Principes D'entrainement Au Triathlon Bases Sur Les Filieres Energetiques
Principes D'entrainement Au Triathlon Bases Sur Les Filieres Energetiques
Principes D'entrainement Au Triathlon Bases Sur Les Filieres Energetiques
Collège de Principes
l’Abbaye d’entraînement au
de St triathlon basés sur
les filières
Maurice énergétiques
Professeur accompagnant : Karin Hauser Emmanuel Pignat
Remerciements
ii
Résumé
Les muscles sont constitués de deux types de fibres: les fibres lentes et
les fibres rapides. Les fibres lentes sont plus endurantes tandis que les fibres
rapides sont plus puissantes. Pour se contracter, les muscles ont besoins d'ATP.
Comme les réserves d'ATP de notre corps sont limitées, il faut le renouveler en
continu. Pour ce faire notre corps dispose de quatre filières énergétiques. Elles
s'étendent de la plus rapide jusqu'à la plus endurante. Notre corps répartit
automatiquement l'utilisation des différentes filières suivant l'intensité de
l'effort, la fatigue de l'organisme et les ressources énergétiques disponibles.
Les performances de chaque filière peuvent être améliorées de différentes
manières. Cela donne d'intéressantes perspectives en vue de la mise en place
d'une préparation ciblée au sport voulu.
Lors des compétitions, le triathlète cherche à utiliser les filières les plus
endurantes, c'est-à-dire les filières aérobies. En triathlon Olympique, la plus
grande partie de l'énergie utilisée par l'athlète est fournie par le métabolisme
aérobie du glycogène. Néanmoins, les stratégies de course demandent
quelques fois une utilisation plus importante du métabolisme anaérobie lors
des sprints. Aussi, l'athlète subit une importante concentration en acide
lactique (6 à 9 mmol) tout au long de la course. Pendant l'Ironman la
concentration en acide lactique est plus faible. En effet, la course étant plus
longue, il doit économiser les réserves en glycogènes en utilisant l'énergie
présente sous forme de lipides. Comme l’utilisation de lipides diminue et
devient nulle à haute intensité, l'Ironman est couru à une plus faible intensité
que l'Olympique. Bien que majoritairement semblables, les entraînements au
triathlon Olympique et à l'Ironman se distinguent par un travail plus lactique
pour le triathlon Olympique et davantage d'attention à améliorer la capacité à
mobiliser et utiliser les lipides pour l'Ironman.
Ce n’est pas celui qui s’entraîne le plus qui devient le plus fort. La
quantité et les intensités d’entraînements méritent d’être planifiées avec soin.
L’année peut être divisée en trois parties : la période d’entraînement foncier,
celle de pré-compétition et celle de compétition. On pourrait aussi subdiviser
ces périodes en cycles de 4 semaines où l’intensité et la charge d’entraînement
seront augmentées progressivement chaque semaine. On doit aussi veiller à la
programmation à l’échelle journalière afin d’éviter la surcharge ou un
entraînement insuffisant.
iv
Table des matières
Introduction.................................................................................................................1
Théorie .......................................................................................................................3
A. Les muscles ........................................................................................................ 3
B. Filières énergétiques............................................................................................5
1. Énergie et ATP.................................................................................................. 5
2. Métabolisme anaérobie alactique ....................................................................6
3. Métabolisme anaérobie lactique.......................................................................6
4. Métabolisme aérobie des glucides....................................................................7
5. Aérobie des lipides............................................................................................8
C. Répartition des filières.........................................................................................8
Les besoins énergétiques du triathlon......................................................................12
D. Comparaison Ironman et distance olympique...................................................12
1. Filières utilisées..............................................................................................13
2. Pourcentage de la VO2 max............................................................................14
3. Accumulation d’acide lactique........................................................................15
4. Principes d’entrainement spécifiques aux caractéristiques ...........................15
Entraînement ...........................................................................................................16
E. Les zones d’intensité d’entraînement................................................................16
1. Zone 1 : Endurance fondamentale..................................................................16
2. Zone 2 : Endurance au seuil...........................................................................20
3. Zone 3 : Vitesse spécifique.............................................................................21
4. Zone 4 : Sprint................................................................................................24
F. Tableau récapitulatif des zones d’entraînement ...............................................24
Zone 1................................................................................................................... 25
< 2........................................................................................................................ 25
70-85%.................................................................................................................. 25
60-75%.................................................................................................................. 25
Zone 2 .................................................................................................................. 25
2 - 6....................................................................................................................... 25
85-95%.................................................................................................................. 25
75-90%.................................................................................................................. 25
v
Zone 3................................................................................................................... 25
6 - 8....................................................................................................................... 25
95-105%................................................................................................................ 25
>90%.................................................................................................................... 25
Zone 4................................................................................................................... 25
>7......................................................................................................................... 25
95-120%................................................................................................................ 25
>90%.................................................................................................................... 25
G. Programmation..................................................................................................25
1. Cycles annuels : macrocycles.........................................................................26
2. Cycles mensuels : mésocycles .......................................................................27
3. Cycles hebdomadaires-quotidiens: microcycles..............................................28
H. Exemple de volume horaire et distances pour la planification de l’entraînement
............................................................................................................................... 29
Conclusion.................................................................................................................30
Bilan personnel.........................................................................................................31
vi
Introduction
Depuis 1978, où douze des quinze concurrents lancés sur l’enchaînement des
trois plus dures épreuves sportives de l’archipel d’Hawaï (Waïkiki Rough Water Swim
(3,9 km), Around Oahu Bike Race (179 km) et le marathon d’Honolulu (42,195 km))
terminèrent le premier Ironman de l’histoire, le triathlon n’a cessé d’attirer un plus
grand nombre d’adeptes et de bénéficier d’un succès grandissant, même auprès du
grand public. En 1982, l’actuellement célèbre triathlon de Nice1 marque les débuts
de ce nouveau sport en Europe. L’expansion va vite se poursuivre : des compétitions
plus courtes mais plus intenses voient le jour, en 1989 une Fédération Internationale
est créée et finalement le triathlon fait son entrée sur la scène Olympique en 2000
à Sydney sur une distance raccourcie2.
Notre travail s’organisera comme suit : tout d’abord, nous présenterons les
connaissances théoriques concernant les muscles et les filières énergétiques qui
seront utiles par la suite. Dans une deuxième partie, on définira les principales
caractéristiques et les besoins énergétiques des deux sortes de triathlons qui nous
1
Le triathlon de Nice reprend les mêmes distances que l’Ironman d’Hawaï, 3,8 km - 180 km –
42,195 km
2
1500 m de natation, 40 km de vélo, 10 km de course à pied. Cette distance a été choisie
entre autre parce qu’elle se porte mieux à une télédiffusion
1
intéressons, à savoir le triathlon Olympique et l’Ironman. Dans la troisième partie,
on définira des allures d’entraînement, discutera de leur importance dans la
préparation au triathlon de la distance voulue et on donnera des clés et des
exemples pour mettre en pratique chaque intensité d’entraînement. Et finalement
on s’intéressera à la planification de l’entraînement à longue et à courte échelle.
Notre travail ne vise pas à faire le tour des toutes les questions que peuvent
soulever l’entraînement et la recherche de la performance en triathlon. En effet,
beaucoup d’importantes facettes ne seront pas développées, par exemple : la
musculation, la nutrition, la technique ou encore les aspects psychologiques.
2
Théorie
A. Les muscles
Tous nos mouvements sont provoqués par
l’action des muscles. Ceux-ci peuvent se
contracter ou se relâcher.
Type de fibre
ST (fibres FTa (fibres FTb (fibres
lentes) rapides A) rapides b)
Capacité Elevée Modérée Faible
aérobie
Capacité Faible Élevée Très élevée
anaérobie
Résistance à Elevée Modérée Faible
la fatigue
Force Faible Élevée Élevée
développée
3
Table 1 Les fibres musculaires et leurs caractéristiques.
3
D.L.Costill, Physiologie du sport et de l'exercice 3ème ed, p.38
3
Lors d’un effort d’intensité croissante, le corps recrute d’abord les fibres lentes
afin de privilégier l’endurance, puis lorsque la force demandée augmente, il recrute
les fibres rapides de type A puis de type B.
La proportion de fibres rapides et lentes n’est pas égale chez toutes les
personnes. Des différences significatives peuvent apparaître entre les athlètes des
différents sports et leurs différentes intensités d’effort demandées (Table 2). Selon
certaines études, les proportions peuvent être modifiées4 grâce à un entraînement
en force (augmentation des fibres rapides) ou en endurance (augmentation des
fibres lentes), mais la proportion en fibre resterait principalement déterminée par la
génétique.
Table 2 Pourcentage moyen de fibres lentes et rapides chez les athlètes de différents
sports.5
4
D. Costill, La course à pied, p.39 encadré
5
D.L. Costill, La natation, p.6
4
B. Filières énergétiques
1. Énergie et ATP
Pour fournir un travail, c’est-à-dire se contracter, le muscle a besoin d’énergie. Il
utilise directement l’ATP6, présent dans toutes les cellules du corps, qui, en libérant
de l’énergie, fléchit les ponts entre les filaments épais et fins, provoquant la
contraction du muscle. En libérant son énergie, l’ATP se transforme en ADP7.
L’ADP doit retrouver l’énergie que l’ATP avait dissipée. Pour se faire, elle
emmagasine l’énergie produite par l’oxydation des carburants comme les graisses
et le glucose dans le processus appelé la respiration cellulaire. C’est ce processus
qui va nous intéresser car la vitesse de renouvellement de l’ATP en dépend et il est
le facteur déterminant de la performance chez l’athlète d’endurance.
12
D.L.Costill, La course à pied, p.50
13
D.L.Costill, Physiologie du sport et de l'exercice 3ème ed, p.168
14
D.L.Costill, La course à pied, p.82
7
sera l’échange gazeux et on évitera ainsi l’accumulation d’acides. Selon D .L.
Costill15, l’entraînement en endurance long et intense peut augmenter jusqu’à 15%
le nombre de capillaire. Enfin on peut augmenter la quantité d’enzymes nécessaire
à l’aérobie présentes dans les mitochondries.
Figure 4 Test d'effort (fourni par la SUVA Care Sion) d’un athlète de classe internationale
Pour les distances qui nous intéressent, les principales filières utilisées
(excepté durant les sprints final, initial ou pendant le vélo) sont aérobies. L’aérobie
des glucides et celle des lipides fonctionne en parallèle. Nous pouvons dégrader à
un plus fort débit les glucides mais, à eux seuls, étant donné la limite de nos
réserves (table 3), ils ne représentent pas assez d’énergie pour nous permettre de
9
courir plus de 30 km. En plus, la diminution du glycogène intramusculaire va
provoquer un sentiment de fatigue. Les lipides, qui se consomment en parallèle,
vont permettre une économie du glycogène. Ainsi, les plus longues compétitions
(étape du Tour de France, marathon, etc.) sont terminées grâce à un apport
énergétique des lipides et du glycogène. Mais un problème se pose lors de ces
longues compétitions : au dessous d’une certaine vitesse (ou intensité), la
consommation de lipides va croître plus ou moins proportionnellement à l’intensité
de l’effort. Puis, une fois cette vitesse dépassée, l’utilisation des lipides va diminuer
jusqu’à être nulle (figure 5). L’augmentation de l’intensité inhibe l’utilisation des
lipides. Le problème est donc de bien gérer les réserves énergétiques des différents
substrats, surtout du glycogène. Par exemple, un marathonien qui part trop vite va
consommer proportionnellement trop de glycogène (ou peut-être exclusivement du
glycogène) par rapport aux lipides. Après une certaine distance (qui est
communément connu par les coureurs sous le nom de mur, après 30 km), il aura
épuisé ses réserves en glycogène et devra continuer uniquement sur les réserves de
lipides. Il sera obligé de diminuer l’intensité de son effort de moitié 19 à cause du
faible débit de combustion des lipides.
19
Franck Shorter Courir: jogging et course à pied
10
20
Figure 6 Substrats utilisés selon l’intensité
Figure 5 Filière utilisée selon la
durée de l’effort20
20
D.L. Costill, Physiologie du sport et de l'exercice 2ème ed, p.43
11
Filières énergétiques Énergie disponible Débit maximal(mol
(mol ATP) ATP/kg/s)
Anaérobie
ATP 0.02 11.2
Phosphocréatine 0.34 8.6
Glucide (lactique) 0.7 à 5.2 5.2
Aérobie
Glucides 70 2.7
Lipides 8000 1.4
Table 3 Débit et énergie disponible des différentes filières21
21
D.L. Costill, Physiologie du sport et de l'exercice 2ème ed, p.25
22
D.L. Costill, Physiologie du sport et de l'exercice 3ème ed, p.103
12
Temps 17-18 50-54 30-32 1:50-2:00
(min)
Proportion 18% 51% 31%
Distance 1.5 40 10
(km)
Ironman
Temps 50-55 240-265 160-170 8:00-8:20
(min)
Proportion 11% 54% 35%
Distance 3.8 180 42
(km)
Table 5 Temps réalisés par les athlètes de pointe23
1. Filières utilisées
Avec la différence de durée et de distance entre l’Ironman et l’Olympique il y a
bien-entendu une différence de quantité d’énergie demandée. Le triathlon
Olympique nécessite environ 2400 kcal alors que l’Ironman 720024. Les réserves en
glycogène musculaire peuvent subvenir en majeure partie aux besoins du triathlon
Olympique mais sont largement insuffisante pour l’Ironman. Le coureur d’Ironman
doit alors utiliser une autre ressource d’énergie plus importante : les lipides.
De plus, on peut aussi noter une différence d’utilisation des substrats entre
l’Ironman et l’Olympique. Pendant l’Ironman, l’énergie est presque exclusivement
(99%) créée de manière aérobie tandis que lors de l’Olympique, environ 5% 28de
l’énergie est créée de manière anaérobie.
Lors du triathlon Olympique, le pourcentage de la VO2 max tenu est bien plus
haut que lors de l’Ironman. En effet, la course étant bien plus courte et pour la
raison développée précédemment (l’utilisation d’une grande masse musculaire), il
est fort probable que la diminution des réserves en glycogène musculaire ne soient
pas un problème trop déterminant.
27
Les réserves en glycogène des muscles de la cuisse sont à peu près deux fois moins utilisées pour la
course à pied que ceux des mollets D.L.Costill, Physiologie du sport et de l'exercice 3ème ed, p.128
28
Neumann, Pfützner, Hottenrott, Das grosse Buch vom TRIATHLON, p,40
14
Table 7 Accumulation d’acide lactique dans l’Olympique et l’Ironman
Olympique Ironman
Pourcentage de la VO2 90-93% 60-70%
max soutenu
Accumulation d’acide 6-9 (mmol/l) 1.5-2.5(mmol/l)
lactique
Proportion d’utilisation 10% 1%
du métabolisme anaérobie
3. Accumulation d’acide lactique
Les différences d’intensité d’utilisation de la VO2 max vont de paire avec les
différences de lactatémie. Lors de l’Ironman, la plus faible intensité de l’effort
n’implique presque pas d’accumulation d’acide. Par contre, lors du triathlon
Olympique, l’athlète est confronté à une concentration bien plus haute en acide
lactique, ce qui va mettre son système respiratoire à forte contribution.
29
D.L. Costill, Physiologie du sport et de l'exercice 2ème ed, p.26
30
il est permis de se mettre dans la roue du coureur de devant et de profiter de l’aspiration. La partie
vélo n’est plus un contre-la-montre solitaire, mais devient une course tactique de groupe.
15
Entraînement
Nous allons maintenant définir et analyser plusieurs zones d’intensité
d’entraînement. Elles sont définies par une zone de fréquence cardiaque ou une
vitesse particulière. Ces zones d’intensité permettent à l’athlète de se repérer
facilement grâce à un cardiomètre ou, avec une certaine expérience, à ce qu’il
ressent. Il pourra cibler l’intensité de ses séances d’entraînement suivant le but de
l’entraînement, le progrès qu’il cherche à atteindre, la période de l’année ou
d’autres paramètres. La classification de l’entraînement en plusieurs intensités
rendra celui-ci plus adéquat et plus efficace.
32
D.L. Costill La natation, p. 134
33
Sport et Vie, Mars-Avril 2010, Lipoxmax mythe ou réalité ?, François Péronnet, Guy Thibault et
Jonathan Tremblay,
17
Figure 8 Test d'effort d'un athlète de niveau international34
A contrario, la courbe des lactates d’un athlète peu entraîné ne stagnera peu
au début, mais augmentera tout de suite proportionnellement à la vitesse (Figure
9). La trop rapide haute concentration en acide lactique ira de paire avec la
diminution de l’utilisation des lipides. L’athlète débutant devra donc s’entraîner à
des fréquences cardiaques plus basses que l’athlète d’élite s’il veut améliorer sa
capacité d’utilisation des lipides.
34
fourni par Suva Care Centre de conseils sport et santé Sion
18
Figure 9 Comparaison des courbes de lactatémie d’athlètes avec une bonne
endurance fondamentale (en noir) et une plus faible (en rouge). Le plateau horizontal
montre une très bonne endurance fondamentale caractérisée par l’absence d’accumulation
d’acide lactique jusqu’à une haute intensité impliquant une aisance respiratoire.
Deuxièmement, on peut retirer des études précédemment citées (voir 34) qu’il
pourrait y avoir un intérêt à s’entraîner à jeun ou à avoir un régime pauvre en
glucides certains jours. La quantité amoindrie de nos réserves en glycogène va
entraîner notre corps à utiliser davantage de lipides pour la même vitesse.
Néanmoins, ce type d’entraînement n’est pas conseiller et ne devrait pas être
entreprit trop souvent car il peut nuire à notre santé. La trop faible concentration en
glycogène dans le sang va provoquer une très forte sensation de fatigue nous
prévenant d’une possible hypoglycémie et de pertes de conscience. Les organes
vitaux (comme le cerveau) doivent toujours pouvoir bénéficier de l’énergie qui est
contenu dans le sang (sous forme de glycogène hépatique). De plus, si
l’alimentation est pauvre en glucides et que le volume d’entraînement est
important, l’organisme aura beaucoup de peine à récupérer et on s’exposera à de la
fatigue, des maladies, etc.
L’entraînement à basse intensité est d’une très grande importance dans les
programmes d’entraînement pour toutes les distances ; il constitue la base sur
laquelle on va construire notre entraînement. Pour l’Ironman comme pour
l’Olympique, cette intensité n’est pas à négliger et doit avoir une place dans les
entraînements planifiés.
Comme on l’a déjà montré, la filière aérobie des lipides est la plus importante
pour l’Ironman. Ces séances à basse intensité vont constituer la majeure partie de
l’entraînement. Comme elles ont pour but d’améliorer l’emploi des lipides, elles
devront être longues afin d’atteindre une certaine fatigue. Cette fatigue, due à la
basse concentration de glycogène musculaire, va engendrer une plus grande
dépendance aux lipides. L’entraînement type d’un triathlète de pointe peut être de
quatre heures de vélo suivi d’une heure de course à pied 35. On rappelle tout de
même que l’athlète de pointe pourra s’entraîner à une bien plus haute fréquence
35
220 Triathlon, Novembre 2009, Dismount the Plateau, p.97
19
cardiaque (par exemple: 85%36 pour Spencer Smith37, deux fois champion du monde
ITU, 5ème à Hawaï en 1998) que le quidam (entre 60 et 75%). Il est aussi possible de
varier les intensités pendant ces longues sorties. On peut par exemple faire, vers le
début, une heure d’intervalle, qui n’est effectivement pas dans la zone 1 mais
prépare le corps à la suite. Cela permettra de travailler une autre facette de
l’endurance pendant la même sortie38 et simulera précocement une fatigue telle
qu’on peut rencontrer en compétition.
Le seuil anaérobie peut être visualisé sur la courbe de lactate (figure 8) ; c’est
au trait noir, où la courbe commence à monter plus fort. Deux athlètes de VO 2 max
comparable peuvent avoir des courbes différentes indiquant un seuil anaérobie
différent. Un athlète d’élite aura un seuil d’anaérobie entre 85 et 90 % de sa VO 2
36
à cette vitesse-là, le métabolisme lipidique ne sera pas le principale, mais il sera tout de même mis à
contribution et entraîné
37
220 Triathlon, Novembre 2009, Dismount the Plateau, p.96 et 97
38
Le métabolisme lipidiques ne sera pas entraîné à ce moment-là mais rien n’empêche de mélanger
plusieurs intensités pendant une séance surtout si celle-ci est longue.
39
220 Triathlon, Novembre 2009, Dismount the Plateau, p.96 et 97
40
Stéphane Cascua, Triathlon : s'initier et progresser p. 52
20
max tandis qu’un sédentaire entre 60 et 70 % 41. Même si leur VO2 max est
équivalente, ils auront des performances bien différentes aux épreuves
d’endurance. En effet, la vitesse que l’athlète au haut seuil anaérobie pourra
atteindre sans s’essouffler et brûler trop rapidement le glycogène sera beaucoup
plus importante.
Durée Distance
de l’effort
41
SUVA Care Sion, Données complémentaires à votre test de performance en endurance, 2010
42
inspiré librement de Neumann, Pfützner, Hottenrott, Das grosse Buch vom TRIATHLON, p. 253
43
Neumann, Pfützner, Hottenrott, Das grosse Buch vom TRIATHLON, p.42
Cela n’est valable que pour les triathlètes d’élite, qui courent les compétitions à des intensités bien
supérieures aux amateurs. Cette différence provient de la différence de durée que mettent ces deux
types de triathlètes à compléter leur triathlon.
21
mitochondries, de la concentration des enzymes mitochondriaux et de la densité
capillaire»44. On va aussi augmenter notre capacité à supporter l’acide lactique et
développer notre capacité anaérobie. De plus l’entraînement à des vitesses égales
voir supérieures à la vitesse de course va permettre d’améliorer la technique
spécifique et l’économie du geste. En effet, plus la vitesse est élevée, plus la
technique est déterminante.
L’entraînement dans cette zone d’intensité est très importante, même en vue
d’une préparation à l’Ironman, car c’est là que l’augmentation de la VO2 max sont le
plus importante. La meilleure VO2 max de l’athlète va aussi influencer le seuil
anaérobie car l’acide lactique va moins vite s’accumuler.
Pour la course à pied, les intervalles devraient être entre 200 et 800m 45 avec
une à deux minutes de récupération active entre chaque intervalle. Il faut garder à
l’esprit que les périodes de récupération ne doivent être ni trop courtes (pour arriver
à supporter plusieurs séries) ni trop longues (pour mettre une pression suffisante
sur le processus aérobie.) L’entraînement commencera par un échauffement assez
important (au moins dix minutes) et finira par un retour au calme. La distance
parcourue en séries rapides devrait osciller entre quatre et cinq kilomètres.46 On
peut justifier cela du fait qu’une distance supérieure diminuera la vitesse et donc la
qualité de l’entraînement tandis qu’une séance trop courte ne mettra pas
l’organisme assez longtemps à contribution et n’aura pas les effets escomptés. Afin
de varier les efforts que l’on fait subir à notre corps et aussi de rompre la
monotonie, les distances des séries peuvent être diversifiées. La table 9 montre
différentes séances possibles utilisées par des athlètes et entraîneurs connus.
44
D.L.Costill, La course à pied, p.75
45
Sutton, Martin, Chopin, Regards d’experts sur le triathlon, p.216-219
46
Sutton, Mouthon, Smyers, Leder, Chopin Regards d’experts sur le triathlon, p.216-220
22
Propositi 3 x (400m ; 30s 2x 10 x 6 x 400m (2-3min
on récup; 800m ; 200m ; 2 (200m récup entre les séries)
60s récup ; x 400m ; rapide ;
400m ; 3min 2x 200m
récup) 800m ; 2 lent)
x 400m ;
2x
200m ;
On peut aussi relever les séances de type pyramide où les distances seront
progressivement augmentées puis diminuées. Comme par exemple : 200m-400m-
600m-800m-1000m-800m-600m-400m-200m entrecoupé de 1 à 2 minutes de
récupération et avec les séries plus longues courues légèrement plus lentement que
les courtes.
47
Martin, Mouthon, Leder, Chopin Regards d’experts sur le triathlon, p.216-220 et D.L.Costill, La course
à pied, p.150
48
Grégoire Millet, Regards d’experts sur le triathlon, p.205
49
Philippe Martin, I.et B. Mouthon, Karen Smyers, Regards d’experts sur le triathlon, p.205-209
23
4. Zone 4 : Sprint
Cette intensité d’entraînement correspond à une vitesse de sprint, qui se
rapproche de la vitesse maximale qu’on peut atteindre. À cette vitesse, l’acide
lactique s’accumule très rapidement à cause d’une très importante participation du
métabolisme anaérobie. Des répétitions de cette forte mise à contribution vont
provoquer à long terme une amélioration du processus anaérobie (augmentation
des enzymes glycolytique50) et, surtout, une plus grande résistance du corps à
l’acide lactique.
Les séances se déroulent selon les mêmes principes que les intervalles de
l’intensité précédente. La différence est que les périodes d’effort seront plus
intenses afin d’utiliser une plus grande proportion du métabolisme anaérobie et
d’avoir une plus grande accumulation d’acide lactique. Selon D.L Costill55, pour
augmenter la capacité anaérobie, les séries devraient légèrement plus courtes
(strictement inférieures à 300 mètres pour la course à pied) de même que les
pauses. Mais il se met dans la perspective de l’entraînement du sprinteur qui doit
éviter de développer ses fibres musculaires aérobies qui lui sont préjudiciables. Ce
n’est évidemment pas le cas des triathlètes. On emmétra donc l’hypothèse que les
intervalles jusqu’à 400 mètres voir supérieurs puissent être plus adaptés à la
préparation du triathlète. En effet, la principale amélioration que le triathlète vise
est une plus grande et longue résistance à l’acide lactique56 et non pas
l’augmentation de la quantité d’enzymes glycolytique. On conseillera donc des
intervalles des mêmes ordres de distance que ceux de l’intensité précédente mais
réalisés avec une plus grande accumulation d’acide lactique.
50
D.L.Costill, La course à pied, p.115
51
cf p.13 table 7
52
Grégoire Millet, Regards d’experts sur le triathlon, p.41
53
cf p.12-13
54
I.et B. Mouthon, Regards d’experts sur le triathlon, p.205
55
D.L.Costill, La course à pied, p.115
56
Karen Smyers, Regards d’experts sur le triathlon, p.207
24
(Figure 8) afin de faire correspondre précisément un taux de lactatémie à une
vitesse.
Aisance respiratoire
Zone 1 <2 70- 60-
85% 75
%
Respiration plus
Zone 2 2-6 85- 75- soutenue
95% 90
%
Respiration très
Zone 3 6-8 95- >9 soutenue
105 0%
%
Respiration maximale,
Zone 4 >7 95- >9 effort maximum
120 0%
%
Table 10 Tableau récapitulatif57
G. Programmation
En plus de connaître les différentes allures d’entraînement, il est important de
s’intéresser à la programmation. La programmation doit répondre aux questions
suivantes : quand faire quoi et à quel volume ? Dans cette partie on va s’intéresser
à la programmation de l’entraînement de l’échelle annuelle à l’échelle journalière.
25
programmation rendue possible grâce à des connaissances plus profondes en
matière d’entraînement.
58
Grégoire Millet, Regards d’experts sur le triathlon, p.40
59
Simon Lessing, Lothar Leder, Isabelle Mouthon Regards d’experts sur le triathlon, p.44-57
60
Brett Sutton, Regards d’experts sur le triathlon, p.38
61
220 Triathlon, Novembre 2009, Dismount the Plateau, p.97
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ne pas perdre trop de sa VO2 max. Quelques séances moins fréquentes que
pendant la haute saison suffisent à conserver la VO2 max suffisamment.
À la fin de la saison, après avoir passé tous les objectifs, il est déconseillé
d’arrêter totalement l’entraînement pendant plusieurs semaines64. Comme les
capacités aérobies du muscle se perdent vite, il est impensable de devoir repartir
d’un bien moins bon niveau.
On peut voir que ces mésocycles font bien moins l’unanimité que les autres
cycles. On ne peut pas trop se prononcer sur la nécessité de diviser sa préparation
en cycles de quatre semaines : trop d’éléments qui dépendent de l’athlète où qui
n’ont pas encore été approfondis entrent en jeu.
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D Lehénaff, Le triathlon, p.60-62
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Conclusion
Au terme de ce travail, on constate que la connaissance de la théorie des
filières énergétiques peut beaucoup nous aider en vue de la mise sur pied d’une
méthodologie et d’un programme d’entraînement. De plus les habitudes et principes
des entraîneurs et athlètes auxquels on a été confrontés, bien qu’aussi ancrés dans
le savoir-faire et la pratique, peuvent être expliqués et éclairés par la théorie des
filières énergétiques. La pratique ne s’est jamais montrée aberrante par rapport à la
théorie. Cette dernière garde donc tout son intérêt.
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Bilan personnel
Pour moi ce travail a été surtout bénéfique du point de vue méthodologique et
rédactionnel. En effet, nos connaissances sont pour l’instant peu spécialisées et il
est difficile de pouvoir réfléchir sur un sujet qu’on a abordé principalement par des
livres ou des études faires par d’autres personnes. Ce qui m’a été bénéfique est
donc la méthodologie d’amener des sources, de les confronter entre elles et
d’analyser à partir de celles-ci. Ce travail m’a été aussi bénéfique d’un point de vue
expression écrite car il a fallut apprendre à amener tous les éléments et les disposer
de la meilleure manière afin que le lecteur, qui a normalement moins approfondi
que nous le sujet, puisse suivre mes explications.
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Bibliographie
LEHENAFF, Didier. Regards d’experts sur le triathlon, Paris : Chiron, 2001, 223
p
NEUMANN, Georg, PFÜTZNER, Arndt, HOTTENROTT, Kuno. Das große Buch vom
Triathlon, Aachen : Meyer und Meyer Sport, 2004, 647 p.
SHORTER, Frank. Courir, Jogging et Course à Pied, Vevey : Ed. Mondo, 2005, 160
p.
WITTS, James. Dismount The Plateau, 220 Triathlon, 2009, n°240, p.96 et 97
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