Orga - 23 SN1 ET SN2
Orga - 23 SN1 ET SN2
Orga - 23 SN1 ET SN2
SN 2 OU SN 1 ?
1) Formation d’ester par substitution nucléophile
Structure du (S)-2-bromobutane :
2
C2H5
1
Br
4 H
H3C
3
Cet halogénoalcane est secondaire : il peut donc a priori donner lieu aux mécanismes SN 1 et SN 2 selon
les conditions (on n’envisage ici que les substitutions ainsi que le précise l’énoncé).
a) L’acide méthanoïque est un très mauvais nucléophile, parce qu’il est neutre et qu’un atome
d’oxygène est peu polarisable. Les acides carboxyliques sont en outre fortement liés par des liaisons
hydrogène (rappel de la bande O − H extrêmement large en IR). De plus, c’est également le solvant, et
il est polaire et protique : il favorise donc la formation du carbocation en solvatant les ions,
notamment l’anion par liaisons hydrogène. Le mécanisme le plus rapide est donc SN 1 :
C2H5 + C2H5
acide
Br H + Br
H mÈthanoÔque
H3C méthanoïque CH3
carbocation plan
OH
+ CH3
C H H S
O C2H5
attaque C2H5 O
+ ou
sur l'une H H C O
CH3 C2H5 +C H
ou l'autre O H H R
face CH3
50% 50% OH
Le mécanisme SN 1 n’est pas stéréospécifique : il conduit à une racémisation, c’est-à-dire qu’on obtient
deux produits énantiomères en proportion 1:1. Ceci est dû au fait que l’intermédiaire réactionnel est
un carbocation plan. On aurait obtenu le même mélange racémique si on était parti du (R)-2-
bromobutane.
Le solvant est ici aussi le réactif : la réaction s’appelle une solvolyse.
Le mécanisme précédent est, en outre, complété par une étape de déprotonation :
+ O H +
O + H
H C
H C
O CH(CH3)(C2H5)
O CH(CH3)(C2H5)
ester final
ester final
racÈmique
racémique
b) L’ion méthanoate, base conjuguée de l’acide méthanoïque, est un assez bon nucléophile. De
plus, le solvant est le DMSO (diméthylsulfoxyde), c’est-à-dire un solvant polaire et aprotique, très
favorable au mécanisme SN 2 car il ne forme pas de liaison hydrogène avec le nucléophile.
O C2H5 O 2 +
H Br H C2H5 Br
H S
O H3C O
_ 1R H4
CH
3 3
En raison de l’inversion de Walden, on a inversion de configuration relative du carbone asymétrique.
On obtient exclusivement l’ester R. Si on était parti du (R)-2-bromobutane, on aurait obtenu
exclusivement l’ester S : le mécanisme SN 2 est stéréospécifique.
+ +
+ Cl
Cl
1-chlorobut-2-ène
1-chlorobut-2-Ëne
Cl
+ + Cl
2-chlorobut-1-Ëne
2-chlorobut-1-ène
Le carbocation issu du 1-chlorobut-2-ène est stabilisé par mésomérie (situation lacune/sigma/pi), ce
qui montre que la charge positive est délocalisée sur deux atomes, donc moins réactive.
On ne peut pas écrire de formule mésomère raisonnable sur le carbocation issu du 2-chlorobut-1-ène
qui est donc bien moins stable que le premier.
C’est donc le 1-chlorobut-2-ène qui réagit le plus vite selon un mécanisme SN 1 ou E1.
b)
+
Cl + Cl
+ +
Cl
8 autres
8 autres
Cl + formules
formules
mÈsomËres
mésomères
Les deux carbocations sont tertiaires, mais le second est fortement stabilisé par mésomérie, car il
existe dix formules mésomères ! La charge + est délocalisée sur 10 atomes de carbone, ce qui confère
une stabilité exceptionnelle à ce carbocation.
Rappel : Repérez immédiatement les possibilités de carbocations au pied des groupes phényle. Ils sont
fortement stabilisés par mésomérie car la charge + est délocalisée sur trois atomes du cycle.
c) Un atome possédant des doublets libres et situé à une liaison d’un carbocation peut également
stabiliser celui-ci par mésomérie, comme on le voit dans le deuxième cas ci-après (situation
nl/sigma/lacune). La deuxième formule mésomère que l’on peut écrire fait certes apparaître la charge
+ sur l’atome le plus électronégatif, mais elle permet de respecter la règle de l’octet sur tous les
atomes. Elle est donc également très représentative de l’ion.
O +
O O + Cl
+
Cl
Notez que le premier carbocation est particulièrement instable : il est inconcevable de le voir se
former à une vitesse raisonnable. En effet, non seulement il est primaire, mais de plus il est déstabilisé
par l’effet inductif attracteur de l’oxygène à proximité. En effet, l’oxygène électronégatif tend à attirer
à lui de la densité électronique, ce qui renforce encore la charge + au niveau du carbone.
(s’il se formait, il se réarrangerait sans doute par migration d’un hydrogène…)
3) Profils énergétiques
b) Halogénoalcane secondaire avec très bon nucléophile (ion Br 0 ) très faiblement basique :
mécanisme SN 2 sans ambiguïté. Il y a donc une seule étape. Les profils 1 et 2 conviennent a priori.
c) On sait que pour substituer le groupe OH d’un alcool, il doit être préalablement protonné : la
première étape est donc la protonnation de l’alcool, difficile (il faut une concentration importante
d’acide). Puis le mécanisme SN 1 peut avoir lieu, en deux étapes : c’est le profil n°4.
J : CH4 4 COH1. + Br 0
L : CH4 4 C . + H1 O + Br 0
N : CH4 4 CBr + H1 O
I, K et M sont des complexes activés.
4) Effets de solvant
a) Il est impossible de former le carbocation sans classe CH4. , bien trop instable. De plus, l’ion
iodure est un bon nucléophile. Le mécanisme est donc SN 2 sans ambiguïté :
_ _
+ H3C Br I CH3 + Br
I
Loi de vitesse : Si on suppose la réaction non renversable (ce qui n’est probablement pas très pertinent
H
H
solvant peu polaire/dissociant
solvant plus polaire/dissociant : solvate mieux le
nucléophile que le complexe activé
_
_
I Br
coordonnée de réaction
H3C Br I CH3
Solvant aprotique : l’acétone : l’acétone a une constante diélectrique voisine de celle de l’éthanol.
Pourtant, la nucléophilie de l’ion I 0 y est 200 fois meilleure ! Ceci est dû au fait que l’acétone est un
solvant aprotique. Elle solvate donc beaucoup moins l’ion I 0 que l’éthanol. On dit que l’acétone exalte
la nucléophilie de l’ion iodure.
b) Le substrat est CH4 Nf . , où le nucléofuge Nf est le thioéther CH4 1 S. Comme pour la question
précédente, le carbocation CH4. est inconcevable, et l’on fait agir de plus un bon nucléophile HO0 : le
mécanisme est donc SN 2 sans ambiguïté.
_ CH3 CH3
+
H O
+ HC S
3
HO CH3 + S
CH3 CH3
0
Loi de vitesse : La réaction est non renversable car HO n’est pas un nucléofuge. Le mécanisme étant
constitué d’une seule étape élémentaire, alors l’ordre est égal à la molécularité : 𝑣 =
𝑘 HO0 CH4 4 S .
Effets de solvant :
On voit que lorsque la proportion d’eau augmente par rapport à l’éthanol, la nucléophilie de HO0
chute. On retrouve le résultat de la question a), mais l’effet semble beaucoup plus important dans ce
cas-là.
En effet, les réactifs sont tous les deux chargés : l’eau ayant une constante diélectrique bien plus
élevée que l’éthanol, elle solvate très bien les ions, les stabilise et les sépare fortement.
H
+
CH3 O H O
H3C + + H H
CH3
CH3 H3C
CH3
H
+ déprotonnation
H O dÈprotonnation H O +
+ H
CH3 CH3
H3C H3C
CH3 CH3
Si on considère pour simplifier les réactions non renversables, alors il s’agit de trois réactions
successives dont la première, la formation du carbocation, est l’étape cinétiquement déterminante. Elle
impose donc sa vitesse à l’ensemble de la réaction et on trouve 𝑣 = 𝑘A CH4 4 Cl .
Effets de solvant :
On raisonne uniquement sur l’ecd. Seule 𝑘A intervient dans la loi de vitesse.
Le carbocation et le complexe activé qui lui est proche en énergie et structure sont fortement
stabilisés par les solvants polaires et dissociants, alors que la molécule neutre de départ est peu
affectée. D’où l’accélération de la réaction avec l’augmentation de la teneur en eau. L’eau, avec sa
constante diélectrique particulièrement élevée et les multiples liaisons hydrogène qu’elle peut donner
avec les anions est un solvant optimal pour provoquer l’ionisation des halogénoalcanes (mais elle doit
être mélangée à un solvant organique comme l’éthanol ou l’acétone pour que les halogénoalcanes y
soient solubles !).
d) On constate que la substitution se fait sur un atome de carbone tertiaire. Le mécanisme SN 2 est
donc exclu. On écrit le mécanisme SN 1 :
H3C C2H5 C2H5
ecd + CH3
S H3C + S
H3C + k1
H3C C2H5 CH3 C2H5
_ Br
CH3 Br
H3C + +
CH3
CH3 H3C
CH3
Si on considère pour simplifier les réactions non renversables, alors il s’agit de deux réactions
successives dont la première, la formation du carbocation, est l’étape cinétiquement déterminante. Elle
impose donc sa vitesse à l’ensemble de la réaction et on trouve 𝑣 = 𝑘A C1 HB 1 S . C CH4 4 .
Effets de solvant :
On constate qu’au contraire de ce qu’on observe habituellement pour un mécanisme SN 1, la réaction
ralentit lorsque le caractère dissociant du solvant augmente.