5.3 Espaces Vectoriels Norm Es de Dimensions Finies: 5.3.1 Equivalence Des Normes
5.3 Espaces Vectoriels Norm Es de Dimensions Finies: 5.3.1 Equivalence Des Normes
5.3 Espaces Vectoriels Norm Es de Dimensions Finies: 5.3.1 Equivalence Des Normes
Exemple 5.2.1 La formule v ◦ u ≤ v u montre que l’application bilinéaire de composition est continue sur les
espaces d’applications linéaires continues adéquats.
Démonstration Posons x = max |xi | et montrons que toute autre norme N est équivalente à cette norme. Soit
(e1 , . . . en ) la base canonique de R et x ∈ R . On a N (x) = N (
n n
xi ei ) ≤ |xi |N (ei ) ≤ max |xi | N (ei ) = βx.
i
On en déduit que |N (x) − N (y)| ≤ N (x − y) ≤ βx − y ce qui démontre que l’application N : (Rn , .) → R est
continue. Soit S = {x ∈ Rn | x = 1} ; S est une partie compacte de (Rn , .) (fermée bornée), donc l’application
N y atteint sa borne inférieure. Soit α = inf N (x) = N (x0 ). On a x0 = 0 (car x0 ∈ S) donc α > 0. Alors, si x ∈ Rn ,
x∈S
x x
x = 0, on a ∈ S soit N ( ) ≥ α soit encore N (x) ≥ αx. On a donc trouvé α et β strictement positifs tels que
x x
∀x ∈ R , αx ≤ N (x) ≤ βx, ce qu’il fallait démontrer.
n
Théorème 5.3.2 Sur un K-espace vectoriel normé de dimension finie toutes les normes sont équivalentes.
Démonstration Tout C-espace vectoriel normé étant aussi un R-espace vectoriel normé, il suffit de le montrer
lorsque le corps de base est R. Soit N1 et N2 deux normes sur E ; soit E = (e1 , . . . , en ) une base de E et
u : Rn → E définie par u(x1 , . . . , xn ) = xi ei (u est un isomorphisme d’espaces vectoriels). Alors N1 ◦ u et
N2 ◦ u sont deux normes sur R (facile), elles sont donc équivalentes, et donc il existe α et β strictement positifs
n
tels que ∀x ∈ Rn , αN1 (u(x)) ≤ N2 (u(x)) ≤ βN1 (u(x)). Mais tout élément de E s’écrivant sous la forme u(x), on a,
∀y ∈ E, αN1 (y) ≤ N2 (y) ≤ βN1 (y), ce qu’il fallait démontrer.
Théorème 5.3.3 Tout espace vectoriel normé de dimension finie est complet ; les parties compactes en sont les fermés
bornés.
Corollaire 5.3.4 Tout sous-espace vectoriel de dimension finie d’un espace vectoriel normé est fermé.
Remarque 5.3.2 Ce résultat s’étend sans difficulté aux applications bilinéaires de E1 × E2 dans F à condition que
E1 et E2 soient de dimensions finies ; de même pour des applications p-linéaires.
Démonstration Rappelons qu’une partie est dense si et seulement si elle rencontre tout ouvert non vide. Soit
donc U un tel ouvert de E, soit x0 ∈ U ∩ U0 (qui est non vide par densité de U0 et ouvert comme intersection de
deux ouverts). Soit r0 > 0 tel que B (x0 , r0 ) ⊂ U ∩ U0 . Supposons xn et rn construits et voyons comment nous allons
construire xn+1 et rn+1 . Comme Un+1 est dense et B(xn , rn ) est un ouvert, Un+1 ∩ B(xn , rn ) est ouvert et non vide ; soit
rn
donc xn+1 ∈ Un+1 ∩ B(xn , rn ) et rn+1 < tel que B (xn+1 , rn+1 ) ⊂ Un+1 ∩ B(xn , rn ) . On construit ainsi une suite de
2
r0
boules fermées B (xn , rn ) telles que B (xn+1 , rn+1 ) ⊂ B (xn , rn ) avec rn < n . Le théorème des fermés emboı̂tés nous
2
garantit que B (xn , rn ) = ∅ (car δ(B (xn , rn )) < 2rn tend vers 0). Mais on a B (x0 , r0 ) ⊂ U ∩ U0 et pour n ≥ 1,
n∈N
B (xn , rn ) ⊂ Un . On en déduit que U ∩ Un = ∅, ce qui achève la démonstration.
n∈N
Théorème
5.4.2 (Baire). Soit E un espace métrique complet et (Fn )n∈N une suite de fermés d’intérieurs vides de E.
Alors Fn est encore d’intérieur vide dans E.
n∈N
Exemple 5.4.1 On montre facilement qu’un sous-espace vectoriel de E distinct de E est d’intérieur vide (exercice).
On en déduit que, si E, espace vectoriel normé de dimension infinie, est complet, E (qui n’est pas d’intérieur vide)
ne peut pas être réunion dénombrable de sous-espaces vectoriels de dimension finie (dont on sait qu’ils sont fermés).
En particulier E ne peut pas admettre de base dénombrable. C’est ainsi que R[X] (qui admet une base dénombrable)
n’est complet pour aucune norme.
Théorème 5.4.3 (Banach-Steinhaus). Soit E un espace vectoriel normé complet et F un espace vectoriel normé. Soit
H un ensemble d’applications linéaires continues telles que
∀x ∈ E, ∃Kx ≥ 0, ∀u ∈ H, u(x) ≤ Kx
Remarque 5.4.1 Sous les mêmes hypothèses, on montre alors facilement qu’une limite simple d’applications linéaires
continues est encore continue (attention à l’hypothèse E complet) ; en effet le théorème de Banach Steinhaus implique
que la suite est équicontinue (le module de continuité en x0 , η(ε, x0 ), ne dépend pas de n) et on montre simplement
qu’une limite simple d’une suite équicontinue est continue.
Théorème 5.4.4 (théorème de Banach). Soit E et F deux espaces vectoriels normés complets, et u : E → F linéaire,
continue, bijective. Alors u−1 est encore continue.
Démonstration On va montrer que u(B (0, 1)) ⊂ F contient une boule de centre 0 dans F , B (0, r1 ). On aura alors
r1
B (0, r1 ) ⊂ u(B (0, 1)), soit u−1 (B (0, r1 )) ⊂ B (0, 1) et donc si y ∈ F avec y ≤ 1, on aura u−1 ( y) ∈ B (0, 1) soit
2
−1 2 −1
encore u (y) ≤ ce qui montrera que u est continue.
r1
Soit r > 0. On a E = nB (0, r), on en déduit que F = u(E) = nu(B (0, r)) et a fortiori F = nu(B (0, r)).
n∈N n∈N n∈N
L’espace vectoriel normé complet F qui est son propre intérieur est réunion d’une famille dénombrable de fermés ; donc
l’un d’entre eux (Baire) est d’intérieur non vide. Mais si nu(B (0, r)) est d’intérieur non vide, il en est de même de
u(B (0, r)). Soit donc y0 ∈ F et ρ > 0 tel que B (y0 , ρ) ⊂ u(B (0, r)). On a aussi (puisque l’application x → −x laisse
invariante B (0, r)), B (−y0 , ρ) ⊂ u(B (0, r)), et alors, si y ∈ B (0, ρ),
2y = (y − y0 ) + (y + y0 ) ∈ B (−y0 , ρ) + B(y0 , ρ0 )
or
B (−y0 , ρ) + B(y0 , ρ0 ) ⊂ u(B (0, r)) + u(B (0, r)) ⊂ u(B (0, 2r))
(facile) et donc y ∈ u(B (0, r)). On a donc trouvé, pour tout r > 0 un ρ > 0 tel que B (0, ρ) ⊂ u(B (0, r)). Les
translations étant des homéomorphismes, on a évidemment pour tout x ∈ E, B (u(x), ρ) ⊂ u(B (x, r)).
Montrons alors que sous ces hypothèses B (0, ρ) ⊂ u(B (0, 2r)). Soit en effet y ∈ B (0, ρ). Soit ρn le réel associé à
r
par la propriété ci dessus. Quitte à remplacer les ρn par des réels plus petits, on peut supposer que ρn tend vers 0.
2n
r
On va construire un élément xn de E par récurrence de manière à vérifier xn+1 − xn ≤ n et y − u(xn ) ≤ ρn . On
2
r
pose x0 = 0 ; supposons xn construit. On a donc y ∈ B (u(xn ), ρn ) ⊂ u(B (xn , n )) et donc on peut trouver un point
2
r
xn+1 ∈ B (xn , n ) tel que y −u(xn+1 ) ≤ ρn+1 , soit y ∈ B (u(xn+1 ), ρn+1 ), ce qui achève la construction par récurrence.
2
r r r r r
On a donc pour tout n, xn+1 − xn ≤ n et y − u(xn ) ≤ ρn . On a xn+p − xn ≤ n + n+1 + . . . + n+p−1 ≤ n−1 ,
2 2 2 2 2
ce qui montre que la suite (xn ) est une suite de Cauchy. Comme E est complet, elle converge. Soit x sa limite. On a
x − x0 ≤ 2r d’après l’inégalité ci dessus pour n = 0 et p tendant vers +∞. D’autre part l’inégalité y − u(xn ) ≤ ρn
et la continuité de u nous montrent que y = u(x), donc y appartient à u(B (0, 2r)).
ρ
On a alors aussi B (0, ) ⊂ u(B (0, 1)), ce qui montre comme on l’a remarqué, que u−1 est continue.
2r
Théorème 5.4.5 (théorème du graphe fermé). Soit E et F deux espaces vectoriels normés complets, et u : E → F
linéaire. Alors u est continue si et seulement si son graphe est fermé dans E × F .
Démonstration Supposons tout d’abord que u est continue et soit (xn , u(xn )) une suite du graphe qui converge
vers (x, y) ∈ E × F . Alors lim xn = x et par continuité de u, lim u(xn ) = u(x) ; mais alors l’unicité de la limite
nécessite y = u(x), donc (x, y) est encore dans le graphe de u, ce qui montre bien que le graphe est fermé (il s’agit
là d’une propriété tout à fait générale des espaces métriques, mais la réciproque est fausse en général). Supposons
maintenant que u est linéaire de graphe Γ fermé. Alors Γ est un sous-espace vectoriel fermé de E × F , donc il est
complet. L’application Γ → E, (x, u(x)) → x est linéaire continue et bijective. D’après le théorème de Banach, sa
réciproque x → (x, u(x)) est continue et donc x → u(x) aussi.
Remarque 5.4.2 Il s’agit d’une technique importante ; il est en effet considérablement plus facile de montrer qu’un
graphe est fermé plutôt qu’une continuité ; si (xn ) est une suite de limite x, il s’agit de montrer non plus que la suite
u(xn ) converge vers u(x) mais plutôt que la suite u(xn ) ne peut pas avoir d’autre limite que u(x) ; un exemple typique
d’application linéaire de graphe fermé est la dérivation pour la topologie de la convergence uniforme : le théorème de
dérivation des suites uniformément convergentes ne fait que traduire la fermeture du graphe (si la suite des dérivées
converge uniformément, alors c’est vers la dérivée de la limite) ; attention cependant que la dérivation n’est pas
continue pour la topologie de la convergence uniforme (le théorème du graphe fermé ne s’applique pas car l’espace
des applications C 1 n’est pas complet).
Proposition 5.5.1 Soit E un espace vectoriel normé réel et K un convexe borné qui contient 0 dans son intérieur.
Alors l’application jK vérifie
– (i) jK (x) = 0 ⇐⇒ x = 0
– (ii) jK (µx) = µjK (x) si µ ≥ 0
– (iii) jK (x + y) ≤ jK (x) + jK (y)
Si de plus K = −K, alors jK est une norme.
Démonstration ((i)) Puisque K est borné, soit M ≥ 0 tel que ∀y ∈ K, y ≤ M . Si jK (x) = 0, il existe une suite
x
λn tendant vers 0 telle que ∈ K, soit x ≤ M λn . On a donc x = 0. La réciproque est évidente.
λn
x µx
((ii)) est évident puisque ∈ K ⇐⇒ ∈K
λ µλ
x y 1 x y
((iii)) Supposons que et appartiennent à K. Comme K est convexe, λ et µ positifs, on a aussi (λ +µ ) ∈
λ µ λ+µ λ µ
x+y
K soit encore ∈ K. On a donc
λ+µ
x y x+y
{λ > 0 | ∈ K} + {µ > 0 | ∈ K} ⊂ {ν > 0 | ∈ K}
λ µ ν
Remarque 5.5.1 On a évidemment, x ∈ K ⇒ jK (x) ≤ 1 et jK (x) < 1 ⇒ x ∈ K, autrement dit BjK (0, 1) ⊂ K ⊂
Bj K (0, 1) ; si on suppose de plus que K est fermé, on a facilement K = Bj K (0, 1) ; autrement dit un convexe, fermé,
borné et équilibré (K = −K) est une boule fermée pour une certaine norme ; la réciproque étant évidente.
y = pK (x) ⇐⇒ ∀z ∈ K, (x − y | z − y) ≤ 0
Démonstration Nous allons donner une démonstration de ce résultat qui ne fera pas appel à la dimension finie de
1
E, mais uniquement au fait qu’il est complet. Soit (yn ) une suite de K qui vérifie x − yn 2 ≤ d(x, K)2 + . L’égalité
n
de la médiane nous donne alors
yp − yq 2
= (yp − x) − (yq − x)2
= 2yp − x2 + 2yq − x2 − (yp − x) + (yq − x)2
yp + yq
= 2yp − x2 + 2yq − x2 − 4 − x)2
2
1 1 yp + yq
avec x − yp 2 ≤ d(x, K)2 + et x − yq 2 ≤ d(x, K)2 + . Mais comme K est convexe, ∈ K et donc
p q 2
yp + y q 1 1
− x)2 ≥ d(x, K)2 . On a donc yp − yq 2 ≤ 2( + ). La suite (yn ) est une suite de Cauchy dans E, donc elle
2 p q
converge. Soit y sa limite dans E. Comme K est fermé, on a y ∈ K et on a évidemment en passant à la limite à partir
1
de d(x, K)2 ≤ x − yn 2 ≤ d(x, K)2 + , l’égalité d(x, K) = d(x, y).
n
Soit y ainsi trouvé et soit z ∈ K. Pour tout t ∈ [0, 1], (1 − t)y + tz ∈ K et donc x − (1 − t)y − tz2 ≥ x − y2 .
En développant, on obtient t2 y − z2 − 2t(x − y | z − y) ≥ 0. Pour t ∈]0, 1] on a donc ty − z2 − 2(x − y | z − y) ≥ 0
et en faisant tendre t vers 0, on obtient (x − y | z − y) ≤ 0.
Inversement supposons que ∀z ∈ K, (x − y | z − y) ≤ 0. Alors
avec égalité si et seulement si z = y. Ceci montre à la fois que d(x, y) = d(x, K) et que y est unique.
x
y
Remarque 5.5.2 La condition (x − y | z − y) ≤ 0 angle
−
→ yz)
correspond géométriquement à : l’angle (yx, −
→ est obtus
obtus. z
Théorème 5.5.3 Soit E un espace vectoriel normé de dimension finie, K un convexe fermé non vide et x ∈ / K. Alors
il existe un hyperplan affine qui sépare strictement x et K, c’est-à-dire que x et K sont dans les deux demi-espaces
ouverts définis par l’hyperplan.
Remarque 5.5.4 Une autre façon de formuler le théorème est de dire que si K est un convexe fermé et x ∈
/ K, il
existe une forme linéaire f sur E telle que f (x) < inf f (y).
y∈K
Corollaire 5.5.4 Soit E un espace vectoriel normé de dimension finie, K1 un convexe compact non vide et K2 un
convexe fermé non vide tels que K1 ∩ K2 = ∅. Alors
(i) il existe un hyperplan H qui sépare strictement K1 et K2
(ii) il existe une forme linéaire f telle que sup f (x) < inf f (x)
x∈K1 x∈K2
Démonstration La fonction x → d(x, K2 ) est continue sur le compact K1 , donc atteint sa borne inférieure en x0 .
Il suffit alors d’appliquer la méthode précédente à x0 et à K2 .
5.5.4 L’enveloppe convexe : Carathéodory et Krein Millman
Définition 5.5.2 Soit E un R-espace vectoriel et A une partie de E. L’ensemble des convexes contenant A admet un
plus petit élément appelé l’enveloppe convexe de A : c’est encore l’ensemble des barycentres à coefficients positifs de
points de A.
Démonstration L’intersection de tous les convexes contenant A est encore un convexe contenant A et c’est le plus
petit. L’ensemble des barycentres à coefficients positifs de points de A est un convexe (les barycentres à coefficients
positifs de barycentres à coefficients positifs sont encore des barycentres à coefficients positifs) contenant A donc il
contient l’enveloppe convexe ; mais comme celle-ci est stable par barycentrage à coefficients positifs, elle doit contenir
tout barycentre à coefficients positifs de points de A, d’où l’égalité.
Théorème 5.5.5 (Carathéodory). Soit n = dim E. Alors l’enveloppe convexe de A est encore l’ensemble des barycen-
tres à coefficients positifs de n + 1 points de A.
Démonstration Il suffit évidemment de démontrer que si x est barycentre à coefficients positifs de p ≥ n + 2 points
p
de A, c’est encore un barycentre à coefficients positifs de p − 1 points de A. Soit donc x = λi xi avec λi ≥ 0 et
i=1
λi = 1. La famille (xi − xp )1≤i≤p−1 de E est une famille de p − 1 ≥ n + 1 éléments dans E de dimension n, donc
p−1
elle est liée. On peut trouver α1 , . . . , αp−1 non tous nuls tels que αi (xi − xp ) = 0. Posons αp = −(α1 + . . . + αp−1 ).
i=1
p
p
p
p
On a donc αi xi = 0 avec αi = 0. Soit t ∈ R . On a alors x =
+
(λi − tαi )xi avec (λi − tαi ) = 1. Il
i=1 i=1 i=1 i=1
suffit alors de choisir t de telle sorte que ∀i, λi − tαi ≥ 0 avec pour un certain i0 , λi0 − tαi0 = 0 pour aboutir au
résultat souhaité. Or, si αi ≤ 0, on a évidemment λi − tαi ≥ 0. Il suffit donc de considérer les αi > 0 et de prendre
λi λi
t = min{ | αi > 0} = 0 .
αi αi0
Corollaire 5.5.6 Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie et A une partie compacte de E. Alors l’enveloppe
convexe de A est encore compacte.
C est une partie compacte de Rn+1 (car fermée et bornée dans un espace vectoriel normé de dimension finie) et l’en-
veloppe convexe de A est l’image de l’application continue ϕ : C ×An+1 → E définie par ϕ(λ1 , . . . , λn+1 , x1 , . . . , xn+1 ) =
n+1
λi xi . Comme C × An+1 est compacte, cette image est compacte.
i=1
Remarque 5.5.5 Soit maintenant K un convexe. On peut essayer de trouver une partie minimale de K qui engendre
K, c’est-à-dire dont K soit l’enveloppe convexe. Une telle partie doit évidemment contenir les points de K qui ne
sont pas barycentres d’autres points de K (autrement que de façon triviale). Nous allons voir que pour un convexe
compact, ces points suffisent presque à engendrer K.
∀y, z ∈ K, x ∈ [y, z] ⇒ x = y ou x = z
Lemme 5.5.7 Soit K un convexe compact, f une forme linéaire sur E, µ = sup f (x). Alors K = {x ∈ K | f (x) = µ}
x∈K
est un sous-ensemble compact extrémal de K.
Démonstration En effet, soit y, z ∈ K, x ∈]y, z[∩K ; on a f (x) = µ avec x = ty + (1 − t)z et t ∈]0, 1[. Alors
µ = tf (y) + (1 − t)f (z) avec t > 0, 1 − t > 0, f (y) ≤ µ, f (z) ≤ µ ; ceci n’est possible que si f (y) = µ et f (z) = µ, soit
y ∈ K et z ∈ K .
Théorème 5.5.8 (Krein-Millman). Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie et K un convexe compact de E.
Alors K est l’adhérence de l’enveloppe convexe de ses points extrémaux.
Démonstration Nous montrerons ce résultat par récurrence sur dim E (le cas de la dimension 1 est laissé au
lecteur). Soit P l’ensemble des compacts extrémaux non vides de K. Remarquons que tout intersection d’éléments de
P est soit vide, soit encore dans P. Soit S ∈ P. Montrons tout d’abord que S contient un point extrémal. Si toute
forme linéaire f est constante sur S, alors S est un singleton réduit à un point extrémal. Sinon, soit f une forme
linéaire non constante sur S, µ = sup f (x) et S = {x ∈ S | f (x) = µ}. Alors S est un sous ensemble convexe compact
x∈S
de l’hyperplan H d’équation f (x) = µ. En vectorialisant cet hyperplan, on obtient par récurrence que S admet un
point extrémal x.
Montrons par l’absurde que x est un point extrémal de K. Si x ∈]y, z[ avec y, z ∈ K, on a ]y, z[∩S = ∅, donc y ∈ S
et z ∈ S. Mais comme S est un sous-ensemble extrémal de S et ]y, z[∩S = ∅, on a y, z ∈ S ; ceci contredit le fait que
x soit un point extrémal de S . On a donc montré que toute partie compacte extrémale contenait un point extrémal.
Soit donc K0 l’adhérence de l’enveloppe convexe des points extrémaux de K. On a K0 ⊂ K et puisque tout ensemble
extrémal contient un point extrémal, K0 rencontre tout ensemble extrémal. Supposons que K0 = K et soit x ∈ K \ K0 .
D’après le théorème de Hahn Banach, il existe une forme linéaire f telle que f (x) > sup f (y). Soit µ = sup f (z) et
y∈K0 z∈K
S = {z ∈ K | f (z) = µ}. S est non vide (une fonction continue sur un compact atteint sa borne supérieure), extrémal
d’après le lemme précédent et S ∩ K0 = ∅ (car si y ∈ K0 , f (y) < f (x) ≤ µ). Donc S est un sous-ensemble extrémal
qui ne contient aucun point extrémal. C’est absurde. Donc K = K0 .
Exemple 5.5.1 Un polygone et plus généralement un polyèdre est enveloppe convexe de ses sommets.
Remarque 5.5.6 En dimension finie, on peut affiner le résultat en montrant qu’en fait K est l’enveloppe convexe
de ses points extrémaux, et pas seulement l’adhérence de l’enveloppe convexe. Ceci nécessite une version plus fine de
Hahn-Banach.