Convaincre Comme Jean Jaurès
Convaincre Comme Jean Jaurès
Convaincre Comme Jean Jaurès
J
ean Jaurès est un modèle d’éloquence qui a érigé ses qualités d’orateur en véritable art et a su
éveiller les consciences pour mieux galvaniser les foules. Charismatique, logique et lyrique,
cette personnalité hors norme a forgé puis éprouvé sa technique, construisant son argumentaire
au moyen d’exemples, de données et de métaphores. Rien n’était plus important pour lui que les
idées, visant le cœur et l’intelligence, la passion et la raison : « Le courage, c’est de chercher la vérité
et de la dire », aimait-il rappeler. Il reste un modèle pour ceux qui sont amenés à parler en public et
un exemple remarquable de leadership fondé sur la cohérence entre paroles et actes.
Laissez-vous captiver par la voix claire de Jean Jaurès et découvrez, au fil des pages, les clés de
son éloquence pour convaincre aisément vos interlocuteurs !
LES AUTEURS
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Il y a près de cent ans, Jaurès tombait à Paris sous les balles d’un fanatique.
Une détonation a suffi à faire taire l’homme et à briser une voix claire à la
portée universelle.
De ce remarquable orateur, nous ne conservons aucune source sonore et
ce manque n’est pas lié à un défaut de technologie. Jaurès a eu des
demandes d’enregistrement qu’il a rejetées, arguant du fait qu’il avait
besoin « de visages » pour composer.
Face à Jaurès, nul ne peut être indifférent et ses paroles continuent de
résonner. Il n’est pas rare que des hommes politiques de gauche, mais
également de droite, citent Jaurès, s’imprègnent de sa pensée et se
remémorent ses actions.
En quoi cet homme peut-il être inspirant ? Quels ont été les leviers de
son leadership et comment l’a-til affirmé ? D’où lui vient cette force
de conviction ? Quelles furent ses sources d’inspiration pour
structurer sa vision et la mettre en œuvre ?
Comment osa-t-il, à de nombreuses reprises, sortir de sa zone de
confort, renoncer à une certaine institutionnalisation de sa position de
leader pour conserver la fidélité à soi-même et forcer les autres à
s’interroger sur leurs ressorts de motivation ?
Comment a-t-il su transmettre par le verbe la conviction qui rallie et
rassemble ? Qu’est-ce qui a façonné cette pensée claire, ouverte et
audacieuse ?
Comment ce leader s’est-il inventé un type de leadership fondé sur la
cohérence entre la parole et les actes ?
Comment a-t-il pu créer l’adhésion et convaincre ses alliés comme ses
opposants ?
Comment a-t-il réussi à éclairer le futur par une vision précise, à la
faire vibrer grâce à son verbe et à ses mots ?
SA RÉSONANCE ACTUELLE
Jaurès incarne la vie politique du début du XXe siècle dont il est le chantre,
le meilleur orateur. Il n’est pourtant pas le seul car il y a alors à l’Assemblée
une surreprésentation d’avocats et de journalistes, des hommes de parole,
des tribuns aux harangues percutantes.
Les journaux rapportent ces débats comme des épopées qui débordent de
lyrisme, subtil mélange de voix puissantes, d’effets de style et de manche.
Par exemple, Jaurès s’exprime ainsi face à ses homologues concernant la
« loi des trois ans » :
« Ils auront beau prolonger les éclats de leur musique nationaliste,
cette loi d’imbécillité monumentale, ce Titanic de sottise et
d’arbitraire descendra lentement mais sûrement sous les flonflons de
l’orchestre réactionnaire, dans une mer glacée. »
Que d’images évocatrices rassemblées en une phrase ! Si à droite, on lui
reproche de parler « par métaphores », à gauche, on loue son « âme
symphonique ». Métaphore et symphonie, deux mots si caractéristiques du
style Jaurès.
Mais au-delà du style, il y a la puissance et la portée des mots et,
aujourd’hui encore, Jaurès continue de marquer l’ensemble de l’échiquier
politique français. Il est toujours cité ou utilisé, à plus ou moins bon escient,
à l’occasion des échéances électorales. Qui, aujourd’hui, ne se réclame pas
du grand homme, du Front de gauche à l’extrême droite ?
Le 14 janvier 2007, Nicolas Sarkozy est officiellement investi candidat
de l’UMP à l’élection présidentielle. Au Parc des expositions de la porte de
Versailles, il lance sa campagne, décidé à rassembler le plus largement
possible. Il décline les grandes personnalités de l’histoire de France : De
Gaulle, Jean Moulin, Guy Môquet, Georges Mandel, Albert Camus, Victor
Hugo, Voltaire, Émile Zola... Il en appelle aussi à la « grande voix » de
Jaurès.
À son tour, le 6 avril 2007, Ségolène Royal revendique l’héritage de
Jaurès, à Carmaux. Pour la candidate à l’élection présidentielle, Jaurès était
capable de « bousculer toutes les idées reçues », invoquant une « pensée
visionnaire », montrant « le chemin du socialisme du réel ».
Enfin Louis Aliot, secrétaire général du Front national, alors candidat à la
députation européenne de 2009, ne va-t-il pas jusqu’à citer Jaurès sur ses
affiches de campagne...
Si Jaurès a été capable de porter sa voix bien au-delà de son époque et
alors que vont avoir lieu les commémorations du centenaire de sa mort, il
est temps que les historiens se fassent entendre et redonnent leur sens
véritable à une parole et des discours qui défient le temps.
LES BONS CONSEILS DE JAURÈS...
pour donner un écho favorable à ses discours
Face à Jaurès assassiné et, aujourd’hui, instrumentalisé, il est essentiel de
comprendre comment il donna une influence durable à chacune de ses prises
de parole. Voici quelques bons conseils pour donner un écho favorable à vos
discours.
Notez les deux « pépites » (idées, actions, ressentis que vous gardez
précieusement pour vous, à transposer dans votre vie quotidienne
professionnelle ou personnelle) venant directement de l’expérience de
Jaurès.
Pépite n° 1 :
Pépite n° 2 :
LES PIEDS AU SOL ET LA TÊTE DANS LES
ÉTOILES
Maurice BARRÈS.
C’est dans le Tarn que commence la vie de Jean Jaurès et c’est à Fédial, à
seulement trois kilomètres de Castres, dans une ferme, qu’il va passer une
grande partie de son enfance avec son frère Louis. Les deux enfants
parcourent les sentiers et apprennent à la fois la rigueur du travail de la terre
et la dureté de l’industrie, qui, de Castres à Carmaux, transforment les
paysans en ouvriers et en mineurs.
Le jeune Jean Jaurès participe à la moisson et aux vendanges. Il y
apprend l’effort, le labeur répétitif qui permet d’avoir toujours un morceau
de pain et de lard sur la table. Élève brillant, ces années forgent sa culture,
pas seulement celles des idées abstraites mais celle des réalités, des joies,
des peines, de l’espoir et de la solidarité.
La famille Jaurès ne connaît pas la misère, mais une certaine gêne qui la
confronte aux difficultés sociales de son époque. Dès sa prime jeunesse,
Jaurès est sensibilisé à une question émergente, la question sociale, à
laquelle il n’aura de cesse d’apporter une réponse comme il n’aura de cesse
de convaincre de la justesse de ses arguments. Il a les pieds au sol et la tête
dans les étoiles.
RÉFLÉCHIR GLOBALEMENT...
La pensée de Jaurès est tournée vers l’action politique. Baigné par la
difficile naissance de la Troisième République, le jeune homme admire les
grandes figures républicaines que sont Léon Gambetta et Jules Ferry.
À 25 ans, il se lance dans l’arène. Le 4 octobre 1885, il est élu facilement
député républicain à Castres. Sur les bancs du Palais Bourbon, il souligne
durant ces premières années « la vanité et la médiocrité de la besogne
parlementaire ». Il soutient les réformes sociales, notamment celles de Jules
Ferry, et ses quelques propositions sont remarquées, notamment par les
socialistes.
Durant ces premières années de mandat, il observe et apprend ne prenant
que rarement la parole. Il cherche sa voie, seul, et reste, finalement, très
isolé politiquement. Il est vrai que cette assemblée est tiraillée par les
extrêmes : royalistes, bonapartistes, radicaux et socialistes.
Le 21 octobre 1886, soit un an après le début de son mandat, il prend
pour la première fois la parole à la tribune sur une loi relative à « l’école
communale » pour expliquer son amendement intitulé : « Les
établissements d’enseignement primaire de tout ordre peuvent être publics,
c’est-à-dire institués au nom de l’État, ou communaux, c’est-à-dire fondés
ou entretenus directement par les communes, ou privés, c’est-à-dire par des
particuliers ou des associations. » La formulation de l’amendement semble
très alambiquée. Que veut donc dire le benjamin de l’Assemblée ? Nous
n’avons aucun indice permettant de savoir quel style oratoire a été adopté
par Jaurès, pas de description ou d’article de presse. L’amendement rejeté
n’a guère laissé de traces, même si l’on peut deviner les motivations du
jeune orateur.
Tout d’abord, Jaurès ne se fait guère de doute sur l’impact de son
amendement. Il tente toutefois de susciter la curiosité avec un long intitulé,
adopte un ton pédagogique et souhaite donner de la hauteur au débat,
empêtré dans le délicat problème du financement de l’école communale :
construction des bâtiments et rémunération des maîtres.
Sa prise de parole est immédiatement accueillie par un véhément :
« Retirez-le ! » issu des bancs de la gauche. Jaurès ne se démonte pas et
enchaîne : « Rassurez-vous, Messieurs. L’amendement que j’ai déposé, je
crois utile de le défendre en quelques mots, uniquement pour rappeler un
point de doctrine républicaine. » Il séduit ses opposants et obtient, toujours
à gauche, un : « Très bien ! »
De facto, Jaurès annonce qu’il ne rejette pas la loi : « Il ne se cache
aucune arrière-pensée d’hostilité contre la loi ; j’en accepte pleinement,
sans réserve aucune, le principe essentiel, qui est la laïcité. » Il veut en
expliquer le fondement, les objectifs et mettre en cohérence le projet avec
les moyens offerts par la loi.
Libéral, aux accents sociaux, Jaurès veut laisser l’initiative aux
communes et aux familles d’expérimenter :
« L’État doit respecter la liberté des communes : c’est qu’en matière
d’enseignement philosophique et moral, l’État ne peut approprier
son enseignement à la diversité de tous les esprits et de tous les
milieux. »
Il utilise l’humour en soulignant un paradoxe : « Il serait étrange de
maintenir obscurément les franchises communales dans la loi pour être
libéral, et de ne pas en avertir les communes pour rester pratique » et en
l’imageant : « N’imitons pas le confesseur qui révèle les fautes au
pénitent. » Interrompus à plusieurs reprises par la droite conservatrice,
Jaurès attaque et questionne : « Je serais heureux de saisir le sens de ces
interruptions », « Messieurs, je sens la difficulté de parler dans ces
conditions... »
Le discours de Jaurès est un mélange de hauteur d’esprit et de sens
concret. Il ajoute après une explication sur le « spiritualisme » « répudié par
l’élite intellectuelle de l’Europe » : « Je crois qu’il est impossible à l’État
d’assumer à lui tout seul la charge de l’éducation populaire. » Le style est
parfait, mais l’exercice est trop formel, trop formaté. Jaurès prend la parole
pour un amendement qu’il retire finalement donnant sa confiance au
gouvernement. Le comte de Kergariou conclut : « C’était bien la peine ! »
Au cours de ce premier mandat, Jaurès prendra de nouveau la parole à
deux reprises : le 26 mai 1888 sur les accidents du travail et le 1er décembre
de la même année sur l’organisation de l’enseignement primaire. Sa parole
est toutefois vaine. Quelles que soient les techniques déployées, il ne pèse
guère dans les décisions.
Soyez réaliste sur la portée de votre message. Dans ses premières années,
Jaurès ne tente pas de convaincre ou de retourner une situation à son
avantage, il tente « seulement » d’influencer. Comment ? Par un vaste choix
d’arguments et d’exemples susceptibles de toucher ses auditeurs : faits,
références, exemples, métaphores. Il en appelle autant à la raison qu’à
l’émotion.
Notez les deux « pépites » (idées, actions, ressentis que vous gardez
précieusement pour vous, à transposer dans votre vie quotidienne
professionnelle ou personnelle) venant directement de l’expérience de
Jaurès.
Pépite n° 1 :
Pépite n° 2 :
CONSTRUIRE SA COHÉRENCE
LE SENS COSMIQUE
À son ami Charles Salomon, Jaurès écrit :
« J’ai été pris d’une recrudescence philosophique. Je suis à bien des
lieues de la politique, car il y a entre elle et moi une multitude de
secrets qu’après bien d’autres, et tout naïvement, je cherche à
deviner. Mais, comme j’espère avoir résolu tous les problèmes d’ici
quatre ans, la politique n’est qu’ajournée. Quand j’aurai touché le
fond de l’univers, il faudra revenir à la surface, très mêlée et très
agitée. »
Jaurès entre de plain-pied en politique en 1893, en s’engageant auprès
des mineurs de Carmaux. Il a soutenu sa première thèse De la réalité du
monde sensible et y expose sa compréhension du monde et la vision qu’il en
a. Comme il le dira lui-même plus tard : « J’ai écrit sur la nature et Dieu et
sur leurs rapports et sur le sens religieux du monde un livre dont je ne
désavoue pas une ligne, qui est resté la substance de ma pensée. »
Résumé par Jacques Cheminade, l’engagement de Jaurès s’exprime
ainsi : « Rassemblement et éducation des forces productives, combat contre
les oligarchies impériales et défense de la République. [...] Il définit sa
stratégie comme celle d’une “évolution révolutionnaire”. » Il tente de
donner un sens à ce siècle mouvementé, qui a vu naître tant de régimes
politiques : deux empires, trois monarchies, deux républiques et trois
révolutions.
Pour fonder sa pensée, précise et claire, Jaurès passe ainsi au crible deux
mille ans d’histoire des idées politiques, philosophiques et économiques.
L’insatiable lecteur et travailleur tente une synthèse globale en partant des
grands penseurs et en cherchant à leur donner une dimension nouvelle
autour de thématiques qu’il choisit : la révolution, la République,
l’éducation, l’armée, la spiritualité :
« Selon nous, tout homme a dès maintenant un droit sur les moyens
de développement qu’a créés l’humanité. Ce n’est donc pas une
personne humaine, toute débile et toute nue, exposée à toutes les
oppressions et à toutes les exploitations qui vient au monde. C’est
une personne investie d’un droit ; qui peut revendiquer, pour son
entier développement, le libre usage des moyens de travail accumulés
par l’effort humain. »
Jaurès a une vision charnelle du monde qui passe par la compréhension
sensorielle des concepts et des idées. Il est à contre-courant du matérialisme
et du scientisme qui envisagent le savoir comme un ensemble de règles
précises, déconnectées du réel. Selon eux, le bonheur de l’Humanité est un
but à atteindre sans considération du « matériau humain ». C’est
précisément à partir d’une conception opposée que Jaurès va agir, non pas
contre le monde industriel tel qu’il se dessine, mais avec lui.
Il combat toute forme d’élitisme. Pour lui, l’idée que des hommes sont
« élus » par la nature pour diriger les autres est une impasse intellectuelle :
cette affirmation prive la société de son humanité globale, donc de son
potentiel créateur positif et infini. Il récuse également les conclusions du
marxisme pour lui donner une autre orientation :
« Ainsi bourgeoisie et prolétariat se sont en quelque sorte haussés
l’un l’autre par leur combat. Comme l’éclair à la rencontre de deux
nuées, de la lutte de deux classes, capables de se comprendre en se
combattant, jaillit la lueur de l’idée. Les deux classes antagonistes
ont un intérêt réciproque à ce que chacune d’elles ait la force
intellectuelle et morale la plus haute. Toutes deux sont intéressées à
ce que la communauté nationale où elles se meuvent ait la plus
grande activité possible de travail et d’esprit, pour que le conflit qui
les divise et qui les exalte se résolve enfin en une solidarité supérieure
où les vertus seront devenues le bien commun. »
Par ailleurs il réfléchit au sens de l’engagement socialiste en soutenant
une seconde thèse : De primis socialismi germanici lineamentis apud
Lutherum, Kant, Fichte et Hegel.
La confrontation de ces deux thèses est intéressante dans la mesure où
elles reflètent les deux facettes de l’homme : le politique et le
métaphysicien. Autrement dit, comment sortir de la religion sans tomber
dans les affres modernistes du positivisme ou de la révolution qui semblent
annihiler toute dimension spirituelle de l’humanité. Or, pour Jaurès, la
dimension spirituelle est une dimension du réel dont il serait illusoire de se
séparer.
Soyez d’abord clair dans votre tête pour formuler efficacement vos pensées.
Jaurès, qui a une capacité de travail hors norme, travaille ses
raisonnements. Il ne s’interdit pas de les revoir (comme pour l’affaire
Dreyfus) ou de les compléter au fur et à mesure. Il se forge une pensée
globale, ouverte et systémique qui lui évite de passer à côté des
événements qui ne rentreraient pas dans sa grille d’analyse. Cette clarté est
vitale avant d’entreprendre toute action concrète, tout débat ou de tenter de
convaincre.
Parlez de vous en ouvrant votre cœur. Jaurès expose avant tout ce qu’il
croit profondément. Sa réflexion lui a permis d’arriver à un degré
d’universalisme qui évite de généraliser ou de s’enfermer dans un fantasme
(par exemple de considérer que tous les ouvriers veulent renverser le
capitalisme par la violence). Convaincu, il est plus à même de convaincre : il
parle de lui, de ses convictions avant de parler de celles des autres.
Notez les deux « pépites » (idées, actions, ressentis que vous gardez
précieusement pour vous, à transposer dans votre vie quotidienne
professionnelle ou personnelle) venant directement de l’expérience de
Jaurès.
Pépite n° 1 :
Pépite n° 2 :
TOUS LES PUBLICS, PARTOUT, TOUT LE
TEMPS
« L’histoire humaine
n’est qu’un effort incessant d’invention,
et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création. »
Jean JAURÈS.
Tout au long de sa vie, Jaurès n’a cessé de prendre la parole. Devant des
publics variés, parfois étrangers, il a défendu ses convictions et son
engagement.
Plus qu’un orateur discursif, il cherche avant tout le dialogue et adapte
ses paroles en fonction de son auditoire. Car c’est l’objectif l’essentiel des
discours de Jaurès : atteindre le public. Le dialogue revêt ainsi des formes
différentes : empoignades, approbation, discussion et même introspection.
Jaurès manie avec brio plusieurs registres de discours : lyrique, tragique,
comique, réaliste, dramatique, pathétique. Chaque forme sert un propos et
des objectifs différents et il est naturel d’en mélanger plusieurs afin de
varier les moyens de toucher son auditoire. Bien entendu l’effet recherché
en fonction du public qui écoute le discours, n’est pas le même. Il ne
cherchera pas forcément à provoquer l’émotion chez les députés et il ne fera
pas nécessairement appel à la raison lors d’un meeting électoral.
Enfin, Jaurès utilise aussi le registre émotionnel, même si on le décrit
comme un personnage énergique. Dans ses discours, l’homme qui « se
chante à lui-même » sait varier les tons pour créer une émotion. Il est en
cela aidé par sa plume poétique qui vient en appui de la précision des idées.
Notez les deux « pépites » (idées, actions, ressentis que vous gardez
précieusement pour vous, à transposer dans votre vie quotidienne
professionnelle ou personnelle) venant directement de l’expérience de
Jaurès.
Pépite n° 1 :
Pépite n° 2 :
L’ÉLABORATION DES DISCOURS : LA
STRUCTURE
CLEMENCEAU.
L’ÉTUDE DE LA RHÉTORIQUE
On l’a vu, Jaurès s’est formé à la rhétorique et sait l’employer avec talent.
Cependant, ce mot a aujourd’hui un sens péjoratif ; il évoque la
manipulation d’un auditoire via des figures de style mécaniques et
stéréotypées. Bref, faire de la rhétorique, ce serait s’intéresser non pas au
fonds mais seulement à la forme et pratiquer, en politique, la langue de bois.
Jaurès est bien éloigné de cette définition tout comme la rhétorique
pratiquée à la fin du XIXe siècle.
Le principe de la rhétorique est d’exposer clairement et habilement ses
idées. Fondement de la culture classique, la rhétorique a son origine en
Grèce antique au Ve siècle avant Jésus-Christ. Les Romains vont, ensuite,
améliorer les techniques et les synthétiser, tel Cicéron dans les deux traités
De oratore et Orator, et Quintilien au Ier siècle de notre ère dans un ouvrage
intitulé L’Institution oratoire. La rhétorique vise avant tout à convaincre, à
faire prendre une décision plutôt qu’une autre.
Dans De oratore, Cicéron précise que l’orateur idéal doit être
pluridisciplinaire et exceller en philosophie, en grammaire, en musique, en
mathématique, en géométrie, en art dramatique, en droit, en danse, en
histoire... Jaurès serait donc l’archétype de cette pluridisciplinarité.
La rhétorique classique distingue trois grands genres de discours : le
discours judiciaire (accuser ou défendre), le discours délibératif (persuader
ou dissuader) et le discours démonstratif (louer, blâmer ou instruire).
Jaurès utilise tour à tour ces trois genres : il est cinglant quand il
interpelle le gouvernement le 30 avril 1894 sur la censure des journaux. Il
accuse :
« C’est ainsi que vous êtes obligés de recruter dans le crime de quoi
surveiller le crime, dans la misère de quoi surveiller la misère et dans
l’anarchie de quoi surveiller l’anarchie. »
Il persuade citant des extraits de journaux :
« Et alors, quelques jours après, dans le journal le Temps,
paraissaient les lignes suivantes, que je demande à la Chambre la
permission de lui lire. »
Enfin, il blâme :
« Et si vous essayez d’atténuer l’effet de tous les documents qui ont
été découverts, si vous essayez, par exemple, de prétendre que les
cartes des prêtres qui ont été trouvées ne se rapportent qu’à des
secours, qu’il n’y a pas là matière à une enquête politique, je dis que
vous êtes dupes de plus déplorable aveuglement. »
Les figures de rhétorique sont nombreuses et variées. Elles sont
d’ordinaire réparties en figures de l’analogie, de la substitution, de
l’opposition, de l’amplification, de l’atténuation et de la construction. En
s’adressant le 30 juillet 1903 aux élèves du lycée d’Albi, où il a lui-même
été élève, puis professeur, Jaurès donne sa définition du courage en même
temps qu’une excellente démonstration de rhétorique :
« Surtout, qu’on ne nous accuse point d’abaisser et d’énerver les
courages. L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage
elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce
n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la Guerre,
nuée terrible, mais dormante, dont on peut toujours se flatter qu’elle
éclatera sur d’autres. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de
la force la solution des conflits que la raison peut résoudre car le
courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication. Le
courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de
supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et
morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa
volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans
les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action. Le
courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes
parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit ;
c’est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c’est de
devenir, autant que l’on peut, un technicien accompli ; c’est
d’accepter et de comprendre cette loi de la spécialisation du travail
qui est la condition de l’action utile, et cependant de ménager à son
regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des
perspectives plus étendues. Le courage, c’est d’être tout ensemble, et
quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage,
c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de
l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. Le courage,
c’est de surveiller exactement sa machine à filer ou à tisser, pour
qu’aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social
plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune
des travailleurs libérés. Le courage, c’est d’accepter les conditions
nouvelles que la vie fait à la science et à l’art, d’accueillir, d’explorer
la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant
d’éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de
l’organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des
rythmes. Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en
souffrir mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin. Le
courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard
tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est
d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle
récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui
réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de
la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui
passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos
mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »
Jaurès excelle dans l’utilisation de cette figure d’amplification qu’est
l’anaphore (la reprise du même terme ou de la même expression en début de
proposition, de phrase ou de paragraphe). Le mot « courage » est répété
douze fois en début de phrase, donnant du rythme à l’intervention, un effet
musical et surtout une formidable énergie.
Dans son discours, l’orateur doit respecter quelques principes de base de
la rhétorique :
L’inventio : l’orateur doit trouver des arguments et des idées. Il y a
deux registres argumentaires : les arguments affectifs qui agissent sur
les émotions et la sensibilité des auditeurs et les arguments rationnels
qui en appellent à leur raison.
La dispositio : l’orateur doit organiser ses arguments de manière claire
et frappante, suivant un plan ordonné où les arguments s’enchaînent.
Le plan rhétorique le plus fréquent comporte quatre parties : l’exorde
(attirer la bienveillance de l’auditoire), la narration (exposer les faits),
la confirmation (présenter les arguments à tirer des faits exposés) et la
péroraison (conclure son discours en frappant et en émouvant le
public).
L’elocutio : l’orateur doit employer des phrases correctes, un
vocabulaire riche et varié, des figures de style, des sonorités agréables
ou surprenantes. Il y a trois niveaux de style : élevé (pour les sujets
graves), le style moyen (pour exposer des faits, informer et expliquer)
et le style bas (pour plaire, détendre par l’usage de l’humour et de
l’anecdote).
La memoria : l’orateur doit s’exprimer clairement, sans lire ni perdre
le fil de sa pensée en cherchant dans sa mémoire un argument oublié.
L’actio : l’orateur doit penser à laisser exprimer tout son corps, en
véritable homme de théâtre, capable de synchroniser le bon geste avec
une idée importante.
LA MÉMORISATION (MEMORIA)
Jaurès a une excellente mémoire qu’il met à profit pour retenir ses
discours et démonter l’argumentation adverse en montrant ses
contradictions. Il ne rédige que rarement ses discours, peut-être seulement
trois ou quatre fois, mais y supplée par une phase intense d’intériorisation.
Concernant sa prodigieuse mémoire, Vincent Auriol relate ainsi une
anecdote : « Un soir de 1912, dans mon bureau du journal, il voulut
téléphoner son éditorial à L’Humanité. Au moment même où fut donnée la
communication, l’électricité fit défaut et c’est dans une totale obscurité que,
de mémoire, il le dicta ; le lendemain, je comparai les deux textes : le
manuscrit et l’imprimé. Pas un mot n’était changé. » Son célèbre « Discours
à la jeunesse » a été déclamé sans note. Lorsqu’on lui a demandé de
l’écrire, il l’a fait, d’un bout à l’autre, sans varier de l’original.
Jaurès ne perd pas le fil de ses interventions malgré les interruptions
intempestives de ses collègues de l’Assemblée. Au contraire, il est capable
d’intégrer les arguments de ses opposants dans sa propre argumentation.
Ainsi, lors d’une conférence contradictoire avec Jules Guesde le 26
novembre 1900, Jaurès cite Marx avant d’être interrompu par une personne
du public qui s’écrie : « Ce n’est pas vrai. » Jaurès rétorque habilement :
« Citoyens, j’ai reconnu le camarade qui m’a adressé cette
interruption désobligeante, et je me borne à lui dire ceci : vous
vérifierez avec vos amis, nous vérifierons l’exactitude de la citation
que j’ai faite et, si elle est exacte, je ne vous demanderai qu’une chose
comme réparation : c’est, dans une de nos prochaines réunions, de
venir en témoigner loyalement à la tribune. »
Bien évidemment, Jaurès est ensuite acclamé.
LES BONS CONSEILS DE JAURÈS...
pour structurer un discours
Posez quelques points de repère pour structurer votre propos tout en vous
laissant la possibilité de l’adapter au public. Donnez-vous confiance en vous
préparant à fond. Si vous êtes bien préparé, vous serez plus à même de
vous concentrer sur les réactions de votre auditoire.
Répétez autant et aussi longtemps qu’il le faut pour assimiler le sujet, mais
n’apprenez pas par cœur votre discours car cela vous obligerait à rester
concentré pour vous rappeler chaque phrase. Apprenez seulement le plan
de votre présentation et maîtrisez pleinement votre sujet afin que les mots
viennent d’eux-mêmes.
À VOUS...
Après avoir pris connaissance de ces conseils de Jaurès, qu’est-ce qui vous
parle ?
Qu’avez-vous envie de retenir qui vous paraîtrait particulièrement
pertinent dans sa façon de faire ?
Notez les deux « pépites » (idées, actions, ressentis que vous gardez
précieusement pour vous, à transposer dans votre vie quotidienne
professionnelle ou personnelle) venant directement de l’expérience de
Jaurès.
Pépite n° 1 :
Pépite n° 2 :
LA DÉCLAMATION : DIRE LE VRAI ET
VIVRE AVEC « LA FOULE DES VIVANTS »
Notez les deux « pépites » (idées, actions, ressentis que vous gardez
précieusement pour vous, à transposer dans votre vie quotidienne
professionnelle ou personnelle) venant directement de l’expérience de
Jaurès.
Pépite n° 1 :
Pépite n° 2 :
L’ADN DE L’ORATEUR OU L’ART DE
METTRE SES PENSÉES À L’ÉCOUTE DES
SITUATIONS HUMAINES
L’orateur est porté par une « mythologie » qui l’accompagne. Elle est la
résultante de plusieurs facteurs : ce que les uns connaissent de l’orateur, ce
que l’orateur donne à connaître de lui et surtout ce que l’orateur accomplit.
Ainsi, se crée autour de lui une histoire qui comporte parfois un aspect
légendaire. La perception de la réalité d’un être n’est jamais complète mais
sujette à interprétation. Il n’est ainsi pas douteux que chacun ait sa propre
idée de Jaurès. Autant d’idées que d’individus donc, mais il est néanmoins
possible de dégager de grandes tendances. Celles-ci reposent en grande
partie sur ce que Jaurès donne à voir et connaître de lui-même.
Le public connaît et présuppose un certain nombre de choses sur lui, ses
convictions, etc. Il peut déjà, avant même que le tribun parle, ressentir du
scepticisme, de l’enthousiasme, de l’appréhension, du dégoût. Tout le
travail de Jaurès, outre le fait de transmettre ses convictions et ses idées, est
de convaincre ses adversaires de se rallier à ses vues ; il a pour ce faire un
certain nombre d’outils qui soutiennent sa prise de parole.
Celle-ci est facilitée, même si elle ne convainc pas tout le monde, car ses
engagements et ses actes sont cohérents. Sûr de lui et de son honnêteté, la
critique, l’ironie ou le cynisme ne peuvent l’atteindre. Ainsi, le « mythe »
Jaurès est né de postures et d’actes bien réels qui ont soutenu ses
engagements, par leur cohérence, par leur « alignement ».
Adoptez une attitude bienveillante envers votre public. Cela requiert de vous
mettre dans une disposition d’esprit particulière aussi bien dans les relations
quotidiennes individuelles et collectives, et dans les circonstances
exceptionnelles comme une prise de parole. Pour cela :
Notez les deux « pépites » (idées, actions, ressentis que vous gardez
précieusement pour vous, à transposer dans votre vie quotidienne
professionnelle ou personnelle) venant directement de l’expérience de
Jaurès.
Pépite n° 1 :
Pépite n° 2 :
1914-2014 : JAURÈS, LES CLÉS DE SON ART
ORATOIRE
2. Imaginez que Jaurès vous coache, que pourrait-il vous conseiller de faire
pour vous aider dans la mise en œuvre de cette action ?
– Ce que Jaurès me dirait de ne pas oublier de faire :
– Ce que Jaurès me dirait lorsque les freins et les contraintes vont
apparaître:
BIBLIOGRAPHIE
BERNA Henri, Du socialisme utopique au socialisme ringard, Paris, Mon
Petit Éditeur, 2012.
CLAVILIER Pierre, Jean Jaurès, l’éveilleur des consciences, Paris, Éditions
du Jasmin, 2013.
GALLO Max, Le Grand Jaurès, Paris, Robert Laffont, 1999.
JAURÈS Jean, De la réalité du monde sensible, introduction de Jacques
Cheminade, Paris, Éditions Alcuin, 1994.
JAURÈS Jean, Rallumer tous les soleils, préface de Jean-Pierre Rioux, Paris,
Omnibus, 2006.
LAUNAY Michel, Jaurès orateur ou l’oiseau rare, Paris, Jean-Paul Rocher
Éditeur, 2000.
PEILLON Vincent, Jean Jaurès et la religion du socialisme, Paris, Grasset,
2000.
RABAUT Jean, 1914. Jaurès assassiné, Bruxelles, Éditions Complexe, 1984.
REBÉRIOUX Madeleine, La République radicale ? 1898-1914, Paris, Le
Seuil, 1975.
REBÉRIOUX Madeleine, Jaurès. La parole et l’acte, Paris, Gallimard, coll.
« Découvertes », 1994.
RIOUX Jean-Pierre, Jean Jaurès, Paris, Librairie académique Perrin, 2005.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier Guillaume Pigeat pour son accompagnement tout
au long de l’ouvrage et pour la justesse de ses analyses, particulièrement
aux chapitres 3, 4 et 7. C’est avec plaisir que nous l’aiderons et lirons ses
futurs ouvrages.
À Anne Vermès pour sa confiance, son guidage et ses remarques toujours
pertinentes.
À toute l’équipe d’Eyrolles et à la relecture attentive d’Isabelle Chave.
INDEX
A
Alberdi 63
Aliot, Louis 15
Auriol, Vincent 86, 91
B
Barbaza, Louis 23
Barbaza, Marie-Adélaïde 22-23
Barrès, Maurice 21, 43, 45, 69, 77, 92, 94, 98
Bergson, Henri 27
Blanqui, Auguste 112
Blum, Léon 48, 95, 111, 122
Bois, Louise 83
Bracke 68
Brousse, Paul 53
C
Calvignac, Jean-Baptiste 43-44, 50
Carnot, Sadi 31
Casimir-Perier 6, 45
Cheminade, Jacques 40
Cicéron 24, 28, 78
Clemenceau, Georges 28, 66, 69-71, 73, 77, 85, 94
Comert, Pierre 83
D
Dalbert, George 34
Danton 82
Daudet, Léon 10
Deltour, Félix 24, 26
Démosthène 28
Desrousseaux, Alexandre-Marie 92
Dreyfus, Alfred 10, 47-48, 53, 55, 60, 105-106, 122
Dupuy, Charles 6
Durkheim, Émile 27
F
Ferry, Jules 26, 28-29, 42, 51
Fichte, Johann Gottlieb 28
France, Anatole 6-13, 15, 31, 44, 51-54, 63, 69, 86, 92, 94, 105-106, 109, 111
François-Ferdinand, archiduc 109
G
Gambetta, Léon 26-27, 29
Gérault-Richard 6
Gohier, Urbain 8
Guéhenno, Jean 113
Guesde, Jules 53, 66, 84, 86, 96, 105, 112
H
Hegel, Georg Wilhelm Friedrich 28
J
Jaurès, Benjamin 22
Jaurès, Jean-Louis-Charles 22
Jaurès, Jules 22
Jaurès, Louis 21, 24
Jullian, Camille 27
Justo, Juan B. 65
K
Kant, Immanuel 28
Kergariou, comte de 30
L
Launay, Michel 78, 95
Lavergne, Bernard 23
Lesbazeilles 27
Lesseps, Ferdinand de 44-45
Lévy, Louis 85
Luther, Martin 28
M
Mallarmé, Stéphane 81
Martin du Gard, Roger 94
Marx, Karl 28, 86
Mauriac, François 95
Maurras, Charles 8
Messimy, Adolphe 85
Millerand, Alexandre 53, 106
Mirabeau 82
P
Péguy, Charles 10
Peillon, Vincent 112
Plekhanov, Gueorgui 108
Poincaré, Raymond 11-12
Q
Quintilien 78
R
Rabaut, Jean 83
Reinach, Jacques de 45
Renard, Jules 26, 84, 92, 94
Rioux, Jean-Pierre 47, 49
Romain, Jules 92
Royal, Ségolène 15
S
Salomon, Charles 39
Sarkozy, Nicolas 15
T
Thiers, Adolphe 22
Thomas, Frédéric 23
V
Vaillant, Édouard 53
Villain, Raoul 8, 10
Viviani, René 7, 9
Z
Zola, Émile 15, 48
TABLE DES BONS CONSEILS
MODE D’EMPLOI
La collection « Histoire et management »
CHAPITRE 1
UNE VOIX BRISÉE
Le vendredi 31 juillet 1914, au café « Le Croissant »...
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
L’ultime défenseur de la paix
Une parole claire et visionnaire
Sa résonance actuelle
CHAPITRE 2
LES PIEDS AU SOL ET LA TÊTE DANS LES ÉTOILES
Une conviction : servir l’État
Une belle nature...
... trempée dans les humanités gréco-latines
Réfléchir globalement...
... et agir localement
CHAPITRE 3
CONSTRUIRE SA COHÉRENCE
Le sens cosmique
Du faux départ à la course en tête
Renouveler son enracinement avec les ouvriers de Carmaux
Élever les débats du scandale de Panama
Prendre des risques : « les preuves » de l’affaire Dreyfus
Tous les combats sont sociaux !
Fédérer les idées : naissance de la SFIO
CHAPITRE 4
TOUS LES PUBLICS, PARTOUT, TOUT LE TEMPS
Se parler, parler à ses semblables
Parler aux étudiants : allumer la flamme
Parler au monde : rassembler
Parler à ses alliés : concilier
Le duel avec Clemenceau
CHAPITRE 5
L’ÉLABORATION DES DISCOURS : LA STRUCTURE
L’étude de la rhétorique
La préparation : vers le monde et l’humain (inventio)
La scénarisation de l’intervention (dispositio)
La mémorisation (memoria)
CHAPITRE 6
LA DÉCLAMATION : DIRE LE VRAI ET VIVRE AVEC « LA
FOULE DES VIVANTS »
Le langage corporel : présence, posture et gestuelle (actio)
La voix et le rythme (elocutio)
L’émotion : charisme, magnétisme et empathie
CHAPITRE 7
L’ADN DE L’ORATEUR OU L’ART DE METTRE SES PENSÉES À
L’ÉCOUTE DES SITUATIONS HUMAINES
Dialoguer avec ses contradicteurs et ses opposants
Trouver le dénominateur commun pour rassembler les pluralismes
Écrire pour soutenir l’action
Montrer les égarements et éveiller les intelligences
Construire et conserver sa cohérence
POUR CONCLURE
1914-2014 : JAURÈS, LES CLÉS DE SON ART ORATOIRE
BIBLIOGRAPHIE
REMERCIEMENTS
INDEX
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