Décisions Financières Et Création de Valeur: January 2003
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Michel Albouy
Grenoble École de Management
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INTRODUCTION
La théorie financière des entreprises a fait, au cours de ces dernières années, des
progrès considérables. Cette théorie a été forgée à partir d’une meilleure compréhension du
fonctionnement des marchés financiers et en articulant les décisions financières majeures de la
firme sur les attentes et les réactions des marchés. C’est ainsi que des concepts fondamentaux
comme le coût du capital, la rentabilité des investissements, le prix du risque, l’efficience des
marchés, la valeur des options, etc., ont progressivement pénétré le monde du management.
Mais si brillante soit-elle la théorie seule n’aurait pas suffi à modifier les pratiques des
entreprises et de leurs dirigeants. Il fallait une contrainte extérieure. Ce fut la mondialisation,
la libéralisation des marchés et l’apparition d’un nouvel acteur : l’actionnaire. Bien sûr, ces
derniers ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils existent depuis longtemps. Mais le fait
nouveau, c’est que leur présence – fonds de pension obligent – se fait plus pressante sur le
management des entreprises qui font appel à leur concours. Difficile aujourd’hui pour un
dirigeant d’entreprise cotée, ou qui a l’intention de s’introduire en bourse, de ne pas afficher
un objectif de création de valeur pour les actionnaires. C’est ainsi que de nombreuses
entreprises françaises affichent clairement leur volonté de gérer dans l’intérêt de leurs
actionnaires et de créer pour eux de la valeur. Après avoir fait la course au chiffre d’affaires, à
la part de marché, voire au bénéfice net, les dirigeants des grands groupes se précipitent sur la
valeur actionnariale et la presse économique et financière établit des classements sur la base
de l’EVA (Economic value added). D’une certaine façon, le nouveau discours des dirigeants
sur la création de valeur rejoint celui que les professeurs de finance enseignent depuis
longtemps à leurs étudiants : l’objectif ultime est de maximiser la valeur de la firme.
1
Décisions financières et création de valeur
des premières bourses de valeurs mobilières. Personne ne peut savoir jusqu’où cette
révolution nous entraînera.
Ceci étant, face à ces toutes innovations, les logiques et les modes de raisonnement
financiers des entreprises (et des pouvoirs publics) semblent parfois accuser un certain
conservatisme. En effet, tout se passe comme si les décisions de financement étaient
davantage articulées sur une vision comptable de l'entreprise que sur une logique vraiment
financière. Citons à cet égard deux exemples : l'endettement et le coût des fonds propres. Trop
souvent, la dette est présentée comme un facteur explicatif de l'insuffisance de rentabilité des
entreprises françaises qui "manqueraient de fonds propres". Pourtant, comme nous le verrons
dans cet ouvrage, la dette possède plus d'un charme. Par ailleurs, ce n'est pas parce que le
compte de résultat ne comptabilise pas le coût des fonds propres que ceux-ci sont gratuits. Il
n'existe malheureusement pas de ressources financières gratuites sur le marché, et il est
évident que les actionnaires ne sont pas des philanthropes. L'essentiel de la querelle vient de
ce que l'on appelle "rentabilité financière". S'agit-il du bénéfice net comptable, rapporté
éventuellement au montant (également comptable) des fonds propres ou de l'augmentation de
valeur de marché de l'entreprise ? Pour nous, la réponse ne fait aucun doute : la bonne mesure
est celle du marché, et non pas celle qui est établie à partir de coûts historiques et de
réglementations comptables et fiscales.
La deuxième partie de cet ouvrage comprend trois chapitres qui traitent respectivement
des augmentations de capital, du coût des fonds propres, de l'autofinancement et de la
politique de dividende. Bien que les augmentations de capital ne soient pas, quantitativement,
la principale source de financement des entreprises, il est clair que ces opérations jouent un
rôle déterminant dans la vie de l'entreprise. Le chapitre 4 permettra donc au lecteur de se
familiariser avec les différents types d'augmentations de capital, les "nouveaux" fonds propres,
les conditions d'émission, les droits de souscription, et les coefficients d'ajustement. Le
2
Introduction
chapitre 5 est consacré à la détermination du coût des fonds propres. Inutile de dire combien
ce chapitre est important, ne serait-ce qu'en raison des incompréhensions que soulève une telle
question. Nous aurons ainsi l'occasion de montrer les deux principales méthodes de calcul
"pratique" du coût des fonds propres : les méthodes actuarielles, et le modèle d'équilibre des
actifs financiers. Enfin, le chapitre 6 traite de l'autofinancement, de son coût, et de la politique
de dividende. On verra notamment que l'impact des dividendes sur la valeur de la firme (donc
des actions) demeure une question controversée.