Paper 10
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l’internalisation/externalisation ”durable”
Tasseda Boukherroub, Alain Guinet, Julien Fondrevelle
RESUME : Nous présentons une méthode d’aide à la décision multicritères pour évaluer la décision
d’internalisation/externalisation dans le cadre d’une stratégie de développement durable. Nous évaluons d’abord
l’importance stratégique des activités en nous appuyant sur l’analyse de la chaîne de valeur. Nous associons ensuite la
chaîne de valeur aux bonnes pratiques de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) issues des référentiels
SCOR/GreenSCOR et de la littérature pour évaluer le potentiel des activités à créer (ou renforcer) l’avantage
concurrentiel. Nous complétons ces deux évaluations qualitatives par la mesure de la performance durable des
activités. Nous calculons pour ce faire un indice de performance global en agrégeant à l’aide de la méthode AHP
(Analytical Hierarchy Process) des indicateurs économiques, environnementaux et sociaux propres à la réalisation des
activités, issus des référentiels SCOR/GreenSCOR et de la littérature. Nous confrontons enfin les trois évaluations
obtenues entre elles pour identifier les actions stratégiques à entreprendre : internaliser, ré-internaliser, partager ou
externaliser.
ternalisation dans le cadre d’une stratégie de 1991) sont les approches les plus étudiées dans la
différenciation par la RSE. Notre proposition permet de littérature. D’autres chercheurs ont apporté leur
prendre en compte la stratégie à long terme de contribution comme Welch et al. (1992), Poulin et al.
l’entreprise et d’évaluer la performance durable des (1994), Momme et Hvolby (2002), …
activités. Notre méthode s’inspire du modèle
d’évaluation de la décision d’internalisati- La théorie des coûts de transaction propose une analyse
on/externalisation (MEDIE) élaboré par Poulin et al. par les coûts des risques engendrés par le recours à
(1994) que nous avons intégré à l’approche de la chaîne l’externalisation. Une transaction est définie comme un
de valeur (Porter, 1985) et associé aux référentiels transfert de produits ou de services entre deux entités
SCOR/GreenSCOR (SCC, 2008). Nous exploitons la techniquement séparées. Cette théorie soutient que la
chaîne de valeur pour représenter l’ensemble des forme organisationnelle (internalisation ou
activités créatrices de valeur et les sources de l’avantage externalisation) retenue pour organiser une transaction
concurrentiel (bonnes pratiques de la RSE). Nous nous doit permettre de minimiser la somme des coûts de
appuyons ensuite sur les référentiels SCOR/GreenSCOR production et de transaction (rédaction, négociation des
et la méthode AHP pour évaluer la performance durable contrats, renégociation, …). L’un des inconvénients de
des activités. Nous exploitons enfin le MEDIE pour la théorie des coûts de transaction est l’absence
identifier les actions stratégiques à entreprendre d’interaction avec la stratégie de l’entreprise du fait que
(internaliser, ré-internaliser, partager, externaliser). seuls les coûts à court terme sont considérés (Bouchriha,
2002). Par ailleurs, l’approche ne considère pas le
La suite de l’article est organisée comme suit : dans la partenariat comme une alternative à l’externalisation.
section suivante (2), nous présentons une revue de la Enfin, les critères environnementaux, sociaux et
littérature sur l’aide à la décision pour sociétaux ne sont pas pris en compte par la théorie.
l’internalisation/externalisation. La section 3 est dédiée
à l’instrumentalisation par la chaîne de valeur. Dans la La théorie de la ressource, de son côté privilégie une
section 4, nous présentons notre méthode d’aide à la approche par le cœur de compétences. Elle stipule que
décision. Nous terminons par une conclusion et des l’avantage concurrentiel est fonction, entre autres, des
perspectives de recherche. ressources que l’entreprise identifie, développe, déploie
et protège. L'accès à ces ressources peut alors se faire de
2 ETUDE DE LA BIBLIOGRAPHIE manière directe (internalisation) ou de manière indirecte
par la mise en place de relations avec des partenaires.
Barreyre (1968) définit l’externalisation comme le fait L’inconvénient de cette approche, purement qualitative,
de confier une activité à un prestataire ou à un est qu’elle ne permet pas d’évaluer la performance des
fournisseur plutôt que de la réaliser en interne. On parle activités internalisées/externalisées. De ce fait, on ne
alors d’impartition ou de « make or buy ». De manière peut pas comparer la performance interne avec la
plus dynamique, l’externalisation est définie comme la performance externe et les prestataires potentiels entre
décision de confier à un prestataire externe une activité eux ; « if you can’t measure it, you can’t manage it »
qui était jusqu’alors internalisée (Foss, 1996). Jahns et (Kaplan et Norton, 1992). D’autre part, comme pour la
al., (2006) considèrent l’externalisation comme un mode théorie des coûts de transaction, cette approche ne
de gouvernance parmi trois possibles : « Make » précise pas le mode de gouvernance (externalisation ou
(internaliser), « buy » (externaliser) et « hybrid » partenariat).
(partager la réalisation des activités avec un partenaire,
comme par exemple les joint-ventures). Par ailleurs, Brandes (1994) évalue la décision d’internalisation/exte-
Fréry et Law-Kheng (2007) considèrent que la ré- rnalisation en analysant 3 critères de manière
internalisation (l’externalisation initiale d’une activité séquentielle : l’importance stratégique de l’activité
suivie de sa ré-internalisation) peut être rapprochée de la (appartenance au cœur de compétences), le risque de
décision de « make or buy ». Nous adoptons les points dépendance avec le(s) prestataire(s) externe(s) et le coût
de vue de Jahns et de Fréry et Law-Kheng et élargissons de réalisation de l’activité (interne versus externe). Une
le problème d’internalisation/externalisation au activité doit être internalisée dans trois cas : (1) l’activité
problème d’internalisation/ré-internalisation/partenar- appartient au cœur de compétences, (2) l’activité
iat/externalisation. Nous employons néanmoins dans le n’appartient pas au cœur de compétences mais présente
reste de cet article le terme « internalisation/externa- un risque élevé et (3) l’activité n’appartient pas au cœur
lisation ». de compétences et ne présente pas de risque important
mais son coût de réalisation en externe excède le coût en
Plusieurs chercheurs issus de disciplines scientifiques interne. Dans la même perspective, Lakhal (1998)
différentes (économie, management stratégique, propose une approche séquentielle en s’appuyant sur
logistique, …) se sont penchés sur le problème trois types d’analyses : une étude de la faisabilité
d’internalisation/externalisation pour aider les managers opérationnelle de l’externalisation (problèmes de
dans leur processus de décision. La théorie des coûts de manutention et d’emballage, risques de détérioration du
transaction (Coase, 1937 ; Williamson 1975, 1985) et la produit, etc.) suivie d’une analyse stratégique et enfin
théorie de la ressource (Wernerfeldt, 1989 ; Barney, d’une analyse par les coûts. Nous constatons que ces
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deux approches s’appuient exclusivement sur la des pastilles : l’importance de l’activité dans la création
performance économique et qu’elles ne prennent pas en de l’avantage concurrentiel, sa performance et son
considération la possibilité de partager la réalisation des potentiel à contribuer à l’avantage concurrentiel dans le
activités. futur. Les auteurs définissent pour chaque critère un
niveau faible (-) (côté gauche de la pastille) et un niveau
Welch et al. (1992) proposent de leur côté, un modèle fort (+) (côté droit). Une grille d’analyse permet alors
de décision stratégique pour l’internalisatio- d’envisager une ou plusieurs actions stratégiques
n/externalisation (Strategic Sourcing Model) en (internaliser l’activité, l’externaliser, l’abandonner, la
considérant 3 facteurs : (1) le processus technologique et réaliser avec un prestataire plus performant, …) pour
son rôle dans la compétitivité, (2) la maturité du chaque combinaison obtenue des 3 évaluations (++-, +--
processus technologique par rapport aux technologies , ---, …). Le MEDIE de Poulin et al. présente l’avantage
disponibles sur le marché et (3) la position du processus d’être facile à utiliser car il repose sur un système de
technologique par rapport à celle des concurrents. Les pastilles à 2 niveaux (faible et fort) et les actions
auteurs obtiennent alors des règles de décision en stratégiques sont déduites des combinaisons obtenues. Il
croisant les 3 facteurs. Si par exemple, les technologies est flexible car il permet d’orienter la décision vers
de l’entreprise rapportent des avantages compétitifs plusieurs alternatives (internalisation, externalisation,
mais ne sont pas encore matures ni aisément disponibles partenariat, …) adaptées aux combinaisons obtenues.
sur le marché (chez les concurrents, les prestataires, …), Enfin la stratégie de l’entreprise est prise en compte à
il serait préférable d’internaliser. Au contraire, si les long terme à travers 2 critères : l’importance de
technologies qui apportent un avantage concurrentiel l’activité dans la création actuelle de l’avantage
sont matures et bien développées sur le marché, il serait concurrentiel et le potentiel de l’activité à contribuer à
préférable d’externaliser. Le principal inconvénient de l’avantage concurrentiel dans le futur. Le MEDIE
ce modèle est qu’il considère la technologie comme le présente néanmoins 3 inconvénients :
seul déterminant de l’avantage concurrentiel. Par
ailleurs, les auteurs ne considèrent pas la performance - les auteurs ne préconisent pas une méthode ou un
des activités et ne tiennent pas compte du mode de outil pour déterminer l’importance (ou le potentiel)
gouvernance « partenariat ». d’une activité dans la création de l’avantage
concurrentiel ;
Momme et Hvolby (2002) présentent un processus pour
l’externalisation en 6 étapes successives (analyse des - la performance de l’activité est définie par Poulin et
compétences, évaluation et approbation, négociation et al. par la capacité de l’activité à atteindre les
contractualisation, exécution du projet et transfert, objectifs qui lui sont propres à moindre coût. On
management du partenariat et finalisation de celui-ci). constate alors que seule la dimension économique de
Les auteurs associent des variables (activités clés, la performance est prise en compte ;
mesures de performance et résultats attendus) à chaque
étape du processus. Cette méthode permet de traiter tout - les auteurs ne précisent pas comment la performance
le cycle de vie du processus d’externalisation (phase d’une activité peut être mesurée (indicateurs,
stratégique « Pourquoi », « Quoi » et « Qui », phase de système d’évaluation de la performance, …).
transition « Comment » et phase opérationnelle
« Comment manager le partenariat »). Elle permet par Nous proposons d’articuler le MEDIE avec la chaîne de
ailleurs d’intégrer la dimension temporelle (anticiper la valeur (Porter, 1985) et les référentiels SCOR/GreenS-
ré-internalisation des activités externalisées). La COR (SCC, 2008) pour élaborer notre méthode d’aide à
méthode reste néanmoins peu pratique en ce sens que les la décision pour l’internalisation/externalisation. La
variables associées sont présentées comme des lignes chaîne de valeur nous permettra de lever la difficulté sur
directrices très génériques, en très grand nombre et sans l’évaluation de l’importance (ou potentiel) des activités
que leur mise en place ne soit spécifiée. à créer l’avantage concurrentiel. Nous exploitons par
ailleurs les bonnes pratiques issues des référentiels
Layek et al. (2005) utilisent une approche basée sur la SCOR/GreenSCOR et de la littérature pour évaluer le
théorie des files d’attente pour évaluer l’impact de potentiel des activités à contribuer à la création (ou
différentes stratégies d’externalisation (gestion du stock renforcement) de l’avantage concurrentiel dans le futur.
par le fournisseur, partage d’information, ...) sur le coût Nous exploitons également les indicateurs issus des
annuel du stock de sécurité de l’entreprise donneur référentiels SCOR/GreenSCOR et de la littérature pour
d’ordre. La proposition des auteurs intervient dans la évaluer la performance durable des activités.
phase opérationnelle du partenariat (une fois les activités
externalisées) et n’apporte pas de réponse quant à la Nous faisons ainsi implicitement le choix de modéliser
décision d’internalisation/externalisation des activités. les processus et activités avec la chaîne de valeur plutôt
qu’avec le référentiel SCOR. Ceci soulève alors la
Poulin et al. (1994) proposent un modèle d’évaluation difficulté d’adapter les bonnes pratiques et les
de la décision d’internalisation/externalisation indicateurs de performance définis initialement pour les
(MEDIE) en s’appuyant sur 3 critères représentés par processus « SCOR» aux activités modélisées dans la
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chaîne de valeur. Nous exposons dans la section décliner les processus du niveau supérieur en sous-
suivante la chaîne de valeur et les référentiels processus. Ceux-ci décrivent la configuration des
SCOR/GreenSCOR ainsi que les motivations qui nous processus de la chaîne logistique. Le processus
ont orientés vers le choix de modélisation avec la chaîne « Fabriquer » par exemple, présente trois types de
de valeur. Nous montrons par ailleurs, comment les configuration : Make-to-Stock, Make-to-Order et
processus et activités « SCOR » peuvent être intégrés Engineer-to-Order. Le niveau opérationnel précise les
dans la chaîne de valeur. activités mises en œuvre dans les sous-processus. A
chaque sous processus et activité est alors associé un
3 INSTRUMENTATION PAR LA CHAINE DE ensemble d’indicateurs de performance et de bonnes
VALEUR pratiques. Dans sa dernière version (Version 9.0), le
SCC a élargi le référentiel SCOR pour intégrer des
3.1 Présentation de la chaîne de valeur bonnes pratiques et des indicateurs relevant du
développement durable. Il a alors donné naissance au
Elaborée par Michael Porter (1985), la chaîne de valeur GreenSCOR. Il définit entre autres une centaine de
est un instrument d’analyse qui permet à une entreprise bonnes pratiques et des indicateurs de performance
de diagnostiquer son (ses) avantage(s) concurrentiel(s) dédiés à la gestion environnementale dans la chaîne
et d’identifier les moyens de le(s) renforcer. Selon logistique.
Porter (1999), une entreprise acquiert un avantage
compétitif en exerçant ses activités à meilleur marché
(stratégie basée sur les coûts) ou mieux (stratégie de
différenciation) que ses concurrents. La chaîne de valeur
décompose alors l’entreprise en activités pertinentes du
point de vue stratégique, dans le but de comprendre le
comportement des coûts et de saisir les sources
existantes et potentielles de différenciation. Elle
comprend les activités créatrices de valeur et la marge
(figure 1). Les activités créatrices de valeur sont de 2
types : les activités principales et les activités de
soutien. Les premières touchent à la création physique et
la vente du produit, son transport jusqu’au client et le
service après-vente. Les secondes viennent appuyer les
activités principales en assurant l’achat des moyens de
production, en fournissant les technologies et les
ressources humaines, ….
exemple le service après-vente, la gestion des représenter l’ensemble des activités, dont les
ressources humaines etc. Or ces activités font activités (I/E), ainsi que les sources de l’avantage
souvent l’objet d’externalisations ; concurrentiel ;
(2) Par ailleurs, la chaîne de valeur nous facilitera Evaluation du potentiel des activités (I/E) à
l’analyse stratégique des activités (diagnostic des contribuer à la création de l’avantage concurrentiel.
sources de l’avantage concurrentiel, § 4.2, 4.3) ce Nous exploitons les bonnes pratiques issues des
que ne permet pas la modélisation SCOR ; référentiels SCOR/GreenSCOR et de la littérature
comme sources de l’avantage concurrentiel ;
(3) Enfin, nous pouvons facilement associer les
indicateurs et bonnes pratiques SCOR/GreenSCOR Evaluation de la performance agrégée (critères
aux activités des processus SCOR ainsi intégrées économiques, environnementaux et sociaux) des
dans la chaîne de valeur. activités (I/E), à l’aide des indicateurs de
performance issus des référentiels SCOR/G-
Il est à noter que l’internalisation/externalisation peut reenSCOR et de la littérature, avec la méthode AHP.
porter sur tout ou partie d’un processus. Nous parlerons
donc d’activités (un processus étant un ensemble Il est important de débuter par l’évaluation de
d’activités) plutôt que de processus. Par ailleurs, dans la l’importance stratégique des activités car la chaîne de
pratique, quand les décideurs sont confrontés à la valeur utilisée à cet effet est nécessaire pour modéliser
décision d’internalisation/externalisation, ils ont une l’ensemble des activités et en identifier les activités
idée plus ou moins précise des produits, activités ou (I/E). Les deux autres évaluations peuvent se faire dans
services concernés (Wattky, 2006 ; Ekelund et un ordre ou dans l’autre. A l’issue de ces évaluations,
Pettersson, 2010). De ce fait, seules ces activités et les nous confrontons les résultats entre eux afin de prendre
activités périphériques sont considérées pour une décision. Nous nous appuyons pour ce faire sur la
l’évaluation de la décision d’internal- grille d’analyse stratégique étendue de Poulin et al..
isation/externalisation. Nous désignons ces activités par
(I/E) pour Internalisation/Externalisation. 4.1 Evaluation de l’importance stratégique des
activités
4 METHODE D’AIDE A LA DECISION POUR
L’INTERNALISATION/EXTERNALISATION La manière de réaliser cette analyse dépend de la
stratégie suivie par l’entreprise. Dans le cas d’une
Nous proposons une méthode d’aide à la décision stratégie basée sur les coûts, on analyse les coûts de
multicritères pour l’internalisation/externalisation dans réalisation des activités (Porter, 1999). L’analyse basée
le cadre d’une stratégie de développement durable qui sur les coûts (ABC, Based Cost Analysis en anglais)
fait le pont entre la chaîne de valeur, les référentiels peut être utilisée dans ce sens (Dekker, 2003). Plus les
SCOR/GreenSCOR et le modèle d’internalisa- coûts seront faibles, plus grande sera la contribution de
tion/externalisation de Poulin et al. Nous construisons l’activité à l’avantage concurrentiel. En ce qui nous
notre outil d’aide à la décision en considérant 3 concerne, nous focalisons notre attention sur la stratégie
évaluations des activités (I/E) : de différenciation. Une entreprise se différencie de ses
concurrents quand elle offre quelque chose d’unique,
Evaluation de l’importance stratégique. Ceci se qui dépasse la simple offre d’un prix peu élevé, et
traduit par l’analyse de la contribution des activités auquel les clients (et les parties prenantes) attachent de
(I/E) dans la création de l’avantage concurrentiel. la valeur (Porter, 1999) comme par exemple les
Nous nous appuyons sur la chaîne de valeur pour pratiques de la RSE. Nous nous intéressons alors aux
Facteur d’unicité Exemple
Mesures Caractéristiques et performance des Produits issus du commerce équitable
discrétionnaires produits/services (achats/approvisionnement), produits recyclables
(production), …
Technologie utilisée par l’activité Moyens de transport peu polluants (distribution), technologie
de rupture (production), …
Procédures de travail Procédures garantissant un niveau élevé de sécurité pour les
employés et les riverains (production, distribution,), …
Liaisons dans la Liaisons avec les fournisseurs Systèmes d’information performants (EDI, CRM, ERP, ...)
chaîne (développement technologique)
logistique Liaisons avec les clients (distributeurs)
Liaisons entre les activités
Apprentissage Employés formés et sensibilisés aux risques d’accidents
(prévention, gestes à avoir en cas d’accident, …)
(Ressources humaines)
Facteurs Dialogue social (syndicats, collectivités locales, …)
institutionnels (infrastructure de l’entreprise)
Infrastructure de l’entreprise
Gestion des ressources humaines
Approvisionnements
Développement technologique
Surveillance de la conformité des produits (y compris les emballages) (GreenSCOR)
Achats de produits issus du recyclage (GreenSCOR)
Fournisseurs sélectionnés avec de bons comportements sociaux (niveau des salaires, sécurité au travail, impacts
environnementaux…) (Barbiroli et Raggi, 2003)
Marge
Inspection HAZMAT Mise en place d’un Utilisation d’alternatives de transports
quotidienne des zones de système de management qui consomment moins de carburant
stockage des déchets environnemental (ISO (GreenSCOR)
dangereux (GreenSCOR) 14001 par exemple) Optimisation de la tournée de véhicules
Efficacité énergétique dans (GreenSCOR) (réduction de la consommation de
les entrepôts de stockage Utilisation d’emballages carburant) (GreenSCOR) Commer- Services
(GreenSCOR) recyclables (GreenSCOR) Transporteurs sélectionnés en fonction cialisation
Don des stocks Programmer les de critères favorisant la sécurité et ventes
excédentaires ou obsolètes consommations élevées en routière (expérience, âge, entretien des
aux collectivités locales énergie pour les horaires véhicules, …) (Corsi et Fanara, 1988)
(Carter et Jennings, 2002) de nuit (GreenSCOR)
Logistique interne Production Logistique externe
Figure 3 : Présentation des sources de différenciation des activités avec la chaîne de valeur
particularités que présentent les activités (I/E) qui les 4.3 Evaluation de la performance des activités
rendent uniques. Quelques facteurs d’unicité (Porter,
1999) ainsi que des exemples sont présentés dans le Pour évaluer la performance des activités, nous avons
tableau 1. La figure 3 illustre la manière dont les sources défini 11 catégories d’objectifs (5 économiques, 3
de différenciation des activités logistique interne, environnementales et 3 sociales) propres à la réalisation
production, logistique externe, approvisionnement des activités (Tableau 2). Celles-ci traduisent des enjeux
peuvent être représentées avec la chaîne de valeur. Nous du développement durable comme la pollution, la
obtenons alors le niveau atteint par l’activité (I/E) pour consommation des ressources, la santé et sécurité des
le critère « Importance stratégique » : (+) si l’activité employés, …, directement liés à l’exercice des activités.
présente une (des) caractéristiques(s) de différenciation Pour définir des catégories pertinentes, nous avons
et (-) si celle-ci n’en présente aucune. exploité les enjeux du développement durable proposés
par Baumann (2011). Chaque activité se voit alors
4.2 Evaluation du potentiel des activités attribuer des objectifs dans les 11 catégories et des
indicateurs de performance mesurant leur atteinte. Le
L’évaluation du potentiel des activités (I/E) à contribuer tableau 2 fournit des exemples d’objectifs et
à l’avantage concurrentiel est dynamique dans le sens où d’indicateurs associés au processus de production. Nous
l’on s’intéresse à l’évolution stratégique des activités avons déduit la majeure partie des indicateurs des
dans le futur. Dans le contexte d’une stratégie de référentiels SCOR/GreenSCOR. Les autres indicateurs
différenciation par la RSE, il est possible, à notre sens, sont issus de la littérature. Nous agrégeons ensuite les
que certaines activités apportent de la valeur ajoutée par indicateurs pour obtenir un indice composite qui mesure
la mise en place de bonnes pratiques de la RSE. Dans ce la performance intégrée (économique,
sens, le référentiel GreenSCOR et la littérature environnementale, sociale) de l’activité. L’agrégation se
fournissent un nombre important de bonnes pratiques fait sur deux niveaux :
relevant de la RSE. Nous avons ventilé une partie de
celles-ci sur la figure 3, à titre d’exemple. Une manière - Agrégation des indicateurs à l’intérieur de chaque
d’évaluer le potentiel des activités consiste alors à dimension du développement durable. Nous
analyser l’opportunité de mettre en place ces bonnes obtenons alors 3 sous-indices qui mesurent chacun la
pratiques avec l’outil SWOT (Strengths, Weaknesses performance de l’activité suivant l’une des 3
Opportunities, Threats ou Forces, Faiblesses, dimensions du développement durable.
Opportunités, Menaces). A l’aide du SWOT il est
possible d’analyser les facteurs internes et externes en - Agrégation des 3 sous-indices du développement
faveur (forces/opportunités) et en défaveur durable. Nous obtenons alors l’indice composite qui
(faiblesses/menaces) de la mise en place des bonnes mesure la performance durable de l’activité.
pratiques de la RSE. Un département de R&D
performant, des employés sensibilisés aux enjeux du Lors de l’agrégation nous sommes confrontés à deux
développement durable sont des exemples de forces difficultés. La première concerne l’hétérogénéité des
internes. La réglementation publique et la sensibilisation échelles et unités de mesure des indicateurs d’où la
des clients en faveur du développement durable sont des nécessité de normaliser ceux-ci. La seconde touche à
exemples d’opportunités, etc. Nous obtenons alors le l’inégalité de l’importance des indicateurs (stratégie de
niveau atteint ((+) ou (-)) par les activités (I/E) pour le l’entreprise, type d’industrie, …) ce qui suggère de
critère « Potentiel». pondérer les indicateurs pour exprimer leur importance
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ECONOMIE
Coût de production 100 eur/u.p [80 ; 130] 0.600 0.084
Délai de production 14 jours/u.p [7 ; 20] 0.460 0.472
Nombre de jours requis
pour réaliser une 0.445 0.633
augmentation de 20% de 5 jours [2 ; 7] 0.400 0.444
la production normale
ENVIRONNEMENT
Quantité d’énergie non 0.024 tep/u.p [0.010 ; 0.030] 0.300 0.082
renouvelable consommée
Quantité de CO2 émise 0.145 t/u.p [0.115 ; 0.180] 0.540 0.343 0.595 0.175 0.465
Quantité de déchets 4 kg/u.p [1 ; 10] 0.670 0.575
dangereux à éliminer
SOCIETE
Fréquence des accidents 1.7/ million
du travail d’heures [1 ; 2.2] 0.420 0.857
travaillées
Indicateur Poids des 0.410 0.192
Indicateurs Valeur normalisé indicateurs
Tableau 5 : Grille d’analyse stratégique pour l’internalisation/externalisation modifiée (Poulin et al., 1994)
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