Arrêt de La Cour de Cassation
Arrêt de La Cour de Cassation
Arrêt de La Cour de Cassation
2 CF
COUR DE CASSATION
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RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
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Attendu que la caisse fait grief à l'arrêt de faire droit à ce dernier alors, selon
le moyen, que le montant des pensions de retraite doit nécessairement être
proportionnel aux cotisations versées ; que ce principe résulte du caractère
contributif du système de retraite français dans le cadre duquel les retraités
perçoivent une pension proportionnelle à leur contribution au système ; que
de la date de la création du régime des auto-entrepreneurs jusqu'au
1er janvier 2016, les personnes affiliées à ce régime bénéficiaient, en
contrepartie du paiement de leurs cotisations calculées de façon forfaitaire
auxquelles venait s'ajouter un différentiel versé par l'Etat, de l'ouverture de
droits au titre de l'assurance vieillesse complémentaire ; que compte tenu
des spécificités du régime de retraite complémentaire de la CIPAV, l'Etat a
calculé ce différentiel sur la base d'une cotisation de référence égale à « la
plus faible cotisation non nulle » dont ces assurés auraient pu être
redevables en fonction de leur activité en application des dispositions de
droits commun; que la « plus faible cotisation non nulle » dont peut
bénéficier un professionnel libéral est la cotisation réduite conformément aux
dispositions des statuts de la CIPAV ; que c'est donc sur la base de cette
« plus faible cotisation non nulle » que la CIPAV a déterminé les droits de
M. Tate à l'assurance vieillesse complémentaire ; qu'en retenant, pour faire
droit à la demande de M. Tate qui souhaitait voir ses droits calculés sur la
base qui aurait été retenue au profit d'un assuré qui, affilié directement à ce
régime, n'aurait pas sollicité pareil abattement, que M. Tate n'avait jamais
sollicité une telle réduction et qu'il n'était pas établi qu'il aurait relevé de
l'article 3.12 ou 3.12 bis des statuts, la cour d'appel a déduit un motif
inopérant et violé ensemble les articles L. 133-6-8, L. 131-7 et R. 133-30-10
du code de la sécurité sociale dans leurs versions applicables en l'espèce
et le principe selon lequel le montant des pensions de retraite est
proportionnel aux cotisations versées ;
REJETTE le pourvoi ;
Moyen produit par la SCP Boutet et Hourdeaux, avocat aux Conseils, pour
la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d'assurance vieillesse
Le moyen fait grief à l'arrêt confirmatif attaqué d'AVOIR rectifié les points de
retraite complémentaire acquis par Monsieur Alain TATE sur la période des
années 2010 à 2014 à 192 points, soit 40 points pour les années 2010 à
2012 et 36 points pour les années 2013 et 2014, ordonné en conséquence
la révision du montant de la pension de retraite complémentaire accordée
à Monsieur TATE depuis le 1er janvier 2015, condamné la CIPAV à verser
à Monsieur TATE les arrérages de pension de retraite complémentaire dus
depuis le 1er janvier 2015, majorés de l'intérêt légal depuis cette date, avec
capitalisation des intérêts, dans un délai de 30 jours à compter de la
notification du jugement et, passé ce délai, sous astreinte de 100 € par jour
de retard, condamné la CIPAV à verser à Monsieur TATE la somme de
1.500 euros de dommages et intérêts en réparation du préjudice moral
causé par la minoration de ses points de retraite complémentaire et 3.500
euros au titre de l'article 700 du code de procédure civile, outre la somme de
1 500 euros de ce chef en appel ;
AUX MOTIFS PROPRES QUE « A toutes fins, la cour rappelle ici que le
litige porte exclusivement, à titre principal, sur les modalités de calcul des
droits à la retraite de M. Tate au titre du régime complémentaire, pour la
période où il a exercé en qualité d’auto- entrepreneur (2010-2014).
Sur la demande de révision de la pension de retraite complémentaire
A l'appui de son appel, la CIPAV fait notamment valoir, s'agissant du calcul
de la retraite complémentaire, que le régime de l'auto-entrepreneuriat permet
de simplifier et d'alléger, pour le travailleur indépendant, les formalités liées
au calcul et au paiement de l'ensemble des cotisations et contributions
sociales, que cette simplification du mode de calcul se traduit par
l'application d'un taux unique de cotisations de 22,9 % lié au chiffre d'affaires
déclaré, couvrant l'ensemble des cotisations et contributions sociales de
l'auto entrepreneur, que ce taux est largement inférieur aux taux cotisés par
le professionnel libéral classique, qu'il s'ensuit que le professionnel exerçant
sous le statut d'auto- entrepreneur, acquiert moins de droit.
La CIPAV souligne que c’est l’ACOSS, caisse nationale du réseau des
unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et des
allocations familiales (URSSAF) qui est ‘chargée d’enregistrer les différents
éléments affectant l’activité de l’auto- entrepreneur avant d’en informer’ la
CIPAV et que c’est l’ACOSS qui est chargée de reverser à la CIPAV les
cotisations collectées au titre, entre autres, du régime de retraite
complémentaire.
La CIPAV affirme qu'elle a fait application des dispositions de ses statuts
(article 3.12) prévoyant l’application d’une réduction de 75%, 50% ou 25%
à la première classe de cotisation en fonction des revenus.
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La CIPAV soutient ainsi que ‘afin toutefois que ce taux minoré soit sans
incidence sur les droits ouverts aux auto-entrepreneurs, la loi a prévu (...) de
2009 à 2015 (le système a été modifié à compter du 1er janvier 2016) le
versement d’une compensation de l’État aux régimes de protection sociale
pour couvrir la perte de recette induite, dans des conditions assurant une
‘cotisation au moins égale à la plus faible cotisation non nulle dont ils
pourraient être redevables’ (en gras comme dans l’original des conclusions ;
souligné par la cour). Ainsi, la CIPAV recevait un total correspondant au
montant des cotisations collectées par l’ACOSS, éventuellement complété
de la compensation de l’État. C’est l’ACOSS qui calcule celle-ci.
Et la CIPAV se base sur les cotisations reversées par l’ACOSS ‘pour
déterminer les droits des auto entrepreneurs au titre du régime
complémentaire.’
Pour la CIPAV, plus on cotise plus on a de droit ; si on ne cotise pas, on ne
se crée pas de droit.
Selon la CIPAV, ce mode de calcul a été validé par la Cour des comptes
(rapport public annuel 2017), qui soulignait que, si le micro-entrepreneur le
souhaitait, il pouvait s’acquitter d’un montant forfaitaire de cotisations
supérieur à celui pris en compte (par le système de la microentreprise) il
pouvait opter pour le dispositif de droit commun.
C’est sur cette base qu’ont été déterminés les droits de M. Tate.
La CIPAV prend l’exemple de l’année 2013. Cette année-là, le bénéfice non
commercial de M. Tate s’est élevé à la somme de 20 328 euros, soit en
nombre de points:
- 0 point pour un revenu inférieur à 5456 euros ; 100% de réduction.
- 9 points pour un revenu compris entre 5461 euros et 20 421 euros, ce qui
est le cas en l’espèce ; 75% de réduction.
- 18 points pour un revenu compris entre 20 421 euros et 24 668 euros ;
50% de réduction.
- 27 points pour un revenu compris entre 24 669 euros et 32 285 euros ;
25% de réduction.
Il ne pouvait être reproché à la CIPAV de ne pas avoir prévu dans ses
statuts de dispositif spécifique pour les auto-entrepreneurs et encore cette
contestation de M. Tate était-elle inexacte puisque, précisément, la CIPAV
avait modifié ses statuts (article 3.12 bis) pour tenir compte des
auto-entrepreneurs ne bénéficiant pas du mécanisme de compensation de
l’État.
C’est dans ces conditions que la CIPAV avait alloué à M. Tate : 10 points
pour l’année 2010 ; 20 points pour l’année 2011 et 20 points pour l’année
2012 ; 9 points pour l’année 2013 et 9 points pour l’année 2014.
M. Alain Tate fait notamment valoir, pour sa part, que la Cour des comptes
a (au contraire), dans son rapport de février 2017, ‘mis en lumière l’illégalité
commise par la CIPAV à l’endroit des 320 000 auto-entrepreneurs affiliés
auprès d’elle dont les points de retraite complémentaire sont minorés sans
fondement légal.’
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atteinte n’est pas justifiée par le principe, reconnu tant par la jurisprudence
nationale que par celle de la Cour européenne des droits de l’homme qu’il
n’est pas nécessairement inéquitable de traiter de façon différente des
situations différentes. En d’autres termes, la seule circonstance qu’une
personne, du fait d’avoir versé moins de cotisations, perçoive une pension
moindre ne peut être considérée, en elle-même, comme engendrant une
situation d’inégalité de traitement injustifiée ou une atteinte injustifiée à un
droit patrimonial.
La question est ici quelque peu différente et a trait au mode de calcul retenu
par la CIPAV pour procéder à l’évaluation des droits à retraite de M. Tate.
La cour ne peut pas ne pas citer, d’emblée, un extrait du rapport public
annuel de la Cour des comptes 2017, consacré à la CIPAV. Dans un cadre,
intitulé (en gras dans l’original) “Une absence anormale de rétablissement
des auto-entrepreneurs dans leurs droits”, la Cour des comptes écrit:
Pour encourager à l’adoption du statut d’auto-entrepreneur, ceux-ci ont été
assujettis à une cotisation forfaitaire (sur la base de leur chiffre d’affaires) à
un taux inférieur à celui applicable aux professionnels libéraux.
Afin toutefois que ce taux minoré soit sans incidence sur les droits ouverts
aux auto-entrepreneurs, la loi a prévu, de 2009 à 2015 (cette disposition
ayant été supprimée au 1er janvier 2016), le versement d’une compensation
de l’État à la CIPAV pour couvrir la perte de recette induite, dans des
conditions assurant une cotisation « au moins égale à la plus faible
cotisation non nulle dont ils pourraient être redevables ». Pour définir cette
dernière, la caisse a appliqué systématiquement et automatiquement, sans
leur consentement, une disposition de ses statuts permettant aux
professionnels libéraux de droit commun de demander expressément, s’ils
le souhaitent, en cas de faibles revenus, un abattement sur leurs cotisations
se traduisant par une réduction de leurs droits.
Cette observation de la Cour des comptes rejoint celle faite tant par le
conseil de M. Tate que par le Défenseur des droits.
De fait, la CIPAV réduit le montant des prestations qu’elle sert au titre de la
retraite complémentaire, non pas sur un fondement légal ou réglementaire,
mais pour pallier l’absence de compensation par l’État à hauteur des
sommes qui seraient normalement dues aux auto-entrepreneurs par ailleurs
à jour de leurs cotisations sociales (comme il n’est pas contesté que c’est le
cas de M. Tate).
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Cette position reflète exactement celle qu’elle a prise dans sa réponse aux
observations formulées par la Cour des comptes dans le rapport 2017,
mentionné plus haut.
La CIPAV, faisant référence à l’article R. 133-30-10 du code de la sécurité
sociale, écrit : “En application de ce texte, le montant de la compensation de
l’Etat pour la retraite complémentaire des auto-entrepreneurs relevant de la
CIPAV était basé sur la plus faible cotisation non nulle dont
l’auto-entrepreneur aurait pu être redevable dans le date du droit commun.
Au titre du régime complémentaire CIPAV, la cotisation la plus faible non
nulle dont peut être redevable un adhérent est la cotisation de la classe A
réduite de 75%. C’est donc naturellement sur cette base que les droits des
auto-entrepreneurs ont été calculés” (souligné par la cour de céans).
Elle ajoute: “La Direction de la Sécurité Sociale, sollicitée sur ce point par la
nouvelle direction de la CIPAV en 2015 a confirmé la conformité de la
pratique de la CIPAV aux dispositions du code de la sécurité sociale.”
Elle conclut : “Dans ces conditions et en l’absence d’instruction contraire de
l’autorité de tutelle, la CIPAV n’était nullement habilitée à mettre en oeuvre
la recommandation de la Cour. Il n’y a donc pas lieu de laisser entendre que
la CIPAV est responsable de ‘l’absence anormale de rétablissement des
auto–entrepreneurs”.
Ainsi, la CIPAV fait, certes, une application stricte du principe selon lequel
le montant des pensions de retraite est proportionnel aux cotisations
versées. Mais elle établit également un lien direct et impératif entre l’absence
de compensation appropriée par l’État, donc le montant limité de ses
ressources, avec le montant des cotisations qu’elle sert à ses affiliés, en
l’espèce les micro-entrepreneurs.
L’article R. 133-30-10 du code de la sécurité sociale, dans sa version
applicable, ne conduit pas à établir ce lien. Il se lit, dans sa version
applicable à l’espèce:
L'Agence centrale des organismes de sécurité sociale reverse aux
comptables publics compétents les sommes recouvrées en application du
V de l’article 151-0 du code général des impôts aux dates fixées par arrêté
des ministres chargés du budget et de la sécurité sociale.
Pour l’application des dispositions de l’article L. 131-7 au régime prévu à
l’article L. 133-6-8 l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale
notifie à l'Etat la différence entre :
a) D'une part, le montant des cotisations et contributions sociales dont les
travailleurs indépendants auraient été redevables au cours de l'année civile
en application des articles L. 131-6, L. 136-3, L. 635-1, L. 635-5, L. 642-1,
L. 644-1 et L. 644-2 du code de la sécurité sociale et de l’article 14 de
l’ordonnance no 96-50 du 24 janvier relative au remboursement de la dette
sociale, et,
b) D'autre part, le montant des cotisations et contributions sociales calculées
en application de l'article L. 133-6-8.
Pour l'application des dispositions du présent article aux travailleurs
indépendants relevant de l'organisme mentionné au 11o de l’article R. 641-1
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La Cour ne peut que constater qu’il ne peut se déduire de ce seul texte que
le montant des pensions retraite complémentaire versées aux
auto-entrepreneurs relevant du dernier alinéa devrait être inférieur à celui
auquel ils auraient pu prétendre du fait d’une compensation insuffisante de
l’État.
Les rapports entre ce dernier et la CIPAV ne sauraient concerner les
cotisants.
De plus, à l’appui de sa position, la CIPAV invoque l’article 3.12 de ses
statuts. Ce faisant, elle ne démontre en aucune manière en quoi ces statuts,
qui ne peuvent concerner que son organisation interne, seraient opposables
aux cotisations, sauf à ces derniers à y adhérer par écrit, ce que la caisse ne
justifie en aucune mesure. Cela étant, cet article se lit:
“La cotisation peut, sur demande expresse de l’adhérent, être réduite de 25,
50 ou 75%, en fonction du revenu professionnel de l’année précédente. Les
tranches de revenus correspondant(..) sont déterminées chaque année par
le conseil d’administration (..) La demande de réduction doit être formulée,
à peine de forclusion, dans les trois mois suivant l’exigibilité de la cotisation,
telle qu’elle est définie à la fraction de cotisation réglée (..) L’adhérent
conserve, cependant, la faculté de s’acquitter de la cotisation”.
L’article 3.12 bis des statuts de la CIPAV ajoute: “Le nombre de points
attribués au bénéficiaire du régime prévu à l’article L. 133-6-8 du code de la
sécurité sociale qui est exclu de la compensation de l’État prévue à l’article
L. 133-30-10 du code de la sécurité est proportionnel aux cotisations
effectivement réglées”.
De fait, le ‘Guide’ édité par la CIPAV elle-même, précise, à la rubrique
‘Retraite Complémentaire’: “Si vos revenus 2011 sont inférieurs ou égaux à
32 855 (euros) vous pouvez demander une réduction de 25%, 50% ou 75%
ou 100% de votre cotisation. Mais attention, car les points acquis seront
également réduits et votre retraite sera plus faible si vous demandez cette
réduction” (Guide, édition 2012). La formulation est reprise à l’identique dans
la version 2013.
Dans le Guide 2011, c’est un tableau qui est utilisé, précédé d’une phrase
selon laquelle “la cotisation peut être réduite”, dans les mêmes proportions.
Dans le Guide 2010, il est indiqué “En attente de la publication des textes :
Lorsque vous n’atteignez pas le seuil minimum de chiffres d’affaires à partir
duquel l’État compense, l’attribution sera proportionnelle aux cotisations
versées”.
La cour relève que seul le Guide 2010 reflète la politique appliquée à M. Tate
en établissant un lien direct entre cotisation et compensation par l’État. Mais
ni le Guide 2011 ni les suivants ne font ce lien, étant souligné que les
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ET AUX MOTIFS ADOPTES QUE Monsieur TATE Alain fait valoir qu'il n'y
a lieu à saisir la juridiction administrative d'une question préjudicielle dans la
mesure où les décisions contestées de la CIPAV sont dépourvues de
fondement légal et ne peuvent être rattachées à aucun acte dont il
appartiendrait à la juridiction administrative d'apprécier la légalité.
La CIPAV ne fait aucune observation sur ce point.
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Monsieur TATE Alain expose que la CIPAV a fixé arbitrairement pour les
auto- entrepreneurs les modalités de calcul du nombre de points acquis pour
la retraite complémentaire en violation des dispositions applicables.
Le Tribunal rappelle qu'en application de la législation en vigueur pendant
la période litigieuse, et notamment au vu des articles L. 131-7, L. 133-6-2 et
R. 133-30-10 du Code de la Sécurité Sociale et des statuts de la CIPAV :
- le nombre de points attribués aux bénéficiaires du régime prévu par l'article
L 133-6-8 du Code de la Sécurité Sociale, soit les travailleurs indépendants
relevant du régime micro-social, qui sont exclus de la compensation de l'Etat
prévue à l'article R 133-30-10 du même Code, est proportionnel aux
cotisations réglées,
- sont exclus du champ de cette compensation assurée par l'Etat aux
organismes de sécurité sociale les bénéficiaires du régime micro-social qui
déclarent, au titre d'une année civile, un montant de chiffre d'affaires ou de
revenus non commerciaux correspondant (...) à un revenu inférieur à un
montant minimal fixé par l'article D. 131-6-4 du Code de la Sécurité Sociale,
introduit par le décret d'application no2010-696 du 24 juin 2010 au « salaire
minimum de croissance en vigueur au 1er janvier de l'année considérée
calculé sur la base de 200 heures.»
Les revenus de Monsieur TATE Alain sur les années 2010 à 2014 étant
incontestablement supérieurs aux seuils institués par décret, il y a lieu de
constater que la CIPAV n’était pas bien fondée à refuser au requérant
l'attribution du nombre forfaitaire de points attribués pour la première tranche
de cotisations du régime de retraite complémentaire, et à lui appliquer les
dispositions de l'article 3-12 bis des statuts prévoyant l'allocation d'un
nombre de points proportionnel aux cotisations.
Aucun fondement légal ou réglementaire ne permettait à la CIPAV de
calculer les droits de Monsieur TATE Alain au titre de la retraite
complémentaire sur la base de la première classe de cotisation réduite d'un
pourcentage déterminé selon la tranche de ses revenus.
La Caisse ne peut pas plus fonder les modalités de son calcul sur des
considérations d'ordre général, et notamment sur l'affirmation selon laquelle
il est "naturel que le professionnel exerçant sous le statut
d'auto-entrepreneur, cotisant moins que le professionnel libéral classique
acquière moins de droit que lui", alors qu'une telle allégation, qui par ailleurs
ne saurait avoir aucun effet juridique, contredit les dispositions de
l'article L. 133-6-8 du Code de la Sécurité Sociale aux termes duquel les
cotisations et contributions dont sont redevables les auto-entrepreneurs
relevant du régime micro-social sont calculés mensuellement ou
trimestriellement en appliquant au montant de leur chiffre d'affaires ou de
leurs revenus non commerciaux un taux fixé par décret pour chaque
catégorie d'activité de manière à garantir un niveau équivalent entre le taux
effectif des cotisations et contributions sociales versées et celui applicable
aux mêmes titres aux revenus des travailleurs indépendants.
En conséquence, Monsieur TATE Alain peut légitimement faire valoir 192
points de retraite complémentaire au titre des années 2010 à 2014 et la
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