Synthèse 4 Pages MI Thérapies de Conversion - Version Définitive
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sur
les pratiques prétendant modifier l’orientation
Décembre
sexuelle ou l’identité de genre d’une personne
2019
Rapporteure : Rapporteur :
Mme Laurence Vanceunebrock M. Bastien Lachaud
En 2015, un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a appelé
les États à interdire les « thérapies de conversion ». L’an dernier, le Parlement européen a
largement voté une motion appelant les pays membres à prononcer cette interdiction.
Alors que plusieurs États ont déjà affirmé dans leur droit l’interdiction de ces « thérapies » et
que d’autres sont en train d’en débattre, le droit français ne dispose pas d’un délit spécifique
condamnant ces « thérapies », et les pouvoirs publics connaissent mal ce phénomène qu’ils ne
mesurent ni ne surveillent.
Cette mission avait ainsi pour objectif de mieux connaître l’ampleur de ce phénomène.
très large de pratiques, que l’on peut classer soient parfois organisées au sein du cercle
selon qu’elles sont d’inspiration religieuse, familial, ou avec l’aide de membres de la
médicale ou sociétale. famille, participe aux violences psychologiques
que subissent les victimes, qui se trouvent
Les thérapies religieuses sont notamment le souvent sous emprise de l’auteur de ces
fait des groupes d’origine américaine Courage et pratiques.
Torrents de vie, mais la mission a constaté que
des dérives existent également parmi le courant
des « Attestants », et touchent aussi des Des pratiques mal mesurées, mais qui
personnes de confession juive ou musulmane. semblent prendre de l’ampleur
II. Les travaux réalisés par la mission mettent L’amélioration de l’information destinée au
en évidence la nécessité d’agir grand public
L’instauration d’un délit spécifique dans le Les cours d’éducation à la sexualité ne sont
code pénal pas assurés dans tous les établissements qui en
ont pourtant l’obligation. Lorsqu’ils le sont, ces
Un délit spécifique affirmant, en droit pénal, cours se focalisent surtout sur les questions liées
l’interdiction des « thérapies de conversion », à la biologie et aux infections sexuellement
aurait une valeur symbolique forte. Il aurait transmissibles, laissant de côté les enjeux relatifs
également un rôle pédagogique en informant les aux discriminations contre les personnes LGBT.
personnes subissant ces pratiques et leurs auteurs
qu’elles sont répréhensibles. Elle pourrait ainsi Ces enseignements doivent impérativement
libérer la parole des victimes et mieux être assurés, notamment dans les établissements
sensibiliser les associations LGBT, encore trop privés sous contrat où les inspections semblent
peu informées. La mise en place d’une infraction ne pas être effectuées à une fréquence suffisante,
spécifique permettrait également d’améliorer la alors même que le contenu de ces cours peut se
lisibilité statistique de ce phénomène. révéler en contradiction avec l’enseignement
religieux qui y est prodigué.
Le durcissement de l’arsenal juridique
existant Il est également nécessaire d’intensifier la
politique publique de lutte contre les LGBT-
Plusieurs modifications du droit pénal phobies. Le plan de mobilisation contre la haine
peuvent être envisagées : et les discriminations anti-LGBT adopté par la
DILCRAH en 2017 prévoit de mener une
– le délit de harcèlement sexuel pourrait être campagne de communication « contre la haine et
complété afin d’y assimiler également la volonté toutes les formes de discriminations anti-
de transformer l’orientation sexuelle ou l’identité LGBT » qui n’a pas encore été mise en œuvre, et
de genre d’une personne voire, sous certaines qui doit intégrer cette problématique.
conditions, les discours prônant la chasteté ;
Un meilleur encadrement de la pratique des
– une circonstance aggravante pour les faits
professionnels
de violence réalisés sur des mineurs de 16 à 18
ans pourrait également mieux les protéger.
Pour lutter contre les abus médicaux, un
meilleur encadrement de l’activité des
Une meilleure mesure du phénomène
professionnels de santé semble s’imposer. Le
Les pouvoirs publics doivent mener une étude code de déontologie médicale pourrait être
d’ampleur et mobiliser à cette fin l’ensemble des modifié afin d’y introduire explicitement
acteurs pouvant être concernés, à l’instar, entre l’interdiction des « thérapies de conversion ».
autres, des agences régionales de santé, des
directions de la cohésion sociale et des Il apparaît aussi nécessaire de renforcer la
départements. Chaque administration doit formation de tous les professionnels concernés et
également, dans son domaine de compétence de mieux les sensibiliser à l’existence et aux
propre, se saisir de ce sujet et faire remonter les différentes formes que revêtent ces « thérapies ».
chiffres et les faits dont elle pourrait avoir
connaissance. L’accueil des victimes par les policiers et les
gendarmes pourrait également être amélioré,
d’une part par le renfort du réseau de référents
LGBT et, d’autre part, par l’instauration d’une
ligne téléphonique consacrée aux LGBT-
phobies.
–4–
Les 11 orientations principales retenues par la mission
Instaurer une infraction spécifique au sein du code pénal visant à réprimer les
1 « thérapies de conversion ».
Étendre la circonstance aggravante qui existe déjà pour les faits de violence sur des
2 mineurs de moins de 15 ans aux 16-18 ans, particulièrement sujets à ces « thérapies ».
4 Instaurer une enquête systématique sur ce phénomène en mobilisant tous les acteurs
pouvant être concernés.
Veiller à ce que les cours d’éducation à la sexualité soient assurés dans tous les
5 établissements publics et privés sous contrat et qu’ils intègrent la problématique des
LGBT-phobies.
Engager une réflexion sur les interventions en milieu scolaire des associations LGBT,
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qui éprouvent des difficultés à intervenir dans les écoles confessionnelles.
Étudier la faisabilité d’une ligne d’écoute dédiée aux LGBT-phobies afin de faciliter
11 le dépôt de plainte.