Aspects de La Géomorphologie PDF
Aspects de La Géomorphologie PDF
Aspects de La Géomorphologie PDF
par
J.-M. AVENARD*
INTRODUCTION..........................................,........,.....,.....,..... 11
LECADRESTRUCTURAL ........................................................ 27
HISTOIRE GÉOLOGIQUE DE LA COTE D’IVOIRE .......................................... 27
ESQUISSED’UNE RÉPARTITION DES FORMATIONS LITHOLOGIQUES ET PÉTROGRAPHIE 29
S’inscrivant grossièrement dans un carré dont les côtés seraient les coordonnées de 4”30 et lO”30 de
latitude nord, 2”30 et 8”30 de longitude ouest, la République de Côte d’ivoire est un pays de l’Afrique de
l’ouest dont la limite méridionale est constituée par une partie du golfe de Guinée. Elle est entourée à l’est
par le Libéria et la Guinée, au nord par le Mali et la Haute-Volta, à l’ouest par le Ghana.
Il serait illusoire de chercher à définir la Côte d’ivoire à partir de critères d’ordre topographique.
Certes, çà et là, les frontières s’appuient bien sur un fleuve de quelque importance comme le Cavally ou la
Volta Noire ou sur une crête montagneuse comme le massif du Nimba, mais ceci reste l’exception, un
marigot de faible importance étant la règle générale. Sa façade atlantique est la seule frontière naturelle. En
effet « édifiée aux hasards d’une histoire politique lointaine, cernée à coups de compétitions exploratives
et d’arrangements diplomatiques ou administratifs, la Côte d’ivoire ne peut être tenue pour un tout. Mais
les pièces qui la composent demeurent elles-mêmes floues dans les formes comme dans les hommes » (l).
Les 322 000 km2 qui constituent son territoire sont partagés entre les deux unités physionomiques
que sont la forêt et la savane, mais l’observateur lointain oublie trop souvent que la savane occupe
210 000 km2. En fait, les formations végétales sont variées et nuancées, passant de la forêt dense humide
sempervirente au sud à la savane soudanaise au nord. On retrouve une semblable diversité dans les autres
éléments du milieu : le climat passe du type équatorial au type tropical à une seule saison des pluies, les
roches sont surtout métamorphiques, mais aussi volcaniques et sédimentaires.. .
Le relief par contre semble beaucoup plus impersonnel. Si, comme cela a souvent été fait, on repré-
sente l’Afrique de l’Ouest comme une longue toiture surbaissée, entre un pignon sénégalais et un pignon
tchadien, la Côte d’ivoire occupe une partie des panneaux méridionaux plongeant vers le Golfe de Guinée.
Son relief est celui d’une pénéplaine dont l’altitude varie de 400 m environ au nord à moins de 50 m au
sud, entrecoupée de chaînes de collines orientées SSW - NNE. Le massif de Man est la seule région monta-
gneuse dont certains sommets dépassent 1 000 m, tandis que la frange littorale se nourrit des formes liées
à une évolution quaternaire.
Présenter un essai de synthèse géomorphologique de la Côte d’ivoire, au même titre que celle de la
pédologie, de la botanique ou de la climatologie, serait une gageure que nous ne pourrions tenir. Nous
devons limiter nos ambitions à un objectif plus modeste : présenter quelques faits et observations avec çà
et là un début d’interprétation. En effet, la connaissance de la géomorphologie de la Côte d’ivoire en est
encore au stade des rudiments à travers quelques études (souvent de détail) disséminées de façon anar-
chique sur certaines parties du territoire (“). De véritables trous existent dans cette toile pourtant déjà
bien lâche : il n’y a pratiquement rien sur Ie nord, ou sur la zone forestière du sud-ouest...
Certes la très belle étude de M. ROUGERIE sur le « Façonnement des modelés en Côte d’ivoire
forestière » est une heureuse exception qui apporte des données essentielles dans bien des domaines du
milieu forestier. Les autres travaux de M. ROUGERIE ainsi que ceux de MM. TRICART, fiou, VOGT ou LE
BOURDIEC ont permis depuis une quinzaine d’années de débrouiller, sinon de résoudre, d’importants
problèmes, mais il ne s’agit encore que de phases préliminaires et il faudra sans doute de nombreuses
autres monographies avant de pouvoir passer à une interprétation plus générale et plus élaborée, surtout
dans le domaine de la paléogéographie et de l’évolution géomorphologique. Comme nous le verrons plus
loin, un effort est actuellement fait dans ce sens, et une exploration plus systématique est en cours.
Mais dans le même temps, et devant cette carence de la géomorphologie, certaines disciplines comme
la pédologie ont pris conscience du rôle que pouvait jouer cette science dans leurs prospections et se sont
« forgées » une géomorphologie. Certains de leurs apports ne sont pas à négliger.
Pour les raisons que nous venons d’invoquer, ce sont des données d’ensemble que nous essaierons
de rassembler ici, en esquissant tout d’abord les grands traits des paysages géomorphologiques avant
d’examiner quelques unes des conditions de leur élaboration. A ce stade nous ferons une place à part au
cadre structural puisque la géologie ne sera pas traitée dans les autres chapitres de cet ouvrage avant de
passer aux processus morphogénétiques et aux variations paléoclimatiques. Un dernier paragraphe donnera
une esquisse des types de modelés.
1. LES GRANDS TRAITS DES PAYSAGES GÉOMORPHOLOGIQUES
ASPECTS GÉNÉRAUX
La Côte d’ivoire, comme une grande partie de l’Afrique et l’essentiel de l’Afrique de l’Ouest
représente le « triomphe de l’horizontalité ». Peu de choses distinguent ses paysages des autres paysages de
la plateforme ouest africaine. L’unité, la planité d’ensemble qui s’en dégagent, sont évidemment associées
à l’allure générale du socle qui s’incline du nord vers le sud en direction de l’Atlantique avec une pente
régulière, mais font qu’il est difficile de définjr de grands ensembles. Certes cette retombée méridionale ne
se fait pas d’un seul bloc, et des panneaux plus ou moins affaissés se sont créés, et la Côte d’ivoire semble
en recouvrir trois : le plus élevé serait le plus occidental, autour de Man, le plus affaissé étant celui qui
est actuellement occupé par les pays des lagunes. Mais la majeure partie du modelé est ondulée, carac-
térisée par une succession de collines subaplanies et en définitive très monotones, bien que parfois entre-
coupées de reliefs résiduels plus élevés, comme posés sur la pénéplaine.
Du nord au sud, on passe d’un paysage de plateaux développés en glacis à celui d’une plaine au
réseau hydrographique peu ou pas organisé, avec une zone intermédiaire plus ou moins bien développée,
et dont le caractère de marche est visible dans le paysage.
Et au-delà de cette impression de continuité, l’observateur est vite dérouté, car comme le dit Rou-
GERIE : « dans l’uniformité et la monotonie du bloc ouest africain, définir des pays n’est pas chose aisée :
reliefs difficilement circonscrits, formations géologiques interminablement développées passant d’un terme
à l’autre par transitions insensibles, bassins fluviaux faits d’éléments disharmonieusement accolés ».
Bien plus, dans le détail apparaît souvent une impression de micro-cloisonnement, d’évolution en
ordre dispersé et en définitive de discontinuité et de morcellement. Tout ceci tend à donner un pays tout en
nuances, un peu comme les taches d’une peinture impressionniste...
C’est qu’en fait, d’autres influences se font sentir et viennent relayer les données structurales : il
est de plus en plus évident que les variations climatiques, au moins celles du quaternaire, ont profondément
marqué ces paysages ; il est certain aussi que des différences se font jour selon que l’on se trouve dans une
province schisteuse ou granitique. Enfin, que la présence de la forêt ou de la savane en soit une cause ou
une conséquence, il est indéniable que les paysages sont marqués par une certaine opposition selon que
l’on se trouve dans l’une ou l’autre de ces formations végétales.
Uniformité d’ensemble, grande profusion des nuances dans le détail sont donc les traits caracté-
ristiques des reliefs de Côte d’ivoire. Pourtant si des unités régionales ne peuvent être circonscrites avec
exactitude, divers éléments permettent cependant d’organiser les reliefs en de grands domaines : les pla-
teaux du nord et les plaines qui leur font suite vers le sud avec une zone intermédiaire que l’on pourrait par
endroits qualifier de marche centrale. Deux unités sont par ailleurs plus facilement décelables, à savoir la
frange littorale donnant des formes particulières quoique variées, et l’ouest qui correspond à la retombée
de la dorsale guinéenne et que nous allons décrire tout d’abord.
80 I
70 6' 50
I
4'
I
30
I
Echelle
0 40 80 120 160 200km
8
100
1 0 - 50m llJmm 300-400m
m > 900m
!EZJ 2130-300m
L’extrémité du bourrelet des hautes terres qui prolonge vers l’est le Fouta-Djalon et marque la
ligne de séparation entre les eaux se dirigeant vers le bassin du Niger au nord et le drainage atlantique au
sud, atteint la Côte d’ivoire dans sa partie nord et ouest. Cet ensemble, appelé dorsale guinéenne se présente
comme une succession de hauts et moyens plateaux, avec « quelques-uns des reliefs les plus spectaculaires
de l’Afrique occidentale » (ROUGERIE : la Côte d’ivoire, coll. Que sais-je). On retrouve ces deux éléments
(montagne et plateau) en Côte d’ivoire. Mais alors que le socle essentiellement granitique se maintient
aux alentours de 500 à 600 m d’altitude en Guinée (localement même autour de 700 m), il se trouve à son
entrée en Côte d’ivoire vers 400 m pour s’abaisser lentement tant au nord qu’au sud très exactement selon
une ligne NE-SW. La partie sud de cet ensemble comporte encore quelques reliefs plus importants qui
semblent jaillir de ces plateaux et être sans liens apparents avec eux ; vraie montagne aux formes hardies
comme le Nimba ou lourdes croupes plus molles comme le massif de Man. C’est peut-être dans cette région
de Côte d’ivoire qu’il est le plus aisé de définir un certain nombre de subdivisions. En effet le cours supérieur
de Sassandra et son affluent la Ferédougouba permettent une division en trois grands compartiments qu’on
peut redécouper en unités plus petites.
LE COMPARTIMENT MONTAGNEUX(b1)
Ce compartiment qui correspond à ce que les géographes humains appellent « l’ouest » de la Côte
d’ivoire, comporte les reliefs les plus vigoureux de ce pays :
- d’une part le massif du Nimba et sa bordure, qui marque la frontière entre le Libéria, la Guinée
et la Côte d’ivoire, et culmine à 1 750 m.
- d’autre part le grand ensemble du massif de Man dont certains sommets s’élèvent au-dessus
de 1 000 m et qui forme un arc de cercle de près de 120 km.
Des cours d’eau importants qui ont d’ailleurs été un obstacle au passage, délimitent cette région sur
la plus grande partie de son périmètre : Férédougouba au nord, Sassandra à l’est, Nuon et Cavally à
l’ouest et au sud-ouest. Il n’y a que vers le sud, au niveau de l’interfluve entre Cavally et Sassandra que la
limite est moins nette... A partir du pied du massif du Nimba s’étend en effet une surface de plateaux ou de
glacis qui s’abaisse progressivement vers le sud depuis l’altitude de 500 m jusque vers 200 m, et qui se
raccorde insensiblement au domaine des glacis méridionaux. Le réseau hydrographique principal, tourné
vers le drainage atlantique se nourrit d’un réseau secondaire divergent, fortement incisé en vallées étroites
et encaissées descendant de toute cette zone montagneuse.
A la convergence des trois frontières, la silhouette rectiligne du Nimba s’aperçoit de loin avec sa
terminaison vers le nord. Elle émerge « sans reliefs précurseurs au-dessus d’un bas pays et monotone, et
domine la zone forestière de près de 1 300 m, s’élevant d’un seul jet à plus de 1 700 m » (“).
Retombée Dorsale
u Guinéenne S. L. lis3 Zone de transition. El Frange littorale.
11s’agit d’une haute chaîne appalachienne, présentant une remarquable adaptation à la structure :
ce massif est étroitement lié à une série sédimentaire plus ou moins métamorphique redressée à la verticale
et qui affleure au milieu de régions cristallines ; la zone axiale est « moulée sur la tranche d’une puissante
barre de quartzites à magnétites qui constitue le terme principal de la série » (1).
Muraille dressée au-dessus du piedmont, ce massif révèle dans le détail un musée de formes : « flancs
burinés ou rigides, cimes rabotées par une surface d’érosion en ruban, ou crêtes en dents de scie, vallées
intérieures longitudinales selon l’axe de l’ensemble, balcons cuirassés perchés vers 1 300 m, hautes « mesas »
également cuirassées formant socle vers 800 m, au-dessus de 500 m, de basses terres meubles parfois
marécageuses. Modelés évocateurs de formes tempérées en haut, de style tropical soudanien au-dessous et
modelés tropicaux humides tout en bas » (2).
Le piedmont sud-est de la chaîne, aux formes flasques et meubles, au drainage dense et anarchique,
se raccorde insensiblement au reste de la Côte d’ivoire des glacis.
Le massif de Man est loin de constituer une zone homogène, puisque trois unités s’en dégagent.
Une zone centrale, occupée par le Bafing, plus déprimée, sépare une partie sud montagneuse d’une partie
nord de hautes collines.
Au sud, une zone très montagneuse comprenant les massifs des Dans et des Touras, forme un
ensemble d’une altitude variant de 500 à 1 000 mètres, avec quelques pointements dépassant même cette
altitude (Mont Tonkoui, 1 189 m). Les vallées se situent entre 350 et 700 mètres.
« L’ensemble donne une impression de vraie montagne, plus précisément une montagne familière,
apparentée aux vieux massifs des mondes tempérés. C’est un paysage très mamelonné, un foisonnement de
lourdes croupes comprises pour la plupart entre 1 100 et 1 200 mètres, avec des vallées montagnardes, des
cols, des ballons. Ici point de reliefs d’allure insulaire, séparés les uns des autres par d’immenses piedmonts
plats, mais un ensemble complexe, cohérent dont les éléments ont entre eux des relations... C’est là un
ensemble original, qui doit certes beaucoup à la variété locale du matériel rocheux de la famille des granites
à hypersthène, mais assurément aussi à des vicissitudes d’ordre tectonique qui semblent avoir perturbé,
jusqu’à une date assez récente, les conditions d’équilibre entre façonnement des modelés et évacuation des
débris » (2).
Nettement délimitée par la frontière de la Guinée à l’ouest, les cours de la Férédougouba au nord,
du Sassandra à l’est et du Bafing au sud, cette unité est formée par une succession de collines et de chaînons,
soit à sommets tabulaires, soit au contraire à crêtes relativement aiguës. L’altitude moyenne se situe entre
600 et 700 mètres, malgré quelques reliefs s’élevant aux environs de 1 000 m, ce qui donne une allure géné-
rale de hauts reliefs s’allongeant sur près de 100 km, mais s’opposant fortement à la partie montagneuse du
sud, puisque présentant surtout des hautes tables à versants abrupts dominés par des rebords de cuirasses
ferrugineuses.
Ces hautes collines doivent leur origine à des intrusions de dolérites perpendiculaires à la direction
structurale du socle éburnéen (NE-SW). En contrebas de ces chaînons s’étendent des plateaux granitiques
qui restent assez accidentés et qui sont souvent cuirassés ; ils se terminent vers l’est sur la grande gouttière
méridienne du Sassandra, et au sud sur la dépression occupée par le Bafing.
Cette vaste dépression qui sépare les deux zones précédentes reste partout à des altitudes légèrement
inférieures à 500 mètres ; seules quelques buttes isolées, généralement cuirassées, dominent faiblement le
paysage.
A l’est de la région considérée le fleuve Sassandra occupe une vaste zone légèrement inclinée, d’axe
N-S, s’inclinant de 350 à 200 m. Son cours au régime irrégulier n’est en fait qu’une succession de biefs reliés
par des rapides qui abaissent brusquement le niveau des eaux de quelques mètres. Des terrasses anciennes,
dont quelques-unes sont très caillouteuses, se retrouvent de part et d’autre de son cours actuel, mais ont
été redécoupées par les affluents et se présentent sous la forme d’un alignement de collines et buttes gros-
sièrement à la même altitude et séparées les unes des autres par de larges bas-fonds sableux. Ces affluents
viennent du massif des Dans et des Monts Goma. Cette disposition générale joue un rôle important dans
la répartition des formations végétales.
LE COMPARTIMENTDUNORD-OIJEST(ODIENNÉ- BOROTOU)(~-2)
Deux unités peuvent être dégagées au nord et au sud, la seconde ayant une extension qui déborde
quelque peu la dorsale guinéenne proprement dite.
Ce sous-compartiment qui s’étend entre Borotou et Boundiali s’exhausse à une altitude légèrement
supérieure à 500 m. Les plateaux sont plus accidentés et à ‘des altitudes plus diversifiées. Les reliefs indi-
viduels prennent une plus grande importance dans le paysage : alignements de collines soulignant des
passées de gneiss, de quartzites et de dolérites au nord de Tiémé, ensemble d’inselbergs et de dômes cris-
tallins de Séguélo et le long de la limite orientale, s’étendant sur une centaine de kilomètres.
J.-M. AVENARD -ASPECT DE LA GÉOMORPHOLOGIE 19
Cette unité qui se place au sud-est de la région correspond à un ensemble assez homogène de pIa-
teaux s’abaissant modérément du nord vers le sud entre 400 et 300 m, et débordant en ce sens de la dorsale
guinéenne proprement dite : elle fait transition avec les plateaux du nord.
Mais sur un substratum essentiellement granitique, avec une large tache porphyroïde, s’est déve-
loppée entre Séguéla et Mankono une remarquable série de dômes cristallins qui sont des inselbergs
typiques. Ils dominent fortement l’ensemble de la pénéplaine, et s’opposent à ceux de l’unité de Boundiali
par leurs flancs abrupts et dénudés et leurs angles basaux sans éboulis.
Deux autres caractères définissent cette unité :
- les cours rectilignes et parallèles des principaux cours d’eau, leurs tracés à angles droits fréquents,
en « baïonnette », marquent la rigidité du socle et son rejeu en horst et graben à une époque peut-être
relativement récente.
- des zones déprimées sont empruntées par certains cours d’eau comme la Marahoué (Bandama
rouge) le Bou ou le Béré sur une partie de leur cours : elles correspondent à des bandes schisteuses s’insérant
entre les granites.
Enfin la longue barre rocheuse qui se situe à l’ouest de Séguéla (Monts Fouimba, Monts Goma)
correspond à un massif de roches vertes qui culmine vers 700 m d’altitude.
Bordée par la frontière nord de la Côte d’ivoire dans sa partie centrale et orientale, la région
comprise entre les dernières rides de la dorsale guinéenne à l’ouest et la Volta à l’est, est le domaine de
l’extension méridionale des glacis qui se développent dans une grande partie de l’Afrique de l’Ouest.
D’allure souvent tabulaire, ils peuvent se rattacher à la famille des plateaux comme le fait remarquer
G. ROUGERIE : si le caractère général est la planité, le trait qui se dégage ensuite est l’étagement de ces
plateaux. « Plutôt que d’un plan unique, le paysage est fait d’une superposition de surfaces individualisées
les unes par rapport aux autres ; les versants au regard d’elles sont une forme mineure. Ils n’en constituent
pas moins un élément original. Ce sont davantage des escarpements que des versants, car leur développe-
ment est minime et leur profil rigide. Ils laissent plus l’impression d’un hiatus entre les plans que d’un
raccord... Chaque forme semble vivre d’une vie pour l’essentiel indépendante... » (G. ROUGERIE, la Côte
d’ivoire, op. cité).
De ces plateaux émergent certains reliefs qui ne semblent pas avoir de rapports avec la surface
générale : collines qui se groupent en chaînons ou barres, buttes souvent tabulaires coiffées de cuirasses
ferrugineuses, reliefs en dômes surbaissés ou au contraire aux flancs escarpés, où la roche saine, affleurante
semble « crever la surface du plateau ».
Ce monde des glacis peut être divisé en deux grands ensembles par « une limite remarquable qui
court de nord-est en sud-ouest sur plus de 400 km, depuis la Haute Comoé jusqu’entre Sassandra et
Bandama inférieurs » (ROUGERIE), donc au-delà de la zone des glacis proprement dit. La différence est
d’ordre pétrographique : pays granitique à l’ouest, pays essentiellement schisteux à l’est. Mais ceci n’est
qu’une vue schématique simpliste, car dans le détail des bandes schisteuses apparaissent à l’ouest, tandis
que des zones granitiques se retrouvent dans l’est. Essayons de caractériser ces deux ensembles.
Entre les derniers éléments de la Dorsale guinéenne et la gouttière schisteuse de la Comoé, des sur-
faces très aplanies, mollement ondulées, s’abaissent progressivement sur une distance de 350 km, depuis
20 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
les cotes de 450 et 400 m près de Boundiali jusqu’à moins de 300 m au sud-est dans la vallée de la moyenne
Comoé. Les niveaux atteignant 400 m d’altitude deviennent très rares et se résolvent en étroites lanières
dans les parties axiales des intetiuves ou soulignent quelques dômes isolés.
Bien que présentant une grande monotonie d’ensemble, les glacis se développent néanmoins avec
un certain nombre de nuances grâce à la disposition particulière des formations géologiques (alternance
de bandes schisteuses et granitiques d’axe NE-SW) :
- les glacis sur granites (ou migmatites) présentent des formes moins rigides que sur les schistes et
des lignes plus fuyantes. Ils sont soit à des altitudes plus élevées et forment alors des points de divergence
du réseau hydrographique comme dans le compartiment entre Nzi et Bandama, soit dominés par des
dômes cristallins (Korhogo, Niangbo).
- Sur les séries schisteuses, les glacis sont au contraire plus rigides, et relativement déprimés par
rapport aux granites environnants. Ils présentent par ailleurs, la plupart du temps, une marche d’escalier
avec des buttes cuirassées qui sont l’élément majeur des paysages à l’est de Korhogo ou au nord de Kong.
Quelques reliefs isolés interrompent par place la planité des plateaux, mais sont toujours étroitement
localisés à des affleurements de roches particulières :
- dômes cristallins sur granite (Korhogo, Niangbo),
- lignes de collines ou de buttes cuirassées de Siemurgo, de Kasséré, de Sirasso, de Dikodougou,
collines de Fétékro).
Enfin une mention spéciale doit être faite de la « guirlande de relief » qui dans la zone entre Comoé
et Nzi atteint localement 600 m d’altitude (Monts Gorohoui, alignement de buttes situées au sud-est de
Dabakala). Les formes y sont tabulaires, établies sur des roches vertes cuirassées avec des bandes étirées
de quaftzites.
LE NORD-EST (31-2)
A l’est des Monts Gorohoui, s’établit une grande gouttière schisteuse empruntée par la Comoé et
qui s’élargit au nord-ouest de la zone. Autour de Bouna, au nord et à l’est de Bondoukou, c’est au contraire
un pays granitique qui s’installe : on y rencontre en fait des formations géologiques alternées qui intro-
duisent un relief plus différencié.
Sur les schistes, et plus particulièrement le long de la frontière voltaïque, des plateaux rigides,
cuirassés, cernés de corniches forment la majeure partie du paysage.
Des barres rocheuses, dominant les glacis de 100 à 200 m se moulent exactement sur des alignements
N-S de roches vertes (chaîne de Yérélé et de Wabélé près de Ouangofitini à l’ouest, de Téhini au centre).
Elles surplombent soit les surfaces rigides des glacis sur schistes, soit les vallées incisées par les affluents
de la Comoé.
Au sud, enfin, une écharpe de formations birrimiennes (schistes, roches vertes, quartzites, dolerites),
dont la direction n’est pas conforme à l’orientation classique puisqu’elle est NW-SE ou N-S, provoque
l’exhaussement important des Monts Boutourou. Là se retrouve une succession de buttes cuirassées dépas-
sant localement 500 m d’altitude.
Autour de Bouna, et au nord et à l’ouest de Bondoukou, ce sont au contraire des plateaux arénacés
qui s’installent sur un substratum granitique, à une altitude légèrement supérieure à 300 m.
Approximativement entre les 8” et 6” parallèles (si l’on excepte la région ouest de Man et du Nimba),
se développe une région confuse dans le détail, dont les caractères de glacis sont encore manifestes, bien
J.-M. AVENARD - ASPECTDELA GÉOMORPHOLOGIE 21
que n’ayant plus l’ampleur de ceux du nord. Le trait principal est un abaissement en direction de la mer,
plus sensible que dans la zone du nord, comme si les panneaux du socle avaient été « basculés vers le sud »
(ROUGERIE):
- les surfaces restent à peu près tabulaires mais les interfluves s’effilochent et les collines et vallon-
nements deviennent plus fréquents au fur et à mesure que l’on va vers le sud : les actions érosives d’origine
atlantique ne se font pas sentir sur l’ensemble du paysage mais les grands cours d’eau enfoncent leurs
vallées dans la surface des plateaux et des éléments de terrasses se multiplient dans ces vallées ;
- les surfaces subhorizontales sont encore dominées par des buttes ou reliefs résiduels (hautes
buttes cuirassées comme I’Orumbo-Boka, chapelet de collines du centre et de l’ouest), tout comme les
plateaux du nord et façonnées par les mêmes processus d’ablation, mais ces buttes perdent de leur ampleur,
et les reliefs individuels disparaissent.
La limite méridionale de cet ensemble correspond à une frange festonnée et dentelée qui se situe aux
environs de la courbe des 200 m. En dessous les glacis disparaissent.
Tous ces caractères font de cette région une zone de bas-plateaux et un secteur de transition ;
pourtant là aussi des nuances apparaissent : moins sensible à l’ouest et à l’est où une certaine continuité
semble de rigueur, le caractère de gradin ou de longues « marches » paraît mieux s’appliquer au centre.
Nous réserverons le terme de « glacis méridionaux » pour les bordures ouest et est, et donnerons au centre
celui d’une « marche centrale ».
La forme en glacis semble la mieux conservée dans l’ouest, et occupe deux zones de part et d’autre
du Sassandra :
- le nord de l’interfluve entre Sassandra et Cavally, jusqu’à la latitude de Taï, où prédominent des
surfaces granitiques aplanies, gravillonnaires, souvent même arénacées, indiquant des retouches dans le
système des glacis.
- le grand interfluve entre Sassandra et Bandama, jusqu’à la latitude d’une ligne passant à peu
près par Soubré et Divo. Des glacis aplanis indifféremment établis sur schistes ou sur granites s’abaissent
de 300 vers 200 m d’altitude, et couvrent la majeure partie de cette unité ; plusieurs nuances peuvent
cependant être dégagées :
- dans la partie nord-est, entre Zuenoula et Bouaflé des bandes schisteuses orientées NE-SW
ont permis l’étalement de la Marahoué (Bandama rouge) en une large dépression occupée par une longue
série de méandres ;
- dans la partie nord-ouest, une zone plus aplanie et relativement déprimée, avec un ennoyage
généralisé, correspond au bassin de la Lobo entre Vavoua et Daloa.
- plus au sud, les surfaces subhorizontales autour de Gagnoa s’abaissent aux environs de 200 m
d’altitude, tandis que la région de Divo présente un modelé plus différencié, du fait que l’on arrive à
l’extrémité sud de ces glacis, avec début de l’action des fleuves côtiers. Un substratum de roches vertes,
prolongeant la guirlande des collines traversant la Côte d’ivoire en écharpe est souligné par des reliefs
tabulaires, cuirassés, assez vigoureux, formant massif près de Hiré-Oumé et au nord-ouest de Divo (Kazo).
Ils ne sont en fait que les prolongements de l’AIebouma-Boka et du Kokoumbo-Boka de la zone centrale.
22 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Les glacis méridionaux sont moins bien développés dans l’est puisqu’il n’en reste que deux larges
bandes de part et d’autre de la Comoé, dans la région d’Ouéllé et entre Bondoukou et Abengourou.
Moins amples, ces lambeaux laissent peut-être une plus grande impression de glacis : ils sont plus
rouges, plus cuirassés, plus proches de la surface originelle.
Dans la partie septentrionale, le modelé aplani sur granite s’incline lentement à partir de 400 m
d’altitude au sommet de l’interfluve entre la Volta et la Comoé. Entre Tanda et Bondoukou s’élève une
série de reliefs importants, pointements isolés ou alignements rocheux cuirassés. Ces hauteurs corres-
pondent à un ensemble complexe de granites intrusifs, et culminent à plus de 700 m dans le massif à l’ouest
de Bondoukou. La partie méridionale, aux environs d’Abengourou, repose entièrement sur un substratum
de schistes birrimiens, si l’on excepte une amande granitique qui borde le cours du Manzon à l’est. Les
lambeaux subhorizontaux des glacis passent progressivement de 300 à 200 m d’altitude et occupent les
interfluves en s’amenuisant vers le sud. Ils sont déjà profondément démantelés par les réseaux affluents de
la Comoé.
Cette zone correspond à la grande échancrure de savane boisée (généralement à rôniers) ouverte
dans la forêt dense comme un coin enfoncé dans la masse de cette dernière. Elle occupe l’intertluve Bandama-
Nzi, qu’il est communément admis d’appeler le « V baoulé ».
Les glacis du nord s’abaissent progressivement de 400 m jusque vers moins de 100 m au confluent
Nzi-Bandama. Mais, bien que peu nets dans le paysage, des ressauts existent, qui donnent à cet ensemble
une allure en longues marches inclinées : c’est du moins l’impression que l’onressent en prenant la route
de Bouaké vers Yamoussoukro.
Un autre trait marquant domine le paysage : l’importance relative des reliefs qui permet de dégager
plusieurs unités en relation d’ailleurs avec les formations géologiques. Nous suivrons G. RIOU, lorsqu’il
distingue (1) :
- le horst granitique de Bouaké,
- la longue bande granitique, déprimée, qui s’étend de Toumodi vers M’Bahiakro.
les bas pays schisteux de l’ouest entre Tiébissou et le Bandama d’une part, ceux de l’est qui bordent
le Nzi d’autre part,
- l’ensemble des collines birrimiennes du Yaouré et de Marabadiassa,
- enfin la chaîne qui s’étire du Kokumbo-Boka à Fétékro.
Dans la partie nord, en position centrale, le horst de Bouaké « s’impose dans le paysage par ses
formes lourdes, ses plateaux, ses longs versants... il domine les pays alentours de 50 à 100 m par de longues
pentes parfois insensibles, parfois bien dégagées comme à l’est au-dessus du pays mi-schisteux, mi-granitique
qui s’étend jusqu’à la chaîne de Fétkéro » (1). Il est strié par le réseau divergent des affluents du Bandama
èt du Nzi.
Vers le sud, cette zone se prolonge par une série de hautes surfaces qui sépare elle aussi les eaux du
Bandama et du Nzi, et qui s’incline en larges panneaux vers le sud. L’altitude y est pourtant plus faible et
les pentes plus douces que dans le horst proprement dit.
Le massif granitique central est entouré par des formations birrimiennes schisteuses, intrusives, qui
donnent des paysages sensiblement différents.
L’Ouest (a)
11 est possible de distinguer deux sous-unités :
- Entre le massif de Yaouré proprement dit et Béoumi, s’étend un pays schisteux où les plateaux
cuirassés, les pentes fortes, les versants rectilignes, les bas-fonds plus étroits donnent un modelé beaucoup
plus contrasté.
- Au nord-ouest, près de Marabadiassa, le paysage est très voisin du précédent, mais les plateaux
cuirassés sont mieux dégagés encore.
L’Est (b)
Ce pays est constitué par la bande Singrobo-M’Bahiakro. Autre grand ensemble schisteux, son
modelé ne diffère guère de ceux de l’ouest, et on y retrouve les mêmes systèmes de pente, et quelquefois les
mêmes plateaux cuirassés, mais il présente une certaine originalité dès que l’on rencontre la zone fores-
tière : les pentes y sont plus fortes, la cuirasse disparaît pour laisser la place à des sols gravillonnaires.
La série de reliefs prenant en écharpe une grande partie de la Côte d’ivoire et que nous avons déjà
définie au nord et au sud traverse cet ensemble en diagonale et est parfois désignée ici par le terme de « chaîne
baoulé ». Elle correspond à un système peu élevé de rides et de collines dues à un matériel essentiellement
schisteux, avec de nombreuses passées de roches vertes et de quartzites. S’étendant du mont Kokumbo
au sud-ouest, jusqu’à Fétékro au nord-est, elle épouse parfaitement la direction birrimienne et offre toute
une gamme de hauteurs plus ou moins importantes, isolées ou groupées en alignements, parfois assez bien
raccordées à la pénéplaine, parfois aussi entourées de glacis cuirassés.
Au sud du 6’ parallèle, et plus précisément en-dessous de la ligne marquant les 200 m d’altitude,
on entre dans un monde différent, qui échappe à la vieille plateforme africaine : pays de collines, de vallon-
nements, de mamelonnements où les interfluves sont caractérisés par des plateaux mal élaborés s’élevant
entre 150 et 120 m et par des plaines dont le caractère de grande monotonie est encore accentué par le
couvert forestier.
Cette zone qui correspond au front d’attaque de l’érosion atlantique est en effet beaucoup moins
régulière que les plateaux : c’est un « paysage difficile à appréhender, sans grandes lignes directrices. Tout
est flou, mal enlevé, enseveli sous un empâtement d’ensemble » (ROUGERIE).
Deux caractères généraux s’en dégagent : la faible importance des volumes et la présence des eaux
stagnantes.
- Les bossellements n’engendrent pas de dénivellations importantes puisque les zones en reliefs ne
dominent que rarement de plus de 20 m les zones déprimées. Partout une épaisse couverture d’altérites et
de sols empâte un modelé largement ondulé. Les accidents ne sont que des exceptions trouant ce paysage
ouaté : rares dômes cristallins comme le Mont Nienokoué dans l’arrière pays de Tabou, les Monts Haglé
ou les collines de Céchi, de Binao, de Brafouédi, buttes cuirassées comme 1’Angbanou au nord d’Agboville
ou le Boka Kpri près d’Aboisso.
- Partout l’eau est présente, sous des aspects divers et souvent de façon temporaire. Mais ces eaux
semblent avoir des difficultés à se frayer un chemin, se rassemblant dans des zones marécageuses et dépri-
mées à certaines saisons de l’année, ou empruntant une grande densité de talwegs à sec la plupart du temps.
Plus que leur présence, c’est peut-être l’absence d’un organisme de drainage hiérarchisé qui frappe au
premier abord, et les grandes rivières semblent traverser cette zone en étrangères, le réseau local étant fait
de « pièces et de morceaux ».
Ici plus qu’ailleurs, le substratum géologique paraît déterminant : le façonnement différentiel joue
à fond, en fonction des variétés de schistes et de granites, et la topographie enregistre ces moindres varia-
tions. Ces différences dans le détail se retrouvent à plus grande échelle :
J.-M. AVENARD - ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE 25
- l’ouest plus granitique présente un paysage où les caractères de confusion sont à leur comble
avec des mamelonnements informes et une quasi-absence de réseau hiérarchisé.
- l’est plus schisteux s’ordonne mieux autour d’un chevelu hydrographique plus dense mais aussi
plus structuré, ce qui provoque des vallonnements.
L'OUEST (IV-l)
Au sud d’une ligne Taï-Soubré-Lakota-Divo, la plaine essentiellement granitique s’étend sur 250 km
de long et 150 km de profondeur en moyenne. Mamelonnée, elle est assez uniforme, confuse, sillonnée de
nombreux cours d’eau très ramifiés ; elle s’incline, d’altitudes variant entre 175 et 150 m vers Taï à une
altitude de 80 m vers Grabo (le long de la frontière libérienne).
Quelques passées schisteuses aux vallonnements plus accentués apportent des nuances dans le détail,
comme par exemple les dépressions drainées par deux tributaires du Cavally : le Hana et la Méno.
Enfin, une lanière de roches vertes relaie les Monts granitiques du Nienokoué (600 m) et se prolonge
jusqu’aux abords du Cavally pour séparer cette plaine des petits bassins côtiers.
« Les grandes plaines intérieures deviennent rarement plaines littorales » (ROUGERIF). Les raisons
en sont sans doute différentes selon que l’on se place à l’ouest d’une part, au centre et à l’est d’autre part :
- à l’ouest, les « seules basses terres qui parviennent à la mer sont d’étroites langues insinuées
entre des collines cristallines le long des cours d’eau. Lorsque des plaines de très faible altitude existent dans
l’arrière pays, elles y forment des expansions continentales que barrent le long du littoral des lignes de
hauteurs » (1). La côte y est essentiellement rocheuse.
- au centre et à l’est, un nouvel élément vient interrompre les pays schisteux : il s’agit de la cou-
verture argilo-sableuse tertiaire du Continental Terminal, tandis que les lagunes doublent une côte sableuse.
des rapides et quelques plaines intérieures remblayées. ‘Ils forment des élargissements en arrière des sables
littoraux qui barrent plus ou moins leurs embouchures : c’est typiquement une côte à « limans ». Le reste
de la côte est rocheux à l’ouest du Sassandra, plus varié à l’est où alternent des zones rocheuses et des
zones sablo-argileuses. Surélevé, bordé d’escarpements plutôt que de falaises vives de Tabou à I’embou-
chure du Sassandra, ce rebord d’une vingtaine de mètres de commandement est souvent couvert de sols.
Les redents et les caps semblent s’appuyer sur des orientations structurales et donnent au tracé de la côte
un aspect original.
Cette disposition générale se retrouve avec des nuances de détail dans les diverses subdivisions que
l’on peut dégager : la région de Tabou où la côte est plus rocheuse, celle de Grand-Béréby San Pédro où
les plaines littorales s’ouvrent plus largement, enfin celle autour de l’embouchure du Sassandra et vers
Fresco, où les premiers témoins d’une couverture du Continental Terminal annonce la zone centrale,
malgré des falaises encore importantes.
On ne peut nier que les différents éléments du relief, tels qu’ils viennent d’être définis, doivent
beaucoup à la structure. Mais chemin faisant nous avons entrevu d’autres facteurs tout aussi importants :
d’une part les processus d’évolution géomorphologique en relation avec le climat actuel, d’autre part
ceux liés aux oscillations paléoclimatiques.
Ce sont ces différents éléments qu’il nous faut reprendre maintenant afin de préciser les modalités
de la naissance et de l’évolution de ces reliefs. Une remarque s’impose cependant. Il serait logique de déve-
lopper ici les facteurs qui sont à la base de bien des processus morphogénétiques : le climat, les sols, les
formations végétales. Nous ne le ferons évidemment pas puisque ces facteurs et aspects du milieu seront
traités dans les chapitres suivants. Seules, quelques références fondamentales seront évoquées dans les
processus morphogénétiques. Par contre, nous insisterons davantage sur les données structurales qui ne
feront pas l’objet de développements ultérieurs.
LE CADRE STRUCTURAL
Nous verrons tout d’abord l’histoire géologique de la Côte d’ivoire avant de donner une esquisse
de la répartition des formations lithologiques.
Ce paragraphe a été entièrement rédigé à partir des conférences de B. TAGINI sur la géologie de la
Côte d’ivoire à la Faculté des Sciences d’Abidjan en 1967, et de l’ouvrage intitulé « Esquisse géotectonique
de la Côte d’ivoire » (1).
« La Côte d’ivoire appartient à une plateforme ancienne, à la « vieille plateforme » africaine » (‘).
Son socle (environ 2 000 millions d’années) est très rigide ; sa couverture a presque complètement disparu
et « n’est plus représentée que par des formations sédimentaires secondaires et tertiaires » qui constituent
un petit bassin bordant le sud de la Côte d’ivoire sur 30 km de profondeur environ. Entre ces deux forma-
tions existe une grande lacune de près de 1 900 millions d’années, avec une seule incursion due au volca-
nisme qui est réduit aux corps filoniens de dolérite de l’ouest.
Grâce aux mesures d’âge absolu établies par les méthodes Rubidium/Strontium ou Potassium/
Argon, on peut distinguer autour d’un vieux noyau situé en Guinée-Libéria et datant de 2 900 à 2 700
millions d’années, une semi-plateforme et une province éburnéenne :
(1) TAGINI B., 1965. Esquisse géotectonique de la Côte d’ivoire. Rapport no 107 de la SODEMI, Abidjan, 94 p. ronéo.
(2) B. TAGINI rappelle que les « plateformes s’opposent aux géosynclinaux par les activités tectoniques très faibles.
Elles ont surgi au cours de l’évolution de la croûte terrestre sur l’emplacement des formations antérieures, d’où l’existence
dans toute plateforme de deux étages structuraux :
- le socle plissé, composé d’association de roches formées dans des zones mobiles,
- la couverture, nettement différente du socle, formée durant toute l’histoire de la plateforme ».
28 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
La semi-plateforme, semi-rigide (ce qui peut expliquer l’existence des corps filoniens de dolérite)
est nettement métamorphique, (pyroxénites, amphibolites, quartzites ferrugineuses du Simandien qui
subsistent en petits lambeaux à cause de la granitisation) et très ferrifère (quartzites à magnétites et itabi-
rites).
La province de Man serait un lambeau du vieux socle constitué de granites à hypersthène qui est
resté protégé de la migmatisation générale de l’Ouest Africain. Cette région est limitée à l’est par le Sas-
sandra qui constitue le trait structural fondamental de la Côte d’ivoire (ligne tectonique de 300 km de
long avec des mylonites).
La province éburnéenne, mise en place entre 2 030 et 1 830 millions d’années, est caractérisée par
une structure rectiligne, linéaire qui constitue de grandes bandes (250 à 300 km de long sur 30 à 50 km
de large) de direction générale N-NE/S§W. Toutes ces bandes se ressemblent et constituent le géosyn-
clinal éburnéen qui se différencie de la semi-plateforme par sa « mobilité ». Cette unité propre au précam-
brien se divise en intragéosynclinal qui comprend la structure de la bande et en intragéanticlinal qui est
compris entre deux bandes. L’intragéosynclinal plus mobile contient des laves, des sédiments, des granites,
l’intragéanticlinal plus rigide contient des granites et des migmatites.
- L’intragéosynclinal (I.G.S.) dont la structure est symétrique est formé d’une zone Eugéosyn-
clinale composée de flysch.
Les flysch sont des roches métamorphiques d’origine sédimentaire qui se sont déposées en période
de comblement avant d’être mises en relief très doucement. Ils sont constitués de schistes, d’arkoses et
de quartzites feldspathiques ; il existe aussi des flysch très grossiers (conglomérats polygéniques).
Les laves sont à l’origine du complexe Volcano-Sédimentaire. C’est un mélange intime de matériel
volcanique et sédimentaire qui joue le rôle de zone charnière entre les I.G.S. et les I.G.A. Ce sont les roches
vertes bien connues de Côte d’ivoire auxquelles sont associées des sédiments schisteux, tufacés quartzi-
tiques.
Les flysch des zones miosynclinales sont à l’extérieur des structures volcano-sédimentaires et occu-
pent en particulier le panneau sud-est de la Côte d’ivoire. Les arkoses et les schistes arkosiques reposent
directement sur les granites. Le complexe volcano-sédimentaire est absent.
- l’intragéanticlinal (I.G.A.) constitue l’élément positif du géosynclinal. Les I.G.A. ont condi-
tionné la sédimentation, ils ont pu être à leur tour recouverts par des flysch et ont joué un rôle de serrage.
Les migmatites et les granites de composition calco-alcaline de la plateforme antébirrimienne
ont été fissurés et ont été repris par l’orogénie éburnéenne (2 030 à 1 830 millions d’années) au cours de
laquelle a eu lieu la granitisation éburnéenne.
On distingue cependant :
l Les granites éburnéens vrais des massifs médians de plateforme, indifférenciés.
l Les granites postectoniques discordants dans les formations plissées. Ils présentent un léger
métamorphisme de contact, les contours sont nets. A l’intérieur les granites sont homogènes, non orientés,
les pegmatites sont rares.
e Les granites concordants d’intragéosynclinaux se sont mis en place au milieu du matériel dans
lequel on les trouve. Ils sont issus de la transformation d’un matériel préexistant (schistes par exemple).
Ils sont très divers et renferment de nombreuses pegmatites.
Dans le sud-ouest de la Côte d’ivoire se produit un phénomène supplémentaire qui est l’envahisse-
ment total par les migmatites.
- En conclusion, l’histoire géologique de la Côte d’ivoire est assez simple : un noyau cratonique
très ancien non rajeuni s’est accru pour donner la zone de semi-plateforme et la zone géosynclinale ébur-
néenne.
J.-M. AVENARD - ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE 29
Le cycle géosynclinal est normal, complet (il comprend les laves, les Aysch et les granites) et ultime
car rien n’est venu le perturber. Le début de la sédimentation des formations de couverture se produit à
la fin du crétacé après une très longue lacune (1 900 millions d’années).
Nous ne développerons pas ce paragraphe qui sera repris plus loin lors de l’étude des sols, dans
« les roches et les matériaux originels des sols ». Nous nous contenterons ici de donner une répartition
très grossière, en empruntant l’essentiel à l’ouvrage de G. ROUGERIE sur la Côte d’ivoire (Que sais-je ?
no 1137).
La moitié nord du pays, approximativement celle qui se situe au nord du 8’ parallèle et qui corres-
pond aux savanes est très largement cristalline, tandis que la moitié sud, forestière, est à dominante cris-
talline à l’ouest, schisteuse à l’est.
Des failles ayant entraîné le jeu de compartiments sont sans doute à la base de cette disposition
« l’érosion ayant dégagé le tréfonds dans les zones soulevées et respecté la superstructure ailleurs ».
LE NORD
L'OUEST
Comme le nord, l’ouest est un pays essentiellement granitique, mais la disposition en clavier n’existe
plus : «les systèmes phylliteux sont présents mais ils ne soulignent pas une division du pays en compar-
timents cristallins, ils s’étirent, beaucoup plus dispersés, sur le contexte granitique, en minces bandes ou
écharpes qui flottent çà et là : ainsi les rubans filiformes de la moyenne Sassandra, de Vavoua, de Tabou
et de Gagnoa, les larges affleurements de Grabo à Tssia, d’Hiré à Fettekro, ou l’ample ensemble du Yaouré,
au nord de Bouaflé ».
30 LE MILIEU NATURELDE LACÔTED'IVOIRE
LE SUD
« Au sud du 8” parallele, la bande de flysch de la Comoé supérieure se poursuit en direction du
sud ouest par la grande diagonale formant charnière entre basse Côte d’ivoire granitique et basse Côte
d’ivoire schisteuse. Dans l’une comme dans l’autre, les orientations structurales s’incurvent... ».
L'EST
La province orientale semble beaucoup plus simple « Ici la superstructure schisteuse occupe presque
toute la place. Elle est simplement crevée, çà et là, essentiellement dans la région d’Agboville à Abengourou,
par les pointements de granites à biotite ou à deux micas, conformes à la structure et souvent cernés d’une
auréole métamorphique de micaschistes ».
CARACTÈRESGÉNIJRAUX
ca situation de la Côte d’ivoire sur le globe en fait un pays de la zone intertropicale, c’est-à-dire
de la zone chaude et humide. C’est là une caractéristique essentielle, tout aussi importante que celle de
son appartenance à un pays du socle : les processus morphogénétiques revêtent des aspects originaux,
en fonction de cette chaleur et de cette humidité et par l’intermédiaire des conséquences biologiques qu’en-
traînent ces conditions.
Décrire la morphogenèse en Côte d’ivoire reviendrait donc à reprendre en détail l’ensemble des
processus caractéristiques de cette zone. Nous renvoyons pour cela à des manuels de base comme ceux
de P. BIROT (l), de J. TRICART et A. CAILLEUX ( 2), ainsi qu’à la thèse de G. ROUGERIE( 3, pour le domaine
forestier ; nous ne rappelons ici que quelques-unes des grandes lignes applicables à la Côte d’ivoire.
CONDITIONS CLIMATIQUES
Comme pour l’ensemble de la zone chaude, si la chaleur -est le point commun, l’humidité intervient
en Côte d’ivoire pour apporter des subdivisions dont rendent bien compte les types de régimes définis
par Ch. PEGUY:
- Régime équatorial de transition, avec une de ses variétés (type Kinsasha, ex Léopoldville)
largement représentée en Côte d’ivoire et caractérisée par la persistance d’un minimum secondaire encore
bien marqué qui reçoit moins de précipitations que le douzième annuel. Par exemple Abidjan (total
1 983 mm) (4) a une petite saison sèche bien marquée (septembre 59,2 mm, août 44,l mm) et une grande
saison sèche également nette (décembre 66,6 mm, janvier 28,7 mm, février 64 mm).
(1) BIROT P., 1965. Géographie physique générale de la zone intertropicale cours CDU, 5 place de la Sorbonne,
Paris, 290 p..
(2) TRICART J., CAILLEUX A., 1965, (très nombreux exemples pris en Côte d’ivoire).
(3) ROUGERIEG., 1960.
(4) Tous les chiffres cités proviennent desdonnéesde1'ASECMA et sont la moyennecalculéesur 10 ans (1959-1968
inclus), sauf pour Touba 27 ans, et Grabo 19 ans (chiffres arrêtés en 1965).
J.-M. AVENARD - ASPECT DE LA GÉOMORPHOLOGIE 31
Toutes les transitions existent avec le climat équatorial pur (succession dans l’année de 4 saisons
avec deux saisons des pluies séparées par une petite saison sèche et une grande saison sèche). Le sud-ouest
marque bien ces transitions. Tabou (total 2 190,3 mm) a une petite saison sèche peu marquée (août
109,6 mm) et une grande saison sèche de trois mois (janvier 61,2 mm, février 39,4 mm, mars 72,4 mm).
Grabo (total 2 330 mm) possède une petite saison sèche plus accusée, (juillet 80 mm), tandis que la grande
saison sèche s’atténue (janvier 97 mm, février 101 mm). Enfin, à Sassandra (total 1 818,8 mm) les deux
saisons sèches s’accentuent (août 22,5 mm, septembre 44,0 mm, octobre 89,5 mm et décembre 87,6, janvier
21,9, février 23,7, mars 51,3 mm).
- Régimes tropicaux caractérisés par l’alternance d’une saison humide et d’une saison sèche :
l régime tropical uniformisé comme à Man (Total 1 717,5 mm) où la saison sèche occupe les mois
de novembre 54,4, décembre 17,7 mm, janvier 10,O mm, février 42,4 mm).
l régime tropical à long hivernage où la saison sèche s’accentue, par exemple vers Touba (total
1 351 mm), avec un maximum secondaire peu marqué (juin 267 mm) mais une longue saison sèche de
5 mois (novembre 39 mm, décembre 15 mm, janvier 12 mm, février 33 mm, mars 67 mm).
l régime tropical à court hivernage, caractérisé à la fois par des totaux pluviométriques plus faibles,
et une saison sèche plus longue et plus accentuée. Ce régime est esquissé dans le nord par Ferkéssédougou
(total 1 350 mm) avec pour octobre 94,9 mm, novembre 22,5 mm, décembre 8,8 mm, janvier 0,6 mm,
février 11,l mm, mars 44,5 mm).
Les effets immédiats de la chaleur et de l’humidité sont d’influencer fortement les processus de nature
chimique et les mécanismes biochimiques. Ces thèmes ont été largement développés par J. TRICART et
A. CA~LLEUX d’une part, par G. ROUGERIE d’autre part, dans les ouvrages cités plus haut. Il en résulte que
le modelé tropical humide (subéquatorial) est le domaine par excellence de l’altération chimique, « facteur
qui prend le pas de manière écrasante sur tous les autres processus d’érosion » (« ROUGERIE N).
Les agents de façonnement du relief ne travaillent pas sur les roches mais sur les altérites et les
sols : « plus particulièrement en milieu humide, l’un des traits des paysages intertropicaux est la rareté des
affleurements rocheux. En forêt, il faut rechercher les rapides des rivières pour trouver un banc de roche
en place. En savane même, de grandes étendues ne montrent que des formations d’altération avec par
endroit quelques blocs résiduels, plus ou moins déplacés » (TRICART J., CA~LLEUX A.).
La primauté d’un facteur, à savoir le manteau d’altération est donc indéniable : « plus que tout
autre, ce milieu offre en donnée première à la morphogenèse un puissant manteau d’altération, à la fois
comme pâte à modeler pour l’érosion et comme élément vivant, naissant et évoluant en même temps que
s’exerce l’érosion. La phase pédogénétique, certes, est bien la préparation du matériel primordial livré à
la morphogenèse, mais il faut bien considérer qu’il n’y a pas antécédence, mais concurrence des deux
genèses » (ROUGERIE).
Le processus évolue plus ou moins en cercle vicieux : l’altération profonde donne un épais manteau
qui joue à son tour le rôle d’une éponge, qui permet une poursuite plus intense de l’altération. Il faut cepen-
dant faire une place à part à l’eau parmi les agents pédogénétiques et morphogénétiques. Certes la chaleur,
l’air du sol, la végétation et surtout les surfaces subhorizontales si bien développées en Côte d’ivoire ont un
rôle à jouer, mais l’eau est l’élément essentiel, car comme le dit G. ROUGERIE« sans eau, pas d’altération
des roches ».
32 LE MILIEUNATUREL DE LA CÔTED'IVOIRE
L’importance de l’eau
C’est l’eau « qui assure l’hydrolyse des minéraux, les mises en solution, les exportations ou les
déplacements des produits, les accumulations et les déperditions, c’est elle qui par gonflement des minéraux
attaqués entraîne la dissociation des roches » (ROUGERIE).
Mais cette eau a besoin d’un contact prolongé et intime pour pourrir la roche, c’est-à-dire que le
détrempage est une condition essentielle des altérations poussées. Généralement bien réalisée sous forêt
humide, cette condition se retrouve jusqu’en milieu tropical sec, dans le nord de la Côte d’ivoire, dans les
dépressions où l’eau se rassemble et persiste une bonne partie de l’année.
C’est aussi, pour une part importante, l’eau qui est responsable de différences dans les migrations
d’oxydes de fer en forêt et en savane. Sous forêt, l’abondante humidité, et en particulier l’engorgement des
horizons profonds peut favoriser le départ des sesquioxydes qui persistent cependant dans les horizons
supérieurs. En savane, au contraire, le sol se dessèche saisonnièrement et les migrations s’arrêtent, faisant
place à une précipitation des hydroxydes au moins dans des sites favorables, ce qui explique en particulier
un des aspects du cuirassement.
C’est l’eau enfin qui détermine en grande partie le type d’altération argileuse, si importante dans le
comportement géomorphologique des roches et là encore des différences apparaissent entre climat humide
et climat plus sec.
Cette eau est donc une eau qui imbibe, et qui n’est pas restituée immédiatement aux organes de
drainage, du moins pour une partie importante de la Côte d’ivoire, celle qui appartient au modelé tropical
humide.
Les traits caractéristiques qui sont la mollesse des formes, la confusion dans la distribution des
croupes et dans le drainage, s’expliquent par le comportement de cette eau. Nous suivrons en cela G.
ROUGERIE:
- dans les bassins supérieurs, il y a une énorme disproportion entre les charges latentes au bord des
marigots et la minime capacité de ces derniers. D’où la confusion, l’inorganisation, les zones marécageuses,
les talwegs aveuglés ou morts.
- dans les zones granitiques, la convexité des versants est liée à des phénomènes d’ordre pédogé-
nétiques et hydrauliques. Le manteau des produits d’altération peut grossièrement se diviser en trois zones :
l au sommet, le lessi.vage des éléments argileux crée un horizon sableux, moins cohérent.
l au centre, la concentration des argiles et des hydroxydes assure l’existence d’un milieu cohérent,
l à la base, l’horizon de départ est une zone fortement sableuse et peu cohérente.
En saison des pluies, le drainage étant défectueux, l’eau inonde les dépressions et vallées ; « tandis
que le sommet des versants peu cohérents s’émousse, l’eau épanchée sape leur base par abattage des maté-
riaux peu cohérents des horizons de départ. A mi-pente, la zone cohérente de concentration peut supporter
des inclinaisons plus fortes et assure la convexité ».
- en pays non granitiques (basiques ou schisteux), la pauvreté en quartz et la puissance de concen-
tration donnent des profils plus homogènes sur toute leur profondeur, et plus cohérents. Les versants sont
plus raides, ou concaves.
- enfin les amples vallées à fond plat et à versants abrupts de l’aval « semblent explicables par des
processus identiques plutôt que par un recul des versants en rapport avec la dissolution. Les vastes planchers
J.-M. AVENARD - ASPECT DE LA GÉOMORPHOLOGIE 33
des vallées sont dus à l’étalement d’une bonne part de la charge arrachée aux versants par abattage ».
G. ROUGERIE fournit enfin une conclusion assez convaincante :
« on pourrait parler d’un ennoyage subéquatorial des formes sous leurs propres produits (meubles
et fins) de décomposition et pro parte sous des apports plus colluviaux qu’alluviaux étalés par creeping ou
solifluxion et qui restent accumulés par la suite de la déficience du drainage ».
Il paraît évident que les mécanismes s’exercent de manière différente en fonction des types de roches
ce qui provoque en définitive les phénomènes d’érosion différentielle. Mais, comme le rappellent TRICART
et CA~LLEUX (OP. cité), ce relief d’érosion différentielle n’est pas toujours net dans le paysage des régions
chaudes « par suite de l’importance de l’altération qui fait généralement disparaître la roche en place sous
une épaisseur de plusieurs mètres de produits meubles. Une sorte de ouatage du modelé en résulte et
on peut comparer les différences entre le modelé d’une région chaude suffisamment humide et celui d’une
région semi-aride, à celles qu’introduit dans un paysage une couverture de neige d’épaisseur moyenne.
Bien entendu, les effets de ce ouatage varient suivant les subdivisions morphoclimatiques de la zone chaude,
en fonction des conditions plus ou moins favorables offertes à l’altération ».
Deux facteurs importants interviennent : la nature pétrographique et la texture des roches.
a Nature de la roche
L’importance de la nature de la roche est liée à la quantité d’argile que cette roche est susceptible
de libérer, ce qui se r@ercute sur les caractéristiques des altérites ; ces dernières commandent à leur tour
les conditions d’infiltration de l’eau (donc d’imbibition) et les processus d’érosion (ruissellement, repta-
tion).
Mais la nature de la roche détermine aussi d’autres phénomènes : « il est reconnu que les phéno-
mènes de ferruginisation sont plus intenses sur roches mélanocrates et ceux d’arénisation essentiels sur
roches leucocrates » (ROUGERIE).
b Texture de la roche
J. PRUNET (1) est en Côte d’ivoire « l’un des auteurs qui a le plus souligné le jeu de ce facteur,
il n’hésite pas à écrire qu’il se constitue un véritable relief souterrain en rapport avec l’altération des zones
de moindre résistance ». Les observations de G. ROUGERIE (2) confirment l’importance de ces conditions
de texture dans les granites : « Sur la falaise littorale à Sassandra, le cristallin se présente sous un remar-
quable aspect réticulé de blocs encore sains enserrés dans des mailles de produits d’altération développés
à la faveur des diaclases. Le processus aboutit, dans des ravins à Danané, à l’isolement total des boules
rocheuses enveloppées d’écailles concentriques de roche pourrie et noyées dans un sol déjà profondément
évolué. A l’extrême, ces boules elles-mêmes finissent par s’altérer et se présentent comme des fragments
aberrants de «zone de départ » au sein d’horizons d’accumulation (entre Abidjan et Tiassalé par exemple) ».
(1) PRUNETJ., 1949. Hydrogéologie et captage des eaux souterraines en Côte d’ivoire. Bull. Dir. Mines AOF,2,Dakar.
(2) ROUGERIE,1960, op. cité., p. 151. Pour plus de précisions nous renvoyons par ailleurs aux pages 138 et suivantes
de cet ouvrage (les ensembles rocheux éburnéens et les conditions de l’altération normale).
34 LE MILIEU NATURELDE LA CÔTED’IVOIRE
La topographie
Dès qu’un certain relief apparaît, disons pour simplifier, un sommet de colline plus ou moins
étendu, un versant et un bas fond, l’évolution géomorphologique tend à se différencier, et en même temps
à diversifier les types de pédogenèse. 11est fréquent en Côte d’ivoire, de trouver « qu’un parallélisme assez
rigoureux s’établit presque toujours entre couleurs et éléments du relief : rouge sur les sommets, jaune
sur les pentes, blanchâtre dans les fonds » (ROUGERIE,thèse). Ces différences de couleur représentent en
fait une évolution différente :
- sur les sommets predominent les processus illuviaux puisque l’érosion y est moindre et les sols
se développent plus profondément ou subsistent de périodes antérieures : « ils pourraient être tenus pour
les plus représentatifs du type d’altération lié aux données climatiques locales, mais ils correspondent
souvent à la somme des paléopédogenèses ».
- sur les pentes, les processus d’érosion l’emportent et les sols sont tronqués par le haut, ne serait-ce
que par simple reptation ou colluvionnement : « le résultat est souvent une pédogenèse inachevée » (Rou-
GERIE); nous dirions plutôt un perpétuel recommencement sans que les conditions climatiques changent.
- dans le bas fonds, les actions mécaniques‘viennent se superposer aux actions physico-chimiques,
tandis qu’un facteur devient déterminant dans l’évolution des sols : la présence de l’eau.
Cette notion de catena maintenant utilisée couramment par les pédologues ne doit cependant pas
l’être dans le seul sens d’une catena topographique, mais plutôt dans celui d’une « catena d’évolution
géomorphologique différentielle, due à la topographie ».
Les deux milieux particuliers que constituent la forêt et la savane, présentent des conditions géomor-
phologiques différentes qu’il nous faut maintenant synthétiser.
PROCESSUS
EN FORÊT
Les processus sont liés à la profonde personnalité du domaine forestier : « il existe des arbres dans
d’autres horizons africains, les régions soudanaises sont souvent fortement arbustives ou arborées, mais
le monde végétal n’y domine pas impérieusement le paysage, il l’orne ; ce n’est pas un monde clos : on
ne pénètre pas en savane, quelque aborée qu’elle soit » (ROUGERIE, thèse).
« C’est la forêt qui est à l’origine de bien des aspects originaux de la zone intertropicale humide.
Elle crée un micromilieu particulier à la surface du sol, bien différent de celui qui, dans les mêmes régions,
existe à la surface du sol nu. C’est pourquoi la destruction de la forêt modifie radicalement l’équilibre
pédogénétique et morphogénétique (l).
La forêt est en effet un « puissant écran, un véritable filtre climatique », mais elle joue aussi le rôle
d’écran pour les eaux de pluie, et semble avoir un rôle « régulateur, atténuant les conséquences immédiates
des chutes de pluies » (ROUGERIE).
(1) TRICART J., 1961. Caractéristiquesfondamentalesdu systèmemorphogénétique des pays tropicaux humides,
Information Géographique,T. XXV, pp. 15.5-169.
J.-M. AVENARD - ASPECT DE LA GÉOMORPHOLOGIE 35
La végétation forestière constitue un écran très efficace qui se place entre l’atmosphère et la surface
du sol, et qui modifie ainsi le phénomène de météorisation : « le climat géomorphologique est ainsi un
véritable climat original, un bioclimat » (l).
Un des premiers résultats de cet écran est la modification de l’état hygrométrique de l’air. P. CA-
CHAN (2) a montré sur le Centre ORSTOM d’Adiopodoumé et dans la forêt du Banco près d’Abidjan,
que l’humidité relative restait voisine de 90 % sous forêt, alors qu’elle n’était plus que de 70 % au sommet
des arbres par beau temps. Cette humidité constante « dans l’atmosphère feutrée du sous-bois » (“) permet
au sol de ne pas se déssécher, et entretient l’altération. Mais il y a aussi une modification des variations
de température au sol et dans le sol. G. AUBERT (3) cite les chiffres suivants recueillis à Kiendi, près de
Bondoukou dans une région de limite forêt-savane :
8 h 30 10 h 30 12h30 14 h 30
Sous cuirasse nue 29” 8 4403 52” 4 43”2
Sous couvert herbacé 27” 4 37” 4 40” 6 36” 8
Sous forêt 25” 26” 8 28” 8 28” 2
L’amplitude maximale (entre 8 h 30 et 12 h 30) est ainsi de 13O2 sous savane alors qu’elle n’est que de
3” 8 sous forêt. Là encore cette régularité, sous forêt, permet le développement constant des processus
d’altération.
.-~
(1) TRICART J., CA~LLEUXA.,1965
(2) CACHAN P., 1960, l’étude des microclimats et de l’écologie de la forêt sempervirente de Côte d’ivoire, Centre
ORSTOM d’Adiopodoumé, ronéo Lop.
(3) AUBERT G., 1960, Intluence de la végétation sur le sol en zone tropicale humide et semi-humide, in : Rapport du sol
et de la végétation, 1” Colloque de la Société botanique de France, Paris 13 juin 1954, pp. 11-21, Masson et Cie éd.
(4) ROUGERIE,1960, p, 195.
(5) CACHAN P.,op.cité.
(6) TRICART J., caractéristiques fondamentales du système morphogénétique des pays tropicaux humides, op. cité.
36 LEMILIEUNATURELDELA CÔTED'IVOIRE
de l’évolution sous forêt, et expliquent en définitive l’importance des phénomènes d’altération chimique.
Nous n’insisterons pas longuement sur les processus engendrant cette altération, renvoyant pour cela à
la thèse de G. ROUGERIE et aux ouvrages de base de J. TRICART et A. C!AILLE~~, ou de P. BIROT :
- Fourniture, mais aussi rapide décomposition de la matière organique.
- Persistance d’une certaine teneur en humus favorisant l’infiltration (structure favorable, porosité
des agrégats, etc.).
- Conservation d’une humidité suffisante en surface, mais aussi horizon sous-jacent où de fortes
variations hydriques peuvent se produire (horizon de concrétionnement).
- Lenteur du développement des altérites, mais aussi leur protection par la forêt, etc.
Il nous semble cependant important de préciser le sens dans lequel se fait cette altération, en repre-
nant les explications de G. ROUGERIE (thèse) : « l’altération chimique ne doit pas être confondue avec la
dissolution. Cette action d’altération joue sur des réactions, se traduit par des transformations, pas forcé-
ment par des soustractions. Des substances peuvent être déplacées au cours des processus chimiques, on
n’a pas le droit de postuler leur disparition. L’expression juste est celle « d’altération chimique » et c’est
la pédogenèse. Que cette altération soit extraordinairement profonde, primordiale au point d’orienter
toute la morphogenèse, c’est là notre thèse ; mais nous nous sommes toujours refusé à la confondre avec
une perte généralisée de substance ».
b. Types de ruissellement
Il a paru très longtemps étonnant de parler de ruissellement en forêt, car les études trop théoriques
ont négligé la réalité : « un sous-bois de forêt tropicale humide n’est pas un sous-bois tempéré ; le sol est
libre, et plus la forêt est dense, et plus il est dégagé » (ROUGERIE, thèse).
11 a fallu les patientes observations de G. ROUGERIE pour montrer que le phénomène existait et
qu’il était général dans les forêts de Côte d’ivoire. Ruissellement diffus et ruissellement concentré ont été
largement décrits dans son ouvrage sur le façonnement actuel des modelés en Côte d’ivoire forestière.
J.-M. AVENARD - ASPECT DE LA GÉOMORPHOLOGIE
37
b
déchaussement
surcreusement
racine
L. Ruissellement sur sol arénacé Q gauche) et sur sol finement texturé (à droite).
L’impact des gouttes a lui aussi été suffisamment décrit dans l’ouvrage cité (fig. 3a).
La reptation semble par contre prendre d’autres formes que celles décrites par ROUGERIE. S'il
existe effectivement une reptation due à la saturation d’une couche superficielle du sol qui devient liquide
localement et qui entraîne des microdécollements, il semble qu’il y ait aussi une reptation due au gonflement
de la base de la zone 1 des altérites, par exemple dans les argiles marbrées, comme l’admet N. LENEUF (1)
en Côte d’ivoire : « comme tout changement de volume, il a nécessairement pour résultante, une migration
vers l’aval, exactement comme les gonflements du sol sous l’effet du gel. C’est ce qui explique les aspects de
convergence entre solifluxion périglaciaire et cette variété de solifluxion tropicale (TRICART, CA~LLEUX,
op. cité). Dans certains cas ce phénomène peut expliquer la formation d’une stone-line.
Enfin, il ne faut pas négliger le rôle des animaux fouisseurs. TRICART en décrit un des aspects sur les
sables du Continental Terminal près d’Abidjan (Modelé des régions chaudes pp. 176-177).
PROCESSUS EN SAVANE
La place de la savane
En règle générale, la savane est très mal considérée par les Phytogéographes : elle forme accroc
dans la parure arborée de la planète, et comme telle ne devrait son existence qu’à un accident (2). Pour
la plupart des botanistes, c’est la conséquence des méfaits humains. Bien que nous ne puissions entièrement
souscrire à cette thèse, nous ne discuterons pas ici du caractère naturel ou artificiel de la savane et de son
origine, renvoyant pour cela à une autre publication (3). Nous devons seulement constater que le monde
des savanes est « le plus vaste paysage végétal de l’Afrique de l’ouest, barrant le bloc d’ouest en est sur une
largeur de 800 km entre les 13 - 15” parallèles et les 7 - 8”, localement jusqu’au 5” » (“) et que les processus
morphogénétiques y sont différents de ceux rencontrés en forêt. Partie intégrante de ce bloc, dans sa limite
sud, les savanes de Côte d’ivoire offrent ainsi un paysage dont il faut tenir compte pour les processus
d’évolution géomorphologique.
(1) N. LENEUF,1959.
(2) ROUGERIE,1960, p. 68.
(3) AVENARD J.-M. Réflexions sur l’état de la recherche concernant les contacts forêts-savanes. Initiations Docu-
mentations Techniques@ 14.ORSTOM,Paris.
J.-M. AVENARD - ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE 39
l l’aspect en touffes des graminées laisse une partie du sol à nu, où le ruissellement peut se déve-
lopper sans entraves : le phénomène tend d’ailleurs à s’accentuer de lui-même par l’érosion différentielle
qu’il provoque. Nous avons souvent constaté ce type d’évolution dans le nord-ouest de la Côte d’ivoire.
l les variations saisonnières du métabolisme ont une importance considérable, puisque les « cou-
vertures végétales jouent un rôle d’écran très différent suivant les saisons » (TRICART J., CAILLEUX A.). La
densité de la couverture végétale de l’hivernage étale les précipitations, et le coefficient de ruissellement
diminue. « L’écoulement est également ralenti et le décalage entre les averses et les crues augmente, ce qui
indique un effet de freinage par la couverture végétale, peut-être aussi un écoulement hypodermique
supérieur. Tels sont les résultats obtenus par 1’ORSTOM dans une série de petits bassins expérimentaux
et qui sont communs aux régions de forêts mésophiles des environs de Man et de savane au nord de la
Côte d’ivoire (Ferkéssédougou) » (TRICART J., CA~LLEUX A.).
Par contre, dès la fin de l’hivernage, le sol se dessèche, les feuilles tombent, les herbes sèchent et
sont la proie du feu. C’est l’époque des plus fortes variations de température, et la végétation n’arrive guère
à les atténuer. Ces caractères s’accentuent au fur et à mesure que l’on avance dans la saison sèche. Enfin
les premières averses de la saison des pluies suivante arrivent sur un sol très peu protégé : « une véritable
crise morphogénétique saisonnière correspond au début des pluies : le sol, desséché, protégé au minimum,
est particulièrement apte au ruissellement ; ensuite, se mouillant peu à peu, il est soumis à une importante
variation d’humidité ».
b. importance du cuirassement
Les fortes oscillations saisonnières sont à l’origine d’un mécanisme original : le cuirassement. Ce
dernier, en retour, détermine une évolution particulière : « les cuirasses ont par leur genèse une signification
géomorphologique précieuse. Mais elles constituent aussi un matériau qu’attaque l’érosion » (TRICART,
CAILLE~~). Développer ce point nous entraînerait cependant trop loin, puisqu’il faudrait reprendre tant
les mécanismes de formation des cuirasses que leurs caractéristiques. Nous renvoyons donc aux ouvrages
de base.
Les termites par leur action de brassage du sol interviennent de plusieurs manières dans l’évolution
géomorphologique :
- ils construisent un véritable micro-relief chaotique, qui par la suite, lors de l’abandon de la
termitière, est le siège du ruissellement réétalant le matériel.
- ils modifient localement la pédogenèse, en particulier en remontant les argiles des horizons
profonds du sol.
40 LE MILIEU NATURELDE LA CÔTED'IVOIRE
- ces plages argileuses sont ensuite un milieu favorable où des bosquets d’arbres peuvent s’installer,
modifiant ainsi les conditions de la morphogénèse.
- ils ont un rôle important dans l’évolution des cuirasses, etc.
En Côte d’ivoire où peu d’études ont été faites sur ce sujet, le phénomène existe, et les témoins ne
manquent pas pour qui parcourt les savanes éburnéennes, mais il est difficile de lui donner son importance
exacte : il semble lié plus précisément aux zones de contact forêt-savane, en particulier dans le « V baoulé »,
mais se retrouve aussi dans les zones du nord, d’odienné à Ferkéssédougou.
a. Le ruissellement
Les conditions offertes dans les zones de savane ont pour effet de faciliter le ruisellement ; celui-ci est
surtout actif au début de l’hivernage comme nous l’avons déjà signalé, mais il dépend en grande partie des
formations superficielles sur lesquelles il s’exerce ; d’autre part la rapide décomposition de l’humus et la
mauvaise structure des sols de savane le renforcent ; enfin et surtout, il s’appuie sur des averses violentes
(intensité supérieure à 20 mm). Par exemple, les études effectuées par 1’ORSTOM dans le nord de la Côte
d’ivoire sur le bassin de la Flakoho (région de Kerkéssédougou) ont montré que des averses de 90-100 mm
fournissent un ruissellement de 20 - 25 %.
Ce ruissellement prend plusieurs aspects en fonction de la topographie comme l’a montré J. TRICART
dans la région de Bouna :
- au sommet des interfluves, «une zone de ruissellement diffus, commençant par des mares
coalescentes lors des fortes averses, puis passant à un balayage en nappe ruisselante. Généralement il y a
concentration en surface des quartz et des gravillons ferrugineux qui sont difficilement déplacés. Les pentes
sont caractérisées par une ample convexité sommitale puis par un profil largement concave ».
- sur versants courts, des pentes raides de 25 - 30” peuvent se maintenir, comme par exemple au
pied des corniches de cuirasse, mais « habituellement l’inclinaison est moindre, de 5” dans le bas à 10 - 20”
dans les secteurs rectilignes de raccordement ». Des différences apparaissent en fonction de la lithologie.
- « à la rencontre de versants convergents, qui forment les têtes extrêmes des vallées, une zone de
ruisellement concentré. » On y trouve des lits individualisés, véritables petits oueds au fond sableux, aux
berges vives... la vigueur de ce ruissellement concentré succédant au ruissellement diffus dépend de la
dégradation de la végétation et de la raideur générale du relief ».
roches vertes
dépôt hétérométrique
Le caractère de transition des pays de savane est très bien marqué en Côte d’ivoire : il y a association
de formes ressemblant soit à celles d’un modelé tropical humide (vallées et alvéoles) soit à celles élaborées
~ dans des régions plus sèches (glacis).
- les glacis : une part très importante revient aux oscillations paléoclimatiques dans le genèse des
glacis de la Côte d’ivoire ; en particulier les grands glacis cuirassés et plus ou moins démantelés ont dû
être élaborés sous des climats plus secs ou du moins à saisons plus alternées.
Certains glacis sont néanmoins actuels ou subactuels, et se façonnent par ruissellement en nappe.
Beaucoup moins amples, ils se développent en contrebas des anciens glacis cuirassés (région de Korhogo
et de Bouna par exemple), et au pied des reliefs formés par les roches vertes ou des inselberge (Boundiali,
Séguéla par exemple).
- les zones déprimées : les zones déprimées, vallées, bas fonds ou alvéoles plus ou moins endo-
réiques, caractérisées par une « submersion saisonnière qui permet un détrempage du sol et une altération
importante » (TRICART, CA~LLEUX), offrent des conditions d’évolution très proches de celles des régions
intertropicales humides pendant une plus ou moins grande partie de l’année.
Ces différences dans les modes de façonnement tendent évidemment à différencier plus encore
l’évolution des interfluves et des vallées.
- les bordures des inselberge : « Les inselberge, comme les pédiplaines, ne sont pas une forme de
relief spécifique des régions chaudes à saison sèche accentuée. On les retrouve, avec des différences de
détail, dans les régions sèches et dans les pays chauds et humides » (TRICART, CA~LLEUX).Les inselberge
de Côte d’ivoire n’ont aucun caractère particulier qui les distingueraient des inselberge des régions voisines.
Par contre, l’évolution de leur pied nous semble revêtir deux formes, que nous avons pu observer dans la
région de Séguela (entre Séguela et Béoumi).
42 LEMILIEU NATUREL DE LA CÔTED'IVOIRE
l Une première forme, décrite en Guinée par ROUGERIE (l), semble classique : une zone relativement
déprimée, parfois soulignée par un liseré de végétation arbustive entoure l’inselberg. « Cela va parfois
jusqu’au véritable drainage subséquent, cela demeure souvent une gouttière non drainée volontiers maré-
cageuse ». L’explication fait appel à des faits d’altération. La base de I¶inselberg est une zone plus humide,
collectant les eaux superficielles ruisselant sur les dalles à nu. Cette humidité tend à altérer plus profondé-
ment cette zone, mais cette altération permet à son tour une meilleure rétention d’eau et le phénoméne
se nourrit de lui-même. Cette dépression semble bien développée lorsque la base de l’inselberg plonge
verticalement dans le sol (fig. 5 a).
l Une autre forme apparaît lorsque le dôme a une pente moins forte vers sa base, et que la roche
dure affleurante se raccorde en oblique avec le piedmont. La dépression marécageuse n’existe plus et est
remplacée par un simple glacis à pente forte, formant un angle plus ou moins prononcé avec le pied de
l’inselberg (fig. 5 b).
aI b
FIG. 5.
des pentes faibles (3 %) mais longues (500 m) sans doute parce que la perméabilité du sol y est particu-
lièrement basse... le sol s’amincit, devient blanchâtre.. ., il faut faire intervenir le travail du sol qui mélange
le niveau sablograveleux à la couche profonde ».
L’érosion en rigole apparaît lorsque s’amorce la concentration des eaux : elle est favorisée, dans les
terrains de culture, par le billonage, en savane, par les sentiers des hommes et du bétail, à proximité des
villages, par l’apport d’eau important ruisselant sur le sol piétiné ».
l Savanes de Dabou : Ces savanes sur sable sont situées en basse Côte d’ivoire, près d’Abidjan, et
ont une origine paléoclimatique. ROOSE E. (r) donne une bonne description de l’érosion qui s’y est produite
à la suite d’une mise en exploitation : « des plantations de palmiers à huile ont été entreprises sur une
vaste échelle (35 000 ha en 5 ans). Des champs de plusieurs centaines d’hectares d’un seul tenant ont été
défrichés et labourés avant le semis des plantes de couverture, sans tenir aucun compte de la pente et du
danger d’érosion... Ces légumineuses sont lentes à démarrer si bien que le sol est resté pratiquement nu
pendant la grande saison des pluies.
L’érosion en nappe et rigole a été si importante qu’elle a emporté les graines sur les versants, et
déposé une couche de 20 à 50 cm de sable grossier et stérile au bas des collines. Deux ans après, on note
encore une différence manifeste de végétation entre cette plantation et la voisine, qui, plantée quelques mois
plus tôt, a beaucoup moins souffert de l’érosion et de la sècheresse. Dans le cadre d’une agriculture exten-
sive, ce retard ne sera jamais rattrapé... »
L’existence de plusieurs variations climatiques n’est plus à démontrer en Côte d’ivoire : en forêt,
des cuirasses et des nappes de gravillons, des alluvions grossières et des graviers dans les terrasses des prin-
cipaux cours d’eau mais aussi dans des affluents, indiquent le passage de périodes plus sèches; en savane,
l’étagement des lambeaux cuirassés, les profils de sols tronqués, les recouvrements au-dessus de nappes
grossières sur versants, montrent une alternance de climats plus secs et plus humides ; dans la zone litto-
rale enfin le relief caractérisé par la dissection poussée des plateaux, la fréquence des vallées profondes et
en partie sèches où les versants raides s’expliquent difficilement dans les conditions morphoclimatiques
(1) ROOSEE., 1967. Quelques exemples des effets de l’érosion hydrique sur les cultures. Comm. au Congrès sur la
fertilité des sols tropicaux, Tananarive (nov. 67). Ronéo ORSTOM - Centre d’Adiopodoumé, 18 p.
44 LE MILIEU NATURELDE LA CÔTED’IVOIRE
actuelles. A côté de ces preuves directes, non exhaustives, certaines preuves indirectes peuvent aussi être
avancées comme par exemple les savanes résiduelles de Basse Côte d’ivoire qui se sont maintenues sur des
sols moins favorables à la forêt, mais qui sont envahies progressivement par cette dernière, du moins
lorsque l’homme ne contrecarre pas ce dynamisme naturel.
Ces variations s’inscrivent évidemment dans le contexte plus large de l’Afrique de l’ouest et peuvent
être rapprochées de celles qui ont été décrites ailleurs, en particulier au Sénégal (1). Mais en Côte d’ivoire,
la chronologie exacte est encore souvent incertaine et les observations sont trop dispersées pour qu’il
soit possible d’établir un schéma général. Nous en sommes encore réduits à faire des hypothèses, d’une
part, pour la succession des épisodes dans une même région, d’autre part pour les corrélations entre les
diverses régions de Côte d’ivoire, et leur raccord avec l’ensemble de l’Afrique de l’ouest.
Parmi les problèmes qui se posent, il en est un qui est particulièrement délicat, mais dont la résolu-
tion apporterait certainement une clé imkortante : il s’agit du raccord entre l’évolution du littoral, liée aux
oscillations eustatiques, et les niveaux intérieurs. Or, la disposition particulière des bassins fluviaux avec les
coupures dues aux rapides ne facilite pas les choses. Certaines régions ont pu en effet évoluer presque en
bassins fermés, à partir d’un niveau de base local s’appuyant sur un rapide ; mais comme d’autre part cet
rapides n’ont pas toujours occupé la même place au cours de l’évolution, il en est résulté des emboîtemenss
et des différences de niveaux qu’il n’est pas toujours possible de suivre, et qui n’ont pas forcément une
valeur générale.
Les travaux concernant les oscillations paléoclimatiques et le Mio-quaternaire de Côte d’ivoire
semblent pouvoir être séparés en deux ensembles : les travaux pionniers et les travaux actuels.
Dispersion et pointillisme pourraient assez bien caractériser les travaux qui ont été effectués jusque
vers 1962-1964. En dehors de quelques études régionales portant essentiellement sur la zone littorale et
son arrière pays (z), ce sont des notes et observations succinctes qui ont apporté quelques éléments cepen-
dant non négligeables (3). Si quelques synthèses ont été tentées pour l’ensemble de l’Afrique de l’ouest ( 4),
très peu ont porté exclusivement sur la Côte d’ivoire (5), ce qui se conçoit fort bien à la suite de ce qui
précède. Un rapide survol de la bibliographie va nous permettre de dégager quelques uns de ces aspects
essentiels, en séparant, pour la commodité de l’exposé, les observations faites à l’intérieur (interiluves et
vallées) de celles concernant le littoral et les basses plaines.
(1) en dernier lieu, pour ne citer que les travaux les plus r¢s :
MICHEL P., 1968. Genèse et évolution de la vallée du Sénégal de Bakel à l’embouchure (Afrique oct.) Zeitsch.
géomorph., vol. 12, no 3, pp. 318-349.
MICHEL P., 1969. Les grandes étapes de la morphogénèse dans les bassins des fleuves Sénégal et Gambie pendant
le quaternaire.Bull. IFAl?, A, t. 31, no 2, pp. 293-324.
(2) ROUGERIEG., 1951.
LE BOURLHECP., 1958b.
(3) par exemple, RIOU G., 1961.
(4) DRFXH J., 1952.
TRICART J., 1956. Tentative de corrélation des périodes pluviales africaines et des périodes glaciaires, C.R. Som,
Soc. Géol. Fr, pp. 164-167.
LAMOTTE M., ROUGERIEG., 1956. Les niveaux d’érosion intérieurs dans l’Ouest africain, Congrès Inter. de
Géographie, Rio de Janeiro, pp. 262-269 (texte repris plus en détail en 1961 dans Recherches Africaines, Conakry, no 4,
pp. 51-70).
VOGT J., 1959a.
(5) ROUGERIEG., 1958.
J.-M. AVENARD - ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE 45
RÉGIONS INTÉRIEURES
a. Les vallées
Les observations de J. VOGT (1959) sur les grands axes de drainage, puis sur quelques affluents (l)
ont été reprises et confirmées par plusieurs auteurs. Le schéma général, sur la Comoé, le Nzi, le Bandama
ou le Sassandra peut être résumé de la façon suivante :
.. Un ensemble de hauts glacis et de hautes terrasses cuirassés s’étend sur plusieurs kilomètres, parfois
assez loin du fleuve. II englobe des éléments roulés, exclusivement siliceux, en nappes peu épaisses et dis-
continues. Tout le matériel est très altéré, les galets se cassent facilement au marteau. Assez bien conservées
sur schistes, ces terrasses sont souvent démantelées sur granites, et se présentent souvent comme des glacis :
seule la présence de blocs de cuirasses, d’éléments quartzeux usés et de sables picotés luisants (ferruginisés)
permet de les déceler.
Flats alluviaux
Cette basse terrasse domine par un talus souvent net un ensemble de flats alluviaux actuels et sub-
actuels. Recouverts de formations de texture plus fine que celles des alluvions de la basse terrasse (sableuse
à argilo-limoneuse), ces flats ont en profondeur une nappe alluviale plus grossière, appelée « graviers sous
berge » par les prospecteurs miniers (ce sont de très bons placers de diamants, or ou minéraux radioactifs).
A cette dernière étape correspond sur les éléments précédents « la mise en place d’un réseau d’entaille
hiérarchisé, se substituant dans une large mesure aux phénomènes d’écoulement en nappe ainsi que le
vigoureux creusement des fleuves dont le lit n’évolue plus dans des matériaux d’altération mais pénètre
dans la roche saine » Les étapes successives seraient :
e l’entaille des fleuves, avec apparition des obstacles que sont les rapides ;
l individualisati-on en biefs dans lesquels se déposent une nappe d’alluvions grossières (provenant
du lit pour la’fraction non usée, du remaniement des alluvions anciennes pour la fraction usée) ;
l recouvrement ultérieur d’une grande épaisseur de sables et de limons.
Cependant, la mise en place de ces graviers sous berge n’est pas encore complètement élucidée :
« si elle matérialise une coupure de tout premier ordre dans l’organisation du réseau hydrographique et la
succession des systèmes d’érosion, il n’est pas certain qu’elle corresponde à une phase climatique. En parti-
culier la faiblesse du transit alluvionnaire, ainsi que le caractère torrentiel de certains affluents font songer
à une brève période de transition climatique, caractérisée par d’abondantes précipitations et une végétation
encore clairsemée ne se développant que difficilement par suite de la destruction des sols » (J. VOGT).
Limités vers le fleuve par un bourrelet de berge, les flats sont inondés tous les ans, et d’étroits
ravins incisant le bourrelet les font communiquer avec le fleuve.
L’entaille actuelle semble surimposée à partir du remblaiement sableux et limoneux : « non seule-
ment elle exhume les rapides qui tronçonnaient le profil de l’entaille précédente, mais en s’écartant de cette
dernière, elle rencontre aussi de nouveaux obstacles. »
Aucune étude d’ensemble n’a été faite d’un point de vue paléoclimatique, et les observations sont
très dispersées et d’inégale valeur. Nous n’aborderons pas ici le problème des inselberge et des aplanis-
sements qui n’ont fait l’objet d’aucune publication à notre connaissance.
Niveaux cuirassés
Si les niveaux cuirassés sont souvent mentionnés, peu d’études examinent leur emboîtement et leurs
rapports mutuels. Pourtant J.M. BRUGIÈRE, dès 1948, avait décrit trois niveaux de cuirasses :
« o une première coiffant les hauteurs, homogène, dans l’ensemble souvent très gravillonnaire, mais
aussi parfois compacte et pseudo-lamellaire... c’est la cuirasse la plus ancienne dont l’âge de formation
doit être très éloigné.
e une seconde, à mi-pente, d’allure toute différente : elle est souvent bréchique, c’est-à-dire obtenue
par recimentation de blocs ferrugineux (provenant sans nul doute de la dalle supérieure) et amenée par
érosion... Elle est moins épaisse que la première et d’âge plus récent.
c une troisième de bas de pente, surplombant de quelques mètres les thalwegs, elle a le même
aspect que celle de mi-pente... elle n’est pas cependant de formation actuelle » (1). Cet auteur interprétait
ces cuirasses dans le cadre de variations du niveau de base ou de changements climatiques.
-
(1) BRUGIÈREJ.M., 1948 b.
J.-M. AVENARD - ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE 47
Par la suite, les diverses études (essentiellement pédologiques) n’ont jamais été aussi loin et se sont
contentées de mentionner la présence de ces cuirasses dans le paysage sauf peut-être MAYMIARD J. (r).
Les observations de LAMOTTE M. et ROUGERIE G. (2) au pied du Nimba, ont montré plusieurs
phases d’apports détritiques grossiers séparés par des apports moins grossiers et des apports essentiellement
chimiques, mais elles n’ont pas de signification paléoclimatique précise, parce que, dans ce milieu riche en
fer, le cuirassement peut se faire dans des conditions climatiques assez variées. Par contre, dans ce même
article, des descriptions détaillées de diverses cuirasses en Côte d’ivoire sont du plus haut intérêt bien
qu’elles n’aient pas été reliées à des épisodes climatiques. Nous mentionnerons enfin les éléments apportés
par J. TRICART (3) dans le sud-ouest ou par G. ROUGERIE( 9 dans le sud-est.
Stone-line
Les problèmes posés par la « stone-line » ou « ligne de gravats » n’ont guère été abordés en Côte
d’ivoire : G. ROUGERIEdans sa thèse, n’envisage pratiquement pas l’aspect paléoclimatique. N. LENEUF(“)
dans une note succincte, observe bien « cette accumulation de graviers, de cailloutis de qualités diverses
décrivant une ligne festonnée, ondulée, » mais ne parle que des matériaux hérités issus de surfaces anciennes
ou de filons de quartz mis en affleurements à des époques antérieures, sans pouvoir préciser davantage.
C’est G. RIOU (“) qui semble le mieux avoir replacé ces nappes dans un contexte paléoclimatique, du moins
en posant le problème : « l’étude des éléments grossiers composant la nappe de pierres montre que cette
nappe ne résulte pas de processus purement pédologique, mais qu’elle est le témoin d’une phase d’érosion
majeure qui a séparé deux pédogenèses différentes » l’auteur poursuit plus loin « ...entre les deux parties
des profils existe presque toujours une nappe plus ou moins épaisse d’éléments grossiers. Cette formation
est de composition hétérogène, de vieux galets de quartz plus ou moins usés en constituant l’essentiel. Leur
disposition évoque souvent un système d’érosion à saisons fortement contrastées et à pluies violentes. Elle
comprend également des gravillons ferrugineux... Cette composition et la « topographie » de la nappe
supposent une période d’érosion active à nuance sèche ».
Dernièrement les pédologues de Côte d’ivoire ont attaché une plus grande importance à ces sols
tronqués et remaniés (‘).
C’est dans cette zone de Côte d’ivoire que les travaux ont été les plus nombreux et les plus élaborés.
Le schéma le plus complet a été proposé par P. LE BOURDIEC(8) ; si certaines datations sont à revoir (en
particulier la place et la dénomination même de « 1’Ouljien ») à la suite des travaux et datations absolues
du Sénégal par exemple, la séquence ne semble pas devoir être profondément modifiée. Résumons là
brièvement :
- Climat semi-aride déterminant le dépôt d’une nappe d’épandage recouvrant soit le socle, soit
le crétacé supérieur ou l’écocène marin ; gauchissement de la surface et subsidence : K Mio-pliocène ))
- mise en place d’une série débordant sur le Continental Term., climat plus humide à alternances
saisonnières : remaniement et légère entaille du mio-pliocène : nappe moins grossière venant recouvrir le
compartiment affaissé ; apparition de phénomènes de cuirassement : « Quater. ancien 1)
- régression marine, niveau marin à 80 m. Climat plus humide qu’au Quaternaire ancien, plus sec
que l’actuel : érosion mécanique intense, et recul de la forêt. Plateaux entaillés par réseau hydrogr.,
développement d’un niveau à une altitude voisine de 40 m ; épandage de matériel à la surface du plateau
continental : « Préouljien ))
- transgression, niveau à $6 m, climat humide et chaud, altération superficielle des dépôts
constituants la surface des alvéoles « préouljiennes » dans la nappe néogène : « Ouljien ))
- régression marine, niveau à -60 m. Climat sec et contrasté. Entaille de profondes vallées et
développement de ravins importants, avec versants abrupts. Dans l’arrière pays, déblaiement des for-
mations superficielles meubles d’altération et attaque mécanique de la roche saine, avec étalement de ce
matériel frais : « Préflandrien N
- transgression marine faible, niveau marin à + 1 ou 2 m. Climat chaud et humide (plus sec que
l’actuel). Début de réinstallation de la forêt qui fixe les versants. Etoffement du cordon littoral, édification
de deltas comblant partiellement les lagunes, colmatage partiel des vallées préflandriennes ennoyées,
actions éoliennes modérées sur le littoral (petites dunes actuellement fixées) : « Dunkerquien »
- légère régression actuelle. Emersion des basses plaines marécageuses édifiées en deltas sous-
aquatiques lors de la transgression, et des surfaces d’abrasion lagunaires : « Subactuel et actuel »
Les travaux actuels, s’ils sont encore trop dispersés et trop peu nombreux, sont marqués par un
désir de plus grande coordination (entre géographes, pédologues et géologues de 1’ORSTOM et géologues
de l’Université). Ils s’appuient aussi sur des données établies dans les régions voisines, surtout à la suite des
remarquables travaux des équipes du Sénégal.
(1) Etudes entreprises par le Laboratoire de Géologie de 1’ORSTOM. Cette partie a été rédigée par G. GRANDIN.
Elle résume et complète deux publications récentes :
DELVIGNE G., GRANDIN G., 1969.
GRANIXN G., DELVIGNE J., 1969.
(2) Des observations ont été faites, à l’occasion de l’étude des concentrations manganésifères, dans les régions de
Grand-Lahou, de Guitri, Hiré, Korhogo, Bondoukou en Côte d’ivoire, ainsi que dans la région de Dori en Haute-Volta.
(3) Par exemple : DAVEAU S., LAMOTTE M., ROUGERIEG., 1962. Cuirasses et chaînes birrimiennes en Haute-Volta,
Ann. de Géogr. sept-oct. LXXXI, 387.
BOULET R., 1968. Etude pédologique de la Haute-Volta, Région centre-nord.
ORSTOM, Dakar, multigr. 351 p., ainsi que les travaux du Sénégal de P. MICHEL, H. FAURE, P. EL~UARD,etc.
J.-M. AVENARD - ASPECT DE LA GÉOMORPHOLOGIE 49
C D C
0 0,5 1 2 3km
0 0.5 lkm
FIG. 6. - Coupes de la chaîne birrimienne au Nord de Toumodi (extrait C.R. Acad. Sci. Paris, oct. 1969-D, 369, pp. 1474-
1477).
a. Coupe du Blafo.
b. Coupe du Guéto.
La cuirasse bauxitique (dont la dénomination ne doit pas cacher qu’elle est autant - et souvent
plus - une accumulation d’oxydes de fer qu’une accumulation d’alumine) coiffe un puissant profil ferral-
litique sur une surface très évoluée dont l’aplanissement est le fait d’une altération en période de stabilité
du niveau marin relatif plus que d’une érosion. La réalisation de cette surface, de sa couverture altérée,
de son armature par une cuirasse dépassant souvent 15 m d’épaisseur implique une longue stabilité des
phénomènes morpho-climatiques dont l’histoire ultérieure n’offre pas d’équivalent.
Les deux niveaux suivants correspondent à des glacis - localement emboîtés - développés au
pied des témoins de la surface supérieure. Leur façonnement suppose le réseau hydrographique réduit
aux drains majeurs c’est-à-dire un climat relativement aride. Protégé par la cuirasse bauxitique qui empêche
le décapage des sommets, l’énorme stock de matériaux altérés est libéré progressivement, par tranches ver-
ticales. 11s’éboule sur les pentes, ennoie les piémonts, migre le long des glacis qui sont autant des formes
colmatées qu’abrasées. Seul, il permet aux glacis de disposer, dès le retour vers un climat humide, d’impor-
tantes quantités de fer libre qui fossilisent par l’aval ces formes monoclinales à pente faible favorables à
la concentration et l’induration du fer, avant que leur démantèlement par le réseau hydrographique qui
se réorganise ne soit trop avancé. Les cuirassements de la surface intermédiaire puis du haut-glacis, quelles
que soient leurs différences, apparaissent donc d’abord comme des réactions secondaires à un phénomène
cardinal : le cuirassement bauxitique.
Le bas glacis, d’entension limitée au sud et à l’est de la Côte d’ivoire, plus développé au nord,
n’est bien cuirassé que lorsqu’il hérite du haut-glacis -par démantèlement et par lessivage oblique.
Les cuirasses des plaines alluviales sont des cuirasses de nappe, généralement fonctionnelles, qui mani-
festent l’existence actuelle d’un transit du fer des cuirasses anciennes vers les zones basses et d’une évacua-
tion par le réseau hydrographique, le piégeage dans la zone de battement des nappes, localisé, ne pouvant
être que partiel.
c des plateaux sabla-argileux de faible altitude (10-12 m) ; le matériel ressemble à celui du Conti-
nental Terminal, et semble résulter de l’épandage et du remaniement de ce dernier ;
e des séries de cordons sableux plus ou moins parallèles à la côte (1,5 à 6 m d’altitude) dont l’ori-
gine marine ne fait aucun doute ;
l des zones deltaïques, ainsi que des zones marécageuses ou à sables lessivés, provenant de l’enva-
sement par des dépôts fluviatiles ou lagunaires, et dont l’âge peut varier du maximum de la dernière trans-
gression à l’actuel.
b. Les études de sédimentologie sous-marine, sur le plateau continental, ont un grand intérêt, car elle sont
montré, à l’inverse de ce qui était supposé jusqu’à présent, que la subsidence ne s’est certainement pas
poursuivie au quaternaire : « les tourbes datées (1) ne sont recouvertes que par 2 m de sédiment et les
zones à sédimentation vaseuse intense apparaissent en relief par rapport au profil normal du plateau conti-
nental ».
c. les déterminations polléniques de ces tourbes ont montré qu’il s’agissait de tourbes littorales, et que
la végétation de certaines périodes anciennes était plus clairsemée qu’actuellement.
l le pourtour des lagunes est découvert (sables blancs issus du lessivage des sables argileux sur les
plateaux).
l les formations détritiques émergent et isolent les systèmes lagunaires.
AUTRES TRAVAUX .
D’autres travaux sur les problèmes d’évolution géomorphologique sont actuellement en prépa-
ration dans le cadre de l’étude du contact forêt-savane (thème de la section de Géographie de I’ORSTOM).
Ils concernent l’Ouest (région de Man-Touba-Séguéla) et le Centre (région de Dimbokro).
a. L’ouest
Si de nombreuses observations ont déjà été effectuées au cours de nos propres recherches, et si
plusieurs hypothèses sont en cours de vérification, il ne nous semble pas encore possible de faire une syn-
thèse comparable à celles qui précèdent (“).
(1) MARTIN L., 1969. Datation de deux tourbes quaternaires du Plateau Continental ivoirien. C.R. Acad. des SC.t. 269
série D, no 20 pp. 1925-1927(datation au Cl4 : l’une date de 23 000 plus ou moins 1 000 ans, l’autre de 11 900 plus ou moins
250 ans B.P.).
(2) VARLET F., 1958. Le régime de l’atlantique près d’Abidjan (C. d’ivoire). Etudes Eburnéennes, VII, IFAN,
pp. 97-222.
(3) Une publication est prévue dans le premier semestre de 1971, avec cartographie à 1/50 000.
54 LE MILIEU NATURELDE LA CÔTED’IVOIRE
b. Le centre
J. BONVALLOT vient d’entreprendre une étude de la région de Dimbokro afin de préciser l’impor-
tance des influences paléo-climatiques les plus récentes sur la répartition des formations végétales, en
particulier en bordure du Nzi. L’étude et la cartographie géomorphologiques des systèmes de terrasses
et des glacis compléteront utilement les travaux des géologues s’occupant plus spécialement des parties
hautes du paysage.
La combinaison des facteurs précedents est donc responsable de l’élaboration des reliefs, c’est-à-
dire de l’ensemble des volumes du paysage. Le détail du façonnement actuel ou modelé, dépend tout
naturellement de ces mêmes facteurs. Cependant des différences apparaissent dans les combinaisons,
J.-M. AVENARD - ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE 55
le modelé étant plus étroitement conditionné par ce que nous appelerons « l’héritage des formes ». Le
modelé actuel se superpose en effet à des formes déjà existantes, et se trouve ainsi, soit en continuation,
soit en opposition avec ces dernières. Les modelés de Côte d’ivoire paraissent bien illustrer ce rôle de
l’héritage :
- au nord, ils se façonnent à partir de formes héritées, et résultent d’une reprise d’érosion,
l à partir d’anciennes surfaces cuirassées, dont les reliques arment encore le paysage. SOUS le
climat actuel et les processus morphogénétiques qui lui sont liés, ces buttes plus ou moins réduites et
démantelées alimentent en dépôts des pentes longues et faiblement inclinées qui s’élaborent en contre-bas
en formant des glacis,
l à partir de dômes granitiques ou d’inselberge,
-
au sud, les modelés n’ont pas ou n’ont plus guère à tenir compte de la topographie héritée.
L’épais manteau d’altération permet un moulage qui ne se heurte pas à des formes préexistantes.
- le centre joue une fois encore le rôle de transition. Les plateaux cuirassés alternent avec les
molles ondulations.
Ces différences se répercutent sur l’amplitude des ondulations :
- au nord, de longues pentes, presque rectilignes, raccordent des collines subaplanies et des
plateaux. Elles sont dominées çà et là par des buttes (véritables tables ou « mesas ») ou par des inselberge.
- au centre, cette amplitude est encore assez importante, la distance entre deux sommets variant
de 1 à 3 km mais il existe aussi d’assez nombreux plateaux.
- en Basse Côte d’ivoire par contre l’amplitude devient plus faible, la distance entre deux sommets
de collines variant de 400 à 1 200 m environ, quelles que soient les dénivellations entre sommets et bas-
fonds. Ces dénivellations sont d’ailleurs faibles et généralement comprises entre 30 et 50 m.
Certes, l’énoncé de ce qui précède n’est qu’une moyenne assez grossière, un cadre général suscep-
tible d’être nuancé dans le détail :
- certaines cuirasses résiduelles sous forêt interrompent la monotonie du modelé en vallonnements
dans le sud ;
- en bordure des lagunes, les entailles dues aux variations quaternaires du niveau marin redonnent
une importance non négligeable aux formes héritées ;
- les chaînes de collines dont l’armature est formée par le complexe volcano-sédimentaire entraî-
nent un modelé plus accidenté. Sur roches vertes, les pentes sont fortes, les sommets réduits et disséqués.
Des cuirasses épaisses coiffent généralement les sommets alors qu’un glacis cuirassé entoure souvent la base.
- les modelés issus de granites et de schistes sont assez différents dans une même région de Côte
d’ivoire :
l En Basse Côte d’ivoire, l’amplitude du modelé sur schistes est plus faible que sur granites. Sur
schistes, les sommets sont réduits, les pentes courtes et relativement fortes, les pentes inférieures sont
inexistantes. Sur granites au contraire, les sommets sont arrondis et peuvent même former des plateaux
plus ou moins larges, les pentes sont plus longues, convexes, les pentes inférieures plus développées ;
par ailleurs le raccordement avec les bas-fonds est progressif, ces derniers étant plats.
l Dans le nord, les processus d’induration qui se sont traduits par la présence de cuirasses sur les
plateaux ou replats, et qui entraînent actuellement un cuirassement de bas de pente (ou de nappe), sont
plus fréquents sur schistes que sur granites.
Essayons de caractériser plus en détail ces différents modelés, essentiellement à partir de schémas.
56 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Les modelés les plus fréquents s’ordonnent autour des résidus de surfaces cuirassées, tandis que
quelques zones sont sous la dépendance des inselberge.
SCHÉMA GÉNÉRAL
La cuirasse joue un rôle identique à celui d’un banc de roche résistante et arme véritablement
le paysage. Le modelé actuel ne peut ainsi s’expliquer qu’à partir de ces surfaces cuirassées et de leur
évolution dont il n’est en fait que le prolongement actuel, sous des conditions climatiques légèrement diffé-
rentes il est vrai. Il importe donc de le replacer dans le cadre général de l’évolution paléoclimatique.
L’évolution générale, qu’il serait trop long de reprendre ici, aboutit à deux types’ schématiques de
paysage, en fonction essentiellement de la durée.
- le premier type est celui que nous avons décrit précédemment : une colline riche en fer domine
le glacis cuirassé, ultérieurement coupé de sa source par une gouttière lors d’une reprise d’érosion. Ce
glacis peut, lui aussi, avoir été disséqué et d’autres glacis peuvent s’y emboîter, laissant ainsi des buttes
témoins en cuestas, OU le démant&lement peut même aller jusqu’à la formation de collines à sommets
subaplanis et gravillonnaires (fig. 9).
- le second type peut être une inversion totale du relief, lorsque la durée est suffisante, et lorsque
les oscillations climatiques ont interrompu les processus de cuirassement. En effet, seules les parties aval
des glacis et les anciennes dépressions indurées par la cuirasse résistent à l’érosion, tandis que les anciens
reliefs ont été déblayés parce qu’ils étaient moins résistants : la surface qu’ils occupaient est maintenant
une dépression (fig. 10).
Ces zones cuirassées, devenues plateaux sommitaux, jouent à leur tour le rôle de source et d’autres
glacis cuirassés peuvent se former à leur pied et être démantelés par les mêmes processus en fonction des
oscillations climatiques. L’évolution donne donc là encore des reliefs de cuestas, auxquels on donne souvent
le nom de bowal (pluriel : bowé).
b. Evolution de détail
Le détail des modelés dépend de l’évolution de trois zones, à savoir la surface des cuirasses, leur
rebord et les glacis.
c surfaces cuirassées.
En dehors d’une évolution sur place décrite ailleurs en détail (l) et qui est marquée par un durcisse-
ment progressif de certaines zones, un léger abaissement sui place, ou l’acquisition d’une topographie
légèrement ondulée, les surfaces cuirassées peuvent se démanteler par exemple à la suite d’un abaissement
3
------_
q cuirasse démantelée
FIG. 9. - Glacis emboités et collines sub-aplanies. Région de Tanda. (D’après V. ESCHENBRENNER, 1969).
1. Témoins d’un haut-glacis.
2. Bas-glacis.
3. Bas-glacis démantelé en collines.
a
-----------
--------Y-- -v--b
du niveau de base et d’une phase climatique plus humide. Le modelé à profil convexe concave qui en résulte
est directement lié à cette évolution comme l’a montré V. ESCHENBRENNER dans la région de Tanda dans
. le nord-est de la Côte d’ivoire (fig. 11) (r).
l rebord des cuirasses et des bowé.
L’évolution maintes fois décrite est résumée dans la figure 12. Ce détail du modelé a üne grande
importance dans la repartition des formations végétales, puisque la zone de cuirasse éboulée, plus humide
et aussi plus argileuse permet à la forêt de s’installer.
cuirasse fissurée
l glacis.
Les glacis qui se développent en contrebas des surfaces cuirassées forment les plans de raccorde-
ment avec les dépressions. Ils sont généralement sableux et/ou gravillonnaires en surface et présentent
souvent un carapacement à leur base (cuirasse de nappe) ou aux deux tiers inférieurs de la pente. Ils sem-
blent s’élaborer par ruissellement diffus et en nappe décapante.
Le pourcentage des surfaces occupées par les plateaux par rapport aux pentes et bas-fonds est élevé.
Ces plateaux sont plus ou moins cuirassés, la cuirasse s’épaississant généralement en bordure ; un ressaut
assez net domine un glacis caractérisé par un replat marqué vers le haut suivi d’une pente forte (7 à 10 %)
mais relativement courte qui se raccorde à un bas-fond évasé (fig. 13).
Le ressaut plus ou moins marqué domine un replat peu développé et une pente faible (1 à 3 %) mais
généralement longue. Le bas-fond est plat (fig. 14).
/plateau type x
replat
\1 (peu développé)
courte et forte
ou (= 10 74) bas-fond plat
4
- le premier rencontré dans la région de Boundiali, et sans doute le plus fréquent, montre une
zone en pente forte passant à un glacis à altération relativement profonde, puis à un versant de raccorde-
ment à pente assez forte (7 à 10 %) dominant un bas-fond peu marqué (fig. 15a).
- le second, dans la région de Séguéla, semble lié à une tectonique plus récente qui a entraîné un
encaissement des vallées dans des berges assez étroites. Le glacis relativement plat est interrompu brusque-
ment par l’entaille du marigot (fig. 1%).
-6
Y-
%’
Y-’
“:;, +
glacis très plat entaille
linéaire
Y>,
Y-\
.i-------
FIG. 156. - Inselberg, région de Séguela.
(1) N. LENEUF, 1954. Etude pédologique des sols de rizière du nord de la Côte d’ivoire. ORSTOM, Centre d’Adiopo-
doumé, 28 p. multigr. et annexes.
J.-M. AVENARD - ASPECT DE LA GÉOMORPHOLOGIE 61
a
le Baoulé
nappe alluviale
hydrqmorphie temporaire
prolongée,
colluvions sableuses
alluvions sableuses cuvette argileuse et concrétions 2: : . .
ferrugineuses \I (G%?-Q
o(c) (1 J-
~gqqy{,i [ { ( (( (( f (1 rif.++y~7zp& y
hydromorphie hydromorphie
-zYev:
-A - temporaire prolongée
b
alluvions argileuses plateau cuirassé
marigot alluvions
argileuses
+
gj/]fJJ/(JlpJ
-t f + ;-g-,-+-t
z f+f
C
alluvions avec concrétions inondations
plateau
cuirassé et cuirasse ferrugineuse
de .nappe
FIG. 16. - Modelés de fonds de vallées. Nord de la Côte d’ivoire (d’après N. LENEUF- 1954).
a. Terrasses alluviales hautes avec dépression latérale. (Marigot « Baoulé », Nord-Ouest).
b. Talweg étroit, avec marigot temporaire latéral. (Lagoué, près de Ferkéssédougou).
c. Terrasse alluviale avec cuirasse de nappe (Plaine de Papara, Boundiali).
62 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
K Les régions méridionales se présentent comme un monde de formes floues, ensevelies sous un
manteau universel de produits meubles, d’aspect désordonné, d’où est absente toute hiérarchisation
harmonieuse, et dans lequel des eaux précaires semblent en difficulté. Là où les conditions récentes d’une
évolution cyclique ont imposé le facteur en apparence déterminant d’une reprise d’érosion, des affouille-
ments se sont produits et la vallée tend à prendre une place accrue dans le paysage ; mais cela sans rigueur
progressive, l’ensemble demeurant dominé par une succession d’ombilics et de rétrécissements... Un monde
au total anarchique, dont les différenciations se traduisent avant tout par la plus ou moins grande mise en
valeur et l’allure des volumes, suivant le substratum qu’ils surmontent (1) ».
Cette longue citation nous semble parfaitement résumer les conditions qui président à l’élabora-
tion des modelés du sud de la Côte d’ivoire.
L’originalité du modelé des versants est sans aucun doute l’angle relativement accusé qui marque
le raccordement de la base avec les bas-fonds, de même que la distribution confuse était celle des reliefs.
Il semble cependant qu’il faille y ajouter une autre caractéristique à savoir l’importance des planchers
horizontaux qui forment les bas-fonds.
Mais au-delà de ces aspects communs, ce sont les phénomènes d’érosion différentielle qui président
à la mise en place des modelés, étant entendu qu’il s’agit d’abord d’une érosion chimique, provenant d’une
différence dans l’altérabilité des roches et dans l’aptitude de celles-ci à donner tel ou tel produit d’altéra-
tion ; l’érosion mécanique n’intervient que par la suite.
Les différents modelés ont été largement décrits par G. ROUGERIE dans sa thèse, pages 459-486 ;
nous n’en rappelerons que les caractéristiques essentielles.
Dans les régions granitiques, la forte altération qui se développe donne aux formations superfi-
cielles des caractères particuliers : elles sont puissantes, fortement arénacées, poreuses et par conséquent
très perméables. L’eau percale bien, permettant l’individualisation de niveaux d’accumulation, parfois
gravillonnaires, et la constitution de nappes en profondeur.
Le raccordement des versants avec les dépressions se fait par une pente très accusée, tandis que les
profils sont convexes et résultent de la combinaison de plusieurs facteurs :
- au sommet et sur les pentes, la perméabilité du matériel réduit le ruissellement au profit de
l’infiltration. La reptation superficielle est certes parfois manifeste comme dans le cas de filons fauchés
en surface dans le sens de la pente, mais il n’y a pas d’engorgement des débris à la base du versant.
- plus bas, la cohésion du matériel est plus forte, tandis que le versant est armé par une plus forte
proportion de gravillons ferrugineux.
- à la base, les eaux infiltrées sont restituées par les nappes souterraines et les sourcins : elles
exercent un soutirage du matériel qui crée un appel au vide, engendrant un profil convexe. Ces eaux
permettent par ailleurs une exportation importante de matières dissoutes, mais l’altération isovolumétrique
limite l’influence de ces départs sur le modelé.
Des nuances dans les modelés peuvent être dégagées en fonction de deux variétés de granites.
FIG. 17. - Types de modelés sur Granites (Echelle approchée : 1/63 000).
En haut : Région de Port-Gauthier (Basse Côte).
Enbas : Région de Bouafle (Nord-ouest du bloc forestier).
N.B. : L’élargissement des interfluves vers le nord est un fait général. (D’après les cartes de pentes sup. et inf., photointerpr.
de P. DE LA SOUCHÈRE
et L. BADARELLO).
64 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D'IVOIRE
a. les granites gneissiques et alcalins des régions des plaines (littorales et intérieures) et des bas plateaux
donnent des reliefs confus et vallonnés. Le modelé y revêt deux aspects :
- ou bien des mamelons très étroits s’élèvent difficilement au-dessus des dépressions dont les
planchers n’ont pas la planité que l’on rencontre généralement. C’est d’après G. ROUGERIE « probable-
ment une topographie particulièrement vieillie, où l’ennoyage tropical humide sous les produits colluviaux
arrive à l’emporter sur le déblaiement des bas-fonds » .(Région de Divo, de Guitri, de Taï, arrière pays
de Fresco et de Sassandra...).
- ou bien des volumes à flancs convexes dominent des vasques largement évasées. Vers le nord,
les mamelons prennent une place plus grande et occupent une plus grande surface (fig. 17).
b. Les granites à hypersthène de la région de Man et les granodiorites de la région d’Aboisso forment le
substratum de régions plus accidentées, et le modelé devient plus heurté, tout en restant dans le style des
pays granitiques. Le problème posé par ces reliefs n’est pas entièrement résolu, mouvements tectoniques
et paléoclimats moins humides avec formation de cuirasses ayant permis une meilleure résistance du relief,
peuvent être invoqués à titre d’hypothèses.
Les pays schisteux de plaines et de plateaux du sud de la Côte d’ivoire possèdent, comme dans les
pays granitiques, une épaisse couverture d’altération, mais leur originalité provient de trois différences
essentielles :
- le matériel est constitué d’éléments plus fins ; la roche s’altère en effet en argiles, et lorsqu’il
y a des micas, les oxydes de fer abondants par ailleurs peptisent ces argiles.
- les horizons des sols sont moins tranchés, en particulier les horizons de surface ne sont guère
plus perméables que le reste du profil.
- les nappes d’eau affleurantes sont rares, et le chevelu hydrographique est mieux développé,
la densité des talwegs étant plus forte.
Ces caractéristiques se répercutent sur les modelés par l’intermédiaire des agents de façonnement :
- le ruissellement semble en effet jouer un plus grand rôle que dans les pays granitiques ; la perméa-
bilité est suffisante pour entraver le ruissellement concentré, mais permet un ruissellement diffus très
important.
- ce ruissellement diffus est accru par le faible espacement des talwegs donnant des versants courts,
l il entraîne un décapage généralisé qui commence très haut sur les versants,
l il apporte une assez grande quantité de matériel au pied des versants, par colluvionnement,
et le raccordement du bas du versant et du bas fond se fait par une concavité.
- la solifluxion est davantage favorisée par les éléments limono-argileux : des bourrelets appa-
raissent sur les pentes. Pourtant le phénomène semble limité par la nature des argiles. Celles-ci sont en effet
ferrugineuses, ce qui diminue leur plasticité et porte leur limite de liquidité à une valeur trop élevée pour
qu’elle soit franchie. Les grands décollements sont donc rares, et seules des petits arrachements se pro-
duisent.
- Par ailleurs, l’absence fréquente de bas-fonds marécageux où les eaux stagnent, a un double
rôle sur le façonnement des versants et sur celui des bas-fonds :
e les sapements sont inexistants ce qui empêche les versants de garder une convexité médiane ;
J.-M. AVENARD - ASPECT.DELA GÉOMORPHOLOGIE 65
FIG. 18. - Types de modelés sur Schistes (EchelIe approchée 1/63 000).
En haut : Région de Labbé (au nord d’Abidjan).
En bas : Région de Beki (au sud d’Abengourou).
N.B. : Comme sur granites, l’élargissement des interfluves vers le nord est un fait général (D’après les cartes des lignes de
pentes supérieure et inférieure, photointerprétation de P. DE LA SOUCHÈRE
et L. BADARELLO).
66 LE MILIEU NATURELDE LA CÔTED’IVOIRE
c les inondations moins fréquentes étalent moins les matériaux dans les bas-fonds, d’où engorge-
ment.
Enfin, la nature de la roche est peu favorable à une altération irrégulière : les fonds ont ainsi un
profil plus régulier (fig. 18).
Les sables tertiaires bordant le littoral apportent une originalité dans les modelés du sud de la Côte
d’ivoire ; ils forment des bas plateaux dominant les lagunes et la mer vers le sud, mais aussi très souvent
en relief au-dessus des plaines granitiques et schisteuses vers le nord. A la place des vallonnements ou des
mamelonnements des schistes et des granites, on trouve ici des plateaux aux sommets horizontaux, à
l’allure festonnée sur leur pourtour, et coupés par des talwegs mieux hiérarchisés, mais non drainés. Les
versants sont doux, légèrement convexes en haut, concaves à la base.
Ces vallons prennent une forme différente sur la périphérie et plus particulièrement en bordure des
lagunes : fortement incisés, ils sont à fonds plats et proviennent d’une reprise d’érosion récente.
L’origine du modelé particulier est à rechercher dans la nature même de ce matériel essentiellement
quartzeux : l’altération y est faible : « elle n’impose pas une orientation à l’évolution morphogénétique.
Pour une fois, son efficacité passe après celle des agents d’érosion mécanique » (1).
Cependant, cette altération existe néanmoins et fractionne en particulier les sables en éléments
plus petits, de la taille des sables très fins et des limons. Ces éléments « sont entraînés par les eaux d’in%l-
tration et viennent colmater les vides de la formation dont ils diminuent la perméabilité : suffisamment
altérés, les sables: surtout lorsqu’ils sont ferrugineux à l’origine, donnent des formations superficielles
relativement compactes durcissant à la sécheresseet assez imperméables pour permettre le ruissellement » (“)
Le processus est lent et ne se développe sur sur des pentes faibles, mais il peut expliquer d’une part les
différences entre les plateaux et les incisions de la bordure dues à une reprise d’érosion rapide, d’autre part
le ruissellement important qui passe au ravinement comme dans le cas de la plantation industrielle sur les
sables de la région de Dabou, citée au paragraphe précédent. Il faut ajouter cependant que quelques passées
argileuses peuvent avoir le même rôle.
Enfin, il faut bien voir que ces phénomènes n’empêchent pas complètement l’infiltration des eaux ;
mais cette eau infiltrée descend très profondément et alimente des nappes qui sont à une trop grande
profondeur pour former des émergences dans les bas-fonds. Les actions de sapements dues à la stagnation
de l’eau dans des marécages n’existent donc pas ici.
Un dernier point mérite d’être signalé : ce sont les nombreuses dépressions fermées circulaires qui
occupent les surfaces des plateaux, et qui ont été étudiées par F. HUMBEL (3). Localisées essentiellement en
bordure des plateaux, elles sont sans doute dues à des tassements et affaissements d’un niveau argileux
sous-jacent, avec des phénomènes de soutirage (fig. 19).
(1) ROUGERIEG.,1960,p.482.
(2) TRICART J., CA~LLEUXA.,1965,p.182.
(3) HUMBEL F.,1964.
J.-M. AVENARD - ASPECT DE LA GÉOMORPHOLOGIE 67
FIG. 19. - Type de modelé sur Sables tertiaires (Echelle approchée 1/63 000).
Région en bordure de la Comoé (Plantations de Bongo) (D’après les cartes de lignes de pentes, photointerprétation
deP. DE LA SOUCHÈRE~~ L. BADARELLO).
Nettement repérables dans le paysage actuel, les formes qui sont liées aux roches vertes du Birrimien
dominent franchement les plateaux ou les plaines par de hautes buttes dont le commandement est souvent
de 300 à 400 m. Ces buttes à sommets souvent tabulaires, cuirassés, et à flans rigides et irréguliers dans le
détail sont en fait de forme complexe et correspondent aux reliefs que nous avons déjà décrits dans le
nord. Même sous forêt les « séquelles du passé dominent encore l’évolution morphogénétique » (ROUGERIE),
et celle-ci n’apporte en fait qu’une modification de détail :
68 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
- les cuirasses du sommet sont attaquées par une déferruginisation exercée par les matières orga-
niques forestières, disloquées par les racines et la chute des arbres ; elles s’éboulent sur leurs fronts par
suite d’un sapement de la base par les eaux souterraines, etc. Elles forment des corniches qui dominent
les versants.
- les versants évoluent par ruissellement, avec parfois une solifluxion par décollements.
- les parties basses de ces versants sont par contre déjà mieux adaptées à la morphologie tropicale
humide, mais l’influence de la raideur des pentes perturbe encore son action.
La teneur en argile du matériau d’altération favorise la solifluxion et le ruissellement diffus en
surface. G. ROUGERIE pense que ces actions sont responsables des légères convexités qui marquent souvent
les deux tiers inférieurs des versants : « après une concavité sommitale, on voit en effet les pentes passer à
des valeurs croissantes vers le bas, de 10 à 15”, puis de 15 à 20, puis supérieures à 20’7 ».
Mais les pentes fortes et longues permettent aussi un ruissellement concentré qui se manifeste sur
les versants par des sillons d’érosion au profil en V, sans élargissement des fonds.
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