Ineris Ed6310
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© INRS, 2019.
Conception graphique et mise en pages : Patricia Fichou. Illustrations : Sophie Boulet. Photos : © 123rf
Sécurité des machines
Principes de conception
des systèmes de commande
Aline MENARD
Jean-Louis POYARD
ED 6310
février 2019
SOMMAIRE
Avant-propos 5
1. Le risque 7
1.1. Notions 7
1.2. Origine 7
1.3. Estimation 7
1.4. Appréciation et réduction 9
Glossaire 41
Acronyme 42
Bibliographie 43
¨ Avertissement
Ce document ne se substitue en aucun cas à la norme,
dont la lecture préalable et l’utilisation en cours de
conception restent indispensables. En effet, il n’intègre pas
et ne rappelle pas l’ensemble de ses préconisations.
C
H
A
P
I
T
R
E
Démarche globale
de conception des systèmes
de commande
1
Le risque
1.1. Notions
Les machines et plus généralement les installations automatisées utilisées dans l’industrie,
peuvent, si aucune mesure de prévention n’est prise, présenter des risques pour les opéra-
teurs et tierces personnes amenés à les côtoyer.
Les risques existent par exemple lorsque des éléments mobiles de travail ou de transmission
d’énergie génèrent des phénomènes dangereux, et que les opérateurs ou des tierces per-
sonnes sont susceptibles de les atteindre lorsqu’ils sont en mouvement.
Pour les aider concrètement dans leur démarche, les fabricants ont à leur disposition la
norme NF EN ISO 12100 [3] qui décrit des principes généraux de conception des machines.
1.2. Origine
La figure 1 illustre les différents éléments générateurs d’un risque, qui peuvent conduire à
un accident générant un dommage pour une personne exposée. Rappelons que pour qu’un
accident se produise, il faut la conjonction :
u d’un phénomène dangereux et d’une présence humaine : ce qui constitue une situation
dangereuse par exemple, la présence des mains d’un opérateur entre les outils d’une presse
à découper les métaux ;
u de l’apparition d’un événement dangereux : par exemple, le démarrage intempestif d’un
élément mobile dangereux ;
u de la non-possibilité d’éviter le dommage : par exemple, une impossibilité d’échapper à un
élément mobile dangereux qui se déplace rapidement.
Ces différents éléments doivent être pris en compte pour l’estimation du risque.
1.3. Estimation
Pour estimer le niveau d’un risque, il faut tenir compte de ses différentes composantes que
sont la gravité et la probabilité d’occurrence du dommage. La gravité est fonction des dom-
mages provoqués sur la personne. La probabilité d’occurrence du dommage dépend de trois
paramètres :
u la fréquence et/ou la durée d’exposition,
u la probabilité d’occurrence de l’événement dangereux. Cette probabilité d’occurrence peut
d’être d’origine humaine (manœuvre inappropriée par exemple) ou technique (défaillance
de composant, erreur logicielle, etc.),
u la possibilité d’éviter ou de limiter le dommage.
7
LE RISQUE
¨ La norme NF EN ISO 12100 définit le risque comme étant une combinaison de la proba-
bilité d’occurrence d’un dommage et de la gravité de ce dommage.
¨ La plupart des composantes de l’estimation du risque sont également nécessaires pour
déterminer le niveau de sécurité des fonctions assurées par les systèmes de commande rela-
tifs à la sécurité lors de leur conception.
Composantes du risque
Phénomène dangereux
Gravité du dommage
Fréquence/durée d’exposition
Situation potentiellement
dangereuse
Evénement dangereux
Probabilité d’occurrence
de l’événement dangereux
Possibilité d’évitement
Possibilité d’évitement
du dommage
Accident ?
Risque
8
1.4. Appréciation et réduction
Après l’estimation du risque, il convient d’appliquer un processus itératif pour son apprécia-
tion et sa réduction, tel qu’illustré de manière synthétique dans la figure 2.
Appréciation du risque
Elle comprend une analyse précise des limites de la machine, une identification des phéno-
mènes dangereux, une estimation et une évaluation du risque, en tenant compte de l’usage
normal et du mauvais usage raisonnablement prévisible. Des exemples de ces éléments
appliqués à une machine, suivant la norme NF EN ISO 1200, sont donnés dans le chapitre B
(partie 2). La machine est, quant à elle, décrite dans ce même chapitre (partie 1).
Réduction du risque
Note
La représentation synthétique du processus ne montre pas les différentes itérations menant
au choix des mesures de prévention. Dans la réalité, lorsque le concepteur décide d’arrêter les
itérations, c’est qu’il a estimé que le risque « initial » a été éliminé ou réduit de manière adé-
quate par les mesures de prévention qu’il a retenues et qu’aucun nouveau risque n’a été
généré par ces mesures.
Les autres mesures de prévention identifiées dans la représentation synthétique du processus
ne sont pas abordées dans ce document.
¨ Les résultats de l’appréciation du risque seront plus réalistes et plus probants si celle-ci
est effectuée de façon collective et consensuelle par l’ensemble des acteurs concernés : fabri-
cant, opérateurs de maintenance, opérateurs de production…
9
2
Mesures techniques
de prévention
et système de commande
Parmi les mesures techniques de prévention pouvant être retenues, suite au déroulement
du processus d’appréciation et de réduction du risque, deux cas se présentent comme le
montre la figure 3.
Des exemples de mesure intrinsèque et de protecteurs fixes, avec description de leurs rôles,
sont donnés dans le chapitre B (partie 2, tableau 2).
10
Note
Comme ces mesures de prévention sont indépendantes d’un système de commande, elles ne
sont plus abordées dans la suite de ce document.
Des exemples de telles mesures sont donnés dans le chapitre B (partie 2,tableau 2).
Un système de commande est nécessaire pour que ce type de mesure puisse accomplir l’ac-
tion attendue.
La définition d’une fonction de sécurité, est la suivante : « Fonction d’une machine dont la
défaillance peut provoquer un accroissement immédiat du ou des risques » (NF EN ISO 12100,
§ 3.30).
Note
Une liste d’exemples de défaillances de diverses origines, pouvant affecter une fonction de
sécurité, est donnée chapitre B (partie 3).
Pour chaque fonction de sécurité, il est nécessaire de décrire précisément son comporte-
ment attendu, avec par exemple les éléments suivants :
u Le rappel du moyen de protection prévu (par exemple une barrière immatérielle, un pro-
tecteur mobile avec dispositif de verrouillage), ainsi que sa localisation (par exemple un pro-
tecteur de la face avant).
u Les modes de marche ou les phases de cycle dans lesquels le moyen de protection est actif.
u Le phénomène dangereux ou l’élément mobile dangereux (les citer précisément) ainsi que
le ou les actionneur(s) concerné(s) et le cas échéant, d’autres précisions telles que le sens du
mouvement dangereux.
u Le fonctionnement attendu de la fonction de sécurité, en fonction des informations d’en-
trée. Par exemple, arrêt de l’élément mobile dangereux à l’ouverture du protecteur mobile
verrouillé et maintien à l’arrêt de cet élément tant que le protecteur n’est pas fermé.
Des exemples de fonctions de sécurité sont donnés dans le chapitre B (partie 2, tableau 2).
11
3
NOTIONS DE SYSTÈME
DE COMMANDE RELATIF
à LA SÉCURITÉ
Le système de commande d’une machine (figure 4) se décompose en deux parties qui sont
amenées à échanger :
u L’une participe au fonctionnement de la machine pour assurer la production ou pour per-
mettre son réglage, sans rapport avec la sécurité opérateur. Ces fonctions gèrent par exemple
les mouvements des éléments mobiles d’une machine tels que montée, descente, avant,
arrière, etc.
Il s’agit du système de commande « standard » qui gère les « fonctions standard ».
u L’autre gère les mesures techniques de prévention des risques. Cette partie est indispen-
sable à la protection des personnes, par exemple pour commander un arrêt des éléments
mobiles d’une machine lors de l’ouverture d’un protecteur.
Cette partie constitue le système de commande relatif à la sécurité qui gère les fonctions de
sécurité.
Fonctions standard n° 1 à n
(Gérant des organes de commande, capteurs, unités
de traitement logique, pré-actionneurs...)
Actionneurs
(Exemple vérins,
moteurs...)
Fonctions de sécurité n° 1 à n
(Gérant des dispositifs de verrouillage, barrières immatérielles,
unités de traitement logique, pré-actionneurs...)
éléments
de travail et
de transmission
12
¨ Les échanges entre le système de commande « standard » et le système de commande
relatif à la sécurité doivent être gérés de façon à ce que les fonctions de sécurité soient tou-
jours assurées, quel que soit le comportement de la partie standard.
Ces deux normes traitent, dans les limites de leur champ d’application, des généralités
applicables à la conception, la construction et la modification des systèmes de commande,
ainsi qu’à la mise en œuvre de leurs composants. L’objectif est de réduire les phénomènes
dangereux significatifs associés aux transmissions hydrauliques et pneumatiques.
13
NOTIONS DE SYSTÈME DE COMMANDE RELATIF A LA SÉCURITÉ
Cette norme détaille de nombreuses règles de l’art. Sont abordés par exemple, la mise en
œuvre des équipements et systèmes électriques, électroniques et électroniques program-
mables de commande des machines, la protection contre les chocs électriques, la protection
de l’équipement, les liaisons équipotentielles, le câblage et les interfaces homme/machines.
Note
Cette norme a définitivement remplacé la norme NF EN 954-1 [8] depuis décembre 2011, en
conservant en grande partie ses principes de conception, complétée par d’autres paramètres
tels que la fiabilité des composants.
Elle détaille des exigences de sécurité et des recommandations relatives à la conception des
systèmes de commande traitant de fonctions de sécurité, de diverses technologies (élec-
trique et électronique, hydraulique, pneumatique, mécanique…), afin d’atteindre un niveau
de performance minimum de sécurité (PL pour Performance Level). Elle introduit la notion
de Parties de Systèmes de Commande Relatives à la Sécurité (SRP/CS, pour Safety Related
Parts of Control System), qui peuvent être réalisées par assemblage de composants logiques
« simples » (des composants électromécaniques, des distributeurs hydrauliques, par
exemple) ou par intégration de modules ou composants du commerce dédiés à la sécurité,
programmables ou non (des automates, des blocs logiques de sécurité, des électrovannes à
sécurité intrinsèque…).
u NF EN ISO 13849-2 – Sécurité des machines. Parties des systèmes de commande relatives
à la sécurité. Partie 2 : validation [9].
Cette norme décrit les différentes étapes de validations à effectuer pour les parties de sys-
tèmes de commande relatives à la sécurité (SRP/CS) conçues conformément à la norme NF
EN ISO 13849-1.
Elle détaille également les principes de sécurité de base, les principes de sécurité éprouvés
pour différentes technologies concernées, fournit une liste de composants éprouvés ainsi
qu’une liste de défauts et d’exclusions de défauts possibles.
14
électrique, électronique et électronique programmable, afin d’atteindre un niveau d’inté-
grité minimum de sécurité (SIL pour Safety Integrity Level). Elle introduit la notion de
Systèmes de commande électrique relatifs à la sécurité (SRECS, pour Safety Related Electrical
Control System) qui peuvent être réalisés par intégration de modules/composants du
commerce dédiés à la sécurité, programmables ou non (des automates, des blocs logiques
de sécurité…) et par assemblage de composants logiques « simples » (des relais, des compo-
sants électroniques, par exemple).
La figure 5 permet de guider les concepteurs dans le choix des référentiels les mieux appro-
priés.
Figure 5. Choix des normes spécifiques et appropriées pour traiter l’aspect « sureté de fonctionnement »
d’un système de commande relatif à la sécurité
Technologie non
électrique et électrique* NF EN ISO 13849-1
Possibilité de traiter
en deux étapes* NF EN ISO 13849-2
Technologie
exclusivement
non électrique
Intégration quasi
exclusivement de composants
électromécaniques
Technologie
exclusivement
électrique
Intégration de composants
du commerce dédiés
à la sécurité et de composants
électromécaniques
NF EN 62061
15
4
DÉTERMINATION
D’UN « NIVEAU DE SÉCURITÉ »
REQUIS
4.1. Principes généraux
Lorsque les mesures techniques de prévention déterminées sont dépendantes d’un système
de commande, ce dernier joue un rôle d’interface important, car il contribue à la réduction
des risques.
Chaque norme fournit une méthode propre pour définir les niveaux « cibles » à atteindre par
cette partie de système de commande, en procédant à une estimation des risques encourus
par les personnes exposées.
La figure 6 représente les relations qui existent entre le niveau de risque à couvrir par la
mesure technique de prévention, les niveaux de PL ou SIL recommandés et donc la « résis-
tance » minimale aux défaillances dangereuses qui en résulte.
Note
Un concepteur peut utiliser une norme « produit » harmonisée, appelée également norme de
type « C » dans le domaine des machines. Lorsqu’il l’applique, il doit prendre en compte les
niveaux de sécurité minimum indiqués pour chaque fonction de sécurité.
16
¨ Les normes NF EN ISO 13849-1 et NF EN 62061 (voir figure 7) proposent des méthodes
pour déterminer le niveau de contribution du système de commande à la réduction des
risques. Bien qu’utilisant certains critères identiques à ceux du processus de réduction
des risques, ces méthodes ne sont en aucun cas prévues pour estimer le risque tel que décrit
en § 1.3 et dans la norme NF EN ISO 12100.
¨ L’estimation des « niveaux de sécurité » doit être effectuée au début du cycle de concep-
tion. Ces niveaux ne doivent pas être remis en cause lors de la conception sauf en cas de
modifications de la machine affectant le niveau de risque à couvrir ou les mesures d’élimina-
tion/réduction du risque. Une nouvelle estimation du niveau de sécurité est alors nécessaire
dans le nouveau contexte.
¨ Les résultats de l’estimation des « niveaux de sécurité » à atteindre seront plus réalistes
et plus probants si celle-ci est effectuée de façon collective et consensuelle.
Figure 6. Relations entre niveau de risque, niveaux de sécurité et résistance minimale aux défaillances
élevé
Niveau de risque
à couvrir
Faible
PLe SIL 3
PLd
Niveaux de sécurité
définis PLc SIL 2
par les normes PLb
PLa SIL 1
élevée élevée
Résistance minimale
aux défaillances
dangereuses qui résulte
du niveau de PL ou SIL
Faible Faible
Pour chaque niveau de sécurité, les éléments de la figure 8 doivent être pris en compte lors
de la conception du système de commande relatif à la sécurité.
17
DÉTERMINATION D’UN « NIVEAU DE SÉCURITÉ » REQUIS
¨ Un PL ou un SIL ne se résume pas à une valeur de PFHD ou de MTTFD ; il faut aussi tenir
compte de tous les autres critères (voir figure 8).
Figure 7. étapes principales préconisées par les normes NF EN ISO 13849-1 et NF EN 62061
Validation
Estimation du niveau de sécurité obtenu
et comparaison par rapport au niveau requis
Figure 8. Critères de conception préconisés par les normes NF EN ISO 13849-1 et NF EN 62061
Choix et mise en œuvre d’une architecture spécifique liée à la résistance aux défauts
et au comportement consécutif à des défauts (détection) ou à la fiabilité des composants
Mise en œuvre de diverses mesures, comme celles destinées à contrer les défaillances
systématiques, contrer les défaillances de cause commune, …
18
4.3. Relation entre PL et SIL
Le tableau 3 de la norme NF EN ISO 13849-1, dont les éléments sont rappelés figure 9, donne
la relation qui existe entre les PL et les SIL.
¨ Grâce à la relation formalisée entre SIL et PL, des parties de système de commande
conçues à l’aide de l’une ou l’autre de ces deux normes peuvent être combinées dans un
même système.
SIL
PL (IEC 61508-1, pour information)
Mode de fonctionnement continu/élevé
a Pas de correspondance
b 1
c 1
d 2
e 3
19
5
REPÈRES GÉNÉRAUX
POUR LA CONCEPTION
D’UN SYSTÈME DE COMMANDE
RELATIF A LA SÉCURITÉ
La conception de systèmes de commande relatifs à la sécurité nécessite le respect des réfé-
rentiels réglementaires et normatifs applicables. Le présent paragraphe a pour but de four-
nir quelques repères importants et utiles pour les concepteurs.
La norme NF EN 62061 prévoit la mise en place d’un « plan de sécurité fonctionnel ». Il est
conseillé d’adopter le même principe lors de l’application de la norme NF EN ISO 13849-1.
Le plan de sécurité fonctionnelle est vivant, mis à jour et enrichi tout au long du développe-
ment du système de commande. Au départ, il formalise essentiellement l’organisation du
cycle de conception avec ses étapes principales. Son contenu est ensuite complété par des
informations organisationnelles et techniques, dont certaines ne sont connues qu’en avan-
çant dans la conception.
Pour chaque fonction de sécurité, un cycle de conception doit être réalisé tel que décrit de
manière synthétique figure 10.
20
Figure 10. Graphe de conception d’un système de commande d’une fonction de sécurité
OUI
Validation
FIN
L’objectif est d’atteindre finalement un niveau de performance de sécurité (PL ou SIL global)
pour chaque fonction de sécurité qui soit supérieur ou égal à la valeur cible déterminée (PLr
ou SIL requis).
Par exemple, pour atteindre un PLr = b, le PL global acceptable en fin de conception pourra
donc être égal à b, c, d, ou e.
21
REPÈRES GÉNÉRAUX POUR LA CONCEPTION D’UN SYSTÈME DE COMMANDE RELATIF A LA SÉCURITÉ
Le logiciel applicatif est développé par l’intégrateur d’un composant programmable apte à
réaliser des fonctions de sécurité, tels qu’un automate programmable dédié à la sécurité ou
des composants de sécurité paramétrables. Généralement les fabricants de ce type de
matériel proposent des « blocs fonction logiciels verrouillés et approuvés », qui contribuent
à réaliser des fonctions de sécurité courantes, telles que le traitement de dispositifs de
verrouillage de protecteurs ou d’arrêts d’urgence… Cette manière de procéder facilite la
programmation, si les blocs correspondent bien aux besoins spécifiés pour la fonction de
sécurité.
Pour la norme NF EN 62061, la note scientifique et technique NS 305 [10] de l’INRS apporte
des précisions complémentaires sur la base d’un exemple.
La note scientifique et technique NS 252 [11] de l’INRS est utilisable en tant que guide pour
la mise en œuvre d’une méthode de validation par tierce partie, lors de l’utilisation de l’une
ou l’autre de ces deux normes.
¨ Il ne faut surtout pas négliger le respect des règles applicables au logiciel, car ce dernier
est aussi important que le composant qui l’exploite. Quid par exemple d’un composant de
sécurité apte à réaliser des fonctions de PLe dont le logiciel applicatif serait déficient ?
22
Tableau 1. Exemple de tableau de spécification fonctionnelle d’une fonction de sécurité
Décrire :
– l’état du déclencheur qui active la fonction (ex. ouverture
Comportement de la fonction protecteur)
– le résultat attendu en étant le plus précis possible (ex. arrêt
d’un actionneur dans une phase particulière du cycle).
Détailler :
– le comportement attendu de la fonction en présence d’un
Réaction aux fautes/conditions
dysfonctionnement dans son traitement.
de redémarrage
– les conditions de redémarrage suite à la suppression du
dysfonctionnement.
23
6
Les principes décrits ci-après sont basés sur la méthode dite « simplifiée » de la norme.
24
Figure 11. Illustration du graphique de détermination du niveau de performance requis (PLr) tiré de l’annexe A
de la norme NF EN ISO 13849-1
Faible Faible
Possible
sous certaines
Rare à assez conditions PLa
fréquente
et/ou P1
de courte
durée
Rarement
F1 possible
Blessure
légère P2
S1 PLb
(normalement Possible
réversible) sous certaines
Fréquente conditions
à continue
P1
et/ou
de longue
Rarement
Blessure possible
F1
grave
P2
S2
PLd
normalement
irréversible, Possible
y compris sous certaines
le décès) Fréquente conditions
à continue
P1
et/ou
de longue
durée
Rarement
F2 possible PLe
P2
élevé élevée
25
REPÈRES POUR L’UTILISATION DE LA NORME NF EN ISO 13849-1
Ces parties sont d’abord « conceptuelles ». Leur association répond aux spécifications de la
fonction de sécurité à assurer. Elles sont ensuite déclinées en parties matérielles qui sont
conçues par le concepteur du système de commande, soit par intégration de composants de
sécurité du commerce, soit par un développement spécifique.
Moyen Traitement
Entrée Sortie Actionneur
d’activation logique
Autres échanges
Languette
actionnement Pompe
interrupteur
Autres échanges
partie standrard
(ex. programme
de lavage)
26
Chaque fonction est activée en entrée par un moyen externe, et agit en sortie sur un action-
neur. Par exemple, pour une fonction d’arrêt d’une pompe par protecteur, la décomposition
peut se présenter comme décrit ci-après :
u Une partie conceptuelle « entrée » de la fonction. Elle est déclinée matériellement par un
dispositif de verrouillage d’un protecteur, par exemple un interrupteur de sécurité. Il est sol-
licité extérieurement à la fonction de sécurité par un moyen d’activation tel que la languette
d’un interrupteur de sécurité.
u Une partie conceptuelle « traitement logique ». Elle est déclinée matériellement par un
bloc logique de sécurité prévu pour assurer le comportement de la fonction.
u Une partie conceptuelle « sortie » de la fonction. Elle correspond généralement à des
pré-actionneurs. Elle est déclinée matériellement par des contacteurs de puissance. Elle agit
extérieurement à la fonction de sécurité sur un actionneur comme par exemple une pompe
électrique.
La figure 12 illustre cette description. Les autres échanges ont lieu entre la fonction de sécu-
rité et la partie standard du système de commande (par exemple avec un programmateur
électronique de cycles de lavage), ou avec d’autres fonctions de sécurité. Les échanges
doivent être pris en compte pour s’assurer qu’ils ne perturbent pas le bon fonctionnement
des fonctions de sécurité.
Note
La décomposition en trois parties conceptuelles, bien qu’usuelle, n’est pas impérative.
Note
Suivant ses caractéristiques, un même matériel peut assurer à lui seul le rôle de plusieurs par-
ties conceptuelles, par exemple traitement logique et sortie combinés.
Note
Lorsque les spécifications fonctionnelles et de sécurité du composant correspondent à celles
attendues, ce choix a pour avantage de faciliter la détermination du PL de la fonction, qui
dépend du PL de chaque partie.
Les composants doivent être compatibles entre eux.
La détermination du PL de la fonction, qui dépend du PL de chaque partie, peut s’effectuer en
appliquant les règles du § 6.3 de la norme.
27
REPÈRES POUR L’UTILISATION DE LA NORME NF EN ISO 13849-1
Variateur
avec fonction
de suppression
sûre de couple
Traitement
Entrée Sortie
logique
u Utilisation exclusive de composants basiques, tels que des relais électromécaniques, des distri-
buteurs électropneumatiques, des dispositifs de verrouillage électromécaniques, qui sont asso-
ciés en respectant les préconisations de la norme, en vue d’atteindre le PLr (figure 14).
Note
Ce choix est souvent motivé par l’absence sur le marché de composant de sécurité répondant
aux spécifications fonctionnelles et de sécurité déterminées.
Une connaissance approfondie de la norme est nécessaire pour concevoir le système de commande.
28
u Utilisation mixte de composants de sécurité mis isolément sur le marché (avec respect
des consignes d’utilisation comme décrit précédemment) et de parties de système de com-
mande conçues avec des composants basiques dont le PL a été déterminé (voir figure 15).
Note
Cette solution s’applique lorsqu’une des parties n’est pas disponible en tant que composant de
sécurité mis isolément sur le marché.
La détermination du PL de la fonction nécessite de déterminer préalablement le PL de la partie
conçue avec des composants basiques.
La détermination du PL de la fonction, qui dépend du PL de chaque partie, peut s’effectuer en
appliquant les règles du § 6.3 de la norme.
Figure 15. Conception mixte avec des composants de PL connus et des composants basiques
Objectif
PLe
PLr = e
29
REPÈRES POUR L’UTILISATION DE LA NORME NF EN ISO 13849-1
La méthode pour déterminer le niveau de performance global est présentée en figure 16.
Détermination du PL global
Évaluation du PL global
suivant le premier critère (PL_crit1)
NON
PL_crit1 ≥ PLr ?
OUI
OUI
NON
PL_crit2 ≥ PLr ?
OUI
Revoir la conception
PL global = PL le plus faible parmi d’une ou plusieurs
PL global < PLr parties du système
PL_crit1 et PL_crit2
de commande
30
Premier critère : le PL maximum qui peut être atteint par le système de commande de la
fonction est limité par le PL le plus faible des parties qui le composent (PL_crit1).
Si le PL de certaines parties est de niveau inférieur au PLr, le PL global ne peut pas être atteint
et il faut revoir la conception des parties concernées.
Si le PL obtenu (PL_crit2) est de niveau inférieur au PLr, le PL global ne peut pas être atteint
et il faut revoir la conception d’une ou plusieurs parties et déterminer de nouveau le PL
global.
31
REPÈRES POUR L’UTILISATION DE LA NORME NF EN ISO 13849-1
Cinq exemples de systèmes de commande, dont le PLr est connu, sont traités ci-après en utili-
sant la méthode illustrée en figure 16. Les parties constitutives des exemples sont symbolisées
par des maillons d’une chaine, dont le PL est connu, ainsi que la PFHD pour le cas de l’exemple 5.
Exemple n° 1 : PLr = a
Exemple n° 2 : PLr = e
PLa PLe ¨ Premier critère : le PL le plus faible vaut e donc PL_crit1 = e. étant
PLe PLd
PLb
égal au PLr, l’évaluation suivant le deuxième critère doit être effectuée.
PLa PLe PLa PLd
PLc
PLa PLe ¨ Deuxième critère : la valeur de PFHD n’est
PLd PLe pas connue, le deuxième PLd
PLe cas s’applique donc. Il y a 4 parties ayant le PL le plus faible (PL e). La lec- PLd
ture dans le tableau 11 de la norme (figure 18) donne PL_crit2 = d.
PLe
¨ Détermination du PL global : le PL global est égal au plus faible des
deux critères précédent, donc PL global = d.
¨ PLglobal < PLr donc le PL requis n’est pas atteint. La conception doit
être reprise.
32
Exemple n° 3 : PLr = a
PLe
PLb
¨ Premier critère
PLe
: le PL le plus faible vaut b donc PL_crit1 = b. Etant supé-
PLd
rieur au PLr, l’évaluation suivant le deuxième critère doit être effectuée.
PLe PLa PLd
PLc
PLe
PLd ¨ Deuxième PLecritère : la valeur de PFHD n’estPLd
pas connue, le deuxième
PLe cas s’applique donc. Une seule partie possèdePLd le PL le plus faible (PL b). La
lecture dans le tableau 11 de la norme (figure 18) donne PL_crit2 = b.
PLe
¨ Détermination du PL global : le PL global est égal au plus faible des
deux critères précédent, donc PL global = b.
Exemple n° 4 : PLr = c
PLe
¨ Premier critèrePLd: le PL le plus faible vaut a donc PL_crit1 = a. Etant infé-
PLb rieur au PLr, l’évaluation suivant le deuxième critère n’est pas nécessaire.
PLa PLd
PLc
PLd PLe ¨ Exploitation PLd
directe du premier critère pour la détermination du PL
global : le PL global
PLdest limité par le PL_crit1, donc PL global = a.
Exemple n° 5 : PLr = d
Lorsqu’il faut concevoir tout ou partie d’une fonction de sécurité avec des composants
basiques, le § 4.5.1 de la norme définit des critères à respecter, pour que le PLr puisse être
atteint. Ces critères sont définis en fonction du PLr (de « PLa » à « PLe ») et sont rappelés
succinctement dans la figure 19.
DC Défaillances
systèmatiques
Architecture
Catégorie B, 1 à 4
MTTFD
CCF
Le présent document ne reprend pas en détail tous ces critères. Une appropriation de la
norme est nécessaire par le concepteur. Elle peut être complétée par la consultation de la
note scientifique et technique NS 302 de l’INRS qui traite d’un exemple concret [12].
Une procédure simplifiée pour l’estimation d’un PL est décrite dans la norme NF EN ISO
13849-1 en § 4.5.4. La figure 5 et le tableau 6 de cette norme facilitent l’exploitation des
critères nécessaires.
u Appliquer une des cinq catégories décrites dans le § 6.2 de la norme et notamment l’archi-
tecture désignée correspondante. Cette dernière consiste à prévoir un ou deux canaux fonc-
tionnels, avec ou sans équipement d’essai (pour effectuer des tests de bon fonctionnement).
Le comportement attendu de chaque architecture en présence d’une défaillance est claire-
ment décrit. Les échanges mutuels entre canaux et équipements de test sont représentés
dans les figures de la norme. Le tableau 10 de la norme résume les exigences à respecter. La
figure 20 présente un exemple de deux types d’architectures désignées.
u Respecter une valeur minimale de MTTFD pour chaque canal de l’architecture désignée
retenue. Ce MTTFD doit être calculé conformément à l’annexe D de la norme, en fonction des
caractéristiques des composants.
34
Figure 20. Exemples d’architectures désignées de la norme
im im
I L O
im Moyens de connexion
m Surveillance
c
Pour certains composants, leur MTTFD est fourni dans leur fiche technique. À défaut, il doit
être calculé conformément à l’annexe C de la norme en se basant sur des informations de
leur fiche technique, et en fonction de leur nombre prévu de sollicitations. Lorsque les carac-
téristiques nécessaires ne sont pas fournies par le fabricant, la norme propose dans cette
même annexe la possibilité d’utiliser des valeurs par défaut.
u Adopter, à partir de la catégorie 2, des mesures pour contrer les défaillances de cause
commune « CCF ». L’annexe F de la norme décrit une méthode pour quantifier le niveau de
couverture atteint, suivant les mesures techniques retenues. Il s’agit par exemple de règles
à appliquer, telle que la protection des circuits contre les surtensions ou surpressions, qui
pourraient affecter simultanément plusieurs canaux (fonctionnels et/ou d’essai) du sys-
tème de commande, et empêcher une fonction de sécurité de jouer son rôle.
u Adopter des mesures pour maîtriser et prévenir les défaillances systématiques. L’annexe G
de la norme fournit une liste de mesures applicables. Il s’agit de règles de bonnes pratiques
et de principes à respecter dès la conception. Par exemple, utiliser la désactivation énergé-
tique afin de permettre à une fonction de sécurité de rester opérationnelle lors d’une perte
d’alimentation en énergie.
u Mettre en œuvre, le cas échéant, pour la partie logicielle, les exigences décrites dans le
§ 4.6 de la norme.
¨ Une même catégorie peut être utilisée pour atteindre des PL différents, donc une caté-
gorie exprimée « seule » ne suffit pas pour exprimer un PL.
¨ Un PL dépend de critères qualitatifs non quantifiables, tels que l’architecture du système
de commande (simple canal, redondant…) et de critères quantifiables, tels que les valeurs de
MTTFD et du taux de couverture de dagnostics (DC).
¨ Une valeur de MTTFD seule ne suffit pas à qualifier un PL.
35
REPÈRES POUR L’UTILISATION DE LA NORME NF EN ISO 13849-1
Moteur
FS1 hydraulique
PLr = b supérieur
Moteur
FS2 Pompe
hydraulique
PLr = b de recyclage
inférieur
Protecteur
mobile
Arrivée
FS4
eau chaude
PLr = c
barres mobiles
Arrivée
FS3
eau chaude
PLr = c
rampe fixe
Ce cas montre :
u des fonctions de sécurité FS1, FS2 et FS4 qui agissent sur le même actionneur (pompe de
recyclage) ;
u un même moyen de protection (le protecteur mobile) qui agit en entrée de toutes les
fonctions de sécurité ;
u des fonctions de sécurité qui ont un PLr différent ;
u une partie de système de commande standard qui doit échanger avec les fonctions de
sécurité.
36
La figure 22 montre un exemple de décomposition des fonctions de sécurité en 3 parties
conceptuelles, sans représenter les échanges avec la partie standard ni anticiper sur les
choix de la partie matérielle.
Des précautions doivent être prises lors de la conception du système de commande pour
que la combinaison de toutes ces fonctions ne soit pas une source de dégradation des PL. Par
exemple :
u une fonction de PLb ne doit pas dégrader une fonction de PLc, notamment lorsqu’elle agit
sur le même actionneur ;
u la partie standard ne doit pas dégrader le fonctionnement des fonctions de sécurité.
La figure 23 page suivante, montre pour cet exemple, la première itération de choix et de
répartition de matériel en tenant compte du PLr des fonctions.
37
REPÈRES POUR L’UTILISATION DE LA NORME NF EN ISO 13849-1
u Un composant de sécurité commun pour les parties logiques des fonctions de sécurité
FS1, FS2, FS3 et FS4. Cette partie matérielle doit respecter le PLr le plus haut requis pour les
fonctions traitées, donc PL ≥ c.
u Une interface n° 1 conçue avec des composants basiques, commune pour la partie sortie
des fonctions FS1, FS2 et FS4. Cette partie matérielle doit respecter le PLr le plus haut requis
pour les fonctions traitées, donc PL ≥ c.
u Une interface n° 2 conçue avec des composants basiques pour la partie sortie de la fonc-
tion FS3. Cette partie matérielle doit respecter le PLr de FS3, donc PL ≥ c.
38
Si l’on considère que la PFHD d’au moins une des parties n’est pas connue, il est possible
d’utiliser le tableau 11 du § 6.3 de la norme. Dans ce cas, pour les fonctions qui doivent res-
pecter un PLr de niveau b ou c, le découpage en trois SRP/CS peut être pénalisant pour déter-
miner le PL global de la partie du système de commande de la fonction de sécurité. Il est
alors nécessaire qu’au moins une des trois SRP/CS ait pour objectif un niveau de perfor-
mance supérieur au niveau requis pour la fonction de sécurité.
u Un matériel de PL = e a été retenu pour la partie logique de FS3 et FS4 afin d’atteindre leur
PLr (choix définitif du PL, voir tableau 2). Cette partie logique étant commune aux autres
fonctions, elle les impacte, mais leur PL reste supérieur ou égal au PLr.
PL = e
Choix définitif du PL PL = c (Impact du choix PL = c c PL ≥ PLr
de FS3 et FS4)
FS2 - PLr = b
PL = e
Choix définitif du PL PL = c (Impact du choix PL = c c PL ≥ PLr
de FS3 et FS4)
FS3 - PLr = c
Dispositif
Composant de
Type de matériel de verrouillage Interface n°2
sécurité commun
commun
PL < PLr
donc une des
Choix primaire du PL PL ≥ c PL ≥ c PL ≥ c b parties doit
être
PL > c
FS4 - PLr = c
PL < PLr
donc une
Choix primaire du PL PL ≥ c PL ≥ c PL ≥ c b des parties
doit être
PL > c
39
REPÈRES POUR L’UTILISATION DE LA NORME NF EN ISO 13849-1
Ce logiciel permet de suivre pas à pas les principales phases de conception, tels que la spéci-
fication des fonctions de sécurité, la détermination du PLr, le calcul des MTTFD et le calcul du
PL obtenu. Pour chaque phase, le concepteur doit saisir les données d’entrée nécessaires. Le
logiciel se charge d’effectuer les calculs nécessaires. La traçabilité du projet est donc assurée,
avec un numéro de code généré à chaque modification afin de suivre les évolutions. Un rap-
port final peut être édité.
Le logiciel offre la possibilité d’utiliser des bases de données de fiabilité de composants lors-
qu’elles sont disponibles auprès des fabricants.
De plus ce logiciel :
– ne remplace pas la norme qui reste indispensable,
– nécessite une connaissance technique de la norme afin de fournir les bonnes données et
de pouvoir évaluer la pertinence des résultats.
Une fois le projet finalisé dans SISTEMA, le concepteur doit réaliser le schéma de commande
en respectant strictement toutes les données et les hypothèses prises en compte.
¨ Les résultats obtenus avec un logiciel dépendent de la pertinence des données d’entrées
fournies par le concepteur.
¨ Les données de conception qui ne sont pas mémorisées dans le logiciel doivent être consi-
gnées dans un rapport séparé car elles seront utiles pour la réalisation du système de com-
mande.
40
Glossaire
Appréciation du risque
Processus qui comprend les phases de détermination des limites de la machine, d’identifica-
tion des phénomènes dangereux, d’estimation et d’évaluation du risque.
Composant de sécurité
Composant qui sert à assurer une fonction de sécurité et qui n’est pas indispensable au
fonctionnement de la machine.
Défaillance dangereuse
Défaillance qui peut potentiellement mettre tout ou partie d’un système de commande
dans un état dangereux ou défectueux.
Défaillance systématique
Défaillance associée de façon déterministe à une certaine cause, ne pouvant être éliminée
que par une modification de la conception ou du processus de fabrication, des procédures
d’exploitation, de la documentation ou d’autres facteurs appropriés.
Dispositif de verrouillage
Dispositif mécanique, électrique ou d’une autre technologie, destiné à empêcher certaines
fonctions dangereuses de la machine de s’accomplir dans des conditions définies (générale-
ment tant qu’un protecteur n’est pas fermé).
Fonction de sécurité
Fonction d’une machine dont la défaillance peut provoquer un accroissement immédiat du
ou des risques.
41
Acronymes
CCF
Common Cause Failure – Défaillance de cause commune.
DC
Diagnostic Coverage – Couverture de diagnostic.
Possibilité pour un composant ou un circuit de détecter/diagnostiquer une défaillance le
concernant.
DCavg
Diagnostic Coverage average – Couverture de diagnostic moyenne.
Moyenne de la couverture de diagnostic lorsque plusieurs mesures pour la détection des
défauts sont utilisées.
MTTFD
Mean Time To dangerous Failure – Temps moyen de fonctionnement avant défaillance
dangereuse.
PFHD
Probability of dangerous failure per hour – Probabilité moyenne de défaillance dangereuse
par heure.
PL
Performance Level – Niveau de performance
Niveau discret d’aptitude, de parties relatives à la sécurité, à réaliser une fonction de sécurité
dans des conditions prévisibles.
PLr
Performance Level required – Niveau de performance requis.
Niveau de performance permettant d’atteindre la réduction du risque requise pour chaque
fonction de sécurité.
SIL
Safety Integraty Level – Niveau d’intégrité de sécurité.
Niveau permettant de spécifier les exigences concernant l’intégrité de sécurité des fonctions
de sécurité.
SRP/CS
Safety Related Part/Control System – Partie d’un système de commande relative à la sécurité.
42
Bibliographie
[1] NF EN ISO 13849-1 – Sécurité des machines. Parties des systèmes de commande relatives
à la sécurité. Partie 1 : principes généraux de conception. AFNOR, 2016, 94 p.
[2] Directive 2006/42/CE du parlement européen et du conseil du 17 mai 2006 relative aux
machines et modifiant la directive 95/16/CE (refonte). Journal Officiel de l’Union européenne,
L157 du 9 juin 2006, 63 p.
[3] NF EN ISO 12100 – Sécurité des machines. Principes généraux de conception. Appréciation
du risque et réduction du risque. AFNOR, 2010, 93 p.
[4] NF EN 62061 – Sécurité des machines. Sécurité fonctionnelle des systèmes de commande
électriques, électroniques et électroniques programmables relatifs à la sécurité. AFNOR,
2005, 106 p. (ainsi que les amendements NF EN 62061/A1. AFNOR, 2013 et NF EN 62061/A2.
AFNOR, 2015).
[7] NF EN 60204-1 – Sécurité des machines. Équipement électrique des machines. Partie 1 :
règles générales. AFNOR.
[8] NF EN 954-1 – Sécurité des machines. Parties des systèmes de commande relatives à la
sécurité. Partie 1 : principes généraux de conception. AFNOR.
[9] NF EN ISO 13849-2 – Sécurité des machines. Parties des systèmes de commande relatives
à la sécurité. Partie 2 : validation. AFNOR.
[10] Baudoin J, Bello J.P. – Exemple didactique d’application de la norme NF EN 62061. INRS,
note scientifique et technique NS 305.
[11] Baudoin J, Bello J.P., Blaise J.C. – Guide pour la mise en œuvre d’une méthode de validation,
par tierce partie, des parties de circuits de commande de presses traitées par un système de
commande programmable. INRS, note scientifique et technique NS 252.
[12] Baudoin J, Bello J.P.- Aborder la norme NF EN ISO 13849-1 via la conception d’une
fonction de sécurité basique. INRS, note scientifique et technique NS 302.
43
C
H
A
P
I
T
R
E
APPLICATION
A UN LAVE-VAISSELLE
PROFESSIONNEL
44
1. Description du lave-vaisselle
professionnel pris en exemple
Les éléments de réflexion et les solutions techniques proposés dans cet exemple sont four-
nis à titre didactique, sur la base d’une machine dont le cahier des charges et les principes
décrits ne sont pas nécessairement identiques à ceux des lave-vaisselle du marché. Seuls
certains risques d’origine thermique et mécanique ont été retenus pour les besoins du
document.
L’analyse présentée est donc incomplète. Par exemple, elle n’aborde pas les risques d’origine
électrique, chimique (liés aux détergents utilisés) ou les risques thermiques liés à la vaisselle
et aux parois chaudes. Seule la phase de vie en mode « production » du lave-vaisselle est
prise en compte, sans aborder les autres phases telles que le nettoyage, la maintenance…
Ces éléments ne sont donc pas suffisants ni utilisables en l’état pour la conception d’un
lave-vaisselle.
Stockage eau
à recycler Alimentation
eau et rotation
Vidange eaux usées Maintien barres rotatives
température eau par pompe
65°
45
DESCRIPTION DU LAVE-VAISSELLE PROFESSIONNEL PRIS EN EXEMPLE
Elle est utilisée par un seul opérateur, situé en face avant, dont la mission consiste à charger
et décharger un panier contenant de la vaisselle.
La mise en service de la machine s’effectue par impulsion sur un bouton « mise en service ».
Une réserve d’eau chaude à une température de 65 °C est immédiatement constituée pour
réduire les temps de cycle. Cette réserve est assurée jusqu’à la mise hors service de la
machine.
Après chargement d’un panier de vaisselle sale, le départ d’un cycle s’effectue par impulsion
sur un bouton.
L’eau chaude est projetée à la pression du réseau (électrovanne d’alimentation) par une
rampe fixe à plusieurs jets sur la vaisselle (afin d’immédiatement commencer le mouillage/
prélavage ou le rinçage de la vaisselle) jusqu’à obtention d’une quantité d’eau suffisante à
recycler pour les phases de lavage et rinçage.
Cette eau est stockée et maintenue en température par des résistances électriques.
L’eau ainsi stockée est projetée sur la vaisselle par 2 barres (supérieure et inférieure) animées
en rotation pour le lavage et le rinçage.
Lorsque prévu dans le cycle, les eaux usées sont évacuées de la cuve.
La mise hors service de la machine s’effectue par impulsion sur un bouton « arrêt ».
46
2. Extraits des résultats du processus
d’appréciation et de réduction du risque
suivant la norme NF EN ISO 12100
Les tableaux suivants présentent des extraits d’une analyse du risque qui doit être réalisée
intégralement. Ces extraits sont destinés à illustrer les informations pouvant être recueillies
en suivant la norme, et qui sont utiles dans la suite du document pour traiter de la concep-
tion d’une partie du système de commande relatif à la sécurité.
§ 5.3.2.d
Autres personnes exposées – Sans objet. Lieu à accès limité.
aux phénomènes dangereux
47
48
Tableau 2. Eléments d’appréciation et de réduction du risque
NF EN ISO 12100
Exposition
au phénomène Possibilité Occurrence Fonction
Mesure
Parties du corps Gravité dangereux d’éviter d’un événement de sécurité
Phénomène dangereux (PH) technique
exposées (§ 5.5.2.2) (§ 5.5.2.3.1) le dommage dangereux associée
de prévention
Fréquence/Durée (§ 5.5.2.3.3) (§ 5.5.2.3.2) (FS)
(F/D)
Mains FS1
Protecteur
F = faible Arrêt par
mobile verrouillé
(car elles tiennent protecteur mobile
pour arrêt
le bac ou sont Phénomènes de la rotation
rotation de la
éloignées de la survenant de la barre
barre supérieure
rampe). rapidement, supérieure
PH1 Blessure légère Niveau
donc laps de
Chocs avec la barre rotative d’arrosage Mains et tête (contusion, choc d’occurrence
Tête temps insuffisant
supérieure en mouvement léger) « élevé »
F = fréquente pour une réaction
de la personne
Mains et tête exposée Protecteur fixe
D = faible (temps contre les chocs
Sans objet
de pose/retrait à la tête
du panier) par la barre
F = faible
(car les mains
Phénomènes
tiennent le bac
survenant FS2
et le bac fait Protecteur mobile
PH2 Blessure légère rapidement donc Niveau Arrêt par
obstruction verrouillé pour
Chocs avec la barre rotative d’arrosage Mains (contusion, chocs laps de temps d’occurrence protecteur mobile
au phénomène arrêt rotation de
inférieure en mouvement léger) insuffisant pour « élevé » de la rotation de
dangereux) la barre inférieure
une réaction de la la barre inférieure
D = faible personne exposée
(mêmes raisons)
F = fréquente
(car correspondant Phénomènes
Protecteur mobile FS3
à la fréquence survenant
PH3 verrouillé pour Arrêt par
d’intervention) rapidement donc Niveau
Brûlure par l’eau chaude issue Brûlure –blessure coupure d’arrivée protecteur mobile
Mains et tête laps de temps d’occurrence
des barres rotatives supérieure réversible d’eau chaude des jets d’eau
D = Importante insuffisant pour « élevé »
et inférieure à température de 65° depuis les barres depuis les barres
(par rapport une réaction de la
à la température rotatives rotatives
personne exposée
élevée de l’eau)
F = fréquente
(car correspondant Phénomènes
Protecteur mobile FS4
à la fréquence survenant
verrouillé pour Arrêt par
PH4 d’intervention) rapidement donc Niveau
Brûlure –blessure coupure d’arrivée protecteur mobile
Brûlure par l’eau chaude issue Mains et tête laps de temps d’occurrence
réversible D = Importante d’eau chaude des jets d’eau
de la rampe fixe à température de 65° insuffisant pour « élevé »
(par rapport à la depuis la rampe depuis la rampe
une réaction de la
température fixe fixe
personne exposée
élevée de l’eau)
F et D = faibles
(car les mains
Perception Protecteur fixe
PH5 tiennent le bac Niveau
Brûlure – blessure de la chaleur, pour empêcher
Brûlure par la résistance de chauffage Mains et le bac fait d’occurrence Sans objet
réversible donc conscience accès à la
de 65° obstruction « élevé »
du risque résistance
au phénomène
dangereux)
F et D = faibles
(car les mains
Perception Protecteur fixe
PH6 tiennent le bac Niveau
Brûlure –blessure de la chaleur, pour empêcher
Brûlure avec l’eau chaude de lavage Mains et le bac fait d’occurrence Sans objet
réversible donc conscience accès à l’eau
stockée à température de 65° obstruction « élevé »
du risque chaude
au phénomène
dangereux)
Mesure
F = fréquente
Impossible intrinsèque
(car correspondant Niveau
PH7
à la fréquence car mouvements
Chocs/contacts avec les différentes Mains et tête Blessure légère d’occurrence Suppression Sans objet
d’intervention) de l’opérateur
parties mécaniques à l’arrêt « élevé » des angles vifs
cadencés
et des parties
D = faible
saillantes
49
§ 5.4.a) En mode production lors du chargement/déchargement de la vaisselle, si un ordre de départ cycle est ordonné (ex. commande normale de départ cycle).
§ 5.4.b) En cas de départ intempestif (ex. défaillance d’un composant du système de commande.
§ 5.4.c) Lors d’un accès inopiné à la zone de lavage en cour de cycle (ex. comportement réflexe d’une personne en cas d’incident de lavage.
EXTRAITS DES RESULTATS DU PROCESSUS D’APPRECIATION ET DE REDUCTION DU RISQUE
Représentation synthétique des phénomènes dangereux (hors PH7) et des moyens de protection associés
PH3
Brûlure eau chaude à 65°
PH1 PH1
Choc aux mains barre rotative Choc à la tête barre rotative
supérieure supérieure
PH4
Brûlure eau chaude à 65°
des barres rotatives
supérieures et inférieures Protection
par protecteur
fixe
PH2
Choc barre rotative inférieure
PH6
Stockage eau Brûlure eau chaude à 65°
à recycler stockée
Maintien
Protection
température eau
par protecteur
65° PH5
mobile
Brûlure résistance de chauffe
50
3. Exemples de défaillances
de diverses origines qui pourraient
affecter une fonction de sécurité
u Un relais électromécanique qui reste bloqué « actionné » à cause d’un de ses contacts qui
s’est soudé.
u Un défaut de masse avec des conducteurs électriques qui viennent en contact avec le bâti
d’une machine, par exemple des conducteurs écrasés mécaniquement, dénudés par usure
de l’isolant, …
u Un bouton poussoir qui ne revient pas au repos à cause d’un blocage mécanique interne.
u Une séquence logicielle qui ne se déroule pas comme prévu et qui tourne en boucle plutôt
que de commander un ordre d’arrêt.
u Une fuite d’huile qui survient suite à une détérioration d’un tuyau flexible et qui crée un
mouvement intempestif.
u Une coupure intempestive d’alimentation en énergie qui survient suite à une panne de
réseau.
u Un composant dont la panne est liée au dépassement de la durée de vie préconisée par
son fabricant.
u (…)
51
4. Exemple de spécification détaillée
d’une fonction de sécurité
Nom de la fonction
N° FS1
Arrêt par protecteur mobile de la rotation de la barre supérieure.
Conditions d’activation
Cette fonction est active en permanence
de la fonction
52
5. Critères de détermination du PLr
d’une fonction de sécurité
Fréquence Possibilité d’éviter
et/ou durée le phénomène
Gravité
d’exposition dangereux PLr
de la blessure
au phénomène ou de limiter
dangereux le dommage
Faible Faible
Possible
sous certaines
Rare à assez conditions PLa
fréquente
et/ou P1
de courte
durée
Rarement
F1 possible
Blessure
légère P2
S1 PLb
(normalement Possible
réversible) sous certaines
Fréquente conditions
à continue
P1
et/ou
de longue
Rarement
Blessure possible
F1
grave
P2
S2
PLd
normalement
irréversible, Possible
y compris sous certaines
le décès) Fréquente conditions
à continue
P1
et/ou
de longue
durée
Rarement
F2 possible PLe
P2
élevé élevée
53
CRITERES DE DETERMINATION DU PLR D’UNE FONCTION DE SECURITE
Pour prendre une décision, il convient de prendre en compte les conséquences habituelles
des accidents et les processus de guérison normaux pour déterminer S1 et S2; par exemple,
les ecchymoses et/ou lacérations sans complication seraient classées S1, tandis qu’une
amputation ou un décès serait classé S2..
Il convient d’évaluer la durée d’exposition au phénomène dangereux sur la base d’une valeur
moyenne qui peut être mise en relation avec la durée totale d’utilisation de l’équipement.
Par exemple, s’il est nécessaire d’introduire régulièrement les mains entre les outils d’une
machine fonctionnant par cycles pour charger et décharger des pièces, il convient de sélec-
tionner F2. En l’absence d’autres justifications, il convient de choisir F2 si la fréquence est
supérieure à un accès par 15 minutes.
Il est possible de choisir F1 si la durée d’exposition cumulée ne dépasse pas 1/20 du temps
de fonctionnement total et que la fréquence est inférieure à un accès par 15 minutes.
54
Si la probabilité d’occurrence d’un phénomène dangereux peut être justifiée comme faible,
le PLr peut être réduit d’un niveau, voir ci-après en 2.
Note
Un faible nombre d’accidents ne signifie pas nécessairement que l’occurrence de situations
dangereuses est faible, mais que les mesures de sécurité des machines sont suffisantes.
55
6. Détermination du PLr
pour la fonction de sécurité FS1
à l’aide des éléments de l’appréciation du risque (voir tableau 2, 1re ligne), on utilise le
graphique de détermination du PLr. Pour la fonction FS1, le PL requis est b.
56
Fréquence Possibilité d’éviter
et/ou durée le phénomène
Gravité
d’exposition dangereux PLr
de la blessure
au phénomène ou de limiter
dangereux le dommage
Faible Faible
Possible
sous certaines
Rare à assez conditions PLa
fréquente
et/ou P1
de courte
durée
Rarement
F1 possible
Blessure
légère P2
S1 PLb
(normalement Possible
réversible) sous certaines
Fréquente conditions
à continue
P1
et/ou
de longue
Rarement
Blessure possible
F1
grave
P2
S2
PLd
normalement
irréversible, Possible
y compris sous certaines
le décès) Fréquente conditions
à continue
P1
et/ou
de longue
durée
Rarement
F2 possible PLe
P2
élevé élevée
57
7. Tableau synthétique de détermination
des PLr des fonctions de sécurité
du lave-vaisselle
Les éléments issus de l’appréciation des risques réalisée avec la norme NF EN ISO 12100 sont
rappelés dans le tableau « Exploitation de l’annexe A de la norme NF EN ISO 13849-1 ».
Ils sont à prendre en considération lors de l’utilisation des critères de l’annexe A de la norme
NF EN ISO 13849-1.
58
Exploitation de l’annexe A de la norme NF EN ISO 13849-1
Exposition
Fonction au phénomène Occurrence
Possibilité d’éviter Générateur
de sécurité Gravité dangereux d’un événement
S F le dommage P du phénomène PLr
associée (§ 5.5.2.2) (§ 5.5.2.3.1) dangereux
(§ 5.5.2.3.3) dangereux
(FS) Fréquence/Durée (§ 5.5.2.3.2)
(F/D)
Mains
F = faible
FS1 (car elles tiennent Phénomènes
Arrêt par protecteur le bac ou sont survenant rapide-
Blessure légère éloignées de la Niveau Rotation
mobile de la ment, donc laps de
(contusion, choc S1 rampe) F1 P2 d’occurrence de la barre PLb
rotation temps insuffisant
léger) « élevé » supérieure
de la barre pour une réaction de
Mains
supérieure la personne exposée
D = faible
(temps de pose/
retrait du panier)
F = faible
(car les mains
tiennent le bac Phénomènes
FS2
et le bac fait survenant rapide-
Arrêt par protecteur Blessure légère Niveau Rotation
obstruction ment, donc laps de
mobile de la (contusion, chocs S1 F1 P2 d’occurrence de la barre PLb
au phénomène temps insuffisant
rotation de la barre léger) « élevé » inférieure
dangereux) pour une réaction de
inférieure
la personne exposée
D = faible
(mêmes raisons)
59
60
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