Traité de Droit Constitutionnel La (... ) Duguit Léon Bpt6k5401497z
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Traité de Droit Constitutionnel La (... ) Duguit Léon Bpt6k5401497z
lllllllï COSSÎMIIIII
PAR
Léon DUQUIT
DOYEN D« U FACVtT* Dl DKOIT Dl l'VXtmtIT* DE «OIDIAVX
TROISIÈME ÉDITION
EN CINQ VOLUMES
TOME PREMIER
U RÈGLE DE DROIT - LE PROBLÈME DE L'ETAT
PARIS
ANGIBNNB LIBRAIRIE FONTBMOING 4 C", ÉDITBURS
B. de BOCOARD, Successeur
UtkAIlI DM iCOUf MANÇAIIIS D'ATHINI* AT DI ftOXI
Dl L'Humer riANÇAIS D'AICHiOLOOIl OIUXTAII 00 CAIft*
« DO coulai Dl IIAXCB
1, RUE DE MÉDI0I8, 1
1927
E. DE BOCCARD, Editeur, I, Rue de Médicis. PARIS (VI« '.
REVUE GÉNÉRALE
DU DR0IT,DE LA LEGISLATIOt
*T PB
LA JURISPRUDENCE
EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER
sous 1» direction de
JULIEN BONNECASE
Professeur à la Faculté de Droit do rUolrerilie de Bordeaux
arec le concours
d* juristes français et étrangers ; professeurs, magistrats, «rocets. publielslet
PRINCIPAUX COLLABORATEURS :
Ch. APPLETON, Professeur honoraire à la Faculté de Droit de Lyon, Correspon
dant de l'Institut ; Benvenuto DONATI, Professeur à l'Université de Modène
Enrico FERRI, Député, Professeur à l'Université de Rome;Fred MATHEU
Ancien Maître des requêtes au Conseil d'Etal ; E. H. PERREAU, Professeur à 1
Faculté de Droit de Toulouse ; Bug. PETIT, Professeur honoraire a la Faculté d
Droit de Poitiers ; Frôdôrik POLLOCK, Professeur à l'Université d'Oxfo
Correspondant de l'institut ; J. VALÉRY, Professeur à la Faculté de Droit d
Montpellier, Doyen honoraire ; A. WEI8S, Membre de l'Institut, Professeur hon
ratre à la Faculté de Droitde Paris ; H. VIZIOZ, Professeur à la Faculté de Droi
de Bordeaux.
iiiiiiii isiitiin DE
PAR
Léon DUQUIT
DOTIN DE tA FACULTÉ 01 DtOIT Dl L'UNCYIItSITI Dt SOtDKAUX
TROISIÈME ÉDITION
EN CINQ VOLUMES
LA RÈGLE DE DROIT
TOME PREMIER
- LE PROBLÈME DE L'ETAT
\
PARIS
ANCIENNE LIBRAIRIE F0NTEM01NG & C", ÉDITEURS
E. de BOCCARD, Successeur
LIBRAlkl DES ÉCOLE* MANÇAIS1S D'ATHÉNE» IT Dl IOXR
Dl L'INSTITUT MANÇAIS D'AKCHÉOLOGII OSlINTAtl DV CA1KB
IT DU COLLfifîI Dl FIAKCI
1» RUE DE MBD1CI8, 1
1927
PREFACE
DE LA DEUXIÈME ÉDITION
DROIT CONSTITUTIONNEL
CHAPITRE PREMIER
LA RÈGLE DE DROIT.
§ 1. - Le problème du droit.
Dugvit. . I
% CHAPITRE I. - LA RBGÏ.E DE DROIT
Duguit. . I 2
18 CHAPITRE I. -- I*A RÈGLE DE DROIT
les communes. On accuse de matérialisme plat et
vulgaire, de béotisme épais, ceux qui ne veulent pas
croire que ces grands mots expriment des réalités.
Tout cela c'est de la littérature e^ de la poésie. Met-
tons que la croyance à la personnalité^ à l'âme, à la
volonté des grandes collectivités, est une croyance
métaphysique qui peut être un ressort puissant d'ac-
tion, qu'elle est un fait social que le sociologue ne
peut pas négliger. Mais ce n'est pas par des croyances
mythiques, ce n'est pas par dès formules plus ou moins
poétiques qu'on résout un problème de science po-
sitive.
Comment s'explique cette persistance des concep-
tions subjectivistes du droit ? Par une raison que
nous retrouverons à chaque instant dans ces études :
un besoin inhérent en quelque sorte à la nature hu-
maine et dont l'exacte perception éclaire toute l'his-
toire de l'esprit humain. L'homme a toujours eu le
besoin d'expliquer le visible par l'invisible, de placer
derrière le phénomène qu'il constate directement
une entité invisible dont il fait le support et la cause
efficiente du phénomène qu'il constate. Dans l'ordre
des connaissances naturelles, il est arrivé à se dégager
de cette obsession. Dans l'ordre des sciences sociales
et morales, il n'y est point encore parvenu. Derrière
l'ensemble des phénomènes de la nature, on a placé
une entité créatrice et directrice; derrière tel. .phé-
nomène physique, on a imaginé l'existence d'une sorte
d'esprit, d'un fluide, autrefois le phlogisti'que, pen-
dant longtemps le fluide électrique, ou toute autre
entité imaginaire de même ordre; derrière les phéno-
mènes de la vie, le principe vital ; derrière les phéno-
mènes pathologiques, la diathèse morbide; derrière
les phénomènes de la pensée, l'âme. De même,' on a
voulu placer derrière les situations individuelles ou
§ 2. - LES1 CONCEPTIONS SUBJECTIVISTES
Duguit. - 1. 3
34 CHAPITRE
droit, Gény le
f.
dit très
- LA RÈGLE DE DROIT
firnier que la
-doctrine
LES I#OCTR!S>r> OBJECTIVISTE» 37
de Gény est purement objacti-
viste et que finalement comme moi il n'admet comme
réalité que le droit objectif.
Aussi bien, s'il conserve cette notion vide de con-
tenu qu'est celle de droit subjectif,c'est qu'il y voit
parfois quelque utilité; c'est qu'elle est commode,
prétend-il, pour formuler certaines règles» pourdonner
une sécurité à certaines situations,, pour marquer
plus aisément cequi constitue le contenu des rapports
juridiques et déterminer l'étendue de la responsabilité
qui y correspond.
Cette utilité pratique qu'il attache aux concepts
de droit subjectif et à celui desujet de droit, Gény*
il ne le méconnaîtra pas, l'avait laissée au second plan
au cours de son ouvrage Science el technique* mais
au contraire il a tait un effort vigoureux pour la mettre
en relief dans un long article qu'il a bien voulu publier
dans la Revue trimestrielle de droit civil en 19£2, à
l'occasion de la précédente édit ion du présent volume,
et qu'il a reproduit au tome IV, 1924, de Seienc*
et technique.-Voici le passage qui me parait résumer
le plus exactement la pensée du maître et former
comme la conclusion de toute sa doctrine :
. Les réalités sociales proprement dite*, écrit Gény,
auxquelles s'appliqueront l'impératif et la contrainte
juridiques ne consistent originairement qu'en faits
de nature, ou actes de volonté se produisant dans un
milieu humain; elles peuvent parfois suggérer une
règle de conduite; en soi elles ne (a contiennent ja-
mais, ni ne la créent. Pour qu'il y ait règle, l'inter-
vention de l'esprit est indispensable, qui informe les
réalités au moyen de concepts el y ajoute l'injonction
caractéristique. Parfois, le concept régulateur se pré-
sente de lui-même U l'esprit comme une traduction
directe de la réalité et l'on peut parler de concepts
38 CHAPITRE I.
naturels; mais il s'en
- LA RÈGLE DE DROIT
.
§ 4.- La doctrine normalioisle de Kelsen
des choses
CHAPITRE
existantes.
-
I. LA RÈGLE DE DROIT
Il en est complètement diffé-
remment de la norme: celle-ci peut produire un effet
(Wirken) et c'est précisément son but d'agir commît
cause efficiente, de prendre une influence sur la vo-
lonté en la motivant et de déterminer cette volonté.
La norme n'est pas comme ta loi naturelle une décla-
ration de ce qui est; elle doit créer quelque chose de
nouveau, provoquer un certain processus. Cependant
la norme ne vaut pas (gilt) parce que et en tant
qu'elle produit un effet (wirkl) ; sa validité (Gellung)
ne consiste pas dans ses effets (Wirkungen), dans
ses conséquences de fait, dans un Sein, mais dans
un Sollen. La norme tire toute sa valeur de ce qu'elle
doit (soir) être suivie. Le but de la norme est bien
son effet (Wirkung). Elle peut remplir son but; mais
son but n'est pas nécessairement rempli. Seulement
même la norme qui ne produit pas d'effet reste norme.
Pour la validité spécifique du Soit de la norme, la réa-
lisation de son but reste sans importance. »
Kelsen fait en outre observer que de ce caractère
de la norme il résulte que. d'après son but et son effet,
elle se rapporte toujours à des actes futurs, jamais
à des actes passés ou présents. Il écrit encore : « r.omm<*
les normes considérées du point de vue explicatif
du but ou de l'effet tendent à donner naissance à une
certaine attitude et que le sujet auquel elles s'adressent
est placé devant un choix à faire : suivre la norme
ou la violer, elles doivent précéder l'acte qui est leur
contenu ou plutôt auquel elles servent de but et qui
est le résultat du choix fait par le sujet »(/fcid\. p. 15).
Dans le dernier et le plus important de ses ouvrages.
Allgemeine Staalslehre, 1925, Kelsen insiste encore
fréquemment sur cette opposition, fondamentale
dans sa doctrine, du Sein et du Sollen. qui sont deux
mondes distincts et opposés. « Le dualisme du Sein
§ 4. LA DOCTRINE NORMATIVISTE DE KELSEN 45
il du Sollen. écrit-il, est logiquement irréfragable,
La question : pourquoi un certain contenu vaut-il
comme existant (seiende) ou comme dû (gesolll),
reste toujours prise dans l'intérieur d'une des deux
sphères et en ce qui concerne cette question aucun
lien logique ne conduit du Sein au Sollen ou du Sollen
au Sein. Puisque la légitimité (Rechlferligung)
n'est jamais que la question du fondement d'un
Sotlen, cette question, de même -qu'elle ne peut con-
duire qu'à un Sollen, ne peut dériver que d'un Sollen,
c'est-à-dire ne peut que se rapporter à une norme
comme objet de la question. Le Sein, comme tel,
n'est pas susceptible d'une justification; il est seule-
ment susceptible d'une déclaration causale. Par suite,
si comme cela arrive souvent, à la question du fonde-
ment de l'Etat l'on répond en indiquant que c'est
un fait de Sein, cela est ou bien .un syncrétisme de
méthode évident ou bien un symptôme que l'on
comprend l'Etat non pas comme un ordonnancement
d'un système de normes, mais comme un fait de Sein
naturel et ainsi comme l'effet de causes. C'est un
symptôme qu'on poursuit non pas la justification
normative d'un Soll valable, mais la déclaration
causale d'urf effetde Sein. C'est-à-dire qu'à la place du
contenu spécifique spirituel d'un ordonnancement
idéal, qui seul peut constituer cette unité qu'on ap-
pelle l'Etat, ce qui devient l'objet du problème, c'est
le fait psychique consistant en ce que des hommes
ont des représentations, des vouloirs qui donnent
naissance à cet élément spirituel qu'est l'Etat et
sont déterminés dans leur attitude extérieure par ces
représentations et par ces vouloirs. La solution d'un
problème ainsi posé ne doit pas être révoquéeen doute;
mais il doit être simplement établi qu'elle ne s'ap-
plique pas proprement à l'Etat » (p. 34).
46 CHAPITRE I. - LA RÈGLE DE DROIT
Duguit. -i. j
50 CHAPITRE I. LA RÈGLE DE DROIT
| 5. - La norme so^uate.
Duguit. -I 6
82 CHAPITRE -
I. LA RÈGLE DE DROIT
puissent vivre,
le composent se développer, loi dont
la violation entraîne forcément une réaction, qui est
le fait du groupe s'attachant naturellement à la loi
qui préside à sa vie. Enoncer une norme sociale, ce
n'est point formuler un commandement, un impératif,
c'est suivant une terminologie souvent employée et
que comme Kelsen j'applique à la norme juridique,
formuler un jugement hypothétique; c'est dire :
Si A fait telle chose ou ne fait pas telle chose, n se
produira; et n est un désordre social provoquant
naturellement une réaction. Il faut donc que A fasse
une certaine chose ou s'abstienne d'une certaine chose ;
autrement le désordre social se produit et parla même
la vie individuelle et la vie sociale seront compromises.
Et comme les individus ont une conscience plus ou
moins nette de ce fait, comme A a conscience que, s'il
agit ou s'abstient, telle ou telle conséquence sociale se
produira, qui compromettra en même temps la vie so-
ciale et la vie individuelle, j'ai parfaitement le droit
de dire que la loi qui régit tout groupement social
est une norme ou une règle. Je pourrai même à la
rigueur dire qu'elle est une loi de but ; mais on pourrait
alor« me reprocher justement de faire intervenir
le concept ù priori de finalité. Je parle de norme,
tout simplement parce qu'elle s'applique à des êtres
conscients.
Les objections qui me sont faites me paraissent
se trouver ainsi sans portée.
§ 8. - La norme juridique.
La norme sociale, dont je viens de déterminer le
fondement et l'objet, a-t-elle dans toutes ses parties
le même degré de rigueur ? Sa violation (et c'est à
cela qu'on la reconnaît) entraîne toujours une réac-
tion sociale à l'intérieur du groupe. Mais cette réac-
tion apparaît-elle toujours avec le même caractère?
Ou, au contraire, y a-t-il dans la façon dont elle
se produit des différences, desquelles on puisse déduire
une sorte d'échelle des valeurs dans les prescriptions
de la norme sociale?
A ces questions, on doit répondre affirmativement.
La norme est une par son fondement, par son carac-
tère général et par son objet; mais elle est complexe
et diverse par l'intensité de la réaction sociale que
produit sa violation. Sans vouloir développer à fond
ce point, qui à lui seul demanderait de longues pages,
je dirai que la norme sociale comprend, en quelque
sorte, trois parties qui se superposent suivant une
échelle ascendante, qui se pénètrent réciproquement,
dont les domaines respectifs sont infiniment variables
suivant les temps et les pays, mais qui, cependant,
apparaissent toujours à l'observateur. La norme so-
ciale, dans son ensemble, comprend les normes écono-
miques, les normes morales et les normes juridiques,
lesquelles forment la partie la plus haute de la norme
sociale.
La norme économique régit tous les actes de
l'homme touchant à la production, la circulation
90 CHAPITRE I. - LA RÈGLE DE DROIT
§ 10.
-Les règles de droit normatives el les règles
de droit comlructives ou techniques.
La distinction est, à mon sens, capitale. Je l'ai
indiquée dans mon livre : L'Etal, le droit objectif el
la loi positive, aux pages 551 et suivantes.. Mais j'ai
eu tort de ne pas la pousser assez loin.
M. Scelle écrit, à propos de la responsabilité de
l'Etat : «Onpourrait utiliser ici une des conséquences
de la distinction encore trop peu fouillée entre les
lois normatives et les lois constructives.., la loi con-
tructive n'ayant d'autre utilité que de mettre en
oeuvre les principes posés par la loi normative »
(Revue du droit public, 1912, p. 660).
Beaucoup de juristes ont méconnu complètement
la distinction. On n'en trouve pas trace dans l'école
allemande, ni chez les publicistes qui voient dans
toute règle de droit une création de l'Etat, ni même
chez ceux qui, comme Jellinek, font une certaine
part à la formation spontanée du droit. En France,
Saleilles, Gény et Michoud, parlent bien de technique
juridique; mais #tous les trois et particulièrement
Gény lui donnent une telle place qu'elle absorbe à
elle seule, ou peu s'en faut, tout le domaine du droit.
106 CHAPITRE I. - LA RÈGLE DE DROIT
- -
celle-ci en vue des fins suprêmes du droit ». Cf. Saleilles,
La personnalité juridique, 1910. Sur ladistinctiondesrègles
normatives et des règles conslruclives, un lira avec intérêt
la thèse de M. Réglade, La coutume en droit publie, Bor-
deaux, 1919.
Le règle de droit normative ou norme juridique pro-
prement dite est la règle qui impose à tout homme
vivant en société une certaine abstention où une cer-
taine action. Elle cumulande ou défend, comme on
voudra; car commandement et défense sont, en réa-
lité, choses identiques, la défense étant le commande-
ment d'une certaineabstention et le commandement
la défense d'une certaine abstention. En parlant
de commandement, je n'entends pas l'ordre formulé
par une volonté supérieure s'adressant a une volonté
subordonnée. C'est là une notion positivement inad-
missible, je l'ai déjà dit,puisqu'elleimpliquël'existence
reconnue d'une volonté qui serait par nature supé-
rieure à d'autres volontés. La norme juridique est
impérative en ce sens seulement qu'elle est le statut
social qui lie nécessairement tous les individus mem-
§ 10.
- REGLES NORMATIVES ET RÈGLES CONSTRUCTIVBS 107
leur force
CHAPITRE I. - LA RÈGLE DE DROIT
Duguit. - l g
114 CHAPITRE I. LA RÈGLE DV DROIT
justice
que ce sentiment de existe, c'est quelque chose
de purement contingent et d'essentiellement variable,
qui ne fait point que la règle considérée comme juste
lé soit en réalité.
C'est toujours la même objection, plusieurs fois
écartée, sinon réfutée. Je ne prétends pas déterminer
le fondement d'une règle de droit absolue, mais le
fonttement positif d'une règle de droit sociale. Ce fon-
dement ne peut se trouver que dans la société elle-
même; il ne peut résider que dans.les sentiments
qui forment le ressort essentiel des actions humaines
et je crois les avoir déterminés.
On a beaucoup écrit sur la notion de justice et je ne pré-
tends point donner une bibliographie complète. Je me bor-
ne à indiquer quelques ouvrages récents et écrits par des
juristes professionnels : Gény. Méthode d'interprétation
2« édit., 1919, II, p. 109; Van der Eycken, Méthode posi-
tive de Vinterprétation juridique, 1907, p. 332 et s.; Gareis,
Vom Begriff der Gerechtlichkeit, 1907;'Stammlcr, Die Leh-
re von den rechllichen Rechle, 1902, particulièrement p. 21
à 170; Bonnecase, Introduction à l'étude du droit, avec le sous'-
titre, Le problème du droit devant la philosophie, ta science
el la morale, 1926; Rîpert, La règle morale el les obligations
civiles, 1926.
On lira avec profit, Jaroslaw Kallab, Le postulat de la
justice dans la théorie du droit, Revue de ta théorie du
droit, Brno, 1927, p. 89; G. del Vecchio, La giuslhia. 1924
et les articles parus dans Rivisla intcrnazionale di filowfia
ael dirrilto, avril-juin, juillet-septembre, octobre-décembre
1923; Giuseppe Maggiore, L'équilê el sa valeur dans te droit,
même revue, juillet-septembre 1923, p. 756; l'auteur conclut
que « l'équité est une force créatrice du droit » (p. 269).
Dans la longue étude qu'il a bien voulu consacrer à mes
doctrines, dans la Revue trimestrielle de droit civil, XXI,
1922, p. 779 et s. et qu'il à reproduite au tome IV de Science
el technique, IV, 1924, p. 159 et s., Gény parait penser que
je ne reste pas jusqu'au bout fidèle au fondement et à la
définition que je donne de la règle de droit puisque l'analyse
que je propose du sentiment de justice « est, dit-il, directe-
§ 12. - - LE SUPPORT DE LA NORME JURIDIQUE 127
ment empruntée aux philosophes qui ont le plus nettement
affirmé le rôle capital de la raison dans le discernement du
droit » (Science el technique, IV, p. 168),
Vraiment, je ne puis admettre qu'il y ait là une preuve
que je ne reste pas fidèle à lu méthode sociologique et à la
définition strictement positiviste de la règle de droit. Si vrai-
ment c'est par le raisonnement déductif seul qu'Aristote
et saint Thomas sont arrivés à donner une analyse exacte
du sentiment de justice, il m'était permis d'en profiter et
je n'aperçois pas comment, par là, je reviendrais, au risque
de me mettre en contradiction avec moi-même, à un con-
cept a priori de justice absolu». Cela prouverait tout sim-
plement que l'observation sociologique a confirmé l'hy-
pothèse déductive émise par les philosophes. D'autre part
quoiqu'il n'y ait point lieu ici d'étudier la philosophie péri-
patéticienne ni le thomisme, je demande à Gény s'il est
vrai qu'Aristote et saint Thomas soient les philosophes qui
aient le plus nettement affirmé le rôle capital de la raison
dans le discernement du droit. Aristote n'a-t-il pas été le
premier sociologue el n'a-l-il pas étudié toutes les questions
politiques el sociales de son temps sans rattacher en aucune
façon les solutions qu'il donne à une doctrine métaphysique?
L'auteur de la Politique et de la Constitution politique d'A'
thènes applique la plus pure méthode sociologique. Et dans
l'oeuvre immense de saint Thomas, l'effort est constant aussi
de résoudre tous les problèmes du droit politique par la
seule observation des faits. Assurément pour lui tout vient
de Dieu dans le monde social comme dans le monde physi-
que, mais tout évolue humainement comme si Dieu n'exis-
Itiît pas : si Dieu n'existait pas, rien ne se passerait; mais
tout'se passe comme si Dieu n'existait pas. C'est pourquoi
les sociologues modernes n'abandonnent ni leur méthode
ni leur point de déparl, en faisant un emprunt aux analyses
vraiment sociologiques du grand scholaslique.
§ 1*-?.
- Le support de la norme juridique.
pensable au maintien
-de
LA RÈGLE DE DROIT
Duguit. -1 y
130 CHAPITRE I.
J.-J, Rousseau
-
avait
LA REGLE DE DROIT
l)uguit.-I. 10
146 CHAPITRE I. - LA RÈGLE DE DROIT
§ 14. - La coutume.
§ 16. - La jurisprudence.
La coutume étant-ainsi comprise, j'ai déjà dit que
deviennent inutiles les interminables controverses
sur le point de savoir si la coutume est une source
du droit et comment elle peut l'être. En môme temps
160 CHAPITRE I. -. LA RÈGLE DE DROIT
apparaissent le rôle et le caractère de la jurispruden-
ce. J'emploie ici ce mot dans un sens large, qui est
son sens étymologique, différent de celui dans le-
quel les juristes français ont accoutumé de s'en servir
en l'opposant à la doctrine. La jurisprudence telle
que je la comprends ici est l'ensemble des solutions
données par tous ceux qui, dans un pays déterminé,
sont présumes avoir la connaissance du droit, les
juristes professionnels et les agents publics.
L'école historique allemande, avec Savigny, Puchta,
Beseler, faisait du droit des juristes (Jurislcn-ItcchP
une troisième source du droit qui venait s'ajouter à
la coutume et à la loi. Je n'ai jamais compris pour-
quoi. Je crois cependant qu'ils étaient dominés par
le souvenir de l'édit d'Adrien décidant que le juge,
serait lié quand il y aurait sur un point donné una-
nimité des juristes ayant reçu le jus publiée respon-
dendi et aussi par le souvenir de la loi des citations
de Théodnsc le Jeune, donnant aux écrits de cinq
jurisconsultes le privilège de s'imposer au juge.
Mais ces souvenirs du droit romain n'ont rien à faire
ici et on ne voit pas pourquoi une règle formulée
par les plus savants jurisconsultes, seraient-ils una-
nimes, pourrait être en elle-même une norme ju-
ridique. Mais les juristes peuvent et doivent tra-
vailler à découvrir la véritable rèçlc de droit, non
pas qu'ils doivent la formuler a priori, mais, bien au
contraire, observer tous les' éléments qui peuveit
permettre de la constater, ces éléments étant essen-
tiellement la loi positive, les usages suivis en fait,
les besoins économiques, les aspirations vers la réa-
lisation du juste, en un mot, l'ensemble des faits so-
ciaux dont h norme juridique est un produit. Ob-
servation à la fois psychologique, morale, écono-
mique et matérielle, qui doit être faite suivant les
règles de la méthode critique.
, § 15- LA JURISPRUDENCE 161
au paragraphe suivant - -
part, il est fortement entras é on le montrera
pai- la codification légis-
lative. Enfin, je ne saurais trop redire que ce n'est
pas l'adhésion, même unanime,-des juristes qui peut
faire d'une règle une norme juridique. Ils ne peuvent
que mettre au jour une règle existant déjà dans la
conscience populaire et lui donner une formule
précise. S'ils ont pu contribuer à fermer l'état de
conscience duquel elle dérive, c'est toujours et uni-
quement l'adhésion des consciences individuelles
d'un groupe social qui donne à une règle sa force
juridiquement obligatoire.
Les juristes peuvent aussi édifier une véritable
oeuvre d'art juridique. A une époque où les rapports
sociaux deviennent de plus en plus complexes, les
procédés de technique juridique deviennent forcé-
ment de plus en plus compliqués. Les juristes ont
la mission de les édifier, de préparer et de faciliter
Duguil.-I II
162 CHAPITRE I. LA RÈGLE DE DROIT
Uuguit. . I 12
178 CHAPITRE I. LA RÈGLE DE DROIT
considérerai d'abord
185
dérés une
CHAPITRE -
1.
réaction tendant
LA RÈGLE DE DROIT
«
« de Berlin, elles ont accompli des profanations, des
« dévastations préméditées et méthodiquement or«
« ganisées, on a pu se demander un moment si l'exis-
« tence du droit international n'était qu'un rêve de
« penseur, une illusion de moraliste, ne répondant
* à aucune
réalité effective, et si la formule célèbre :
< « La force prime le droit».la déclaration de
Hegel i
« « L'Histoire est le tribunal du monde», n'étaient pas
« seules conformes à la réalité. Moi-même, et j'en
« fais l'aveu, je me suis un moment demandé si tous
« les efforts pour établir le droit international sur une
« base purement positive n'étaient pas chimériques
« et vains. Puis, les événements se sont déroulés
« avec une logique implacable. La conscience mon-
«diale en un formidable sursaut s'est insurgée; tous
« les peuples civilisés de la terre se sont levés et se
* sont unis contre le violateur de la norme interna-
« tionale. Seules, quelques nations impuissantes, dé-
« générées ou encore barbares, sont restées muettes
« ou ont déserté la cause du droit. Spontanément
« s'est formé un faisceau de forées irrésistibles qui
« a imposé aux gouvernants allemands le respect du
« droit et qui a décidé de punir leurs forfaits, d'exi-
« ger des réparations et des garanties. Punitions,
« réparations, garanties, je ne puis croire qu'elles ne
« se réalisent pas; cela dépend uniquement des gou-
« vernants alliés; et la conscience internationale les
« forcera bien tôt ou tard à agir. Ainsi nous apparais-
« sent dans le domaine international ces voies de
« droit que l'on réclame pour qu'il y ait vraiment un
« droit international. - Le président Wilson s'est
« fait à un moment donné, dans ses divers messages,
« l'interprète de la conscience mondiale. Depuis, il
« a paru hésiter; son attitude est devenue énigma-
Duguit.-I. 13
194 CHAPITRE I. - LA RÈGLE PE OROIT
LA SITUATION DE DROIT
de nouvelles préci-
sions de Locke et des philosophes du xviue siècle,
tout particulièrement de Jean-Jacques Rousseau
dont la doctrine, incontestablement individualiste
à son point de départ, aboutit cependant à l'abso-
lutisme le plus complet. Enfin la doctrine indivi-
dualiste trouve son expression définitive dans les
Déclarations des droits de l'époque révolutionnaire
et particulièrement dans celle de 1789, dont nos
codes de l'époque napoléonienne ne sont que la
mbe en oeuvre dans le domaine du droit privé et
du droit pénal.
« Les hommes naissent et demeurent libres tt
égaux en droits. Le but de toute association poli-
tique est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l'homme... L'exercice des droits
naturels de chaque homme n'a de bornes que celles
qui assurent aux autres membres do la société la
jouissance de ces mêmes droits » (Déclaration des
droits de 1789, art. I*', 2 et 4).
Voilà en quelques mots toute la doctrine. On
voit que dans cette conception l'homme a des droits
parce qu'il est homme, que ces droits sont antérieurs
à la société, qu'il les apporte en entrant dans la
société et que c'est parce que les individus ont des
droits qu'il y a une règle sociale dont l'objet et le
but consistent dans la protection de ces droits.
Ces droits de l'individu sont des pouvoirs propres
à sa volonté; ce sont des qualités inhérentes à celte
même volonté, qui lui appartiennent parce qu'elle
est une volonté humaine. La doctrine individualiste
fonde ses affirmations sur la nature de la personne
humaine. Elle est libre, dit-elle; elle est autonome,
expression plus générale et qui caractérise mieux
la conception individualiste. L'homme a une acti-
§ 18. ~- LA DOCTRINE INDIVIDUALISTE 203
vite autonome; il a le pouvoir de la développer li-
brement. Ce pouvoir est un droit, c'est-à-dire une
puissance d'ordre métaphysique propre à sa volonté
d'homme. Il a un pouvoir pris comme tel, parce qu'il
est homme. L'homme est imitrc individuel;l'homme
naturel, isolé et autonoTrh"efest entré "dans Ta société
où il a conservé son autonomie, les pouvoirs qu'elle
implique, ses droits.
Cependant, l'homme vivant en société, une règle
s'établit qui a pour objet de limiter les droits de
chacun pour protéger les droits de tous, de res-
treindre l'autonomie de chacun pour assurer l'auto-
nomie de tous. Une règle de droit, un droit objectif
existe donc, mais à titre purement dérivé. Ce qui
est au fond, ce qui est le substratum du droit, c'est
le pouvoir propre, l'autonomie de la personne hu-
maine; c'est le droit subjectif, le pouvoir méta-
physique de la volonté individuelle. Le droit ob-
jectif ou règle de droit repose sur le droit subjectif
de l'individu. La règle de droit n'a de valeur que
dan» la mesure où elle a pour objet de protéger les
droits subjectifs. Elle ne s'impose que si les restric-
tions qu'elle apporte à l'autonomie de chacun sont
nécessaires pour protéger l'autonomie de tous et
si elles sont les mêmes pour tous. La règle de droit,
d'une part, impose à tous le respect des droits in-
dividuels de chacun e-.. d'autre part, impose une li-
mitation aux droits individuels de chacun pour assu-
rer 'a protection des droits imLvi.Iues de tous. Ainsi
on part du droit subjectifpour.s'élever au droit objectif;
on fonde le droit objectif sur le droit subjectif.
Cette doctrine implique l'égalité de tous, puisque
tous les hommes naissent avec les mêmes droits
et doivent conserver les mêmes droits. Les limi-
tations aux droits de chacun, rendus nécessaires
904 CHAPITRE IL - LA SITUATION DE DROIT
Duguit. -1 14
fclO CHAPITRE II. -. LA SITUATION DE DROIT
l'éminente dignité de la personne humaine », suivant
l'expression de M. Henry Michel. Or, cela est une
affirmation purement gratuite. L'homme naturel,
isolé, naissant libre et indépendant des autres hom-
mes, et ayant des droits constitués par cette liberté,
cette indépendance même, est une abstraction sans
réalité. Dans le fait, l'homme natt membre d'une
collectivité; il a toujours vécu en société et ne peut
vivre qu'en société, et le point de départ de toute
doctrine sur le fondement du droit doit être sans
doute l'homme naturel; mais l'homme naturel n'est
pas l'être isolé et libre des philosophes du xvme siè-
cle; c'est l'individu pris dans les liens de la solida-
rité sociale. Ce que l'on doit affirmer, ce n'est pas que
les hommes naissent libres et égaux en droits, mais
bien qu'ils naissent membres d'une collectivité et
assujettis par ce fait à toutes les obligations qu'im-
pliquent le maintien et le développement de la vie
collective.
D'autre paît, l'égalité absolue de tous les hommes,
qui est un corollaire logique du principe individua-
liste, est contraire aux faits Les hommes, loin d'être
égaux, sont en fait essentiellement différents les uns
des autres et ces différences s'accusent d'autant plus
que les sociétés sont plus civilisées. Les hommes doi-
vent être traités différemment, parce qu'ils sont dif-
férents; leur état juridique, n'étant que la traduc-
tion de leur situation par rapport à leurs semblables,
doit être différent pour chacun d'eux, parce que le
rôle que joue chacun à l'égard de tous est essentiel-
lement divers. Une doctrine, qui aboutit'logiquement
à l'égalité absolue, mathématique des hommes, est
par cela même contraire à la réalité et doit être re-
jetée.
La doctrine individualiste conduit aussi à la notion
$ f>. CRITIQUE DE LA DOCTRINE INDIVIDUALISTE 211
d'un droit idéal, absolu, qui serait le même dans tous
les temps, dans tous les pays, et dont les hommes se
rapprocheraient constamment davantage, malgré
certains moments de régression partielle. Cette consé-
quence condamne encore la doctrine individualiste,
car la notion d'un droit idéal, absolu, est antiscien-
tifique. Le droit est un produit de l'évolution hu-
maine, un phénomène social, sans doute d'un ordre
différent de celui des phénomènes physiques, mais
qui pas plus qu'eux ne se rapproche d'un idéal ab-
solu. On peut bien dire que le droit de tel peuple
est supérieur au droit de tel autre, mais ce ne peut
être qu'une comparaison toute relative; elle impli-
que, non pas que le droit de l'un se rapproche plus
que le droit de l'autre d'un idéal juridique absolu,
mais seulement que le droit de l'un est mieux adapté,
à un moment donné, aux besoins, aux tendances de
ce peuple que le droit de l'autre.
Enfin, voici qui achève de ruiner la doctrine indi-
vidualiste : son principe est nettement contradic-
toire en lui-même. On dit que l'homme naturel, pris
comme tel, abstraction faite dé ses rapports avec
les autres hommes, naît investi de droits] qu'il ap-
porte avec lui en entrant dans la société; et ce sont
ces droits naturels qui seraient le fondement de la
norme juridique, s'imposant à tous les membres de
la société. Mais qu'est-ce donc que ces droits subjec-
tifs? Car c'est bien de droits subjectifs que l'homme
naîtrait titulaire. On verra, dans ce chapitre même,
les diverses théories proposées sur ce point. Quelle
que soit la diversité des doctrines, toutes s'accordent
finalement pour reconnaître que le droit subjectif
est le pouvoir d'une volonté, qui se manifeste à
l'extérieur, d'imposer certains objets au respect
d'autres volontés; que le droit subjectif implique
212 CHAPITRE II. - LA SITUATION DE DROIT
I, p. 361).
Dans un groupement social humain, nous n'aper-
cevons que des volontés individuellestoutes.égales On
ne voit pas, on ne peut pas concevoir quel élé-
ment d'ordre positif et humain pourrait constituer
une hiérarchie des volontés, une supériorité 0*11 ne
ou de plusieurs d'entre elles sur une ou plusieurs
autres. On n'aperçoit pas et on ne conçoit pas ce
qui pourrait donner à une personne humaine un
certain caractère qui lui permettrait d'imposer sa
volonté à une ou plusieurs autres. Par conséquent,
on ne peut pas concevoir comment l'individu pour-
rait être titulaire d'un droit subjectif au regard de
la loi normative.
Celle-ci impose aux hommes vivant en société
certaines actions ou certaines abstentions. Le fait,
par un individu membre du groupe, de se conformer
à cette norme entraîne une, conséquence au profit
des autres individus. Le fait, par un individu, de ne
pas tuer, de ne pas voler, de donner l'assistance
profite évidemment aux autres individus. Peut-on
dire que les autres individus ont le droit subjectif à
la vie, à la conservation do ce qu'ils détiennent, à
l'assistance? Point du tout. S'ils avaient ces droits
subjectifs, cela ne pourrait signifier que ceci, que leur
volonté est de nature telle, qu'elle peut s'imposer
§ 20. SITUATION DE L'INDIVIDU 219
Du«uit.-( 15
226 CHAPITRE II. - LA SITUATION DE DROIT
diquée, la voie de droit, et je.parlerai de la possibilité
de mettre en mouvement une voie de droit, en em-
ployant, je le répète, le mot dans un sens très large.
Cela précisé, on aperçoit bien comment se pose
maintenant, au regard de la loi constructive, le
problème du droit subjectif. Lorsqu'une règle de
droit constructive ouvre une voie de droit, doit-on
dire que la volonté, quelle qu'elle soit, qui a la pos-
sibilité de la mettre en mouvement, qui a IMn-
spriuh, la prelesa, est titulaire d'un droit subjectif!
Peut-on dire qu'il natt alors un véritable pouvoir,
qui différencie la volonté qui en est investie des
autres volontés, qui lui donne un caractère parti-
culier, une force spéciale interne, n'appartenant
pas aux autres volontés? Qu'on ne dise pas que
je donne une définition arbitraire a priori du droit
.subjectif, que cette définition est impossible et que
par l£ même je rends tout à la fois facile et inutile
la démonstration que j'entreprends. J'ai déjà dit
que si le droit subjectif n'est pas le pouvoir propre,
interne, de certaines volontés, il n'est rien. Je crois
que cela sera amplement démontré aux paragraphes
suivants, lorsque j'examinerai les différentes défi-
nitions qui ont été proposées du droit subjectif.
Pour démontrer que l'ouverture d'une voie de
droit n'implique point par elle-même l'existence
d'un droit subjectif, il importe d'abord-de faire
observer que les défenseurs les plus convaincus
et les plus ardents du droit subjectif sont unanimes
à reconnaître qu'il y a des cas très nombreux ou
l'ouverture d'une voie de droit n'implique pas cepen-
dant l'existence d'un droit subjectif, que dans ces
cas-là il y a seulement ce que les. auteurs allemands
appellent des réflexes du droit, objectif et la plupart
des civilistes français de simples expectatives, qu'ils
§ 21. - SITUATION DE l/lNDIVlDU
tout entier à
- LA SITUATION DE DROIT
§ '>'.}.
- Les délits civils.
Dutfiiit.-I 17
Vf»8 CIIAPlritE II. - LA SITUATION DE DROIT
Duguif. -I |»
274 CHAPITRE II. LA SITUATION DR DROIT
§ 27.
- La doctrine de la volonté et de l'intérêt combinés.
Ihiguit.-I. 19
290 CHAPITRE IL - LA SITUATION DE DROIT
Dugutt. - I 20
306 CHAPITRE II. LA SITUATION DP DROIT
L'ACTE JURIDIQUE
Duguit. -1 VI
322 CHAPITRE m. - L'ACTE JURIDIQUE
l'état social
-existant
L'ACTE JURIDIQUE ACTE DE VOLONTÉ
Duguit. - I. 22
338 CHAPITRE III. L'ACTE JURIDIQUE
- -
Mais s'il est établi et je crois l'avoir démontréplus
haut ( § 19) que la conception individualiste est indé-
348 CHAPITRE lit. L'ACTE JURIDIQUE
Duguil. - t 23
354 CHAPITRE m.- L'ACTE JURIDIQUE
l'esprit
I E BUT DE L'ACTE JURIDIQUE
que
illicite. On ne peut pas vouloir juridiquement la
naissance d'une situation juridique pour que soit
rendue réalisable une violation du droit. Tout acte
juridique déterminé par un but illicite est lui-même
illicite. Il ne faut pas dire que c'est exclusivement
le but qui détermine la valeur de l'acte; un acte
illicite par son objet reste illicite en principe, quel
que soit le but qui le .détermine. Mais un acte dont
l'objet est licite est illicite si le but qui le détermine
est lui-même illicite. Le rôle du but dans le droit
moderne prend une importance chaque jour plus
grande.
J'emprunte pour jouer : je reçois les deniers prêtés
avec l'intention de devenir débiteur de leur resti-
lution. L'objet immédiat de l'acte juridique est
la réception des deniers. L'objet médiat est la nais-
sance de l'obligation de restitution; le but est la
représentation que je me suis formée dans l'esprit
que quand je détiendrai l'argent qu'on va me prêter,
je pourrai jouer. Je prête de l'argent à gros intérêt
pour que l'emprunteur puisse jouer, pour qu'il ait
à sa disposition des fonds à l'effet de commettre
une action illicite quelconque : l'objet immédiat
de l'acte juridique est la tradition des deniers à
l'emprunteur; l'objet médiat, la naissance de l'obli-
gation de restitution; le but, la représentation que
je me suis formée que l'emprunteur me paiera de
::ros intérêts parce qu'il pourra faire la chose illicite
on vue de laquelle il a emprunté.
Il ne faut donc pas dire que le but est aussi objet du
vouloir, objet de l'acte juridique. Le but est objet
d'un autre vouloir tout à fait distinct de celui qui
constitue l'acte juridique et qui peut émaner d'un
autre sujet que celui qui veut cet acte. Un agent
366 CHAPITRE III. -> L'ACTE JURIDIQUE
public révoque un fonctionnaire pour se venger en
le privant de son traitement et des autres avantages
attachés à sa qualité de fonctionnaire. L'acte est
régulier si l'on ne considère que l'objet immédiat et
l'objet médiat. Incontestablement, il est illicite
quant au but qui l'a déterminé. C'est le fondement
de toute la théorie moderne du détournement de
pouvoir qui n'est qu'une conséquence du rôle long-
temps inaperçu du but dans l'acte juridique et
qui n'a rien de particulier au droit public français,
mais qui a reçu de la jurisprudence du conseil d'Etat
des moyens cons truc tifs qui nulle part ne sont aussi
complets et aussi énergiques.
Dans la théorie qui place au premier plan l'auto-
nomie de la volonté, qui soutient que le droit objectif
reconnaît et protège la volonté humaine en soi, que
cette volonté autonome s'impose en réalité à la
souveraineté de l'Etat, ce rôle du but dans l'acte
juridique ne se comprend pas. Sans doute, le droit
objectif ne protégera pas un acte juridique dont
l'objet immédiat et l'objet médiat sont contraires
au droit, parce que, tout en protégeant la volonté
en elle-même, il ne peut pas protéger une manifes-
tation de volonté, fait matériel en soi illicite. Le
droit objectif ne reconnaît pas l'acte par lequel on
s'engage à commettre un meurtre ou un vol. Mais
la personne humaine étant reconnue autonome,
tout acte de vouloir qui émane d'elle et dont l'exé-
cution ne se traduit pas dans un acte matériel con-
traire au droit doit être protégé, quelle que soit la
représentation interne qui a provoqué la volition.
La volonté,n'est pas protégée à raison du but qu'elle
poursuit; elle est protégée en soi et pour soi parce
qu'elle est une volonté humaine. J'emprunte ou
je prête : la volition interne se traduit à l'extérieur
$ 37.- ACTE JURIDIQUE UNILATÉRAL ET PLURILATÊRAL 367
par un acte parfaitement licite, la remise ou la ré^
ception d'une somme d'argent. Peu importe que
j'emprunte ou que je prête pour rendre possible
une chose illicite; l'acte sera reconnu et sanctionné
par le droit. Un agent public fait un acte de sa com-
pétence par .son objet; peu importe le motif qui l'a
déterminé; l'acte sera valable; aucune voie de recours
ne sera ouverte contre lui. Le détournement de
pouvoir paraît une chose extraordinaire aux ju-
ristes traditionalistes et la Cour de cassation n'en a
qu'une très vague idée.
Quoi qu'il en soit, capacité, objet immédiat et
médiat, but déterminant sont les trois éléments de
l'acte juridique; et je crois avoir montré comment
ils se combinent. Si pour une cause ou pour une
autre, l'un de ces trois éléments est en contradiction
avec le droit objectif, l'acte juridique est atteint
d'un vice. Quelle est la nature de ce vice, quelles en
seront les conséquences? Peut-on dire que ce vice
donne un droit subjectif à certaines personnes?
Autant de questions qui sont parmi les plus difficiles
du droit moderne et dont il est malaisé de déter-
miner le principe général de solution. Je le
tenterai néanmoins; mais auparavant il est indis-
pensable de déterminer le caractère des situations
juridiques qui sont consécutives à un acte juridique
et surtout les caractères de l'acte juridictionnel.
L'étude des nullités doit donc être renvoyée au
tome'II de cet ouvrage.
Duguit. - \< 24
370 CHAPITRE 111. - L'ACTE JURIDIQUE
§ 38. - Le contrat.
Duguit. - I 25
386 CHAPITRE III. - L'ACTE JURIPIQUE
Daguit. -I 26
402 CHAPITRE m. - L'ACTE JURIDIQUE
loi internationale
pourrait-on dire, c'est-à-dire d'une loi s'appliquant
aux membresde deux groupes distincts, lorsque des
liens contractuels s'établiront entre eux. Cette loi
de la convention collective s'appliquera, tant qu'elle
ne sera pas supprimée ou modifiée par une nouvelle
convention collective, à tous les membres du groupe,
même s'ils n'en faisaient pas partie au moment où
la convention collective est intervenue. J'estime
même que les membres de l'un des groupes ne pour-
ront pas, en s'en retirant, se soustraire à la loi con-
ventionnelle.
Mais pour que la convention collective de travail
ait ce caractère dans toute sa plénitude, pour qu'elle
crée véritablement la loi intersociale de deux groupes
professionnels, il faut que ces groupes aient acquis
une organisation complète et cohérente au moyen
de la constitution de syndicats réunissant la presque
totalité des patrons et des ouvriers de la profession
considérée. Malgré les progrès considérables du
syndicalisme professionnel depuis vingt-cinq ans,
et particulièrement depuis la guerre, l'organisation
professionnelle n'est peut-être pas encore arrivée
à un point de développement assez complet pour
que la convention collective de travail soit vraiment
la loi stable et rigide de deux groupements profes-
sionnels. Il faut ajouter que malheureusement depuis
la guerre des éléments étrangers aux intérêts pro-
fessionnels ont pénétré dans l'activité syndicale
pour la fausser et la détourner, dans des vues poli-
tiques et parfois révolutionnaires, de ses buts nor-
maux et professionnels. Cela explique les contro-
verses signalées plus haut, qui se sont élevées sur le
véritable caractère du contrat collectif de travail,
et aussi les lacunes et les imperfections de la loi du
416 CHAPITRE 111.
25 mars 1919,
-
qui était
L'ACTE JURIDIQUE
certainement prématurée.
Il ne peut être question de donner un commen-
taire de cette loi du "S5 mars 1919. Il est évident,
à première lecture, qu'elle n'a point complètement
réalisé l'idée qui vient d'être développée. Ses auteurs
ont aperçu la vérité; mais ils n'ont fait que l'aper-
cevoir et n'ont pas su en tirer les conséquences.
Ils ont eu le sentiment que la convention collective
de travail n'est pas un contrat, que d'elle ne peuvent
pas nat re des obligations spéciales et individuelles
comme celles naissant d'un contrat, mais qu'elle
crée véiilaLlement une loi réglant les contrats in-
dividuels devant intervenir postérieurement. Seule-
ment, imprégnés de traditions civilistes, les auteurs
de la le i ont maintenu la notion de contrat; ils ont
parlé d'obligations individuelles naissant du contrat
collectif et s'imposant, comme des obligations con-
tractuelles proprement dites, aux contractants; il
ont fait continuellement intervenir l'idée de mandat,
de telle sorte que la convention ne parait devoir
produire d'effets qu'en vertu d'un mandat tacite
ou exprès qui aurait été donné par les membres de
la profession aux signât aires de la convention, man-
dat pouvant à tout moment être retiré. Ce flotte-
ment dans les idées, cet amalgame de deux notions
opposées, a conduit le parlement à voter une loi
mal venue et d'une application difficile, une loi qui
est plutôt gênante qu'utile aux intéressés. Heureu-
sement qu'à notre époque, dans le domaine des rap-
ports professionnels, le droit s'élabore avec une puis-
sante spontanéité et que la coutume aura bientôt
dépassé les termes d'une loi caduque dès sa nais-
sance. .
Ce caractère flottant et indécis de la loi précitée
appâtai dans l'article 1er. Après avoir donné au
§ 40. | L'urne* 417
paragraphe Ie* de cet article une définition relati-
vement exacte delà convention collective de travail,
réserve faite cependant de l'expression i contrai
relatif aux conditions du travail », le législateur
.joute : « La convention collective de travail dé»
termine les engagements pris par chacune des par*
ties envers l'autre partie et notamment certaines
conditions auxquelles doivent satisfaire les contrats
de travail individuels ou d'équipe que les personnes
liées par la convention passent, soit entre elles, soit
avec des tiers, pour le genre de travail qui fait l'objet
de ladite convention. » Or, la convention collective
de travail ne fait pas naître d'engagement de l'une
des parties envers l'autre partie; le groupe des
employeurs ne devient pas débiteur d'une certaine
prestation envers le groupe des employés et récipro-
quement le groupe des employés ne devient pas dé-
biteur d'une certaine prestation envers le groupe
des employeurs.. Cela est si vrai que lorsque le légis-
lateur veut citer un exemple de ces prétendus enga-
gements que prendraient l'un envers l'autre 'les
groupes faisant la convention, il indique « notam-
ment certaines conditions auxquelles doivent satis-
faire les contrats individuels ou d'équipe qui inter-
viendront ultérieurement *. Je n'ai rive pas à com-
prendre comment les condition? qui devront être
insérées dans des contrats de travail individuels,
qui seront faits ultérieurement, peuvent constituer
des engagements qui obligeraient à des prestations
réciproques les groupes participant à la convention
collective.
L'article 2 de la loi est aussi difficilement expli-
cable. Il y est dit : « S'il n'y a clause contraire, les
personnes liées par la convention collective de tra-
vail sont tenues d'observer les conditions de travail
Dagvit.-I 37
418 CHAPITRE III. -rapports
L'ACTE JURIDIQUE
part du
-
40«. RÉPONSES A QUELÇUB& CRITIQUES
de l'acte collectif, le
contrat, de l'union et
427
Duguit. -I. 28
434 CHAPITRE III. - L'ACTE JURIDIQUE
véritablement une question qui touche au fond
même du droit.
Je crois qu'il n'y a pas plus de droit subjectif
quand un acte juridique a été fait qu'il n'y en a au
cas de simple application de la règle de droit. D'a-
bord, si la notion de droit subjectif est, comme je
pense l'avoir établi; une notion d'ordre métaphysique
et qui par conséquent ne peut pas être admise en
science positive, cela reste vrai qu'il y ait ou qu'il
n'y ait pas d'acte juridique. Si le droit subjectif
ne peut être conçu que comme le pouvoir d'une cer-
taine volonté, comme une qualité à elle propre et
que n'ont pas les autres, qualité qui lui permet de
s'imposer comme telle, il est une simple création de
l'esprit qui ne correspond en rien à la réalité; il
est un mythe, une fiction, une entité, produit de
l'imagination métaphysique de l'homme, survivance
des entités substantiellesde la théologie scholastique;
il n'est que cela, qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas d'acte
juridique.
D'autre part, je crois avoir démontré au para-
graphe 34 que la volonté qui se manifeste dans Pacte
juridique ne peut produire, par elle-même, aucun
effet dans le monde du droit;que, quel que soit
l'acte juridique qui intervient, la déclaration de vo-
lonté ne fait que conditionner l'application de la
loi et que, par conséquent, ce qu'on appelle couram-
ment l'effet de Pacte juridique est tout simplement
une conséquence de l'application de la loi, appli-
cation qui était subordonnée à un certain acte de
volonté. Qu'il y ait OJ qu'il n'y ait pas d'acte juri-
dique, il n'y a rien autre chose que l'application de
l'ordre ou de la défense contenus dans la règle de
droit. Or, s'il a été démontré que l'application de
la règle de droit ne peut pas entraîner la naissance
§ -
41. LA SITUATION
L'acte juridique
JURIDIQUE 443
len. ne peut donc pas être la con-
dition de la naissance d'un devoir, d'un Sollen pour
une personne déterminée. Par suite, quand on
dit qu'il existe une obligation à la charge d'une
personne déterminée, ce n'est pas exact en droit.
1
Duguit. -1 vu
450 CHAPITRE III. - L'ACTE JURIDIQUE
LE SUJET DE DROIT
sain d'esprit,
Or, l'homme individuel seul, et
possède une volonté consciente d'elle-même.
Cependant, en disant cela, je vais contre des doc-
trines qui paraissent si bien établies qu'il est indis-
pensable d'y consacrer quelques développements.
Michoud, qui les a le mieux exprimées, estime que
la technique que je présente est un peu insuffisante.
En effet, dit-il, c'est toujours une personne physi-
que qui fait Pacte juridique, mais une même personne
peut faire un acte juridique dans mille conditions
diverses, pour elle, pour l'Etat dont elle est un agent,
pour la commune, le département, l'établissement
public, l'association qu'elle administre, pour un
tiers dont elle est mandataire. Toutes les fois qu'elle
ne fait pas le contrat pour elle-même, ce n'est pas
pour elle, mais pour une série d'autres personnes
physiques, que se réalise l'effet de droit. « Comment,
dit Michoud, déterminera-t-on ces personnes sans re-
courir à l'idée de personnalité et sans déterminer quel
est le sujet de droit auquel est imputable lecontrat? »
En d'autres termes, pour Michoud, on ne conçoit
pas qu'un effet de droit puisse se produire sans qu'il
y ait un sujet de droit auquel il est ùnputé, un sujet
de droit qui lui serve de support. Lorsqu'un indi-
vidu fait un acte juridique en vue d'un but qui
n'est pas son but propre, il faut qu'il y ait un sujet de
droit déterminé qui serve dé support à ce but.
Michoud, La théorie de la personnalité morale, I, 1906,
p. 48 et 49, édition Trotabas, 1924.
C'est, en réalité, toujours le même préjugé : on
ne peut pas concevoir un effet de droit, c'est-à-dire
une protection sociale, sans un droit subjectif et,
s'il y a un droit subjectif, il lui faut un sujet. C'est
aussi toujours la même erreur consistant à croire
§ 42. - NOTION GÉNÉRALE DU SUJET DE DROIT 457
Duguit. - l 30
466 CHAPITRE IV. - LE SUJET DE DROIT
Dugutt.-I :;l
482 CHAPITRE IV.- LE SUJET DE DROIT
Duguit. .1 3*
498 CHAPITRE IV. - LE SUJET PB DROIT
Duguit.- 33
614 CHAPITRE IV. - LK SUJKT OK OR0IT
l'Etat
- M? SCJBT PB PR0IT
§ -18. -? Conclusions.
Je crois avoir «lémonlr»* la proposilior formulée
au début de ce chapitre : il n'y a et il ne peut y av«»ir
«|ue des sujets «le droit objectif; seul l'individu hu-
main «onscienl «le ses actes peut cire sujet «le droit.
Le «Iroit est un ensemble de règles qui défendent ou
onlonuenl telles ou telles ehos«*s; iléfeuses et ordres
ne peuvent être adressés «ju'à «les volontés conscien-
tes, par conséf|uent «|u'à des individus humains cons-
cients «le leurs actes, 'tout autre point de vue conduit
aux controverses sans fin. aux *con>trucl ions arlifi-
«.ielles tlont j'ai donné un aperçu. Parler de sujet de
droit, de personne juridique, c'est dire tout simple-
ment que l'homme conscient de ses actes est soumis
dans ses rapports avec les autres hommes à des rè-
gles qui s'imposent à lui sous une sanction sociale
plus ou moins organisée et qui constituent le droit
objectif du groupement social dont il fait partie.
§ 48. -- CONCLUSIONS 525
De sujet «le droit subjectif, il n'y en a pas parce
«jiie le ilroit subjectif est une notion irréelle. Les pro-
diges de sut.Uli'ê «|ui »ont faits pour établir une
théorie du droit suhjivtîf sont la meilleure tlémons-
I talion «lu néant de cette notion, m reste, beaucoup
d«- ceux qui ont le plus savamment écrit sur cette
question du sujet de dr«.iî subjectif font des aveux
d« i\t j'ai le droil «le m'emparer comme argument à
l'appui «le la solution négative «jue je défends.
îtn a vu «|ue Saleilles déclare à plusieurs reprises
«pie lu notion «le perss nnalité juridique ne corres-
pond pas à une réalité naturelle, mais à une réalité
>iinplement juridique, simple conception «le l'esprit
s'aduplant à d«»s situations *|ui demandent protec-
tion. Aussi pour notre regretté collègue toutes ces
«lo-trinés n'ont pas beaucoup «l'importance : « Il
sc«nb"i* bien. écril-il,«|ue sur le terrain des iloctrines
nous ne soyons plus séparés que par «les malentendus
«P'i persislcnt.il suflirail «le s'entendre sur les mots
pour les dissiper; c'est ce que j'ai essayé «le faire.
lu alors le jour, «pie je crois prochain,où le terrain
se trouverait «léblayé «le toutes ces controverses
do-trinales, nous n'aurions plus «pi'à réaliser «lans
le domainedudroit positif la solution «le fait exigée
par le progrès des idées, des nucurs et de l'êtiuité,
sans nous embarrasser «lêsormais «le théorie pure »
ILoc. cit., p. 603). En d'autres termes, pour Saleil-
les toutes ces théories sur la personnalité juridique
sont sans importance. Toutes les fois qu'on se trouve
en présence d'une situation dont les besoins sociaux
et la justice demandent la protection, il faut que
«elle protection soif, reconnue et organisée par le
droit objectif. On dit alors qu'il y a une personne
juridique titulaire de droits; mais c'est une expres-
sion purement formelle et rien de plus. Sauf le main-
§26 CHAPITRE IV. LE SUJET DE DROIT
Dagvit. . I 34
630 CHAPITRE iv. - i.r. scjsr DE DROIT
revêtir l'Etat
530
que peut et que je ne confonds pas,
quoi qu'en dise mon savant ami, labaronnie féodale
avec les grandes républiques démocratiques moder-
nes. Je dis seulement que dans tous les groupements
humains ou à peu près on constate en fait un phéno-
mène identique, une différenciation entre les faibles
et lés plus forts, que j'appelle les gouvernants, que
les gouvernants peuvent en fait imposer leur puis-
sance de contrainte, qu'on peut appeler ce fait, du
mot traditionnel, le fait Etat et que cette puissance
de contraindre est au fond de même nature, qu'elle
soit exercée par les organes de la République française
en 1927 ou par le baron féodal du xtie siècle; que le
fait est toujours identique à lui-même parce qu'il
est simplement un fait de plus grande force.
Ce fait de force apparaît suivant les temps et les
pays avec des formes diverses. Dans les grande* so-
ciétés modernes, il peut avoir certains caractères par-
ticuliers qui lui donnent une apparence qu'il n'a-
vait pas dans les temps anciens. Il se rencontre avec
la règle de droit et il y a lieu de déterminer comment
celle ci joue à l'égard de ceux qui détiennent cette
plus grande force. A ce point de vue. on pourra
donner une certaine définition de l'Etat, parler
du caractère juridique de l'Etat, de l'Etat de droit,
parler de l'Etat aupointde vue économique, c'est-à-
dire du rôle que l'Etat peut et doit jouer dans le
monde économique. On devra rechercher comment
le fait de force apparatt dans la société où il existe,
quels sont les éléments sociaux qui le déterminent.
Celte recherche incombe aux juristes sociologues, et
c'est précisément surtout à cette élude «|u'est consa-
cré cet ouvrage. Il n'en reste pas moins vrai que
le fait irréductible, toujours identique à lui-même,
esteeluide l'existence d'une puissance politique, d'un
540 CHAPITRE V. - LE PROBLEME DE L'ÉTAT
Duguit. -1 35
546 CHAPITRE V. - LE PROBLÈME DE L'ÉTAT
Duguit.-I. 36
562 CHAPITRE V. - LE PROBLÊME DE L'ÉTAT
-
l)oclrines du droit divin providentiel'. « Dans ces
doelrines, dit M. «le Vareilles-Sommières, ce n'est pas
par une manifestation surnaturelle «le sa volonté
que Dieu détermine le sujet «lu pouvoir, c'est par la
direction providentielle des év«'*nomenls et «les vo-
lontés humaines. » Dans la théorie «lu droit divin
ainsi comprise, le pouvoir vient «le Dieu seul; mais
les hommes <|ui le possèdent en sont investis par des
moyens humains, «|iii s'accomplissent sous la direc-
tion invisible de la Providence divine toujours pré-
sente. G'cst une doctrine tout a fait analogue a celle
qui, on l'a vu, était enseignée par saint Thomas,
Dcllarmin et Suarès et «jue parait avoir approuvée
Léon XIII, dans la Lettre uux cardinaux français «le
1892.
568 CHAPITRE V. - LE PROBIBMB DE l/ÉTAT
Ces doctrines
-
étaient
LE PROBLÈME DE L'ÉTAT
Duguit. . I 37
578 CHAPITRE V. - et LE PROBLÈME DE L'ÉTAT
silion ou s'ils la
- MS
rejettent,
PROBLÈME DE l/ÉTAT
Duguit. -
591 CHAPITRE V. -- LE PROBLEME DE L'ÉTAT
venir du passé,
V. -
c'est
LE PROBLÈME DE L'ÉTAT
négation
- 57. LA DOCTRINE FRANÇAISE
Duguit.. I 3'J
610 CHAPITRE V» - "LE PR03LÈNE DE L'ÉTAT
Doguît. - 1 40
626 CHAPITRE V. LE PROBLÈME DE L'ÉTAT
Duguit. -
I 41
6'12 CHAPITRE V. - LE PROBLÈME DE L'ÉTAT
onformément au
- LE PROBLÈME DE L'ÉTAT
<le ce
- IMPUISS. DE LA DOCTR. MÉTAPHYSIQUE 651
contrainte
FORMATION NATURELLE PE L'ÉTAT 659
qui est saisi par la conscience indivi-
duelle et qui existe seul en fait.
Chez la plupart des peuples d'origine arienne et
sémitique, la famille patriarcale aété, à une certaine
époque, dont la durée et la date ont été variables, la
forme générale des groupements sociaux. Le parent
mâle le plus âgé reconnu comme le chef du culte
domestique, considéré à cause de son âge et de son
soxe, de sa qualité d'ancêtre, comme investi d'un
prestige particulier, est le chef naturel du groupe
familial. 11 est le gouvernant du petit Etat; les mem-
bres de la famille sont les gouvernés el la distinc-
tion entre gouvernant s et gouvernés se rattache d'évi-
dence exclusivement à la force supérieure apparte-
nant, du fait de sa situation et de son caractère, au
parent mâle le plus âgé.
La cité antique n'a dû être primitivement qu'une
réunion de familles; la puissance de contraindre ou
puissance politique appartient naturellement à l'en-
semble des chefs de famille. A Rome, et dans beaucoup
de cités grecques, le pouvoir appartient en fait aux
pères de famille : le sénat romain n'est primitive-
ment que l'assemblée des chefs de famille (Paires);
c'est à lui qu'appartient la prépondérance, même au
temps de la royauté, qui est renversée pour l'avoir
méconnue. Les chefs de famille sont les plus forts en
commun parce que chacun est le plus fort dans sa
famille. Leur pouvoir ne se justifie point par son
origine; il est un simple pouvoir de fait, dû à leur
prestige, à leur force matérielle, religieuse, morale.
Souvent la puissance dans la cité appartient aux re-
présentants naturels des croyances religieuses, à
un collège de prêtres;c'est le triomphe de l'aristo-
cratie religieuse, et c'est toujours une plus grande
force qui s'impose.
660 CHAPITRE VI, - CONCEPTION RÉALISTE PK L'ÉTAT
peuple : ins-
titutions monarchiques, si la prépondérance appar-
tient à un seul; institutions aristocratiques, si elle
appartient à un groupe; institutions démocratiques,
si elle est détenue par la majorité. Les différents
éléments de prépondérance peuvent d'ailleurs, dans
un pays donné, coexister et se combiner. Ainsi ap-
paraissent des institutions politiques de nature com-
plexe qu'on appelle les gouvernements mixtes el
qui seront étudiées dans la suite de cet ouvrage.
Peu importe cette diversité, peu importe cette
complexité plus ou moins grande, le fait politique,
comme je le disais plus haut, reste toujours identi-
que à lui-même. Il est constitué par l'existence, dans
un groupement donné, d'un ou de plusieurs individus
pouvant imposer par la force leur volonté aux autres
membres du groupe. Il y a alors un Etat, et ces in-
dividus je les appelle les gouvernants.
Ces gouvernants sont-ils titulaires du droit sub-
jectif d'imposer ainsi par la contrainte leur volonté
aux autres individus? Non. Ce droit où le prendraient-
ils? On n'ose plus parler aujourd'hui, je suppose, de
délégation divine. I> 'autre part, je crois avoir montré
plus haut que l'explication du contrat social et de la
délégation populaire ne vaut pas mieux que l'expli-
cation théocratique. Qu'il soit bien entendu, une fois
pour toutes, que les gouvernants n'ont point le droit
subjectif d'imposer leur volonté, de donner des or-
dres aux gouvernés. Leur volonté n'est pas diffé-
rente de celle des gouvernés. Que la puissance gou-
vernante appartienne à un individu, à une classe
à la majorité numériquedes membres du corps social,
à des groupements secondaires, elle est une puissance
de fait, pas autre chose. On n'a jamais réfute et on
ne pourra jamais réfuter ce que j'ai si souvent ré-
672 CHAPITRE VI. - CONCEPI'IO.N RÉALISTE HK l.'ÉTAT
lluguit. - t 1.'{
674 «:IIAPITRE VI. - covt:EPr:os IIÉAI.ISIE ni: I.'ÉIAT
dément, mais paire «pnï, par hypothèse, il «'.si, par
son objet et par son but, coiilorme au droit objectif
de la collectivité considérée. De «Iroit <1«Ï souvcrai-
nclé il n'y en «. pas. Ainsi, le problème tant discuté
du titulaire de celte souvirainelé ne se pose mémo
pas, pas plus «pic ne se pr»se, on l'a vu, le problème
«lu sujet «le droit en général, (/ne règle qui s'adresse
a tous, une règle «pii impose le respect de toute
manifestation de volonté conforme au droit objee-
tif, voila ce «pie l'on «-onstate, voila <-e «pi'il y a seu-
lement. En vérité, pour«|iioi elienhe-t-on antre
chose? Pourquoi inventer toutes ces entités imagi-
naires, «Iroit subjectif, souveraineté, sujet «le droit?
Tout cela s'évanouit à la simple observation des
faits.
Hcstc à savoir «e «pi'imposc la règle «le «Iroit à
l'activité ries gouvernants. Tout droil objectif est
un ensemble «l'impératifs sVqiplitpianl à tous les
membres du corps social «laits leurs" rapports réci-
proques. Le droil objectif «l'un groupe en tant «jull
louche, les gouvernants compr«;nd un ensemble d'im-
pératifs «pii s'adressent d'une part aux gouvernants,
et d'autre part aux gouvernés, dans leurs rapports
av«r eux. Tout acte «les gouvernants fait ««uiformc-
rnenl à ces impératifs sera légitime. Acte matériel,
il ne p«)urra entraîner aucune r«\sp''«Habilité à leur
charge; acte juridique, il donnera ouverture à une
certaine voi«' «le «Iroit, exactement suivant. I«^ méca-
nisme «pli a été <*xpliqué plus haut au chapitre III.
L'acte peut être un acte-règle, un acte-condition,
un a< te subjectif, cx.'Mhrrienl. il»; la même manière
«pie lors(|u'il émane «l'un simple particulier. On pour-
ra lui «lonner «les noms différents, parler «le loi, d'ac-
te réglementaire, «l'acte de puissance puhlùpie, d'ac-
le de gestion, d'acle ndinînistratif. Peu importent
§ 63. - LES fiOUVKRNANTS 675
Les différents actes «les gouvernants,
«.es désignalions.
sauf peut-être les actes «lits juridictionnels, «|ui se-
ront étudiés plus tanl longuement au tome II, ren-
trent tous dans les catégories précédemment «lé-
erites. L'acte juridiepic reste toujours ce qu'il est
par nature et, encore une fois, ce n'est pas parce
«pi'il émane d'un simple particulier ou d'un gouver-
nant, se parant d'un titre quelconque, qu'il peut chan-
ger «le caractère; il est ce qu'il est; il est toujours
ce qu'il est, tout ce qu'il est, et seulement ce qu'il
est.
llesle a déterminer l'objet «les impératifs juridi-
ques en tant qu'ils se rapportent aux gouvernants.
Sur ce point il est difficile «le «lonner une formule à
la fois générale el pnVise. En effet, l'objet «le ces
impératifs est infiniment variable suivant les temps,
suivant les degrés «le civilisation et rétendue du
groupement social «:onsidéré. On pose souvent la
question «le la manière suivante : Quels sont les buts
et les fondions «le l'Etat? A tout prendre, on peut
la poser ainsi, si l'on comprend «pic par la on «le-
inande «picll«»s choses la règle «le «Iroit commande
aux gouvernants, «pitrlfas choses elle leur permet,
ou plus exactement a propos «le «pielles choses la
règle «le «Iroit commande l'obéissance aux gouvernés,
«pielles choses enfin elle interdit aux gouvernants.
Hicn «les formules générales ont été proposées pour
répondre à la «|iiestion. Toutes ont le tort d'être
générales et. par suite vagues et incomplètes.
A mon sens, l'idée directrice qui doit servir à «lé-
lermincr le domaine d'action «rlcjs gouvernants est
la même que celle a l'aide de laquelle se détermine
le domaine «l'action de chacun des individus. Tout
acte qui «si déterminé par un but de valeur sociale
et qui n'a pas un objet antisocial est légitime quand
676 CHAPITRE VI. - .
«:ONCEPTlr)N RÉALISTE I»E L'ÉTAT
Duguil. 41
6V0 CHAPITRE VI. --- CONCEPTION RÉALISTE DE l-'ÉTAT
Duguit. - I ;"
706 CHAPITRE VI.
certain nombre
-d'idées générales.
CONCSPTION RÉALISTE DE L'ÉTAT
Au reste, il ne
convient pas d'insister plus longuement sur ces ques-
tions de terminologie et de méthode.
Après avoir déterminé les règles qui s'appliquent
aux rapports des gouvernants entre eux et avec
leurs agents, il faut étudier les règles qui s'appli-
quent à l'activité extérieure des gouvernants et
de leurs agents. On aperçoit tout de suite combien
est vastecette seconde partie du droit public interne,
et comment son domaine s'agrandit chaque jour,
à mesure que s'accroissent les activités dont les
gouvernants doivent assurer l'accomplissement et
les services publics qui y correspondent.
Cet accroissement constant de l'activité étatique
est critiqué et regretté par les uns, approuvé par
les autres; il a donné lieu et donne encore lieu à
de vives polémiques. Elles me paraissent sans objet :
il y a là un fait irrésistible, que l'on doit constater
et qu'il faut prendre tel quel. Il a pour conséquence
la formation d'un nombre toujours plus grand de
règles juridiques. Il n'y a pas un moment de son
existence où l'homme moderne ne se trouve en con-
tact avec les gouvernants et leurs agents. Ces rap-
ports continuels ont donné naissance à une somme-
énorme de règles juridiques, la plupart écrites,
quelques-unes coutumières, qui forment cette seconde
division du droit public. Les législations, les juris-
prudences modernes et particulièrement la juris-
prudence française sont intervenues ici fréquemment
et minutieusement, parce que c'«îst dans ce contact
incessant de l'individu et de l'Etat que le danger
d'arbitraire a surtout apparu et qu'on a senti le be-
soin de le prévenir dans la mesure du possible.
Etant donnée la vaste étendue de celte partie
du droit public, il est nécessaire d'y faire une sub-
g 66. DIFFÉH. DU DR. PUBLIC ET DU DR. PRIVÉ 707
division. Celle qui me parait la plus logique se ratta-
che à la distinction des deux fonctions de l'Etat,
la fonction administrative et la fonction juridic-
tionnelle. La fonction de contrainte n'a pas, à vrai
dire, comme on le montrera plus loin, un caractère
spécifiquement juridique ; elle consiste à assurer
l'exécution par la force des actes administratifs
ou des actes juridictionnels et par conséquent à elle
ne peut correspondre une partie déterminée du droit
public. A l'exercice de la fonction administrative
correspond le droil administratif, comprenant l'en-
semble des règles s'appliquant aux effets des actes
administratifs et aussi au fonctionnement des ser-
vices publics. C'est surtout cette partie du droit
public qui prend de nos jours une importance con-
sidérable; car c'est par le moyen d'actes administra-
tifs que l'Etat réalise son intervention si fn'qucnte
et si active dans tous les domaines de la vie sociale,
industrie, commerce, enseignement, rapports du
capital et du travail; c'est par des actes adminis-
tratifs que l'Etat se procure et gère les capitaux
énormes dont il a besoin pour accomplir sa mission;
c'est par les mêmes actes que l'Etat remplit aussi
ses devoirs d'assistance et de protection aux faibles,
aux malheureux, aux infirmes, devoirs qu'on lui
reconnaît unanimement aujourd'hui. Le domaine
du droit administratif est si vaste que l'on a pris
l'habitude d'en détacher certaines parties, comme
le droit financier, ,le droit industriel et bientôt, je
l'espère, la législation sur l'assistance publique.
La dernière subdivision du droit public correspond
à la fonction juridictionnelle et comprend toutes
les règles de droit s'appliquant à l'exercice de la Jonc-
tion juridictionnelle. En France, par suite de l'or-
ganisation spéciale de la fonction juridictionnelle
703 CHAPITRE VI. - CONCEPTION RÉALISTE DE L'ÉTAT
droits
des autres., de même disait-on,
le droit objectif international est fondé sur Tobin
galion qui s'impose à l'Etat souverain de respecter
les droits fondamentaux des autres Etats souve-
rains. Le droit international objectif ainsi compris
existe, ajoutait-on, dans la conscience de toutes
les nations civilisées, et il trouve son expression
dans la coutume internationale et aussi dans les
conventions internationales qui deviennent de plus
en plus nombreuses.Les conventions internationales
sont, disait-on, la source par excellence du droit
international objectif; mais elles n'en constituent
point le véritable fondement, qui se trouve exclusi-
vement dans les droits naturels fondamentaux des
Etats.
Les représentants de cette conception rencon-
traient une objection qui disait : il n'y a pas, il ne
peut y avoir de droit public international, parce
qu'il n'y a pas, parce qu'il ne peut y avoir de sanc-
tion directe organisée. Ils répondaient : le droit
public interne n'a pas lui non plus, à vrai dire, de
sanction directe organisée; il ne peut pas en avoir
puisque l'Etat, ayant le monopole de la contrainte,
ne peut pas exercer ce pouvoir de contrainte contre
lui-même, et cependant on ne conteste point l'exis-
tence du droit public interne. L'autre part, rien
ne s'oppose théoriquement à ce que les Etats se
mettent d'accord pour organiser une sanction ef-
fective du droit international. Un essai encore bien
imparfait sans doute, mais loin d'être négligeable,
a été réalisé à la deuxième conférence de La Haye
en 1907. Enfin des règles de droit peuvent exister
sans qu'elles aient une sanction directe par la con-
trainte matérielle. Les règles de droit ne sont pas seu-
lement les règles sanctionnées par la contrainte ma-
| 67. - LE DROIT PUBUC INTERNATIONAL
Dogtiit. - I 4fi
-
722 CHAPITRE VI. CONCEPTION RÉALISTE DE L'ÉTAT
relsderhommeetqu'affirmerlesdroits fondamentaux
de l'Etat, c'était en réalité affirmer l'existence des
droits naturels et imprescriptibles de l'individu. En
dernière analyse, dans cette conception, le droit pu-
blic international est fondé, comme le droit public
interne, sur les droits subjectifs intangibles de l'in-
dividu.
J'ai déjà montré que le droit subjectif de l'individu
antérieur à la société, à l'Etat, est incompréhensible,
que la reconnaissance du droit subjectif naturel de
l'individu repose sur un cercle vicieux. Par consé-
quent, fonder l'existence des droits fondamentaux
des Etats sur l'existence des droits naturels indivi-
duels, c'est ne rien expliquer du tout, puisqu'il fau-
drait démontrer l'existence de ces droits individuels
et qu'on ne peut le faire.
Il faut donc démontrer directement l'existence
d'un droit public international objectif. On a rap-
pelé plus haut, à ce paragraphe même, que la doc-
trine allemande l'explique par l'adhésion volontaire
des Etats à certaines règles, adhésion expresse ou
adhésion tacite. Le mot Vereinbarung, dont on se
sert pour désigner ces unions conventionnelles,
est un terme d'une portée générale et s'applique tout
aussi bien à des conventions tacites qu'à des conven-
tions formelles. Par ces conventions tacites ou ex-
presses, les Etats consentent des restrictions volon-
taires à leur souveraineté; l'ensemble de ces restric-
tions constitue le droit public international objectif
et la souveraineté des Etats soumise à ce droit sub-
siste, puisque ces restrictions sontvo!ontaires,qu'u-
ne volonté qui se limite elle-même reste souveraine
puisqu'elle reste une volonté qui se détermine par
elle-même.
Mais il est évident que si le droit international
§ 67. LE DROIT PUBLIC INTERNATIONAL 7*23
In
r.iiAi-iTRK
droit internai
-
vi. CONCEPTION HKAi ISTI: in: I.'ÉTAT
ional ne s'applique qu'aux Kl ni s.
de même la guerre existe seulement entre les Etats
et non pas ent re les individus. Colle conception, tout
artificielle, n'a pas pu résister aux faits, et du mo-
ment qu'une grande et longue guerre a éclaté, la fie-
lion a disparu et la guerre s'est montrée ce qu'elle
est véritablement, une liHe entre les individus et
non un conflit entre les prétendues personnes que
seraient les Etats.
Enfin et surtout, persistera prétendre que le droit
internai ional s'adresse aux Etats, personnes souve-
raines, et qu'il vient limiter la souveraineté de cha-
rnu des Etals dans l'intérêt fie tous, r'esl. wi réalité,
enlever tout fondement au droit international, parce
que la conception fie la souveraineté étant maintenue,
elle est nue concept ion absorbante et exclusive qui
écarte forcément toute restriction. Maintenir cette
idée de souveraineté, c'est donner une apparence de
justification à toutes les prétentions arbitraires de^
gouvernements, à tous les refus d'arbitrage, à toutes
les clauses restrictives insérées dans les conventions
d'arbitrage; c'est fournir un prétexte à tous les gou-
vernements ambitieux et conquérants pour déchaî-
ner des guerres de conquête, parée qu'il est toujours
possible, pour justifier ces refus, ces restrictions, ces
agressions, d'invoquer la fiction si commode fie la
souveraineté qui ne souffre point «l'atteinte.
En maintenant la notion de'personnaliîé et desou-
verainrlé fie l'Etal, on peut bien, comme Jellinek.
faire de belles phrases sur la réalité du droit interna-
tional, on peut bien dire avec lui qu'il y a au droit in-
ternational un fondement psychologique, comme il
y en a un à la base de tout droit, et particulièrement
à la ha*c du droit public interne. Mais fatalement.
[':ir la puissance de la logique cl par la force des faits.
§ 67. LE DHOIT PUBLIC INTERNATIONAL 7*2ï>
Page»
Préface de la deuxième édition vu
Préface de la froblème édition xv
CIIAIMTHK PftEMIEit
La règle de droit.
1. Le problème du ilrotf I
2. Les conceptions subjectivité* 14
3. Les doctrines objectivâtes 22
.i. I.a doctrine norm.iliviste de Krl«cn 42
5. La norme sociale 65
6. Caractères «le In norme sociale 74
7. L'objet de la norme sociale 62
8. La norme juridique 89
9. Les doctrines elalMes 100
10. Les règles de droit normatives et les règles de droit
constructives ou techniques 105
11. Le sentiment de la socialilè cl le sentiment de la justice. 116
12. Le support de la norme juridique 127
13. La force obligatoire de la norme juridique 142
14. La coutume 153
15. La jurisprudence 159
16. La loi écrite 169
17. La norme juridique intersociale 184
ClfAPITItE II
La situation de droit.
CHAPITRE III
L'acte Juridique.
CHAPITRE IV
Le sujet de droit.
CHAPITRE V
Le problème de l'Etat
CHAPITRE VI
La conception réaliste do l'Etat.
Duguit. - I 47
TABLE ANALYTIQUE
- -
ceplion dans I' condition, même si l'on admet la souvi-
et dans I' -
333 et 331; dan» I' règle
subjectif, 331 et
.135: c'est l'esprit du sujet et
raineté, 695; la distinction
de I' - de gestion et de I'-
d'autorité n'a pas do raison
non sa volonté qui détermine d'être, 697 el 698; la com-
les dispositions de la règle et pétence spéciale établie pour
l'étendue de la situation juri-
dique subjective, 334 et s.;
les procès nés de certains -
ne change |>oint leur caractère,
la délibération dans I*
337 et s.; l'objet immédiat
- 700.
Action, voie de droit, par excel-
ne peut être qu'un mouvement,
corporel du sujet, 337 el 238,
lence, 107; I* - n'implique
pas l'existence d'un droit sub-
362* et s.; objet immédiat jectif, 295* el s., 476 et 177;
et objet médiat de I*
et 333, 362* et s.; V
-, -
337
-
est une richesse économique,
301 ; I' née d'un délit civil
n'est pas la cause créatrice n'implique pas un droit sub-
.le l'effet de droit, 338 el339, jectif au profit de la viclime,
318 el 319, ?58* et s. 367*
cl s., 474 cl 475, 726 et 7v»7;
250* el s., 260; V - publique
n'implique pas l'exi-lence d'un
le but dans I' - ,
339 el s.,
distinction du but déterminant
droit subjectif, 246 el s., I*
considérée comme un réflexe
-
.'I du motif impulsif, 312 et
313; cas où le but et le motif
du droit objectif. 245; I*
pour injure el diffamation.
-
impulsif se confondent, 313 253 cl 251; I '-- syndicale,
..t 311; l'exécution dans I'
:M6 et s.; le droit objectif
-ne
, 252 et s.; possosoire, 256 el
257. V. Voie de droit.
protège que les manifestations Affectation, protégée sans qu'il
extérieure* de la volonté, 317 y ait ni droit subjectif ni titu-
et 348; 11 déclaration dans I* - , laire de droit, 181, 257, 510*
316 et s.; situation juridique et s. V. l'onil; lion.
consécutive a I' -, 433 et s.; Agent public, 246, 200, 703*
--
unilatéral, 331, 367* el s.; ---
I'
plurilatéral 367 et s.;
dan* la conception indi-
el s.
Alliet, ce qu'il dit du droit sub-
jectif, 222.
vidualiste. 363 cl s.; fausseté Ame, peut être l'objet d'une
de la doctrine d'après laquelle croyance, mais non d'une af-
toul acte plurilatéral est un firmation scientifique, 131; -
contrat, 372 el s.; il y a beau- nationale, simple formule lit-
coup d'actes pturilaférauv qui téraire, 132 et 133.
ne sont pas des contrats, 373 Anarchie, exisfe quand dans un
et 374; I' - unilatéral peut
être la condition de la naissance
pays il n'y a pas une puis-
sance de contrainte irrésistible,
.l'une situation de droit aussi 537; ma doctrine n'est pas
bien >n droit privé qu'en droit
public, 371, 672* et s.; V - une doctrine .|* -, 653 et 651.
Animal, rie peut être sujet de
fait par un gouvernant droit, 455, 473: la loi Grnm-
e>l de même nature que I' --- mont, 455, 473.
fait par un particulier, 672 Aristocratie. 671; - dans l'an-
e.t 673; il n'y a pas à distinguer tiquité, 659.
I*
- de droit public et l' -
de droit privé, 33», 691* el s.;
Association, considérée au sens
tout à fait général, JMl; l'acte
la distinction n'existe pa<f constitutif d'une - n'est pas
TAttl.E ANALYTIQUE 741
el s., 78 et s.;
entier sur le concept de droit
subjectif,. 19 cl 20.
Collectivités, ne sont ni sujets
la -
Conscience, 65
que la masse des esprits
a qu'une règle doit être socia-
lement sanctionnée fait la règle
de droil subjectif, ni sujets de
droit objectif, 454 et s.; ne,
peuvent avoir qu'une person-
de droit, 112, 115* el s.,
145, 176; la - d'une
régie intersociale, 187* et s.,
nalité fictive créée par la loi,
-
467 et 468, 484* cl s.; doctrine 723; la - du peuple d'après
qui enseigne que les
une personnalité réelle, 486,
et s.; doctrine qui admet la
ont
-
des volontés surnaturelles, 143;
voit dans la souveraineté
du peuple un mensonge, 588.
de chacun des acte* de volonté
des contractants, 385 et s.;
- à titre gratuit, 397; le -
Concept, définition, 71;
priori et ~
- a
a posteriori, 71 ;
un acte de même nature en
droil public et en droit privé,
e«t
le -
qu'un jeu de l'esprit, 469 el 470;
appliq-Jé à la représen-
tation, 475; à la person-
nalité des collectivités, 489;
Convention, peut exister «ans
qu'il y ail contrat, 375. 384,
409 el s.; c'est ce que Ie< x\llc-
mands appellent la Vcttin*
influence de Hegel, 466. barung (union), 375, 384, 109,
Concession .le service public
contient des clauses réglemen-
el s.; -loi, 429; en droit
international, 419, 717, 722*
taires et des clauses contrac-
tuelles, 420 et s.; jurisprudence
el s.; - en droit public interne,
411 et s. V. Union (Verein-
du conseil d'Etat, 422. barufti)).
M IAHM. ANALYTIOI'I:
Convention collective de travail, 319 et 350, 36| cl s.; plus exact
n'est p.1*. un contrat, mai* une <|e dire déclaration d'inh nlii n.
union créant la règle suivant 31*: la - e>l la condilion
laquelle devront être conclu» el n»n la cause créatrice de
les contrats individuels de tra- l'effet de droit. .*[5| el 352.
vail dans la profession con-i-
ilérée, III cl s. V. Union.
*362* et .».. 134; la -i-hjct
immédiat de l'acte juri.f ctju*.
Corporation. 17, 6»'.3 et s. V. 362 et *. V. A«le juridique.
Association, Collectivités, Syn- Délit civil, 2>s et s.: ,". fait
dicats. pa> n.iitre un droil -ubjecl.l
Coutume, 12", 147, 153' et s.: au profit de la vicliii.e. 218*
d'après l'école historique, 147". et s., 250 et 251; cireur du
problème de la - en général code Napoléon. 218 cl 249:
mal posé, 153; la - ne crée jurisprudence de la i our »p-
pa» le droit, n«* fait que le cassation, 25 1 i-l 2." 5.
constater, 154* et s., 687 cl Démocratie, ?»'? I : <i;iiis la cité
»;ss; la -
est toujnur- une
régie con»lruclive, 155* cl s.:
antique, (".pi; à IVpOi.'ie mo-
derne, M'P2 cl s. Y. i ocltiiie
165: la --- en droil |»-nal. ilcnux.rr tique.
155 el 156: la - «n droit Demogue. voit dan* la notion
mil, 156 cl s.; I» - supplétive de suj-t ,i(. droit un vocable
.le I intention d«- partie-, l."»7: romn-.ode et une des h»*e.» de
l.i Micce»vorw!r, |.",7; tn
- la t< clinique juridique. 526;
>ii droil commercial, 158 «t cotuprcnd le vrai ra.at ten-
|5'i; la en droil publie, de la cau-e, 391 et 395; «per-
159. »;s7: les rap|iorls »|(- h> çoit le caracléic îles actes rc-
MVIC la loi. 165. trlcs, 4.W.
Créance. s,,n vrai caractère, 41° Descartes, le je perw donc
et -.; est une riclic^e écono- <
-
droil constitutionnel au sens
large, 704 cl 705; le ne peut
d'après laquelle le -
public, 691 et a.; doctrine,
est seule-
ment un pouvoir de volonté,
avoir la sanction directe de la 274* et s., 458; doctrine d'après
contrainte, étatique, 710 et s. laquelle le -.est un- intérêt
Droit subjectif, 214, et s., 224; socialement protégé, 280 et
est une hypothèse métaphy- s.; critique de celte doctrine,
sique, 144, 215; ne peut être
conçu que comme pouvoir de
volonté. 274 el s., la question
laquelle' le -
284 et s.; doctrine d'après
est un intérêt
avec une volonté capable de
du -
de la nature cl du fondement
la conception du -
est insoluble, 16 et s.;
doit être
éliminée, 17 et s., 272 et s.
le faire valoir, 287 el s.,;
critique de cette théorie, 294
et 295; il n'y a pas de
mais seulement ouverture d'une
-,
comment s'explique la persis- voie de droit, 295 et 8.; la ca-
tance de la croyance au -, pacité ou la compétence n'est
-, 247; il n'y a pas
18 el 19, 246 el- 247, 258,
272, 297; pas de -- interna-
tional, 199, 715; au regard de
la rJgle de droit normative,
de -
pas un
dans la situation. Juri-
dique consécutive à un acte
juridique, 433 et s.; l'existence
on ne p<ml concevoir l'existence
do -, 213 et s.; critiqués et
d'un - n'est pas nécessaire
pour expliquer la protection
réponse, 221 el s.; en quel sens juridique d'une situation, 505
on peut parler d'un élément et s.; tout le monde est obligé
subjectif du droit 215; la loi d'admettre qu'il y a certaines
construclive ne donne pas plus situations protégées sans qu'il
de - rtue la loi normative,
224 et s.; l'ouverture d'une
y ait un
Subjectivismc.
-, 527 el 528 V.
et s.; prétendu
691 et s.; lo - - public,' Droits Individuels, 200 et s.;
*st une pure ne peuvent exister avant que
substantialisalioa d'un élément l'homme soit en société, 209
de l'activité individuelle, 272 et s.
M> TAIILK ANALYTIQUE
Durkhelm, sa description de la force, 519 el 550; a la frayeur
solidarité sociale, 85; son cri- du syndicalisme, 589; se Irompe
térium du fait social, 88; ce en disant que ma doctrine e><4.
qu'il dit de la horde, 657. d'inspiration allemande, 54s cl
Ecole historique, 123 el s.; la s.; enseigne la doctrine indi-
conscience du peuple dans I' -- vidualiste-, mais admet l'omni-
129 el s., 147; admet l'existence, potence de la loi, 639 et s.
d'un Jiiristen-ftecht, I60. Etat des personnes, situation,
Effet de droit, 326 cl s.; se ra- juridique objective. 31».
mène toujours à l'ouverture Etat, comment il nous apparaît,
d'une voie de droit, 330 et s.; 535 et s.; n*a pas de droit
I* -- est l'objet médiat de l'acte subjectif de souverain» (é. riu'iin
juridique, 351, 361* cl s.; n*a dan* les rapports internatio-
pas pour cause créatrice l'acte naux, 183, 713* et s.; considéré
juridique, 338 et s. V. Situa- comme une association au sens
tion juridique, Voie de droit. général, 4*2; la personnalité
Egalité, 203 el 204; n'existe pas de I' d'après la doclrini
dans la réalité, 210. individualiste. 483; conceplicn
Eglise catholique, sa doctrine
sur l'origine du |>ouvoir poli-
métaphysique de I" -,
est impuissante à résoudre le
618;
tique, 558 et s,. problème de l'Etat, 619 et s.;
Eglises, protection juri«prudcn- ne peut expliquer la Miimtai-
lielle de leur affectation au nelé, 650; ne peut déterminer
culte, 181, 257 el 25,s. son sujet, L50 cl s.: ne peut
Electoral, situation juridique ob- fixer ses limites, li3l, t>50;
jective, 309. la doctrine de la personnalité
Equivalent, considéré comme la de I' se heurte a des ffn.
cause dans les contrats a |w»ssibilités, »;|9 et s.; per>on-
litre onéreux, 396 el s.; cri- nalilé exclusivement patrimo-
tique de cette conception, 397; niale de I' ,
591 et s.; per-
ce qui détermine la partie à sonne,- 612 cl s.; elle con-
s'obliger, ce n'est pas la récc|i- duit a l'omnipotence ele I"
tion de l'équivalent, mais la con«idéré comme la nation
représentation qu'elle s'en forme, organisée, »;*tf et s.; doctrines
397; il n'y a pas d'opposition qui divinisent I' - . 553 el s.j
entre la théorie objective de
la cause cl la théorie sub-
doclrine allemande de I*
615; la personnalité souveraine-
-
jective de la cause but déter- de I' i-s| incompatible avec
minant, 297. V. Dut, I'.aiis4\ la diVentralKiton cl le fédé-
Esclave, sujet «le droit, 160 cl ralisme, 1.26 el s.; conception
s.; sujet de droit objectif, 161; réaliste de I'
,
f.50 el
sujet de droit s(ibjectif, si IVin s.; I« e^t le produit d'une
admet le droit su'ijictif, 16| différenciation naturelle entre
et s. les Lubies et les forts, 535 el
Esmeln. sa théorie de fa vo- s., r.55* et s.; est un simple
lonté nationale, 130; comment fait 53*',; a |*<ur caraclën-
il croit démontrer la souverai- fondaincnlal d'être une puis-
neté nationale, 5» 4 et 5*5; sance de contrainte irrë-is|il l< .
»;i définition de l'Etat. 538, 537 cl s ; mis-.ion de I -
.
616; prétend i tort que ma 674 et s.; :i les mêmes obli-
négation du droit de puissance (.Mtioris quelle que s0j( -a
publique conduit au récrie <l- la forme, ï,79. I' lié par ie
T.\|,I.E ANALYTIQUE 740
Duguit. -1 48
754 TAPIE ANALYTIQUE
prudence, 171 et "s.; la dif- pas toujours avec la règle de
férence, 172; l'action du - drojt, 177; rapports de là
avec la coutume et la juris-
-
sur l'opinion, 173, V. Loi posi-
tive ou écrite.
Mon XIII, sa doctrine de l'ori-
prudence, 177 et s.; la
impérative se ramène à une
-
gine du pouvoir politique, 560 loi prohibitive, 258 et 259;
et 562; -
et s,; elle parait indécise, 561
invite les catho-
la - ne fait pas naître de
droit subjectif, 224 et s.;
liques français à se rallier a la
République, 562, 570.
il n'y a pas de
mais seulement des
- -concédantes,
prohi-
bitives ou impêrat'ves, 264
Lévl (A.), critique ma négation
du droit subjectif, 221, 293
et 294.
et s.; application de la
aux situations de droit anté-
-
liberté, 261 et s.
Libre arbitre est indémontrable,
16, 67.
le rôle de la-
rieures à sa promulgation, 361*;
en drtit public,
688 et s.; d'après Rousseau
Locke, sa doctrine individualiste,
204 et 205; sa doctrine dé-
la - doit être acoptée par
le peuple, 606 et 60ï. V. Lé-
mocratique libérale, 578 et gislateur, Norme juridique, Rè-
579. gle de droit.
Loi constitutionnelle, 6S9 et s. Loi sociale, n'est pas une loi
Loi. écrite ou positive, ne fait de cause, mais une loi de but,
pas la règle de droit, 169 ets.; sa différence d'avre es lois
rie crée pas le droit, mais est physiques et biolcgiqi es, 66
un facteur de sa formation, et s.; est la norme dis actes
170 et 8.; est impuissant individuels, 8? el ?,
à créer le droit, 112 et 113; Loyseau, expose la notion de
la- exerce une influence l'Etat patrimonial, 597/et £18
sur l'opinion publique, 114; Luelen-Brun, critique ma doc-
* n'est pas un commandement trine, 76.
.souverain de l'Etat, 170; est Matstre (Joseph de), sa doctrine
un mode d'expression de la du droit divin providentiel,
règle de droit, 171 et s.; peut 568.
pratiquement être présumée Mariage, n'est pas un contiat,
conforme à la. règle de droit,
-
173; la -
normative et la
mais une union (Vereinbarung),
411.
constructive, 172 et s.; ne Maury, sa théorie de la cause,
peuvent modifier le caractère 396 et 397; critique, 397.
des volontés individuelles aux- Mayer (Otto), fait une distinc-
quelles elles s'adressent, 224; tion abroluo entre le droit
-
le rôle de la est analogue à public et le droil privé, 683.
celui de la coutume et de la Mestre, sa théorie de la res
jurisprudence, 170 et s.; les
différences, 172; la- est un
ponsAhilité- pénale des collec-
tivités, 488 el 489.
document pour le juriste, 174 Métaphysique, doit être défini-
et 175; une limite pour l'admi- tivement éliminée du demaine
nistrateur et le juge, 175 et
i76; la- peut devenir con-
juridique, 3. V. Doctrine méta-
physique.
traire à la norme juridique el Méthode réaliste que doivent
cesse alors d'être applicable, suivre les juristes, xv et s.
modernes la -
176; même dans les sociétés 162; les tribunaux, 164 et 165,
ne coïncide Meurer, nie la personnalité col-'
TABLE ANALYTIQUE 755
lectivc- et enseigne que la fiction 606 et s.; critique de cette
cor-si' te seulement à traiter docliiiM\ 609 el 610; c'est une
comme unité ce qui est plura- doctrine métaphysique, C09, 620;
lité, L05; ne peut expliquer différenciation se produisant
les fondations, 512 et 513. dans la nition, 660 et 661.
Mleell, sa définition du dioit V, Souveraineté nationale.
subjectif, 221, 293. Nationalité (Principe des), différent
Michoud, essaie en vain de gal- do la souveraineté nationale,
vaniser le subjectivisme, 23 555 et f56.
et 24; définit le droit subjectif Nomination de firctiennaire n'est
un intérêt protégéreconnue*
au moyen pis un contrat, mais un acte
de la puissance à objectif rorditiennant la nais-
une volonté de le représenter, sance «le l'état de fonction-
23, 289, 490 et 491 ; sa théorie naire, 423 et 424.
de la personnalité des collec- Norme Juridique, 82, 89* el s.;
tivités, 490 et s.; explique la moment où elle apparaît, 93'
personnalité juridique do fin- et s., 125et 126; existe indé-
fans et de l'insensé, 456 et 457;
répond insuffisamment aux cri-
tiques de Ferrara,493 et 494;
sa théorie de la représentation,
doctrine qui prétend que la
ne peut exister que par l'Etat
-
pendamment de l'Etat, 95 et s.;
-
riorité d'une -
213' et s., 224 et s.; la supé-
ne peut se concevoir que par
l'intervention d'une puissance
nale.
sur une autre WUson (le président), co qu'il
dit sur la guerre de 1914,
193 et 194.
surnaturelle, 217 et 218; doc- Wlndseheld, sa théorie de la
trine de la -, 274* et s., 337,
et s., 346; critique de cette
volonté et du droit subjectif,
274 et s.; critique de cette
théorie, 276 et s.; contradic- théorie qui est contradictoire,
tion qu'elle renferme, 276 et 276 et s.;-
enseigne que la
capacité est un droit subjectif,
s,; ne peut expliquer U person-
nalité juridique de l'infans 356; impossibilité d'appliquer
et de l'insensé, 478 et 479;
doctrines qui combinent l'in-
la théorie de
et aux insensés, 478.
-
aux enfanta
-
térêt et la -, 287 et s.; la Zltelmann, la force obligatoire
de l'auteur de Pacte juri-
dique n'est pas la cause effi-
ciente de l'effet de droit, 347
logique, 135; -
du droit est. seulement psycho-
nie l'existence
d'une conscience collective du
726; la -
et s., 456 et 457, 473 et 474,
des gouvernants
est de même nature que la
des gouvernéset soumise comme
-
peuple, 148 et 149; ce qu'il
dit du droit subjectif, 273 et
274; -
admet la réalité per-
sonnelle des collectivités, 488;
elle à la régie de droit, 672 ce qu'il dit des fondations, 515.