La Fin D'un Monde
La Fin D'un Monde
La Fin D'un Monde
La Fin
D’un
Monde
PARIS
NOUVELLE LIBRAIRIE PARISIENNE
[I]
INTRODUCTION
« Un monde détraqué, ballotté et plongeant comme le
vieux monde romain quand la mesure des iniquités fut comblée,
les abîmes, les déluges supérieurs et souterrains crevant de tou-
tes parts, et, dans ce furieux chaos de clartés blafardes, toutes
les étoiles du ciel effacées. A peine une étoile du ciel qu'un œil
humain puisse maintenant apercevoir, les brouillards pestilen-
tiels, les impures exhalaisons devenues incessantes, excepté sur
les plus hauts sommets, ont effacé toutes les étoiles du ciel. Des
feux follets qui çà et là courent ont pris la place des étoiles. Sur
la lande sauvage du chaos, dans l'air de plomb, il n'y a que des
flamboiements brusques d'éclairs révolutionnaires, puis, rien
que les ténèbres avec les phosphorescences de la philanthropie
ce vain météore ».
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voisin, qui est notre frère, tout promet un sain avenir viable, tan-
dis que [IX] nous nous mouvons sous un souffle pestilentiel qui
permet aux plantes vénéneuses de croître et de s'épancher.
On ne se demande que trop souvent avec indignation
oû sont nos traditions historiques, où est notre vieil ordre social,
déjà si respectable à cause de son ancienneté, traditions que nous
pourrions leur opposer comme digue ; que sont devenues nos
vieilles et illustres familles aristocratiques, qui de génération en
génération étaient les grands témoins de notre histoire ? Une
partie dégénérée de cette aristocratie danse cyniquement autour
du char de triomphe du nouvel Empereur, l'Empereur du Veau
d'or (applaudissements frénétiques), une autre partie de notre
aristocratie se drape dans une muette résignation pour justifier
les paroles de Goethe : « L'incompréhensible devient ici fait ac-
compli. ». Continuez, continuez dans cette voie, et nous en arri-
verons bientôt à vendre à l’encan, tout comme en France, les
diamants de la Couronne d'Autriche. Arrachez donc les derniers
lambeaux de vos vieilles armoiries pour couvrir notre opprobre.
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avec son éventail, sa gorge blanche qui finit dans une plaie
béante.
C'est le Juif, encore une fois, avec cette terrible haine qui
ne flamboie pas, et, même assouvie, met à peine un éclair de
rapide bonheur dans ces yeux de gazelle mouillée du Sémite, si
expressifs et si tristes, c'est l'éternelle parodie, la Messe Noire
célébrée, non plus dans la lande au Moyen Age, mais sur des
ruines de palais écroulés et de châteaux incendiés, la Messe
Noire avec les plaisanteries impies, le signe de la croix de la
main gauche, l'Évangile lu à rebours ou posé sur la [XVI] croupe
d'une sorcière. C'est Ludovic Halévy choisissant les mythes im-
mortels de la Grèce comme thèmes d'opérettes obscènes, c'est
Offenbach prenant un cantique, le mettant à contretemps et en
faisant un motif de cancan…
Je la vois
Entre’ouvrant ma tombe
Et sa voix
M'appelle et j'y tombe.
Hélas ! quelle douleur
Remplit mon coeur
De crainte et d'horreur !
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5 Il est bien entendu qu'un livre comme celui-ci est fait de moitié
avec des lecteurs qui comprennent à demi-mot : c'est une étude en commun.
Chacun, dans le cercle spécial où il se meut, contrôle l'exactitude de ce que
j'avance et constate combien j'ai raison. Obligé de compter avec une magis-
trature maçonnique et juive, je m'appuie toujours, autant que possible, sur
des faits divers qui ont figuré dans deux cents ou trois cents journaux.
Parmi les faits divers beaucoup sont instructifs comme l'histoire de
Bloch et du ministère de ta Marine. Flourens et Poubelle ont déclaré que,
même après un concours, un Chrétien, qui ne reniait pas sa foi, ne pouvait
être admis dans une administration de l'état ; Bloch est admis sans contesta-
tion. Dès qu'il est admis, il fait présenter un premier mandat faux de 450
francs, le titulaire véritable arrive quelque temps après et l'on se contente de
dire au faussaire : « Vous avez voulu badiner. » Notre Bloch présente un
second mandat faux de 800 francs qu'on ne paye pas parce que le titulaire
était venu lui-même toucher sa pension trois jours auparavant. « Toujours
badin ! » dit-on à Bloch. Bloch, sans se lasser, fabrique un troisième faux, de
2,000 francs cette fois. L'employé se borne à mettre le faux dans son tiroir et
l'on dit à Bloch : « Si vous alliez faire un petit tour à Berlin ? »
Bloch consent et part tranquillement pour Berlin, « avec une jeune et
jolie fille dont il avait fait sa maîtresse » sans oublier sans doute d'emporter
en Allemagne tous les renseignements qu'il a pu se procurer au ministère sur
l'état de notre marine. Vous imaginez le tapage que ferait la Lanterne, si un
Frère des Écoles chrétiennes avait fabriqué un mandat faux de vingt-cinq
centimes et si on l'avait traité avec cette indulgence.
Il est vrai que l'Intransigeant nous apprend que Bloch appartient à
une des principales familles israélites de Paris. C'est absolument comme
Allmayer. Tous les voleurs fameux appartiennent aux familles israélites les
plus honorables de Paris. On se demande ce que doivent produire les famil-
les qui ne sont pas honorables. Les Juifs ne sont pas embarrassés pour si
peu : les Bloch feront comme les Allmayer, et solliciteront l'autorisation de
changer de nom. J'espère qu'ils prendront le nom de Montmorency, à
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[XXIX]
Ceux-là, ainsi que l'a fait remarquer Jacques de Biez, ne
sont plus des « Français de choix », comme Heine, ou même
« des naturalisés vaincus », comme Wolff, ils sont « deux fois
Français ». C'est par ces paroles mémorables que le maire du
IXe arrondissement, M. Émile Ferry, bien digne de porter un tel
nom, saluait la fille du grand rabbin Zadoc Kahn le jour de son
mariage civil à la mairie de la rue Drouot.
[XXX]
Quant à nous autres, dont les pères habitaient la terre de
France depuis des siècles, nous ne sommes, paraît-il, « Français
qu'une fois » et c'est déjà trop pour les envahisseurs. Partout où
l'on signale, en quelque place où l'on peut être utile à la Patrie,
un Français d'origine, un Chrétien qui, même sans pratiquer,
est resté fidèle à la religion de ses ancêtres, le député républi-
cain, agent de la Franc-maçonnerie juive, intervient, dénonce,
menace, jusqu'à ce qu'il soit arrivé à substituer au Français natif
un Juif originaire de Hambourg, de Cologne ou de Stuttgart.
Les ouvriers, comme les officiers avec lesquels j'ai causé,
voient clairement que le péril est là, ils comprennent admira-
blement que ce n'est pas l'ennemi qu'on aura par devant qui
sera à craindre, mais l'ennemi qu'on laissera par derrière, à Pa-
ris : les Naturalisés maîtres de nos secrets et les représentants
de la Haute Banque cosmopolite guettant d'avance notre défaite
pour trafiquer de notre rançon6.
confus instinct des dangers qui nous menacent et des moyens qu'il faudrait
employer pour le salut de la Patrie. En 1792, il se rendit compte de l'impor-
tance qu'il y avait pour lui à s'assurer de celui qu'on appelait M. Veto et il
avait raison à son point de vue, au point de vue de la Révolution ; beaucoup
d'ouvriers intelligents sentent bien que si on laisse échapper M. Milliard, la
France est perdue.
Les considérants de la résolution proposée par Chirac et votée d'ac-
clamation dans une réunion publique sont un document instructif pour la
science sociale :
« Attendu qu'il est démontré par toute l'Histoire de ce siècle que la
guerre est l'œuvre préméditée de la finance internationale qui, par des héca-
tombes périodiques, applique la formule de Malthus,
« Que, la toute-puissance de la finance internationale a continué à
s'affirmer en menaçant les peuples ; que même actuellement, et depuis quel-
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[XXXI]
Que sortira-t-il de ce monde débattu entre toutes les
Puissances chaotiques ? de cette société livrée à toutes les Anar-
chies ? Jusqu'ici on ne distingue rien que le Juif, seul debout,
vainqueur, ironique et toujours aussi lamentablement triste. La
France est son domaine, l'Autriche est à lui et il a bien cru saisir
l'Allemagne avec Frédéric III que la foule appelait déjà Cohen
Ier. Pour le bonheur de ses peuples et pour notre malheur à
nous, hélas ! le jeune Empereur semble avoir l'âme d'un vrai
souverain et ne pas vouloir abdiquer entre les mains des Roth-
schild comme l'Empereur François-[XXXII]Joseph et l'archiduc
Rodolphe. Mais les ennemis d'Israël et de la Maçonnerie ne vi-
vent guère vieux, et bientôt peut-être, l'Allemagne qui se défend
encore un peu du Juif, grâce à son organisation militaire et au
que temps surtout, les excitations les plus graves sont provoquées et expri-
mées par la Bourse,
« Attendu que la finance internationale organise tous les emprunts
de guerre et, escompte aux souverains toutes les ressources que les contri-
buables ne donneraient jamais, sachant qu'il s'agit de leur propre extermina-
tion ;
Qu'elle détient tous les moyens d'information par le télégraphe et par
les journaux, grâce aux concentrations métalliques qu'elle augmente sans
cesse par les opérations de crédit et d’agiotage, qu'elle peut ainsi payer tous
les concours, acheter toutes les consciences, et menacer le repos public,
comme elle le fit en 1866, époque où elle trompa la France sur les consé-
quences redoutables de la campagne de Sadowa ;
« Attendu que tous les peuples d'Europe ont le même intérêt de vivre
et de travailler en paix, que, par conséquent, ils doivent tendre à paralyser
par tous les moyens, les fauteurs de massacres,
« Par ces motifs :
« L'assemblée prend les décisions suivantes, pour être réalisées par
voie de pétitionnement ou autrement :
« 1° Les Rothschild, Erlanger, Hirsch, Ephrussi, Bamberger, Camon-
do, Stern, Cahen d'Anvers, Lebaudy, Soubeyran, Oppenheim, Gunzbourg ;
Membres de la finance internationale et détenant ensemble plus de
six milliards de francs, sont placés, dès maintenant, sous la surveillance de
la nation ;
« 2° A la première déclaration de guerre, la nation s'assurera de leur
personne ;
« 3° Au premier coup de feu tiré leurs maisons seront rasées et leurs
biens séquestrés,
« 4° Immédiatement, il sera formé un tribunal populaire qui enten-
dra leurs explications et fera plus ample justice,
« 5° Les pères de famille de tous les pays, les socialistes de tous les
États, sont invités à voter une décision semblable, en désignant eux-mêmes
les membres de la finance internationale qui résident auprès de leurs gou-
vernements respectifs. »
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LIVRE PREMIER
L'HÉRITIER
Ceux qui attendent leur tour.— Ce que fut vraiment la Révolution française.
— Les formules acceptées.— La terre aux paysans.— A qui profita la Ré-
volution.— Ce que disait le grand-père de certains conservateurs.— Les
souvenirs de village.— Pourquoi l'histoire sociale de la Révolution n'a
jamais été écrite.— Les représentants de la Bretagne catholique et mo-
narchiste.— Les Cadoudal.— Un barde.— Les Caradec, les Martin d'Au-
ray et les Lamarzelle.— Biens d'émigrés et biens d'Église.— L'ironie des
choses.
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misère en France, M. Fernand Maurice, réfute, presque dans les mêmes ter-
mes, la légende de la terre donnée aux paysans par la Révolution :
« Telle qu'elle se présentait avant 89 dit-il, telle nous retrouvons la
terre un siècle après. Le tout petit cultivateur a conservé sa chaumière, le
jardin qui l’entourait, à cela s'est borné le progrès. Les 3,500,000 autres
ouvriers agricoles employés dans les fermes, les parcs, les jardins des riches
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[6]
La vente des biens nationaux fut une opération d'agiotage
faite par les hommes au pouvoir. Ils achetaient presque au tas
les innombrables papiers monnaie de la Révolution : assignats,
bons du quart, de trois quarts, des deux tiers, bons d'arrérages,
bons de réquisitions et, en échange, ils acquerraient des domai-
nes magnifiques10.
Dans les villages le Jacobin en vue, tabellion, clerc de
procureur ou d'huissier, homme d'affaires, ancien intendant du
château était le maître absolu. Le désordre, qui est encore mas-
qué aujourd'hui par quelques apparences, était alors au com-
plet. Ce que Taine a appelé « l'anarchie spontanée » régnait par-
tout. Dès le mois de septembre 1793 il n'y avait plus une autorité
en France capable de fournir et de vérifier un compte11.
n'y ont pas même gagné d'avoir une habitation à eux, si misérable que puisse
être la bicoque, car il ne faut pas oublier qu'à côté des 3,400,000 petits pro-
priétaires de moins de 5 hectares obligés, pour la plupart, de travailler chez
autrui, l'agriculture emploie encore 3,500,000 travailleurs, véritables prolé-
taires ceux-là, ne possédant que leurs bras pour subvenir à leur existence et à
celle de leur famille. Ainsi s'explique l'émigration des ouvriers des campa-
gnes, l'abandon du travail de la terre, émigration qui se chiffre en cinquante
années, de 1831 à 1881, par un transport à la ville de 6 millions d'individus. »
La Révolution, cependant, n'aura pas été inutile à tout le monde
puisque, d'après M. Fernand Maurice, les Rothschild possèdent 200 mille
hectares de terre en France.
10 Le papier-monnaie était tombé rapidement à 1 p. 100 de sa valeur
nominale.
A la fin, le louis était coté deux mille quatre cents livres. « Comment,
dit Ramel qui dirigea les Finances sous le Directoire, estimer la masse des
biens nationaux, comment supputer le prix qu'on en a retiré lorsqu'on consi-
dère les valeurs admises en payement, les assignats au pair ou au cours, les
mandats de la dette publique, les bons de tiers, des deux tiers, du quart, les
certificats de liquidation, les ordonnances des ministres, les compensations,
etc. ? » (Des Finances de la République : an IX)
Ramel évalue les biens nationaux vendus à 16 milliards en France et
3 milliards en Belgique.
11 Les Finances de l'Ancien Régime et de la Révolution, par M. René
Stourm. M. René Stourm a donné quelques chiffres sur les biens nationaux,
mais sans entrer dans les détails vivants. En feuilletant les actes de ventes et
en les rapprochant des acquits, on pourrait écrire un travail très intéressant
sur ce mouvement presque inconnu, rechercher la destinée des familles qui
se sont enrichies grâce à ces moyens. Ce serait une œuvre d'une haute utilité
sociale, mais il ne faudrait pas compter dessus pour se pousser dans les Aca-
démies.
Les chefs de la bande noire opérèrent ainsi des razzias véritablement
formidables.
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Suivez aujourd'hui celle majestueuse avenue de vieux hê-
tres ou de marronniers qui conduit au château et lui donne
d‘avance l'aspect grave des choses d'autrefois, franchissez la
grille, et vous trouverez au salon quelque brave gentilhomme,
quelque élégante patricienne. Les meubles antiques, les créden-
ces, les bahuts surmontés de couronnes héraldiques, se mêlent
là aux raffinements du luxe parisien. On lit le Figaro, on y ap-
prend, non sans frémir, dans un compte rendu de Chincholle,
que les orateurs de l'Avant-garde ou de la Panthère des Bati-
gnolles ont développé leurs théories : « Faire tout sauter, brûler
les contrats de propriété, s'installer dans la maison des riches. »
« Quelle horreur ! Les vilains hommes ! s’écrie-t-on en
chœur.
Et des charmilles du parc, des bois seigneuriaux, de
l'étang qui fut un bien de moines, une voix sort : « Tiens !
grand-père qui parle. »
Il y a moins de cent ans, en effet, le grand-père ou l'ar-
rière-grand-père parlait comme les orateurs de la Panthère des
Batignolles et agissait comme il parlait.
Il s'appelait Brutus au Scævola, membre influent de la
société populaire, administrateur du district, juge au tribunal
révolutionnaire, il était un petit Robespierre dans ce coin perdu,
loin des routes. Qui eût pu le gêner ? La France était telle qu'on
la voit dans une étrange et saisissante gravure populaire : se-
couée comme par un cataclysme terrestre, sillonnée d'éclairs
avec des lueurs d'incendie à l'horizon, des villes qui s'écroulent,
des soldats en marche par tous les chemins et partant pour la
guerre, pour la guerre qui durera vingt-cinq ans…
[8]
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combattra à armes loyales et nous saurons ceux qui sont pour l'Église et ceux
qui sont contre elle. Diable ! dit de Mun, qui a le sentiment des situations,
cela demande réflexion. Il faut réunir la députation du département. »
La députation fut convoquée à l'hôtel de France, et le journaliste, qui
s'attendait à être couvert de fleurs, vit avec étonnement les figures s'allonger.
Caradec avoua qu'il n'était pas sans attaches avec la Franc-Maçonnerie et
Lorois, le frère du député actuel, rouge comme une mariée, prit à part notre
confrère et lui confessa qu'il était lowton et qu'il avait fait partie d'une loge
de Vannes. La liste, bien entendu, ne fut jamais publiée.
Sur la liste des Francs-Maçons de Vannes, en 1816, figure Alexis-
Louis-Julien-Eléonore de La Marzelle « : M.., ex-maire de Vannes, membre
du collège électoral du département.
Le règlement particulier de la R.°. L.°. Saint Jean, dûment constituée
à 1'0r.°. de Vannes, sous le titre distinctif de la Philanthropie et les arts, pu-
blié à Vannes en 1816, renferme « un tableau des officiers dignitaires et
membres » de cette loge à cette époque. Dans ce tableau, on lit : « Caradec
(Ambroise-Jacques-Mathurin) Aum.°. hosp.°. ; S. P. R. C., ex-conseiller de
préfecture et membre du conseil électoral du département. » Notre homme
était donc un des dignitaires de cette loge : Aumônier hospitalier et de plus
Souverain Prince Rose Croix.
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Ironie ! Ironie !
O Bretons à cheveux longs, quand vous tombiez au coin
des haies et que vous jonchiez les landes de vos cadavres et que
Nantes : « Nos pères ont lutté comme des héros et le souvenir de leurs ex-
ploits est toujours vivant. »
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LIVRE DEUXIÈME
LE RÈGNE DE LA BOURGEOISIE
Le rôle du Peuple dans la Révolution.— La Révolution aboutit ef-
fectivement à l'oppression du Peuple par la Bourgeoisie.— Les
protestations du premier moment.— Le martyrologe des ou-
vriers.— La Bourgeoisie s'installe.— Comment l'Église compre-
nait la loi du travail.— Le Droit à la paresse, de M. Paul Lafar-
gue.— L'exploitation industrielle.— La concurrence effrénée.—
Les amours à bon marché.— Comment finit Mimi Pinson.— La
Bourgeoisie, après avoir exploité le Peuple, est dépouillée à son
tour par le Juif.— La disparition du petit bourgeois.— La déca-
dence de la Bourgeoisie.— La jeunesse des écoles.— Vive Ferry et
les tripoteurs !
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devait avoir la propriété dès qu'elle était passée entre ses mains.
C'était sa façon à elle de clore la Révolution.
Claudite jam ripas, pueri, sat prata biberunt.
« Fermez les barrières ! Les prés de nobles, de religieux,
d'anciens riches ont été suffisamment arrosés, grâce à nous, du
sang de leurs propriétaires, ils sont bien à nous, il n'y a plus à
revenir sur la question. Nous avons solennellement brûlé, en
haine du Fanatisme et de l'Aristocrate, les titres des anciens
possesseurs, les seuls vrais titres sont ceux [28] que nous avons,
en vertu du nouveau Code, chez les nouveaux notaires. »
C'est exactement, je le répète, le plan que m'ont dévelop-
pé les Anarchistes avec lesquels j'ai causé. « Une fois que nous
serons installés, nous, nos femmes et nos petits, dans les hôtels
et les maisons des beaux quartiers et que nous aurons incendié
tous les greffes, toutes les études, toutes les administrations pu-
bliques, bien malin sera celui qui pourra nous déloger. »
Est-ce par politesse pour moi, mais beaucoup m'ont dé-
claré qu'ils n'en voulaient pas particulièrement aux églises et
qu'ils ne mettraient le feu qu'aux registres de baptême qui peu-
vent servir à reconstituer des états civils.
Le fait est qu'on ne délogea pas les Anarchistes de 93. La
Restauration leur donna l'investiture définitive des biens volés
avec le milliard des Emigrés.
En peu de temps, les propriétés, à l'abri désormais de
toute revendication, gagnèrent 50 p. 100 de valeur. C'était la
masse de ceux qui n'avaient rien, qui assuraient à ceux qui
s'étaient nantis la paisible possession de leurs vols, et la Bour-
geoisie, qui, seule, profitait de la mesure, trouvait encore moyen
de passer pour libérale en protestant contre la loi dont elle bé-
néficiait. C'est là que se retrouvait la pointe de malice vulpine
qui perce chez tous les personnages bourgeois des anciens fa-
bliaux.
La Bourgeoisie avait d'ailleurs, fait passer sur la collecti-
vité toutes les charges dont étaient grevées autrefois les proprié-
tés qu'elle avait acquises pour quelques chiffons de papier. Le
traitement du clergé, l'assistance publique, l'instruction pri-
maire, tous les services auxquels pourvoyaient jadis les proprié-
tés vendues pendant la Révolution retombaient sur le plus
grand nombre, et les acheteurs de biens nationaux avaient les
domaines, tandis que l'Etat prenait pour lui les obligations,
c'est-à-dire les mettait sur le dos de tous les citoyens.
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23 « Sous l'ancien régime, dit M. Paul Lafargue, les lois de l'Église ga-
rantissaient au travailleur 90 jours de repos (52 dimanches et 32 jours fériés)
pendant lesquels il était strictement défendu de travailler. C'était le grand
crime du Catholicisme, la cause principale de l'irréligion de la Bourgeoisie
industrielle et commerçante. Sous la Révolution, dès qu'elle fut maîtresse,
elle abolit les jours fériés et remplaça la semaine de sept jours par celle de
dix, afin que le peuple n'eût plus qu'un jour de repos sur dix. Elle affranchit
les ouvriers du joug de l'Église pour mieux les soumettre au joug du travail. »
« La haine contre les jours fériés n'apparaît que lorsque la moderne
bourgeoisie industrielle et commerçante prend corps, entre les XVe et XVIe
siècles. Henri IV demanda leur réduction au pape, il refusa parce que « une
des hérésies qui courent le jourd'hui est touchant les fêtes » (Lettres du car-
dinal d'Ossat). Mais, en 1666, Péréfixe, archevêque de Paris, en supprima
dix-sept dans son diocèse. Le Protestantisme, qui était la religion chrétienne,
accommodée aux nouveaux besoins industriels et commerciaux de la Bour-
geoisie, fut moins soucieux du repos populaire : il détrôna au ciel les saints
pour abolir sur terre leurs fêtes. »
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Bourgeoisie victorieuse donna aux rapports sociaux d'où elle fit disparaître
toute poésie, toute cordialité, toute tendresse.
« Partout où la Bourgeoisie a conquis le pouvoir, dit le Manifeste du
parti communiste élaboré et publié par Kart Marx et Frédéric Engels, elle a
foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens
multicolores qui unissaient l'homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les
a brisés sans pitié pour ne laisser subsister entre l'homme et l'homme d'autre
lien que le froid intérêt, que le dur argent comptant. Elle a noyé l'extase reli-
gieuse, l'enthousiasme chevaleresque, la sentimentalité du petit bourgeois
dans l'eau glacée du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une
simple valeur d’échange, elle a substitué aux nombreuses libertés si chère-
ment conquises l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la
place de l'exploitation voilée par des illusions religieuses et politiques elle a
mis une exploitation directe, brutale et éhontée.
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Français, sans distinction d'âge et de sexe, payent 101 francs d'impôts par an
et par tête. M. Octave Noël porte ce chiffre à 110 francs par tête. A ces im-
pôts, il faut ajouter les droits d'entrée et les centimes additionnels qui, grâce
au gaspillage républicain, ont pris dans certains départements des propor-
tions considérables.
Les Américains payent par tête 59 francs
Les Anglais 57
Les Allemands 44
Les Belges 40
Les Russes 36
Les Espagnols 33
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ments sévères des corporations d'autrefois dont tous les membres étaient
solidaires, où l'honneur de chacun était l'honneur de tous comme dans un
régiment. La réclame éhontée d'aujourd'hui eût indigné nos pères. Les jurés
en exercice veillaient avec soin à ce que la marchandise fut « toujours trou-
vée loyale ». En 1760, des tailleurs firent courir des billets dans le public
pour annoncer des vêtements à des prix très médiocres, on examina ces vê-
tements, on les trouva mal faits, et on fit défense aux tailleurs de continuer.
Tout milieu industriel dans lequel le Juif pénètre est discrédité au
bout de quelques années. Le fait se vérifie à quelques lieues de distance pour
des industries similaires. La Chaux de Fonds célèbre autrefois dans le monde
entier pour ses fabriques d'horlogerie, a été envahie par les Juifs. Elle est en
pleine décadence. Le Locle, au contraire, où les Juifs ne se sont pas encore
installés, a conservé toute sa renommée.
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les flanque à la porte et garde au fond d'un coffre ces fleurs qu'il
aime comme un Hollandais aimait ses tulipes.
Dans cet atelier devenu trop vaste qui donne, comme
tous les logements d'ouvrier du quartier, sur des cours sombres,
maussades, parmi ces matrices, ces fers, ces godets qui traî-
naient sur les tables, la pensée revenait de ces soirées brillantes
d'autrefois où nos élégantes se paraient devant l'étranger des
créations de nos artisans, où Paris heureux, triomphant, aima-
ble était encore l'arbitre du goût en Europe…
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teur et l'empêche d'en tirer un profit moral, ce qui est le but que tout écrivain
doit se proposer. Il est bon néanmoins de faire remarquer que le coup de
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Le règne de la Bourgeoisie est donc bien près de finir, car
elle est coupée maintenant en deux tronçons : l'un qui se rap-
proche du prolétariat, l'autre qui se soude à une aristocratie
particulière qui n'a pas d'analogue dans l'histoire, ploutocratie
titrée plus qu'aristocratie dans le sens ancien (gouvernement
des meilleurs), classe hybride, jouisseuse, peureuse, avide en-
core, mais qui n'ose plus rien prendre sans la permission des
Rothschild.
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La dernière forteresse de la Bourgeoisie reste le gouver-
nement et les Chambres. Ils sont tous là en famille, bourgeois de
pied en cap. Les monarchistes se résigneraient volontiers à la
République —à la condition de conserver leurs biens ; les répu-
blicains ne demanderaient que l'avènement des Orléans,— à la
condition de conserver leurs places. Ils échangent tous leurs
pensées sur ce point dans les couloirs en des conversations plei-
nes d'effusion, et ils rentrent en séance pour avoir l'air de se
combattre afin d'amuser le Peuple et de lui faire oublier qu'il
meurt de faim…
Pour la Bourgeoisie, il n'y a plus qu'un être que l'on
puisse exploiter en toute sûreté, car il se refait toujours avec les
fonds des contribuables, c'est l'État. La fonction, le mandat légi-
slatif, le siège de magistrat avec tous les profits annexes, le pot-
de-vin, la vente d'influences, voilà l'objectif.
Ceci constitue un régime, un système qui est le même au
fond, qu'il s'appelle l'Opportunisme ou le Radicalisme, c'est tou-
jours la République administrative et parlementaire, la grosse
vache à lait bourgeoise, et la Bourgeoisie y tient. Aussi vous ex-
pliquez-vous les hurlements qu'a poussés la belle jeunesse des
écoles lorsque Boulanger a paru menacer ce gouvernement où
tout est vénal.
Il semblait que la jeunesse universitaire dût toujours et
quand même être de l’opposition, elle avait manifesté contre
cette antique monarchie des Bourbons qui tenait une si grande
— portugaise 3% 5 5 58 6
4 1 25 5
autrichienne (or). 8 7 61 9
4% 1 8 10 2 50
Dette tunisienne 4 3 507 5
4% 31 50 12 50
Dette égyptienne unifiée 3 3 370 4
6% 62 00 10
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LIVRE TROISIEME
LES MONOPOLES
Les grands et les petits fiefs.— Le règne des Rothschild. Les emprunts
d'États.— Le monopole et les objets de première nécessité.— La Grai-
neterie française.— La ruine de l'agriculture.— Les adjudications pu-
bliques.— Les cafés.— Ce qui se passe à l'étranger.— L'accaparement
du cuivre. — Un type d'industriel juif : Lazare Weiller.—
L’Interpellation de M. Laur.— Les fournitures de l'armée. Les cartou-
ches en laiton.— Grands exemples laissés par l'ancienne monarchie.—
Marillac et Secrétan.— La fin du petit commerce.— Les grands maga-
sins.— Le droit de justice.— Comment on se fait décorer.— Les Ha-
chette et la censure.— Histoire d'un monopole.— Les députés de la
droite n'osent pas parler.— Ce qu'on vend dans les gares.— Le Zohar et
la Première maîtresse. Messire Luc et ce qu'en dirent Évinquabre,
Épaminondas, Diogène Laertius et autres personnages notables.— M.
Blount et son respect du droit des Français.— Les lettres d'égards.—
Le bilan des monopoles. Tentatives des petits commerçants pour s'or-
ganiser.— Pourquoi la presse ne peut parler.— Le testament de M.
Boucicaut.— Une statue ridicule.
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sur la terre. Ils ont passé depuis quelques années par des alter-
natives diverses, ils ont tremblé un moment mais ils se sont ras-
surés par la facilité qu'ils ont trouvée à obtenir la neutralité de
quelques meneurs du parti ouvrier. Pour l'instant, ils sont dans
l'apothéose et s'occupent de transformer l'hôtel de la rue Laf-
fitte, où mourut le baron James en « une Maison de souvenir »
comme la maison de Francfort. Ce sera le Saint-Denis de la dy-
nastie, on y viendra en pèlerinage, mais il y a quelquefois des
pèlerins qui sont affamés.
C'est de la France, malgré tout, que les Rothschild ont le
plus peur, quoique le parti antisémitique n'y soit pas encore
aussi complètement organisé qu'en Allemagne et en Roumanie.
Dès qu'ils n'auront plus la France, ils n'auront plus rien, ils au-
ront perdu le levier, le champ d'action.
[54]
C'est par la France, en effet, qu'ils gouvernent le monde,
c'est notre or drainé par eux qui leur permet d'obtenir des gou-
vernements où l'on sait encore ce que vaut le Juif, des honneurs
pour eux, des faveurs pour leurs coreligionnaires et la persécu-
tion plus ou moins ouverte contre l'Église. Les finances italien-
nes sont une improvisation des Rothschild.
Un jour le comte de Breda, voyageant dans le même
compartiment de chemin de fer qu'un des Rothschild de Franc-
fort, lui demanda pourquoi leur maison soutenait avec tant
d'énergie le crédit de l'Italie, qui ne reposait absolument sur
rien.
— C'est notre manière à nous de taper sur les curés, ré-
pondit le baron.
A force d'habileté les Rothschild sont parvenus à décider
la France à fournir à un pays qui nous déteste, qui nous insulte
lâchement, qui ne cache pas son intention de nous frapper par
derrière dès que nous aurons la guerre avec l'Allemagne, les
moyens de payer des armements énormes et d'avoir une flotte
supérieure à la nôtre.
Grâce aux Rothschild la rente italienne a été placée pres-
que exclusivement en France. L'Angleterre et l'Allemagne, qui
prodiguent leur sympathie à l'Italie, n'ont pas la moindre
confiance en elle au point de vue financier, il suffit, pour s'en
assurer, d'examiner les sommes payées au mois de juillet der-
nier pour les coupons du 5 % italien :
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quelle catégorie ils doivent les chercher, et, en tout cas, ils sont
bien aveugles s'ils ne comprennent pas que le producteur est la
première victime de ces tripotages cosmopolites. On doit bien
penser que la spéculation juive essayera de prendre sa revanche
de cet échec momentané. Aujourd'hui, il paraît que c'est sur les
houilles qu'elle étend ses griffes sémitiques, il s'agit d'acheter
ferme tous les stocks des grandes houillères d'Angleterre, de Bel-
gique, de France et d'Allemagne, pour monopoliser la vente et
faire la loi aux acheteurs.
Quoi qu'il en soit, on voit que si le socialisme d'en
bas est un ennemi de la propriété et de l'ordre social, il a dans la
Juiverie financière un complice dont la Graineterie soi-disant
française est loin d'avoir montré le dernier mot.
Le crédit agricole juif, on le voit, à la puissance de
faire hausser ou baisser de 4 francs le prix du blé en huit jours, et
d'enlever aux producteurs le maigre bénéfice qu'ils peuvent espé-
rer du droit de 5 francs. C'est dire que si l’agriculture manque de
capitaux pour produire, les capitaux ne manquent pas pour la
rançonner. A l'heure présente, le blé à 23 francs ne rémunérera
pas le quart des producteurs français, malgré le droit de 5 francs.
D'ailleurs, les importations de farines, encouragées par le droit
insuffisant de 8 francs, prendront un développement ruineux à la
fois pour la meunerie et pour la culture si nos députés
n’obtiennent pas le relèvement de la taxe actuelle. La crise agri-
cole va donc continuer sur les blés pendant la prochaine campa-
gne.
Les Francs-Maçons républicains qui dirigent en réalité le
[59] ministère de la guerre aident, moyennant une grasse rétri-
bution, la Juiverie cosmopolite à ruiner notre agriculture de
façon à ce qu'au moment d'un conflit avec l'Allemagne ce soient
les Juifs allemands qui tiennent tous les approvisionnements
entre leurs mains34.
Protestations de cultivateurs, vœux de conseils généraux,
pétitions, tout est inutile, le ministre de la guerre, quel qu'il soit,
sait que le jour où il ne servirait plus les intérêts de la Juiverie, il
serait renversé le lendemain par les Francs-Maçons de la
Chambre à la solde d'Israël.
Le Bulletin du Syndicat agricole d'Ille et Vilaine dit à ce
sujet :
Le gouvernement semble prendre à tâche de ne rien
négliger pour hâter la ruine de notre agriculture.
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sienne, aux gages d'Israël, a été muette comme une de ces car-
pes de Fontainebleau qui ont des anneaux d'or dans les ouïes.
Tout ceci est utile à noter et explique l'écho qu'a trouvé la
France juive dans ce pays que la Juiverie cosmopolite dévore
jusque dans ses racines. M. Franck ferait bien mieux de s'expli-
quer là-dessus dans les Débats que de répondre à tout par des
balivernes sur la tolérance que ses coreligionnaires pratiquent si
peu. Le philosophe sait parfaitement que l'on n'agiote pas im-
punément sur le pain et que cette colère des campagnes est un
indice grave. Quand les Juifs s'en[61]fuiront devant les ouvriers
de Paris, qu'ils ont réduits à la misère, ce sont les paysans qui se
chargeront de les empêcher de gagner la frontière et les rabat-
tront sur nous à coup de fourche.
Ce que nous avons dit du syndicat sur les blés s'applique
exactement d'ailleurs au syndicat sur les sucres, les agioteurs
ont exercé partout leur action dévastatrice. Les Juifs et les Ju-
daïsants, comme Lebaudy, ont commencé par troubler le mar-
ché par leurs manœuvres, leurs accaparements, leurs coups de
Bourse. Les fabricants et les raffineurs, incapables de lutter
contre une coalition si formidable, ont été ruinés ou se sont
rendus à merci en promettant de favoriser les intérêts des spé-
culateurs. Ceux qui se sont mis du côté des Juifs n'ont pas eu,
du reste, à se plaindre, car dans la séance de la Chambre du 15
janvier 1886 M. Sans Leroy déclarait que les raffineurs de Paris
avaient touché 40 millions de différence à leur profit, en une
seule année. Grâce, en effet, à la vénalité des ministres, les lois
ont été faites uniquement pour seconder les opérations des ca-
pitalistes agioteurs36.
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[62]
Tandis que les parasites s'enrichissent, les vrais travail-
leurs, ceux qui produisent, en sont réduits à la misère. Beau-
coup de cultivateurs ont abandonné le lin, la laine, les blés, les
caillettes pour se mettre à la culture intensive de la betterave, et
ils n'en ont retiré aucun bénéfice. Un cultivateur, à moitié ruiné
déjà, me traçait dans une lettre le lamentable tableau de la si-
tuation générale dans la région qu'il habite.
Vendant sa laine à 12 sous qui revient à 24, sa viande
à 50 centimes la livre nette, pour un prix de revient de 80 centi-
mes, son blé (pour surtaxe insuffisante) à 21 francs sur un prix de
revient de 27 les 100 kilogr., son lin à moitié, sa betterave à 12 p.
100 de sucre, c'est-à-dire à 1/4 de rendement en moins à
l’hectare à 18 francs les 100 kilogr. au lieu de 20 francs pour la
betterave ancienne, conséquence des baisses (le sucre est tombé
à 35 francs) et des rejets faits par les Chambres, ne pouvant plus
faire d'œillettes, de colza et de chanvre, concurrencée par la soie
de Chine, les vins d'Italie et d'Espagne pleins d'alcools insalubres
allemands entrant ainsi en fraude par tolérance, il en résulte une
perte pour le praticien de 20 à 30,000 francs par ferme.
C'est la ruine de la France, l'industrie ne trouve plus
de débouchés, s'écroule sous l'influence de la concurrence, des
tarifs de pénétration et des baisses, écrasée par ses frais géné-
raux, par les protêts à vingt-quatre heures d'échéances, et les fail-
lites où les syndics, par leurs formalités et leur force d'inertie,
mangent le pas de porte et font disparaître les clients et les
agents.
Quand un établissement tombe, le Juif rachète. Le
Chrétien a fait la réclame, la clientèle, les études, le Juif a tout ce-
la pour rien. Une autorisation que le Chrétien aurait attendue
plus d'un an peut-être est donnée au Juif en une simple visite, en
passant, chez le ministre.
Il n'y a plus partout que des Dreyfus, des Lévy et des
Lehman.
L'État voit ses impôts diminuer. Il ne nous dit pas
tout, quand il est gêné il emprunte, et le Juif, sans s’engager,
prend les titres et les replace avec un bénéfice d'un septième.
L'Aisne a 1/5 de ses terres complètement abandon-
nées, l'arrondissement d'Arras 11,000 hectares. Rothschild
achète sans cesse des terres pour la chasse en Seine-et-Marne,
car le perdreau l'intéresse plus que l'homme. J'ai vu dans la
Somme, à Talmas, vendre des terres pour 5 francs l'hectare. [63]
La crise monétaire commence dans les campagnes et les villes en
retirent leurs fonds et leur crédit.
C'est la ruine à brève échéance et comme me le disait
un de mes amis : « Un si beau pays ! Comme cela a été vite ! »
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eut qu'à appliquer le fameux article 419 du Code pénal, qui fut
appliqué à l'Union générale. Que dit donc cet article ?
Art. 419. Tous ceux qui, par des faits faux ou calom-
nieux semés à dessein dans le public, par des sur-offres faites au
prix que demandaient les vendeurs eux-mêmes, par réunion ou
coalition entre les principaux détenteurs d'une même marchan-
dise ou denrée, tendant à ne pas la vendre, ou à ne le vendre
qu'un certain prix, ou qui, par des voies ou des moyens fraudu-
leux quelconques, auront opéré la hausse [67] ou la baisse du
prix des denrées ou marchandises ou des papiers et effets publics
au-dessus ou au-dessous des prix qu’aurait déterminés la concur-
rence naturelle et libre du commerce, seront punis d'un empri-
sonnement d'un mois au moins, d'un an au plus, et d'une
amende de 500 francs à 10,000 francs. Les coupables pourront
de plus être mis, par l'arrêt ou le jugement, sous la surveillance
de la haute police pendant deux ans au moins et cinq ans au plus.
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notre pauvre France est pillée, trahie, livrée par la bande des
financiers.
Nous avons là des documents très complets, ce qui est
rare en ces questions où les coupables demandent toujours à
ceux qui les accusent des preuves formelles qu'il est impossible
de fournir, puisqu'elles sont entre les mains des complices, dans
des commissions ou dans des ministères.
L'auteur de cette brochure, le Gaspillage du budget de la
guerre, est un négociant en métaux. Alsacien très patriote, ré-
publicain, il est même Franc-Maçon, mais il appartient à ce pe-
tit groupe de Francs-Maçons restés Français qui rougissent de
voir la Maçonnerie se faire l'instrument de Bismarck. Ceux qu'il
attaque prétendront sans doute qu'une pensée de rivalité se
mêle à ses préoccupations patriotiques. Ce qui est certain c'est
qu'il était notable commerçant pour les métaux et les minerais
et qu'il connaît les choses dont il parle.
II ressort, jusqu'à l'évidence, des témoignages qu'il pro-
duit qu'en 1875 nous étions hors d'état de nous battre.
La cartouche en laiton qu'on avait adoptée se détériore
rapidement, l'enveloppe s'oxyde et au bout d'un certain temps
elle est incapable de servir. La portée du tir ne dépassait plus
guère 200 mètres et la moyenne des ratés et des ruptures d'étui
était de 15 p. 100. La plupart des journaux militaires ont signalé
ce fait.
M. Thiers, qui, quoi qu'on en ait dit, apportait dans ce qui
touchait à l'armée la compétence que tout être intelligent ap-
porte à ce qu'il étudie avec amour, était complètement opposé à
ces cartouches, elles ne furent adoptées qu'après le 24 Mai,
pendant le ministère du général de Barail.
Le ministère de la guerre savait cependant à quoi s'en te-
nir sur ce point, puisque dès 1868 on avait proposé ces cartou-
ches et qu'elles avaient été refusées à la suite d'un rapport de M.
Michel Roux, capitaine d'artillerie, constatant que jamais on ne
pourrait constituer d'approvisionnement sérieux avec ces car-
touches « parce que des actions chimiques puissantes agissaient
pour détruire l'enveloppe ».
[75]
Malgré tout, un syndicat formé par MM. Gevelot, Secré-
tan, Laveyssière et Rothschild (toujours) imposa ces cartouches.
Il ne s'agit pas ici de rumeurs en l'air, d'allégations plus
ou moins fondées. La meilleure preuve que ces cartouches ne
pouvaient servir, c'est, qu'après avoir dépensé des millions pour
leur fabrication, la France dut payer d'autres millions pour leur
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peint ce qui se passait dans ces bazars, les malades qui s'y don-
nent rendez-vous, les aberrants passionnels de toutes sortes, les
frotteurs, les peloteurs, les destructeurs. Causez avec lui et il
vous dira qu'il n'a fait qu'effleurer le sujet et qu'il s'est décidé à
jeter au feu les pages les plus étranges de ce chapitre.
Quand on dit timidement aux conservateurs que ces éta-
blissements, à proportions anormales, sont en dehors des pro-
priétés permises à des particuliers et que l'Etat devrait s'en em-
parer et les réorganiser, ils poussent de hauts cris. [83] Or, la
cloison est si mince entre ces établissements et des établisse-
ments publics que ces grandes maisons dont l'Etat prétend res-
pecter les droits ne respectent pas les droits de l'Etat. Ils obéis-
sent à la logique de la constitution des fiefs et se déclarent indé-
pendants.
Jadis le bon seigneur, après le repas, s'asseyait dans un
fauteuil, et, assisté de son sénéchal, il jugeait ceux que lui ame-
nait sa maréchaussée, il exerçait son droit de basse, moyenne et
haute justice. Nos féodaux agissent de même. Ils n'aiment pas le
code Napoléon, ce qui est excusable, ils préfèrent la loi Bur-
gonde, fondée sur la composition, la réparation du délit par une
somme plus ou moins forte.
Tout se passe avec l'appareil qui convient, on se réunit
dans un local bien fermé par des portes d'acajou massif. Les
inspecteurs au service de l'établissement font leur rapport et le
vol est établi sur leur seul témoignage.
A l'intérieur, ce sont généralement d'anciens inspecteurs
en retraite qui font le service43.
Les vols établis par ces derniers, la personne prise en
flagrant délit est déférée au conseil d'administration convoqué
instantanément par une sonnerie électrique, bien connue du per-
sonnel.
Le conseil statue sur son sort, après l'avoir fait pré-
alablement fouiller. Si elle ne conteste pas, reconnaît le délit,
prouve son identité, on compose, et c'est alors qu'elle prend par
écrit l'engagement d'indemniser le grand bazar tout en autori-
sant, par ce même écrit, l'un de ses délégués à se livrer chez elle à
des recherches sans l'intervention de l'autorité judiciaire.
Dans cette visite domiciliaire, les marchandises neu-
ves sont seules reprises.
Selon son rang, sa position, sa fortune, la femme in-
criminée verse une somme qui est, dit-on, entièrement consacrée
aux pauvres, somme variant de 5 francs à 10,000 francs.
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Ce qui se passe nous aide à bien comprendre comment s'est opéré le dé-
membrement du pouvoir central par la féodalité. Chacun prend ce qu'il peut
dans le droit de tous et crie contre le peuple qui en réclame une bribe.
Les directeurs des grands magasins rendent la justice de leur autori-
té privée.
La maison Hachette rétablit la commission de colportage légalement
supprimée, et investit ses employés de la mission de décider quels sont les
livres qui peuvent circuler sans danger.
L'Alliance israélite bat monnaie.
« On vient, nous apprend l'Intransigeant du 17 août 1887, de rece-
voir à Vienne les premières pièces de monnaie frappées à Paris par les com-
munautés juives établies en Palestine et garanties par l'Alliance israélite
universelle.
« Ces pièces sont en bronze. Leur valeur est celle d'une piastre, d'une
demi-piastre, d'un quart de piastre. Au dos sont gravés des caractères hé-
braïques. Sur la face un chiffre avec cette inscription : A. I. U. (Alliance
israélite universelle).
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droits dans son pays. « La liberté, a-t-on dit, est le droit d'aller
et de venir librement, » or, je ne m'aviserai pas de vouloir em-
pêcher les Anglais de circuler sur leur territoire et je ne décou-
vre pas bien pourquoi M. Blount, directeur des [95] lignes de
l'Ouest, m'empêche de circuler sur des lignes qui sont autant à
moi qu'à lui.
Un livre, en effet, n'est qu'une des formes, une des mani-
festations, une prolongation de l'homme et du citoyen, dès que
vous arrêtez mon livre, c'est moi que vous arrêtez. Votre Hamp-
den, qui brava la prison pour son droit, n'aurait pas supporté
cela, monsieur Blount, moi je ne le supporte pas non plus…
M. Blount eût pu parfaitement empêcher cet acte d'arbi-
traire, dire aux Hachette : « Respectez-vous vous-même, ou
vendez tout, comme vous y êtes obligé par la loi, ce qui dégage
votre responsabilité et la nôtre, ou ne proscrivez pas les livres
honnêtes au profit des œuvres immondes. »
M. Blount eût dû tenir ce langage ; il a des filles charman-
tes, dit-on, qui se sont bien mariées et pour lesquelles M. Blount
fils a même composé un Chant nuptial, car il est bon musicien.
Avant d'être mariées, elles ont pu voyager toujours sous la garde
de correctes institutrices, comme il sied à des filles de million-
naires, mais il existe beaucoup de jeunes filles françaises qui ne
sont point filles de millionnaires et qui voyagent toutes seules.
Quand celles-là cherchent un volume à lire en route, elles trou-
vent des imitations de de Sade ou des impressions d'un séjour à
Lesbos, sur lequel les Hachette prélèvent un honnête courtage.
M. Blount estime-t-il qu'une censure ainsi comprise honore
beaucoup les industriels qui l'exercent et les directeurs qui l'ap-
prouvent au mépris de toutes les lois ?
Il me serait impossible, par respect pour mes lecteurs,
d'analyser en détail les romans qu'on met ainsi à la disposition
de tous : la Première maîtresse de Catulle Mendès par exemple.
L'ancien directeur du Voltaire, M. Hepp, n'est assurément point
suspect de pudibonderie, puisqu'il est lui-même l'auteur d'un
roman : l'Epuisé, qui fit rougir le Matin, il se refusa cependant
énergiquement à continuer la publication de la Première maî-
tresse en feuilleton.
C'est une Justine juive que ce livre, une Justine vêtue
d'un style tout d'or et de soie par un lettré toujours [96] difficile
dans le choix de ses épithètes, une Justine ornée comme une
Hérodiade et dansant la danse obscène dans un rythme lent
pour ne pas choquer entre elles les pierreries qui la couvrent et
rompre l'harmonie des lignes.
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Les lois n'existent pas pour ceux qui sont affiliés au sys-
tème des monopoles, c'est une organisation, encore une fois,
dont tous les membres se tiennent comme dans l'organisation
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posait au Conseil général de la Seine un projet de vœux dont voici les conclu-
sions :
Le Conseil général considérant :
Que le devoir de l'Etat est de répartir équitablement et proportion-
nellement les charges publiques,
Que la législation qui régit l'impôt des patentes est en contradiction
flagrante avec cette obligation, par suite des transformations commerciales,
industrielles et financières qui se sont produites depuis les dernières réfor-
mes de la loi du 13 juillet 1880,
Que, contrairement à ce qu'ont voulu les législateurs, il résulte au-
jourd'hui que certaines classes élevées de contribuables, et notamment les
grands magasins de nouveautés, se trouvent favorisés aux dépens des petits
commerçants,
Émet le vœu : que cette loi soit modifiée dans le plus bref délai pos-
sible et dans un sens plus équitable et plus en harmonie avec les principes
démocratiques du gouvernement républicain.
Sauf le Parti national, qui est un journal assez indépendant pour
certaines questions, je ne vois pas que la presse se soit occupée de cette pro-
position.
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bles. Ils nous donnent chacun trois fois la page entière au prix
maximum et les réclames de seconde page, c'est une aubaine
d'une vingtaine de mille francs.
— Bravo ! Rien n'est plus légitime que l'annonce ! Après
tout, ceux qui ne voudront pas de ces bas sont libres de ne pas
les prendre. Je n'assume aucune responsabilité en annonçant
qu'on vend des bas….
— Sans doute, mais…
— Mais ?…
— Mais les directeurs comptent bien qu'une fois des rela-
tions cordiales établies entre le journal et eux, relations qui ne
peuvent que s'améliorer encore, vous renoncerez à attaquer les
grands magasins.
Que ferait en pareil cas le petit commerçant qui, sur le
seuil de sa boutique déserte, se désole de voir la foule accourir
vers les grands magasins et se plaint que nul ne le défende ? Il
ferait ce que ferait le directeur d'un journal, il songerait à tous
ses camarades vieux et jeunes qui vivent du journal, eux et les
leurs, et il céderait…
A l'heure actuelle, on peut le dire, le meilleur moyen pour
parler librement, c'est de ne pas avoir d'organe…
Ce n'est pas là un achat de la conscience proprement dit,
c'est le fonctionnement d'un régime. Le féodal, le seigneur suze-
rain dit à ceux qui avoisinent son castel : « Voulez-vous rester
en paix avec moi, je ne demande pas mieux, seulement ne vous
mêlez pas de ce que je fais. »
Il en est de même des mensualités financières qui sont, à
cette époque de crise, l'unique ressource de beaucoup de jour-
naux relativement honnêtes.
Le journal juif, merveilleusement informé toujours, atta-
que, fait une campagne, comme on dit, multiplie ses : « Est-il
vrai ? A demain les détails ! » Et la Société financière capitule.
Mais, en dehors de cette presse, beaucoup de journaux reçoi-
vent [102] d'établissements financiers, comme le Crédit foncier,
des mensualités régulières qui constatent simplement les bons
rapports du journal et de l'établissement, qui constituent une
sorte d'état de paix réciproque.
Pour certains journaux le chiffre de ces allocations est
énorme : il atteint pour le Panama, par exemple, de 4 à 500,000
francs pour une seule feuille. Je pense que M. de Lesseps agira
comme Louis XIV, quand les comptes de Versailles lui furent
remis, et qu'il brûlera les comptes de sa publicité, s'il ne le fait
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LIVRE QUATRIÈME
L'IDÉE SOCIALISTE A TRAVERS LE
XIXe SIÈCLE
Dès Prairial, les Jacobins nantis répondent à coups de canon aux re-
vendications populaires.— Caractère élevé du mouvement socia-
liste naissant.— Rêve d'une société meilleure, mais absence com-
plète de haine et d'envie.— Intelligence de la mission supérieure de
l'Église. Profond respect de la femme.— Les livres de Chevé. Cons-
tantin Pecqueur, le père du collectivisme.— Une génération dispa-
rue. Le clergé d'alors se désintéresse trop du mouvement social.—
La littérature de Troplong.— Comment les Bourgeois conçoivent
l'ordre.— L'Internationale et son programme. Benoit-Malon.—
Rôle très secondaire de Karl Marx dans l'Internationale.— Sa ja-
lousie contre Proudhon et le socialisme français.— La Commune.—
Férocité de la Bourgeoisie révolutionnaire.— Humanité du proléta-
riat.— Les chefs ouvriers de la Commune.— La République actuelle
n'est qu'une Commune sans probité.— Treilhard et Peyron.— Ce
que coûte une République bourgeoise.— Varlin et les Rothschild.—
Les dessous de la Commune.— L'esprit du Peuple tout à fait modi-
fié aujourd'hui.— La haine laissée dans les cœurs par la répression
de la Commune.— En quoi cette répression fut immorale.— Triste
inertie et inintelligence absolue des conservateurs de l'Assem-
blée.— Un mea culpa de Saint Genest. Inutilité de tout le sang ver-
sé.
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notre main s'abatte sans pitié sur leurs fronts comme un glaive
de vengeance.
L'Esprit n'est-il donc devenu souverain du monde,
après six mille ans d'efforts, que pour abdiquer sa couronne et
son trône, et, les cédant à la matière, reprendre les chaînes d'es-
clave de son enfance ? Si c'est là le progrès, c'est le progrès dans
la mort.
La Société est-elle donc trop riche de vertus pour ve-
nir la convier au cynisme ? Est-ce que le Peuple n'a pas assez de
ses maux, sans appeler ses filles au déshonneur et ses épouses à
l'adultère ?
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ques-uns ont trop vécu, ils sont devenus infâmes et font partie
de la majorité servile d'aujourd'hui…
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56 Ces lignes, qui sont moins sèches que les programmes économi-
ques ordinaires et que traverse, comme une petite brise des champs, la com-
paraison du centième pigeon, sont les premières écrites par Benoît Malon
qui devait jouer plus tard un rôle considérable dans le parti socialiste.
Il faut remarquer, à la louange des juges de l'Empire, que dans tous
les procès de l'Internationale, ils ont laissé la défense soutenir librement des
thèses qui, surtout alors, devaient paraître monstrueuses à la magistrature.
Dans le procès Meyer, quand des hommes comme Albert Duruy et Alphonse
Daudet voulaient placer un mot, Barthelon, pressé d'aller toucher sa récom-
pense, leur imposait brutalement silence.
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châtel, qui prétendent que les ouvriers n'ont pas besoin de se ma-
rier et d'avoir une famille, et que rien ne les oblige à rester sur la
terre quand ils ne peuvent pas trouver le moyen de vivre. Il se
marie donc, la misère entre sous son toit, avec la cherté et le
chômage, les maladies et les enfants. Alors si, à l'aspect de sa fa-
mille qui souffre, il réclame une juste rémunération de son tra-
vail, on l'enchaîne par la faim comme à Preston ; on le fusille
comme à la Fosse Lépine ; on l'emprisonne comme à Bologne ;
on le livre à l'état de siège comme à Barcelone ; on le traîne de-
vant les tribunaux comme à Paris.
Ce malheureux gravit son calvaire de douleurs et
d’affronts : son âge mûr est sans souvenirs, il voit la vieillesse
avec effroi : s'il est sans famille, ou si sa famille est sans ressour-
ces il ira, traité comme un malfaiteur, s'éteindre dans un dépôt
de mendicité.
[122]
Et pourtant cet homme a produit quatre fois plus
qu'il n'a consommé, qu'a donc fait la société de son excédent ?
Elle en a fait… le centième pigeon.
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eut sans doute l'esprit traversé par une pensée, il s'arrêta, re-
garda encore une fois Malon… et ne parla pas à l'officier. A quoi
tient la vie humaine ?
Varlin, qui avait failli être fusillé par les fédérés rue de
Haxo, en essayant de sauver les Otages, fut moins heureux. Il
fut pris à quelques pas de la place Rochechouart assis devant la
table d'un café. Maxime du Camp, qui n'est point tendre pour la
Commune, n'a pu se défendre de paroles émues en racontant
cette douloureuse agonie, cette longue promenade sur les Buttes
et aussi cette belle mort droite, très fière…
Sur le mort, on trouva les 300 francs qu'on avait eu
grande peine à lui faire accepter dans le dernier payement fait
aux membres de la Commune.
Jourde également fut d'un désintéressement rare. Tandis
qu'il était ministre des Finances et remuait des millions, sa
femme continuait à aller laver son linge au lavoir public, l'enfant
allait à l'école gratuite et Jourde prenait ses repas chez un petit
gargotier de la rue du Luxembourg57.
Theiz géra de même l'administration des postes avec une
probité incontestée. Camélinat exerça les fonctions de directeur
de la Monnaie avec une habileté et une honnêteté auxquelles on
rendit hommage même immédiatement après la Commune. Il
ne profita de son passage au quai Conti que pour introduire
dans la frappe de la monnaie française une amélioration qui fut
maintenue.
Un autre fonctionnaire Treilhard, directeur de l'Assis-
tance publique, quitta les bâtiments annexes de l'Hôtel de Ville
au [131] moment de l'incendie, emporta avec lui les fonds de
réserve de l'Assistance montant à 37,440 francs, et il les déposa
chez lui en recommandant à sa femme, s'il ne reparaissait pas,
de les remettre au représentant du gouvernement de Versailles.
Il fut pris et fusillé et, deux jours après, Mme Treilhard,
portant pour la première fois la robe de deuil, rapportait l'ar-
gent à l'officier qui avait fait exécuter son mari58.
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or, cet homme intègre qui prenait ainsi la place d'un employé qui servait
depuis vingt-cinq ans l'administration et auquel cette perception revenait,
avait voté une loi par laquelle nul ne pouvait être nommé percepteur après
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tions, elles sont devenues moins féroces. 1830 et 1848 sont des idylles à côté
de la première Révolution que la Bourgeoisie dirigea.
62 S'ils n'organisèrent pas les massacres, les Girondins ne firent rien
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finisse ! » pendant que les victimes râlent, pendant que les travailleurs de
Maillard, ayant du sang jusqu'aux genoux, mettent pour s'éclairer des tor-
ches dans les yeux crevés des morts…
Un poète aux nobles inspirations, un privilégié parmi les rois de l'in-
telligence, un homme comblé par Dieu de tous les dons, a consacré son génie
à célébrer ces Girondins qui ne firent point ce que fit Varlin, l'ouvrier relieur,
rue de Haxo, qui n'essayèrent rien pour arrêter les massacres et qui se met-
taient tranquillement à table pendant qu'on égorgeait. Etant donné la façon
dont les représentants des classes élevées ont dépravé l'âme populaire par
leurs esprits, ne trouvez-vous pas qu'il faut que le peuple ait l'honnêteté et la
bonté chevillées dans le corps pour ne pas faire plus de mal qu'il n'en fait
quand il est le maître ?
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LIVRE CINQUIÈME
LE SOCIALISME ACTUEL. - LES PARTIS
La situation est révolutionnaire mais les hommes ne le sont pas.— Un
mot du cardinal Guibert.— La douceur de vivre.— On s'en tient uni-
quement au verbal.— Le cheval préfet de police.— La division des
partis révolutionnaires.— Les chefs d'école.— La lutte entre Guesde
et Brousse.— Le Bodin du parti socialiste.— Le socialisme budgé-
taire.— Jules Guesde et les guesdistes.— Chirac accusateur publie
devant une Chambre de Justice.— Le Collectivisme.— La socialisa-
tion des instruments de travail.— Caractère particulier de ces doctri-
nes qui ne font que dégager une conclusion absolue de ce qui existe
déjà en fait.— Quels sont les véritables destructeurs de la famille ?—
Ephrussi et le comte de Paris.— Ce que dit le pain quand on le
coupe.— Un empereur qui déchire son pantalon pour aller plus vite à
la Synagogue.— L'Anarchisme.— Un anarchiste rétablit l'ordre dans
les audiences de tribunaux.— Les anti-propriétaires.— Emile Gau-
tier.— Rôle de la police et des Juifs dans les réunions publiques.—
L'Anarchie générale.
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tes les paroles du saint prêtre, voyez-vous, mon ami, j'ai remar-
qué qu'à notre époque personne ne se souciait de risquer sa
peau. »
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lante situation de fortune, touchent comme les camarades mais ils touchent
avec un geste pudique et effarouché, volontiers ils répondraient ce que ré-
pondit Baour-Lormian dans une circonstance à peu près analogue.
Le poète avait reçu de Napoléon une pension de 12,000 francs et,
quand la Restauration fut venue, il fut le premier à se répandre en invectives
contre l'usurpateur et l'ogre de Corse
— Je croyais que vous aviez une pension du tyran ? Lui demanda un
confrère.
— Oh ! Le misérable ! Ce n'est que trop vrai….
— Vous auriez pu ne pas la toucher ?
— Vous ne connaissez pas Buonaparte. Tous les trois mois il a fait
venir le ministre des finances : « Baour Lormian a-t-il touché sa pension ? —
Oui, sire.— Ah ! Très bien.— Si je n'avais pas touché, il m'aurait fait fusiller
comme le duc d'Enghien. »
Les conseillers municipaux conservateurs auraient parfaitement pu
faire une affiche collective et dire : « Si l'on admet le principe de la rétribu-
tion des fonctions municipales, que l'on accorde un traitement aux conseil-
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même pour ceux qui ne font pas de grosses affaires comme Le-
fèvre-Roncier ou Marsoulan, 3 ou 4,000 francs que leur don-
nent les faiseurs en chef. Ce n'est pas précisément le pot de vin,
c'est le demi-septier, la régalade… — Vous [154] voterez ce pro-
jet, n'est-ce-pas ? — C'est que… — Bah ! Faites-le pour moi…
Vous savez bien que je suis un ami, quand vous aurez besoin de
25 louis.— Tiens précisément, aujourd'hui… — Comme cela se
trouve ! Tenez ! j'ai justement cette somme sur moi… Charmé de
vous être agréable.
Cela sans doute ne vaut pas les beaux coups des Léon
Say, des Léon Renault, des Granet, des Wilson, des Raynal,
Bône et Guelma, les Conventions, mais cela aide à vivre et les
politiciens subalternes s'en contentent… en attendant.
Il est bien entendu, en effet, qu'il n'y a qu'à attendre. Le
pouvoir ressemble à ces maisons aux jalousies fermées des villes
de garnison les jours de fête militaire, tous les corps d'armée
viennent à leur rang et l'on entend les voix avinées de ceux qui
s'impatientent en bas. — Eh là-haut ! Avez-vous fini ? Est-ce
bientôt mon tour ? hurle Clemenceau à Gambetta.— Et Clemen-
ceau n'est pas plutôt dans l'escalier que Brousse lui crie de se
hâter…
Aussi on comprend l'exaspération de tout ce monde lors-
que Boulanger apparut. C'était la série interrompue, la file cou-
pée, le tour d'avancement supprimé…
Tous ces gens qui s'invectivaient la veille s'embrassèrent
en haine de l'intrus. Clemenceau protesta que c'était indigne et
qu'il n'avait pas eu assez. Joffrin déclara qu'il n'avait rien eu du
tout et, d'enthousiasme, ils fondèrent la Société des Droits de
l'homme.
Le peuple se fit là un quart d'heure de bon sang. [155]
Joffrin eut beau traiter ses électeurs de « crétins », il n'en fut
pas moins hué à Paris pendant que Dumay l'était à Lyon64.
lers des 37,000 communes de France. Jusque-là nous constatons que nous
ne touchons pas et que les républicains touchent. » C'est le public lui-même
qui, dans ce cas, aurait été touché de ce désintéressement.
Chose bizarre ! Le seul qui n'ait jamais voulu toucher est Leven. Il
parait qu’il se rattrapait d'un autre côté, mais enfin il respectait le principe.
64 Comme tous ceux dont on vante d'avance l'habileté, Brousse sem-
ble dans cette circonstance avoir été médiocrement adroit et n'avoir pu réus-
sir le tour de passe-passe qu'il comptait faire accepter du populo. Il est vrai
que populo a été mystifié si souvent qu'il commence à se défier un peu.
Dans une réunion rue Pouchet où il s'était présenté pour rendre
compte de son mandat, le conseiller municipal du quartier des Epinettes fut
149
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mis sur les épines et accablé par les cris de : « Vas-t'en à la rue Cadet ! A bas
les traîtres ! »
Voici, d'ailleurs, d'après l'Intransigeant du 10 août, la protestation
que rédigèrent les électeurs indignés en sortant de cette réunion.
« Le nommé Brousse a profité sournoisement des funérailles du ci-
toyen Eudes pour rendre compte de son mandat.
« Malgré l'appoint de deux cents claqueurs environ, la journée n'a
pas été heureuse pour le possibilisme, commencée à huit heures et demie, la
séance a été levée à neuf heures et quart, l'assemblée, rendue plus houleuse à
chaque instant, s'est refusée à entendre M. Brousse.
« Les électeurs protestent contre les agressions dont ils se sont vus
victimes. Le citoyen Anquetil a été notamment frappé à la tête et dans le dos
à coup de canne plombée, et mordu à la main.
« Les citoyens soussignés protestent contre ces moyens indignes
d'étouffer toute discussion. »
150
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Louis. Guesde n'a donc point passé par le collège, qui n'a d'autre
avantage — étant donné le niveau moral de l'Université — que
d'être une admirable école pour former le caractère, pour ap-
prendre, en recevant et en donnant des coups de poing, à vivre
avec les hommes. Il a pris de son père la droiture et aussi ce be-
soin de domination du pédagogue, l'habitude des affirmations
tranchantes et que nul ne doit contredire, en fait, malgré une
éloquence qui est réelle et qui a de l'action sur la foule, c'est un
merveilleux professeur de science sociale plus qu'un agitateur
de rue.
C'est Brousse, dit-on, que M. Rosny a voulu peindre dans
le Bilatéral. Guesde lui est un Unilatéral ; il suit son raisonne-
ment avec une logique inflexible, mais ne soupçonne pas que les
choses, comme les étoffes, puissent avoir un envers et un en-
droit, il a des œillères comme certains chevaux et ne regarde
jamais ni à gauche ni à droite. Incomparable pour analyser le
mécanisme de la société actuelle, il ignore absolument le ma-
niement des hommes et, comme je l'ai dit, pousse l'ignorance
sur ce point, jusqu'à ne pas se bien connaître lui-même.
[157]
Les politiciens trompent la foule en affichant des vertus
qu'ils n'ont pas ; Guesde se trompe lui-même et trompe les au-
tres sur son compte en maximant, en érigeant en doctrine, avec
une sorte d'ostentation de sectaire, des sentiments mauvais qui
ne sont pas les siens.
Désintéressé et dévoué, Guesde s'imposait, ainsi que ses
amis, de véritables privations pour faire paraître le journal
l’Égalité.
Le journal s'imprimait à Lagny, par économie, les rédac-
teurs étaient obligés de partir le matin pour l'imprimerie,
n'avant que juste la somme nécessaire pour le voyage et ne
mangeaient pas de toute la journée, les samedis matin ils al-
laient chercher les exemplaires à la gare et les rapportaient sur
leurs épaules dans l'arrière-boutique d'un marchand de vin où
l'on organisait la distribution.
Guesde n'en déclare pas moins, après Karl Marx, que le
dévouement est une duperie et qu'il ne faut pas compter là-
dessus pour améliorer le sort de l'Humanité. Pour lui aussi,
l'homme n'est qu’un ventre et un sous-ventre il écrivait en
1881 : « S'il ne nous faut dans nos rangs que des désintéresse-
ments, il ne nous reste qu'à licencier notre parti, qui ne repose
que sur des intérêts à satisfaire, qui se vante d'être le parti du
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ventre et ne fait appel qu'à l'intérêt des prolétaires pour les jeter
à l'assaut de la propriété bourgeoise. »
Guesde n'a pas eu à licencier son armée, elle s’est licen-
ciée toute seule, car, au point de vue du ventre, Brousse offrait
plus de satisfactions immédiates que lui.
Habile entre tous à montrer le fonctionnement du régime
capitaliste, Jules Guesde se laisse rouler, comme le plus mal-
chanceux des salariés, par le capitalisme du Cri du peuple.
Directeur de ce journal, dont il avait fait, avec ses amis,
un organe très important au point de vue socialiste, il perd une
tribune retentissante pour n'avoir pas compris que les Roth-
schild sont les maîtres dans les journaux les plus violents au
point de vue révolutionnaire comme dans les journaux les plus
violents au point de vue conservateur.
[158]
Vous pouvez tout oser, selon la nuance du journal, piéti-
ner sur des Sœurs de Charité, vomir sur de vieux prêtres, expec-
torer sur le chef de l'Etat, mais ne vous avisez pas de dire, dans
une réunion publique ou dans un article, qu'il y a un monsieur
qui demeure rue Saint-Florentin et qui possède 3 ou 4 milliards
ce qui est beaucoup pour un homme seul. Si le jury vous ac-
quitte, vous trouverez immédiatement un Guebhard pour vous
supprimer et, sous ce rapport, tous les Guebhard sont les mê-
mes et les Guehhard conservateurs sont plus Guebhard encore
que les Guebhard républicains…
Quand vous aurez l'intention de parler des Rothschild
dans un journal, faites-vous signer au préalable un traité solide
qui vous assure un dédit de 50,000 francs si l'on vous met à la
porte…
Ce n'est pas, d'ailleurs, que Jules Guesde ait une antipa-
thie particulière pour les Juifs. Tout au contraire, il est plein
d'admiration pour les qualités dissolvantes de cette race et il lui
sait gré d'avoir détruit la propriété qui, sans les Juifs, dit-il, au-
rait été indestructible. Il se réjouit de voir la richesse accumulée
maintenant dans un petit nombre de mains, mais, enfin, il est
d'avis qu'il serait temps de desserrer ces mains que nos conser-
vateurs se contentent de lécher.
C'est précisément cette manière de voir qui ne plut pas
aux Rothschild
Pour le moment, Jules Guesde est un vaincu, mais, si la
maladie de foie dont il souffre ne l'abat pas, je ne serais pas
étonné qu'il ait son jour, car il est un des rares hommes d'excep-
tionnel mérite que compte en France, le parti socialiste et les
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partis plus que jamais ont besoin d'hommes. Plus j'avance dans
la vie, plus je reconnais la justesse du mot dit par Veuillot à un
de mes proches amis: « Vous aurez de la peine à arriver parce
que vous avez du talent et que le monde déteste les gens de ta-
lent, mais vous arriverez parce que le monde a besoin des gens
de talent. »
[159]
Les hommes que Jules Guesde a groupés autour de lui
ont presque tous une valeur réelle.
M. Gabriel Deville, qui appartient à une famille riche et
qui s'est dévoué à la cause socialiste par conviction, a écrit, en
tête d'une nouvelle traduction du Capital de Marx, une magis-
trale étude sur le socialisme scientifique, qui résume avec une
grande clarté les idées de l'école.
M. Lafargue, dont nous avons dit quelques mots à propos
d'une très piquante brochure : le Droit à la Paresse, a épousé
une des filles de Karl Marx, femme remarquable, d'après l'opi-
nion même de quelques économistes, très catholiques, très op-
posés au Marxisme et qui n'ont pu se défendre d'admirer dans
une adversaire une intelligence très curieuse et très fine.
A l'école collectiviste se rattache Chirac, qui garde cepen-
dant une figure à part parmi les révolutionnaires.
Le jour où le peuple tiendra une Chambre de justice,
comme l'ancienne Monarchie, et où l'on jugera les financiers,
Chirac est tout désigné pour être accusateur public, et les ma-
nieurs d'argent passeront avec lui un mauvais quart d'heure.
L'auteur des Rois de la République (Histoire des Juive-
ries) et de l'Agiotage sous la troisième République connaît, en
effet, le point faible de toutes ces opérations auxquelles la plu-
part ne voient goutte. Il dissèque une affaire avec une dextérité
incroyable et, sans se tromper jamais, met de suite le doigt sur
la plaie, sur la fraude, sur le vol soigneusement dissimulé et que
personne n'aperçoit.
Parmi tous ceux dont il a dévoilé les manœuvres, percé à
jour les infamies, nul n'a songé à réfuter cet homme-chiffre, car
on le sait armé de pied en cap. Cette connaissance des choses de
l'agiotage lui a été imposée en quelque sorte par la Destinée.
En arrivant à Paris, Chirac avait rêvé la gloire littéraire
et, avec la belle naïveté du jeune âge, il était venu, muni d'une
lettre de recommandation, demander à Mirès de lui faire une
situation à la Presse. Chose bizarre, quelques jours
seule[160]ment s'étaient écoulés, que le banquier faisait venir le
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[169]
Tels sont, encore une fois, les vrais destructeurs de la fa-
mille, ceux qui, sans nécessité, déjà fabuleusement riches, per-
turbent, pour satisfaire leur insatiable avidité, les conditions
économiques dans lesquelles seulement la famille peut subsis-
ter. Cela n'empêchera pas le duc de Doudeauville de pleurer
comme une fontaine à un beau sermon sur la famille et de dire à
la duchesse en sortant : « Ah ! Duchesse, la famille, quelle chose
sainte ! Quand on pense qu'il y a un scélérat du nom de Guesde
qui se déclare l'ennemi de cette vénérable institution !… Cocher,
nous allons rue de Monceau, puis rue Jean-Goujon, présenter
nos respects à toute la tribu des Ephrussi68. »
Quand on voit toute cette aristocratie, prince en tête69
[170] applaudir à ceux qui traquent nos paysans, qui les exter-
ses ont beau se marier dans les pays les plus lointains, les Rothschild suivent
le navire comme des squales et débarquent inopinément le sourire aux lè-
vres. Ce qui est certain, c'est que le Gaulois annonçait qu'immédiatement
après son mariage avec M. Albert Sassoon, Mlle Alice de Rothschild, fille de
Gustave de Rothschild, irait faire un voyage en Portugal pour rejoindre la
duchesse de Bragance « qui l'honore d'une affection toute particulière ». La
duchesse de Bragance ferait bien mieux de réserver pour des Français « son
affection toute particulière » au lieu de l'accorder à la fille de Juifs allemands
qui ont réalisé des gains si monstrueux sur la rançon de la France vaincue.
Quant aux Portugais qui, paraît-il, sont toujours gais, ils auront une occasion
de l'être encore davantage en voyant arriver chez la compagne de l'héritier du
trône le bizarre ménage de cette Juive de Francfort et d'un Juif hindou.
Citons un mot charmant dit à ce mariage célébré au temple de la rue
de la Victoire, écrit la Lanterne, avec une pompe qui rappelait le sacre de
Chartes X. Ainsi que le raconte le Gaulois, on avait fait venir des Folies-
Bergères un jongleur japonais Awata, qui, pendant, la soirée exécuta des
exercices de prestidigitation. Au moment où l'on applaudissait, Arthur Sas-
soun se pencha vers la jeune mariée et lui dit gracieusement: » Ces tours sont
réussis sans doute, mais monsieur votre père en a fait de bien plus jolis. »
68 Les Ephrussi travaillent dans des parties différentes. Charles
Ephrussi, lui, opère, pour employer une expression de Wolff, dans la littéra-
ture et les arts. Il parvint, malgré sa qualité d'étranger, à se faire nommer
tuteur des enfants de Paul Baudry, mit la main sur les cartons et les dessins
de l'artiste et, à l'aide de lettres intimes, publia, malgré les protestations de la
veuve, un volume intitulé : Paul Baudry : sa vie, son œuvre. Ce ne fut qu'au
mois de juillet 1888 que la veuve du grand peintre parvint à faire retirer la
tutelle de ses enfants à ce Juif peu scrupuleux.
69 Il faut dire à la louange du comte de Paris qu'il n'a pas encore fait
craquer sa culotte en se hâlant pour aller visiter une synagogue. C'est à don
Pedro qu'est arrivé ce regrettable accident. On n'invente pas ces choses-là, ce
sont les Archives israélites qui nous les racontent dans leur numéro du 13
octobre 1887 d'après les journaux de Bruxelles :
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« Après avoir déjeuné, don Pedro, qui avait déchiré son pantalon
dans la précipitation qu'il mit à s'habiller, sauta en voiture et, au triple galop,
on le conduisit à la synagogue.
« M. Dreyfus, le grand rabbin, l'attendait et, avant l'office, il lui fit vi-
siter en détail le tabernacle. »
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en train de se jouer des tours, les accusés ont tout le loisir né-
cessaire pour se fabriquer de faux ordres de mise en liberté et
pour s'en aller tranquillement comme Altmayer sortant de Ma-
zas assister à une première représentation au balcon du Théâ-
tre-Français.
Quoi qu'il en soit, il existe au milieu de l'anarchie univer-
selle un parti qui s'appelle plus spécialement le parti anarchiste.
Ce parti ne se rattache que de loin à l'Anarchisme scienti-
fique de Bakounine et de Kropotkine qui, Tartares à formules,
revêtaient de théories scientifiques le retour à la liberté barbare
de la steppe.
L'Anarchisme français est un cri violent et âpre de pro-
testation contre le régime actuel exclusivement fondé sur la glo-
rification du vol habile, du vol bien mis, du vol ganté.
Il est la négation sauvage de cette civilisation où les Bi-
choffsheim, les Erlanger, les Hirsch portent le signe de l'hon-
neur, sont reçus dans les salons les plus difficiles, étalent cyni-
quement le luxe conquis par d'effroyables déprédations.
[173]
En fait, l'Anarchiste est le vrai successeur de Rothschild
et, sinon son légataire universel, du moins son héritier pré-
somptif. Il procède du même principe que les Juifs, en ce sens
qu'il supprime de son entendement tous les scrupules qui rete-
naient les hommes d'autrefois ; il se met en dehors des princi-
pes et des conventions qui liaient jadis les hommes entre eux et
constituaient le pacte social. Quand un financier juif a envie de
faire un coup, il n'interroge pas sa conscience, il ne se demande
pas davantage si cela dérangera les conditions d'existence d'au-
tres êtres, causera des ruines ou des désespoirs, il fait le coup ;
l'Anarchiste prétend également faire le sien.
Ceci explique que, dans l'état de décomposition du
monde actuel, on n'ait jamais essayé de réfuter les Anarchistes.
La Société ne peut, en effet, leur répondre qu'une chose : « J'ai
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[176]
Pendant près d'un siècle tous les scandales s'étaient pro-
duits, sans que personne osât protester, et il fallut qu'un Anar-
chiste intervint pour faire régner enfin le bon ordre dans les
cours et tribunaux…
Je ne suis pas plus timide qu'un autre et je tiendrais très
bien tête à un président, mais on ne peut faire ces choses-là tout
seul. Quand un socialiste soutient une thèse de justice et de vé-
rité, il a dans la salle 25 ou 30 jeunes gens vaillants, arrivés dès
l'ouverture des portes, ils ne disent rien, mais le président se
sent surveillé par ces regards et sa perversité en est un peu re-
frénée.
Le catholique n'est point dans ces conditions. Supposez
que j'aille trouver de Mun et que je lui dise : « Je vais soulever
un incident, je n'ai pas l'intention de faire envahir le tribunal,
mais je serai content d'avoir du monde dans la salle, envoyez-
moi donc 25 de vos jeunes gens un peu solides. »
De Mun me répondrait immédiatement :
— Je suis désolé, mais nos jeunes gens viennent juste-
ment d'entrer en retraite, ils sont en train d'écouter le sermon
d'un bon Père… Voulez vous les voir ?
— Merci, et vos représentants des classes dirigeantes ?
— Ils sont à la chasse…
— Et vous-même ?…
— Moi, je reste à prier pour vous…
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une idée, c'est là seulement que l'on rencontre ces Nihilistes qui,
sans un mot, la cigarette aux lèvres, jetaient nonchalamment
leur casquette au pied du gibet et mouraient en souriant. La
propagande par le fait a ses dangers et, comme tous les révolu-
tionnaires de l'heure pré[182]sente, les Anarchistes les plus dé-
terminés renonceraient difficilement à la joie de lire dans le
journal le compte rendu du dernier meeting, en prenant le vin
blanc du matin.
Tels qu'ils sont cependant et, quoiqu'ils n'aient rien dé-
moli encore, ils inspirent une véritable terreur au prébendier,
républicain. L'été ils sont assez paisibles, ils se réunissent pour
tenir ce qu'ils appellent des « réunions familiales » dans les ra-
res cabarets avec jardin qui restent dans l'intérieur de Paris,
avenue de Lamothe-Piquet ou boulevard des Gobelins, ils arri-
vent par bandes, font pendre leurs ceintures rouges le long des
murailles et entonnent des chants révolutionnaires. Parfois une
noce qui danse au piano se trouve dans le même local, la noce
gêne les Anarchistes, les Anarchistes gênent la noce, on finit par
fusionner et l'on reprend tous ensemble la Carmagnole.
L'hiver les Anarchistes se mêlent aux réunions publiques,
et leur présence, dès qu'on l'annonce, affole les politiciens. Les
jeunes Anarchistes boivent les grogs préparés pour les membres
du bureau, les vieux escaladent de vive force la tribune, tiennent
des discours incendiaires et cassent les banquettes.
Il faut voir la tête des Anatole de la Forge, des Lockroy,
des Mayer dans ces circonstances. Au meeting du Cirque d'Hi-
ver, où le compagnon Soudey fut à moitié assommé, Lockroy
n'était pas blême, mais livide et comme anéanti par l'épouvante.
Il semblait que cet Albinos usé par tous les excès allait se dé-
composer, entrer en putréfaction, séance tenante, coram popu-
lo.
Dame, ces vaillants n'ont plus devant eux le pauvre prêtre
sur lequel ils exercent d'ordinaire leur facile courage. Les Anar-
chistes sentent le mâle, crient, hurlent, tapent, jettent à travers
la pourriture parlementaire la note faubourienne et brutale…
Cette fois encore la police veille et, après avoir été un peu bous-
culés, beaucoup hués, fortement insultés, les exploiteurs de la
République franc-maçonnique et juive pourront regagner le
coupé qui les attend. Mais qu'une [183] catastrophe arrive, que
les Anarchistes aient le peuple derrière eux, qu'ils soient les
maîtres de Paris…
Alors une vision de ce que serait Paris apparaît à ces
jouisseurs. Ce qu'ils éprouvent, ce n'est pas le remords d'avoir
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Aucun orateur, cependant, n'a osé faire l'éloge des financiers juifs
dans une réunion publique à Paris. Chabert seul, à la demande des Israélites
de la Gironde, a été attaquer la France Juive dans une réunion publique à
l'Alhambra de Bordeaux, mais cette manifestation n'a pas d'importance, car,
d'après ce qu’on me dit, l'orateur est absolument discrédité dans son parti. Il
a été flétri dans un ordre du jour écrasant dans une réunion de la salle Rivoli.
Voici, d'ailleurs, cet ordre du jour qui fut voté à l'unanimité moins sept voix :
« L'assemblée :
« Considérant que, par leur conduite, les possibilistes du conseil
municipal, et Chabert en particulier, ont manqué à tous leurs devoirs,
« Déclare que les entraves qu'ils apportent dans l'organisation et le
fonctionnement des organisations ouvrières, doivent être considérées
comme une véritable trahison qui doit leur être crachée à la face en toute
circonstance. »
74 Rien de curieux encore comme le silence respectueux que garde le
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LIVRE SIXIÈME
LE SOCIALISME CATHOLIQUE
La doctrine de l'Église sur la propriété.— L'opinion des Pères de l'Église.— Le droit
à ne pas mourir de faim reconnu par tous les théologiens.— Indignation de
Paul Bert à ce sujet.— Le Travail et le Capital.— La question de l'intérêt de
l'argent.— Une lessive sociale faite par Colbert.— La chasse aux financiers.—
Cinq milliards restitués au pays en quelques mois.— Les Cercles catholiques
ouvriers.— Pourquoi cette tentative n'a produit que de médiocres résultats.—
Les industriels chrétiens.— La Charité et la Justice.— Les Mame et Louis
Veuillot.— Le comte Albert de Mun.— Illogisme des hommes et des événe-
ments contemporains.— Résignation tout ovine des Catholiques.— Le vrai
paladin c'est Hirsch.— Valour is still value.— Un discours de M. de Chesne-
long.— M. Schulze de Delizch et Lassalle.— « Les privations méritoires ».—
450 millions de sueur en huit jours.— L'œuvre patriotique et sociale des In-
quisiteurs.— L'Inquisition fut aussi équitable et aussi modérée que le Tribu-
nal révolutionnaire fut inique et violent.— Fière réponse d'une grande dame
espagnole à une insolence de M. Lockroy.— Un enfant de quatorze ans guil-
lotiné.— Les Républicains bourgeois qui se préparent à célébrer ces actes
infâmes seront bientôt exécutés eux-mêmes.— Ce que nous voulons : une
Chambre économique pour rédiger le code du Travail et résoudre la question
sociale et une haute Chambre de justice pour faire rendre l'argent volé depuis
cinquante ans.
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clique du 28 décembre 1878, parle ainsi : Jus proprietatis naturali lege san-
citum. Le droit naturel a sanctionné la propriété individuelle, il l'a ratifiée,
approuvée, mais cette propriété ne dérive pas de lui.
Saint Isidore, cité par saint Thomas, admet comme chose démontrée
que la communauté des biens est de droit naturel et que la volonté des
hommes a seule modifié cet état premier. « Chez tous les peuples, dit-il, la
possession commune de toutes choses et la liberté personnelle sont de droit
naturel. Or ces deux choses ont été modifiées, changées par les lois humai-
nes. Donc la loi naturelle n'est pas immuable. »
C'est en se plaçant au même point de vue que Pascal a dit à ceux qui
possèdent :
« Cet ordre n'est fondé que sur la seule volonté des législateurs qui
ont pu avoir de bonnes raisons, mais dont aucune n'est prise d'un droit natu-
rel que vous ayez sur ces choses. »
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après être resté trois jours sans manger, aurait pris un repas
sans payer. Sauf quatre ou cinq, Mgr Freppel, M. de Mun, M. de
Cassagnac, M. Daynaud, les catholiques de la Chambre, Mabkau
en tête, ont voté cet article sauvage de la loi sur les récidivistes
qui condamne à la relégation à la Guyane, c'est-à-dire à mort,
un infortuné coupable seulement d'avoir été convaincu de vaga-
bondage trois fois de suite, c'est-à-dire coupable, non pas même
d'avoir pris quelque chose, mais d'avoir dormi sur la voie publi-
que, sur la terre sans maître.
L'Église, plus humaine, admet parfaitement que, non
seule[191]ment on prenne dans le cas d'absolue nécessité, mais
encore que lorsqu'on voit un être humain dans cette situation,
on enlève quelque chose aux riches pour le lui donner83.
« Dans le cas d'extrême nécessité, dit saint Thomas, tou-
tes choses sont communes et celui qui se trouve dans une telle
nécessité peut prendre ce dont il a besoin pour sa subsistance
quand il ne se trouve personne qui veuille le lui donner. Pour la
même raison on peut donner l'aumône du bien d'autrui et le
prendre même dans cette intention, s'il n'est pas un autre
moyen de secourir celui qui est dans une extrême nécessité.
Mais, quand on le peut sans danger, on doit s'assurer de la vo-
lonté du possesseur pour venir, même dans ce cas, au secours
de l'indigent84. »
Les théologiens n'entendent excuser nullement le vol, car
l'argument de nécessité ne peut en aucune façon rendre licite ce
messe dès l'aube, par un temps de neige, vit sur les marches de l'église un
pauvre si vieux, si cassé, si grelottant sous ses baillons, qu'elle n'y put tenir,
elle revint au logis prendre le manteau de son maître et le jeta sur les épaules
du mendiant.
J'avoue, qu'à notre époque de scepticisme, un maître auquel on enlè-
verait ainsi son pardessus trouverait peut-être ce zèle un peu excessif. Malgré
tout, dans ces légendes de saints, il y a toujours quelque chose de touchant,
d'attendrissant, de poétique. Ces sales républicains francs-maçons, au
contraire, ne se contentent pas de nous prendre notre pardessus, ils nous ont
mis nus comme des petits saints Jean et jamais ils ne donnent rien à per-
sonne.
84 Ad tertium dicendum quod in casu entremae necessitatis omnia
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tion de Paul Bert dans son livre la Morale des Jésuites, en rencontrant cette
assertion dans le P. Gury « La nécessité excusant le vol ! » exclame ce Phari-
sien qui semble ne pas comprendre que l'Église autorise à prendre un pain
pour ne pas mourir. Regardez ce qu'il a pris, le bon apôtre, par lui-même ou
par les siens, à la communauté. Le grand-père, ancien professeur de collège,
dépouille de leur propriété les Dominicains d'Auxerre qui s'étaient confiés à
lui. Le petit-fils se fait allouer un traitement fabuleux pour aller installer des
maisons de jeu au Tonkin. La femme, millionnaire elle-même, n'a pas honte
de se cramponner à ce budget en déficit pour en arracher encore quelque
lambeau, et les républicains de la Chambre n'ont pas honte davantage de
nous faire payer le luxe de cette dame, ils lui accordent une pension de
12,000 francs, tandis que les parents de nos malheureux soldats morts là-bas
n'ont pas un sou. Cette insatiable Artémise n'est pas contente encore, elle
harcèle les ministres de demandes, elle aspire un moment à remplacer
comme surintendante de la maison de la Légion d'honneur Mme Leray, qu'on
a forcée de donner sa démission parce que son honnêteté gênait trop.
En dehors des titres de rentes et des pensions, voici d'ailleurs,
d'après les journaux d'Auxerre, qui ont annoncé la vente sur licitation des
immeubles laissés par Paul Bert, l'état de fortune de cette famille plus inté-
ressée qu'intéressante :
1e Une grande maison, sise à Auxerre, rue Valentin, 31, connue sous
le nom de « Trésorerie générale ». Mise à prix, 80,000 francs.
2e Une autre grande maison bourgeoise, sise à Auxerre, rue Chante-
Pinot, n° 5, avec magnifique parc et jardin. Mise à prix, 70,000 francs.
3e Le domaine du Président, situé à la porte de la ville d'Auxerre,
contenance de 12 hectares 73 ares 51 centiares. Mise à prix, 40,000 francs.
Et les bois de Mont Chaumont, sis communes de Parly et de Merry-
la-Vallée, cantons de Toucy et Aillant-sur-Tholon (Yonne), contenant 152
hectares 99 ares 6 centiares. Mise à prix, 150,000 francs.
Le total des mises à prix des biens de l'infortunée veuve Paul Bert
forme la somme de 427,500 francs.
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nos peuples combien nous avons en horreur ceux qui ont exercé
sur eux tant d'injustice et de violence, que pour en empescher à
l'avenir la continuation, de faire punir exemplairement et avec
sévérité tous ceux qui se trouveront prévenus d'avoir malversé
dans les finances et délinqué à l'occasion d'icelles ou d'avoir esté
les auteurs ou complices de la déprédation qui s'y est commise
depuis plusieurs années et des crimes énormes de péculat qui ont
épuisé nos finances et appauvri nos provinces.
[198]
C'est dans l'étude même de M. Gustave Rouanet qu'un
homme d'Etat honnête et prévoyant, désireux de se faire un
plan de conduite pour l'avenir, devra étudier la série des mesu-
res prises pour que les financiers ne puissent dénaturer ou dis-
simuler leur fortune.
L'essentiel en pareil cas est de ne pas perdre de temps.
Pour permettre aux enquêteurs de saisir rapidement
ces opérations, nous dit M. Gustave Rouanet, il fut prescrit que
les individus devraient se tenir prêts à fournir sous huit jours un
état justifié de leurs biens de 1635 à 1661. Cet état devait présen-
ter, avec la situation détaillée et justifiée pour 1635 à 1661, un ta-
bleau des mutations survenues durant cette période : héritages,
acquisitions en leurs noms ou sous des noms supposés, sommes
données à leurs enfants, soit en mariage, soit en acquisition de
charge — le tout exigible sous les huit jours. — « Faute de ce
faire, disait l'arrêté, ce délai passé seront tous leurs biens saisis et
commis à l'exercice de leurs charges et procédé extraor-
dinairement contre eux comme coupables de péculat. En cas
qu'après la dite saisie, ils ne satisfassent pas dans un second délai
d'un mois, tous les biens acquis par eux nous demeurent incom-
mutablement acquis et confisqués sans espérance de restitu-
tion. »
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de préserver les ouvriers, les jeunes gens, les jeunes filles expo-
sées à tous les dangers sur le pavé de Paris ; ils n'ont déterminé
aucun grand courant d'idées, ils n'ont, en réalité, qu'une médio-
cre signification sociale.
Retournez le programme sous toutes les faces, interro-
gez-le dans tous les sens, vous y trouverez, incontestablement,
un très louable dévouement à la classe ouvrière, un très vif désir
d'obtenir du législateur des lois qui améliorent la condition des
travailleurs, mais, en définitive, tout se réduit, à des paroles de
résignation : « Ne vous révoltez, prenez votre mal en patience,
le bon Dieu vous attend là-haut, prêt à ouvrir la porte du para-
dis aux prolétaires qui auront été bien sages, qui n'auront pas
demandé d'augmentation de salaires et qui auront toujours
payé leur terme avant midi. »
C'est en vain qu'on m'accuserait d'exagération. Quels
droits assurent aux ouvriers ces pieuses confréries, ces comités
d'honneur où figurent, à côté de prolétaires, des représentants
des classes dirigeantes ?
Rien de plus touchant, je tiens à le répéter, que ces rap-
prochements des heureux de la terre et des déshérités, rien de
plus propre même à faire disparaître bien des préventions et
bien des malentendus, mais cela ne sort pas de l'ordre du sen-
timent.
L'ouvrier, je ne le nie pas, après avoir prié et chanté le
dimanche se retrouvera le lundi l'âme plus contente, mais il
n'aura pas obtenu la plus légère modification à la loi d'airain
[201] des salaires, il n'en sera pas moins esclave et, j'ajoute, que
le patron n'en sera pas plus libre. La concurrence contre la-
quelle il lutte l'empêcherait, en eût-t-il la volonté, de rien chan-
ger aux règlements sur le salaire et les heures de travail.
Les membres riches des Cercles catholiques ouvriers me
font involontairement songer à ces oiseaux compatissants qui
viennent voler autour de leurs compagnons en cage, ils appor-
tent aux captifs un peu de l'air du ciel, ils leur parlent, dans une
petite chanson, de la campagne, des bois, des horizons bleus,
mais ils ne peuvent pas leur ouvrir la porte et leur donner la clef
des champs.
Sans doute, de même qu'il y a des maisons bénies pour
les domestiques, il y a des coins momentanément heureux
comme ce Val-des-Bois que dirige M. Harmel et dans lequel
tout le monde vit dans la paix et dans l'union.
Il s'est rencontré là tout un concours de circonstances fa-
vorables : le fils de M. Harmel continue l'œuvre de son père et
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nute en une année aux idées élevées qui étaient familières aux
plus humbles artisans d'autrefois.
La vérité est que la société sortie en 89 des [210] Loges
maçonniques et des complots de la Kabbale juive est née à l'état
de péché mortel, elle n'a pas été baptisée, elle est en dehors de
l'Église et elle n'est bonne qu'à jeter à l'égout.
Voilà l'œuvre à laquelle auraient dû s'employer les Catho-
liques, sans essayer de faire entrer des éléments d'égalité et de
justice dans une organisation qui ne les comporte pas.
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Tous les chefs sont ainsi94. Il faut lire le discours sur les
[221] Rapports de la propriété et du travail, prononcé le 10 mai
1887 dans la première séance de la seizième assemblée des Ca-
tholiques par M. Chesnelong, qui est certainement un des
hommes les meilleurs que la terre ait portés. Ce discours, qui ne
tient pas moins de seize colonnes du Monde95, est une œuvre
extraordinaire et c'est un véritable tour de force que de pouvoir
oratorer si longtemps sans toucher à une réalité.
L'orateur ne se doute évidemment pas de la situation
économique actuelle, il n'a pas pris la peine de parcourir Karl
Marx, Lassalle ou même la Quintessence du socialisme, de
Scheffle, il parle du Capital comme Mably parlait des rois francs
vêtus de peaux de bêtes et de leurs sauvages amours. « Si je
connaissais, fait dire l'historien à une reine barbare s'adressant
à Childéric, un plus grand héros ou un plus galant homme que
vous, j'irais le chercher jusqu'aux extrémités de la terre. »
Si M. Chesnelong n'a pas lu Karl Marx, il semble n'avoir
guère lu davantage l'Évangile et les Pères de l'Église. Sans forcer
la note, en effet, et sans tirer des paroles de saint Chrysostome
et de saint Basile des conclusions communistes, il est incontes-
table que les docteurs qui se rapprochent le plus par le temps
des traditions du Sauveur n'ont pas eu des préventions favora-
bles pour les riches, en dehors même de l'emploi qu'ils font de
leurs richesses.
Lorsque Notre-Seigneur dit : « Il est plus aisé à un cha-
meau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer
dans le royaume des cieux » il ne parle pas d'un mauvais riche,
mais d'un riche qui pratique les commandements et distribue
d'abondantes aumônes.
C'est à tous les riches que saint Jacques s'adresse lors-
qu'il écrit :
Dieu n’a-t-il pas choisi ceux qui étaient pauvres dans
ce monde pour être riches dans la foi et héritiers du royaume
qu'il a promis à ceux qui l'aiment ?
[232]
Et vous, au contraire, vous déshonorez le pauvre. Ne
sont-ce pas les riches qui vous oppriment par leur puissance ? Ne
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[223]
D'après l'orateur du congrès catholique, la propriété in-
dividuelle est « le Droit lui-même en acte ».
Je le veux bien, mais qu'entendez vous, ô Chesnelong,
par la propriété individuelle ? Vous me dites :
Dans le système de la propriété individuelle, le tra-
vail marche vers la conquête de la propriété, et quand, à force de
fatigues, à force de soins, quelquefois à force de privations très
méritoires 98, il a fait cette conquête, l'homme la garde, il s'y sta-
bilise, en quelque sorte, il la garde pour assurer la sécurité et
l'indépendance de sa vie et celles de sa famille. La propriété indi-
viduelle est donc, à vrai dire, une consolidation de travail accu-
mulé, et elle repose sur ce principe de stricte justice que si l'on
est maître de son tra[224]vail, on est maître aussi des fruits de ce
travail. Et de même que l'homme se survit dans sa postérité, il
long a été ramasser dans le bagage de Schulze, alors qu'il n'aurait eu qu'à
s'inspirer de la doctrine catholique pour parler de la plus magnifique façon
des principes véritables sur lesquels se fonde le droit de propriété.
La vibrante réplique de Lassalle au Protestant Schulze peut s'appli-
quer au Catholique Chesnelong.
« Le profit du Capital est le salaire des privations ! Mot heureux,
impayable ! Les millionnaires européens sont des ascètes, des pénitents in-
diens, des stylites qui, un pied sur une colonne, le visage blême, les bras et le
corps penchés en avant, tendent leur assiette au peuple pour recueillir le
salaire de leurs privations ! Du milieu du groupe saint s'élève très haut, au-
dessus de ses co-pénitents, comme premier ascète et martyr, la maison Roth-
schild. Voilà l'état de la Société ! Comment ai-je pu le méconnaître à ce
point ?
« Quels débauchés et quels libertins doivent être ces travailleurs, à
moins qu'ils n'aient secrètement des maîtresses, des villas et des maisons de
campagne où ils fêtent leurs orgies, puisqu'ils ne touchent aucun salaire de
privations !
« Mais, plaisanterie à part, car il n'est plus possible de plaisanter ici
et la plaisanterie la plus amère éclate involontairement en révolte ouverte ! Il
est temps, il est bien temps d'interrompre la voix de ces castrats par le gron-
dement d'une rude basse ! Est-il possible — tandis qu'il en est du profit du
Capital comme nous l'avons déjà suffisamment démontré et le démontrerons
encore plus complètement, tandis que le Capital est l'éponge qui suce tout le
surplus du travail et toute la sueur du travailleur, ne lui laissant que l'indis-
pensable pour son existence — est-il possible qu'on ait le courage de qualifier
devant les travailleurs le profit du Capital de salaire de privations de capita-
listes qui se macèrent ? On a le courage de jeter publiquement à la face des
travailleurs, de ces infortunés prolétaires, cette dérision, ce sarcasme inqua-
lifiable ! La conscience n'existe donc plus du tout et la honte a-t-elle fui chez
les bêtes ? »
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lument de tenir compte d'aucun propos tenu dans l'ivresse ou même dans un
élan de colère qui rend l'homme irresponsable. Le Tribunal révolutionnaire,
au contraire, regardait l'ivresse comme une circonstance aggravante et
condamnait impitoyablement les malheureux ivrognes coupables seulement
d'avoir proféré quelques paroles malséantes, considérant « que l'ivresse
n'apporte pas de dérangement dans le fond moral de l'homme, mais absorbe
seulement la réflexion et la présence d'esprit nécessaire pour dissimuler ».
Est-il assez Jacobin ce considérant ? Pour les juges de ce temps, être ivre
mort était une vérité, qui se grisait, risquait la mort.
100 Univers, 23 octobre 1887.
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[229]
Mme Lockroy rougit un peu sous cette leçon méritée et la
figure blafarde et basse de Simon dit Lockroy se contracta dans
une grimace atroce. Le poète, qui méprisait Lockroy plus encore
qu'il ne le détestait, fut charmant toute la soirée pour la vail-
lante Espagnole.
L'auteur de Ruy Blas ne vécut pas assez pour connaître
Allmayer, mais il avait entendu parler d'Erlanger et, dans son
for intérieur, il jugeait sans doute que les Espagnols n'étaient
point sots lorsqu'au lieu de tuer un poète comme Lopez de Véga
ainsi que la Révolution tua André Chenier ils mettaient le sans
benito soufré aux grands voleurs juifs de leur temps.
sans motif aucun, à des vieilles filles non nobles, charitables, qui n'ont jamais
compris pourquoi on les tuait.
Mme de Bazan doit s'expliquer que la presse républicaine française
étant tout entière aux mains des Juifs n'ait que des malédictions contre l'In-
quisition et des adulations pour les tueurs de 93. Il y a un nommé Vaulard,
qui n'ayant pas de profession, s'est imaginé de lécher dans la Justice le sang
qui faisait des taches de rouille sur les vieilles guillotines, on lui a donné une
chaire en Sorbonne pour qu'il pût entreprendre en plein Paris l'éloge du ré-
gime qui a produit Joseph Lebon, Fouquier-Tinville et Carrier.
Ce sont ces scènes de cannibalisme que les républicains bourgeois,
qui jouissent de leur reste, vont célébrer sur tous les tons pendant l'année
1889, après quoi on les exécutera eux-mêmes, et ce sera rudement bien fait…
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102 Les royalistes influents, je l'ai dit, sont absolument étrangers aux
traditions de l'ancienne monarchie, ils ne s'en doutent même pas et n'ont
jamais compris l'admirable figure de Louis XI qui, à notre époque, noierait
dans le sang la féodalité juive. L'école positiviste qui, au point de vue du
mouvement social, a certaines idées élevées, compte parmi les grands hom-
mes auxquels elle rend un culte celui qu'Auguste Comte appelle toujours
« notre éminent Louis XI ». M. Laffitte a fait, il y a quelques années, sur
Louis XI, au point de vue humanitaire, une conférence qui a été très remar-
quée.
Je me souviens d'une belle conversation que j'eus avec un Père Ca-
pucin sur Louis XI et je regrette de ne pas avoir noté ce qu'il m'a dit de cette
mort très saisissante. Quand il est affaibli par la maladie, quand il n'a plus
pour le soutenir cette seconde conscience des rois : la raison d'Etat, le vieil-
lard se débat au milieu de fantômes, dans une agonie horrible. Alors un bon
ermite, un saint, a une illumination soudaine, il se met spontanément en
route pour venir trouver ce roi qui l'a fait si souvent demander inutilement.
Ce détaché du monde apporte le calme des solitudes à ce politique qui a vécu
constamment au milieu des agitations et des complots des hommes. Cet inof-
fensif, ce disciple du doux François, si bon à tous qu'il laissait les oiseaux
faire leur nid dans son capuchon, dit à ce dresseur de potences et d'écha-
fauds : « Vous n'avez point péché en frappant ceux qui dépouillaient le pau-
vre peuple, que votre âme soit en paix ! » Et Louis XI expire paisiblement
entre les bras de saint François de Paule.
Encore une fois, tout ce qu'il y eut d'esprit de virile justice, d'amour
du pauvre dans les répressions terribles de nos rois, tantôt contre les grands
seigneurs, tantôt contre les financiers, échappe à la plupart des royalistes
d'aujourd'hui.
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Qu'est ce qui vous dit que Mme Van Zuylen ne pense pas
comme nous et qu'elle ne répondra pas quand on viendra lui
redemander cette fortune : « Ah ! Monsieur, il y a longtemps
que je voulais la rendre, mais je ne savais quel moyen prendre.
Vous m'en laissez trop ! Une voiture pour me promener, un
cheval pour aller au Bois le matin, un hôtel avenue des Champs-
Elysées, une riante maison de campagne, des arbres, des
chiens ! Je vais être heureuse comme une reine, et je n'aurai
plus sur la poitrine ces millions qui m'étreignent comme les ser-
res d'un gros oiseau noir, ces millions qui m'ont fait si long-
temps douter de l'amour et qui m'empêchent encore de croire à
l'amitié. »
La baronne James de Rothschild en aurait peut-être dit
autant. Elle a laissé six cents millions, rien qu'en valeurs fran-
çaises, et elle ne mangeait que de la bouillie… Qu'on lui eût
permis de manger cette bouillie dans une écuelle ornée de pier-
res précieuses, qu'on lui eût donné dix domestiques pour la lui
servir, je le veux bien. Mais enfin, on n'a pas besoin de 600 mil-
lions pour manger de la bouillie, et cet argent aurait été plus
utile aux Français, auxquels le baron James les avait évidem-
ment pris, puisque les Rothschild possédaient 10 millions en
tout quand ils sont arrivés en France…
Ces grandes reprises monétaires, auxquelles le Juif était
habitué jadis, ne l'effrayent pas tant qu'on se l'imagine, il est
plus avide qu'avare et il sait trop par quels moyens faciles il a
subtilisé cet argent, pour ne pas trouver tout simple qu'on le lui
reprenne le jour où les Aryens jugeront que cette mystification a
trop duré.
Par malheur, de Mun et les Catholiques influents tablent
sur des apparences, sur des semblants, et ils ne comprennent
pas que la puissance juive s'évanouirait le jour où un être de
réalité et de raison saine irait droit à ces fantasmagories. Ils
aperçoivent les princes d'Israël, insolents et maussades, [235]
dans les salons d'une aristocratie avilie, et ils ne se doutent pas
que leur attitude sera déjà bien changée quand, pour aller à Ma-
zas, ils auront traversé la place de la Bastille, au milieu de la
foule attirée au dehors par le galop des chevaux de l'escorte… Ils
ne soupçonnent pas combien toutes les questions seront vite
réglées, lorsqu'on montrera aux prisonniers, par la porte de la
cellule entr’ouverte, un officier sûr attendant des ordres et se
promenant dans la cour devant un peloton de soldats, fusils
chargés, l'arme au pied……
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LIVRE SEPTIÈME
LE MONDE POLITIQUE
GUERRE A L'EXTÉRIEUR -
BANQUEROUTE A L'INTÉRIEUR
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vous siégiez dans un fauteuil au Sénat, votre place eût plutôt été
dans une cellule à la Maison centrale.
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clos. Il a été déclaré par des officiers français qu'un soldat qui trahit son pays
qui vend le secret de nos armes à l'étranger ne mérite pas la mort. Un pauvre
tourlourou, habitué à ne boire que de l'eau, aura été affolé par un verre d'ab-
sinthe frelatée, il aura levé la main sur son supérieur et c'est celui-là qu'on
condamnera à mort. Je me hâte d'ajouter que les membres du conseil de
guerre qui se sont montrés si indulgents pour Châtelain ne sont probable-
ment pas responsables de cet arrêt qui leur aura été imposé par le ministère,
mais comme on devine devant cette impunité assurée aux espions que la
Trahison est dans le gouvernement lui-même !
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II
LA GAUCHE -
OPPORTUNISTES ET RADICAUX
Monotonie forcée de ce chapitre.— Tous coquins. Les Trop connus. —
Le Radical est plus criard que l'Opportuniste. Clemenceau ou le
monsieur au rastaquouère.— Le terrible Chocquard. Finisseurs
d'heures de voiture et finisseurs de courtisanes.— Un duc en cire,
A l'Opéra. Clemenceau et la Droite. Un ami des Jacobins. — Plus
fort que Wilson. Clemenceau et Cornélius Hertz. — Le Curiculum
vitae de Cornélius Hertz. Une belle vie d'aventurier moderne. —
Herz au ministère de la Guerre, Un service commande. Le silence
de la Presse républicaine. Les privilèges d'un grand officier de la
Légion d'honneur.— Un bailleur de fonds comme on n'en voit
plus. Le language d'un homme libre. — Autre type de Radical: le
vertueux Floquet.— La Société foncière de Tunisie et Mustapha
beu Ismaïl. — 3000,000 francs de diamants sous les aisselles. Le
côte farce de toutes ces choses. Floquet trompe Freycinet. Flou-
rens ou le ministre indispensable. — Ce que dirait Jugurtha à Pa-
ris. Un cri du coeur de Thors.—
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« Ze souis heureux de vous dire que les vœux de notre chère France
sont d'accord avec ceux de l'Italie, tout le monde en France reconnaît que la
Corse n'est point française et il y a dix-huit ans déjà qu'oun illoustre homme
d'Etat, le signer Clemenceau, député de Paris, a déclaré que la Corse « faisait
géographiquement partie de l'Italie ».
114 Matin du 5 avril 1888.
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l'homme de l'Hérault qui fit tant d'embarras, avec son ami Jamais, à propos
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[283]
Nous avons de ceci le témoignage le plus irrécusable dans
la déclaration, tout à fait cavalière et même un peu hautaine,
publiée par M. Clemenceau dans son journal la Justice à la date
du 3 novembre 1886 :
M. Herz n'est pas commanditaire de la Justice. Il a
été actionnaire du 26 février 1883 au 15 avril 1885.
M. Clemenceau lui a cédé le 26 février 1883 la moitié
de ses actions libérées en paiement des sommes versées par lui
du 31 mars 1881 au 16 juin 1883.
Le 15 avril 1885, M. Clemenceau a racheté les actions
de M. Herz.
M. Clemenceau n'a jamais recommandé .M. Herz à
aucun ministre, ni à personne pour aucune affaire, ni pour au-
cune faveur.
Il les fait bonnes, n'est-ce pas, le puritain ? Il paraît que
c'est comme cela qu'il les faut pour le peuple souverain. Voyez-
vous ce brasseur d'affaires qui franchit l'Atlantique exprès pour
prendre la moitié des actions d'une feuille qui n'a jamais tiré à
plus de 2 ou 3,000, qui n'a jamais distribué aucun dividende118
d'un discours dans lequel M. Numa Gilly, un députe ouvrier, qu'on dit véri-
tablement très honnête, avait affirmé cette évidence connue de tous que la
Chambre était pleine de Wilson et que la commission du budget en contenait
plus de vingt.
Ce fut la gaieté de la fin des vacances que ce Salis. Dans les cercles
suspects où la tricherie est à l'ordre du jour, il arrive, parfois, qu'un monsieur
se convulsionne tout à coup sans qu'on sache pourquoi ; il se met à pousser
des cris aigus : « Que personne ne sorte ! Qu'on fouille tout le monde ! » Salis
joua ce rôle et la commission du budget désolée ne savait comment le faire
taire : « Calmez vous, lui disait-on, on finira par vous prendre au mot ! Vous
allez attirer l'attention sur nous ! Non, répondit Salis, je ne me calmerai pas !
Je veux des noms, des noms, des noms ! »
Salis n'a qu à prendre une voiture de compte à demi avec son com-
père Jamais et à se présenter dans les ministères pour y relever les titres de
M. Cornélius Herz au grade de grand officier de la Légion d'honneur…
Quand un électeur de l'Hérault ou du Gard demande simplement l'ordre du
Poireau, il argue de quelques services. Il doit exister quelque chose de ce
genre à propos de chacune des promotions de M. Cornélius Herz, un rapport
quelconque. Si Salis met les preuves de services rendus à la France sous les
yeux des lecteurs, tous les malintentionnés seront confondus en ma per-
sonne.
118 C'est le bon Samaritain lui-même que ce Juif. Prévenu d'avance
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ciens républicains, qui se livrent à une guerre acharnée, qui s'accablent entre
eux des plus grossières injures, sont tous tellement entrelacés dans les mê-
mes affaires malpropres, qu'ils sont obligés de s'arrêter au moment de porter
les accusations formelles. C'est l'histoire de Pilou : « Mon capitaine, j'ai fait
un prisonnier : — Eh bien ! amène-le ! — C'est qu'il ne veut pas me lâcher. »
Les Cadettistes du Parti ouvrier affirment bien que, pendant le mi-
nistère du général Boulanger, il y a eu des tripotages sur les fournitures mili-
taires, sur les vareuses des territoriaux, sur les sommiers élastiques, mais ils
ne disent rien de plus. Il serait facile, en effet, au général Boulanger de ré-
pondre : « J'ai été obligé, pour avoir l'appui de Clemenceau et de son groupe,
de subir toutes les conditions de Cornélius Herz, qui représentait Clemen-
ceau et qui, en réalité, m'avait pris à Tunis pour faire de moi un ministre de
la Guerre. Un ministre de la Guerre qui ne satisferait pas les appétits de la
gauche ne durerait pas huit jours, c'est précisément pour cela que je fais ap-
pel à tous les bons Français pour jeter le régime parlementaire à l'égout. »
La Presse, le journal de Laguerre, fait bien allusion à ces faits et rap-
pelle comment Clemenceau a dû capituler devant la campagne entreprise par
le Matin.
« M. Pelletan, s'écrie la Presse, manque de mémoire, qu'il se sou-
vienne donc que le général Boulanger n'a jamais fait aucune affaire finan-
cière et que tous les amis de la Justice ne peuvent pas en dire autant. »
Clemenceau, qui est à Luchon, prend alors ses airs de Tranche-
montagne et demande à Laguerre, qui est à Lisieux, de s'expliquer formelle-
ment en lui faisant observer que, lorsqu'il émargeait au budget de la Justice,
il ne s'occupait pas de savoir d'où venait l'argent. Laguerre, qui sent que l'af-
faire va se gâter, répond qu'il n'a rien voulu dire du tout et met le paquet sur
le dos du secrétaire de la rédaction.
Quant à Reinach, il serait enchanté de profiter de l'occasion pour
traîner Clemenceau dans la boue et pour déshonorer le général, mais il se
trouve qu'il est l'associé de Cornélius Herz. Vous voyez la situation d'ici…
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du docteur Cornélius Herz. Dans la seule pièce, dont la partie adverse nous
ait donné communication au moment de mon procès, il figure sur l'état du
personnel pour 500 francs par mois.
Il a épousé la fille d'un Juif fameux, à Vienne, Maurice Szeps, qui fut
rédacteur du Neue Wiener Tageblatt, où l'on insultait la France depuis le 1er
janvier jusqu'à la Saint-Sylvestre.
Le Watertand du 25 janvier 1887 a publié sur ce monsieur d'édi-
fiants renseignements. Quand il fut forcé de quitter le Neue Wiener Tage-
blatt, il emporta les bandes d'adresses de journal et le manuscrit en cours de
publication. II fut déféré, pour ce fait, à la justice et condamné pour délit
contre la propriété littéraire à une amende de 300 florins ou éventuellement
à vingt jours de prison.
Naturellement Clemenceau a fait décorer de la Légion d'honneur ce
Juif plein de délicatesse. Si les Radicaux étaient un peu honnêtes, ils avoue-
raient que la croix était encore mieux placée sur la poitrine du serrurier de
l'hôtel de l'avenue d'Iéna que sur celle de ce youtre étranger et que Clemen-
ceau ne vaut même pas Wilson, qui, du moins, ne travaillait pas pour l'expor-
tation et ne décorait que l'indigène.
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plus saint des devoirs toutes les fois qu'on croit avoir à se plain-
dre de quelque chose, avoue que je serais bien naïf de me retenir
à ton endroit, et même à ton envers, et de brider la fantaisie qui
m'a hanté de te traiter comme tu [286] traites les Catholiques et
même les Opportunistes, quand tu n'as pas peur de Boulanger ?
Pourquoi ma molécule cosmique ne prendrait-elle pas quelques
libertés vis-à-vis de la tienne ?
Je serais blâmable comme Chrétien, et repris par mon
confesseur, si j'obéissais vis-à-vis de toi à un sentiment de haine
personnelle, mais je n'ai aucune haine pour toi, j'entends sim-
plement te montrer ce que c'est qu'un homme libre.
Il est écrit en effet dans l'Evangile :
« Si vous pratiquez mes paroles, vous connaîtrez la Vérité
et cette Vérité vous rendra libre. »
Saint Athanase a développé cette pensée dans un noble et
fier langage :
Il faut parler franchement, parce que nous n'avons pas
reçu un esprit de servitude qui engendre la crainte : c'est à la
liberté que l'esprit de Dieu nous a appelé.
Tu ne connais pas saint Athanase et la clique qui t'admire
n'admire peut-être pas, comme il faudrait, cet homme vérita-
blement admirable. Saint Athanase brava les Empereurs tout
puissants, et, plutôt que de plier le genou, alla vivre de racines
au fond des déserts de la Thébaïde. De là il gouvernait son dio-
cèse à la grande fureur de Julien l'Apostat qui écrivait :
[287]
« J'apprends qu'Athanase, avec son audace ordinaire,
s'est mis en possession de ce qu'il appelle le trône épiscopal. Le
scélérat ! Il ose sous mon règne conférer le baptême ! Lui, un
petit homme de rien, il se fait gloire de braver la mort. »
Athanase, tu le vois, n'allait pas chez les filles de joie de
Byzance ou d'Antioche, mais aussi « ce petit homme de rien »,
qui fut grand en tout, grand jusqu'à la sainteté, n'avait pas de
coupables connivences avec les Granet de l'époque ; il voulait
qu'on donnât les récompenses, les colliers d'honneur où les mé-
daillons, les phalerae aux soldats qui défendaient l'Empire et
non aux Cornélius Herz du moment…
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[290]
Il est évident, cependant, que Floquet, débarquant à Tu-
nis comme représentant de Mustapha, arrivait là, non comme
un avocat ordinaire, comme aurait été un Bétolaud ou un Lenté,
mais comme vice-président de la Chambre, comme homme po-
litique influent : il faisait simplement ce que faisait Grévy allant
plaider pour Dreyfus, ce que faisait Wilson quand il recomman-
dait les gens : il faisait trafic et marchandise de sa situation offi-
cielle, il s'en servait pour peser sur le Bey, sur l'autorité fran-
çaise et sur les juges. Il savait parfaitement qu'on l'envoyait là
pour cela.
Malgré tout, les prétentions de l'ancien favori du Bey
étaient tellement immorales, tellement contraires à tout droit,
qu'un projet de transaction, proposé par M. Sautter de Beaure-
gard, avait déjà constaté que Mustapha avait abusé de son in-
fluence et qu'il y avait eu captation.
Les tribunaux n'osèrent pas donner raison à Floquet et à
son intéressant client.
Une première fois le collège Sadiki avait obtenu du tribu-
nal local, la Charea, un jugement condamnant Mustapha à resti-
tuer. L'administration, au lieu d'exécuter le jugement, demanda,
pour gagner du temps, l'exequatur au tribunal français. Floquet
prétendit que le jugement était nul, mais le tribunal français
rendit un arrêt par lequel il déclarait que le premier jugement
avait été compétemment rendu, puis il renvoya la cause et les
parties à une audience ultérieure.
Floquet changea alors son fusil d'épaules, au lieu de sui-
vre le procès, il revint en France, alla trouver Freycinet, mentit
effrontément et lui dit : « J'ai déjà gagné mon procès contre le
collège Sadiki (ce qui était faux), ainsi, en appuyant un projet de
transaction, vous n'appuierez qu'une cause juste. »
Quelque temps après, Freycinet, après s'être informé, fai-
sait venir Floquet dans son cabinet et lui disait : « Comment,
monsieur Floquet, avez-vous pu me tromper à ce point et me
faire donner les offices de mon ministère à une bande de fi-
lous ? »
[291]
Freycinet, qui est aujourd'hui ministre sous Floquet, lè-
verait sans doute la main, et même le pied, qu'il n'a jamais tenu
ce propos, mais le propos a parfaitement été tenu, il a été ra-
conté à quelqu'un par un des Juifs mêmes mêlés à l'affaire et
qui disait : « Comprenez-vous ce Freycinet qui nous a traités de
filous ? »
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mentaires qui m'ont été donnés, paraît avoir joué dans cette
affaire un rôle plus honnête que je ne l'avais cru, avait été rem-
placé par Massicault qui se prêta à tout ce qu'on voulut.
Une transaction signée à la résidence le 7 mars 1887
donna raison à Mustapha, c'est-à-dire à la Société foncière de
Tunisie, moyennant 900,000 francs remis au Bey et 475,000
francs d'indemnité au collège Sadiki, la Société entrait en pos-
session des biens énormes dont Saddock était censé avoir fait
cadeau à Mustapha.
La Société avait dépensé en tout, tant pour payer les det-
tes de Mustapha que pour la transaction avec le Bey, 4,769,880
francs, et, à ce prix, elle acquérait des propriétés qui vaudront
dans quelques années 80 millions.
C'est pour obtenir ce résultat que tant de malheureux fils
de paysans avaient été tués, étaient morts de la fièvre, avaient
succombé aux insolations ou aux tortures de la soif, pendant les
marches en colonnes.
Voilà comment se constitue cette propriété juive pour la-
quelle certains conservateurs n'ont que du respect.
Il faut ajouter, qu'en dépouillant le gouvernement au pro-
fit d'une société où figurent presque exclusivement des Juifs,
[293] des Thors, des Levy, des Bloch et surtout des Juifs ita-
liens, les Volterra et les Cesana, Flourens trahissait absolument
la France. Les Juifs italiens, en effet, font une guerre impitoya-
ble à la France en Tunisie. Le vice-consul italien, un Juif du
nom de Jona, est à la tête de toutes les machinations ourdies
contre nous. A l'inauguration du collège italien fondé par des
Juifs, pas un Français ne fut invité122 .
Qu'importe ! Les Juifs sont sûrs, quand même, de trouver
à Paris des Flourens et des Floquet pour appuyer leurs préten-
tions les plus insensées, leurs usurpations les plus scandaleuses,
262
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taire en notaire et on lui fait signer des actes dont il ne saisit pas
un traître mot.
D'après la procuration reçue par Me Dupuy, notaire, le 12
juillet 1883, Mustapha ne comprend pas le français: « Devant
nous a comparu Mustapha ben Ismail, général de division, an-
cien premier ministre du Bey de Tunis, Tunisien de naissance,
ne comprenant pas la langue française, assisté de Probel Du-
port, interprète assermenté près de la Cour de Cassation pour
l'interprétation des langues arabes. »
[295]
Dans les statuts de la Société foncière de Tunisie revus
par Me Baudier, notaire, le 21 mars 1885, les notaires déclarent
que devant eux :
« A comparu Mustapha ben Ismail etc., Tunisien de nais-
sance mais naturalisé français et comprenant bien la langue
française qu'il parle difficilement, toutefois d'une façon suffi-
sante pour être compris des notaires soussignés. »
Je crois même, sans pouvoir rien affirmer sur ce point,
que la procuration donnant pleins pouvoirs à la Société foncière
de Tunisie et signée le 19 juin 1886 chez Me Dupuy, notaire,
constate que Mustapha ne comprend pas le français et qu'il est
assisté de Volterra.
Ce qui est certain c'est que Mustapha n'a qu'une faible
notion de notre langue, il dit : « Bonjour, monsieur et comment
va la santé ? » et c'est à peu près tout. Le plus joli c'est que les
interprètes eux-mêmes, à part M. Probel Du port, ne savent pas
plus l'arabe qu'un célèbre professeur au collège de France, qui
mourut, comblé d'honneurs, ne savait le mogol qu'il enseigna
toute sa vie. Lorsque Mustapha rencontre quelqu'un dans la rue,
il emmène son interlocuteur chez les marchands de tapis ou de
dattes qui sont derrière l'Opéra. Quant aux interprètes, ils cou-
rent les hôtels et se mettent à la recherche d'un Pranzini quel-
conque.
Que doit-il se passer dans la cervelle de ce Numide qui va
ainsi de société financière en société financière et de notaire en
notaire, qui monte des escaliers solennels, pour se voir en face
de personnages cravatés de blanc et sévères d'allures et qui, par-
tout, retrouve la même farce dissimulée sous la complication
des formules, sous le langage prétentieux et baroque des termes
de droit. Tout n'a pas, d'ailleurs, manqué à cet Antinoüs tuni-
sien, avant de mourir il a voulu regarder l'Amour en face et il
aime une blanchisseuse de Boulogne…
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III
LA DROITE
ET
LE PARTI CONSERVATEUR
La grève des rois. La prière d'Henri V au matin d'Azincourt.— Que re-
présenterait le règne du comte de Paris ? Toujours le socialisme
budgétaire.— Les situations acquises. Cléricalisme et Franc-
Maçonnerie.— La diplomatie de Poubelle.— Le chiffre des retrai-
tes triplé.— 900,000 fonctionnaires.— Tout le monde veut tou-
cher.— Les réductions faciles à opérer.— L'entourage du comte
de Paris.— L'ivraie et le bon grain. — Les princes font leur mal-
heur eux-mêmes par leur manque de sincérité.— Le duc d'Au-
male.— Les ambitions d'un prince du sang.— Un double ma-
riage.— Des amis trop zélés.— La bataille de Rocroy.— Cornély
ou le dynastique exaspéré.— Le général Boulanger.— La popula-
rité du général.— Ce qu'espèrent les paysans.— Royauté et Em-
pire.— Trente Empereurs a la fois.— L'effacement du parti
conservateur.— La médiocrité intellectuelle des membres de la
Droite.— L'influence de la louange journalistique.— L'artificiel
substitué à la réalité humaine.— Les images de la rue Saint-
Sulpice et les vrais saints.— Rien ne s'accomplit sans le sacri-
fice.— La volonté de mourir.— Le besoin que les hommes ont de
l'héroïsme.— On fabrique des héros de papier.— Charette.— Psy-
chologie de l'insurgé.— Insurgés rouges et insurgés blancs.—
Barbes.— Le 12 mai 1839.— Conseils à la nouvelle génération ca-
tholique.— Nécessité de ne pas se griser de mots et de savoir ce
qu'on peut.— Ne nous laissons pas appeler martyrs !— La Droite
garde le silence sur tout.— La caravane parlementaire et les Juifs
d'Algérie.— Un fief sémitique.— Berthelot et les Kabyles.— Le
perpétuel recommencement de l'histoire.— La désagrégation du
parti conservateur.— Désillusion du naïf.— Ce qu'est devenu le
journalisme conservateur.— Les Catholiques désarment devant
les attaques de la Presse juive.— L'affaire de Citeaux et la Lan-
terne.— Pourquoi n'exhume-t-on pas Rappaport ? —Le drame de
la rue de Richelieu.— Les accusateurs de Citeaux.— La Républi-
que excrémentielle.— « La séance des anus » à la Chambre. René
Laffon.— Les mœurs universitaires.— Un Lycée de province sous
la troisième République.— La moralité des membres de la Gau-
che.— Deux radicaux pris au hasard.— Georges Laguerre.— Le
pacte social et la façon dont les Francs-Maçons le compren-
nent.— Autre défenseur de la moralité publique.— M. X…, conti-
nuateur du marquis de Sade.— L'histoire d'un Hermaphrodite.—
Toujours la politesse des conservateurs.— La tare du cerveau de
certains Catholiques.— Purifions notre imagination du spectacle
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ment, dans une note officielle, qu'il était parvenu à réaliser une réduction de
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C'est peu sans doute, mais il ne faut pas oublier que tou-
tes les Loges sont à la solde de l'Allemagne, que les meneurs du
parti républicain poussent à la persécution pour obéir à un mot
d'ordre de Berlin et que les républicains honnêtes, dupes de ces
meneurs, ne s'aperçoivent pas que c'est Bismarck seul qui a in-
térêt à diviser la France par la guerre religieuse.
Au moment où paraissait cette déclaration dans la Croix,
un officier m'écrivait textuellement : « Je ne crains pour le [314]
général qu'un accident préparé par nos criminels politiciens. Si
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qu'ont causée les députés de la droite à ceux lui les avaient nommés.
« En 1885, écrit-il, pour ne pas remonter au déluge, le suffrageuni-
versel s'est livré à une manifestation opposante formidable.
Il a envoyé à la Chambre 210 antirépublicains. Cette phalange a été
décimée par les invalidations et réduite à 170 députés. Que devaient faire ces
députés ?
De l'opposition.
En ont ils fait ?
Non !
Faisaient-ils de l'opposition lorsqu'ils votaient les budgets, sous pré-
texte qu'il fallait bien que les fonctionnaires fussent payés, que les services
fussent assurés ?
Faisaient-ils de l'opposition, lorsqu'ils s'amusaient à soutenir le mi-
nistère Rouvier et lorsqu'ils nous clouaient le bec, à nous autres, irréconci-
liables, en nous disant que nous n'avions pas le droit de faire la leçon à des
députés, que les députés savaient des choses que nous ne savions pas, qu'ils
avaient, pour agir, des raisons que nous ignorions.
On eût dit, à les entendre, tous, que Rouvier négociait avec les uns le
retour du comte de Paris, et avec les autres le retour du prince Victor.
Il ne négociait rien du tout.
Ils n'ont rien obtenu. Ils n'ont sauvé ni un Frère ni une Soeur, et ils
se sont laissés museler inutilement.
Faisaient-ils de l'opposition lorsqu'à la chute de M. Grévy ils s'amu-
saient à voter pour le général Saussier, l'un des rares généraux de l'armée
française qui passent pour républicains ?
C'était là un vote républicain, c'est-à-dire un vote qui, émis par eux,
n'avait ni rime ni raison, ni queue ni tête.
Non ! Non ! Nous devons à tout le monde cette justice de déclarer
que si les républicains ont été incapables dans le gouvernement, les conser-
vateurs ont été incapables dans l'opposition.
Depuis 1885, il n'y a eu qu'un homme qui a su faire réellement de
l’opposition, et cet homme, c'est la général Boulanger. »
283
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[320] ont dit le contraire de ce que venait de dire celui qui avait
oratoré avec eux, et puis voilà tout…128.
La vérité, c'est que ces politiciens ne croient pas à ce
qu’ils défendent.
Ils n'ont point le Verbe parce qu'ils n'ont pas la Pensée, il
ne faut point leur demander cette inspection des choses face à
face et cœur à cœur qui seule est la caractéristique de toute
bonne pensée en tout temps, ils sont, comme dit Carlyle, « dans
les insincères hypothèses, les plausibilités, les ouï-dire ». Ils
estiment que la religion vaut mieux que l’irréligion, mais leur
âme n'est point pleine de l'idée de Dieu.
Dans ces conditions on ne fait rien qui vaille et on ne tou-
che personne, même lorsqu'on s'exprime en termes bien choisis.
Le grand homme n'est pas un homme, comblé de dons extraor-
dinaires, c'est un homme ordinaire qui veut résolument accom-
plir tout ce que Dieu attend de lui, il sait qu'il y a une volonté
divine, une idée de Dieu sur le monde et il s'efforce ingénument
et simplement de correspondre à cette idée.
L'être qui a cette conception est fort, tous les Mackau de
la Chambre ont beau le happer dans les couloirs et lui dire
« Prenez bien garde ! »Et patati et patata… Il passe en répon-
dant civilement : « Bonjour, Mackau ! Faites votre petite cuisine
à votre aise… Moi, je vais remplir ma mission… »
[321]
Il convient de revenir sur ce point que nous avons déjà
indiqué. Cette absence de toute action effective s'explique beau-
coup par l'atmosphère spéciale créé par le journalisme.
Autrefois il fallait mériter la gloire, aujourd'hui il suffit de
la payer. Il est entendu d'avance que tout journal subventionné
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passé trente-cinq ans dans les prisons après avoir été condamné
cinq fois à mort comme Blanqui, attendu, le sourire aux lèvres,
l'heure de son exécution comme Barbès qu'on ne parlerait pas
de lui en termes plus enthousiastes. Il jouit de ces honneurs
modestement et il mourra nonagénaire dans l'attitude mena-
çante d'un homme qui est sur le point de s'insurger, en disant
comme Delobelle : « Je ne renonce pas ! »
Derrière le cercueil de cet homme paisible on entendra
quelques zouaves pontificaux, très âgés, murmurer entre leurs
dents l'appel farouche aux gars du Bocage:
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nie d'adieu dont il avait été témoin un père et une mère assis-
tant à la messe de départ dite pour leur fils. Le fils était désigné
pour un poste d'où aucun prêtre n'était revenu vivant, où le mis-
sionnaire qui avait précédé celui qui allait s'embarquer avait été
déchiqueté par le bourreau, haché en menus morceaux avec un
canif, les parents le savaient et un enthousiasme céleste se pei-
gnait sur leur visage à la pensée du sacrifice qu'accomplissait
leur enfant.
« J'ai eu un cousin, Cambier-Drumont, dont Mgr Perraud
a écrit la vie glorieuse et brève, et qui, en quittant l'École nor-
male, renonça à tout ce qui s'offrait à lui dans l'espoir d'obtenir
la mort du martyr, brisé par les fatigues de l'apostolat, il expira
au fond d'une jonque, sur un fleuve de Chine, en ne regrettant
que de ne pas avoir pu souffrir davantage pour le Sauveur.
[337]
« Votre cas n'est pas du tout le même que celui de ces
hommes directement appelés par Dieu, ne vous laissez jamais
comparer à eux ! C'est une idée saugrenue, en effet, que de
comparer à des martyrs des catholiques qui sont chez eux, qui
souvent sont riches, qui ont la liberté de la presse, la liberté de
réunion, la liberté de l'affichage. Vous êtes chez vous, encore
une fois, et une bande judéo-maçonnique outrage ce que vous
respectez, outragez la bande, insultez ces hommes partout où
vous les rencontrerez, coudoyez-les insolemment dans les sa-
lons et dans les cercles, divulguez les hontes de leur vie, publiez
la liste des commerçants juifs, soulevez-vous, défendez-vous !
En admettant que vous receviez quelques horions en combat-
tant, vous ne serez pas des martyrs pour cela, vous serez de vail-
lants soldats, de braves Français qui ont lutté pour leur indé-
pendance, tandis qu'en subissant le joug ignominieux que vous
subissez, vous êtes des mufles et des lâches. »
Veuillot aurait haussé les épaules si on lui avait dit qu'il
était un martyr.
Il tenait à être ce qu'il était : un vrai Français, réclamant
ses droits sur la terre natale, riant de son rire immortel au nez
de ceux qui racontaient des sornettes au peuple, jouant des cou-
des pour que les étrangers n'usurpassent pas la place des fils de
la France, imprimant à des adversaires insolents ces corrections
dont les Calvaudin, les Galapias et les Poivreau ont porté si
longtemps les marques vengeresses…
Par malheur, il n'y a plus que les plébéiens à l'heure ac-
tuelle qui aient cette carrure et cette vaillance. C'est le débat
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entre les gens de pied et les gens de cheval qui continue, mais en
sens inverse.
Jadis et parfois même pour le malheur de nos armes les
gentilshommes, au moment du combat, troublaient l'ordre de la
bataille pour être les premiers à charger.
Aujourd'hui les fringants gentilshommes sont, pour la
plupart, accointés avec tous les Mardochée et tous les Lévy de la
création et laissent au petit monde le soin de défendre le Christ,
l'Église et la France…
[336]
« Ne m'offusquez pas, je veux paraistre ! » s'écriait Fran-
çois 1er à Marignan, en écartant tout le monde devant lui. Depuis
le comte d'Artois qui jouait au whist avec Mme de Polastron,
pendant que les Chouans se faisaient tuer pour lui, jusqu'au
comte de Paris qui tire avec persévérance des grousses en
Ecosse, on n'aperçoit plus chez les Princes cet impérieux désir
de paraître.
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129 Après avoir bouclé sa valise, le pauvre petit Prince impérial, qui
n'avait rien, passa sa dernière nuit à Chilhurst à rédiger un testament pour
préserver de la misère ceux de ses proches qu'il savait sans fortune. Le comte
de Chambord, qu'on nous peignait comme toujours prêt à quelque acte déci-
sif, n'a pas eu la tendre et virile prévoyance de cet enfant de vingt ans, il ne
s'est pas recueilli une fois dans les dernières années de sa vie devant la pen-
sée d'une catastrophe possible, il ne s'est pas dit: « Je veux que mon testa-
ment soit digne d'un roi de France et que tous ceux qui m'ont aimé et servi y
trouvent leur nom. »
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[343]
— La duchesse ! Je dis simplement que c'est une sainte…
— C'est bien cela… C’est tout à fait cela.
Beaucoup de députés conservateurs sont des hommes de
valeur. Très peu ont l'esprit vaste et généralisateur, mais quel-
ques-uns sont très forts sur certains points, sur certaines ques-
tions. Ils sont les premiers à constater l'indigence intellectuelle
de ceux qu'ils ont choisis pour chefs, ils s'effrayent de cette si-
tuation, en apercevant les éclairs sinistres qui sillonnent partout
l'horizon, mais ils n'osent pas prendre d'initiative et, surtout, ils
restent fidèles au plus indéracinable de leurs principes : celui de
ne s'imposer aucun sacrifice pour leur cause…
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Vous jugez s'il était facile de trouver, parmi les plus gan-
grenés, des garnements tout heureux de nuire à leurs maîtres,
mentant même pour le plaisir de mentir, enchantés d'avoir l'oc-
casion de dire des saletés.
Le fleuve de boue emporta tout. Après Citeaux ce fut Bri-
guais. Briguais était une colonie pénitentiaire qui faisait l'admi-
ration de tous ceux qui la visitaient, « un palais pénitentiaire »,
dit l'inspecteur général Nivelle, qui avait vingt fois rendu hom-
mage aux merveilles accomplies là par les religieux de Saint-
Joseph.
Celui-là, du moins, eut le courage de ne pas rougir [347]
d'avoir dit la vérité et il écrivit au ministre de l'Intérieur :
On vous dira peut-être, monsieur le ministre, qu'en
vous citant Briguais et Citeaux comme des colonies modèles, je
suis un clérical endurci.
Ce rapport peut être fait, nous comptons en France
tant de gens qui acclament bien haut la République et qui ne sont
que des défroqués, tant de gens faibles, peureux, petits, qui crai-
gnent de se compromettre en disant ce qu'ils pensent, que je n'ai
pas lieu de m'étonner d'une insinuation qui, en définitive, est un
signe de la platitude qui s'infiltre dans l'esprit français.
Quant à moi, je saisis le bien où je le trouve, car le
bien est rare, bien rare. J'applaudis au bien, sans lui demander
quelle est sa provenance.
J'ai toujours considéré comme la première préroga-
tive d'un citoyen français celle de dire ce qu'il pense.
En usant largement avec vous, monsieur le ministre,
de cette belle prérogative de l'homme libre, je fais doublement
mon devoir. Vous venez de m'honorer de votre confiance, et je
vous en remercie en vous disant la vérité, sans crainte de vous
voir lui donner une interprétation qui lui soit défavorable.
Je défie d'ailleurs les insinuations perfides des min-
ces et plates personnalités qui oseraient s'attaquer à moi, car un
souffle de vérité les aurait vite dépouillées des oripeaux qui les
couvrent pour les laisser apparaître telles qu'elles sont, ignoran-
tes tout d'abord, et surtout incapables de servir la République.
Veuillez agréer.
Signé : l'inspecteur général en mission spéciale, NI-
VELLE.
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[353]
M. Paul de Cassagnac fut très applaudi en criant à Saba-
tier qui se pourléchait et s'étendait complaisamment sur ces
ignominies : « Dépêchez-vous donc, il faut enfin sortir de toutes
ces saletés-là ! »
M. Dugué de la Fauconnerie, qui, ce jour-là, était du bon
côté, s'écria avec beaucoup de raison : « Quand on pense que le
pays nous paye 25 francs par jour pour avoir de pareilles séan-
ces, vraiment le pays n'en a pas pour son argent131 »
1871 19 6
1872 16 4
1873 49 6
1874 18 5
1875 18 7
1876 26 5
1877 23 3
1878 26 11
1879 22 5
1880 121 8
1881 16 6
total 268 72
Sur 73,906 laïques, 268 condamnés forment une proportion de 33
sur 10,000 en treize ans.
Sur 19,745 congréganistes, 72 condamnés forment une proportion de
13 sur 10,000 en treize ans. Environ 1 par an sur 10,000.
Je prends, dit Mgr Freppel, le chiffre des professeurs et instituteurs
soit laïques soit congréganistes, tel qu'il est fourni par les rapports du minis-
tère de l'Instruction publique publiés au Journal officiel des 13 septembre et
19 décembre 1879.
131 Pour voir distinctement la situation actuelle, il faut regarder la
contrepartie. Tous les journaux nous ont donné l'emploi du temps de l'Em-
pereur Guillaume le jour même où la Chambre française discutait
« l'interpellation des anus ».
A quatre heures et demie du matin, l'Empereur sortait du palais de
Potsdam en petite tenue et, suivi de son aide de camp de service, il alla au
galop à la caserne des hussards de la garde, fit sonner l'alarme et ordonna
que le régiment tout entier, en tenue de campagne, eût à se diriger vers le
champ de Borrifeldt. Un escadron était déjà parti pour l’exercice, ordre fut
donné de le rappeler.
Pendant ce temps-là, l'Empereur allait, toujours au galop, à la ca-
serne des chasseurs de la garde, à celle des cardes du corps, du bataillon
d'infanterie d'instruction, et enfin au poste du château. Partout il donna l'or-
dre de se mettre en marche. Puis il continua sa route, alla réveiller le 1er ré-
giment de la garde et fit une scène formidable au corps de garde de la porte
de Brandebourg, parce qu'il n'y avait pas de tambour !
« Le colonel fut mis aux arrêts. Quand il eut, toujours au galop, et
devant les rares passants qui ne comprenaient rien à la promenade du souve-
rain, fait sonner le boute-selle dans les casernes des uhlans, il alla se poster à
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Oh ! Oh ! Oh !
Ces b…gresses
De sous-maîtresses
F….tons-les à l'eau.
Oh ! Oh ! Oh !… !
4° Est-il vrai que les mères de quelques adjointes, ef-
frayées par ces menaces féroces et estimant que les jours de leurs
filles couraient de sérieux dangers, sont venues — ô héroïsme de
l'amour maternel ! — leur faire un rempart de leur corps, prêtes à
mourir, s'il le fallait, avec leur chère progéniture ?
5° Est-il vrai que M. le juge de paix s'est vu contraint,
par deux fois, de se transporter d'office dans les locaux scolaires
pour essayer de calmer ces jeunes et bouillants esprits ? A-t-il été
plus heureux que les inspecteurs dont nous parlions l'autre jour,
et ne s'est-il pas, comme eux, retiré bredouille132.
6° Est-il vrai que ces demoiselles passent leurs ré-
création [ 356] à simuler des mariages plus ou moins… civils, où
quelques-unes d'entre elles figurent revêtues de travestissements
masculins ?
7° Est il vrai que ces cérémonies carnavalesques sont
accompagnées d'épouvantables charivaris, que les voisins n'ont
pu faire cesser qu'en recourant aux bons offices de M. Bougié,
notre valeureux et sympathique sergent de ville ?
8° Est-il vrai que pendant leurs promenades
Dans les prés fleuris
Qu'arrose la Bave,
à la date du 27 juillet 1888 nous donne également un croquis assez gai des
jeunes étudiantes républicaines en voyage.
« Quelques mois auparavant, des aspirantes à la bourse de cette
école se rendirent à Cahors pour subir leur examen. Il nous revient, des sta-
tions du chemin de fer qu'elles traversèrent, un écho des plus fidèles de
l'éducation un peu trop libre dont ces bambines voulurent nous édifier.
« Au départ, chacune d'elles avait eu soin de se munir d'une blague
bourrée de tabac, leur but bien naturel était de charmer leurs loisirs en rou-
lant artistement des cigarettes qu'elles fumaient sans sourciller, on le voyait,
elles n’étaient pas à leur coup d'essai et on eût dit que la cigarette entrait
pour quelque chose dans le programme de leur examen.
« A Cahors, elles se rendirent au café, la chambre d'un hôtel est bien
froide, et qu'y faire d'ailleurs à moins d'y sommeiller ? Au café, les heures
sont moins longues et les distractions plus variées. La blague eut tous les
honneurs de la soirée, la fumée montait épaisse au plafond, on eût dit un
estaminet où un régiment de troupiers eût eu libre entrée, et, sans un mon-
sieur quelque peu haut placé, les boulevards eussent eu aussi les honneurs de
la cigarette.
« On assure, peut-être à tort, qu'à la station de Vers, les jeunes
étourdies ne voulurent pas rester en arrière d'une noce qui chantait à tue-
tête. Leurs voix féminines se faisaient entendre, et les chansons légères rom-
pirent la monotonie du voyage.
« Voilà votre œuvre, républicains ! »
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[358]
Ce qu'il faudrait faire, ce serait de prendre, un à un, les
membres de la gauche qui ont voté l'urgence de la proposition
René Laffon et de passer au crible les vertus de ces gens si diffi-
ciles pour les autres.
Cette étude allongerait démesurément les proportions de
ce volume, je me contenterai de choisir un ou deux spécimens,
au hasard.
Georges Laguerre vaut la peine de quelques coups de
pinceau.
Vous connaissez le personnage : un être osseux, dégin-
gandé, une figure en lame de couteau, toute plaquée de taches
inquiétantes.
C'est le type de l'avocat Franc-Maçon et coureur de
guille[359]dou, du bazochien en goguette qui marche constam-
ment dans la vie un dossier sous un bras, une catin sous l'autre.
Jeune encore il a trahi déjà à peu près autant de partis
que les vieux débris de tous les gouvernements qui, dans les fau-
teuils de la Chambre des Pairs ou du Sénat, se rappelaient entre
eux, avec de grosses plaisanteries, qu'ils avaient servi quinze
régimes. Celui que les télégrammes de Boulanger désignent
sous le nom de « l'enfant de chœur » édifia d'abord les membres
de la conférence de Saint-Vincent de Paul incapables de deviner
la profonde hypocrisie du personnage, il fit chapelle, communia,
jeûna. Plus tard il se convertit au Thiérisme et étonna par sa
servilité le vieillard qu'il devait traiter « d'égorgeur de Paris ».
C'est Reinach qui, en quelques lignes réussies d'ailleurs,
s'est chargé de nous montrer ce côté de l'intraitable radical.
Egorgeur de Paris, M. Thiers ! s'écrie Reinach dans
la République française ! Voyons, Laguerre, avez-vous oublié que
le 3 septembre 1878, au bout de l’an de M. Thiers, à Notre-Dame,
vous étiez l'un « des commissaires de bonne volonté à qui Mme
Thiers — je cite textuellement le compte rendu de la République
française : — à qui Mme Thiers avait confié le soin de recevoir en
son nom et de placer suivant leur rang les innombrables amis de
son mari » ? Et la République ajoutait : « Nous croyons devoir
donner ici les noms de ces jeunes gens, ce sont : MM. Ed. Teisse-
renc de Bort, Linol, Violet, Salomon Reinach, Liévin, Eychenne,
Sarchi, Richtemberger, Laguerre, Grandjean… »
Et puis, Laguerre, avez-vous oublié, le 3 août 1879,
l'inauguration de la statue du libérateur du territoire, à Nancy ?
Vous y étiez encore, ce jour-là (j'y étais aussi), mais vous n'y étiez
pas en simple et modeste admirateur du grand patriote, mais
comme délégué, disiez-vous, de la jeunesse française des Écoles.
— Et encore votre première conférence à Montmartre, l'avez-
vous oubliée ? cette conférence où, sous la présidence de Cle-
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134 D'après le traité conclu en 1881 le marché pouvait avoir une durée
de six au douze ans. Six mois avant la fin de la première période de six an-
nées, c'est-à-dire en juin 1887, le ministre avait le droit de résilier le marché
pour le 31 décembre 1887, il pouvait, il devait en tout cas, avant de renouve-
ler à la muette, s'informer s'il ne trouverait pas des conditions plus favora-
bles.
Voir dans le Matin du 2 juillet 1887 la lettre d'un fournisseur mili-
taire à ce sujet.
Le général de Frescheville m'avait dit que la commission d'enquête
devait s'occuper de cette question, mais je crois que cela est tombé dans
l'eau.
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avec les miens dans une carriole qui s'était arrêtée à une mon-
tée, sur un chemin du Forez. Derrière les bois de Vollor, les Bois
noirs, le soleil se couchait dans un flamboie[377]ment, avec des
teintes d'un rouge d'incendie. Les moissonneurs achevaient leur
tâche eu entonnant une chanson du pays :
Mariez-vous, car il est temps,
Belle Rose,
Belle Rose,
Belle Rose du Printemps.
Le « Belle Rose », tantôt caressant comme une prière,
tantôt pressant et presque impérieux comme un conseil, se pro-
longeait à l'infini à travers les vallons, se répercutait jusque
dans la montagne, puis des voix viriles lançaient, comme à la
volée, la phrase finale :
Belle Rose du Printemps,
Nous ne pouvions nous détacher de ce spectacle et nous
décider à partir et, après six ans écoulés, je revois encore le
même tableau.
Pourquoi certaines visions vous demeurent-elles aussi
longtemps présentes, vous donnent-elles l'impression d'une
heure de votre vie particulièrement heureuse, exempte de toute
préoccupation même légère, d'une heure qui ne reviendra ja-
mais pour vous, non plus jamais ?… Pourquoi éveillent-elles en
vous le souvenir d'une sorte de dilatation, de complet épanouis-
sement de vous-même, d'un harmonieux et vibrant accord de
toutes vos facultés affectives et sensitives ? Ces choses-là ne
s'expliquent pas et surtout ne se traduisent pas par des mots
écrits…
Ce qui est certain, c'est que dans le même coin de terre et
devant le même ciel, je ne me retrouverai plus le même… Quand
j'ai de la peine à m'endormir, je n'ai qu'à fermer les yeux pour
revoir la voiture arrêtée à la montée, ceux que j'aimais à la
même place et pour entendre, dans son rythme pénétrant et
doux, la chanson rustique, mêlant au cri de triomphe, de la Na-
ture estivale dans toute sa magnifi[378]cience comme un aver-
tissement que l'Automne n'est pas très loin.
Mariez-vous, car il est temps,
Belle Rose,
Belle Rose,
Belle Rose du Printemps…
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LIVRE HUITIÈME
LES SIMULACRES
I
LA VIE MONDAINE
I
C'est un penseur d'une rare intensité que Carlyle. Il faut
le lire à la campagne, à loisir, avoir le temps de défaire une à
une les bandelettes, parfois bizarres, qui enveloppent l'être in-
time, de briser l'os qui contient cette moelle substantifique.
[380]
Il a écrit des choses exquises et profondes sur l'idolâtrie,
l'Eidolon, chose vue, symbole, sensorielle manifestation d'une
idée héroïque ou divine. « Les idoles, dit-il, ne sont idolâtriques
que lorsqu'elles deviennent douteuses, vides pour le cœur de
l'adorateur. C'est l'insincérité qui rend les idoles haïssables et
les idolâtres odieux. L'homme sincère, honnête, plein de son
fétiche, est touchant quand même. »
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MORALITÉ,
La fin du monde.
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bien la chasse à son gré : « Qu'est~ce que vous ayez donc, Gra-
mont ? Vous êtes bien molasse aujourd'hui. »
Pour le monde, néanmoins, toutes ces distinctions, très
[401] ténues et très fines, ont une importance que nous ne
soupçonnons pas.
C'est en vain qu'on chercherait le pourquoi de beaucoup
des lois de ce code élégant où les préjugés les plus surannés ont
leur place à côté de la reconnaissance, de l'adoration la plus ser-
vile du roi moderne : l'Argent.
Tout travail est considéré par la haute société française,
sinon comme avilissant, du moins comme disqualifiant celui qui
l'exerce, le mettant hors de la Gentry, en faisant comme un
demi-paria.
Vous ne trouverez pas de grands négociants ni de grands
industriels sur la liste du Jockey-Club. M.M. Hennessy sont
bien marchands d'eau-de-vie, mais leur nom seul est dans la
maison, et ils ne s'occupent de rien eux-mêmes. M. Gustier est
également marchand de vins à Bordeaux, mais il a consacré
beaucoup d'argent au sport du midi, et c'est comme homme de
cheval qu'il a été reçu, car le Club est parfois obligé de se rappe-
ler qu'il est la société d'encouragement.
Un fabricant de sucres, comme Sommier, aurait grande
peine à être reçu, on l'appellerait Sommier élastique, en revan-
che, vous trouvez là des banquiers : Rothschild banquier, Hot-
tinguer banquier, Mallet banquier.
Le banquier, qui n'est qu'un parasite, prélevant son gain
sur le travail d'autrui, est le seul travailleur que la haute Société
accepte, choie, accueille.
Pour élucider tout cela, il faudrait pénétrer dans le vif de
ces êtres à la fois frivoles et compliqués. On a vu en eux des raf-
finés, des produits de longues générations de civilisés, des ma-
nifestations décadentes d'une culture quintessenciée, ce sont
surtout des natures d'enfants incapables de résister à un désir, à
une envie, à l'attraction de ce qui brille ou de ce qui fait du bruit.
Ils ont de l'enfant à la fois les naïvetés et les roueries, les
timidités et les cachotteries, ils n'oseraient pas s'établir fran-
chement marchands, mais ils ont bien envie de gagner de l'ar-
gent tout de même et ils truquent, ils cherchent des [402] com-
binaisons. Les hommes se font lanceurs, organisent un jour se-
lected, déclarent qu'il est tout à fait à la mode d'occuper telle
place, tel jour, à un Eden quelconque.
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dans un coin de province, tandis que leurs fils allaient les rem-
placer à l'armée.
De ceci il reste d'impérissables traces dans l'âme des des-
cendants et, en certaines occasions, ils se retrouvent dignes de
leurs ancêtres. Les autres influences permanent également. Il y
a chez eux beaucoup de l'homme de Cour irréprochable dans les
manières, mais étranger à tout sens moral, comme étaient les
grands seigneurs qui s'employaient à donner des maîtresses au
roi.
Il y a aussi, pourquoi ne pas le dire, des ressouvenirs des
mœurs du XVIIIe siècle, où l'on citait par centaines les femmes
que Voltaire appelait des Valétudinaires, les amoureuses de
valets. Plus d'une aïeule pourrait répéter, en voyant ses petits-
fils aux genoux de Rothschild, le mot d'une grande dame du
passé gémissant sur la bassesse de son fils : « Je me serai pro-
bablement endormie dans une antichambre. »
Le livre à écrire là-dessus est encore à faire. Paul Bourget
aurait pu l'entreprendre, mais il ne le fera pas et j'ai dit pour-
quoi déjà. L'écrivain qu'on a appelé « un romancier pour baron-
nes israélites » a confondu ce monde juif, dont il est le favori,
avec la Société véritable qui ne ressemble pas complètement au
monde juif, quoiqu'elle subisse le mot d'ordre des Juifs.
[404]
Une autre erreur de l'auteur de Mensonges a été d'atta-
cher trop d'importance à des détails extérieurs, à des accessoi-
res, à des bibelots, à des dessous de soie noire qui sont plus usi-
tés, d'ailleurs, chez certaines dames du faubourg Montmartre
que chez les femmes du faubourg Saint-Germain et de conclure
que tout ce monde-là était moderne.
La note exacte est tout autre. Les représentants de l'Aris-
tocratie sont dans le train comme on dit, mais aussi dans la dili-
gence, ils sont dans la diligence la plus arriérée pour les idées et
dans le train le plus éclair pour l'affranchissement de toute règle
gênante, les outrances, les modes ridicules, les excentricités de
mauvais goût. Les vices de ce monde sont des vices qui exis-
taient dans les sociétés les plus anciennes, et les idées ne se rat-
tachent en rien au mouvement moderne, je ne dis pas au point
de vue des sophismes mis en circulation par la presse Franc-
maçonnique et juive, mais au point de vue d'une compréhension
plus étendue des choses, d'une certaine ouverture sur l'univers
agrandi.
Le point à noter, loin de là, serait, je crois, une sorte de
retour en arrière vers les types d'autrefois.
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guerre, on s'efforce d'enlever leur commandement aux officiers qui ont leurs
régiments dans la main. C'est ainsi que fut frappé tout récemment le colonel
Bremond d'Ars, commandant le 8e régiment de cuirassiers à Senlis, que l'on
mit à la retraite d'office.
En présentant le régiment au nouveau colonel, le général Charreyron
ne put s'empêcher de rendre justice au colonel Bremond d'Ars : « Je vous
remets, dit-il, un beau et bon régiment qui est en bien meilleur état que l'an-
née dernière. »
Freycinet refusa obstinément d'écouter les explications du colonel et
le frappa sans daigner même l'entendre. La Maçonnerie avait jugé que ce
brave officier pouvait être utile à la France, elle exigeait qu'il fût renvoyé de
l'armée et Freycinet-la-Peur obéissait…
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Siens. Tant que la Société voit quelqu'un qui nage, qui se sou-
tient sur l'eau, tout va bien, dès qu'on a fait le plongeon, c'est
fini… Ainsi que je vous l'ai expliqué, on ne regarde en aucune
façon aux expédients qu'un ménage high-life peut employer
pour conserver son train de maison, ses domestiques, ses voitu-
res ; on met à son service tous les moyens d'action de la collecti-
vité mondaine, si le ménage fait comprendre, à demi-mot, que
cela peut lui être utile, on invitera dans un salon difficile le plus
méprisable des voleurs juifs, un négrier, un ancien teneur de
maison publique à l'étranger qui aura réalisé une grosse for-
tune.
Dès que le ménage est vaincu, on ne le connaît plus, on
ne le reçoit même plus. L'homme et la femme deviennent des
êtres funestes, évoquent de malencontreuses images de tristesse
et de ruine. La première femme du baron d'Erlanger, après
avoir été une des triomphantes de Paris, en avait été réduite à se
faire quelque chose comme marchande à la toilette et, quoi-
qu'elle fût apparentée à de grandes mondaines, elle ne pouvait
même plus arriver à voir ses anciennes amies le matin.
[410]
Cet égoïsme, d'ailleurs, est une nécessité même d'exis-
tence pour tous ceux qui ont une place importante dans la haute
société.
Songez qu'il y a des femmes qui tiennent le sceptre de
l'élégance depuis le commencement du second Empire et figu-
rez-vous à quel point vous seriez fatigués si vous teniez le scep-
tre de l'élégance depuis si longtemps.
Imaginez ce que ces femmes, quelques-unes sans grande
fortune, ont dû déployer de diplomatie, d'habileté, d'attention à
la conduite de leur barque aux voiles de soie, ce qu'elles ont vu,
ce qu'elles ont traversé, ce qu'elles ont accepté. Des êtres qui, au
milieu des fatigues et des corvées de la représentation mon-
daine, subiraient le contrecoup de tous les événements et de
toutes les préoccupations actuelles, auraient du patriotisme, de
la foi, de la dignité, de la sensibilité, des dégoûts, des indigna-
tions, des dévouements, ne vivraient pas dix ans de cette vie.
Les mondains véritables appartiennent à une classe spéciale
comme les politiques, rien ne les touche, rien ne les passionne.
Tout pour eux est simple spectacle, un spectacle qu'ils regar-
dent, mais dans lequel ils ne s'intéressent qu'à eux-mêmes…
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trouve pas mauvais qu'un élève des Jésuites fasse un tel ma-
riage. Cet élève, le Jésuite le connaît à fond, il sait la futilité de
ces natures, leur besoin de luxe, il comprend que le pauvre petit
homme, dès qu'il aura mangé son patrimoine, n'est pas de taille
à se faire une place dans la vie, et il se dit : « Une fois redevenu
riche, il tiendra son rang dans le monde, il aura un beau train de
maison, il fera du bien après tout, c'est autant de repris sur l'en-
nemi ! Car si l'on compte sur les gouvernants modernes pour
faire rendre gorge à Israël, on pourrait compter sans son hôte. »
Ceci vous explique que l'introduction du Juif dans la So-
ciété française n'ait pas rencontré d'obstacles bien sérieux de la
part du Jésuite dont l'action est cependant grande sur la haute
Aristocratie.
Les Jésuites avec leur influence, les écrivains chrétiens
avec leur éloquence, les écrivains radicaux avec leur in-
so[416]lence ne peuvent rien contre l'irrésistible force qui
pousse les classes privilégiées à se détruire elles-mêmes.
L'Aristocratie, dépaysée, déracinée par la Révolution, n'a
pu reprendre pied dans le sol de France, elle est restée une
plante de serre. Au moment de la Révolution même, elle n'eut
aucun sentiment de ses intérêts véritables : au lieu de se cram-
ponner à la motte de terre française, elle crut à une sorte de
Franc-Maçonnerie du sang bleu, elle se fia à l'Aristocratie euro-
péenne qui la berna, la railla, la trompa. Aujourd'hui encore,
elle agit de même, elle est victime d'un aveuglement semblable :
elle espère pour la protéger dans une sorte de Franc-
maçonnerie des intérêts, des plaisirs, de l'argent, elle ne songe
point à imiter les nobles Roumains, les Gerghel, les Cortazzi, les
Butculeseo, qui se mettent à la tête d'un mouvement national
contre les Juifs, qui dépensent des sommes énormes pour exci-
ter encore les paysans contre eux.
Tout au contraire, au lieu de faire cause commune avec
les petits propriétaires ruinés, les petits fabricants retombés à
l'état de salariés et qui constitueront bientôt le plus redoutable
bataillon de l’armée socialiste, l'Aristocratie s'identifie de plus
en plus avec la Juiverie, la Haute Banque, les gros exploiteurs ;
elle s'éloigne de plus en plus des travailleurs, des Français au-
tochtones dont un fond d'idées de même origine, une même
conception d'un certain idéal dans la vie devraient la rappro-
cher, sous prétexte que tous les écus sont frères, elle se solida-
rise avec les ennemis du pays. Pendant la Révolution le cœur de
l'aristocratie n'était pas avec les paysans héroïques qui luttaient
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II
Ce que le Juif a tiré du Pauvre.— Grégoire VII et Léon XIII. — Une ré-
organisation des œuvres de Charité. — Une pièce à faire — Le
Pauvre, le Capucin et le Républicain. — Goldschmidt ou le bon
riche. — La fille d'un soldat. — Un trait de générosité des Roth-
schild. — Un argent qui n'arrive jamais à destination.— Un sou-
venir de la loterie des Arts décoratifs. — Meyer Avenel. — Un
Heilbuth qu'on ne retrouve plus. — Les bons de la Presse. — Un
vaincu de la vie.— Soixante-quinze ans et pas de pain.— Jourde
se montre. — Crouzet et l'association des journalistes.— Loelsroy
ou le président prévoyant. — Goirand ou le parfait avoué
conseil.— Les gens qui disposent du budget.— Le testament de
Victor Hugo. — Les 50,000 francs aux pauvres de Paris.— L'Ydo-
latrado sur les quais. — La haine du Pauvre. — Mission moralisa-
trice accomplie par le Pauvre. — Le Pauvre dans la société d'au-
trefois.— Jésus-Christ s'habille en pauvre. — Le faux ordre. — La
fin d'une journée de Paris. — Ce qu'on ne peut pas dire.
Qui relie entre eux les éléments incohérents de cette so-
ciété ?
C'est le Pauvre.
L'historien de l'Avenir qui voudra étudier à fond cette so-
ciété bizarre devra fixer tout spécialement son attention sur le
Pauvre.
La civilisation juive s'est surpassée elle-même dans la fa-
çon dont elle a utilisé le Pauvre, elle s'était fait un instrument
d'exploitation de tout ce qui était grand dans l'humanité, elle
s'était servie de la guerre pour organiser des emprunts, elle
avait monopolisé la parole imprimée destinée [419] à porter
partout la vérité pour tromper le public et ruiner les naïfs par
des réclames mensongères, du duel farouche d'autrefois, elle
avait fait un prétexte à procès-verbaux après une blessure au
tissu épidermique de la paume de la main, d'après la méthode
de Jacob : l'utilisation du Pauvre a été son chef-d’œuvre
Le Pauvre, qu'à l'exemple du Sauveur, tous les saints ont
traité comme un frère, est devenu entre les mains de l'interlopie
juive un champ de rapport, une colonne à prospectus, une
marmotte que l'on fait danser pour se rendre intéressant, un
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lettres dans les volumes. C'est ainsi que j'ai acheté, entre autres
ouvrages, dans la boite à cinq sols, près du pont des Saints-
pères, le livre d'un enthousiaste hidalgo, Francisco Vinader y
Domenech, dont la lettre d'envoi débutait sur ce ton lyrique :
« M. Victor Hugo. Paris. Ydolatrado señor, una persona como
vos debe ser immorlal. »
Ydolatrado senor ! Vous revoyez d'ici le cortège , 100,000
hommes défilant, un fleuve humain, une forêt de fleurs en mou-
vement, Anatole de la Forge, le vieux cabotin voyant là une oc-
casion de se faire remarquer et attrapant une insolation en
s'obstinant à rester tête nue lorsque tout le monde était couvert,
à sept heures du soir, le dernier peloton de cavaliers harassés, à
cheval depuis huit heures du matin, fermant la marche derrière
les Beni-Bouffe-Toujours et les voitures-réclames et semblant
dire : « Quand arriverons-nous ? », cette pompe grandiose par
certains côtés, burlesque par d'autres,… et puis, le lendemain,
on prend les livres de poètes, de philosophes, d'historiens
adressés à l'Ydolatrado et on les dépose sur le parapet…
[431]
Ce qu'il y a de certain, c'est que le Pauvre n'a jamais
beaucoup de chance avec le Juif, le Philanthrope et le Franc-
Maçon.
Aussitôt qu'un préfet de police s'installe à la caserne de la
Cité, son premier soin est de prendre des arrêtés contre les
mendiants. Lozé n'a pas manqué à l'usage et je me souviens qu'à
cette occasion, le protestant Monod, dont nous avons eu l'occa-
sion de nous occuper, communiqua une sorte de statistique à
des gens qui s'étaient réunis à l'Assistance publique. J'avais ce
document sur ma table dans mon jardin, mais mon chat me l'a
déchiré en s'amusant et, ma foi, cela m'a paru si peu intéressant,
que je ne l'ai pas fait rechercher.
Il en résultait, d'après mes souvenirs, qu'en huit mois un
philanthrope avait pris 727 mendiants valides et qu'il leur avait
offert une lettre pour entrer dans un atelier. 415 ne vinrent pas
prendre la lettre, les autres vinrent, se rendirent un jour à l'ate-
lier, ne revinrent pas le lendemain, bref, à la fin de la semaine, il
n'y avait plus que la moitié d'un pauvre qui travaillât.
Qu’est-ce que cela prouve ? C'est que ces gens-là avaient
la vocation d'être mendiants, comme Gragnon, le prédécesseur
de Lozé, avait la vocation de voler des pièces dans le dossier des
accusés.
Sans doute, on peut me répondre que le travail est impo-
sé à l'homme par la loi de Dieu, je le reconnais, mais combien,
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IV
L'HONNEUR ET
LA LÉGION D'HONNEUR
Le sacrifice humain.— Pourquoi Wilson n'a pas parlé.— Le trafic des
croix.— Ce que Lockroy pensa du marchand de cirage et ce qu'il
en advint.— Les scrupules de Dautresme.— Le conseil de la Lé-
gion d'honneur.— Le cas d'Erlanger et de Gragnon.— Ceux qu'on
décore et ceux qu'on ne décore pas.— Le nommé Chourier.
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143 Ce n'est que beaucoup plus tard, dans la séance du 10 mars 1888,
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144J'ai cité dans la France Juive, avec preuves à l'appui, le tour ima-
giné par un commissaire de police pour perdre un prêtre dont la haute vertu
gênait les Francs-Maçons : il interrogeait les témoins, les laissait déposer
librement, puis les faisait signer au bas d'une feuille blanche sur laquelle il
mettait tout le contraire de ce qu'ils avaient dit.
Dans l'affaire montée contre un autre prêtre, l'abbé Mulot, Anquetil,
alors procureur de la République à Amiens, avait fait disparaître du dossier
le procès-verbal du juge de paix qui innocentait absolument l'accusé. Ce fut
par hasard, grâce à la déposition d'un témoin, qu'on apprit qu'il y avait un
procès-verbal. L'auditoire indigné protesta contre la conduite du procureur
de la République et le président, très honnêtement, ordonna que l'enquête
fût produite: on y trouva la preuve qu'une des plus perfides insinuations
dirigées contre l'abbé Mulot n'avait pas le moindre fondement.
« Peu de temps après, ajoute le Soleil, la loi d'épuration permettait
de révoquer M. Delepouve, l'honnête président du tribunal d'Amiens. Par
contre, M. Anquetil recevait de l'avancement: on le comma juge à Paris. »
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derait leur carte pour les annoncer, feraient passer des cartes
d'agents des mœurs.
Comprend-on, dans de pareilles conditions, qu'au len-
demain même de l'arrêt flétrissant, les généraux qui font partie
du Conseil de l'ordre n'aient pas prononcé par acclamation la
radiation de Gragnon des cadres de la Légion d'honneur.
Du moment où la croix n'est plus un signe de l'honneur,
du moment où elle peut s'étaler sur la poitrine d'un homme qui
a manifestement failli à l'honneur, elle n'a plus de raison d'être
et la décoration elle-même que portent le général Lecointe, le
général Charreyron et les autres membres du Conseil de l'ordre
n'est plus qu'une inutile et vaine ferblanterie, puisque ces mes-
sieurs admettent qu'elle peut être portée par des gens qu'un ar-
rêt public a déclaré être des coquins.
[458]
Ah oui ! il y aurait eu un émouvant discours à faire sur la
Légion d'honneur et sur l'étrange manière dont fonctionne ce
Conseil qui ne conseille jamais.
Quel contraste saisissant à établir entre ceux qu'on dé-
core et ceux qu'on ne décore pas !
Avez-vous lu dans le Figaro145 un article de Grison sur le
nommé Chourier ?
Ce Louis Chourier, un fils de paysan, attaché au service
des postes, accomplit pendant la guerre de véritables actes d'hé-
roïsme attestés par les chefs de corps qui en ont été témoins.
Il est à ma connaissance, écrit le général Pajol, et je
me plais à lui en rendre justice, que le nommé Louis Chourier,
employé des postes et détaché au quartier impérial, a rendu pen-
dant les premiers jours de la campagne les plus signalés services,
s'exposant à plusieurs reprises à être fait prisonnier.
Chargé de porter des dépêches au commandant du 5e
corps, à Beaumont, il le fit au péril de ses jours, ce corps étant a
lors très compromis.
De même à Sedan, il aida à sauver le trésor du 1er
corps, abandonné dans le chemin creux de Givonne et, aidé de
quelques chasseurs, il le rapporta à la sous-préfecture.
Le 1er septembre, au plus fort de l'action, et obligé de
traverser les lignes ennemies, il porta des dépêches au général
Vinoy, qui lui prescrivaient de prendre les précautions nécessai-
res pour ne pas se laisser envelopper.
Le nommé Chourier ne s'est pas acquitté de ces di-
verses missions sans exposer sa vie.
Aussi je lui donne ce certificat, indiquant quel a été
son courage et son dévouement à remplir ses devoirs.
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guerre ; l'un a été pris par le lieutenant Chebal, de l'armée de Metz, l'autre a
été pris le 23 janvier au combat de Pouilly, à la porte de Dijon, par un héroï-
que ouvrier qui, après avoir servi dans les zouaves pontificaux, s'était engagé
dans les francs-tireurs au moment de la guerre. Cet homme de cœur s'appelle
Victor Curtaz, il n'a pas été décoré.
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148 J'ai toutes mes notes sur ce procès qui montre très curieusement
où en est l'Académie des sciences, les moyens qu'on emploie pour lancer
certains hommes, la façon dont on comprend la discussion scientifique. Si un
éditeur de Belgique veut publier cela, je suis à sa disposition. On introduisait
les Châtiments en France dans des bustes de Napoléon III, l'éditeur n'a qu'à
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sez des textes de choix. Si vous voulez ajouter dans l'arrêt que
j'écris avec élégance et que je suis bien de ma personne, je vous
promets de dire un mot de vous au barbier du général et cela
vous sera utile près de César. »
Tous ces hommes rouges, j'en suis sûr, seront excessive-
ment gentils.
150 La torture n'a jamais existé dans le Moyen Age chrétien, elle était
inconnue chez les Germains et chez les Francs. Ce sont les légistes qui ont
ressuscité et introduit partout ces affreuses coutumes qui faisaient partie du
Code romain qu'ils s'efforçaient d'imposer à la race germaine et franque qui
en avait horreur.
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naux, toujours fort circonspecte, on le sait, dans ses affirmations que l'ins-
truction relative à l'assassinat de M. Barrême, préfet de l'Eure, se poursuit
toujours ; on croit avoir des renseignements assez probants pour établir la
culpabilité d'un ancien fonctionnaire du ministère, personnage fort connu et
qui est déjà sous le coup d'un mandat d'amener pour escroquerie.
« Cet employé aurait été chargé par le ministère de remettre à M.
Barrême le jour même où ce dernier quittait Paris, une somme de 30,000
francs, et, ainsi que nous l'avons dit, au moment où fut découvert le crime,
on n'avait trouvé que la somme de 6,000 francs sur le cadavre du préfet de
l'Eure.
« L'employé dont il est question serait considéré, sinon comme l'au-
teur, du moins comme l'instigateur du crime. »
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[475]
Toute cette histoire sortira un matin, comme sont sorties
d'autres histoires, et j'aime mieux attendre les journaux.
N'avons-nous pas assez, nous autres sociologues, de ce que la
polémique, l'actualité, le compte rendu banal d'un procès nous
jette comme documents, ainsi qu'un fleuve en roulant jette des
épaves sur la rive ?
Où pourriez-vous trouver de plus piquants éléments pour
le portrait d'un magistrat à la fin du XIXe siècle, que dans le
compte rendu publié par les journaux d'un procès intenté par
les héritiers de Leblond152 ?
Ce Leblond était un personnage considérable. Il avait
protesté, avec l'indignation d'un Caton, contre les corruptions
de la cour impériale, il s'était signalé au Sénat pour une inter-
pellation contre les menées ultramontaines, il avait été tout ce
que peut être un républicain aussi vertueux : sénateur d'abord,
puis procureur général, et enfin conseiller à la Cour de Cassa-
tion.
Un jour, en essayant de souiller une dernière fois une
créature jeune et belle du souffle impur de ses baisers de vieux,
ce représentant de la haute magistrature française acheva dans
un rite d'agonie le spasme suprême de son douloureux plaisir.
Prévenus aussitôt, les corps constitués se réunirent : les
sénateurs prirent leurs insignes, les magistrats revêtirent leurs
robes et l'on conduisit le défunt au cimetière après avoir mani-
festé, par des discours bien sentis, le regret que la Mort cruelle
n'eût pas épargné un républicain si austère…
A la lueur révélatrice du procès civil, cette vie apparut
telle qu'elle était : honteuse. Jules Favre, un Thraséas comme
Leblond était un Caton, et qui n'était pas indulgent non plus
pour les faiblesses des tyrans, avait eu du moins la précaution
de commettre des faux pour faire entrer ses enfants naturels
dans le Code. C'est peut-être pour cela que l'Académie française
l'avait chargé du rapport sur les prix [476] de Vertu. Leblond,
lui, avait semé un peu partout des bâtards plus ou moins adulté-
rins et incestueux sans leur donner le moindre état civil.
Les enfants des Niam-Niam et des peuplades des îles
Fidgi ont encore une espèce de famille ; une des filles de ce
grand prêtre du Droit, de ce procureur général, de ce conseiller
à la Cour de Cassation, Marie Madeleine, se trouvait dans cette
situation extraordinaire de n'avoir même pas d'acte de nais-
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à coup sûr, que celui que l'on vous demande d'innocenter au-
jourd'hui. »
Pendant la guerre Erlanger ravitaille l'armée allemande,
mandé à Versailles pour donner son avis sur l'indemnité de
guerre, il déclare à Bismarck, qui hésite, que nous sommes par-
faitement en état de payer 5 milliards. Naturellement notre aris-
tocratie, que le patriotisme n'étouffe pas, comme on sait, ouvre
ses salons devant Mme d'Erlanger, qui devient une des triom-
phantes de Deauville. Sous la République actuelle Erlanger est
tout à fait à son aise. Dauphin, réduit alors aux expédients, se
constitue son homme lige, en s'installant comme procureur gé-
néral, il ordonne qu'on lui remette en mains propres toutes les
plaintes qui arriveront sur d'Erlanger, et il les jette tranquille-
ment au panier.
Ce sont des types curieux encore une fois. II y a dans cet
homme du stercoraire et du caïman. Il est mélomane ; tous les
Juifs le sont. Les deux jeunes gens qu'on ait jugés seuls dignes
de se disputer cette année le prix de Rome pour la musique
étaient deux Juifs : Erlanger et Dukas. Erlanger eut le premier
prix, Dukas eut le second, les Chrétiens se brossèrent le ventre.
Erlanger, le banquier, se crocodilise lui-même, entre deux pro-
cès il prend son violon et se charme.
[503]
Pour cet homme qui sait que tout est à vendre, l'élo-
quence des grands virtuoses du barreau semble n'être qu'un
plaisir de dilettante comme un autre, la musique de Chambre
correctionnelle le change de la musique de chambre ; le ténor
chante pour lui à la barre au lieu de venir chanter dans son hô-
tel, voilà tout….
Ici nous touchons encore au mensonge qui fait le fond de
cette Société.
Me Barboux, qui s'écriait un jour : « Je n'accepte jamais
de causes que je ne crois pas fondées, » savait parfaitement que
des malheureux dont on ne peut arriver à retrouver le logis
n'ont jamais souscrit pour des millions. Il s'indigne, cependant,
à la seule idée qu'on se permette de discuter cette question,
puis, tout à coup, il relève ses manches pagodes, il s'emporte à
la pensée qu'on ose prétendre que de Chauvron soit un sous-
cripteur fictif. Je n'ai point le texte exact de ses paroles sous les
yeux, mais j'imagine qu'il a dû être très éloquent. « Chauvron,
souscripteur fictif, a-t-il dû s'écrier. Ah ! Messieurs. Dès qu'il a
été informé de cette calomnie, Chauvron lui-même s'est em-
pressé d'écrire de Londres où il est en ce moment… Tenez, mes-
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157 Le public finit par prendre toutes ces attitudes au sérieux. Moi-
même j'avais cru que Me Barboux était un avocat d'un caractère très élevé,
très difficile sur les causes qu'il plaidait et j'avais cité dans la France juive
quelques lignes d'un de ses plaidoyers. Il en était de même de Rousse que
tout le monde s'imaginait être un homme de bronze jusqu'au jour où, en
pleine Académie, il glorifie Léon Say qui avait fait avec Rothschild et Blei-
chroeder le coup de l'Union générale.
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LIVRE NEUVIÈME
EN FORÊT
Impression générale.— Le leit motive du drame social.— Les imperfec-
tions de ce livre.— L'influence alanguissante de la campagne.—
Où l'on voit Bob tel qu'il est avec ses qualités et ses défauts.—
Les Juifs au Bois.— Le discours que se tint l'auteur.— La pre-
mière sortie de Bob.— La haine de Daudet pour la race cheva-
line.— Le vrai caractère du cheval.— Au bord de la Seine.—
Grandeur et décadence des Syrènes.— Goûts classiques du che-
val en littérature.— Dans la forêt de Sénart.— Les fils de fer de
Cahen d'Anvers.— Tout est aux Juifs.— Les arbres du Domaine et
les diamants de la Couronne.— Super illumina Babylonis.— Le
collier de 67 perles.— Les arbres bleus de Wattcau. Un bonjour
aux amis morts.— Albert Duruy et Raoul Duval.— Ceux qui sont
partis sont heureux.— Le lis flétri.
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[519]
La forêt appartient à tous et M. Cahen, concessionnaire
du droit de chasse, n'a, en aucune façon, le droit de supprimer,
pour son usage particulier, une route forestière classée, la route,
par exemple, qui va du Chêne d'Antin à Champrosay. Le poteau
sur lequel on lit cette indication est prisonnier maintenant entre
les fameux fils de fer, mais il n'en atteste pas moins qu'il y avait
là un chemin public dont M. Cahen s'est permis à tort de faire
un chemin privé.
Malgré tout, du côté de Mainville où est le château des
Bergeries, qui ressemble à un hôtel de Suisse, cette forêt, deve-
nue un fief sémitique, ne manque pas d'originalité ; elle est ma-
chinée comme une forêt de théâtre : le télégraphe et le télé-
phone y fonctionnent et quand, dans le silence des bois, un fai-
san a caressé sa faisanne, Cahen en est immédiatement informé
à la Bourse ou chez lui…
Grâce à cette initiative intelligente, voilà Yves Guyot sûr d'être réélu
député de Paris, et, ma foi, j'aime autant que ce soit lui qu'un autre. Il est
triste, cependant, de constater que jamais les conservateurs ne se mettent à
la tête de ces campagnes d'indépendance et de bon sens. Toute usurpation
est sacrée pour eux dès que l'usurpateur est riche. Franchement, après la
France juive qui avait dénoncé les brutalités commises par Hirsch sur des
officiers français dans des bois qui appartiennent à l'Etat, un de nos 175 dé-
putés de la droite aurait parfaitement pu porter cette question à la tribune et
les Parisiens lui en auraient été reconnaissants…
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Tandis que Cahen chasse dans les bois qui virent les élé-
gantes cavalcades du XVIIIe siècle, Mme Cahen étale sur elle,
avec le mauvais goût des parvenues, les joyaux qui ont apparte-
nu aux reines et aux princesses d'autrefois.
Ce fut une brillante entrée que celle que fit la comtesse
Cahen, un dimanche de mai, à la réception de la princesse Ma-
thilde. Chargée de bijoux d'ordinaire, la Juive n'avait ce jour-là
qu'un collier : le collier de 67 perles acquis par elle la veille,
pour mieux narguer celle qui la recevait la comtesse avait choisi
une parure impériale, le collier acheté par Napoléon en 1810.
La chose causa quelque scandale dans le groupe intelli-
gent qui est resté fidèle à celle qui fut accueillante aux artistes
pendant les jours fortunés.
La pauvre princesse, elle, sentit à peine l'outrage, elle
s'était rappelée qu'elle était de la famille de César pour témoi-
gner son mécontentement à un vieil ami de la maison comme
Taine, qui avait usé de sa liberté d'écrivain pour juger Napoléon
1er : elle ne protesta pas contre la grossière insolence d'une ban-
quière plus riche qu'elle.
D'ailleurs, ce salon de la rue de Berry qui faisait souvenir
des petites cours italiennes d'autrefois est devenu un ghetto en
réduction. On y a d'abord laissé entrer un Camondo et un
Strauss, tous les remisiers ont suivi et, au dire des intimes, il ne
subsiste plus qu'une ombre de ce salon qui fut jadis un rendez-
vous d'esprit et d'art.
[521]
Que voulez vous ? Les Juifs ont la presse et l'on redoute
la dénonciation de chaque jour, la campagne de délation et de
calomnie. « Accueillez-nous ou l'on vous attaque ! Si l'on vous
attaque on vous expulse. »
C'est si facile ! « Est-il vrai que de mystérieux conciliabu-
les se tiennent rue de Berry ? que les bonapartistes militants se
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162 Rien de plus instructif, sous ce rapport, que ce qui s'est passé à
Bruxelles au commencement de cette année.
En Belgique quelques grandes familles ont conservé le respect d'el-
les-mêmes. A la fin de janvier dernier la duchesse d'Arenberg, une femme à
l'esprit très large, très élevé, étranger à tout sentiment mesquin, avait donné
un grand bal à Bruxelles et invité, en même temps que les représentants des
plus illustres familles, des artistes, des savants, des écrivains qu'une œuvre
quelconque avait mis en lumière ; elle refusa obstinément de recevoir les
agioteurs, les parasites qui vivent aux dépens du travail d'autrui et notam-
ment les Lambert-Rothschild et les Baller qui ont trouvé moyen déjà de s'in-
troduire partout. Le Lambert, qui avait tenté les plus humiliantes démarches
pour être reçu, fut naturellement furieux, mais cette leçon donnée à la juive-
rie tripoteuse produisit une profonde sensation à Bruxelles et la duchesse fut
félicitée de tous les côtés. Le vrai peuple qui, en Belgique, souffre presque
aussi cruellement que le peuple de Paris des exactions d'Israël, fut tout heu-
reux de voir que la maison d'Arenberg savait garder sa dignité.
Que firent les Juifs ? Ils soudoyèrent des émissaires de loges maçon-
niques, des étudiants gouapeurs et sans scrupules qu'il suffit d'abreuver de
faro pour mettre en mouvement, des habitués de mauvais lieux, et, au mo-
ment de la célébration du mariage de Mlle d'Arenberg, ils organisèrent une
manifestation honteuse contre laquelle les honnêtes gens protestèrent en
vain.
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vince, avant que tous les exploiteurs de tour Eiffel n'aient instal-
lé là leurs bâtiments en charpente pour cette Exposition ridicule
à laquelle tous les peuples refusent d'assister avec une unanimi-
té touchante.
Nous causions gentiment, moi plus gaiement que lui, qui,
sans rien en dire à ceux qui l'entouraient, sentait la mort pro-
chaine, me rappelait que sa mère était morte toute jeune de la
même maladie de cœur que lui.
Quelle tendresse et quelle virile franchise dans cet
homme bâti en Hercule, à la moustache fière, au clair regard qui
toujours fixait l'interlocuteur en face, un guerrier gaulois, a-t-on
dit, et c'était vrai !
Autour du Vaudreuil chacun l'adorait. Quand les paysans
étaient embarrassés pour manier une nouvelle machine, comme
la sarcleuse aux pommes de terre, il soulevait lui-même la sar-
cleuse et leur apprenait la manière de s'en servir. Il arrangeait
les affaires de chacun, donnait à tous le conseil utile, et tout cela
aisément, simplement, en revenant de prononcer quelque su-
perbe discours à la Chambre. C'était un homme, encore, celui-
là…
[529]
Ne croyez point que je sois triste quand je cause avec tous
ces amis disparus dans les allées mystérieuses de la forêt. Au
fond je les trouve très heureux d'être partis. Ils ne verront pas ce
que nous verrons : l'état de plus en plus misérable où tombera
cette France qui fut si grande.
Chère France ! Avoir monté si haut parmi les nations et
tomber si bas, recevoir tous les outrages et ne pouvoir répondre,
perdre chaque jour quelque fleuron de son étincelante cou-
ronne, quelque débris de sa gloire passée et écouter encore, d'un
air déjà bien morne et bien désabusé, il faut le reconnaître, les
paroles des rhéteurs qui nous tromperont jusqu'à la dernière
heure !
Pourquoi cette chute ? Quelle cause dominante assignera
l'Histoire à cette fin ? Une déviation du sens de l'Idéal — un faux
chemin pris en 89, un chemin au bout duquel on croyait trouver
Salente et dans lequel on s'est obstiné, après n'y avoir rencontré
que des désillusions, des catastrophes et des hontes…
Par-dessus tout, la France fut la nation éprise d'idéal, de
Justice, de Progrès. Bonald a écrit quelques lignes émues sur le
choix des symboles qui figuraient dans les enseignes de chaque
peuple. Les uns prirent l'aigle, d'autres le léopard, et ce fut der-
rière des images de bêtes, et de bêtes de proie, que marchèrent
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FIN
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