Rhétorique
Rhétorique
Rhétorique
Pierre-Alain Clerc
Annexes
selon www.peiresc.org/Clerc.pdf
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ANNEXE 1
Einleitung § 134
Morceaux courants : choral, récitatif, aria, duett, sextett, choeur, sonate, concerto, sinfonie,
ouverture, fugue instrumentale, les airs de danse français : menuet, bourrée..., phantaisie.
Morceaux groupés ou mêlés ensemble : opéras, opérettes - oratorios -
cantates (religieuses ou profanes).
IV. L’ordre des pensées musicales en considérant les dimensions des pièces :
ANNEXE 2 A
Nature et propriétés des modes
MODE Hermann FINCK Gioseffo ZARLINO
Musica pratica Istitutioni harmonici 1558
1556
I Il a la mélodie la plus légère, qui réveille les endormis,réjouit les Un peu triste. On peut
DORIEN mélancoliques. Comme le soleil, dont la nature est de dessécher l'employer pour des paroles
l'humide et de tout réchauffer par sa chaleur, ce mode chasse pleines de gravité, élevées
molesse et somnolence. Il convient à des textes brillants. ou sentencieuses.
II Au contraire, le deuxième fait verser des larmes, provoque le Larmoyant, humble, désespéré.
HYPODORIEN chagrin. Assimilé à la lune, qui est humide et sise au plus bas de Apte aux paroles représentant
la région éthérée, il est éploré, triste, sérieux, humble, propre aux plainte, tristesse, calamité.
lamentations et aux prières.
V De nature jupitérienne, ce mode est tout à fait sanguin. Il Soulagement des soucis.
LYDIEN recherche l'hilarité, la compagnie, les relations de gentillesse, Ce mode apporte la joie.
évite les efforts, favorise la concorde. Il a été nommé le
délectable, le gai, le modeste, la joie des attristés, la récréation
des désespérés.
VI Contraire au précédent, ce mode n'est pas rare dans les prières. Dévot et larmoyant.
HYPOLYDIEN Certains l'attribuent à Vénus sous prétexte qu'il préfère Convient aux matières qui
l'humanité, feint la droiture de Curius, et cependant est prêt en contiennent de la commisération.
toute occasion au piège et à la rouerie. Mais il y a quelque chose
d'absurde dans cette comparaison : un dieu ne peut être
déguisé…
VII Proche de Saturne, ce mode se montre avec une voix de stentor, à Lascif et gai, mais sans trop. Il
MIXOLYDIEN grands cris, de sorte qu'il terrorise tout le monde, mais son convient aux paroles qui
agitation n'est pas sérieuse. Son usage principal est l'invective. contiennent menaces, trouble,
colère.
VIII Ce mode rappelle le carctère et les manières d'une honnête mère Suave et doux. Il remplit
HYPOMIXO- de famille, qui tente d'adoucir par un discours bienveillant la d'allégresse les âmes des
LYDIEN colère et l'emportement de son mari. On appelle ce mode auditeurs, loin de toute lascivité.
l'Apaisant.
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5
On peut remarquer que le carctère est souvent contraire d'un mode authente à son correspondant
plagal. Cette dualité se trouve doublée dans une musique à quatre voix où cantus et tenor se
meuvent dans un mode authente, les deux autres voix dans le correspondant plagal, ou le
contraire.
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6
ANNEXE 2 B
CARACTERISTIQUES ET ENERGIE DES TONALITES
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8
Annexe 2 C
Von den Tonleiter : Des Echelles sonores, Des Tons et Tonalités (2ème partie, p. 41)
«Die alten Tonarten haben mehr Mannigfältigkeit (diversité) der Harmonie und der Modulation».
Description comparée selon deux auteurs décrivant les huit ou les douze tons.
Selon les mêmes règles fondamentales, on peut classer les tonalités mineures en trois classes :
1) Ré m, Mi m, La m, Si m : les plus purs.
2) Do# m, Ré# m, Fa# m, Sol# m : moins purs.
3) Do m, Fa m, Sol m, Sib m : les moins purs, et donc les plus tristes.
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9
Annexe 2 D
Le choix du ton dans lequel on compose n’est pas indifférent. Ecoutez le poëte qui récite ou
déclame, il prend une voix plus ou moins grave ou aiguë, voilée ou claire, dure ou tendre, selon
le personnage pour lequel il parle. Ces différences existent dans les douze gammes que renferme
l’échelle des douze demi-tons. La gamme d’Ut majeur est noble ou franche…
52
10
ANNEXE 3
Ce tableau a été établi d'après le traité de Johann Philipp Kirnberger: Die Kunst des reinen
Satzes, IIe partie, Berlin 1776-9, pp. 103-104, reprint : Olms 1988.
On se demandera sans doute quelle est la différence entre une "petite" et une "grande" quarte, ou
entre la "petite" et la "fausse" quinte. Kirnberger s’en explique et montre que mélodiquement, la
quinte diminuée posée sur le deuxième degré du mode mineur, produit un effet différent que la
quinte diminuée posée sur la sensible de la gamme majeure aussi bien que mineure.
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11
ANNEXE 4
Piano : 9 9 9 5
4 7 4
Mezzoforte: 4 6M 6M 7b 7
2 5 5 3b
3b
IV Maj. IV min.
Forte : 4# 6 7
2 5b
IV Maj. et min. VII Maj. et min. #IV 7 Maj.
Jouer des arpègements du bas en haut en doublant les octaves dans la basse et ajoutant des
consonances, avec un toucher plus fort.
(Geschwinde Brechungen)
NB Le dernier accord ci-dessus n’est pas mentionné par Quantz.
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12
ANNEXE 5
TAXIS ou DISPOSITIO
Les rhéteurs de l’Antiquité
CORAX (Syracuse, Ve s. av. J.C.)
1) Exorde 2)Narratio 3)Argumentation / Preuve 4)Digression 5)Epilogue
introduction Corps démonstratif conclusion
G. DRESSLER (1553)
1) Exordium 2) Medium 3) Finis
Initium Ipsum corpus carminis Conclusio
D. BUXTEHUDE (1637-1707) Plan que l’on observe souvent dans ses Praeludien, dans une belle
alternance de Stylus fantasticus et de stylus gravis, ou mesuré :
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13
ANNEXE 61
DISPOSITIO : Marcello analysé par Mattheson
§14 Pour preuve de ce qui a été rapporté jusqu’ici, nous allons examiner une Aria de Marcello dont le
modèle, en ce qui concerne la disposition, permettra de comprendre d’autant mieux les autres mélodies.
Car, bien que les parties mentionnées ne se trouvent pas toujours précisément dans le même ordre, ou
dans la même succession, on les trouve pourtant dans presque toutes les bonnes mélodies.
§15 L’exorde ou entrée de notre Aria, c'est cette phrase ou ce thème de basse qui le constitue:
Là dessus, ce même thème est immédiatement repris sans ambages par la voix chantée, et, parce qu’il
découvre déjà toute l’intention de la mélodie, il est imité de la manière suivante, presque identique, dans
une tessiture plus élevée.
Et cela constitue en fait la Narratio qui se poursuit jusqu’à la cadence, en complète intelligence du texte.
§16 Ensuite revient le paragraphe une tierce plus haut, la basse en élève la répétition et pose alors
seulement le vrai discours qui apparaît comme la propositio simplex.
Car, bien que le même thème soit conservé, il gagne pourtant une force toute nouvelle par la transposition
: et parce que celle-ci ne se produit d’abord que dans la basse, il s’agit seulement d’un discours simple.
§17 Puis la voix chantée entre, avec une variation remarquable, et fait alors une propositio variata.
A la suite de quoi la mélodie est encore conduite pendant quelques mesures, de la même manière, jusqu’à
ce que le sens du texte exige une nouvelle interruption.
§18 La basse reprend alors à nouveau le thème, comme elle l'avait fait au début : mais avant qu’elle
n’achève, la voix chantée en l’imitant vient à sa rencontre, et donne ainsi à la mélodie une toute autre
allure : elle forme en compagnie du fondement le discours composé, propositio composita, de cette
manière :
1
Je remercie vivement Marinette Extermann à Genève, qui a bien voulu corriger plusieurs imprécisions de ma
traduction initiale.
2
Les exemples musicaux sont reproduits d'après l'édition de travail du Vollkommene Capellmeister, Bärenreiter
Studienausgabe, Kassel 1999.
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14
§19 D’autre part, après quelques mesures, on entreprend la Confirmatio, ou corroboration de ce qui a été
exposé déjà de différentes manières; avec pourtant une remarquable et belle variation, comme on le voit :
On arrive ici à la moitié de ce discours sonore, laquelle d’ordinaire se termine justement comme on a
commencé et constitue ainsi la Peroratio ou conclusion.
§20 Dans la deuxième partie, après que le compositeur a placé sa nouvelle narration, et introduit du même
coup une apostrophe*)3, il détache, pour ainsi dire, une bribe du thème employé jusque là4, et fait une
chose particulière; il travaille avec des liaisons et des oppositions5 (comprenez des objections dissonantes)
jusqu’à ce qu’il parvienne avec adresse à faire échouer la Confutatio, qu’il la dénoue habilement, et qu’il
porte sa période au calme à la quarte du ton principal, à la manière hypodorienne. Je vais insérer ici le
passage entier, en l’expliquant par des remarques :
3
Note de Mattheson : *) Il y a Apostrophe lorsqu’un orateur se détourne sans qu’on s’y attende vers d’autres
auditeurs.
4
Il s'agit du locus partium.
5
Gegensätze.
6
Gegensätze.
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15
§21 A ce moment, la basse s’empare du thème entier, au moyen d’une nouvelle répétition à la quarte, le
dénature7, suivie par la voix chantée, mais avec des améliorations successives : cela semble presque un
élargissement et une preuve (amplificatio et argumentatio) grâce à laquelle la mélodie s’approche de la
quinte.
§22 Vient ensuite une fraîche répétition ou repercussio à la quinte du ton principal, figure qui est appelée
dans l’art oratoire et en particulier dans les Figuris dictionis : refractio ou reverberatio : mais en ce
sens que cette fois la voix chantée n'imite pas, mais bien plutôt qu'elle entreprend des mouvements
contraires. Enfin, la cadence sus-mentionnée, éloignée, introduit une nouvelle confutatio avec laquelle se
termine la deuxième partie ou période, après quoi on répète depuis le début.
§23 Tout ceci peut donner à bon droit un plan habile, qui n’est pas seulement bien agencé mais encore,
dans la deuxième partie surtout, travaillé avec une extrême application, et qui à côté des six parties
prescrites de la Dispositio, attire l'attention sur quelques endroits qui s'apparentent aux figuris dictionis &
sententiae. Même si elle appartiennent en fait à la decoratio, nous n'avons pas voulu les laisser dans
l'ombre en passant. Celui qui le désire n’aura nul obstacle à étudier cette matière plus à fond et
s’émerveillera de constater à quel point ces choses sont clairement présentes dans toutes les bonnes
mélodies comme si elles y avaient été placées à dessein.
7
Notons la force de l'expression, et de l'action qui doit traduire cette métamorphose.
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ANNEXE 7A : DECORATIO
DEFINITIONS DE QUELQUES FIGURES MUSICALES1
- Pour Mattheson (1739), il s’agit d’une figure ornmentale d’une note simple :
1 Plusieurs définitions et exemples proviennent de Bartel, Morier, Dupriez, op. cités en bibliographie.
1
18
NB. L’HYPOTYPOSIS, Hypotypose, peint les choses d’une manière si vive et énergique
qu’elle les met en quelque sorte sous les yeux et fait d’un récit ou d’une expression une
image, un tableau, une scène vivante :
Quatre boeufs attelés d’un pas tranquille et lent
Promenaient dans Paris le monarque indolent (Boileau, Le Lutrin, II 117-8)
En musique, une graphie musicale peut être déjà une image symbolique : la croix par
exemple. Dans son Auferstehungshistorie en 1623, Heinrich Schütz en représente l'image
sur le mot lui-même. La croix dessinée par l'hypotypose est ici une source d'invention2.
On trouve de nombreux exemples d'hypotypose de la croix chez J.S. Bach, comme celui
ci, ", dans le choral de l'Orgelbüchlein pour le jour de Vendredi Saint Da Jesus an dem
Kreuze stund BWV 621, dont le titre manuscrit3 pose sous les yeux une croix, le chi grec
symbolisant la mort du Christ en croix4 :
Froberger a été un maître de l'hypotypose, dont les exemples sont bien connus5. Dans son
Lamento sur la perte douloureuse… de Ferdinand IV, le dauphin mort après avoir reçu
2
Cet exemple a été donné par Ulrich Michels : dtv – Atlas zur Musik, Band II, Bärenreiter, Kassel, 1985.
3
Johann Sebastian Bach : Orgelbüchlein, Fac-simile Bärenreiter, Kassel, 1981 (titre du choral).
4
Je tiens cet exemple et beaucoup d'autres des admirables cours donnés chaque été à Porrentruy par Michaël
Radulescu.
2
19
les saints sacrements, Froberger nous donne comme extatique péroraison une belle
anabase de doubles croches : son âme qui monte au ciel6 :
Dans le Tombeau sur la mort de Monsieur Blancheroche, c'est une catabase de doubles
croches qui accompagne aux enfers, après quatorze coups de glas, l'âme du célèbre
luthiste qui serait tombé ivre dans un escalier, lit-on parfois, et donc mort dans le péché.
Enfin, dans la Lamentation sur la mort très douloureuse de Ferdinand III, père du défunt
dauphin, un grand arpège ascendant de Fa majeur gagne le Paradis et se termine par la
répétition de trois fa, f f f , signature de Ferdinand III, in loco notationis.
G.F. Haendel : Concerto pour orgue Op.7 No.4, Adagio, deux violoncelles où le motif
initial est répété avec une emphasis qui est justement ici une sixte mineure.
QUASI TRANSITUS est parfois son nom, lorsqu’il suit un transitus normal (Annexe 7 B).
4
21
“Elle fait entendre la note suivante, au-dessus ou au-dessous, avant ce que le contrepoint
ordinaire ne permettrait” (Walther, 1708).
Dans l’exemple suivant, les intervalles consonnants sont enrichis d’abord par les
Transitus, puis par les Superjections.
5
22
J.D. Heinichen donne de très nombreux exemples dans son chapitre concernant “les
résolutions théâtrales : manières inconnues de sauter dans des dissonances, soit que l’on
saute dans une dissonance déjà préparée de la basse continue, soit dans un transitus des
voix de la basse continue” (Der Generalbass in der Composition, Dresden 1728).
6
23
FAUX-BOURDON
“Il y a faux-bourdon lorsque des tierces, quartes et sixtes se meuvent par mouvement
semblable. Il est apparenté au congeries (Burmeister, 1599). Il s’agit donc d’un
mouvement d’accords de sixte parallèles, ascendant ou descendant.
Ce terme désigne tout aussi bien une technique d’harmonisation homophonique d’un
cantus firmus. Par exemple le Magnificat dans le Cantional de J.H. Schein7 (1627-1645) :
Meine Seele erhebt den Herren, und mein Geist freuet sich Gottes meines Heilandes.
7
Johann Hermann Schein : Cantional, Bärenreiter 5471, Kassel 1966.
7
24
NOEMA, NOEME : En littérature, c’est un thème, une vérité, une sentence générale, un
apologue, une parabole biblique, une maxime, un proverbe, la morale d’une fable.
– La valeur n’attend pas le nombre des années (Corneille, Le Cid, II, 2).
– La raison du plus fort est toujours la meilleure (La Fontaine, Le Loup et l’Agneau, Livre
I,10, la morale au début de la fable, comme exorde).
– Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute (La Fontaine, Le Corbeau et le
Renard, I, 2, le noème apparaît au cours de la narration, énoncé par le Renard).
– Que vous soyez puissant ou misérable,
Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir (La Fontaine, Les Animaux malades
de la Peste, VII, 1,noème en guise de péroraison).
– Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger (Molière, L’Avare, III, 1 : le
côté sentencieux du noème est tourné en ridicule puisque Harpagon, comme plus tard les
Dupont-Dupond, le répète tête-bêche).
En musique, c’est un paragraphe qui contient des choses importantes et qui se distingue
par son style de ce qui l’environne. Par exemple, c’est une interruption de la polyphonie
par un passage homophone pour un texte important que toutes les voix prononcent à la
fois :
- Et incarnatus est.
- Crucifixus est.
8
Editée par G.Leonhardt, Société néerlandaise de musicologie, Amsterdam 1974, III vol. 1, p. 114.
8
25
ANALEPSIS (ana : de nouveau, lambano : je prends) : Suite de deux noèmes successifs. Pour
Burmeister, c’est la répétition d’un noème dans une autre tessiture, une autre disposition des
voix. Mais Burmeister change souvent d’avis d’un livre à l’autre, car il est de ces pionniers qui
établissent les fondements de la rhétorique musicale.
ANAPLOKE : Répétition d’un noème par un autre choeur, sans autre changement que la prove-
nance, la sonorité, le timbre. Le premier choeur se tait pendant que l’autre répète.
MIMESIS : Noème répété dans une autre tessiture (cf analepsis). Imitation d’une mélodie par
mélodie par une autre voix à un intervalle de 2de, 3ce, 6te ou 7ème (Walther 1732)
9
Edition Eulenburg, Mainz 1967
9
26
En jurisprudence : La hardiesse avec laquelle on exprime une chose détestée, certes, mais
en cherchant à l’adoucir quelque peu (Gottsched, Redekunst, 1730).
En musique : Dissonances hardies qui résultent du déroulement linéaire logique des voix
(Burmeister, 1601).
Pour Thuringus (1624) et plus tard Bernhard, c’est un mi contra fa.
10
27
1650 Kircher : Répétition d’une période pour donner plus d’expression. Elle est souvent
employée dans les passions violentes : férocité, mépris, ...
1697 Ahle : Jauchzet dem Herren, Jauchzet ihm alle Welt, Jauchzet und singet ! C’est un
exemple d’anaphore littéraire en musique.
1701 Janowka reprend la définition de Kircher en 1650.
1708 Walther : 1) Répétition d’une période ou d’un mot pour augmenter l’expression.
2) Répétition des notes de Basse, une chaconne par exemple.
1719 Vogt : Répétition d’un terme pour donner plus d’énergie.
1739 Mattheson : Dans l’art mélodique, c’est lorsqu’un même (motif) est répété
avec différentes clausules, en établissant une relation.
(comme le début du concerto pour harpe en si b de Haendel).
1745 Scheibe : Répétition de certaines notes, phrases ou pensées, ou de
mêmes mots dans la musique chantée qui donne au discours une expression accrue.
Les répétitions ne doivent pas se faire dans la même tonalité :
car le changement accroît la force de la répétition.
- Répétition dans un air (ou une autre pièce) de la première partie après la fin de la
deuxième.
(Par exemple dans les Rondeaux ou dans l’Aria da capo - ce qui donne une nouvelle
logique, toute musicale, à l’analyse de Marcello par Mattheson... La deuxième définition
correspond au grand Prélude d’orgue en ut mineur BWV 546 de J.S.Bach, et les deux
définitions cumulées correspondent à la forme complexe de son grand Prélude en mi
bémol BWV 552 de la Clavierübung.)
1745 Spiess : Répétition d’une courte période, ou d’un seul mot, pour accroître
l’expression.
- Mais que diable alloit-il faire dans cette galère? (Molière, Scapin, III,3)
- Père barbare, achève, achève ton ouvrage (Epizeuxe, Corneille, Polyeucte V,5)
- Mais et les princes et les peuples gémissoient en vain; en vain Monsieur, en vain le Roi
même tenoit MADAME serrée par de si étroits embrassements (Pallilogie ou, peut-être
mieux : polysyndète (et les – et les –), anadiplose, épizeuxe, Bossuet, Oraison funèbre
d'Henriette d'Angleterre).
12
29
NB L’exaspération d’Orgon est telle qu’il enjambe le dernier vers. On imagine le geste
graduel de l’action de Molière pour augmenter cette gradation verbale. Citons encore la
double épizeuxe dans la célèbre scène (I,4) du récit de Dorine :
En musique, c’est la répétition des mêmes notes dans la même voix (Burmeister 1606) à
la même hauteur.
13
30
En musique, c’est la répétition dans une même voix à différentes hauteurs, ou dans une
autre disposition.
Le thème de la Fugue pour orgue en sol mineur de J.S. Bach BWV 542 vient d'une
chanson flamande. On y trouve le transitus (3ème double croche: la entre si et sol), la
superjectio (les doubles croches paires : do et si bémol), la synonymia du premier motif
("copié-collé"), la variatio (levée de deux doubles au lieu d'une croche, introduisant un
joli saut de quarte), l'heterolepsis du motif B qui fait entendre une harmonie de trois voix,
et enfin la synonymia de ce deuxième motif.
B SYNONYMIA B
SYNONYMIA A A A
ELLIPSIS : L’ellipse supprime ce qui se comprend par soi même et qu’il ne vaut pas la
peine de répéter. En musique, elle peut s’appliquer à une partie d’un thème, ou à quelques
notes évidentes, et exprime une sorte d’impatience d’aller plus loin. Chez Christoph
Bernhard, elle peut signifier plusieurs situations exceptionnelles dans le langage
contrapuntique, si l’on supprime par exemple une consonance pour attaquer une
dissonance après un silence, ou bien si l’on ne prend pas la peine de sauver la quarte par
sa tierce, lors d’une cadence.
14
31
Au même endroit, le récit de la Johannes Passion (no 29) présente un texte en soi déjà
riche de figures :
10
J.S. Bach The complete organ works, Kalmus, New York 1968, p.81
11
J.S. Bach Matthäus-Passion, Edition Eulenburg, Mainz, 1967, no 54, p. 214
15
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Pierre-Alain Clerc
Rév. Janvier 2012
16
33
Susenbrotus entend par figure une qualité dans le parler qui s’éloigne de la manière normale et
simple : Figura est ratio quaedam, qua de recto ac simplici loquendi genere cum aliqua dicendi
virtute deflectitur.
L’école de Gottsched se réfère directement à la théorie des passions. Le but principal des figures
n’est pas seulement de préserver la langue d’une formulation commune et plate, mais d’exprimer
dans un discours ou un texte les passions adéquates. Gottsched comprend les figures comme « la
langue des passions : parce que tous les hommes qui sont habités par des sentiments produisent
des figures, naturellement et sans y penser ; et sans figures, personne ne peut bien exprimer ses
émotions ». Il compare les figures aux physionomies du visage, aux mines joyeuses, tristes,
coléreuses, dédaigneuses, jalouses ou compatissantes détaillées par les peintres. Gottsched
emploie la repetitio comme terme générique pour toutes les figures de répétition.
21 figures de mots – 23 figures de sentence (pages 276 et ss)
1
34
FIGURES DE CONSTRUCTION
par révolution : par exubérance : par sous-entente :
Inversion, Imitation, Apposition, Pléonasme, Explétion, Ellipse, Synthèse, Zeugme,
Enallage Parenthèse, + Incidence Anacoluthe
FIGURES D’ELOCUTION
par extension : par déduction : par liaison : par consonnance :
Epithète, Répétition, Adjonction, Allitération, Paronomase
F Pronomination Métabole ou Synonymie Conjonction Antanaclase, Assonance
I +Epithétisme Gradation Disjonction Dérivation, Polyptote
G Abruption
U FIGURES DE STYLE
R par emphase : par tour de phrase : par rapprochement : par imitation :
E Périphrase Interrogation Comparaison Hypotypose
S Conglobation Exclamation Antithèse Harmonisme
Suspension Apostrophe Réversion
Correction Interruption Enthymémisme
+ Paraphrase Subjection Parenthèse
+ Epiphrase Dialogisme Epiphonème
FIGURES DE PENSEES
par imagination : par raisonnement ou par développement : prétendues fig.de
Prosopopée combinaison : Expolition pensée :
Fabulation Occupation Topographie Commination
Rétroaction Délibération Chronographie Imprécation
Communication Prosopographie Optation
Concession, Ethopée Déprécation
Sustentation Portrait, Parallèle, Serment, Dubitation
Tableau Licence
2
35
3
36
4
37
1. Cantar sodo (solide), ou alla Romana : on chante les notes écrites, avec 9 « grâces » :
Fermo, forte, piano, trillo, accento, anticipatione della nota, - della syllaba,
cercar della nota, ardire.
2. Cantar d’affetto ou alla Napolitana : exprimant les affects du texte et de la mélodie.
3. Cantar passagiato ou alla Lombarda : en ajoutant des diminutions et Coloraturen.
5
38
Contrapunctus Inaequalis
Gravis Luxurians
(ou Stylus antiquus) (ou Stylus modernus)
Style où on ne trouve pas de notes trop Style caractérisé parfois par des notes assez rapides,
rapides, et peu de dissonances. « On des sauts étranges de manière telle que les Affects agissent,
porte son attention moins sur le texte davantage de manières dans l’usage des dissonances.
que sur l’Harmonie ».
Communis Comicus
appelé aussi appelé aussi theatralis,
A Cappella ou Ecclesiasticus recitativus, oratorius
Dans les Eglises et Chapelles papales Employé partout Aussi bien dans les théâtres que
dans les Musiques de table
ou les églises.
Harmonia Orationis Domina Oratio ut Harmonia Domina Oratio Harmoniae domina
absolutissima
J’appelle figure une certaine manière d’employer les dissonances, de manière telle que celles-ci ne
soient pas rebutantes, mais bien au contraire agréables, et qu’elles mettent l’art de la composition
dans le goût actuel.
6
39
Christoph BERNHARD
Ausführlicher Bericht vom Gebrauche der Con- und Dissonantien
11 figures
2 Figurae fundamentales (Caput X-XII) 9 Figurae superficiales (Caput XIII-XXII)
(fundamental Composition, der alte Stylus) (dans le nouveau Stilo recitativo)
Cantar pas-
sagiato alla
Lombarda :
diminutions &
Coloraturen
7
40
Liste de 9 tropi, 80 figure delle parole grammatiche e rettoriche, 38 figure delle sentenze,
7 types d’amplificazioni, 43 figures non classées, exemples de Prepositione, Interpositione,
Postpositione, Permutatione, réflexions sur les Laconismo, Tapinosis, Paromoeon.
Le Melopoet invente eine singende Rede (discours chantant) en servant le texte au plus près.
Epizeuxis (figure la plus employée), Anadiplosis, Anaphora,
Asyndeton, Climax, Epanalepsis, Epanodos, Epistrophe, Polysyndeton, Synonimia
Thomas Balthasar JANOWKA : Clavis ad Thesaurum magnae artis musicae, Prague 1701
8
41
2) Musikalisches Lexicon oder Musicalische Bibliothek, Leipzig 1732 (par ordre alphabétique)
84 noms de figures, et 31 variantes de fugues
(en majuscules, figures mentionnées seulement dans les Praecepta) :
Abruptio, Accentus, Accacciatura, Adjunctio (sous Epizeuxis), Anabasis, Anadiplosis, Analepsis,
Anaphora, Anticipatio, Antithesis, Antitheton, Apocope, Aposiopesis, Apotome, Auxesis (sous
Climax), Bombus, Cadentia ou Clausula, Catabasis, Catachresis, Cercar della nota, Circolo, Circ.
mezzo, Climax, Commissura, Complexio, Figura corta, Deficio (sous Ellipsis), Diminutio,
Ellipsis, Epanadiplosis, Epanalepsis, Epanodos, Epiphora, EPISTROPHE, Epizeuxis, Exclamatio,
Extensio, Falso bordone, Faux bourdon, Figura Bombilans, Figura corta, Figura muta, Figura
suspirans, Fuga (31 variantes), Gradatio (ou Climax), Groppo, HETEROPEPSIS, Homoioptoton
et Homoioteleuton (sous Aposiopesis), Imitatio, Ligatura, Messanza, Mimesis, Misticanza (sous
Messanza), MULTIPLICATIO, Mutatio toni, Noema, Palilogia, Paragoge, Parrhesia, Passagio,
Pausa, Reditus, Reduplicatio, Repercussio, Retardatio, Ribattuta (sous Dimin.), Salti composti,
Salto semplice, Saltus, Sublatio, Subsumptio, Superjectio, Suspiratio, Symblema, Syncopatio,
Syncopatio catachrestica, Syncope consonans aequivagans, Syncope consonans desolata,
Syncope consono-dissonans, SYNONYMIA, Tirata (4 var.), Transitus, Tremolo, Trillo, Variatio.
Mauritius VOGT
Conclave Thesauri magnae artis musicae, Prague 1719
9
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Johann MATTHESON
Der vollkommene Kappelmeister, Hamburg 1739
∼ 25 figures et 14 ornements mentionnés
17 Spruch-Figuren (figures de sentence, de pensée) évoqués sans désignation précise (p.243)
Dans l’analyse de Marcello, p. 237, il évoque les Figurae dictionis & sententiae, et présente :
Variatio, Apostrophe ou Aversio, Transitus, Wiederschlag ou Repercussio, Refractio ou
Reverberatio.
J.C. Gottsched, Ausführliche Redekunst : 21 Wort- und 23 Satzfiguren.
M.C. Weissenhorn, Gründliche Einleitung : figures plus nombreuses que chez Mattheson.
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Meinrad SPIESS
Tractatus musicus compositorio-practicus, Kap.27, Augsburg, 1745
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Accens, Acciacatura (présentée comme note de Cadence pleine, brisée, doublée, composées
passage) Anticipation de la note, - dans le dessus et Catachrèse (soit faux-bourdons à trois voix).
la basse (cf susp.), - de l’Accord sur une pause, Césures
- de l’Accord sur une Note, Marque et effet de la Chûte (cf accent, subsumptio)
- du Sauvement des Dissonances, Marque et effet de la Chûte sur 2 Notes (cf
Arpeggio (présenté en doubles croches). arpègement, coulés de tierce).
Aspiration par degrés conjoints ou disjoints. Circolo Mezzo en montant et en descendant
Battement à l’italienne (cf trillo). Chûte de M.d’Anglebert ou de M. Loulié
Bombo (croches répercutées marquées d’un point Circoli Mezzi
et sous une liaison). Ellipses dans l’Harmonie, - dans la Mélodie.
Canone chiuso (ex. : canon à l’oct. en augm.) Groupe
Quintes et octaves cachées. Martellements de Loulié (simple, double, triple)
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?*cfa.cs ,
46
Chap. 16 ù 42: De I'usage des Figura en fonction des divers styles de Contrapunctus inaequalis.
J'appelley'gure une certaine manière d'employer læ dissonances, de manière telle que celles-
ci ne soient pas rebutantes, mais bien au contraire agréabls, et qu'elles mettent I'art de la
composilion dans le goût actuel.
z ?Aef*.rs u
47 >H 7H+ Zw 7H
*s.
Du STYLUS GRAVIS
t7n TI
7n c
fr.c:
48
Chap. 28 Syncopatio catacbrestica : Syncopatio
où, contrairement à la règle, ne se résout pas sur la
consonance située une seconde plus bas (76)
- parce que la voix liée descend comme il se
doit, mais que la voix grave bouge (75) ;
- parce que la première partie de la note
retardée ne consonne pas complètement
(?) ;
- Ou parce que la note retardée descend de
plus que d'une seconde.
I t
,
I
+73 I
Y*cf o.cs
Du STYLUSTHEATRALIS 49
Fltç vs
Teq'1afu412,
@ l-1-.,.-
@ Afn'Pfî"
Chap. 39 Abruptio : Rupture ou cassure, là où
I'oa altend une consonance nécessaire. lntemrption
au milieu d'un enchaînement où, au lieu d'un point
lqui allonge la note], on met un silence.
- Rupture dans une cadence, où la voix
supérieure termine sur l,a quarte avant que $w dr{/4!,4
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la basse ne prenne sa dernière note. I frâ<-:
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50
ANNEXE 8
59