là. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 117) -
[Il] èst lîbe d’aler cwèri, dè r’çûre èt d’ publiyî dès-informåcions di quéle manîre
qui s’ seûye. (Dèclaråcion 1, art. 19)
c) avec un interrogatif (quel que..., quoi que..., qui que..., où que...) :
– cwè ki (quoi que) : cwè k’ on deye, i n’ mi plait nén del fé (quoi qu’on dise, je
refuse de la faire). Ex. lit. :
CW : Et qwè qu’on-z-è pinse, ci vîy ranguin.ne-là èst co valâbe audjoûrdu. (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 27)
– kî ki (qui que) : dji n’ ployrè nén dvant kî ki ç’ seuye (je ne plierai pas devant
qui que ce soit)
– tot l’ minme cwè ki (quoi que). Ex. lit. :
EW : Adon-pwis, tot d’ minme qwè qu’ad’vinse, on èst todi pus ritche d’ine ègz-
péryince (...). (G. FONTAINE, Billets, p. 50) [quoi qu’il arrive]
– ki + VERBE au subj. + prop. subordonnée de lieu... (équivalent de où que) : k’ i
våye (tot) wice k’ i vout, i s’ pied tofer (où qu’il aille, il se perd toujours)
250 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

– ki + VERBE au subj. + si/ossi + adjectif + k’ on vout (ou équivalent) (équivalent


de quel que + verbe êtreau subj. + nom) : ki li bouye seuye ossi målåjheye ki vos
voloz... (quelle que soit la difficulté de la tâche, ...) ou ossi målåkhèy ki ça seuye
(si difficile que ce soit...), etc.

12.5 Comparaison
Quelques formes de référence
220. Liste non exhaustive de quelques conjonctions (ou locutions conjonctives) de compa-
raison introduisant des propositions circonstancielles de comparaison. Sauf indication
contraire, ces conjonctions appellent l’indicatif dans la proposition subordonnée. Voir
aussi les phrases corrélatives (p. 279).
– come (comme, ce que) : vos froz come i dîront (vous ferez ce qu’il vous com-
manderont). Ex. lit. :
CW : Dji sês bin come èle tchike si djeu, mi, Dolîye. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 25)
– mons ... ki (∼ mwins’) (moins ... que)
– ostant ki (autant que). Ex. lit. :
EW : [Ine] rik’nohance di cès dreûts èt d’cès lîbertés-la, po qu’i sèyèsse mètous
èn-alèdje po d’bon tot avå l’monde, ot’tant po lès populåcions dès-Etats Mambes
zèls minmes qui po lès cisses dès téres qui sont d’zos leû k’dûhance. (Dèclaråcion
2, Préambule)
– di pus ki ∼ pus’ ki (plus que)
– labele si ... ki (à plus forte raison) : labele si v’s årîz stî la k’ on-z åreût rî (à plus
forte raison, c’est seulement si vous aviez été là qu’on aurait ri)
– ossi ... ki (aussi ... que) ou si ... ki (dans les phrases négatives) : i n’ est nén si
foirt k’ il a l’ air (il n’est pas aussi fort qu’il en a l’air). Ex. lit. :
EW : Èlle sont ossi freûdes qui dèl glèce. (MITTEI, Zanzan, p. 19)
– pus rade ki ou putôt ki ou pus vite ki (plutôt que) + infinitif ou subjonctif : nos
lî dmandrans del fé, pus rade ki del fé nos-ôtes-minmes (nous lui demanderons
de le faire, plutôt que de le faire nous-mêmes). Ex. lit. :
SW : Pus vite qui do côzè d’ maltrêtance, a rèprimè, bin sûr, i fôt èdukè al bintrê-
tance. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 6)
– shûvant ki (selon que)
– télmint ki (tellement). Ex. lit. :
CW : Sès lokes drèss’nèt d’ mëzéres ’tiennent debout, rigides à cause de la crasse’,
tél’mint qu’èles sont man.nètes. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23)
EW : Dj’a målåhèye di v’s ètinde télemint qu’ vosse vwès ’nnè va. (MITTEI,
Zanzan, p. 7)
– parey ki (comme si) + conditionnel. Ex. lit. :
CW : Lalîye diveneut todi pus cawiasse on djoû qu’ l’ôte ; tot parèy qu’on lî aureut
makè on côp d’ djusse. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 16)
– tél ki (telle que). Ex. lit. :
EW : Lès mêsses dèl nåcion ni d’vèt leû pouvwér qu’al vol’té dè peûpe, téle qu’èle
12.6. LES PROPOSITIONS CORRÉLATIVES 251

si done a k’nohe ås-élècsions (...) (Dèclaråcion 1, art. 21)

12.6 Les propositions corrélatives


Quelques formes de référence
221. Les corrélatives sont des propositions introduites par ki (que) et commandées par un
adverbe d’intensité ou meyeu, pîre, tél.
– si ... ki (si ... que) - avec un adjectif : elle a corpu si roed k’ elle a stî djus d’ sofla
(elle a couru si vite qu’elle a été essoufflée). Ex. lit. :
EW : I d’hinda si bas qu’i n’ comptéve pus riv’ni å djoû. (MITTEI, Zanzan, p. 24)
– si ... ki (si ... que) - avec un groupe nominal. Ex. lit. :
OW : (...) i n’èst pont d’ si bèle sôciètè qu’i n’ faut s’ quiter. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 59)
– (si) télmint ... ki (tellement ... que) - avec un verbe, un adjectif ou un nom : il a
télmint boevou k’ il end a stî malåde (il a tellement bu qu’il en a été malade) ;
dj’ a mougnî télmint do chôcolåt ki dji n’ a pus fwin (j’ai mangé tellement de
chocolat que je n’ai plus faim) ; il esteut si télmint sô k’ il a tcheyou (il était si
saoul qu’il est tombé). Ex. lit. :
EW : On troûve råremint ’ne saquî avou ’ne åme télemint hôte qu’ i seûy dispouyî
d’ tot. (J. BOSLY, Îmitåcion, p. 91)
OW : (...) maîs èle riwaîte si Fi avou ène téle confiyance qu’èle èst sûre di çu qui
va s’ passer. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 57-58)
Corrélative introduite par ki seul. Ex. lit.
– OW : Èle tousse télcôp qu’ on pins’reut qu’èle va dèmeurér d’dins. (Ch. TOM-
BEUR, Ch’napans, p. 24)

Emplois
222. En wallon, la subordonnée corrélative peut se mettre au conditionnel s’il y a comparai-
son (cf. le genre dans la subordonnée d’hypothèse) .
– Ex. lit. OW : Donèz-m’ ène "Baf" s’i vous plaît, Mam’zèle ! crîye-t-i ossi fôrt qu’il
aureut dit : hôwe ! à sès tch’faus. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 61)
252 CHAPITRE 12. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION
Chapitre 13

Les introducteurs

Cette section n’est pas consacrée à une catégorie grammaticale bien précise mais à une
série de mots, de locutions, d’expressions ayant pour fonction d’introduire des phrases.

13.1 Introducteurs essentiels


Quelques formes de référence
223. Certains mots ou locutions ont pour fonction d’introduire une phrase :
a) voci / vochal, vola / la :
– voci l’ ome ki nos cachins après (voici l’homme que nous cherchions) ; vo l’ la
k’ il arive (le voilà qui arrive) ; la nosse Djan k’ arive (voilà notre Jean qui
arrive) ; vola ’ne sacwè a mougnî (voilà quelque chose à manger) ; la k’ i s’ pete
a tchoûler (voilà qu’il se met à pleurer)
Ex. lit. de la et vola :
– SW : C’èst ça ! là qu’on z-a djà stî stopè sès courotes (...). (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 21) - La qu’ dji m’ lève tot dreût èt dji n’ sé rin, mi. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 41)
– CW : Èt là nosse Lalîye tote seûle avou s’ gade, dîs pouyes èt l’ coq. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 14) - Vo-l’-là dîj eûres. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 26) - Tot
bèlemint, one ascauchîye après l’ ôte, vo-l’là qu’i [sic = il] aclève 8 bèrbis èt i
c’mince à fer s’ fromâdje (...). (Chwès, Libramont, p. 36)
– EW : Dji vin d’aveûr come on toûbion, mins v’l’a qu’ c’èst tot. (J. RODE, Scrîre,
p. 189) - Mins volà qu’arouflèt tant dès neûrès nûlêyes... (J.-D. BOUSSART,
Limes, p. 23)
Ex. lit. de voci :
– OW : V’ci l’ plan du studio. (J. GOFFART, Coquia, p. 19)
b) vola-t i, vola-t i nén (voilà-t-il, ne voilà-t-il pas). Ex. lit. :
– SW : Mais v’là-t-i nin qu’ tot d’on côp l’êwe discrét dins l’ grand bî...(...) (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 22) - Volà-t-i nin qui s’ moman èt Gèlique è r’cauzèt

253
254 CHAPITRE 13. LES INTRODUCTEURS

co ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 93) - Mês nè v’la-t-i nin la mére qui lî rèspond :
’Bin, mèts la vète, va !’ (Ch. BENTZ, Coradje, p. 35)
– EW : Målureûsemint, al fin d’l’annêye, ni vola-t-i nin qui l’prumî d’ may tome on
mårdi ! (Djåzans, Osté 2000, p. 13)
c) i gn a (i-n-a, liég., brab. ; il a, Centre, niv.). I gn a est la forme « dans presque tout
le domaine wallon » (Limes 1992, 109). 1
– gn a l’ tchén ki hawe (le chien aboie ; il y a le chien qui aboie)
Ex. lit. OW :
– Vos-èstèz tout drole ! Gn-a ène saqwè qui n’ toûne nen rond ? (J. GOFFART, Co-
quia, p. 22)
– SW : Li ci qu’a l’êwe dissus s’ prè li sèm’di à méye-nêt, gn’a nolu qui waz’rot lî
r’hapè (...) (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 19)
Le wallon emploie très souvent des introducteurs suivis d’une proposition relative :
– gn a on tchaet ki vént pesteler nosse corti (un chat vient piétiner notre potager,
ou il y a un chat qui...)
Le gn a peut être sous-entendu :
– on tchèt ki vént pesteler nosse corti (un chat vient piétiner notre potager, ou il y
a un chat qui...)
Le pronom relatif ki peut également être sous-entendu :
– gn a l’ tins candje (le temps change)
Ex. lit. :
– OW : Va-z-è, sint mwé, a cause di ti, gn’a l’ bwèsson pûwe. (...) Et quand i n-
n’ont ben yeû leû sau / Gn’a l’eûw èstéve come du bigau. (H. PETREZ, Fauves
IV, p. 117).
– CW : Ôdjoûrdë, dj’a lâvé mès lokes èt n-a mès lokes vont ben souwer ’sécher’ !
(J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 9)
d) c’ est :
– c’ est mi k’ est maisse (c’est moi qui suis le maître)
Ex. lit.
– SW : Come lès grands, i va a matines, èt c’èst qu’i n’ dwâm’ nin su s’ banc, parit !
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 70) - Ç’ n’èst nin qu’i gn’avot pont d’ fiyate à zês,
mais i pôrint l’ vinde motôt (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 100)
– CW : S’is n’ ridjètenut nin cor après ç’ daye-ci, c’èst qu’is sont rèvolès po d’ bon.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 12)
– OW : C’èst qui l’ curè, i v’yeut voltî tout ç’ qu’èsteut noû (...). (J.-L. FAUCON-
NIER, Scrîre, p. 77)
La locution c’ est est invariable.
– c’ est des djins (ce sont des personnes)
– Ex. lit. CW : C’èst sès fréres què l’avint carotè dins on-èritadje. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 13) - (...) lès places lès pës man.nètes, c’èst l’ col èt lès pougnèts
’poignets’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23)
Remarque : c’ est était variable anciennement. Ex. lit. ancien :
1. ALW II, 44 (« il y a »), 45 (« il n’y en a »).
13.1. INTRODUCTEURS ESSENTIELS 255

– Ci sont totès costindjes qu’ i fât mète âtoû d’ zèles (ce ne sont que dépenses à leur
consacrer) dans un texte des environs de 1600.
e) est ç’ ki sert à introduire les interrogations (voir La phrase interrogative, p. 270).
f) di-st i, di-st ele peuvent se placer en début de phrase, pour indiquer que l’on s’ap-
prête à citer des paroles d’autrui :
– di-st i l’ maisse : « Ti n’ divreus nén vni » (le maître a dit : Tu ne devrais pas venir ;
je cite le maître : ...)
g) vîve, vivåt, hay po (vive)
– vîve nos-ôtes eyèt les tchéns d’ tcherete ! (lit. « vive nous et les chiens de char-
rettes ! »)
Ex. lit.
– EW : On t’ va fé brêre Hay, hay pol djoû, l’ djoû qui l’ houyîre va sèrer l’ouh (G.
CABAY, Balzin’rèye) - Vivat po nosse rwè Hèpé-Kou ! (MITTEI, Zanzan, p. 45)
h) a, å
– a mwin ! (attention [à tes mains] !) ; å feu ! (au feu !)
i) sobayî (∼ sabayî, subayî, sabaye...) (je me demande). Ex. lit. :
– SW : Sabaye çu qu’éPitit aurè stî atrapè po z-èsse si vite yute ? (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 46) - Sabaye comint-ç’ qu’i pôrot raquitè lès djambons d’ mon cès
djins-là ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 94) - Sabaye si Monsieû l’ curè pinse ossi
qui dj’ su on voleûr (...) ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 105)
– OW : Sabayi s’Dj’alumeus l’solia ? (E.-J. PIRET, Extraits, p. 8)

Emploi de voci ou vochal et vola


Les mots vola (voilà) (voula, Lesse ; dérivés vè l’ la, vè l’ ci, OW) et voci ou vochal
(voici) ont une construction particulière : l’affixe ri-, les pronoms personnels et les
pronoms objets î et endè se glissent entre les deux parties de ces mots :
– vo m’ ci (me voici) ; vo t’ la (te voilà) ; vo l’ la (le voilà ou la voilà) ; vo les chal
(les voici) ; vo l’ rila co on côp (le revoilà encore une fois) ; vo nos î la (nous y
voilà)
Ex. lit. :
– SW : (...) vo-nnè-là onk qu’a jusse li minme idéye qui mi ! (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 35) - (...) c’èst dès grands diâles qui sont moussès tot blancs, èt vo-lès-ci
qui montèt après l’ copète do prè... (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 23) - A tronnant
come one fouye, i rèspond : « Vo-m’-ci ! ». (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 86) -
Avou Pauque, vo-r’-ci l’ saison qu’on d’lache lès vatches po z-alè aus tchamps.
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 124) - Fèrnand ! Vènèz on poû ! : : Ây, vo m’ la !
(Ch. BENTZ, Coradje, p. 39) - Il è rèussi, nost-ome ! / Vo l’ la qui rintère avu
s’ diplome ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 74) - Wê, vou lès la tout grîjes du tchfès
(...). / Vou t’ lès la bin vikants : i sont fiérs d’ èsse du d’ ci / Vou t’ lès la mwârts
/ Èt leû poussîre su rmache a l’ tère du leû vî viadje. (J.-P. CLIP, Singuliers 2/98,
p. 12)
– OW : Bén vèl-ci l’ place révéye pou fé no studio ! (J. GOFFART, Coquia, p. 11)
- Vè-le-la tt-asto du pot. (H. PETREZ, Fauves IV, p. 17) - Ben ! vè-me-la prope
256 CHAPITRE 13. LES INTRODUCTEURS

didins m’ loye-cô ! (H. PETREZ, Fauves IV, p. 43) - Trwès peumes, ène gaye,
saquants reûjins : èt vo-le-la rassasyi. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 13)
– CW : Tins, vo-l’-là, tins, t’ sucète, nawe qui t’ès. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
- Vo-l’-là dîj eûres. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 26) - (...) vo-l’-là arètè pa dès
bosses télemint wôtes qu’èles ont l’aîr di sièrvu di stançon au stwèlî. (J. PIRSON,
Scrîre, p. 179) - Li p’tit ri (...) vint rjonde [sic] nos premérès maujons (...) en
dijant : vom’ ci. (J. FIVEZ, Bièmeréye, p. 6).
– EW : Oûy, adon qu’ çoula d’vreût-èsse li påye (...) vo-l’-la co pûni. (J. WARNIER,
Scrîre, p. 224) - Vo-m’la tot seû d’vins ’ne sipèheûr di cåve... (MITTEI, Zanzan,
p. 4) - Aha, dji comprind, vo-m’chal tot près dèl couhène dès sotês (...). (MITTEI,
Zanzan, p. 22) - Qu’ i s’ dèye qu’ après l’ iviér, vo-r’chal l’ osté (...). (J. BOSLY,
Imitåcion, p. 83)
On observe souvent une tendance à imiter la construction française :
– les vla pour vo les la (les voilà)
Ex. lit. :
– OW : Nos v’là èvôye pou deûs-eûres èchène... (J. GOFFART, Coquia, p. 4) - Mi
qu’a toudi révè d’in bia djon.ne tchaufeû, mi v’là sièrvûwe ! (J. GOFFART, Co-
quia, p. 17) - Pou ène tchance, è v’là iène, qui v’s-aléz m’ dîre. (E.-J. PIRET,
Extraits, p. 12)
– SW : Èt pûs dju m’anonde su l’ vèlo, èt mu v’la vouy pa drî lu. (A. LAMBERT,
Causans, p. 31) - Èt pûs la vl’a qui s’ rumèt an route... (A. LAMBERT, Causans,
p. 31) - Èt nous v’la vouy, fèls tous lès trwas come dès tigneûs. (A.-M. MERTUS,
Causans, p. 35) - A v’la assèz ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 91) - Â bin lès vla totes,
la. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4).
Dans certaines régions (malm.), la négation ni se place également entre les deux élé-
ments vo et la :
– vo nel la-t i nén co ’ne feye ! (est-ce que ce n’est pas encore une fois lui !)

13.2 Locutions
224. Certains adverbes suivis de ki ou si ou di forment des expressions introductives.
– aparanmint ki (apparemment que)
– asseuré ki (bien sûr que). Ex. lit. :
OW : (...) is n’ârît pont d’ bias-uniformes pou fé djiper lès couméres, mins asseûrè
qu’is r’vérît avou dès fés solés èy’ in tchapia-chone. (J.-L. FAUCONNIER, Scrîre,
p. 76)
– alabouneure di (c’est une bonne idée de, c’est bien de). Ex. lit. :
SW : A la bone eûre, dist-èle, d’avèr apwartè li squiron avou vos ! (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 79)
– atincion ki (prenez garde au fait que) : atincion k’ i n’ vos dmeure pus waire di
tins po studyî (fais attention : il ne te reste plus beaucoup de temps pour étudier)
– ây ê ây ki (évidemment que)
– bén astcheyou ki (heureusement que) : bén astchèyou por nos ki l’ tchampete
n’ a nén sondjî pus lon (heureusement pour nous que le garde-champêtre n’a pas
13.2. LOCUTIONS 257

réfléchi un peu plus)


– bén astcheyou si (il est improbable que) : bén astcheyou si ti n’ les viereus nén
(il est hautement probable que tu les verras)
– bén astcheyou ki (quel hasard que) : bén astcheyou k’ vos avoz arivé d’ on côp
(c’est un grand hasard que vous soyez arrivé en même temps)
– bén seûr ki (bien entendu que). Ex. lit. :
EW : Bin sûr qui c’èst lu ! (J. WARNIER, Scrîre, p. 226)
– c’ est ki (c’est parce que)
– c’ est ça ki ou c’ est po ça ki (c’est pourquoi, c’est pour cette raison que)
– çou ki (ce que). Ex. lit. :
SW : çu qu’ Pitit s’a agrancè après si p’tit bokèt d’ viyadje ! (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 136)
– cor on pô ki (il s’en est fallu de peu que). Ex. lit. :
SW : (...) lès jandârmes avint v’nu fére on toûr al baraque dès sabotîs èt cor on
pô qu’il aurint trossè noste ome po-z-è ralè avou zês. (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 97)
– dandjureus ki (il est probable que).
– dedja ki (déjà que) : dedja k’ i n’ mi cåze pus (déjà qu’il ne me parle plus)
– di ki (on peut dire que) : di qu’ t’ as co avu del tchance ! (on peut dire que tu as
encore eu de la chance). Ex. lit. :
OW : Dis qu’ dj’ènn ai suwè iène di tch’mîje ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 59)
– edon ki (èn’don, anon) (n’est-ce pas que) : edon k’ vos avoz dit çoula ? (n’est-ce
pas que vous avez dit cela ?)
– ureuzmint ki (heureusement que). Ex. lit. :
SW : Ureûsemint qui dj’ n’asto nin come vos, mi ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 87)
– (bén) d’ atoumance ki (ce serait surprenant que). Ex. lit. :
SW : (...) bin d’atumance qu’i gn-aurot dès riv’nants après Grîjou èt l’ minîre !
(J. CALOZET, Ma-tantes, p. 30)
– (eyèt) dîre ki (et dire que)
– dwai ki (n’est-ce pas que) : dwai k’ vos vénroz ? (n’est-ce pas que vous vien-
drez ?)
– i gn a ki (cependant) : i gn a k’ i n’ î faleut nén dmorer trop lontins (cependant,
il ne fallait pas y rester trop longtemps)
– i gn a ki (il y a que) : cwè ç’ k’ i gn a ? : : i gn a k’ il e-st evoye ! (qu’y a-t-il ? -
il y a qu’il est parti !)
– i s’ pout-i ki (il se peut que). Ex. lit. :
EW : I s’ pout-i... qu’avou l’ timps... pus târd... (J.-M. MASSET, Contes, p. 11)
– kéke feye ki (peut-être que)
– la co bén ki ou co bén ki ou eco bén ki (heureusement que). Ex. lit. :
SW : Co bin qui ç’ n’ èst qui l’ minoritè. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 4) - Là
co bin qu’ ç’astot quausu toute valêye jusqu’à Pwès. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 57)
EW : (...) (èco bin qu’i n’aveût nou streût réglemint po çoula !) (...) (Djåzans, Osté
2000, p. 5)
– la ki (voilà que) : la k’ i n’ si vout pus marier, asteure ! (voilà qu’il ne veut plus
se marier maintenant !)
– minme ki (même que) : minme k’ i n’ mi voleut pus taper on côp d’ ouy (même
258 CHAPITRE 13. LES INTRODUCTEURS

qu’il ne voulait plus me jeter un coup d’œil)


– mutoit ki (peut-être que). Ex. lit. :
SW : (...) motôt qu’on n’ l’atèr’rè nin à l’èglîje pace qui c’è-st-one sorcîre (...) (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 41)
– n’ espaitche ki (n’empêche que)
– oyi ki (oui que, bien sûr que). Ex. lit. :
CW : Ô ayi, ça ! qu’èlle îrè à Fôye, li bodéye Flupine. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 25)
– pa des côps ki (parfois) : pa des côps k’ i s’ pingnint po-z avu di d’ pus (parfois,
ils se battaient pour avoir plus)
– pår si (∼ pôr) (a fortiori si, surtout si). Ex. lit :
EW : Mins ci n’èst nin rin qu’çoula, li walon. Pôr s’on vout qu’i d’mone on lin-
gadje vikant. (Djåzans, Osté 2000, p. 14)
– pôreut vali ki (ah, si seulement) : pôreut vali k’ i vénreut ! (ah, si seulement il
pouvait venir)
– seur ki ou seurmint ki ou bén seur ki (il est certain que) Ex. lit. :
SW : (...) chûr’mèt qu’il avét la heure a m’ bayè dès-idées inla. (A. LAMBERT,
Causans, p. 31)
EW : Sûr qu’i s’ rafèye, èdon, l’ pindård ! (J.-D. BOUSSART, Limes, p. 23)
– sabaye si (je me demande si) : sabaye s’ i frè çou k’ il a prometou (je me de-
mande s’il fera ce qu’il a promis)
– tchance ki (encore heureux que). Ex. lit. :
SW : Chance qu’il avot quéques djoûs d’ condjî à Pauke ! (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 76)

13.3 Phrases
225. Certaines propositions entières sont figées et ne servent plus qu’à en introduire une
autre en l’atténuant, en insistant, en la relativisant, en introduisant un rapport causal,
etc.
– c’ est nén po ça, mins... : c’ est nén po ça, mins t’ as-st avu del tchance del
avu, ti pa (on peut dire que tu as eu de la chance de l’avoir, ton père). Ex. lit. :
OW : C’èst nén pou ça, mins l’ djoû qu’on-âra ène stâr come Jean Lefèbvre (...)
lès pouyes âront dès dints ! (J. GOFFART, Coquia, p. 12)
– i n’ fåt nén dmander si... : i n’ fåt nén dmander s’ il a-st avu dandjî d’ poûs-
sants po-z avu s’ plaece (inutile de dire qu’il a eu besoin de pistons pour avoir
son emploi). Ex. lit. :
CW : I n’ faut nin d’mandè qué côp qu’ ç’a stî po l’ coeûr d’à Pitit (...). (J. CA-
LOZET, Ma-tantes, p. 106) - I n’ faut nin d’mandè si s’ moman a stî al dicauce
(...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 111)
– c’ est çou k’ on pout dîre... : c’ est çou k’ on pout dîre avu l’ compas dins
l’ ouy (c’est avoir un compas dans l’œil, comme on dit)
– ça fwait ki (alors, ainsi, donc). Ex. lit. :
SW : Ça fait qui lès biches vont brostè l’ grain, ainsi ? di-st-èle Gaguite (...) (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 28-29) - Ça fait qu’ djol lum’rans Jean-Batisse come
13.3. PHRASES 259

mi ? (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 51)


CW : Ça faît qui dji n’ pou nin achetè on tch’fau à m’ môde, po nosse gamin, mi ?
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 29)
– c’ e-st a dîre (c’est-à-dire). Ex. lit. :
EW : I n’ mi d’meûre pus qu’à prinde li boûf... c’èst-à-dîre li lumeçon po lès
cwènes. (MITTEI, Zanzan, p. 20)
– pôreut (nén) vali ki (si seulement). Ex. lit. :
OW : Poûreut nin vali qu’èle clincereut s’ pîd, l’ ma’zèle (...). (W. BAL, Fauves,
p. 12)
– Divers :
EW : Qu’on r’vint so tot, sés’ ku l’ Marîye Bordèt èst mariée ? (J.-M. MASSET,
Contes, p. 12) - C’è-st-insi qu’on n’ pout fwèrci in-ovrî a trîmer foû mèzeûre èt
qu’on lî deût payî dès vacances å bout d’on tins. (...) (Dèclaråcion 1, art. 24)
SW : Li dîmègne, ci n’èst qu’ ça s’ i n’aurot nin transi (...). (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 83) - Cè n’èst qu’ ça s’ i n’ ronfiét nin. (Ch. BENTZ, Coradje, p. 36)
SW : (...) c’èst bon qu’ on sét qu’ c’èst lèy, pace qu’on la prinrit co vite po on
sbara ! (Ch. BENTZ, Coradje, p. 36)
CW : Ô, c’èst bon qu’ i gn-a dandji d’ome po-z-awè famile... (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 26) - È-st-i possibe do dire dès mintes insi ? (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 29) - Todi è-st-i qui l’Aqualienne, à l’eûre d’audjoûrdu, présinte one trikléye di
prodwîts. (Chwès, Libramont, p. 41)
260 CHAPITRE 13. LES INTRODUCTEURS
Chapitre 14

Les mots phrases

14.1 Oyi et neni


Formes de référence
226. Affirmations et négations :

Question affirmative Question négative


- vos vnoz ? - oyi - vos vnoz ? - neni
- vos n’ vinoz nén ? - siya - vos n’ vinoz nén ? - nonna

Nonna est (théoriquement) utilisé pour contredire ou contester.

Autres formes

EW, liég. : awè / nèni


CW, nam. : oyi / nonna ; sud nam. : ayi ; brab. : oyë
OW, carol : oyi / non ; niv. : way
SW : Lesse : ây / nonnè / siyè

Nuances dans l’affirmation


– oyi asseuré (oui certes)
– azård k’ oyi (probablement que oui)
– swet ou ki swet (soit)
– kéke feye ou mutoit ou téle feye (peut-être) ou tél côp (peut-être)
– dandjureu (probablement - se place en fin de proposition) : i n’ ploûrè nén, dan-
djureu ou dandjureu k’ i n’ ploûrè nén ou dandjureu n’ ploûrè-t i nén (il ne
pleuvra probablement pas)
– oyi da, oyi dwai, oyi dai, oyi ô oyi, oyîy (oui bien sûr)
– sifait (si)

261
262 CHAPITRE 14. LES MOTS PHRASES

– nonfait (non en réponse à une question négative)

14.2 Les particules interpellatives et mots phrases oc-


casionnels
227. a) La phrase orale est rythmée par de très nombreuses particules utilisées moins pour
leur sens (quand elles en ont un) que pour éveiller, retenir, renforcer, attirer l’attention
de l’auditeur.
– i m’ riwaite, sais’, èt adon... (il me regarde [sais-tu], puis...). Ex. lit. :
SW : Dji n’ crankîrê nin, sés’, mi, to m’ pous bin wêtè, to nol racontrè pus ! (J.
BILY, Singuliers, 2/1998, p. 5).
OW : Dji n’ comprinds ré à tès ramâdjes, sés’ mi ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 58)
– hay (allons). Ex. lit. :
EW : Hay, åme fidéle, aprèstez vosse coûr à r’çûre on si bon camaråde (...). (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 68)
– ciete (certes). Ex. lit. :
EW : Is polèt, ciète, fer soner dès mots, mins is n’ m’ ènn’ apwèrtèt nin l’ sins (...).
(J. BOSLY, Îmitåcion, p. 102)
– paret. Ex. lit. :
EW : Mins ci n’èst nin åhèye parèt, dè fé djåzer ås Walons leû lingadje... (Djåzans,
Osté 2000, p. 3)
– djo (bref, enfin). Ex. lit. :
EW : Djo, on lîve bin-intèrèssant, qui nos louke d’å-d’foû, mins avou dès-oûys
tinrules. (Djåzans, Osté 2000, p. 15)
– la. Ex. lit. :
SW : Wête là ! dist-èle ; dji su tèl’mint pièrdoûye qui djol rovîye. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 89)
– tais’. Ex. lit. :
CW : Pwis, Flupine s’aveut ravisè. Ossi bin lèye qu’one ôte, tês’ ! (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 27)
– é Ex. lit. :
CW : Dji m’ dimande, li gamin : : ça aurè stî, é, dandjereûs. (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 27)
b) De nombreux mots de toutes les catégories peuvent occasionnellement faire fonc-
tion de phrase :
– målureus ! (aïe !) ; alabouneure ! (félicitations) ; téns ! (tiens)

14.3 Onomatopées
228. Elle servent souvent de base à de riches familles lexicales. Voici quelques exemples :
– cloup ou gloup (plouf) : bruit de qch qui tombe dans l’eau. Dérivés : cloup(t)er,
gloupter (tomber dans l’eau).
14.3. ONOMATOPÉES 263

– haw (waf, wouf, wou) : aboiement d’un chien. Quelques dérivés : hawer (aboyer),
hawa, hawaedje (aboiement), hawåd, haweu (aboyeur ; gueulard), hawreye (concert
d’aboiements), hawter (japper).
– zaf (bruit d’une gifle). Dérivé : ene zafe (une gifle).
– rouf (mouvement rapide). Dérivés : rouf-rouf (rapidement, impétueusement), ene
roufe (une gifle), on rouf-tot-djus (un sauvage), roufler (se ruer), on rouflåd
(un impétueux), ene rouflåde, -åxhe, -eye (ruée ; bousculade ; bagarre, rixe), on
rouflis’ (ruée ; bousculade ; bagarre, rixe ; étourdi, qui bouscule tout).
– boe (meuh, cri de la vache). Dérivés : boerler (meugler ; brailler), boerlåd (celui
qui beugle ; braillard), boerlaedje (meuglement), boelreye (concert de meugle-
ments).
– gnouf gnouf (bruit que fait le porc en mangeant). Dérivés : gnoufter (faire du
bruit en manger), gnouftåd (personne qui fait du bruit en mangeant).
– tchip ou tchîp ou tchirip (oiseau qui pépie). Dérivés : tchîpter, tchiripter (piau-
ler, pépier), tchîptaedje, tchîptreye (pépiement).
– cwâk (croâ, cri du corbeau ; aussi coassement de la grenouille). Dérivés : cwâk(t)er,
cwâk(t)aedje ; ene cwâke (une corneille) ; cwâkler (coasser), cwâkreye, cwâkel-
reye.
– pegn ou pign ou pingn (boum, pan, vlan ; bruit d’un coup violent). Dérivés : pin-
gnter (résonner bruyamment ; frapper violemment), pingnî (frapper violemment),
pingneye (correction).
– berdaf, bardaf (patatras, bruit de chute soudaine).
– puf ou âtch (pouah ; onom. marquant le dégoût)
– way (aïe ; onom. marquant la douleur)
264 CHAPITRE 14. LES MOTS PHRASES
Quatrième partie

La phrase

265
Chapitre 15

La phrase

15.1 Ordre des mots et inversion


Ordre normal
229. L’ordre des mots dans la phrase est en genéral SUJET + VERBE + COMPLÉMENT.
Dans certains cas, cependant, cet ordre peut être changé, notamment afin de mettre en
évidence l’un ou l’autre élément de la phrase. Ex. lit :
– CW : Mins one arote, nos n’ ’nn’ avins nin dandji.(A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 29)
– EW : Bénureûses lès orèyes qui rascoyèt l’ mûzèdje dè dîvin zuzinèdje (...). (J.
BOSLY, Imitåcion, p. 100) - (...) èt dè cîr, ine vwè s’ fa oyî. (Dj. MIGNOLET,
Evandjîles, p. 91)

Inversion du sujet et du verbe


230. Il existe quelques cas d’inversion facultative du sujet et du verbe, notamment :
a) après a ponne (∼ pône, pwinne, pwène), a hipe (à peine), kéke feye, mutoit (∼
moutwè, mutwa, motô) (peut-être) et après certaines conjonctions de coordination :
insi (ainsi), ossu (∼ ossu, èto (∼ ètou) (aussi), èt si (et), eco (encore), dandjureu
(probablement), etc.
Ex. lit. : après a ponne, a hipe, mutoit, kéke feye :
– EW : Mutwèt, alez-v’ trover divins ç’ lîve-là, dès-îdèyes po vos minmes (...) (G.
FONTAINE, Billets, p. 105) - A ponne èst-i riv’nou, è brébådes, qui s’ mame èl
manecèye. (MITTEI, Zanzan, p. 1) - Mins, a hipe aveût-i mètou l’ pîd d’ costé...
(MITTEI, Zanzan, p. 15) - Télefèye çoula donrè-t-i dès-îdêyes ås troupes qui tchû-
zihèt vol’tî å pus-åhèye. (Djåzans, Osté 2000, p. 5)
– SW : A grand ponne avot-i cauzè, qu’on-z-ôt heûrlè (...). (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 45)
– OW : A pwène aveut-i dit arvèye à s’ popa qui soumatcheut, aflachi dins l’ fauteuy
(...). (E.-J. PIRET, Extraits, p. 61)

267
268 CHAPITRE 15. LA PHRASE

Ex. lit. après ossu (∼ ossu) :


– SW : Ossi l’a-t-i sondjè dol nêt èt s’a-t-i rawayè pus d’on côp. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 94)
– EW : (...) ossu s’ creût-i [ci-là qu’è-st-acåblé] mîs inmé dè bon Diu là qu’éil a
polou supwèrter por lu pus d’ mås, si grands sèyèsse-t-is. (J. BOSLY, Îmitåcion,
p. 96) - Ossi n’ a-t-on nou dreût d’èl toûrmèter cåse di sès-îdèyes (...) (Dèclaråcion
1, art. 19)
– OW : Ossi a-t-i bén râte yeû faît di r’mète l’afère en orde. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 8)
Ex. lit. après insi :
– CW : Insi l’ont-is d’churè dès-ans èt dès-ans ; en vicotant au rastrindu, sins fûrlè
ni royi non pus. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
Ex. lit. après èt :
– EW : Li princèsse si lèya mori d’ doleûr, èt n’ ritrova-t-on jamåy li cwér. (J.-M.
WARNIER, Scrîre, p. 227) - Èt tot fî parèy ni pout-i èsse condanné pus deûremint
qu’i l’åreût stu å minme moumint, d’après li lwè. (Dèclaråcion 1, art. 11)
Ex. lit. après èt si :
– SW : (...) l’iviêr a stî dèr èt s’ falot-i alouwè brâmint do tchaufadje (...). (J. CA-
LOZET, Ma-tantes, p. 117)
– CW : Èt s’ faut-i co moussi o l’ tchapèle en rotant èn-èri (...). (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 25)
– EW : (...) vos rèscontrez ’ne saquî èt s’ fåreût-i co qu’ vos sèpése çou qu’èlle èst.
(J. WARNIER, Scrîre, p. 225) - Et s’ ènn’ a-t-i qui s’ wårdèt zèls-minmes è påye
èt qui fèt leû possibe po raminer l’ påye inte lès ôtes. (J. BOSLY, Imitåcion, p. 74)
Ex. lit. après mins si :
– EW : Çoula arive co sovint mins s’ fåt-i bin rik’nohe qui l’åbe ni lî rèspond
måy, seûy-t-i qu’il èst grandiveûs ou seûy-t-i qu’il èst soûrdô. (J. WARNIER,
Scrîre, p. 225) - Chaque payis deût fé çou qu’i pout sorlon sès ritchèsses èt si-
organisåcion, mins s’ deût-i poleûr compter ossu so on côp di spale dès-ôtès nå-
cions. (Dèclaråcion 2, art. 22)
Ex. lit. après eco utilisé pour coordonner :
– Tot quî è-st-acusé d’ine måcule deût-èsse tinou po ènocint d’ çou qu’on lî r’proche
disqu’a tant qu’i seûye rik’nohou coupåbe, èco fåt-i qui s’ procès seûye public,
qui totes lès régues sèyèsse rèspèctêyes èt qu’il åye avou l’ dreût di s’ disfinde po
d’bon. (Dèclaråcion 2, art. 11)
b) dans certaines expressions introductrices :
– todi e-st i ki... (toujours est-il que)
– (i) s’ pout-i ki... (peut-être que, il est possible que)
– di-st i... (je cite)
c) dans les incises. Ex. lit. :
– SW : To n’as qu’à z-astokè tès wazons avou ç’ pîre-là, tin, rèspond Pitit, (...) (J.
CALOZET, Ma-tantes, p. 19) - Auwène Alexis ! crîye li grèfî (...) (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 27)
15.1. ORDRE DES MOTS ET INVERSION 269

– CW : (...) rin d’ mèyeû (...) po lès porias su sès mwins, cor au pés dès vatches,
di-st-on. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - « Nosse Michél », dijeut-èle, si man.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 14) - C’èst dins lès âdes qui dj’ su l’ pus minâbe,
a-t-i tûzè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17)
– EW : Si dj’atakéve a vûdî l’êwe, pinse nosse Marie (...). (A. SOUGNEZ, Scrîre,
p. 204) - C’èst çou qu’i vint dè dîre mi sonle-t-i. (J. WARNIER, Scrîre, p. 225)
- Quî fièstêye-t-on ? dimande li vîle Catrène. (J.-D. BOUSSART, Limes, p. 23) -
Nos-avans fé çou qu’ nos polîs, d’héve-dju. (Djåzans, Osté 2000, p. 3)
– OW : Wétîz-m’, ramadjnu-t-is, / Li boulome du tchèron (...). (H. PETREZ, Fauves
IV, p. 27) - Doûcemint, mon parent !, rèspond Jésus : vos-avèz ène bèle puce si vos
crèyèz qui nos n’èstons qu’ nous-deûs m’ moman. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 56)
- S’i gn-a saquants pansârds dins l’ binde, pinse-t-èle, nos-aurons ène bèle broke
qui [sic, = qu’i] n’ s’ra né taurd ! (E.-J. PIRET, Extraits, p. 57) - Vos m’ fèyèz ène
rude pwène, mi fi, lî rèspond s’ popa. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 61)
d) dans des exclamations. Ex. lit. :
– EW : Èt ’nnè pôreut-on co prinde, dès-ègzimpes. (G. FONTAINE, Billets, p. 11)
- Enn’a-t-i fêt fusilier ossi dès cints èt dès cints djins. (R. PRIGNEAUX, Scrîre,
p. 185) - (...) quu n’ va-t-èle one bone fèye su lès fé råyî, don ! (A. SOUGNEZ,
Scrîre, p. 204)
– SW : C’èst come si on s’avot d’né l’ mot : gn-avot-i dès djins èt dès djins à
l’atèr’mint ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 51) - Ènn’ a-t-i drovu dès bawètes, Pitit,
quand l’ mèssadjî lî a contè l’ dêrainne paskéye d’à Bourlouf ! (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 108)
– CW : Ènn’a-t-i dauborè dès sôtes su s’ tièsse. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) -
(...) a-t-i toûrnè autoû, li Skèwe, à l’ sôrtîye di mèsse, èt raflatè, fè do plaplat (...).
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 19)
e) dans certaines exclamations stéréotypées :
– vasse-t i come i vout ! (advienne que pourra !)
f) dans des corrélations avec pus et mons (∼ mwins’). Ex. lit. :
– EW : Li djône feume saya bin d’ l’apåh’ter mins, pus’ djåzéve-t-èle èt pus’ li
vîle feume si rèssèréve-t-èle po-drî s’ pawoureûse mène. (G. FONTAINE, Billets,
p. 17) - Èt pus’ ratake-t-i, pus’ l’èfant vîre-t-i po l’avu. (J. WARNIER, Scrîre,
p. 224) - (...) èt pus grand èsteût l’ dandjî, pus d’ coûr aveût-i po l’aprèpi. (MIT-
TEI, Zanzan, p. 3) - Et mons djåse-t-on on lingadje, mons d’vint-on capåbe dèl fé.
(Djåzans, Osté 2000, p. 3)
– CW : Ni pus ni mwins’ n’è freus’, si t’èsteus è s’ place, veus’ ! (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 28)
g) dans des propositions relatives introduites par la qui. Ex. lit. :
– EW : Èle l’a vèyou ’nn’ aler vè Wèris’, la qu’ gripéve li Mont Pèlé (...). (J.-M.
WARNIER, Scrîre, p. 227) - Li ci qu’aviséve èsse li caporål gripa so l’ tonê là
qu’èsteût Zanzan. (MITTEI, Zanzan, p. 29)
Contre-ex. lit. :
– È mitan, dreût d’vant, lu porfonde vôye (. . .) ki monte lu wèrhê dusc-a l’ Sâvadje
mèlé la k’ lès Grands bwès c’mincèt. (S. FONTAINE, Colas, p. 3)
270 CHAPITRE 15. LA PHRASE

h) Dans la locution conjonctive de subordination (concession, voir p. 246) : si . . .


seuye-t i.
i) dans des tournures appartenant à la langue littéraire. Ex. lit. :
– EW : [Louis Lagauche] a trinte ans qwand parèt’ si prumî rèkeûy avou dès tchan-
sons (...). (Djåzans, p. 11, 9/95) - Adon, qwand r’vint l’ måva timps, èle va prinde si
vindjince (...). (G. FONTAINE, Scrîre, p. 84) - Dè vî tchinne dihind on ritchå (...).
(J. WARNIER, Scrîre, p. 226) - I-n-a longtins d’ chal, vikéve è tchèstê d’ Boumål
ine djonne princèsse qu’avizéve in-andje (...). (J.-M. WARNIER, Scrîre, p. 227) -
Mins volà qu’arouflèt tant dès neûrès nûlêyes... (J.-D. BOUSSART, Limes, p. 23)
- Å coron dè djårdin s’ doviéve li såle d’oneûr. (MITTEI, Zanzan, p. 41) - Ci n’ èst
là rin d’ novê, rin qui n’ quinohèsse nin lès cis qui sont st afêtis ås manîres di fer
dè bon Diu (...). (J. BOSLY, Imitåcion, p. 85-86) - Å min-me moumint si djonda
a l’ andje, ine trope dè l’ milice dè cîr (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 86)
- Ureûs sèrez-ve qwand lès omes vis héront (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 103)
– OW : Come li scrît leû s’cretaire, l’istwère si mèt à r’bègayi. (Dépêche, p. 29,
12/1995) - (...) Piêre wèyeut lumer au keûr dès tchaurnias in monde tout nieu,
come au keûr dès yèbes èrlût l’ grin d’ rouséye què l’ pikète-dou-djoû i a s’mè.
(W. BAL, Fauves, p. 8) - A pus fwate rézon, s’ pout-i co, / Qu’ène bourique wéte
in môrtico. (H. PETREZ, Fauves IV, p. 23)
– CW : Dji cacheuve après l’air / Come fèyenut les pèchons. (COMPOST BINDE,
Martin au Congo) - Là comincenut sès tchamps ni trop pôves ni trop ritches, têres
vêci calcaîreûses, vêci sauvloneûses èt là deures come di l’aurzîye. (J. FIEVEZ,
Bièmeréye, p. 8)
– SW : Jusk’ ô coron ! come l’a si bin dit Michel. (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 5)
j) dans certaines phrases infinitives de narration (voir p. 278).
k) et dans les phrases interrogatives (p. 270).
En cas d’inversion, il arrive souvent que le sujet réel soit repris par un pronom. Ex. lit. :
– OW : R’fuser ène ofe faite d’in ossi bon coeûr, c’aureut stî fér bran.mint dèl pwène
au cousin : ossi Jésus èt Marîye accep’neut-is l’invitâcion. (E.-J. PIRET, Extraits,
p. 56) [aussi Jésus et Marie acceptent-ils l’invitation] - N’causons pus d’ça, m’fi,
rèspond-i l’ brâve ome. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 64) [lit. : répond-il le brave
homme, = répond le brave homme]

15.2 La phrase interrogative


Interrogation directe
231. a) Une interrogation peut être exprimée par un simple changement de ton, noté par un
point d’interrogation :
– i vnèt → i vnèt ?
Elle peut également être construite par inversion du sujet et du verbe :
– i vnèt → vinèt i ?
15.2. LA PHRASE INTERROGATIVE 271

– Ex. lit. avec inversion OW : Comint n’aî-dje nén sondji à ça pus râte ! (E.-J. PI-
RET, Extraits, p. 7)
Dans ce cas, les pronoms sujets changent de forme (voir les pronoms personnels sujets
postposés, p. 118).
Enfin, on peut introduire la phrase par est ç’ ki :
– i vnèt → est ç’ k’ i vnèt ?
b) La phrase interrogative peut être introduite par un mot interrogatif (déterminant,
pronom, adverbe) suivi d’une inversion ou de ki, est ç’ ki ou ç’ ki (après voyelle) :
– ewou dmorèt i ? (où habitent-ils ?)
– ewou ç’ k’ i dmorèt ? (id.)
– do kéke e-st i kestion ? (duquel est-il question ?)
– do kéke est ç’ k’ il est kestion ? (id.)
– cwand ç’ ki vos vnoz ? (quand venez-vous ?)
– kénès djins est ç’ k’ il ont veyou ? (quelles personnes ont-ils vues ?)
c) Le sujet d’une phrase interrogative introduite par un mot interrogatif seul (donc non
accompagné de ç’ ki) est le plus souvent un pronom. Le cas échéant, le sujet réel est le
plus souvent rappelé par un pronom.
– ewou dmorèt i ces efants la ? (où habitent ces enfants ?) [ou ewou ç’ ki ces efants
la dmorèt ? mais pas ˚ewou dmorèt ces efants ?]
– cwand l’ ivier kimince-t i ? (quand commence l’hiver ?) [ou cwand ç’ ki l’ ivier
kimince ? mais pas ˚cwand cmince l’ ivier ?]
Ex. lit. :
– EW : Qwand ’nn’ îrè-t-i, l’ lumeçon ? Va-t-i ponre ou cover ? (MITTEI, Zanzan,
p. 20) - Wice èst-èle li sôrtèye ? (MITTEI, Zanzan, p. 27)
Contre-ex. lit. :
– EW dans une interr. indir. : Si cist-ome-là èsteût proféte, i såreût d’ quéle sôr èst
l’ feume qui l’ aduse (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 110)

Interrogation indirecte subordonnée

232. a) Les interrogations indirectes subordonnées se construisent avec un mot interrogatif


(déterminant, pronom, adverbe) suivi de ki, est ç’ ki ou ç’ ki (après voyelle) :
– dji m’ dimande ewou ç’ k’ i dmorèt ou ewou k’ i dmorèt (je me demande où
ils habitent) ; dji m’ dimande do kék est ç’ k’ i djåzèt (je me demande duquel
ils parlent) ; dji vôreu bén savu kî ç’ ki vos veyoz (je voudrais savoir qui tu
vois) ; dîreut on bén kénès emantcheures k’ i gn a la dzo (dirait-on bien quelles
entourloupettes il y a là-dessous)
b) Une interrogation indirecte est introduite par la conjonction si (élidable en s’) :
– dji m’ dimande si n’s årans l’ tins (je me demande si nous aurons le temps) ; dji
m’ dimande s’ on-z årè l’ tins (je me demande si on aura le temps)
272 CHAPITRE 15. LA PHRASE

15.3 La phrase négative


Avec les adverbes nén, pus, pont, pupont, nou et nole
233. a) Les adverbes ni . . . pont (di) et ni . . . pupont (di) sont employés quand la négation
porte sur un nom :
– dji n’ a pont d’ vweteure (je n’ai pas de voiture) ; dji n’ a pont d’ pwin eyèt gn
a pupont å boledjî (je n’ai pas de pain et il n’y en a plus chez le boulanger)
Ex. lit. de pont :
– SW : (...) mais gn’a pont du tout d’amîdrance. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 42) -
On n’ son’rè pont d’ transe quand on-z-îrè quêre lès mwârts (...) (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 50) - Portant, dji n’ê jamais pont fait d’ mau à nolu. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 89-90) - Ainsi, quand onk ou l’aute ni sét pont trovu d’ tchèr’tî po
z-alè r’quêre one tchèréye di wassin (...), Bourlouf si mèt aus pègnons èt c’èst li
qui fait li tch’fau. (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 90) - Mais, d’pôy qui dj’alans à
messe, dji n’avans jamais pont vèyu d’ si bê atèr’mint. (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 131)
– CW : (...) èle n’a jamês yë pont d’ fourô ’robe’ ! (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 18)
- I passe au d’truviès do viladje sins pont fè d’ brût (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye,
p. 6)
– OW : Gn-aveut pont d’ôte solucion... (J. GOFFART, Coquia, p. 25) - I gn’a
d’çoulà dès mile èt dès mile ans, gn’aveut pont d’Tère, pont d’ârbes, pont d’fleûrs,
pont d’mouchons, pont d’pèchons, pont d’bièsses, pont d’djins. (E.-J. PIRET, Ex-
traits, p. 7)
Ex. lit. de pupont :
– CW : (...) pour nos, Walons, li principâl, c’èst di n’ pupont piède di timps (...). (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10)
– OW : (...) lès-ârbes drènént d’zous l’ kètche di paquèts d’frûts come i gn’aura pus
pont. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 16)
Remarque : dans une phrase comme dji n’ a nén dandjî d’ pwin, on peut considérer
que la négation porte sur l’adverbe dandjî (ou du moins s’agit-il un ancien nom ressenti
comme un adverbe), et non sur le nom pwin.
Certaines régions (surtout EW) n’utilisent pas les adverbes pont et pupont mais bien
nén do et pus do. Ex. lit. :
– EW : (...) mès come i n’ léhéve nin dès lîves èt qu’il avéve sutu djârdinî, on li
pardon’rè. (J.-M. MASSET, Contes, p. 7) - I n’avéve nin d’ l’ârdjint, ni dol famile
là qu’il ouhe p’lou aler. (J.-M. MASSET, Contes, p. 11) - I n’avût nin dès grossès
tièsses avou leû pète-ås-fèsses, po fé dès longfs brouwèts. I n’avût nin dès sôdårs.
(R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186) - Nin d’ rèsponse... (MITTEI, Zanzan, p. 16) -
Dji n’ freû nin dèl ponne à ’ne mohe (...). (MITTEI, Zanzan, p. 27)
– SW : (...) èt v’la trwas s’mwin.nes qu’on n’è pus d’ novèles du Bracht. (D. VAN
PASSENHOVE, Causans, p. 41) - Pus pont d’ vin, pus d’ cafè, pus d’ pèkèt, èt
ossu... (Ch. BENTZ, Coradje, p. 65)
b) Les adverbes ni. . . nén et ni. . . pus sont employés dans les autres cas :
15.3. LA PHRASE NÉGATIVE 273

– i n’ rote pus tot droet (il ne marche plus tout droit) ; i n’ rote nén voltî (il n’aime
pas marcher)
c) Les adverbes ni. . . nou (masculin) (∼ nu) et ni. . . nole (féminin) (∼ nule, neule,
noule) sont employés avec un nom comptable et signifient « ne. . . pas de » ou, plus pré-
cisément, « ne. . . aucun ». Leur sens est donc légèrement différent de pont et pupont,
qui peuvent s’utiliser avec n’importe quelle espèce de nom et signifient « ne. . . pas de »
ou « ne. . . plus de » :
– dji n’ a nole assiete è m’ dresse (je n’ai aucune assiette dans mon armoire) ; dji
n’ a pus nou lîve (je n’ai plus aucun livre)
Ex. lit. :
– EW : On-z-ouhe dit one djin qui n’avéve nou coûr. (J.-M. MASSET, Contes, p. 22)
- Mins ni v’ fez don nou må d’ tièsse ! (J. WARNIER, Scrîre, p. 226)
– CW : Mins nu moyin do d’meurè rasta. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 27)

Variantes

puch (Lesse) (pour pupont) : i gn aveut puch d’ êwe dins les bîs d’ rêwadje (il n’y avait
plus d’eau dans les canaux d’irrigation)

Autres adverbes servant à construire des phrases négatives


234. Liste non exhaustive :
– on n’ nadje måy è l’ ivier (on ne nage jamais en hiver)
– on n’ bagne jamwais è l’ivier (id.) (∼ jamês)
– on n’ nadje djamåy è l’ ivier (on ne nage jamais en hiver)
– ci n’ est k’ ene pitite måjhon (ce n’est qu’une petite maison)
– li matineye n’ est waire bele (la matinée n’est pas très belle)
– i n’ comprind gote (il ne comprend goutte / rien). Ex. lit. EW : Å d’foû, l’ tins
n’ candjîve gote. (MITTEI, Zanzan, p. 7).
– dji n’ voe rén (je ne vois rien)
– i n’ vénreut ddja (il ne viendrait même pas) ∼ dja. Ex. lit. :
SW : (...) mais quand on-z-a vèyu l’apôte, on n’ waz’rot djà dotè. (J. CALOZET,
Ma-tantes, p. 91).
CW : Nin dèdja l’ fwace do s’èrtchi po tètè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 23)
– nos n’ årans nén nosse toûr nerén (nous n’aurons pas non plus notre tour). Ex.
lit. :
CW : Èt n-a dès côn ps, al bûse ’tuyau’, quë l’êwe n’èstot ni tot-à fêt prôn pe nèrén
’non plus’ (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 42)
– i n’ a rén wangnî nén pus ou non pus (il n’a rien gagné non plus). Ex. lit. :
EW : Lès-ânées passît, èt l’ Lînâr nu radjônihéve nin nin pus d’alieûr. (J.-M.
MASSET, Contes, p. 18).
SW : È-bin ! i n’ dîrè nin non pus çu qu’i sét do grand Bourlouf (...). (J. CALO-
ZET, Ma-tantes, p. 93).
CW : Insi l’ont-is d’churè dès-ans èt dès-ans ; en vicotant au rastrindu, sins fûrlè
ni royi non pus. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15)
274 CHAPITRE 15. LA PHRASE

– i n’ pinsreut nén minme a dîre bondjoû (il ne penserait même pas à dire bon-
jour). Ex. lit. :
EW : Zanzan èsteût si amaké qu’i n’ sondjîve nin minme à s’ såver. (MITTEI,
Zanzan, p. 18)

Emplois
235. a) ni disparaît devant endè :
– dj’ endè vou nén (je n’en veux pas)
– Ex. lit. CW : Èlle ènn’ aveut mètu qu’ deûs, quand li p’tit aveut yeû l’ quintos’ (...)
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 26) - Nos-ôn tes, on ’nn’ a jamês ach’té qu’on côn p
(...) (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 12)
– OW : (...) èn-n’è faut-i nen / Dès pus avancîyes pou moustrer li tchmen ? (H.
PETREZ, Fauves IV, p. 51)
– EW : Li mêsse ènnè riv’néve nin. (MITTEI, Zanzan, p. 12) - (...) lès dreûts d’l’ome
divèt-èsse protéjés d’on rèdjime di dreût di téle sôrt qui l’ome ènn’arive nin a
l’rèvole (...) (Dèclaråcion 2, Préambule)
b) L’adverbe de négation est ni seul avec les verbes savu (∼ sawè(r)) (savoir, pouvoir)
et oizu (oser) (∼ wèzeûr, ôzu...) utilisés comme auxiliaires, c.-à-d. devant un infinitif.
Ex. lit. avec oizu :
– SW : [I] n’ waze dîre qu’ i v’not fére do feû avaur-ci (...) (J. CALOZET, Ma-
tantes, p. 37) - La poûve, èle nu wasét boudji d’on dwat ! (Ch. BENTZ, Coradje,
p. 36)
– EW : (...) on z èst télemint nawe qu’ on n’ wèse kimincî l’ pus lèdjîr dès ovrèdjes.
(J. BOSLY, Îmitåcion, p. 104)
Ex. lit. avec savu :
– SW : (...) po fére cheûre lès transènes (...) qu’on n’avot sèpu avurè au fin coron dès
brantches (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 66) - An n’ sarét chouflè èt co mindjè
d’ la farine. (Proverbes, Causans, p. 49) - I n’ faut jamais rauyè lès-aubes quand
i sont trop vîs : i n’ saurint r’prinde séve nule pau. (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 136)
– CW : Dji n’ saveus quausu m’è sièrvu [do mocwè d’ potche]. . . (H. MATTERNE,
Richot, p. 2) - Mwints côps, au bon timps, quand-i r’ligne à blame èt qu’ lès nîves
dè l’Ardène fièt créche lès-êwes à make, li trau d’ Belvaux ni sait tot bwâre à fait.
(A. HENIN, Scrîre, p. 104) - (...) djë n’aro soyë ramasser ’récolter’ d’ l’êwe dë
plêve (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 43-44) - Come dji n’ saro m’achîde po
n’d’alé à l’ culotte / Dji m’ va padrî les ayes quind i m’ faut ponre one crote.
(COMPOST BINDE, Martin au Congo)
– OW : Dj’é trwès piles di tére dissu l’ plateû qui dji n’ sé vinde, di-dje ! (L. POL-
LEN, DTW, t. 16, 1988, p. 55) - Gn’a là dès-ârbes à n’sawè lès compter. (E.-J.
PIRET, Extraits, p. 12)
– EW : Mins Erôde li tétraque oya djåzer d’ tot çou qu’ Jésus féve, èt i n’ saveût
qwè tûzer (...). (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 118)
Cette règle est très courante mais pas systématique. Ex. lit. de savu avec la double
négation ni . . . nén.
15.4. REJET DE LA PRÉPOSITION OU DE L’ADVERBE 275

– OW : (...) èt qu’on n’ sét né aler l’ cwé à cause qu’i-gn-a dèl cwérèle (...) (L.
POLLEN, DTW, t. 16, 1988, p. 50)
– CW : N-a dès tissus qu’ ça mousse ’penètre’ dëpës d’dins, qu’on n’ sét ni oyë lès
tatches fou (ou djës). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23)
– EW : On n’ sét vèye lu cawe d’one sâvadje bièsse sins s’ saye du l’apici. (S.
FONTAINE, Colas, p. 3)
C’est aussi le cas, plus rarement, avec polu (pouvoir) (∼ poleûr...). Ex. lit.
– OW : (...) lès déréyes di ç’ cougne la, ça n’ pout vwèyadjî. (J.-L. FAUCONNIER,
Scrîre, p. 76)
– EW : Mins come il èsteût v’nou foû, i n’èlzî poléve djåzer, èt i comprindît qu’il
aveût avu ’ne vûzion è Tampe (...) (Dj. MIGNOLET, Evandjîles, p. 80).
Le verbe k(i)noxhe (connaître) peut aussi, dans certaines régions de EW, être utilisé
avec ni seul. Ex. lit. :
– EW : Hitlêr ? Dji nè l’ kinoche ! (R. PRIGNEAUX, Scrîre, p. 207)
c) ni peut disparaître dans c’ est nén :
– c’ èst nén mi ou ci n’ èst nén mi (ce n’est pas moi) ; c’ èst nén possibe ou ci n’ èst
nén possibe (ce n’est pas possible)
Ceci est le seul cas ou ni disparaît régulièrement (quoique non systématiquement).
Dans tous les autres contextes, ni se maintient, alors qu’il disparaît presque toujours en
français parlé.
d) ni disparaît parfois dans po nén. Ex. lit. :
– CW : Djë përdéve më tchudêre po prinde tote l’êwe à on côn p, po ni d’vë tchèri ô
sèya, ? ! (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 44) - I n’èvoyenu pont d’ caute / po nin fé
djalous les otes. (COMPOST BINDE, Un con trop loin)
– Contre-ex : EW : Mi-minme, dji vou èsse blanc moussî po n’ nin fé tètche. (MIT-
TEI, Zanzan, p. 37)

15.4 Rejet de la préposition ou de l’adverbe

236. Dans certains cas, le wallon rejette une préposition ou un adverbe en fin de proposition.
C’est surtout le cas dans des propositions infinitives de but. Ex. lit. :
– EW : (...) qwand i s’adjihéve du vûdî li spåyemåye, i faléve intrer l’ lame d’on
coutê è l’ héve po fé arider lès pèces foû. (R. GROSJEAN, Scrîre, p. 96)
C’est également le cas dans les propositions relatives :
– vola li cmére qui dj’ a vnou avou (voici la femme avec laquelle je suis venu)
Ex. lit. :
– CW : N-a dès tissus qu’ ça mousse ’penètre’ dëpës d’dins, qu’on n’ sét ni oyë lès
tatches fou (ou djës). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 23)
– SW : Lès pês arivint co avu dès bokèts d’ poûrîye tchaure qui pindint après. (L.
MAHIN, Bauke 1, p. 69)
276 CHAPITRE 15. LA PHRASE

15.5 La proposition relative


Pour une liste des pronoms relatifs et des différents types de propositions relatives, voir
Les pronoms relatifs (p. 140).

Accord du verbe
237. Si le pronom relatif est sujet, le verbe de la proposition relative peut toujours se mettre
à la 3e personne du singulier :
– c’ est twè ki vindrè ti årmwere (c’est toi qui vendras ton armoire) ; vos ôtes
k’ est si målureuses (vous qui êtes si malheureuses)
Ex. lit. :
– CW : Mi qui n’ v’leut pont di tch’fau ! â bin di ç’ côp-ci ! (A. LALOUX, Lès
Soçons, p. 29)
– EW : (...) is m’ prézintèt dès lètes, mins ç’ èst vos qui m’ ènnè done li sins (...) (J.
BOSLY, Îmitåcion, p. 102)
Contre-ex. :
– EW : Ureûs vos autes qui plorez, ca vos rèyrez. (Dj. MIGNOLET, Evandjîles,
p. 103)
Sauf si l’antécédent est un pronom personnel 3e personne du pluriel ; le verbe de la
relative peut alors se mettre également à la 3e personne du pluriel :
– c’ est zels l’ ont vnou ou c’ est zels k’ a vnou (ce sont eux qui sont venus)
Ex. lit. :
– CW : Dins tos lès cas, i gn-a qu’ zias qui savenut bin ç’ qu’il ont à fè (...). (J.
FIEVEZ, Bièmeréye, p. 27)
Il arrive aussi que le verbe de la relative se mette à la troisième personne du pluriel si
l’antécédent est au pluriel (quelle que soit la personne) :
– c’ est nos ôtes k’ ont vnou (c’est nous qui sommes venus)
Ex. lit. :
– CW : (...) c’èstot nos-ôntes à deûs quë tournin’ lë machëne. (J.-J. GAZIAUX,
Lessive, p. 27)

Mode du verbe
238. Le verbe de la relative peut être au mode indicatif (fait réel) :
– ele nos a dit ene fåve ki n’s a bén plait (elle nous a raconté une histoire qui nous
a bien plu)
Ex. lit. :
– Tot quî qu’ oûveûre deût lèver l’ salêre qui lî r’vint èt qu’ deût lî pèrmète, lu èt
s’ famile, dè miner l’ vicårèye d’ine onête djint. (Dèclaråcion 1, art. 23)
Il peut aussi se mettre au mode conditionnel (éventualité) :
– ele nos a dit ene fåve ki t’ åreut bén plait (elle nous a raconté une histoire qui
t’aurais plu)
15.6. LES PROPOSITIONS INFINITIVES 277

Ex. lit. :
– OW : Li timps dè l’ dîre, li Ciel s’a disployi come ène grande bleuwe couvèrte qui
n’aureut pont s’ sinzeû. (E.-J. PIRET, Extraits, p. 8)
– EW : Tos lès-omes sont égåls divant li lwè, qu’èlzès deût protéjer, sins nole pré-
fèrince po onk ou po l’ôte, çou qu’ sèreût contrêre al prézinte Déclaråcion (...)
(Dèclaråcion 1, art. 7)
Il peut enfin se mettre au mode subjonctif (fait voulu ou pensé) :
– racontez nos ene fåve ki nos fwaixhe rîre (racontez-nous une histoire qui nous
fasse rire) ; i fåt ’ne tere ki n’ seuye ni trop setche ni trop crowe (il faut une
terre qui ne soit ni trop sèche ni trop humide)
Ex. lit. :
– EW : Dji r’çû d’ bon coûr ine gråce qui m’ rinse pus sûti (...). (J. BOSLY, Îmitå-
cion, p. 89) - Tot l’monde a parèlièmint l’ dreût d’ plêtî s’ cåse divant on tribunål
qui seûye lîbe èt sins parti-pris. (Dèclaråcion 1, art. 10)

Phrases exclamatives
239. Dans les phrases exclamatives, le wallon peut faire suivre le nom antécédent d’une
proposition relative (alors que le français ne le fait pas) :
– kéne narène k’ il a ! (quel nez il a !)
– ké poûri tins k’ i fwait ! (quel sale temps il fait !)

15.6 Les propositions infinitives


Proposition complément d’objet
240. – djel a oyou vni (je l’ai entendu venir) ; on-z etind tchanter (on entend chanter)

Propositions coordonnées avec infinitif substitut


241. Quand deux propositions coordonnées ont le même sujet, le verbe de la deuxième peut
se mettre à l’infinitif, quels que soient le temps, le mode et la personne du verbe de la
première proposition ; le sujet n’est pas répété :
– i vént eyèt nd aler tot d’ shûte (il vient et s’en va tout de suite) ; i xhoûte eyèt
responde sins tårdjî (il écoute et répond sans tarder) ; mougne èt t’ taire ! (mange
et tais-toi !)
Ex. lit. :
– CW : On l’ lèyeut djéryi on pô èt l’ fè chin.nè. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17)
- One miète après, li locomobile ènn’ aleut, macasse, en spatant èt sbrôtchi lès
pîrètes o l’ vôye, chipè afîye su lès tièsses di cayaus. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 23) - Li Lèsse a sukè su l’ muraye di Belvaux, li k’fonci come on vî uch di grègne
èt rouflè, nwâr démon, au mitan dès blankès dintèles èt tot spiyi. (A. HENIN,
Scrîre, p. 104) - (...) cand l’êwe èst vîye ’vieille’, èle dëvent pës djène ’jaune’, vète
278 CHAPITRE 15. LA PHRASE

’verte’ èt pouwer ’puer’. (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 41) - (...) on r’toune lès
potches èt lès cheûre (...). (J.-J. GAZIAUX, Lessive, p. 54)
– EW : C’èst por vos, c’èst por nos qu’il a d’né s’ vîye : po qu’ vos n’ vikéche nin
èsclåves, po qu’ tot l’ monde pinse çou qu’i vout èt poleû dîre çou qu’i pinse. (R.
PRIGNEAUX, Scrîre, p. 186)
Certains cercles littéraires et écrivains (surtout en CW) ont transformé cette option en
règle alors que la langue parlée est loin d’utiliser systématiquement cette construction.
En EW et en SW, cette option existe également (Limes 1992, 80), quoique certains
écrivains estiment qu’elle est plutôt typique du CW, peut-être en raison même de sa
surutilisation par les écrivains de dialecte CW.

Proposition circonstancielle de but


242. a) On peut construire une telle proposition avec la préposition po suivie de l’infinitif :
– dji met on cofteu d’ pus po l’ efant avu tchôd (je mets une couverture supplé-
mentaire pour que l’enfant ait chaud)
Ex. lit. :
– CW : Afîye, i câsseut aus pîres po l’ comune ritchèrdji lès vôyes di campagne.
(A. LALOUX, Lès Soçons, p. 15) - Ci sèrè po nosse curè fè lumè au salut. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 26) - Mins one arote, nos n’ ’nn’ avins nin dandji. Po li
p’tit ièsse onteûs ! (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 29) - Dins ène situwâcion parèy
[sic] à l’ cène qui nos conèchans l’ djoû d’audjoûrdu èt pou nos-ôtes arivè au
d’ bout d’ nos rôyes, pour nos, Walons, li principâl, c’èst di n’ pupont piède di
timps (...). (J. FIEVEZ, Bièmeréye, p. 10)
– OW : Pou nos-ôtes awè on boukèt d’ tére di trwès kilos, i faleut taper vint-céq
côps avou l’osti. (L. POLLEN, DW, t. 16, 1988, p. 47)
b) Si le sujet est un pronom (seul), la préposition est por (voir Emploi des propositions,
p. 220) et le pronom prend la forme d’un complément d’une préposition :
– ele dimande por leye tchanter (elle demande si elle peut chanter) ; i s’ dispaitche
por lu avu fwait dvant l’ nut (il se dépêche pour avoir terminé avant la nuit) ; i
m’ fåt des çanses por mi aler å medcén (il me faut de l’argent pour aller chez le
médecin)
Ex. lit. :
– SW : (...) on lî d’not po z-èralè soye-t-i deûs-ous ou one tchondrunète di lècê por
lèy sopè a s’maujon (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 57)

Propositions infinitives dans une narration


243. On peut trouver des propositions infinitives avec inversion (èt (pôr) + INFINITIF +
SUJET) équivalant à des « infinitifs historiques » :
– èt pôr cori les djins (et les gens de courir) ; èt s’ rafiyî li cmere (et la femme de
se réjouir)
Ex. lit. :
15.7. LA PHRASE COMPARATIVE 279

– CW : Èt frotè, frotè bin come-u-faut plin s’ cayau. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 12)
– EW : Èt pôr pinser vèy a tot moumint on sotê amoussî foû di s’ nahe ! (MITTEI,
Zanzan, p. 4)

15.7 La phrase comparative


244. a) Dans une phrase indiquant une corrélation, on utilise les formes (å) pus ki ou pus’
ki et (å) mons ki (∼ mwins’ :
– pus k’ i gn årè do bwès dins l’ feu, mons k’ nos årans froed (plus il y aura du
bois dans le feu, moins nous aurons froid) ; pus ki ti båraedje esteut bén fwait,
pus k’ i coreut di l’ aiwe so t’ pré (plus ton barrage était bien fait, plus il courait
de l’eau sur ton pré)
Ex. lit. :
– SW : Pus’ qu’i gn-avot dès tchènês d’ grifés, mwins’ quu l’ martchand avot du
scwâces, don. (L. MAHIN, Bauke 1, p. 45)
– CW : Pus lon qu’ on èva, pus ç’ qu’on vwèt dès cinsîs qui (...) s’atèlnut à dès ôtès
ovrâdjes. (Chwès, Libramont, p. 51)
b) Dans une phrase indiquant une comparaison, on utilise pus ∼ pus’ (ki) ou di pus
(ki) :
– il end a-st avu d’ pus ki l’s ôtes ou pus’ ki l’s ôtes (il en a eu plus que les autres)
– on singlé fwait bråmint d’ pus d’ damadjes (ki. . .) (un sanglier fait beaucoup
plus de dégâts)
c) Dans une phrase indiquant un degré superlatif, on utilise li pus ∼ pus’ di :
– c’ est dins l’ grinne k’ i gn a l’ pus di pwezon (c’est dans la graine que se trouve
la plus grande quantité de poison)
Voir aussi les subordonnées comparatives (p. 250).

15.8 La phrase impersonnelle


245. a) Certains verbes sont essentiellement impersonnels :
– i ploût (il pleut)
– i fåt cweri (il faut chercher)
b) Certains verbes peuvent être utilisés impersonnellement :
– i mankéve åk (il manquait quelque chose)
c) Dans ce cas, certains dialectes (SW) intercalent gn è entre le pronom et le verbe :
– i gn è dmeûre djusse li trô ou i dmeure. . . (il ne reste que le trou)
Ex. lit. :
– SW : (...) i gn-è v’not co bin pa dès côps ène frède bîje.
280 CHAPITRE 15. LA PHRASE

15.9 La phrase averbale


246. a) La base d’une phrase peut être un adverbe. Les phrases adverbiales indiquent sou-
vent un mouvement de départ. Ex. lit. :
– SW : (...) èt aye-da-daye après l’ coron do pazê ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 22) -
« Merci bin ! » dist-i Pitit, èt aye èvôye bin guéy ! (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 86)
- Èt aye-da-daye li p’tit lodjeû èvôye pa l’ grand-route ! (J. CALOZET, Ma-tantes,
p. 91)
– CW : Aye, au diâle, one bizéye d’aplopins. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 11) -
Èt on djoû, èvôye on-ome d’on randon. (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 17) - Après
l’awous’ èt l’ rauyadje aus bètrâles, tchouf, tchouf, tos lès djoûs di chîj à chîj èt
co ope, dins lès cinses èt aus môyes su l’ campagne. (A. LALOUX, Lès Soçons,
p. 22)
– EW : (...) èt adon, èvôye po l’ grande avinteûre ! (MITTEI, Zanzan, p. 13)
b) La base d’une phrase peut être un adjectif. Les phrases adjectivales sont souvent
exclamatives. Ex. lit. :
– CW : Bin binauje, on-ome, subayi, l’Oscâr Antwâne ; quand il a stî vî assèz po fè
on mwârt (...). (A. LALOUX, Lès Soçons, p. 13) - Fiér, li Nès’, d’atèlè one grosse
Poulète qui Djâque aveut ruvenu d’ Ciney avou, on djoû d’ fôre. (A. LALOUX,
Lès Soçons, p. 27)
– SW : I faut couru treûs-eûres lon, jusqu’à Mautche, èt nin co sûr dol trovu là, ca
il èst sovint vôye fére si toûrnéye (...). (J. CALOZET, Ma-tantes, p. 42)
– EW : (...) måleûr å ci qui n’èl kinoh nin èt qui såye di l’acsûre ! (G. FONTAINE,
Scrîre, p. 84)
Cinquième partie

Les variations du wallon

281
Chapitre 16

Variation stylistique : la
politesse en wallon

Emploi des deuxièmes personnes du singulier et du pluriel


247. La 2e personne du singulier (ti) est tabou, jugée très familière, voire grossière quand
on apostrophe quelqu’un. En wallon, il est normal de se vouvoyer (vos) entre parents
et enfants, entre amis, entre époux, maître et élève, etc. Le tutoiement est réservé aux
personnes de même sexe ayant à peu près le même âge et dans un environnement
familier (en jouant aux cartes, en buvant un verre, etc.).
Dans certaines régions, on peut même considérer que la 2e personne du singulier
n’existe tout simplement pas, non seulement pour les pronoms sujets, mais aussi pour
les possessifs, les démonstratifs, etc.
Il existe une forme d’apostrophe polie : twè. La forme t(i)-minme est souvent jugée
« intermédiaire ».

Emploi de la 1e personne
248. Il arrive assez souvent que la première personne (mi) ne soit évoquée qu’indirectement.
On utilise parfois le possessif nosse pour mi (voir plus bas). Un autre moyen d’atténuer
l’utilisation de mi est de la faire suivre de l’expression di-st i l’ fô (comme dit le fou) :
– ces cayets la, ci n’ est nén por mi, di-st i l’ fô (ces trucs-là, ce n’est pas pour moi,
« comme dit le fou »)
Il arrive aussi qu’on emploie ene sakî (quelqu’un) pour exprimer la 1e personne :
– on l’ sait bén, la, ene sakî (on le sait, quelqu’un ; comprendre : je le sais)

Emploi de nosse pour mi


249. On utilise parfois nosse pour mi, pour marquer le respect, la déférence ou l’affection :

283
284 CHAPITRE 16. VARIATION STYLISTIQUE : LA POLITESSE EN WALLON

– nosse pa est fayé (mon père est malade) ; bondjoû, nosse man ! (bonjour ma-
man) ; nosse dame (madame)
Ex. lit. :
– CW : C’èst nin l’ cafè qu’èst mwês, nosse pa, c’èst l’êwe qu’i gn-a d’ trop. (A.
LALOUX, Lès Soçons, p. 26)

L’art de la litote
250. Et si la manière de s’exprimer dans une langue nous apprenait quelque chose sur l’es-
prit, la culture d’un peuple ? Je vous laisse répondre par vous-même à cette importante
question qui procure aux linguistes (variétés Ethno linguisticus et Socio linguisticus)
des frissons de bonheur et d’inépuisables sujets de controverse... Pour alimenter vos
réflexions, je propose ici une petite comparaison.
Là où l’anglais dit I love you, le français Je t’aime et l’espagnol Te quiero, le wallon
dit Dji v’ voe volti.
Que signifient ces expressions ? Les deux premières impliquent une activité cérébrale
(aimer, to love). L’expression espagnole dénote un hardi mouvement de désir, de pos-
session (littéralement je te veux). L’expression wallonne signifie littéralement je te vois
volontiers ou J’aime te voir. Faut-il comprendre de là que les Wallons et les Wallonnes
sont tous de grands timides, d’indécrottables pudiques qui n’osent trop exprimer leurs
sentiments directement et cèdent aux charmes discrets de la litote romantique ? Je vous
laisse décider...

Atténuation des grossièretés


251. L’énonciation d’une grossièreté est souvent suivie de l’expression k’ i m’ fwait må
cåzer ou ki ti m’ fwais må dîre, ce qui est une manière de s’excuser... mais aussi de
rejeter la faute sur une autre personne, présente ou absente, véritable responsable (ou,
en tout cas, véritable cause) de l’écart de langage. Ex. lit. :
– SW : Èt dîre ki ç’ rossê tchin la, ki n’ vôt nin on côp d’ pîd dins s’ p..., k’ i m’ fêt
mô côzè, i nos va co costè dès miyons ! (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 5)

« Merci » « De rien ! »
252. « Merci » se dit aujourd’hui merci. Anciennement ( ?), la formule traditionnelle était :
gråces. Certains écrivains souhaitent la réintroduire, avec un certain succès. Ce gråces
ressemble fort aux mots utilisés dans les langues latines du sud : grazie, gracias, grà-
cies, etc. La réponse traditionnelle est : (i gn a) rén avou ça (équivalant au français
« de rien »).

« A vos souhaits ! »
253. La formule de bénédiction traditionnelle à quelqu’un qui éternue est : benisse ! Dans
le langage utilisé pour parler aux petits enfants, fé benisse signifie stierni (éternuer).
285

« Bonjour ! » « Au revoir ! »
254. Voici quelques manières de dire bonjour, par ordre décroissant de solennité :
– Diè wåde ! Formule archaïsante. Littéralement : « Dieu (vous) garde ! »
– Bondjoû ! Formule parfaitement neutre, la plus utilisée.
– A ! Équivaut à peu près à « salut ». Elle est souvent suivie d’une désignation de
personnes : A, Djan ! A, mes djins ! A, les ovrîs !
Il existe de très nombreuses formules de politesse pour se dire au revoir. En voici
quelques unes :
– Arvèy ! (∼ arveûy, arvôy, arvîr, arvwêr. . .). Une formule parfaitement neutre.
– Ada ! (salut !). Formule peut-être un peu plus familière.
– Djusk’ a ! (salut !, lit. « jusqu’à »). Peut-être encore plus courante que la précé-
dente.
– Come on-z a dit ! (salut !, lit. « comme on a dit », « comme convenu »). S’utilise
très souvent. . . même quand on a rien dit du tout.
Évidemment, il existe aussi toute une série d’expressions dénotant le moment auquel
on espère se revoir : a dmwin (∼ dmin) (à demain), al samwinne ! (à la semaine
prochaine), djusk’ a li ptite samwinne !, a l’ anneye ki vént, a onk di ces cwate, etc.

Les mots tabous


255. Comme dans toutes les langues, il existe en wallon des mots qu’il est défendu de pro-
noncer dans des circonstances normales, des mots qui sont systématiquement consi-
dérés comme extrêmement grossiers et dont l’emploi suffit à vous stigmatiser comme
man’daye ou barakî ou grossî personaedje. Les cas les plus évidents sont les insultes
et les mots désignant les parties intimes. Mais il existe aussi d’autres cas peut-être
moins évidents. Par ex. le mot panse (panse) est à éviter absolument, de même que
toutes les nombreuses expressions dans lesquelles ce mot entre : rîre plin s’ panse
(crever de rire), dj’ end a plin m’ panse (j’en ai plus qu’assez), on pele-panse (un
emmerdeur), etc. On peut atténuer ces expressions en remplaçant panse par vinte. Ex.
lit. d’évitement de panse :
– SW : Èt dîre ki ç’ rossê tchin la, ki n’ vôt nin on côp d’ pîd dins s’ p. . ., k’ i m’ fêt
mô côzè, i nos va co costè dès miyons ! (J. BILY, Singuliers, 2/1998, p. 5)
286 CHAPITRE 16. VARIATION STYLISTIQUE : LA POLITESSE EN WALLON
Chapitre 17

Variation géographique : les


dialectes du wallon

17.1 Quelles sont les variétés géographiques du wallon ?


256. Les travaux de dialectologie menés au cours du siècle dernier ont mis en évidence
quatre grands groupes dialectaux (v. cartes p. 295) :
– est-wallon ;
– centre-wallon ;
– ouest-wallon ;
– sud-wallon.
Ils ont aussi mis en évidence le fait que l’est-wallon est le dialecte qui rassemble le
plus de traits propres au wallon, suivi par le centre-wallon, alors que l’ouest et le sud
sont des dialectes plus mixtes, où l’on trouve de plus nombreuses influences françaises,
parfois des traits plus archaïques que dans les autres dialectes, mais aussi des traits par-
tagés avec les langues régionales voisines (picard à l’ouest et lorrain au sud) . D’où
les appellations wallo-lorrain et wallo-picard parfois utilisées. Celles-ci nous semblent
forcées dans la plupart des cas (voir p. ex. l’étude quantitative in Francard 1980). Seuls
les dialectes de l’extrême ouest (La Louvière p. ex.) et de l’extrême sud (Léglise p. ex.)
peuvent être considérés comme linguistiquement à cheval sur deux domaines. Notons
encore que beaucoup de traits de l’ouest-wallon ne sont pas commun avec le picard
en général mais bien avec les dialectes orientaux du picard (le picard de Wallonie). Le
même raisonnement peut s’appliquer au sud-wallon, qui partage certains traits avec les
dialectes les plus septentrionaux du lorrain (gaumais) plutôt qu’avec le lorrain globale-
ment.
Ce sont donc plus souvent des considérations extra-linguistiques que linguistiques qui
fondent « l’unité » des groupes dialectaux (comme des langues), p. ex. l’influence d’un
centre comme Liège à l’est ou l’identification entre « Ardenne » et sud-wallon.
Les quatre grandes divisions dialectales citées plus haut ne sont pas nettement tran-
chées. En effet, les variantes géographiques peuvent aussi se classer comme suit.

287
288CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

Variantes présentes dans une partie d’un des quatre dialectes

257. Exemples :

Phonétique
– Existence d’un son [X] comme réalisation de /h/ : à l’est de l’EW uniquement.

Morphologie :
– Existence d’un article défini féminin : au sud du SW uniquement (v. carte p. 295).

Variantes présentes dans une partie du domaine linguistique wallon, sans corres-
pondance avec les quatre grands dialectes

258. Exemples :

Phonétique
– Absence d’opposition /I/ versus /Y/ et neutralisation en /@/ (ex. lë ptët a vnë) : pré-
sent dans une partie du CW (brab.) et du SW (Bertrix), dans deux aires séparées.
– Non diphtongaison de l’équivalent du français oi (comme dans « toit », « mois »,
« je dois » ; ex. tectum > teût, teut, tût, tèt) plutôt que diphtongaison (twèt, twat) :
couvre l’EW, le nord de SW, le sud de CW et le sud de l’OW (v. carte p. 295).
– Morphologie verbale, 2e personne du pluriel en -oz (ex. : vos èstoz) : couvre, dans
sa plus grande extension, tout le CW, le nord du SW et l’est de EW (v. carte
p. 295).
– Morphologie verbale, 3e personne du pluriel en -èt (ex. i vikèt) : couvre tout le
EW, la moitié est du CW, le nord du SW et le sud du OW (v. carte p. 295).
– Voyelles d’appui [Y] vs [I]. [Y] est présente dans la majeure partie du SW et dans
tout l’est de l’EW (v. carte p. 295).

Phonologie
– Distinction entre én (ou în) et in : dans le nord de la Wallonie en général (nord de
l’OW et du SW et nord-est de l’EW) (v. carte p. 295).

Variantes présentes dans plusieurs dialectes globalement

259. Exemples :
– Évolution du suffixe latin -ellum > -ia (CW et OW) ou -ê (EW et SW) (v. carte
p. 295).
– Évolution des groupes or et os en une diphtongue (wa, wâ, wè, wê, wé) plutôt que
conservation : couvre EW, CW, une grande partie de SW et empiète sur OW (v.
carte p. 295).
Ceci signifie que dans de nombreux cas, les quatre grands dialectes wallons de sont pas
délimités par des traits propres mais par un recoupement de traits partagés avec divers
autres dialectes. Il existe aussi des cas où les variantes correspondent approximative-
ment aux quatre groupes dialectaux.
17.2. QUELQUES ÉVOLUTIONS PHONÉTIQUES DIVERGENTES 289

17.2 Quelques évolutions phonétiques divergentes


260. Voici un bref inventaire de certaines divergences dialectales du wallon.

Correspondants du français « -i(ll)e »


Typiquement, un yod [j] final est sensible dans la majeure partie du domaine wallon
(sauf SW ; voir aussi p. 49). En OW et CW, la finale est -îye. En SW, elle est -îe.
Les formes en -èye, propres à l’EW, mais présentes parfois ailleurs (p. ex. fèye (fille),
ostèye (outil, [il] outille) en CW) sont privilégiées comme formes types dans la mesure
où elles distinguent le wallon de ses voisins.
Exemples : industrèye (industrie), awèye (aiguille), i tchèrèye (il charrie).
Autres formes : industrî(y)e, awî(y)e, i tchèrî(y)e. A l’est de l’EW : maladîhe, vîhe, etc.
Voir cartes p. 295 et ALW I, 1 « aiguille », 98 « vie », II, 90 (« il charrie »).

Correspondants du français « -ée »


Ici aussi, typiquement, un yod [j] final est sensible dans la majeure partie du domaine
wallon (sauf SW ; voir aussi p. 49). Dans la plupart des cas, la voyelle qui précède
est un é long [e :] ou un ê long [E :]. Des variantes avec è [E] bref existent aussi. Les
formes types choisies sont notées -êye, graphie qui autorise les prononciations fermées
ou ouvertes, au choix.
Exemples : annêye (année), tchantêye (chantée), blamêye (flambée).
Autres formes : anné(y)e, tchanté(y)e, blamé(y)e.
Voir ALW I, 2 « année ».

Correspondants du français « o + r »
L’évolution typique du wallon, présente dans tout le domaine, quoique avec une in-
tensité moindre (selon les mots) en OW et une partie du SW est une diphtongaison
d’ailleurs connue dans de nombreuses autres langues romanes. Il existe deux types de
diphtongaison, l’une basée sur la voyelle a et l’autre sur è.
Les formes types choisies ici sont celles en wa, présente en CW, SW, l’est de l’EW et
l’OW (quand il y a diphtongaison dans cette région).
Exemples : bwârd (bord), fwate (forte), pwarter (porter).
Autres formes diphtonguées : bwérd, bwèrd, bwêrd ; fwète ; pwèrter.
Autres formes, non diphtonguées : bôrd, boûrd ; fôrt, foûrt ; pôrter, poûrter.
Voir : Limes, 73 ; ALW I, 5 « borgne », 77 « porter » ; carte p. 295.

Correspondants du français « o + s »
L’évolution de ce groupe est exactement parallèle à celle de or (ci-dessus), quoique
assez souvent sur une aire plus réduite. Les formes privilégiées sont les mêmes.
290CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

Exemples : ripwazer (reposer), wazu (oser), cwasse (côte).


Autres formes diphtonguées : ripwèzer, wèzeûr, cwèsse.
Autres formes, non diphtonguées : rpôzer, ôzu.
Voir Limes 73 ; ALW I, 67 « oser » + cwasse ; carte p. 295.

Correspondants du français « -eau » (latin « -ellus »)


Le latin -ellus a évolué en deux formes qui se partagent le domaine wallon en deux aires
à peu près égales : -ê ou -é en EW et SW ; -ia en CW et OW. Ayant renoncé ici à utiliser
la graphie ancienne -ea (pourtant déjà présentée comme « pratique » dans Germain
1989) pour m’en tenir à l’orthographe Feller phonétique, j’ai utilisé des formes types
en -ia, qui débordent légèrement sur l’EW.
Exemples : batia (bateau), via (veau), tchèstia (château).
Autres formes : batê, vê, tchèstê.
Voir Limes 87 ; ALW I, 11 « chapeau », 43 « fléau », 78 « pourceau », IV, 2 « château » ;
carte p. 295.

Voyelle caduque
La voyelle caduque de loin la plus fréquente est [I], notée i. Elle est systématiquement
utilisée ici - sauf dans les rares cas où la voyelle caduque n’est jamais e, ou seulement
dans de rares parlers.
Exemples : riprinde (reprendre), sicole (école), kimincî (commencer).
Voir Limes 74 ; ALW I, 54 « le », II, 12 « je », 13 « me », 39 « se », 47 « mon », 56
« ce », 57 « cette » ; carte p. 295.

Groupe « cw »
L’évolution typique du wallon est la conservation des groupes cw. Toutefois, ces formes
sont en recul : presque systématiquement conservées en EW, elles ne le sont que ra-
rement en OW. Le CW avait encore cwand au siècle dernier mais utilise aujourd’hui
cand. Les groupes cw sont conservés comme formes types.
Exemples : cwand (quand), sacwè (quelque chose), scwére (équerre), cwèri (chercher).
Autres formes : cand, sakè, skére, kére ou kèru, etc.
Voir ALW I, 36 « équerre ».

Correspondants du français « oi » (1) (latin « e » long accentué libre)


Dans un premier groupe de mots, les formes non diphtonguées (eû, eu, û, è) couvrent
la majeure partie du domaine : EW, sud du CW et de l’OW, nord du SW. Des formes
diphtonguées (wè, wa) se partagent le reste du domaine. Les formes non diphtonguées,
présentes dans tous les dialectes et propres au wallon, sont ici préférées comme formes
types. Parmi celles-ci, les formes en eû, plus fréquentes (EW), sont utilisées.
17.2. QUELQUES ÉVOLUTIONS PHONÉTIQUES DIVERGENTES 291

Exemples : freûd (froid), i veût (il voit), seû (soif), teût (toit).
Autres formes non diphtonguées : freud, frûd, frèd ; i veût, i vèt ; seu, sû, sè ; teut, tût,
tèt.
Autres formes, diphtonguées : f(r)wèd, frwad ; i (v)wèt, vwat ; swè, swa ; twèt, twat.
Voir Limes 73 ; ALW I, 45 « froid », 100 « il voit », IV, 6 « toit » ; carte p. 295.

Correspondants du français « oi » (2)


Dans un deuxième groupe de mots, les formes non diphtonguées sont limitées à l’EW.
Ici aussi, elles sont choisies comme formes représentant une évolution typique du wal-
lon.
Exemples : steûle (étoile), mureû (miroir), meûs (mois).
Autres formes, diphtonguées : stwèle, stwale, stwèye, stwaye ; murwè, mirwa ; mwès,
mwas.
Voir ALW I, 38 « étoile », 61 « miroir », 75 « poire », III, 35 « mois » ; carte p. 295.

Labiale + w
Il existe en CW, OW et une partie de SW un tendance à insérer un w après les consonnes
labiales. Les formes types utilisées ici suivent cette tendance typique du wallon par
rapport à ses voisins romans.
Exemples : fwin (faim), samwinne (semaine), dimwin (demain), jamwês, i fwêt (il fait).
Autres formes : fin, saminne, dimin.
Voir ALW I, 39 « faim », 68 « pain », 69 « peine » (+ dénasalisation), 90 « semaine »,
97 (« veine »), III, 50 (« demain ») ; carte p. 295.

Correspondants du français « -age » (latin « -aticum »)


Le suffixe -aticum a évolué en -èdje (EW, partie de SW), -adje (CW, partie de SW) ou
-âdje (OW). La forme type utilisée ici est -èdje (en parallèle avec l’évolution a > è, voir
ci-dessous).
Exemples : passèdje (passage), ramèdje
ALW I, 99 « village »

Équivalents du français « a »
Il existe une alternance [E] ∼ [a]. La fréquence des [E] est la plus élevée en SW, suivi
de EW, CW et OW, dans cet ordre : tchapia en OW et CW, tchapê en EW mais tchèpê
en SW (chapeau) ; tchat en OW et tchèt ailleurs (chat) ; bras en OW et brès ou brès’
ailleurs (bras) ; tchèpèle en SW et tchapèle ailleurs (chapelle), etc.
Les formes types choisies ici utilisent un è, connu partout (quoique dans une mesure
moindre en OW) et caractéristique du wallon.
Voir ALW I, 10 « chanvre », 13 « charpentier », 14 « chasseur », 47 « glace », 49
« hache », 81 « regain », 88 « sac », IV, 2 « château », etc.
292CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

Équivalents du français « ou »
Dans de nombreux mots, l’OW et une partie de SW ont un ou là où l’EW, le CW
(généralement) et le reste de SW ont un o. Les formes de référence sont celles qui ont
un o, plus courantes et caractéristiques du wallon.
Exemples : soris (souris), po (pour), tot (tout).
Autres formes : souris, pou, tout.
Voir cartes p. 295 ; ALW I, 6 (« bouteille »), 23 (« couture »), 46 (« genou »), 64
(« mouche »), II, 20 et 22 (« nous »), 23 (« vous »), 74 (« pour »), 88 (« montre »),
etc.

Équivalents du français « u »
Il existe une alternance ou ∼ u. L’EW, le bast. et le fam. ont souvent ou [u] (mètou,
mis, touwer, tuer, noûlêye ou nûlêye, nuage, cou, cul, couhène, cuisine) là où l’OW et
le reste du SW ont le plus souvent u [Y] : mètu, tuwer, nûléye, cu, cûjène ou cûjine ; le
nam. et le hesb. présentent un mélange des deux formes : mètu, cu, nûléye mais touwer,
coûjène, etc.
Les formes de référence choisies sont les formes avec ou, cette évolution étant la plus
répandue et la plus caractéristique du wallon.

Équivalents du français « con- »


Ce préfixe, très fréquent en wallon, se présente sous deux formes : avec voyelle instable
(EW, SW, majeure partie du CW) ou sans voyelle instable (OW, ouest du CW). Dans
le premier cas, la voyelle instable est i (EW, est du CW), u (SW, malm., verv.) ou plus
rarement o (nam.) : k(i)mincî ∼ c(u)mècer ∼ c(o)mincî (commencer) ; dans le second
cas, ce préfixe se présente sous les formes co- (avec un o non élidable, ouest du CW)
ou cou- (OW) : comincî ∼ couminchî.
Le préfixe élidable couvre la majeure partie du domaine linguistique wallon. La voyelle
instable de référence est i dans tous les cas ; le préfixe type est donc ki-.
Exemples : k(i)taper (malmener, etc.), k(i)fèsse (confesse), k(i)mint (comment), k(i)ployî
(plier en tous sens), etc.

Remarques générales
a) De nombreuses autres alternances moins marquantes ou plus locales ne sont pas
évoquées ici : p. ex. -ène ∼-ine comme dans farène ∼ farine (OW) (farine) ; oû ∼ û
(SW) comme dans noû ∼ nû (neuf), etc.
b) Aucun choix de formes types n’est fait quand les formes divergent de manière
peu ou pas systématique ou plus que superficiellement : pan ∼ pwin (pain) ; magnî ∼
mougnî (manger ; considérés comme synonymes de mindjî) ; vonne ∼ vwinne (veine),
etc.
17.3. CARACTÉRISTIQUES DES QUATRE PRINCIPAUX GROUPES DIALECTAUX293

17.3 Caractéristiques des quatre principaux groupes dia-


lectaux
Est-wallon
261. Ce dialecte est le plus typé, du point de vue diachronique (il est —en général— le plus
conservateur) et du point de vue sociolinguistique (mais ce point reste à étudier). Il
est aussi le mieux typé d’un point de vue dialectologique et synchronique, c.-à-d. qu’il
existe effectivement des variantes qui lui sont propres, le définissant tout entier et l’op-
posant aux autres dialectes. Voici quelques-uns des principaux traits caractéristiques de
ce dialecte (v. carte p. 295).

Phonologie
– Existence du phonème /h/, réalisé [h], [ç] ou [X] selon les contextes et les régions.
Il peut avoir deux origines :
– germanique : ex. hoye (houille), haye (haie), etc. (qui correspond à zéro ou un
hiatus ailleurs).
– « h secondaire » résultant de groupes tels que c intervocalique devant e et i, sc +
voyelle, (s)sy, ty, x intervocalique, etc. qui ont évolué en ch ou j dans le reste de la
Wallonie : plêhant (∼ plêjant, plaisant), home (∼ chome, chume, écume), cråhe
(∼ cråche, graisse), måhon (∼ måjon, maison), poûhî (∼ poûjî, puiser), etc.

Phonétique
– Maintien du [u :] long latin, p. ex. dans le morphème du participe passé masc. :
pièrdou (perdu), mètou (mis), etc. Les autres dialectes wallons ont un [y] : pièrdu,
mètu.
À noter : ce trait a disparu du CW relativement récemment et reste présent en bast.
(SW).
– Le suffixe latin -aticu > -èdje : passèdje (passage), viyèdje (village), etc. Ce trait
existe aussi en bast. (SW). Les autres dialectes wallons ont -adje (SW, CW) ou
-âdje (OW).
– Les groupes os et or > wè, wê, wé (selon les régions et/ou les environnements) :
fwért ∼ fwêrt ∼ fwèrt (fort), fwète (forte). Une partie de EW (malm.) a wa (fwart
ou fwârt et fwate), comme le CW et une partie de SW (v. carte p. 295).

Morphologie
– Subsistance du passé simple. Le passé simple existe à l’état de traces en SW voire
en CW, d’où il a disparu récemment.

Lexique
Quelques mots courants sont propres à l’EW : norèt (mouchoir), måssî (sale), solo
(soleil), etc.
294CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

Sud-wallon
262. Ce dialecte est surtout caractérisé par :
– une fragmentation dialectale plus grande qu’en EW et CW ;
– des traits qui, pris individuellement, sont partagés avec d’autres dialectes mais ne
se rencontrent tous que dans cette région.

Phonétique
– os et or donnent une diphtongue wa, comme en CW, ou sont conservés, comme
en OW (v. carte p. 295).
– voyelle d’appui [Y] (aussi dans EW et sporadiquement ailleurs). Ce trait était beau-
coup plus répandu anciennement (au moins jusqu’à Liège). L’expansion de [I]
comme voyelle d’appui est récente (v. carte p. 295).

Morphologie
– existence d’un article défini féminin la dans une partie du SW (v. carte p. 295).
– la forme dju est utilisée pour la 1e pers., que ce soit au singulier ou au pluriel : dju
mindje, dju mindjans (v. carte p. 295).
– 3e personne du pluriel en -ant ou -at dans une partie du domaine (v. carte p. 295).

Lexique

Quelques mots typiques : (y)åk (quelque chose), èrsè, èrso. . . (hier), niche (sale), c(u)châde,
k(i)chaude. . . (ortie), skiron (écureuil), etc.

Ouest-wallon
263. Ce dialecte est surtout caractérisé par :
– une fragmentation dialectale plus grande qu’en EW et CW ;
– des traits qui, pris individuellement, sont partagés avec d’autres dialectes mais ne
se rencontrent tous que dans cette région ;
– L’équivalent du français ou est généralement un ou (o ailleurs), comme dans une
partie du SW (v. carte p. 295).
– La voyelle d’appui est souvent prosthétique à l’ouest du domaine (p. 52).

Phonétique
– os et or sont le plus souvent conservés (v. carte p. 295).
– ou pour o.

Morphologie
– L’article défini est èl (v. carte p. 295).
17.4. CARTES 295

Centre-wallon
264. Ce dialecte est probablement le plus difficile à caractériser : il est central et en contact
géographique avec tous les autres ; il est dès lors difficile de trouver un trait qui lui soit
réellement propre. Ainsi, les caractéristiques citées dans Limes I (1992) sont partagées
avec le SW et l’OW, voire plus fréquentes dans ces deux derniers dialectes :
– insertion d’un w entre une consonne labiale et les voyelles è et in, comme dans
mwin (main), pwin (pain), pwinne (peine). Le SW et l’OW connaissent ce trait
dans des cas où le CW ne le connaît pas : fwêt (fait), jamwês (jamais) (v. carte
p. 295) ;
– le chute du pronom vos est caractéristique également de l’OW et du SW (v. carte
p. 295) : vlèz ’ne jate di cafè ?
Du point de vue phonétique, le CW partage ses caractéristiques avec ses voisins :
– tantôt avec l’OW. P. ex. -îye dans des mots comme vîye, industrîye, etc., alors que
l’EW a -èye (v. carte p. 295) ;
– tantôt avec l’EW. P. ex. le maintien du o dans des mots comme tot, botèye, vos,
gngno, etc. (v. carte p. 295) ;
– tantôt avec le SW, p. ex. l’évolution de os et or en wa dans des mots comme fwârt,
twade, ripwazer, etc. (v. carte p. 295).
Dans d’autres cas, les variantes connues dans les dialectes contigus se partagent le
CW :
– préfixe k(i)- à l’est (comme en EW) jusqu’à la Meuse : kimincî, kitaper ;
– 3e pers. plur. en -èt à l’est (comme en EW) jusqu’à la Meuse : i vikèt, i tchantèt ;
– 3e pers. plur. en -nut à l’ouest (comme en OW) : i viknut, i tchantnut.
Traits particuliers en morphologie :
– morphème c(o)- (EW : k(i)- ou c(u)- ; SW : généralement c(u)- ; OW : générale-
ment cou-) : c(o)mincî, c(o)fèsse ;
– terminaison -eûve (< -ebam) à l’imparfait et au cond. en nam. : i vikeûve, dji tchan-
treûve.
Du point de vue lexical, des mots « typiques » d’autres régions cohabitent assez fré-
quemment, p. ex., toumer et tchêr (tomber ; Hostin 1975), mougnî et mindjî (manger),
måy et jamês (jamais), quéke fîye èt mutwè (Hostin 1975) , etc. Il est difficile de trouver
un type lexical qui soit vraiment propre au CW : mannèt (sale ; partagé avec la majeure
partie de l’OW), canada (pomme de terre ; idem).

17.4 Cartes
265. Les cartes ci-après n’illustrent pas les traits définitoires du wallon par rapport à ses
voisins (picard, gaumais) ou au français, mais bien quelques-unes des principales va-
riations internes au domaine wallon. Elles sont toutes inspirées de l’Atlas linguistique
de la Wallonie mais présentées sous une forme simplifiée. Seules les variantes concer-
nant le domaine wallon proprement dit sont mentionnées.
296CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
Auve
Lîdje
At’ Warème
Tournai Nivèle Okgnî/Lë Noû Lovin
Sougnî Moûse Vèrvî
Hu Êwe di Vèsse
Inne Èl Louviére
Nameur Mâmdî
Escaut Châlèrwè
Mons

F IGURE 17.1 – Li Walon’reye


Sambe
Moûse

Dinant
Mautche Êwe d’ Oûte
Walon’rèye Al Vile
Êwe di Lèsse

Frontîres dèl Walon’rèye Lu Bork


Bastogne
Frontîres di provinces
Plèce qu’ on−z î djåze walon
− ou a pô près a hintche (limite avou li picård) Lu Tchèstê
èt å dzo (limite avou li gômès èyèt li tchamp’nwès) Bouyon
Êwes

Seumwas

Arel
Vièrtan
17.4. CARTES
B

F IGURE 17.2 – Les quatre dialectes du wallon.


A
D
Les quatre principaux groupes dialectaux
A - est-wallon: Liège, Waremme, Huy,
Malmedy
B - centre-wallon: Namur, Ottignies,
Wavre, Dinant, Givet
C - sud-wallon: Marche, Saint-Hubert,
C
Neufchâteau, Bastogne, Bouillon
D - ouest-wallon: Charleroi, Nivelles,
La Louvière, Philippeville

297
298CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
F IGURE 17.3 – Dialecte est-wallon (d’après ALW I, 64 « mouche », I, 71 « perdu », I,
77 « porter », I, 99 « village », II, 114 « il tomba »).
2
5

1
4
2 1
5
3 4

Suffixe -atticu > -èdje, type viyèdje


Phonème /h/ secondaire, type mohe
Participes passés en ou, type mètou

Diphtongue wè, type pwèrter

Passé simple vivant


Dialecte est-wallon
-
-
-
-
-
1
2
3
4
5
15 « chausse »)

17.4. CARTES
F IGURE 17.4 – Prononciations de å, comme dans tchår, tchåsse, etc. (d’après ALW I,
B C
A
C
B
A
C
Prononciation de å, type tchår, tchåsse
A - â: tchâr, tchâsse A
B - å: tchår, tchåsse
C - au: tchaur, tchausse C

299
300CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

F IGURE 17.5 – Articles définis singuliers et présence du phonème /@/ (d’après ALW I,
54 : « le (article) »)

B
C
A2
A
A2

C: zone où existe un article féminin la


B

Articles définis singuliers

A2: de type lë
A1: de type li

B: de type èl
17.4. CARTES
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A
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F IGURE 17.6 – Diphtongaison I


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Diphtongaison dans les mots de type mureû, teûle, peûre...


A − Pas de diphtongaison: mureû, teûle, peûre...
B − Diphtongaison: murwè, twèle, pwêre...

301
302CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON
B

F IGURE 17.7 – Diphtongaison II (ALW IV, 6 : « toit »)


A

Diphtongaison dans les mots de type teut, deut, seu, veut...


A − pas de diphtongaison: teût, teut, tût, tèt
B
B − diphtongaison: twèt, twat...
17.4. CARTES
B

F IGURE 17.8 – Morphème verbal 2e personne du pluriel


B
B
A
A
A
A
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0000
0000
1111
0000
1111
0000
1111

Morphème verbal 2e personne du pluriel


A −ozsystématique
B −ozprésent selon le type de verbe

303
304CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

F IGURE 17.9 – Morphème verbal 3e personne du pluriel, indicatif présent (d’après


ALW II, 104 : Ils valent)

C
A

D
B

B − type−nut, −neut, −nèt (i viknut)


3e pers. plur. indic. présent

C − −ant (i vikant)
Morphème verbal

D − −at (i vikat)
A − −èt (i vikèt)
17.4. CARTES 305

F IGURE 17.10 – Répartition des allophones [ẽ] ↔ [e] ↔ [Ẽ] ↔ [ı̃] (d’après ALW I, 3
« bien »)

B
B

E
D

A
B

B
A
C

Type bén

D - bègn
B - bén
A - bin

C - bîn

E - biè
306CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

F IGURE 17.11 – Évolution du suffixe latin -ellus

B
A

A − −ia (tchapia, via, pia...)


Évolution du latin −ellus

B − −ê (tchapê, vê, pê...)


« borgne »)

17.4. CARTES
F IGURE 17.12 – Évolution de or et os (d’après ALW I, 67 « oser », I, 77 « porter », I, 5
D C
B
B
A

Diphtongaison de os et or
B
A − Type wè: wèzeûr, pwèrter, bwègne
B − Type wè: wazu, pwarter, bwagne C
C − pwarter, bwagne (mais pas wazu)
D − bwagne (mais pas pwarter ni wazu)

307
308CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

F IGURE 17.13 – Insertion d’un w après consonne labiale (d’après ALW I, 90 « se-
maine », I, 97 « veine », I, 69 « peine »)

B
B

B
A
B

A − Dans pwinne, (v)winne, samwinne


B − Dans certains cas et pas d’autres
Insertion d’un w après cons. labiale
guille »)

17.4. CARTES
F IGURE 17.14 – Équivalents du français -i(ll)e (d’après ALW I, 98 « vie », I, 1 « ai-
B B 1

C
A

Équivalents du français−i(ll)e :
type −èye, −êye ou −îye, −îe
A − awèye, vèye
B − awèye mais vîye
C − vèye mais awîye

309
310CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

F IGURE 17.15 – Équivalents du français ou (d’après ALW I, 6 « bouteille », I, 23 « cou-


ture », I, 46 « genou »)

C
A
AC

B − Généralement ou: boutèye, gngnou, cousture


B
A − Généralement o: botèye, gngno, costeûre
B

Équivalents du français ou

C − Zone mixte
17.4. CARTES 311
F IGURE 17.16 – Équivalents du français nous (d’après ALW II, 21 « nous »)
B
A

B
A

Équivalents du français nous


(pronom personnel sujet)
nos
dju
A − type
B − type
312CHAPITRE 17. VARIATION GÉOGRAPHIQUE : LES DIALECTES DU WALLON

F IGURE 17.17 – Présence ou absence du pronom vos à la forme interrogative (d’après


ALW II, 101 « voulez-vous »).

A
B
B

volez v’? voloz v’?


v(o)loz? v(o)lèz?
Présence du pronom vos
à la forme interrogative

A − Présent, type
B − Absent, type
Chapitre 18

Variation de l’écriture

Début du 15e siècle

Version originale

266. Recipe [= prindez] I setin de canfre d’ongnon de lis, de mastik, de blain d’espain, de
vis argent et doutant [= dous tant, deûs côps ostant] de du saïn de maia, d’ole d’olive,
d’ole d’amandes et de siwe de bok. Blechiies [= blessîz, broyîz] tot ensonle seins fowe
se facijs un ungement. Chis garira totes maladijes de furs le cors. Por estinde le fowe
de saint Anthone u atre fowe, prendeis de roges floures de crussodes ki soient couloutes
en secce teins, devant l’ascencion a crous. Se facijs del ewe et moilhies eins un beal
passteal et sel meteis sor le fowe et se bove li malades III kilhirs a mi joure tant qu’j
soit weris.
Notes :
– Recipe : mot latin signifiant « prends » dans les ordonnances médicales.
– « e » caduc = aujourd’hui « u » ou « ë » (de = du, le = lu).
– « u » se lisait « ou » (du saïn = doûs sayin)
– Un emprunt français intéressant : garira (guérira) à comparer à la forme wallonne
apparaissant plus bas : weris (guéris).
– Facijs (faites), qui apparaît deux fois, pourraît être une forme de subjonctif (fas-
siez) ne correspondant plus à aucune forme moderne (fésse, fioche, fuzohe, fi-
joche. . .) mais pouvant représenter un ancien ˚fahîz ( ?).
– atre (= âte) est l’ancienne forme de ôte ; elle existe encore sporadiquement à
l’extrême est de la Wallonie, qui a conservé le plus grand nombre de formes ar-
chaïques.
– Les « r » finaux n’étaient pas encore tombés : por > po ; sor > so ; kilîr > kilî ;
djoûr > djoû.
– Le déterminant oun, qui n’existe plus auj. qu’en bast. était beaucoup plus répandu
anciennement (jusque Liège au moins).

313
314 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE

En orthographe moderne

Prindez 1 setin du canfe d’ ognons du lis, du mastik, du blanc d’ Espagne, du vif


ârdjint èt deus tant [deus côps ostant] du doûs saeyin du mayâ, d’ ôle d’ olive, d’ ôle
d’amandes èt du siwe du bok. Blessîz tot essonle sins fow, et s’ [fahîz ?] oun oungmint.
Ci ci garira totes maladeyes du foû li coir. Po dustinde lu fow [= feû] du sint Antonne
ou ôte fow, prindez des rodjès fleurs du crussôdes ki soient couloûtes [coyowes] è setch
tins, duvant l’ Acinsion, âs Croes, èt s’ [fahîz ?] di l’ aiwe èt moyîz èn oun bea pâstea
èt sel metez sor lu fow èt s’ bove les malâdes 3 kilîrs a mé djoûr tant qu’ i soient weris.

En français

Prendre un septin (= poids équivalant à un quart d’once, mot proprement wallon) de


camphre d’oignons de lys, de mastic (résine du lentisque), de blanc d’Espagne (carbo-
nate de chaux très pur), de vif argent (mercure) et deux fois autant de saindoux de porc
mâle châtré, d’huile d’olive, d’huile d’amandes et de suif de bouc. Broyez le tout en-
semble sans feu (sans cuisson) et faites un onguent. Celui-ci guérira toutes les maladies
extérieures au corps. Pour éteindre l’inflammation (lit. le feu) de saint Anthoine (sorte
d’érysipèle) ou autres inflammations, prenez des fleurs rouges de pâquerettes doubles
des jardins cueillies par temps sec, avant l’Ascension, aux Croix (on appelait ainsi les
trois jours précédant l’Ascension) et faites-en une infusion (lit. de l’eau) et mouillez
en un bel emplâtre puis mettez-le sur l’inflammation et qu’en même temps les malades
boivent trois cuillerées à midi jusqu’à ce qu’ils soient guéris.
Source : Haust 1941

Fin du 15e siècle


Version originale d’un acte notarié de la région de Barvaux

267. Item l’an mille IIIIc IIIIxx et XIII, lu II jour d’awoist, c’est aparoy duvan nous, doiin et
cappit, Johan du Rahir, lu cessulen de no cestey, et Johan du Xhoch, le qué dit cessulen
at pri en nomme du soin frére dumorrant à My lu demme du My apartunant à nous lu
stut du VI et ceskon an por VI moy du spet, voir k’i doit avoir lu prumir an sen rin a
paii et at paii L eidant du beveregz, voir k’i doit trowé I moy du spet del prumir anné
et I moy del derin anné.

En orthographe actuelle

Item l’ an 1493, lu 2e djoû(r) d’ awousse, s’ est aparou duvant nos, doyén èt tchapite,
Johan du Rahîr, lu tcheslin du nosse tchestea, èt Johan du Xhos, lu ké dit tcheslin a
pris è nom du sin fré(re) dumorant a Mî lu déme du Mî apartunant a nos, lu stut’ du VI
[ans] èt tchaescon an po(r) VI moy du speate, [voir] k’ i doet aveur lu prumîr an sins
rén a payî, èt a payî 50 aidants du bevraedje, [voir] k’ i doet trover 1 moy du speate
del prumîr anné èt 1 moy du speate del dérinne anné.
315

Traduction française

Item, l’an 1493, le 2e jour d’août, est apparu devant nous, doyen et chapitre, Johan de
Rahier, le châtelain de notre château, et Johan de Xhos [village près de Barvaux], lequel
dit châtelain a pris au nom du sien frère demeurant à My [village près de Barvaux] la
dîme de My appartenant à nous, le bail de 6 ans et chaque année pour 6 muids [ancienne
mesure de capacité] d’épeautre, étant entendu qu’il doit avoir la première année sans
rien à payer, et payer 50 aidants de boisson, étant entendu qu’il doit trouver 1 muid
d’épeautre de la première année et 1 muid d’épeautre de la dernière année.
Source : Remacle 1948

Début du 17e siècle


Sonnet de 1622, version originale
268. On notera que l’auteur utilise, en général, l’accent grave pour les voyelles brèves et
l’accent aigu pour les voyelles longues.
Sònè Ligeòi
Á mìnìs.
Xhouté daí Mounseú l’predican,
Nì parlé nin tan cont’ lè Mon’ ;
Kà vò frí dir’ k’il dal’ vì mon’
Comm’ ounc dì sès apartinan.
Vòz estéz oun gran afaxhan
Aprè lè bin dì nò chènon’ :
Main pòf dir’ tò soù ki mè son’,
Vò porpó sòn porpó d’brigan :
Si vòz euxhí sú l’iscriteur,
Et bin wardé lì loy d’nateur,
Vòz euxhíz aqueroù boun brù,
Máin quoy ? dír’ á gen des inieur
Et lè spité dì vò r’nardeur’
Cì sòn vòz oúf et vò bai frù.
F. Hoùbiè Ora Meneú d’ Lig’.

Orthographe actuelle

Sonèt lîdjwès
 minisse. Xhoûtez dai Mounseu l’ prédicant, / Ni pârlez nin tant conte les monnes ; /
Ca vos frîz dîre qui l’ diâle vis monne / Come ounk di ses apârtinants.
Vos estez oun grand afaxhant / Après les béns di nos tchenonnes : / Mins po v’ dîre tot
çou k’ i m’ è sonne, / Vos porpôs sont porpôs d’ brigand :
316 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE

Si vos euxhîz shût li scriteure, / Èt bén wârdé li lwè d’ nateure, / Vos euxhîz acwerou
boun brut,
Mins cwè ? dîre âs djins des indjeures / Èt les spiter di vos rnârdeures / Ci sont vos
ouves èt vos beas fruts.
F. Houbiet Ora, Mèneû d’ Lîdje

Traduction française
Sonnet liégeois. Au Ministre. Écoutez donc Monsieur le prédicateur, / Ne parlez pas
tant contre les moines ; / Car vous feriez dire que le diable vous mène / Comme un de
ses possédés. [de ses appartenants] / Vous voulez mettre le grappin [Vous êtes un grand
cupide après] / Sur les biens de nos chanoines : / Mais pour vous dire (tout) ce qu’il me
semble / Vos propos sont propos de brigand : / Si vous eussiez suivi l’écriture / Et bien
conservé la loi naturelle [de nature], / Vous eussiez acquis bonne renommée [bruit], /
Mais quoi ? dire aux gens des injures / Et les éclabousser de vos vomissements / Ce
sont vos œuvres et vos beaux fruits.
Signature : F. Hubert Ora [Frère] mineur de Liège.
Source : Haust 1979

Début du 19e siècle


269. Charles-Nicolas Simonon (1774-1847) a publié en 1845 ses Poésies en patois de Liège,
écrites beaucoup plus tôt. Le recueil de poèmes est précédé d’une Dissertation gram-
maticale sur le patois de Liège où l’auteur mène une réflexion très fouillée sur les
rapports entre ce qui ne s’appelle pas encore la phonologie et la manière d’écrire son
wallon. Voici un échantillon de texte :
LI LANK NÂSYONÂL (1827) (extraits)
[...] On curé d viôech a préchî
Bin lonkmin a granmes’ ;
Lè paôîzan n on fê k bâôî
Divan s purlôch frances’ ;
I n on rin ritnou di s siermon,
Rin conpri di s morâl :
– Monsôeû l précheû, préchî walon :
C è leû lank nâsôonâl. [...]
Hoûté plêtî cist avocâ
Ki fê dè si gran jes’ ;
I pinz’ avou sè gro makâ,
Pârlé bin l lank frances’ ;
To sè cûr è s bastâ jârgon
Fè rîr li tribunâl.
– Binamé om, pârlé walon ;
C è vos’ lank nâsôonâl.
317

Orthographe actuelle

Li langue nâcionâle.
[...] On curé d’ viyaedje a prétchî / Bén longmint a grand messe ; / Les payîzans n’ ont
fait k’ bâyî / Divant s’ purlôdje francesse ; / I n’ ont rén ritnou di s’ siermon, / Rén
compris di s’ morâle : / – Monsieu l’ prétcheu, prétchîz walon : / C’ est leu langue
nâcionâle. [...] Xhoûtez plaitî cist avocât / Ki fait des si grands djesses ; / I pinse, avou
ses gros macâs / Pârler bén l’ langue francesse ; / Tos ses cûrs èt s’ bastâd djârgon /
Fèt rîre li tribunâl. / – Binamé ome, pârlez walon ; / C’ est vosse langue nâcionâle.

Traduction française

La langue nationale. [...] Un curé de village a prêché / Bien longtemps à la grand


messe ; / Les paysans n’ont fait que bailler / Devant sa chaire française ; / Ils n’ont rien
retenu de son sermon, / Rien compris de sa morale : / – Monsieur le prêcheur, prêchez
en wallon : / C’est leur langue nationale. [...] Écoutez plaider cet avocat / Qui fait de
si grands gestes ; / Il pense, avec ses gros pataquès / Parler bien la langue française ;
/ Tous ses cuirs et son jargon bâtard / Font rire le tribunal. / – Cher homme, parlez
wallon ; / C’est votre langue nationale.

Écritures spontanées
270. L’orthographe Feller ne disposant pas d’un appareil scolaire et légal qui en répande
(voire en impose) l’usage, il arrive souvent que l’on rencontre des textes écrits dans un
système graphique spontané, c.-à-d., en réalité obéissant à un double mouvement de
référence au français dans certains cas ou, au contraire, de démarcation volontaire par
rapport au français. Voici quelques exemples de textes de ce genre :
– Al copette (en haut, au sommet ; sur le mur d’une maison). En orthographe Feller :
copète (par de consonne double si elle n’est pas prononcée double).
– Li viye cinse (la vieille ferme ; nom d’un restaurant). En orthographe Feller : vîye.
Toute voyelle longue est marquée par un accent circonflexe, même dans les cas
(comme ici) où l’opposition voyelle longue versus voyelle brève est neutralisée.
– Li bia bouquet (le beau bouquet ; magasin d’un fleuriste). En orthographe Feller :
bouquèt ou boukèt, car le son è est toujours écrit è, même dans les cas où, par
référence à l’orthographe française, aucune ambiguïté n’existe quant à la pronon-
ciation.
– L I S ’ CRIJEUX WALLON L OUIS L OISEAU (1858-1923) A D ’ MÈRÉ DINS C ’ MAU -
JONE CI SAQUANTS ANNÉES DI S ’ VIQUÉRIE . (L’écrivain wallon Louis Loiseau
a habité dans cette maison quelques années de sa vie). À remarquer : l’impression
que scrîjeû est la forme élidée de sicrîjeû (v. épenthèse et prothèse p. 52) ; le l
doublé de wallon pour walon ; à noter aussi l’absence de notation du [j] dans les
terminaisons de anéye et vikêrîye, soit que ce [j] est peu sensible, soit qu’il est
ressenti comme un trait non essentiel (purement phonétique) - il peut cependant
avoir son importance en empêchant l’élision du mot qui suit (v. y à la fin des mots,
p. 51).
318 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE

– Al plat pir (à la pierre plate ; nom d’une maison). En orthographe Feller, les e en
fin de mot sont notés par analogie avec le français : al plate pîre. Ici, on a probable-
ment cherché à accentuer l’écart avec le français ou à donner une représentation
« phonétique » du wallon.
– 1925 - L I D ’ JOU DEL ST SYLVESSE MOUSE A VNU JUSQU ’ A CI (le jour de la
St Sylvestre, la Meuse est venue jusqu’ici). Il était courant, avant Feller, de noter
[dZ] par un d’j. Anciennement, la notation la plus fréquente était simplement j. À
noter aussi que le [I] est aujourd’hui systématiquement noté i : Silvèsse.

Le rfondou walon
271. Depuis une dizaine d’années, un groupe d’animateurs et d’écrivains tente de réévaluer
le système de transcription Feller : celui-ci ayant été fait par des dialectologues et pour
des dialectologues, avant que la linguistique et ses outils s’établissent comme science
moderne, obéissant à une vision fragmentée du wallon, visant davantage la protection
d’un patrimoine littéraire patoisant ou l’étude dialectologique que la promotion d’une
langue moderne, est-elle bien adaptée à une vision plus unitaire et plus moderne de
notre langue ? Diverses propositions de rénovation ont été lancées qui tournent toutes
autour d’une même idée centrale : l’orthographe n’est pas faite pour reproduire à l’écrit
toutes les variations —par définition innombrable— de la langue parlée, mais bien pour
donner une image plus fixe et plus unitaire de la langue wallonne. Ces tentatives de
rénovation de l’orthographe sont donc aussi indissociables d’un projet concernant le
statut de la langue : promouvoir une orthographe non phonétique, c’est aussi défendre
une certaine idée du wallon comme langue une, au-delà des différences de surface, et
comme langue porteuse d’un projet d’avenir.
Ces projets —quelle que soit leur qualité technique intrinsèque — ont jusqu’à présent
suscité quelques polémiques mais aussi un intérêt certain chez des personnes générale-
ment plus jeunes, souvent des néolocuteurs.
Il faut insister sur le fait que si la rénovation de l’orthographe est l’élément le plus
visible et la plus discuté du rfondou walon, elle n’est que le dessus de l’iceberg d’un
projet renaissantiste bien plus profond.

Une écriture basée sur la notation de variables


La plupart des innovations proposées visent à employer une seule graphie pour plu-
sieurs prononciations, soit en privilégiant une notation phonologique alors que l’or-
thographe Feller est normalement phonétique, soit en utilisant des graphies représen-
tant les principales variantes dialectales, que celles-ci relèvent de réalisations phoné-
tiques, de différents sous-systèmes phonologiques ou d’évolutions historiques diver-
gentes (voir p. 289).

Notation du son h
Les dialectes est-wallons se distinguent des autres par l’existence dans leur système
phonologique du son /h/. Ce h correspondant à quatre évolutions différentes dans les
319

autres dialectes, il peut être noté de quatre manières différentes.


a) Le h primaire est toujours noté (comme ici). Voir p. 38. Ex. :
– håye (haie).
b) le h secondaire équivalent à ch dans le CW, le SW et l’OW est noté xh. Voir p. 48.
Cette notation est reprise de l’écriture du wallon ancien. Elle apparaît au 13e s. et reste
extrêmement courante jusqu’au 18e s. Des exemples sont visibles dans les textes de la
fin du 15e s. et du début du 17e s. présentés plus haut (voir p. 314 et p. 315).
Il faut noter que dans les écritures anciennes, le xh était aussi utilisé, en concurrence
avec sc et d’autres graphies, pour le troisième type de h (voir ci-dessous). Ex. lit. :
– 1546 : « ... apprès que Johan Winand at esté après luy por xhorsy le chevalx et
dict que point ne l’a xhorsy, mais dicte que après at veü le pia dè chevalle elle
xheure Johan Winand... » (in E. Renard : Textes d’archive liégeoise, p. 76). xhorsy
(écorcher) donne, en orthographe Feller et dans les dialectes modernes : hwèrcî,
hwarcî, chwarcî, chwarchî, scôrcî, etc. En orthographe diasystémique : schoircî.
xheure est un synonyme de grègne (grange).
– 1623 : « ...en xheuant les fruicts dudit arbes » (Toponymie et doc. lexicaux de
Lorcé, p. 246). En orthographe Feller, les principales variantes sont heûre, cheûre,
skeûre. En orthographe diasystémique, la seule forme est scheure, qui recouvre
ces trois prononciations.
L’écriture moderne avec xh ne fait bien souvent que réutiliser les formes utilisées jus-
qu’au 18e s.
La graphie xh est encore présente actuellement dans de très nombreux toponymes,
surtout à l’est de la Wallonie : Outrelouxhe, Cerexhe, rue des Trixhes, Xhoute-s’i-plout,
etc.
La graphie xh est également présente dans quelques noms de personnes : Xhoneux,
Xhendelesse, Xhignesse, etc.
Quelques exemples de mots écrits avec xh dans l’orthographe diasystémique (entre
parenthèses, les équivalents en orthographe Feller) :
– pexhon (pèchon ∼ pèhon) (poisson), baxhî (bachî ∼ bahî) (baisser), bouxhî (bou-
chî ∼ bouhî) (frapper), moxhe (mohe ∼ moche ∼ mouche) (mouche), ouxh (ouh ∼
uch ∼ ouch), ronxhe (ronhe ∼ ronche) (ronce), coixhî (cochî ∼ cwachî ∼ cwahî)
(blesser), pixhî (pihî ∼ pichî) (pisser), coxhe (cohe ∼ coche ∼ couche) (branche),
laxhe (lache ∼ lahe) (laisse), etc. ; formes dérivées des verbes en -i : i finixhèt (i
finichèt ∼ i finihèt) (ils finissent) ; mode subjonctif : i fåt ki vos vnoxhe (vnohe ∼
vnoche + autres formes) (il faut que vous veniez)...
c) Le h secondaire équivalent à j dans le CW, le SW et l’OW est noté jh. Voir p. 41. Il
s’agit d’un digraphe nouveau. Ex. :
– prijhon (prîhon ∼ prîjon) (prison), måjhon (mâhon, maujon, mâjon + autres formes)
(maison), åjhey (åhèy, åhî, âjî, aujî + autres formes) (facile), nåjhi (nåhi, nauji,
nâji) (fatigué), vijhén (vèjin, vèhin, etc.) (voisin), tchimijhe (tchimîje, tchimîhe)
(chemise), coujhene (coujène, couhène, cûjène) (cuisine), plaijhant (plêhant, plê-
jant) (agréable), oujhea (oûhê, oujê, oujia) (oiseau), batijhî (batihî, batijî) (bap-
tiser), dijh (dîh, dîj) (dix), shijh (sîh, chîj + autres formes) (six) ; formes dérivées
des verbes en -ire, -ure, -aire : dire (dire) : nos djhans (nos d’hans, nos d’jans)
320 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE

(nous disons) ; taire (taire) : i s’ taijhèt (i s’ têhèt, i s’ têjèt) (ils se taisent) ; dis-
trure (détruire) : vos distrujhoz (vos distrûhoz, vos distrûjoz...) (vous détruisez) ;
etc.
d) le h secondaire équivalent à ch dans le CW et le SW et à sk dans l’OW est noté
sch. Voir p. 46. Il s’agit d’un digraphe utilisé occasionnellement dans les écritures
anciennes, quoiqu’on trouve plus souvent xh (voir exemples ci dessus). Les mots dans
lequel ce trigraphe est utilisé sont relativement rares. Ex. :
– dischinde (dihinde, dichinde, diskinde + autres formes) (descendre), scheure (heûre,
cheûre, skeûre) (secouer), schoûter (choûter, hoûter) et aschouter (achoûter, as-
couter) (écouter), schaper (chaper, scaper) (échapper), schåle (håle, chaule, scôle)
(échelle), schirer, dischirer, coschirer (chirer, skirer, hirer) (déchirer)...

Suffixe latin -ellus

Les descendants du suffixe -ellus (-ia en CW et OW et -ê en EW et SW) sont notés -ea,


comme dans certains systèmes d’écriture anciens. Voir p. 290. Ex. anciens :
– 1521 :« Item a copeit ung borsea de fannemen sor lesqueils n’at rin payt. » (Topo-
nymie et documents lexicaux de Lorcé, L. Remacle) [N.B. : borsea : élément d’un
train de bois flotté ; fannemen : une espèce de bois. - 1610 : « Le montant ou pos-
tea » (Expressions tautologiques dans l’ancien wallon, E. Renard) - 1775 : fawea
(petit hêtre) (Documents lexicaux extraits des archives scabinales de Roanne (La
Gleize) 1492-1794, L. Remacle).
La graphie ea est encore présente dans quelques noms de personnes wallons, p. ex. :
– Donea (Petit Daniel), Lotea (Petit Lothaire), Sarolea (nom d’origine, hameau de
Sårôlê, a Argenteau), etc.
Quelques exemples de mots écrits avec ea dans l’orthographe diasystémique :
– novea (novia ∼ novê) (nouveau), bea (bia ∼ bê) (beau), mantea (mantê ∼ mantia),
vea (veau) (vê ∼ via), cokea (cokê ∼ cokia), tchapea (tchapê ∼ tchapia), etc.

Variable a ∼ è

La variable a ∼ è est notée ae. Voir p. 291. Ex. :


– plaece (place ; pour plèce ∼ place), passaedje (passage ; pour passèdje ∼ passadje
∼ passâdje). waeranti (garantir ; pour wèranti ∼ waranti).

Variable wa ∼ wè ∼ ô

La variable wa ∼ wè ∼ ô est écrite oi. Ex. :


– foirt (fort ; pour fwért, fwêrt, fwèrt ∼ fwârt, fwart ∼ fôrt, foûrt). poirter ou (porter ;
pour pwarter ∼ pwèrter ∼ pôrter).
La notation oi était courante au 19e s. Vierset écrit encore en 1936, dans ses Poésies
wallonnes : toirtchî, coirnaye (torcher, corneille). Voir p. 289.
321

Variable eû ∼ wè

La variable eû ∼ wè est notée oe (comme dans nombre de textes anciens) :


– toet (toit ; pour teût ∼ twèt, etc.), s(i)toele (étoile ; pour steûle ∼ stwèle, etc.).
Ici aussi, cette notation était courante au 19e s. Voir p. 290.
Le diasystème oe couvre aussi une prononciation locale oû dans le cas du suffixe -oe :
– peloe (outil pour peler, "peloir" ; pour pèleû ∼ pèlwè ∼ pèloû)

Variable îy ∼ èy

La variable -èy(e) ∼ -îy(e) est notée -eye. Voir p. 289. :


– industreye (industrie ; pour industrèye ∼ industrîye), dji studeye (j’étudie ; pour
dji studèye ∼ dji studîye), åjhey (facile ; pour åhèy ∼ aujîy ∼ âjî, etc.).

Simplification
Dans d’autres cas, les innovations proposées visent à réduire le nombre de signes dia-
critiques utilisés dans l’orthographe wallonne.
a) La plupart des utilisateurs de l’orthographe rénovée notent peu d’accents sur le e à
l’intérieur de mots, celui-ci étant presque toujours prononcé è [Ẽ]. Voir p. 33. Ex. :
– finiesse (fenêtre ; pour fignèsse), les (les ; pour lès), berwete (brouette ; pour bèrwète),
mete (mettre ; pour mète).
b) La graphie ê est souvent remplacée par ai, comme dans certaines variantes de l’or-
thographe Feller. Voir p. 34. Ex. :
– aiwe (eau ; pour êwe), plaire (plaire ; pour plêre).
c) De même, les accents circonflexes sont souvent évités là où leur rendement phono-
logique est faible, voire nul, notamment dans les syllabes fermées terminées par y et w.
Ex. :
– voye (vôye ∼ voye) (route).
d) les accents circonflexes sont aussi non notés pour les voyelles autres que o devant
une consonne sonore (b, d, dj, g, j, jh, v, z) ou un r :
– Lidje (Lîdje) (Liège).
e) Enfin, les accents circonflexes sont évités sur les voyelles qui peuvent être longues
ou brèves selon les dialectes :
– rade (râde ∼ rade) (vite), nute (nut’ ∼ nût) (nuit), etc.

Autres remarques
a) Dans l’orthographe rénovée, le q n’est plus du tout utilisé, comme c’est d’ailleurs
le cas dans certaines variantes de l’orthographe Feller : ki (que), cwand (quand). Voir
p. 41.
b) Comme dans ce livre, å est utilisé pour rendre compte des variantes å [O :], au [o :]
et â [a :] : tåve (table), cåve (cave). Voir p. 29.
322 CHAPITRE 18. VARIATION DE L’ÉCRITURE

c) Comme dans ce livre, én est utilisé pour rendre compte des variantes én [ẽ], é [e] (le
même que le précédent, mais dénasalisé), in [Ẽ] et î-n [ı̃] : bén (bien), rén (rien). Voir
p. 36.
Sixième partie

Annexes

323
325

Liste des auteurs cités dans les exemples


Anthologies et ouvrages assimilés
Anthologie = Piron M. 1979 : Anthologie de la littérature wallonne. Mardaga. Liège.
Causans = Causans walon. Deuxième série. Vingt-quatre textes en wallon de la région
de Neufchâteau ; avec un glossaire. Présentés par l’Abbé R. Mouzon. Neufchâteau,
1979.
Limes = Limes II. Choix de textes en langues régionales romanes de Wallonie. Tradi-
tions et Parlers populaires Wallonie-Bruxelles. Bruxelles. 1992.
Pages d’Anthologie wallonne. Notices et traduction de M. Jean Haust. Éditions gau-
loises. Paris, Bruxelles. 1924.
Scrîre = Scrîre. Walo+ Littérature. Panorama de la littérature en langues régionales
de Wallonie de 1970 à 1990 (poésie et prose). Union culturelle wallonne. Liège. 1993.
[Brabant]
rifondou.walon.org = Site internet http ://rifondou.walon.org. Site internet reprenant
depuis le début des années 2000 un nombre important de textes écrits ou transposés en
orthographe normalisée.

Revues
Djåzans walon (Liège).
Les Dépêches de Wallonie (Charleroi).
Singuliers (Bastogne).
Coutcouloudjoû.
Èl Bourdon (Charleroi).
DW = Les Dialectes de Wallonie. Société de Langue et de Littérature wallonnes. Liège.
Les Cahiers wallons (Namur).
Li P’tite Gazète (Namur).
Li Chwès (Namur).
Li Rantoele (toute la Wallonie, édité à Neufchâteau).

Auteurs
Alexandre N., dans Causans.
Bacq A., dans Scrîre.
Baidjot L., dans Li Rantoele.
Bal W. 1956 : Fauves dèl Tâye-aus-Fréjes èt contes dou Tiène-al-Bîje. Société de
Langue et de Littérature wallonne. Liège.
Bentz Ch. 1988 : Coradje ! Musée de la Parole au Pays de Bastogne.
Bily J., dans Singuliers.
Bosly J. 1963 : L’îmitåcion d’ Jèzus-Cris. Rachowe è walon lîdjwès d’après De Imita-
tione Christi d’ à Thomas A. Kempis. Éd. J. Duculot. Gembloux.
326

Boussart J.-D., dans Limes.


Cabay G. Balzin’rèye (disque).
Calozet J. 1946 : Pitit d’ mon lès Ma-tantes. Collection « Nos dialectes », n˚ 7. Vaillant-
Carmanne. Liège.
Clinias R., dans Scrîre.
Clip J.-P., dans Singuliers.
Colin L., dans Li Rantoele.
Compost Binde (CD).
Culot C., dans Causans.
Debrie R. 1983 : Éche pikar bèl é rade. Collection du Centre d’Études picardes. Om-
nivox. Paris.
Dèclaråcion 1 = Première traduction wallonne (par Josserand Ch. et Seret R.) de la
Déclaration universelle des droits de l’homme, publiée sur le site web de l’ONU :
http ://www.unhchr.ch/udhr/lang/frn1.htm.
Dèclaråcion 2 = Autre traduction wallonne (auteur ?) de la Déclaration universelle des
droits de l’homme, publiée sur le site web de l’ONU : http ://www.unhchr.ch/udhr/lang/frn2.htm.
Dedoyard R., dans Scrîre.
De Smet J. 2011 : On Saunî à paurt (roman, version originale en Feller).
D’Inverno J., Anthologie.
Dusart J. 1986 : Documents dialectaux, dans DW t. 14.
Etienne E. dans Brabant.
Fauconnier J.L., dans Scrîre.
Faulx P., dans Limes.
Fiévez J. 1971 : Istwêre di Bièmeréye èt di vint-deûs-ôtes viladjes d’avaurci dispûs
noûf cint swèssante-quate. (prose non narrative).
Fontaine G. 1986 : Billets wallons. Dricot. Liège.
Fontaine G., dans Scrîre.
Fontaine Serge 1980 : Colas l’ brak’nî, Renardmont-Stavelot.
Frisée M., dans Scrîre
Gaziaux J.-J., Lessive et repassage traditionnels à Jauchelette [Ni67], dans DW, t. 24.
Genaux B., dans Scrîre.
Georges M. Singuliers.
Gianolla F. dans Èl Bourdon.
Gillet E., dans Causans.
Gilliard E. 1990 : Su lès tiènes. Traduction wallonne de Colline de Jean Giono. Éditions
de Diffusion du Livre wallon. Mons.
Goffart J. & Sear J. s.d. : In Coquia au solia ! (bande dessinnée).
Grosjean R., dans Scrîre.
Haas H., dans Scrîre.
Hauwaert A., dans Li Chwès.
Hector L., dans Causans.
327

Hendschel L. 1993 : Ridadje. Société de Langue et de Littérature wallonnes. Liège.


(poésie).
Hendschel L. 2000 : Li Ptit Prince da Antoine de Saint-Exupéry. Non publié. (roman)
Hendschel L. 2006 : So l’ anuti. Weyrich Édition, Neufchâteau.
Henrard D., dans Causans.
Houbart-Houge J., dans Scrîre.
Hénin A., dans Scrîre.
Jacquemin E., dans Coutcouloudjoû.
Jean P., dans Causans.
Laloux A. 1971 : Lès Soçons. Bulletin de la société de langue et de littérature wal-
lonnes, tome 74. Société de langue et de littérature wallonnes. Liège. (roman).
Lambert A., dans Causans.
Laurent E., Anthologie.
Laurent E., dans Les Cahiers wallons.
Ledent M., dans Causans.
Lejeune G., dans Causans.
Lempereur E., Bourdon.
Léonard M., dans Singuliers.
Li Chwès, Numéro spécial. Foire de Libramont, 2000.
Mahieu P. 1988 : Si t’és d’ichi parle comme ichi. Section « Dialecte et tradition locale »
de la Maison de la Culture de Tournai.
Mahin L. 1984-1993 : Ène bauke su lès bwès d’ l’ Ârdène. Tome 1 (1984), 2 (1994) et
3 (1994). Éditions Scaillet. Montigny-le-Tilleul. (prose didactique).
Mahin L. 2006 : Eviè Nonne. Musée de la Parole en Ardenne, Marche-en-Famenne.
(nouvelles)
Mahin L., dans Li Rantoele.
Maquet B., dans Causans.
Masset J.-M. 1983 : Treûs contes. Société de Langue et de Littérature wallonnes. Liège.
Matterne H. s.d. (1984 ?) Lès Cias do Richot ; lès sovenances d’on-ape-lopin di d’vant
l’ guêre., Éditions du Cercle Royal Littéraire Lès Rèlîs Namurwès a.s.b.l., Namur.
Mertus A.-M., dans Causans.
Michel E., dans Djåzans.
Mignolet Djosèf 1940 : Li Bone Novèle. Évandjîles di St Marc èt d’ St Luc. Lîdje.
(prose religieuse).
Mittei 1988 : Zanzan Sabots-d’ Ôr å Payis dès Sotês. Sorlon l’ fåve è walon d’ à Jean
Bosly. Dessain. Liège. (bande dessinnée).
Mouzon G., dans Causans.
Paquet Y., 2004 : Del poude di vî tchinisse sur rifondou.walon.org.
Petrez H. 1956 : Fauves du Baron d’ Fleûru. 4me Recueil. (poésie).
Pietkin N., dans Pages d’Anthologie wallonne.
Piret E.-J. 1979 : Extraits bibliques. Les Cahiers wallons. Namur. (prose religieuse).
328

Pirson J., dans Scrîre.


Pollen L. = Fauconnier J.-L. et M. 1988 : Textes dialectaux : Louis Pollen, tireur de
terre au bois de Châtelet, dans DW, t. 16.
Prigneaux R., dans Scrîre.
Pêcheur E., dans Singuliers.
Rigaux J.-C., dans Singuliers.
Rode J., dans Scrîre.
Slangen M., dans Djåzans.
Sougnez A., dans Scrîre.
Spinosa-Mathot J., dans Èl Bourdon.
Stainier R., dans Scrîre.
Staelens N. & G. 2012 : Gabriyel éyet Gabriyel. Éditions Li Rantoele, Saint-Servais.
(roman)
Thiry J. 2008 : Doze fèmes. Musée de La Parole en Ardenne, Marche-en-Famenne.
(roman)
Tombeur Christine 2000 : Lès Ch’napans a scole. Éd. les Capucines, Limelette.
Van Cutsem H. 1950 : Mam’zèle Chôse. (roman).
Van Damme R., dans Scrîre.
Van Passenhove D., dans Causans.
Warnier J., dans Scrîre.
Warnier J.-M., dans Scrîre.
329

Sacwants berdelaedjes divant do disteler. . .


Ci live ci n’ åreut seur måy sitî possibe sins les djins d’ nos djins, minme moirts dispu
lontins, mins k’ ont tertos apoirté leu ptite pire po basti nosse comunåté walone eyet
s’ lingaedje. I n’ åreut nén stî possibe nerén sins les grammairyins, cnoxhous ou nén,
k’ ont studyî nosse lingaedje et sayî del discrire dins leus scrijhaedjes (eyu çki dj’ a
poujhî li pus grande pårt di ci live ci). Et po fini, cisse croejhete n’ egzistêyreut nén
sins l’ aspoya d’ ene pougnêye di camaerådes ki dj’ a passé des eures et des razeures a
dvizer avou zels —i gn a bråmint, et do côp dji riskêye di rovyî tot plin des djins, mins
i fåt tot l’ minme ki dji rmerceye li Lucyin Mahin eyet li Pablo Saratxaga. Et tant ds
ôtes.
I n’ åreut nén stî possibe sins mes eleves/soçons des cours di walon di Wépion, Nameur,
Astire, li Noû Lovin, et co tenawete ôte pårt, ki m’ end ont todi aprins pus’ ki çou ki
dji lzî poleu apoirter.
A ! Dj’ aléve rovyî : gn a eto tote ene peclêye di djins k’ ont ovré des anêyes å lon po
m’ diner les clapantès usteyes ki dji m’ è sieve tos les djoûs po fé totes sôres d’ afwaires
come ci live ci. Dji vou don profiter k’ i m’ dimeure co ene dimeye pådje po rmercyî
tos les cis eyet les cenes ki m’ ont dné ces belès libès usteyes ci :
– Li sistinme GNU/Linux tot etir, eyet aprume. . .
– Emacs : http ://www.gnu.org/software/emacs/emacs.html
– LyX : http ://www.lyx.org
– XFig : http ://www.xfig.org
– KDE : http ://www.kde.org
330

Historique des versions


Introduction
Cette grammaire est couverte par la licence GNU de documentation libre (GNU Free
Documentation License, ou GFDL). Le but de cette licence est de permettre l’accessi-
bilité, la diffusion et la mise à jour de la documentation technique en toutes circons-
tances : même si l’auteur initial y perd tout intérêt, cette licence garantit la possibilité
que quelqu’un d’autre reprenne le flambeau.
La GDL est prévue au départ comme pendant obligé de la licence couvrant les logiciels
libres du projet GNU (un projet bien vivant visant à fournir un système informatique
libre complet ; voir leur site internet http ://ww.gnu.org/ pour de plus amples informa-
tions), car un logiciel sans documentation (ou, ce qui est parfois pire, de la documen-
tation erronée ou obsolète) est de peu d’utilité ; néanmoins, rien n’interdit l’utilisation
de cette licence GFDL pour d’autres ouvrages.
L’auteur de cette grammaire a estimé que cette licence convenait parfaitemment aux
objectifs qu’il s’était fixé, à savoir la diffusion la plus large possible d’un outil impor-
tant pour la comprehension et l’étude de la langue wallonne (en effet, la licence GFDL
permet à chacun, en ce compris les maisons d’édition, d’en faire des copies et de les
distribuer, à condition de se conformer aux termes de la licence), ainsi que la garantie
de la qualité et de l’exactitude des informations, puisque la possibilité de l’enrichir ou
d’y apporter des corrections reste ouverte, sous les termes de la licence GFDL, même
par des tiers, au cas où l’auteur n’aurait pas le temps de s’y consacrer par exemple.
Donc, cette licence, qui se retrouve in extenso (en français et en anglais) dans les pages
suivantes, permet d’apporter des modifications, pour autant qu’on se conforme aux
termes de la dite licence, lesquels stipulent entre autres d’indiquer dans une section
Historique la liste des differentes révisions, avec leur date, le nom des personnes ou
entités les ayant réalisées, ainsi qu’un court explicatif.
Voici cette section :

Historique
– 2001-06-11 : Modêye 0.2, Lorint Hendschel, Première publication de la Gram-
maire sous la licence GFDL.
Licence de Documentation
Libre GNU (GNU Free
Documentation License)

Version 1.1, mars 2000

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été publiée par la Free Software Foundation et son contenu n’a aucune por-
tée légale car seule la version anglaise de ce document détaille le mode
de distribution de textes sous GNU FDL. Nous espérons cependant qu’elle
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331
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de son mode de distribution (livre imprimé ou autres). Nous recommandons la présente
Licence principalement pour les travaux à vocation d’instruction ou de référence.

Domaine d’application et définitions


La présente Licence s’applique à tout manuel ou travail contenant une mention placée
par le détenteur du copyright indiquant que le document peut être distribué selon les
termes de la présente Licence. Le terme « Document », ci-dessous, se réfère à tout
manuel ou travail remplissant cette condition. Tout membre du public est bénéficiaire
de la licence et se trouve ici désigné par « vous ».
Une « Version Modifiée » du Document signifie : tout travail contenant le Document,
en intégralité ou en partie, aussi bien une copie verbatim ou avec des modifications
qu’une traduction dans une autre langue.
Une « Section Secondaire » est une annexe ou un avant-propos du Document qui
concerne exclusivement le rapport de l’éditeur ou des auteurs du Document avec le
sujet général du Document (ou des domaines voisins) et ne contient rien qui puisse
tomber directement sous le coup du sujet général (par exemple, si le Document est
en quelque partie un manuel de mathématiques, une Section Secondaire n’enseignera
pas les mathématiques). Le rapport peut être une connexion historique avec le sujet ou
des domaines voisins, ou une précision légale, commerciale, philosophique, éthique ou
politique les concernant.
Les « Sections Invariables » sont certaines Sections Secondaires désignées par leurs
titres comme Sections Invariables dans la mention qui indique que le Document est
couvert par la présente Licence.
Les « Textes de Couverture » sont certains courts passages du texte listés comme
« Textes de Première de Couverture » ou « Textes de Quatrième de Couverture » dans
la mention qui indique que le Document est couvert par la présente Licence.
Une copie « Transparente » du Document signifie : une copie lisible par une machine,
réalisée dans un format dont les spécifications sont disponibles au grand public, et
dont le contenu peut être directement visualisé et édité avec des éditeurs de texte géné-
riques ou (pour les images composées de pixels) avec des programmes de composition
d’images génériques ou (pour les figures techniques) un éditeur de dessin vectoriel lar-
gement diponible, et qui soit approprié aux logiciels qui mettent le texte en forme et
le calibrent (formateurs de texte) ou au transcodage automatique vers un assortiment
de formats appropriés aux formateurs de texte. Une copie réalisée dans un format de
fichier habituellement Transparent mais dont le balisage a été conçu pour contrecarrer
333

ou décourager des modifications ultérieures par le lecteur n’est pas Transparente. Une
copie qui n’est pas « Transparente » est appelée « Opaque ».
Les formats appropriés aux copies Transparentes sont par exemple l’ASCII brut sans
balises, le format Texinfo, le format LATEX, SGML ou XML utilisant une DTD pu-
bliquement disponible, et l’HTML simple et conforme à la norme, conçu en vue d’une
modification manuelle. Les formats Opaques incluent PostScript, PDF, les formats pro-
priétaires qui ne peuvent être lus et édités que par des traitements de texte propriétaires,
SGML et XML dont les DTD et/ou les outils de rendu ne sont pas généralement dis-
ponibles, et l’HTML généré automatiquement par certains traitements de texte à seule
fin d’affichage.
La « Page de Titre » désigne, pour un livre imprimé, la page de titre proprement dite,
plus les pages suivantes qui sont nécessaires pour faire figurer, lisiblement, les éléments
dont la présente Licence requiert qu’ils apparaissent dans la Page de Titre. Pour les
travaux dont le format ne comporte pas de page de titre en tant que telle, « Page de
Titre » désigne le texte jouxtant l’apparition la plus marquante du titre de ce travail, qui
précède le début du corps du texte.

copies verbatim
Vous pouvez copier et distribuer le Document sur tout support, aussi bien commercia-
lement que non, pour autant que la présente Licence, les mentions de copyright, et les
mentions de licence indiquant que la présente Licence s’applique au Document soient
reproduites sur toutes les copies, et que vous n’ajoutiez aucune autre condition à celles
de la présente Licence. Vous ne pouvez pas user de moyens techniques à des fins d’obs-
truction ou de contrôle de la lecture ou de la duplication des copies que vous réalisez ou
distribuez. Vous pouvez cependant accepter des compensations en échange de la ces-
sion de copies. Si vous distribuez un assez grand nombre de copies, vous devez aussi
suivre les conditions de la section 3 (Copies en quantité).
Vous pouvez aussi prêter des copies, selon les mêmes conditions que celles mention-
nées ci-dessus, et vous pouvez exposer publiquement des copies.

Copies en quantité
Si vous publiez des copies imprimées du Document à plus de 100 exemplaires, et que la
mention de la licence du Document exige des Textes de Couverture, vous devez inclure
les copies dans des couvertures où figurent, clairement et lisiblement, tous ces Textes de
Couverture : les Textes de Première de Couverture sur la première de couverture, et les
Textes de Quatrième de Couverture sur la quatrième de couverture. Les deux faces de
la couverture doivent également clairement et lisiblement vous identifier comme étant
l’éditeur de ces copies. La première de couverture doit présenter le titre complet, titre
dont tous les mots doivent être également mis en valeur et visibles. Vous pouvez ajouter
des éléments supplémentaires sur les couvertures. Toute copie avec des changements
limités aux couvertures, pour autant qu’ils préservent le titre du Document et satisfont
ces conditions, peut être considérée comme une copie verbatim à tous les autres égards.
334

Si les textes destinés à l’une ou l’autre page de couverture sont trop volumineux pour y
figurer lisiblement, vous devez en mettre les premiers (autant qu’il est raisonnablement
possible) sur la couverture proprement dite, et poursuivre sur les pages adjacentes.
Si vous publiez ou distribuez des copies Opaques du Document à plus de 100 exem-
plaires, vous devez soit inclure une copie Transparente dans un format lisible par
une machine, adapté au traitement automatisé, en accompagnement de chaque copie
Opaque, soit indiquer aux côtés de ou dans chaque copie Opaque une adresse de réseau
électronique publiquement accessible, qui permette d’obtenir une copie Transparente
du Document, sans éléments ajoutés, à laquelle le grand public puisse accéder pour té-
léchargement anonyme et sans frais en utilisant des protocoles de réseau publics et stan-
dard. Si vous retenez la dernière option, vous devez procéder prudemment et prendre
les mesures nécessaires, lorsque vous commencez la distribution de copies Opaques
en quantité, afin de vous assurer que cette copie Transparente demeurera accessible au
public pendant au moins une année après le moment de la distribution (directement ou
par l’intermédiaire de vos agents ou revendeurs) de la dernière copie Opaque de cette
édition.
Il est souhaité, mais non exigé, que vous contactiez les auteurs du Document bien avant
la redistribution de tout grand nombre de copies, afin de leur laisser la possibilité de
vous fournir une version mise à jour du Document.

Modifications
Vous pouvez copier et distribuer une Version Modifiée du Document selon les condi-
tions des sections 2 (Copies verbatim) et 3 (Copies en quantité) qui précèdent, pourvu
que vous diffusiez la Version Modifiée sous couvert précisément de la présente Licence,
avec la Version Modifiée remplissant alors le rôle du Document, et ainsi autoriser la dis-
tribution et la modification de la Version Modifiée à quiconque en possède une copie.
En complément, vous devez accomplir ce qui suit sur la Version Modifiée :
– A. Utilisez dans la Page de Titre (et sur les couvertures, le cas échéant) un titre
distinct de celui du Document et de ceux des précédentes versions (qui doivent, s’il
en existe, être citées dans la section « Historique » du Document). Vous pouvez
utiliser le même titre qu’une version précédant la vôtre si l’éditeur original vous
en donne la permission.
– B. Indiquez sur la Page de Titre, comme auteurs, une ou plusieurs personnes ou
entités responsables de l’écriture des modifications de la Version Modifiée, ainsi
qu’au moins cinq des principaux auteurs du Document (ou tous les auteurs princi-
paux, s’ils sont moins de cinq).
– C. Apposez sur la Page de Titre de nom de l’éditeur de la Version Modifiée, en
tant qu’éditeur.
– D. Préservez toutes les mentions de copyright du Document.
– E. Ajoutez une mention de copyright appropriée à vos modifications, aux côtés
des autres mentions de copyright.
– F. Incluez, immédiatement après les mentions de copyright, une mention de li-
cence qui accorde la permission publique d’utiliser la Version Modifiée selon les
335

termes de la présente Licence, sous la forme présentée dans la section Addendum


ci-dessous.
– G. Préservez dans cette mention de licence les listes complètes des Sections Inva-
riables et des Textes de Couverture exigés, données dans la mention de licence du
Document.
– H. Incluez une copie non altérée de la présente Licence.
– I. Préservez la section intitulée « Historique », et son titre, et ajoutez-y un article
indiquant au moins le titre, l’année, les nouveaux auteurs, et l’éditeur de la Version
Modifiée telle qu’elle apparaît sur la Page de Titre. Si le Document ne contient pas
de section intitulée « Historique », créez-en une et indiquez-y le titre, l’année, les
auteurs et l’éditeur du Document tels qu’indiqués sur la Page de Titre, puis ajoutez
un article décrivant la Version Modifiée, comme exposé dans la phrase précédente.
– J. Préservez, le cas échéant, l’adresse de réseau électronique donnée dans le Do-
cument pour accéder publiquement à une copie Transparente du Document, et
préservez de même les adresses de réseau électronique données dans le Document
pour les versions précédentes, sur lequelles le Document se fonde. Cela peut être
placé dans la section « Historique ». Vous pouvez omettre l’adresse de réseau élec-
tronique pour un travail qui a été publié au moins quatre ans avant le Document
lui-même, ou si l’éditeur original de la version à laquelle il se réfère en donne
l’autorisation.
– K. Dans toute section intitulée « Remerciements » ou « Dédicaces », préservez le
titre de section et préservez dans cette section le ton et la substance de chacun des
remerciements et/ou dédicaces donnés par les contributeurs.
– L. Préservez toutes les Sections Invariables du Document, non altérées dans leurs
textes et dans leurs titres. Les numéros de sections ou leurs équivalents ne sont pas
considérés comme faisant partie des titres de sections.
– M. Supprimez toute section intitulée « Approbations ». Une telle section ne doit
pas être incluse dans la Version Modifiée.
– N. Ne changez pas le titre d’une section existante en « Approbations » ou en un
titre qui entre en conflit avec celui d’une Section Invariable quelconque.
Si la Version Modifiée inclut de nouvelles sections d’avant-propos ou des annexes qui
remplissent les conditions imposées aux Sections Secondaires et ne contiennent aucun
élément tiré du Document, vous pouvez, à votre convenance, désigner tout au partie
de ces sections comme « Invariables ». Pour ce faire, ajoutez leurs titres à la liste
des Sections Invariables dans la mention de licence de la Version Modifiée. Ces titres
doivent être distincts de tout autre titre de section.
Vous pouvez ajouter une section intitulée « Approbations », pourvu qu’elle ne contienne
rien d’autre que l’approbation de votre Version Modifiée par diverses parties – par
exemple, indication d’une revue par les pairs ou bien que le texte a été approuvé par
une organisation en tant que définition de référence d’un standard.
Vous pouvez ajouter un passage de cinq mots ou moins en tant que Texte de la Première
de Couverture, et un passage de 25 mots ou moins en tant que Texte de Quatrième de
Couverture, à la fin de la liste des Textes de Couverture de la Version Modifiée. Toute
entité peut ajouter (ou réaliser, à travers des arrangements) au plus un passage en tant
que Texte de la Première de Couverture et au plus un passage en tant que Texte de
336

la Quatrième de Couverture. Si le Document inclut déjà un texte de Couverture pour


la même couverture, précédemment ajouté par vous ou, selon arrangement, réalisé par
l’entité pour le compte de laquelle vous agissez, vous ne pouvez en ajouter un autre ;
mais vous pouvez remplacer l’ancien, avec la permission explicite de l’éditeur qui l’a
précédemment ajouté.
Le ou les auteur(s) et le ou les éditeur(s) du Document ne confèrent pas par la présente
Licence le droit d’utiliser leur nom à des fins publicitaires ou pour certifier ou suggérer
l’approbation de n’importe quelle Version Modifiée.

Mélange de documents
Vous pouvez mêler le Document à d’autres documents publiés sous la présente Li-
cence, selon les termes définis dans la section 4 (Modifications) ci-dessus, traitant des
versions modifiées, pour autant que vous incluiez dans ce travail toutes les Sections
Invariables de tous les documents originaux, non modifiées, et en les indiquant toutes
comme Sections Invariables de ce travail dans sa mention de licence.
Le travail issu du mélange peut ne contenir qu’une copie de cette Licence, et de mul-
tiples Sections Invariables identiques peuvent n’être présentes qu’en un exemplaire qui
les représentera toutes. S’il existe plusieurs Sections Invariables portant le même nom
mais des contenus différents, faites en sorte que le titre de chacune de ces sections soit
unique, en indiquant à la fin de chacune d’entre elles, entre parenthèses, le nom de l’au-
teur original ou de l’éditeur de cette section s’il est connu, ou un numéro unique dans
les collisions restantes. Pratiquez les mêmes ajustements pour les titres de sections,
dans la liste des Sections Invariables de la mention de licence de ce travail mélangé.
Dans le mélange, vous devez regrouper toutes les sections intitulées « Historique »
dans les divers documents originaux, afin de constituer une unique section intitulée
« Historique » ; combinez de même toutes les sections intitulée « Remerciements », et
toutes les sections intitulées « Dédicaces ». Vous devez supprimer toutes les sections
intitulées « Approbations ».

Recueils de documents
Vous pouvez réaliser un recueil regroupant le Document et d’autres documents publiés
sous la présente Licence, et remplacer les diverses copies de la présente Licence figu-
rant dans les différents documents par une copie unique incluse dans le recueil, pour
autant que vous suiviez les règles de la présente Licence relatives à la copie verbatim
pour chacun de ces documents, dans tous les autres aspects.
Vous pouvez n’extraire qu’un seul document d’un tel recueil, et le distribuer individuel-
lement sous la présente Licence, pour autant que vous insériez une copie de la présente
Licence dans le document extrait, et que vous suiviez la présente Licence dans tous ses
autres aspects concernant la reproduction verbatim de ce document.
337

Agrégation avec des travaux indépendants


Une compilation du Document ou de ses dérivés avec d’autres documents ou travaux
séparés et indépendants, ou bien sur une unité de stockage ou un support de distribution,
ne compte pas comme une Version Modifiée de ce Document, pour autant qu’aucun
copyright de compilation ne soit revendiqué pour la compilation. Une telle compilation
est appelée une « agrégation », et la présente Licence ne s’applique pas aux autres
travaux contenus et ainsi compilés avec le Document, sous prétexte du fait qu’ils sont
ainsi compilés, s’ils ne sont pas eux-mêmes des travaux dérivés du Document.
Si les exigences de la section 3 (Copies en quantité) en matière de Textes de Couverture
s’appliquent aux copies du Document, et si le Document représente moins du quart de
la totalité de l’agrégat, alors les Textes de Couverture du Document peuvent n’être
placés que sur les couvertures qui entourent le document, au sein de l’agrégation. Dans
le cas contraire, ils doivent apparaître sur les couvertures entourant tout l’agrégat.

Traduction
La traduction est considérée comme un type de modification, de sorte que vous devez
distribuer les traductions de ce Document selon les termes de la section 4 (Modifica-
tions). La substitution des Sections Invariables par des traductions requiert une auto-
risation spéciale de la part des détenteurs du copyright, mais vous pouvez ajouter des
traductions de tout ou partie des Sections Invariables en sus des versions originales de
ces Sections Invariables. Vous pouvez inclure une traduction de la présente Licence
pourvu que que vous incluiez la version originale, en anglais, de la présente Licence.
En cas de désaccord entre la traduction et la version originale, en anglais, de la présente
Licence, la version originale prévaudra.

Révocation
Vous ne pouvez copier, modifier, sous-licencier ou distribuer le Document autrement
que selon les conditions expressément prévues par la présente Licence. Toute tentative
de copier, modifier, sous-licencier ou distribuer autrement le Document est nulle et non
avenue, et supprimera automatiquement vos droits relatifs à la présente Licence. De
même, les parties qui auront reçu de votre part des copies ou des droits sous couvert
de la présente Licence ne verront pas leurs licences révoquées tant que ces parties
demeureront en pleine conformité avec la présente Licence.

Révisions futures de la présente licence


La Free Software Foundation (« fondation du logiciel libre ») peut publier de nou-
velles versions révisées de la présente GNU Free Documentation License de temps à
autre. Ces nouvelles versions seront similaires, dans l’esprit, à la présente version, mais
338

peuvent différer dans le détail pour prendre en compte de nouveaux problèmes ou de


nouvelles inquiétudes. Consultez http ://www.gnu.org/copyleft/.
Chaque version de la Licence est publiée avec un numéro de version distinctif. Si le Do-
cument précise qu’une version particulière de la présente Licence, « ou toute version
postérieure » s’applique, vous avez la possibilité de suivre les termes et les conditions
aussi bien de la version spécifiée que de toute version publiée ultérieurement (pas en
tant que brouillon) par la Free Software Foundation. Si le Document ne spécifie pas
un numéro de version de la présente Licence, vous pouvez choisir d’y appliquer toute
version publiée (pas en tant que brouillon) par la Free Software Foundation.

ADDENDUM : Comment utiliser la présente licence dans


vos documents
Pour utiliser la présente Licence dans un document que vous avez rédigé, insérez une
copie de la présente Licence dans le document et placez le copyright et les mentions de
licence suivants juste après la page de titre :
Copyright c ANNÉE VOTRE NOM.
Permission est accordée de copier, distribuer et/ou modifier ce document
selon les termes de la Licence de Documentation Libre GNU (GNU Free
Documentation License), version 1.1 ou toute version ultérieure publiée par
la Free Software Foundation ; avec les Sections Invariables qui sont LISTE
DES TITRES ; avec les Textes de Première de Couverture qui sont LISTE,
et avec les Textes de Quatrième de Couverture qui sont LISTE. Une copie
de la présente Licence est incluse dans la section intitulée « Licence de
Documentation Libre GNU ».
Si vous n’avez pas de Sections Invariables, écrivez, « sans Sections Invariables » au
lieu d’en indiquer la liste. Si vous n’avez pas de Textes de Première de Couverture,
écrivez « sans Texte de Première de Couverture » au lieu de « les Textes de Quatrième
de Couverture qui sont LISTE » ; et de la même manière pour les Textes de Quatrième
de Couverture.
Si votre document contient des exemples non triviaux de code de programmation, nous
recommandons de diffuser ces exemples en parallèle sous la licence libre de votre
choix, comme la Licence Publique Générale GNU (GNU General Public License),
afin de permettre leur utilisation dans des logiciels libres.
GNU Free Documentation
License

Version 1.1, March 2000

Copyright c 2000 Free Software Foundation, Inc.


59 Temple Place, Suite 330, Boston, MA 02111-1307 USA
Everyone is permitted to copy and distribute verbatim copies of this license document,
but changing it is not allowed.

Preamble
The purpose of this License is to make a manual, textbook, or other written document
“free” in the sense of freedom : to assure everyone the effective freedom to copy and
redistribute it, with or without modifying it, either commercially or noncommercially.
Secondarily, this License preserves for the author and publisher a way to get credit for
their work, while not being considered responsible for modifications made by others.
This License is a kind of “copyleft”, which means that derivative works of the docu-
ment must themselves be free in the same sense. It complements the GNU General
Public License, which is a copyleft license designed for free software.
We have designed this License in order to use it for manuals for free software, because
free software needs free documentation : a free program should come with manuals
providing the same freedoms that the software does. But this License is not limited to
software manuals ; it can be used for any textual work, regardless of subject matter or
whether it is published as a printed book. We recommend this License principally for
works whose purpose is instruction or reference.

Applicability and Definitions


This License applies to any manual or other work that contains a notice placed by
the copyright holder saying it can be distributed under the terms of this License. The
“Document”, below, refers to any such manual or work. Any member of the public is a
licensee, and is addressed as “you”.

339
340

A “Modified Version” of the Document means any work containing the Document
or a portion of it, either copied verbatim, or with modifications and/or translated into
another language.
A “Secondary Section” is a named appendix or a front-matter section of the Document
that deals exclusively with the relationship of the publishers or authors of the Document
to the Document’s overall subject (or to related matters) and contains nothing that could
fall directly within that overall subject. (For example, if the Document is in part a
textbook of mathematics, a Secondary Section may not explain any mathematics.) The
relationship could be a matter of historical connection with the subject or with related
matters, or of legal, commercial, philosophical, ethical or political position regarding
them.
The “Invariant Sections” are certain Secondary Sections whose titles are designated, as
being those of Invariant Sections, in the notice that says that the Document is released
under this License.
The “Cover Texts” are certain short passages of text that are listed, as Front-Cover
Texts or Back-Cover Texts, in the notice that says that the Document is released under
this License.
A “Transparent” copy of the Document means a machine-readable copy, represented
in a format whose specification is available to the general public, whose contents can
be viewed and edited directly and straightforwardly with generic text editors or (for
images composed of pixels) generic paint programs or (for drawings) some widely
available drawing editor, and that is suitable for input to text formatters or for automatic
translation to a variety of formats suitable for input to text formatters. A copy made in
an otherwise Transparent file format whose markup has been designed to thwart or
discourage subsequent modification by readers is not Transparent. A copy that is not
“Transparent” is called “Opaque”.
Examples of suitable formats for Transparent copies include plain ASCII without mar-
kup, Texinfo input format, LATEX input format, SGML or XML using a publicly avai-
lable DTD, and standard-conforming simple HTML designed for human modification.
Opaque formats include PostScript, PDF, proprietary formats that can be read and edi-
ted only by proprietary word processors, SGML or XML for which the DTD and/or
processing tools are not generally available, and the machine-generated HTML produ-
ced by some word processors for output purposes only.
The “Title Page” means, for a printed book, the title page itself, plus such following
pages as are needed to hold, legibly, the material this License requires to appear in the
title page. For works in formats which do not have any title page as such, “Title Page”
means the text near the most prominent appearance of the work’s title, preceding the
beginning of the body of the text.

Verbatim Copying
You may copy and distribute the Document in any medium, either commercially or
noncommercially, provided that this License, the copyright notices, and the license
notice saying this License applies to the Document are reproduced in all copies, and
341

that you add no other conditions whatsoever to those of this License. You may not use
technical measures to obstruct or control the reading or further copying of the copies
you make or distribute. However, you may accept compensation in exchange for copies.
If you distribute a large enough number of copies you must also follow the conditions
in section 3.
You may also lend copies, under the same conditions stated above, and you may publi-
cly display copies.

Copying in Quantity
If you publish printed copies of the Document numbering more than 100, and the Do-
cument’s license notice requires Cover Texts, you must enclose the copies in covers
that carry, clearly and legibly, all these Cover Texts : Front-Cover Texts on the front
cover, and Back-Cover Texts on the back cover. Both covers must also clearly and le-
gibly identify you as the publisher of these copies. The front cover must present the
full title with all words of the title equally prominent and visible. You may add other
material on the covers in addition. Copying with changes limited to the covers, as long
as they preserve the title of the Document and satisfy these conditions, can be treated
as verbatim copying in other respects.
If the required texts for either cover are too voluminous to fit legibly, you should put
the first ones listed (as many as fit reasonably) on the actual cover, and continue the
rest onto adjacent pages.
If you publish or distribute Opaque copies of the Document numbering more than 100,
you must either include a machine-readable Transparent copy along with each Opaque
copy, or state in or with each Opaque copy a publicly-accessible computer-network
location containing a complete Transparent copy of the Document, free of added ma-
terial, which the general network-using public has access to download anonymously
at no charge using public-standard network protocols. If you use the latter option, you
must take reasonably prudent steps, when you begin distribution of Opaque copies in
quantity, to ensure that this Transparent copy will remain thus accessible at the sta-
ted location until at least one year after the last time you distribute an Opaque copy
(directly or through your agents or retailers) of that edition to the public.
It is requested, but not required, that you contact the authors of the Document well
before redistributing any large number of copies, to give them a chance to provide you
with an updated version of the Document.

Modifications
You may copy and distribute a Modified Version of the Document under the conditions
of sections 2 and 3 above, provided that you release the Modified Version under pre-
cisely this License, with the Modified Version filling the role of the Document, thus
licensing distribution and modification of the Modified Version to whoever possesses a
copy of it. In addition, you must do these things in the Modified Version :
342

– Use in the Title Page (and on the covers, if any) a title distinct from that of the
Document, and from those of previous versions (which should, if there were any,
be listed in the History section of the Document). You may use the same title as a
previous version if the original publisher of that version gives permission.
– List on the Title Page, as authors, one or more persons or entities responsible for
authorship of the modifications in the Modified Version, together with at least five
of the principal authors of the Document (all of its principal authors, if it has less
than five).
– State on the Title page the name of the publisher of the Modified Version, as the
publisher.
– Preserve all the copyright notices of the Document.
– Add an appropriate copyright notice for your modifications adjacent to the other
copyright notices.
– Include, immediately after the copyright notices, a license notice giving the public
permission to use the Modified Version under the terms of this License, in the
form shown in the Addendum below.
– Preserve in that license notice the full lists of Invariant Sections and required Cover
Texts given in the Document’s license notice.
– Include an unaltered copy of this License.
– Preserve the section entitled “History”, and its title, and add to it an item stating at
least the title, year, new authors, and publisher of the Modified Version as given on
the Title Page. If there is no section entitled “History” in the Document, create one
stating the title, year, authors, and publisher of the Document as given on its Title
Page, then add an item describing the Modified Version as stated in the previous
sentence.
– Preserve the network location, if any, given in the Document for public access to
a Transparent copy of the Document, and likewise the network locations given in
the Document for previous versions it was based on. These may be placed in the
“History” section. You may omit a network location for a work that was published
at least four years before the Document itself, or if the original publisher of the
version it refers to gives permission.
– In any section entitled “Acknowledgements” or “Dedications”, preserve the sec-
tion’s title, and preserve in the section all the substance and tone of each of the
contributor acknowledgements and/or dedications given therein.
– Preserve all the Invariant Sections of the Document, unaltered in their text and in
their titles. Section numbers or the equivalent are not considered part of the section
titles.
– Delete any section entitled “Endorsements”. Such a section may not be included
in the Modified Version.
– Do not retitle any existing section as “Endorsements” or to conflict in title with
any Invariant Section.

If the Modified Version includes new front-matter sections or appendices that qualify
as Secondary Sections and contain no material copied from the Document, you may at
your option designate some or all of these sections as invariant. To do this, add their
titles to the list of Invariant Sections in the Modified Version’s license notice. These
343

titles must be distinct from any other section titles.


You may add a section entitled “Endorsements”, provided it contains nothing but en-
dorsements of your Modified Version by various parties – for example, statements of
peer review or that the text has been approved by an organization as the authoritative
definition of a standard.
You may add a passage of up to five words as a Front-Cover Text, and a passage of up
to 25 words as a Back-Cover Text, to the end of the list of Cover Texts in the Modified
Version. Only one passage of Front-Cover Text and one of Back-Cover Text may be
added by (or through arrangements made by) any one entity. If the Document already
includes a cover text for the same cover, previously added by you or by arrangement
made by the same entity you are acting on behalf of, you may not add another ; but you
may replace the old one, on explicit permission from the previous publisher that added
the old one.
The author(s) and publisher(s) of the Document do not by this License give permission
to use their names for publicity for or to assert or imply endorsement of any Modified
Version.

Combining Documents
You may combine the Document with other documents released under this License,
under the terms defined in section 4 above for modified versions, provided that you
include in the combination all of the Invariant Sections of all of the original documents,
unmodified, and list them all as Invariant Sections of your combined work in its license
notice.
The combined work need only contain one copy of this License, and multiple identical
Invariant Sections may be replaced with a single copy. If there are multiple Invariant
Sections with the same name but different contents, make the title of each such section
unique by adding at the end of it, in parentheses, the name of the original author or
publisher of that section if known, or else a unique number. Make the same adjustment
to the section titles in the list of Invariant Sections in the license notice of the combined
work.
In the combination, you must combine any sections entitled “History” in the various
original documents, forming one section entitled “History” ; likewise combine any sec-
tions entitled “Acknowledgements”, and any sections entitled “Dedications”. You must
delete all sections entitled “Endorsements.”

Collections of Documents
You may make a collection consisting of the Document and other documents released
under this License, and replace the individual copies of this License in the various
documents with a single copy that is included in the collection, provided that you follow
the rules of this License for verbatim copying of each of the documents in all other
respects.
344

You may extract a single document from such a collection, and distribute it individually
under this License, provided you insert a copy of this License into the extracted docu-
ment, and follow this License in all other respects regarding verbatim copying of that
document.

Aggregation With Independent Works

A compilation of the Document or its derivatives with other separate and independent
documents or works, in or on a volume of a storage or distribution medium, does not
as a whole count as a Modified Version of the Document, provided no compilation
copyright is claimed for the compilation. Such a compilation is called an “aggregate”,
and this License does not apply to the other self-contained works thus compiled with
the Document, on account of their being thus compiled, if they are not themselves
derivative works of the Document.
If the Cover Text requirement of section 3 is applicable to these copies of the Docu-
ment, then if the Document is less than one quarter of the entire aggregate, the Docu-
ment’s Cover Texts may be placed on covers that surround only the Document within
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Index

, 114 Elisions internes, 63


après, 198
a, al, å, ås, åzès (prép.), 55, 94, 95, 197, 206,Arithmétique,
223 voir Chiffres et nombres
Abréviations et signes utilisés, 2 Articles contractés, 93
Adjectifs, 72 Emplois, 94
Avec aveur et fé, 80 Articles définis, 87
Degrés de comparaison, 82 Accolés à certaines prépositions, 89
Expression des mesures, 81 Contractés, 93
Genre, 72–74 Emplois, 88, 89
Nombre, 74–75 Empruntés au français, 89
Place Exclamatifs, 89
Antéposés, 75 Non utilisés, 89
Postposés, 76 Articles indéfinis, 89, 90
Position et sens, 78 Emplois, 90
Superlatifs, 83, 84, 86 Articles partitifs, 91, 92
Utilisés comme adverbes, 79, 193 de (art. partitif français), 93
Adverbes, 184–193, 224 Avec fé, ovrer, bouter, travayî, 93
Degré, 129 Avec adverbes de quantité, 93, 189
Et adjectifs, 192 Avec déterminant exclamatif, 103
Exclamatifs et interrogatifs, 191 Avec négation, 93
Intensité, 221 Emplois, 92
Lieu, 98, 127, 185 assez, 189
Emploi, 186 Assimilations, 50
Manière, 189 Notées ou pas, 51
Emplois, 190 Assourdissement des consonnes, voir Consonnes
Négation, 232 asteure, 61
Quantité, 93, 187 Atténuation des grossièretés, 250
Emplois, 188 avant, 203
Temps, 184 aveur, 57, 166, 168, 181
Affirmation et négation, 225
Agent (complément), voir Voix passive bonjour, voir Salutations
aimer, 250
åk, 128, 129 Cardinaux, voir Chiffres et nombres
Alphabet, 5 Chiffres et nombres, 129–137
Alphabet phonétique international (API), 2 Approximatifs, 132
an, 205 Arithmétique, 133
Apostrophe (usage), 63, 65 Cardinaux, 129

346
INDEX 347

Dates, 135 Sens réfléchi, 97


Emploi des ordinaux, 130 Superlatifs, 97
Heures, 134 da, då, dal, dås, etc., 198
Ordinaux, 131 Dates, voir Chiffres et nombres
Clitiques Degrés de comparaison, 82
écriture, 61, 110 di, do, del, des, 95, 199, 206, 207
co (adv.), 56 di (prép.), 95, 178, 201
Collectivité, expression d’une , 116 Redoublé : di d’, 201
Comparatifs, 76 Digraphes (désambiguïsation), 65
Complément d’agent, 177 dire, 57
Concordance des temps divant, 203
Antériorité, 170 dju, 104, 105
Simultanéité et postériorité, 169 dont, 127
Conjonctions de coordination, 211
Conjonctions de subordination, 212, 222 è, 205, voir endè
Cause, but, conséquence, manière, 214 e, el, ezès, 202
Emplois, 215 e muet, 13, 65
Comparaison, 220 Elision, 35–44
Corrélatives, 221 Clitiques, 66
Emplois, 222 Notée ou pas, 44, 63, 65
Hypothèse, condition Typographie, 66
Emplois, 217 endè, è, 55, 109, 110, 114, 127, 208, 235
Hypothèse, condition, 216 Epenthèse, 37, 40, 42
Opposition, concession, 218 Epithètes féminines plurielles antéposées, 101
Exprimant un fait variable, 218 Aspects phonétiques, 49
Temps, 212 Généralités, 75
Consonnes esse, 182
Assourdissement en finale, 47 esse, 57, 164, 166, 172, 177, 179, 201
Doubles, 46 ezès, 95
Simplification des groupes finaux, 48
cwante, 103 Feller, 5
foirt, 75
Découpage des mots, voir Jointure des mots
Dénasalisation, voir Voyelles Gérondif, voir Participe présent
Déterminants gn, dans (i) gn a, 223
Numéraux, 75
Déterminants démonstratifs, 98 h
Et adverbes de lieu, 98 Etymologique, 16
Déterminants français empruntés, 89, 97 Intervocalique, 16, 31, 34, 60
Déterminants indéfinis, 99 Primaire, 16
Déterminants interrogatifs et exclamatifs, 102 Secondaire
Déterminants possessifs, 95, 127 Equivalant à ch, 33
nosse comme marque de respect, 97 Equivalant à ch et sk, 27
Empruntés au français, 97 Equivalant à j, 18
Parties du corps, 96 Heures, voir Chiffres et nombres
Quantité, 97 Hiatus, 54
348 INDEX

î, 55, 113, 114, 127, 208 på, pås, påzès (prép.), 95


in pour an, 9 pa, 55, 178, 204, 208
Interrogation Phrase, 228–246
Directe, 230 Averbale, 245
Indirecte, 232 Comparative, 244
Introducteurs, 223 Exclamative, 239
Inversion, 230 Impersonnelle, 245
Interrogative, 230, 232
jh, 18 Négative, 232–235
Jointure des mots, 52 Ordre des mots et inversion, 228
Propositions infinitives, 239
k (lettre), 19 Rejet de la préposition ou de l’adverbe, 235
ki, 126, 127, 215, 217, 221, 223, 232 Pluriel
Adjectifs, 74
l mouillé, 34
Substantifs, 71
la (art. déf. français), 89
plus, de plus en plus, 86
Langues d’oïl, 1
po, 55, 207, 208, 242
lequel, 127
Politesse, 97, 105, 247–255
Lettres de liaison et trait d’union, 66
pont, 93, 128
Liaisons entre les mots, 52, 66
pou, voir po
Longueur des voyelles, voir Voyelles
Prépositions
merci, 252 Changement de forme, 208
Mesures, 81 Deux prépositions consécutives, 209
Minute, 62 Devant infinitifs, 205
m’n ome, 99, 125 Diverses, 196
moins, de moins en moins, 86 Emploi, 196
Monosyllabes grammaticaux (élision), 43 Et verbes, 211
Mots phrases, 225–228 Lieu, 195
Rejet, 127, 235
n (lettre de liaison), 58 Temps, 194
Négation, voir Affirmation et négation Pronoms interrogatifs et exclamatifs, 126
Nasalisation, voir Voyelles Pronoms compléments d’objet, 55
Nombres, voir Chiffres et nombres Pronoms démonstratifs, 120
Terminaison -ès, 75 çoula, 122, 125
Trait d’union, 66 çou (antécédent du pron. rel.), 123
Noms, voir Substantifs ci, 121
nou, nole, 93 ci (suivi d’un compl. prép. ou d’un pron. rel.), 124, 125
ci dans des cis..., 129
on (pron.), 55 Emplois, 124
Onomatopées, 227 Pronoms indéfinis, 127
Ordinaux, voir Chiffres et nombres Emplois, 129
Orthographe, 4–67 Pronoms interrogatifs et exclamatifs
Rifondou walon, 270 Emplois, 126
Ecriture ancienne, 265–270 Pronoms personnels objets, 108–114
Evolutions récentes, 270 Après impératif, 110
Variation de l’écriture, 265 Directs, 108–110, 117
INDEX 349

Emplois, 110, 114 Simplification des consonnes en finale, voir Consonnes


Ecriture après un clitique, 110 so (prép.), 56
Indirects, 112–114, 127 sobayî, 223
Place, 110, 114 souhaits, à vos , 253
Pronoms personnels réfléchis, 116, 174 st (lettres de liaison), 57
Pronoms personnels sujets, 104–107 su, voir so
Derrière le verbe, 106 Substantifs, 68
Devant le verbe, 104 Genre, 69–70
Disparition, 106 Genre différent en français et en wallon, 70
Pronoms personnels toniques, 114 Nombre, 70–72
Avec ki relatif, 127 Substantivation, 68, 136
Collectivité, 116 Superlatifs, 76, 97
Emplois, 115 Superlatifs des adjectifs, 83, 84, 86
Trait d’union, 66
Pronoms possessifs, 117 t (lettre de liaison), 58
Emploi, 118 Tabous, mots , 255
Pronoms relatifs, 127 tch pour ch, 11
Propositions infinitives tertos, 128, 129
Coordonées avec infinitif substitut, 240ti, 247
De but, 241 todi, 86
Narratives, 242 tot, 61, 75, 84, 97, 100, 101, 164, 189
Propositions relatives Trait d’union (usage), 53, 65
Accord du verbe, 236
Avec ki, 127 un, l’un l’autre, 129, 210
De lieu, 127
Mode du verbe, 237 Verbes, 137–184
Prosthèse, 40, 42 Aspect
pupont, 93 Changement d’état, 173
Duratif, 171
q (lettre), 6, 19 Futur proche, 175
qui, 191 Inchoatif, 172
Passé récent, 174
r (lettre de liaison), 56 Conditionnel, 222
Reduplication, 85 Conditionnel passé, 166
Rejet de la préposition ou de l’adverbe, 235 Conditionnel passé composé, 171
revoir, au , voir Salutations Conditionnel passé surcomposé, 169, 171
Rifondou walon, 270 Conditionnel présent, 159, 170, 171, 217
Emploi, 159
s Futur du passé, 170
Marque du pluriel, 71, 74 Impératif présent, 160, 170
sacwè, 129 Indicatif futur, 148, 170, 171
sakî, 129 Indicatif futur antérieur, 167
Salutations, 254 Indicatif imparfait, 170, 171, 217
sch, 27 Autres verbes, 151
Segmentation des mots, 60 Modèle candjî et netyî, 150
Signes diacritiques, 6 Modèle tchanter, 149
350 INDEX

Indicatif passé simple, 152, 170 Wallon


Emploi, 153 Aspects sociolinguistiques, 3
Indicatif présent, 170, 171 Définition, 4
Modèle candjî, 144 Domaine linguistique, 0
Modèle fini, 146 Histoire, 1
Modèle mete, 147
Modèle netyî, 145 x, 6, 71
Modèle tchanter, 143 xh, 33
Infinitif, 137, 205, 239–243
Modèle candjî, 139 y
Modèle fini, 141 A la fin des mots, 37
Modèle mete, 142 Lettre de liaison, 59
Modèle netyî, 140
/z/ intervocalique, 35
Modèle tchanter, 138
z (lettre de liaison), 55, 105, 131, 208
Substitut, 240
Irréguliers, 183
Participe passé, 164, 166, 168, 179
Participe présent, 162
Emploi, 163
Passé simple, 171
Régulièrement irréguliers, 182
Subjonctif imparfait, 156, 170, 217
Emploi, 157
Subjonctif passé composé, 171
Subjonctif passé surcomposé, 171
Subjonctif plus-que-parfait, 170, 171
Subjonctif présent, 155, 170, 171
Emploi, 155
Temps composés, 165
Emploi, 166
Temps surcomposés, 167
Emploi, 168
Voix passive, 176
vola, voci, 223
Voyelle d’appui, 40
Voyelles
Nasalisation et dénasalisation, 45
Opposition de longueur, 44
Voyelles instables, 35
Degrés de naturalisation des mots, 41
Placement, 39
Préfixe co, ki, cu, 42
Timbre, 38
Variantes lexicales, 40

w (lettre de liaison), 60
Références

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Table des matières

I Qu’est-ce que le wallon ? 19


1 Qu’est-ce que le wallon ? 21
1.1 Géographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.2 Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.3 Aspects sociolinguistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.4 Qu’appelle-t-on « le wallon » dans cette grammaire ? . . . . . . . . . 23

II Orthographe et prononciation 25
2 Orthographe et prononciation 27
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Les lettres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 Aspects particuliers : vocalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.4 Aspects particuliers : consonantisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.5 Jointure des mots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.6 Signes non alphabétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

III Les classes de mots 73


3 Le substantif 75
3.1 Substantivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.2 Genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.3 Nombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

4 L’adjectif qualificatif 81
4.1 Genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2 Nombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.3 Place . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.4 Emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

353
354 TABLE DES MATIÈRES

5 Les déterminants 95
5.1 Les articles définis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.2 Les articles indéfinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.3 Les articles partitifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.4 Les articles contractés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
5.5 Les déterminants possessifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.6 Les déterminants démonstratifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
5.7 Les déterminants indéfinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
5.8 Les déterminants interrogatifs et exclamatifs . . . . . . . . . . . . . . 112

6 Les pronoms 115


6.1 Les pronoms personnels sujets devant le verbe . . . . . . . . . . . . . 115
6.2 Les pronoms personnels sujets après le verbe (phrases exclamatives ou
interrogatives) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
6.3 Les pronoms personnels objets directs devant le verbe . . . . . . . . . 122
6.4 Les pronoms personnels objets directs ou indirects postposés au verbe 128
6.5 Les pronoms personnels objets indirects . . . . . . . . . . . . . . . . 129
6.6 Les pronoms personnels toniques (après préposition, apposés ou attributs)132
6.7 Les pronoms personnels réfléchis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
6.8 Les pronoms possessifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
6.9 Les pronoms démonstratifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
6.10 Les pronoms interrogatifs et exclamatifs . . . . . . . . . . . . . . . . 139
6.11 Les pronoms relatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
6.12 Les pronoms indéfinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

7 Les chiffres et les nombres 153


7.1 Les cardinaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
7.2 Les ordinaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
7.3 Nombres collectifs approximatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
7.4 Arithmétique fondamentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
7.5 Les heures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
7.6 Les dates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
7.7 Autres emplois spéciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

8 Les verbes 159


8.1 L’infinitif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
8.2 L’indicatif présent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
8.3 L’indicatif futur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
8.4 L’indicatif imparfait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
8.5 L’indicatif passé simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
8.6 Le subjonctif présent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
TABLE DES MATIÈRES 355

8.7 Le subjonctif imparfait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171


8.8 Le conditionnel présent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
8.9 L’impératif présent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
8.10 Le participe présent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
8.11 Le participe passé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
8.12 Les temps composés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
8.13 Les temps surcomposés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
8.14 La concordance des temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
8.15 L’aspect (locutions verbales) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
8.16 La voix passive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
8.17 Aveur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
8.18 Esse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
8.19 Les verbes régulièrement irréguliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
8.20 Quelques verbes irréguliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195

9 Les adverbes 203


9.1 Les adverbes de temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
9.2 Les adverbes de lieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
9.3 Les adverbes de quantité et intensité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
9.4 Les adverbes de manière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
9.5 Les adverbes exclamatifs et interrogatifs . . . . . . . . . . . . . . . . 211
9.6 Adverbes et adjectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
9.7 Les adverbes de négations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

10 Les prépositions 215


10.1 Prépositions de temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
10.2 Prépositions de lieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
10.3 Prépositions diverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
10.4 Remarques sur l’emploi de certaines prépositions . . . . . . . . . . . 220

11 Les conjonctions de coordination 233


11.1 Quelques conjonctions et locutions conjonctives . . . . . . . . . . . . 233

12 Les conjonctions de subordination 237


12.1 Le temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
12.2 Cause, but, conséquence, manière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
12.3 Hypothèse, condition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
12.4 Opposition, concession . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
12.5 Comparaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250
12.6 Les propositions corrélatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
356 TABLE DES MATIÈRES

13 Les introducteurs 253


13.1 Introducteurs essentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
13.2 Locutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256
13.3 Phrases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258

14 Les mots phrases 261


14.1 Oyi et neni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
14.2 Les particules interpellatives et mots phrases occasionnels . . . . . . 262
14.3 Onomatopées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262

IV La phrase 265
15 La phrase 267
15.1 Ordre des mots et inversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267
15.2 La phrase interrogative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270
15.3 La phrase négative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
15.4 Rejet de la préposition ou de l’adverbe . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
15.5 La proposition relative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
15.6 Les propositions infinitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
15.7 La phrase comparative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
15.8 La phrase impersonnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
15.9 La phrase averbale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280

V Les variations du wallon 281


16 Variation stylistique : la politesse en wallon 283

17 Variation géographique : les dialectes du wallon 287


17.1 Quelles sont les variétés géographiques du wallon ? . . . . . . . . . . 287
17.2 Quelques évolutions phonétiques divergentes . . . . . . . . . . . . . 289
17.3 Caractéristiques des quatre principaux groupes dialectaux . . . . . . . 293
17.4 Cartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
La Wallonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296
Les quatre dialectes du wallon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297
Dialecte est-wallon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298
Prononciations de å . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299
Articles définis singuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300
Diphtongaison I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301
Diphtongaison II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302
Morphème verbal 2e personne du pluriel . . . . . . . . . . . . . . . . 303
TABLE DES MATIÈRES 357

Morphème verbal 3e personne du pluriel . . . . . . . . . . . . . . . . 304


Répartition des allophones [ẽ] ↔ [e] ↔ [Ẽ] ↔ [ı̃] . . . . . . . . . . . 305
Évolution du suffixe latin -ellus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306
Évolution de or et os . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
Insertion d’un w après consonne labiale . . . . . . . . . . . . . . . . 308
Équivalents du français -i(ll)e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309
Équivalents du français ou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310
Équivalents du français nous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311
Présence ou absence du pronom vos à la forme interrogative . . . . . 312

18 Variation de l’écriture 313

VI Annexes 323
Liste des auteurs cités dans les exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325
Sacwants berdelaedjes divant do disteler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 329
Historique des versions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330
Traduction française de la licence GFDL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331
GNU Free Documentation License . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339

Index 346

Bibliographie 352

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