Guide Methodes Geophysiques Detection Objets Sites Pollues 2017
Guide Methodes Geophysiques Detection Objets Sites Pollues 2017
Guide Methodes Geophysiques Detection Objets Sites Pollues 2017
METHODES
GEOPHYSIQUES
POUR LA DÉTECTION D’OBJETS
.
ARURAULT Béatrice GUTTON Benoit
BARON Jean-Pierre HALLOUIN Matthieu
BÉGASSAT Philippe HUZ François
BELBÈZE Stéphane JOUBERT Anaëlle
BLANCHET LECLAIRE Lucie
Alexandra BLONDEL LEPAGE Rémi
Amélie BORNE LUNEL Alexis
Viviane BRIAT MAGNIN Olivier
Stéphane MARGOT Didier
CAMERLYNCK Christian MIEHE Jean-Marc
CARLIER François-Étienne MOREY Jean-Jacques
CARRERAS Robert MUNSCHY Marc
CLÉMENT Gérald NAUDET Véronique
COTE Philippe NORGEOT Christophe
COUTAT Eddy PAGLIA Frédéric
DADOUN PALMA-LOPES
Gilbert Sergio
DARTIGUE-PEYRON Jean-Frédéric PAREILH-PEYROU Mathias
DEPOTTER Bruno PAYEN Sandrine
DEROBERT Xavier PÉTRONILLE Marie
DONDAINE Éric RENALIER Florence
DUBÉARNES Bruno RIVIÈRE Franck
ÉTAIX Geoffroy ROQUEPLAN Benjamin
FRAPPIN Pierre ROUSSEL Hélène
GARCIA Jérôme SCHMUTZ Myriam
GASTINE Matthieu SIRIEX Colette
GENELLE Fanny STREICHER Pierre
GERARDIN TUCKWELL George
Arnaud GOUEZ TURNER Paula
Jean-Marc WIRTZ Bruno
GOURRY Jean-
Christophe GRAVELAT
Serge GUÉRIN Roger
Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou
ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (art. L 122-4) et constitue une contrefaçon réprimée par
le Code pénal. Seules sont autorisées (art. 122-5) les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé de
copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées par le caractère
critique, pédagogique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des
dispositions des articles L 122-10 à L 122-12 du même Code, relatives à la reproduction par reprographie.
Étude réalisée par GOLLE Olivia, COTE Philippe, IFSTTAR pour ce projet
cofinancé par l'ADEME
ADEME
L’ADEME est un EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial), sous la tutelle
conjointe du ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer et du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui intervient dans le domaine des déchets, de
l’énergie, de l’air, du bruit et de l’économie circulaire et des sites et sols pollués. L’ADEME participe
du niveau national au niveau local à soutenir la recherche, informer et sensibiliser le grand public,
les milieux professionnels, les collectivités et les administrations. Elle exerce aussi un rôle de
conseil et d’expertise auprès des services de l’État et des acteurs socio-économiques. L’ADEME
soutient financièrement les projets innovants dans ses domaines de compétence.
Pour le domaine des sites et sols pollués, l’ADEME intervient comme maitre d’ouvrage sur les sites
industriels à responsable défaillant selon une procédure définie par le ministère de l'Environnement,
de l'Énergie et de la Mer et de l’Énergie. À ce titre, elle procède aux consultations d’entreprises pour
réaliser les opérations que lui confie le ministère par voie d’arrêté préfectoral. Ses missions
consistent à éliminer des déchets, réaliser des diagnostics environnementaux et réaliser des travaux
de dépollution.
L’ADEME recourt parfois à des investigations géophysiques pour rechercher des structures ou
objets enfouis : cuves, fûts, réseaux, munitions… Après avoir réalisé une journée technique en 2011,
il a semblé utile de produire un document pratique de présentation des méthodes utilisables pour
ces recherches. Le lecteur y trouvera les principes de chaque méthode, leurs modalités de mise en
œuvre, avec leurs limites, et la façon de préparer et suivre une opération de prospection
géophysique.
AGAP-Qualité
L’AGAP-Qualité (Association pour la Qualité en Géophysique Appliquée) a été créée en 1992 par
plusieurs acteurs importants de la géophysique française dans le but de promouvoir la qualité des
prestations de service en géophysique appliquée. Avec l’appui du ministère français de l’Industrie
d’alors (Département Qualité – Normalisation), qui recommandait dès 1989 de normaliser les
prestations géophysiques en conformité avec la norme ISO-9001, quatre sociétés fondatrices
(BRGM, CGG, CPGF, LCPC) ont œuvré durant deux ans pour analyser les quelques 75 techniques
géophysiques qui sont appliquées à l’hydrogéologie, aux mines, au génie civil ainsi qu’aux
problématiques environnementales. Les documents et tableaux d’adéquations résultants sont
regroupés au sein d’un Code de bonne pratique (1992) qui est encore considéré par les clients
français et par les sociétés de service comme un guide de référence pour la géophysique appliquée.
L’AGAP-Qualité regroupe à présent une cinquantaine de membres répartis en plusieurs collèges :
établissements clients ; sociétés de prestations géophysiques ; instituts – associations ;
fournisseurs de matériels. Pour se réclamer de cette association, les sociétés prestataires doivent
obtenir des agréments pour une ou plusieurs méthodes géophysiques auprès d’une commission
d’experts. L’AGAP-Qualité organise ou coorganise également régulièrement des conférences
scientifiques dans le but de réunir clients et prestataires autour de questionnements techniques ou
règlementaires.
La journée « Géophysique et Sites Pollués : à la recherche d’objet enfouis », coorganisée avec
l’ADEME, est à l’origine du présent guide.
Avertissement
Il est important d’attirer l’attention des lecteurs sur le fait que les résultats d’une prospection
géophysique correspondront à la mise en évidence d’un ensemble d’anomalies, mais ne donneront
pas la nature des objets responsables de ces anomalies. Une prospection géophysique doit donc
être obligatoirement suivie d’une campagne d’investigations (pelle mécanique, forages) pour
identifier les objets responsables des anomalies.
Les différentes données chiffrées sont citées à titre d’exemple et n’ont pas valeur de référence.
SOMMAIRE
Chapitre I : Introduction générale______________________________________________________________________7
Ce premier chapitre présente les objets que l’on cherche à mettre en évidence par des
méthodes géophysiques ainsi que des illustrations de résultats. Il s’agit ici d’un aperçu de ce que
sera une image géophysique au regard des objets que l’on veut détecter. Le but n’est donc pas de
pouvoir associer à chaque image des paramètres de mesure, mais simplement d’illustrer la signature
d’un objet enfoui imagé par la géophysique.
Le schéma conceptuel est le point de départ de la gestion d'un site pollué. Il vise à :
préciser les sources de pollution,
préciser les différents milieux de transfert,
identifier les enjeux à protéger (populations et voies d'exposition aux pollutions ainsi
que les ressources et les milieux naturels exposés).
La construction du schéma conceptuel repose sur l’inventaire le plus exhaustif possible
des sources de pollution, des voies de transfert et des cibles. Il s’agit, au départ, d’une
construction intellectuelle qui doit être confirmée ou pas par la réalisation du diagnostic du
site.
L'interprétation de l'état des milieux (IEM) s’intéresse aux impacts de l’activité en dehors du
site lui-même (par site, il faut comprendre l’emprise cadastrale de l’ancienne activité ou
l'emprise foncière comprise dans le périmètre d'une zone d'aménagement concerté (ZAC) ou
faisant l'objet d'un même permis d'aménagement ou d'un même permis de construire). Elle a
pour objectif de s'assurer que l'état des milieux est compatible avec les usages constatés
autour du site :
si l'IEM conclut à une compatibilité entre l'état des milieux et les usages constatés,
aucune mesure de gestion n'est nécessaire, et le schéma conceptuel n'est pas amené à
évoluer ;
si l’IEM conclut à une incompatibilité entre l'état des milieux et les usages constatés, la
mise en place d'un plan de gestion (ou des mesures de gestion) peut alors être
nécessaire pour rétablir cette compatibilité.
Le plan de gestion s’intéresse au site lui-même. Il permet de prévoir les actions à engager en
fonction des usages futurs envisagés et permet d'agir aussi bien sur l'état du site (par des
aménagements ou des mesures de dépollution) que sur les usages qui peuvent être choisis ou
adaptés. Dans le cadre d'un plan de gestion, le schéma conceptuel évolue d'une configuration
initiale (caractérisation de l'état du site avant le projet de réaménagement) vers la
représentation du projet dans sa configuration finale. Il va donc être amené à évoluer de
manière itérative à la suite d'interactions entre les différents projets de réhabilitation et les
résultats des diagnostics réalisés sur le site.
Pour que la géophysique soit efficace, il faut que les cibles aient des propriétés physico-
chimiques sensiblement différentes de celles du milieu environnant et que ces différences induisent
des variations mesurables des phénomènes physiques observés. L’amplitude des variations (et
donc la capacité de détection d’une cible par une technique géophysique) dépend de relations
complexes entre :
la taille (la taille minimale d’une cible doit être d’autant plus grande qu’elle est profonde),
la profondeur,
les contrastes de paramètres,
l’environnement (même avec un contraste important, il ne faut pas que les propriétés de
l’environnement masquent l’objet).
Même dans un contexte favorable, il n'existe pas de méthode géophysique qui permette la
détection d'une cible précise avec une certitude absolue : l'environnement autour de la cible a une
influence importante sur la capacité de discrimination.
L’expertise d'un professionnel est de toute façon indispensable pour plusieurs raisons.
La détection et la localisation précise d'un objet dépendent de la méthode géophysique et de la
méthodologie mise en place dans le cadre d'une campagne de prospection (choix du matériel
de mesure, implantation des mesures, expérience de l’équipe assortie d’une qualification).
Les méthodes géophysiques ne donnent pas une image directe de la cible. Le passage de la
répartition d’un paramètre physique mesuré à une image supposée de la réalité dépend de
procédés calculatoires complexes reposant sur des hypothèses fortes.
À un signal enregistré peuvent correspondre plusieurs configurations de la cible et de
l'environnement (taille, profondeur, composition...). Selon les hypothèses, les propriétés de
l’anomalie (localisation tridimensionnelle, caractéristiques géophysiques...) ne sont pas
uniques. Les géophysiciens parlent de non-unicité de la solution ou d’équivalences entres
modèles : différents modèles de terrain peuvent expliquer les mêmes mesures ; ces dernières
ne contiennent pas l’information suffisante pour déterminer un modèle unique.
La fiabilité des détections peut souvent être améliorée grâce à la mise en œuvre de plusieurs
techniques géophysiques complémentaires.
L’organisation, la préparation, la réalisation et l’interprétation exigent d’avoir une
connaissance précise de :
la topographie,
l'environnement (géologique, hydrogéologique),
des conditions météorologiques,
l'occupation des sols (présence de bâtiments, de prairies, de bois, d’environnements
perturbateurs…),
les caractéristiques supposées ou connues de la cible recherchée (taille, profondeur,
matériaux constitutifs…).
Les mesures doivent être impérativement raccordées à un système de coordonnées
géographiques national. Pour un grand nombre de mesures en profils, les appareillages de
mesures peuvent être couplés à des GPS. En règle générale, il est nécessaire d’étendre la zone
de mesure au-delà de l’implantation présumée des cibles, de manière à disposer de zones de
référence non perturbées.
Le contrôle de l'interprétation, quelle que soit la méthode utilisée, consiste à examiner les
hypothèses retenues à partir du modèle géo-environnemental et l'adéquation entre ce modèle
et l'interprétation proposée. C'est au superviseur de tester plusieurs solutions physiques et de
proposer la meilleure solution en tenant compte des étalonnages, de la géologie, de son
expérience et en combinant si besoin plusieurs méthodes géophysiques. Lorsqu’il y a
divergence entre les relevés de terrain (sondages, fosses, excavation…) et les résultats
obtenus après interprétation des données, il faut reprendre l’interprétation et l’adapter aux
nouvelles données délivrées par les relevés de terrain.
Le rapport final du prestataire géophysicien doit renseigner et justifier toutes les étapes de la
prestation : contexte ; adéquation de la ou des techniques aux besoins ; moyens mis en œuvre
; qualité des mesures ; traitements et interprétations géophysiques ; interprétations en termes
de besoin « client » (voir paragraphe 1.1.3.).
Méthodes Actives
Méthodes Paramètre physique Exemples de valeurs Paramètres
(unités) des paramètres environnementaux
Quelle que soit la méthode choisie, la mesure d’un paramètre physique est en général une
mesure ponctuelle. Pour passer d’une mesure ponctuelle à une représentation continue des données
(sous forme de carte ou de coupe), on utilise une interpolation (voir par exemple Fig. 2.6). Il faut donc
être prudent sur le niveau de détail proposé sur une carte ou un profil par rapport à la quantité de
points réellement mesurés. Dans la mesure du possible, le donneur d’ordre peut / doit exiger la
représentation de ces points sur les rendus client.
L’application et l’efficacité des méthodes géophysiques dépendent beaucoup de
l’environnement. Les résultats chiffrés qui apparaissent dans ce guide sont la plupart du temps
le résultat de publications scientifiques établies dans des conditions très particulières : ils sont
une valeur d’exemple et peuvent être utilisés à titre de comparaison, mais ne peuvent servir de
valeurs de référence pour tous les sites. À chaque fois qu’une donnée chiffrée sera proposée
dans l’ouvrage, un astérisque vous ramènera à cette page.
D’autre part, les illustrations fournies sont le résultat d’études dont la localisation géographique
ainsi que le commanditaire sont confidentiels, les références associées à ces études ne
concernent donc que les organismes ayant fourni les documents.
Les deux premières applications de cette liste restent délicates dans leur mise en œuvre et
relèvent encore du domaine de la recherche, les deux suivantes ont maintenant des méthodes
dédiées qui ont fait leurs preuves.
1.3.1 Réseaux (et conduites)
L’activité des sites industriels implique la présence de réseaux et de conduites (eau, électricité,
acheminement de produits) qui ont les caractéristiques suivantes :
objets allongés de diamètre variable : de 5 cm à plus d'un mètre ;
profondeur de 0,5 m à plusieurs mètres ;
composition variable (métallique, plastique (PVC, PEHD, PER…), béton…) ;
transport d’eau, de gaz, d’air, d’électricité, de produits industriels...
Il arrive que les plans de localisation de ces réseaux et conduites soient imprécis, incomplets,
voire faux. Les interventions à proximité des réseaux et conduites sont régulièrement à l’origine
d’endommagements qui ont de lourdes conséquences, tant sur la sécurité des travailleurs, des
riverains et des biens que sur l’environnement. La législation sur la localisation des réseaux en
service a changé en 2012, poussant la FNEDRE (Fédération Nationale des Entreprises de Détection
de Réseaux Enterrés) à éditer un guide technique pour la réalisation de travaux à proximité des
réseaux. Dans ce guide apparaissent certaines méthodes géophysiques (Fig. 1.1 par exemple) ainsi
que des méthodes propres à la détection de réseaux qui pourront s’avérer utiles sur les sites
pollués.
Figure 1.1 : Mise en évidence d'un objet conducteur linéaire (ici une conduite) sur une carte grâce à une méthode
électromagnétique basse fréquence (chapitre II – section 2-5). Document ADEME Nantes.
b)
RSK Geophysics
Figure 1.2 :
a) Mise en évidence de zones de circulation de fluides ou de corrosion active sur une carte de potentiels spontanés
(chapitre II – section 2-1).
b) Le radar géologique met en évidence la présence de citernes (UST = underground storage tanks) dont la profondeur
peut être estimée en coupe par le radar (chapitre II – section 2-3). La confirmation de la nature des objets (citernes) ne
peut se faire que par sondage destructif.
Les secteurs les plus touchés par la pollution pyrotechnique historique concernent aussi bien
le domaine civil que le domaine militaire. Il s’agit des zones de combat, des villes assiégées, des
zones minées, des zones sabotées, des zones bombardées et, enfin, de certains sites de fabrication
d’explosifs et d’engins pyrotechniques. Les secteurs impactés par la pollution pyrotechnique dite
« contemporaine » concernent principalement les camps militaires.
Les mines et les Restes d’Explosifs de Guerre (REG) présentent un risque d’accident
consécutif à un évènement pyrotechnique ou à une fuite de toxique de guerre qu’ils peuvent
contenir, en particulier lorsqu’ils sont mis au jour et manipulés. En outre, ils constituent une source
de pollution diffuse de composés toxiques dans l’environnement et leur existence induit de lourdes
contraintes lorsqu’il s’agit de procéder à la « Remise à disposition des terres ». (Lepage, 2013)
Les objets pyrotechniques ont des caractéristiques très variables (taille, profondeur,
composition…), et ce sont leurs parties métalliques qui permettent leur localisation (Fig. 1.4).
Figure 1.4 :
a) Carte d’anomalies magnétiques (Chapitre II – section 2-4). L’objet dont la signature magnétique est entourée
est celle d’un objet métallique qui peut ou non se révéler être une munition ;
b) Coupe radar (Chapitre II – section 2-3) permettant de confirmer la présence et la profondeur de l’objet
métallique. Seule l’extraction confirmera ou non qu’il s’agit d’une munition.
L’enfouissement de déchets sur les anciens sites industriels et les décharges sauvages sont
des situations rencontrées dans le domaine des sites pollués. Il est important de pouvoir les
localiser.
La géophysique peut être utilisée pour la recherche de l’extension de décharges à condition
que celles-ci génèrent un contraste suffisant par rapport à leur encaissant pour un paramètre
physique mesurable (Fig. 1.5, Fig. 1.6 et Fig. 1.7). On rappelle que la recherche et le suivi de
panaches de pollution issus de décharges ne fait pas l’objet du guide.
Figure 1.5 : Mise en évidence par
sismique réfraction d’une carrière comblée (Chapitre II – section 2-2). Sources : RSK
RSK Geophysics
Figure 1.6 : Délimitation en coupe d’une zone conductrice grâce à une méthode électrique (Chapitre II – section 2-1).
A : la décharge ; C : Terrain sain. Sources : RSK Geophysics.
RSK Geophysics
Références
RSK Geophysics, A reference for geophysical techniques and applications, www.environmental-
geophysics.co.uk
Lepage, R., Dépollution pyrotechnique au ministère de la Défense, Mémoire professionnel de
l’ENSCBP, Bordeaux, 2013.
Chapitre II : Méthodes géophysiques
Ce chapitre présente, dans un premier temps, les différentes méthodes utilisées pour la
recherche d’objets enfouis sur les sites pollués :
Électriques
Sismique réfraction
Électromagnétiques de hautes et de basses fréquences
Magnétique
Méthodes dédiées à la détection des réseaux
Chaque méthode contient une synthèse des différentes étapes de la prospection, depuis la
conception de la prestation jusqu’à l’interprétation en termes de problème posé par le client. Chaque
synthèse est celle qui est proposée par l’AGAP-Qualité dans son guide de bonne pratique.
Dans la mesure du possible, chaque méthode est illustrée par un exemple où la méthode s’est
avérée particulièrement efficace.
Enfin, ce chapitre évoque également des méthodes, à la frontière de la géophysique, qui sont
dédiées à la détection des réseaux et qui peuvent trouver une application sur les sites pollués. Il
s’agit d’une adaptation de ce qui est proposé dans le guide technique relatif aux travaux à proximité
des réseaux (Guide technique relatif aux travaux à proximité des réseaux, 2012).
2.1 Méthodes électriques
Les méthodes de prospection électrique ont connu leur essor en France à partir de 1912 grâce
à Conrad Schlumberger. « La méthode électrique fut d'abord appliquée aux deux domaines majeurs
de la prospection géophysique : l’exploration directe pour les gisements de minéraux souterrains
(en particulier les gisements métalliques) et l’exploration indirecte par l’étude des formes et la nature
des structures géologiques (dont l’exploration pétrolière) » (Grellier, 2005). La prospection électrique
intervient à partir de 1990 pour des problématiques environnementales.
2.1.1 Principe
La méthode électrique en courant continu mesure l’impact d’un massif de sol sur le passage
d’un courant électrique.
Méthodes actives
Deux paires d'électrodes sont plantées
dans le sol, le courant est injecté via une paire
(AB - Fig. 2.1) et on mesure une différence de
potentiel via l'autre paire (MN - Fig. 2.1). Il existe
deux principaux modes de mesure.
La différence de potentiel entre les deux
électrodes M et N permet de déterminer la
résistivité électrique apparente (paramètre
qui définit la capacité du sol à s'opposer
au passage du courant électrique). Il s’agit
de la méthode dite de résistivité électrique.
C’est la méthode électrique de loin la plus
courante.
Le deuxième mode consiste à mesurer
l'évolution de la réponse électrique au
cours du temps, après l'arrêt de l'injection
du courant dans le sol (phénomène de
décharge). C’est la méthode dite de la
polarisation provoquée temporelle.
Figure 2.1 : Schéma en coupe du principe de la
prospection électrique. La ligne horizontale noire
représente la surface du sol. (D'après Fauchard et
Mériaux, 2004).
Méthode passive
Pour cette méthode, il s’agit de mesurer dans le sous-sol des différences de potentiel résultant
de l'existence de courants électriques naturels générés par les circulations de fluides, par un
potentiel de corrosion, par l’activité bactérienne… Seules deux électrodes sont utilisées, et il n’y a
pas d’injection de courant préalable. C’est la méthode du potentiel spontané.
2.1.1.2 Paramètres mesurés
Résistivité apparente (en ohm.mètre)
La résistivité apparente est la résistivité déduite de la réponse électrique mesurée. La
résistivité réelle du terrain n'est égale à la résistivité mesurée que si celui-ci est parfaitement
homogène et isotrope dans tout le volume concerné par la mesure. Dans le cas de terrains
hétérogènes, la résistivité apparente intègre la résistivité réelle des différents terrains traversés par
le courant lors de la mesure. C'est une grandeur intégratrice. Plus le dispositif de mesure est étendu
en surface, plus la profondeur auscultée est grande. Suivant les besoins, différents protocoles
associant des variations de la taille des dispositifs ou/et le déplacement d’un dispositif de taille fixe
visent à mettre en évidence la répartition des résistivités dans la zone explorée. Comme on le verra
plus loin, on peut, dans certains cas, reconstruire la distribution de résistivité électrique « vraie » du
sous-sol à partir d’un jeu de résistivités apparentes mesurées en surface. Ce processus, appelé «
inversion », et résolu numériquement sur ordinateur, génère un (ou plusieurs) modèle(s) du milieu
compatible(s) avec les mesures réalisées en surface. Il existe souvent des « équivalences électriques
», c’est-à-dire des distributions de résistivité différentes compatibles avec le même jeu de mesures.
La confrontation de ces différents modèles aux autres connaissances sur le site (par exemple les
données géologiques ou le type de cible plausible) sera donc une phase importante de l’analyse.
La mesure de la résistivité apparente est la plus courante sur site pollué, car elle permet de
rendre compte de l’emplacement des conducteurs ponctuels enterrés de relativement grande taille
comme les fûts, les citernes métalliques... Cependant, elle ne permet pas forcément de faire la
différence entre la nappe phréatique et un milieu de conductivité approchante (contrairement à la
chargeabilité, voir paragraphe suivant). C’est une méthode assez facile à mettre en œuvre.
N.B. Les structures superficielles du sol ont un effet sur les mesures, car ces structures sont
plus sensibles aux variations hydriques du sol au cours du temps. La température a également un
effet sur la mesure de la résistivité. Ainsi, une augmentation de 1 °C génère une diminution de la
résistivité de 2 % environ. Dans le domaine des sites et sols pollués, les réactions chimiques sont
courantes et peuvent engendrer des variations de température significatives. En toute rigueur, les
interprétations doivent prendre en compte les effets thermiques.
Quelle que soit la méthode, la mesure requiert un levé des profils et des points de mesure (ou
des points de sondage – cf. § 2-1-4-2 Type d’acquisition) dans les systèmes de coordonnées
nationaux. Tous les évènements susceptibles de perturber la mesure doivent être notés et localisés
précisément sur une carte (ligne électrique, clôture…).
Il faut néanmoins garder en tête que plus la longueur totale du quadripôle augmente :
plus le signal mesuré est faible,
plus la profondeur d’investigation est grande,
plus la résolution diminue.
La mise en œuvre passe par plusieurs étapes résumées sur la figure 2.4. Les mesures
successives de résistivités apparentes (écartement croissant des électrodes) sont reportées sur un
diagramme bilogarithmique en fonction de la longueur AB du dispositif (ou de la demie longueur).
Cette représentation n’est pas exploitable en l’état. La deuxième étape consiste à résoudre un
problème inverse, en estimant un modèle de résistivités (1D) qui génèrerait dans les mêmes
conditions des résistivités apparentes calculées les plus proches possible de celles mesurées
(courbe noire sur la figure 2.4). Un des paramétrages de cette étape est la définition du nombre de
couches supposées, cette information « a priori » est très importante pour limiter la variabilité des
solutions possibles. On peut aussi, pour des terrains de deux ou trois couches au maximum, se
passer de cette étape numérique et identifier les propriétés des couches par comparaison des
mesures à des abaques (approche traditionnelle nécessitant une certaine expertise).
Figure 2.4 : Exemple de mesures et d’interprétation géophysique pour un sondage électrique. Les mesures (12
points) ont été obtenues grâce à un écartement croissant entre les électrodes avec un dispositif de type Wenner.
La courbe représente le modèle calculé qui se rapproche le plus des mesures (croix). Ce modèle sert ensuite de
base au calcul des épaisseurs et des résistivités électriques par résolution du problème inverse à partir de
l'hypothèse d'un milieu à trois couches. On obtient alors un modèle géo-environnemental du terrain (d’après
Guérin, 2004).
Traîné électrique (profil et carte)
Interprétation Géophysique
À chaque profondeur, la résistivité
apparente met en évidence une
séparation nette spatialement et en
profondeur entre des terrains isolant et
conducteur.
Interprétation Client
Proche de la surface, le terrain
conducteur est associé à de la terre
végétale rapportée alors que le terrain
isolant est une terre végétale initiale. À
23 cm de profondeur, il y a une
séparation nette entre des matériaux
argilo-graveleux (conducteurs) et des
Figure 2.6 : Cartes de résistivité apparente obtenues graviers (résistants). Enfin, à plus
sur un site expérimental de décharge avec différents grande profondeur (65 cm), le GSB
écartements inter-électrodes pour différentes apparaît à la place des graviers.
profondeurs d'investigation (d'après Genelle, 2012).
D’après Genelle, 2012.
Tomographie (ou imagerie)
En associant traîné et sondage électrique, et après inversion, on obtient une tomographie de
résistivité électrique et/ou de chargeabilité 2D ou 3D. En théorie, on réalise tout d’abord un premier
traîné électrique avec un espacement inter-électrodes choisi, puis on réitère l'opération sur le même
profil, en écartant les électrodes, de manière à échantillonner une plus grande profondeur, jusqu'à ce
que le quadripôle ABMN ait une longueur suffisante pour que la profondeur d’investigation englobe
celle du terrain à investiguer (Fig. 2.7). En pratique, on dispose un système multi-électrodes (96
électrodes ou plus). Le géophysicien prédéfinit une séquence d’acquisition, et c’est l’appareil de
mesure qui effectue toutes les combinaisons souhaitées de quatre électrodes.
L’objectif final est d’obtenir une répartition bidimensionnelle (coupe verticale) de la résistivité
électrique des terrains [ρ(x, z)].
La mise en œuvre passe par plusieurs étapes résumées et illustrées sur la figure 2.8. À chaque
quadripôle est associée une mesure de résistivité apparente. Par convention, on représente cette
résistivité apparente par un point au milieu du quadripôle en x (entre M et N sur la figure 2.7) et à un
emplacement en z qui est calculé en fonction de la longueur du quadripôle.
Après interpolation, cette représentation graphique (nommée « pseudo-section » des
résistivités apparentes) peut contribuer au diagnostic de la qualité des mesures, mais pas à
l’interprétation puisqu’il ne s’agit pas de résistivités réelles du terrain et que l’échelle verticale n’est
pas une profondeur réelle mais une pseudo-profondeur. Il n’y a pas de relation linéaire entre les
deux, mais lorsque l’une augmente, l’autre augmente aussi.
Par résolution du problème inverse (cf. 2-1-9 Modalité et contrôle de l’interprétation), le logiciel
calcule la répartition des résistivités dans le sol qui représente le mieux les données mesurées. On
obtient cette fois une tomographie de résistivité électrique (interprétation géophysique sur la figure
2.8). Dans cette représentation, il s’agit de profondeurs « réelles » estimées. Seuls un ou plusieurs
forages/sondages permettront de valider les profondeurs obtenues et d’attribuer les résistivités
estimées à la nature des terrains (et objets) rencontrés. Les résultats de l’inversion n’ont pas des
résolutions homogènes dans l’espace (à l’image de la taille des cellules de la tomographie de
résistivité de la figure 2.8). En effet, la résolution est meilleure en surface qu’en profondeur (la taille
des cellules augmente avec la profondeur). Ceci est lié au fait que la sensibilité des quadripôles
diminue intrinsèquement avec l’augmentation de leur longueur et donc de la profondeur investiguée.
Le superviseur géophysicien doit donc décrire et discuter la fiabilité des résultats de l’inversion
(analyse critique des résultats). La plupart du temps, la tomographie de résistivité est présentée
interpolée (représentation de l’interprétation sur la figure 2.8). Cette interpolation lisse les données,
génère des zones d’iso-résistivités, ce qui peut masquer les difficultés de résolution en base de la
tomographie (Fig. 2.9). Cependant, l’interpolation est utile à l’interpréteur, car elle permet de
retrouver un milieu continu. Il est donc recommandé de garder les deux représentations à l’esprit
(discrétisée / interpolée).
Figure 2.8 : Étapes d’obtention d’une tomographie de résistivité électrique.
Figure 2.9 : Exemple d'une tomographie des résistivités électriques sans interpolation et de la même tomographie des
résistivités électriques interpolée (Guérin, non publié).
Figure 2.10 : Anomalie de potentiel spontané générée par la présence d'une fuite de courant alternatif dans l'enveloppe
d'un pipeline métallique (d'après Naudet, 2004).
Interprétation Géophysique
Il apparaît clairement une anomalie négative de potentiel spontané, large de 50 m et de 360 mV
d’amplitude.
Interprétation Client
La présence d’une canalisation d'environ 10 cm de diamètre, à quelques mètres de profondeur
(environ 3 m), avec une direction nord-sud (croisée perpendiculairement par le profil) n'est pas la
source directe de l'anomalie de potentiel spontané (360 mV). Cette anomalie est générée par une
fuite de courant électrique alternatif envoyé dans l'enveloppe du pipeline pour éviter sa corrosion. La
perturbation du potentiel spontané sur 50 m est enregistrée bien au-delà de la taille de la canalisation.
D'après Naudet, 2004
* Voir l’information relative aux valeurs et notions issues de recherches scientifiques, page 12.
Carte du potentiel spontané (en
mV) obtenue à partir des profils
noirs correspondant aux 2800
mesures de potentiel
spontané. L'espacement des
électrodes est de 10 m dans
les deux premiers kilomètres
au nord, à partir de la décharge
(Entressen Landfill) et 20 m
partout ailleurs. Les flèches
correspondent au gradient
piézométrique déterminé par
interpolation d'environ 40
piézomètres disposés dans la
plaine alluviale. Pour diminuer
l'influence des hétérogénéités
locales, pour chaque station de
mesure, le signal PS a été
mesuré dans cinq trous répartis
sur un cercle d’un mètre de
diamètre. La mesure retenue
pour la station est la moyenne de
ces cinq mesures. Malgré tout,
on préconise au client de
demander le calcul de la
médiane plutôt que celui de la
moyenne, car elle est
beaucoup plus représentative.
Associé à la carte, un profil
nord-sud (AB) de potentiel
spontané.
Interprétation Géophysique
La carte de potentiel spontané
révèle deux anomalies pseudo-
concentriques de potentiel faible
localisées au sud et à l’est de la
décharge. Le profil de potentiel
spontané traversant l’anomalie la
Figure 2.11 : Carte et profil nord-sud du potentiel spontané de la plus au sud confirme une
décharge d'Entressen (d'après Naudet et al., 2003). anomalie de potentiel maximum
de ˗400 mV puis un retour
progressif à un potentiel
quasiment constant de 200 mV
dans la zone la plus au sud de la
décharge.
Interprétation Client
Sur la carte, comme sur le profil
de potentiel spontané, l’anomalie
négative de potentiel révèle la
présence d'une zone réduite,
d’un front d’oxydo-réduction
(retour progressif à des valeurs
normales). Ceci est l’expression
d’un panache de pollution.
2.1.5 Mesures préalables
La présence de forages et/ou d'affleurements de terrains peut orienter le choix des paramètres
(longueur et géométrie des configurations de mesure à utiliser). Des forages fournissent également
des aides à l'interprétation en permettant :
de déterminer les résistivités des différents terrains, qui faciliteront l'interprétation des
données acquises, sous réserve de l’homogénéité de la géologie ;
de déterminer les paramètres du modèle de base qui servira pour l'inversion des données de
tomographie et de sondage (cf. 2-1-8. Modalités et contrôle de l'interprétation).
Pour la mesure de la résistivité apparente, les électrodes métalliques sont reliées à un système
d'injection et de réception appelé résistivimètre (Fig. 2.12). Il permet d'effectuer un prétraitement en
vue de s'affranchir des perturbations telles que la polarisation des électrodes ou le potentiel
spontané du sol.
Pour la polarisation provoquée, le système d'injection du courant doit permettre l’alternance de
phases d’injection et d’interruption d’injection du courant pendant lesquelles on mesure les
différences de potentiel en fonction du temps. Pour compenser le fait que les signaux sont plus
faibles que pour les mesures de résistivité apparente, le générateur de courant doit ici être plus
puissant. De plus, les électrodes de mesure du potentiel doivent être généralement impolarisables,
pour éviter l’accumulation de charges à la surface de l’électrode métallique (ce qui génère un signal
parasite masquant le signal recherché).
Potentiel spontané
Le potentiel mesuré est associé à l’écoulement de fluides et à l'état d'oxydo-réduction du
milieu (Fig. 2.11). Sa grande difficulté d'interprétation réside dans l'individualisation des multiples
contributions et dans sa sensibilité au bruit. Il existe cependant une corrélation entre de faibles
valeurs de potentiel spontané et la limite de panache de contamination associé à une décharge. Les
anomalies de potentiel spontané peuvent également être différentes au sein des décharges en
fonction de la nature des déchets (Hämmann et al., 1997).
Dans le cas de recherche d’objets métalliques enfouis, et si la corrosion est active sur ceux-ci,
la méthode de potentiel spontané devrait théoriquement pouvoir les détecter, sous certaines
conditions (surface de corrosion suffisante, profondeur d’enfouissement limitée, absence d’autres
sources de signal…). Mais, à notre connaissance, cette application de la méthode n’a pas encore été
testée.
En termes de contrôle de l’interprétation, la règle reste la confrontation des résultats (inversés
ou non) à toute information disponible sur le site, ainsi qu’à des observations directes (sondages,
prélèvements, piézomètres, résurgences d’écoulements).
Figure 2.13 : Exemple d'une tomographie des résistivités électriques pour la recherche de lagunes de stockage de
résidus de raffinage : pseudo-section des résistivités apparentes mesurées, pseudo-section des résistivités apparentes
calculées à partir d'un modèle 2D de résistivités et tomographie de résistivité après inversion (en bas). D'après SAFEGE
pour URS corp.
Interprétation géophysique
Sur la tomographie de résistivité après inversion, l’interprétation fait apparaître un secteur conducteur
(10 ohm.m) entre 65 m et 110 m qui a l’air de se prolonger au-delà de 20 m de profondeur. Il est
encadré
par des terrains résistants à très résistants électriquement (de 40 à 120 ohm .m). D’autres tomographies de
résistivité ont montré qu’une zone conductrice pénètre le secteur résistant entre 30 et 60 m vers 12 m de
profondeur.
Interprétation Client
Le secteur central conducteur représente la lagune de stockage, entourée par des terrains sains (isolants)
dont la composition a été révélée par une étude de la pédologie locale (terre végétale puis remblais
jusqu’à 2,50 m, sable limono-argileux gris-verdâtre et humide de 2,50 à 4,0 m, craie altérée de 4,0 à 10 m,
craie blanche au-delà).
Figure 2.14 : Exemple d'une tomographie des résistivités électriques pour la recherche de fond d’une décharge. Cette
prospection est à associer à la prospection sismique présentée à la figure 2.17 qui concerne la même étude. D'après
SOLDATA Geophysic.
Avantages
Techniques de résistivité électrique
Très large gamme de variation de la résistivité sur au moins 12 ordres de grandeur (nature
géologique, état hydrique des sols, objets métalliques…), ce qui en fait une propriété physique
intéressante pour discriminer des matériaux entre eux (ou leurs variations spatiales et
temporelles).
Sensibilité à la nature et l’état d’un sol, en particulier son état hydrique.
Souplesse : grande adaptabilité des échelles, stratégies de mise en œuvre qualitatives ou
quantitatives suivant besoins, faible à haute résolution suivant besoin.
Rapidité (suivant les techniques d’acquisition).
Potentiel spontané
Une des seules méthodes géophysiques (avec les méthodes thermiques) directement
sensibles à des écoulements dans le sol
Méthode directement sensible aux potentiels d’oxydo-réduction (avantage si c’est l’objet de la
détection)
Inconvénients
Techniques de résistivité électrique
Nécessité d'un contact électrique de qualité avec le sol d'où certaines difficultés ou
impossibilités en milieu urbain ou industriel.
Pour la même raison, méthode plus longue à mettre en œuvre sur sols très secs (mauvais
contacts électriques, nécessité d'humidifier le terrain au contact avec les électrodes).
Pénétration beaucoup plus limitée dans les terrains argileux, surtout s'ils sont très humides.
Limites
Techniques de résistivité électrique et polarisation provoquée
Méthode inadaptée si revêtement de surface dur (dalle, enrobé, etc.) (NB : dans de tels cas, on
peut néanmoins utiliser des systèmes à électrodes capacitives, avec une perte en résolution et
une plus grande sensibilité au bruit).
Méthode difficilement utilisable en présence de dalle de béton armé enfouie ou à proximité de
structures métalliques linéaires non isolées. Les réseaux métalliques enterrés constituent des
perturbateurs pour l’utilisation des méthodes électriques, qu’ils soient perpendiculaires ou
parallèles au profil de mesure.
Selon les conditions climatiques, le comportement des terrains superficiels varie.
Sensibilité (profondeur de pénétration) dégradée dans certains contextes géologiques (ex :
couche conductrice sur couche plus résistive) pouvant de ce fait limiter la détection d’objets
enfouis.
Méthode difficilement utilisable sur une surface très asséchée.
Potentiel spontané
Interprétation très difficile en présence de plusieurs sources (ex : écoulements, corrosion et
gradients thermiques).
Potentiellement perturbé en milieu urbain ou industriel en activité.
Dans le cas d'un trainé de résistivité, le rendement dépend également de la longueur de la ligne
AB et du pas de mesure (MN). Dans le meilleur des cas, on retiendra les valeurs suivantes pour une
équipe composée d'un technicien supérieur et de deux techniciens :
AB = 10 m et MN = 2 m : 150 à 200 mesures par jour
AB = 100 m et MN = 20 m : 100 à 150 mesures par jour
Pour une tomographie, avec un dispositif muni de 96 électrodes, avec une équipe composée d'un
technicien supérieur et d'un technicien avec un système de mesure automatique, on pourra espérer
un rendement de :
4-5 tomographies de 110 m par jour
3-4 tomographies de 220 m par jour
L’interprétation nécessite environ 2 jours par jour de mesure.
Résistivité électrique
Interprétation géophysique
Individualiser les anomalies
Maillage de restitution, volume de données supprimées/moyennées, volume de données
modifiées par traitement, justification du type d’interpolation
Comparer les sondages et les profils ou les cartes entre eux
Confronter avec le contexte géologique et avec les résultats éventuels d'autres méthodes
→ Carte(s) ou profil(s) des équipotentielles
→ Modèle de distribution verticale de résistivité
Déterminer les paramètres pour l'inversion puis inversion
→ Résistivité mesurée, calculée et modèle de résistivité
Polarisation Provoquée
Potentiel Spontané
Interprétation géophysique
Maillage de restitution, volume de données supprimées/moyennées, volume de données
modifiées par traitement, justification du type d’interpolation
Individualiser les différentes unités
Rechercher des anomalies positives ou négatives
→ Carte des équipotentielles ou profil
2.2.1 Principe
Figure 2.15 : Schéma de principe de la propagation des ondes mécaniques. V1 et V2 (en m/s) sont respectivement les
vitesses du premier terrain et du terrain sous-jacent.
Les méthodes de reconnaissance sismique sont basées sur l'étude de la propagation des
ondes sismiques en profondeur. L’objectif est d’obtenir une répartition de la vitesse de propagation
des ondes (en mètre par seconde – cf. Tab.1.1) en fonction de la profondeur. Ces ondes sont
provoquées par un choc (ou ébranlement) appelé source.
À partir de cette source, les ondes se propagent selon un front sphérique. Certaines ondes
vont se propager directement vers les géophones ; ce sont les ondes directes (en vert sur la Figure
2.15). Les autres, lorsqu’elles rencontrent un contraste d'impédance mécanique (variation de vitesse
de propagation de l’onde et/ou de la densité des roches), vont, suivant leur angle d’incidence, voir
une partie de leur énergie se réfléchir (en noir sur la Figure 2.15), une autre partie se transmettre (en
pointillés noirs sur la Figure 2.15) et une partie se réfracter (en rouge sur la Figure 2.15). La condition
incontournable pour avoir une réfraction des ondes au contact de deux formations est d’avoir une
vitesse de propagation de la couche inférieure (V2) plus élevée que la vitesse du terrain supérieur
(V1). Il existe également des ondes dites de surface, mais leur utilisation dépasse le cadre de cet
ouvrage.
Ces ondes sont enregistrées par des géophones verticaux en surface (Fig. 2.15) qui
transforment les vibrations du sol en énergie électrique. Chaque géophone transmet le signal reçu à
un enregistreur via des conducteurs rassemblés dans une gaine appelée flûte sismique.
Généralement, seules les ondes de compression sont observées (Vitesses Vp), elles précèdent en
effet à la fois les ondes de cisaillement (Vs) et les ondes de surface. Il est toutefois envisageable pour
des cas très particuliers de chercher à déterminer la répartition des vitesses de cisaillement. Ceci
requiert l’utilisation de sources et de capteurs spécifiques et ne sera pas abordé ici.
b) Figure 2.16 : a) Sismogramme brut (image réelle et schéma
qualitatif).
c) b) Dromochronique (image réelle et schéma qualitatif).
Figure 2.17 : Répartition des vitesses sismiques imagée par tomographie sismique pour la délimitation d'une décharge
(dont la surface est matérialisée en gris). Les différentes délimitations (tirets) représentent différentes couches
successives décrites dans l'encadré. Résultats d'après SOLDATA Geophysic.
Cette prospection de sismique réfraction en mode « tomographie » a été complétée par une étude de
tomographie des résistivités électriques (Fig. 2.14).
Interprétation Géophysique
Une première unité superficielle de vitesses sismiques relativement faibles et hétérogène, entre 400 et
800 m/s selon les zones. La base de cette unité varie latéralement entre 3,50 m et 8 m de profondeur
(pointillés fins sur la figure).
Une deuxième unité qui montre des vitesses sismiques plus homogènes, comprises entre
750 et 1000 m/s. Sa base est localisée entre 8,5 et 12 m de profondeur (pointillés grossiers sur la
figure).
Une troisième unité présente au-delà de 8,5 à 12 m de profondeur, dont la vitesse sismique est
comprise entre 1000 et 1400 m/s (carrés sur la Figure 2.17).
La première couche de surface (délimitée par le trait d’alternance tiretés-pointillés) ne peut pas être
détectée par la sismique réfraction d’abord parce qu’il s’agit d'une couche plus « raide » (vitesses plus
rapide) et ensuite parce que son épaisseur de 1 à 2 m ne peut être échantillonnée par des géophones
espacés de 2,5 m. Les résultats de la tomographie des résistivités électriques ont permis d’imager cette
première couche.
Les limites latérales des différentes unités sont imagées uniquement par la tomographie des résistivités
électriques (Fig. 2.14)
Interprétation Client
La première unité superficielle (alternance tirets et points sur la Figure 2.17), révélée par la
tomographie des résistivités électriques (Fig. 2.14) mais invisible par tomographie des vitesses
sismiques est constituée de matériaux de couverture limoneux à graveleux d'après les résultats des
fouilles à la pelle mécanique.
La deuxième unité (points fins sur la Figure 2.17) avec des vitesses sismiques relativement faibles et
dont la base varie entre 3,5 m et 8 m de profondeur présente des vitesses sismiques hétérogènes le
long du profil. Pour les vitesses les plus lentes, il s'agit de déchets d'affinage avec des matériaux
pulvérulents en surface riches en crasses métalliques (vérification à la pelle mécanique). Les zones de
vitesses sismiques plus élevées correspondraient à des zones moins riches en crasses métalliques et
plus raides.
La troisième unité (carrés sur la Figure 2.17) avec des vitesses sismiques plus homogènes dont la
base est localisée vers 8,50 à 12 m correspond à des matériaux riches en crasses métalliques plus
compacts que ceux de l'unité de dessus.
La quatrième unité (troisième détectée par la sismique réfraction) présente au-delà de 8,50 m à 12 m
de profondeur correspond fort probablement aux formations limoneuses en place.
Les moyens humains pour une prospection sont un opérateur qualifié et un technicien (+
boutefeu si explosifs) ; pour l’interprétation, un géophysicien expérimenté.
Les moyens matériels doivent être détaillés : les appareils géophysiques (géophones, flûtes,
système d’acquisition…) ainsi que la source d'énergie doivent permettre d'obtenir des arrivées
d'ondes identifiables à toutes les distances du dispositif. La mesure des temps doit pouvoir se faire
à 0,1 milliseconde près.
Il faut vérifier dans un premier temps l'hypothèse d'un profil de vitesses croissantes avec la
profondeur (ce qui est souvent le cas, car la vitesse augmente avec la compaction). Si cette
hypothèse n'est pas vérifiée, la méthode n'est pas applicable, car il n'y aura aucune onde réfractée. Il
faut également s'assurer de la faible inclinaison des couches, ce qui peut être vérifié par un tir direct
et un tir inverse (voir Dispositif de la base sismique et nombre de tirs).
Figure 2.18 : Dispositif d'acquisition minimal. En rouge, les 5 tirs minimum pour une interprétation
simple à partir d'un hodochrone ou par la méthode du plus-minus et en bleu, les tirs
supplémentaires pour la résolution du problème inverse et la réalisation d'une tomographie des
vitesses sismiques (d'après Magnin et Bertrand, 2005).
Le dispositif comprend 24 géophones qui sont reliés à un enregistreur (Fig. 2.18). Quel que soit
le nombre de capteurs et le type d’interprétation choisi, l'AGAP-Qualité préconise 5 tirs au minimum
(2 en bout, 2 offset et 1 au centre – Fig. 2.18) :
Un tir au centre du dispositif (tir C) (dont les temps d’arrivée sont représentés en rouge sur la
Figure 2.15b)
Un tir à chaque extrémité du dispositif (tirs A et B) à 1 m du premier géophone
(respectivement courbes noire et bleue sur la Figure 2.16b)
Un tir à distance de chaque extrémité du dispositif appelé tir avec offset (tirs O et P) (cf.
Choix de la distance des tirs offset, voir plus bas)
Les tirs en O et A, sont appelés tirs directs et les tirs en B et P sont appelés tirs inverses. Ce
sont ces deux types de tirs (directs et inverses) qui permettront d'identifier le pendage des couches.
Le nombre de tirs utilisés pour obtenir la vitesse des ondes en fonction de la profondeur varie
selon le degré de complexité de l’interprétation :
Interprétation simple (analyse graphique de l’hodochrone) : seuls les tirs en bout et le tir au
centre sont utilisés
Interprétation plus complexe de type Plus-Minus : utilisation des 5 tirs (les tirs offset sont
indispensables).
Interprétation par tomographie des vitesses sismiques : utilisation des 5 tirs auxquels on
ajoute des tirs tous les 2-3 géophones ou entre chaque géophone.
Longueur du dispositif
La longueur du dispositif (distance entre les deux tirs en bout A et B sur la Figure. 2.18) dépend :
de la profondeur de la cible,
des contrastes de vitesses existants entre les différents réfracteurs sismiques (car la
distance critique à partir de laquelle la réfraction a lieu dépend de ce contraste de vitesses).
On retient en général : pour qu’une cible soit détectable, sa profondeur doit être inférieure au
sixième de la longueur du dispositif (120 m de dispositif pour une cible potentielle à 20 m de
profondeur par exemple).
L'onde réfractée au toit de la couche la plus profonde doit être enregistrée sur la moitié de la
longueur du dispositif (12 capteurs) pour les tirs en bout A et B. La longueur du dispositif doit donc
être choisie en conséquence. Le nombre de capteurs étant fixé, le paramètre sur lequel on agit pour
satisfaire cette condition est la distance entre les capteurs (on resserre quelques fois les capteurs
près des points de tir pour obtenir une meilleure précision sur les couches très superficielles).
La longueur (L en mètre) du dispositif, pour un milieu bicouche uniquement et à partir de la
profondeur estimée de la cible (z en mètre) et des vitesses V1 et V2 (en mètre par seconde) est : 𝑳 =
√(𝑽𝟐+𝑽𝟏)
𝟐×𝒛 .
√(𝑽𝟐−𝑽𝟏)
Relevé topographique
Un relevé de la position des dispositifs doit être systématiquement effectué afin de prendre en
compte la topographie dans l'interprétation finale et de pouvoir aisément situer les éventuelles
anomalies. Le nombre de points relevés dépend de la complexité de la topographie du site et de la
précision recherchée par le maître d'ouvrage et ils doivent être repérés dans un système de
coordonnées national.
Sources
La source doit être une source énergétique haute fréquence pour obtenir une bonne résolution
(les sources sismiques enterrées fournissent la meilleure résolution avec un signal moins bruité
mais elles nécessitent un temps d'investigation plus long). La qualité du signal dépend du choix de
la source. Cette source doit être choisie en fonction de la nature des terrains, de la profondeur
d’investigation et de l’environnement. Les terrains meubles et les déchets, en particulier, atténuent
plus fortement l'énergie que les milieux rocheux. La transmission d’énergie sismique est nettement
meilleure en zone saturée qu’en zone non saturée.
La chute de poids : la plus courante utilise une masse de 5 ou 8 kg et une plaque de couplage
; il existe aussi des dispositifs de chute de poids (60 à 200 kg) montés sur bâti comprenant
ou pas un dispositif complémentaire d’accélération (Tab. 2.1).
Le principe du fusil (shotgun, betsygun…). Il s'agit de faire rentrer le « canon » du fusil dans
le sol puis de générer une onde en utilisant une ou plusieurs cartouches à blanc. Assez
délicat à mettre en œuvre, il ne fonctionne bien que dans des terrains ayant une bonne
cohésion (terrains argileux de préférence).
L'explosif (source la plus énergétique). Des explosifs sont déposés au fond d'un forage, et
l'AGAP-Qualité conseille l'utilisation d'explosifs qui possèdent une vitesse de détonation
supérieure à 5 000 m/s. Les détonateurs utilisés doivent être instantanés ou à retard 0, l'idéal
étant d'utiliser des détonateurs dits « sismiques » qui garantissent un temps zéro presque
parfait. L'utilisation d'une boîte de tir déclenche l'enregistrement en même temps que le tir.
Pour garantir un temps zéro parfait, on utilisera un fil de rupture directement fixé sur le
détonateur et dont la rupture, au moment de l'explosion, déclenchera l'enregistrement. Dans
ce cas, tout détonateur peut convenir.
L'AGAP-Qualité recommande de limiter les tirs à la masse manuelle à des dispositifs
sismiques d'une longueur inférieure ou égale à 60 m. Au-delà, les tirs de masse accélérés
mécaniquement (ou les explosifs) sont de rigueur.
L'utilisation de la masse sur une décharge est déconseillée, car ce type de matériau absorbe
beaucoup l'énergie. L'idéal est d'utiliser des explosifs mais la présence fréquente de gaz l’interdit
(Charles Boulanger, Journée technique ADEME-AGAP 2011). En général, on utilise des tirs à l'explosif
à l'extérieur de la décharge et des tirs par chute de poids accélérée sur la décharge.
Tableau 2.1 : Puissance indicative des sources sismiques type chute de poids
(d'après Magnin et Bertrand, 2005).
Flûtes sismiques
L’AGAP-Qualité recommande l’utilisation de flûtes équipées de connexions étanches (risques
de fuites et de perturbations électriques par temps humide).
Enregistreurs
Les constructeurs diffusent des enregistreurs (Fig. 2.19) d’au moins 24 traces. L'AGAP-Qualité,
recommande un matériel avec les caractéristiques suivantes :
pas d'échantillonnage minimal de 0,1 milliseconde (un enregistrement toutes les 0,1 ms) ;
convertisseur analogique/numérique d'au moins 24 bits ;
déclenchement à partir d'un géophone, d'un signal TTL (signal numérique Transistor-to-
Transistor Logic), ainsi qu'à la fermeture et à l'ouverture d'un contact ;
filtres 50 Hz et 60 Hz à l'acquisition (filtrage des fréquences de lignes électriques) ;
possibilité de filtrage passe-haut, passe-bas et passe-bande à l'acquisition et à la
visualisation ;
possibilité d’additionner les tirs avec option de prévisualisation ;
sauvegarde des données sur disque dur en format SEG2 et support externe via USB ou réseau.
Inconvénients
Interdiction d'utilisation d'explosif comme source :
en présence de lignes EDF par risques de déclenchements intempestifs des
détonateurs soumis au champ électromagnétique créé par les lignes,
en présence d'équipements ou de réseaux enterrés,
sur une décharge, à cause de l'émission possible de gaz,
sur sites industriels à risques,
en milieu urbain ou à proximité de bâtiments (sauf autorisation explicite),
à proximité de canalisations enterrées de gaz ou hydrocarbures.
Déclenchements aléatoires de l'enregistreur par temps orageux ou en présence de relais
hertziens en raison des champs d’ondes électromagnétiques.
Méthode coûteuse.
Autorisations nécessaires pour le transport et l'usage d'explosifs.
Limites
Difficulté de mise en œuvre sur les sites trop bruyants (réseau routier...).
Par temps de pluie, les impacts des gouttes sont enregistrés par les géophones ; pour limiter
ces perturbations, on peut les enterrer. En cas de fortes précipitations les mesures doivent
être interrompues.
La vitesse des couches doit augmenter avec la profondeur.
La méthode est aveugle pour des couches trop minces (d'autant plus si le contraste des
vitesses est faible). Cela dépend de la longueur totale du dispositif et de la nature des terrains.
Il est très difficile d’établir une règle générale.
La détection de cuves ou de réseaux enfouis est impossible.
Pas de cartographie en détail des structures.
Traitement de données
Pointé des arrivées premières
→ Dromochroniques
→ Inversion
Interprétation géophysique
Détermination des vitesses sismiques et des épaisseurs de couche.
→ Coupe sismique intégrant la topographie et les horizons définis par leur épaisseur et leur
vitesse
→ Tomographie de vitesses sismiques
2.3.1 Principe
Chaque trace radar ou train d'ondes est marquée par une réflexion de surface qui se propage
directement entre l'antenne d'émission et celle de réception (onde directe 1 sur la Figure 2.20) et un
certain nombre d'ondes réfléchies d'amplitudes variables (échos 2, 3 et 4 sur la Figure 2.20). La
réflexion de surface génère une zone aveugle qui pourrait masquer d’éventuelles hétérogénéités
positionnées directement sous la surface.
L'amplitude des ondes réfléchies dépend :
de la profondeur de l'objet, car il y a une atténuation de l'onde au fur et à mesure qu'elle
traverse le milieu. Cette atténuation est fonction de la conductivité du milieu (σ, cf. Tab. 1.1),
du contraste électromagnétique de l'objet par rapport à son environnement,
de la taille et de la géométrie de l'objet,
du niveau de bruit dû à la nature des matériaux environnants (taille et géométrie des
granulats par exemple ou présence d’une nappe phréatique).
L'antenne n'émet pas dans une seule direction mais dans toutes les directions de l'espace
(lobe de rayonnement – Fig. 2.24), le dispositif détecte donc des objets qui ne se situent pas
uniquement à l'aplomb du dispositif (écho 2 – Fig. 2.20). Ces échos arrivent plus tard, car l'objet est
plus loin que s'il se situait à l'aplomb du dispositif. L'ensemble des réflexions correspondant à un
objet ponctuel se visualisent alors sous forme d'une hyperbole sur le radargramme (Fig. 2.20). Le
résultat est une image déformée de la réalité où la notion de profondeur n'existe pas encore. Pour
transformer le temps de trajet en profondeur et déterminer la profondeur des cibles détectées, il est
nécessaire de connaître la ou les vitesse(s) de propagation de l'onde dans le milieu. Il convient de
mettre en œuvre un traitement spécifique (migration) et/ou de disposer de points de calage en
profondeur pour arriver à l’estimation des profondeurs des cibles.
La méthode radar présente des limites physiques importantes : elle est très difficilement
utilisable, voire inutilisable en présence de sol argileux, de métal ou d'eau de mer. Tous ces éléments
conducteurs constituent un écran pour la détection d’objets plus profonds.
La détection des cibles dépend de leur matière. Leur facilité de détection décroît dans l’ordre
suivant :
objets purement métalliques,
objets de maçonnerie,
les PVC et autres plastiques (PE...) (très difficile si la tranchée autour n’est pas mise en
évidence ou si les tuyaux ne sont pas vides).
Plus une conduite (ou un réseau) est petite, plus elle devra se situer près de la surface pour
être détectée. Dans le cas des conduites non métalliques, c’est souvent la tranchée autour de la
canalisation ou le vide à l'intérieur que le radar détecte. De plus, la facilité de détection dépend de ce
que ces objets contiennent (eau, air, boue…) (Allred et al., 2004). La forme et l’orientation de l’objet
induisent des réflectivités variables par diffusion (sur surface convexe – surface supérieure d’une
canalisation) ou concentration des ondes réfléchies (sur une surface concave – surface inférieure
d’une canalisation). Dans des contextes particuliers, le radar permet de détecter des réseaux
métalliques de 20-32 mm de diamètre entre 0,6 et 1 m de profondeur avec une antenne de 800 à 900
MHz, dans un terrain adéquat (peu argileux).*
* Voir l’information relative aux valeurs et notions issues de recherches scientifiques page 14
Décharges
Interprétation Géophysique
Les deux profils radar font
Ginger CEBTP apparaître des hyperboles marquant
la position d’objets individuels
relativement petits à des
profondeurs quasiment identiques
sur les deux profils.
Interprétation Client
Le fait que ces objets soient situés à
des profondeurs similaires sur des
profils espacés d’1 m montre des
objets linéaires qui peuvent
s’apparenter à des réseaux.
Figure 2.21 : Détection de réseau par prospection radar. Les résultats (position et profondeur) sont rassemblés
dans le tableau. D'après Ginger CEBTP.
Figure 2.22 : Prospection conjointe : carte du gradient magnétique vertical (voire section 2-4) associée
localement à des profils radar. Seule l’excavation à la pelle mécanique confirmera l’identification d’un fût
métallique.
Campagne géophysique avec cartographie du gradient magnétique vertical (voir Fig. 2.29,
section 2-4) et profils radar de quelques mètres sur les anomalies du gradient magnétique les plus
importantes. Le matériel utilisé est une antenne de fréquence 250 MHz. L’échantillonnage en
distance a été fixé à 50 traces/mètre.
Interprétation Géophysique
La carte du gradient magnétique vertical révèle certaines anomalies magnétiques représentées
par des valeurs de gradient élevé (de 600 à plus de 900 nT/m). Certaines de ces anomalies ont
fait l’objet d’une prospection approfondie avec un géoradar et ont confirmé la présence d’un objet
enfoui marqué par une hyperbole dont la profondeur peut être estimée.
Interprétation Client
La prospection radar permet d’estimer la profondeur de l’objet détecté proche de la surface.
L’intensité de la réflexion électromagnétique laisse présager un objet sans doute métallique.
L’excavation à la pelle mécanique révèlera la présence d’un fût métallique à 1,5 m de profondeur.
D'après l’ADEME.
2.3.3 Informations préalables nécessaires
Les informations nécessaires à la réalisation d’une prospection par radar géologiques sont :
L’objectif de l'étude
Les caractéristiques de(s) la cible(s) : nature(s), taille(s), forme(s), profondeur(s) supposée(s)
et précision avec laquelle elle doit être imagée.
Dans le contexte des sites pollués, les antennes choisies devront être blindées pour éviter des
réceptions parasites aériennes (arbres, lignes HT...). On peut les classer en fonction de leur
fréquence centrale qui conditionne les profondeurs de pénétration du signal.
Les antennes basses fréquences (inférieures à 200 MHz), pouvant dépasser 6 m de profondeur
; elles sont adaptées aux applications géologiques.
La profondeur de pénétration du signal avec des antennes de fréquences intermédiaires (entre
250 et 900 MHz) se situe entre 1 et 5 m de profondeur. Par exemple, pour des fréquences de
400- 500 MHz, les profondeurs de pénétration sont de 2-3 mètres, ce qui permet la détection de
canalisations enterrées.
Les antennes ayant des fréquences comprises entre 900 MHz et 1 GHz sont adaptées à
l’auscultation du premier mètre de profondeur.
Les antennes hautes fréquences (entre 1 et 2,5 GHz) pour de faibles profondeurs (jusqu'à 0,5
m), sont adaptées à l'auscultation des structures de génie civil, par exemple la détection des
armatures aciers dans le béton.
Le choix de l'antenne associée à une fréquence centrale ainsi qu'à une largeur de bande est
donc un compromis entre la résolution et la profondeur d'auscultation. Il est important de noter que
la profondeur d’investigation, la résolution et le pouvoir de détection dépendent également fortement
du milieu traversé.
Le nombre de traces enregistrées par mètre (vitesse d'acquisition spatiale) doit être suffisant
pour permettre la détection de l'objet le plus petit recherché au moins dix fois au cours du
déplacement des antennes (Fig. 2.25). Pour de petites cibles, on conseille 10 traces par mètre.
Figure 2.26 : Schéma de principe de l'effet de la forme du gain sur les amplitudes d'une trace radar. Une courbe de
gain exponentielle (au centre) ou linéaire (à droite) permet de mettre en évidence des réflexions réelles difficiles à voir
sur la trace originale (gauche). Document IFSTTAR.
Une augmentation du gain permettant de rehausser les signaux en amplifiant les réflexions
masquées par l’atténuation ou par des effets latéraux.
Une correction d'altimétrie (ou correction statique) pour compenser les variations d’altitude le
long des profils.
Un filtrage horizontal qui consiste à faire la moyenne d'un certain nombre de traces autour
d'une seule afin d'éliminer tous les échos qui sont accidentels (traitement indispensable pour
la détection d’objet ponctuel mais à proscrire dans le recherche d’une interface continue).
Les trois traitements précédents sont indispensables. Les deux suivants sont des traitements
supplémentaires qui ne s’envisagent que dans des cas très spécifiques (interprétations 3D, mesures
de pendages…).
Une migration qui permet de restituer les réflecteurs dans leur forme et leur position réelles en
rétablissant notamment les pendages tels qu'ils sont dans la réalité (Grandjean et al., 1997). La
migration fait appel à des algorithmes plus ou moins complexes et nécessite de connaître la
répartition des vitesses de propagation dans le milieu.
Une déconvolution pour contracter l'impulsion électromagnétique dans le temps et augmenter
la résolution verticale (Mari et al., 1998).
Il faut bien garder en tête que tous les traitements effectués sur les données doivent être justifiés
au regard des cibles. Ces traitements générant une perte d’information, il faudra veiller à préserver
les fichiers bruts.
Inconvénients et limites
La profondeur de propagation des ondes est limitée dans des milieux conducteurs dont les
terrains argileux (cas d'un conducteur métallique ou de l'eau de mer également).
La proximité d’antennes radio sature le récepteur.
La réception est perturbée en milieu confiné (tunnel) contenant des objets métalliques
(générateurs de réverbérations).
Par temps de pluie, sur des goudrons récents ou sur des chaussées salées après et pendant
l’hiver, l'augmentation de la conductivité des terrains diminue la profondeur de pénétration des
ondes.
La surface doit être régulière (sans pierre ou nids de poule), car la mise en œuvre se fait en
traînant les antennes sur le sol.
Mesure et/ou essai y compris restitution des données (acquisition des données)
S'assurer de l'adéquation des paramètres de mesure au problème posé.
Réaliser un repérage précis des profils.
Contrôle graphique des enregistrements
→ Plan d'implantation des profils
→ 1 exemple de profil brut
Interprétation géophysique
Identification des réflecteurs.
→ Sections ou plans interprétés
Références
BRGM, CGG, CPGF, LCPC, Géophysique appliquée : code de bonne pratique, 1992.
Grandjean G., Bitri A. et Gourry J.-C., Apport de la modélisation dans la caractérisation des
hétérogénéités urbaines par radar géologique, Rapport BRGM R 39690, 1997.
Leparoux, D., manuscrit de thèse, Mise au point de méthodes radar pour l'auscultation structurale et
texturale de milieux géologiques très hétérogènes, Université Rennes 1, 1997.
Mari J.-L., Arens G., Chapellier D. et Gaudiani P., Géophysique de gisement et de génie civil, Édition
Technip, Paris, 1998.
Orlando L., et Marchesi, E., Georadar as a tool to identify and characterise solid waste dump deposits,
Journal of Applied Geophysics, 48, 163–174, 2004.
Porsani, J. L., Slob, E., Lima, R. S. and Leite, D. N., Comparing detection and location performance of
perpendicular and parallel broadside GPR antenna orientations, Journal of Applied Geophysics, 70,
1– 8, 2010.
2.4 Méthode magnétique
« L'utilisation à grande échelle de mesures du champ magnétique pour des investigations
géologiques apparaît réellement vers 1915 et le domaine d'exploration est historiquement
essentiellement minier. Depuis, les observations magnétiques se succèdent, non seulement pour la
recherche de filons, mais aussi pour la recherche de massifs enterrés, de failles, la localisation des
intrusions de roches volcaniques, de dômes de sel associés aux nappes pétrolifères, de débris
météoritiques et d'objets magnétiques enfouis, comme les conduites. » (Parasnis, 1979, Nabighian et
al, 2005)
Plus récemment, la prospection magnétique trouve une application importante dans le
domaine de l'archéologie ainsi que dans la détection d'objets pyrotechniques.
2.4.1 Principe
Figure 2.28 : Exemple d'anomalie du champ magnétique (le long d'un profil et en carte) générée par un obus dans le
sol. Document SITA Remediation.
Le champ magnétique est un vecteur, caractérisé par une direction et une norme. En
prospection, on ne mesure pas généralement la direction avec précision : la prospection magnétique
classique est une méthode passive qui consiste donc à mesurer l’intensité d’un champ magnétique
(norme du vecteur champ magnétique) à la surface du sol à l’aide d’un magnétomètre. Cette intensité
dépend de la nature de l’objet (les métaux ferromagnétiques produisent une anomalie magnétique
suffisamment intense pour qu’elle puisse être détectée) et de la distance entre l’objet et le
magnétomètre (plus on s’en éloigne, plus l’intensité du champ magnétique de l’anomalie associée à
l’objet diminue).
Il y a trois façons de mesurer le champ magnétique :
la mesure absolue de l'intensité du champ magnétique (en nT - nanotesla) influencée par les
variations temporelles et spatiales du champ magnétique terrestre ;
la mesure relative du gradient magnétique vertical ou horizontal (en nT/m – nanotesla par
mètre) (différence des mesures prises par deux capteurs divisée par la distance entre les
capteurs). C’est la plus utilisée actuellement, car elle est très simple de mise en œuvre mais
plus imprécise et plus difficile d’interprétation que la mesure du champ total.
La mesure du champ magnétique total (vecteur) qui permet d'avoir accès à la caractérisation
complète du champ magnétique (intensité et directions). Cependant, ces mesures vectorielles
ne sont pas orientées suffisamment précisément par rapport au terrain, et seule la norme du
vecteur champ magnétique – intensité du champ – est utilisée. Ces mesures restent rares mais
sont en plein développement. Elles sont plus délicates, car elles requièrent des traitements
complexes.
Interprétation Géophysique
La prospection magnétique met en évidence des zones de fortes anomalies magnétiques. Seule une modélisation numérique aurait
Interprétation Client
L’étendue de ces anomalies peut faire référence à un ensemble d’objets enterrés en surface ou à un objet individuel plus profond. I
b) Cartographie du gradient magnétique vertical avec une redéfinition de l'échelle de couleur pour mettre en
2.4.3 Informations préalables nécessaires
Dans tous les cas, le prestataire doit établir et justifier son protocole de mesure en fonction
des cibles à rechercher. Il peut être nécessaire de retirer au préalable les structures qui pourraient
perturber les mesures.
La détectabilité d’une cible dépend de la combinaison de différents paramètres (Breiner, 1999) :
la taille de la cible ;
la distance entre le magnétomètre et l'objet (Tab. 2.3) (la détectabilité varie de façon
inversement proportionnelle avec le cube de la distance). L'aimantation doit être d'autant plus
importante que la cible est profonde ;
plus la cible est profonde, plus son anomalie est étalée en surface ;
l’aimantation induite ou rémanente des cibles doit être beaucoup plus élevée que celles des
éléments magnétiques de l’encaissant lui-même, du bruit magnétique ambiant lié aux
formations géologiques ou aux constructions (lignes de courants électriques, routes,
bâtiments…) ;
la sensibilité du magnétomètre (cf. 2-4-5 Choix du matériel). Par exemple, pour un
magnétomètre d'une sensibilité de 0,25 nT et un bruit ambiant de 0,5 nT, la cible doit générer
une anomalie d'au moins 1 nT pour être identifiée.
La mesure du champ magnétique est sensible aux plus petites perturbations liées à la présence
de débris métalliques dans le sol qui peuvent masquer un objet plus profond. Une première
prospection magnétique et une analyse (2-4-8 Modalités de l’interprétation) avec un seuil d’analyse
bas (échelle de ˗50 à 50 nT) permettra d'évaluer le taux de saturation du sol en objets métalliques.
Ensuite, il peut être nécessaire de nettoyer le terrain de ces « bruits parasites » avant de reprendre la
prospection. Par ailleurs, après extraction d’une cible, une nouvelle mesure est nécessaire afin de
vérifier qu’aucune autre anomalie liée à un objet plus profond n’existe.
Magnétomètre à vanne de flux (fluxgate) (vectoriel – mesures relatives). Il est constitué d'un
matériau magnétique entouré de deux bobines. La première injecte un courant électrique et la
deuxième enregistre le courant sortant. Entre ces deux bobines, le courant électrique qui
passe dans le matériau est perturbé par le champ magnétique ambiant que l'on peut alors
caractériser. C'est le seul magnétomètre permettant de mesurer les trois composantes du
champ magnétique (si sonde trois composantes) et ainsi avoir accès au champ total. Deux
sondes sur un axe
vertical permettent de mesurer le gradient vertical. La sensibilité est d'environ 1 nT et la
cadence de mesure peut être très rapide (certains ont des cadences de 80 Hz).
Magnétomètre à pompage optique (scalaire – mesures absolues). Il mesure l'énergie résultant
du passage des électrons d'un niveau d'énergie à un autre (souvent d'un atome de Césium).
Ces changements d'énergie s'effectuent à une fréquence (la fréquence propre) qui est
proportionnelle à la valeur du champ magnétique ambiant. La sensibilité varie selon l'atome
utilisé entre 0,1 et 1 nT et la cadence de mesure se situe aux alentours de 10 à 20 Hz.
Figure 2.30 : à gauche, dispositif 3 sondes ; à droite, dispositif 5 sondes. Chaque « sonde » (ici gradiomètre vertical)
comporte deux capteurs magnétiques (fluxgate 1D).
Il est important de reporter tout ce qui pourrait avoir une influence sur les mesures ou
l'interprétation des données (présence d'une hétérogénéité topographique qui pourrait contenir des
éléments perturbateurs, d'un engin de chantier, passage à proximité d'une route…). Même si la
surveillance et la validation de la qualité des mesures s’effectuent en temps réel, il est indispensable
de reporter les mesures sur une carte chaque demi-journée pour valider les données dans leur
globalité.
2.4.7 Traitements et modalités de traitement des données
Le signal magnétique enregistré nécessite des traitements ou corrections qui sont liés :
au champ magnétique régional (champ magnétique de la Terre) que l'on connaît relativement
bien et que l'on soustrait au champ magnétique mesuré ;
aux variations naturelles du champ magnétique terrestre (dont il est possible de s'affranchir en
enregistrant le gradient magnétique vertical plutôt que le champ magnétique total).
En plus, pour les magnétomètres relatifs, il est nécessaire de prendre en compte et de corriger :
les dérives naturelles de l'appareil de mesure dont les corrections sont en général
automatiques (correction de la dépendance en température, correction de la dérive magnétique
de l'appareil).
En gradiométrie, la simple visualisation des mesures différentielles cartées peut être associée
à quelques traitements et filtrages pour en faciliter la lecture. Le seuil d’analyse de la carte (l’échelle
d’intensité du champ magnétique) est très important pour faciliter l'interprétation. En commençant
par une gamme comprise entre par exemple -30 et +30 nT (pas au-dessus de 50 nT pour des objets
de type pyrotechnique), on obtient une bonne idée du taux d'objets magnétiques contenus dans le
terrain, susceptibles de former une « zone saturée » qui pourrait être un masque à la détection
d’objets plus profonds. La représentation des faibles valeurs d’intensité du champ magnétique
permet également de faire ressortir de plus gros objets en profondeur dont la signature est très
faible (Fig. 2.31). Il est recommandé de réaliser plusieurs cartes pour différentes gammes, de façon à
individualiser les différents types d’anomalies
Figure 2.31 : Cartographie magnétique : effet
d'une modification de l'échelle de sensibilité
d'une carte d'anomalie magnétique sur la
détection d'une anomalie. D'après SITA
Il est important de garder à l'esprit qu’il peut y avoir un autre objet sous un élément détecté et
excavé. Il convient de faire un contrôle après chaque excavation d’objet, particulièrement en cas de
risque pyrotechnique.
* Voir l’information relative aux valeurs et notions issues de recherches scientifiques page 14
Figure 2.32 : Exemple de signatures magnétiques :
a) d'un réseau ou d'un alignement de poteau d'une clôture ou de fondations de mur en briques (gallo-romain à
industriel) ou d’un drain agricole contemporain en brique. Si c’est réellement un objet métallique, la variation à
˗30/30 nT ou ˗50/50 nT le révèlera ;
Sur certaines images, la signature magnétique dipolaire d'un objet potentiellement pyrotechnique (qui a finalement été
mis à jour à la pelle) est indiquée.
Interprétation Géophysique
L’anomalie magnétique met en
évidence un objet métallique.
Interprétation Client
Au départ, Pyrotechnis avait mis
à jour un bout de ferraille à 80
cm de profondeur. Une nouvelle
prospection après extraction du
bout de ferraille a permis de
mettre en évidence une nouvelle
anomalie qui s'avèrera être une
bombe non explosée de 227 kg
entre 3,5 et 4,5 mètre de
profondeur dont la signature
avait été à l'origine masquée
par un bout de ferraille.
Figure 2.33 : Exemple de carte d'anomalie magnétique (document Pyrotechnis).
La mise à jour à la pelle mécanique a révélé la présence d'une bombe d'aviation D'après Pyrotechnis.
lourde de 500 Lb (227 kg) entre 3,50 et 4,50 m de profondeur.
Figure 2.34 : Anomalies et interprétations pour deux corps différents d'anomalies très proches. Documents SITA
Remediation.
Limites
L'oxydation des objets ferromagnétiques peut parfois réduire la possibilité de les détecter, car
ils perdent leur caractère magnétique.
Les solutions ne sont pas uniques et il est difficile de faire la différence entre tous les objets
que l’on peut retrouver sur un site pollué (obus, fût, carcasses de voitures, réfrigérateur,
plaque d’égout…) à partir de leurs seules signatures magnétiques.
Inconvénients
La mesure du gradient magnétique est moins précise que la mesure du champ magnétique total.
La mesure du champ magnétique total est plus couteuse, car elle nécessite plus de traitements
complexes avant interprétation (mais plus riche d’information).
Le magnétomètre est très sensible à l'environnement (lignes électriques, clôtures, chemin de
fer, véhicules, terrains magnétiquement saturés) et aux variations temporelles du champ
magnétique naturel (en champ total) (Tab. 2.2).*
* Voir l’information relative aux valeurs et notions issues de recherches scientifiques page 14
La prospection devra être suspendue en champ total lorsque les variations temporelles seront
trop brutales (1 nT/1 min, 10 nT/10 min, 100 nT/100 min) surtout dans le cas de l’étude
d’anomalies magnétiques de faible amplitude.
Tableau 2.2 : Amplitudes maximales d’anomalies typiques crées par des objets perturbateurs en fonction de leur
distance par rapport à l’instrument de mesure avec un bruit magnétique très faible et un magnétomètre
suffisamment précis. Traduit d’après Breiner, 1999.
Ces valeurs peuvent varier d’un facteur 10 en fonction de la taille de l’objet, de sa composition, de son orientation, de
la position du magnétomètre et du champ ambiant.
Traitement de données
Cartes ou profils magnétiques pour différentes fourchettes de variation du champ magnétique.
Interprétation géophysique
Calcul de l'anomalie résiduelle.
Pointage des anomalies révélées.
Inversion
→Cartes ou profils interprétés
→ Résultat des modélisations
La méthode T.D.E.M. est très anecdotique dans le domaine des sites et sols pollués et relève
pour l’instant du domaine de la recherche pour ces applications. Les méthodes associées à un
champ lointain ont surtout des applications profondes. La seule méthode classiquement utilisée
dans le cadre des sites et sols pollués est la méthode Slingram en champ proche.
Méthode Slingram
Les sources proches émettent dans une gamme de fréquences allant de quelques hertz à 10 kHz.
Les mesures se font point par point (avec couplage GPS). Le récepteur mesure le champ
secondaire qui comprend une composante en phase avec le champ primaire et une composante en
opposition de phase. Ces deux composantes apportent des informations différentes et
complémentaires :
la composante en phase avec le champ primaire donne l’information de la susceptibilité
magnétique ; elle est donc sensible aux objets métalliques enterrés, donc très utile pour la
détection de fûts ou de citernes enterrés ;
la composante en quadrature (à 90° du champ primaire) donne accès à la conductivité (en
millisiemens par mètre : mS/m) ou à la résistivité (en ohm mètre – Ω.m).
La conductivité apparente est une grandeur intégrante : la valeur de conductivité apparente
comprend les variations de conductivité d'un volume et intègre la géométrie du dispositif de mesure.
Il existe des diagrammes de sensibilité qui permettent de pondérer la contribution de ces
conductivités. Cette conductivité n'est pas la conductivité vraie des terrains ; son interprétation ne
peut donc être que qualitative.
La profondeur accessible dépend de la fréquence émise, des appareils de mesures (et de leur
configuration) et de la conductivité des terrains. Plus la fréquence augmente, plus la profondeur de
pénétration diminue. Plus la conductivité des terrains augmente, plus la profondeur d’investigation
diminue. Pour interpréter les mesures en termes de conductivités, la distance inter-bobine doit être
nettement inférieure à la « profondeur de peau » (profondeur de pénétration de l’onde
électromagnétique) qui augmente avec la conductivité et qui diminue avec la fréquence. Les
constructeurs adoptent donc des couples fréquence – distance inter-bobines qui satisfont cette
condition pour les conductivités usuelles.
La capacité de détection en profondeur varie aussi en fonction de l’orientation des bobines.
Elle est superficielle avec les bobines verticales (dipôle horizontal) et plus profonde avec les bobines
horizontales (dipôle vertical).
Interprétation Géophysique
Les mesures électromagnétiques impliquant des profondeurs jusqu’à 7,5 m montrent une structure centrale homogène très condu
À plus grande profondeur, cette structure homogène laisse place à une structure hétérogène en conductivité. Cette structure est en
Interprétation Client
L’anomalie homogène mise en évidence par les mesures électromagnétiques peut correspondre à une lagune remblayée dans les p
Figure 2.36 : Cartes de conductivité réalisées pour la mise en évidence à différentes profondeurs de lagunes de
stockage. Safege Ingénieurs Conseils
Figure 2.37 : Carte de résistivité (en haut) et de phase (en bas) pour une tranche de profondeur entre 0 et 3 m (maximum)
et permettant de mettre en évidence des structures enterrées résistantes ou conductrices comme des réseaux par
exemple. Documents Ginger CEBTP.
Les points de mesures ont été acquis sur deux zones d’études de dimensions respectives 200 × 50 m et
100 × 50 m, avec une maille de 2 × 1 m. Pour chaque point de mesure, il a été relevé la valeur de la
résistivité caractérisant la tranche 0/3 m. Une mesure dite de « phase » caractérisant les variations de la
composante magnétique du champ induit sur la tranche 0/3 m a également été relevée. L'ensemble de ces
points ont été interpolés.
Les coordonnées GPS dans le système de quadrillage métrique selon les coordonnées Mercator
Transverse Universel (UTM) fuseau 31 ont été rapportées au système géodésique mondial WGS84.
Interprétation Géophysique
Les mesures de résistivité (carte du haut) montrent des structures linéaires et fines (bleues et pointillés)
ainsi que des structures plus massives (bleues et damier) localisées à l’ouest ayant des résistivités
faibles. Il existe également des structures massives avec des résistivités élevées (rouges et hachuré).
Ces structures sont situées dans des terrains de résistivité moyenne (verts).
Les mesures de phase (carte du bas) révèlent des zones de phase élevée en corrélation avec les zones
de forte résistivité.
Interprétation Client
Les valeurs de résistivité élevées révèlent la présence d'anomalies attribuées à des structures enterrées
électriquement résistantes (type béton). Les zones de résistivités faibles sont attribuées à des zones
métalliques conductrices, souvent associées à une composante en phase élevée. Certaines de ces zones
ont été identifiées comme des réseaux (structures linéaires conductrices).
Différents fournisseurs d’appareils sont présents sur le marché.
Ces appareils sont généralement constitués de deux bobines séparées par une distance fixe
dans le cas d’ensemble monobloc. La fréquence d’émission est adaptée à cet écartement. Deux
gammes de profondeurs sont accessibles suivant l’orientation choisie des bobines. Il existe aussi
des appareils comportant deux bobines orthogonales à chaque extrémité. Les deux gammes de
profondeurs sont donc ainsi accessibles plus aisément.
Pour des écartements importants, et donc des profondeurs d’auscultation plus grandes, les
bobines ne sont pas liées rigidement, Quelques interdistances sont prédéfinies et associées à des
fréquences adaptées et donc à des gammes de profondeurs. Ceci, combiné avec les variations de
profondeur d’auscultation liées à l’orientation des bobines, permet d’obtenir des informations assez
contraintes sur l’évolution des conductivités avec la profondeur.
L’acquisition se fait point par point suivant des profils. Il n'y a pas de perte de précision avec
l'orientation de l'instrument. La hauteur de mesure par rapport au sol est importante et doit rester
constante au cours d’une prospection ; une calibration est opérée en principe à hauteur de hanche
de l’opérateur.
Le tableau 2.3 indique les gammes de profondeurs d’auscultation typiques pour différentes
caractéristiques d’appareils présents sur le marché.
Les mesures s’effectuent en se déplaçant sur la surface à ausculter, le long de profils avec les
deux orientations de bobines (horizontale et verticale). Chacune de ces orientations donne accès à
des informations complémentaires (Tab. 2.3). La maille de mesure varie suivants les objectifs de la
reconnaissance. Il convient d’éviter de s’approcher trop près des perturbateurs électromagnétiques
(il est par exemple exclu d’utiliser un capteur électromagnétique à moins de 10 m d’une clôture
métallique). L'opérateur se déplace à pied mais, dans certains cas, le dispositif peut être monté sur
un chariot non métallique tracté pour augmenter le rendement.
Pour un appareil avec des bobines horizontales, les structures de dimensions inférieures à
l'écartement des bobines imposent un pas de mesure inférieur à la moitié de la distance entre les
deux bobines (Tabbagh, 1995). Par un processus de répétition des traînés sur le terrain et
d'interpolation, on obtient une carte des conductivités de la zone pour une gamme de profondeurs
donnée.
2.5.5 Choix du matériel
Le choix de la méthode et du matériel associé dépend de la profondeur des cibles (Tab. 2.3),
des conditions d’accessibilité du site et des perturbations avoisinantes éventuelles et du rendement
recherché.
Les profondeurs de pénétration proposées dans le Tableau 2.3 sont des données des
constructeurs pour des environnements géoélectriques de « résistivité moyenne » (entre 100 et 300
Ω.m). Ces valeurs dépendent en effet également du niveau de résistivité : elles seront plus faibles en
milieu conducteur et plus élevées en milieu résistant.
Pour une mise en œuvre du dispositif à dipôles magnétiques verticaux (mode VD), les bobines
sont horizontales par rapport au sol (configuration HCP) et la réponse à un objet conducteur est
maximale pour une profondeur de l'ordre de 0,5 fois la distance entre les bobines (s) et significative
jusqu'à 1,5 fois ‘s’.
Pour une mise en œuvre du dispositif à dipôles magnétiques horizontaux (mode HD), les
bobines sont verticales par rapport au sol (configuration VCP) et les couches superficielles
contribuent majoritairement à la réponse du système jusqu'à 0,5 s.
Limites
Perturbé par la présence d'objets métalliques (barrières, maisons ou tuyaux), les capteurs ne
peuvent pas différencier les éléments au-dessus et en dessous du sol et ils sont souvent
saturés par ces objets métalliques hors sol.
Très sensibles aux couches conductrices et à l’humidité des terrains.
Les variations temporelles des conditions climatiques (température, humidité) ont des effets
sur les champs à mesurer.
Inconvénients
Difficultés de mise en œuvre en milieu urbain ou industriel du fait des perturbations
électromagnétiques.
Difficulté à induire du courant dans les sols résistants (ou très secs) pour générer un champ
magnétique secondaire mesurable.
Le zéro de l’instrument doit être fixé dans un environnement infiniment résistant (zone neutre).
Dérive de l’instrument dans le temps (et avec la température). Erreur possible de ± 2 mS/m.
2.5.10 Éléments de rendement
Le rendement dépend de l'accessibilité, de la densité de mesure, de l'époque, du type de
mesure et de l’appareil choisi. Dans le meilleur des cas et pour une mesure simple (bobines
horizontales ou verticales), avec une équipe composée d'un technicien supérieur (bobines reliées
rigidement) assisté d'un technicien pour (bobines émettrice et réceptrice séparées), à condition que
le repérage des points de mesure ait déjà été réalisé, on retiendra :
Bobines reliées rigidement : ~ 5 000 – 10 000 points par jour (implantation comprise) ;
Bobines émettrice et réceptrice séparées : 3 000 – 5 000 points par jour. En site dégagé, on
peut envisager 4 profils de 400 m par jour ou 4 × 40 points de mesure double (HCP et VCP).
Interprétation géophysique
Vérifier la représentativité des mesures
Confronter au contexte géologique
Calcul éventuel de profondeurs à partir de modèle
Comparaison conductivité/phase
→ Cartes et/ou profils interprétés
Avantages
Outil discriminant : il permet d’identifier le réseau détecté.
Pas de limite de taille de cible.
Efficace sur réseau gaz ou eau.
Dernier recours pour les conduites et branchements en matière plastique (PE et PVC) non
détectés en radar.
Inconvénients
Positionnement x-y estimé à +/- 1 m suivant conditions.
Pas de mesure de profondeur.
Uniquement sur un terrain bien compacté.
Si les réseaux sont proches les uns des autres, ceux-ci sont difficilement différenciables.
Rendement médiocre.
Nécessite un accès au réseau pour sa mise en œuvre.
Ne fonctionne pas sur les réseaux gainés ou tubés ; de manière générale, la présence
d'obstacles au voisinage de la canalisation et les vibrations perturbent les mesures et
diminuent la précision de la localisation.
Un premier repérage de réseau est nécessaire pour y avoir accès et mettre en œuvre une
méthode acoustique.
Avantages
Positionnement x-y précis.
Permet d’identifier certains réseaux détectés (uniquement réseau électrique 50-60 Hz, les
réseaux de gaz, les protections cathodiques et les linéaires métalliques).
Rendement élevé.
Inconvénients
Non discriminant (sauf réseau électrique 50-60 Hz et gaz).
Profondeur rarement disponible et précise.
Très sensible au bruit électromagnétique environnant.
Avantages
Positionnement x-y-z précis dans les environnements dégagés.
Outil discriminant : il permet d’identifier le réseau détecté.
Adaptable (contact direct, indirect, sous tension…).
Rendement élevé.
Inconvénients
Très sensible au bruit environnant.
Erreurs importantes (jusqu’à 1 mètre x, y) dans environnement électromagnétiquement chargé.
Nécessite d’avoir accès aux ouvrages et de posséder les habilitations (BT, HT, PC, Gaz…).
Parmi les techniques dites actives, les détecteurs de métaux type « poêle à frire » permettent
une localisation en x et y précise, mais ne permettent pas de déterminer la profondeur de l'objet et la
détection est limitée à la surface proche.
Avantages
Positionnement x-y-z précis.
Les sondes sont disponibles avec de multiples fréquences.
Outil discriminant : il permet d’identifier le réseau détecté car la méthode est invasive.
Détection précise des branchements gaz.
Détection jusqu'à 15 m de profondeur.
La présence d’obstacles au-dessus ou près de la canalisation influent peu sur le signal.
Inconvénients
Rendement faible.
Ne passe pas partout (coudes, manchons, emboîtements, obstacles).
La distance de localisation est limitée par le système de poussée de la sonde.
Des perturbations du signal sont possibles par des champs électromagnétiques proches
(lignes HT, voies ferrées…).
Références
Guide technique relatif aux travaux à proximité des réseaux : http ://www.reseaux-
et- canalisations.ineris.fr/gu- presentation/userfile?
path=/fichiers/textes_reglementaires/Guide_technique_V1.pdf, 2012.
Travaux à proximité des réseaux enterrés et investigations complémentaires sans fouilles, Aide-
mémoire ED6164, INRS, 2013.
Chapitre III : Méthodologie
Ce chapitre présente les principales étapes de diagnostic de sites pollués du point de vue très
général des recommandations de l'AGAP-Qualité (de l'appel d'offres au rapport technique) et les
particularités méthodologiques liées aux différentes cibles.
Pour chaque type de cible, un arbre décisionnel est proposé de façon à guider le choix d'une
méthode de prospection géophysique. Ces arbres sont des pistes de réflexion, et les décisions
dépendent beaucoup de l'influence des paramètres environnementaux sur chaque méthode (chapitre
2). Le meilleur moyen de faire le bon choix de méthode reste le dialogue avec des professionnels de
la géophysique. Certains « chemins » de ces arbres décisionnels aboutissent à des impasses qui
sont la plupart du temps le résultat d’un terrain trop encombré d’éléments problématiques pour les
méthodes géophysiques.
Suivant la nature des cibles, les méthodologies proposées sont plus ou moins développées en
raison de leurs spécificités ou des contextes règlementaires associés.
La section méthodologie pour la recherche d’objets pyrotechniques est plus importante dans
ce guide que pour les autres cibles en raison de la dimension sécuritaire qui incombe à la
dépollution pyrotechnique et qui en fait un domaine particulier. La dépollution pyrotechnique est un
secteur relativement jeune, les retours d'expérience sont donc peu nombreux et il n’existe pas de
méthodologie sûre, efficace et systématique.
La détection des réseaux présente la particularité de faire appel parfois à des méthodes
dédiées (cf § 2.6). L’INERIS a rédigé un guide technique relatif aux travaux à proximité des réseaux
dans le contexte de la réglementation de 2012.
La détection des cuves et des fûts ressemble beaucoup à celle des objets pyrotechniques, car
ils peuvent être de même taille, se situer à des profondeurs équivalentes et posséder des
caractéristiques physiques proches. La dimension règlementaire liée à la sécurité est néanmoins
moins forte.
On recourt à la géophysique pour définir les contours, la profondeur des zones
d’enfouissement de déchets et y rechercher des objets particuliers dont la présence serait
suspectée.
Pour chaque cible évoquée, les résultats chiffrés qui sont proposés sont la plupart du temps le
résultat de publications du domaine de la recherche établies dans des conditions très particulières et
n’ont pas de valeurs générales.
Les modes de contractualisation et de rémunération des investigations géophysiques dans le
cadre des diagnostics de sites pollués diffèrent selon le type de cible.
Pour l’ensemble des cibles (pyrotechniques et non pyrotechniques), la rémunération est
fondée sur le coût d'une prospection géophysique, et les variations de coût sont alors directement
engendrées par les différentes méthodes. Pour les objets pyrotechniques, la rémunération du retrait
est généralement fondée sur le nombre de cibles excavées, ce qui génère un surcoût important. Une
autre méthode de rémunération, qui n'évite pas les surcoûts mais en diminue l’ampleur, a été
élaborée par l’Armée grâce aux retours d'expérience de Rémi Lepage (Lepage, 2013).
Une section en fin de chapitre est dédiée à la comparaison des prix des prestations pour
chaque méthode.
3.1.4 L’interprétation
L’interprétation se réalise en deux phases.
La première phase d’interprétation est une interprétation géophysique. Elle consiste à :
analyser la qualité des données ;
traiter les données pour produire des cartes/coupes/profils figurant les anomalies
géophysiques ;
réaliser une analyse critique des résultats.
La deuxième phase d’interprétation, dite « client » transcrit les anomalies géophysiques en
indices de présence d’objets pour répondre aux objectifs des investigations et du client.
Rappel : Sous certaines conditions, pour des cibles particulières, certaines méthodes, même
lorsqu’elles paraissent adaptées, peuvent se révéler inopérantes (phénomènes d'équivalence,
masquage, lithologie très hétérogène…). Ce résultat est inhérent à la mise en œuvre de méthodes
physiques dans des environnements complexes et n’est donc pas de la responsabilité du
prestataire.
Éléments de présentation
Un titre explicite (avec rédacteur(s), vérificateur(s) et leurs statuts-niveaux techniques),
sommaire et listes (figures, tableaux, illustrations, photographies, planches).
Introduction
La présentation des intervenants : Client, Maître d'Ouvrage.
Les objectifs de l’étude et les besoins du client.
Le lieu, le contexte géographique.
Le contexte géologique (ou type de structure à observer), données disponibles ou
fournies par le client.
L’étude documentaire et historique.
L’accessibilité au site, sur le site, et son environnement (problèmes posés).
Méthodes et Moyens
La justification de principe (« théorique ») pour répondre au besoin (précisions sur les
quantités géophysiques au regard du besoin).
Les programmes proposés et réalisés.
Le personnel mobilisé (statuts-niveaux techniques, dates).
La vérification concrète après mise en œuvre sur le terrain de l’adaptation de la
méthode au site et aux cibles recherchées.
Le matériel mis en œuvre.
Le plan d’assurance qualité (PAQ) et les procédures spécifiques mises en œuvre pour
l’étude.
Les plans hygiène, sécurité, environnement.
Mesures
Les référentiels (Code de bonne pratique, Normes, PAQ…).
Les conditions météorologiques, les dates.
La justification des implantations, de la densité de mesures.
Les paramètres d'acquisition et leur justification.
Les formats de données brutes et localisation.
Traitements – Interprétations géophysiques
Les référentiels suivis (Code de bonne pratique de l’AGAP-Qualité, Normes, PAQ…).
Le personnel mobilisé (statuts-niveaux techniques) et les tâches correspondantes.
Le(s) prétraitement(s) réalisés sur les mesures brutes et justification (filtrages,
suppression, lissages, changement d'espace…).
Les logiciels et paramétrages utilisés.
Des exemples de données brutes et traitées.
Le(s) type(s) de technique(s) d'interprétation géophysique utilisée(s) (méthodes,
logiciels) et justification.
Les paramètres de traitement (justification).
Des exemples de données interprétées, comparées avec les mesures initiales.
Les cartes, coupes, plans, profils des interprétations géophysiques (résultats
exhaustifs éventuellement regroupés en annexe).
L’analyse critique des résultats (précisions, résolutions et leurs répartitions spatiales).
Le cas échéant, la proposition d’un programme complémentaire, dûment argumenté.
Interprétations « client »
Le personnel mobilisé pour l’interprétation (statuts-niveaux technique).
Les cartes, coupes, plans, profils des interprétations « Client ».
La mise en relation des cartes ou coupes géophysiques et besoins « client »
(justification, exemples), géo-référencement ; cartographie et coupes figurant la nature
des anomalies.
Le cas échéant, implantation des sondages ou essais complémentaires de validation.
L’analyse critique des résultats finaux et recommandations.
Conclusions
La synthèse des moyens mis en œuvre.
La synthèse des principaux résultats géophysiques et leur mise en correspondance
avec les cibles correspondant aux besoins « Client ».
Le rappel des limites à considérer et des précisions/résolutions observées.
L’analyse critique globale de la prestation (la problématique initiale est-elle totalement
résolue ?).
Le rappel des recommandations.
Annexes
Principes et limites des méthodes utilisées.
Descriptif technique des matériels, méthodologies et logiciels mis en œuvre.
Données et résultats complets.
Pièces jointes
Données brutes (CD, clé USB, lien URL…).
Toute anomalie identifiée par la prospection géophysique doit faire l’objet de travaux de
reconnaissance sensu stricto (fouilles à la pelle mécanique et forages…) pour identifier sa nature
réelle. Ces identifications peuvent aussi constituer des étalonnages qui peuvent conduire à une
réinterprétation des mesures géophysiques à la lumière de ces identifications.
3.1.6 Le personnel
Trois niveaux de connaissance et de compétence sont requis pour la réalisation d’une
prospection géophysique :
l’opérateur qualifié qui possède une formation en géophysique attestant de ses capacités à
exécuter les mesures, à mettre en forme les données issues des mesures et à reconnaitre les
dysfonctionnements du matériel,
le géophysicien, ingénieur ou technicien supérieur, qui a une formation en rapport avec la
géologie ou la physique et une qualification en géophysique issue de sa formation initiale ou
de formations complémentaires ultérieures,
le superviseur géophysicien est un géophysicien qui justifie d’une expérience de plusieurs
années dans les méthodes et techniques mises en œuvre pour lesquelles il intervient.
Figure 3.2 : Retours d’expérience concernant un champ de manœuvre et de tirs, un site de stockage de matériel et un
camp d’entrainement. Ces trois sites sont militaires. Les pourcentages indiqués sont des ordres de grandeur dans un
Dans le premier et le second cas, « Le diagnostic sommaire préalable partiel doit mettre en
œuvre tous les moyens pour rechercher et classifier suivant différentes familles (mines et REG,
mâchefers, remblai divers), tous les objets métalliques individuels ou groupés. » (Lepage, 2013). En
effet, tous les objets sont susceptibles d’être soit des mines ou des REG soit un masque pour la
détection d’autres mines et REG. « In fine, tous les objets métalliques seront mis au jour, y compris
les parties de mines et REG susceptibles de contenir suffisamment d'explosif pour qu'elles puissent
provoquer un événement pyrotechnique ainsi que les objets potentiellement souillés par de
l'explosif, tels que les éclats. Il s’agit des cas les plus contraignants financièrement » (Lepage, 2013).
Dans le troisième cas, « la recherche des objets métalliques individuels ou groupés
susceptibles de former un masque paraît justifiée. » (Lepage, 2013). Cependant, selon l’étude
historique, ils ne sont pas susceptibles de générer d’accident pyrotechnique.
La profondeur des objets ponctuels (ou d’un amas d’objets) se détermine à l’aide d’un
magnétomètre monosonde (cf. section 2-4-4 Mise en œuvre) ou par une prospection radar lorsque
les cibles recherchées ne sont pas ferromagnétiques ou lorsque l'environnement proche contient
des éléments perturbateurs (clôture, ligne HT, bâtiments…).
Voir l’information relative aux valeurs et notions issues de recherches scientifiques page 14
Figure 3.3 : Cartes d'anomalies magnétiques avant le décaissement et un seuil d’analyse de 50 nT (qui donne une
bonne idée de la localisation des zones saturées) et après décaissement sur 1 à 3 m de profondeur selon les endroits
Guide des méthodes géophysiques | PAGE 100
3.3 Méthodologie de détection de réseaux
Les techniques de détection des réseaux peuvent s’appuyer sur des méthodes
géophysiques ou des outils dédiés (cf §. 2.6). Seules les étapes relatives au choix des outils de
détection des réseaux et canalisations seront abordées ici.
Lorsque les fûts, cuves et citernes sont en plastique, ils ne sont détectables que par
méthode radar.
La méthode magnétique n’est efficace que pour la détection d’objets ferromagnétiques.
Les méthodes électromagnétiques permettent de détecter des objets métalliques non
ferromagnétiques : aluminium ou métaux inoxydables et dans des environnements bruités
(Emerson et al., 1992).*
L'augmentation de la résistivité détectée par la méthode électrique à proximité d'un amas
de fûts est créée par le remaniement du terrain plutôt que par les fûts eux-mêmes. La détection
des fûts par une méthode électrique est alors indirecte (Marcetti et Settimi, 2011).
Pour la détection du fond d’une décharge, le sondage électrique (cf 2-1-4-2 Principe
d’acquisition) et la sismique réfraction « classique » (cf 2-2-1 Principe) sont les deux
techniques les plus appropriées car elles sont sensibles respectivement aux variations
verticales de conductivité et de vitesse de propagation des ondes sismiques.
Pour la détection de l’extension latérale d’une décharge, la tomographie de résistivité
électrique et la tomographie sismique sont les deux techniques les plus adaptées, car elles
sont plus sensibles respectivement aux variations latérales de conductivité ou de propagation
des ondes sismiques.
Du fait de leur hétérogénéité, les déchets sont caractérisés par une large plage de
résistivités (de quelques Ω.m jusqu’à 300 Ω.m). Cette résistivité est reliée à différents
paramètres intrinsèques aux déchets :
la nature de leurs constituants,
leur âge,
leur porosité,
le degré de saturation des pores,
la composition chimique du lixiviat (salinité).
À titre d’exemple, Belle (2008) propose des gammes de conductivités pour des décharges
de différents âges (Tab. 3.1). En général la conductivité des déchets augmente avec la
profondeur.
À partir d’essais de terrain, Kavazanjian et al. (1994) ont mesuré dans des déchets des
vitesses d’onde de cisaillement (V S – Tab. 1.1) comprises entre 50 m/s et plus de 350 m/s, avec
une gamme moyenne de l’ordre de 75 à 225 m/s*. Bouazza et Kavazanjian, (2000) proposent
également des gammes de vitesses sismiques en fonction de l’âge des déchets et de la
profondeur considérée (Tab. 3.2)*.
On retiendra que les vitesses des ondes sismiques augmentent avec la compaction des
déchets, elle-même dépendante de leur âge et de leur profondeur d’enfouissement.
La présence d’une nappe phréatique peut cacher le toit du terrain sain sous-jacent s’il a
des vitesses sismiques d’onde de compression proches de celles de l’eau (> 1 500 m.s -1). Pour
contourner ce problème, il est possible d’utiliser des ondes de cisaillement (voir 2-2-1
Principe).
Age (années) C (mS/m)
3-8 242<C<14 49 (717)
26-31 226<C<463 (300)
Tableau 3.1 : Compilation des gammes de conductivité à la surface de décharges non saturées en eau en
fonction de leur âge. Modifié d'après Belle, 2008.
Entre parenthèses se trouvent les valeurs de conductivité moyennées au cours du temps sur 4 ans.
Tableau 3.2 : Compilation des vitesses sismiques des ondes S, en fonction de l’âge et de la profondeur
des déchets. Modifié d'après Bouazza et Kavazanjiman et al., 2000.
Guide des méthodes géophysiques | PAGE 109
3.6 Mode de rémunération des prestations géophysiques
Il y a deux modes de rémunération des prestations géophysiques :
l’un correspond à la recherche des structures et objets enfouis à l’exclusion des objets
pyrotechniques ;
le second correspond à la recherche d’objets pyrotechniques.
Les éléments de coûts présentés dans le tableau 3.3 reposent sur le cas virtuel suivant :
réalisation pour chaque méthode de 10 profils de 120 m de long sur un terrain totalement
dégagé et exempt de perturbations. Le terrain ausculté est propice à l’application de n’importe
quelle méthode.
Les coûts journaliers de personnel retenus sont les suivants (valeurs 2016) :
technicien opérateur (T) : 450 € par jour,
géophysicien (TS ou ingénieur) à 650 € par jour,
superviseur (S) à 1 000 € par jour.
Les coûts indiqués dans le tableau 3.3 ne préfigurent en rien le coût réel d’une
prospection. En revanche, leurs variations donnent une idée du coût relatif de chaque
méthode.
Temps minimum Coût de la
Rapidité Mise en œuvre et
de traitement et prestation
d'acquisition durée de la
Méthode Géophysique d'interprétation estimé pour le
Personnel prospection sur le
des données par cas proposé
nécessaire terrain
jours de terrain (EUR)
Tableau 3.3 : Eléments de coût d’une prestation géophysique pour la réalisation de 10 profils parallèles de 120 m,
sur un terrain de 12 000 m2.
Les coûts d’un chantier de dépollution pyrotechnique suivent une répartition particulière
(Fig. 3.4) et plusieurs modes de rémunération existent :
prix forfaitaires sur la base du nombre brut de cibles déterminé par le diagnostic
sommaire préalable partiel extrapolé (cf. 3-2-2 Les phases de diagnostic) ;
prix mixtes sur la base du nombre brut de cibles déterminé par le diagnostic sommaire
préalable ou sur la base d’une estimation du niveau de pollution du terrain (marché
simple ou marché à bons de commandes).
« Ces marchés ont conduit à de sérieuses dérives financières et calendaires. […]
L’augmentation du volume de travaux se traduit par la conclusion d’avenants ou de marchés
complémentaires. […] Le principal défaut de ces marchés réside dans l’intégration de prix
unitaires correspondant à la mise au jour d’une cible. » (Lepage, 2013)
Figure 3.4 : Retours d’expérience sur la répartition des coûts d’un chantier de dépollution pyrotechnique sur
trois sites militaires (Lepage, 2013).
Références
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GLOSSAIRE
A
Accéléromètre : capteur permettant de mesurer l'accélération du mouvement de l'objet sur
lequel il est fixé.
Anomalie : valeur d'un paramètre ou d'un ensemble de paramètres qui diffèrent de la valeur
que l'on s'attend à trouver ou des valeurs alentours.
Anomalie dipolaire : anomalie qui présente deux pôles (un positif et un négatif), c'est le cas de
l'anomalie magnétique par exemple.
Atténuation des ondes : notion traduisant la diminution de l'énergie de l'onde pendant son
parcours dans le milieu, à cause des propriétés du milieu (porosité, humidité…) et de sa
géométrie.
B
Base sismique : dispositif sismique linéaire contenant un certain nombre de géophones, de
flûtes et de sources.
BASIAS : Base de données des Anciens Sites Industriels et Activités de Services. Base de
données du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer sur les sites et sols pollués
ou potentiellement pollués. Il permet de conserver la mémoire de ces sites, fournir une
information utile aux acteurs de l'urbanisme, du foncier et de la protection de l'environnement.
C
Cahier des charges : document qui définit les besoins et les explique aux candidats pour leur
permettre d’établir leurs offres techniques.
Champ magnétique terrestre naturel : champ magnétique qui entoure la Terre de manière non
uniforme. Il est engendré par des mouvements au sein du noyau de la Terre.
Chargeabilité électrique : mesure de la réponse électrique des sols après l’arrêt de l’injection
d'un courant électrique dont les caractéristiques sont connues. Chaque roche, en fonction de
sa nature minéralogique ou chimique, se comporte comme un condensateur électrique en
emmagasinant du courant puis en le restituant au bout d'un certain laps de temps. C'est ce
temps qui est étudié dans les mesures de chargeabilité.
Composante en quadrature (en électromagnétisme basse fréquence) : champ sinusoïdal
mesuré déphasé de 90° par rapport au champ primaire.
Composante en phase (en électromagnétisme basse fréquence) : champ sinusoïdal qui est
superposé au champ primaire.
D
Décaissement : action d’excaver un terrain sur une tranche plus ou moins profonde.
Dérive instrumentale : évolution de l'instrument qui génère une modification des valeurs
mesurées.
Domaine temporel : représentation, calcul ou mesure d'un paramètre par rapport au temps.
Dromochronique : (syn. Hodochrone) diagramme obtenu par l'ensemble des temps d'arrivée
des ondes sismiques, pointées à chaque géophone. C'est la courbe du temps en fonction de la
distance.
Durée d'auscultation (ou temps d’écoute) : durée d'enregistrement de la réponse d'un milieu à
une impulsion électromagnétique (radar) ou à l'envoi d'un courant électrique.
E
Effet de masque : le signal produit par un élément métallique ou conducteur superficiel qui
masque la présence d'un élément plus profond.
Électrode : élément conducteur d'un dispositif électrique utilisé pour l’émission d’un courant
ou la captation d'un champ électrique. Certaines de ces électrodes sont dites impolarisables
afin d’assurer la stabilité de la mesure (méthodes passives).
F
Ferromagnétisme : propriété de certains corps qui s'aimantent fortement sous l'effet d'un
champ magnétique extérieur, et pour certains de garder une aimantation importante après la
disparition du champ extérieur (aimantation rémanente).
Filtre passe-bas : filtre qui laisse passer les basses fréquences et qui atténue ou supprime les
hautes fréquences.
Filtre passe-haut : filtre qui laisse passer les hautes fréquences et qui atténue ou supprime les
basses fréquences.
Flûte : câble de liaison multiconducteur entre les récepteurs sismiques (géophones) ou
électriques (électrodes) et la centrale d’acquisition.
Forage/fouille : excavation réalisée avec un outil rotatif (forage) ou une pelle mécanique (fouille).
Fréquence : nombre de cycles complets qu'une onde peut effectuer par seconde.
G
Gain : coefficient d’amplification d'un signal.
Géophone : capteur de vibrations du sol comprenant un aimant mobile dans une bobine fixe
aux bornes de laquelle on mesure une différence de potentiel reliée à la vitesse du mouvement
local du sol.
H
Hodochrone : cf Dromochronique.
I
Impulsion électromagnétique : émission d'une onde électromagnétique brève.
Interpolation : action de calculer (mathématiquement) des valeurs fictives entre deux (ou
plusieurs) valeurs discrètes de façon à obtenir une couverture continue.
Interprétation qualitative : interprétation fondée sur une simple comparaison spatiale des
résultats de mesures.
L
Laboratoire sismique : système d’acquisition des données sismiques de terrain.
Lissage des données : consiste à recréer une série de données très proche de la série d’origine
en limitant les variations haute fréquence.
Longueur d'onde : distance entre deux pics de même signe d'une onde sinusoïdale.
M
Magnétomètre : appareil de mesure des différentes composantes du champ magnétique.
Maillage : réseau créé par l’ensemble des points de mesure. L'ensemble des mailles constitue
une grille.
Mesures absolues : mesures réelles d'un paramètre, qui ne dépendent pas d’une valeur de
référence.
Mesures relatives : valeurs d'un paramètre mesurées (intensité d'un champ magnétique par
exemple) dépendant d'une valeur de référence choisie ou mesurée.
Méthodes directes : méthodes qui permettent l’accès direct à l’identification d’une cible : fouille
à la pelle mécanique et forage.
Méthodes indirectes : méthodes qui permettent d'obtenir des signaux influencés par une cible
sans pour autant l’identifier : méthodes géophysiques.
O
Objets pyrotechniques : objets présentant un risque d’explosion : munitions, engins de guerre,
fusées de détresse, airbags… En anglais, on parle d'UXO (UneXplodedOrdnance).
Onde électromagnétique : résultat d'un champ électrique et d'un champ magnétique dont les
amplitudes varient de façon sinusoïdale au cours du temps. Ces deux champs oscillent en
même temps mais dans deux plans perpendiculaires. Elle est définie par une fréquence et une
amplitude.
Onde réfléchie : onde sismique qui se réfléchit sur des interfaces entre couches.
Onde réfractée : onde sismique qui se propage à l’interface de deux couches avant de repartir
vers la surface.
P
Pas d'échantillonnage : distance spatiale ou temporelle qui sépare deux prises de mesures.
Polarisation provoquée : mesure les potentiels après l'arrêt de l'injection d'un courant électrique
pour déduire l'effet capacitif des terrains.
Potentiel électrique : grandeur (en volt) définissant l'état électrique d'un point de l'espace. La
différence de potentiel permet de calculer, entre autres, la résistivité d’un milieu.
Problème direct : outil de calcul qui simule pour un modèle donné les observables mesurées.
Profil : tracé rectiligne le long duquel est effectué une série de mesures géophysiques
(sismique, magnétique, radar…).
R
Radargramme : profil temps-distance pour les traces radar. Le temps représente le temps
d'aller et retour d'une onde électromagnétique.
Répétitivité : capacité de pouvoir répéter une mesure qui donne des séries de données stables.
Résolution : grandeur spatiale, elle quantifie la capacité à discerner des anomalies proches les
unes des autres, à séparer des variations de paramètres proches.
S
Sensibilité : pour un instrument de mesure, capacité à détecter de petites variations d'un
paramètre.
T
Taux de saturation : taux d'objets métalliques perturbateurs présents sur des terrains destinés
à une prospection magnétique. Il s'agit d'un abus de langage, le terrain n'est pas à proprement
dit saturé, mais il contient suffisamment d'éléments métalliques pour rendre une carte
magnétique difficilement lisible.
Temps de relaxation : temps caractéristique d'un système pour que celui-ci retourne à
l'équilibre.
Tomographie : technique d'imagerie par résolution d’un problème inverse qui consiste à
déterminer un modèle de terrain dans lequel les mesures simulées reproduisent le plus
fidèlement possible les données mesurées (résistivité électrique, vitesses sismiques).
V
Variations diurnes : variations naturelles du champ magnétique terrestre dont la période est
d'une journée et qui sont relatives aux variations d’orientation de la Terre par rapport au Soleil
au cours d'une journée.
Voltmètre : appareil permettant de mesurer la tension électrique entre deux points, grandeur
dont l'unité est le volt.