4 Sankara PDF

Journal of Animal &Plant Sciences, 2017. Vol.
33, Issue 1: 5274-5288

Publication date 3/07/2017, http://www.m.elewa.org/JAPS; ISSN 2071-7024
Pratique paysanne post récolte du maïs dans la

région des Hauts-Bassins du Burkina Faso.
Fernand Sankara 1*, Abdoul Gafar Sanou 1, Waongo Antoine 2, Marina Somda1, Patrice
Toé 1, Irénée Somda 1.
1 Institut du Développement Rural, Université polytechnique de Bobo-Dioulasso, 01 BP 1091 Bobo 01, Burkina Faso.
2 Laboratoire d’Entomologie Agricole de Kamboinsé, Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA),
01 BP 476 Ouagadougou 01, Burkina Faso
* Correspondance : F. Sankara. E-mail: ferdisank2005@yahoo.fr
Mots clés : conservation, pratique paysanne, stockage, maïs (Zea mays), structures, insectes ravageurs,
Hauts-Bassins, Burkina Faso.
Key words: Conservation, farmers’ practices, storage, maize (Zea mays), structures, pests, Burkina Faso.
1 RÉSUMÉ
Objectif : cette étude a été menée dans le but de caractériser les pratiques paysannes en matière
de conservation post récolte et identifier les insectes ravageurs inféodés aux stocks de maïs
dans les Hauts-Bassins au Burkina Faso.
Méthodologie : une enquête a été réalisée auprès de 250 producteurs en vue d’appréhender leur
perception et leurs pratiques sur la conservation post récolte du maïs puis, une évaluation
d’échantillons prélevés dans les stocks des trois provinces de la région des Hauts-Bassins a été
faite au laboratoire. Les échantillons collectés ont été tamisés à l’aide d’un tamis afin d’isoler les
insectes adultes. Ensuite, une identification des insectes a été effectuée sous une loupe
binoculaire à l’aide de clés d’identification de Delobel et Tran, (1993). Enfin, un suivi de
l’évolution des populations d’insectes dans les stocks de maïs a également été réalisé.
Résultats : les résultats de l’enquête nous ont permis d’identifier trois structures de conservation
dans nos différents sites d’étude. Le magasin est la structure la plus utilisée dans le village de
Koumbia (près de 55 % des producteurs enquêtés). Le grenier (30 %) l’est à Dandé, Kourouma
et N’Dorola. A Gombeledougou, c’est la maison d’habitation (42 %). Quatre méthodes de
conservation ont été identifiées dont l’exposition au soleil qui est plus utilisée à
Gombeledougou (22 %), les produits chimiques à N’dorola (19 %), les plantes répulsives à
Koumbia et à Dandé (35 %) et enfin la matière inerte à Kourouma (28 %). L’analyse au
laboratoire des échantillons collectés a permis d’identifier huit (8) espèces d’insectes répartis
dans l’ordre des Coléoptères et l’ordre des Lépidoptères. Durant le suivi des échantillons,
l’activité de reproduction des insectes s’est accrue se traduisant par une évolution des
populations d’insectes dans les stocks et ce, en fonction du type de stockage.
Conclusion et applications : d’une part, cette étude a permis de connaitre les méthodes et les
structures de conservations du maïs en milieu paysan dans les Hauts Bassins. De l’autre, les
différentes espèces d’insectes inféodées aux stocks de maïs dans ces localités ont été identifiées
et la dynamique de leurs populations est connue. Ces résultats sont exploitables dans le
développement de méthodes adéquates de lutte contre les insectes ravageurs du maïs en
stockage et aussi des méthodes de protection des céréales en stockage.
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Journal of Animal &Plant Sciences, 2017. Vol.33, Issue 1: 5274-5288
ABSTRACT
Objective: this study was carried out in order to contribute to the knowledge of the post-harvest
farmer’s practices and the discovery of insect pests associated with maize’s stocks in the Hauts-
Bassins region of Burkina Faso.
Methodology: the survey was initially carried out in order to apprehend farmers’ perception of
the post-harvest conservation of maize. Then, an evaluation of samples taken from stocks in
this region has been made in the laboratory. The collected samples were sieved with a sieve to
isolate the insects. Then, an identification of the insects was carried out under a binocular
magnifying glass using identification keys from Delobel and Tran, (1993). Finally, a follow-up
of the evolution of insects’ population in the maize’s stocks was carried out.
Results: these results allowed us to identify three conservation structures in our various study
sites. The storage warehouse is the most used structure in the village of Koumbia (55%). The
granary (30%) is in Dandé, Kourouma and N'Dorola. In Gombeledougou, it is the living house
(42%). Four conservation methods were identified, including sun exposure in Gombeledougou
(22%), chemicals in N'dorola (19%), repulsive plants in Koumbia and Dandé (35%), and the
inert material at Kourouma (28%). The laboratory analysis of the collected samples allowed us
to identify eight (8) insect species in two different orders, including Coleopterans and
Lepidopterans. During samples’ monitoring, insect reproduction activity increased. The
insects’ population evolves in the stocks, depending on the type of storage.
Conclusion and applications: on the one hand, this study allowed us to know the methods and
the structures of conservation of maize in the Hauts Bassins’ rural communities. On the other
hand, the different species of insects infesting maize’s stocks in these localities have been
identified and the dynamics of their populations is known. These results can be exploited in the
development of adequate methods for controlling insect pests of maize in storage and methods
of protecting cereals in storage.
2 INTRODUCTION
La perte post récolte des denrées alimentaires est de la production de maïs par rapport à l’ensemble
un problème important et de plus en plus urgent des autres céréales trouve sa raison dans
dans les pays en développement comme le l’extension des superficies emblavées. La quasi-
Burkina Faso. Celle-ci entraine une perte de totalité de la production de maïs est assurée par
revenus d’au moins 15 % pour 470 millions de une seule récolte durant la seule saison des pluies
petits exploitants agricoles ainsi que pour les (DGESS, 2014) tandis que la période de
acteurs en aval de la chaîne de valeur, la plupart consommation est prolongée tout au long de
faisant partie des 1,2 milliards de personnes l’année d’où la nécessité du stockage (Belyagoubi,
vivant dans l’insécurité alimentaire au monde 2005). Le stockage du maïs se fait soit en vrac
(FAOSTAT, 2015). Au Burkina Faso, le maïs dans les greniers sous forme d’épis ou soit dans
occupe la deuxième place parmi les céréales des sacs notamment après décorticage. Pendant le
cultivées, tant au niveau des superficies, de la stockage, il est sujet à des déprédations
production qu’au niveau de la consommation constantes par les insectes et subit des
(DGESS, 2014). Il constitue avec les autres dommages. Ceci entraîne la perte de la quantité et
céréales et tubercules les principales denrées de de la qualité de maïs secs chaque année (Guèye et
base des populations des villes et campagnes. La al., 2012). L’étude des pertes après les récoltes
production du maïs lors de la campagne agricole comprend de nombreux aspects, qui tiennent à
2013/2014 est estimée à 1 585 418 tonnes soit l’augmentation de la quantité de production de la
une hausse de 39,7 % par rapport à la moyenne denrée concernée, des opérations qui se
quinquennale (DGESS, 2014). Cet accroissement succèdent au long du système post-récolte, des
5275
causes qui provoquent ces pertes et autres conservation en épis et près de 27% dans le cas
parasites des denrées, des conditions physiques, d’un stockage en épis suivi d’un égrenage (Guèye
techniques, économiques qui favorisent l’action et al., 2012). Les insectes qui s’attaquent aux
des agents de détérioration et, en conséquence, grains de maïs en stockage imposent souvent
l’aggravation des pertes. Les récoltes conservées l’utilisation d’insecticides de synthèse pour la
dans des conditions climatiques défavorables avec protection des stocks ce qui présente des risques
un fort taux d’humidité autour des différentes vis-à-vis de la santé du consommateur (Zongo et
structures de conservation favorisent le al., 2015). C’est pour faire face à ce problème de
développement des moisissures (Gwinner et al., conservation du maïs que cette étude a été initiée
1996). De l’avis des producteurs, la contrainte au niveau de la région des Hauts-Bassins du
majeure de l’exploitation du maïs est la difficulté Burkina Faso, zone à forte production de ladite
de la conservation post récolte du grain dû à denrée (DGESS, 2014). L’objectif de cette étude
l’action déprédatrice des insectes ravageurs est de caractériser les pratiques paysannes de
(Guèye et al., 2012). En six mois de stockage, les stockage et de conservation du maïs et identifier
pertes causées par les insectes peuvent atteindre les principaux insectes ravageurs des stocks de
18% pour le maïs égrené, 20% pour la maïs.
3 MATÉRIEL ET MÉTHODES
3.1 Présentation des sites d’étude : août. La région enregistre entre 800 et 1100 mm
L’étude a été menée dans les trois (3) provinces de pluie par an avec des températures moyennes
(Kénedougou, Tuy et Houet) de la région des variant de 25°C à 30°C (MED, 2005). L'humidité
Hauts-Bassins du Burkina Faso (Figure 1). Cette relative de l'air est en moyenne de 50 % avec des
région figure parmi les zones les plus arrosées du pics de 80 % en août et des minima de 20 % en
pays. La saison des pluies dure sept mois (mai à janvier-février (MED, 2005).
novembre) avec une abondance des pluies en
Figures 1 : Localisation des sites d’études
5276
Cinq (5) villages ont été retenus pour l’étude : dans la province du Houet (11°20’00" Nord,
N’dorola et Kourouma dans la province du 4°15’00" Ouest). Ces villages ont été choisis parce
Kénédougou (11°25’00" Nord, 5°00’00" Ouest); qu’ils font partie des zones de grandes
Koumbia et Gombélédougou dans la province du productions de maïs.
Tuy (11°25’00" Nord, 3°25’00" Ouest) et Dandé
Tableau 1 : Répartition des producteurs enquêtés par village

Provinces Villages Nombre de Personnes enquêtées
Kénedougou N’dorola 50
Kourouma 50
Houet Dandé 50
Tuy Koumbia 50
Gombélédougou 50
Total 250
3.2 Étude de la perception des sac conçu à partir de tissu moustiquaire et

producteurs sur les contraintes de stockage : étiqueter. Ces prélèvements se faisaient à l’aide
Une enquête a été réalisée auprès des producteurs d’une petite boîte en plexiglass (10cm x 8cm x
de maïs. Ces producteurs sont des chefs 4,5cm) dans les structures de stockage et ce, dans
d’exploitation. Dans chaque village, cinq les parties supérieures, médianes et inférieures du
groupements de producteurs ont été pris de stock en vue d’avoir un niveau d’infestation
façon aléatoire et dans chacun des groupements, proche de la réalité (Waongo et al., 2013; Waongo
dix (10) producteurs ont été choisis et enquêtés, à et al., 2015). Au laboratoire, les échantillons
l’aide d’un questionnaire semi-structuré, soit au collectés sur le site d’enquête ont été tamisés à
total 50 producteurs (Tableau 1). Pour les cinq (5) l’aide d’un tamis à mailles de dimensions 3 mm2,
villages, 250 producteurs ont été enquêtés. Le afin d’isoler les insectes adultes. Les individus
choix des producteurs a été facilité par l’appui des recueillis ont été conservés dans des boîtes de
agents d’agriculture et il a été fait en se basant Pétri en vue d’une identification. Cette
non seulement sur la production, mais aussi sur la identification des spécimens a été effectuée sous
disponibilité des stocks de maïs chez le loupe binoculaire à l’aide de clés d’identification
producteur. de Delobel et Tran, (1993). Les spécimens
Ce questionnaire porte sur les informations identifiés ont été dénombrés et classés par ordres,
générales (date, localité, etc.), les caractéristiques familles et espèces.
de l’enquêté (nom, âge, sexe, niveau d’instruction 3.4 Évolution des populations des
et profession), les infrastructures et les méthodes insectes inféodés aux stocks de maïs en
de conservation. Un guide d’entretien a aussi été milieu contrôlé en stockage groupé et isolé :
utilisé en vue d’avoir des précisions sur les Après le tamisage, les échantillons de maïs sont
différentes étapes et procédés, depuis la récolte de nouveau conditionnés dans leurs contenants
jusqu’à la conservation. Au-delà des entretiens, (petits sacs) et divisés en deux lots de vingt et
des observations directes ont été faites sur le site trente échantillons par village. Deux expériences
pour constater l’apparence réelle de ces ont été menées avec ces lots d’échantillons. La
différentes structures et méthodes de stockage. première a consisté à introduire le lot de vingt
3.3 Analyse de la diversité de échantillons (petits sacs) dans une grande boîte en
l’entomofaune vivant dans les stocks de plexiglas et à la maintenir à l’étuve (incubateur) à
maïs : Après chaque entretien, un échantillon de la température de 28 ± 1°C au laboratoire.
200g de grains était prélevé, et placé dans un petit Chaque mois les insectes sont isolés des
5277
échantillons par tamisage pour être dénombrés. de dénombrer les adultes d’insectes émergés.
Cette expérience a duré quatre mois. De cette Après chaque observation, les adultes émergés
façon l’évolution des populations des insectes au sont isolés. De cette façon, l’évolution des
fil du temps a été suivie en stockage groupé. Ceci populations des insectes au fil du temps a été
a permis aussi de vérifier l’existence de nouvelles suivie en stockage isolé.
espèces. La deuxième a été réalisée avec le lot des 3.5 Analyse des données : Le tableur Excel
trente échantillons. Les échantillons de chaque 2007 a été utilisé pour la saisie et le traitement des
village ont été mélangés. Vingt (20) graines données sur les structures, les méthodes et la
apparemment saines ont été sélectionnées des durée de conservation. A partir de ces données,
échantillons de chaque village et introduites dans des statistiques descriptives ont été déterminées.
une boîte de Pétri. Ces graines ne comportent Les graphiques présentés dans le document ont
aucun orifice d’émergence d’insecte. L’expérience été réalisés à partir du même logiciel. Les données
a été répétée 20 fois pour chaque village. Ces sur le nombre d’insectes isolés sur le maïs en
boîtes contenant les graines ont été introduites et milieu contrôlé ont été soumises à une analyse de
suivies dans l’étuve (incubateur) à la température variance multiple en utilisant le logiciel SPSS
constante de 28±1°C. Les observations sont version 17.0. Ceci est suivi par le test LSD de
faites chaque mois et ce pendant quatre mois afin Fisher au seuil de 5%.
4 RÉSULTATS
4.1 Caractéristiques des producteurs de femmes dans chaque localité est resté
enquêtés : Notre étude a concerné un minoritaire comparativement à celui des hommes
échantillon de deux cent cinquante producteurs (Tableau 2). Le pourcentage des femmes a évolué
(Tableau 1). Le tableau 2 nous donne les de 10 % (Dandé) à 22 % (Kourouma). En
caractéristiques générales de la population revanche, celui des hommes est passé de 78 %
enquêtée. Dans la population enquêtée le nombre (Kourouma) à 90 % (Dandé).
Tableau 2 : Caractéristiques démographiques et socio-économiques des enquêtés

Variables (%) Koumbia Gombeledougou Dandé Ndorola Kourouma
Sexe
M 89,1 78,5 90 84 78
F 10,9 21,5 10 16 22
Age
[20 ; 30] 29,7 29,2 24 20 14
[31 ; 60] 58,4 60 62 72 78
[61 ; 77] 11,9 10,8 14 8 8
Niveau d’instruction
Primaire 29,7 18,1 10 24 18
Secondaire 6,3 5,6 10 12 12
Alphabétisé 41,4 50 50 14 22
Non Alphabétisé 22,5 26,4 30 50 48
Affiliation aux Groupements
Oui 100 100 100 100 100
Non 0 0 0 0 0
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Tableau 3 : Diversité de l’entomofaune identifié dans les sites d’étude

Ordres Familles Espèces KOUM GOM DAN KOUR NDO
Coleoptera Bruchidae Callosobruchus * * * *
maculatus (Fab)
(Bridwell, 1929)
Coleoptera Bruchidae Callosobruchus *
subinnotatus (Pic)
(Bridwell, 1938)
Coleoptera Tenebrionidae Tribolium castaneum * * * * *
(herbst) (Macleay,
1825)
Coleoptera Tenebrionidae Tribolium confusum * * * * *
(Jacquelin du Val)
Coleoptera Bostrichidae Rhyzopertha dominica * * * * *
(Fab)( Lesne, 1924)
Coleoptera Bostrichidae Prostephanus truncatus * * * *
Horn
Coleoptera Curculionidae Sitophilus zeamais * * * * *
(Linné)
(Motschulsky)
Lepidoptera Pyralidae Plodia interpunctuella * * * * *
Hu
Richesse spécifique par localité 8 7 5 7 7
Richesse spécifique totale 8
Les personnes enquêtées avaient un âge supérieur villages sont les greniers en banco, les magasins et
à 20 ans. La tranche d’âge comprise entre 31 et 60 les maisons d’habitation (Figure 2). Elles ont
ans, était la plus représentée avec des toutes été rencontrées à Gombeledougou et à
pourcentages variant de 58,4 % à Koumbia à 78 Koumbia à l’exception de la maison d’habitation
% à Kourouma. La tranche d’âge la moins qui est absente à Dandé et à Kourouma. La
représentée était celle comprise entre 61 et 77 fréquence d’utilisation de chaque structure de
ans. En ce qui concerne le niveau d’instruction, à conservation varie en fonction des localités
Koumbia, Gombeledougou et Dandé, la moitié (Figure 2). Dans les communes de Dandé,
des producteurs enquêtés savent lire et écrire Kourouma et N’Dorola le maïs est
dans leurs langues locales. En revanche, à essentiellement conservé dans les greniers. Dans
Ndorola et à Kourouma, la moitié des ces villages, le grenier est utilisé chez près de 30
producteurs enquêtés ne savent lire et écrire ni % de producteurs. Cependant, la tendance
dans leurs langues locales ni dans une langue s’inverse dans les villages de Koumbia et
étrangère. Peu de producteurs ont un niveau Gombeledougou où moins de 10 % utilisent le
secondaire. Les résultats montrent également que grenier. Les magasins sont beaucoup utilisés dans
tous les producteurs enquêtés sont affiliés au les villages de Koumbia (55 %) et
moins à un groupement villageois (Tableau2). Gombeledougou (40 %). A Koumbia, le magasin
4.2 Structures de conservation du maïs : constitue la principale structure de conservation
De l’avis des producteurs, les structures de du maïs suivi de la maison d’habitation. A
conservation couramment utilisées dans ces Gombeledougou, les producteurs conservent plus
5279
dans les maisons d’habitation que dans le grains dans des sacs et entreposés dans des
magasin. Dans toute la zone d’étude, le stockage magasins. Dans la maison d’habitation, le
du maïs se fait soit sous forme d’épi dans les stockage du maïs est mixte (grains et épis).
structures telles que le grenier ou sous forme de
Figure 2 : Fréquence d’utilisation des structures de conservation par localités (en %).
N’do : Ndorola ; Kour : Kourouma ; Dan : Dandé ; Gom : Gombeledougou ; Koum : Koumbia.
4.3 Méthode de conservation du maïs : majoritairement utilisée à Koumbia (35 %) et l’est

Pour la conservation du maïs, les producteurs très peu à Kourouma (10 %). Les matières inertes
utilisent des méthodes traditionnelles et (sable, cendre) sont plus utilisées à Kourouma (28
modernes. Les méthodes traditionnelles %) que dans les quatre autres villages. Quant aux
consistent en l’utilisation des plantes répulsives plantes répulsives, leur utilisation est plus
(Azadirachta indica et Hyptis spicigera), de la matière importante à Dandé (36,36 %) que dans les autres
inerte (cendre et calcaire) et l’exposition au soleil. villages (Figure 3). Les produits chimiques sont
Les méthodes modernes consistent à l’utilisation majoritairement utilisés dans le village de
des produits chimiques à base de Phosphure Kourouma (70 %) et sont totalement absents
d’aluminium. Le taux d’utilisation des différentes dans la conservation à Gombeledoougou (Figure
méthodes varie en fonction des localités. Selon 3).
les producteurs enquêtés, l’exposition au soleil est
5280
Figure 3 : Fréquence des méthodes de conservation par sites (en %).
4.4 Durée de conservation du maïs : La représentent 38 % des enquêtés à Koumbia, 20 %

figure 4 montre que la majeure partie des à Gombeledougou et Dandé, 17 % à Kourouma
producteurs conservent leur maïs pour une durée et 16 % à N’Dorola. Très peu de producteurs
comprise entre 12 et 24 mois. Les taux s’élèvent à conservent leurs maïs pour une durée comprise
plus de 50 % à N’Dorola (80 %), Kourouma (70 entre 1 et 12 mois. Ces producteurs représentent
%), Dandé (60 %), Gombeledougou (59 %) et 22, 18, 16, 10 et 3 % respectivement à Dandé,
Koumbia (50 %). Les producteurs conservant Gombeledougou, Koumbia, Kourouma et
pour une durée comprise entre 24 et 36 mois N’Dorola.
5281
Figure 4 : Durée moyenne de conservation du maïs en fonction des sites.
4.5 Utilisations des méthodes de (Figure 5). Le degré d’utilisation des matières
conservation en fonction des structures de inertes et les plantes répulsives est plus important
stockage : Les producteurs enquêtés utilisent dans les greniers que les magasins et les maisons
différentes méthodes pour conserver le maïs dans d’habitation. Quant aux produits chimiques, ils
les structures de stockage présents sur les sites sont plus utilisés dans les greniers (82,4 %) que
d’étude. L’exposition au soleil est plus utilisée dans les maisons d’habitation (11,80 %) et les
dans les greniers (46,4 %) que dans les magasins magasins (5,90 %) (Figure 5).
(32,8 %) et les maisons d’habitation (20,8 %)
5282
Figure 5 : Fréquence d’utilisation des méthodes de conservation en fonction des structures de stockage.
Exp_Soleil : exposition au soleil ; Prod_Chim : Produits chimiques ; Mat_inertes : Matières inertes ; Plantes_Rep : Plantes
repulsives
4.6 Inventaire et identification de la accroissement du nombre d’insectes en fonction

diversité des insectes dans les stocks de du temps. Dès le premier mois de stockage, le
maïs : L’ensemble des insectes issus des plus faible nombre était observé à
échantillons ont été identifiés. Un total de huit (8) Gombeledougou (11,78 individus), et le plus fort
espèces d’insectes répartis dans deux ordres à Kourouma (20,22 individus). A Koumbia,
différents (Coléoptères et Lépidoptères) (Tableau N’Dorola et Dandé, ces valeurs étaient
4) a été dénombré. Sept espèces appartiennent à respectivement de 18,38 ; 20,03 et 19,83
l’ordre des Coléoptères et une à celui des individus. Après quatre mois de stockage ces
Lépidoptères. Les espèces telles que Tribolium valeurs atteignent 45 individus à
castaneum, Tribolium confusum, Rhyzopertha dominica, Gombeledougou, 60 individus à Kourouma et 65
Sitophilus zeamais et Plodia interpunctuella ont été individus à Koumbia. En stockage isolé (Figure
observées dans tous les sites d’étude. Prostephanus 7), l’analyse des courbes d’évolution montre un
truncatus et Callosobruchus maculatus ont été accroissement du nombre d’insectes sur les grains
rencontrés à Koumbia, Gombeledougou, au niveau de chaque localité en fonction du
Kourouma et Ndorola. Callosobruchus subinnotatus a temps d’incubation (figure 7). Après le premier
été seulement observé à Koumbia. mois de conservation, la plus faible valeur était de
4.7 Évolution du nombre moyen 2,5 individus à N’Dorola et la plus forte de 6,33
d’insectes isolés sur le maïs en milieu individus à Dandé. Après quatre mois de
contrôlé en stockage groupé et isolé : Les conservation, Dandé est la localité qui présente le
figures 6 et 7 résument les nombres moyens plus d’attaque avec une valeur moyenne d’environ
d’insectes émergents des graines en fonction des 15 individus suivie de Gombeledougou (11
localités et des mois de conservation. En stockage individus), N’Dorola (9 individus), Koumbia et
groupé (Figure 6), les résultats montrent un Kourouma (8 individus).
5283
Figure 6 : courbes montrant l’évolution des insectes en stockage groupé en fonction du temps. N’do :
Ndorola ; Kour : Kourouma ; Dan : Dandé ; Gom : Gombeledougou ; Koum : Koumbia. Nomb_Ins : nombre d’insectes
Figure 7 : courbes montrant l’évolution du nombre d’insectes en stockage isolé en fonction du temps.
N’do : Ndorola ; Kour : Kourouma ; Dan : Dandé ; Gom : Gombeledougou ; Koum : Koumbia. Nomb_Ins : nombre
d’insectes
5284
5 DISCUSSION
Cette étude, nous a permis de mieux comprendre intense favorise le départ des insectes adultes qui
les conditions de conservation du maïs dans la ne supportent pas les fortes chaleurs, ni la
région des Hauts Bassins. De cette étude, il lumière intense. Ce qui a pour effet de réduire les
ressort que la moitié des producteurs enquêtés pontes sur les grains (Ngamo & Hance, 2007;
sont instruits. Ils ont fait soit le niveau Guèye et al., 2012). Cette exposition contribuerait
secondaire, primaire ou au moins reçu une aussi à éliminer les larves à l’intérieur des graines.
alphabétisation informelle ou formelle. Pour La cendre et le sable fin ont été
conserver leurs productions de maïs, trois types traditionnellement utilisés dans la conservation
de structures sont principalement utilisées : les du maïs. Ces matériaux pulvérulents remplissent
magasins, les greniers, et les maisons d’habitation. les vides entre les grains et constituent une
A Koumbia, près de 60 % de producteurs barrière à la progression des femelles cherchant à
conservent dans les magasins. En revanche à pondre (Ngamo & Hance, 2007). Ils auraient
Dandé, Kourouma et N’Dorola, beaucoup également un rôle abrasif sur les insectes et
conservent dans le grenier et à Gombeledougou, entraîneraient leur déshydratation. Akob et al.
beaucoup plus dans les maisons d’habitation. Le (2007) ont démontré l'efficacité de cendres de
grenier a été également répertorié en Tanzanie feuilles d’Eucalyptus grandis sur Sitophilus zeamais
comme infrastructure principale de stockage du évoluant sur le maïs. L'usage des plantes
maïs (Abass et al., 2014). Cela est en adéquation insectifuges dans la conservation des récoltes a
avec les matériaux de construction disponibles été pratiqué avant même l'apparition des
localement, le savoir-faire des artisans locaux et insecticides de synthèse. Les plantes sont utilisées
les conditions économiques des producteurs contre les ravageurs pour leurs effets répulsifs et
(Waongo et al., 2013). Elles dépendent aussi des insecticides. Les molécules actives peuvent varier
besoins de stockage et de la nature ou de d'une famille à une autre et à l'intérieur d'une
l'importance de l'activité ou des stocks. Un petit même famille, la sensibilité peut différer pour un
exploitant se contentera de son grenier tandis insecte donné d'un stade à un autre (Ilboudo et
qu'un grand producteur ou un groupement de al., 2010; 2015). Kosou (1992), affirme que
producteurs aura forcément besoin d'un magasin différents organes du neem, (Azadirachta indica)
d'une plus grande capacité. Aussi, le magasin sont testés pour leurs effets insecticides dans le
assure une bonne conservation du maïs d’autant contrôle en milieu paysan de Sitophilus zeamais
plus qu’ils sont situés dans un milieu d’humidité dans le maïs en stockage. A cet effet, les amandes,
faible. Quant au grenier, compte tenu du fait les feuilles, les fleurs et l'écorce de l'arbre sous
qu’ils ne sont pas construits sur le sol, les forme de poudre et d'extraits sont évaluées à titre
producteurs estiment qu’ils sont un moyen préventif et curatif sur les insectes du maïs. Boeke
efficace de protection de leur stock contre les et al. (2004), ont relevé une action répulsive et
animaux et les vents violents qui précèdent les toxique de Tephrosia vogelii Hook f. sur C.
pluies (Waongo et al., 2013). En plus, l’élévation maculatus, alors que Blumea aurita possède un fort
de température dans l’enceinte défavorise le pouvoir répulsif sur cet insecte. Dabiré et al.,
développement des microorganismes et des (2008) ont montré aussi que des broyats frais de
insectes, principaux responsables de la perte post Cleome viscosa L. étaient éfficace contre C.
récolte des céréales en général et du maïs en maculatus. Les méthode modernes consistent à
particulier (Waongo et al., 2013). Dans ces mélanger les graines avec des produits chimiques.
structures, différentes méthodes de conservation Les données de l’enquête montrent que quelques
sont utilisées sur les sites d’étude : les méthodes producteurs des sites d’étude utilisent les produits
traditionnelle et moderne. Selon les producteurs, chimiques pour lutter contre les insectes
l’exposition au soleil est l’une des méthodes ravageurs. L'utilisation d'insecticides chimiques de
traditionnelles la plus simple et la moins couteuse. contact se développe de plus en plus, notamment
L'exposition des denrées au rayonnement solaire en poudrage ou en pulvérisation. Au Burkina
5285
Faso, l’utilisation de ces produits est d’ailleurs de (2016) dans les systèmes de stockage de certaines
plus en plus fréquente en raison de l’importance localités du Burkina Faso, du Ghana et du Bénin.
de la production sans cesse croissante des denrées Abass et al. (2014), ont également signalé la
alimentaires en stockage. Malheureusement, leur présence de P. truncatus, S. granarius et de R.
emploi est limité par de nombreuses contraintes dominica dans les stocks de maïs des zones semi-
(Guèye et al., 2012 ; Zongo et al.,2015) qui sont : arides du Centre et du Nord de la Tanzanie.
les risques pour la santé humaine et animale Waongo et al., (2013) ont identifié onze espèces
encourus lors de leur utilisation, les résidus laissés sur le maïs dont sept coléoptères et quatre
dans les denrées par les insecticides de contact, le lépidoptères considérés comme les plus nuisibles
risque d’apparition d’insectes résistants ou dans la zone sud soudanienne du Burkina Faso.
tolérants suite à une utilisation plus importante de Selon ces auteurs, cette diversité de déprédateurs
ces produits. La durée de conservation du maïs sur le maïs pourrait s’expliquer soit par la taille
varie d’un (1) à trente-six (36) mois selon des grains, soit par la forme de stockage ou des
l’objectif du stockage et les moyens. La durée propriétés intrinsèques du maïs propice au
moyenne de conservation du maïs est d’environ développement des ravageurs. Quelques soit le
un (1) an pour l’ensemble des communes mode de stockage, les grains sont attaqués par ces
enquêtées. Lessard, (2015) affirme que pour une insectes qui rongent les enveloppes externes et
conservation de longue durée, il est donc ensuite l’albumen. Dans notre situation,
nécessaire de respecter un certain nombre de l’évolution de la population au fil du temps était
règles concernant la température du grain et du assez prononcée en stockage groupé et moindre
local d'entreposage. Pendant le stockage, le maïs en stockage isolé. Cette évolution se ressent
est très attaqué par les insectes. L’analyse des beaucoup plus dans les stocks de Koumbia,
échantillons prélevés a révélé que les Coléoptères Kourouma et Dandé. Ces insectes se développent
et les Lépidoptères sont les principaux ravageurs et se reproduisent assez rapidement. En se
des grains durant le stockage. Au total, sept développant, ces insectes détruisent soit le germe,
espèces appartenant à l’ordre des coléoptères et ce qui entraîne une diminution de la faculté
une à celui des lépidoptères ont été identifiées. germinative ou s'en prennent à la partie amylacée
Ces résultats montrent une diversité des insectes du grain. Leurs populations peuvent donc
sur le maïs. Dans les différents sites d’étude, on a atteindre des densités très élevées et causer des
une prédominance de Prostephanus truncatus, dommages considérables en l'espace de quelques
Sitophilus zeamais, Rhyzopertha dominica, Tribolium mois. Dans ces villages, la production du coton
confusum, et Tribolium castaneum. Prostephanus est importante et l’utilisation d’insecticide l’est
truncatus qui constitue le plus grand ravageur de également. Cette pression liée aux insecticides
maïs en Afrique (Holst et al., 2000) n’a pas été engendrerait l’apparition de nouvelles souches de
observé dans le site de Dandé. Des observations ravageurs beaucoup plus virulents et plus
similaires ont aussi été faites par Baoua et al., reproductives.
6 CONCLUSION
Cette étude nous a permis d’identifier les majorité mises en œuvre dans le grenier que dans
problèmes de conservation, d’inventorier les les autres structures de conservation. L’analyse
structures et méthodes de conservation et les des échantillons a permis d’identifier huit (8)
principaux insectes responsables des dégâts dans espèces d’insectes répartis dans deux ordres
les stocks de maïs. Les résultats montrent une d’insectes : les coléoptères (sept espèces) et les
diversité de structure de conservations avec une lépidoptères (une espèce). Ces insectes ravageurs
préférence de structure en fonction des sites des grains se multiplient rapidement en
d’étude. Le grenier est la structure de stockage la conditions de stockage groupé et moindre en
plus répandue dans les sites d’étude. Les stockage isolé. De tels résultats ouvrent la voie à
différentes méthodes de conservations sont en la définition de méthodes adéquates de détection
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des infestations et d'estimation des pertes et aussi lutte préventives que curatives.
à la recommandation de méthodes rationnelles de
7 REMERCIEMENTS :
Cette étude a été menée dans le cadre du projet accepté participé à cette étude. Nous tenons aussi
CORAF/ Intensification et financée par à remercier Mlle Karambiri Medina pour
AUSAID. Nos remerciements s’adressent aussi l’assistance dans la confection de la carte.
aux producteurs des différentes localités d’avoir
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5288

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Journal of Animal &Plant Sciences, 2017. Vol.

33, Issue 1: 5274-5288

Pratique paysanne post récolte du maïs dans la

Figures 1 : Localisation des sites d’études

Tableau 1 : Répartition des producteurs enquêtés par village

3.2 Étude de la perception des sac conçu à partir de tissu moustiquaire et

Tableau 2 : Caractéristiques démographiques et socio-économiques des enquêtés

Tableau 3 : Diversité de l’entomofaune identifié dans les sites d’étude

4.3 Méthode de conservation du maïs : majoritairement utilisée à Koumbia (35 %) et l’est

Figure 3 : Fréquence des méthodes de conservation par sites (en %).

4.4 Durée de conservation du maïs : La représentent 38 % des enquêtés à Koumbia, 20 %

Figure 4 : Durée moyenne de conservation du maïs en fonction des sites.

4.6 Inventaire et identification de la accroissement du nombre d’insectes en fonction

maculatus (F.) (Coleoptera: Bruchinae). alternatives de lutte en milieu tropical,

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