A. Batbie - Traité Théorique Et Pratique de Droit Public Et Administratif PDF
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A. Batbie - Traité Théorique Et Pratique de Droit Public Et Administratif PDF
de droit public et
administratif : contenant
l'examen de la doctrine et de
la [...]
DE
DROIT PUBLIC
ET ADMINISTRATIF
II
TRAITE
THÉORIQUE ET PRATIQUE
DE
DROIT PUBLIC
PAR A. BATBIE
Professeur à la Faculté de Droit de Paris, Avocat à la Cour d'Appel, Sénateur,
Ancien. Ministre de l'Instruction publique et des Cultes
DEUXIÈME ÉDITION
REMANIÉE ET MISE AU COURANT DE LA LÉGISLATION ET DE LA JURISPRUDENCE,
TOME DEUXIÈME
PARIS
L. LAROSE ET FORCEL
Libraires-Editeurs
22
, RUE SOUFFLOT ,
22
1885
PREFACE.
LIVRE PREMIER.
Organisation des pouvoirs.
CHAP. 1.
— Pouvoir législatif.
CHAP. 2.
— Pouvoir exécutif et attributions.
CHAP. 3. — Organes du pouvoir exécutif.
CHAP. 4.
— De l'autorité administrative dans ses rapports avec
l'autorité judiciaire.
LIVRE DEUXIÈME.
Des personnes au point de vue du droit public.
Titre Ier. — De la qualité des personnes.
Titre II. — Des droits naturels garantis par la loi politique
(la liberté individuelle, etc., etc.).
Titre III. —Des droits politiques (élections, électorat, éli-
gibilité, etc.).
Titre IV. — Des charges qui pèsent sur les personnes (ser-
vice militaire).
PREFACE. XV
TOME DEUXIÈME.
DROIT ADMINISTRATIF.
LIVRE PREMIER.
Administration générale.
Titre Ier. — Fortune publique (domaines, contributions,
marchés, travaux publics).
Titre II. — Routes et chemins.
Titre III. — Eaux.
LIVRE DEUXIÈME.
Administrations locales.
TITRE Ier.— De l'administration départementale.
CHAP. 1. — Du département.
CHAP. 2. — Des agents de l'administration départementale.
CHAP. 3. — Administration économique du département.
TOME TROISIÈME.
TITRE II.
— De l' administration communale.
CHAP. 1.
— Historique des communes.
CHAP. 2. — Communes dans l'état actuel de la législation.
CHAP. 3. — Autorités municipales.
CHAP. 4. — Biens des communes.
CHAP. 5. — Comptabilité.
CHAP. 6. — Contrats des communes.
CHAP, 7. — Procès des communes.
CHAP. 8. — Responsabilité des communes.
XVJ PREFACE.
«
italienne du premier volume du Cours de droit
«
public et administratif de M. de Gioannis Gian-
générale en trois livres. Le LIVRE Ier est consacré aux notions générales sur
l'organisation des pouvoirs publics :
Chap. Ier. Séparation des pouvoirs;
Chap. II. Pouvoir législatif;
Chap. III. Différentes branches du pouvoir exécutif et de leurs rapports.
Le LIVRE II traite de l'organisation de l'administration active et consul-
tative.
Titre Ier. Administration des intérêts généraux.
Chap. Ier. Administration centrale;
Chap. II. Administration locale;
Chap. III. Agents locaux institués pour différents services d'intérêt gé-
néral ;
Chap. IV. Agents auxiliaires.
Titre II. Administration des intérêts locaux.
Chap. Ier. Des départements ;
Chap. II. Des arrondissements;
Chap. III. Des communes;
Chap. IV. Organisation spéciale du département de la Seine et de Paris ;
Chap. V. Agents auxiliaires placés auprès des agents directs locaux.
Titre III. De l'administration des intérêts spéciaux ou des établissements
publics.
B. — II. b*
XVIIJ PREFACE.
«
quinto, professeur à l'Université de Pise, qui
" s'honore de faire partie de notre Société : On l'y
«
félicite hautement d'avoir découvert, pour l'expo-
« sition des matières du droit administratif, un nou-
« veau plan inconnu jusque-là des Italiens, aussi
« bien que des Allemands et des Français, et qui
« donnait enfin à ces matières un caractère vraiment
« scientifique emprunté au droit romain; ce plan
« consiste à exposer successivement les personnes,
« les choses et les actions. M. de Gioannis est trop
« instruit pour avoir accepté cet éloge; il sait que
« ce plan a été suivi par M. Batbie dans son Traité
« de droit public et administratif. Je ne crois pas
«
droit administratif dans la division qui embrasse
«
les choses 1. »
« Je remercie l'honorable Président d'avoir réclamé
la priorité pour mon Traité de droit public et admi-
nistratif. Peut-être cette réclamation n'est-elle pas
fondée. Il est possible que la même pensée soit venue
à deux écrivains en même temps, et que chacun d'eux
soit inventeur du plan. Je ne sais pas si le professeur
de Pise l'a pris dans mon ouvrage, et bien que j'aie
fait connaître cet ordre d'exposition depuis plus de
quinze années, je ne prétends, sur cette idée, à au-
cun droit exclusif. Elle a pu venir à d'autres sans
qu'ils eussent connaissance de mon livre, d'autant
plus qu'il y a là moins une découverte que l'exten-
sion d'une classification fort ancienne à des matières
auxquelles on ne l'avait pas appliquée jusqu'à pré-
sent.
«
L'approbation qui lui a été donnée en Italie me
surprend moins que les critiques dont elle a été
Sommaire.
1. La société est un état naturel et nécessaire.
2. Elle est un moyen et non un but.
3. Rôle de l'État.
4. Sa mission n'est pas purement négative.
5. L'intervention des pouvoirs publics varie suivant les lieux et les temps.
6. Distinction entre les diverses espèces de droits.
7. Définition des mots administration, droit administratif, droit public et droit cons-
titutionnel.
PREMIERE PARTIE.
CHAPITRE PREMIER.
Sommaire.
8. Le renvoi contenu dans l'art. 1er de la constitution du 14 janvier 1852 aux prin-
cipes de 1789 comprenait les principes qui se réfèrent à la liberté tout aussi bien
que ceux qui sont relatifs à l'égalité.
9. Les principes de 1789 sont énumérés dans la déclaration des droits de 1791.
10. Opinion de Joseph de Maistre.
11. Différence entre la déclaration des droits de la révolution française et la déclara-
tion des droits américaine.
12. Déclaration des devoirs.
13. Énumération.
8.
C'est une proposition hors de cloute, même sous le régime
des constitutions ou chartes qui ne le disent pas expressé-
ment, que les principes de 1789 sont la base de notre droit
public. L'article 1er de la constitution du 14 janvier 1852 les
consacrait par un renvoi formel et, bien que la constitution du
23 février 1875 garde le silence sur ce point, il n'est venu à
l'esprit de personne de voir dans cette différence de rédaction
un changement de régime. On s'est cependant divisé sur le sens
et la portée de ce renvoi formel ou implicite aux principes de 89.
D'après les uns, il faudrait se borner à comprendre sous
ces mots la suppression du régime féodal, avec toutes ses
conséquences, ou plus généralement les règles et disposi-
tions qui ont fait du peuple français une réunion de citoyens
PRINCIPES DE 89. 9
9.
Quels sont les principes de 89 et où faut-il en chercher
l'énumération? Nous ne la trouvons pas ailleurs que dans la
déclaration des droits de l'homme. Les déclarations indiquent
dans quel esprit une constitution est conçue, et lorsqu'il se
présente des doutes, on peut les résoudre en remontant à la
pensée générale exposée dans le préambule. Assurément une
proclamation de droits, quelque générale qu'elle soit, n'en-
tend pas exclure toute limitation ; et en matière de gouverne-
ment, on ne pourra jamais poser un principe qui ne comporte
quelque exception. Mais la déclaration exprime cette pensée
saine et juste qu'avant d'établir une restriction, il faut re-
garder au principe qu'elle limite. Elle est comme un témoin
sévère dont le législateur doit affronter le regard toutes les
fois qu'il borne les droits déclarés; en un mot, c'est la loi de
la loi.
10. Joseph de Maistre attaquant la déclaration des droits, a
dit que nulle part il n'avait vu l'homme; qu'il connaissait des
Français, des Anglais ou des Allemands, mais que l'homme,
en général n'existait pas. Ce qui, au contraire, distingue la
révolution française de tous les événements antérieurs c'est
,
précisément qu'elle s'est, en beaucoup de points, placée au-
dessus des idées et des intérêts nationaux, qu'elle s'est élevée
jusqu'à la notion générale de l'humanité et que dans le citoyen
elle a vu plutôt l'homme que le Français. C'est parce que le
et les devoirs (art. 1 à 9). Mais les devoirs, quand ils n'ont
pas de sanction, ne doivent pas figurer au milieu des disposi-
tions de la loi, car le législateur ordonne et n'a pas pour
mission de donner des conseils 1. Si le devoir était, au con-
traire, prescrit avec sanction, il aurait pour corrélatif le droit
du particulier lésé ou celui de la société; il y aurait double
emploi à sanctionner à la fois le droit et le devoir. Le Code
des devoirs ne pourrait être que la répétition renversée du
Code civil et du Code pénal.
48. L'égalité civile, la liberté individuelle, l'inviolabilité du
domicile et de la propriété, la liberté de conscience et des
cultes, la liberté de la presse, le droit de réunion et d'associa-
tion le droit de pétition, la gratuité de la justice et le droit
,
pour tout citoyen de n'être jugé que par ses juges naturels, tels
sont les droits individuels que la Déclaration a consacrés. Il faut
ajouter à cette énumération quelques principes qui ne sont
qu'un moyen de garantir les précédents, le vote de l'impôt par
la nation ou ses représentants, la responsabilité des dépositaires
de l'autorité publique, l'inamovibilité de la magistrature et la
séparation des pouvoirs. Ces règles secondaires touchent aux
institutions constitutionnelles et peuvent être considérés comme
le trait d'union entre le droit public et le droit politique.
CHAPITRE DEUXIÈME.
EGALITE CIVILE.
Sommaire.
15. Des ordres dans l'ancien régime.
16. Inégalité politique.
17. Inégalité en matière d'impôt. — Taille personnelle et taille réelle.
18. Origine de cette inégalité.
19. Inégalité résultant de l'arbitraire dans la répartition de la taille.
20. Inégalité en matière de milice.
21. Profonde démarcation entre le roturier et le gentilhomme.
22. Marche ascendante des classes inférieures. — Esclavage. — Servage. — Main-
morte.
23. Diocèse de Saint-Claude.
24. Loi du 4 août 1789.
25. Conséquences du principe d'égalité civile.
26. Les conditions de capacité, d'âge et de moralité ne sont pas contraires au prin-
cipe d'égalité.
27. Du sens vrai du mot classes de la société dans les lois sur la presse qui punissent
l'excitation à la haine des classes de la société les unes envers les autres.
28. Importance de fait de la noblesse.
29. Origine des titres nobiliaires.
30. Achat des charges emportant la noblesse.
31. Suppression des distinctions nobiliaires par la législation révolutionnaire.
32. Noblesse impériale. — Grands dignitaires et grands officiers.
33. Comtes et barons de l'Empire.
34. Majorais. — Majorais de propre mouvement et majorats sur demande.
3a. Article 259 du Code pénal.
36. Rétablissementde la noblesse sous la Restauration.
37. Abrogation de l'articte 239 du Code pénal par la loi du 28 avril 1832.
38. Loi sur les majorats du 12 mai 1833.
39. Abolition des titres nobiliaires en 1848 et rétablissement en 1832. — Loi du
28 mai 1858 qui remet en vigueur l'article 259 du Code pénal. — Décret du
8 janvier 1859 qui rétablit le conseil du sceau des titres.
40. Conseil du sceau.
41. Loi du 7 mai 1849 sur les majorais.
42. Délibération du Sénat sur les titres de noblesse des familles anoblies sous l'Empire.
14 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
43. Question. Le ministère public a-t-il le droit d'agir en rectification des actes de
l'état civil ?
44. Suite.
45. Suite.
46. Suite.
47. Suite.
48. Suite.
49. Suite.
50. Suite.
51. Droit comparé. — Belgique.
52. — Russie.
53. — Espagne et Portugal.
54. — Angleterre.
55. — Allemagne.
1 Le fief était la terre qui se rattachait par le lien féodal à un fief dominant
en même temps que d'autres domaines lui étaient rattachés au même titre.
La terre tenue en roture était celle qui dépendait d'un fief mais qui n'avait
pas de fiefs dans sa mouvance. L'alleu ou franc-alleu n'était tenu à aucun
hommage. « Tenir en alleu, c'est tenir de Dieu. » Noblesse, par Louandre,
p. 57.
16 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
p. 387.
4 M. Laferrière s'exprime à ce sujet, avec une grande élévation de pensée.
de l'expérience attestée par Dunod, il aurait fallu conclure que mieux valait
l'état de mainmorte que l'état de liberté La liberté est d'un prix inesti-
mable, et c'est en elle-même et pour elle-même qu'il faut l'aimer dans les
institutions civiles. » (T. V, p. 96.)
1 Voir sur la dérogeance, le chapitre V de la Noblesse par Louandre,
1
«La Noblesse a ses racines à Rome et dans la Germanie. Après l'inva-
sion elle est représentée par une aristocratie militaire qui se recrute chez
,
les Francs et par une aristocratie fonctionnaire que se recrute plus particu-
lièrement chez les Gallo-Romains; elle a pour base sous les deux premières
races la possession viagère et amovible du bénéfice ou de la fonction pu-
blique ; sous la troisième le fief, c'est-à-dire la possession héréditaire du sol.
Dès le règne le de saint Louis, elle se dédouble et s'ouvre aux roturiers
qui sont autorisés à acquérir des fiefs ; elle est ensuite conférée par lettres
de collation, attachée à certaines charges et, en dernier lieu, mise en vente »
(Louandre, Noblesse, p. 279).
22 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
manière suivante :
Princes, 4; — Ducs, 33; — Comtes, 531; — Barons, 1,516 et chevaliers
285. (Rapport de M. Amédée Thierry au Sénat, dans la séance du 4 juillet
1860.)
ÉGALITÉ CIVILE. 25
suivie et on vit des personnes qui portaient le titre de comte
avant 1789, nommées simplement barons de l'Empire.
36. La Restauration rétablit l'ancienne noblesse sans abolir
la nouvelle. « La noblesse ancienne, dit l'art. 71 de la Charte
de 1814, reprend ses titres; la nouvelle conserve les siens.
Le roi fait des nobles à volonté, mais il ne leur accorde que
des rangs et des honneurs, sans aucune exemption des charges
et des devoirs de la société 1. Les titres de marquis et de vi-
comte, que n'admettait pas la noblesse impériale, reparurent,
et une ordonnance du 21 juin 1829 éleva à 15,000 fr. le re-
venu du majorat à constituer pour un titre de marquis trans-
missible et à 7,000 fr. pour le titre de vicomte.
37. Après la révolution de 1830, les titres nobiliaires ne
furent pas formellement abolis ; mais, dans la révision du Code
pénal par la loi du 28 avril 1832, en abrogeant l'art. 259, le
législateur cessa de punir l'usurpation pour ne pas consacrer
une reconnaissance implicite des titres. Aussi la vanité se donna
libre carrière, et cette période se fit remarquer par une vé-
ritable explosion de familles titrées. Plus tard le gouverne-
ment profita de ce que les législateurs de 1832 n'avaient pas
formellement aboli les titres, pour en conférer officiellement
quelques-uns. La législation du gouvernement de Juillet, sur
ce point, fut donc incertaine, et dans la pratique, l'adminis-
tration se montra aussi tolérante que possible.
1 La Chambre des députés a été saisie par l'initiative d'un de ses mem-
bres d'une proposition tendant à l'abrogation de l'article 259 du C. p.
2 Art. 6 du décret du 8 janvier 1859.
« Il délibère et donne son avis :
1° sur les demandes en collation, confirmation et reconnaissance de titres
que nous aurons renvoyées à son examen; 2° sur les demandes en vérifica-
tion de titres; 3° sur les demandes en remise totale ou partielle des droits de
sceau, dans les cas prévus par les deux paragraphes précédents, et généra-
lement sur toutes les questions qui lui sont soumises par notre garde des
sceaux. Il peut être consulté sur les demandes en changement ou addition
de noms ayant pour effet d'attribuer une distinction honorifique. »
3 La commission du
sceau des titres instituée par l'ordonnance du 15 juil-
28 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
let 1814 était composée de trois conseillers, d'autant de maîtres des requêtes,
d'un commissaire du gouvernement (c'était de droit le secrétaire général du
ministère de la Justice), d'un secrétaire et d'un trésorier. L'ordonnance du
31 octobre 1830 supprima la commission du sceau à partir du 1er novem-
bre et transporta ses attributions au conseil d'administration du ministère
de la Justice. Elle réunit les bureaux du sceau à ceux du ministère de la
Justice.
1 Ordonnances des 15 juillet 1814, 11 décembre 1815 et 31 octobre 1830.
QUESTION.
1860 (D. P. 160. 2. 79); Angers, 5 décembre 1860; Paris, 22 février 1861
(D. P. 1861. 2. 41) rendu sur les conclusions conformes de M. Chaix d'Est-
Ange, procureur général. — V. Colmar, 29 décembre 1859 et 15 mai 1860
(D. P. 1860, II, p. 142 et 171); Agen, 26 juin 1860 (D. P. 1860, II, 141;
Metz, 31 juillet 1860 (D. P. 1860, II, 137) et Montpellier, 10 mai 1859 (D. P.
1860, II, p. 143). On peut également citer comme favorable à ce système,
quoiqu'il ne soit pas très explicite, un arrêt de Colmar du 29 décembre 1859
et Paris, 3 juin 1867. En sens contraire : Cour de cassation, ch. des requêtes,
20 et 21 novembre 1860 (D. P. 1860,1, p. 473); Amiens, 11 décembre 1860;
Colmar, 6 mars 1860 (D. P. 1860, II, 169); Douai, arrêt du 18 août 1860 (D.
P. 1860, II, 215); Bordeaux, 28 août 1860 (D. P. 1860, II, 213) et Dijon, 11
mai 1860 (D. P. 1860, II, p. 144). La question ayant été soumise à la cham-
bre civile par suite de l'admission de deux pourvois formés contre les arrêts
des Cours d'Angers et d'Orléans, la chambre civile a décidé que si l'action du
ministère public, en matière civile, n'était pas recevable toutes les fois que
l'ordre public était intéressé, il y avait des textes qui lui accordaient le droit
d'action pour les rectifications des actes de l'état civil. (Arr. du 22 janvier
1862. Gazette des Tribunaux du 26 janvier 1862.) Cet arrêt a été rendu sur
les conclusions de M. Dupin, qui avait dépassé dans ses conclusions la doc-
trine admise par la chambre civile car, il avait soutenu que l'action du mi-
,
nistère public était recevable dans tous les cas où l'ordre public était inté-
ressé. (V. le journal le Droit, numéro du 25 janvier 1862 et Moniteur du 19
février 1862 et D. P. 1862, I, 5. V. sur ce dernier arrêt le rapport de M. La-
borie. La Cour de cassation de Belgique a dernièrement eu à s'occuper de
cette question et l'a tranchée dans le sens de la recevabilité de l'action. Arr.
du 5 mai 1881 (D. P. 1881, II, 241). Voir les conclusions de M. Faider, pro-
cureur général.
B. — II. 3
34 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
disposé pour l'avenir. Mais le nom de terre ainsi ajouté au nom de famille
ne peut être pris isolément. Cour cass., ch. req., 2 février 1881 (D. P. 1881,
I, 339).
1 Voir le texte de l'arrêt et les conclusions de M. Dupin dans le Moniteur
avoir dit qu'elle lui paraît contraire aux principes, émet l'opinion que l'ac-
tion devrait appartenir, en ce cas au ministre de la Guerre.
,
1 D.P. 1861, I, 87.
ÉGALITÉ CIVILE. 39
raisons déduites par le procureur général auraient dû, selon
nous, faire admettre l'action du ministère public, mais la
Cour suprême, dans l'intention louable de restreindre autant
que possible, cette espèce de procès, a jugé que la mention
de l'acte de l'état civil étant conforme à la réalité il n'y avait
pas d'intérêt suffisant, pour l'ordre public, à faire réparer l'ir-
régularité provenant d'une surcharge.
DROIT COMPARE.
les serfs, soit avec la terre, soit séparément, pourvu que l'a-
cheteur possédât d'autres serfs. La loi ne permettait cependant
pas de séparer dans la vente les membres de la même famille.
Ce dernier tempérament était fort ancien et remontait jusqu'à
Pierre le Grand 1.
Un rescrit impérial du 27 novembre 1857 a posé les bases
suivantes pour l'affranchissement des serfs.
« 1° Les seigneurs conservent le droit de propriété sur toute
la terre de leurs biens.
« 2° Les paysans gardent l'enclos qu'ils acquièrent en propre
au moyen du rachat.
" 3° Des terres cultivables, en quantité suffisante pour leurs
besoins et garantissant leur solvabilité envers le fisc et le sei-
gneur de la terre, sont mises à la disposition des paysans qui
en paieront la rente , soit en argent, soit en travail. »
Le propriétaire peut vendre aux paysans les terres qu'il doit
laisser à leur disposition; mais il n'y est pas obligé et peut, s'il
le préfère, s'en tenir au contrat où il a stipulé soit des cor-
vées, soit des redevances pécuniaires. En cas de vente, les rede-
vances sont capitalisées à 6 0/0 et la somme ainsi fixée est
payée moitié en titres nominatifs au nom du vendeur à 5 1/2,
non négociables à la Bourse et moitié en titres au porteur à 5 0/0
négociables à la Bourse comme les fonds publics. L'État retient
20 0/0 pour frais de recouvrement et non-valeurs. C'est la
commune qui doit rembourser l'État et de là découlent les pou-
voirs de la commune sur les paysans, pouvoirs qui suivent
les débiteurs même au delà des limites du territoire communal.
La libération envers l'État a lieu par le paiement de 49 annuités
1
«Le gouvernement voulant se rendre compte des changements produits
par l'émancipation, a chargé une commission de faire une enquête dont les
résultats ont été publiés en 1873. En 1873, la condition des paysans a éprouvé
matériellement et moralement une amélioration sensible dans le nord-ouest,
à l'exception des contrées marécageuses de Pinsk et des rives du Pripet.
Dans le sud, l'aisance a augmenté sans que la moralité ait fait des progrès.
Aucune amélioration ne s'est produite dans la petite Russie. Dans le reste
de l'Empire, l'accroissement du bien-être est très peu sensible et les facultés
intellectuelles et morales sont aussi peu développées qu'auparavant. Enfin,
dans la grande Russie, la consommation de l'eau-de-vie a pris un accroisse-
ment considérable. L'exploitation en commun continue à dominer. Le paysan
est rivé à la commune tant qu'il n'a pas achevé de payer le rachat et, en
attendant, il n'a guère fait autre chose, que d'échanger la tutelle du seigneur
contre celle de la commune. » Dict. polit., V° Russie t. II, p. 882.
,
ÉGALITÉ CIVILE. 43
Les quatre classes qui suivent comprennent les colonels
« ,
lieutenants-colonels, majors, capitaines d'état-major et des fonc-
tionnaires civils. Dans les cinq dernières sont tous les officiers
,
inférieurs avec certains fonctionnaires.
« La noblesse est héréditaire dans les cinq premières classes
et personnelle dans les quatre suivantes ; les fonctionnaires des
dernières classes deviennent nobles par l'avancement. Tout
noble doit à l'État un service personnel sous peine de déchéance
de la noblesse si trois générations se passent sans que cette con-
dition soit remplie. Les titres sont ceux de prince, comte et de
baron. On comptait en 1867, 591,266 nobles héréditaires et
327,764 nobles personnels 1. »
Toute la noblesse russe, même la noblesse de naissance,
tire son origine des services de cour qui furent à l'origine
récompensés par des attributions immobilières. Le service de
cour fut même longtemps obligatoire pour les membres de la
noblesse, car, d'après la législation établie par Pierre le Grand,
une famille qui, pendant deux générations consécutives, de-
meurait hors du service, perdait ses droits de noblesse. Cette
règle a été abolie par Pierre III. Si la plupart des nobles
entrent au service, la plupart ne font que le traverser.
Aussi remarque-t-on dans la noblesse russe deux types bien
différents : le propriétaire et le fonctionnaire. « Ils représen-
tent, dit M. Anatole Leroy-Beaulieu, et personnifient deux
tendances en lutte dans toute société. L'un, le grand pro-
priétaire a aujourd'hui pour alliées les appréhensions inspirées
,
par l'instabilité et les révolutions de l'occident; il a pour lui
les terreurs conservatrices et la secrète faveur des influences
de cour. L'autre, le fonctionnaire, a l'avantage de mieux re-
présenter la tradition nationale, et, en même temps, d'obéir
au penchant le plus manifeste de la civilisation moderne. La
noblesse russe, telle qu'elle est sortie de l'histoire, est une
sorte de Janus à deux faces, face de propriétaire et de gen-
tilhomme. De ces deux hommes, le premier est naturellement
dernières réformes, dit le même écrivain, du règne d'Alexandre II, les no-
bles étaient personnellement en possession de trois privilèges principaux, et
encore le partageaient-ils depuis longtemps avec les classes dites privilé-
giées, c'est-à-dire avec le clergé et les marchands. Ils étaient affranchis de
la conscription militaire, affranchis de l'impôt direct ou capitation, affran-
chis enfin des châtiments corporels. De ces trois immunités, la première a
été abrogée par l'introduction du service obligatoire, en 1876; la dernière a
été étendue à toutes les classes ; la seconde aura bientôt aussi cessé d'être
un privilège. Les paysans restent seuls soumis à la capitation dont la sup-
pression est décidée en principe » (ib., p. 366).
ÉGALITÉ CIVILE. 45
art. 15, porte que tous les Espagnols, sans distinction, autre
que celle de leur mérite ou de leur capacité, sont admissibles
aux emplois publics. La Noblesse et spécialement la Grandesse
y occupe cependant en fait une place considérable dans l'opi-
nion publique et la considération sociale : « La Grandesse
(grandezza) est une dignité propre à la monarchie espagnole.
C'est le plus haut titre d'honneur que la noblesse puisse pos-
séder. L'origine de cette institution est toute féodale; de temps
immémorial les principaux feudataires de la couronne avaient
joui du privilège de parler couverts au roi; mais leur nombre
s'étant fort augmenté, le roi Philippe Ier se réserva le droit
d'inviter à se couvrir tel ou tel de ses grands seigneurs aux-
quels on donna la qualification de grands 1. »
Un décret du 28 décembre 1846, suivi d'une instruction
royale du 14 février 1847, a institué un catalogue alphabétique
des « grands d'Espagne et des titres légalement autorisés dans
le royaume. » Ce catalogue imprimé occupe 94 pages de l'al-
manach officiel. En vertu du décret du 28 décembre 1846,
chaque titré est tenu de faire reconnaître son titre pour avoir
droit à l'inscription, et, à chaque décès, l'aîné qui hérite du
titre doit obtenir un certificat d'investiture.
Comme en Espagne, en Portugal les titres sont vérifiés et
catalogués; l'Almanach royal en donne la liste, et, à chaque
mutation, le successeur du titre se pourvoit d'un titre réco-
gnitif 2.
54. Angleterre. — L'Angleterre est tout à la fois un
pays de grande aristocratie et d'égalité civile. La noblesse
ne confère aucun privilège, et les lords sont soumis aux
charges publiques comme le bourgeois et l'ouvrier. La pairie
ne constitue pas un ordre dans l'État, ou du moins c'est une
dignité; elle est accessible aux hommes qui se distinguent à un
degré éminent dans l'armée, le barreau, les lettres ou l'in-
dustrie; elle absorbe tous les talents, et par cette intelligente
politique l'esprit aristocratique se fortifie en se propageant
les m ots Hof, Lehen recht, et surtout le mot Adel, 2e partie Rechts-zu-Stand
des deutschen Adels, t. I, p. 52.
LIBERTÉ INDIVIDUELLE. 51
CHAPITRE TROISIÈME.
LIBERTÉ INDIVIDUELLE.
Sommaire.
56. En quoi consiste la liberté individuelle.
57. Restrictions à la liberté individuelle.
58. Différence de notre législation avec celle de l'Angleterre.
59. Opinion de Hume sur l'habeas corpus.
60. Suspension de l'habeas corpus.
61. Circonstances principales où, dans notre pays, la liberté individuelle a été sus-
pendue par des raisons d'État.
62. Suite.
63. Suite.
64. Suite.
65. Observation sur les atteintes portées à la liberté individuelle.
66. Pouvoirs exceptionnels donnés par la loi du 9 juillet 1852 au préfet de police à
Paris et au préfet du Rhône.
67. Observations sur ce point.
68. Les lois sur la mendicité sont-elles contraires à la liberté individuelle ?
69. Des filles soumises.
70. Du passeport.
71. Des passeports à l'intérieur et à l'étranger. — Conditions et formalités.
72. Des actes équivalant à passeport.
73. Passeports gratuits aux indigents.
74. Suppression des passeports pour les Anglais venant en France.
75. L'individu auquel le passeport est refusé a-t-il une voie de recours à
employer?
76. Le recours par la voie contentieuse est-il admissible?
77. Suite.
78. Suite.
79. Liberté individuelle considérée dans le costume.
80. Liberté individuelle considérée au point de vue du port d'armes.
81. Que faut-il entendre par armes cachées ou secrètes?
82. Suite.
83. Des armes de guerre.
84. Suite.
83. Suite.
82 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
avec
Ceux
dans les
cas
suivants
:
1° si l'ordre d'arrestation était décerné
en dehors des cas prévus par la loi et pour faits non
si
pénale
punissables 2° ; le
prévenu était
retenu sans être
renvoyé
devant le
juge, ou si l'ordre de magistrats uncompé- émanait
stationner dans les rues, d'y former des groupes on d'y tenir des propos
Indécents. (Arrêt de la Cour de cassation du 23 avril 1842.)
— Voir le cha-
pitre de la prostitution publique, dans l'ouvrage de Frégier sur les classes
dangereuses de la société, t. I, p. 153. Vivien, Études administratives, t. II,
p. 218. Serrigny, Droit public, t. I, p. 452, et MM Chauveau et Faus-
tin-Hélie (Théorie du Code pénal) t. III, p. 104, 1re édit.) contestent, an
,
point de vue de la légalité, le pouvoir que s'est arrogé la police de faire des
règlements sur les maisons de débauche avec la sanction de la peine d'em-
,
prisonnement, même au delà, d'une année.
1 L'inscription d'office d'une fille
sur le registre des prostituées n'établit
qu'une simple présomption et ne fait pas obstacle, dans le cas de refus de
se présenter aux visites sanitaires, à. ce que la fille demande à prouver qu'elle
ne se livre pas à la prostitution. G. cass. crim., 11 juillet 1879 (D. P. 1880,
I, 93).
62 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1V. cependant C. d'Et., arr. du 13 mars 1867 (D. P. 1867, III, 98) en
matière de permis de chasse et infrà, n° 88.
B. — II. 3
66 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
de la Cour de cassation des 26 mars 1835 et 10 mars 1836). Cela résulte d'un
passage du rapport de M. Dumon sur la loi du 24 mai 1834. Le rapporteur
déclare que "les infonction dont il s'agit consistent dans un fait purement
matériel"
LIBERTÉ INDIVIDUELLE. 69
d'armes de guerre. Mais la loi du 24 mai 1834 n'a entendu
lier le juge par aucune disposition limitative, et en présence
de la difficulté qu'il y avait, à définir les armes de guerre 1,
elle s'en est rapportée à l'appréciation des tribunaux. Quant
aux éléments de cette appréciation, la définition donnée par la
loi du il juillet 1860 sur la fabrication des armes, de guerre est
applicable à la répression faite en vertu de la loi de 1834.
85. Les articles a et suivants de la loi du 24 mai 1834
punissent le fait de porter les armes dans un mouvement in-
surrectionnel.
Le Code pénal ne punissait le fait de descendre en. armes
dans la rue, que lorsque l'individu était, affilié au complot
et qu'on pouvait prouver sa complicité; mais c'était souvent
chose fort difficile à établir, parce que la plupart des insur-
gés descendent spontanément, sous l'impulsion de leur pro-
pre opinion, et sans qu'il y ait trace de complot en ce qui
concerne le plus grand nombre. Aussi la loi nouvelle a pro-
noncé des peines spéciales contre les individus qui auraient
porté les armes dans un mouvement insurrectionnel, sauf à
poursuivre comme passibles de plus fortes peines ceux qui
seraient convaincus d'avoir pris part au complot. Il existe
donc deux actions distinctes et qui peuvent être exercées suc-
cessivement contre le même individu si, après qu'un accusé
a été condamné comme coupable d'avoir porté les armes dans
un mouvement insurrectionnel, on saisissait la trace de sa
participation au complot 2.
1 C. d'Etat, 13 mars 1867 (D. P. 1867, III, 98). Cet arrêt fut rendu sur les
conclusions conformes de M. Aucoc qui sont reproduites in extenso par Dal-
loz, loc. cit. — « Si vous n'êtes pas juges de ce débat, qui donc en serait le
juge? — Les tribunaux de l'ordre judiciaire? Evidemment non; ils n'ont
reçu mission de contrôler l'administration que dans les cas expressément
définis, et celui-ci n'est pas du nombre. — Le recours ne pourrait donc pas
être porté devant, un juge. » V. Giraudeau et Lelièvre, La chasse, 2e édit.,
p. 144.
2 Article 9 de la loi du 3 mai 1844.
DROIT COMPARE.
CHAPITRE QUATRIÈME.
INVIOLABILITÉ DU DOMICILE.
Sommaire.
94. Pénalités prononcées contre l'auteur d'une violation de domicile.
95. Des cas dans lesquels l'autorité publique peut, par exception , s'introduire dans
dans le domicile des particuliers.
96. Suite.
97. Le juge d'instruction a-t-il en principe le droit de faire une perquisition pendant
la nuit?
98. Des cas où le procureur de la République a le droit de visite domiciliaire.
99. Des gardes-champêtres et forestiers comme officiers de police judiciaire.
100. Quid des agents d'exécution, et en particulier des gendarmes?
101. Exécution des condamnations.
102. Visites domiciliaires pour assurer l'exécution des lois sur les contributions
publiques.
103. Droit comparé Belgique, Angleterre et Allemagne.
1 Le mot citoyen employé par cet article ne doit pas être pris dans le sens
restreint que lui donne la loi politique. Ainsi le domicile d'une veuve, d'un
mineur émancipé, d'une fille, d'un failli, est protégé par l'article 184 du Code
pénal, quoique toutes ces personnes soient privées de l'exercice des droits
politiques. Il en est de même du mot domicile qui ne doit pas être pris dans
l'acception restreinte que lui donne l'article 102 du Code civil. Il s'agit ici
de la maison qu'on habite, soit au lieu de la résidence même accidentelle,
INVIOLABILITÉ DU DOMICILE. 79
Quoique la loi ne paraisse s'appliquer textuellement qu'aux
Français, nous pensons, avec M. Serrigny, qu'il faut l'étendre
aux étrangers. « Il y a bien en France, dit-il, des lois restric-
tives de la liberté des étrangers; mais elles ne nous semblent
pas autoriser l'introduction dans la maison de l'étranger en
France, hors les cas prévus et sans l'observation des formes
déterminées pour les Français. Les lois de police et de sûreté
obligeant tous ceux qui habitent le territoire (art. 3 du Code
civil), ils doivent jouir de la sécurité pour leur personne et
leur domicile, comme ils jouissent de la garantie sociale pour
leurs propriétés 1. »
95. Quant aux cas dans lesquels les agents de l'autorité
peuvent s'introduire dans la maison des particuliers2, plusieurs
distinctions sont à faire. D'abord les droits de l'autorité sont
différents, suivant que l'introduction a lieu pendant le jour ou
pendant la nuit.
La nuit, nul ne peut entrer qu'en cas d'incendie, d'inon-
dation ou de réclamation venant de l'intérieur3 . En dehors de
ces cas, on ne peut que prendre des mesures conservatoires et,
par exemple, cerner la maison jusqu'au jour4.
Il est cependant des maisons pour lesquelles l'autorité a plus
de latitude : ce sont les lieux ouverts au public, tels que cafés,
cabarets, boutiques et autres. La loi des 19-22 juillet 1791,
soit au lieu du domicile. C'est ainsi que la constitution du 22 frimaire an
VIII disait : « La maison de toute personne habitant le territoire français est
un asile inviolable. »
1 Droit public, t. I,
p. 407.
2 Les expressions maison d'un particulier sont plus exactes
que celles em-
ployées par l'article 184 : domicile d'un citoyen.
3 Art. 76 de la constitution du 22 frimaire an VIII.
— Loi du 28 germinal
an VI, art. 131, et ordonnance du 29 octobre 1820, art. 184. Le projet de
Code d'instruction criminelle voté par le Sénat a modifié sur ce point la lé-
gislation, mais seulement pour le cas de flagrant délit. L'article 179 permet
d'entrer la nuit dans le domicile lorsqu'il y a flagrant crime en vertu d'un
,
ordre de justice.
4 Le projet de Code d'instruction criminelle voté par le Sénat et
en dis-
cussion à la Chambre des députés, a un peu étendu les pouvoirs de l'auto-
rité pour pénétrer, pendant la nuit, dans la maison d'un citoyen (art. 10 et
179).
80 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
titre Ier, articles 9 et 10, permet aux agents de l'autorité d'y
entrer jusqu'à l'heure où le public cesse d'y être admis. « Que
signifie l'article 10 de la loi des 19-22 juillet 1791? disait, en
1829, M. le procureur général Mourre devant la Cour de cas-
sation. Cela signifie que quand un lieu où tout le monde est
admis indistinctement est ouvert pendant la nuit, et que tout
individu peut y entrer, il doit bien être permis à l'officier pu-
blic de s'y introduire. »
D'ailleurs, après l'heure où l'établissement se ferme et où
le public ne peut plus entrer, le droit commun reprend son
empire et le lieu public devient un asile inviolable 1.
96. Pendant le jour, les agents de l'autorité ont le droit de
s'introduire dans les maisons des particuliers dans les cas assez
nombreux qui peuvent être classés sous les divisions suivantes :
1° surveillance exercée par les agents de l'autorité publique,
pour prévenir les infractions aux lois de police et de sûreté.
« Nul officier municipal, dit l'article 8 de la loi des 19-22 juillet
1791, ne pourra s'introduire dans les maisons des citoyens, si
ce n'est pour la confection des états ordonnés par les articles
1, 2 et 32, et la vérification des registres des logeurs, pour
l'exécution des lois sur les contributions directes ou en vertu
des ordonnances, contraintes et jugements dont ils seront por-
teurs , ou enfin sur le cri des citoyens invoquant, de l'intérieur
d'une maison, le secours de la force publique. »
97. 2° La seconde catégorie de cas où les agents de l'autorité
peuvent entrer dans les maisons des citoyens, comprend les
actes relatifs à la recherche des crimes et délits.
En principe, le droit de visite domiciliaire n'appartient qu'au
juge d'instruction (art. 87 et 88 du Code d'instruction crimi-
nelle). Comme ces articles ne font aucune distinction, quelques
écrivains en ont conclu que le droit du juge d'instruction était
absolu, et qu'il pouvait, le jour comme la nuit, faire des
perquisitions à domicile. Mais cette conclusion est en contra-
Arrêt de la Cour de cassation, en date du 12 novembre 1840. — Serri-
1
DROIT COMPARE.
1 V. spécialement loi des 6-22 août 1791, tit. XIII, art. 36 ; loi du 28 avril
1816, art. 38 et 39, 59 et 60 ; loi du 6 mai 1841, art. 1.
2 M. Batbie avait fait au Sénat une proposition tendant à rendre efficace
la protection du domicile, comme il avait proposé d'augmenter les garanties
de la liberté individuelle. La prise en considération fut rejetée par le Sénat.
V. Tribunal des conflits, jugement du 5 novembre 1880 (D. P. 1880, III, 121).
86 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
faite que dans les cas prévus par la loi et dans la forme
qu'elle prescrit. » Il est peu de Constitutions qui ne con-
tiennent une disposition semblable et à peu près dans les
mêmes termes 1. La Constitution du Brésil du 25 mars 1824,
article 179, § 7, porte : « Tout citoyen a dans sa maison
un asile inviolable. On n'y peut pénétrer de nuit, sinon avec
son consentement ou pour combattre un incendie ou une
inondation. » Nous la citons spécialement parce que c'est celle
qui se rapproche de plus de notre loi.
En Angleterre, les recherches domiciliaires ne peuvent être
faites qu'en vertu d'un mandat de perquisition (Search warrant),
et la loi laisse au juge le soin d'apprécier dans quels cas il
y a lieu à les ordonner. L'endroit où la perquisition sera
faite doit être exactement déterminé, et l'on considérerait
comme illégaux les mandats qui ordonneraient les perquisitions
dans toute l'étendue d'un district. Les visites domiciliaires ne
peuvent être faites de nuit qu'en cas d'urgence et spécialement
lorsqu'il s'agit de pénétrer dans des maisons suspectes.
L'inviolabilité du domicile est poussée si loin en Angleterre
que l'on a pu dire de la maison du citoyen qu'elle était une
véritable forteresse2 et que lord Chatam a pu prononcer, à ce
sujet, ces remarquables paroles : " L'homme le plus pauvre
peut braver dans sa chaumière tout le pouvoir de la couronne.
Qu'elle tombe en ruines que le toit en soit percé, que le vent
,
CHAPITRE CINQUIÈME.
INVIOLABILITÉ LE LA PROPRIÉTÉ.
Sommaire.
104. Le principe que nul ne peut être privé de sa propriété que pour cause d'utilité
publique et moyennant une juste et préalable indemnité, est un principe de
l'ordre constitutionnel et non une simple disposition législative.
105. Article 15 de la loi du 21 mai 1836.
106. Des cas où les ingénieurs se mettent en possession d'une propriété privée sans
formalités préalables.
107. Servitudes d'utilité publique.
108. Ces servitudes ne donnent pas droit à indemnité.
109. L'embellissement devrait-il être un motif suffisant pour procéder par voie
d'expropriation?
110. Modification de la loi du 3 mai 1841 par le sénatus-consulte du 25 décembre 1852.
111. Suite. — Observation.
112. Modification résultant de la loi du 27 juillet 1870.
113. L'expropriation pour cause d'utilité publique ne peut avoir lieu que par autorité
de justice.
114. L'expropriation pour cause d'utilité publique est inhérente à toute société. —
Elle existait en droit romain. — Erreur de Proudhon sur ce point.
115. En droit romain, l'expropriation s'appliquait aux meubles et aux immeubles.
116. Elle pouvait être faite par l'État ou les municipes.
— Formalités.
117. L'indemnité n'était pas préalable.
118. En quoi consistait l'indemnité?
119. Expropriation sous l'ancien droit français.
120. Expropriation pour cause d'utilité publique en Angleterre.
121. — — — en Espagne.
122. — — — en Bavière.
1 Nous ne doutons pas que cette anomalie ne disparaisse lorsque sera faite
la loi générale, depuis longtemps en préparation sur l'expropriation.
,
2 Nous développerons cette matière dans
un chapitre spécial du Traité de
droit administratif.
94 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
DROIT COMPARE.
CHAPITRE SIXIÈME.
Sommaire.
123. Le secret des lettres a plusieurs fois été reconnu constitutionnellement.
124. Restrictions apportées à ce principe en cas d'information criminelle.
125. Les préfets ont-ils le droit de faire saisir les lettres à la poste sans le concours
du juge d'instruction?
126. Suite.
127. Suite.
128. Droit comparé. — Belgique, Angleterre et Allemagne.
DROIT COMPARE.
1 Ed. Fischel, Die Verfassung Englands, 97-100, ch. 10. « Quand Crom-
well établit en 1657 le Post-Office, ce fut en partie, comme il le dit lui-même,
parce qu'il voyait dans une institution pareille, indépendamment des avan-
tages que devait en retirer le commerce, un moyen de découvrir et de dé-
jouer plus facilement les complots dangereux et pervers qui se tramaient
contre la République » (Blackstone, I, 322). C'est aussi l'usage qu'en fit,
chez nous, Louis XI, lorsqu'il régularisa l'institution des postes. Les cour-
riers devaient affirmer que les lettres dont ils étaient porteurs « avaient été
vues et ne contenaient rien de préjudiciable au roi. » Sous Louis XIV et
Louis XV l'ouverture des correspondances fut constamment pratiquée.
Louis XV allait chercher dans le secret des lettres jusqu'à des renseigne-
ments pour sa lubricité. Sous Louis XVI, un arrêté du 18 août 1775 con-
sacra le principe du secret des lettres en mettant la correspondance des
citoyens « au nombre des choses sacrées dont les tribunaux, comme les
particuliers, doivent détourner les regards. » — Mais le Cabinet noir ne
tarda pas à être rétabli et les partis en firent un usage immodéré pendant
la Révolution. L'Empire, la Restauration et même le Gouvernement de Juillet
se servirent de cette arme. D'après une pièce publiée par le Journal officiel
de la Commune, si elle est vraie, le Cabinet noir aurait fonctionné sous le
second Empire (n° du 8 mai 1871).
106 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
CHAPITRE SEPTIÈME.
LIBERTÉ DE LA PRESSE.
Sommaire.
129. Ce qui constitue essentiellement la liberté de la presse.
130. Différents systèmes sur le jugement des délits de presse.
131. Timbre et cautionnement.
132. Responsabilité de l'écrivain.
133. La question de la liberté de la presse n'est pas susceptible d'une solution absolue.
134. Différence entre la France et l'Angleterre.
133. Conséquences qui en doivent résulter.
136. Circulaire du ministre de l'Intérieur.
137. Observation.
138. Histoire de la législation sur la presse en France (1791 à l'an VIII).
139. Suite. Constitution du 22 frimaire an VIII.
140. Suite. Sénatus-consulte du 28 floréal an XII.
141. Suite. Décret du 5 février 1810.
142. Suite. Charte de 1814 et Cent-Jours.
143. Suite. Ordonnance du 8 août 1815 et lois de 1819.
144. Suite.
145. Suite.
146. Suite.
147. Suite. Révolution de juillet 1830.
148. Suite.
149. Suite. Législation de septembre 1835.
150. Suite.
151. Suite. Révolution de février 1848.
152. Suite.
153. Suite.
154. Suite. Décret du 17 février 1852.
155. Police et formation des journaux.
156. Censure indirecte résultant de la responsabilité des imprimeurs et éditeurs.
157. Presse périodique. — Autorisation des journaux.
158. Nature des pouvoirs du ministre.
159. Timbre et cautionnement d'après le décret du 17 février 1852.
160. Journaux non politiques.
161. Difficultés entre le préfet et le déclarant sur la sincérité des déclarations.
LIBERTÉ DE LA PRESSE. 107
162. Ouvrage traitant de matières d'économie sociale.
163. Décret-loi du 17 février 1852. — Répression administrative.
164. La presse de 1871 à 1881.
165. Loi du 29 juillet 1881. — Divisions.
166. De la presse en général et des professions d'imprimeur et de libraire.
167. De la presse périodique.
— Conditions.
168. Dépôt.
169. Signature.
170. Journaux étrangers traitant de matières politiques ou d'économie sociale.
171. Rectifications, communiqués.
172. Réponses des personnes nommées dans le journal.
173. Renvoi à une loi spéciale des amendes judiciaires.
174. Affichage, colportage et vente sur la voie publique.
175. Lieux désignés pour l'affichage. Edifices publics, propriétés privées, églises,
presbytères.
176. Répression des crimes et délits commis par la voie de la presse. — Transition.
177. Provocation et complicité.
178. Provocation non suivie d'effet.
178 bis. Provocation aux militaires.
179. Délits spéciaux commis par la voie de la presse. — Délits contre la chose
publique.
180. Offense au Président de la République.
181. Publication de fausses nouvelles.
182. Outrage aux bonnes moeurs.
183. Délits contre les personnes. — Diffamation.
184. Diffamation contre les morts.
185. Diffamation des corps constitués.
186. De l'injure.
187. Différence de la diffamation contre les particuliers et de la diffamation contre les
fonctionnaires. Preuve des faits.
188. Preuve des faits contre les directeurs et administrateurs de Compagnies.
189. La preuve des faits est-elle admise pour établir la bonne foi du prévenu?
190. Offense envers les chefs d'État. Outrages envers les agents diplomatiques.
191. Compte-rendu des débats.
192. Immunités parlementaire et judiciaire.
193. Immunité parlementaire. — Débats des assemblées législatives.
194. Suite.
195. Immunité judiciaire. — Droits de la défense.
196. Suite.
197. Suite.
198. Suite.
199. Défense d'ouvrir publiquement des souscriptions pour payer les amendes frais
,
et dommages-intérêts prononcés par des condamnations.
200. Répression et poursuites. Transition.
201. Quelles personnes sont responsables?
202. Suite.
203. Suite. Responsabilitédu propriétaire du journal.
204. Compétence, principe, cour d'assises.
205. Suite. Police correctionnelle.
108 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 M. de Persigny.
LIBERTÉ DE LA PRESSE. 113
roman-feuilleton.
Avant même la réunion de l'Assemblée nationale, le gou-
vernement provisoire avait, par le décret du 22 mars 1848,
tranché une question qui, dans les dernières années, avait fait
grand bruit sous le nom de disjonction des actions publique
et civile.
Les lois avaient admis que lorsqu'un fonctionnaire se plain-
122 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
de la Revue du Nord.)
LIBERTÉ DE LA PRESSE. 127
Une loi des 2-9 juillet 1861 disposa qu'après deux ans les aver-
tissements seraient périmés, de sorte qu'à l'expiration des
deux ans le ministre ne pouvait suspendre le journal averti
qu'après deux nouveaux avertissements. Enfin, un journal,
même quand il n'avait été ni averti ni condamné, pouvait être
supprimé par mesure de sûreté générale; la loi voulait qu'en
ce cas la suppression fût prononcée par décret.
161. La répression judiciaire était régie par le décret du
17 février 1852, combiné avec les dispositions des lois anté-
rieures qui n'avaient, pas été formellement abrogées ou qui
n'étaient pas inconciliables avec les termes et l'esprit de la loi
de 1852. L'article 25 déférait aux tribunaux de police cor-
rectionnelle tous les délits et contraventions.
Après la révolution du 4 septembre 1870, des décrets du
gouvernement de la Défense nationale supprimèrent le droit
de timbre et le cautionnement (Décrets des 5 septembre et 10
octobre 1870). Il ne fut pas durant le siège touché aux lois
sur la répression des délits de presse et la nécessité ne s'en fit
pas sentir, car de fait les journaux jouirent pendant cette
période d'une liberté absolue. C'est l'Assemblée nationale sié-
geant à Versailles qui rétablit la compétence du jury en ma-
tière de presse, sauf quelques exceptions qui furent réservées
aux tribunaux de police correctionnelle (Loi du 15 avril 1871).
Mais l'Assemblée ne tarda pas à revenir de la confiance qu'elle
avait d'abord témoignée à la presse, et dès le 6 juillet 1871,
elle rétablit le cautionnement; elle reconnut aussi, quelques
années après, que la répression par le jury était insuffisante, et
par la loi du 29 décembre 1875, elle augmenta considérable-
ment la compétence des tribunaux de police correctionnelle (art.
5 de la loi).
Les lois de 1870, 1871 et 1875 ont été remplacées par la
loi largement libérale du 29 juillet 1881. Cette loi a supprimé
,
en ce qui concerne la formation des journaux, non-seulement
toute autorisation préalable, mais aussi les mesures indirecte-
ment préventives, le cautionnement et le timbre; elle a même
déclaré libre la profession d'imprimeur et de libraire afin d'af-
franchir les écrivains de la censure indirecte que leur imposait
128 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Amende de 5 à 15 fr.
LIBERTÉ DE LA PRESSE. 129
9
Ni la mention du nom de l'imprimeur, ni le dépôt ne sont
exigés pour les circulaires industrielles ou commerciales, pour
de la publication est hors de France, alors même qu'il serait rédigé en langue
française et par des écrivains français. C. Paris, 10 décembre 1868 (D. P.
1869, 1,529).
LIBERTÉ DE LA PRESSE. 133
132. Le gérant est également tenu d'insérer gratuitement
la réponse de toute personne 1 nommée ou désignée dans le
journal. Cette insertion doit être faite dans les trois jours ou,
si la publicité est plus rare, dans le plus prochain numéro.
Lorsqu'elle ne dépasse pas le double de l'article auquel elles
répondent, la réponse doit être gratuitement insérée. Au delà
du double, l'excédent doit être inséré mais au prix des annonces
judiciaires. Quand il s'agit de rectifications demandées par les
agents de l'autorité, l'insertion de ce qui excède le double
ne peut pas être exigée, même si on offre de payer la taxe des
annonces judiciaires (art. 13).
Enfin la loi veut que la réponse des personnes désignées soit
insérée à la même place, dans le journal, que celle où était
l'article auquel le requérant répond. Quant aux rectifications
de l'autorité, elles sont placées en tète du journal.
133. La loi du 29 juillet 1881 n'a pas résolu la question
de la désignation des journaux pour les annonces judiciaires.
La commission fut d'avis, comme le gouvernement, que cette
question ne devait pas être traitée accessoirement et dans un
seul article d'une loi sur la presse. La question fut donc ren-
voyée à une loi spéciale que le gouvernement prit l'engage-
ment de proposer sans retard. Il résulte de là que cette matière
continue à être régie par la législation antérieure. Mais la
législation antérieure est, sur ce point, dans une grande con-
fusion. A Paris et dans le département de la Seine, la désigna-
tion des journaux continue à être faite par le préfet, tandis
que dans les autres départements ce sont les parties qui appré-
ciant leur intérêt, choisissent les journaux où sera faite l'in-
sertion. Le décret du 28 décembre 1870, qui donna aux parties
le choix du journal n'a été promulgué que dans les départe-
ments par la délégation de Tours, et c'est pour cela que Paris
est encore régi par la loi du 17 février 1852. Le projet qui
avait été adopté par la Chambre des députés adoptait l'usage
suivi dans les départements : « Les annonces judiciaires, disait
l'article 14, pourront être insérées, au choix des parties dans
,
l'un des journaux publiés en langue française dans le dépar-
tement. Néanmoins toutes les annonces judiciaires relatives
à la même procédure de vente seront insérées dans le même
journal. » C'est l'article qui fut supprimé par le Sénat.
131. De l'affichage, du colportage et de la vente sur la
voie publique. Le colportage, l'affichage et la vente sur la
—
voie publique ont été l'objet de nombreuses dispositions qui
les ont successivement régis. L'autorisation préalable a d'a-
bord été exigée 1 purement et simplement; puis quelques ga-
ranties ont été accordées à ceux qui exerçaient ces profes-
sions 2. Enfin on a pour ces professions auxiliaires de la presse,
comme pour la presse elle-même, remplacé l'autorisation préa-
lable par la déclaration. C'est le régime adopté par la loi du
comprenait les journaux dans l'énumération des écrits auxquels elle serait
applicable rendait inutile la loi du 29 décembre 1878 qui leur était spéciale
et en entraînait virtuellement l'abrogation. Aussi l'abrogation fut-elle expres-
sément prononcée par l'article 6 de la loi du 17 juin 1880.
1 Ainsi la loi du 29 juillet 1881 n'exige pas, comme les lois de 1878 et de
1880, qu'onjustifie de la qualité de Français.
2 Art. 18, § 2.
136 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Les contraventions aux lois sur l'affichage sont punies de peines de simple
police (art. 15). Les contraventions aux dispositions sur le colportage sont
punies de l'amende de 5 à 15 fr. et peuvent être punies de l'emprisonnement
d'un à cinq jours. L'emprisonnement doit être prononcé en cas de récidive
(art. 21).
2 Cass., ch. crim., 11 novembre 1882 (D. P. 1883, I, 362) et 16 février
prouver qu'il était de bonne foi : Cass., 18 mars 1881. On ne considère pas
comme une diffamation le fait par une personne à qui on demande des ren-
seignements de dire ce qu'elle sait sur un domestique : C. de Lyon, 3 mars
1881.
1 Il faut que l'imputation du fait diffamatoire ait été faite avec publicité. Il
ne suffit pas que le lieu fût public ; il faut qu'il y ait du public. La Cour de
cassation reconnaît que la nature du lieu ne suffit pas pour qu'il y ait publi-
cité. Un lieu public, quand il n'y a personne, est, au point de vue de la dif-
famation, semblable à une maison privée. C'est aux tribunaux qu'il appartient
d'apprécier si la publicité résulte des circonstances, et comme c'est un élé-
ment constitutif du délit, la Cour de cassation peut rechercher s'il y a eu
publicité : Cass., 26 nov. 1864. La publicité se présume lorsque le lieu est
ouvert au public et c'est au prévenu à prouver qu'il n'y avait pas de public
quand l'imputation a été faite. La publicité pourrait exister dans un local
privé et spécialement dans une cour privée, si la diffamation était faite de-
vant plusieurs personnes assemblées dans cette cour.
144 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
consacré par l'article 13 de la loi. C. de Dijon, 29 mars 1882 (D. P. 1882, II,
135).
150 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
lateur a pensé aussi que des orateurs parlant sur des questions
si hautes et devant un public si nombreux ne feraient pas des-
cendre des débats de cette importance à de misérables person-
nalités, surtout à des imputations diffamatoires ; il a pu espérer
que l'impression produite par de pareilles déviations, avertirait
l'orateur de son égarement et, au besoin, serait une réparation
pour la personne diffamée. Enfin, en admettant que toutes ces
prévisions fussent en défaut, le nombre des infractions serait si
petit, que l'intérêt général devrait prévaloir. Aucune de ces
garanties ne se trouve dans les assemblées locales, et il était à
craindre qu'au milieu des petites rivalités de village la discus-
sion, si elle était affranchie de toute responsabilité, ne dégénérât
souvent en attaques personnelles. La diffamation y aurait été fré-
quente et ce qui n'était qu'une rare exception à redouter pour
les discussions des Chambres serait devenu presque la règle
pour les petites assemblées. Aussi les amendements tendant à
l'extension de l'immunité parlementaire ont-ils été rejetés 1.
191. Le compte rendu des débats partementaires participe
de l'immunité des orateurs. « Ne donnera lieu à aucune action
le compte rendu des séances publiques des deux Chambres
fait de bonne foi dans les journaux » (art. 41, § 2). La loi
n'exige pas que le compte rendu soit fidèle, mais seulement
qu'il soit fait de bonne foi. Même fait de mauvaise foi, il ne
1 Orléans, 31 mai 1847 (D. P. 1847, II, 161), et Bourges, 1er avril 1881.
LIBERTÉ DE LA PRESSE. 153
récidive dans l'année. Les tribunaux apprécient si les droits
de la défense ont été dépassés et, en cas d'excès, ils pronon-
cent soit des dommages-intérêts contre la partie soit des peines
disciplinaires contre les avocats ou les avoués.
193. Les tribunaux pourraient aussi, au lieu de condamner,
réserver aux parties soit l'action publique, soit l'action civile.
En ce cas, les parties auront le droit d'agir en diffamation,
outrage ou injure comme si l'immunité n'existait pas et l'action
doit être portée non devant le tribunal qui a connu de l'affaire,
mais devant le tribunal qui serait compétent d'après les règles
ordinaires. Cette conclusion résulte du rejet d'un amende-
ment qui proposait d'attribuer la compétence pour les actions
au tribunal qui avait connu de l'affaire 1.
198. Quant aux personnes étrangères au procès, il n'est
point nécessaire que le tribunal leur réserve l'action, cette
réserve étant toujours de droit. L'immunité de la défense ne
pouvait pas aller jusqu'à permettre d'attaquer les tiers qui,
n'étant pas présents, ne pouvaient pas se défendre. Aussi ont-ils
le droit d'agir en diffamation, outrage ou injure comme si les
faits s'étaient passés ailleurs que devant un tribunal et, par con-
séquent, alors même qu'il n'y aurait dans le jugement ou
l'arrêt aucune réserve à leur profit.
Mais que faut-il entendre par tiers au point de vue de cette
disposition? Le tiers est celui qui n'est pas partie au procès;
alors même qu'il serait présent à l'audience; il n'est pas néces-
saire, pour qu'il ait le droit d'agir, qu'il ait fait réserver son
action par le tribunal. Le conseil d'une partie présent à la
barre, les magistrats qui jugent et les experts qui ont fait un
rapport sont des tiers et nous pensons, bien que le contraire
ait été décidé, que les avocats et avoués de la cause devraient
aussi être considérés comme des tiers pour la poursuite des
imputations diffamatoires dont ils seraient l'objet 2.
199. Une disposition de la loi du 29 juillet 1881 défend
1 A peine d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende
de 100 francs à 1,000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
2 De Grattier, 1, 272.
154 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Art. 40.
2 Huit jours à six mois de prison et amende de 100 à 1,000 francs ou
l'une de ces deux peines seulement.
3 Nous ne croyons pas que la prohibition de l'art. 40 fût applicable à la
souscription ouverte pour faire les frais d'un appel ou d'un pourvoi en cassa-
tion : Douai, 23 août 1847 (D. P. 1847, II, 214) et Chassan, 1, 231.
LIBERTE DE LA PRESSE. 155
comme complices, et, en effet, non-seulement ils ont composé
l'article mais concouru à la publication ; car en livrant l'article
et en ne le retirant pas, ils ont par leur consentement persis-
tant rendu la publication possible.
302. Seraient également punissables comme complices
toutes personnes qui auraient concouru à la publication dans
les conditions de droit commun, c'est-à-dire par un des moyens
que prévoit l'article 60 du Code pénal. Cependant l'imprimeur
qui se borne à prêter ses presses et qui fait le travail matériel
sans se rendre compte du but que poursuivaient les éditeurs ou
auteurs, n'est pas considéré comme complice. Il n'y a d'ex-
ception que dans le cas prévu par l'article 6 de la loi du 7 juin
1848 sur les attroupements. Cet article, qui n'est pas abrogé,
punit les imprimeurs s'ils ont sciemment concouru, par l'impres-
sion au fait de provocation à un attroupement.
,
Il est évident, sans qu'il soit besoin de le démontrer, que si
l'imprimeur, dépassant les limites du travail matériel, avait, en
dehors de sa profession, participé à une publication d'écrits
punissables, il serait complice. Comme il ne serait plus, en ce
cas, poursuivi à titre d'imprimeur, l'article 43 de la loi ces-
serait de le protéger.
203. La responsabilité pécuniaire des propriétaires de jour-
naux ou écrits périodiques a donné lieu à de longs débats.
Les déclarer responsables des condamnations prononcées contre
les gérants ou auteurs, serait souvent frapper à faux. Car le
propriétaire peut être un mineur ou tout autre incapable, un
héritier qui, pour administrer sa fortune, est obligé de gar-
der la direction du journal, d'en conserver l'esprit, d'en
maintenir les gérants ou rédacteurs. Ce journal est peut être
l'unique propriété transmise par son père et, s'il la détruit
par fidélité à ses convictions, il perdra toute fortune au grand
détriment de sa famille. Aussi la loi n'a-t-elle pas disposé
que les propriétaires seraient responsables des condamnations
pécuniaires prononcées contre ceux que la loi punit comme
auteurs principaux ou complices du délit de publication. Ils
ne le sont que conformément aux articles 1383 et 1384 du
Code civil. Si le gérant est leur préposé, s'ils peuvent le
156 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
opération (p. 137 du rapport). » Mais le texte dit l'appel des jurés, ce qui
est l'opération préparatoire du tirage et non le tirage au sort du jury. Il
suffit, d'après le texte, que le prévenu soit présent à l'appel. Il n'est pas
nécessaire que le tirage ait commencé. Notre opinion est confirmée par un
argument que fournit la différence de rédaction entre la loi du 27 juillet
1849, article 19, et l'article 55 de la loi de 1881. L'article 19 de la loi de
1849 était ainsi conçu : « Après l'appel et le tirage au sort des jurés, le pré-
venu, s'il a été présent à ces opérations, ne pourra plus faire défaut. » Or,
les rédacteurs de l'article 55 ont supprimé les mots
« tirage au sort » et
n'ont parlé que de l'appel des jurés.
1 V. la note à la
page précédente.
164 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Rapport, p. 139.
2 C'est ce qui a décidé la Cour de cassation, ch. cr., arr. du 29 juin 1882
(D. P. 1882, I, p. 383 et 384).
LIBERTÉ DE LA PRESSE. 165
218. Dans les cas où le juge de simple police est compétent
pour connaître des contraventions en matière de presse, la
poursuite a lieu aussi conformément aux règles prescrites par
le Code d'instruction criminelle (Liv. II, ch. 2 du titre 1er).
819. Le prévenu et la partie civile, quant à ses intérêts
civils, ont le droit de se pourvoir en cassation (art. 61). Ce
droit n'appartient pas au ministère public, en cas d'acquitte-
ment, et le prévenu, même s'il y avait violation de la loi, serait
définitivement libre de la poursuite, sauf le pourvoi que peut
ordonner le ministre de la justice, mais seulement dans l'intérêt
de la loi. '
Le pourvoi doit être fait dans les trois jours qui suivent le
jugement ou l'arrêt par déclaration au greffe du tribunal ou
de la cour. Les pièces seront envoyées dans les 24 heures
après la déclaration, à la Cour de cassation qui jugera dans
les dix jours qui suivront la réception (art. 62). Il n'y a lieu
ni à consignation d'amende ni à constitution du condamné en
prison (art. 61).
La fixation du délai de dix jours n'est qu'une indication pour
la Cour de cassation et son expiration sans jugement n'entraîne-
rait aucune forclusion. Le texte de la loi fournirait seulement
un motif pour rappeler la Cour à l'observation d'une prescrip-
tion légale.
En matière de presse, le pourvoi en cassation est suspensif1.
220. L'aggravation des peines résultant de la récidive n'est
pas applicable aux infractions prévues par la loi sur la liberté
de la presse (art. 63, § 1er). La loi du 17 mai 1819 portait que
l'aggravation résultant de la récidive pourrait être appliquée
en matière de presse (art. 25), et un article (art. 10) permettait
d'élever les amendes au double et même au quadruple. C'était
l'aggravation facultative et non l'aggravation qui, d'après le
Code pénal, est obligatoire
en droit commun. Mais notre loi a
fait un pas de plus en supprimant toute aggravation même fa-
cultative.
221. En cas de conviction de plusieurs crimes ou délits
1 Cass., 30 septembre 1844.
166 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
DROIT COMPARE.
B. — II. 12
178 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
p. 155.
LIBERTÉ DE LA PRESSE. 181
SU. Allemagne. — D'après l'article 18 de l'acte fédéral
de 1815, la Diète de la Confédération germanique devait, avant
tout, s'occuper de rédiger des dispositions communes sur la
liberté de la presse. C'est quatre ans après seulement qu'elle
exécuta cette disposition et elle s'en acquitta par l'établissement
d'un régime contraire à la liberté. Aux termes de la décision
du 20 septembre 1819, aucun journal, aucune publication
non périodique ayant moins de vingt feuilles ne pouvait pa-
raître sur le territoire de la Confédération sans la permission des
autorités fédérales. Cet assujettissement ne devait durer que
cinq années, mais avant l'expiration de ce délai, la Diète trans-
forma la décision temporaire en mesure permanente (16 août
1824). Ce régime a duré jusqu'à la révolution de 1848. Cédant
à la pression de l'opinion publique, la Diète conféra aux auto-
rités de chaque état fédéral le droit de régler la matière de
la presse suivant les circonstances locales; mais en 1854 elle
reprit le pouvoir de censure et d'autorisation, sauf dans les
royaumes d'Autriche, de Prusse et de Bavière. La matière est
aujourd'hui régie par la loi du 7 mai 1874. L'autorisation
préalable est supprimée; le cautionnement et le timbre sont
également abolis et généralement tous les impôts autres que
les taxes ou contributions établies d'une manière générale
sur l'industrie. Tout imprimé destiné à la publicité doit porter
le nom et l'adresse de l'imprimeur ou d'un éditeur domicilié
en Allemagne, excepté pour les imprimés d'usage industriel,
domestique, confidentiel, tels que bulletins de vote.
Les crimes et délits commis par la voie de la presse sont
soumis au droit commun 1.
215. Belgique. — L'article 18 de la constitution Belge
(des 7-25 février 1831) consacre en ces termes la liberté de
la presse : « La presse est libre; la censure ne pourra jamais
être rétablie; il ne peut être exigé de cautionnement des écri-
CHAPITRE HUITIÈME.
LIBERTE RELIGIEUSE.
Sommaire.
254. Divers systèmes suivant lesquels peuvent être combinés les rapports de l'Église
et de l'État.
255. Innovation consacrée par la Charte, de 1830 qui substitue une religion de la
majorité à la religion de l'État.
256. Caractères principaux de notre droit public ecclésiastique.
257. Liberté de conscience.
258. Liberté du culte extérieur.
259. La loi sur les réunions et associations publiques et les lois d'ordre public sont
la seule limite de la liberté des cultes.
260. Réfutation de la doctrine de M. Gaudry.
261. De la liberté religieuse pour les étrangers en France.
262. Les expressions injurieuses pour les adhérents à un culte, quoique contenues
dans les motifs d'un arrêt, ne constituent pas une violation de la liberté religieuse.
263. Protection accordée à la liberté des cultes.
264. Décret du 19 mars 1859.
26o. Liberté du culte catholique art. 45 du Concordat.
,
266. Indépendance réciproque des pouvoirs spirituel et temporel.
267. Réunion des deux puissances.
268. Suite.
269. Suite.
270. Indépendance du pouvoir temporel à l'égard de la Cour de Rome.
271. Suite.
272. Suite.
273. Indépendance du pouvoir temporel à l'égard du clergé français.
274. L'autorité spirituelle a-t-elle, à l'égard du pouvoir temporel, le droit de ré-
quisition?
275. Serment politique des titulaires de bénéfices ecclésiastiques.
276. Indépendance à l'égard du pouvoir temporel de l'autorité spirituelle.
277. Quid des monitoires ?
278. Transition.
279. La police du temple appartient au ministre du culte.
280. Le maire ne peut pas, en principe, tenir des réunions dans l'église sans l'au-
torisation du curé.
190 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
281. De la sonnerie des cloches.
282. Suite.
283. Suite.
284. L'autorité spirituelle a le droit de refuser l'administration des sacrements.
285. Il en est de même du refus de sépulture.
286. Suite.
287. Heures d'ouverture de l'église.
288. Affiches sur la porte de l'église.
289. Quêtes à l'intérieur de l'église.
290. Places distinguées pour les autorités civiles et militaires.
291. Interprétation de l'article 45 de la loi du 18 germinal an X.
292. Des processions.
293. Détachements de la garde nationale pour escorter les processions.
294. L'autorité temporelle n'a pas le droit de suspendre le traitement des curés ou
desservants.
l'injure envers les ministres des cultes salariés par l'État. Les ministres des
cultes non salariés sont considérés comme de simples particuliers.
4 V. Les commentaires du Code pénal et Gaudry, op. cit., t. 1, p. 262 et suiv.
ment, et par haine ou mépris de la religion sur les vases sacrés ou les hos-
ties consacrées.
Art. 3. « Il y a preuve légale de la consécration des hosties lorsqu'elles
sont placées dans le tabernacle ou déposées dans l'ostensoir, et lorsque le
prêtre donne la communion ou porte le viatique aux malades. — Il y a
preuve légale de la consécration du ciboire, de l'ostensoir, de la patène et
du calice, employés aux cérémonies de la religion au moment du crime. Il y
a également preuve légale de la consécration du ciboire et de l'ostensoir
enfermés dans le tabernacle de l'église ou dans celui de la sacristie.
Art. 4. « La profanation des vases sacrés est punie de mort si elle a été
accompagnée des deux circonstances suivantes : 1° si les vases sacrés
renfermaient, au moment du crime, des hosties consacrées; 2° si la profa-
nation a été commise publiquement.
Art. 5. «La profanation des vases sacrés sera punie de la peine des tra-
vaux forcés à perpétuité si elle est accompagnée de l'une des deux circons-
tances prévues dans l'article précédent.
Art. 6. « La profanation des hosties consacrées commise publiquement
sera punie de mort. — L'exécution sera précédée de l'amende honorable
faite par le condamné devant la principale église du lieu où le crime a été
commis, ou du lieu où aura siégé la cour d'assises. »
Les articles 7 à 12 punissaient le vol sacrilège et les articles 12 à 16 les
délits commis dans les églises.
1 C. cass., ch. crim., arr. du 29 avril 1859 (D. P. 1859, I, 235). L'arrêt
de la Cour de Colmar qui avait employé ces expressions était du 15 février
1859.
LIBERTÉ RELIGIEUSE. 197
1 La loi des 16-24 août 1790 est maintenue expressément par la loi du 30
juin 1881, article 9.
2
Un décret du 19 février 1806, article 8, prescrivait de faire, le jour anni-
versaire de la bataille d'Austerlitz, un discours sur la gloire des armées
françaises et le devoir de chaque citoyen de consacrer sa vie à son prince et
à la patrie. Un vicaire général de Dijon, en 1812, fit, le jour anniversaire de
la bataille d'Austerlitz, une diatribe contre les conquérants. En 1806, on
prescrivit aux curés de lire en chaire les bulletins de la Grande-Armée. Sur
les réclamations du clergé, ce mode de publicité fut abandonné. En 1807,
M. de Frayssinous refusa de parler en chaire sur les devoirs de la conscrip-
tion et du service militaire. En 1815, les évêques s'opposèrent unanimement
à la lecture des proclamations sur le service militaire. Nous citons ces faits
d'après M. Gaudry, Législation des cultes, t. I, p. 213, 214.
204 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
dans un sens opposé, ne mérite pas d'être pris en considération, car il est
absolument dépourvu de motifs juridiques ayant une valeur quelconque. Ex-
poser certaines théories est souvent la manière la plus efficace de les réfuter.
Réduite à ses termes les plus simples, la prétention du gouvernement actuel
est celle-ci : Sans jugement d'aucune nature, sans même une enquête ad-
ministrative contradictoire, sur des témoignages plus ou moins sérieux reçus
dans l'ombre, après une demande d'explication adressée à l'évêque, de la
réponse duquel on n'est pas obligé de tenir compte le ministre des cultes à
,
le droit de supprimer le traitement ou l'allocation, la subsistance de tout
ecclésiastique, évêque, chanoine curé de canton ou rural, vicaire, pendant
,
un temps indéterminé. Un ex informatâ conscientiâ civil s'ajoutera désor-
mais à l'ex informatâ conscientiâ épiscopal. Il n'est pas même sûr qu'on dai-
gnât concéder à la Chambre comme y consentait M. Dupin, d'examiner à
,
propos de la loi des comptes chaque cas de suspension, d'en demander lès
causes et de proposer un vote de blâme si ces causes étaient trouvées insuf-
fisantes. — Ainsi, il est interdit d'infliger une peine, serait-ce la plus légère
amende, au criminel le plus odieux comme au délinquant le plus excusable,
sans un jugement public, un débat contradictoire, une libre défense et le
ministre des cultes serait le maître dé disposer du salaire de tout lé clergé
sans être astreint au respect d'une forme protectrice ! » Le Concordat est-il
respecté? par Emile Ollivier, p. 66 et 67.
APPEL COMME D'ABUS. 219
CHAPITRE NEUVIÈME.
Sommaire.
295. Caractère de l'appel comme d'abus.
296. Histoire de l'appel comme d'abus.
297. Suite.
298. Suite.
299. Suite.
300. Suite.
301. Suite.
302. Suite.
303. Suite.
304. Suite.
305. Suite.
306. Suite.
307. Suite.
308. Suite.
309. Opinion de M. Vivien.
310. Organisation des cultes. — Catholicisme.
311. Hiérarchie ecclésiastique. — Pape.
312. Cardinaux et congrégations.
313. Cour de Rome. — Suite.
314. Représentants du pape à l'étranger. — Légats à latere.
315. Archevêques, évêques, curés et desservants.
316. Chapelles vicariales et annexes.
317. Diocèses.
318. Déposition des évêques.
319. Suite.
320. Métropolitain.
321. Vicaires généraux et vicaires capitulaires.
322. Chapitres.
323. Organisation des cultes.
— Protestantisme.
324. Suite.
325. Suite.
328. Suite.
327. Suite.
220 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Vers la même époque, le Parlement fit un règlement pour les procès que
les juges d'Église feraient aux clercs.
APPEL COMME D'ABUS. 225
la connaissance, en matière réelle, des causes intéressant
même les clercs mariés ou commerçants. Mais la disposition la
plus grave se trouvait dans l'article 5, aux termes duquel l'ap-
pel comme d'abus pouvait atteindre les sentences rendues en
matière de discipline. Les Parlements s'étaient arrogé ce pou-
voir avant l'édit, et en avaient exagéré l'étendue au point de
lui attribuer effet suspensif. Il en était résulté un affaiblissement
marqué de la discipline ecclésiastique. Le clergé ayant élevé
sur ce point des réclamations aussi énergiques que fréquentes,
François Ier y fit droit en disposant que le recours en matière
de discipline ne produirait qu'un effet dévolutif1.
301. L'article 8 avait pour objet de prévenir les appella-
tions fondées sur des motifs frivoles. « Quant aux appellations,
" y était-il dit, frivoles ou mauvaises, plaidées ou soutenues
« par les appelants , ils soient condamnés, outre l'amende ordi-
« naire envers nous et la partie, selon l'exigence des cas, si la
dehors des cas où son avis est obligatoire d'après les canons,
le chapitre est rarement consulté. Au contraire, lorsque le siège
devient vacant, l'administration passe au chapitre qui doit la
déléguer à un vicaire capitulaire, car il n'a plus, comme autre-
fois, le droit de l'exercer collectivement par lui-même. Le vi-
caire capitulaire n'est qu'un administrateur provisoire, et,, par
conséquent, il ne doit rien faire qui ressemble à une innova-
tion. Expédier les affaires courantes et faire face aux circons-
tances urgentes, tel est le but de sa mission. Il est évident
aussi que les pouvoirs spéciaux conférés à l'évêque mort s'é-
teignent avec lui, et ne passent pas aux délégués des cha-
pitres.
Les chanoines sont nommés par l'évêque avec l'agrément
du pouvoir temporel. Ils sont titulaires de bénéfices inamovibles
et, comme les curés, n'en peuvent être privés qu'en vertu de
sentences régulières de déposition.
nous occupe, car les premiers sont les seuls auxquels s'ap-
plique l'appel comme d'abus. Or, le lecteur n'aura pas perdu
de vue que cette longue digression a pour objet de mieux com-
prendre dans quels cas est ouverte cette voie de recours.
1 Févret, t. I, p. 42.
2 Walter, Manuel de droit ecclésiastique, traduit
par Roquemont, p. 263.
254 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
3 Art. 53 ibid.
APPEL COMME D'ABUS. 257
concile ou synode non autorisé serait un excès de pouvoir atta-
quable par l'appel comme d'abus 1.
Les chapitres n'étant placés auprès de l'évêque que pour
l'assister de leurs conseils, ils n'ont pas le droit de prendre des
décisions; il y aurait excès de pouvoir, par exemple, dans la
délibération par laquelle un chapitre adhérerait à un acte abu-
sif de l'évêque 2.
345. Y a-t-il un excès de pouvoir dans le refus fait par un
évêque d'autoriser un imprimeur à imprimer ou réimprimer des
livres d'église? Cette question demande des développements
préliminaires sur la nature du droit des évêques tel qu'il a été
établi par le décret du 7 germinal an XII :
Art. 1. «Les livres d'église, les heures et prières, ne pour-
ront être imprimés ni réimprimés que d'après la permission
donnée par les évêques diocésains, laquelle permission sera
textuellement rapportée et imprimée en tête de chaque exem-
plaire.
Art. 2. « Les imprimeurs-libraires qui feraient imprimer,
réimprimer des livres d'église, des heures ou des prières, sans
avoir obtenu cette permission seront poursuivis conformément
à la loi du 19 juillet 1793. »
346. Cette disposition ne doit s'appliquer qu'aux livres de
prières reproduisant le missel et ne s'étend pas à celles qui
seraient composées soit par une personne laïque, soit par un
prêtre ou extraites d'un autre livre que le missel 3. Ainsi res-
1Des conciles ont été réunis après la révolution de Février sans demande
d'autorisation préalable, les évêques ayant pensé que la liberté de réunion
existait pour tous. Afin de réserver cette question, le ministre des cultes pro-
voqua un décret du Présidentde la République, ayant pour objet d'autoriser,
pendant l'année 1849, « tous les conciles métropolitains et synodes diocé-
sains. » Décret du 16 septembre 1849.)
17
2 Ordonnance du 24
mars 1837.
3
« Mais ce serait abusivement et par une fausse interprétation du décret
" que l'on voudrait faire comprendre parmi ces livres ceux qui ne contien-
« nent que
des prières, méditations ou explications composées ad hoc, ex-
«
traites d'autres livres que le missel, et qui, par conséquent, contiennent
« autre
chose que les usages, le propre du diocèse. Telle nous parait être la
«
Journée du chrétien, livre qui n'est pas particulièrement applicable aux
B. - II.
258 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
« usages du diocèse, et qui, dans tous les cas, n'est pas exclusivement
« extrait de la source commune à tous les livres du diocèse, le Missel géné-
« ral. » (Revue de droit français et étranger, année 1847, p. 182, article de
M. Dumesnil.)
1Renouard, Traité sur la propriété littéraire, t. II, n° 68.
2 Arrêts de la Cour de cassation des 30 avril 1825, 25 juillet 1830 et 9
juin 1843. — Arrêts de la Cour de Paris des 11 mai 1830 et 25 novembre
1842. — Revue de droit français et étranger, décembre 1846, article de M.
Teyssier-Desfarges.
3 Arrêt de la Cour de cassation du 28 mai 1836.
— Colmar, 6 août 1833.
— Caen, 11
février 1839. Instructions du directeur de la librairie en date des
23 juin 1810, 13 mai 1811 et 26 novembre 1814. — Louis Dufour, Police des
cultes, p. 593, 613. — Laferrière, Histoire du droit (1re édit.), t. II, p. 88.
— Dumesnil, Revue de droit français et étranger, 1847, p. 169-200. — De
Lamartine, Rapport fait à la chambre des députés, le 13 mars 1841, sur le
projet de loi relatif à la propriété littéraire. « Nous avons pensé que toucher
" à la législation toujours en vigueur de l'an XIII, ce serait tomber dans l'un
" et l'autre danger; que par cette législation l'autorité épiscopale est armée
« d'un droit convenable non de propriété ni de privilège, mais d'approbation
« spéciale et préalable dans le diocèse, pour l'impression et réimpression des
« livres liturgiques à l'usage du diocèse. »
APPEL COMME D'ABUS. 259
de propriété littéraire, ce serait dépasser la pensée de la loi et
leur remettre un droit qui n'est pas nécessaire à sa réalisation.
La question a été tranchée en ce sens par les considérants d'un
décret rendu le 15 juin 1809, en Conseil d'État. « Considérant,
y est-il dit, que le décret du 7 germinal an XIII, en statuant
que les livres d'église, d'heures et de prières ne pourraient être
imprimés ou réimprimés que d'après la permission donnée par
l'évêque diocésain, n'a point entendu donner aux évêques le
droit d'accorder un privilège exclusif d'imprimer ou réimprimer
les livres d'église. » L'autorité de cette décision est d'autant plus
grande qu'elle fut rendue après une longue discussion et même
contrairement aux conclusions du rapporteur, M. Portalis. Il
est vrai que ce décret ne contient pas une interprétation obli-
gatoire, comme certains jurisconsultes l'ont prétendu; car il fut
fait à l'occasion d'une affaire particulière, et il n'a jamais eu le
caractère de généralité qui est nécessaire à une interprétation
de la loi 1. D'un autre côté, il n'a pas été publié au Bulletin
officiel. Il eut cependant une grande efficacité et il a été suivi
dans la pratique, ainsi que cela est attesté par trois circulaires
du directeur de la librairie, en date des 23 juin 1810, 13 mai
1811 et 26 novembre 1814. La jurisprudence de la Cour de
cassation est néanmoins indécise, et si l'opinion que nous avons
adoptée est consacrée dans un arrêt en date du 28 mai 1836,
rendu par la chambre civile, la chambre des requêtes s'est
écartée de cette solution par un arrêt de rejet du 9 juin 1843.
348. Dans son réquisitoire de 1836, M. Dupin résuma ainsi
les conséquences de la doctrine qui fut consacrée à cette épo-
que par la Cour de cassation : « 1° Oui, l'imprimeur en contra-
vention pourra être poursuivi par le ministère public, sur la
délation de l'évêque ou même d'office, dans l'intérêt public,
et l'amende de 100 à 2,000 fr. sera prononcée (art. 427 Code
pénal). 2° Mais l'évêque ne pourra se rendre partie civile; il n'est
ni auteur, ni propriétaire, ni atteint dans sa fortune; il n'a
pas d'action privée transformable en écus, devant tomber dans
sa main ou dans sa caisse. 3° Son prétendu cessionnaire n'a
1 Néanmoins les évoques ont été placés par la loi du 21 avril 1810 sous la
,
juridiction directe des Cours d'appel.
2 C'est ce qu'a décidé le Conseil d'État, le 13 décembre 1879 (D. P. 1881,
III, 79), en déclarant l'abus contre l'érection en basilique mineure de Notre-
Dame de la Salette par l'évêque de Grenoble.
3 Il est inutile de faire observer que s'il usait du droit commun il se trou-
cision que la partie ne s'était trompée que dans les motifs et non dans les
conclusions.
1 C. cass. crim., 8 mai 1869 (D. P. 70, I, 93), 16 avril 1880 D. P. 1880,
8 n'a disposé que pour le cas où le Conseil est déjà saisi par
l'initiative des parties et n'oblige pas celles-ci à le saisir 1.
D'autres pensent au contraire que l'article 8 de la loi du 18
germinal an X a créé pour les ecclésiastiques une immunité
analogue à celle qui protégeait les agents du gouvernement.
Selon eux, le législateur n'a pas voulu dépouiller le prêtre d'un
privilège qui était accordé au fonctionnaire le plus humble, ni
permettre que les pratiques les plus saintes descendissent à tout
instant dans l'arène judiciaire, exposées à la lutte des passions
anti-religieuses.
La Cour de cassation revenant à son ancienne jurisprudence 2,
a consacré un troisième système qui consiste à distinguer entre
l'action publique intentée pour le ministère public et celle qui
serait poursuivie en police correctionnelle par un particulier,
pour délit et spécialement pour cause de diffamation ou d'injure.
Dans le premier cas, la Cour pense que l'appel comme d'abus
n'est pas un préalable administratif que le procureur soit obligé
d'observer. Au contraire, dans le second, le particulier diffamé
février 1836 et un autre du 26 juillet 1838. — L'arrêt de 1838 fut rendu con-
trairement aux conclusions de M. l'avocat général Hello, qui soutint qu'en
aucun cas la poursuite devant les tribunaux n'était subordonnée au préala-
ble de l'appel comme d'abus. — Mangin, Action publique; Cormenin, Droit
administratif, t. II, Appendice, p. 4, soutiennent que, dans tous les cas, les
tribunaux ne peuvent être saisis que sur le renvoi ordonné par le Conseil
d'État. — M. Faustin Hélie Code d'instruction criminelle, t. III, p. 652,
,
s'est prononcé en sens contraire et soutient que, dans aucun cas, la pour-
suite n'est subordonnée au renvoi du Conseil d'État, qu'elle soit formée par
le ministère public ou par la partie diffamée. — M. Laferrière, t. I, p. 238
(5e édition), adopte l'opinion de la jurisprudence du Conseil d'État. V. or-
donnances des 25 avril et 18 mars 1841, 21 février et 4 avril 1845 et 30
juillet 1847. Ajoutez les décrets des 17 janvier 1855, 2 mai et 23 novembre
1857, 16 août et 21 juillet 1860 et 7 avril 1861.
1 C'est la distinction qu'a consacrée la Cour de cassation dans son arrêt
1 Décret du 29 août 1854 (D. P. 1855, III, 62), Bourrel c. l'évêque d'Ar-
ras.
2 Fleury, Instit., p. 175, et Durand de Maillane, Dictionnaire canonique,
V° Déposition, t. II, p. 118.
3 Droit administratif, t.1,
p. 240, note 2.
282 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1
«Quid, dit M. de Cormenin, s'il y avait interdiction à sacris arbitraire
« et sans motifs, et déni de justice de la part du métropolitain ? — Où le re-
« cours? — On peut dire, pour défendre l'attribution du Conseil d'État, que
« le roi est l'évêque du dehors et le protecteur des saints canons, que l'in-
« fraction des règles consacrées par les canons reçus en France constitue,
« aux termes de la loi de l'an X, un cas d'abus, et que les cas d'abus sont
« du ressort du Conseil
d'État; que les recours contre les supérieurs ecclé-
« siastiques de la part de leurs inférieurs, autorisés par le même acte, ne
« peuvent avoir d'autre objet que des destitutions, des suspenses et inter-
« dits; que la milice inférieure du clergé ne peut rester livrée sans défense
« aux excès de pouvoir, usurpations et fantaisies des évêques ; que les évê-
« ques eux-mêmes seraient exposés aux entreprises abusives du métropo-
« litain; que c'est dans ce sens qu'ont statué les ordonnances du 22 février
« et 23 avril 1837. Cette solution n'est pas toutefois sans difficulté. En effet,
« les canons étaient jadis appliqués par les officialités, et il n'y a plus d'of-
« ficialité; en admettant que l'évêque, seul juge, fût tenu d'observer ces for-
« malités, est-ce toutes? est-ce quelques-unes seulement, et lesquelles? —
« Le Conseil
d'État ne serait-il compétent tout au plus que pour statuer,
« comme la Cour de cassation, sur l'inobservation des formes ? Mais comment
« pourrait-il, dans sa composition actuelle, statuer rationnellement sur l'ap-
« plication d'une peine canonique? Le prince est le protecteur des saints
« canons, en est-il le juge? —
L'Église qui les a fait ne doit-elle pas les in-
« terpréter? — Quelle serait d'ailleurs la sanction de l'ordonnance royale? —
« Rétablirait-elle le prêtre dans l'exercice de ses pouvoirs spirituels? Auquel
« des deux évêques, de l'évêque du Conseil
d'État ou de l'évêque du diocèse,
« devra-t-il se conformer? — Dira-t-il la messe parce que le Conseil
d'État le
« lui aura permis ? ne la dira-t-il pas parce que son évêque le lui aura dé-
« fendu? — Y aura-t-il autel contre autel dans la même Église? » (Droit ad-
ministratif, t. II, Appendice, p. 7.) La réponse aux objections ou questions
de M. de Cormenin se trouve dans le texte au n° 373.
288 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
plus fortes que les peines canoniques. Une distinction est né-
cessaire. S'agit-il de peines touchant à la discipline extérieure
de l'Église, le recours est recevable. Ainsi, la sentence qui
appliquerait la déposition dans les cas où les canons ne la
prononcent point pourrait être frappée d'abus. Au contraire,
s'il s'agit de peines purement spirituelles, comme une péni-
tence, une retraite, l'appel devrait être rejeté; car il s'agirait
d'un fait intéressant le for intérieur, d'une manière exclusive,
et le Conseil d'État ne pourrait s'en constituer le juge qu'en
mettant le pied dans le domaine de l'autorité spirituelle 1.
L'interdiction de porter le costume ecclésiastique est aussi
une peine purement spirituelle, et dont l'application rentre dans
le pouvoir exclusif de l'évêque. Le prêtre à qui l'autorité ecclé-
siastique aurait interdit de le porter pourrait être poursuivi
comme coupable de port illégal de costume (art. 259 C. p.).
Mais que doit-on considérer comme costume ecclésiastique?
L'habit à la française qui, d'après les lois non abrogées du
Consulat, est le costume officiel des prêtres, doit-il encore être
considéré comme le costume ecclésiastique malgré la désuétude
où il est tombé? Ce serait donner à des dispositions détruites
par un usage constant une autorité qu'elles ne peuvent pas
avoir; ce serait faire prévaloir une lettre morte sur la réalité;
ce serait faire une interprétation judaïque et contraire au bon
sens. C'est donc avec raison que la jurisprudence a décidé que
l'on devait entendre par costume ecclésiastique l'ancien costume
traditionnel des prêtres 2.
Montpellier du 12 février 1851 (D. P., 1851, II, 37-38). — Décret du 30 juin
1852, Lacan c. l'évêque d'Agen (D. P. 1852,1, 170). Décret du 17 août 1882
Magué c. l'abbé Fabien. « Considérant que si l'article 43 de la loi du 18 ger-
minal an X prescrit à tous les ecclésiastiques de s'habiller à la française et
en noir, l'arrêté des consuls du 17 nivôse an XII leur permet de continuer
à porter « dans le territoire assigné à leurs fonctions » les habits convena-
bles à leur état suivant les canons, règlements et usages de l'Église. Le-
»
bon 1882, p. 1093.
,
1 Fleury, Discours sur les libertés de l'Église gallicane, p. 23, 24 et 25.
292 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
plus tard évêque du dehors. Il n'y avait pas loin d'une protec-
tion généreuse à l'immixtion dans les affaires ecclésiastiques;
aussi, trouve-t-on parmi les lois impériales, et, en particulier,
dans les capitulaires plus d'une disposition sur la discipline
ecclésiastique. Mais l'intervention des empereurs ne tarda pas
à changer de nature et spécialement dans les états orientaux,
la protection dégénéra en oppression; l'Église protesta contre
ces usurpations et ainsi fut posée la question des limites du
pouvoir temporel à l'égard du pouvoir spirituel 1.
A l'égard des diocèses, la suprématie de Rome n'était pas
mieux établie qu'à l'égard des rois. Les papes étaient quelque-
fois condamnés par les évêques, et c'est ainsi que Honorius Ier
fut anathématisé par le sixième Concile général. D'un autre
côté, les sentences rendues par le pape n'étaient pas toujours
définitives; c'est ce qui arriva dans l'affaire de Dioscore, qui
nonobstant la condamnation de saint Léon, ne fut déposé qu'a-
près une seconde décision rendue par le Concile de Chalcé-
doine 2.
379Les Fausses Décrétales parurent au IX e siècle, et, dès
leur apparition, elles furent acceptées comme méritant toute
autorité. Le faux ne fut découvert qu'au XVe siècle et reconnu
comme certain que dès le XVIe 3. On a discuté le point de savoir
si les Fausses Décrétales exercèrent quelque action sur la dis-
cipline ecclésiastique. D'après les uns, elles n'eurent aucune in-
fluence propre et ne firent que reproduire des maximes déjà
connues. Suivant d'autres, au contraire, elles auraient eu pour
résultat de changer la discipline au détriment des évêques et de
la puissance temporelle 4. Il se peut, en effet, que les maximes
1Déjà du VI e au VIIIe siècle les métropolitains avaient perdu peu à peu leur
autorité, et les évêques cherchaient à se placer sous la surveillance lointaine
du Pape. Aussi quand les Décrétales parurent, quelques doutes ayant été éle-
vés sur leur authenticité, les évêques furent-ils les premiers à la soutenir.
294 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1
«Frequens generalium conciliorum celebratio, agri dominici praecipua
« cultura est, quas vepres, spinas et tribulos haeresum, errorum et schisma-
« tum extirpat, excessus corrigit et vineam Domini ad frugem uberrimae
« fertilitatis adducit. » (Decretum de celebratione concilii, Isambert et De-
crusy, t. IX, p. 14.)
« Et primo declarat quod ipsa synodus in Spiritu Sancto légitimé con-
« gregata, générale concilium faciens et ecclesiam militantem representans,
« potestatem a Christo habet immédiatè ; cui quilibet cujuscumque status,
« conditionis, vel dignitatis, etiamsi papalis existat, obedire tenetur in bis
« quae pertinent ad fidem et extirpationem dicti schismatis et generalem
« reformationem ecclesiae in capite et membris. » (Decretum de auctoritate
consilii Basiliensis, ibid., p. 15 et 16.)
296 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1
« C'est à sçavoir que doresnavant es-églises, cathédrales et métropoli-
« taines es dits royaumes, Dauphiné et Valentinois vacans à présens et au
« temps advenir Les chapitres et chanoines d'icelles églises ne pourront
« procéder à l'élection ou postulation du futur prélat. Ains telle vacation
« occurente, le roi de France qui pour le tems sera : un grave ou scientifi-
« que maistre ou licencié en théologie, ou docteur ou licencié en tous ou
« l'un des droits en université fameuse avecques rigueur d'examen, et ayant
« vingt-sept ans pour le moins, et autrement idoine dedans six mois, à
« compter du jour que les dictes églises vaqueront, sera tenu nous présenter
« et nommer, et à nos successeurs évesques ou audict siège apostolique :
« pour y estre par nous pourvus. Et si, par cas, le roy ne nommoit pas aux
« dictes églises personne tellement qualifiée, nous ledict siège et nos suc-
« cesseurs
ne seront tenus d'y pourvoir. Ains sera tenu ledict roy dedans
« trois autres mois ensuivans nommer un autre en la manière que des-
« sus. Autrement à ce que à la domageable vacation des dictes églises à cé-
« lérité soit pourvue par nous ou ledict siège, de personne, comme dessus
» qualifiée y sera pourvue. » (Isambert et Decrusy, t. XII, p. 79 et 80.)
2 Isambert et Decrusy, t. XII, p. 85.
3 Mémoires du clergé, t. X,
p. 159.
4 « La Cour, toutes chambres assemblées, voyant et considérant les gran-
« des menaces dont on usait à cet égard, ayant tout lieu de craindre sa
298 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Une réunion de magistrats pourrait dire des choses fort sensées, fort
«
« exactes sur les limites des
pouvoirs publics placés au-dessus d'eux; mais
« ces magistrats tomberaient dans une erreur grave s'ils
voulaient faire une
« déclaration solennelle de leur doctrine et lui conférer un caractère
d'au-
« torité dont elle ne serait pas susceptible. » (Affre, Appel comme d'abus,
p. 287.)
302 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Les actes de la cour de Rome sont aujourd'hui publiés par les journaux
avant d'être enregistrés au Conseil d'État. Cette publication ne ferait pas
obstacle à la déclaration d'abus contre l'ecclésiastique qui, dans son minis-
tère , reproduirait l'acte non enregistré, notamment contre l'évêque qui en
ferait mention dans un mandement. Autre chose est la publicité des jour-
naux, autre chose est la publication par l'autorité ecclésiastique.
APPEL COMME D'ABUS. 303
quoique l'évêque eût affirmé que la publication n'avait été faite
que par inadvertance. La simple négligence suffisait pour consti-
tuer l'abus, le législateur n'ayant exigé nulle part l'intention de
violer la loi 1.
Le 21 novembre 1844, l'archevêque de Lyon publia un man-
dement portant condamnation du Manuel de droit ecclésiastique
par M. Dupin aîné. C'était en réalité la condamnation de la loi
organique, défendue dans le livre et ouvertement combattue
dans le mandement. En outre, le cardinal de Bonald donnait
force et exécution à la bulle pontificale Auctorem fidei, du
28 août 1694, laquelle.n'a jamais été reçue en France. Pour ce
double motif, le mandement du 21 novembre 1844 fut déclaré
abusif par ordonnance du 9 mars 18452.
392. Une déclaration d'abus a été prononcée le 2 avril 1857
contre l'évêque de Moulins dans les circonstances suivantes.
Ce prélat, toutes les fois qu'il nommait à une cure, exigeait du
titulaire qu'il lui remît sa démission signée sans date. L'évêque
pouvant faire usage de cette signature à volonté, le curé de-
venait amovible, et la cure était de fait convertie en succur-
sale. En même temps qu'il donnait sa démission par avance
le curé devait signer une renonciation à se pourvoir devant l'au-
torité temporelle, pour quelque motif que ce fût. D'ailleurs les
statuts synodaux du diocèse, en date de 1854, prononçaient
l'excommunication ipso facto et, sans intimation préalable,
contre tout ecclésiastique qui aurait recours à l'autorité civile.
« Assujettir, y était-il dit, l'Église de Dieu qui est libre et l'a-
mener sous le joug séculier en ce qui relève du for ecclésias-
1 Nous avons cité plus haut, comme exemple de la contravention aux lois
la déclaration d'abus prononcée contre l'évêque de Grenoble par décret du
13 décembre 1879 (D. P. 1880, III, p. 79), pour avoir exécuté, sans qu'il y
ait eu enregistrement au Conseil d'État, le décret du pape érigeant en basi-
lique mineure l'église de Notre-Dame de la Salette. Bien que l'évêque pré-
tendît avoir agi en vertu d'instructions verbales, la déclaration d'abus a été
prononcée. Si, en alléguant des instructions verbales, on pouvait échapper au
pouvoir disciplinaire, le Conseil d'État a pensé qu'il y aurait là un moyen de
tourner facilement l'article ler de la loi organique du 18 germinal an X.
2 V. le rapport de M. Vivien, qui se trouve en entier dans le Journal du
tique, c'est un crime pour tous les fidèles du Christ; mais que
les ministres de cette même Église s'en rendent coupables, c'est
évidemment plus abominable qu'on ne saurait le dire. »
Le Conseil d'État a vu dans ces faits une contravention aux
lois et règlements, notamment au Concordat et à la loi organique.
En outre, il a qualifié les mêmes faits d'atteinte aux libertés de
l'Église gallicane.
1 T. II, Appendice.
2 Notamment dans la session de 1839, au rapport de M. de Golbéry.
APPEL COMME D'ABUS. 315
402Est-il vrai, comme on l'a souvent affirmé, que la
juridiction des Cours serait, en cette matière, préférable à
celle du Conseil d'État? « Quant au Conseil d'État, dit M. Du-
« pin, ce n'est peut-être pas la meilleure juridiction possible.
« Moi-même, en maintes occasions, j'ai exprimé le voeu que
" ces affaires fussent renvoyées aux Cours royales 1. » La
même opinion était exprimée par M. Laisné dans l'exposé
des motifs du concordat de 1817. « Composées de magistrats
« inamovibles, disait-il, elles sont éminemment propres à con-
« server le dépôt des maximes nationales et à en perpétuer
« la tradition. Les ministres de la religion trouveront dans
" ces magistrats cette gravité de moeurs et de pensée, ces
« sentiments vraiment religieux qui ont honoré la magistrature
« française. »
A ces autorités on peut opposer celle de Sirey, qui, dans son
ouvrage sur le Conseil d'État s'est exprimé ainsi : « Il ne faut
« pas lutter contre l'essence des choses ; les Cours de justice ne
« seraient pas, sans de graves inconvénients, appelées à juger
« des débats nécessairement soumis à des règles politiques ou
« administratives2. » Telle est aussi l'opinion de M. Antoine
Blanche, que sa qualité de magistrat n'a pas empêché de re-
connaître que le Conseil d'État « est plus apte que les Cours à
« juger sciemment les recours pour abus 3. »
C'est qu'en effet les recours pour abus touchent aux rapports
de deux grandes puissances. Pour les juger, il faut une juridic-
tion mêlée par sa nature au mouvement de l'administration et
de la politique, pouvant en apprécier les tendances et y confor-
mer sa décision. Certainement nous n'avons garde de dire que
le Conseil doit frapper en adversaire; mais des considérations
politiques peuvent, au grand profit de la paix publique, le
déterminer à éteindre des débats de cette nature. C'est le sou-
venir de leur rôle politique qui a fait tomber les parlements ;
pourquoi veut-on augmenter les attributions de la magistrature,
1 Manuel, p. 87 et 473.
1 Sirey, Conseil d'État, p. 143, § 130.
:! Dictionnaire d'administration, V° Appel comme d'abus, p. 66.
316 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Nous avons vu plus haut que les sieur et dame L..., ayant formé un re-
cours pour abus, leur action avait été rejetée aussi, le curé ayant le droit
d'appréciation en ce qui concerne le concours des personnes qui sont né-
cessaires à la cérémonie. Le curé pouvait avoir des motifs dont il était seul
juge, et le refus ne pouvait dès lors pas être appelé arbitraire.
2 Ordonnance du 24 juillet 1845.
:l Dans l'ordonnance du 4
mars 1830, il a été jugé qu'une partie qui a
consenti à une perception de droits supérieurs au tarif du diocèse ne peut
plus appeler, faute d'intérêt.
318 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
DROIT COMPARE.
1 13 Elisabeth, c. 12.
2 Act. 7 et 8, George IV, c. 27 et 28.
APPEL COMME D'ABUS. 337
7 Édit, § 3.
342 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
traire, un régime plus libéral tend à s'établir en Allemagne ;
la Constitution de l'Empire germanique votée par le Parlement
de Francfort garantissait non-seulement la liberté de conscience,
mais encore la liberté des cultes.
En Prusse, la Constitution du 31 janvier 1850, après avoir
posé dans l'article 12, en termes généraux, la liberté de cons-
cience et le droit de se réunir pour l'exercice public ou privé
du culte 1 , consacra l'indépendance des confessions par deux dis-
positions qu'il est important de citer en entier.
" Art. 15. Les églises évangélique et catholique romaine et
toutes les autres communautés religieuses administrent leurs
affaires d'une façon indépendante et demeurent en la possession
et jouissance des établissements, fondations et fonds destinés
aux besoins du culte, de l'enseignement et des oeuvres de bien-
faisance.
" Art. 18. Le droit de nomination, présentation, choix et con-
firmation pour la collation des emplois ecclésiastiques, en tant
qu'il appartient à l'État et ne repose pas sur un droit de patro-
nage ou sur des titres juridiques particuliers, est supprimé 2. »
La Prusse fit, pendant une vingtaine d'années, l'épreuve
de ce régime libéral et une paix complète, au point de vue
religieux, régna dans le pays. Catholiques et protestants, or-
thodoxes ou dissidents, furent unis sur la question des in-
térêts de leur patrie et tous, pendant la guerre de 1870,
montrèrent un patriotisme égal au succès des armes de l'Allema-
gne. Mais peu de temps après la conclusion de la paix, un
conflit éclata entre le gouvernement et les évêques catholiques.
Un professeur du séminaire catholique de Braunsberg ayant
protesté contre le dogme de l'infaillibilité du pape, son évêque
le frappa d'excommunication, ce qui devait entraîner son ex-
clusion de l'enseignement. Le Gouvernement contesta le droit
au supérieur ecclésiastique de toucher à un fonctionnaire ré-
1 Constitution du 31 janvier 1850, art. 12. « Die Freiheit des religiösen
Bekenntnisses, der Vereinigung zu Religionsgesellschaften und der gemein-
samen haüslichen und offentlichen Religionsübung wird gewährleistet. »
- Le droit de
l'État était seulement maintenu pour les ecclésiastiques em-
ployés dans l'armée ou dans les établissements publics.
APPEL COMME D'ABUS. 343
tribué sur les fonds de l'État et, les hostilités commencées, prit
plusieurs mesures qui mécontentèrent profondément l'épiscopat.
La division du culte catholique à l'administration centrale fut
supprimée, ce qui privait les catholiques d'une représentation
permanente auprès du Gouvernement; une loi fut présentée et
votée, qui avait pour objet la répression des abus de la pré-
dication; une autre loi organisa l'inspection des écoles; le
Reichstag vota à une grande majorité l'expulsion de l' ordre
des Jésuites; enfin, le 8 janvier 1873, le Gouvernement pré-
senta à la Chambre des députés plusieurs projets de loi qui
furent votés à peu de jours d'intervalle et qui, portant presque
la même date, ont été désignées sous le nom commun à toutes
de lois de mai.
Les députés catholiques ne manquèrent pas de faire observer
que ces projets étaient en opposition avec les articles 15 et
18 de la Constitution. L'objection ayant paru fondée, on fit
pour la lever une première loi qui modifiait les disposition cons-
titutionnelles. Après avoir posé en principe l'indépendance des
confessions évangélique, catholique ou autres, le nouvel ar-
ticle ajoutait : " Mais elles sont soumises aux lois de l'État et à
sa surveillance telle qu'elle est organisée par la loi. » L'article
18, après avoir maintenu la suppression du droit de nomination
par l'État, ajoutait : " La loi règle d'ailleurs les droits de l'État
touchant la préparation, la nomination et la révocation des
ecclésiastiques et serviteurs de l'Église et fixe les limites du
pouvoir disciplinaire de l'Église. » Ces changements avaient
pour conséquence de faire passer dans le domaine de la loi ce
qui auparavant était protégé par des dispositions constitution-
nelles 1. Cette loi, 5 avril 1873, permit de faire les lois de mai
1 Ces articles ont été depuis abrogés purement et simplement par la loi du
18 juin 1875. Pour être nommé à un emploi ecclésiastique, il fallait, d'après
cette loi, être Allemand, avoir subi l'examen de sortie d'un gymnase alle-
mand, ce qui correspond chez nous à l'enseignement secondaire des lycées,
avoir fait trois ans d'études dans une Université de l'État et avoir satisfait à
un examen officiel scientifique. Les établissements destinés à la préparation
des ministres du culte ou séminaires étaient soumis à la surveillance de
l'Etat; les programmes d'études devaient être communiqués au président
344 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Ce paragraphe a été abrogé par la loi d'Empire du 3 juillet 1869 qui sup-
prime cette distinction.
LIBERTÉ D'ENSEIGNEMENT. 351
CHAPITRE DIXIÈME.
LIBERTE D'ENSEIGNEMENT.
Sommaire.
417. Division du sujet.
418. Liberté d'enseigner, d'après la Constitution de 1791 et la législation de l'As.
semblée législative.
419. Suite. Constitution de 1793.
420. Suite. Constitution du 5 fructidor an III.
421. Suite. Constitution consulaire et législation impériale. — Restauration.
422. Suite. Charte de 1830.
423. Division de l'enseignement en trois degrés.
424. Enseignement primaire. — Conditions requises pour se livrer à l'enseignement
primaire.
423. Opposition par le préfet à l'établissement d'une école primaire.
426. Les peines qui punissent l'ouverture d'une école sans déclaration s'appliquent-
elles à l'enseignement de famille?
427. Surveillance du ministère public. — Mesures disciplinaires.
428. Conditions pour ouvrir un pensionnat primaire.
429. Enseignement primaire des filles,
430. Écoles mixtes pour les deux sexes.
431. Salle d'asile et ouvroirs.
432. Enseignement secondaire.
433. Formalités à remplir en cas de translation de l'établissement dans un autre local.
434. Suppression du certificat d'études.
433. Surveillance de l'enseignement.
436. Écoles secondaires ecclésiastiques.
437. Collation des grades.
438. Instruction primaire obligatoire.
439. Suite.
440. Suite. Discussions législatives sur le principe de l'obligation.
441. Suite.
442. Suite. Objection de M. de Falloux.
443. Suite. Objection de M. Guizot.
444. Condamnation du système de l'instruction primaire gratuite.
443. Droit comparé. — Belgique.
446.
447.
_ Hollande.
Angleterre.
—
352 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
— la
gymnastique; — pour les garçons, les exercices militaires;
pour les filles, les travaux à l'aiguille.
Toutes les parties du programme sont obligatoires et la loi
n'admet pas qu'une partie soit facultative, comme le faisait l'ar-
ticle 23 de la loi du 15 mars 1850. La loi a supprimé l'ensei-
gnement de la morale religieuse. L'enseignement religieux ne
peut même pas être donné dans les locaux scolaires, et l'article
2 dit que les écoles primaires publiques vaqueront un jour par
semaine, en dehors du dimanche, pour permettre aux parents
de faire donner aux enfants l'instruction religieuse. Ce qui est
exclu par cette disposition, c'est l'enseignement confessionnel
et non la morale fondée sur la religion naturelle 1.
Le droit d'enseigner les matières de l'enseignement primaire
est reconnu par l'article 25 de la loi du 15 mars 1850 « à tout
Français âgé de vingt et un ans accomplis, s'il est muni
d'un brevet de capacité. » Il faut, en outre, que l'instituteur
ne se trouve dans aucun des cas d'incapacité prévus par
la loi. « Sont incapables, dit l'article 26, de tenir une école
publique ou libre, ou d'y être employés, les individus qui ont
subi une condamnation pour crime ou pour un délit contraire
à la probité ou aux moeurs, les individus privés par jugement
de tout ou partie des droits mentionnés en l'article 42 du Code
pénal et ceux qui ont été interdits en vertu des articles 30 et
33 de la présente loi. »
L'article 25 § 2 de la loi du 15 mars 1850 admettait comme
équivalent du brevet un certificat de stage, le diplôme de bache-
lier, un certificat constatant qu'on a été admis dans une des
écoles spéciales de l'État, ou le titre de ministre non interdit ou
révoqué de l'un des cultes reconnus. Mais ces équivalences ont
été abrogées par la loi du 16 juin 1881, article 1er, qui exige
le brevet de capacité pour les instituteurs ou institutrices et
pour les adjoints ou adjointes chargés d'une classe. Cette règle
a cependant été tempérée , pour les directeurs ou directrices
d'école en exercice, par les dispositions transitoires de l'arti-
cle 4 que nous citons plus bas.
485. Quiconque veut ouvrir une école primaire doit en faire
la déclaration au maire de la commune où il a l'intention de
s'établir, lui en désigner le local et lui donner l'indication des
lieux où il a résidé et des professions qu'il a exercées pendant
les dix années précédentes. Cette déclaration doit en outre
être adressée par le postulant au préfet 1, au ministère public
et au 'sous-préfet.
Si ces déclarations sont exigées, c'est que la loi reconaît
au préfet le droit de former, soit d'office, soit sur la dénon-
ciation du ministère public ou du sous-préfet, opposition à
l'ouverture de l'école, dans l'intérêt des moeurs publiques.
Cette opposition, qui doit être formée dans le mois qui suit la
déclaration, est jugée par le Conseil départemental. Quant au
maire, il peut faire opposition en refusant d'approuver le local;
c'est encore le Conseil départemental qui est appelé à statuer
à cet égard. A défaut d'opposition, l'école peut être ouverte,
à l'expiration du mois 2, sans autre formalité (loi du 14 juin
1 La loi du 15 mars 1850 donnait le droit d'opposition au recteur et non
au préfet. Mais la loi du 14 juin 1854 a, sur ce point, modifié la législation
antérieure. — « Art. 8. Le préfet exerce, sous l'autorité du ministre de l'ins-
truction publique, et sur le rapport de l'inspecteur d'Académie, les attri-
butions déférées au recteur par la loi du 15 mars 1850 et le décret du 9 mars
1852, en ce qui concerne l'instruction primaire publique ou libre. » — Il est
probable que si le droit d'opposition avait été donné au préfet par la loi du
15 mars 1850, on n'aurait pas exigé une déclaration spéciale au sous-préfet;
mais en. présence du texte qui donne au sous-préfet le droit de dénonciation
ou plainte , il n'y a pas lieu à décider que la déclaration au sous-préfet n'est
plus exigée.
2 L'affichage pendant
un mois, à la porte de la mairie, de la déclaration
de l'instituteur qui veut ouvrir une école libre, ne peut ni changer le point
de départ ni prolonger la durée du délai d'un mois à partir de la déclaration,
à l'expiration duquel l'instituteur peut, à défaut d'opposition, ouvrir son
école. Trib. des confl., 17 janvier 1880 (D. P., 1880, III, 132).
LIBERTÉ D'ENSEIGNEMENT. 357
1854, art. 7, combiné avec la loi du 15 mars 1850, art. 14) 1.
48©. L'article 29 prononce des pénalités contre les insti-
tuteurs qui ont ouvert des écoles en contravention aux articles
25, 26 et 27 2 Ces dispositions sont-elles applicables à l'ins-
tituteur qui ne donne que l'enseignement privé ou de famille?
Il est évident d'abord qu'aucune condition n'est exigée pour le
maître qui donne des leçons à domicile; directement employé
par la famille, il est couvert par la puissance paternelle; car le
père a le droit incontestable et incontesté de donner lui-même
l'instruction à ses enfants, et, par conséquent, de prendre chez
lui les personnes qu'il lui convient d'en charger en son lieu et
place, sans que la loi puisse fixer des conditions à ce choix.
Mais que faudrait-il décider si l'instituteur employé à l'ensei-
gnement de famille recevait à domicile les mêmes élèves envoyés
commune sans remplir les formalités exigées pour l'ouverture d'une école
libre; il doit observer les mêmes délais. Cass. crim., 10 mai 1879 ;(D. P.
1879, I, 237).
358 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 C'est ce qu'a jugé la Cour de Douai, arr. du 14 avril 1856 (D. P. 1856,
11,155).
LIBERTÉ D'ENSEIGNEMENT. 364
les instruit et prononce, sauf appel au Conseil supérieur, les décisions et les
peines à appliquer. »
1 Arrêt du 2 mars 1860. C. cass. (D. P. 1860, I, 364).
2 Même arrêt. Le bénéfice de la déclaration n'est pas perdu pour le di-
que les élèves sont entrés et alors même que les professeurs
n'auraient pas donné une seule leçon 1.
434. La liberté d'enseignement secondaire entraînait la
suppression du certificat d'études. Exiger un certificat délivré
par les établissements de l'État, était impossible, car c'eût été
retirer d'une main ce qu'on aurait accordé de l'autre. Se con-
tenter d'un certificat délivré soit par une institution libre soit-
par le père de famille, c'eût été accepter une garantie illusoire.
La logique conduisait à la suppression du certificat d'études et
au droit, pour tout candidat, de choisir le jury académique qui
jugerait son épreuve (art. 63 de la loi du 15 mars 1850).
435. L'enseignement libre et l'enseignement public sont
soumis aux autorités de l'État pour la surveillance et généra-
lement pour tout ce qui constitue la police de l'enseignement.
Il y a cependant une différence entre la surveillance des écoles
publiques et celle des écoles libres. Le droit de l'État sur les
écoles publiques est entier et comprend l'hygiène, la morale,
la salubrité, les méthodes, les résultats, les progrès, le caractère
politique de l'enseignement. Appliqué aux écoles libres, ce droit
est plus restreint. « L'inspection des écoles publiques, dit l'ar-
ticle 24 de la loi du 45 mars 4850, s'exerce conformément aux
règlements délibérés en conseil supérieur. — Celle des écoles
libres ne porte que sur la moralité, l'hygiène et la salubrité ²
— Elle ne peut porter sur l'enseignement que pour vérifier s'il
n'est pas con traire à la morale à la Constitution et aux lois. »
,
436. L'article 70 de la loi du 45 mars 1850 contient une
disposition spéciale aux écoles ecclésiastiques ou petits sémi-
naires. « Les écoles secondaires ecclésiastiques actuellement
existantes sont maintenues sous la seule condition de rester
1 Mêmes arrêts qu'à la note précédente.
-
La prière adressée par la supérieure d'un couvent cloîtré à un inspecteur
de l'enseignement public, se présentant pour visiter une école située dans
la ligne de clôture, de lui donner le temps de demander à l'autorité épisco-
pale, selon la règle religieuse, d'ouvrir la clôture, et le retard mis dans ces
circonstances à l'introduction de l'inspecteur, ne constituent pas le refus de
se soumettre à la surveillance de l'État, et n'ont pas le caractère de l'in-
fraction prévue par l'article 22 de la loi du 15 mars 1850. Cass. crim.,
24 mars 1882 (D. P. 1882, I, 328).
LIBERTÉ D'ENSEIGNEMENT. 365
soumises à la surveillance de l'État. Il ne pourra en être
—
établi de nouvelles sans l'autorisation du gouvernement. » La
surveillance de l'autorité sur ces écoles s'exerce comme si elles
étaient des institutions libres. A tout autre point de vue, ce
sont des écoles publiques. C'est pour cela que les directeurs ou
supérieurs sont dispensés de l'impôt des patentes 1.
DROIT COMPARE.
ans. Après douze, jusqu'à quatorze, les parents ont la faculté de leur faire
suivre des répétitions dont la durée ne dépasse pas quatre heures par se-
maine. L'article 21 de la loi du 14 mai 1869 avait porté l'obligation à huit
années (de six à quatorze ans). Sur la proposition de M. Lienbucher, après
les débats les plus animés dans les deux Chambres, elle a été réduite à six
années (de six à douze). — Le jour où cette résolution fut votée, les fau-
bourgs de Vienne mirent des drapeaux de deuil sur les portes des écoles.
1 Décret du 23 janvier 1802 et ord. roy. du 15 janvier 1840. Cette ordon-
nance ne permet pas d'employer les enfants dans les mines avant l'âge dt-
neuf ans. Après leur admission, les entrepreneurs doivent encore les en-
voyer à l'école pendant deux heures par jour.
384 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
B. — II. 25
386 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
CHAPITRE ONZIÈME.
Sommaire.
454. Régime antérieur à 1789. — Jurandes et maîtrises. — Lieux privilégiés. —
Fabrication royale. — Compagnonage. — Damnation des ateliers et des villes.
455. Origine des jurandes et maîtrises. — Etienne Boileau. — L'institution des ju-
randes et maîtrises fut un progrès relatif.
456. Édit de Turgot. — Remontrances du Parlement.
457. Suite. — Chute de Turgot. — Édit de 1779.
458. Révolutionde 1789. — Loi des 2-17 mars 1791.
459. Attaques au principe de la libre concurrence.
460. Restrictions. — Professions d'imprimeur et de libraire et autres professions
réglementées.
461. Monopole de l'État.
462. Boulangerie et boucherie. — Taxe municipale.
462 bis. Conventions contraires à la liberté du travail et de l'industrie.
463. Droit comparé. — Espagne.
464. — Angleterre.
465. — Allemagne.
466. — Luxembourg.
467. — Suisse. — Thurgovie.
468. — Norwége.
sans organisation, sans frein ; mais elle était aussi plus effi-
cace.
455. On attribue généralement au prévôt des marchands,
Etienne Boileau, l'établissement de ces règlements et la cons-
titution des maîtrises. C'est en effet sous le nom de ce magistrat
qu'ont été recueillis, en 1260, les livres des métiers et mar-
chandises. Mais ce livre n'est que la réunion en corps d'ouvrage
de règlements antérieurement existants ; c'est un travail ana-
logue à celui de la rédaction officielle de nos coutumes qui
existaient bien avant le XVe siècle. Etienne Boileau ne fit que
constater les résultats de- l'enquête par lui ouverte au Châ-
telet de Paris sur les us et coutumes de chaque métier. En cer-
tains points, il sanctionna les meilleures règles des maîtrises et
consacra les procédés les plus parfaits 1. Mais il ne créa
pas les corporations dont l'origine connue remonte aux Ro-
mains. Elles étaient venues dans les Gaules à la suite des légions
et s'étaient conservées au milieu des désordres de l'invasion
barbare. D'abord spéciales aux communes qui avaient reçu
l'empreinte romaine, elles avaient été imitées dans les com-
munes féodales du Nord et par suite étaient devenues une
institution générale.
On peut juger par les traits que nous venons d'esquisser
combien était gênante l'institution des maîtrises et des juran-
des. Cependant il faut reconnaître que ce système fut un
progrès pour l'époque où il prit naissance. Les désordres du
moyen âge, pendant la période féodale, étaient tellement
contraires à la condition des travailleurs, que les patrons
s'unirent pour lutter avec plus d'avantages et protéger plus
efficacement leur travail 2. Ainsi les mêmes institutions qui
pour défenses ses traditions, les privilèges à lui octroyés et le monopole dont
il jouissait ab antiquo. Quand le monde des métiers, vraie seigneurie col-
lective, avait fait, ainsi que le baron, son hommage lige; quand il avait
payé ses redevances au roi et à Ï'évêque, soit directement, soit par l'in-
termédiaire des officiers de l'évêché et de la couronne; quand il avait ac-
quitté en travail, en argent, en guet, tout ce que l'organisation féodale
exigeait de lui, sa situation, au point de vue du droit, était exactement la
même que celle de la noblesse fournissant ses hommes d'armes et celle de
l'Eglise accordant le tribut de ses prières. En règle avec le roi, son prévôt
et ses officiers, ainsi qu'avec la « sainte Eglise, » il se tenait dans son fief
et s'y cantonnait fièrement. Nul ne se fût avisé de le « tailler » arbitraire-
ment; nul n'eût impunément molesté un maître, un valet, un simple ap-
prenti régulièrement agrégé à la communauté ouvrière. »
— (Avant-propos,
p. III et IV.)
1 Voir Fr. Passy, Leçons d'économie politique, t. I,
p. 283-317. Leçons
sur les corporations.
LIBERTÉ DE L'INDUSTRIE ET DU TRAVAIL. 393
tion , et où la lumière ne pénètre qu'à travers des matières qui
en altèrent les rayons!
Le Parlement et son avocat général avaient cependant re-
connu que, sur quelques points, les anciens règlements allaient
jusqu'à l'exagération. « Qu'est-il besoin, par exemple, disaient
les remontrances, que les bouquetières fassent un corps assu-
jetti à des règlements? Qu'est-il besoin de statuts pour vendre
des fleurs et former un bouquet? Où serait le mal quand on
supprimerait les bouquetières? Ne doit-il pas être libre à toute
personne de vendre les denrées de toute espèce qui ont tou-
jours formé le premier aliment de l'humanité? Il en est d'autres
qu'on pourrait réunir, comme les tailleurs et les fripiers, les
menuisiers et les ébénistes... Il en est enfin où l'on devrait
admettre les femmes à la maîtrise, telles que les brodeuses,
les marchandes de modes les coiffeuses. Ce serait préparer un
,
asile à la vertu que le besoin conduit souvent au désordre et
au libertinage. »
457. Après la chute de Turgot, l'édit de février 1776, sur
les jurandes et maîtrises, fut rapporté ; mais le germe qu'avait
déposé l'immortel édit se développa.
Conformément aux idées émises dans les remontrances du
Parlement de Paris, l'édit du 5 août 1776, tout en rapportant
l'édit du mois de février, établit quelques modifications. On
supprima des jurandes qui furent jugées inutiles; on permit
de cumuler les métiers qui n'étaient pas incompatibles; on
admit les femmes à quelques maîtrises; c'étaient bien là en effet
les vues d'amélioration qui avaient été indiquées dans le dis-
cours de Séguier. Les corps et communautés furent divisés en
six corps de marchands, y compris les orfèvres, et quarante-
quatre corporations d'arts et métiers. L'industrie des bouque-
tières, des brossiers, des coiffeuses de femmes fut rendue à
la liberté; mais c'était là une réforme sans importance, et vu
le nombre des industries qui demeurèrent soumises au privilège,
on peut dire que l'abrogation de l'édit fut à peu près pure et
simple 1.
1 L'article 30 de la loi des 19-22 juillet 1791 n'a jamais été abrogé et les
maires peuvent encore légalement taxer en vertu de cette disposition. Sous
le second Empire, on a fait l'essai de la liberté de la boucherie et de la
boulangerie en supprimant la taxe. En vertu de cette expérience, la liberté
existe de fait dans la plupart des communes. Quelques maires cependant ont
rétabli la taxe officielle. A Paris, la taxe a été supprimée par ordonnance de
police du 24 février 1838.
3
C. cass., Req., arr. du juin 1879 (D. P. 1880 , I, 37). Cette clause
10
n'empêcherait pas le vendeur du fonds de louer la maison à un locataire
qui établirait la même industrie, pourvu, bien entendu, qu'il n'y eût pas
fraude et que le bail fait à autrui ne fût pas un moyen employé pour dé-
tourner la clientèle cédée.
3 C. d'Alger,
arr. du 24 avril 1878 (D. P. 1880, II, 7).
398 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
DROIT COMPARE.
CHAPITRE DOUZIÈME.
Sommaire.
469. Distinction entre la réunion et l'association.
470. Historique du droit de réunion depuis 1789.
471. Différences entre le système du Code pénal et celui de la loi du 10 avril 1834.
472. Réunions après la Révolution de février. — Loi du 28 juillet 1848.
473. Décret du 25 février 1852. Loi du 6 juin 1868 et loi du 30 juin 1881.
474. Clubs.
475. Associations religieuses.
476. Des établissements de mainmorte dans l'ancien droit. — Édit de 1749.
477. Des établissements d'utilité publique suivant la législation actuelle.
478. Le pouvoir d'autoriser la formation des congrégations religieuses emporte-t-il
celui d'en ordonner la suppression. — Quid des biens appartenant aux con-
grégations supprimées?
479. Suite.
480. Réunions dans les rues ou attroupements.
481. Droit comparé. — Espagne.
482. — Belgique.
483. — Angleterre.
484. — Allemagne.
485. États-Unis.
—
486. — Bulgarie.
1 Article 13. Les sociétés secrètes sont interdites; ceux qui seront con-
«
vaincus d'avoir fait partie d'une société secrète seront punis d'une amende
de 100 à 500 fr., d'un emprisonnement de six mois à deux
ans et de la
privation des droits civiques d'un an à cinq ans. » Un décret du 8 dé-
—
cembre 1851 donne au gouvernement le pouvoir de transporter dans
une
colonie pénitentiaire, à Cayenne
ou en Algérie, les individus reconnus
coupables d'avoir fait partie d'une société secrète.
2 Circulaire
de M. Dufaure.
B.
— II. 27
418 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1
«Les articles 291, 292, 294 du Code pénal et les articles 1, 2 et 3 de la loi
du 10 avril 1834, dit le décret du 25 février 1852, sont applicables aux réu-
nions de quelque nature qu'elles soient. » Mais l'interprétation de cet article
se trouve dans les termes de l'article 291 du Code pénal. Plusieurs circulaires '
ministérielles ont reconnu que les articles 291-294 n'étaient pas applicables
aux congrégations religieuses (lettres du ministre des cultes du 3 septembre
1840, du 23 juin 1852, des 12 mars et 28 novembre 1853).
— Le gouverne-
ment a le droit de dissoudre les congrégations une fois formées, en vertu du
décret du 3 messidor an XII (art. 1 et 6) et les décrets des 18 février 1809
(art. 3) et 26 décembee 1810. d'État ont professé cette
— Des avis du Conseil
doctrine (4 juillet 1832 et 19 avril 1836).
— La jurisprudence judiciaire s'y
est conformée (Cassation, arrêt du 26 février 1849; Cour de Paris, 18 août
1820; Cour d'Angers, 24
mars 1842; Caen, 20 juillet 1846). Le droit de dis-
solution a été exercé sons l'Empire, la Restauration et le Gouvernement de
Juillet à l'égard des trappistes, des jésuites et des capucins. Mais l'applica-
tion la plus étendue qui ait été faite du décret du 3 messidor
an XII est celle
qui a été faite
par les décrets du 29 mars 1880.
422 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
,
pas rétablis par le premier consul. La loi organique du 18 ger-
minal an X, article 11, reconnut seulement « les chapitres cathé-
draux et les séminaires diocésains, » en ajoutant que tous
autres établissements d'utilité publique demeureraient suppri-
més. Cette disposition n'a jamais été abrogée, et deux lois pos-
térieures l'ont même confirmée. D'après la loi du 2 janvier
1817, « aucun établissement ecclésiastique n'a la capacité d'ac-
quérir qu'autant qu'il est reconnu par la loi. » La loi du 24
mai 1825 sur les congrégations de femmes exige l' autorisation
législative pour toutes celles qui n'étaient pas établies au 1er
janvier 1825. Celles qui avaient une existence de fait antérieure
1 Droit public.
428 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
DROIT COMPARE.
rée de 1879, p. 119. Il est vrai que la loi ne devait être que temporaire et
,
ne devait demeurer en vigueur que jusqu'au 31 mars 1881 (art. 30). Le gou-
vernement voulait une loi permanente; mais sa proposition ne fut pas accep-
tée et après une longue discussion on s'accorda sur le terme de deux ans et
demi. Il est, en ce moment, question d'une nouvelle prorogation.
LIBERTÉ DE RÉUNION ET D'ASSOCIATION. 433
II.
434 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
CHAPITRE TREIZIÈME.
DROIT DE PÉTITION.
Sommaire.
487. Droit de pétition. — Pétitions sous la Constitution du 14 janvier 1852.
488. La Constitution du 14 janvier 1852 n'a fait que changer les autorités compé-
tentes pour statuer sur les pétitions. — Elle n'a pas modifié les règles sur la
matière du pétitionnement. — Les pétitions faites collectivement sont toujours
prohibées.
489. Des effets que peut produire la pétition.
490. Le Sénat ne pouvait annuler ni un arrêt, ni un décret du Conseil d'État en
matière contentieuse.
491. Le Sénat actuel ni la Chambre des députés n'ont le pouvoir d'annulation.
492. Droit comparé. — Belgique.
493. — Angleterre.
DROIT COMPARE.
CHAPITRE QUATORZIÈME.
Sommaire.
494. Le principe de la gratuité est conciliable avec le paiement des frais de procé-
dure par les parties. La loi moderne n'a eu pour objet que la suppression des
épices.
495. Du principe : « Nul ne peut être distrait de ses juges naturels. »
496. Suite.
497. Ce principe fait-il obstacle à ce que le délinquant soit jugé par un tribunal créé
postérieurement à la perpétration du fait incriminé?
498. Publicité des débats.
499. Audiences administratives. — Conseil d'État. — Conseils de préfecture.
500. Droit comparé. — Belgique.
501.
— Angleterre.
et les avocats ont été entendus en leurs conclusions et plaidoiries aux au-
diences de tels jours, bien qu'il ne dit pas formellement que chacune des au-
diences avait été tenue publiquement, surtout si le jugement se terminait par
une mention générale portant que le jugement a été rendu en audience pu-
blique. Ces énonciations sont suffisantes lorsqu'aucun autre fait n'est allégué
qui infirme les mentions du procès-verbal et des énonciations contenues dans
le jugement. Cass. 15 février 1865 (D. P. 1865, I, 430); 9 avril 1866 (D. P.
1866,1,245); 10 mai 1882 (D. P. 1882,1, 305); 11 mai 1882 (D. P. 1883,1, 89).
La jurisprudence tient cependant rigoureusement à l'observation du prin-
cipe de la publicité. La Cour de cassation a cassé un arrêt de Cour d'assises
parce qu'il ne résultait pas du procès-verbal d'audience qu'une descente sur
les lieux ordonnée par la Cour d'assises eût été faite avec publicité. C. Cass.,
Ch. crim., 28 juin 1883 (D. P. 1884, I, 47).
GRATUITÉ ET PUBLICITÉ DE LA JUSTICE. 449
1831. Le principe ne leur fut appliqué qu'à la suite de récla-
mations fréquentes et pressantes. L'expérience locale précéda
même les dispositions générales, et c'est ainsi qu'un préfet
de l'Isère, M. de Gasparin, fît faire à la question un grand
pas, en tenant publiquement les audiences du conseil de pré-
fecture de ce département. En 1850, le projet de loi dont
M. Boulatignier fut rapporteur, au Conseil d'État, établissait
la publicité des audiences des conseils de préfecture 1, et en
1862, le Sénat vota le renvoi au ministre de l'intérieur d'une
pétition qui demandait un règlement général de la procédure
devant les conseils de préfecture, vote qui pouvait être con-
sidéré comme favorable au principe de la publicité (délibé-
ration du 29 mars 1862). Enfin, un décret du 30 décembre
1862 disposa qu'à l'avenir les audiences des conseils de pré-
fecture seraient publiques, à l'exception de celles qui seraient
consacrées à l'examen des comptes de gestion des receveurs des
communes ou établissements de bienfaisance. Quand la loi ne
l'interdit pas, nous pensons qu'une juridiction a le droit de tenir
ses audiences publiquement ; il n'y a pas obligation mais faculté
d'accorder cette-garantie aux justiciables et c'est en vertu de
cette faculté que fut tentée l'expérience pour la publicité des
conseils de préfecture en matière contentieuse. Si la publicité a
des inconvénients il faut que la loi l'interdise 2.
,
L'intérêt des bonnes moeurs a voulu qu'on laissât aux ma-
gistrats le droit de prononcer le huis-clos. Par respect pour
une règle importante de notre droit public, les présidents n'en
font usage que dans les circonstances où la décence aurait
trop à souffrir des débats publics.
1 V. le rapport de M. Boulatignier et le Moniteur du 27 mars 1862.
2 Une commission scolaire a selon nous le droit de tenir une audience pu-
blique, aucun texte ne lui interdisant. C'est ainsi que M. de Gasparin put
mettre à l'épreuve la publicité des audiences du conseil de préfecture. Au-
cune loi n'exigeait la publicité, mais aucune loi ne l'interdisait. Le Conseil
d'Etat a, contrairement à notre opinion, sur la demande du ministre de
l'Instruction publique, annulé pour excès de pouvoir une délibération, ren-
due en séance publique, par la commission scolaire de Lavaur (Tarn), Arr.
du 16 mars 1883. Recueil des arrêts, 1883, p. 283. Concl. conf. de M. Mar-
guerie, comm. du Gouv.
B. — II. 29
450 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
DROIT COMPARE.
CHAPITRE QUINZIÈME.
Sommaire.
502. Vote de l'impôt avant 1789.
503. De la résistance des Parlements et de l'esprit dans lequel elle était faite.
504. Vote de l'impôt et des dépenses suivant le droit moderne.
505. Vote des dépenses antérieur au vote des impôts.
506. Constitutions du 3 septembre 1791 et du 24 juin 1793.
507. Constitution du 5 fructidor an III, art. 303 et 318.
508. Constitution consulaire du 22 frimaire an VIII, art. 45.
509. Restauration. — Loi du 23 mars 1817.
510. Suite. Ordonnance du 1er septembre 1827.
511. Gouvernement de Juillet. — Loi du 29 janvier 1831.
512. Empire. — Sénatus-consulte du 23 décembre 1852.
513. Sénatus-consulte du 31 décembre 1861.
514. Virements. Crédits supplémentaires et extraordinaires.
515. Impôts indéterminés.
516. Droit comparé. — Belgique.
517. — Angleterre.
518. — Allemagne.
319. — Espagne.
TRANSITION.
sans qu'il soit besoin d'une concession directe et par cela seul
que leur exercice n'a pas été refusé formellement. Nous entrons
maintenant dans l'ordre des droits politiques, de ceux qui n'ap-
partiennent qu'aux citoyens et en vertu de dispositions formelles
sur la constitution des pouvoirs publics. Nous abordons l'é-
tude du droit constitutionnel qui ne suit pas les mêmes règles
d'interprétation que celles dont nous avons jusqu'à présent re-
connu l'autorité. Dans l'étude des droits publics , la loi natu-
relle joue un rôle prépondérant; tout ce qui n'est pas interdit
est permis et si les restrictions sont trop nombreuses ou trop
étroites, elles sont contraires à l'esprit de la Constitution. Dans
le droit constitutionnel, c'est la loi positive qui a le premier
rang et les citoyens n'ont le droit de participer à la puissance
publique que dans la mesure de ce qui leur est accordé par la
loi positive.
&02. Coquille, en son Institution au droit français, dit que
« la France est une monarchie héréditaire tempérée par les
« lois 1 ; que les lois devaient être vérifiées librement en parle-
« ment 2, et qu'au roi seul appartient lever deniers et espèces
« sur ses sujets 3. »
« D'ancienneté, ajoutait Coquille, nos bons rois ne mettoient
les subsides sans le consentement du peuple, que le roy assem-
bloit par forme d'États-généraux et en iceux proposoit la né-
cessité des affaires du royaume. Et en cette ancienneté, lesdits
subsides n'étoient ordinaires comme ils le sont de présent. Ceux
du duché de Bourgogne ont retenu sagement leur liberté et ne
payent les tailles qu'on appelle fouaïges, sinon qu'en trois ans
une fois, après que lesdits fouaïges sont accordés par les États
du païs, qui sont tenus de trois ans en trois ans. Et souloient,
en cette ancienneté, les rois promettre à leur peuple, sitôt que
le besoin seroit cessé, de faire cesser lesdits subsides. Cela se
voit par une ordonnance du roy Philippe sixième, dit de Valois,
de l'an 1348 4. »
1 Art. 2.
2 Art. 3.
3 Art. 13. Institutes coulumières. Loisel, édit. de MM. Dupin et Laboulaye.
4 Inslitutes coulumières, p. 19, t. I.
VOTE DE L'IMPÔT ET DES DEPENSES PUBLIQUES. 455
Ces promesses ne furent pas tenues ; les rois en vinrent à ne
convoquer les États-généraux qu'à de très rares intervalles, et
seulement dans les cas où les périls de leur situation étaient
tels qu'ils avaient besoin non-seulement d'obtenir de l'argent,
mais encore de puiser une force morale dans l'appui de la na-
tion. Dans ces réunions, les députés faisaient expier à la royauté
l'éloignement où elle vivait de ses sujets. On accordait les sub-
sides, mais avec des réserves et des stipulations qui, toutes,
avaient pour objet la convocation régulière des États-généraux.
Dans quelques-unes de ces assemblées, on entendit les députés
du tiers-état soutenir les doctrines les plus hardies sur la sou-
veraineté du peuple. Jean-Jacques Rousseau, dans le Contrat
social, n'a pas dépassé les hardiesses du sire de La Roche aux
États-généraux de 1484l.
Dans l'intervalle des réunions, les impôts étaient créés par
des édits royaux, avant d'être exécutoires, devaient être véri-
fiés en cour de Parlement. Encore le refus d'enregistrement
pouvait-il être vaincu par un lit de justice, séance royale
dans laquelle le souverain entendait les remontrances du Par-
lement, après quoi l'enregistrement était ordonné, si le roi
ne prenait pas le parti de revenir sur sa détermination.
503. Les remontrances de la magistrature n'étaient cepen-
dant pas sans efficacité, car elle était puissante par sa popularité.
Elle tenait à la noblesse et au tiers-état, et la couronne était
forcée de compter avec ces robins que le peuple avait l'ha-
bitude de considérer comme ses défenseurs. Certes, jamais
popularité ne fut moins justifiée. Le Parlement ne s'agitait que
pour défendre ses privilèges menacés , et c'est par des circons-
tances purement fortuites que ses intérêts coïncidèrent avec
ceux du peuple. S'il résistait aux taxes nouvelles, ce n'était
point à cause de la nouveauté de l'impôt, mais parce que les
nouvelles taxes s'étendaient à tous les contribuables, même
à ceux qui étaient exempts du paiement de la taille. Si jamais
une réforme financière fut juste et bien conçue, c'était assuré-
1
«
L'État est la chose du peuple; la souveraineté n'appartient pas aux
princes qui n'existent que par le peuple. »
456 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Constit., tit. III, chap. 3, sect. lre, art. Ier et art. 14 de la Déclaration
des droits. « Un particulier, dit M. Paul Leroy-Beaulieu, règle en général
ses dépenses sur ses recettes, tandis que la plupart des États règlent leurs
recettes sur leurs dépenses, augmentent ou diminuent leurs impôts suivant
qu'ils croient convenable de doter plus ou moins certains services » (Traité
de la science des Finances, t. II, p. 3).
458 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1
«Dans quelques États absolus, comme l'empire de Russie, le sentiment
de l'honneur chez les fonctionnaires, celui de l'intérêt bien entendu du pays
chez le souverain, le respect et la crainte de l'opinion publique peuvent en
partie suppléer à cette vigilance des Chambres et à la publicité du vote des
crédits et des impôts; mais ce ne sont jamais là des garanties ainsi que les
règles rigides qui sont adoptées par les pays parlementaires » (Paul Leroy-
Beaulieu, op. cit., t. II, p. S).
VOTE DE L'IMPÔT ET DES DEPENSES PUBLIQUES. 459
avait le droit de réduire le total, d'une somme égale à toutes
les réductions qu'il lui semblait possible de faire sur les cha-
pitres. Comme la discussion était faite par chapitres, la Chambre
pouvait juger quelles étaient les dépenses superflues ou exa-
gérées et elle réduisait d'autant le crédit total du ministère.
Sans doute le ministre pouvait ensuite, au moyen d'une éco-
nomie sur d'autres articles du budget, pourvoir à la dépense
supprimée et faire prévaloir sa pensée contre celle du pouvoir
législatif; mais l'obligation de prendre les fonds sur d'autres
services enfermait le ministre dans un cercle étroit.
La transaction ne termina pas la lutte et, de 1820 à 1827,
la spécialité fut demand.ée à plusieurs reprises par les orateurs
de l'opposition, par MM. Foy, Manuel, Laffitte, Benjamin
Constant et Royer-Collard. La prérogative royale et les droits
de l'administration furent défendus par MM. de Villèle, Pas-
quier, Roy et Courvoisier. Après avoir développé l'idée que le
chapitre est propriétaire du crédit qui lui est affecté; que le
gouvernement n'ayant obtenu un crédit que pour faire une
dépense déterminée, la probité lui fait un devoir de ne pas
détourner la somme allouée pour payer une dépense non con-
sentie, M. Royer-Collard disait dans une séance de 1822 : « Le
temps de la loi de 1817 est passé, celui de la spécialité est
venu; en vain elle sera repoussée, elle se reproduira de plus
en plus exigeante et elle triomphera, peut-être durement, de
la mollesse des majorités et de la répugnance des ministres. »
510 La menace de Royer-Collard se réalisa quelques an-
nées plus tard; mais bien avant les événements de juillet 1830,
les ministres avaient pu sentir que le courant de l'opinion
publique marchait à la suite de l'opposition, et M. de Villèle
avait cherché à lui donner une satisfaction partielle. L'ordon-
nance du 1er septembre 1827 disposa qu'à l'avenir le vote des
dépenses aurait lieu par sections, au lieu d'être fait en bloc
par ministère. La discussion portait d'ailleurs sur les chapitres
ou subdivisions, et la Chambre avait le droit de diminuer le
crédit affecté à une section, comme elle pouvait auparavant
réduire le crédit total du ministère. Le supplément de garantie
créé par cette ordonnance tenait à ce que chaque section était
460 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
propriétaire du crédit qui lui était assigné. Le ministre qui
voulait méconnaître le voeu des législateurs ne pouvait plus se
mouvoir dans le ministère tout entier; il demeurait enfermé
dans la section, et il ne lui était pas permis de faire des éco-
nomies sur une section pour la reporter sur une autre; les
virements ne pouvaient se faire qu'entre les chapitres de la
même section.
511. Cette concession ne donna pas une entière satisfaction
à l'opposition; à peine promulguée, l'ordonnance du ler sep-
tembre 1827 fut attaquée par les plus vives réclamations;
le Parlement multiplia les divisions et peu à peu l'action admi-
nistrative fut enfermée dans un nombre de sections qui se
rapprochait de la spécialité. C'est le système qui triompha,
après la révolution de Juillet, dans la loi du 29 janvier 1831 1,
et qui ne cessa pas d'être suivi jusqu'au sénatus-consulte du
25 décembre 1852.
512 L'article 12 du sénatus-consulte organique de l'Em-
pire disposa que le budget serait présenté au Corps législatif
avec ses subdivisions administratives, mais que le vote serait
fait par ministère et en bloc. La répartition entre les chapitres
n'était cependant pas abandonnée aux ministres; c'est par
la folie.
462 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Voir sur toute cette matière deux rapports de M. Troplong, sur le sé-
natus-consulte du 25 décembre 1852 (D. P. 1852, IV, 189), et sur le sénatus.
consulte du 31 décembre 1861 (D. P. 1862, IV, p. 1 et suiv.). V. aussi l'ex-
posé de motifs du sénatus-consulte de 1861 par M. Vuitry (Moniteur du 3
décembre 1861, p. 1694). « La réforme, dit M. P. Leroy-Beaulieu, n'eut
pas les bons effets qu'on en attendait : la faculté de virements eut pour con-
séquence naturelle l'accroissement de la dotation de la plupart des chapitres
et les crédits supplémentaires ne disparurent pas entièrement » (t. II, p. 101).
VOTE DE L'IMPÔT ET DES DEPENSES PUBLIQUES. 465
service de la dette publique; 2° on ne pouvait pas, au moyen
d'un virement, augmenter les fonds secrets; 3° les traitements
du personnel ne pouvaient pas être augmentés au moyen de vi-
rements; 4° les fonds créés pour dépenses extraordinaires ne
pouvaient pas être reportés par virement aux dépenses ordi-
naires. Enfin la loi du 16 septembre 1871, article 30, a de nou-
veau consacré la spécialité par chapitres en interdisant le
virement de chapitre à chapitre, en termes formels (art. 30,
§ 2). Le ministre peut se mouvoir dans le chapitre et faire un
virement d'une subdivision à une autre. Ainsi il n'est pas sans
exemple que le ministre, en restant dans les limites du crédit
affecté au chapitre, ait maintenu un employé dont le traite-
ment avait été supprimé par les Chambres.
Quant aux crédits supplémentaires et extraordinaires, ils ne
peuvent pendant les sessions être ouverts que par une loi. Dans
l'intervalle des sessions, ils peuvent être ouverts par décret, en
Conseil d'État, mais les crédits supplémentaires ne peuvent être
accordés que pour les chapitres compris clans une nomenclature
faite par une loi. Pour les dépenses non comprises dans l'énu-
mération, aucun crédit supplémentaire ne peut être accordé
pendant les intersessions. Il faut ou attendre la réunion du Par-
lement ou le convoquer extraordinairement. — Comme les cré-
dits extraordinaires ont pour objet des dépenses imprévues,
aucune nomenclature n'a pu être faite en ce qui les concerne;
aussi la faculté de les ouvrir est indéfinie. Les crédits supplé-
mentaires ou extraordinaires doivent être soumis à la ratifica-
tion des Chambres aussitôt après leur réunion (art. 31, 32 et 33
de la loi de finances du 16 septembre 1871) 1.
La loi de 1871 ne distinguait pas entre la prorogation et la
dissolution de la Chambre des députés et il n'y avait pas à dis-
tinguer, le besoin de crédits supplémentaires ou extraordi-
naires pouvant se faire sentir aussi bien dans un cas que dans
l'autre. La distinction a été faite par la loi du 22 décembre 1878,
1 L'article 33 énumère les dépenses pour lesquelles, dans chaque ministère,
des crédits supplémentaires peuvent être ouverts pour l'année 1872. La no-
menclature a été modifiée sur quelques points dans les lois de finances pos-
térieures.
B. — II. 30
466 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
DROIT COMPARE.
CHAPITRE SEIZIÈME.
Sommaire.
520. Consécration du principe de la responsabilité des fonctionnaires par le décret
du 13 juillet 1789 et la Constitution du 3 septembre 1791.
521. Code pénal.
522. Article 75 de la Constitution du 22 frimaire an VIII. Son abrogation par le
décret du 19 septembre 1870. — Interprétation de l'article 75 comme s'il était
encore en vigueur.
523. Cet article ne s'appliquait pas aux ministres.
324. Que faut-il entendre par ces mots : agents du gouvernement?
525. La garantie appartenait-elle aux maires comme administrateurs de la commune?
326. Quid des personnes composant les corps délibérants de l'ordre administratif?
327. Quid des membres du Conseil d'État et des conseils de préfecture?
528. La garantie protégeait le fonctionnaire après la cessation des fonctions et même
les héritiers, s'ils étaient poursuivis pour faits de leur auteur relatifs aux
fonctions administratives.
329. La garantie s'appliquait aux faits connexes à l'exercice des fonctions.
530. La garantie s'appliquait aux poursuites criminelles intentées par le ministère
public et aux actions civiles des particuliers. — Elle constituait un moyen
d'ordre public pouvant être proposé en tout état de cause, devant la Cour de
cassation et même d'office.
331. Dispositions exceptionnelles touchant les receveurs des deniers publics.
332. Dispositions exceptionnelles. —Suite. — Délégation aux directeurs généraux?
333. Suite.
334. Suite.
334 bis. Décret du 19 septembre 1870.
335. L'autorisation préalable n'était pas exigée pour les poursuites ordonnées par le
Chef de l'État.
336. Droit comparé. — Angleterre.
337. États-Unis.
—
338. — Belgique.
339.
— Espagne.
340. — Allemagne.
1 Les précédents relatifs à l'action civile contre les ministres ont été expo-
sés par M. Laferrière, alors commissaire du Gouvernement, dans les con-
clusions qui précédèrent le jugement du tribunal des conflits du 5 mai 1877.
Lemonnier - Cariot c. Magne et Mathieu - Bodet. La doctrine est unanime
pour reconnaître la compétence de l'autorité judiciaire; mais elle se divisait
sur l'autorisation : « MM. Ducrocq et Batbie estiment que la poursuite à
fins civiles est entièrement libre. D'autres auteurs, notamment Rossi, Faus-
tin Hélie, F. Laferrière estiment qu'il faut l'autorisation du pouvoir qui est
compétent pour décréter la mise en accusation des ministres. » Recueil des
arrêts du Conseil d'État, 1877, p. 437 et suiv. (V. 26 décembre 1868, Barbat
c. ministre de l'agriculture).
478 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
cependant contra un décret du 24 août 1858 qui autorise des poursuites contre
un agent voyer pour cause de faux.
1 Ord. des 26 novembre 1840 et 20 avril 1839.
3 C. cass., ch. crim., arrêt du 13 mai 1859 (D. P. 1859, I, 432) et C. d'Or-
B. — II. 31
482 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
au texte, t. I, p. 212.
3 Aff. Vauchel.
484 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Pour les conseils électifs, voir Ord. du 20 janvier 1823, Wil. — Décr.
du 7 juin 1851, Neveu et Janvier; — du 31 janvier 1853 Roux-Aymar ; —
,
du 8 novembre 1854, Tardif. — V. aussi ord. du 24 juillet 1845, Hignard.
3 En 1858, dans l'affaire Balmade c. Lamothe, on
a discuté la question
de savoir si les faits de violences et d'outrages commis par un garde fores-
tier, en tournée, sur une femme donnaient, comme faits connexes, lieu à
,
l'application de l'article 75. La question n'a pas été résolue dans le décret du
23 juin 1858, qui a rejeté la demande comme faite par une personne sans in-
térêt.
RESPONSABILITÉ DES AGENTS DU GOUVERNEMENT. 485
des héritiers des fonctionnaires ou des fonctionnaires eux-mê-
mes, après la cessation de leurs fonctions.
529. La connexité de la vie privée et des fonctions publi-
ques ne permet pas toujours de démêler aisément les actes qui
appartiennent à l'exercice des fonctions. Le Conseil d'État avait,
dans quelques décisions, poussé un peu loin la connexité. Il
décidait que l'agent des douanes qui frappe de son fusil un
autre employé, avec lequel il marche, commet un fait dom-
mageable qui se rattache à ses fonctions 1, et que l'agent des
douanes, au moment où il se dirige vers son poste d'observa-
tion et avant la poursuite des fraudeurs, est dans l'accom-
plissement de ses fonctions publiques 2; les poursuites se rat-
tachant aux actes faits pendant la marche du douanier vers son
poste, ne pouvaient donc pas avoir lieu sans autorisation préa-
lable.
Il ne suffisait pas, pour que l'article 75 fût applicable, que
le fait à réprimer se fût passé pendant l'exercice des fonctions ;
il fallait qu'entre les fonctions et l'acte donnant lieu aux pour-
suites, il y eût une relation de dépendance et de connexité.
Ainsi un agent des douanes ou des forêts qui, pendant une tour-
née aurait commis un délit de chasse, n'aurait pas pu opposer
l'article 75 ; car le fait incriminé est complètement indépendant
des attributions de l'agent douanier ou forestier, et la preuve
en est que le même délit aurait pu être commis par un simple
particulier dans des circonstances identiques de temps et de
lieu.
530 Que faut-il entendre par le mot poursuite qu'em-
.
ployait l'article 75 ? Incontestablement il s'applique aux actions
portées devant les tribunaux criminels et correctionnels, soit
par le ministère public, soit par les parties en vertu du droit
de citation directe; aucune controverse ne s'est élevée sur ce
point. Mais quelques décisions judiciaires ont restreint le sens
du mot poursuite aux actions criminelles, à l'exclusion des
1 C. cass., ch. civ., arr. des 30 juillet 1861 (D. P. 1861, I, 380) et 30 no-
vembre 1858 (D. P. 1859, I, 20) ; 15 novembre 1865 (D. P. 1866, I, 49).
2 Entre beaucoup de décisions semblables, V. notamment 22 avril 1858,
Boulet c. Gambard. 9 novembre 1869, Laferrière c. Manceaux et 24 novembre
1869. Ricand c. Laglaire. (Recueil des arrêts, 1869, p. 1211.)
488 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
1 Nous avons cité plus haut (p. 268 en note) l'opinion de M. Ducrocq en
ce sens (T. I, n° 727).
2 Tribunal des conflits, 26 juillet 1873, Pelletier, Cass., 2 août 1874 (D.
P. 1876, I, 297). 7 juin 1873, Godart; 4 juillet 1874, Bertrand; 31 juillet
1875, Pradines. Dans le sens de cette jurisprudence se sont prononcés :
Hallays-Dabot, Recueil des arrêts du Conseil, note sur l'arrêt de 1873; Ber-
nard, Revue critique, 1877, p. 12 et 441 ; 1878, p. 41. Une note de M. Caza-
lens (D. P. 1872, I, 385. Aucoc, Conférences, t. Ier, p. 678. Contra Rever-
chon) (D. P. 1872, I, 385). Ducrocq, t.I, p. 584, n°s 688, 689, 5e édition.
C'est dans l'affaire déjà citée Lemonnier-Carriot, 5 mai 1877, que le tribu-
nal a été dessaisi, bien que l'acte administratif eût été annulé, pour excès de
pouvoir, par décret en Conseil d'État.
RESPONSABILITÉ DES AGENTS DU GOUVERNEMENT. 493
DROIT COMPARE.
32
Colmeiro, Derecko administrative, t. I, p. 69 et suiv., nos 145, 150, etc.
2 Colmeiro, édit. de 1876, t. I, p. 78, n° 166.
B. - II
498 DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF.
CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.
Sommaire,
541. C'est la séparation des pouvoirs qui fait la différence des gouvernements libres
et des gouvernements absolus.
542. Objections élevées contre la séparation des pouvoirs.
343. Suite.
544. Droit comparé. — Angleterre. — Observation de M. Léon Faucher.
545. — Belgique.
546. — Espagne.
547. — Allemagne. — Doctrine de Stahl.
548. — Ancien droit français.
DROIT COMPARE.
Pages
PRÉLIMINAIRE (1-7) 1-7
1. La société est un état naturel et nécessaire, p. 1. — 2. Elle est un moyen
et non un but, 1. — 3. Rôle de l'État, 2. — 4. Sa mission n'est pas
purement négative ,2. — 5. L'intervention des pouvoirs publics varie
suivant les lieux et les temps ,3. — 6. Distinction entre les diverses
espèces de droits, 3. — 7. Définition des mots administration, droit
administratif, droit public et droit constitutionnel, 5.
PREMIERE PARTIE.
DROITS PUBLICS. — DROITS ABSOLUS.
CHAPITRE PREMIER (8-13) 8-12
8. Le renvoi contenu dans l'article 1er de la Constitution du 14 janvier
1852 aux principes de 1789 comprenait les principes qui se réfèrent à la
liberté tout aussi bien que ceux qui sont relatifs à l'égalité, 8. — 9. Les
principes de 1789 sont énumérés dans la déclaration des droits de 1791,
10. — 10. Opinion de Joseph de Maistre, 10. — 11. Différence entre la
déclaration des droits de la révolution française et la déclaration des droits
américaine, 11. — 12. Déclaration des devoirs, 11. — 13. Énuméra-
tion, 12.
CHAPITRE DEUXIÈME. Égalité civile (15-55) 13-50
—
15. Des ordres dans l'ancien régime, p. 14. —16. Inégalité politique, 14.—
17. Inégalité en matière d'impôt. Taille personnelle et taille réelle, 14. —
18. Origine de cette inégalité, 15. — 19. Inégalité résultant de l'arbi-
traire dans la répartition de la taille, 15. — 20. Inégalité en matière de
milice, 16. — 21. Profonde démarcation entre le roturier et le gentil-
homme, 17.— 22. Marche ascendante des classes inférieures. Escla-
vage. Servage. Mainmorte, 17. — 23. Diocèse de Saint-Claude, 18.
— 24. Loi du 4 août 1789, 19. — 25. Conséquences du
principe d'é-
galité civile, 19. — 26. Les conditions de capacité, d'âge et de moralité
ne sont pas contraires au principe d'égalité, 20. — 27. Du sens vrai du
mot classes de la société dans les lois sur la presse qui punissent l'exci-
tation à la haine des classes de la société les unes envers les autres,
20. — 28. Importance de fait de la noblesse, 21. — 29. Origine des
titres nobiliaires, 21. — 30. Achat des charges emportant la noblesse,
22. — 31. Suppression des distinctions nobiliaires par la législation
révolutionnaire,,22. — 32. Noblesse impériale. Grands dignitaires et
508 TABLE DES MATIERES.
Pages.
grands officiers, 23. — 33. Comtes et barons de l'Empire, 23. — 34.
Majorats. Majorats de propre mouvement et majorats sur demande,
24. — 35. Article 259 du Code pénal, 24. — 36. Rétablissement de la
noblesse sous la Restauration, 25. — 37. Abrogation de l'article 259 du
Code pénal par la loi du 28 avril 1832, 25. — 38. Loi sur les majorats
du 12 mai 1835, 26. — 39. Abolition des titres nobiliaires en 1848 et
rétablissement en 1852. Loi du 28 mai 1858 qui remet en vigueur l'ar-
ticle 259 da Code pénal. Décret du 8 janvier 1859 qui rétablit le
conseil du sceau des titres, 26. — 40. Conseil du sceau, 27. — 41. Loi
du 7 mai 1849 sur les majorats, 28. — 42. Délibération du Sénat sur
les titres de noblesse des familles anoblies sous l'Empire, 29. — 43-50.
Question. Le ministère public a-t-il le droit d'agir en rectification des
actes de l'état civil ? 29-38. — 51. Droit comparé : Belgique, 39; —
52. Russie, 40; — 53. Espagne et Portugal, 44; — 54. Angleterre, 45;
— 55. Allemagne, 47.
CHAPITRE TROISIÈME.
— Liberté individuelle (56-93). 51-77
56. En quoi consiste la liberté individuelle, p. 52. — 57. Restrictions à
la liberté individuelle, 52. — 58. Différence de notre législation avec
celle de l'Angleterre, 53. — 59. Opinion de Hume sur l' habeas corpus,
54. — 60. Suspension de l'habeas corpus, 54. — 61-64. Circonstances
principales où, dans notre pays, la liberté individuelle a été suspendue
par des raisons d'État, 55-57. — 65. Observation sur les atteintes por-
tées à la liberté individuelle, 58. — 66. Pouvoirs exceptionnels donnés
par la loi du 9 juillet 1852 au préfet de police à Paris et au préfet du
Rhône, 58. — 67. Observations sur ce point, 59. — 68. Les lois sur la
mendicité sont-elles contraires à la liberté individuelle? 59. — 69. Des
filles soumises, 60.
— 70. Du passeport, 61. —71. Des passeports à
l'intérieur et à l'étranger. Conditions et formalités, 62. — 72. Des actes
équivalant à passeport, 62. —73. Passeports gratuits aux indigents,
63. —74. Suppression des passeports pour les Anglais venant en France,
63. — 75. L'individu auquel le passeport est refusé a-t-il une voie de
recours à employer? 64. — 76-78. Le recours par la voie contentieuse
est-il admissible? 64-65. — 79. Liberté individuelle considérée dans le
costume, 66. — 80. Liberté individuelle considérée au point de vue du
port d'armes, 66. — 81-82. Que faut-il entendre par armes cachées ou
secrètes? 66-67. — 83-85. Des armes de guerre, 67-69. — 86. Port
d'armes en cas de chasse, 70. — 87. Du permis de chasse, 70. — 88.
Cas dans lesquels le permis de chasse peut ou doit être refusé, 71. —
89. Droit comparé sur la liberté individuelle. Belgique, 73. — 90-92.
Angleterre, Charte et acte d'habeas corpus, 73-75. — 93. Allemagne, 75.
CHAPITRE QUATRIÈME. Inviolabilité du domicile (94-103) 78-87
—
94. Pénalités prononcées contre l'auteur d'une violation de domicile, p. 78.
— 95-96. Des cas dans lesquels l'autorité publique peut, par exception,
s'introduire dans le domicile des particuliers, 79-80. — 97. Le juge
d'instruction a-t-il en principe le droit de faire une perquisition pendant
la nuit? 80. — 98. Des cas où le procureur de la République a le droit
de visite domiciliaire, 81.
— 99. Des gardes-champêtres et
forestiers
TABLE DES MATIERES. 509
comme officiers de police judiciaire, 81. — 100. Quid des agents d'exé-
cution, et en particulier des gendarmes? 82. — 101. Exécution des con-
damnations, 84. — 102. Visites domiciliaires pour assurer l'exécution
des lois sur les contributions publiques, 84. — 103. Droit comparé :
Belgique, Angleterre et Allemagne, 85.
CHAPITRE CINQUIÈME.
— Inviolabilité de la propriété (104-122) 88-99
104. Le principe que nul ne peut être privé de sa propriété que pour cause
d'utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité, est un
principe de l'ordre constitutionnel et non une simple disposition législa-
tive, p. 88. — 105. Article 15 de la loi du 21 mai 1836, 89. — 106. Des
cas où les ingénieurs se mettent en possession d'une propriété privée
sans formalités préalables, 90. — 107. Servitude d'utilité publique, 90.
— 108. Ces servitudes ne donnent pas droit à indemnité, 90. — 109.
L'embellissement devrait-il être un motif suffisant pour procéder par
voie d'expropriation? 91. — 110. Modification de la loi du 3 mai 1841
par le sénatus-consulte du 25 décembre 1852, 92. — 111. Suite. Obser-
vation, 92. — 112. Modification résultant de la loi du 27 juillet 1870,
93. — 113. L'expropriation pour cause d'utilité publique ne peut avoir
lieu Que par autorité de justice, 93. — 114. L'expropriation pour cause
d'utilité publique est inhérente à toute société. Elle existait en droit
romain. Erreur de Proudhon sur ce point, 94. — 115. Endroit romain,
l'expropriation s'appliquait aux meubles et aux immeubles, 95.
— 116.
Elle pouvait être faite par l'État ou les municipes. Formalités, 96. —
117. L'indemnité n'était pas préalable, 96. — 118. En quoi consistait
l'indemnité? 96. — 119. Expropriation sous l'ancien droit français, 97.
— 120. Expropriation pour cause d'utilité publique en Angleterre, 97;
— 121. en Espagne, 98; — 122. en Bavière, 99.
CHAPITRE SIXIÈME.
— Secret des lettres (123-128) 100-105
123. Le secret des lettres a plusieurs fois été reconnu constitutionnelle-
ment, p. 100. —124. Restrictions apportées à ce principe en cas d'infor-
mation criminelle 100. — 125-127. Les préfets ont-ils le droit de faire
,
saisir les lettres à la poste sans le concours du juge d'instruction? 101-
102. — 128. Droit comparé : Belgique, 104; —Angleterre, 104; — et
Allemagne, 105.
CHAPITRE SEPTIÈME.
— Liberté de la presse (129-253) 106-188
129. Ce qui constitue essentiellement la liberté de la presse, p. 109. — 130.
Différents systèmes sur le jugement des délits de presse, 109. — 131.
Timbre et cautionnement, 109. — 132. Responsabilité de l'écrivain,
110. — 133. La question de la liberté de la presse n'est pas susceptible
d'une solution absolue, 111. — 134. Différence entre la France et l'An-
gleterre, 111. — 135. Conséquences qui en doivent résulter, 112. —
136. Circulaire du ministre de l'Intérieur, 112. — 137. Observation,
114. — 138. Histoire de la législation sur la presse en France (1791 à
l'an VIII), 115. — 139. Suite. Constitution du 22 frimaire an VIII, 116.
—140. Suite. Sénatus-consulte du 28 floréal an XII, 116. — 141. Suite.
Décret du 5 février 1810, 117. — 142. Suite. Charte de 1814 et Cent-
510 TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
des sacrements, 208. — 285-286. Il en est de même du refus de sépul-
ture, 209. — 287. Heures d'ouverture de l'église, 210. — 288. Affiches
sur la porte de l'église, 211. — 289. Quêtes à l'intérieur de l'église,
212. — 290. Places distinguées pour les autorités civiles et militaires,
212. — 291. Interprétation de l'article 45 de la loi du 18 germinal an X,
213. — 292. Des processions, 214. — 293. Détachements de la garde
nationale pour escorter les processions, 214. — 294. L'autorité tem-
porelle n'a pas le droit de suspendre le traitement des curés ou des-
servants, 215.
CHAPITRE NEUVIÈME.
— Appel comme d'abus (295-416) 219-350
295. Caractère de l'appel comme d'abus, p. 221. — 296-308. Histoire de
l'appel comme d'abus, 222-229. — 309. Opinion de M. Vivien, 230. —
310. Organisation des cultes. Catholicisme, 231. — 311. Hiérarchie
ecclésiastique. Pape, 231. — 312. Cardinaux et congrégations, 232. —
313. Cour de Rome. Suite, 233. — 314. Représentants du pape à l'é-
tranger. Légats à latere, 234. — 315. Archevêques, évêques, curés et
desservants, 235. — 316. Chapelles vicariales et annexes, 235. — 317.
Diocèses 235. — 318-319. Déposition des évêques, 236. — 320. Mé-
,
tropolitain, 237. — 321. Vicaires généraux et vicaires capitulaires, 237.
— 322. Chapitres, 237. — 323-329. Organisation des cultes. Protestan-
tisme 238-244. — 330-335. Organisation des cultes. Culte Israélite,
,
244-247. — 336. Cultes non reconnus, 247. — 337. Observation géné-
rale sur tous les cas d'abus, 248. — 338. § 1er. Usurpation et excès
de pouvoirs, 251. —339. Usurpations en matière de peines, 251. —
340. Des usurpations qui ne donnent pas lieu à recours pour abus, 253.
— 341-342. Le recours ne s'applique pas aux actes que les archevêques
ou évêques font en vertu de pouvoirs purement administratifs, 253-254.
— 343. De l'usurpation d'une autorité ecclésiastique sur une autorité de
même nature, 255. — 344. Réunion des conciles et synodes, 256. —
345-349. Des livres d'église et de l'autorisation épiscopale, 257-260. —
350. Les mêmes faits peuvent constituer plusieurs cas d'abus, 263. —
— 351. § 2. Contravention aux lois et règlements, 264. — 352. Man-
dement de l'évêque de Moulins sur les biens des séminaires, 266. —
353. Contraventions aux règlements, 267. —354. Des tarifs des droits
d'oblations pour l'administration des sacrements, 267. — 355. Un mi-
nistre du culte peut-il être poursuivi devant les tribunaux pour délits
commis dans l'exercice de ses fonctions, sans l'autorisation du Conseil
d'État? 268. — 356-360. Exposé des divers systèmes, 269-273. — 361.
Du prêtre qui procède à un mariage religieux avant le mariage civil,
275. —362-363. De l'injure en chaire, 275-276. — 364-367. § 3. Con-
travention aux canons reçus en France. Histoire du droit canonique,
277-281. — 368-372. Recours pour déposition irrégulière, 281-284. —
373. Effets de la déclaration d'abus contre une sentence irrégulière d'in-
terdiction à sacris, 286.
— 374. Suppression des titres ecclésiastiques.
Réunion de la cure au chapitre, 287. nomination des
— 375. De la
vicaires capitulaires, 289.
— 376. Le recours n'est pas
admissible
contre une sentence épiscopale qui aurait prononcé une peine canonique
trop forte, 289. — 377. § 4. Attentat aux libertés, franchises et cou-
TABLE DES MATIERES. 513
Pages.
tûmes de l'Eglise gallicane, 291. — 378-388. Histoire des libertés de
l'Église gallicane, 291-298. 389. Déclaration de 1682, 299. —390. Ce
—
qu'on peut actuellement appeler libertés gallicanes, 302. — 391. Suite.
Recours importants fondés sur ce motif, 302. — 392. Déclaration d'abus
contre l'évêque de Moulins, en date du 2 avril 1857, 303. — 393. § 5.
Trouble arbitraire des consciences, oppression, injure, scandale public,
304. — 394. Affaire Montlosier, 304. — 395. Menace par l'évêque de
Châlons de refuser l'administration des sacrements aux élèves de l'Uni-
versité, 308. —396. Des injures adressées aux paroissiens par le prêtre
dans l'exercice du culte, 309. — 397. § 6. Appel comme d'abus réci-
proque, 310. —398. Il n'est pas admis contre les particuliers , 310.—
399. Peut-il être dirigé contre une décision judiciaire? 311. — 400. De
l'appel comme d'abus pour les cultes protestant et israélite, 311. —
401-402. Procédure. § l°r. Compétence, 313-315. — 403. Procédure.
§ 2. Formes du pourvoi, 316.
— 404-407. Qui a qualité pour agir? 316-
319. — 408. Mémoire au ministre des cultes 320. — 409. Instruction,
,
322. — 410. Examen et jugement, 322. — 411. Observations générales,
324. — 412. Droit comparé : Belgique, 328; — 413. Suède et Norwège,
329; — 414. Russie, 330; — 415. Angleterre, 331 ; — 416. Allemagne,
341.
CHAPITRE DIXIÈME.
—
Liberté d'enseignement (417-453) 351-387
417. Division du sujet, p. 352.— 418. Liberté d'enseigner, d'après la Cons-
titution de 1791 et la législation de l'Assemblée législative, 352. — 419.
Suite. Constitution de 1793, 353. — 420. Suite. Constitution du 5 fruc-
tidor an III, 353. — 421. Suite. Constitution consulaire et législation
impériale. Restauration, 353. — 422. Suite. Charte de 1830, 354. —
423. Division de l'enseignement en trois degrés, 354. — 424. Enseigne-
ment primaire. Conditions requises pour se livrer à l'enseignement pri-
maire, 354. — 425. Opposition par le préfet à l'établissement d'une
école primaire, 356.
— 426. Les peines qui punissent l'ouverture d'une
école sans déclaration s'appliquent-elles à l'enseignement de famille?
357. — 427. Surveillance du ministère public. Mesures disciplinaires,
358. — 428. Conditions pour ouvrir un pensionnat primaire, 358.
429. Enseignement primaire des filles, 359. Écoles mixtes pour
— 430.
les deux sexes, 360. — 431. Salle d'asile et ouvroirs, 360.
— 432.
Enseignement secondaire, 361. — 433. Formalités à remplir en cas de
translation de l'établissement dans un autre local, 363. — 434. Sup-
pression du certificat d'études, 364. — 435. Surveillance de l'enseigne-
ment, 364. — 436. Écoles secondaires ecclésiastiques, 364. — 437. Col-
lation des grades, 365. — 438-439. Instruction primaire obligatoire,
366-369. — 440-441. Suite. Discussions législatives sur le principe de
l'obligation, 371-372. —442. Suite. Objection de M. de Falloux, 373.
— 443. Suite. Objection de M. Guizot, 373. — 444. Condamnation du
système de l'instruction primaire gratuite, 373. — 445. Droit comparé :
Belgique, 374 ;
— 440. Hollande, 376 ; — 447.
Angleterre, 379 ; — 448.
États-Unis d'Amérique, 380; Suisse
— 449. Allemagne, 381; — 450. ,
384; —451.Espagne, 385; — 452. Portugal, 386; — 453. Italie, 387.
B. - III. 33
514 TABLE DES MATIERES.
Pages.
CHAPITRE ONZIÈME. — Liberté de l'industrie et du travail (454-468).. 388-409
454. Régime antérieur à 1789. Jurandes et maîtrises. Lieux privilégiés.
Fabrication royale. Compagnonage. Damnation des ateliers et des villes,
388. 455. Origine des jurandes et maîtrises. Etienne Boileau. L'ins-
p. —
titution des jurandes et maîtrises fut un progrès relatif, 391. — 456.
Édit de Turgot. Remontrances du Parlement, 392. — 457. Suite. Chute de
Turgot. Édit de 1779, 393. — 458. Révolution de 1789. Loi des 2-17
mars 1791, 394. — 459. Attaques au principe de la libre concurrence,
395 — 460. Restrictions. Professions d'imprimeur et de libraire et
autres professions réglementées, 395. — 461. Monopole de l'État, 396.
— 462. Boulangerie et
boucherie. Taxe municipale, 396. — 462 bis. Con-
ventions contraires à la liberté du travail et de l'industrie, 397. — 463.
Droit comparé : Espagne, 398; — 464. Angleterre, 400; — 465. Alle-
magne, 404; — 466. Luxembourg, 406; — 467. Suisse. Thurgovie,
406; —468. Norwège, 409.
CHAPITRE DOUZIÈME. — Liberté de réunion et d'association (469-486). 410-433
469. Distinction entre la réunion et l'association, p. 410. — 470. Historique
du droit de réunion depuis 1789, 411. — 471. Différences entre le sys-
tème du Code pénal et celui de la loi du 10 avril 1834, 415. — 472. Réu-
nions après la révolution de Février. Loi du 28 juillet 1848, 416. — 473.
Décret du 25 février 1852. Loi du 6 juin 1868 et loi du 30 juin 1881,
417. — 474. Clubs, 419. — 475. Associations religieuses, 420. — 476.
Des établissements de mainmorte dans l'ancien droit. Édit de 1749, 421.
— 477. Des établissements d'utilité publique
suivant la législation ac-
tuelle, 422. — 478-479. Le pouvoir d'autoriser la formation des congré-
gations religieuses emporte-t-il celui d'en ordonner la suppression. Quid
des biens appartenant aux congrégations supprimées? 425-426. — 480.
Réunions dans les rues ou attroupements, 428. — 481. Droit comparé:
Espagne, 429; — 482. Belgique, 430; — 483. Angleterre, 430; — 484.
Allemagne, 432; — 485. États-Unis, 432; — 486. Bulgarie, 433.
CHAPITRE TREIZIÈME. Droit de pétition (487-493) 434-442
—
487. Droit de pétition. Pétitions sous la Constitution du 14 janvier 1852,
p. 434. — 488. La Constitution du 14 janvier 1852 n'a fait que changer
les autorités compétentes pour statuer sur les pétitions. Elle n'a pas
modifié les règles sur la matière du pétitionnement. Les pétitions faites
collectivement sont toujours prohibées, 437. —489. Des effets que peut
produire la pétition, 438. — 490. Le Sénat ne pouvait annuler ni un
arrêt, ni un décret du Conseil d'État en matière contentieuse, 438.—
491. Le Sénat actuel ni la Chambre des députés n'ont le pouvoir d'an-
nulation, 439. — 492. Droit comparé : Belgique, 440; — 493. Angle-
terre, 440.
CHAPITRE QUATORZIÈME.
— Gratuité et publicité de la justice (494-
501) 443-452
494. Le principe de la gratuité est conciliable avec le paiement des frais
de procédure par les parties. La loi moderne n'a eu pour objet que la
suppression des épices, p. 443.— 495-496. Du principe : « Nul ne peut
TABLE DES MATIÈRES. 515
Pages.
être distrait de ses juges naturels, » 444-445. — 497. Ce principe fait-il ob-
stacle à ce que le délinquant soit jugé par un tribunal créé postérieu-
rement à la perpétration du fait incriminé? 446. — 498. Publicité des
débats, 447. — 499. Audiences administratives. Conseil d'État. Conseils
de préfecture, 448. — 500. Droit comparé : Belgique, 450; — 501.
Angleterre, 451.
CHAPITRE QUINZIÈME.
— Vote de l'impôt et des dépenses publiques
(502-519) 453-472
502. Vote de l'impôt avant 1789, p. 454. — 503. De la résistance des Par-
lements et de l'esprit dans lequel elle était faite, 455. — 504. Vote de
l'impôt et des dépenses suivant le droit moderne, 456. — 505. Vote des
dépenses antérieur au vote des impôts, 457. — 506. Constitutions du
3 septembre 1791 et du 24 juin 1793, 457. — 507. Constitution du
5 fructidor an III, art. 303 et 318, 457.
— 508. Constitution consulaire
du 22 frimaire an VIII, art. 45, 458. — 509. Restauration. Loi du 25
mars 1817, 458. — 510. Suite. Ordonnance du ler septembre 1827, 459.
— 511. Gouvernement de Juillet. Loi du 29 janvier 1831, 460. —512.
Empire. Sénatus-consulte du 25 décembre 1852, 460. — 513. Sénatus-
consulte du 31 décembre 1861, 462. — 514. Virements. Crédits supplé-
mentaires et extraordinaires, 463. — 515. Impôts indéterminés, 464.—
516. Droit comparé : Belgique, 466; — 517. Angleterre, 467; —518.
Allemagne, 469; — 519. Espagne, 472.
CHAPITRE SEIZIÈME.
— Responsabilité des agents du gouvernement
(520-540) 473-498
520. Consécration du principe de la responsabilité des fonctionnaires par
le décret du 13 juillet 1789 et la Constitution du 3 septembre 1791, p. 473.
— 521. Code pénal, 474. — 522. Article 75 de la Constitution du 22
frimaire an VIII. Son abrogation par le décret du 19 septembre 1870.
Interprétation de l'article 75 comme s'il était encore en vigueur, 475. —
523. Cet article ne s'appliquait pas aux ministres, 477. — 524. Que
faut-il entendre par ces mots : agents du gouvernement? 478. — 525. La
garantie appartenait-elle aux maires comme administrateurs de la com-
mune? 482. — 526. Quid des personnes composant les corps délibé-
rants de l'ordre administratif? 482. — 527. Quid des membres du Con-
seil d'État et des conseils de préfecture? 483. — 528. La garantie pro-
tégeait le fonctionnaire après la cessation des fonctions et même les
héritiers, s'ils étaient poursuivis pour faits de leur auteur relatifs aux
fonctions administratives, 484. — 529. La garantie s'appliquait aux faits
connexes à l'exercice des fonctions, 485. — 530. La garantie s'appli-
quait aux poursuites criminelles intentées par le ministère public et
aux actions civiles des particuliers. Elle constituait un moyen d'ordre
public pouvant être proposé en tout état de cause, devant la Cour de
cassation et même d'office, 485. — 531. Dispositions exceptionnelles
touchant les receveurs des deniers publics, 488. — 532-534. Disposi-
tions exceptionnelles. Suite. Délégation aux directeurs généraux? 488-
490. — 534 bis. Décret du 19 septembre 1870, 491. — 535. L'autori-
516 TABLE DES MATIERES.
Pages,
sation préalable n'était pas exigée pour les poursuites ordonnées par le
Chef de l'État, 492. — 536. Droit comparé : Angleterre, 493; — 537.
États-Unis, 495;
— 538. Belgique, 495; — 539. Espagne, 495; —
540. Allemagne, 497.
CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.
— Séparation des pouvoirs (541-548) 499-506