Polynomes Cours
Polynomes Cours
Polynomes Cours
On constate que
n−1
X
n
∀x ∈ K, 0 = P (2x) − 2 P (x) = 2k − 2n ak xk .
k=0
(xj−1
i )i,j=1,...,n+1 .
On reconnaı̂t une matrice de Vandermonde, dont le déterminant est, au signe près, le produit
des (xi − xj ) (0 ≤ i < j ≤ n). Par suite, le système est de Cramer, donc tous les ak sont nuls.2
Corollaire Pour toute fonction polynôme P non uniformément nulle, il existe un unique
n ∈ N et une unique n + 1-liste (a0 , . . . , an ) ∈ Kn+1 telle que
n
X
(♥) an 6= 0 et ∀x ∈ K, P (x) = ak xk .
k=0
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(c) Aparté : non unicité des coefficients sur un corps fini
Remarquons que la fonction de K = Z/2Z dans lui-même définie par
P (x) = x2 − x
∀x ∈ Z/pZ, xp − x = 0
dans Z/pZ. En d’autres termes, la fonction Z/pZ → Z/pZ, x 7→ xp − x est la fonction nulle.
Ainsi, on peut identifier polynômes et fonctions polynômes seulement sur un corps infini.
(d) Opérations
Lemme L’ensemble des fonctions polynômes est stable par somme, produit et donc produit
par une constante. De plus, si P , Q sont des fonctions polynômes et λ ∈ K× , on a :
Démonstration. (Dans cette preuve, les égalités sont valables pour x quelconque dans K.)
On vérifie quePtout cela est vrai si l’un
P des polynômes est nul. Sinon, en vertu du corollaire, on
écrit P (x) = k≥0 ak xk et Q(x) = k≥0 bk xk , avec an 6= 0, ak = 0 si k > n, bp 6= 0 et bk = 0
si k > p. Alors :
X n+p
X X X
(P + Q)(x) = (ak + bk )xk = (ak + bk )xk , (P Q)(x) = a` bm xk .
k∈N k=0 k∈N `+m=k
C’est évidemment une fonction polynôme. Notons que cette définition est purement formelle,
elle ne repose pas sur la définition des fonctions dérivables réelles ou des fonctions holomorphes,
même si (par chance !) elle coı̈ncide avec ces notions sur R et C.
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Lemme L’application de dérivation P 7→ P 0 est un endomorphisme linéaire de l’espace des
fonctions polynômes. Pour P , Q fonctions polynômes, on a :
(P Q)0 = P 0 Q + Q0 P.
Démonstration. La linéarité est évidente. Pour montrer l’effet sur un produit, il suffit donc
de tester sur la base (x 7→ xn )n∈N . Pour P : x 7→ xn et Q : x 7→ xp , on a :
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3◦ Racines
(a) On dit qu’un élément r ∈ K est une racine d’une fonction polynôme P si P (r) = 0.
Lemme Soit P une fonction polynôme et r ∈ K. Alors, r est une racine de P si et seulement
s’il existe une fonction polynôme Q telle que P (x) = (x − r)Q(x) pour tout x ∈ K.
Remarque. Avec les notations du lemme, le polynôme Q est unique. Ceci résulte de l’intégrité
de l’algèbre des fonctions polynômes.
Démonstration. Supposons P (r) = 0. Si P est la fonction nulle, Q = P convient. Sinon, on
écrit P comme dans (♥). Alors :
n
X n
X
k k
∀x ∈ K, P (x) = P (x) − P (r) = ak (x − r ) = (x − r) ak xk−1 + axk−2 + · · · + ak−1 .
k=1 k=1
Définition. Pour P non nulle, l’entier ` tel que P (r) = P 0 (r) = · · · = P (`−1) (r) = 0, P (`) (r) 6=
0 est le plus grand entier tel que (x − r)` divise P . On l’appelle multiplicité de r comme racine
de P . (Ainsi, une racine de multiplicité 0 n’est pas une racine...)
Démonstration. Supposons (i). La formule de Leibniz et le calcul des dérivées de x 7→ (x−r)`
fait dans la preuve de la formule de Taylor donnent, pour k ≤ ` :
k
(k)
X k `!
∀x ∈ K, P (x) = (x − r)`−i Q(k−i) (x).
i (` − i)!
i=0
Comme r est racine de (x − r)`−i pour tout i ≤ k ≤ ` − 1, il vient : P (k) (r) = 0 pour k ≤ ` − 1.
Inversement, si (ii) est réalisée, la formule de Taylor s’écrit
deg
XP deg P −`
1 (k) k `
X 1
∀x ∈ K, P (x) = P (a)(x − a) = (x − r) P (`+j) (a)(x − a)j .2
k! (` + j)!
k=` j=0
Proposition Pour toute fonction polynôme non constante à coefficients complexes, il existe
un unique a ∈ C∗ , un unique ` ∈ N∗ , des couples (r1 , α1 ), . . . (r` , α` ) ∈ C × N∗ , avec ri 6= rj
pour i 6= j, uniques à l’ordre près, tels que
`
Y
∀x ∈ C, P (x) = a (x − ri )αi .
i=1
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Démonstration. Existence. Par récurrence sur le degré n de P . Pour n = 1, c’est clair.
Supposons la propriété est vraie pour tout polynôme de degré n − 1, et soit P de degré n.
Par le théorème de d’Alembert-Gauss, P admet une racine r ∈ C. On peut alors écrire
P (x) = (x − r)Q(x) (x ∈ C) pour Q fonction polynôme de degré n − 1. Par hypothèse de
récurrence, on peut écrire Q comme un produit, ce qui permet d’écrire P comme un produit.
Unicité. Supposons pouvoir écrire
`
Y m
Y
αi
∀x ∈ C, P (x) = a (x − ri ) = b (x − sj )βj .
i=1 j=1
P P
En développant, on constate que P (x) = ax αi +· · · = bx βj +· · · , où les points de suspension
désignent desP polynômes deP degrés strictement plus petit. Par unicité des coefficients, on en
déduit que αi = deg P = βj , puis que a = b.
Fixons i ∈ {1, . . . , `}. Comme le produit de droite s’annule pour x = ri , c’est que ri = sj pour
j convenable. D’où, l’inclusion {r1 , . . . , r` } ⊂ {s1 , . . . , sm }. L’inclusion inverse se démontre de
même, donc ` = m et, quitte à renuméroter, on peut supposer ri = si pour tout i.
Reste à voir que, pour i ∈ {1, . . . , `} fixé, αi = βi . Par symétrie, on peut supposer sans perte
de généralité que αi ≤ βi . On peut donc écrire :
Y Y
∀x ∈ C, (x − ri )αi (x − rj )αj − (x − ri )βi −αi (x − rj )βj = 0,
j6=i j6=i
d’où, par intégrité (cette précision est indispensable pour pouvoir diviser) :
Y Y
∀x ∈ C, (x − rj )αj = (x − ri )βi −αi (x − rj )βj .
j6=i j6=i
Proposition Soit P une fonction polynôme réelle non constante. On peut écrire
h
Y k
Y
αi
∀x ∈ R, P (x) = a (x − ri ) (x2 + bj x + cj )βj ,
i=1 j=1
Démonstration. Existence : Par récurrence sur le degré. C’est évident en dégré 1. Supposons
l’existence prouvée pour les polynômes de degré ≤ n − 1, et soit P de degré n. Si P a une
racine réelle r, on factorise : P (x) = (x − r)Q(x) et on applique l’hypothèse de récurrence à Q.
Sinon, on écrit P comme dans (♥). Ca permet de définir P (x) pour x complexe quelconque, et
de prolonger P en une fonction polynôme P̃ de C dans C. Alors, P̃ a une racine complexe non
réelle r (une racine réelle de P̃ serait une racine de P ). En appliquant la conjugaison complexe
à la relation
Xn
ai ri = 0,
i=0
vu que ai = ai pour tout i, on voit que r est une racine de P̃ . Donc, il existe une fonction
polynôme (a priori complexe) Q telle que P̃ (x) = (x − r)(x − r)Q(x) pour tout x ∈ C. Si
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on pose b = −r − r et c = rr, ce sont deux réels et on a : b2 − 4c < 0 et pour tout x ∈ C,
P̃ (x) = (x2 + bx + c)Q(x). En développant cette expression, on constate que les coefficients
de Q sont les solutions d’un système triangulaire à coefficients réels (l’écrire ! il semble qu’il y
ait trop d’équations, mais on sait déjà qu’il existe une solution –ouf !), donc ils sont réels. On
peut donc appliquer l’hypothèse de récurrence à Q et conclure.
Unicité : Se débrouiller.
(e) Relations entre coefficients et racines
Proposition Considérons un polynôme, réel ou complexe, unitaire et de degré n ≥ 1,
n
X
P (x) = ai xi , avec an = 1.
i=0
Supposons que P ait toutes ses racines r1 , . . . , rn dans K. Alors, si on appelle a1 , . . . , an ses
coefficients comme dans (♥) (avec a0 = 1 par hypothèse), on a :
X
∀i ∈ {0, . . . , n − 1}, (−1)i an−i = rk1 · · · rki ,
1≤k1 <···<ki ≤n
c’est-à-dire : X
−an−1 = rk
1≤k≤n
X
an−2 = rk r`
1≤k<`≤n
· · ·
(−1)n a0 = r1 · · · rn .